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N° 1162 (Annexe)
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
HUITIÈME LÉGISLATURE
SESSION DE 1903
Annexe au procès-verbal de la séance du 3 juillet 1903.
PROGRAMMES
PROFESSIONS DE FOI
ET
ENGAGEMENTS ÉLECTORAUX
De 1902
— gQO-
PARIS
N" 1162 (Annexe)
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
HUITIÈME LÉGISLATURE
SESSION DE 1903
Annexe au procès-verbal de la séance du 3 juillet 1903.
PROGRAMMES
PROFESSIONS DE FOI
ENGAGEMENTS ÉLECTORAUX
De 1902
«o«
PARIS
IMPRIMERIE DE LA CHAMBRE
D3S DÉPUTÉS
U.
MOTTEROZ
La Commission chargée par la résolution du 11 juillet 1902 de
recueillir les Programmes, Professions de foi et Engagements électo¬
raux de 1902 ayant décidé de procéder le plus promptement possible
à cette publication, le rapport qui doit être ultérieurement distribué
sera enregistré sous le n° 1162.
PROGRAMMES
PROFESSIONS DE FOI ET ENGAGEMENTS ÉLECTOEAUX
Élections législatives des 27 Avril et 11 Mai 1902
— 3 —
N* M62
AIN
Circonscription de BELLEY
M. Pierre 11AUDIN
Elu au 1er tour de scrutin. — 12.957 voix.
Citoyens,
Une première fois, mon passé politique et mes actes récents m’ont gagné votre con¬
fiance Vous y avez trouvé les garanties nécessaires que votre prudence et votre sagesse
oliticme requièrent de ceux qui prétendent à l'honneur de vous représenter.
Ils vous ont répondu de ma fidélité et de mon dévouement a la République. Mieux
qu’un programme ils définissaient la pensée et la méthode dont j’ entendais m inspirer pour
défendre nos institutions et les rendre fécondes en réformes politiques et sociales.
Depuis que vous m’avez élu, ces garanties se sont fortifiées encore.
Je me représente à vous, confiant dans votre jugement. _ .
Vous pouvez maintenant vous prononcer sur l’ensemble d’une politique qui, depuis,
„rès de trois ans. a eu le rare mérite d’unir toutes les forces vives du parti républicain.
En défendant la République contre les entreprises nationalistes, cette politique a rendu
au pays la sécurité intérieure et sauvegardé sa dignité. Elle a contraint nos adversaires a
renoncer à la violence pour changer les institutions constitutionnelles.
Us tentent maintenant d’obtenir du suffrage universel ce qu’l s ont tout d abord de¬
mandé à l’émeute et au désordre. Ils comptent, pour parvenir a leurs fins, sur le libre
équivoque de leur parti, et la campagne injurieuse qu’ils ont poursuivie sans relâche contre
]p Gouvernement et la majorité du Parlement. r . i
Vous ferez justice du titre qui dissimule la coalition des anciens partis découragés de
défendre au grand jour leurs idées et de laisser apparaître leurs desseins.
Dans notre pays, si difficile à égarer par des mots nouveaux et des formules creuses,
cette dernière entreprise de la réaction a le défaut de ne s’adresser ni à votre raison m a
vos svmpathies. C’est en ce!a que les candidats qu’elle présente aujourd’hui par toute la
France, sont moins respectables que ceux qu’elle présentait jusqu’ici a vos suffrages
Nos anciens adversaires avaient du courage à dire hautement ce quils étaient et a dé¬
fendre ouvertement leurs traditions. .... . . , •
Nombre d’entre vous, gagnés par leur fierté, allaient a eux par honneur de les suivre
sous leurs drapeaux. Aujourd’hui, les nationalistes cherchent a grouper les mécontents et
surtout à tourner les populations contre la République en lui attribuant les crises écono¬
miques de toutes sortes dont souffrent leurs intérêts matériels.
q A ies entendre, c’est elle qui est responsable de la lourde charge que fait peser sur
V°U S Vous tous^ sou viendrez que, si lourde qu’elle soit, la Dette publique représente encore
le moindre des sacrifices imposés à la France par les défaites du second Empire.
Ils s'appliquent à démontrer que PÉtat court à la faillite, Vous savez que jamais son
crédit n'a été plus recherché des nations européennes*
Parlent-ils aux vignerons, ils veulent leur persuader que les intermédiaires prélèvent
sur eux des bénéfices illicites et que le Gouvernement les favorise*
Mais dans les villes, ils louent les intermédiaires et vouent à leur haine un Gouverne¬
ment qui ne pense qu’à protéger les populations agricoles*
Ils ne tiennent compte, quand ils recherchent votre voix, ni de la lutte des intérêts, ni
des risques que la nature impose à tous ceux qui travaillent dans les villes et dans les
champs, ni de la concurrence des produits, ni de la surabondance, ni de la pénurie des
récoltes.
Ges éléments et ces risques, vous les connaissez et vos savez que si les lois ont des
effets qui ne sont point négligeables, elles ne suffisent pas à tout expliquer, qu’elles sont,
du reste, essentiellement susceptibles de retouches. Vous vous dites, par exemple, que
pour remédier aux inconvénients du régime des baissons, vous seriez bien naïfs de confier
le soin de le remanier à des hommes qui, représentant des régions en opposition d’intérêts,
ne s'entendraient pas du tout pour résoudre le problème de la mévente des vins, mais s'en¬
tendraient fort bien pour détruire l’école laïque et l'œuvre démocratique de la République.
Enfin, votre vote s’inspirera d’une autre pensée.
Ceux qui vous parlent uniquement de vos intérêts matériels n’essaient pas seulement ■
de vous duper, il vous font aussi l’injure de méconnaître votre culture morale et votre
besoin d’élargir les conquêtes de l’esprit de Justice et de Solidarité. Le premier devoir de t
voire élu est cependant de s’associer étroitement aux aspirations et à Fexistenee Intellec¬
tuelle du peuple. Je m'y suis toujours mêlé.
L’œuvre des communes, leurs mutualités, les sociétés de toutes natures par lesquelles
elles rendent plus vivantes, plus fraternelles, les relations des fils de la même cité m’ont !
toujours trouvé prêt h les encourager et à les défendre.
J’ai conscience de n’avoir négligé aucun de vos intérêts moraux ûu matériels.
Vous avez mis à l’epxeuve mon dévouement. Je le mets de nouveau à votre service et
au service de la République démocratique.
Pierre BAUDIN, Député sortant.
Ministre des Travaux publics.
lrc circonscription de BOURG
M. AUTHIER
Élu au 1er tour de scrutin, — 7,509 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le deuil qui est venu m'atteindre m’a empêché de soutenir, comme ie l’aurais voulu i*
‘f 6 “,0rl1,8' S "f "“>■ 11 <>“ mi», créé entre nous J lion de plue â
sympathie si touchante dont vous m’avez entouré. 1 1
. Comment pourrais-je oublier de pardi s témoignages, et ne pas me sentir plus cme
jamais attache a notre pays, a ses aspirations, à ses besoins, à tous ses chers intérêts ?
J y ai donne jusqu’à présent sans réserve mes forces, mon activité. Tout en venant au
milieu de vous chaque fois que vous m’y appeliez, je n’ai demandé aucun congé, j’ai prfe
_ 8
rr i id^
part S loua les travaux de la Chambre, séances et commissions, l'ai coDSCionce d'avoir veillé
“TlrréT^e"! q?e'?»r'is avec la volonté de rester fldéle à nos principes eide
les dépenses «lilas, mais en exigeant
les 黄omLTaî-ôn, labiés il en repoussant les dépenses qui ne cadraient pas avec une
sageTdmi'nistrmion de nos nuances, comme par exemple les millions de la marine mar-
rhanrtp ou ceux des nouvelles voies navigables. r . ..
Ceux-là mentent qui vous disent que la question des impôts a trouve notre vigilance
en défaut Tous les représentants de l’Ain ont voté contre cet amendement Le Moigne qui
apportait une surcharge à notre département, et pour le dégrèvement qui en a été la
““‘“intérêts commerciaux et agricoles. - J’ai la satisfaction do vous le dire, plusieurs des
réformeTquede vous avais signalées, il y a un an, comme nécessaires, sont aujourd hui
réalisées. Des lois ont amélioré la situation agricole. Des lois ont mis ûn aux faveuis,
abus aux fraudes qui venaient peser sur le marché de nos blés et de nos vins.
Très importante déjà, puisqu’elle vous a donné, avec des améliorations comme les ré¬
formes hypothécaire et successorale, la paix et la prospérité que vous chercheriez eu vain
aussi complètes chez certaines autres puissances monarchiques de 1 Europe, très impôt -
tante déjà' l’œuvre de la dernière Chambre n’a pu embrasser des projets dont vous attendez
la Réalisation, c mime le service militaire de deux ans, la suppression ou la diminution des
28 6 Ces projets doivent rester à notre nouveau programme avec toutes^ les revendications
de notreparti : défense de la société civile contre les empiètements, d’ou qu ils viennent
— solution du problème de renseignement pour établir l’unité morale de .a natio
Pénalité des enfants devant l’instruction, - lois d’assistance et de prévova ice socia es
nour aësùreraux travailleurs des campagnes et des villes, à tous les humbles a tous les
malheureux, les secours de la maladie et les retraites de la vieillesse, lo.s d affaires qui
nroté^eront le commerce 6t 1 agriculture, etc. v . . • «
P A quoi bon allonger cette énumération? Un bon programme est fait bien moins de
JS,™ à I» conscience et <le l'énergie qn'on „,et à le Mm. Vous m ave* vu
M oeuvre ’itous savez maintenant ce que je puis mettre .le fermeté a vous représenter et
de dévouement à servir vo« intérêts particuliers comme ami et comme conseil.
Mes chers Concitoyens,
C’est dans ces sentiments que je vous demande de fake triompher une se^ndéf^
sur mon nom la République, d’une part en écrasant les reactions coalisées, de 1 autre, en
réprouvant le mouvement qui conduit à la suppression de ce que le travail de chacun de
vmis a constitué de plus intangible et de plus sacré : la propriété.
Je saurai faire mon devoir. Électeurs républicains faites aujourd'hui le votre en dehors
de tout calcul d’intérêt privé, sous la seule et haute inspiration de votre foi au progrès
de votre amour du pays.
Vive la République !
V. AUTH1ER,
Conseiller général, maire de Trcffort,
Député sortant.
2e circonscription de BOURG.
M. HERBET,
Élu au ioï tour de, scrutin* — S. 4SI voix.
Mes chers Concitoyens,
Je viens solliciter Phonneur de vous représenter pour la quatrième fois à la Chambre
des Députés,
Je n’ai pas besoin de vous faire une profession de foi républicaine; vous connaissez mes
opinions; elles tf.ént jamais varié.
Je tiens cependant à vous répéter que je m'associerai à toutes les lois, a toutes les
mesures qui auront pour but : l'étude des réformes démocratiques — la réalisation d'éco¬
nomies — la réforme générale de l'impôt — la répartition plus équitable des charges qui
doivent peser sur la richesse et le superflu — la réforme de l'enseignement — la diminu¬
tion des frais de justice — l'étude des problèmes sociaux en répudiant les théories collec¬
tivistes — la création des caisses de retraite pour les ouvriers des villes et des cam¬
pagnes, pour les vieillards et les invalides du travail — le développement de l'enseigne¬
ment et. du crédit agricoles — le maintien des droits de douane.
ious les vrais Républicains de la 2e circonscription de Bourg affirmeront leur foi répu¬
blicaine le 27 avril en se comptant sur mon nom.
Pas d’abstentions et vive la République 1
Docteur HERBET, Député sortant,
Conseiller général,
Maire de Pant-de-Vaux.
Circonscription de GEX
M. BIZOT
Elu au 1er tour de scrutin, - — 3 .563 voix.
Mes chers Concitoyens,
La confiance dont vous avez bien voulu m’honorer en 1889, en 1893 en 1898 m’impose
le devoir de défendre les intérêts du Pays de Gex dans un moment des plus critiques de
notre histoire, de vous demander le renouvellement du mandat législatif pour achever les
réformes politiques et les améliorations locales commencées.
Adversaire irréductible d’une politique de réaction, de recul, de piétinement ou de
promesses irréalisables, je continuerai à soutenir la politique de réformes démocratiques et
je combattrai toutes les coalitions dissimulées sous le masque patriotique, formées contrôla
République.
— 7 —
N° 1162
le suis partisan de la loi sur les associations et de l’abrogation de la loi Falloux pour
donner à nos institutions le droit et la liberté de se défendre,
restitue que l’instruction si répandue maintenant permet de réduire le service militaire
à deux ans, égal pour tous.
Je poursuivrai énergiquement :
1° La révision de la loi sur les alcools ;
2° Les dispositions légales nécessaires pour propager le crédit agricole, développer les
sociétés mutuelles de secours pour les personnes et la propriété ;
3° L’étude pratique et Inapplication définitive de l’impôt sur le revenu ;
4° La constitution des retraites des ouvriers des villes et des campagnes avec cotisations
des intéressés et subventions de l’Etat,
Relativement aux affaires spéciales du Pays de Gex ;
Je poursuivrai avec la ténacité que vous me connaissez :
r Le complément de notre réseau ferré, chemin de fer et tramways ;
2° Le maintien de la zone ;
3° L’extension des industries dans notre pays avec garantie pour les droits de douane
et toutes les conséquences heureuses pour nos compatriotes ; ^ ^
kû La réciprocité de traitement économique avec nos voisins, conformément à Pespnt
du traité de 1815.
Électeurs ;
Vous me connaissez ; j’ai la conviction d’avoir fidèlement rempli mon mandat, doublé
de questions spéciales, difficiles, auxquelles j’ai consacré les meilleures années de
ma vie. . . ,
A vous de répondre si vous voulez que je mette encore a défendre activement vos inté¬
rêts politiques et spéciaux, l’expérience acquise provenant de la confiance sans interrup¬
tion que vous m’avez accordée, ^
Je fais appel à tous les républicains et à tous les Gessiens, je n ai quune ambition,
celle d’être utile à la République, à mes concitoyens, à mon pays.
Vive la République î
Vive notre cher pays de Gex!
Eugène BIZOT, Député sortant,
Conseiller général de l’Ain.
— 8
Circonscription de NANTUA
M. CHANAL
Élu au 2® tour de scrutin* — 6*689 voix*
Mes chers Concitoyens,
A l'heure où tous les ennemis de la République tentent contre elle un suprême effort,
le parti républicain a pensé qu'il était nécessaire de rétablir Fanion dans les rangs de la
Démocratie. ?
Enfant de nos montagnes, j'ai vécu au milieu de vous et je connais vos besoins et vos
aspirations* Appartenant par mes origines à ce vieux parti républicain qui a été développé
et fortifié dans notre arrondissement par des hommes dont le souvenir nous est précieux,
fai ou le grand honneur de me voir sollicité d'être le candidat de la concentration et de
défense républicaine*
le viens donc, à ce titre, me proposer à vos suffrages* Mon programme sera bref, car
j7estime qu’on doit assez de respect au suffrage universel pour ne lui promettre que ce qui
est réalisable pendant la durée du mandat législatif*
Préoccupé de la défense des intérêts économiques de notre arrondissement, je crois
qu'il est urgent de modifier la loi sur les bouilleurs de cru, afin d'arriver, tout eu sauve¬
gardant les linances de 1 État, à ne point priver d’une légitime source de revenus l'agri~
culture qui traverse encore aujourd'hui une crise redoutable, et à faire disparaître ces for¬
malités administratives, qui exposent à des ennuis les producteurs dont la bonne foi est
entière*
Le régime forestier doit être également amélioré pour permettre aux communes d’em¬
ployer plus librement et sans être empêchées par l'Administration leurs revenus dispo¬
nibles à des œuvres d’utilité publique*
H est nécessaire de fortifier P autorité de l'État à l’égard des Compagnies de chemins
de fer pour obtenir que nos voies ferrées contribuent avec plus d’elficacité au développe¬
ment de la richesse nationale* Je suis partisan de l'abrogation de ces tarifs dits de pénétra¬
tion qui permettent aux produits étrangers d'envahir nos marchés en payant des frais de
transport moindres que ceux que supportent, dans l'intérieur de la France, les produits de
notre sol et de notre industrie*
Républicain résolu, je prétends, avec lés meilleurs républicains de la Chambre et du
Sénat, qu'iî faut cesser toute politique d'équivoque* Le régime démocratique auquel nous
devons toutes nos libertés et d'inappréciables bienfaits, doit s'élever au-dessus de toutes
compétitions et persister dans sa marche en avant.
Pour prévenir tout retour en arrière et faire triompher définitivement les principes de
89, il me paraît donc indispensable :
1° De veiller a la suprématie du pouvoir civil sur tout autre pouvoir;
2 D assurer 1 application intégrale de la loi sur les congrégations dont la richesse
scandaleuse et toujours croissante constitue un danger pour la fortune publique et la sécu¬
rité nationale ;
3° D'abroger la loi Falloux et d'arriver, par un contrôle efficace de l'État sur tous les
établissements d insftdction, à faire disparaître la cause des haines qui divisent notre
pays;
k° D’établir le service militaire de deux ans, égal pour tous.
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— 9 —
Partisan des œuvres de solidarité sociale, je travaillerai, avec l’aide de la protection de
l’État à la création et à l'extension des caisses de retraites pour les ouvriers de l’agnçul-
ture et de l’industrie, comme au développement de toutes les institutions de mutualité
ayant pour objet d’assurer plus de sécurité aux travailleurs (accidents, mortalité du
Enfin, l’un des principaux soucis de vos représentants doit être a apporter plus de
justice et d’égalité dans la répartition des charges publiques. L’établissement de l’impôt
sur le revenu permettra la suppression de la contribution foncière, de la cote personnelle-
mobilière, des taxes sur les portes et fenêtres, le dégrèvement des objets de première
nécessité, l’abolition de la prestation en nature. .
Ce programme, si modeste qu’il soit, peut suffire à une législature. C’est celui que je
soutiendrai énergiquement si vous m’honorez de votre confiance.
Pour triompher de l’éternel ennemi de la République, qui essaye de relever la tête et
reparaît sans cesse sous un masque toujours nouveau, pour lui infliger une irrémédiable
défaite, que faut-il?... l’union et la concentration de toutes les forces du parti républicain.
Le jour où nous aurons fait cesser parmi nous les divisions, nous serons invulnérables.
Électeurs républicains,
Si vous me confiez le mandat de vous représenter à la Chambre, je saurai faire tout
mon devoir. En toutes circonstances, vous pourrez compter sur mon dévouement le p us
absolu à vos intérêts, à ceux de notre cher arrondissement, comme aux intérêts supérieurs
de la République et de notre société démocratique.
Vive la République !
Eugène CHANAL,
Avocat, Conseiller général du canton de Chàtillon-de-Micliaille,
Candidat républicain radical.
Circonscription de TRÉVOUX
M. Alexandre BÉRARD
Elu au 1er tour de scrutin. — 13.760 voix.
Mes chers Concitoyens,
En 1893 et en 1898, quand vous m’avez fait l’honneur de m’élire, je vous avais promis
de me consacrer tout entier à la défense de la cause républicaine et démocratique et a la
défense des intérêts de notre arrondissement: j’ai tenu parole.
En un travail assidu au Palais-Bourbon, j’ai, dans la mesure de mes forces, collabore
tout à la lois à l’œuvre de défense républicaine, aux lois d’amélioration sociale, aux lois
intéressant l’armée et la défense nationale, comme, sur les bancs de la Commission du
bud-œt — dont je n’ai cessé de faire partie durant toute la législature — j ai été un des
plus° ardents à lutter pour faire des économies dans les finances publiques. . '
P Je me suis occupé, avec toute l’activité que je pouvais déployer, de tous les intérêts de
notre région. J’ai rendu service à tous, comme je me suis efforce, en toute matière, écoles,
travaux publics, postes, routes, voies ferrées, service-incendie, etc., de faire obtenir satis¬
faction à toutes les communes.
2
Représentant un arrondissement agricole, je me suis occupé d’une façon toute particu¬
lière de toutes les questions soumises aux délibérations de la Chambre et intéressant
l’agriculture. En ce qui concerne notre arrondissement, j’ai pu faire aboutir plusieurs
mesures utiles à nos cultivateurs.
J’ai obtenu, notamment, le dégrèvement de l’impôt de l’évolage sur les étangs dessé¬
chés, qui pesait d’une façon inique depuis près d’un demi-siècle sur nos agriculteurs, et, à
la demande d’un grand nombre d’intéressés, j’ai fait aboutir la loi sur les étangs, qui permet
à nos cultivateurs d'exploiter leurs terres au mieux de leurs intérêts.
J’ai été l’un des plus actifs promoteurs de toutes les améliorations apportées à l’élevage
du cheval dans notre arrondissement. Sur mes actives démarches, des stations d’étalons de
l'État ont été créées sur tous les points de nos cantons et, à l’heure actuelle, des reproduc¬
teurs d’une qualité inconnue jusqu’ici sont à la disposition de nos éleveurs. Je demande
qui eût fait plus pour l’agriculture de la Dornbes ?
Républicain et démocrate, j’ai toujours été; républicain et démocrate, je continuerai à
soutenir la politique de défense républicaine contre tous les. adversaires coalisés de la
République et à soutenir la politique de réformes démocratiques et sociales.
Je suis partisan de la liberté de conscience, voulant le respect égal et scrupuleux des
croyances philosophiques et religieuses de tous, comme je suis partisan de la loi sur les
associations et de l’abrogation de la loi Falloux.
Je suis partisan de la répartition plus équitable de l’impôt, qui pèse trop lourdement
sur tes classes laborieuses. Adversaire d’impôts nouveaux, je suis pour les rigoureuses
économies budgétaires.
il faut établir le service militaire de deux ans égal pour tous.
Poursuivant l’œuvre commencée dans la loi sur les sociétés de secours mutuels et celle
sur les pensions aux vieillards indigents ou infirmes — lois dont j’ai eu l’honneur, à la
Commission d’assurance et de prévoyance sociales, d’être un des collaborateurs, — il faut
faire la loi sur les retraites ouvrières, il faut la faire pour tous, ouvriers des villes et des
champs, avec les colisations des intéressés et les subventions de l’État.
C est à tous les républicains sans distinction de nuancés que je fais appel.
La lutte, aujourd’hui, est la même que celle que, depuis trente ans, le parti républicain
n a cessé de livrer contre la coalition des ennemis de la République et de la démocratie ; la
lutte est la même qu’au temps de l’ordre moral et au temps du boulangisme ; c’est la même
que celle que, au Seize-Mai, avec Gambetta, les 363 engageaient contre les monarchistes,
les réactionnaires et les cléricaux. C’est le même parti de réaction que nous, les républi-
cains, nous avons en face de nous.
Tous les républicains d’un côté, tous les réactionnaires — et les seuls réactionnaires —
de autre: cest la même situation dans notre arrondis semeut qu’en 1877 et en 1889.
-Pour la République, pour lu liberté, pour la démocratie, pour la patrie, c’est à tous les
républicains que ]e fais appel. ’
Vous me connaissez : si j’ai fait mon devoir de bon républicain, de bon démocrate, de
bon Dombiste, vous me renommerez, ayant la certitude par le passé que, demain, je
Pr l!^’"ei àla ptimbes, je vous donnerai, mes chers conci¬
le ts, comme hier, tout mon temps, toute mou activité, toute ma vie.
Vive la République I
Alexandre BÉRARD,
Vice-président du Conseil général de l’Ain,
*Dèputé sortant, candidat républicain.
AISNE
Circonscription de CHATEAU-THIERRY
M. MORLGT
Élu au 1er tour de scrutin. — 7.fi00 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
Pour la troisième fois, je viens solliciter l’honneur de vous représenter à la Chambre
des Députés et, pour la troisième fois, je vous prie de juger ma candidature sur mes décla-
raiions et non pas sur les épithètes dont la qualifie la perfidie de mes adversaires.
Pour fixer les positions et dissiper les équivoques, je dois d’abord déclarer que je reste
résolument attaché aux principes de la propriété individuelle et que je ne suis pas collec¬
tiviste. Je n’en pense pas moins que les problèmes sociaux ont besoin d’ètre étudiés avec
passion et que tous nos eiïorts sur ce point doivent être orientés vers les solutions
pratiques et immédiates, basées tout à la fois sur le respect des droits de 1 individu et
l’esprit de solidarité sociale.
D’autre part, je n’ai pas besoin de dire que je suis l’adversaire déclaré de toutes les
réactions, quel que soit d’ailleurs le masque sous lequel elles se dissimulent. Que 1 étiquette
soit monarchiste, nationaliste ou progressiste, c’est toujours la réaction.
Appuyé sur le congrès des associations républicaines, je défendrai énergiquement le
programme qu’elles ont élaboré et qui renferme toutes les revendications du vieux parti
républicain.
Je demanderai donc avec elles la dénonciation du concordat, la suppression du budget
des cultes et le vote des mesures propres à assurer pour tous l’entière liberté de conscience;
la décentralisation administrative, l’impôt sur le revenu, un système d’assistance pour les
invalides et les vieillards, et la constitution d’une caisse de retraites pour les ouvriers de
l’usine et des champs.
Je m’ associerai également à leurs revendications concernant la réduction du service
militaire à deux ans, avec suppression de toutes les dispenses, et la réforme constitu¬
tion uelle* Je voudrais encore que la Chambre des Députés, élue pour six années, se renou-
vêlât par tiers; ce serait une mesure excellence pour la stabilité du régime, la continuité
du travail législatif et la bonne gestion des finances; l’ajoute que les Députés devraient
s'imposer de ne point proposer de nouvelles dépenses par voie budgétaire.
Je dois encore dire qu'il ne me paraît pas possible de laisser subsister les derniers
vestiges de la loi Falioux. L’État a le droit de prendre en main la direction de renseigne¬
ment primaire et secondaire et d'assurer seul ce service, sous la condition d’exercer ce
droit dans la plus stricte neutralité confessionnelle.
— 12 —
Au point de vue économique, je reste attaché aux doctrines protectionnistes dont
moins que jamais nous ne devons nous départir, par ce temps de surproduction, si nous
tenons à réserver le marché national h nos produits. Est-il utile d’ajouter qu’au moment ou
viendraient en discussion les résolutions de la conférence de Bruxelles, je m’associerais à
toutes les mesures susceptibles de sauvegarder les intérêts de l’industrie sucrière, et no¬
tamment à îa proposition de réduction du droit de consommation, qui aura le double avan¬
tage de diminuer le prix du sucre tout en développant les débouchés nationaux?
3e tiens aussi à déclarer que je reste partisan du droit accordé à nos vignerons de
distiller leurs fruits el marcs en franchise et que, d’autre part, je suis absolument opposé
à rétablissement des droits différentiels sur les alcools.
À ces déclarations, suffisantes pour vous éclairer sur la ligne de conduite que je sui¬
vrais, je n'ajouterai aucune promesse si ce n’est celle de ma bonne volonté et de mon désir
de bien faire.
Dédaignant jusqu’au bout les attaques dont je puis être l’objet, je ne répondrai à
aucune, comptant sur le bon sens des républicains pour en faire justice. le iVai donc plus
rien à dire et c’est plein de confiance dans la victoire de la cause républicaine que j’attends
le résultat du scrutin*
Vive la France î Tive la République 1
E, MORLOT,
Député sortant,
Candidat du congrès des associations républicaines.
lï0 circonscription de LAON
M. ERMÂNT
Elu au 1er tour de scrutin. — 10.38/j voix.
Mes chers Concitoyens,
Pour la troisième fois, j’ai l'honneur de solliciter vos libres suffrages.
Mon programme républicain est resté le même.
Il tient tout entier dans ces mots : Liberté, patriotisme, progrès social, ayant pour co¬
ronaires la liberté de conscience, la liberté d’enseignement, la liberté individuelle*
Partisan de l’amélioraiion progressive du sort des humbles, je défends foutes les œuvres
de solidarité humaine; je réclame Inorganisation des retraites ouvrières basée sur le prin¬
cipe de la mutualité qui a donné déjà des résultats si féconds.
La souillon des grands problèmes sociaux et les réformes des inégalités de notre
régime fiscal lui-même exigent des finances prospères. Or, la situation de ce pays impose
l’obligation rigoureuse de pratiquer le régime des économies.
Est-il en elfet possible de ne pas voir que notre budget grossit d’année, en année, et
qu’il s'élève maintenant à plus de 3 milliards et demi ? Continuer dans cette voie néfaste
des dépenses exagérées et des impôts toujours croissants, serait mener Je pays à la faillite
et b la ruine.
Défenseur résolu du salaire des travailleurs des champs, de Batelier et de l’usine, sa-
N° 1162
— 13 —
laire si intimement lié à la prospérité de l’agriculture et de nos industries régionales, je
déplore que les départements du Nord soient trop souvent sacrifiés à ceux du Midi.
Je désire la réduction du service militaire dans toute la mesure qui sera compatible
avec les intérêts de la Patrie.
Il importe que l’armée demeure forte et scs chefs respectés. Cette armée nationale,
appelant sous le drapeau tricolore tous les fils de France, reste la sauvegarde et l’honneur
de la République.
Enfin ? fidèle aux doctrines du grand patriote Henri Martin, je pense que la République
doit être la chose de tous et non la proie de quelques-uns,
C’est sur ce large terrain de concorde, de paix des consciences, de progrès démocra¬
tique, que je convie tous les bons citoyens, ceux qui veulent conserver à la France le Gou¬
vernement quelle s'est librement donné et que j3ai toujours fidèlement servi * la Répu¬
blique.
ERMÂNT, Député républicain,
Conseiller généra 1,
Maire de Laon,
2e circonscription de LAON
M. Paul DOUMER
Elu au 1er tour de scrutin, — 11.522 voix.
Mes chers Concitoyens,
Les Associations républicaines de la circonscription et un grand nombre d'amis ont bien
voulu me demander de me présenter à vos suffrages. Ils ont pensé que mon ancien et inal¬
térable attachement à la République, les services qu'il m'a été permis de rendre au pays,
dans les fonctions que je viens d’occuper, seraient des titres à votre confiance.
Ma vie et mes opinions sont trop connues de vous pour que j'aie à développer un pro¬
gramme, pour que je répète ici les explications ;que j'ai fournies dans les réunions
publiques.
Serviteur dévoué de la Démocratie, je suis resté partisan de tous les progrès, de toutes
les réformes basées sur la Liberté, sur la Justice, sur la Solidarité sociale, sur la grandeur
de la Patrie, qui sont le fondement même de l'institution républicaine.
Si j'ai l'honneur de vous représenter au Parlement, je travaillerai énergiquement à les
réaliser, à rendre meilleure la gestion des finances publiques; mieux ordonnés, plus actifs
et plus féconds le travail parlementaire et Faction gouvernementale; je m'associerai a
toutes les mesures capables d'assurer la prospérité de F agriculture et de l'industrie natio¬
nales; je défendrai à l'extérieur une politique pacifique, mais active et fière, qui sauve¬
garde nos intérêts et nos droits et fasse jouer à la France, dans le monde, le rôle qui
convient à son glorieux passé et à son génie.
Vive la République !
Paul DÜUMER.
1™ circonscription de SAINT-QUENTIN
M. François HUGUES
Élu au 2e tour de scrutin. — 9.066 vois.
Mes chers Compatriotes,
Depuis huit ans, j’ai l'honneur de représenter la première circonscription de Saint-
Quentiu à la Chambre des Députés. C’est avec l’appui unanime des républicains que je
viens vous demander le renouvellement du mandat dont vous m’avez investi en 1893 et
en 1898.
La confiance que continue de me témoigner le parti républicain tout entier prouve que
j’ai fidèlement, rempli mes engagements.
Pendant les deux dernières législatures, j’ai soutenu dans la mesure de mes forces les
véritables intérêts de notre région.
Dans les questions agricoles, notamment, j’ai défendu la cause des populations des
campagnes, qui, par leur travail et leur patriotisme,' assurent la richesse et la grandeur de
la France*
J’ai asso lé mes efforts à ceux des représentants de la région du Word pour faire
obstacle à la conférence internationale de Bruxelles. Si la convention est ratifiée et si la loi
de 1884, que j’ai toujours défendue, disparaît, je demanderai des mesures propres à sauve¬
garder les intérêts de la culture et de l’industrie métallurgique de Saint -Quentin, sérieu¬
sement menacés. Le projet déposé par le Ministre des Finances, fixant le droit de consom
mation à 40 francs, est tout à fait insuffisant; il h’y a qu’un remède, c’est la suppression
totale du droit. En tout cas, le moins que nous puissions exiger est la réduction au taux de
20 francs admis par des pays rivaux.
Dans 1 ordre fiscal, j’ai voté contre la loi sur les boissons qui a causé lé déficit du
budget et surchargé d’impôts le commerce de notre région. On établira la justice sans
recourir au monopole de la fabrication de l’alcool par l’État, en supprimant radicalement le
privilège des bouilleurs de cru ; cette réforme s’impose; elle procurera au Trôsor d’impor
tantes ressources (100 millions) permettant de combler le déficit et de sr primer les
licences. Dans ces questions, les départements du Nord ont été sacrifiés aux départements
du Centre et du Midi, par le Ministre des Finances; nous avons pour nous le bon droit ie
ne cesserai de demander la justice et l’égalité dans les charges pour tous les Français ’
En ce qui concerne les impôts directs, j’ai obtenu le vote d’un amendement rcmédi ,nt
à l’augmentation de la cote personnelle-mobilière.
Mon programme reste le même, je demeure partisan d’une réforme fiscale en
dune répartition plus équitable de l’impôt direct qui pèse inégalement sur les citoyens
les petits contribuables devront être dégrevés. ' ’
En opérant de grandes économies, les finances de la France redeviendront prospères et
il conviendra alors de résoudre les problèmes de l’assistance sociale.
Au premiei tang, se place 1 assistance des vieillards. 11 y a un projet tout prêt à l’éla-
borat on duquel je me félicite d’avoir pris une part active, comme membre de la Commis¬
sion d assurance et de prévoyance sociales.
Je réclamerai la constitution des caisses des retraites ouvrières, basées sur la mutualité
et subventionnées par FEtat. ■
J’ai voté le principe de la réduction du service militaire à deux ans pour tous.
N° 1162
m —
Cette réforme sera possible quand une loi d'organisation des cadres sera préalablement
intervenue.
L/égalité des citoyens devant V impôt du sang deviendra à ce moment une réalité.
L* armée nationale, gardienne de l’honneur de la France, doit rester forte et respectée.
Los travaux de la législature qui vient üe finir ont été entravés par les luttes stériles
des partis. Le nationalisme et le collectivisme ont paralysé la bonne volonté de la
Chambre.
Entre ces deux partis de désordre, il faut faire place à une politique de réformes
sociales également respectueuse de la liberté et de la propriété individuelles.
Cette politique sera celle du parti républicain uni contre la coalition nationaliste et la
tyrannie collectiviste. C'est parce que fai toujours pensé ainsi que j’ai réprouvé la parti¬
cipation d'un socialiste au Gouvernement. Cette expérience regrettable a alarmé l'industrie
.et l’agriculture; elle a porté atteinte à la prospérité générale et causé le plus grave pré¬
judice aux ouvriers privés de leurs salaires par les grèves, lésés par des essais d'applica¬
tion des projets collectivistes. S’il me semble juste d'assurer aux employés de commerce
de toute catégorie le repos hebdomadaire, j’esume que dans les professions sujettes à des
chômages la loi doit laisser entière la liberté des travailleurs.
Fidèle serviteur de la Patrie et du régime démocratique, fermement attaché à la
liberté de conscience, je vous demande, mes chers compatriotes, de faire triompher,
sur mon nom, les idées d'ordre politique et de progrès social qui sont celles du parti
républicain.
Vive la République !
François HUGUES, Député sortant.
2e circonscription de SAINT-QUENTIN.
M. DESJARDINS
Élu au 1er tour de scrutin, — 8.753 voix.
Mes chers Concitoyen s?
Pour la quatrième fois, je viens solliciter vos suffrages avec le sentiment d’avoir pen¬
dant la dernière législature tenu mes engagements et accompli mon devoir.
Républicain sincère, je veux une République nationale, tolérante, ouverte à tous, res¬
pectueuse de toutes les libertés, imprégnée de l’esprit moderne et démocratique.
Mon ambition est de représenter tons les républicains sages et modérés qui ont senti
la nécessité de s’unir pour lutter contre le péril menaçant du collectivisme et contrôles
dangers non moins grands du radicalisme.
Les ouvriers qui me connaissent savent que jamais je ne les ai trompés^ chaque fois
que l'occasion s’est présentée de leur être utile, fai soutenu leur cause avec dévouement et
indépendance; mais ils savent aussi que je réprouve de toutes mes forces les théories
collectivistes et internationales vers lesquelles les meneurs révolutionnaires voudraient les
entraîner.
La mise en pratique de ces théories serait pour la classe ouvrière le plus grand des
malheurs; elle amènerait fatalement la misère, la guerre civile et l'invasion étrangère.
— 1 D —
le veux le respect de la propriété individuelle: je m’opposerai à toute tentative de
I fk I ■■ M HÉ*--* j-v w
veux
socialisation.
Je veux îa liberté du travail en même temps que Pamêlioratioji morale et matérielle du
sort des travailleurs dans le sens le plus noble, par la mise en pratique de la solidarité entre
patrons et ouvriers.
Je veux la création d’une caisse de retraites pour les ouvriers, basée sur la mutualité
avec subvention de l'État .
Je demanderai une stricte économie dans les dépenses, et les modifications nécessaires
aux impôts de consommation qui pèsent plus lourdement sur les travailleurs agricoles et les
ouvriers.
Je yeux une répartition plus juste des impôts directs, notamment la suppression de
l’impôt des portes et fenêtres, la modification de la contribution mobilière-personnelle, tout
en rejetant l’impôt global et progressif sur le revenu,- instrument de spoliation et d’inquisi-;
tion qui, frappant à la fois la terre, la famille et le travail, serait la ruine du pays; que
ceux qui ont peu payent peu, que ceux qui ont beaucoup payent beaucoup, voilà comment
je comprends la réforme fiscale.
Il est une autre inégalité que je veux voir disparaître. La loi sur le recrutement miïà I
taire a tellement multiplié les cas de dispense que le principe de Pégalité est faussé; l’im¬
pôt du sang doit être égal pour tous les Français sans exception, persuadé que cette réforme
appliquée sagement ne compromettra en Tien la solidité de notre organisation militaire,
qui est pour nous la condition première de notre existence nationale.
Je veux 1 armée forte, au-dessus de toutes les passions politiques, les chefs respectés.
\ous qui possédez la terre, vous qui la travaillez péniblement, vous demandez que
l'agriculture soit protégée et vos plaintes grandissent avec vos souffrances.
Des intérêts agricoles de notre région ont été sacrifiés par la Convention de Bruxelles,
du 5 mars dernier, qui est un véritable désastre pour la culture de la betterave; afin de
réparer le mal qui a été fait, je demanderai que le droit de consommation sur le sucre soit
diminué progressivement jusqu’à sa complète disparition.
La loi sur les boissons votée dans la dernière législature a porté aussi un coup funeste
aux intérêts de nos populations; je réclame la suppression du privilège des bouilleurs de
cru, suppression qui amènerait au Trésor assez de ressources pour compenser, et au delà,
les dégrèvements que je propose.
En ce qui concerne vos intérêts privés, vous pouvez être assurés que vous me trouverez
toujours comme par le passé prêt à vous rendre service dans la mesure qui appartient à un
représentant du peuple et avec toute Pénergie d’un homme qui n’a d'autre ambition que
d’être utile à ses concitoyens.
Je vous demande de faire triompher, en me donnant vos suffrages, le drapeau tricolore
sur le drapeau rouge.
Vive la France! Vive la République!
Jules DESJARDINS, Député sortant.
— 17
N° 1162
Circonscription de SOISSONS
M. MAGNIÀUDÉ
Elu au 2* tour de scrutin, — 8:998 voix.
Mes chers Concitoyens,
Il y a quatre ans, vous m’avez fait le très grand honneur de me choisir pour vous repré¬
senter à la Chambre des Députés,
j’ai, pendant ces quatre années, travaillé opiniâtrement a la réalisation de mon pro¬
gramme et je suis resté fidèle à mes engagements.
J’ai soumis notamment, au Parlement, une proposition de loi tendant à l'établissement
d’un impôt global et progressif sur le revenu et, à plusieurs reprises, j en aï demandé la
mise à l’ordre du jour,
La Chambre s’est montrée favorable a mes demandes; mais les événements et une
obstruction systématique de la part de certains députés ont réussi à retarder cette grande
réforme, faite de justice, et qui ne peut manquer d’aboutir.
C’est par l’impôt sur le revenu que nous arriverons à supprimer et à remplacer les
quatre contributions directes, iniques entre toutes; elles frappent surtout l’agriculture et
tous ceux que nos impôts devraient atteindre avec la plus grande modération.
Si vous me chargez à nouveau de l’honneur de parler en votre nom, je continuerai a
défendre, avec énergie et une conviction que rien ne peut ébranler, cette grande réforme,
qui, seule, introduira plus d’équité dans nos impôts.
Mes chers Concitoyens,
Je m’étais engagé à demander l’augmentation des droits sur les grosses successions,
avec distraction du passif. La encore, et comme toujours, j’ai tenu parole.
La loi que nous avons votée a réalisé entièrement ce vœu; nous avons supprimé les
droits sur le passif des successions; nous avons diminué les droits sur les petites succes¬
sions, en établissant an.e échelle progressive sur les grosses successions.
J'ai demandé et obtenu la franchise postale pour les militaires*
J’ai volé toutes les mesures tendant à protéger les travailleurs, à secourir, tant au point
de vue moral qu’au point de vue matériel, toutes les familles dont la situation pénible ou
douloureuse était digne d’attirer l’attention d’un représentant du peuple.
Je vous déclarais que j’étais partisan des économies; j’en ai demandé et obtenu, spé¬
cialement sur les gros traitements des trésoriers-payeurs généraux.
J’ai insisté à la Chambre des Députés pour que la législature ne se terminât pas sans
que la loi sur les retraites ouvrières eût reçu une solution satisfaisante.
Et si vous me renouvelez mon mandat, je poursuivrai ardemment la réalisation de cette
autre grande réforme, qui constituera une œuvre d’humanité et de solidarité sociale.
Mes chers Concitoyens,
Représentant d’un arrondissement agricole, je me suis attaché, en toute circonstance
et en dehors de toute préoccupation politique, à défendre les intérêts de l’agriculture et des
ouvriers agricoles*
J’ai pris une part active aux travaux du groupe parlementaire pour la défense des inté*
3
rôts de la petite et de la moyenne culture, ou nous nous sommes particulièrement occupés
de la suppression des marchés à terme, de la répression des accaparements, du développe¬
ment de l'enseignement agricole, des questions de transport à bon marché, de remploi de
Talcool industriel, des assurances contre la mortalité du bétail, contre les intempéries, et
des secours à accorder à l'agriculture.
Les dispositions nouvelles, concernant F admission temporaire des blés, protégeront
efficacement l'agriculture contre certaines spéculations et permettront que le prix du pain
soit à peu près en rapport avec le salaire des ouvriers*
Quant à la conférence de Bruxelles, dont les décisions ne seront valables qu’après le
vote du Parlement, je vous assure, à Pavance, que je ne les ratifierai que si elles donnent à
^agriculture une protection au moins égale h celle qui lui est accordée par la loi de 188/**
11 faut que notre agriculture soit protégée; il faut quelle puisse travailler avec la sécu¬
rité du lendemain* Je in3y emploierai, comme jusqu'à présent du reste, delà manière îa
plus complète et la plus énergique*
Mes chers Concitoyens,
Mes actes, mon passe politique, P expérience acquise pendant cette dernière législature,
vous répondent de ce que je ferai dans Pavenir.
Je resterai toujours un démocrate dévoué aux humbles, aux travailleurs, qui ont besoin
d'ôtre soutenus, protégés au nom de la solidarité sociale.
Notre patriotisme doit toujours rester au-dessus des questions politiques*
rJous les Français aiment ardemment Ja Patrie; ils montreraient tons le même courage,
le même dévouement pour la défendre.
Serrons les rangs, républicains démocrates!
Faisons bloc contre nos adversaires obliques et autres!
Repoussons Pégoïsmc et l 'obscurantisme!
Que les travailleurs des villes et des champs forment une garde solide autour de la
République!
Unissons nos euorls, la victoire est à ce prix. Pas de défaillance, pas de divisions insen¬
sées qui pourraient devenir criminelles!
Pour la République démocratique,
En avant!
Vive la France!
Vive la République!
E* MAGNJAUD1Î, Député sortant.
8. —
programme.
Révision de la Constitution dans un sens démocratique;
^rtîST688** SUr 16 reveDU’ sans Camion pour tous les revenus au-dessous do
lu.uuEj ira tics ;
- Maintien des lois fondamentales de la République; respect de toutes les croyances;
séparation des %ltscs et de l’État ; J
- Suppression Ses impôts de consommation sur les aliments de première nécessité;
— Suppression radicale des octrois ;
— Économies dans toutes les administrations;
- Réfection des codes civil, pénal et militaire; institution du jury en matière ccrrec-
uonneile ;
Décentralisation administrative; extension des pouvoirs des Assemblées départe¬
mentales et communales; y
~ 19
N° 1182
9. — Suppression des frais de mutation pour toutes les transactions au-dessous de
1,000 francs;
10. — Création de Conseils de Prud’hommes pour toutes les catégories de travailleurs;
11* — Suppression des prestations;
12. — ‘ Degrèvement de l’agriculture;
13. — Protection dn travail national;
lk* — Retraites ouvrières pour la vieillesse;
15. — Extension des pouvoirs des juges de paix;
16. — Élection des membres du Conseil supérieur du travail par les syndicats;
17. — Indemnité aux fermiers et aux métayers sortants, pour la plus-value donnée à la
propriété;
18. — Égalité des enfants devant 1 -instruction ;
19. — Réduction du nombre des Députés;
26. — Scrutin de liste par collèges électoraux de iOOÛO électeurs inscrits.
Voilà ? mes chers concitoyens, les principales réformes dont je suis partisan. Elles vous
indiquent quel est l’esprit qui m’animerait pour la confection des lois en général. En tous
cas, je ne voterai jamais que des lois conçues dans m parfait sentiment d’équité et de jus¬
tice.
E, MÀGNIÀUDÉ, Député sortant.
lm circonscription de VERVINS
M. DENÊGHEAU
Élu au iQX tour de scrutin. — 6.780 voix.
Mes chers Concitoyens,
Pour la quatrième fois* j'ai l’honneur de solliciter vos suffrages.
Pour la quatrième fois, je viens vous demander d’affirmer sur mon nom votre dévoue¬
ment à la République.
Aujourd’hui comme toujours, nous avons devant nous la coalition des réactionnaires,
dissimulant, sous une formule trompeuse d’adhésion à nos institutions, ses désirs et ses
espérances.
Vous déjouerez leurs manœuvres comme vous Pavez fait en 1893 et en 1898.
Vous connaissez mon programme.
Patriote ardent, je veux La France grande à l’intérieur, forte et respectée au dehors-
Aussi serai-je toujours prêt à consentir tous les sacrifices pour que notre armée nationale,
gardienne de nos gloires et de nos destinées, soit à la hauteur de sa tâche. Convaincu que
le service de deux ans ne saurait l’affaiblir, au contraire, je ferai tous mes efforts pour la
prompte réalisation de cet important projet*
Partisan irréductible de la propriété individuelle, ennemi de toutes les révolutions,
j’estime cependant que le progrès est indéfini et qu’il est du devoir de tous, dans une
démocratie, d’examiner sans parti pris les réformes sociales et financières, quelles qu’elles
soient, pourvu qu’elles aboutissent ù des solutions raisonnables et pratiques.
— 20 —
Toujours préoccupé d'améliorer le sort du travailleur, de protéger sa santé, d’assurer
son avenir, j’ai voté les lois ouvrières , mais sî inexpérience établissait qu’une de ces lois
n’est pas en rapport avec les besoins de certaines industries, vous me trouverez disposé,
soyez- en surs, a adhérer aux modifications nécessaires aux intérêts de tous.
Respectueux des convictions sincères, je ne confonds pas le cléricalisme — cette
exploitation politique de la religion — avec la religion elle-même. le ne porterai jamais
atteinte à la liberté de conscience, ni à la liberté des cultes.
La liberté î Mais c’est notre idéal à nous républicains, c’est notre conquête.
Et je vous demande encore votre confiance peur la défendre sans passion et sans
haine, mais avec toute mon énergie, avec tout mon cœur.
Vous pouvez compter sur moi comme je compte sur vous.
Vive la République l
DENÊCHEÂU, Député sortant.
Candidat du comité républicain.
2* circonscription de VERVINS
M. le comte CÂFFARELL1
Élu au 1er tour de scrutin. — 7487 voix.
Mes chers Concitoyens,
Encouragé par les nombreuses preuves d’estime et de sympathie qui me sont venues de
tous côtés et que j’ai été fier et heureux de recueillir, je me retrouve en face de vous
comme candidat à la députation.
Qui je suis? vous le savez. Citoyen respectueux de la Constitution que 3a France s’èst
donnée, je suis décidé à soutenir une République libérale, économe, tolérante, respectueuse
elle aussi des grandes libertés que nos pères ont conquises : liberté de conscience, liberté
d’association.
Pourquoi je me présente? C’est que, précisément, j’estime comme vous que ces libertés
sont actuellement menacées par un ministère dont je me déclare l’irréductible adversaire.
Vous voulez , n’est-ce pas, garder le droit de conserver vos vieilles et intimes
croyances, vous voulez garderie droit de donner à vos enfants l’éducation de votre choix,
vous voulez que la liberté ne soit pas un vain mot, qu’elle existe pleine et entière pour ceux
qui ne pensent pas et qui sont bien libres de ne pas penser comme yous, mais aussi qu’elle
vous soit laissée dans toute son intégrité. En même temps que ces libertés, vos intérêts
matériels, ceux de tous les contribuables sont aujourd’hui gravement compromis. N’ont-ils
pas déjà été sacrifiés et ne subissez-vous pas d’année en année les exigences croissantes de
l’impôt? Vous en rapportez-vous, pour pratiquer les économies indispensables, urgentes, à
ceux qui se sont lancés dans la voie des ruineuses prodigalités, à ceux qui sont respon¬
sables du déficit actuel, aux flatteurs du suffrage universel à qui les promesses irréalisables
ne coûtent pas et qui offrent l’impôt sur le revenu comme seule solution à la situation.
En principe^ j’admets volontiers la nécessité d’une large réforme financière. L’impôt
sur le revenu serait peut-être une solution, mais au moins faudrait-il qu’il ne devienne pas
le prétexte d’une inquisition vexatoire, qu’ii ne soit pas un leurre et une charge de plus
' 7 . t *
/
— 21 — N» 1162
pour le contribuable, qu’il ne nuise pas à notre action économique et qu'il ne soit pas, pour
la France, une causa d’appauvrissement par l’exode des capitaux à Fêtranger.
Une pareille question doit être sagement étudiée sans parti pris et réglée de telle façon
que la paix sociale n’ait pas à en souffrir.
Vous demandez encore, et c’est une question de vie pour tous, que le travail national
soit protégé sous toutes ses formes : forme agricole, forme industrielle. Or, que voyons-nous
à l’heure actuelle? L’inquiétude partout, le marasme des affaires, la réduction, dans les
conditions déplorables que vous savez, de notre culture betteravière, le salaire des ouvriers
remis par suite en question. C’est contre ces éventualités de demain qu’il convient do pro¬
tester hautement. II faut que notre agriculture soit sauvée de la ruine,
11 faut également que l’avenir des ouvriers soit assuré, et il le sera, non seulement par
un salaire justement rémunérateur, mais encore, et je tiens à le dire, par une autre
garantie juste et nécessaire elle aussi, celle d’une retraite pour la vieillesse.
Je ne crois pas à l'État providence; l’État seul serait dans Pimpossibiiité d’assurer cette
retraite ; j’estime qu’elle doit être constituée avec son concours, mais dans la plénitude de
la liberté d’action de l’ouvrier, grâce au développement de la mutualité et dans un accord
commun de l’État, du capital, et du travail.
Il est une autre question qui touche aux forces vives et à l’existence même delà nation,
c’est celle de notre armée. v
Vous savez par quelles épreuves elle a passé, quelles attaques, quelles avanies elle ax
dû subir. Soutenus par l’étranger, les dreyfusards, les sans-patrie ont couvert d’injures nos
officiers les plus dignes. Plus ils abaissaient la France, plus ils étaient heureux. Le cri de
« Vive l’armée ! » a même été assimilé à un cri séditieux! Trop de souvenirs, trop d’espé-*
rances nous rattachent à l'armée pour que nous ne lui accordions pas le respect et l’affec¬
tion qui lui sont dus. D’ailleurs, l’armée cTest nous tous, ce sont nos fils, c’est le meilleur
de notre sang î
Pour qu’elle soit forte et glorieuse à l’heure du péril, il lui faut le nombre et la disci¬
pline, Je ne crois pas que le service de trois ans soit absolument nécessaire à ces deux con¬
ditions, j’estime qu’il est possible de réduire à deux ans le sacrifice que le pa^s demande à
la jeunesse française, mais seulement après que des cadres solides auront été assurés par
une loi et une organisation nouvelles.
Telles sont, messieurs les électeurs, les grandes lignes de mon programme; il se
résume en ces mots : République libérale, paix sociale.
Pour le faire triompher, je fais appel à tous les patriotes, à tous ceux qui mettent
au-dessus des luttes des partis la prospérité et la grandeur de la France,
Comte CAFFÀRELLI, ancien Député.
— 22
ALLIER
Circonscription de GANNAT
AL DELARDE
Elu au 1er tour de scrutin* *— 10.519 voix*
Des hommes de notre partie au nombre de quinze cents* tous républicains* m’ont fait
i’honaeur de me choisir comme leur candidat aux élections législatives.
Je n’avais vu aucun d’entre eux avant la réunion de Gannat* personne n’avait pesé sur
leur détermination; ils avaient agi spontanément, et j’ai pu conclure de la marque de con¬
fiance qui m’a été donnée dans la manifestation la plus imposante qu’il y ait jamais eu à
Gannat, que ]’imm$ûse majorité du parti républicain approuvait mon attitude politique,
qui a toujours été conforme au programme sur lequel mes concitoyens m’ont élu.
Je pourrais me contenter de réimprimer cet ancien programme; je préfère affirmer
de nouveau les idées que fai toujours exposées dans les réunions ou défendues par
mes écrits.
Vieux républicain, j’ai toujours pensé que la République devait être un autre régime
que la monarchie ou T empire;
Qu’une simple étiquette inscrite sur les monuments ou les papiers administratifs ne
pouvait tenir lieu des institutions propres à ce régime ;
Que les formules surannées, que les vieilles lois impitoyables devaient rejoindre les
vieilles ignorances du passé ;
Que ce n’était pas sur le principe d’autorité, legs des théocraties tyranniques et des
anciens esclavages, que devait être basé l’ordre social, mais sur le sentiment élevé de J a
solidarité et de la justice.
J'estime que la liberté ne doit pas être seulement le privilège du riche;
Que l’égalité fait un devoir a la société d’appliquer les lois avec la même justice à tous
les citoyens, avec indulgence aux dehôritês et aux malheureux, dont la responsabilité est
d’autant plus amoindrie que l’on a moins cultivé leur intelligence;
Que la fraternité nous impose le devoir de relever les humbles* de venir en aide à tous
ceux qui souffrent, de supprimer la misère humaine*
La liberté de tous les citoyens est le fondement même de la République* a une con¬
dition toutefois, c est qu elle soit au-dessus de toutes les atteintes ; et la suprématie du pou¬
voir civil n est qu un, leurre quand certaines factions sont maîtresses des principaux
rouages du Gouvernement-
Partisan de la décentralisation la plus large, j’estïme que la libre expansion des initia¬
tives individuelles contre toutes les tyrannies* ne sera une réalité qu’apres la disparition
de l’omnipotence de EÉtat.
-
— __ - — . .
— 23 — N° 1162
Fai combattu toutes Wb vie les monopoles ; je n’ai jamais été ni l’admirateur ni le sou«
tien des grandes sociétés ; l’oppression du gros capital dans le commerce et rindaéMe
m’ont toujours semblé aussi odieuses que la tyrannie dans le domaine politique.
Demandez à nos adversaires qui a soutenu les intérêts des sucriers»
Qui récemment encore a fait voter dix-huit millions de francs en primes pour les rafli-
neurs, propriétaires déjà de fortunes scandaleuses?
Quels sont les auteurs de cette loi singulière qui permet à l'étranger de consommer
nos sucres à des prix dérisoires, tandis qu’ils restent chers en France ?
lis devront vous avouer que ce sont leurs propres amis !
En matière religieuse, j'ai toujours été partisan de la liberté absolue de la conscience
humaine.
L'Etat ida pas à s'immiscer dans les affaires de conscience, il n’a rien à faire avec les
religions quelles qu’elles soient, et j'ai toujours voté la séparation des Eglises et de
FEtat
Mais un gouvernement sérieux ne saurait admettre que la religion serve aux desseins
politiques des adversaires de la République, il a le devoir d’exiger la neutralité
absolue du clergé.
Quant aux congrégations religieuses, elles sont rentrées en France à la laveur de la
faiblesse des gouvernements qui Se sont succédé depuis un siècle.
Leur nombre, toujours croissant, et la fortune qu’elles accumulent sans cesse, les
rendent redoutables pour les idées modernes; il m’a semblé nécessaire d’en revenir en ce
qui les concerne aux dispositions du Concordat, qui no reconnaît pas leur existence.
C’est pour cette raison que j’ai voté la loi sur les associations, qui, bien que fort insuffi¬
sante, les obligera, tout au moins, à se soumettre aux prescriptions légales.
Nos adversaires nous reprochent de ne rien faire pour l’agriculture ; à les entendre, iis
auraient le monopole de la sollicitude et des réformes destinées à améliorer la condition
des cultivateurs,
11 faut s'expliquer et je défie les gens qui nous calomnient de nous donner un
démenti.
L'agriculture souffre de la surproduction et de la concurrence universelle qui avilissent
la valeur de ses produits.
L’impôt foncier n’a pas été abaissé en proportion de la diminution des revenus, d’autres
charges pèsent lourdement sur elle.
Le véritable remède à ses maux, le seul qui permettrait des dégrèvements sérieux,
serait la réforme de notre système fiscal par rétablissement de l’impôt sur le revenu ou la
fortune, dont la véritable proportionnalité serait assurée parla progression.
Tout le monde est d’avis que notre système de contributions est détestable et que
les impôts pèsent plus lourdement sur les pauvres que sur les riches.
Les hommes qui nous combattent aujourd’hui se sont montrés les adversaires les plus
acharnés de la réforme de l’impôt.
Vous jugerez entre eux et nous !
J’ai voté toutes les mesures utiles à l’agriculture.
Le droit sur les blés, parce que le blé peut être vendu un prix rémunérateur, sans pour
cela que la classe ouvrière souffre de l'élévation du prix du pain.
J’ai voté la réforme des acquits-à-caution, qui arrêtera une fraude dangereuse pour la
vente des blés nationaux.
J'ai voté toutes les mesures, sans exception, qui pouvaient faciliter F organisation des
syndicats agricoles, des associations mutuelles de crédit agricole.
Et qu’il me soit permis de le redire, c’est encore à nos adversaires, qui ont la bouche
pleine de leur amour pour les agriculteurs, que ceux-ci doivent V échec du crédit
agricole.
A la précédente législature, tous les républicains avancés avaient demandé qu'en
échange de son privilège exorbitant, la Banque de France fût tenue de fournir quarante
millions, qui auraient servi de premiers fonds pour la création du crédit agricole.
Quels sont ceux qui repoussèrent cette proposition d'une utilité indiscutable pour l'agri¬
culture?
Les hommes dont se réclament nos adversaires d'aujourd'hui, manifestant une fois de
plus par leurs actes que leur sympathie et leur sollicitude ôtaient acquises non aux petits
cultivateurs, mais à la féodalité Financière,
Nous avons dégrevé les boissons hygiéniques, ce qui a augmenté singulièrement la
consommation du vin ;
Dégrevé les petites successions ; diminué les frais hypothécaires et les frais des petites
ventes de propriété ;
Augmenté dans de larges proportions renseignement agricole,
La loi du 25 décembre 1900 permet au Gouvernement d'allouer aux caisses régionales
de crédit agricole, à litre d'avance, une somme qui peut aller au quadruple du capital
versé en espèces.
Le projet créant les chambres d'agriculture est déposé.
L'office des renseignements agricoles au ministère est créé et je passe sous silence une
foule de mesures de détail.
Et nos adversaires qui s'opposent à toutes les mesures nouvelles, s'efforcent de démon¬
trer aux agriculteurs que nous n'avons rien fait pour eux, alors qu'eux-mêmes ont ôté hos¬
tiles à tous les progrès!
Il en est du reste du petit commerce comme de l'agriculture * les patentes et les im¬
pôts qui le frappent ne seront sérieusement diminués que par la réforme radicale de notre
système d'impôts*
Fai voté toutes les lois qui peuvent améliorer la situation des travailleurs, et mon con¬
cours leur est acquis pour toutes les mesures, comme les retraites ouvrières, qui seraient
un allègement pour tant de misères imméritées l
La Constitution, œuvre dos partis monarchiques, doit être révisée dans un sens
démocratique. Je voterai cette réforme qui a toujours été inscrite dans le programme répu¬
blicain.
Je suis partisan de la propriété individuelle, car j'estime que l’homme n'est vraiment
libre que quand il a quelque chose à lui; je serai heureux de m'associer à toutes les me¬
sures qui pourraient faciliter la diffusion de la propriété, loin d'en réclamer la suppression,
comme le font les collectivistes.
Je vous ai dit, mes chers concitoyens, ce que je pensais sur les questions qui s'agitent
aujourd'hui ; vous n'ajouterez pas foi aux paroles de nos adversaires, qui vont répétant que
la République a abaissé la France au point de vue extérieur, alors que notre pays a repris
son rang dans le monde.
Vous ne croirez pas que nos finances sont dilapidées quand, à cette heure, c'est le cré¬
dit de la France qui est peut-être le plus solide eu Europe*
La République a fait tous les sacrifices pour son armée; vous rirez des affirmations de
ceux qui vous diront que les républicains veulent détruire l'instrument de la défense
nationale.
Toute ma vie j'ai conformé ma conduite aux principes de la démocratie; je n'ai jamais
refusé un service personnel; je n'ai jamais fait céder mes convictions h mes intérêts.
Vous rendrez voire verdict le 27 avril.
Je ne suis pas inquiet de votre jugement !
Docteur G, DELARUE, Député de l'Ailier,
— 25 —
iN° 4462
Circonscription de LA PALISSE
M. GACON, élu Sénateur, remplacé par M. RÉGNIER
Voy. Elections partielles.
lr0 circonscription de MONTLUÇON
[M. Léon THIVRIER
Élu au 1er tour de scrutin. — 10.168 voix.
Parti Socialiste de France.
Fédération des travailleurs socialistes de l’AUier.
Citoyens,
La Fédération socialiste de l’Ailier présente à vos suffrages la candidature du citoyen
Léon Thivrier; elle estime que les idées socialistes et les intérêts de cette circonscription
ne sauraient avoir de plus sincère ni de plus dévoué défenseur.
A cette époque où la réaction n’a pas renoncé à tout espoir de succès, et où, employant
une nouvelle tactique, elle se couvre d’un masque républicain pour mieux détruire la Répu¬
blique il est nécessaire d’opposer i’action vigoureuse du socialisme pour écraser encore
une fois les partis du passé. Il faut que dans cette bataille décisive où notre paru lutte avec
son drapeau largement déployé, une nouvelle victoire vienne affirmer les idées socialistes
de cette circonscription, et son espoir dans un affranchissement prochain du travai
°1P' A^eux qui nous disent que nous voulons supprimer la liberté, l’égalité et la fraternité,
nous répondrons en demandant si les travailleurs sont libres pendant les 12 ou 14 heures
qu’ils passent dans les usines ou dans les champs; s’ils sont les égaux de ceux qui les com¬
mandent et s’ils sont les frères de ceux qui les exploitent.
Nous ne crions pas, nous constatons la lutte des classes, et nous voulons les réconcilier
en supprimant leur antagonisme d’intérêts, c’est-à-dire en réunissant dans les memes
mains le capital et le travail : par la socialisation des moyens de production.
Mous voulons mettre (in à l’exploitation dont les travailleurs sont victimes, notre but
est leur émancipation ; mais nous estimons que l’outil de cette transformation sociale est la
République dont le socialisme est l’épanouissement.
C’est avec confiance que nous vous présentons la candidature de notre ami Léon hi-
vrier, persuadés que vous assurerez par son triomphe la défaite de la réaction.
Vive la République sociale!
(Suivent les signatures).
U
— 26 —
Programme de la fédération socialiste de V Allier.
1, Suppression immédiate du Sénat;
2, Substitution au régime parlementaire de la législation directe du peuple par le
peuple ;
3, Inscription, dans la ConstitutioQ, du droit au travail, à l’assistance, à la retraite, de la
liberté d’association laïque, de la liberté de réunion, de presse et de la liberté indivi¬
duelle;
4- La paix mise constitutionnellement sous la garde du peuple, ayant seul droit de
voter la guerre;
5. Secret du vote assuré par le vole sous enveloppe, avec bulletins imprimés sur même
papier et de meme dimension;
6. Limitation de l’affichage et des cadres réservant à chaque candidat une place
égale ;
7. Rétribution des fonctions électives ;
Abrogation du décret organique du 2 février 1352, des lois de sûreté générale et de
toutes les lois d’exception sur la presse et l’individu, et suppression des fonds secrets ;
9. Gratuité et simplification de la justice ;
10. Réparation morale et pécuniaire aux victimes d’erreurs judiciaires;
11. Suppression du travail dans les prisons faisant concurrence au travail libre ;
12. Dénonciation du Concordat, suppression du budget des cultes. Reprise des biens
de main-morte, de tous les biens du clergé et des congrégations, de tous les édifices con¬
sacrés au culte ;
13. Suppression de l’ambassade auprès du pape ;
14. Extension des libertés communales afin de rendre la commune maîtresse de son
administration, de ses finances et de sa police ;
15. Réduction des gros traitements et augmentation des petits traitements en rapport
avec les besoins de la yie;
16. Droit de referendum ;
17. Unification de l’enseignement primaire, secondaire et supérieur rendu accessible
au peuple d tous les degrés ;
18. Suppression des armées pennanentes et, en attendant, réduction du service mili¬
taire à deux ans, puis à un an dans le plus bref délai;
19- Suppression des 13 et 28 jours;
20. Création de la banque d’état, réduction' du taux de l’escompte et du crédit
agricole ;
21. Suppression de, tous les impôts de cou somma Lion et impôts indirects ;
22. Établis Bernent d’un monopole de fabrication et rectification de l’alcool ;
23. Reprise par l’État et les communes des chemins de fer, des mines, de la Bangue
des transports, do service d’alimentation ; ’
24. Législation nationale et internationale du travail;
25. Conquête des pouvoirs publics par les travailleurs organisés;
26. Liberté entière d’associauon syndicale;
27. Bourses du travail gérées en toute liberté par les syndicats-
28. Retraites pour tous les vieux travailleurs;
29. Mise à la charge de la société de tous les invalides du travail;
30. Extension de la loi sur les accidents du travail ;
31 Protection assurée par l’État aux veuves et aux orphelins dont le mari et fe père
n aura laissé aucun moyen d’existence.
2?
N* 4162
Citoyens,
Choisi à Pu nan imité comme candidat aux élections législatives par le Congrès du
8 novembre 1901, je me présente à vos suffrages avec le programme élaboré par la Fédé¬
rât! n socialiste de PAllier. C’est avec ce programme que les élus du parti qui m'ont pré¬
cédé ont lutté, c'est ;vec lui qu'ils ont triomphé. Aux élections cantonales dernières, une
forte majorité 'affirmait encore, sur mon nom, rattachement inébranlable des citoyens aux
idéi's que nous préconisons et dont je suis et resterai un des plus ardents défenseurs.
Comme au Conseil général où toujours j'ai soutenu les intérêts des travailleurs et la cause
social I- te, je ferai mon devoir au Parlement, si vos suffrages me donnent le mandat de vous
y représenter.
Vive la République sociale !
Vive l'union des travailleurs!
D* Léon THIVRÏER*
Conseiller général.
2* circonscription de MONTLUÇGN
M. Paul CON3TÀNS
Elu au 2a tour de scrutin. — 9.352 voix.
Appel du Conseil national du parti ouvrier français.
AUX ÉLECTEURS
Citoyens,
Vous êtes appelés à voter pour un député. Comment voterez-vous? Quel usage allez-
vous faire de cet instrument du suffrage universel que la Révolution de 1848 a mis à votre
disposition et qui rend, pour un jour, les travailleurs, les producteurs, maîtres de leurs
destinées?
Votre sort est entre vos mains. Que voulez-vous qu’il soit ? Entre les divers partis qui
se disputent vos suffrages, comment choisirez-vous?
Allez- vous continuer à employer votre bulletin de vote de la môme façon que par le
passé ?
Demandez-vous, avant daller à l'urne, ce que vous ont donné les élections ante¬
rieures.
Voilà plus de cinquante ans que le suffrage universel fonctionne. Depuis trente-deux
ans la France est en République.
Tour à tour, en un siècle, les partis les plus divers ont été au pouvoir : monarchistes,
bonapartistes, cléricaux, républicains de toutes nuances, depuis le libéralisme et l'oppor¬
tunisme le plus rose, jusqu’au radicalisme le plus rouge.
Qu’y avez-vous gagné ? Votre situation s'est-elle améliorée ?
Les impôts ont-ils diminué? Non : chaque jour ils augmentent. Le tribut de la dette
— 28 —
publique devient de plus en plus lourd : chaque Français, en naissant, trouve dans son ber¬
ceau sa part d'intérêts à payer de plus de trente milliards ; il est débiteur à perpétuité de
plus de 850 francs*
Loin d'être réduites, les charges militaires se sont aggravées, accentuant encore les
inégalités entre citoyens : c’est un an pour les Gis de la bourgeoisie privilégiée; c'est trois
ans pour les fils de cultivateurs et d’ouvriers*
Et cette armée, qu'on vous représente comme destinée a défendre le sol national, n'est
mise au service que de la grande propriété industrielle, financière, commerciale et foncière ;
tantôt pour aller, dans les guerres coloniales, ouvrir, au prix du sang de vos fils et r!c vos
frères, de nouveaux débouchés à des marchandises que vous êtes trop pauvres pour con¬
sommer ; tantôt pour fusiller les travailleurs réclamant un peu de mieux-être.
Aux campagnes d'Afrique de la monarchie de Juillet, a la guerre du Mexique du second
Empire, ont succédé, sous la République, les expéditions de Tunisie, du Soudan, du Tonkin,
de Madagascar, de Chine, etc*
Si l'Empire a eu ses massacres d'Aubin et de la Rîcamarie, la troisième République les
a répétés h Fourmi es, à la Martinique et à Cftaloo,
De toutes les réformes qu'on faisait miroiter à vos yeux pour capter vos suffrages, au¬
cune n'a été réalisée.
Loin de devenir meilleure, votre condition matérielle va empirant*
Ouvriers des villes, dont le travail est Tunique moyen d'existence, ce travail vous est
de jour en jour enlevé par les chômages résultant de l'emploi des machines, par Rentrée à
Fusine des femmes et des enfants, par Faffiux dans les agglomérations urbaines d’une po¬
pulation qui a dû déserter les campagnes. La concurrence entre les bras fait de plus en
plus baisser les salaires. Et contre votre misère, la charité chrétienne et la philanthropie
bourgeoise ne peuvent vous offrir que la dérision d'une aumône aussi humiliante qu'impuis¬
sante.
Paysans, cultivateurs, le produit de vos sueurs suffitde moins en moins à vous nourrir;
la concurrence intérieure et extérieure en avilit chaque année le prix ; mévente des blés,
mévente des vins, deviennent un mal permanent.
Voire petite propriété est toujours plus menacée par la formation des grandes exploi¬
tations agricoles à outillage perfectionné. Lorsqu'elle vous reste, elle est rendue purement
nominale par les impôts écrasants, par l’usure, par l'hypothèque dont vous avez à solder la
redevance. (Dette hypothécaire : en 1820, 8 milliards; en 18àG, Î2 milliards; en 1868,
16 milliards; en 1887, 20 milliards ; en 1900, plus de 25 milliards; soit une rente de plus
de 1 milliard 550 millions payée chaque année aux capitalistes par les petits cultivateurs.)
La détresse pousse vos enfants dans les villes, où ils n? font qu'accroître le marché des bras
déjà engorgé et augmenter encore la misère générale*
Petits commerçants, petits patrons, classe moyenne, vous vivez dans l'angoisse et Fin-
sécurité* La faillite vous guette ; la grande industrie mécanique ruine vos petits ateliers;
les grands magasins dévorent votre petite boutique; la haute banque, juive, protestante un
catholique, prélève sur vous des intérêts usuraîres et englouût vos économies dans les
escroqueries des Panama et des Union générale* Un mouvement de plus en plus accéléré
vous fait retomber parmi les salariés, les journaliers, les prolétaires.
Et pour tous, cet état de choses ne peut qu'aller en s'aggravant. Loin d'être plus heu¬
reux, vous vous voyez sans cesse plus misérables.
Et cela, quand les progrès de la science perfectionnent et multiplient tous les jours la
production, quand l'humanité a les moyens de pourvoir abondamment à tous ses besoins,
au prix d'un eflort de plus en plus réduit. Mais de ces progrès, non seulement vous ne pro¬
fitez ni les uns ni les autres, mais vous mourez — et vous continuerez à mourir tant que,
restés le monopole de quelques-uns, ils ne seront pas devenus le patrimoine commun, la
propriété collective de tous.
Mais à qui la faute ? A vous, et à vous seuls, qui pouviez, de par votre nombre, à
chaque élection générale, vous saisir directement du Gouvernement et opérer la transfor-
N* 1462
— 29 —
mation sociale nécessaire., et qui, au lieu de cela, vous êtes trahis vous-mêmes en choisis¬
sant pour vos représentants des hommes qui ne peuvent représenter que des intérêts con-
traire? au^ vôtres. _ . .
Républicains ou monarchistes, cléricaux ou libres-penseurs, ceux a qui vous donnez
nériodiquement le pouvoir politique et législatif sont les délégués et les serviteurs . e a
classe qui, tenant entre ses mains tous les instruments de production, s’en sert pour vivre,
sans travailler, du travail des autres, de votre travail à vous, et ne les laissera reprendre
nue par la force de votre nombre, arrivé à sa conscience de classe.
Leurs divisions politiques, dans lesquelles ils essaient de vous entraîner, m couvren
mie les Ulties qu’ils se livrent pour le partage des profits ; mais pour exploiter le monde du
travail, ils sont toujours unis, et lorsqu'ils usent du gouvernement que vous leur avez remis
pour maintenir leur domination de classe, si vous vous plaignez, ils sont en droit de vous
répondre : vous l'avez voulu !
A vous de ne plus le vouloir. A vous, qui vivez en travaillant, et qui êtes 1 trame
majorité, de faire vos affaires vous-mêmes.
A vous d’agir pour que la République soit à vous, . soit la République des travailleurs :
les lois seront faites pour yous, si elles sont faîtes par vous.
N’accordez vos voix qu’au parti du travail, au parti socialiste, an parti de votre classe.
Refusez-les à tous les autres candidats, quels que soient leur nom et leur couleur.
Votre devoir et votre intérêt est de ne voter et ne faire voter que pout le can i a
Que sur toute la "surface du territoire les travailleurs agissent de meme, et la Révolu¬
tion est faite, en ce sens que, maîtres de l’État et de la loi vous serez en mesure de re¬
mettre la nation en possession de ses usines, mines, chemins de fer, machines et autres
moyens de production, d’instruments . d’exploitation qu’ils sont aujourd'hui, transformés en
instruments de liberté et de bien-être.
Le parti socialiste, parti des pauvres, n’a pas à sa disposition, comme les riches can¬
didats de la bourgeoisie, les fonds nécessaires à une immense réclame par affiches et distri¬
bution de circulaires. . _
Si vous avez conscience de ce que vous devez h vous-mêmes et a votre classe, vous
répandrez autour de vous des bulletins de vote pareils au bulletin ci-inclus, au besoin, écrits
à la main, et vous expliquerez à tous les électeurs que, sans distinguer entre les candidats
bourgeois, is ont à voter pour le candidat des travailleurs, le candidat de la République
sociale, le citoyen P. Constans.
Le Conseil national du parti ouvrier français.
I1’* circonscription de MOULINS
M. PÉRONNEAU
Élu au lcv tour de scrutin. — 7.161 voix.
Électeurs!
A l’unanimité, le Congrès des Délégués Républicains m’a désigné comme candidat à la
^ Fort de cet appui, fort aussi du devoir accompli, je viens solliciter vos suffrages, avec
— 30 -
ia conscience d'avoir loyalement suivi îe programme sur lequel vous m’avez élu» en 1898,
à 3,000 voix de majorité* et auquel vous êtes restés* comme moi» fidèlement attachés.
Malgré l'absence d’une majorité compacte de Républicains avancés» l’œuvre de la der¬
nière législature n'a pas été stérile; elle a voté, notamment :
La loi sur les successions, qui dégrève les successions obérées et frappe de droit pro¬
gressifs les gros héritages;
La loi sur fe régime des boissons, encore imparfaite, mais qui a cependant réduit consi¬
dérablement les droits sur Je vin et les autres boissons hygiéniques;
La loi sur la réglementation du travail et des retraites des employés de chemins de fer;
îa loi sur le travail dans les mines; la loi sur le repos hebdomadaire, auxquelles, comme
Membre de la Commission du Travail, je m’honore d’avoir collaboré.
Elle a commencé la discussion de la loi sur les retraites ouvrières;
Elle a voté le principe du service militaire de deux ans, qui devra être la première
réforme législative de la Chambre prochaine ;
Elle a augmenté le salaire des petits employés de EÉtat, les prolétaires de T Adminis¬
tration, et supprimé le système inique du pourcentage pour l’avancement des instituteurs.
Elle a fait, enfin, la loi sur les associations qui, toute incomplète qu’elle est encore, a
porté un coup terrible à la puissance toujours envahissante des Congrégations, à l'accapare-
ment par elles delà fortune publique et de l’éducation de la jeunesse.
J’ai, vous le savez, voté toutes ces lois avec enthousiasme.
Mais les plus importantes réformes sont encore à faire; mon programme est loin d’être
réalisé*
Anti-clérical avant tout, je veux la séparation des Églises et de YÉ tat; la suppression du
budget des cultes; et, pour compléter la îoî sur les associations, la suppression de toutes les
Congrégations; le retour à la nation des biens de main-morte.
Je veux renseignement exclusivement laïque à tous les degrés et accessible à tous par
voie de concours*
Radical-socialiste, c’est-à-dire partisan de toutes les réformes politiques que comporte
la République, de toutes les réformes économiques et sociales compatibles avec le respect
de la propriété individuelle, je réclame ;
La réduction à deux ans du service militaire égal pour tous; la suppression des 28 et
des 13 jours; la suppression des Conseils de guerre en temps de paix;
Les retraites pour la vieillesse et les invalides du travail;
L’impôt progressif sur le revenu;
L assurance obligatoire par l’État des risques agricoles ;
La création de Banques de crédit agricole et de crédit au travail;
L amélioration, dans 1 intérêt des ouvriers, des lois sur ia durée et les conditions du
travail *
L’extension des libertés syndicales et des attributions des Conseils de prud’hommes -
La répression sevère de la spéculation et de l’accaparement;
L’épuration du personnel, ia suppression de l’inamovibilité de la magistrature -
La réduction des frais de justice ;
La diminution des gros traitements;
Le renoncement à toute politique d’aventures et de conquêtes;
La révision de la Constitution, la souveraineté absolue du suffrage universel -
Le secret du vote* &
iel est mon programme; il nTa pas varié et pouvez être sûrs que j'y serai fidèle car
je ne suis pas de ceux dont les opinions changent avec les circonstances*
Citoyens,
L’heure est grave pour Mpobliquo : sous la bannière du parti clérical, la Boulangisme
s est reconstitué : .1 s’appelle aujourd’hui le Nationalisme. Tour à tour violent et sournois, il
N* 1162
— 31 —
a d’abord essayé un coup d’Etat et osé lever la main sur le. Président de la République ; puis,
après l’échec de ses tentatives criminelles, après l’arrestation et la condamnation de ses
chefs, il a organisé dans l’ombre, avec la complicité des congrégations et du clergé, la
coalition de toutes les forces réactionnaires contre la République.
Cléricaux et Gésariens — le goupillon et le sabre — s’apprêtent à livrer à la Répu¬
blique un suprême assaut. A la réaction sous toutes ses formes, à ses deux candidats oppo¬
sons, Citoyens, le bloc républicain; opposons l’union de tous ceux qui veulent la République
toujours plus républicaine.
Vingt années d’une vie politique sans défaillance répondent de moi; et puisque, pour la
seconde fois, j’ai l’honneur d'être le candidat de la République, soyez certains que, de toute
mon énergie, de toute l’ardeur de mes convictions, je tiendrai haut et ferme le drapeau
d’avant-garde que vous m’avez confié.
Vive la République !
Henri PÉRONNEAU, Député sortant,
Vice-Président du Conseil général,
Candidat du Congrès républicain.
2e circonscription de MOULINS
M. VILLE, élu Sénateur, remplacé par M. MINIER
Voy. Elections partielles.
ALPES (BASSES-)
Circonscription de BARCELONNETTE
M. Paul DELOMBRE
Elu au 1er tour de scrutin* — 2,010 voix*
Monsieur et cher Concitoyen ,
Fidèle à la parole que je vous ai donnée, je viens vous demander le renouvellement
de mon mandat de député.
Depuis plus de huit ans, vous me voyez à l’œuvre.
Vous savez si j’ai pris à cœur votre défense, tout fait pour représenter dignement nos
Alpes et pour servir la République*
Successivement, rapporteur du budget des finances à la Chambre, rapporteur général
de la Commission du budget, deux fois président de cette Commission, puis Ministre du
Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes; enfin, par un honneur tout
spécial dont j’ai été profondément touché et qui a resserré nos liens déjà si étroits, élu, à
Tunanïmitê, président du Conseil général des Basses-Alpes, j’ai justifié de mon mieux
la confiance que l’arrondissement de Barcelonnette m'a témoignée.
Vous me connaissez; de ma part, toute profession de foi serait dès lors superflue*
Les principes qui me guident sont, au surplus, très simples *
Vieux républicain, je considère la République comme l’instrument nécessaire de notre
développement national, comme le gage et la garantie de toutes les réformes.
Mon idéal est une France de plus en plus grande, glorieuse et puissante, grâce à
l’union de ses fils réconciliés, tous groupés dans une action fraternelle pour le progrès
social continu et l’entière émancipation de la démocratie par la paix et par la liberté. En
m’envoyant de nouveau à la Chambre, vous n’affirmerez pas seulement votre attachement
à une politique républicaine de travail utile et d’efforts incessants pour le relèvement
intégral de la Patrie ; vous me mettrez en mesure de poursuivre la réalisation du pro¬
gramme que je vous ai exposé si souvent dans nos réunions. Vous avez pu juger, par des
applications partielles, quels heureux résultats notre région, en particulier, peut s’en
promettre*
J’aurai, d’ailleurs, roccasion d’en causer une fois de plus avec vous, car je compté bien
me rendre avant les élections dans toutes les communes do l’arrondissement* Elles m’ont
toujours marqué une sympathie dont je leur garde une vive gratitude.
Veuillez, Monsieur et cher Concitoyen, agréer l’expression de mes sentiments tout
dévoués*
Paul DELOMBRE, Député sortant,
Président du Gonseil général des Basses-Alpes,
Candidat républicain*
™ 33 —
N* 1162
Circonscription de GASTELLANE
M. le coin le BONI DE GASTELLANE a été réélu après annulation de son élection.
Voy* Élections partielles.
Circonscription de DIGNE
M. FRUCHIEB
Élu au 2* tour de scrutin. — 5,796 voix.
Mes chers concitoyens.
En 1898, vous avez signifié a M, Joseph Reinach un congé en bonne forme; vous lui avez
nettement déclaré que vous ne vouliez plus de lui. Cet homme, qui a toutes les audaces, feint
de ne pas avoir entendu et, en dépit de son échec retentissant, il ose solliciter de nouveau
vos suffrages. Celui dont le nom honni et abhorré par tous les républicains honnêtes de
France rappelle les plus honteuses compromissions et les plus tristes scandales dont a eu
à souffrir la République ee dit aujourd'hui son défenseur et veut quand même forcer les
portes du Parlement où personne ne voudrait ni le recevoir ni Fentendre. Alors que tous les
partis le renient, que Paris en a horreur et qu'aucun collège de France ne voudrait de lui,
il vient jeter le défi à Fhonnête démocratie de cet arrondissement et ose prétendre à Phon-
neur de le représenter, II n’en est pas cligne.
L'honorable Paul Houx a dû se retirer devant les calomnies de cet adversaire peu loyal
et c'est pour obéir h !a voix du devoir que j'ai pris de ses mains le drapeau républicain que
je tiens à conduire à la victoire3 uniquement pour barrer la route à M* Joseph Reinach*
Électeurs Bas-Alpins,
le remplis mon devoir; vous saurez faire le vôtre. La France entière a les yeux sur
vous; vous ne faillirez pas à l’honneur. Il ne sera pas dit que cet homme que tout le monde
repousse a été voire élu.
Je suis un enfant de votre pays; beaucoup d'entre vous méconnaissent. Je me présente
tel que je suis et que j’ai toujours été; je n'éprouve pas le besoin de prendre un masque*
J’aime la République et, sous vos yeux, en maintes circonstances, soldat modeste
mais convaincu, j’ai combattu pour le triomphe des idées républicaines. Mais je suis de ceux
qui pensent que la République ne doit pas être une petite chapelle réservée à une coterie.
Je la considère comme la grande maison dans laquelle tous les bons Français doivent s'unir,
non pas pour une éternelle bataille, mais pour s'aimer et s'enlr'aider comme il convient à
une démocratie intelligente, libre et forte, nourrie des idées de solidarité et de justice.
Respectueux de toutes les libertés politiques, je considère comme également sacrées
les libertés privées et je répudie comme contraire aux immortels principes de la Révolution
la conception toute impériale du monopole de l'instruction entre les mains de l’État. Je me
5
déclare partisan de la liberté de l’enseignement sous la surveillance et le contrôle des pou-
voirs publics dans l’intérêt général.
Je crois au Progrès par la Liberté et f esti’nae que c’est avec eile que, par les Syndicats
et les Associations 3 la Démocratie doit avancer dans la voie des améliorations sociales plus
sûrement que par une législation qui, sous le couvert du devoir de prévoyance de FÉtat,
entraverait l’initiative des citoyens.
Je ne suis ni un réacteur ni un timide; les nouveautés ne m’effrayent pas.
Je crois que l’impôt foncier pèse trop lourdement sur la terre et qu’il y a urgence de
F en dégrever.
Je sais que nos impôts sont lourds et je ne prétends pas qu’ils doivent être immuables.
Je m associerai volontiers à l’étude d’un remaniement qui aurait pour but de les rendre
plus équitables. Je suis partisan en principe d’un impôt global et progressif sur le revenu,
mais je voudrais avant tout des économies nécessaires pour arriver à un dégrèvement réel
Si je suis votre élu, je voterai la réduction de la durée du service militaire en tant que
cette réduction ne compromettra pas la sècurké dé la Patrie,
Je suis sincère et ne veux pas vous faire de folles promesses.
Républicain, je marcherai toujours dans la voie du progrès, tout en me gardant des
utopies dangereuses.
Connaissant vos souffrances et vos besoins, je mettrai tout ce que j’ai de cœur, de cou¬
rage et d’énergie au service de vos intérêts qui sont les miens et je voterai en toutes cir¬
constances les lois qui auront pour objet Famélioration du sort des agriculteurs.
Je vous promets mon entier dévouement et je ne suis pas homme à oublier ma promesse.
Elu par vous, fort de votre confiance, je défendrai de tout cœur les intérêts de l’arron¬
dissement de Digne et je tiendrai toujours haut et ferme le drapeau de la République,
Vivent les Basseâ-Àlpès î
Vive la France !
Vive la République!
Charles FftüCHIÏR, Avocat,
Circonscription de FQRGALQUIER
Âf, DEFARGE, élu Sénateur* remplacé par M. ISOARD
Voy* Elections partielles,
CirconBcription de SISTERON.
M* G, -A, HUBBÀttD
Élu au îei tour de scrutin. — 2*706 voix*
Chers Concitoyens,
grain
sente* » *u uuub ch générai, je me suis mis au travail
vos intérêts.
pour faire triompher
-î
En prenant part aux débats importants de la Chambre, comme membre de la Commis*
sion du budget, chargé des rapports sur les finances et sur l’indemnité de guerre souscrite
par la Chine, je me suis eflorcé de réaliser une politique de paix et d’économie.
J'ai contribué efficacement par mon intervention, à ta Commission du budget et à la
tribune, à assurer le succès définitif de la rédaction sur la contribution personnelle-mobi-
lière, qui a diminué annuellement d’environ 35.000 francs le contingent à paver par le
département des Basses-Alpes et de 7,500 francs celui de l’arrondissement de Sisteron.
Je me suis occupé activement de poursuivre l'achèvement de votre réseau de routes et
de chemins et de donner satisfaction à toutes les réclamations que je priais MM, les maires
de vos communes de me transmettre avec précision.
J’ai réussi à faire maintenir cette année l'ensemble des subventions d’État, sur le fonds
dit des 5 millions, destinées à contribuer aux dépenses des routes et des chemins. Pour
l’année prochaine le Conseil général m’a chargé, de concert avec mes collègues Delombre et
Gassier, de faire à Paris toutes les démarches et les études nécessaires pour que la part du
département ne subisse pas la diminution à laquelle i! est exposé.
Voilà de quelle façon, en ne parlant que des plus grosses questions, j’ai accompli mon
devoir de représentant.
Vous m’avez vu à l’œuvre, vous ave* commencé à recueillir les résultats demes efforts
dévoués. Il ne dépend que de vous que nous continuions à obtenir de l'administratio*, pour
nos cinq cantons, la satisfaction des besoins urgents qui, de tous côtés, sollicitent mon
attention.
Tout en me consacrant ainsi au labeur d’administration pratique qui correspond aux
nécessités de votre vie économique, je me suis attaché aussi à ne pas perdre de vue les
problèmes politiques et sociaux que comporte le perfectionnement incessant de notre belle
République.
Elle a été établie grâce aux efforts de nos pères de 1789 et de 1792, de 1848 et de 1870,
au prix même de leurs vies ; il faut ia défendre sans relâche contre les manoeuvres vio¬
lentes ou doucereuses, contre les équivoques de toutes les aristocraties de naissance et
d’argent, contre l’esprit rétrograde des castes militaristes ou sacerdotales.
La République que nous voulons, n’est pas une République bâtarde, gouvernée ou re¬
présentée par les grands seigneurs, qui ne se raillent à la République que pour essayer
d’y maintenir leurs privilèges.
Nous voulons la République du Travail, de la \erité, de la Science, de la Justice,
Nous voulons confondre par la Raison et la Loi, les puissances de mensonge, d inéga¬
lité, de terreurs chimériques et de corruption par l’Argent,
Le Président de la République, M. Loubet, l’ancien représentant de la Drôme, le Gou¬
vernement de défense et d’action républicaines, ont été soutenus de mes votes et de ma
parole contre les outrages, les injures et les calomnies de ces partis progressistes, natio¬
nalistes, cléricaux, coalisés dans un assaut furieux qui est 3e renouvellement du SejzgfMai
et du Boulangisme.
La Chambre a effectué celte grande réforme qui a fondé pour la première fois la
liberté d’association des citoyens en ramenant les congrégations au respect de la loi. Les
droits sur les successions ont été rendus plus justes par l’application du principe de la
déduction des dettes et du tarif progressif sur les héritages de plus d’un million.
Les factieux qui prêchaient l’indiscipline de l'armée contre les pouvoirs civils ont été
ramenés au respect de la liberté politique du pays par l’énergie républicaine du général
André, Ministre de la Guerre.
Il faut continuer cette marche en avant vers les réformes démocratiques :
Supprimer radicalement le principal de l’impôt foncier — la terre est un instrument de
travail, un outil qui ne doit pas servir de base spèciale à l’impôt;
Supprimer l’inique impôt des portes et fenêtres, les patentes de la contribution per¬
sonnelle et mobilière en remplaçai ces quatre taxes démodées et vieilles de plus d’un
— 36
siècle, par 1 établissement d’un impôt progressif sur le revenu, plus moderne et plus
équitable;
H faut réduire les charges militaires de la nation en perfectionnant la défense du
pays, par i organisation du service d’un an, égal pour tous (sauf les soutiens de famille) par
la suppression des 28 et des 13 jours; les réservistes et les territoriaux étant appelés à de
courts exercices à portée de leurs foyers, sans créer un contingent de soldats professionnels
et salaries qui grèverait lourdement notre budget et serait une menace prétorienne perma¬
nente, contre la sûreté de la République,
H faut organiser ia retraite nationaie pour les vieillards des deux sexes à l’aide de
la j issement de l’impôt sur le revenu, 11 faut achever la laïcisation complète de tous les
services et administrations publics, de tous les budgets, en séparant complètement les ques¬
tions religieuses de la vie politique, administrative et financière du pays. Les différentes
religions n’ont pas à être mêlées à nos institutions politiques; elles doivent être réservées
au domaine de 1 activité privée des citoyens et de leurs associations libres, dans les limites
tic Ici 101.
Il faut enfin obtenir l’ouverture d’un programme de travaux publics agricoles, de pro¬
ue ion, dotant nos communes des améliorations dont elles ont besoin pour augmenter le
rendement de la terre, au lieu de lancer le pays dans des expéditions meurtrières et
conteuses, au profit des prosélytismes religieux ou des spéculations financières.
Nous avons particulièrement à poursuivre avec persévérance, dans cet arrondissement
etablissement de canaux d’irrigation (Ventavon et Montfort) et des voies ferrées des
vallees de la haute Durance et du Jabron.
Citoyens,
Tous ces progrès ne pourront être l’œuvre d’un seul jour, mais la vraie manière de les
cale «oc°UrVCèSt de COntnbuer à relourner à la Chambre une majorité républicaine radi¬
cale-socialiste compacte qui achèvera la déroute de la réaction.
Lest à droite qu est le péril, cest là aussi qu’est le piétinement sur place et l’avorte¬
ment des réformes : barrez donc énergiquement le passage au toS S&p éS àéï
c. ommes reMonnair.», des dépanses électorales effrénées, de» louches Eï,
disant républicaines grâce auxquelles, comme en 18^9, le bloc de droite le Darti xmm
sa# "* ■- *■ par,“ “"»*■* «*. »nS „ jr •
Citoyens,
,.tpLZ hommes1du Passé veulent faire rétrograder la démocratie de l’arrondissement de
Sisteron, jusque dans les bras de l’aristocratie redorée et blasonnée. lcüssement de
pins avant'dans3 là6 voL^ d e riTvra^MîépubHq^e.t6r°n *1 5 6116 marciie, a touJours
Vive la République Démocratique et Sociale
G. IÏUBBARD,
Avocat à la Cour de Paris
Conseiller général du canton de Noyers,
député sortant.
— 37 -
N* 1162
ALPES (HAUTES)
Circonscription de BRIANÇON
M. LÀURENÇGN
Élu au 1er tour de scrutin. — 2*470 voix.
Mes chers Compatriotes,
Fai consacré plus de la moitié de ma vie à défendre les intérêts du Rriançonnais et du
département, soit au Conseil général, soit à la Chambre des Députés* J’ai apporté tous mes
efforts à consolider la République par des votes qu’inspirait seul l’amour de mon Pays* Je
crois ne pas avoir failli à ce double mandat que vous m’aviez confié et je viens vous deman¬
der de me le renouveler. Ce sera l’honneur de ma vie d'avoir conservé votre confiance et
votre affection, et, à la fin de ma carrière, je regarderai les suffrages que vous m’accorderez
comme la plus hante des récompenses pour le bien que j’ai pu faire,
La législature qui vient de finir a été fertile en incidents* Mais si vous voulez bien
résumer la situation, vous concilierez que la haute magistrature de notre éminent et aimé
compatriote M* Loubet a débuté dans l’agitation des partis, et ^aujourd'hui les villes du
littoral du Nord se disputent l’honneur de le recevoir lors de sa prochaine visite à notre
allié l'Empereur de Russie*
Faut-il ajouter que nos relations avec l’Italie sont redevenues cordiales et que nous
devons nous féliciter de cette amélioration qui répond à nos sentiments et à nos intérêts?
Ne vous laissez pas émouvoir par les ardeurs des polémiques soulevées autour de nous.
Gardons notre union pour la montrer avec firtè à ceux qui se plaisent dans la discorde*
Quoi qu’on puisse dire, la République reste le régime populaire, et la France, forte de son
unité et de son patriotisme, n’a rien à redouter des tempêtes passagères suscitées par les
ambitions et par les réactions 1
Vive ia République î
Léon LAURENÇGN, Député sortant*
Circonscription d’EMBRUN
M. PAV1E
Élu au l" tour de scrutin. — S3G6 voix.
Mes chers Compatriotes,
A une importante majorité vous m’avez désigné, il y a quatre ans, pour vous repré¬
senter et défendre vos intérêts à la Chambre des Députés.
Je crois avoir fidèlement et consciencieusement rempli mon mandat, et, convaincu que
je suis resté digne de votre confiance, je viens vous demander de vouloir bien me le renou¬
veler.
Dégagé de toute ambition personnelle, libre et indépendant de toute coterie, vous
pouvez toujours compler sur mon concours le plus dévoué.
Durant- tout le cours de celte législature, je n’ai eu qu’une ambition : servir mon pays
et mes concitoyens: mon pays, en m’associant par mes votes à toutes les réformes démo¬
cratiques ; mes concitoyens, en mettant à leur disposition mon activité et l’influence que me
confère le mandat de député.
Au point de vue politique, j’estime que la stabilité ministérielle est une des conditions
essentielles à la réalisation de toutes nos revendications sociales. Vous rappeler que mon
dévouement le plus absolu est acquis à la République et au maintien intégral de toutes nos
institutions républicaines serait vous faire injure : vous me connaissez tous. Je ne faillirai
jamais à mon mandat et je me souviendrai toujours qu’un des premiers devoirs du repré¬
sentant est de faire aimer la République en l’aimant d’abor'd lui-même et en la servant
arec abnégation et désintéressement.
De nombreuses réformes ont été votées dorant cette législature; et je suis fier d’y
avoir collaboré.
Comme par le passé, je demeure partisan de toutes les économies compatibles avec la
bonne marche de nos services publics*
Membre du groupe parlementaire de la défense des intérêts de la petite et moyenne
culture, je ne cesserai de demander la suppression de l’impôt foncier, notamment dans
les pays pauvres comme le nôtre.
Notre département a bénéficié de 40.000 francs de dégrèvement de la péréquation des
contingents de la personnrile-mobilière: ce n’est pas suffisant ; mars la voie est ouverte et
tous raes efforts tendront à obtenir mieux encore.
Et comme un nouvel impôt devra forcément combler le déficit produit par la suppres¬
sion de l’impôt foncier, de la cote personnelle-mobilière et des portes et fenêtres l’impôt
sur le revenu devient nécessaire. Il importe de faire cesser le scandaleux privilège dont
jouissent les grandes fortunes au détriment des moins favorisés, des petits commercants et
surtout des propriétaires ruraux.
Je continuerai à apporter mon concours à toutes les réformes démocratiques :
Diminution des gros traitements; décentralisation des services publics;
Développement des syndicats agricoles;
Réduction à deux ans du service militaire qui pèse si lourdement sur les travailleurs
des champs';
Diminution du droit de mutation qui paralyse les transactions et immobilise la terre*
.Modification des lois sur la police sanitaire des animaux de façon à simplifier et à
diminuer les frais 1 F
N° 1162
- M ~~
Création de caisséâ d’assufanCês et de secours contre les intempéries frappant l'agri¬
culture et la mortalité du bétail.
Membre du groupe parlementaire de la défense des intérêts de Renseignement pri¬
maire, fa p porte rai tout mon concours aux réformes intéressant, d'une part, nos maîtres
et nos instituteurs dévoués, ét d'autre part l’êdUcation populaire, persuadé que là réside
l’avenir de notre chère République*
Je persisterai à demander, avec mes collègues des Hautes-Alpes et des départements
limitrophes, Rétablissement d’une ligne de chemin de 1er reliant par la Durance le réseau
P.-L.-M. au réseau italien*
Au point de vüé religieux, comme en Î898, je suis partisan de la plus large liberté de
conscience; je respecte toutes les croyances ; et j'estime que l’État ne doit voir en nous que
des citoyens libres et égaux devant la loi.
Rai voté contre la séparation des Églises et de l’État, j*ai également voté tous les crédits
relatifs aux cultes, convaincu que telle était l'intention de mes mandants.
Chers compatriotes,
Je fais appel à l’union de tous les républicains, vous êtes de Ceux qui ne connaissent
ni lés défaillantes, ni les trahisons; fel je répète avec vous : « Les Alpes aux Alpins* »
Vive la France 1 Vive la République!
F. PAYIE(
Maire efc Conseiller général de Saviües, Député sortant.
Circonscription de GAP
M. EUZIÈftE
Élu au 8* tour de scrutin* — 7*S96 voix*
Mes chers Concitoyens,
Je viens solliciter de yos libres suffrages le renouvellement du mandat que voua m’avez
confié pour la première fuis il y a bientôt treize ans. Au sentiment de profonde recon¬
naissance dont je suis animé envers vous, se mêle une légitime fierté pour le grand honneur
que vous m’avez fait à trois reprises de vous représenter à la Chambre des Députés, Élu
sur un programme de défense et d’action républicaines, je suis resté loyalement fidèle à
mes engagements, et les attaques de la réaction — * sous toutes ses formes — qui n’ont
jamais cessé de m'être prodiguées, sont la preuve éclatante que je n’ai point démérité de la
démocratie*
C’est donc avec une entière confiance que j’attends votre verdict souverain-
Ma vie politique s'est écoulée parmi vous, vous la connaissez; elle peut se résumer
par ces mots : amour toujours grandissant pour nos Alpes et pour îa République,
En soutenant de mes votes la politique de réparation, de progrès, de liberté dont le
Gouvernement a pris T initiative nécessaire, je suis convaincu d’avoir servi la cause de la
démocratie * Ài-je besoin d’énumérer les lois si importantes votées par la législature qui
finit?
Les républicains les ont appréciées et acceptées comme des lois d’émancipation, de
justice, de raison et d’amélioration sociale*
Mais l’oeuvre si heureusement entreprise doit être poursuivie ;
Je me prononcerai pour la réduction du service militaire à deux ans* 11 est établi,
aujourd’hui, que l’armée nationale ne souffrira aucunement de cet allégement apporté
— lift ~
à la charge si lourde qui pèse sur les forces vives du pays et en particulier sur les popula¬
tions rurales.
Je me montrerai favorable à la constitution de retraites ouvrières pour les travailleurs
de Tindustrie et des champs* Comme je vous le disais, il y a quatre ans, « notre politique [
doit être faîte de bonté et d'humanité, elle tend une main secourable aux malheureux, aux
déshérités ; dans notre pays de France, nul ne doit être privé de pain et d’abri »,
Une plus équitable répartition des impôts est indispensable. L’impôt sur le revenu, |
avec dégrèvement à la base, réalisera une œuvre de justice dont les petits, les humbles ont
le droit d’attendre un soulagement nécessaire. Dans notre pays si pauvre, écrasé par les !
changes publiques, l’impôt sur Je revenu doit être le dégrèvement de nos villages.
La terre doit être libre; je suis partisan de la suppression totale du principal de l’impôt j
foncier. Une prochaine conversion de la rente permettrait d'accomplir cette réforme.
Je me prononcerai pour tous les projets qui seront profitables au développement de ;
l’instruction publique et à l’amélioration de la situation du personnel enseignant à tous les |
degrés et pour l’abrogation définitive des lois imposées par la réaction un moment i
triomphante.
L’agriculture doit être lobjet tout particulier de la sollicitude des pouvoirs publics. Elle 1
a le droit à la protection de la loi plus encore que toutes les autres industries* Le crédit
agricole doit être organisé pratiquement, la loi sur les warrants rendue plus facilement
applicable. Des encouragements sérieux doivent être accordés aux associations, aux syndi- I
cats. La représentation agricole par des Chambres élues doit être instituée.
Les canaux d’irrigation doivent être achevés et leur régime fiscal modifié avec le cou- l
cours de l’État.
Les voies de communications doivent être améliorées et les chemins de fer depuis ;
longtemps promis, exécutés.
Mes chers Concitoyens,
L'heure est difficile, toutes les réactions concertées tentent un nouvel assaut contre la
Société sortie de la Révolution française. Toutes les conquêtes de nos pères sont contes- |
tées; les progrès accomplis par la République sont mis en question, et pour essayer d’ac¬
complir cette oeuvre néfaste, les coalisés ne reculent devant, aucun moyen. La ruse, le
mensonge, la calomnie sont leurs armes habituelles. Votre clairvoyance saura déjouer leurs !
manœuvres perfides.
Vous rte les croirez pas lorsqu ils vous affirmeront qu eux seuls sont patriotes, comme
si depuis les premiers jours de la Révolution, Patriote et Républicain n’étaient pas syno¬
nymes; comme si 1 amour de la Patrie avait besoin de démonstrations charlatanesques*
Vous vous souviendrez de tout ce que la Chambre des Députés a fait pour la marine
et pour l’armée, et vous repousserez avec indignation ces calomnies odieuses qui voudraient
vous faire admettre que les meilleurs des Français n’aiment pas la France.
Vous saurez repondre que la Pairie n’est pas seulement le sol do notre pays, mais
encore l’héritage des progrès, des conquêtes dont le texte sacré de la Déclaration des Droits
de l’homme et du citoyen contient les principes.
Vous affirmerez la volonté de poursuivre votre marche incessante vers la Vérité et la
Justice par l’application de l’immortelle devise : « Liberté, Égalité, Solidarité ».
Je vous dis enfin ; « Anime du plus large esprit de tolérance, respectueux, jusqu’au
sciupule, de la liberté individuelle, nous nous Inclinons devant le sanctuaire inviolable de la
conscience* et nous n avons d'autre passion que la prospérité de nos chères Alpes, la gran^
deur de la France et de la République. »
Vive la République!
F. FUZIÈRE,
Avocat, Président du Conseil général,
Député, Chevalier de la Légion d’honneur*
— 41
N° 1162
AUX électeurs dp. i.’abro.ndissbment de cap
Chers Compatriotes,
Le comité exécutif de l’Union républicaine de l’arrondissement de Gap, formé de per¬
sonnalités appartenant à toutes les fractions du grand parti républicain, a désigné à l’una¬
nimité M. Euzière pour son candidat aux élections législatives du 27 avril. .
Dans cette circonstance, nous considérons comme un devoir impérieux, de faire un
chaleureux appel à tous les bons citoyens que n’égarent pas la passion ou la haine et qui
n’ont pour objectif que la prospérité de nos chères Alpes et l’affermissement des institutions
Républicaines.
Aujourd’hui, plus que jamais, l’union et la discipline s'imposent parmi nous.
Aujourd’hui, exactement comme au 16 mai, comme au temps troublé du boulangisme,
les épaves des anciens partis monarchiques, tous les ennemis de la République avérés, ou
seulement déguisés sous les vocables trompeurs de nationalistes, voire même de républi¬
cains, libéraux ou progressistes, sont étroitement unis et prêts à tenter un suprême effort
contre les conquêtes de l’esprit moderne et la marche en avant du progrès!
Ils n’ont qu’un but, faire arriver à la Chambre une majorité hostile aux réformes
démocratiques et sociales et disposée à se prêter à toutes les aventures et à toutes les entre¬
prises contre le régime républicain, sans souci du maintien de l’ordre et de la paix!
A cette levée de boucliers, à ce faisceau de forces réactionnaires, la nécessité s’impose
d’opposer le bloc intangible des forces républicaines.
Dans notre arrondissement, le devoir de tous les républicains, depuis le plus modère
jusqu’au plus avancé, est de voter pour le candidat de concentration républicaine choisi
par le Comité.
Électeurs,
Pour obtenir le maintien des réformes déjà accomplies par la République et la réali¬
sation de celles depuis si longtemps attendues, l’allégement des charges écrasantes qui
pèsent sur l’agriculture, la réduction du service militaire, etc., etc., il faut une majorité
d’êlus désireuse et capable de les faire aboutir. . , .
De ce nombre est M. Euzière qui vous représente depuis tantôt treize ans, dont 1a
profonde honnêteté, la loyauté et le dévouement à vos intérêts et à la République vous sont
Oue pas un de vous ne s’abstienne, que pas un de vous ne se laisse egarer par les
déclamations suspectes de ceux que soutiennent nos pires ennemis, toujours les mêmes 1
Chers Compatriotes,
En votant en rangs serrés pour M. Euzière, votre député, en assurant ainsi au tour,
comme vous l’avez déjà fait à trois reprises, le succès du candidat de tous les vrais Répu¬
blicains du plus dévoué, du plus digne, du plus expérimenté de ceux qui sollicitent vos
suffrages, vous ferez preuve une fois de plus de bons sens et de patriotisme, et vous aurez
bien mérité de la France et de la République !
Vivent les Alpes I
Vive l’arrondissement de Gap!
Vive la France !
Vive la République!
(Sut lient fes signatures.)
6
ALPES-MARITIMES
lr* circonscription de GRASSE,
M. MAURE
Elu an îet tour de scrutin. —* 4.839 voii.
Mes chers Concitoyens,
Encouragé par mes amis politiques, soutenu par un attachement inaltérable à mon
pays et un dévouement absolu à la République, je me présente à vos suffrages.
Pour vous permettre d’apprécier si j’en suis digne, j’ai t’honneur de vous exposer les
idées et les principes qui me guideraient dans l’exercice du mandat que je sollicite de votre
seule confiance.
Ennemi des discussions inutiles, je répudie les utopies et les théories décevantes du
collectivisme, mais je suis tout disposé à m’associer à toutes les mesures qui pourront
réaliser des améliorations sociales, d’une façon pratique et durable, en développant les
institutions de mutualité et d’assistance, et en organisant un système de retraites ouvrières
qui fonctionnerait avec le concours de l’État sans imposer aux divers intéressés des charges
exagérées.
Pour venir en aide d’une façon efficace à l’agriculture et arriver à lui procurer des
dégrèvements nécessaires, je suis d’avis que deux mesures s’imposent : la réfection du
cadastre et l’établissement de droits protecteurs sur les produits agricoles.
Je me joindrai à ceux qui, tout en exigeant un contrôle rigoureux de l’emploi des fonds
publics pour réaliser des économies de plus en plus indispensables, s’attacheront à établir
une répartition aussi équitable que possible des impôts, en arrivant progressivement
jusqu’à l’impôt sur le revenu, sans toutefois livrer le contribuable à la merci de mesures
arbitraires et inquisitoriales.
Partisan d’une application énergique et loyale à la fois de la nouvelle loi sur les asso¬
ciations, j’estime que l’on doit autoriser sans parti pris les congrégations religieuses qui
restent exclusivement attachées à leur mission, et que l’on doit éliminer et dissoudre sahs
hésitation ni faiblesse les congrégations qui chercheraient à exercer une action quelconque
sur les affaires de l’État, et réprimer d’où qu’elles viennent les tentatives qui auraient pour
but d’établir une prédominance du pouvoir religieux sur le pouvoir civil.
Respectueux de la liberté du père de famille, j’estime que l’on doit maintenir la liberté
de renseignement qui en est la conséquence, tout en réservant à l’État la surveillance et le
contrôle de tous les établissements d’instruction et que l’on doit faciliter l’accès gratuit de
1 enseignement secondaire aux enfants des écoles primaires qui feront preuve de capacités
sérieuses.
J’approuverai toute diminution du service militaire que des hommes compétents et
expérimentés reconnaîtront possible, sans amoindrir jamais la solidité de notre armée qui
43 —
N* 1162
doit rester l'émanation respectée et respectable de la nation, n’ayant d'autre but que d’as-
sm-er la sécurité de la pairie et ïe maintien des institutions républicaines*
Si j’ai l’honneur de mériter vos suffrages, je me considérerai comme Véh de îa cir-
conscription tout entière, et ja me ferai un devoir d’apporter mon concours le plus impar¬
tial et le plus dévoué à toutes les questions d1 intérêt local qui seront signalées à mon
attention.
Voua me jugerez et vous déciderez si je suis digne de votre confiance.
Attaché à mon pays par autre chose que par des obligations électorales, je serais fier,
et ce serait l’honneur de ma carrière politique, si mes compatriotes, oubliant les luttes
stériles du passé, pouvaient confondre leurs suffrages sur mon nom et faire de l'élection du
%1 avril prochain une manifestation réconfortante d’union et de concorde républicaine*
Vive la République !
Antoine MAURE,
Avocat, maire de Grasse, Conseiller général des Alpes-Maritimes,
Candidat républicain indépendant
2e circonscription de GRASSE
M- BOUVIER, élu sénateur, remplacé par M. ARAGO.
Voy* Élections partielles.
r* circonscription de NICE
M* RÂIREPJ1
Élu au 1er tour de scrutin* — 10 . 278 voix*
Les quatre années qui viennent de s'écouler ont été profondément troublées. La pre¬
mière partie de cette législature s’est passée dans Possession d’un effroyable cauchemar où
il semblait que le pays secoué dans ses racines par le vent des plus furieuses passions fût à
chaque instant menacé tTétre emporté aux abîmes.
On pouva t espérer qu'à la sortie de cette violente tempête, une politique réparatrice
aurait cherché dans le travail, l’apaisement et l’union, le remède à la crise que le pays
venait de traverser.
Cette poïnique était dans les vœux de tous ceux qui au-dessus de 1 intérêt des partis
mettent l’intérêt du pays, de sa prospérité ci de s i grandeur.
Un gouvernement fondé sur le pouvoir personnel ou sur le triomphe éphémère qu’un
parti doit à fa force ou au hasard no peut pas taire cetie politique qui exclut. la ptur et
domine l'intérêt des partis. Toujours obligé de se défendre, il est toujours obligé de lutter.
Mais c’est l’honneur et le plus beau titre de la République à la reconnaissance du pays,
que son gouvernement* fondé sur îe consentement populaire* affermi par les consultations
— 44 —
répétées da suffrage universel, retrempé a de brefs intervalles dans la volonté populaire,
n’a pas besoin des sanctions de la force et ne s’impose que par les bienfaits de la liberté.
Un homme ou un groupe d’hommes peuvent mettre une main criminelle sur les libertés
publiques dans un pays qui n'a pas encore une longue et ancienne pratique de ces libertés.
Mais dans un pays, où depuis 30 ans, la vie publique et les libertés publiques ne font
qu’un, qui a fait le noble et long apprentissage de la liberté ; où cette liberté, le lendemain
de la défaite, est apparue comme la condition du relèvement, où elle a donné au monde
étonné le glorieux spectacle d’une démocratie de trente millions d hommes se gou veinant
elle-même, créant une armée admirable, élevant dms chaque commune de France ce
temple au devoir, à l’honneur, à la Patrie, qui s’appelle l’École ; pour chaque province per¬
due nous donnant un empire, qui ne console pas la Patrie de ses deuils, mais qui du moins
atteste sa jeunesse toujours féconde ; croire que ia liberté ne suffit pas à se défendre elle-
même; croire que la République a besoin pour 3a défendre d une autre force que la libre
et souveraine adhésion des citoyens, je dis que c’est à la fois faire injure au pays et douter
de îa République et de îa liberté.
Ce n’pst pas par un coup de force qu’on peut changer les institutions qu’un pays s’est
librement données et qui ne font qu’un avec lui-même. Cette fausse conception de la poli¬
tique et de l’histoire viennent d'une erreur trop répandue, où se retrouve la vieille foi des
siècles monarchiques dans le pouvoir absolu du souverain*
On croit que tout est permis et que tout est possible à celui qui détient le pouvoir, que
ce soit un individu ou une assemblée* On s’imagine que ce sont les lois et les gouverne¬
ments qui font l’esprit, le caractère, Le tempérament d’un pays et qui peuvent les chan¬
ger à volonté* On se persuade que ce sont les hommes qui font les institutions d’un pays,
et qui peuvent les modifier instantanément, alors que l’esprit, le caractère, le tempérament
d’un peuple sont les effets de causes lentes et profondes ? alors que ce ne sont pas les insti¬
tutions qui forment les peuples, mais les peuples qui donnent leur forme et leur empreinte
aux institutions*
La République possède en ce pays celte garantie indestructible d’être depuis 30 ans la
libre émanation de la volonté populaire et le fruit spontané du suffrage universel. Elle est
Le terme et l’aboutissement d’une lente évolution historique* Elle est hors d’atteinte,
comme le sont les causes lointaines et profondes qui l’on produite et le passé dont elle est
sortie*
Les seuls dangers que courent des institutions libres dans un pays de liberté, ce sont
ceux qu’elles peuvent se créer elles-mêmes*
Aujourd’hui, grâce à la République, la liberté est établie dans ce pays depuis 30 ans*
Elle n’a plus rien à craindre des hommes ; elle n’a plus Tien à craindre que d’elle-mème*
8i> au lieu d’être la garantie donnée au pays que ses affaires se traitent librement et
que, dans chaque affaire, c’est la raison et la justice qui ont le plus de chance de Remporter
au tribunal de l'opinion, Le régime parlementaire aboutit à cette déformation qu’au lieu de
se faire réciproquement contrepoids les partis cherchent à se mettre réciproquement hors
La République ou hors la loi; si, au lieu d’être le régime de la vêntê se cherchant elle-
même, il est le régime des coups de force légaux et des coups de majorité, il est à craindre
que la liberté au lieu d’ètre le bien de tous ne devienne la propriété exclusive de quelques-
uns et que tous ceux qui en sont exclus ne reconnaissent plus la République, c’est-à-dire le
patrimoine commun, dans des institutions où les droits de tous les citoyens ne seraient plus
égaux sous la protection de TÉtat*
Ce péril, les partis extrêmes le feraient également courir à la République s’ils venaient
à s’en emparer. Tous les partis ont leur place dans ïa vie agitée du pays. Leurs passions,
souvent leurs excès mêmes, servent le mouvement des idées* Dans un régime de liberté,
tous les partis ont droit au respect de leurs adversaires ; tous les partis ont droit, en leur
personne, au respect de la liberté, et s’il en est un seul en qui la liberté de pedser ou d’agir
dans la limite du droit d’autrui soit méconnue ou violée, le droit public est opprimé dans
la personne de tous les citoyens*
— 43 —
N* H62
Mais il est une place, dans un pays de liberté, que les partis extrêmes ne peuvent pas
nrétendre occuper. C’est le gouvernement.
F Us partis extrêmes font appel aux passions. Que le gouvernement des passions leur
suffise ! Le gouvernement du pays doit appartenir aux sages et non aux violents; à ceux qui
ne veulent pas plier de force les hommes et les choses à leurs idées, mais qui attendent
oue les idées aient transformé les hommes et les choses; à ceux qui savent que du choc des
doctrines et des passions contraires se dégage toujours une moyenne qui est au mouvement
des idées ce que le niveau de la mer est au mouvement des flots..
Le rôle de résister aux passions est plus ingrat que celui de les soulever. Il est plus
utile et plus courageux. C’est la véritable défense de la République. Car c’est la défense au
nom de l'intérêt général contre l’assaut des intérêts particuliers ; au nom de la raison et du
bon sens contre l’assaut de toutes les chimères; au nom de la liberté contre toutes les
entreprises qui peuvent la menacer.
Ce rôle, c’est celui du gouvernement dans une République, et quand un gouvernement
y manque, il devient le prisonnier d’un parti, au lieu de rester ce qu’il doit être : l’arbitre
des partis, ,
Les gouvernements de combat ne servent pas les causes qu’ils défendent, lis peuvent
amener leur triomphe éphémère. Mais ils préparent contre leur victoire même les retours
de l’opinion qu’ils irritent, et les embarras qu’ils suscitent au Pays pour l'avenir sont plus
graves que ceux dont ils prétendent le sauver dans le présent.
Moins qu’à toute autre heure, après la crise terrible que nous venions de traverser,
c’était un gouvernement de combat qu’il fallait au Pays. Mais les passions qui avaient dé¬
chiré b Pays pendant 1’ « Affaire », avaient pesé sur ta formation du Gouvernement. Elles
pesèrent sur sa politique générale et lui imprimèrent une allure de combat, alors que les
plus impérieux besoins du Pays, après la crise dont il venait de sortir, étaient le calme et
l’apaisement. ,
De cette politique de combat sont sortis le procès de la Haute Cour, la loi sur les asso¬
ciations et la campagne contre la liberté d’enseignement.
De cette politique de combat sont sorties des mesures comme celles qui, suivant une
parole malheureuse, mais trop vraie, ont voulu livrer l’avancement de nos officiers au con¬
trôle du Parlement.
De cette politique de combat enfin est sortie l’alliance du Gouvernement avec les socia¬
listes jusqu’à la fin de la législature. S’il est vrai que de cette alliance a résulté, pour une
fraction du parti socialiste, l’assagissement qui vient toujours aux hommes par le contact
immédiat du pouvoir, il n’en est pas moins vrai qu’une inquiétude profonde est née dans
les affaires de ce pays par suite de l’accession au pouvoir d’un parti qui avait jusqu’alors
affirmé la solidarité de toutes ses fractions dans le dogme de la lutte des classes, de la
guerre au capital, et de la transformation de la propriété privée par la suppression de la
propriété individuelle*
C’est à cette politique que je n’ai pas cru pouvoir m’associer. Je l’ai répudiée sans vio¬
lences inutiles, mais avec une fermeté d’altitude qui ne s’est jamais démentie et qui s ap¬
puyait sur le mandat que vous m’avez confié, il y a quatre ans.
Je l’ai combattue sans défaillance, comme je la combattrai encore, si c’était nécessaire,
et je considère comme un des honneurs de ma vie d’avoir fait partie de cette vaillante
opposition républicaine qui a, pendant trois ans, lutté, pied à pied, contre le ministère
actuel pour défendre les libertés républicaines et qui, à une funeste politique de division
et d’ostracisme, en opposant la large et généreuse politique des principes de 1789, a sauvé
l’honneur du présent et préparé un avenir meilleur.
Si la politique qu’attendait le pays n’a pas eu son jour dans la Chambre passée, elle
aura sou jour, je l’espère, dans la Chambre prochaine.
Je la définis d’un mot : la politique d’union dans la République et par la Répu¬
blique. '
Je dirai d’abord comment elle me parait possible* je dirai ensuite pourquoi elle me pa¬
raît nécessaire.
Elle me paraît possible h condition, d’abord qu’une mesure d*apaisement que
j'appelle de tous mes vœux commence par effacer, dès le début de la prochaine législature,
le souvenir des luttes de la législature passée, dans une large pensée de réconciliation
nationale*
Elle me paraît possible à condition ensuite que les uns et les aulres, nous écartions
les questions qui nous divisent pour ne retenir que celles qui peuvent nous mettre
d 7 accord.
lï ne s'agît pour personne de renoncer à ses idées. Il s agit de renoncer aux manifes¬
tations irritantes et stériles pour leur substituer l éiude des lois d’affaires et des réformes
pratiques. Il faut qu’à une période de fièvre, les partis fassent succéder la trêve féconde du
travail.
Parmi les questions qui se poseront, il y en a qu’il faudra écarter résolument, comme
toutes les propositions qui voudraient restreindre la liberté du travail ou celles qui vou¬
draient supprimer la liberté d’enseignement. Elles sont grosses d’orages, parce qu’elles
touchent aux libertés qui sont le fondement de notre droit public. Elles ne peuvent qu'a¬
boutir à des débats stériles et irritants.
Il y a une autre question qui a été portée avec éclat devant Popinion publique, mais
dont la réalisation pratique semble encore subordonnée à un avenir assez lointain. C’est
celle de la Révision.
Sans doute la Révision est toujours possible. Elle est un droit inscrit dans la ConstT
tu lion. L'idée d’une révision flatte les esprits. Elle est simple. Elle a pour elle le mirage de
ces changements mal définis, mais profonds ou chacun peut voir comme dans un rêve, l’a¬
venir prendre la forme de ses espérances et de ses idées.
Maïs il faut se défier des formules trop simples. Elles conviennent à trop de choses et à
trop de gens, La réalité est infiniment plus complexe.
Une première difficulté serait qu’il serait très difficile de se mettre d’accord sur Té ten¬
due ou sur 1 esprit de cette révision. Sans doute, il est facile de concevoir une origine et un
équilibre des pouvoirs publics différents de ceux qu’a établis la Constitution de 1875. Il est
même facile d’en concevoir plusieurs, La difficulté commencera quand il faudra, parmi tous
les systèmes, en choisir un» D interminables débats s’ensuivraient qui rouvriraient, au lieu
de la fermer, Ja période des agitations.
Avant même de se poser sur le fond de la question, de longs débats s’ouvriraient sur
son opportunité, car la révision n'est possible qtfautantque le Sénat s'est mis préalablement
d accord avec la Chambre sur sa nécessité. On aurait une discussion avant la discussion.
Une auLre raison se présente pour ne pas considérer la révision comme une de ces
nécessités dont Turgence s’impose immédiatement. C’est que les Constitutions ne sont par
elles-mêmes que des formules inertes et inanimées. C’est la vie publique du pays qui les
anime et les féconde.
La foi dans la révision de la Constitution, comme remède aux maux dont nous souf¬
frons, est une erreur du même ordre que la foi dans des mesures de répression ou de
combat pour défendre une Constitution, Elle provient de la même tendance à prêter une
vertu exagérée aux actes ou aux formes politiques et à tout attendre en politique d’une cause
présente, immédiate et visible, alors que les seules causes qui agissent sont des causes
durables, profondes et cachées.
Les organismes politiques, comme les organismes naturels sont soumis aux lois lentes
de l’évolution. Ils ne connaissent pas les changements subits. Si la transformation est trop
brusque, le type ancien persiste et reparaît sous la modiGcation. Les formes de Gouverne¬
ment n’ont de valeur et de durée qu’autant qu’elles sont le produit et l’expression du carac¬
tère national et il est illusoire d’attendre d’une organisation politique, des qualités supé¬
rieures à celles de la société qui i’a produite. h
11 importe donc beaucoup plus de changer les mœurs d’un pays que sa Constitution. On
N° H62
— 47 —
aurabeau modifier les textes, si les mœurs politiques d’un pays sont mauvaises, sa Constitution,
si bonne qu’elle soit, sera toujours mauvaise. Si les mœurs politiques sont bonnes, la Consti¬
tution aura beau être imparfaite ; la pratique de tous les jours en redressera les défauts.
Il importe donc peut-être plus de corriger les applications vicieuses de la Constitution
que de modifier la Constitution et de reviser nos mœurs politiques avant de reviser la Cens-
titutioD- „ . . . , ,
C’est ainsi que dans notre Constitution une regrettable confusion de pouvoirs ne s est
nue trop souvent établie.
I es Chambres, surtout la Chambre issue du Suffrage universel, n a eu que trop souvent
une condamnable tendance à sortir de son rôle de contrôle pour s’arroger les rôles d’une
Chambre souveraine, substituant son initiative et sa responsabilité à celles des membres du
Gouvernement. . ...
Les ministères sont plus souvent le Comité exêcuttl des groupes de la majorité
qu’un Gouvernement véritable. Ils n’ont pas dans les tracas de leur vie quotidienne, le
temps d’étudier ou de Taire aboutir les grandes réformes, que le pays demande aux
Chambres, mais que les Gouvernements seuls sont en mesure de préparer et de faire
Enfin, surtout préoccupés de vivre, ils ne perdent que trop souvent le sentiment de leurs
responsabilités devant le pays, par peur de leur responsabilité devant les Chambres,
Même cette responsabilité leur pèse, et pour s’y soustraire, ils ne finissent que trop souvent
par abdiquer entre les mains des Chambres.
Le Président de la République n’exerce pas à l’heure actuelle la plénitude des pouvoirs
que lui confère la Constitution.
D’une part, la Présidence de la République a laissé tomber en désuétude le droit de
dissolution, quoique son exercice puisse être nécessaire au fonctionnement normal des pou¬
voirs publics. D’autre part, ' le Président de la République est le chef de l’armée; mais
aucpne loi organique n’a mis à sa disposition les moyens nécessaires pour exercer ce pouvait,
qu’en fait les Ministres de la Guerre et de la Marine, exercent en sou nom.
IL importe de créer au plus tôt ces moyeus en plaçant sous l’action immédiate du Pré¬
sident de la République, les Conseils supérieurs de la Guerre et de la Marine et les états-
majors de la Marine et de l’armée. On restituera ainsi à la Présidence de la République,
une de ses prérogatives essentielles et à la défense nationale l’unité et la continuité de vues
dont elle a besoin. Mais pour atteindre ce but, une loi peut suffire. Il n’est pas besoin de
raviser la Constitution. . ,
L’usage suffira a restaurer la pratique du droit de dissolution et du droit qu a le Prési¬
dent de la République de s’adresser au pays par voix de message et qui existent tous les
deux déjà dans !a Constitution,
Quant à l'indépendance du Gouvernement envers les Chambres, plus sûrement que par
un nouveau mode de recrutement des ministres on l’assurera par le caractère des hommes
qui les composent, par le sentiment qu’ils auront de leur fierté devant eux-mêmes et de
leur responsabilité devant le pays.
Ainsi d’une part, le Pouvoir Exécutif serait renforcé par une plus fidèle application de
la Constitution sans qu’il soit nécessaire de la reviser. De l’autre, les Chambres pourraient
rentrer dans leur rôle dont elles sortent trop souvent pour empiéter sur les pouvoirs de
l’Exécutif, par une plus sévère discipline sur elles-mêmes et par une révision du règlement.
C’est* ainsi qu’elles pourraient mettre un frein au gaspillage detempsque Surimposent
des questions inutiles ou de vaines interpellations. Elles pourraient mettre surtout un frein
à leurs habitudes dépensières en s’interdisant complètement l’initiative en matière de
dépense.
Elles ont déjà fait un pas dans celte voie. Mais l’amélioration n’est pas sensible.
Les dépenses augmentent avec une prodigalité inquiétante. On a constaté qu’en
moyenne, elles augmentent de 50 millions par an, d’un demi-milliard en dix ans. 11 faut
enrayer leur marche ascendante avec d’autant plus d’énergie que les recettes baissent
— 48 —
pendantque Iesdëpenses montent, et se dire que, si Fon ne prend pas des mesures sérieuses,
le pays sera acculé à la nécessité de nouveaux impôts que ni son agriculture, ni son com¬
merce, ni son industrie ne sont en état de supporter.
Ainsi, par une réforme des moeurs parlementaires plus sûrement que par ties débats
stériles qui ne pourraient aboutir et qui troubleraient inutilement le pays, on aura le résul¬
tat que beaucoup d’es rits attendent de la révision.
Par une réforme des moeurs publiques, par une éducation de plus en plus profonde du
suffrage universel, on fera le reste, et quand la révision sera faite dans les mœurs publi¬
ques de ce pays, des mœurs elle passera sans effort et sans peine dans le texte de la Cons¬
titution.
Eu revanche, quel champ immense et déjà défriché s’offre à la bonne volonté de ceux
qui voudraient y lever la moisson, que de longues et patientes études ont préparé depuis
trente ans*
Il y a d'abord h moisson des économies, moisson immense et qui ferait bénir par le
pays ceux qui la lui rapporteraient. Voilà l’œuvre véritable de la prochaine législature.
Elle doit par la décentralisation alléger de plus en plus le rôle centralisateur de l’État
et le décharger du poids des multiples attributions sous lesquelles il succombe. Elle ne dimi¬
nuera pas seulement ainsi la part de FÉtat dans les dépenses publiques. Elle assurera un
meilleur contrôle d'une partie de ces dépenses en laissant les pouvoirs locaux juges de leur
effet utile.
Elle doit adapter l’énorme machine administrative qui date depuis un siècle, et sous le
poids de laquelle plient les forces du pays, aux conditions d'une société renouvelée parles
progrès et les inventions de la science.
Elle doit simplifier les rouages administratifs, en faire tomber les emplois inutiles et
demander en moins h l'administration tout ce qu’elle peut demander en plus à la vie du
pays, à son intelligence, à son activité, à sa libre initiative.
C’est par de larges et profondes économies que l’on rétablira l’équilibre budgétaire
compromis* C’est la plus urgente et la plus nécessaire des réformes,
L1 exercice 1901 se solde par un déficit qui dépasse 300 millions. Le budget de 1902 a été
obligé de recourir pour son équilibre à im emprunt de 6A millions. Par une vigoureuse politique
financière; les Chambres précédentes avaient réussi à supprimer les budgets d’emprunt et
à faire succéder, de 1897 à 1899, à la période des découverts budgétaires la période des
excédents.
La prospérité du pays est liée à la prospérité de ses finances. Elle est la première con¬
dition de sa force et de sa grandeur. Le premier devoir de la Chambre sera de rechercher
dans la masse énorme du budget les disponibilités latentes qui s’y trouvent, pour rendre à
nos finances leur souplesse et leur solidité.
La politique d’économies ne s’impose pas seulement par la nécessité de rétablir l’équi¬
libre budgétaire.
Le besoin de solidarité sociale, qui pénètre de plus en plus les masses profondes de la
démocratie, pénètre le budget.
Seules de larges et vigoureuses économies peuvent permettre de relever les traite¬
ments des modestes et dévoués serviteurs de la République dont la situation est devenue
par trop inégale aux besoins de l'existence et n’est plus digne de la République.
Seules aussi elles peuvent fournir les ressources nécessaires pour faire face aux dépen¬
ses nouvelles qu’imposeront prochainement à l’État l’organisation de l’assistance aux
vieillards et des retraites ouvrières, et une conception de son rôle où la conscience popu¬
laire fait de plus en plus profondément pénétrer la notion du devoir social.
En dehors de cette politique d'économie, il ne peut y avoir que leurres, vaines pro¬
messes, manifestations stériles ou déceptions.
La politique d’économies non seulement mettra plus de justice dans la répartition des
dépenses. Seule, elle peut réussir à mettre plus de justice dans la répartition de l’impôt.
Il faut renoncer à la chimère de faire la réforme de l’impôt par le bouleversement
— 49 —
N° 1462
total d’un système financier qui a fait ses preuves depuis un siècle et qui, s’il a des défauts,
a au moins le mérite de les avoir corrigés dans une certaine mesure par la répartition diffuse
qui se fait à la longue, entre tous les contribuables, de la charge globale des impôts existants.
C’est une excellente méthode pour n’aboutir à rien. Eu fait, elle n’a abouti jusqu’ici
quTà la déception et à l’impuissance. Elle a même eu ce résultat étrange non seulement de
de ne pas donner la réforme générale promise, mais même d’ajourner indéfiniment les
réformes partielles dont l'urgence s’imposait.
Ç?est ainsi que la révision du cadastré, qui proportionnerait l’impôt foncier au revenu
du solT demeure en suspens. La contribution mobilière reste toujours inégalement répartie
et mérite toujours le reproche d’être un in) pot progressif à rebours. La révision quinquen¬
nale des patentes, qui aurait dû se faire en 1 895, aux termes de îa loi, n’est pas encore faite
aujourd’hui.
Un travail incessant et modeste qui s’appliquerait à étudier et h suivre la mobilité des
des faits sociaux, à relever un défaut de détail dès qu’il serait dénoncé, remédier à une
inégalité dès qu’elle serait découverte, à proportionner de plus en plus exactement l’impôt
aux facultés du contribuable, à en aider la diffusion qui répartit sur l’ensemble du pays les
charges individuelles, produirait des résultats plus sérieux et plus féconds que ces vaines
promesses dont le suffrage universel commence a juger la moralité à sa juste valeur.
Mais si ces retouches persévérantes peuvent atténuer les inégalités de la répartition des
impôts, elles ne suffisent pas à en atténuer la charge qui est d’autant plus lourde que le
revenu du contribuable est plus faible.
Ainsi la contribution mobilière devrait épargner complètement les petits loyers.
L’impôt des patentes devrait se transformer peu à peu en un impôt sur le capital industriel
et commercial et ménager les industriels et les corn mer gants qui n’ont qu'un faible capital,
qui vivent surtout de leur industrie et qui aujourd hui payent dc,ux fois 1 impôt en payant
l’impôt de patentes et la contribution mobilière.
Les dégrèvements seront d’autant plus larges qu’une sage politique financière aura
ménagé dans ïe budget les excédents nécessaires pour les gager.
C’est la seule méthode sérieuse et féconde pour faire les dégrèvements. En dehors de
cette méthode, il n’y a que des déplacement d’impôts. Le déplacement peut avoir un bon
résultat quand il dégrève les boissons hygiéniques pour grever l’alcool. Mais il est sans
résultat quand il dégrève les uns pour grever les autres. Car ceux qui sont grevés
trouveront toujours le moyen de se décharger sur les autres de T augmentation d’impôts
qu’ils supportent Les proriétaires augmenteront le montant de leurs loyers: les producteurs
augmenteront le prix de leurs produits ou diminueront le nombre de leurs ouvriers ou les
salaires. Par le jeu de l’incidence la charge que Ton a voulu mettre sur quelques-uns se
répartira sur tous.
Au contraire, avec la méthode des économies, rien de pareil n est à craindre, fout
dégrèvement est acquis à ceux qui en profitent.
Une œuvre non moins considérable s’imposera a l'attention de la future Chambre. C’est
la réduction de la durée du service militaire.
La défense nationale doit demander au pays tous les sacrifices dont elle a besoin. Mais
elle ne doit pas lui demander de sacrifice inutile.
Elle peut lui faire l’abandon d’une année de service. Mais la réduction de la durée du
service militaire n’est possible que si elle ne diminue pas les garanties nécessaires à la
défense du pays. . ,
j’ai indiqué à la Chambre les dangers que ferait courir au pays la réduction de la durée
du service militaire si on la faisait comme la proposait la Commission du ScnuL
La démonstration a été décisive et je crois avoir rendu un service signalé a mon pays
en la faisant.
Mais je n’ai pas voulu faire œuvre seulement négative. .Vai apporté moi-même une
proposition. Je compte reprendre cette proposition dès le début delà prochaine législature.
Elle assure d’une part la réduction automatique de la durée du service militaire a deux
7
— Sfl
ans, D'autre part, elle assure le niveau constant des effectifs à la défense. Elle augmente la
force de Tannée en remplaçant par des rengagés les hommes de 3 ans et elle garantit Ten*
eadrement de l'armée en sauvegardant le recrutement de ses cadres,
La solution répond à la double aspiration du pays, qui demande la réduction de ses
charges militaires, mais qui a un sentiment trop profond de sa sécurité et de son honneur
pour accepter une réduction qui serait faite au détriment de sa puissance militaire ou des
garanties de la défense nationale.
Enfin la Chambre aura à reprendre et à faire aboutir l'œuvre des retraites ouvrières.
Tout le monde est d'accord sur le but à atteindre; mais il faudra se mettre d'accord
sur les moyens.
Assurer une retraite aux travailleurs, la leur assurer assez élevée pour qu'elle assure
le pain de leurs vieux jours et cependant ne pas imposer une charge trop lourde aux ou¬
vriers ; une charge trop lourde aux patrons pour empêcher qu'elle no se répercute sur les
salaires; enfin une charge trop lourde à l'État pour sa participation, voilà le grave et diffi¬
cile problème qui s'impose et dont il faudra trouver la solution*
Une première difficulté se présente. C'est que i’àge de la retraite, si on le recule trop,
ne permettra pas à la plupart des travailleurs de jouir de leur pension et que si on l'anticipe,
il accroîtra outre mesure les charges do l'assurance.
Pour réaliser l'assurance, deux méthodes sont proposées. Il faudra choisir entre elles.
La répartition semble plus commode, Mais elle ferait supporter au budget des charges écra¬
santes sous lesquelles les finances du pays seraient menacées de ployer* La capitalisation
est plus sûre; maïs elle se heurte à la difficulté de placer des sommes que les uns évaluent
à 12 ou 15 milliards et que d'autres évaluent à 30 milliards et qui sont égales au 1/S? de la
fortune mobilière et immobilière de la France,
Une autre difficulté enfin se présente : il semble difficile de ne pas aller jusqu'à l’obli¬
gation et il faut cependant que l'obligation ne tue pas ces admirables initiatives mutua¬
listes dont nous voyons s'épanouir par toute la France la floraison, La solution sera peut-
être, en imposant la retraite, de faire par des encouragements sagement mesurés un
avantage particulier aux retraites constituées par les mutualistes, de ne demander à l'obli¬
gation que de constituer un minimum et de s' en remettre à l'initiative des mutualistes,
encouragés par TÉtat, du soin de majorer ce minimum de retraite*
Mais quelles que soient les difficultés que soulève le problème, il est le plus' urgent, le
plus nécessaire qui soit à résoudre et la démocratie laborieuse de ce pays* qui a mis juste¬
ment sou espoir dans la République, ne pardonnerait pas à la prochaine Chambre de trahir
cette espérance.
N'y a-t-il pas dans un pareil programme de quoi absorber l'activité de la future légis¬
lation et n'aura-t-elle pas besoin de foui son temps et de tout son calme pour Tétudier et
le mener k bien? De pareils problèmes ne se discutent pas dans ic tumulte des partis et
dans l'atmosphère enflammée des passions*
Il faut ajouter à ces lois d'autres lois qui sont déjà sur le chantier et qui attendent ; la
loi sur les conseils de prud'hommes, sur les bureaux de placement, sur ie repos hebdo¬
madaire, sur les conseils du travail, sur la réglementation du travail des employés et ou¬
vriers des chemins de fer; il faudra que la Chambre les vote quand elles reviendront du
Sénat et les fasse aboutir.
La politique d'union est une nécessité si nous voulons faire aboutir les réformes que
le pays attend, 11 faut écarter tous les débats stériles ou inutiles. 11 faut concentrer tout
l'effort de la législature sur un petit nombre de résultats considérables à obtenir* Les ré¬
formes ne se mesurent pas à leur nombre, mais à leur ampleur,
La politique d'union est une nécessité encore plus impérieuse, si Ton considère la
situation extérieure du pays.
Nous avons fondé depuis quelques années un immense empire colonial. Il n'ouvre pas
seulement à l'activité de ce pays les débouchés dont elle a besoin. Il lui crée des périls et
ii lui impose des devoirs.
N° 4162
La France, après ses malheurs, pouvait se recueillir et rester confinée dans ses
frontières. Mais le génie de sa race s’y trouvait à l’étroit et il a fondé la plus grande
France. . . , , , . ...
Mais, en même temps que la France, les autres nations sortaient peu a peu de la vieille
Europe et voici qu'à son tour le monde est devenu trop petit pour elles,
La politique s’est déplacée avec les frontières des nations. Elle détend maintenant au
monde. C’est dans le monde entier que Se jouent les intérêts des peuples, et 1 avenir de
leur grandeur. . A .. u
Nous sommes dés lors obligés de suivre avec une attention qui né peut se relâcher un
instant les aftaîres du monde; car ce sont les nôtres.
Nous sommes surtout obligés de donner au monde ^Impression que rien à sa surface
ne peut se faire sans nous et à plus forte raison contre nous.
Nous sommes enfin obligés de donner l’impression que partout où flotte le drapeau de
la France, la France tout entière est derrière son drapeau.
Cette situation nouvelle nous impose des devoirs nouveaux, il faut que, i esprit public
se préoccupe moins des affaires intérieures et plus des affaires extérieures. 11 faut qu il
fasse trêve aux misérables querelles de partis qui 1 absorbent* 11 est la vigie dé la Fiance.
H faut qu’il se garde tout entier pour ce rôle.
Mais la France ne sera respectée dans le monde qu'aütant qu’on la sentira forte et on
ne la croira forte qu’antant qu’on la saura unie.
Le symbole vivant de cette unité, c’est Farinée nationale. C’est elle qui, au-dessus de
nos divisions et dé nos querelles, travaillant dans l’abnégation et le silence à la grandeur
de la Patrie, Fincarne devant le monde et la représente.
Les partis qui voudraient la détruire ne s’aperçoivent pas, dans leur aveuglement, qu ils
. voudraient détruire la France* Us poursuivent de leur haine Pesprit militaire et ils be voient
pas que l’esprit militaire, c’est Fesprit national .
Ils ne voient pas que la puissance militaire de la France c’est sa puissance poli-
ticiue sa puissance économique, sa puissance intellectuelle, et que, le jour où elle îenon
cerait à son prestige militaire, elle abdiquerait du même coup son action morale, commer¬
ciale et industrielle.
Par ses institutions démocratiques, par la féconde agitation de ces libertés, par le
large rayonnement de ces penseurs, elle est le grand foyer de lumière qui éclaire les
nations. . ,
Le jour où la France ne serait plus îa France, ce foyer s éteindrait et le progrès 11e trou¬
verait plus son chemin dans les ténèbres du monde. .
Ne touchons donc pas à la puissance militaire de la France. Veillons jalousement sur elle.
Elie n’est pas seulement la garantie de notre fierté et de notre indépendance. Elle n’est pas
seulement la garantie de la paix. Elle est la condition du progrès et l’assurance que la route
par où s’avance la fraternité humaine reste ouverte.
Élevons donc l’armée au dessus de nos querelles; élevons-là au-dessus de la politique
et à l’abri des plis de son drapeau tutélaire; travaillons à élever son cœur.
Ne regardons pas les partis ni les hommes. Regardons la France. Elle nous dictera la
politique à faire. Cette politique, ce n’ost celle d’aucun parti, d’aucun homme. C’est la
sienne C’est la politique de la France élargie à l’horizon du monde, du nom le plus beau
qui soit, elle s’appelle la politique nationale, ou simplement, puisque Nation et République
ne font qu’un, Sa politique républicaine. ,
Ce n’est pas seulement la politique de la paix au dedans, de la fierté au dehors, c est
encore la politique du progrès, ....
L’erreur des partis et des hommes, c’est de s’imaginer que le progrès peut être
leur œuvre. Le progrès est l’œuvre d'une force qui dépasse les individualités humaines
parce qu’elle les embrasse et les résume toutes dans le passé, i’avemr et le présent. Cette
force s’appelle l’humanité.
L’œuvre des hommes ne peut être que de laisser les voies libres au progrès qui s’ac¬
complit tout seul l.
Mesurez l'action des gouvernements sur le progrès et coraparez-ia à celle des grandes ]
découvertes de la science et même à l’effort ignoré du travailleur qui dans sa tâche quoti¬
dienne forge un peu chaque jour de la richesse et de la grandeur de la France.
La politique la plus hardie et la plus féconde, ce n’est pas celle qui prétend tracer sa
route au progrès; car elle risque de l'égarer en dehors des voies qui sont les siennes.
La politique la plus hardie et la plus féconde, c’est celle qui se contente d’assurer la
sécurité extérieure et la paix intérieure du pays, d’assurer la bonne administration des
finances et le respect des droits de chacun. Elle assure le progrès par surcroît .
Car les choses marchent et trouvent toutes seules leur chemin. Ainsi la pratique fé¬
conde des associations pénètre de plus en plus nos mœurs. Elle transforme nos habitudes.
Sa puissance multiplie, dans toutes les branches de l’activité humaine, le travail de la pen¬
sée, aussi bien que l'effort de la mutualité et de la production. La coopération coordonne
de plus en plus les actions dispersées ; elle organise de plus en plus l’ordre économique
et social.
Le Parlement n’a pas â décréter le progrès, mais à l’enregistrer au fur et à mesure qu’il
s accomplit. On se trompe ou on trompe le pays quand on demande au Parlement d’inscrire
un fait dans la loi, avant que la pratique ne l’ait inscrit dans les mœurs. Le Parlement, pas
plus que personne, n’a le pouvoir d’anticiper sur le temps.
On peut demander au pouvoir personnel des initiatives que, seul, il peut prendre en
1 absence de tout autre pouvoir. Dans un pays de liberté, ces initiatives appartiennent à la
liberté. Quand elles sont mûres, la volonté populaire les fait passer du domaine des faits
dans la loi.
loute autre méthode ne peut aboutir qu’à l'impuissance, au désordre ou même à la
régi ession, soit en se heurtant à des nécessités économiques, soit en violentant les rapports
naturels des choses.
Lest la seule doctrine saine et féconde. Elle ne considère pas la loi comme une
cause, mais comme une conséquence. Elle ne prétend pas commander aux faits; elle les
enregistre.
Elle est à la fois une garantie contre la Réaction et la Révolution. La Réaction et la Ré¬
volution sont une meme insurrection contre le progrès. La Réaction nie le progrès dans le
passé et dans le présent; la Révolution le nie dans l’avenir.
La Réaction et la dévolution ont le même moyen * la contrainte, la contrainte des
esprits et la contrainte des choses.
Le progrès a deux instruments. L’un s’appelle la science, l’autre la liberté : la science
qui détermine les rapports nécessaires des choses; la liberté qui, dans l’ordre déterminé
par la science, lait éclore tous les germes possibles et réalise par l’action libre de toutes les
initiatives la lente évolution du devenir social.
G est pourquoi la République doit fonder sa politique sur ces deux bases : la science et
la liberté; la science qui étudie l’infinie complexité des combinaisons naturelles et qui
assigne ses limites au pouvoir de la volonté humaine sur les choses; la liberté qui permet
à toutes les combinaisons viables et fécondes de se produire et d’éliminer les mauvaises.
Ainsi la République réalisera véritablement la souveraineté populaire. Car elle laissera
véritablement à la Nation le soin de faire la loi, en ne laissant aux pouvoirs publics que le
soin de l’écrire sous sa dictée et d’en prendre acte.
toute autre politique ne peut conduire qu'au désordre en créant l’antagonisme de la
loi écrite et de cette loi vivante, qui s’appelle la Réalité. Toute autre politique est décevante
ou dangereuse, soit qu elle condamne le pays au piétinement sur place, soit qu’elle l’ac^
cule à la réaction par un brusque retour en arrière ou qu'elle la précipite par une pente
trop rapide dans le gouffre des Révolutions.
C’est la politique de la sagesse; c’est la politique des faits; c’est la politique des
réalités et des téalisations. Elle n appartient à aucun parti; mais elle peut satisfaire tous
- 53
N* 1162
les partis dans ce qu’ils ont de désintéressé et de sincère* Elle ne bouleverse rien,
mais elle transforme tout et, si sa marche est lente, elle est sûre et n’a d’autre limite que
celle du Progrès,
2e circonscription de NICE
M. POULLAN
Élu au 1er tour de scrutin* — 8.186 voix.
Mes chers Concitoyens,
Appelé, il y a quatre ans, au grand honneur de vous représenter, je crois avoir rempli
consciencieusement le mandat que vous avez bien voulu me confier.
Mes votes vous sont connus.
Iis témoignent de mon fidèle attachement à une politique résolument républicaine,
libérale et tolérante, aussi éloignée de la réaction que de la révolution, et poursuivant,
dans Tordre et le travail, la réalisation des réformes sérieuses ainsi que l'amélioration du
sort des plus humbles.
Ils vous diront aussi que j’ai été partisan de toutes les mesures susceptibles d’aider au
relèvement de notre agriculture, de notre commerce, de notre industrie, capables, en un
mot, de rendre notre chère France toujours plus grande et plus prospère.
Ils vous diront enfin que je me suis efforcé de maintenir bien haut le prestige de notre
armée qui, pour être grande et respectée, doit rester en dehors de nos luttes politiques, à
Fabri des intrigues des partis.
Quant à vos intérêts départementaux et communaux, vous savez avec quel zèle je les ai
soutenus, soit auprès des pouvoirs publics, soit au sein du Conseil général.
Unissant mes efforts à ceux de tous les représentants du département, j’ai contribué à
faire aboutir la question si importante du chemin do fer Nice-Com, dont le projet a été
voté par la Chambre des Députés,
J’ai, de même, largement contribué à faire adopter par notre assemblée département
taie le principe de la création d’un vaste réseau de tramways électriques*
La réalisation de ces projets marquera pour notre circonscription le commencement
d’une ère de relèvement économique, de bien-être et de prospérité.
Enfin, vos intérêts particuliers ont constamment trouvé en moi un défenseur dévoué.
J’ai donné à chacun l'appui ou le conseil qu'il sollicitait, sans distinction de parti, ne me
souciant que de rendre service au pins grand nombre.
Chers concitoyens!
Vous m’avez vu à l’oeuvre, à vous de me juger.
Votre verdict me dira si j’ai loyalement défendu vos principes et vos intérêts.
Je l’attends avec la confiance que donne le sentiment du devoir accompli.
Vive la France!
Vive la Hépubliquel
Vive la T circonscription de Nice !
Félix POULLAN, Député sortant.
Circonscription de PÜGET-THÉNIER5
M. BISCHOFFSIIEIM
Élu au 1er tour de scrutin. — 4466 vois.
Mes chers Concitoyens,
Je viens pour la troisième fois vous demander de me renouveler ie mandat de Député
que vous m'avez confié pendant huit années et que j'espère avoir rempli de mon mieux pour
les intérêts généraux de la Patrie, pour ceux de l'arrondissement et pour le bien particulier
de tous ceux d'entre vous qui ont eu recours à mon intervention.
Malgré tous mes efforts, les affaires les plus importantes pour l'arrondissement, savoir :
le chemin de fer de Digne, l’adduction des eaux potables, l'hôpital, quoique fort avancées,
sont encore loin d'être terminées : il me serait doux d'y consacrer les jours qui me restent à
vivre et de laisser, derrière moi, quelques traces de mon passage sur cette terre, comme
c'est le devoir de tout homme en situation de ie faire.
Des liens déjà anciens d'amitié et d'estime réciproquès nous unissent, et je voudrais
qu'il eo restât un bon souvenir dans vos cœurs.
Je ne vous parle pas de politique, car nous sommes tous ou presque tous d'accord :
nous sommes les enfants de la Révolution, observateurs fidèles des principes de 1789 et des
dix commandements de Dieu, Gela suffit pour s'entendre et tout le reste n'est qu'ac-
cessoire.
J'attends votre verdict avec confiance et* quel qu’il soit, je vous prie de me croire, mes
chers Concitoyens,
Votre cordialement dévoué,
R.^L. BISCilOFFSHElM,
Membre de l'Institut, Député sortant.
— SB —
N° H 62
ARDÈCHE
Circonscription de LARGENTIÈRE
M. DÜCLAUX-MONTEIL
Élu au 1er tour de scrutin. — 12.186 voix.
Mes chers Compatriotes,
Après la victoire décisive du 23 février, les Comités d’Union Libérale Républicaine de
notre circonscription se sont assemblés, et, après en avoir délibéré, ils ont, par des déci¬
sions motivées, revêtues des signatures les plus autorisées et rendues publiques, déclaré
que je devais à nouveau entrer en lice et accepter en leur nom le combat.
11 ne pouvait m’être permis de me dérober.
J’ai donc l'honneur de solliciter vos suffrages.
Depuis trop longtemps je proclame mon désir de voir triompher, dans 1 arrondisse¬
ment de Largentière, cette République généreuse et tolérante, cette République vraiment
Française que tous les bons citoyens appellent, pour qu’il me semble nécessaire de le redire
encore.
La Liberté d’Enseignement à tous les degrés;
La Liberté d’Association égale pour tous;
La Liberté Religieuse accordant satisfaction entière aux croyants de tous les cultes ;
Le Respect de l’Armée ;
La Propriété individuelle maintenue hors de toute atteinte ;
Le Travail libre ;
Une Administration plus économe et mieux ordonnée des deniers publics;
Les fonctionnaires laissés absolument libres et astreints seulement aux obligations de
leur charge ;
L’Agriculture et l’Industrie protégées et encouragées ;
La recherche incessante mais sage de tout ce qui peut rendre meilleure la condition de
l’Être humain ;
La répartition la plus équitable des impôts ;
La simplification de tous les rouages administratifs par une large décentralisation.
Telles sont les bases de mon programme.
Je fais appel au concours de tous, m’engageant à être, pour tous, un mandataire sou¬
cieux de ses devoirs et résolu à se montrer le bon serviteur de la Patrie.
Vive la France !
Vive la République!
J. DUCLAUX-MONTEIL,
Maire des Vans, Membre du Conseil général de l’Ardèche,
Candidat Républicain Libéral.
— 56 —
lrG circonscription de PRIVAS
M* PERRÏN
Élu au 1er tour de scrutin* — 8-057 voix*
Mes chers Concitoyens,
Vous avez bien voulu, a deux reprises, m’honorer de votre confiance*
Cette confiance, je me suis efforcé de m’en rendre digne et c’est pourquoi je fais un
nouvel appel à vos libres suffrages, aux suffrages de tous les citoyens, soucieux comme
moi, sans arrière-pensée, de la grandeur et delà prospérité de la République,
Vous me connaissez tous. Vos intérêts, vos aspirations, vos besoins sont les miens*
Mes adversaires, qui sont aussi les vôtres, me reprochent surtout d’être un paysan*
Loin de m’en offenser, je m’en honore. Paysan je suis, paysan je veux être, avec l’immense
majorité de cette vaillante circonscription*
électeurs.
Vous m’avez vu à l’œuvre au cours de la dernière législature* Vous m’avez suivi, inva¬
riablement acquis à toutes les réformes tendant à réaliser les légitimes revendications de la
Démocratie.
Si, une fois de plus, vous me confiez la mission de vous représenter, j’aurai à cœur de
faire aboutir celles de ces réformes qui me paraissent les plus urgentes, et qui sont :
La réduction à deux ans du service militaire, égal pour tous.
L’impôt sur le revenu permettant d’alléger les lourdes charges qui pèsent sur l’agri¬
culture,
La Caisse de retraites pour tous les travailleurs, pour ceux des champs comme pour
ceux des villes, ce qui sera le moyen de retenir dans la petite patrie nos laborieuses popu¬
lations que disperse et effraye l’incertitude du lendemain*
Républicains,
J’ai soutenu de mes votes le ministère Waldeck-Rousseau, parce que, ministère de
defense et d’action républicaines, il a su entreprendre et poursuivre cette grande œuvre, par
le ralliement de toutes les forces démocratiques.
De tels ministères auront toujours mon appui, comme m’auront pour intraitable adver¬
saire toutes les coalitions qui, pareilles à celle qui fait rage aujourd’hui, ne visent, derrière
les masques trompeurs dont le cléricalisme tient boutique, que la confiscation de nos pins
chères libertés, prélude de la guerre civile, sinon de la perte de la Patrie*
Citoyens, aux urnes, au cri de : Vive la République républicaine!
I* PERRIM, Député sortant*
Piésident de la Société ardéchoise d’encouragement à l’agriculture.
— 57 —
N° H 62
2e circonscription de PRIVAS i
M. ASTIER
Élu au lor tour de scrutin. — 10.719 voix.
Mes chers Concitoyens,
Répondant aux sollications d’un grand nombre d’entre vous* je me présente de nouveau
h vos libres suffrages* ,
Depuis quatre ans que j’ai l’honneur de vous représenter au Parlement, j ai conscience
d'avoir rempli loyalement mon mandat. Dans tous mes actes, je me suis inspiré «pnn-
cipes de justice et de liberté, qui sont les vôtres, et des intérêts de la Basse-Ardèche a
laquelle nous sommes attachés par les liens de la naissance et de affection, e vous ai
exposé chaque année, comme c’était mon- devoir, ma conduite politique dans de nombreuses
réunions et vous avez bien voulu l’approuver.
Ce que j’étais hier, je le serai demain. Mon programme ne variera pas.
Républicain d’avant-garde, je considère que la République a pour devoir de te nre une
main sccourable à tous ceux qui peinent et qui souffrent, aux travailleurs de la terre et de
l'usine. Je considère que le grand principe de solidarité humaine, qui domina la Révolution
française, doit être sa règle directrice et souveraine. ,4 ■
C’est pour cela que je veux :
1“ L’organisation de caisses de retraites qui garantissent le petit cultivateur et l’ouvrier
contre ces deux"redoutables fléaux : l’invalidité et la vieillesse; r ,
2° L’impôt sur le revenu, qui assure une meilleure répartition des charges fiscales
dégrevantTa propriété foncière et en demandant davantage à' la fortune mobdière (sup¬
pression de la contribution personnelle et de l’impôt des portes et fenêtres) ,
*TÈtml» en pra.ique de «tes les mesurée propre» à prévenir on k régler le. c ofl.
qui s’élèvent entre le travail et le capital, notamment l’adoption de la loi Berteaux, que ]
reprise après son échec au Sénat, sous forme d’amendement, avec plusieurs de mes
collègues, et qui doit donner satisfaction à la catégorie si intéressante des travailleurs es
CheTLadréduction à deux ans de la durée du service militaire, avec abolition de toutes les
dispenses, en vue de demander à tous les Français, riches ou pauvres, le même sacn î -
et la même contribution à la défense de la patrie; . . .
5° L’accession de plus en plus facile des enfants studieux, si humble que soit leur ori¬
gine, à l’enseignement secondaire et à l’enseignement supérieur, par la voie du concours
^extension des bourses, t
Dans cet ordre d’idées, je me suis prononcé et je me déclare encore pour la predo
nance de l’esprit laïque et le contrôle de l’État sur les établissements libres.
La dernière législature a déjà abordé résolument ces différentes réformes. U faut que
la prochaine Chambre les consacre définitivement; . , _ , . ■
j’apporterai particulièrement mes soins à défendre les intérêts agricoles de notre région
L’organisation du crédit et de l’enseignement agricoles dans notre departement, les créa ion.
de syndicats et de mutualités, la protection contre l’accaparement des produits contre es
falsifications, l’abaissement des tarifs de transport par chemins de fer des produits agricoles
et des matières servant à l’agriculture, auront en moi, comme par le passe, un interpret
vigilant, auquel vous pourrez toujours vous adresser en toute confianre. ■
— 58 —
Je poursuivrai :
L’établissement d’une école pratique d’agriculture au Pradel,
L’utilisation de notre grand neuve,
Le prolongement jusqu’au Puy du chemin de fer de Pradcs,
La mise à exécution du réseau des tramways ardéchois,
L’amélioration de nos routes,
La création d’un courrier d’Aubenas au Ch ey lard, afin d’accroître ia prospérité écono¬
mique de la Basse-Ardèche.
Ce que j’ai fait dans l’intérêt de nos hôpitaux, de nos écoles, de nos chemins, de nos
digues, je suis prêt à le faire encore.
Mes chers Concitoyens,
Ses adversaires articulent contre la République bien des reproches. Comparez le pré¬
sent et le passé. Aucun gouvernement n’a plus fait pour l’amélioration de la vie matérielle
et morale. Aucun n’a mieux respecté les libertés primordiales du citoyen. Aucun n’a su
assurer à la France une période de paix plus longue et plus fructueuse. Aucun n’a contracté
d’alliance aussi féconde pour la paix du monde et la prospérité nationale. Aucun, depuis
plus d’un siècle, ne s’est imposé plus profondément à la confiance et à l’affection du pays.
Je suis fier, quant à moi, d’avoir pu, grâce à vos suffrages, participer à cette œuvre
démocratique. Je serai heureux, si vous m’en jugez digne, de lui continuer mon concours.
Défendre la République contre ses ennemis, avoués ou cachés, la faire aimer par une
politique réformatrice des abus, réparatrice des injustices, par une gestion sévère des
deniers publics, par ia recherche de toutes les économies compatibles avec la loi du progrès
social : il n’est pas, à mon sens, d’ambition plus haute et plus légitime.
Candidat de l’unanimité du parti républicain, mon élection ne sera pas la victoire d’un
homme, elle seratla victoire de la_République sur la coalition de ses éternels adversaires. ■■ ’
ü Vive la République Démocratique! Vive la France 1 Vive la Basse-Ardèche!
Ve circonscription de TQURNON
M, DE GÀILHARD-BANCEL
Élu au lMour de set u tin. — li.905 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le 31 décembre 1899,' à l’aurore du xx* siècle, 9.430 d’entre vous m’honoraient de leurs
suffrages.1
C’est sous les auspices de ces 9.450 vaillants que de[nouveau je viens à vous aujourd’hui
pour l'élection du 27 avril.
Agriculteur, j’ai à maintes reprises défendu l’agriculture par ma parole et par mes
votes.
Je l’ai défendue notamment en votant pour 1® maintien du privilège des bouilleurs de
cru et en faisant -ajourner la loi sur tes retraites, ouvrières, loi mal conçue, mal préparée
qui n’était qu’un trompe-l’œil, un moyen de remplir avec les économies des travailleurs les
caisses de l’Etat et de créer une nouvelle armée de fonctionnaires; qui imposait à la presque
— h9 —
N° 14 63
totalité des cultivateurs, petits propriétaires, fermiers, "métayers, sous peine d’amendes
énormes, des obligations qu’ils n’auraient pas pu remplir.
Certes, partisan des caisses de retraites pour tous ies travailleurs, avec le concours des
intéressés, je le suis; mais j’entends que la loi qui les établira ne crée pas pour eux des
charges qu’il leur serait impossible de porter.
Catholique, sans froisser les croyances de personne, j’ai défendu la religion à laquelle
les sectaires ont livré de terribles assauts. Ils ont hélas! réussi : les Congrégations reli¬
gieuses ont été mises hors de la liberté et du droit commun : la liberté d’enseignement,
garantie indispensable des droits des pères de famille, a été gravement atteinte; plus gra¬
vement encore menacée pour l’avenir.
Maintenant c’est à la France, c’est à vous qu’il appartient de rendre cette menace vaine
et de réparer le mal accompli en envoyant à la Chambre nouvelle des députés décidés à
entreprendre cette œuvre de réparation.
A cette œuvre, je travaillerai de mon mieux si j’ai l’honneur d’être de nouveau votre
élu. Je continuerai, bien entendu, à défendre vos intérêts agricoles; je revendiquerai une
liberté plus grande pour les communes et je ferai tous mes efforts pour éviter les nou¬
veaux emprunts et les nouveaux impôts, auxquels semble avoir voulu nous acculer le minis¬
tère actuel, qui a si mal géré les finances du pays que le dernier budget se solde par un
déficit de 3t\h millions. ,
le m’associerai à toutes les mesures qui pourront alléger les charges militaires, sans
compromettre la défense nationale. Le but à poursuivre doit être le service d’un an, rendu
possible paT l’organisation d’une armée de métier, solidement constituée avec des rengages
volontaires. . , . , ,
Ai-je besoin de vous dire que je combattrai avec tonte mon energœ le parti judéo-ma¬
çonnique qui, avec le concours des socialistes, s’est emparé de la République et prétend en
exclure tout ceux qui ne veulent pas se courber sous sa tyrannie?
Électeurs,
A cette triple alliance des ennemis de votre liberté, de vous droits et de vos croyances,
vous opposerez l’union étroite et solide des citoyens qui entendent sauvegarder leur indé¬
pendance d'homme libres, leur dignité de pères de famille et leur foi de chrétiens!
Une fois encore vous protesterez contre ce ministère qui a voulu se venger sur l’Armée
et sur la Religion de n'avoir pas pu faire acquitter un traître, comme il tente de se venger
sur vous de l’élection du 3i décembre 1899, en jetant dans la balance électorale les bulle¬
tins de vote d’un canton, où il se flatte, à tort peut-être, d’avoir pour son candidat une
importante majorité. . onfl
Vous demeurerez fidèle à vous-mêmes et le 27 avril 1902 comme le 31 décembre 1899,
vous acclamerez, en me donnant vos suffrages, la République libérale, la République ouverte
à tous les bons Français.
Vive la République libérale!
Vive la France I
H. DE G.MLHARD-BANCEL,
Conseiller général de l’Ardèche, Député sortant.
- GO -
2e circonscription de TOURNON
M. Jules ROCHE
I
Elu au 1èr tour de scrutin, — 8,605 voix.
Mes chers Compatriotes,
Les circonstances dans lesquelles vous êtes appelés à voter rendent facile votre devoir
et votre décision.
Vous n’avez plus à vous prononcer sur la forme du Gouvernement ; la République est,
et ne peut pas ne pas être. Certains de ses prétendus « défenseurs n sont seuls ses dange¬
reux ennemis, pourraient seuls la mettre en péril. Vous avez à dire ce que la République
doit être.
Les gouvernants actuels veulent en faire un instrument de despotisme, je suis de ceux
qui veulent qu'elle soit un instrument de liberté, car la liberté est son principe, sa raison
d’être, son but. Faire de la liberté le noble patrimoine de tous les Français sans exception
est la mission de la République, Sans la liberté elle ne serait que la plus odieuse et la
plus tyrannique anarchie, n’opprimant pas seulement les consciences mais ruinant la
Patrie dans tous les éléments de sa vie et de sa force ; finances, industrie, commerce,
travail, armée, garantie de sa dignité et de son indépendance. Le spectacle que vous avez
sous les yeux; les abus, les excès sans nom et sans nombre dont îa majorité parlementaire
et le ministère se sont rendus coupables, ne le prouvent que trop.
Encore quatre années d’une pareille politique, et l'on chercherait, sous les ruines
accumulées par le collectivisme triomphant, la trace de vos droits les plus sacrés, de vos
espérances les plus chères de républicain* et de Français,
Eh bien, voulez-vous vous affranchir, ou vous asservir ?
Telle est la seule question, impliquant toutes les autres, posée devant vous par les
événements; ils parlent assez haut et assez clair pour que tout développement soit ici
superflu.
Pour ou contre les sectaires ?
Pour ou contre les jacobins modernes?
Pour ou contre îa tyrannie parlementaire ?
Pour ou contre le cabinet qui détient le pouvoir, — pendant quelques jours encore ?
Pour ou contre la révolution sociale dont il a suivi les doctrines et favorisé les
desseins ?
Pour ou contre la ruine budgétaire ?
Voilà tout le débat, Tranchezde, dans la mesure de votre pouvoir !
Pour moi, mes chers compatriotes, mon choix est fait* Vous m’avez vu, parmi vous,
depuis quarante années, défendre la liberté envers et contre tous, sous PEmpire, après le
24 Mai, après le 16 Mai, aux temps les plus difficiles, sans crainte d’aucun péril, sans peur
d’aucune force : ce n’est point pour l’abandonner aux entreprises grossières des coalisés
qui l’assaillent sous le masque républicain, aujourd’hui qu’elle est plus précieuse que
jamais.
Elle n’est pas seulement, en effet, pour chacun de nous, le bien primordial, source de
tous les autres, la marque de notre dignité humaioe ; mais encore elle est devenue, par la
force invincible des choses, le seul terrain où puissent se rencontrer désormais tous les
bons citoyens désireux de mettre fin aux discordes du passé, — mortelles si elles se proîon-
N° 1162
— 61 —
geaient, - pour travailler loyalement ensemble à l’œuvre de progrès et de salut national
rme nous impose à tous le salut de la Patrie. >
^ A cette tâche sacrée appartiennent toutes mes forces, toute l’expérience que m enseigna
la vie, comme jadis lui appartinrent, — mes vieux amis républicains des heures lointaines
e’en souviennent, — toutes les ardeurs de ma jeunesse.
Vive la liberté l Vive la République 1 Vive la France!
Jules ROCHE.
— 02 —
ARDENNES
Circonscription de MÉZIÈRES
M. Albert POULAIN
Elu au 1er tour de scrutin. — 11.702 voix.
Parti socialiste français. - — Fédération des travailleurs socialistes des Ardennes.
Citoyens, vous ôtes appelés à vous prononcer sur la direction économique et politique
du pays par le choix de votre mandataire à la Chambre des Députés.
Du milieu des compétitions, des déclamations et des surenchères électorales, deux
politiques se dégagent distinctement :
1° La politique socialiste, hardie dans ses vues généreuses, courageusement décidée à
détendre par tous les moyens la justice et le droit dans la forme républicaine, en même
temps que sagement réformatrice dans ses applications;
2° La politique de favoritisme et de privilèges, imparfaitement déguisée sous les
étiquettes les plus diverses, plus ou moins nuancées d’un républicanisme de circonstance,
C est la politique de toute la réaction formant bloc contré les aspirations de plus en plus
précises de la démocratie agricole et industrielle.
Il y a quatre ans, les arrondissements de Mézières et Sedan ont affirmé, sur les noms
des citoyens Albert Poulain et Lassalle, leur foi en une politique socialiste ferme et clair¬
voyante à la fois, cependant que les arrondissements de Rocroi et Rethel donnaient à cette
dernière une respectable et encourageante minorité.
C’est Ûère du devoir accompli sans parti pris et sans faiblesse par ses deux élus que
la Fédération des Travailleurs socialistes des Ardennes s’adresse avec confiance à votre
jugement.
Dans son assemblée plénière des groupements et délégués des communes, elle a choisi
a unanimité, pour le représentera vos suffrages, le citoyen Albert Poulain, Député sortant
dont le dévouement et l’énergie incontestablement éprouvés disent assez qu’il saura
défendre e programme minimum de revendications et d’application immédiate uni doit
unir tous les hommes foncièrement épris de justtà&
PROGRAMME DE RÉFORMES
Le Parti socialiste , repoussant la politique du tout ou rien, a un programme de
réformes dont il poursuit dès maintenant la réalisation. '
Démocratisation des pouvoirs politiques.
1. Suffrage universel direct, sans distinction de sexe, et dans toutes les élections.
2. Reduct'on du temps de résidence.
— 63
N° 1162
Scrutin de liste avec représentation proportionnelle dans toutes les élections,
3. Mesures législatives pour assurer la liberté et le secret du vote.
& Droit d’initiative populaire et referendum.
5. Suppression du Sénat et de la présidence de la République. Les attributions actuelles
du président de la République et du Conseil des Ministres seront dévolues à un conseil
exécutif, nommé par le Parlement. . , . . .,
6. Réglementation par la loi du mandat législatif, révocable par un vote de la moitié
élus un des électeurs inscrits.
7. Admission des femmes à toutes les fonctions publiques.
8. Liberté absolue de la presse et de réunion, sous la seule garantie du droit commun*
— Abrogation de toutes les lois d’exception sur la preste. — Liberté des associations
civiles.
9. Pleine autonomie administrative des départements et des communes, sous la seule
réserve des lois garantissant le caractère républicain, démocratique et laïque de l’État.
II
Laïcisation complète de l’État.
1. Séparation des Églises et de l’État ; suppression du budget des cultes; liberté des
cultes; interdiction de l’action politique et collective des Églises contre les lois civiles et les
libertés républicaines.
2. Suppression des congrégations; nationalisation des biens de mainmorte de toute
nature leur appartenant, et affectation de ces biens à des œuvres d’assurance et de solida¬
rité sociales; en attendant, interdiction aux congrégations de toute entreprise industrielle,
agricole et commerciale.
III
Organisation démocratique et humaine de la justice.
1. Substitution à tous les tribunaux actuels, civils on criminels, de tribunaux formés
par un jury pris sur la liste électorale et par des juges élus sous des garanties de compé¬
tence; le jury sera formé par voie du tirage au sort sur des listes dressées par le suffrage
universel. ' ,
2. Gratuité de la justice. Transformation en fonctions publiques des offices ministé¬
riels. Suppression du privilège des avocats.
3. Instruction et expertise contradictoires à tous les degrés et sur tous les points*
h. Substitution, au caractère de représailles et de vindicte des pénalités actuelles,
d’un système de préservation et d’amendement du condamné.
5. Abolition de la peine de mort.
6. Suppression des tribunaux militaires et maritimes.
IV
Constitution de la famille conformément aux droits individuels.
1. Abrogation de toutes les lois qui établissent l’infériorité civile des femmes et des.
enfants naturels ou adultérins.
2. Législation plus libérale du divorce. Loi sur la recherche de la paternité.
— 64 —
V
Éducation humaine, civique et professionnelle,
1. Gratuité de Renseignement à tous les degrés.
2. Entretien des enfants à la charge des collectivités pour le premier degré de rensei¬
gnement,
3- Pour Renseignement secondaire et supérieur, mise à la charge de la collectivité de
ceux des enfants qui, après examen, seront reconnus aptes à poursuivre utilement leurs
études,
4. Création d'un enseignement populaire supérieur,
5, Monopole de Renseignement aux trois degrés par RÉtat; subsidiairement, interdic¬
tion Si tout membre du clergé régulier et séculier d’ouvrir une école et d’y enseigner.
VI
Refonte générale du système dHmpôts dans un sens de solidarité sociale .
1, Abolition de tous les impôts sur les objets de consommation ;de première nécessité
et des quatre contributions directes; subsidiairement, dégrèvement de toutes les petites
cotes foncières et des petites patentes.
2, Impôt global progressif et personnel sur les revenus supérieurs à 3,000 francs.
3, Impôt progressif sur les successions, J a progressivité étant calculée à la fois sur le
chiffre de la succession et sur l’éloignement du degré de parenté*
4* Faculté pour RÉtat de demander à certains monopoles une part des ressources qui
lui sont nécessaires. Diminution des gros traitements.
VII
Protection et réglementation légale du travail dans l'industrie , le commerce et
P agriculture.
1. Repos d’un jour par semaine, ou interdiction pour les employeurs de faire travailler
plus de six jours sur septJ
2. Limitation de la journée de travail à huit heures; subsidiairement, vote de toute
disposition diminuant la durée de la journée de travail,
3. Interdiction de faire travailler les enfants âgés de moins de quatorze ans; système
de la demi-journée de travail pour les adolescents, et combinaison du travail productif
avec l’instruction et l’éducation des adolescents.
é. Interdiction du travail de nuit pour les femmes et les adolescents. Interdiction du
travail de nuit pour les ouvriers adultes de toutes les catégories et dans toutes les indus¬
tries où le travail de nuit n’est pas absolument nécessaire.
5. Législation protectrice du travail à domicile.
6. Interdiction du marchandage et du payement en nature (économat). Reconnais-
sance légale de la mise à l’index.
7. Fixation, par l accord des municipalités et des corporations ouvrières de l'industrie,
du commerce et de Ragricullurè, de séries de prix constituant le salaire minimum*
8. Interdiction aux patrons de toute réduction de salaire, sous forme d’amende ou
autrement* Intervention des ouvriers dans les règlements spéciaux d’ateliers.
9. La surveillance des ateliers, fabriques, usines, mines, chantiers, services publics,
magasins, etc,, concernant les conditions du travail, d’hygiène et de sécurité, sera exercée,
concurremment avec les inspecteurs de RÉtat, par des inspecteurs élus par les syndicats
ouvriers*
fiîi —
N° 1162
10. Extension de la prud’homie à tous les salariés de l’industrie, du commerce et de
l’agriculture.
11. Mise en régie du travail des condamnés. Le prix de tout travail effectué sera le
prix normalement payé aux ouvriers syndiqués.
12. Repos légal des femmes, six semaines avant et six semaines après l’accouchement.
VIII
Assurance sociale contre tous les risques naturels et économiques.
1. Organisation par la nation d’un système d’assurance sociale s’appliquant à la totalité
des travailleurs de l’industrie, du commerce, de l’agriculture, contre les risques de maladie,
d’accident, d’invalidité, de vieillesse et de chômage.
2. Constitution du fonds d’assurance sans prélèvement sur les salaires ; subsidiaire¬
ment, limitation du prélèvement opéré sur les salariés au tiers de la contribution totale,
les deux autres tiers devant être fournis par l’État et les employeurs.
3. Amélioration de la loi sur les accidents du travail et son application sans distinction
de nationalité.
I j _ Participation des travailleurs au contrôle et au fonctionnement du service d’assu¬
rance.
IX
Extension du domaine et des services publics industriels et agricoles de VÉtat ,
du département et des communes .
1* Nationalisation des chemins de fer, des mines, de la Banque de France, des assu¬
rances, des raffineries de sucre et des sucreries* de l'alcool, de la grande meunerie.
2. Organisation d'un service public de placement pour les travailleurs, avec le concours
des Bourses du travail et des organisations ouvrières, et suppression des bureaux privés.
3, Organisation par l'État d'un crédit agricole,
k* Subventions aux communes rurales pour les aider à acheter 1 outillage agricole
collectif, à acquérir des domaines communaux, gérés sous le contrôle des communes par
des syndicats de travailleurs ruraux, et à créer des magasins de dépôt et de warrants.
5. Organisation des services communaux de l'éclairage, de Beau, des transports en
commun, de constructions et de régie d'habitations à bon marché.
6. Administration démocratique des services publics nationaux et communaux, avec
participation des organisations ouvrières à. leur fonctionnement et à leur contiôle, avec droit
de se syndiquer à tous les salariés de tous les services publics,
7. Service national et communal d'hygiène et renforcement des lois qui protègent la
santé publique ; logements insalubres, révision du cadastre* etc.
X
Politique de paix internationale et adaptation de V organisme militaire à la défense
du pays .
1. Substitution des milices à l'armée permanente et adoption de toutes les mesures,
coco ne les réductions de service militaire, qui y conduisent.
2. Refonte et adoucissement du Code pénal militaire; suppression des corps discipli¬
naires, et interdiction de prolonger le service militaire en guise de pénalité,
3. Renonciation à toute guerre offensive sous quelque prétexte que ce soit,
0
— 66 —
4, Renonciation à tonte alliance qui n'aurait pas pour objet exclusif le maintien de la
paix,
5. Renonciation aux expéditions militaires, coloniales ; et dans les colonies actuelles
ou pays de protectorat, soustraits à l'influence des missionnaires et au régime militaire,
développement d'institutions protectrices des indigènes.
Pour la Fédération des Travailleurs socialistes dos Ardennes :
Le Secrétaire .
Pour la Fédération des Conseillers municipaux socialistes des Ardennes :
Le Secrétaire,
Circonscription de RETHEL
M, SANDRIQUE
Elu au 2e tour de scrunm — 6.150 voix.
Chers Concitoyens,
3 ai cru devoir céder aux sollicitations de nombreux républicains de l'arrondissement
et j'ai accepté la candidature aux élections législatives.
Connu de tous, vivant et travaillant depuis de longues années au milieu de vous, j'ai
été mêlé aux différentes luttes politiques qui se sont livrées dans notre arrondissement; il
semblerait donc que de nouvelles déclarations seraient superflues,
Je vous dois cependant ma profession de foi, car je tiens à ce qu'il n’y ait entre nous
aucun doute, ni aucune équivoque.
Je suis républicain démocrate et c’est à ce titre que les républicains de l’arrondisse-
ment de Retbel m'ont confié leur drapeau.
J'accepte de le défendre.
Cultivateur à Saint- Qu emin-le-Petii, j’ai l’honneur d’être Conseiller municipal depuis
22 ans et maire depuis 1896. r
L’occasion m’a été souvent offerte d’affirmer mes sentiments républicains * je n’y ai
jamais failli. J 3
Appelé par les républicains du canton de ChSteau-Porcien aux fonctions de Conseiller
general mon mandat a été renouvelé en 1898; j’ai toujours, dans cotte assemblée, fait
par ie de la majorité républicaine qui, récemment, me donnait une nouvelle preuve de sa
confiance en m élisant membre de la Commission départementale.
Quelles que puissent être les insinuations de détracteurs intéressés, je suis républi¬
cain, comme je l’étais et comme je le serai toujours. *
Mon programme peut se résumer ainsi •
crati^r118 C°°S,““ TerS P,“BHS d"S b Se“ 18 plus rép“b,i“” « ■« P*™ démo-
Économies sérieuses dans nos finances par nn contrôle efficace des dépenses néces-
”°mbreM8S ***** »* ia •**» dos gros
ma.ieBdnPpo»voiîaiaÏ,bnf ^ C°"de"“ indi,‘ll"e"e “ s“™^rdant ion.efois la „pré-
67
N° H 62
Impôt progressif sur le? affaires de pure spéculation; suppression des prestations et
de l’impôt des portes et fenêtres. . , , .
Service militaire de deux ans, égal pour tous. Suppression des périodes de vingt-huit
jours et réduction de celle de treize jours. .
Protection du travail national et de l'agriculture contre l’invasion des denrees étran¬
gères et surtout contre la spéculation.
Retraites applicables aussi bien aux ouvriers agricoles qu'aux ouvriers de 1 industrie.
Réduction des frais de just’ce et révision des lois dans un sens plus démocratique.
Modification à apporter à la loi sur les successions.
Tel est le programme sur lequel, si je suis élu, porteront tous mes efforts.
J’apporterai à sa défense la volonté tenace et l’énergie du travailleur de la terre, qui
sait ce qu’il veut, et ne se laisse jamais détourner de ce qu’il poursuit.
Ou me fait le reproche de n’être ni un savant, ni un érudit, je n’en disconviens pas ;
mais je crois avoir ta connaissance et la pratique des affaires qui, appliquées avec jugement,
valent mieux que des phrases vides et sonores.
Je pense avoir montré au Conseil général que je pouvais être utile à notre arrondisse¬
ment, en obtenant l’augmentation de nos bureaux de postes et la création de réseaux télé¬
graphiques et téléphoniques. ,
Mes efforts pour obtenir la construction du chemin de fer de la vallee de 1 Aisne ont ete
couronnés de succès et j’ose dire que je suis le promoteur de la ligne Asfeld-Montcornet et
de celle projetée entre Wassïgny-Renneville, Chaumont-Porcicn et Chateau-Porcieu.
Lps améliorations concernant le service vicinal ont toujours trouve en moi uu ardent
défenseur et je n’ai jamais économisé ni mes voyages, ni mes démarches pour défendre Les
intérêts de mes concitoyens lorsqu’ils étaient justifiés. .
Cultivateur, ayant l’amcur du sol, je sais par expérience tous les besoins de I agri¬
culture et, vivant au milieu des patrons et des ouvriers, je connais leurs intérêts et leurs
espérances. .
C’est pour les soutenir devant le Parlement que je sollicite vos sutlrages.
Vive la République 1
Vive l’arrondissement de Rethel !
Agréez, mes chers Concitoyen*, l’assurance de mon entier dévouement.
Albert SANDRIQUE,
Maire de Saint-Quentia-le-PetU,
Conseiller général.
Circonscription de ROCROI
U. DÜNÂIME
Élu au 2e tour de scrutin, — 6*002 voix.
Mes chers Coudtoyeris,
Je Tiens TOUS demander le renouvellement du mandat que TOUS m'a.ea confié en 1893
61 “Ve mandat, je crois l’.TOir fidèlement rempli tant au point de vue politique qu'au point
de vue des intérêts de notre régien, r * ip
J’ai maintenu dans son intégralité le programme que vous avez approuvé a deux
reprises: celui d’une République juste pour tous ouverte a toutes les adhésions loyales,
respectueuse de ta liberté de conscience.
— 68 —
Vous me connaissez depuis longtemps. Entre les laborieuses populations de l’arron¬
dissement et moi, il n’est pas besoin de longues explications ni de retentissantes profes¬
sions de foi ressemblant à une table des matières.
Notre but est de conserver intact le patrïfnoine qui nous a été légué par les fondateurs
de la République, et de donner aux principes républicains leur entier développement.
Respectueux de la liberté de conscience, nous voulons assurer à chacun le libre
exercice de ses croyances, niais aussi interdire au clergé l’ingérence dans le domaine
politique, conserver l’égalité consacrée par la loi militaire et la laïcité consacrée, par la loi
scolaire.
Nous estimons que la liberté d’enseignement à tous les degrés est un des principes
fondamentaux de la doctrine républicaine, mais aussi que l’État doit exercer son droit sou¬
verain de contrôle sur tons les établissements d’instruction, et exiger de tous les profes¬
seurs libres des garanties d'aptitude et de capacité.
Nous voulons assurer aux travailleurs des réalisations immédiates par de nouvelles
lois de prévoyance et de solidarité.
La nouvelle Chambre aura à s’occuper principalement des questions financières et des
problèmes sociaux.
Elle devra pratiquer une politique d'économies qui, réclamée par le pays, peut seule
assurer les ressources indispensables pour la réalisation des réformes démocratiques ;
retraites ouvrières, réduction du service militaire, etc.
Elle devra, par une réforme financière qui ne tendra ni à l’inquisition, ni au nivelle¬
ment des fortunes, s’efforcer de mieux proportionner l’impôt à l’importance des fortunes
acquises, de ménager les revenus du travail, et de supprimer les impôts iniques : la pres¬
tation, les portes et fenêtres, etc., etc.
En ce qui touche les questions sociales, la première, la plus importante, est l’organisa¬
tion definitive des caisses de retraites ponr les travailleurs. Le problème est difficile à
résoudre ; ma s, après les études et les enquêtes faites depuis deux ans, il est mûr pour
une prompte solution.
La Chambre devra également faire aboutir, à bref délai, une réforme qui intéresse
vivement le pays, et qui, de l’avis des hommes les plus compétents, ne pourra affaiblir la
puissance militaire de la France: la réduction du service militaire à deux ans
Au point de vue économique, la situation de l’agriculture et de l’industrie réclame la
sollicitude des pouvoirs publics. Le Parlement aura le devoir de rechercher toutes les
mesures propres à favoriser le travail sous toutes ses formes, et à permettre à nos produo
teurs de lutter, avec succès, eomre la concurrence étrangère.
Mes chers Concitoyens,
«mrw d^la Mpublique’ Ie succès de toutes les réformes dépendent
surtout de la stabilité du Gouvernement. Seule, l’union de tous les républicains peut
assurer cette stabilité. Cette union est facile, si Fon veut écarter résolument les rivalités
de personnes et les querelles de secte et de coteries
Je suis sûr que vous ratifierez ce programme d’union et de réformes pratiques,, parce
’ V0U8/Tuvez 13 P°1UiqUe d’immobilité’ Parce que vous voulez marcher
dans la voie du progrès démocratique, parce qu’enfin, malgré quelques divergences le
parti républicain don tenir à honneur, après avoir fondé la République, de l’organiser et de
la faire vivre , par un souci constant des intérêts du peuple.
Vive la France î
Vive la République !
Henri DUNA IME,
Docteur en droit, Vice-président du Gonseil général,
Député sortant, candidat républicain.
~ t>a —
1162
Circonscription de SEDAN
M. LASSALLE
Élu au 2e tour de scrutin. — 3,627 voix.
PARTI SOCIALISTE FRANÇAIS. — FÉDÉRATION DES TRAVAILLEURS SOCIALISTES DES ARDENNES.
Citoyens,
Vous êtes appelés à vous prononcer sur la direction économique et 'politique du pays
par le choix de votre mandataire à la Chambre des Députés.
Du milieu des compétitions, des déclamations et des surenchères électorales, deux
politiques se dégagent distinctement :
1° La politique socialiste, hardie dans ses vues généreuses, courageusement décidée k
défendre par tous les moyens la justice et le droit dans la forme républicaine, eu même
temps que sagement réformatrice dans ses applications.
2* La politique de favoritisme et de privilèges, imparfaitement déguisée sous les éti¬
quettes les plus diverses, plus ou moins nuancées d’un républicanisme de circonstance,
C!est la politique de toute ïa réaction formant bloc contre les aspirations de plus en plus
précises de la démocratie agricole et industrielle.
Il y a quatre ans, les arrondissements de Mézières et de Sedan ont affirmé, sur les
noms des citoyens Albert Poulain et Lassalle, leur foi en une politique socialiste iernm et
clair voyante à la fois, cependant que les arrondissements de Rocroi et Rethel donnaient à
cette dernière une respectable et encourageante minorité.
(Test fière du devoir accompli sans parti pris et sans faiblesse par ses deux élus que la
Fédération des travailleurs socialistes des Ardennes s^dresse avec confiance à votre
jugement.
Dans son assemblée plénière des groupements et délégués des communes, elle a choisi
a Punanimité, pour le représenter à vos suffrages, le citoyen Élysée Lassalle, Député sortant,
dont le dévouement et Pénergie incontestablement éprouvés disent assez quTil saura défendre
le programme minimum de revendications et d'application immédiate qui doit unir tous les
hommes foncièrement épris de justice.
PROGRAMME DE RÉFORMES,
Le Parti socialiste , repoussant la politique du tout ou rien 7 a un programme de réformes
dont il poursuit dès maintenant la réalisation .
Démocratisation des pouvoirs politiques.
1, Suffrage universel direct, sans distinction de sexe, et dans tontes les élections.
2. Réduction du temps de résidence.
Scrutin de liste avec représentation proportionnelle dans toutes les élections.
3. Mesures législatives pour assurer la liberté et le secret du vote*
4* Droit d'initiative populaire et referendum*
5* Suppression du Sénat et de la présidence de la République* Les attributions actuelles
du président de la République et du Conseil des Ministres seront dévolues à un conseil
exécutif, nommé par le Parlement*
6 Réglementation par la loi du mandat législatif, révocable par un vote de la moitié
plus un des électeurs inscrits*
7- Admission des femmes dans toutes les fonctions publiques*
8* Liberté absolue de la presse et de réunion, sous la seule garantie du droit commun*
— Abrogation de toutes les lois déception sur la presse* — Liberté des associations
civiles,
9* Pleine autonomie administrative des départements et des communes, sous ia seule
réserve des lois garantissant le caractère républicain, démocratique et laïque de Y&t at*
II
Laïcisation complète de F État.
1, Séparation des Églises et de l'État; suppression du budget des cultes: liberté des
cultes ; interdiction de l'action politique et collective des Églises contre les lois civiles et les
libertés républicaines*
2* Suppression des, congrégations ; nationalisation des biens de mainmorte de toute
nafura leur appartenant, et affectation de ces biens à des œuvres d'assurance et de solida¬
rité sociales; en attendant, interdiction aux congrégations de toute entreprise industrielle^
agricole et commerciale*
Iïl
Organisation démocratique et humaine de la justia*
î. Substitution à tous les tribunaux actuels, civils ou criminels, de tribunaux formés
par un Jury pris sur la liste électorale et par des juges élus sous des garanties de compé¬
tence; le jury sera formé par voie de tirage au sort sur des listes dressées par le suffrage
universel*
2* Gratuité de la justice. Transformation en fonctions publiques des offices ministé¬
riels. Suppression du privilège des avocats-
3. Instruction et expertise contradictoires à tous les degrés et sur tous les points*
4* Substitution, au caractère de représailles et de vindicte des pénalités actuelles, d'un
système de préservation et d'amendement du condamné,
5. Abolition de ia peine de mort,
6, Suppression des tribunaux militaires et maritimes*
IV
Constitution de la famille conformément aux droits individuels.
1. Abrogation de toutes les lois qui établissent l'infériorité civile des femmes et des
enfants naturels ou adultérins,
2. Législation plus libérale du divorce* Loi sur la recherche de la paternité*
71 -
N° H 62
V
Éducation humaine , civique et professionnelle -
{t Gratuité de Renseignement à tous les degrés.
2* Entretien des enfants h la charge des collectivités pour le premier degré de rensei¬
gnement*
3, Pour Renseignement secondaire et supérieur, mise à la charge de la collectivité de
ceux des enfants qui, après examen, seront reconnus aptes à poursuivre utilement leurs
études.
k. Création d'un enseignement populaire supérieur.
5. Monopole de Renseignement aux trois degrés par l’État ; subsidiairement, interdic¬
tion à tout membre du clergé régulier et séculier d’ouvrir une école et y enseigner.
VI
Refonte générale du système d'impôts dans un sens de solidarité sociale .
l. Abolition de tous les impôts sur les objets de consommation de première nécessité
et des quatre contributions directes: subsidiairement, dégrèvement de toutes les petites
cotes foncières et des petites patentes.
2. Impôt global progressif et persomn 1 sur les revenus supérieurs à 3.000 francs,
3. Impôt progressif sur les successions, la progressivité étas t calculée à la fois sur le
chiffre de la succession et sur l'éloignement du degré de parenté*
4. Faculté pour l’État de demander à certains monopoles une part des ressources qui
lui sont nécessaires: Diminution des gros traitements*
Vil
Protection et réglementation légale du travail dans l'industrie, le commerce
et lJ agriculture*
L Repos d’un jour par semaine, ou interdiction pour les employeurs de faire travailler
plus de six jours sur sept*
2. Limitation de la journée de travail à huit heures; subsidiairement, vote de toute
i disposition diminuant la durée de fa jouîmes de travail,
3. Interdiction de faire travailler les enfants âgés de moins de quatorze ans, système
de la demi-journée de travail pour les adolescents et combinaison du travail productif avec
instruction et l’éducation des adolescents.
/i* interdiction du travail dé nuit pour les femmes et les adolescents* Interdiction du
travail de nuit pour l es ouvriers adultes de toutes les catégories et dans ioutes les industries
où le travail de nuit n’est pas absolument nécessaire*
5* Législation protectrice du travail à domicile*
6. Interdiction du marchandage et du payement en nature (économat). Reconnaissance
légale de la mise à l'index*
7. Fixation, par Raccord des municipalités et des corporations ouvrières de l'industrie,
du commerce et de l'agriculture, de séries de prix constituant le salaire minimum*
8* Interdiction aux patrons de toute réduction de salaires, sous forme d'amende ou
autrement* Intervention des ouvriers dans les règlements spéciaux d’atchers*
9. La surveillance des ateliers, fabriques, usines, mines, chantiers, services publics,
magasins, etc., concernant les conditions du travail, d'hygiène et de sécurité, sera exercée.
concurremment avec les inspecteurs de l’État, par des inspecteurs élus par les syndicat
ouvriers,
10* Extension de la prud'homie à tous les salariés de l’industrie, du commerce et de
l’agriculture*
11. Mise en régie du travail des condamnés. Le prix de tout travail effectué sera le
prix normalement payé aux ouvriers syndiqués,
12, Repos légal des femmes, six semaines avant et six semaines après Paccou-
chement.
Vlli
Assurance sociale contre tous les risques naturels et économiques ,
1, Organisation par la nation d’un système d’assurance sociale s’appliquant à la tota¬
lité des travailleurs de l’industrie, du commerce, de l'agriculture, contre les risques de
maladie, d'accident, d’invalidité, de vieillesse et de chômage,
2, Constitution du fonda d’assurance sans prélèvement sur les salaires; subsidiaire¬
ment, limitation du prélèvement opéré sur les salariés au tiers de la contribution totale, les
deux autres tiers devant être fournis par i’Étatet les employeurs,
3, Amélioration de la loi sur les accidents du travail et son application sans distinction
de nationalité,
4, Participation des travailleurs au contrôle et au fonctionnement du service d’assu¬
rance,
II
Extension du domaine et des services publics industriels et agricoles de VÉtat^
du département et des communes ,
1- Nationalisation des chemins de fer, des mines, de la Banque de France, des assu¬
rances, des raffineries de sucre et des sucreries, de l’alcool et de la grande meunerie.
2. Organisation d’un service public de placement pour les travailleurs, avec le concours
des Bourses du travail et des organisations ouvrières, et suppression dts bureaux privés.
3. Organisation par l'État d’un crédit agricole.
4- Subventions aux communes rurales pour les aider à ach 1er l’outillage agricole col¬
lectif, à acquérir des domaines communaux, gérés sous le contrôle des communes par des
syndicats de travailleurs ruraux, et à créer des magasins de dépôt et des warrants,
5, Organisation des services communaux de l’éclairage, de l’eau, des transports en
commun, de constructions et de régie d’habitations à boa marché.
6, Administration démocratique des services publics nationaux et communaux, avec
participation des organisations ouvrières à leur fonctionnement et à leur contrôle, avec
droit de se syndiquer a tous les salariés de tous les services publics.
7, Service national et communal d’hygiène et renforcement des lois qui protègent la
santé publique; logements insalubres, révision du cadastre, etc.
X
Politique de paix internationale et adaptation de F organisme militaire à la défense
du pays ,
1. Substitution des milices à l’armée permanente et adoption de toutes les mesures,
comme les réductions de service militaire, qui y conduisent,
2, Refonte et adoucissement du Cote pénal militaire ■ suppression des corps discipli¬
naires, et interdiction do prolonger le service militaire en guise de pénalité.
™ 73 —
N° 1162
3, Renonciation à toute guerre offensive sous quelque prétexte que ce soit*
fi* Renonciation à toute alliance qui n’aurait pas pour objet exclusif le maintien de la
paix*
5. Renonciation aux expéditions militaires, coloniales ; et dans les colonies actuelles
ou pays de protectorat, soustraits à l’influence des missionnaires et au régime militaire,
développement d’institutions protectrices des indigènes*
Pour la Fédération des Travailleurs socialistes des Ardennes :
Le Secrétaire.
Pour la Fédération des Conseillers municipaux socialistes des Ardennes ;
Le Secrétaire -
Circonscription de VOUZIERS
M. Lucien HUBERT
Élu au lw tour de scrutin. — 7*537 voix.
Mes chers Compatriotes,
Fort du devoir accompli, je me présente pour la troisième fois devant vous.
Au point de vue républicain, vous avez pu juger, aux heures difficiles, l'attitude de
votre représentant*
Au lendemain d’une tentative de coup d’État, au lendemain de l’attentat d’Auteuil, au
lendemain du Fort-Chabrol, alors que la révolte contre la loi s’étalait insolemment en plein
cœur de Paris, ayant à choisir entre l’ordre ou la révolution, je me suis rangé, avec le minis¬
tère Waldcck-Rousseau, du côté de la loi républicaine, du côté de la Constitution démocra¬
tique, du côté de toutes les libertés menacées par toutes les réactions.
Au point de vue politique générale, mon vote a été acquis a toutes les mesures, à toutes
les propositions républicaines* Je ne suis pas tombé pour cela, comme voudraient le faire
croire mes adversaires, ni dans le parti du drapeau rouge, ni dans le parti de l’oppression.
Les lois que j’ai votées se réclament toutes, et de la liberté, et du souci de défendre la
République menacée.
Je n’ai pas voté la loi des associations pour écraser les congrégations, mais bien pour
prendre les garanties nécessaires contre celles qui, se transformant en ligues politiques,
pourraient devenir un danger public.
Je n’ai pas voté l’abrogation de la loi Falloux pour attenter à quelque liberté que ce
soit, mais bien pour exiger de Renseignement libre les diplômes et brevets demandés pour
renseignement de l’État.
Je me suis d'ailleurs disculpé de toutes les accusations qu’on a pu diriger contre moi
dans nombre de réunions publiques, où l’accueil chaleureux que j’ai rencontré ne permet
pas do douter un instant de F issue delà bataille.
La part modeste, mais honorable, que j’ai prise aux travaux parlementaires, ne vous
est-elle point un sûr garant que vous avez eu, depuis cinq ans, un représentant soucieux
des destinées de son pays et des intérêts de son arrondissement?
Mes interventions, souvent couronnées de succès, notamment lors de la discussion des
budgets de l’Agriculture, des Travaux publics, de la Justice, des Affaires étrangères, de
U)
l'Instruction publique, de l'Intérieur ou du Commerce; la part que j'ai prise à la création
de l’armée coloniale, dans l'intérêt du pays; à la défense de la métallurgie ardermaise-
dans Hotérêt du département; à la suppression du travail des prisons, dans l’intérêt de
l'arrondissement; a la transformation démocratique des prestations, dans ^intérêt des com¬
munes; h la réhabilitation du malheureux Lefèvre, dans l'intérêt particulier d’un innocent,
vous prouvent assez que mon désir de remplir entièrement le mandat que vous m'aver
confié n'a cessé de me guider depuis cinq ans.
J'ai le droit d'ajouter que mes collègues du Parlement ont bien voulu reconnaître mon
ambition d'étre utile en m'envoyant siéger à la Commission permanente des colonies, une
des plus importantes Commissions de la Chambre.
C’est cette ambition, jointe à l'expérience acquise, qui me pousse à me présenter une
fois de plus devant vous.
Mon programme n’a pas varié, si ce n’est qu'il ne contient plus certaines promesses de
jadis, que nous avons été profondément heureux de réaliser ; notamment le dégrèvement
des boissons hygiéniques; la diminution du taux de l’intérêt légal et Ja suppression du tra¬
vail des prisons.
II se résumé toujours en cette formule précise et claire :
Ni timoré, ni téméraire I
Partie politique*
1. — Définition exacte des pouvoirs du Sénat. Limitation au droit de suspension pour
une seule législature de son droit d'opposition aux volontés de la Chambre.
2. — Contrôle légal du travail parlementaire. Indemnité des Députés et Sénateurs cal¬
culée d’après les jours de présence effective.
3. — Libre exercice de tous les cultes. Maintien de la loi scolaire, et j'ajoute dans tout
ce qu'elle a de républicain et de démocratique.
Partie administrative .
4< — Simplification des rouages administratifs par la décentralisation.
5. — Amélioration du sort des modestes serviteurs de l'État. Respect absolu de 1$ loi
sur les syndicats.
Partie judiciaire*
6. — Réduction des frais de justice et des lenteurs de ia procédure. Extension de ta
compétence des jugeç de paix.
Partie militaire et coloniale.
7. — Application du service de deux ans,
8. — Maintien et extension pacifique de notre empire colonial par le développement
du commerce et des voies de communication,.
Partie agricole et économique*
9. — Réfection du cadastre îe plus rapidement possible, afin d’assurer une répartition
plus équitable de l'impôt foncier.
10. Établissement sérieux de l'assurance agricole servant de base au crédit agri¬
cole,
îi. - Protectionnisme complet aussi bien contre les çnnenfis de l'iotérieur que contre
ceux de l'extérieur.
N° \ 162
— io —
12.— Répression de la spéculation frauduleuse qui fausse, au détriment du produc¬
teur, la loi de l’offre et de la demande.
Extension des syndicats agricoles et de l’enseignement agricole.
-]f(- _ Développement de l'idée mutualiste qui seule est capable de donner un plein
essor aux bis dont la République a doté l’agriculture. t
15. __ création des Chambres d’agriciiîture avec très large représentation de la petite
culture qui forme vraiment le parti agrarien. ,
_ institution de la caisse nationale des retraites pour la vieillesse et les invalides
^7 _ Organisation de l’assistance publique dans les campagnes. Création d’asiles
^ jg. ■ _ Suppression de la prestation et de la contribution des portes et fenêtres et
répartition plus équitable de l’impôt foheier. Révision de la loi sur les patentes, qui favorise
les grands magasins au détriment du peiit et moyen commerce.
Partie fiscale .
19. _ Diminution dans la mesure du possible des impôts de consommation qui pèsent
lourdement sur les pauvres. Suppression des octrois,
20, — Pour compenser les diminutions de recettes proveiaiüt de ces dégrèvements,
établissement d’un impôt direct, personnel et progressif, sur le revenu, qui diminuera les
Chargés èxcesriVës qiii pèsent aujourd’hui sur ies classés laborieuses; . .... ,
f 2i' _ Mise à Pétude sérieuse d’une application, sans vexation ni inqüisiüôh, dë ce
nouvel impôt.
Mes chers Compatriotes,
A r heure tragique où la République naissante se trouva mènacee, un cii Cuéi^iquè
retentit dans le pays envahi : « La pâttté est eh dahgëtl * A ce cri, groupés autour du dra¬
peau tricolore, les républicains sauvèrent la FrahCè ! .
Aujourd’hui, la République èstmenacéë à noüvéau. Toütès les réactibns vont tenter, aü
27-avril, ie suprême assaut et le suprémè attentat contre la déhnberâtié!
Par toute la France, les cohortes sbiàncent ! Dans l’ëspoir de vaincre, elles ont tente
de monopoliser le patriotisme, comme si le drapeau et l’armée n’appartenaient pas ù tous
les Français! s . ... t
Bons citoyens, levez-vous en màsëe, comme vos ancêtres de 1;93; levez-vous a ce cri
qui dominera la mêlée - « La République est en danger I »
Ne vous laissez pas séduire par les mots brillants et lès phrases creuses.
ArdeunaiSj percez à jour les menées de vos adversaires!
On vous dira que nous sommes dès révolutionnaires, pour vous cacher que 1 on est
dos rétrogrades!
On vous dira que l’on hait iin ministère, pour vous cacher que l’on hait la Répu-
blique I .
A vous de protester de toute la force de vos convictions!
La République que l’on fait miroiter à vos yeux serait celle des privilèges et des grands
intérêts particuliers.
Elle aurait une tête et pas de cœur!
Vous choisirez I
Ou la Marianne ardente et généreuse de 1789 et dë 18*8, où cette pèle comparse dont
la cocarde a déteint à tous les contacts et qui, par peur du rouge, n’a plus que deux cou¬
leurs à son drapeau!
Vive la France! Vivent les Ardennes! Vive la République!
Lucien HUBERT, Député sortant.
- 76 —
ARIÈGE
Circonscription de FOIX
M. DELCASSÉ
Élu au 1er tour de scrutin. — 13.735 voix.
Mes chers Concitoyens,
Pour la troisième fois, je vous demande le renouvellement du mandat que vous m’avez
confié en 1889.
Pendant douze ans, comme Député ; pendant deux ans comme Ministre des Colonies;
pendant quatre ans, comme Ministre des Affaires étrangères, je me suis appliqué de mon
mieux à bien servir et l’Ariège qui m’a envoyé au Parlement, et la France dont les intérêts
extérieurs étaient remis à ma garde.
Après vos représentants élus, conseillers généraux, conseillers d’arrondissement, maires
et conseillers municipaux qui m’ont, à plusieurs reprises, manifesté avec tant d’éclat leur
sympathie, vous direz le 27 avril si, pour améliorer le sort de nos populations pastorales,
pour favoriser le développement de nos industries minières et métallurgiques, pour étendre
notre réseau vicinal, pour augmenter notre réseau ferré, pour aider nos communes à
construire ou à réparer leurs maisons d’écoles et leurs églises, vous jugez que les efforts de
votre Député sont restés sans résultat.
Après le Pailement, dont la confiance persistante a été pour moi un précieux soutien,
vous direz encore si, après s être noblement employée à ramener la paix enire deux nations
amies, après avoir pris une part active à l’affranchissement de la Crète; après avoir, par
1 annexion d immenses territoires, unifié son empire africain, dont les approches sont étroi¬
tement surveillées; après une sérié d’accords commerciaux qui ont contribué à faire passer
en quatre ans le chiffre de ses affaires avec l’étranger de huit milliards à neuf milliards;
après avoir, dans les événements de Chine, proposé aux Puissances, d’abord une base d’ac¬
tion commune, puis une base de négociations qui ont obtenu l’adhésion unanime ; après
avoir, par un acte énergique, rétabli son influence séculaire en Orient ; après avoir, par un
échange d’explications confiantes et de procédés amicaux, renoué avec l’Italie des relations
pleines de promesses pour l’avenir; après avoir resserré avec la Russie une alliance qui
s’affirme partout où l’exigent les intérêts de la France et de la Russie, oui, vous direz si
vous estimez que la France a aujourd’hui une situation moins forte, si sa parole est moins
écoutée, son crédit moins solide, en un mot si elle pèse moins dans les conseils du monde
qu’au printemps de 1898.
Et vous direz enfin si, en apportant en juin 1899 au chef éminentdu cabinet de défense
républicaine et nationale nia collaboration dévouée, je n’ai pas répondu exactement à vos
propres sentiments.
Plus que des paroles, est-ce que ce passé, est-ce que ces actes ne sont pas la plus sûre
garantie qu une politique franchement républicaine, que les réformes démocratiques ies
— 77 — N° 1162
pïus profondes continueront de trouver en moi un partisan non seulement convaincu mais
agissant?
Le 27 avril, comme en 1877, comme en 1885, comme en 1889, les troupes républi¬
caines repousseront le même assaut que, sous des masques divers, dans notre Ariôge
comme ailleurs, dirige le même ennemi. Et, le lendemain, poursuivant sa marche mesurée
mais résolue vers le progrès infini; secourable aux faibles qui attendent d'elle plus qu'une
stricte justice ; assez forte pour laisser à tous les citoyens la liberté, mais résolue à ne pas
tolérer qu’un pouvoir rival se dresse en face de la souveraineté nationale; attentive à tous
dos intérêts extérieurs que doit sauvegarder une diplomatie prévoyante, s'appuyant sur
l’armée chaque jour mieux outillée, la République, inséparable désormais de la France
elle-même, conduira la Patrie dans l’accomplissement de ses destinées immortelles.
Agréez, mes chers concitoyens, la nouvelle expression de mes sentiments affectueuse¬
ment dévoués*
DELCASSÉ,
Ministre des Affaires étrangères, Député sortant.
Circonscription de FAMIERS
M. Albert TOURNIER
Élu au 1er tour de scrutin. — 1{J .7^5 voix.
Chers Concitoyens,
Je réponds à l'appel des anciens, honneur de notre parti, et des jeunes, sa plus chère
espérance. Les premiers, par leur persistant effort et malgré les périls, ont réussi à fonder
et à maintenir la République ; les seconds aspirent à donner à l'institution républicaine son
légitime développement* Le haut idéal des uns et des autres trouvera en mol un défenseur
énergique et fidèle.
Dans la lutte qui va s'engager, je eompte‘à un égal degré, pour le succès certain, sur
le dévouement des amis qui furent toujours clairvoyants dans leur foi et sur l'ardeur plus
grande encore, s’il se peut, des républicains sincères qui n’ont à se reprocher aucune dé¬
faillance, mais qui, égarés par les promesses trompeuses des éternels ennemis de la démo¬
cratie, ont décidé dans le fond de leur âme de réparer l'erreur d'un instant par un vote
clair ei précis.
Mon programme reste aujourd’hui ce qu'il était hier, ce qu’il sera demain. Je suis pour :
L'abrogation de la loi Falloux;
La liberté d’enseignement certes est sacrée; mais nous ne pouvons, en conscience,
considérer comme une liberté cette étrange licence qui consiste à échapper à tout contrôle
de l’État, visant la capacité des personnes enseignantes, leur moralité, leur attachement à
la Patrie française. Nous ne voulons persécuter personne, mais nous entendons, en rame¬
nant tous les citoyens à l’observation des lois, mettre à l’abri des persécutions de l’avenir la
conscience de nos enfants et le libre épanouissement du génie de la France.
Ayant horreur des intolérants et des sectaires, nous n’entendons dans aucune manière
troubler qui que ce soit dans sa foi, dans ses convictions religieuses ou philosophiques*
Nous voulons simplement faire rentrer dans Tordre et dans Tobéissance à la lot commune,
dans la patrie ceux qui, trop souvent, échappent à tous les devoirs, à toutes les obligations
— 78 —
de la famille* delà défense collective ou des charges fiscales qui sont les premiers besoins
do pays.
Je suis pour :
L’impôt progressif sur le revenu ;
Les retraites ouvrières ;
La réduction du service militaire par la suppression des dispenses et Légalité de
tous les citoyens devant l'impôt du sang.
Cette déclaration suffit à caractériser forientation générale de ma conduite prochaine
au Parlement;
Dans le détail* il est bien entendu que je suis pour toutes les réformes qui, d'une ma¬
nière ou d’une autre* aboutiront à faire de la République une réalité par l’abolition de tous
les privilèges* le plein exercice de la liberté de conscience et la soumission au droit com¬
mun de tous les citoyens sans exception.
Je suis pour tout ce qui rendra l’impôt plus juste et plus humain, en faisant disparaître
de notre système Qscal ^injustice fondamentale de la progression en sens inverse de la
fortune.
Je suis pour tout ce qui permettra de concilier dans le service militaire les exigences de
la défense nationale avec celles non moins impérieuses du travail et de la prospérité de la
patrie.
Je suis pour toutes les institutions, toutes les créations d’assistance, de prévoyance, de
solidarité sociale destinées à conjurer tes imsèrés de 1 a vieillesse, de la maladie ou du chô¬
mage qui attristent les derniers jours des travailleurs et souvent même les désespèrent
dans la pleine activité de leur force et de leur santé.
Pour nous, la cause de la liberté est intimement liée à la cause du bien-être des tra¬
vailleurs des villes et des campagnes. Les réformes que nous venons d’indiquer et que nous
voterons, bénéficieront surtout à cette partie, la plus intéressante de la nation, qui, trop
souvent encore, vit dans l’incertitude du lendemain. II faut que la rémunération équitable
d’un travail que la science rendra de plus en plus fructueux, permette pour tous l’accession
à la propriété individuelle, garantie suprême de l’indépendance.
Agriculteurs de PAriège, ouvriers de nos campagnes, je connais vos souffrances et votre
dur labeur quotidien; de longue date, avec mes émibents ahiis de la Ligue de la petite pro¬
priété, j’ai étudié passionnément les moyens les plus propres à modifier cettfe triste situa¬
tion. Mon concours le plus efficace est assuré à toutes les mesurés législatives qui pourront
améliorer votre sort. Le Gouvernement de îa République doit, suivre avec sffilidtudë sa
meilleure famille, celle des ouvriers et des cultivateurs, de la naissance à la mort. Pour ma
part, j’appuierai dé toutes mes forces et par to Lis les moyens les projets ayant pouf but:
De restreindre les dépenses publiques; d’enrayer le fonctionnarisme ; tlë réduire lar¬
gement lés droits de mutation et les frais de justice ;
D’établir des droits protecteurs et d’ouvrir de vastes débouchés pour nos belles céréales
et notre Magnifique bétail; d’autoriser au besoin là culture du tabaii dans la région ; de pro¬
pager l’enseignement agricole; d’abaisser les tarifs de transport; de développer les sociétés
d’assurances et de crédit agricoles pouvant servir aux petits cultivateurs; destituer de
petits domaines ruraux insaisissables, seul moyen d* empêcher la dispersion des familles et
la dépopulation de nos campagnes ;
D’encourager les subventions généreuses de l’État aux Institutions de mutualité; de
créer des cànaux d’irr igation ■ de développer les voies de grande et de petite vicin alité èl
d'installer les chemins de fer dans nos cantons les plus déshérités des Vallées de î’Àrize, de
là Lèfcé etdel’Hers.
Cher s Concitoyens*
Dans une République démocratique, iï n’y a de garantie de force nationale que dans
l’unioa des choyons par le progrès scientifique, par la justice et par le travail. Travaillons
_ 79 _ N° 1462
donc de toutes nos forces à écarter définitivement les aventuriers et les exploiteurs. Que,
Bar un acte de son énergique volonté, le peuple rejette dans leur propre néant ses ennemis
masqués sous la double apparence d’un faux patriotisme et d’un libéralisme d’emprunt, et
demain ses représentants pourront résolument se mettre à l’œuvre pour lui assurer assis¬
tance, instruction, justice, sécurité à l’extérieur et à l’intérieur, sous la noble devise: Ordre
et Progrès pour la Patrie et pour l’Humanité.
Vive la République!
Albert TOURNIER.
Circonscription de SAINT-GIRONS
M. GALY-GASPARROU
Élu au 2° tour de scrutin. — 9.306 voix.
Mes chers Concitoyens,
Pendant les quatre années de la législature qui se termine, je me suis attaché, avec
ma conscience d’honnête homme et toute ma fermeté de républicain, à tenir fidèlement les
engagements que j’avais pris envers vous.
îfies actes attestent qu'en aucune circonstance mon concours le plus actif n’a fait défaut
pour la réalisation des œuvres d’intérêt général, ni mon appui n’a manqué à ceux cl entre
vous qui ep oDt eu besoin.
Aussi, est-ce avec la satisfaction du devoir accpmpli que je sollicite à nouveau vos sut-
fragCg ^
La communion d’idées et de sentiments dans laquelle nous sommes toujours restés,
m’encourage à maintenir les principes que je posais dans mon programme de 1S98 comme
règle directrice de ma conduite*
Ensemble, noos voulons une France toujours prospère dont les fils soient de plus en
plus libres et unis, en ayant toujours en vue la grande œuvre nationale : la prépondérance
de la Patrie,
Notre objectif commnu est une République largement libérale et profondément réfor¬
matrice, respectueuse des droits de tous, soucieuse du sort <\%s classes laborieuses et déshé¬
ritées, poursuivant la réalisation méthodique de tous les progrès dans l’ordre social et écono¬
mique, et le développement constant de s institutions démocratiques*
Vous me retrouverez : partisan absolu du maintien du Concordat, maïs aussi résolu à
ce que chacune des parties liées par ce contrat en respecte la lettre et F esprit,
11 convient, ainsi que je l’ai déjà affirmé par un vote, de ramener à deux ans la durée
du service militaire, afin d’alléger dans la mesure du possible les charges du pays et des
familles, tout en adoptant les mesures nécessaires pour ne pas compromettre la force de
famée qui est notre sauvegarde.
SMI paraît indispensable d’entourer de garanties notre enseignement, et de modifier
dans ce sens les lois scolaires toujours intangibles, il importe aussi et surtout de ne porter
aucune atteinte aux droits et à la liberté des pères de famille*
Comme je n'ai cessé de le manifester par mes votes, la réforme de l’impôt est une né¬
cessité, il faut donc travailler à faire reposer notre système financier sur un impôt progressif
— 80 —
sur le revenu établi de façon à entraîner une amélioration sérieuse du sort des petits con-
tnbuables, et éviter en tout et partout des inquisitions vexatoîres.
L’agnculture sera l’objet de ma sollicitude comme par le passé, en contribuant à
alléger- s^s charges de toute nature, en maintenant les droits protecteurs pour résister
a„d c°ncurrence étrangère, en développant l’enseignement agricole et en créant le crédit
l\rU!v ■
Les frais de justice, les droits sur les petites successions et les petites transactions mé-
rite ut aussi une judicieuse attention»
Je suis décidé à aborder franchement et résolument tous les problèmes sociaux, mais
en répudiant énergiquement les théories collectivistes.
riestiCïf'V0US tlire5qU’fn l0Ut° occasion’ J‘e Prêterai concours à tous les projets
destinés a venir en aide aux populations des villes et des campagnes en favorisant la
mutualité et en créant des caisses de retraites pour la vieillesse et les invalides du
mjT^ *T0miT’ ^ m’attacherai à favoriser constamment le développe-
. . t e ou£lllaSe national, el l’extension de toutes les voies de communications
n°,re — «-«•. » même temps que notre «
Quant aux intérêts plus immédiats de notre arrondissement, je puis assurer gue per¬
sonne ne leur montrera plus de dévouement. q P
Et ce dévouement sera d’autant plus efficace que quatre années de présence auprès des
pouvoirs publics m’ont donné plus d’expérience et plus d’autorité.
Chemins de fer locaux, voies de communication de toutes sortes, questions forestières
amélioration des pâturages, regazonnement des montagnes, tout ce qui, en un mot vous
ouche etvous préoccupe chaque jour, sera dans ravenirjcomme U sT passé
l’objet de ma constante sollicitude. aans le passé'
Je ne veux pas terminer, mes chers concitoyens, sans vous remercier des précieux
de sympathie que ïons m,ayez nrs a ™ezPr£e“
renouveler au cours de cette période électorale. ae me
lnmnï?'e“UnP'llS!*1î.réC0“f0rt,lii‘DS ces b«“res de lotte surtout, oti l’injustice la ca¬
que es tr z::r *■ do -
-J? mau"ensn,' mM chm Concitoyens, c'est votre propre cause que je remets entre vos
^ b BéP"b"’“e «" »-
tfest aus servitudes du passé ou aux désordres de l’avenir que vMs artveref P
1,arrMdiSSe““‘ de “*<*» P« e, 'terme ,n ,én-
A vous de le conserver.
Vive la République!
Léon GALY-GASPARROU,
Candidat républicain,
Député sortant.
Conseiller général du canton de Massat,
Ancien membre de la Commission départementale.
— 81
N* 1162
AUBE
Circonscription d’ARCIS
M. CASTILLARD
Élu au 1er tour de scrutin. — &.58é voix.
Mes chers Concitoyens,
J’ai l’honneur de vous représenter à la Chambre des Députés depuis près de neuf an¬
nées et j’ai visité fréquemment toutes les communes de l’arrondissement dans le but de vous
exposer mes idées politiques et économiques, en même temps que je me rendais compte de
vos besoins.
Je n’ai donc pas à entrer aujourd’hui dans de longs développements pour vous faire
connaître ma pensée .
Aussi, me bornerai-je à vous rappeler que j’ai déjà lutté énergiquement pour la dé¬
fense de l’agriculture, envers laquelle les pouvoirs publics n’ont pas fait jusqu ici
leur devoir tout entier, puisqu’ils n’ont pas suffisamment protégé les produits de la terre
française contre la concurrence étrangère et contre la spéculation. Je me propose, par
conséquent, si vous voulez bien me renouveler mon mandat, de poursuivre avec per¬
sévérance la tâche que j’ai entreprise. Je ne perdrai pas de vue notamment 1 organi¬
sation du Crédit agricole par les syndicats, et les intérêts des bouilleurs de cru qui,
lorsqu’ils distillent les fruits de leur sol, ne font qu’exercer un droit injustement appelé
privilège .
Je mettrai également au premier rang de mes préoccupations :
La réduction des gros traitements et la suppression des emplois inutiles, afin d’arrêter
le flot montant des dépenses publiques.
La réforme dos impôts qui reposent sur des bases inexactes et frappent les contri¬
buables d’une manière improportionnelle et injuste.
Le maintien absolu de la propriété individuelle.
Les lois ouvrières que les républicains sincères ont à cœur de mener à bien et le per-
fectionnement des lois sur le travail actuellement existantes.
La réduction du service militaire dans, la mesure où elle permettra à la France de
conserver une armée digne d’elle et assez forte pour faire respecter notre grande et belle
Patrie. * .
Enfin, comme je le disais déjà en 1898, j’aurai toujours en vue le bien public, la justice,
l’ordre et le progrès.
Vive la France ! Vive la République !
Henry CASTILLARD.
il
— 82 —
Circonscription de BAR-SUR -AUBE
M. THÎERRY-DELANOUE
JÎlu au 1er tour de scrutin. — 4.717 voix.
Mes chers Concitoyens,
.Qf,,.En ’î8ims m’ave!! nommé votre représentant par 5.423 suffrages contre 4.692 ; en
1893, par 5,969 contre 3.536; en 1898, par 6.210 contre 2 512.
Cette progression constante est pour moi une manifestation précieuse de votre
confiance, en meme temps que le témoignage touchant d’une sympathie qui n’oublie pas et
qui m a attaché de plus eu plus à notre arrondissement.
Vous m’avez donné ainsi l’encouragement le plus puissant à vous demander le renou-
vellement de mon mandat*
En 1889 je vous ai affirmé mes convictions républicaines ; elles n’ont nas changé : c’est
comipe républicain et comme libéral que je sollicite de nouveau vos suffrages
mcmlp*ræ ?uec’estla République qui permet de donner, sans révolution
ZS3T™ 6 SiRlC" nemaÜOn p0Utique ia conforme aux vues et aux intérêts
Liberal, parce que, hostile aux lois déception, j’estime qu’une liberté sa^e toLVmtP
tenant compte des aspirations de chacun et assurant le contrôle, la suprématie du pouvoir
’ lequel doit exiger de tous, les mêmes, garanties de, capacité, de mérite et d’obéissance
sans exclusion des uns au profit des autres, j’estime, dis-je, qu’une telle liberté est la
pieuve qu une nation est capable et digne d,e se gouverner çjleémèffle
Depuis plus de 12, ans quç je suis votre mandataire, vous me connaissez suffisamment
pour que je n’aie pas besoin de vous parler plus longtemps de moi • polam Æ™ a
rappeler quelques-uns deiqes votes, aûn de vous montrer que, si je
int'érê t<f YUe P° contlru,ê ^alemeat à m’inspirer de vos besoins et à défendre vos
intérêts, au point de vue économique, et social. * are vos
3’ai voté ;
Le dégrèvement des vignes phyiioxêrées, 10 juillet 1900, 22 février 1901 •
Le maintien du privilège des bouilleurs de cru en repoussant le contre-profit Vaillant
demandant la suppression de ce privilège, 20 novembre 1900 : 1 J ‘ V a aflt
Contre l’amendement Fleury-iîavann soumettant les bouilleurs de cru à la dérliratinn
4 décembre «00 obligation qui tend à introduire l'exercice chc* la b„u“,“«r de ’
Le maintien des droits anciens sur Palcool pour le nronriptair^ k™ tt . j
2/ novembre 1900, et contre l'augmentation des droits sur l’alcool, 3 décembre «00 '
L affranchissement de tonte déclaration pour les prooriétaires a Ml : ,
vin,, marcs, cidre», prune», prunelle» et JL, 4 dS™ “Z “1*ta
Les mesure» propres à faciliter la dénaturation de» alcools ’dn Nord afin de leur
assurer u.lerge débouché ver, l'industrie: éclairage, chauffage, force mo“r e “"de e ”
«dé, :5,J ” llC0”'8 * ™ le"’ (afnd
Le maintien du droit réduit sur le sucre, et contre l’augmentation dudit droit cour le
ia"B la "n!omma,ion rami,i,,e' r»»a>=^iSr’dpé "ù:
1162
— 83 —
Et contre l'ensemble de la loi sur les boissons qui Contient cette augmentation exagérée
des droits sur l'alcool, des droits sur les sucres, la défense de distiller les prunelles, la
menace de l'exercice chez le propriétaire-récoltant, 11 décembre 1900 ;
Le principe du service de deux ans avec l’espoir que f administration militaire pourra
ainsi réduire les charges qui pèsent sur le citoyen, sans compromettre la sécurité de la
défense, sans porter atteinte à nos finances;
La réduction de la durée des périodes d'instruction ;
La distribution aux troupes de vio, bière, cidre» (amende ment Narbonne), 27 février 1902»
rectifié k mars 1902;
La distribution aux troupes de viande fraîche, 27 février 1902;
L'amendement Berthelot, obligeant à voter une recette correspondante avant toute
dépense nouvelle ;
Je suis toujours pour le maintien des droits de douane en faveur de l'agriculture, du
commerce et de l’industrie, et pour le relèvement de ces droits s'il en est besoin, afin de
mieux protéger nos céréales et nos produits français contre la concurrence étrangère ;
Pour le maintien de la propriété individuelle; contre toutes mesures inquisitoriales,
pour la liberté de conscience, la liberté individuelle, la liberté de travail et des conventions»
contre toute réglementation gênante» exagérée, telle que la journée de huit heures» qui
deviendrait bientôt îa journée de six heures, puis de quatre, de deux, et enfin l'idéal rêvé
par les paresseux: être payé et ne rien faire, alors que nous devons, au contraire, nous
efforcer de développer, par l'émulation, le goût du travail, l'initiative, bref, les forces vives
de la nation ;
Pour l'amélioration de la situation des ouvriers» des modestes fonctionnaires, avec des
économies correspondantes, ainsi, du reste, que nous nous proposons de le faire à la
session d’août du Conseil général, en ce qui concerne les cantonniers du service vicinal,
d'après l'étude que doit faire la commission nommée à cet effet, sur notre demande, ce
mois-ci;
Pour le développement des Sociétés de secours mutuels, qui, sans frais de gestion
exagérés, sans la création d'une nouvelle catégorie de fonctionnaires, par un groupement
des cotisations, subventions, dons et legs, doivent, grâce à ces ressources et aux revenus de
ces ressources, permettre de répartir soit des secours en cas de maladie, d'infirmité, soit
des retraites aux citoyens vraiment travailleurs et économes.
Tels ont été mes votes, tels sont mes desiderata; et, pour finir, laissez-moi espérer
que, mieux inspirée des vrais intérêts du pays, plus économe des ressources sans cesse
diminuées des contribuables, la prochaine Chambre saura réduire les dépenses, consolider
l'équilibre budgétaire, afin que, nous appuyant sur un état financier prospère» nous puis¬
sions poursuivre sans inquiétude, .avec calme, le développement rationnel de nos institutions
démocratiques» et ^amélioration du sort de nos populations laborieuses-
Vive la France I
Vive la République!
THIERRY-DELàNOUE» Député sortant,
Président de la Société d'Encouragement à l'Agriculture,
Secrétaire du Conseil général.
Maire de Soulaines.
- 84 -
Circonscription de BAR-SUR-SEINE
M. Paul MEUNIER
Élu au 2° tour de scrutin. — 6.706 voix.
Chers Concitoyens,
Le Congrès du parti républicain, qui s’est réuni à Bar-sur-Seine, le 26 janvier, m’a
choisi comme candidat aux élections législatives, à l'unanimité des 700 élus et électeurs
républicains qui s’y trouvaient réunis. J’ai accepté cette candidature. Vous me connaissez
tous.
Je suis un enfant du pays. Je l’ai toujours habité. Je remplis dans mon pays natal des
fonctions électives, depuis que j’ai l’âge d’éligibilité; et, à Saîut-Parres, ma porte a toujours
été largement ouverte à tous ceux qui ont eu besoin d’un conseil ou d’un service.
Républicain, j’approuve hautement les mesures prises pendant ces trois dernières
années pour défendre l’existence de notre chère République contre les entreprises crimi¬
nelles de ses éternels ennemis.
Républicain, je demande aujourd’hui l’application ferme de la loi sur les associations
qui doit arrêter l’intolérable développement de la main-morte, l’abrogation de la loi Falloux
et le vote d’une loi pour l’obligation d’un stage scolaire.
Partisan du maintien absolu de la propriété individuelle, je demande :
I. — Des lois qui protégeront les travailleurs contre tous les risques qui les menacent
(maladies, accidents, chômage, misère, vieillesse). L’organisation de la Caisse des retraites
pour les travailleurs agricoles et industriels.
II. — La réforme fiscale, par une plus juste répartition des charges qui pèsent sur le
contribuable.
Il faut, en particulier, frapper la grande propriété de luxe ou de pur agrément pour
dégrever la propriété agricole,
HL - La réduction des charges budgétaires, la diminution des gros traitements. L’amé¬
lioration incessante du sort des plus humbles fonctionnaires de l’État. Il faut protéger
notamment les instituteurs et les institut! ices laïques et compléter l’admirable effort de la
République pour assurer l’éducation nationale du Peuple.
IV. — Pour l'Agriculture :
1“ La protection des récoltes contre les dégâts causés par le gibier des grandes chasses.
La modification du code forestier pour donner aux communes plus de liberté dans l’admi¬
nistration de leurs bois et dans l’organisation des battues.
2° La protection des blés français par la suppression de l’admission temporaire une
répression énergique des excès de la spéculation.
3° La protection des vius français par la libération du vin (c’est-à-dire le vin
circulant partout comme le blé, sans taxe, ni formalités) et par l’application des lois sur la
fraude,
4° La taxation différentielle de l’alcool, avec détaxe au profit des eaux-de-vie de
fruits.
a" La modification de la loi des boissons pour rétablir dans sa plénitude le droit des
bouilleurs de cru, qui est le droit que doit avoir tout propriétaire récoltant de distiller
de consommer, de donner ou de vendre librement le produit de sa récoke transformé en
alcooli
— 85
N° 1162
6° La suppression des pouvoirs abusifs que la régie possède pour violer le domicile des
citoyens et leur imposer des amendes ruineuses,
V. — La réduction du service militaire à deux ans, et la suppression des périodes
d'exercice reconnues inutiles*
VL — Une politique de paix à l'extérieur.
C'est sur ce programme très net et très simple que je fais appel à Runion de tous les
républicains.
Républicain si
Il faut serrer nos rangs en face des adversaires de la République, qui, sous des
masques divers, cherchent, une seconde fois, à tromper le suffrage universel!
Il faut que, le 27 avril prochain, le pénible souvenir de l'élection de I S98 soit à jamais
effacé l
Marchons unis pour la défense de la République et pour l'honneur de Parrondissement
de Bar-sur-Seine I
Vive la République démocratique 1
Paul MEUNIER,
Avocat à la Cour d'Appel,
Délégué cantonal,
Officier d'Académie,
Maire de Saint-Parres-les-Vaudes.
Circonscription de NOGENT-SUR SEINE
M. BACHIMONT
Élu au 2* tour de scrutin. — 5,919 voix.
Mes chers Concitoyens,
Deux fois, en 1894 et en 1898, vous m’avez fait le très grand honneur de m'élire votre
Député;
Vous avez fait triompher sur mon nom le programme de la République démocratique, la
politique des progrès vraiment républicains et des réformes sociales.
En jetant un regard sur tous les votes que jJai émîs et sur ma conduite politique, per- *
sonne ne peut douter de ma fidélité à mes promesses et de mon attachement inébranlable
aux idées que j'ai professées et défendues toute ma vie, de mon dévouement à la démo¬
cratie.
C'est au nom de ce passé que je viens vous demander le renouvellement de mon
mandat.
Je demeure partisan résolu :
ÎQ D’uae plus juste répartition des charges qui pèsent sur le contribuable, convaincu
que l?on ne pourra corriger l'injustice des contributions directes basées sur les signes exté¬
rieurs de la richesse |que par un impôt progressif sur la richesse réelle, sur le revenu, et
que, par là .seulement, il sera possible d’arriver à supprimer graduellement et successive¬
ment les impôts de consommation qui écrasent le travailleur;
2* De la réduction du service militaire à deux ans; do service égal pour tous et do la
suppression de toutes les dispenses;
3° De la suppression .d’une période de 23 jours et de la période de 13 jours, charge
énorme et inutile autant pour l'État que pour les familles;
If Des lois de prévoyance et d’assurance contre le chômage, la maladie, la vieillesse;
5° De la Caisse des retraites pour les travailleurs atteints par la vieillesse ou mis dans
l’impossibilité de travailler;
6° De la suppression de la prestation ;
7° D'une protection efficace de l’agriculture ;
8° De l’extension de la compétence des juges de paix;
9° De îa réduction et de la suppression graduelle des frais de justice.
Notre parti a fait les lois scolaires, il a commencé et poursuivi l’ceuvre de la solidarité
sociale.
Avec lui je veux défendre la laïcité de TÉtat et assurer la suprématie du pouvoir civil
Nous voulons défendre la République contre les empiétements du cléricalisme romain et
défendre notre démocratie et la liberté contre ceux qui rêvent de restauration d’un pouvoir
monarchique, plébiscitaire oti théocratique.
C’est au nom du parti républicain que je fais un pressant appel à l’union des républi¬
cains et à leur clairvoyance,
La lutte électorale est menée par les mêmes hommes qui, au nom de l’Ordre moral au
16 mai, du boulangisme, en 1889, donnèrent l’assaut à la République.
Ils s intitulent aujourd’hui nationalistes, progressistes, libéraux, mais sous ces étiquettes
diverses, ce que nous avons en face de nous, c’est comme au 16 mai et en 1889, la coalition
hypocrite des républicains fatigués, des monarchistes, des bonapartistes, des césarienF, des
fauteurs de coup d’État, marchant sous la bannière au cléricalisme*
À cette coalition, a cette cohue qui est le « parti sans nom », nous opposerons le bloc
des républicains, une forte discipline et la solidarité de tous ceux qui ont combattu pour la
défense et faction républicaines.
Tous ceux qui veulent, par le suffrage universel, obtenir ou conserver :
La suprématie du pouvoir civil; — La laïcité de l’État; — Les lois d’assistance et de
solidarité sociale ; — Le service militaire égal pour tous;
tous ceux-îà doivent, sans souci des nuances, marcher comme autrefois les 363, la main dans
la main, pour défendre le programme laïque, réformiste et démocratique.
Réaction, cléricalisme et césarisme, d’un côté;
Progrès social, liberté, République et démocratie, de l’autre.
Au pays de choisir!
BACH1MONT,
Député sortant.
Maire de la ville de Nogent-sur-Seine.
Aux dernières élections, un factum ignoble, calomnieux, fut affiché et distribué à la der¬
nière heure.
Je mets les lecteurs en garde contre ces louches manœuvres.
Je n'y répondrai pas plus qu’aux insinuations et aux affirmations mensongères ou
calomnieuses des journaux.
1°- adjoint et maire de la ville de Nogent depuis plus de 20 ans, Député depuis 8 ans
tout le monde sait qui je suis et ce que je suis. A toutes ces vilenies, les électeurs de Nogent
répondaient en me donnant à chaque élection une majorité de plus en plus imposante •
527 voix .a 1894 , 506 MU en 1898 et 618 mU eu 1900, « I* électeur, de l'arroudiLmeuti
4.983 voix en 1894 et 5.149 en 1898.
BÀCH1MONT.
— 81 —
N® 1162
Je crois utile, de mettre sous les yeux des électeurs le manifeste de ta majorité républi¬
caine du Sénat.
Les hommes éminents et expérimentes Qui la composent ont tracé de main de maître et
avec autorité, le tableau de notre situation politique actuelle. Les électeurs républicains
méditeront ce manifeste et s’eu inspireront dans leur vote.
ManIFSSTE Dit l’UàUON RÉPUBLICAINE ET DE. LA, ÇAUCHB ftÉAIOCRAXtOOE DU SÉNAT.
Appel aux électeurs.
Chers Concitoyens,
La République va subir un nouvel assaut de la part de ses adversaires coalisés. Bien
peu d’entre eux auront le courage d’arborer leur drapeau, la franchise de dévoiler Leurs
idées, leur véritable programme : ce ne sera qu’un parti sans nom retranché derrière les
obscurités et les perfidies de l’équivoque.
Pour troubler le pays, iis prodiguent l’argent ; ils se vantent, de remporter la victoire,
bien que dans toutes leurs entreprises, depuis le renversement de l’Empire, ils se soient
constamment brisés contre le bon sens avisé, l’honnêteté incorruptible des électeurs français,
leur attachement profond et réfléchi aux institutions républicaines.
Vainqueurs, ils se déchireraient entre eux, impuissants à rien fonder. 11 importe néan¬
moins de signaler des manœuvres contre lesquelles, tous les républicains sincères, ont le
devoir de s’unir dans un mouvement irrésistible de solidarité démocratique.
Agiter des fantômes, prévoir des catastrophes, dénaturer les faits, se servir des, idées
les plus hautes et les plus chères à la nation pour les réduire à leur propre taille, les ravaler
jusqu à eu faire des instruments de discorde; mépriser le suffrage universel au point de cher¬
cher à le corrompre; accumuler les mensonges de telle façon qu’il devienne difficile de dis¬
cerner la vérité; représenter la France couverte de ruines, courant à la banqueroute et en
pi oie à la trahison, tels sont les principaux moyens employés couramment par les ennemis de
la République. Par l'exagération et ia mauvaise foi de ces attaques ils permettent à tous les
esprits judicieux de les reconnaître aisément sous le masque, bien qu’ils se répandent en
protestations de respect pour la forme du Gouvernement.
Non, il n’est pas vrai que la France soit actuellement la nation abaissée qu’ils nous
dépeignent; il est certain au contraire que, cessant d’être condamnée à l’isolement et au
silence, elle s’est relevée, par la République, du triste état où l’avaient amenée les fautes
du pouvoir personnel. Elle a conclu et consolidé une alliance qui est un précieux gage de la
paix, et repris son rôle et son influence dans les conseils du monde.
11 n’est pas vrai que l’amour de la Patrie soit le privilège de quelques-uns • il est certain
au contraire, que l’intolérable prétention de monopoliser le patriotisme, de mettre les
Français hors du patrimoine commun, héritage des souffrances et des gloires de nos pères
est une cause de désunion et de haine entre les citoyens, et, par suite, d’affaiblisse¬
ment de la Patrie.
Il n’est pas vrai que l’armée ne soit pas respectée dans son honneur et dans ses intérêts
qui se confondent avec l’Honneur et l’intérêt de la Nation, qu’elle soit affaiblie et désorga¬
nisée ; il est certain, au contraire, que l’armée nationale est l’objet de la sollicitude et&de
l affection du Parlement et du pays; il est certain que l’ordre est rétabli à tous les degrés
la ou s’étaient révélés de dangereux symptômes d’indiscipline et d’insubordination
H n’est pas vrai que la France soit appauvrie et ruinée ; il est certain, au contraire, que
muti ee, rançonnée, ruinée à la suite de la guerre de 1870, elle a refait tout son outillage
développé le réseau des voies ferrées, creusé des canaux, approfondi des ports et dépensé
— 88 —
des sommes énormes pour renseignement public, l'armée, la marine, et aussi pour consti- !
tuer son domaine colonial.
Les deux tiers de notre dette sont à la charge du régime du Deux-Décembre : sous ce
régime elle s’est augmentée de 8 milliards; les conséquences directes de la guerre ont coûté
en outre à notre pays, d'après les calculs de l'honorable M. Léon Say, 11 milliards 500 mil-
lions. C’est donc un total de près de 20 milliards qui constitue îe passif du pouvoir personnel, ;
Ce sont encore les conséquences de la guerre de 1870 qui nous obligent à porter, chaque ;
année, à notre budget, 1 milliard pour la défense nationale.
Il est certain, cependant, qu'actueilement le crédit de notre pays inspire la plus grande
confiance, parce que, mieux que les autres, il a supporté les résultats d’une crise universelle
qui, nous pouvons Pespérer, touche à sa fin.
Il n'est pas vrai que dans notre pays, fermement attaché à la propriété individuelle et
à la liberté, le souci de la solidarité, la recherche du progrès social se confondent avec le
collectivisme qui rêve en vain de supprimer la propriété individuelle et la liberté, mais la
démocratie poursuit avec persévérance l’amélioration du sort des travailleurs, le relèvement
des petits et des humbles, une évolution continue vers un idéal de justice et de pacification
sociale.
11 n'est pas vrai que la liberté de conscience et la liberté des cultes soit en butte à la
persécution. Mais il était nécessaire de soumettre les ordres religieux à l'application de la
loi, ainsi que l’exigeait la défense delà société laïque, telle qu'elle est issue de la Révolution
française,
H est certain que la lutte actuelle est plus violente et plus âpre à raison des rancunes
et des ambitions du parti clérical qui ne défend pas ia liberté, mais poursuit la domination et
pour qui! a revanche des congrégations est l'enjeu même des élections législatives.
Les électeurs républicains ne failliront pas à leur devoir, ils relèveront comme ils le
méritent les audacieux défis de la réaction cléricale et du nationalisme^ et en feront défini¬
tivement justice»
«
Vive la France! Vive la République 1
Pour l'Union républicaine du Sénat:
MM. Lourdes, président; Dubost et Raynal, vice-présidents; Mir, ques¬
teur; Théodore Girard, secrétaire; Gazot, Demolc, Dusolier, Guyot,
Poirrier, anciens présidents; Glamageran, Ghaumié, anciens vice-pré- J
sidents; Magnin, ancien président de la gauche républicaine; Alle¬
mand, Crozet-Fourneyron, Deschanel, A. Perrier, Ratier, De Sal,
Trarieux, Viseur, membre du comité de direction.
Pour la Gauche démocratique du Sénat:
MM. Combes, président; Bonnefoy-Sïbour, Leydet, vice-présidents; Rruel,
questeur; Béraud, Miliiès-Lacroix, secrétaires; Bernard, ancien pré- j
aident; Bizarelli, Bizot de Fonteny, Delpech, Desmons, anciens prési- !
dents; Maxime Lecomte, ancien président ; Alexandre Lefèvre, Savary,
Léopold Thézard, membres du comité de direction.
lrc circonscription de TROYES
M. CHARONNAT
Élu au 2e tour de scrutin. — 7. AU voix.
Mes chers Concitoyens,
Je viens vous demander le renouvellement du mandat dont vous m’avez déjà honoré
pendant deux législatures.
Je pourrais me dispenser de vous faire une profession de foi, car vous me connaissez
tous, et vous savez que, depuis vingt ans, je suis, dans ce département, au premier rang
des défenseurs de la République et des serviteurs de la démocratie.
Mon programme est celui du vieux parti républicain dont le comité radical-socialiste de
l’Aube a rappelé les principaux articles dans le manifeste patriotique qu il vient d’adresser
au corps électoral. Je l’accepte dans son intégralité.
La lutte est, encore une fois, comme au Seize Mai, engagée entre la République et la
coalition de toutes les factions réactionnaires : royalistes, bonapartistes, ralliés, césariens,
nationalistes, tous plus ou moins déguisés en républicains, s’apprêtent à livrer à la Répu¬
blique un assaut suprême sous la bannière cléricale.
Tout est mis en œuvre pour tromper le peuple, effrayer les timides, corrompre- le
suffrage universel. #
Vains efforts î la démocratie veille. Elle ne se laissera ni surprendre ni duper. Elle
saura éviter tous les pièges, déjouer toutes les manœuvres, arracher tous les masques et
repousser tous les mensonges, toutes les calomnies. Elle reconnaîtra les siens.
L’œuvre de la prochaine législature est toute tracée.
La Chambre nouvelle devra d’abord assurer l’application rigoureuse de la loi sur es
associations, en attendant la suppression complète des congrégations et de renseignement
congréganiste qui inspire aux jeunes générations l’esprit de la contre-révolution et la haine
de la République et de ses lois, en attendant aussi la suppression du budget des cultes et la
dénonciation du Concordat, qui ne portera aucune atteinte à la liberté de conscience digne
du respect de tous.
Elle devra, ensuite, mettre au premier rang des réformes à accomplir :
La transformation de noire inique système d’impôts, improportionnel, progressif à
rebours, frappant lourdement sur les petits, épargnant les gros, sur la base équitable de
l’impôt global et progressif sur le revenu, facile à établir, quoi qu’on en dise, sans vexation
ni inquisition, en faisant une distinction nécessaire entre la fortune acquise et la fortune
en formation, seul impôt véritablement démocratique et seul capable de donner au budget
de l’État une ampleur et une élasticité suffisantes pour faire face aux dépenses que néces¬
sitent les réformes économiques et sociales que la démocratie réclame légitimement,
La réduction du service militaire à deux ans, avec suppression de toutes les dispenses,
à la seule exception de celles en faveur des indispensables soutiens de famille ;
La création des retraites ouvrières, qui assurera aux travailleurs des villes et des
campagnes le pain de leurs vieux jours ;
La décentralisation administrative, comportant la suppression des fonctions inutiles.
Mon vote est acquis d’avance à toutes ces réformes nécessaires.
Électeurs de la lr* circonscription de Troyes,
Les gages de dévouement que j’ai donnés à la démocratie dans le passé sont pour elle
la meilleure des garanties pour l’avenir.
42
- 90 -
Si vous me faites Je grand honneur de me continuer votre confiance, vous pourrez être
assurés que le drapeau dont vous me confierez à nouveau la garde sera en bonnes mains*
Vous pouvez compter sur moi comme je compte sur vous*
Vive la République démocratique et sociale!
CHARGNNÀT, Député sortant.
Manifeste du Comité d} Union radicale et socialiste de F Aube*
Citoyens,
Vous êtes appelés, le 21 avril prochain, à nommer vos représentants à îa Chambre des
Députés.
Le Comité d’Union radicale et socialiste de F Aube a le devoir de soutenir et de recom¬
mander à vos suffrages les Députés sortants qui ont vaillamment soutenu vos revendica¬
tions et défendu le Gouvernement dans des jours que vous n’avez point oubliés, quand le
Président de la République ôtait insulté et frappé, que la rébellion était dans la rue et
Fappel au coup d’État imprimé dans tous les journaux de la réaction, affirmé même dans
1 Assemblée et affiché sur les murs de Paris-
Cette situation est à l’état latent aujourd’hui : elle renaîtrait demain si votre discerne¬
ment, si votre fermeté n’y mettaient bon ordre.
C’est vous dire que l’heure est grave et pleine de périls.
Le Seize Mai et le boulangisme peuvent à peine être comparés au nationalisme à cette
coalition de rancunes, de déceptions et de haines où l’on voit « d’anciens membres de la
Commune coudoyer un ancien ministre de h guerre, où d’anciens ministres congédiés par
le Seize Mai se réconcilient avec la réaction, où un membre de l’Académie française frotte
ses palmes vertes aux blouses blanches des camelots ».
m,vw "e C0ali;i0n marche, sous la bannière du parti clérical, à l’assaut de la société
.v. ' n° P°ur detruiru .1 esprit laïque et, s’il est possible, jusqu’au nom de la Révolution
française qui nous a faits indépendants et libres.
calomnie *HM ** V°ir & i,œuvre’ ce parti clérica!- et se servir de son arme favorite : la
11 vous dira que la France court à ia banqueroute, alors que c’est elle qui supporte le
mieux, a 1- heure actuelle, la crise économique qui frappe l’Europe entière.
après 187? eiïIVrnVr RtétPïliqUe 3 apfU7ri notre P3?3- a,ors ^e, rançonné et ruiné
S/ % si! a reconstitué notre matériel de guerre, développé nos chemins de fer, nos
canaux, et dépensé des sommes éaormes pour l’instruction de nos enfants.
vous dira qu’il a le monopole du patriotisme, qu’il adore l’armée alors cru’il la
Min*8 d’une iahW** * ^ pronunciamientos> (lliand un ministre de la guerre rèpubli-
I ne main ferme, mais peut-être trop paternelle, a remis le bon ordre dans les
affectueLeri!icitudeetBbIe*’ ^ t0U'e ^ °CCaSi°n’ * manifCSté P°Ur nos soIdat3 h plus
ztâËâ “ï*"1 ie rr
richesse pabiique. ’ 11 p0rle 4 ce! de“ *°"™s de ]>
il ‘mp6,S’ >l0ra qm’ "*"*é*“" |> «*"* Parasitaires,
Ses candidats sont-ils partisans de l’impôt global et progressif sur le revenu ï
II vous dira qu il est parnsan des retraites ouvrières, sans vous faire connaître avec
quelles ressources il les alimenterait. e avec
h lihEerïdff.nPar-i dériCai’ puisqü’à lui seul H résume le nationalisme, affirmera que
la liberté de conscience est menacée, que la liberté des cultes est entravée, alors que
— 91 — N* 1162
le Gouvernement n’a jamais été aussi tolérant, on pourrait même dire aussi faible
qu’aujourd’hui.
Qu’est-ce que cette loi sur les associations, sinon an simple avertissement aux con¬
grégations trop entreprenantes qui devraient être purement et simplement supprimées*
Mais patience, ce que n’a pas fait le Gouvernement d’aujourd’hui, celui ne demain le
réalisera* Et c’est contre ce Gouvernement que des efforts inouïs sont faits par avance, car
c’est celui-là qu’on craint. On ne recule devant aucun moyen. Vous avez vu dans ce pays
les quêtes à domicile pour la bonne cause, faites par les familiers de l’autel, et même par
les femmes, qui sont devenues des agents électoraux sous la direction des bons pères en
disponibilité.
Vous connaissez les candidats de la Croix, du journal des moines ligueurs dont une
édition se publie dans toute la France.
Ces candidats dans notre département sont ceux des modérés que cette alliance ne
permet même plus de qualifier de républicains.
Nous l’affirmons encore une fois, citoyens, si ces candidats et leurs pareils étalent
nommés en majorité, ce serait la guerre dans l’Assemblée et bientôt dans là rue.
Mais vous ne le permettrez pas. Si Paris manquait à sa mission, les départements,
comme au temps du boulangisme, opposeraient une invincible résistance au parti de l’équi¬
voque, au parti inspiré par les curés, par l’Église, par le pape, en un mot par les éternels
ennemis de la pensée libre, de l’essor de Pesprit humain, du progrès moral et matériel
des nations,
A cette coalition incapable de gouverner et d’assurer la paix si nécessaire an pays,
opposons le bloc des forces républicaines et démocratiques animées de l'esprit de solidarité
et de liberté.
Le comité radical et socialiste de l’Aube, d’accord avec les candidats qu'il recommande
aux électeurs, estime que le meilleur moyen de combattre cette coalition est de donner
satisfaction aux aspirations républicaines et de s’engager résolument dans la voie des
réformes démocratiques et sociales dont quelques-unes ont été préparées par la dernière
législature.
Parmi ces réformes qui ne sauraient se confondre avec le collectivisme qui n’est, à
l’heure actuelle, qu’un rêve, peut-être généreux, le Comité place au premier rang ;
1° L’appîication rigoureuse de la toi sur les associations. — 2° La suppression des biens
de main-morte ei l’emploi, autant que possible, de ces biens à la dotation de la caisse des
retraites ouvrières. — 3* La séparation des Églises et de l’État et l’emploi des fonds deve¬
nus disponibles à la dotation également de la caisse des retraites ouvrières. — If l /abroga¬
tion de la loi Failoux. — 5° Le service militaire de deux ans avec la suppression de toutes les
dispenses. — 6° L'organisation du crédit agricole. — T L'impôt global et progressif sur le
revenu. — 8° La transformation des services ’pub lies des chemins de fer, des mines, de la
Banque de France, etc. — 9Ü La réduction des gros traitements et îa suppression de tous
les emplois inutiles.
Le Comité d’union radicale et socialiste fait appel à tous les républicains, à tous ies
démocrates, pour se grouper autour de lui et soutenir ses candidats, en vue de la réalisa¬
tion de ce programme minimum si véritablement démocratique.
Améjiorer le sort de tous les travailleurs, né jamais détacher sa pensée des petits, des
faibles, des humbles, tel est le but de ceux qui ont l’honneur de se présenter à vos suf¬
frages avec l’espoir de réaliser, dans un prochain avenir, la solution dêliiiitive et pacifique
du problème social.
Vive la République démocratique et soc jais!
Le Comité d'union radicale et socialiste *
— 92 ~
2* circonscription de TROYES
M. ARBOUIN
Élu au 2e tour de scrutin. — 7.348 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je viens solliciter de vos libres suffrages le renouvellement du mandat que vous m’avez
fait l’honneur de me confier en 1909.
Ai-je besoin de vous faire une longue profession de foi ?
Je ne le crois pas.
Mes idées, mes principes, mes actes politiques vous les connaissez.
Depuis plus de vingt ans, je défends avec mon journal la République et je me flatte
d’avoir contribué, pour une large part, à la diffusion des idées de progrès démocratique
dans notre département.
Mon dévouement à la cause républicaine m'a valu, me vaut encore force injures de la
part de la réaction ; j’en suis fier. Je m’hoDoredes calomnies dont se montrent si prodigues
à mon égard les ennemis de nos institutions; si j’avais trahi la République à leur profit,
soyez certains qu’ils me jugeraient dignes de leurs éloges.
Vous m’avez confié, il y a deux ans, la défense de vos intérêts au Parlement : je crois
avoir justifié votre confiance par mes votes, par la part active que j’ai prise aux délibéra¬
tions du groupe radical-socialiste ainsi qu’aux travaux de diverses commissions, par le soin
persévérant que j’ai apporté à l’étude de vos légitimes réclamations, par l’empressement
avec lequel je vous ai toujours fait obtenir les satisfactions qui vous étaient dues.
Mon programme, vous le savez, est celui du parti radical-socialiste. Ce programme,
dont la réalisation est enfin commencée, contient une série d’articles dont l’application nous
dotera successivement des lois qui assureront :
1" La refonte totale de notre système fiscal, aussi inique que suranné, par l’établisse¬
ment de l’impôt global et progressif sur le revenu ;
du budget des cultes et la dénoncia-
2" L abrogation de la loi Falioux, la suppression
tion du Concordat;
3" La réduction du service militaire à deux ans ;
h° L’organisation des caisses de retraites pour les ouvriers des villes et des campagnes-
5* La protection de l’agriculture et de la viticulture par la répression de i 'accaparement
et la réglementation légale des Bourses de Commerce, la modification du régime des près-
tâtions, le développement de l’emploi de l’alcool industriel, la diminution des droits de
mutation, 1 extension des syndicats et des caisses d’assurances et de crédit agricoles la
suppression des droits sur l’alcool, et, par suite, de la régie, comme conséquence de l’éta¬
blissement de l’impôt sur le revenu;
6° La décentralisation administrative, condition préalable des économies budgétaires.
J arrête m! cette énumération. Je pourrais ciler d’autres réformes, mais je dois me
borner a indiquer les plus urgentes, celles qui peuvent être réalisées par la prochaine
législature, si le pays, comme tout le fait espérer, envole à la Chambre une majorité ferme¬
ment républicaine et résolument réformiste.
Mes chers Concitoyens,
L’muvre que le Parlement a accomplie depuis trois ans avec le concours du Gouvernement
vous est connue; elle constitue un très réel progrès, mais elle est loin d’être complète. La
_ 93 — N* 1162
Chambre qui |disparaît lègue à celle qui lui succédera une série de propositions et de projets
mûrement étudiés et du plus haut intérêt pour la démocratie républicaine.
la réaction cléricale veut, non seulement taire obstacle aux réformes préparées, mais
encore détruire celles qui ont été réalisées depuis trois ans; elle veut surtout sauver cet
instrument de domination par excellence qui lui échappe : la congrégation. Aussi a-t-elle
engagé une lutte violente et sans précédent peut-être contre la République.
° Vous avez à vous prononcer entre elle et nous. Vous avez à choisir entre la politique de
recul et la politique de progrès, entre le parti de l’Église, servi par la tourbe des faux
républicains, et le parti de la France démocratique.
Croire que vous hésiterez serait vous faire injure.
Le 27 avril, vous assurerez par vos votes le triomphe de la République et la déroute
de la réaction»
Vive la République démocratique et sociale!
G* ARBOUIN, Député sortant.
(Suit le Manifeste du Comité d^nion radicale et socialiste de l'Aube, déjà publié à la
suite du programme de M. Charonnat. — Voy. ci-dessus.)
Manifeste de la Ligue de Défense républicaine de V Aube »
Électeurs républicains.
Au moment ou toutes les forces de la réaction se coalisent contre la République, à
Pheure ou la stabilité de nos institutions démocratiques est encore une fois menacée, la
Ligue de Défense Républicaine de PAube a le devoir de vous adresser un appel qui, certai¬
nement, sera entendu.
Fondée en dehors de tout esprit de secte et dans le seul but de grouper les citoyens
fermement résolus à combattre, sous quelque forme qu’il se présente et de quelque
masque qu’il se couvre, le cléoicalisme, c’est- à-dire Pennemi le plus redoutable de la
France moderne, largement ouverte à tous les républicains conscients du péril théocratique
sans cesse renaissant, radicaux, socialistes, la Ligue de Défense Républicaine de 1 Aube n a
demandé à aucun de ses adhérents, vous le savez, le sacrifice de ses opinions personnelles
et de ses préférences en ce qui touche Porganisalkm de la démocratie.
Elle s’est bornée à rallier les partisans de la suprématie du pouvoir civil, les défenseurs
de l'État laïque contre le pouvoir occulte et irresponsable de L’Église; elle les a conviés à
unir leurs efforts pour renverser l'obstacle clérical qui, en tout temps, a bat ré et qui barre
encore la route au progrès républicain. .
Plus que jamais cette union est nécessaire : plus que jamais nous avons le devoir de
marcher coude à coude et d’opposer à Pâmée de Rome le front compact de Parmée répu¬
blicaine»
Atteint dans ses œuvres vives par la loi sur les associations, le cléricalisme comprend
que sa cause est irrémissiblement perdues si les élections du 27 avril lui sont défavorables,
aussi ne recule-t-il devant rien pour conjurer le péril dont il est menacé» Jamais il n’a mené
même aux temps du 24mai et du 16 mai, une campagne aussi acharnée contre la Répu¬
blique, t . .
Jamais il n’a organisé avec autant de scélératesse ni poussé à un aussi haut point de
perfectionnement cette machine de guerre dont personne ne possède mieux que lui les se¬
crets ; la calomnie ; jamais, grâce à la puissance de Pargent dont il dispose, il n’a porté plus
loin les ravages de la corruption. Il en est arrivé à embrigader des femmes et à en faire des
agents électoraux, . . ..
Il n’est pas de mensonges qu’il ne répande dans nos campagnes. Il fait courir le bruit
que la République conduit la France à la ruine et que lui seul est à même de rétablir nos
finances. C’est le langage qu’ii tenait en 1851 et il n’est pas étonnant que les impérialistes
fassent chorus aujourd’hui encore,
Souvenez-nons, électeurs républicains. Souvenez-vous des Te Deum chantés par le
clergé en l’honneur du régime impérial, de ce régime qui, né dans le sang du Deux-DM
cembre, a fini dans la boue de Sedan, Souvenez-vous de quel prix la France a payé la pro&J
périté factice dont elle jouissait sous le second Empire, Souvenez-vous du sang français j
ven?è en 1870 ! Souvenez-vous des 15 milliards que nous a coûté la dictature impériale, t
Souvenez-vous de nos provinces perdues !
Le parti clérical, qui fut le complice du crime de décembre, nous parle aujourd’hui de
liberté. ïl nous parle aussi de sa sollicitude pour les intérêts économiques du pays:
Il a un système d’économies : ce système, il est tout prêt à l’appliquer; il l’applique- ';
rail, nTen doutez pas, dès le lendemain de son arrivée au pouvoir si, par impossible, iepavs j
venait à lui livrer ses destinées Jl supprimerait le budget de l’Instruction publique.
L’instituteur, comme on Pa vu en Belgique après le triomphe de la réaction catholique,
serait chassé de l'école et remplacé par le frère ignorantin. L’œuvre scolaire de la troisième
République aérait abolie.
La campagne que poursuivent, en ce moment, les cléricaux n’a pas d’autre but. Il
s’agit de sauver les Congrégations et avec elles cette prétendue liberté de l’enseignement j
qui, entre leurs mains, est l’arme la plus terrible contre la démocratie républicaine.
Électeurs républicains,
La République est arrivée à un tournant de notre histoire. L’heure est venue où de i
votre volonté* dépendra son orientation définitive vers la liberté ôu vers la réaction.
Vous direz, par vos votes, si nous devons entrer résolument dans la voie du progrès, ;
marcher en avant ou reculer ;
Vous direz si vous entendez faire le jeu de ^obscurantisme, si vous Voulez priver vos l
enfants des bienfaits de l’instruction et les vouer à Pignorance;
Vous direz s’il n’est pas temps de procéder aux mesures destinées à préparer les ré¬
formes qui nous permettront de faire l’économie du budget des cultes;
Vous direz enfin si, dans ia lutte actuellement engagée entre la Révolution française,
dont nous sommes les fils dévoués, et la contre-révolution, le parti républicain doit rester ^
fidèle à sa tradition historique ou la déserter, si la démocratie doit céder le pas à la sacer-
doej atie ou si la liberté doit à jamais briser le joug de Rome et consacrer la victoire de la
France moderne sur les représentants du passé*
Vive la République!
Le Comité de la Ligue de Défense Républicaine
de l'Aube*
(Suit le Manifeste de VUnion Républicaine et de la Gauche démocratique du Sénats
déjà publié à la suite du programme de M* Bachimont* — Voy, d-dessus.)
NM 162
tes:
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lé¬
s¬
ais
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- 95 -
AUDE
ir& circonscription de l'arrondissement de CARCASSONNE
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ne !
il f
sut I Citoyens ,
Le grand parti démocratique m'a confié le soin de soutenir le programme républicain
quels corps électoral, par d’écrasantes majorités, a acclamé dans toutes les consultations
de ces dernières années; les délégués de toutes les communes de la circonscription ont
pensé que ce programme devait encore triompher sur le nom d’un Républicain connu,
éprouvé et sans reproche, capable de rallier toutes les bonnes volontés et de grouper en un
lg iodestructible faisceau toutes les forces vives de la démocratie.
Désigné à l’unanimité par le Congrès Radical et Socialiste, comme candidat unique aux
m Élections du 27 avril, j'ai accepté cet honneur et ce devoir dans l’intérêt de l’union de tous
| les sincères Républicains et aussi dans l'intérêt des besoins de notre pays,
j Mon programme, vous le connaissez, c’est celui qui comporte les réformes politiques,
j économiques et sociales, acceptées par les Républicains de la première heure, abandonnées
e par les timides on par ceux dont les vertus s’affaiblissent avec l’âge, mais poursuivies sans
çT relâche par les Républicains convaincus et qui ne veulent rien abdiquer de leurs espoirs et
r„ j de leurs revendications.
ja Tout le monde aujourd’hui se réclame de la République; les candidats les plus arriérés
n’hésitent pas à se qualifier de Républicains, parce qu’ils sentent que la France est invinci¬
blement attachée au régime et qu'un gouvernement de réaction est impossible aujourd’hui
et pour jamais à la Nation française. Mais les Électeurs ne s’y trompent pas; sans se fier à
l’étiquette, ils vont droit au programme et savent vite percer, sous l’apparence dont on vou¬
drait les abuser, les Réactionnaires et les Conservateurs.
Non, on ne peut se dire Républicain, sous prétexte qu’on l’était la veille, pas plus qu’on
l n’a le droit de prétendre à ce litre, en se présentant comme un rallié, quand on se déclare
contre les Lois, contre les Institutions et contre l’esprit même de la République.
Mais, fidèles à la tradition et à la pensée démocratiques, les Électeurs ont droit, en ces
temps de crise, de réclamer d’autres réformes que les réformes purement politiques. Dans
notre circonscription comme dans les arrondissements et les départements voisins, le
propriétaire et ie paysan souffrent cruellement de la mévente des céréales et du vin. C’est
pourquoi tous ceux qui sollicitent vos suffrages vous apportent des consolations ou vous
offrent des remèdes, même quand leur profession, leur passé ou leurs aspirations les
empêchent de connaître, autrement que par ouï-direj les maux qui vous accablent, les
fraudes qui vous ruinent et les lois qu’il vous faudrait.
Propriétaire récoltant, comme la plupart d’entre vous, je sais par expérience les
besoins que nous ayons et la nécessité qu’il y a de se défendre, en ce moment décisif et
périlleux pour l’avenir de nos cultures.
A la Mairie de Carcassonne où je suis depuis onze ans, dont six en qualité de Maire,
au Conseil Général où la confiance des Électeurs m’a appelé, je me sois efforcé d’atténuer,
dans la mesure du possible, les effets de la crise que nous traversons* Pour les ouvriers de
la ville, d’accord avec le Conseil municipal, j’ai dressé un programme de grands travaux
qui devaient servir à la prospérité générale et donner du pain aux travailleurs de notre
cité* Certains de ces travaux ont été exécutés, d’autres ne le sont pas encore et pour des
motifs qui ne me sont pas personnels. Trop souvent arrêté par les caprices ou la mauvaise
volonté des Commissions supérieures, dont je ne pouvais vaincre les résistances, j ai estimé
qu’un mandat de Député me permettrait de défendre avec plus d’autorité les intérêts de
mes chers Concitoyens*
Pour les ouvriers des campagnes et les propriétaires, je me suis attaché à la réalisa*
tion d’un vœu que j’ai fait adopter par les Assemblées délibérantes, où j’ai l’honneur àt
siéger, par la Société d’ Agriculture démocratique de l’Aude, dont je suis un des Vice-Prési*
dents, et que je suis allé soumettre aux Ministres à Paris avec la représentation de l’Aude, à
l’occasion de l’ouverture de l’Exposition universelle* Ce vœu, qui peut devenir une réalité,
si le Gouvernement et les Chambres veulent me suivre, est ainsi conçu : « La vente de tout
vin ne provenant pas de la fermentation du raisin frais, est rigoureusement interdite sur le!
territoire français. »
J’estime que toutes les lois protectrices de la viticulture sont obscures oo impuissantes,
que les paragraphes ou les amendements dont on les surcharge sont autant de fissures par
où V habileté des fraudeurs peut se glisser et que nous avons besoin d’un texte clair, précis
et ne pouvant donner lieu à des interprétations diverses. Celui que je propose ne saurait
être, je crois, plus limpide et plus concis.
Je voudrais, en outre, empêcher la fraude en la frappant de pénalités sévères, comme
d’une amende de 5*000 à 100,000 francs; de peines d’emprisonnement au cas de récidive^
de la destruction des appareils ayant servi à la fabrication des vins et de la confiscation
des locaux ayant servi à abriter ces appareils, au profit de la Caisse nationale des retraites
pour les travailleurs*
Enfin, je voudrais organiser une surveillance exercée par les propriétaires eux-mêmes,
qui formeraient une Commission de contrôle, composée de délégués élus par les intéressés
pour venir en aide aux employés de l’État dont ils seraient les auxiliaires vigilants et actifs.
La fraude nous ruine, c’est à la fraude que nous devons déclarer la guerre, c’est elle
que nous devons vaincre, avec l’aide de l’État, mais aussi avec nos propres forces*
A côté de ces lois répressives et urgentes, mon désir est d’arriver au monopole de l’al¬
cool par l’État, monopole dont la majorité d’entre vous sont partisans. Vous connaissez cette
question et je n’ai pas à la développer davantage. Je suis convaincu que les ressources ainsi
réalisées par le Trésor public serviraient à un dégrèvement dont la terre, qui en a tant
besoin, profiterait largement.
Mon programme contient le projet de percement du Canal des Deux-Mers, Vous n’igno¬
rez pas tous les services que rendrait au Pays l’exécution de cette grande pensée. Le creu*
seraent d’un canal reliant l’Océan à la Méditerranée est indispensable à la défense nationale,
à la production et an travail français ; il étendrait notre clientèle de consommateurs et
répandrait l’aisance dans nos régions. Le Comité et la Société nationale du Canal inter-
maritime m’a fait l’honneur de me nommer Président du Combe de Carcassonne et je con¬
sacrerai mes effons à faire aboutir cette grande œuvre que je considère comme la fortune
du Pays*
Parmi les projets moins grandioses, mais également utiles aux besoins de notre Pays,
je rappellerai le vœu adopté par le Conseil municipal de Carcassonne, le Conseil général de
l’Aude et la Société départementale démocratique de l’Agriculture, concernant la culture du
tabac dans l’Aude, qui permettrait au département de réaliser par cette production des
bénéfices appréciables.
Il est aussi une question qui m’a depuis longtemps préoccupé* L’admirable plaine
d’Ahonne manque d?irfigatiou normale et nécessaire, il est facile d’arriver à Parrosement
97 —
N" 1162
des terres par des rigoles qu’alimenterait le canal du Midi, il suffirait d’un peu de bonne
volonté et c’esi la bonne volonté qui manque trop souvent à nos Beprésentants.
Enfin, depuis plusieurs années, j’ai le désir de doter notre pays d’un camp militaire
qui serait établi à Alzonne, réunirait au centre de la circonscription une armée de cent
mille hommes et serait un débouché énorme pour les produits de notre sol : vins, bois,
céréales et fourrages.
L’Administration de la Guerre s’est montrée favorable à ce projet; une réunion de fous
les Maires des Communes intéressées s’est déjà tenue à Carcassonne, le Député de l’Arron¬
dissement, à cette époque, prié de meure son influence au service de nos vœux, n’hésita
pas à rejeter nos demandes et me dit ironiquement, quand je le pressais de faire aboutir
nos desseins, que j’aurais loisir de m’en occuper moi-même quand je serais Député à sa
place.
J’ai pris acte de cette parole et j’espère, avec votre concours, arriver à cette éclatante
démonstration qu’uu Député peut, quand il veut, faire du bien à son pays.
Je n’ai pas hésité en 187®, quand aucune obligation ne m’y contraignait, à défendre le
sol de la France envahie ; je saurai aujourd’hui, avec la même abnégation, défendre la Répu¬
blique menacée par des gens qui, sous prétexte de libertés, veulent détruite la Liberté, et
sous couleur de patriotisme, rêvent la destruction de la République.
En même temps que mes convictions démocratiques, je vous ai exposé, mes chers
Concitoyens, les principaux projets économiques que j’ai l’ambition de voir réaliser. Ces
projets ne sont pas chimériques, ils ont été profondément étudiés et leur utilité a été incon¬
testablement établie ; il s’agit seulement d’en poursuivre la réalisation avec ténacité et avec
vigueur. Pour atteindre ce but, vous pouvez compter sur mon dévouement opiniâtre à vos
intérêts et mon affection ardente pour la ville où je suis né et la région où j ai toujours
vécu. Vous savez que j’ai toujours tenu ce que j’avais promis.
Une République forte et respectée, une organisation économique plus morale et plus
juste, la défense de l’ouvrier, de l’usine, du commerce et des champs, la protection effi¬
cace de l’agriculture et de la viticulture de l’Aude, voilà ce que je souhaite de toutes les
forces de mon être, voilà ce que nous ferons en unissant nos efforts, si vous voulez m ac-
corder votre confiance.
Vive la République Démocratique et Sociale 1
Jules SAUZÈDE,
Pr o p riétaire-V i tien 1 teu r .
Maire de Carcassonne, Conseiller général de l’Aude.
2* circonscription de CARCASSONNE
M. THÉRON
Élu au lor tour de scrutin. — 7.43A voix.
Citoyens,
Dans un admirable élan d’enthousiasme, le Congrès républicain d’Union radicale et
socialiste, réuni le 13 avril 1902, à Capendu, a acclainèà runanimité, la candidature unique
du citoyen Ferdinand Théron, Député sortant.
13
— 98 —
Citoyens ,
Ce haut et légitime témoignage d’estime et de sympathie rendu par 500 délégués au
représentant intègre qui n’a jamais failli à son mandat, sera certainement sanctionné par
le corps électoral.
Au bloc hybride qui, parti des modérés pour arriver jusqu’à l’extrême droite, se rue
aujourd’hui à Tassant delà République, vous opposerez énergiquement le bloc de tous les
sincères démocrates de la circonscription.
Pour obtenir cette dernière et décisive victoire, vous ne pouviez avoir de plus digne
porte-drapeau que le Citoyen Thêron? dont le passé vous répond de l’avenir*
Citoyens,
Votez donc en masse, le 27 avril, pour le candidat unique du Congrès de Capendu,
c’est-à-dire pour la République contre la Réaction.
Pour le bureau du Congrès ;
(Suivent les signatures.)
Circonscription de CASTELNAUDARY
M, le marquis de LAURENS-CASTELET
Élu au T tour de scrutin, — 4.767 vont.
Citoyens,
, *8 suis Mes convictions hautement affirmées depuis plus de douze ans
n on pas varie, lous mes actes ont prouvé ma sollicitude pour les déshérités pour les tra
▼ailleurs. Mais, pas plus que moi, vous ne confondrez la République avec un gouvernement
Sn LÜS llbenéS ! hbertés individl,elles’ liberté d« travail, liberté d’associa-
tion, hbeité densmgnement; — qui a semé parmi nous la défiance et la haine- — oui a
ruine hndusme et l’agriculture; - qui nous mène à la banqueroute et qui après avoiî
lïtTange" f" ^ C°UleürS ^ 168 Sa”S'pa'rie à sa «M». les a abaissées devant
U République ne doit pas être plus longtemps la proie de spéculateurs avides ou de
pourZ,! S"! tf*" 8,18 'l0i, 8,re ’6rilaW““' ia ^«rn.tneni a, ions, par ,ô»t
“2* m’h0™ïez de ’""'"*«*>■)« travaillerai de toutes me» forces h la réalisation
cmiqne ,U8 ’°U" ““ “ “ d’a‘«r. ' Am régime sincèrement démo!
nantiSlSt èa”‘ 1,ei'i,S 'l8.'0“! -levant l'impèt elle proporlion-
d T»ï: “e J;"1'* 26 <l8 " “ ie ,8M' aetre arrondÜen, d” 20 S ,7
de centimes départementaux annuels; — économie budgétaire r>ar u iw»i V <-
administrative la diminution du nombre de» fonctionnaires, l’in Jdjon dn cnmoTd“
traitements èt là réduction des gros appointements.
Réforme de la Loi militaire réduisant à une année la durée du service obligatoire pour
99 -
N° 1162
tous, diminuant les périodes d'iMtruction de 2$ jours et supprimant les 13 jours, rendant
ainsi aux travaux de l'agriculture et de l'industrie plus de 30Ü.0ÛÛ jeunes gens par an. Des
engagements volontaires assureraient la solidité des cadres et îa présence sous les drapeaux
des effectifs nécessaires à la défense du territoire.
Réforme des Lois ouvrières favorisant le développement des syndicats professionnels
et des mutualités, garantissant les travailleurs des villes et des campagnes contre iss fata¬
lités du chômage involontaire, de la maladie, de la vieillesse.
Afin de poursuivre efficacement la réalisation de cet idéal d'équité sociale, il ne faut
pas que nous ayons a redouter des dissensions intérieures ou des conflits avec ^Étranger,
il faut en finir avec ies vexations, les [violations do droit, les persécutions d'où viennent
toutes nos discordes. Il faut que notre année, honorée de tous, tenue en dehors des luttes
politiques, ne soit pas plus longtemps désorganisée, outragée par des traîtres ou des incons¬
cients. Unie à Fintérieur, respectée à l’extérieur, la France reprendra le cours de ses glo¬
rieuses destinées ; notre pays redeviendra le soldat du Droit ot F artisan du Progrès.
Mon programme se résume en ces mots jusqu’ici profanés :
Liberté — Égalité — Fraternité.
Vive la France î
Vive la République démocratique libérale!
O. DE LAURENS-CASÏELÈT.
- 1
Circonscription de LIMOUX
M. DUJÀRDIN-BEAUMETZ
Élu au 1er tour de scrutin. — 10.316 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je viens pour la quatrième fois solliciter vos libres suffrages.
Je le fais avec confiance, car je sais combien vos cœurs répondent au mien.
Depuis que vous avez bien voulu me confier le drapeau de la République, c’est par des
majorités toujours plus considérables que vous m'avez envové à la Chambre des Députés,
En me donnant cette, marque d’estime dont je sens tout le prix, vous avez voulu aussi
montrer combien la politique sage, honnête, indépendante et réformatrice avait assis,
dans notre pays, la République sur des bases indestructibles
Soldat du parti radical, je veux avec lui la révision de la Constitution qui seule petit
assurer dans le vote de nos lois la prépondérance du suffrage universel.
Je n’ai jamais cessé depuis treize ans de demander le vote d’un impôt général sur le
revenu qui, seul, peut introduire plus de justice dans la répartition des charges publiques
et corriger en partie les inégalités fiscales dont nous souffrons.
Les lois sur l'instruction laïque reateront^rhoimeur de la troisième République i elles
ont déjà fait disparaître la plus grande partie de l’œuvre néfaste de l'Assemblée de 1349 ;
nous devrons les compléter par des dispositions nouvelles qui assureront le contrôle effectif
et réel de l’État sur les établissements libres.
J'estime en outre qu’il importe de faire cesser une inégalité qui o'a que trop
exigeant de ceux qui y professent les titres universitaires, sans lesquels-on ne ne ensei¬
gner dans les établissements de l’État.
9
- fii
— 100 —
Membre pendant huit ans de la Commission de l'armée 3 fai pu, par une étude appro¬
fondie, me convaincre que ie service militaire de deux ans, égal pour tous, sans exemptions
ni dispenses, donnerait à la France une armée mieux préparée aux devoirs qui lui incom¬
bent. l’estime que, sous le régime actuel, un nombre trop considérable de dispensés ne
passe qu’un an sous les drapeaux. Je voterai donc le service de deux ans.
Aucun républicain ne saurait oublier que, devant une Europe monarchique en armes,
nos braves soldats auront peut-être un jour l’honneur de défendre non seulement le terri¬
toire national, mais aussi les institutions libres que la Nation s’est données.
Ai-je besoin de dire que je veux une armée forte, disciplinée, respectueuse de la
Constitution républicaine et de la loi, aussi résolue à réprimer les attentats criminels des
césariensque dédaigneuse des attaques et des injures de quelques égarés.
J’ai voté et je voterai toutes les réformes sociales destinées à améliorer le sort des tra¬
vailleurs, à assurer à leur vieillesse le repos des derniers jours, et prendrai dans toutes
les circonstances la défense du faible et du déshérité.
Je resterai toujours un défenseur résolu de la propriété et de la liberté individuelles*
Je repousse de la manière la plus nette les doctrines collectivistes,
La Révolution française a fait de tous les hommes des citoyens égaux et libres; elle a
fait disparaître dans des étreintes fraternelles les inégalités qui, avant elle, séparaient les
hommes ; je réprouve donc ceux qui, contrairement à ces principes, veulent ressusciter ce
qu’ils appellent tt la lutte des classes >j et contisqueraient au bénéfice de l’État, par « la
socialisation des moyens de productions et d’échanges », les champs que, vos pères et vous,
avez défrichés*
Je considère que ces théories, si elles étaient mises en application, entraîneraient la
ruine du pays et ne seraient qu’une résurrection plus moderne de Lactique servage au
bénéfice exclusif des plus audacieux qui deviendraient les dirigeants.
Si je vous dis mon opinion sur ces questions, c’est que pour la première fois elles
s’affirment devant le corps électoral limouxin.
Mais un péril bien autrement réel nous étreint, je veux parier de celui qui est créé par
la situation agricole et viticole.
C’est à le conjurer que vos Députés ont employé tous leurs efforts et j’y oonsacrerai à
nouveau toutes mes forces.
Si notre bonne volonté s’est heurtée à des difficultés de toute nature, si les résultats
obtenus n’ont pas été ceux que nous aurions désirés, c’est que les défenseurs de la viticul¬
ture étaient en minorité à la Chambre et que les lois intéressant la viticulture qui ont été
votées jusqu1 ici n’ont été que des lois occasionnelles et transactionnelles.
En fait, aucun d’entre nous, faisant ou ayant fait partie du Parlement, n’a pu faire
voter une loi défendant complètement nos intérêts.
Nos sociétés d’agriculture, nos comices agricoles avaient été unaùimes pour demander
le vote de la loi des boissons et, pour ne pas compromettre le sort de la réforme, de la
voter sans amendement.
Grâce à nos efforts, elle a été votée et, quels qu’en soient les inconvénients, cette loi
aura toujours eu pour avantages de faire supprimer plus de 150 millions d’impôts qui
pesaient sur le vin, d’augmenter considérablement sa consommation et de le faire pénétrer
dans des régions où il était presque inconnu.
J’ai fait partie de la Commission viticole et ai pu me rendre un compte exact de la
situation d’aujourd’hui et des périls de demain. Cette Commission avait proposé des
mesures que la majorité de la Chambre, appuyée par le Gouvernement, a refusé de discuter;
ce n’est là, je l’espère, qu’un échec momentané et je ferai tous mes efforts pour faire
adopter ces mesures par la nouvelle Chambre.
Je réclamerai notamment :
1° La liberté pour les propriétaires de distiller leurs récoltes sans l’intervention de la
régie ;
N° 1162
— 101 —
2° L'établissement d’un tarif différentiel entre le* eaux-de-vie de vin et les alcools
L’application complète et immédiate de la loi sur la suppression des octrois;
h° La suppression absolue des vins de raisins secs; , .
50 Le vin pour le soldat, dont tous les députés de l'Aude et moi avons pris l’initiative ;
6° La suppression complète du sucrage des vendanges ;
70 La réduction et rufliücatkm des tarifs de transports avec retour gratuit des fuis
g* L’application rigoureuse des lois existantes sur le mouillage en attendant le vote de
la nouvelle loi visant les fraudes sur les denrées alimentaires ;
9° L’améiioration de ia mutualité agricole ;
10° L’ ouverture de nouveaux débouchés à l’étranger par des modifications aux traites
de commerce existants ; * ,
11° Suppression totale de la licence pour ics petits propriétaires qui débitent leur \i .
Toutes ces mesures seraient inutiles si la fraude continuait a sexeicei au gran joui.
Je demanderai que les fraudeurs, à quelle classe qu’ils appartiennent, soient rigoureuse¬
ment poursuivis, et je n’hésiterai pas à interpeller le Gouvernement s’il ne faisait pas tou
son devoir.
Électeurs,
Vous pouvez peser tous mes actes et tous mes votes. Je n’en regrette aucun.
Je suis aujourd’hui ce que j’étais hier, je serai demain ce que je suis aujourd hui.
En parcourant vos campagnes, j’ai retrouvé, groupés autour de moi, ces vaillants
Citoyens avec lesquels nous avons fait triompher le drapeau républicain en ,
6t 1898*
Nous n’avons jamais vu dans nos rangs ceux qui nous attaquent aujourd’hui. Iis étaient
alors les auxiliaires, les agents et complices de certains hommes politiques qui pretendaien
asservir notre arrondissement.
Par le scrutin du 27 avril, vous les renverrez à leurs maîtres.
Vive la République !
Étienne BEMJMETZ, Député sortant,
Candidat républicain démocrate.
lro circonscription de NARBONNE
M. ALDY
Élu au 2° tour de scrutin — 6.191 voix.
Citoyens,
Républicain Socialiste, s’inclinant devant la détermination
ont eu à désigner un autre candidat pour l’élection législa-
mon nom. J’ai accepté la candidature comme un honneur et
comme un devoir.
Les représentants du Parti
irrévocable du citoyen Ferroul,
tive. Leur choix s’est porté sur
— m —
Dans les circonstances que nous traversons, je dois aux électeurs des déclarations
nettes et précises.
Au point de vue politique, mon programme est celui da parti républicain d’avant-garde
comportant :
Les mesures propres à assurer la liberté et Je secret du vote;
La laïcisation complète de l’État par la suppression du budget des cultes;
Llnstructioi laïque et gratuite à tous les degrés;
L'abrogation de la loi Fallotix;
L'application de la loi des congrégations et l'interdiction an clergé de toute action poli-
tique et collective contre les lois civiles et les libertés républicaines;
La réduction du service militaire à deux ans,
Au point de vue économique, c’est le programme socialiste que je soutiendrai, poursui¬
vant la transformation d'un état social où la richesse des tins est faite de la misère des
autres, en une société toute d’égalité, de justice et de solidarité, sans oublier qu’en atten¬
dant il faut réaliser pour le prolétariat les améliorations auxquelles il a droit :
Règlementation légale du travail;
Interdiction du marchandage;
fixation de la durée de la journée de travail, avec sa garantie nécessaire, le minimum
du salaire;
Organisation des retraites ouvrières;
Caisses de prévoyance contre le chômage;
Assurance sociale contre tous les risques naturels et économiques, s’appliquant & la to ta
liîé des travailleurs, avec extension à l’agriculture de la loi sur les accidents;
Répartition plus équitable des charges publiques, refonte du système fiscal, application
de 1 impôt global et progressif sur le revenu;
Nationalisation des grands moyens de production, de transport et de crédit, tels que les
mines, les chemins de fer, la Banque de France etc.
Mais un autre devoir non moins impérieux s’impose à celui qui sera votre élu : c’est de
meure fin, par tous les moyens, à la crise terrible qui pèse sur notre région.
Après ce qui a été fait, après la loi sur les boissons qui doit être améliorée, après la
suppression des droits d’octroi qui doit être complétée, il faut anéantir la fraude, l’un des
plus redoutables ennemis de la viticulture, et supprimer les traitements de faveur aux pro¬
duits concurrents étrangers.
II faut réaliser notamment ;
103 —
N° 1162
Citoyens,
Voilà les grandes lignes de mon programme :
Défense étroite de nos intérêts régionaux;
Poursuite incessante des réformes économiques et sociales;
Défense énergique et développement logique des institutions républicaines contre Pas-
saut de toutes les réactions.
En face de ce programme se dresse la coalition des ennemis de la République.
Électeurs,
A vous de choisir* De votre choix dépend T avenir de la Démocratie,
Vive la République Démocratique et Sociale I
Félix ÀLDYj
Avocat j Vice-Président du Conseil général de l’Aude,
Adjoint an Maire de Narbonne, Candidat du Congrès Républicain Socialiste,
2° circonscription de NARBONNE
M Albert SÀRRAUT
Élu au 1er tour de scrutin — 7435 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le suffrage un anime des républicains radicaux et socialistes dé notre circonscription
m’a fait le grand honneur de me désigner à votre choix- Dans le congrès où Us ont à la fois
traduit avec force vos aspirations républicaines et affirmé énergiquement vos revendications
viticoles, les mandataires autorisés de nos quatre cantons nvont jugé digne, dans la lutte
actuelle, de porter le drapeau de la vrais République et de soutenir la juste cause de vos
intérêts matériels. Je garde le ferme espoir que votre verdict ratifiera leur décision*
Le double programme d’action républicaine et de protection viticole que j’ai pris l3 en¬
gagement de défendre, je vous Lai nettement exposé dans le libre débat des réunions pu¬
bliques et contradictoires.
Au moment où vous allez rendre voire jugement souverain, je tiens, dans une affirma¬
tion nouvelle, h préciser le caractère des réformes politiques, économiques et sociales à la
réalisation desquelles, si je suis élu, je consacrerai le constant effort d'une volonté ferme et
laborieuse.
Programme politique et social :
Au point de vue politique, d'abord, je suis et je reste nettement de ceux qui veulent
défendre la République contre les attaques furieuses de la coalition réactionnaire, conduite
— 404 —
une fois de plus par la congrégation à l’assaut de nos lois et de nos institutions. Libre à
certains républicains inconscients de ne pas reconnaître, sous le masque nationaliste, les
éternels adversaires cêsariens et cléricaux qu’ils combattirent au 2é mai, au 16 mai, à
l’époque, boulangiste; libre à certains candidats, usurpateurs audacieux du titre de répu¬
blicains, de pactiser avec cette coalition et de chercher à lui livrer, en échange de ses suf¬
frages les clefs de la République 1 Les démocrates sincères de cette circonscription ne se- j
ront pas dupes des équivoques misérables derrière lesquelles certains voudraient abriter
leur faiblesse ou leur défection. Sur un programme de réformes, l’union de tous les vrais ^
républicains s’affirme indissoluble dans cette circonscription, comme elle s’affirme dans la
France tout entière, devant le parti sans nom qui rassemble toutes les factions hétéro- f
dites de la contre-Révolution,
Mais une politique de défense ne peut suffire à la République. Celle-ci, d ailleurs, m j
se défendra bien qu’en devenant réellement républicaine, tfest-à-dire en réalisant les ré- ;
formes toujours promises et si souvent avortées que la démocratie attend d’die depuis
longtemps.
Et d’abord, issue du suffrage universel, la République se doit de P affranchir de toutes
les atteintes et de toutes les contraintes : il faut qu'une loi efficace, protectrice de la cons¬
cience et de la dignité des travailleurs, assure promptement la liberté et le secret du
vote.
La République doit garantir aussi le respect de la liberté de conscience et* pour cela,
s’opposer à ce que Pon enseigne, dans certains établissements privilégiés par une loi de
réaction, les haines de religion et les haines de race qui divisent si profondément les
générations nouvelles. C’est pourquoi le Parlement devra voter l'abrogation de la loi
Falloux.
La République doit aux citoyens français Légalité et la justice. Elle les réalisera tout
d’abord devant l’impôt. Le système actuel d’impôts reste léger aux riches, trop lourd aux
pauvres; il pèse surtout d’un poids énorme sur l’agriculture et le domaine rural. L'impôt
progressif sur le revenu net réparera cette injustice en proportionnant plus équitablement
les charges. Il constituera essentiellement le grand dégrèvement des c mpagnes et delà
propriété rurale, écrasée à l’heure actuelle par la criante iniquité de P impôt .oncier, dont il
permettra de réaliser la suppression.
La République doit encore établir Légalité devant l’impôt du sang par la réduction à
deux ans du service militaire, qui pèse de son poids le plus lourd sur la classe laborieuse
des campagnes et des villes ; Légalité aussi devant la justice, èn allégeant par une procé¬
dure plus simple, plus rapide et moins coûteuse, « l’impôt sur les procès », qui ménage les
plaideurs riches et écrase le plaideur pauvre sous des frais de justice exorbitants.
La République, enfin, doit aborder résolument Létude et la solution des grandes ques- [
tiens sociales, étendre sa protection bienfaisante sur la classe laborieuse par un ensemble ;
d’œuvres de prévoyance et d’assurance qui, complétant le généreux effort de la mutualité, j
préviendront et répareront à Lavenir tous les risques sociaux, chômage, maladie, vieillesse.
L’un des premiers actes de la législature prochaine devra être d’organiser enfin la caisse
générale des retraites ouvrières, aussi bien pour les travailleurs agricoles que pour les tra¬
vailleurs des villes.
La main-d'œuvre française a besoin d’être protégée. L’épargne et le travail de l’ouvrier
devront être garantis contre Laccaparement de la haute finance, contre les manœuvres
d’agiotage et la domination sans cesse croissante des pouvoirs d’argent. Défenseur de la
propriété individuelle, c’est pour la mieux affermir aux mains de ceux qui la possèdent que
je suis partisan de mesures législatives empêchant la constitution de grands monopoles
particuliers ayant le caractère de féodalités nouvelles ; je pense donc qu’il faudra faire ren¬
trer dans le domaine de LÉtat certains grands monopoles et services publics, tels que les
mines, chemins de fer, canaux, au fur et à mesure que l’exigeront les intérêts de la
production agricole, comme ceux de la production industrielle et de la défense na¬
tionale.
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a» 1162
La défense viticole :
Propriétaire-viticulteur et représentant, au Conseil général, de populations exclusive¬
ment viticoles, j’ai depuis longtemps, vous le savez, dévoué mon effort à l’étude des causes
multiples de la crise qui nous a si cruellement atteints et à l’examen des mesures capables
de prémunir la viticulture contre le reiour d’un semblable et si douloureux phénomène
économique. Je vous ai, dans mes réunions, exposé le résultat de mes travaux et de mes
recherches; j’ai dissipé les équivoques et les mensonges propagés au sujet de la crise dans
le pays au moyen de statistiques fausses, de chiffres erronés, d’affirmations impudentes et
d’arguments de mauvaise foi. _
La viticulture doit être protégée dans le présent et dans l’avenir par un ensemble de
mesures, par une série de réformes constituant un programme de défense précis, net et
complet. Ces mesures et ces réformes, je les résume :
1. Répression des fraudes sous toutes leurs formes par la stricte et vigoureuse appli¬
cation des lois existantes. ,
Vote immédiat par la Chambre de la loi, déjà votée par le Sénat, qui réprime sévère¬
ment les falsifications des denrées agricoles et notamment du vin.
2. Extension nouvelle donnée au marché de la consommation du vin en France; sup¬
pression radicale des droits d'octroi ; diminution et unification des tarifs de transports ;
établissement d’un tarif commun à base kilométrique décroissante ; distribution quoti¬
dienne de vin au soldat, avec latitude, pour les ordinaires, de faire des achats directs et de
gré à gré avec les propriétaires ; facilités plus grandes données aux récoltants pour parti¬
ciper aux adjudications de fournitures de vivres pour les services publics.
3. Extension du marché extérieur par le renouvellement des traités de commerce ac¬
cordant à nos vins des tarifs de douane plus avantageux.
If. Modification du régime des alcools; établissement d’une taxe différentielle sur¬
taxant l’alcool d’industrie destiné à la consommation, afin de restituer le marché à nos
eaux-de-vie ; primes à la dénaturation des alcools d’industrie allant aux usages industriels;
stricte application de l’article' 8 de la loi de 1872 sur les acquits de couleur; suppression
de l’article 10 de la loi des boissons en ce qui concerne la distillation des vins.
5 . Crédit agricole réorganisé sur des bases plus larges et plus démocratiques -, créa¬
tion de caisses d’assurances agricoles avec le concours de l’Etat; faculté plus grande donnée
aux caisses d’épargne de faire emploi de leurs fonds en faveur des caisses de crédit
agricole ; modification de la loi sur les warrants dans un sens plus favorable à ia vit!
culture. , .
6. Mesures générales intéressant l’agriculture : création de chambres d agriculture,
servant d’intermédiaire entre l’agriculture et les pouvoirs publics; réfection du cadastre;
diminution des frais de mutation pour la moyenne et la petite culture; réforme du
régime hypothécaire; révision de la loi sur la chasse et la pêche dans un sens plus démo¬
cratique, l
7. Dégrèvement de la propriété foncière dans ^arrondissement de Narbonne par une
nouvelle évaluation parcellaire.
Mes chers Concitoyens,
IL faut parler net et faire tomber les masques. Vous avez à choisir entie nous et des
adversaires incapables d’avouer la politique qu’ils servent et qui, par leur résistance égoïste
à toutes les réformes, sont largement responsables des maux dont vous avez souffert. Vous
avez à choisir entre ceux pour qui le mandat électif ne peut être qu’une simple fonction
honorifique, et ceux qui veulent au contraire consacrer à P exercice de ce mandat et à la dé¬
fense de vos intérêts une fidélité infatigable et le dévouement passionné d un coeui qui
a partagé vos peines et vécu vos souffrances.
là
— 406 —
Depuis près de quatorze ans, par la plume et par la parole, j’ai lutté sans trêve pour
vos aspirations démocratiques et pour vos besoins économiques.
Au sein de Passediblée départementale, fai défendu sàns défaillances les intérêts géné¬
raux de notre circonscription. Au Parlement, je consacrerai à la même tâche toute Parieur
d’une conviction ardente et profonde, et toute Pènergie d’une volonté résolument indépen¬
dante et libre.
Vive la République démocratique éï sociale î
Albert SAEEÀUT,
Docteur en droit, propriétaire-viticulteur,
Conseiller général du canton de Lézîgnau,
Membre de la Société démocratique
d’encburageinent à PAgriculture;
— 107 —
N* 1162
AVEYRON
Circonscription d’ESFALION
M. MÀSSÀBÜÀU
Élu au 1er tour de scrutin* — 7,256 voix.
Mes chers Concitoyens,
Vous m’avez élu, il y a quatre aps, pquf ^éfpitdfre toutes, Iqs gp\ §qqt la base de
la République et protéger Fa^mée contre les entreprises du sypçiic^ ïgdéq-maçonq|qpg
formé pour réhabiliter Dreyfus. Malgré les manoeuvres d’un ministère constitué $ans |||
unique bnf, le traître fut condaniqé une secqpde fois.
Alors, pour se maintenir au pouvoir, Waldçcjç-Rqussqau, squs prétexta (Je dqfendrq
la République, se mit à la compromettre, malgré les protesf^îqqs de scs anciens amis
Ribot, Méline, Charles Ferry, Renault-Morlière et de Marcère, qui furent avec Gambetta
les pères de la République et parmi lesquels seront choisis sûrempRt (e£ iqipistres de
demain.
Çes républicains, et ceux qui, comme moi, les suivaient, furent mis à Finrîex*
Et pour gouverner sans nous, M. Waldeck-Rousseau fit appel à ces socialistes qui vou¬
laient également partager et l’ usine des villes et le champ deux fois sacré que le paysan a
reçu de ses pères et qu'il transmet à ses enfants k force dé privation et de travail*
Cette majorité factice, qui, quoi qu’il arrive, ne se retrouvera plus dans deux mois, a
voté
1° La lot sur les boissons qui a ruiné pos compatriotes parisiens ty accru le déficit;
T La loi contre les Congrégations par laquelle, malgré la promesse ijypqçnte d’une
autorisation toujours révocable, vous verrez vos frères et vos sçpurs chassés de leur cquvqnt
Fun après Fautre, et sans bruit venir successivement vous réç|aiqey Jpur place au foyep ;
3° La loi prescrivant dans trois ans l’expulsion des soqurs eqsdgnantps de tqqtes yqq
écoles publiques.
Et, dans la prochaine Chambre, les frapcs-mqçoqs qui soutiennent le mmjstèçe
comptent faire voter le stage scolaire jpaginé par M. Wald^k-Rousseau pour suppr^pp îq
droit du père d'élever son fils à sa guise et interdire le§ fppctions publiques aux éiqve^
frères et des sœurs.
Et comme la politique jacobine amène toujours le déficit, il leur a spfli de depx ans de
pouvoir pour élever ce déficit à 345 millions (Rapport général au Sénat, par A* Dubq^t) alor^
que le budget de 18?q, préparé par le ministère Méïine, avait dqnné 76 millions d’excé-
dental Nous courons ainsi à la banqueroute et à la rqiqq.
Le pays comprend si bien le péril qu’il sc lèvq ppiir le cqn jurer, flqqs un élan incoqqq
depuis 1871,
Néanmoins, la faction qui nous opprime p[étqn$ s'imposer de force. Promesses,
menaces, délations, intimidations et mensonges de tout genre sont mis en oeuvre par ces
— 108 —
gens qui jouent leur dernière carte, et avec lesquels les fonctionnaires auraient tort de se
solidariser.
On me combat ainsi parce que, suivant le vœu de la majorité du Conseil général et
celui de mes électeurs, jTai défendu, avec tous nos députés, un seul excepté, la liberté de
conscience combattue par le ministère dont M, Talon est aujourd'hui le porte-drapeau.
Pour ne pas heurter de front nos populations amies de l'ordre et jalouses de leurs
croyances religieuses, suivant un mot d'ordre partout habilement exécuté, ce candidat
nouveau fait taire les amis compromettants, prêche partout la modéraiion et promet la
liberté.
Car, ce que l'on veut avant tout, c’est notre défaite qui serait le désaveu par nos élec¬
teurs de nos si vives protestations, l'absolution de la conduite du ministère et l'encourage¬
ment formel à continuer.
En face d'un adversaire qui persiste à rester le candidat de l'équivoque en arborant
d3un c6té mon programme et en se proclamant de l'autre l'homme de ce ministère dont il
approuve sans réserves tous les actes dans sou journal, en Face de cet homme qui veut
être à la fois chien et loup, je vous dirai : Si le Gouvernement voulait réellement autoriser
les Congrégations, il l'aurait fait avant les élections et ne nous aurait pas laissé cette arme
redoutable. L’expulsion des sœurs est seulement différée dans un but électoral I
A vous tous qui aimez les déclarations nettes et les situations franches, je dirai encore :
Si vous approuvez le louche syndicat qui depuis bientôt trois ans, pour l'unique profit des
Francs-Maçons et des Juifs, persécute nos croyances, désorganise notre année, ruine nos
finances et veut accaparer la République en faisant élire une Chambre à sa dévotion , votez
pour mon adversaire.
Sit au contraire, vous voulez la liberté de conscience et l'indépendance du vote, ta
défense des contribuables contre les hudgétivores, le peuple maître dans la République
affermie, votez pour moi qui serai avec le ministère de demain.
Chers concitoyens,
Dans l'ardeur de la lutte, je n'ai pas oublié ce coin du Rouergue, où je suis né, et que
je représente.
Après trois ans d'efforts, j'ai obtenu pour notre département, sur la cote mobilière, un
dégrèvement annuel de 80*000 francs qui s'ajoute à celui toujours maintenu sur les petites
cotes.
Le chemin de fer d’Espalkm, juste réparation d'une trop longue injustice, serait, vous
disait-on, il y a quatre ans, privé de toute subvention si j'étais élu. L’inscription au budget
de trois millions cinq cent cinquante mille francs de crédits, qui permettent de travailler
sans relâche à cette ligne dont les derniers lots doivent se terminer dans trois ans vous
prouve ce que valait cette affirmation.
J'ai obtenu du Ministre des Travaux publics la mise à fétude de la rectification de la
route d'Espalion à Laguiole, complément indispensable de la voie ferrée.
J'ai dénoncé à la tribune l'entrée dn bétail italien, rétablie par ce traité qu'a fait voter
malgré nous M. Délaissé, et que des tarifs de chemin de fer dont j'ai demandé la révision
transportent meilleur marché que le bétail du pays. Pour seconder nos vaillants viticulteurs
dans la crise qu'ils traversent, j'ai été Pua des promoteurs du vin aux soldats.
Père de famille comme la plupart d'entre vous, je veux îe service militaire d’un an qui
avec un noyau de rengagés fera une armée forte tout en rendant à la terre ses travailleurs
deux ans plus tôt.
J’estime qu’avec un budget qui dépasse trois milliards et demi le Gouvernement doit se
suffire, avec un peu d’ordre et d’économie, et je ne cesserai de protester contre le gaspil¬
le et l’accroissement des dépenses, car c’est en deimier lieu la masse des paysans qui
payera toujours les places et les faveurs promises à quelques privilégiés.
Le dégrèvement des impôts qui écrasent l'agriculture vous était promis il y a quatre
N* U 62
— 109 —
ans par nos adversaires, qui, une fois nommés, n'ont plus pensé, malgré nos réclamations,
qu’à persécuter les Congrégations* Ce dégrèvement, nous le ferons par des économies.
4 Je continuerai, en outre, comme par le passé à faire aboutir vos revendications, bien
que certains proclament mon impuissance avec la même inconscience qui leur fait affirmer
au pays que 1* attitude politique de ses représentants Ta privé de chemins, tandis qu’ils che¬
minent sur ces belles routes ouvertes [par nos devanciers et dont nos amis du Conseil
général complètent sans cesse le réseau*
Les secours aux églises et presbytères, les concessions de livres et de matériel aux
écoles publiques, les nombreux services rendus à ceux qui m'ont sollicité prouvent que j'ai
su faire triompher les justes revendications*
À vous maintenant de me juger*
Entre la dictature d'hier et la République libérale de demain, vous choisirez aisément,
et vous irez aux urnes, avec la France entière, pour vous affranchir d'une tyrannie sectaire
et assurer le triomphe de la République pour tous et le règne de la liberté.
J. MASSÀ13UAU,
Avocat au barreau d'Espalion, Député sortant.
Circonscription de MILLAU
M* BÀLITRÀftD
Elu au 1er tour de scrutin* — 8*255 voix,
La lutte qui va s'engager sera décisive pour les destinées de la République, à laquelle
toutes les Réactions coalisées s'apprêtent à livrer un furieux assaut. M'osant plus l'attaquer
de front, elles empruntent l'étiquette républicaine pour surprendre votre vigiiance. Mais la
Démocratie saura déjouer le piège; et reconnaissant dans les rangs de nos adversaires tous
les ennemis de la République, d'un revers de sa main puissante elle fera sauter leur
masque et jettera à terre leurs perfides combinaisons*
Les Républicains de l'arrondissement de Millau m'ont confié, cetle fois encore, la
garde du drapeau menacé* C'est en leur nom que je viens de nouveau faire appel à votre
concours et solliciter vos suffrages*
je n'aurais rien à retrancher de mon programme de 1898, si plusieurs des réformes
qui y étaient inscrites n'avaient été accomplies au cours de la dernière législature* II faut
citer notamment la loi du 26 février 1901, qui, en opérant la déduction du passif dans le
calcul des droits de succession, a réalisé un dégrèvement évalué à 63 millions par an au
profit des petits héritages; et la loi du 29 décembre 1901, qui a presque complètement
dégrevé les boissons hygiéniques*
Parmi les questions qui restent pendantes, je persiste a placer au premier rang celle
de l’impôt sur le revenu.
Suppression de l’impôt foncier, de l'impôt des portes et fenêtres et de la contribution
personnelle-mobilière ; remplacement par un impôt général et progressif sur le revenu,
supporté seulement par les contribuables ayant plus de 2*500 francs de revenu net : telles
sont les grandes lignes de cette réforme, qui nous dégrèverait dans l'Aveyron de la moitié
au moins de nos impositions*
Je prends formellement, sans restrictions ni réticences, l'engagement delà voter* Si l'on
me présente un projet qui me semble défectueux, je ne dirai pas, comme d'autres : Il est
m
mauvais, repoussons-le, — Non t Je dirai ! S’il est imparfait, corrïgeons-le; unissons nos
efforts pour l’améliorer, mais donnons enfin au peuple, aux paysans et aux ouvriers, cette
réformé, si impatiemment attendue!
Je voterai également la loi sur les retraites, qui est déjà venue en discussion devant la
Chambre, mais que les manœuvres réactionnaires ont aussi réussi à faire ajourner.
Mon concours est également acquis à toute proposition ayant pour but ;
L’allégement des charges excessives qui pèsent sur l’Agriculture ?
L’organisation et le développement du Crédit agricole ;
La suppression des primes allouées aux grands raffmeurs de sucres;
L’extension des droits et de la capacité des syndicats professionnels, et en général toute
mesure propre à favoriser îa mutualité, l’assurance, la prévoyance et à prévenir les inconvé¬
nients du chômage ;
Le règlement amiable des différends relatifs aux conditions du travail;
La réduction des gros traitements et la suppression des emplois inutiles;
L’amélioration dp sort des petits employés et particulièrement celui des instituteurs
publics, par une loi assurant à ces vaillants pionniers de J’œuvre républicaine une situation
digne de leurs services;
La protection de la liberté du vote et la répression de la corruption électorale ;
La réduction à deux ans de la durée du service militaire, déjà adoptée en principe par
la Chambre des Députés;
La suppression des treize jqurs e| la y^duction des vipgt-ijuit jours .
Eu ce qui concerne la question religieuse, dont nos adversaires cherchent à faire un
instrument d’agitation politique, je me déclare partisan sincère de la liberté de conscience,
héritage sacré de la Révolution française que la République a toujours respecté; je crois à la
nécessité du maintien du Concorda^ J'estimp sçulcmpqt que le domaine de la Religion doit
être séparé de celui de la Politique, et que 1 Etat a le droit et le devoir de prendre les
mesures nécessaires pour assurer la défense des institutions républicaines et la suprématie
du pouvoir civiL
La loi Falloux devra être abrogée, et remplacée, non par un monopole d’Éta| qui serait
une atteinte à la liberté, mais par des dispositions législatives instituant, dans les établis¬
sements d’enseignement libre, le contrôle effectif de l’Etat et l’égalité des gradps univer¬
sitaires.
Si j’envisage enfin notre politique extérieure, je crois que le pays doit se féliciter de la
manière dont elle a été conduite dans ces dernières armées. Tous les bons Français ont vu
avec bopheur se resserrer chaque jour davantage les liens qui nous unissent à la Russie’
La dernjère visite du Tzar en France, les grandioses revues de Dunkerque et de Bêtheny,
ont permis à nos alliés et au monde entier de juger de la puissance et des progrès continus
de not|e admirable armée, objpt de la constante sollicitude do Gouvernement de la Répu¬
blique. Enfin le prochain voyage du Président de la République en Russie, va donner à
l’alliance franco-russe, une nouvelle et éclatante consécration. Mon concours eït acquis à
cette politique qui, tout en assurant la paix de l’Europe, a rendu à la France son rang dans
les conseils du monde.
Tel est, mes chers concitoyens, le programme que je défendrai, si vous m’en confiez
le mandat. J’ai la profonde conviction qu’il répond aux aspirations’ de la grande majorité
du rmvfi. fit rme ta scrutin rln 9*7 ^ 1 ™ . . ^ ,
du pays, et que le scrutin du 27 avril se terminera par une magnifique victoire
blicaine.
Vive la République démocratique I
André BAJMTRANJ),
Avocat, Conseiller général du canton de Millau.
141 —
N® «62
1'* circonscription de RODEZ
M. LACOMBE
Élu au 1er tour de scrutin. ~ 7.682 voix.
Mes chers Compatriotes,
Égaré par d’odieux mensonges et falsifié par une scàndalfetisé pressibn, le Scrutin de
1898 m’éloigna momentanément de la Chambre des Députés, où j’avais fait œuvre Utile et
rendu quelques services à mon pays.
Poursuivi, même après la défaite, par lé plus incroyable acharnement, j’ai réussi à
faire éclater la vérité et à triompher de mes persécuteurs.
Les juridictions administratives et judiciaires les plus élevées l’ont reconnu, ainsi que
mes concitoyens de Rodez, dont vous connaissez les verdicts éclatants et répétés.
Ces circonstances m’ont imposé le devoir de m’arracher à un repos bien gagné, pour
entreprendre une nouvelle campagne qui, tout en récompensant l’héroïque fidélité de
6.Ü00 électeurs, va permettre à tous ceux dont la conscience fut un moment troublée de
coopérer librement à une œuvre de justice et de réparation.
C’est dans ces conditions, essentiellement honorables, que je viens faire appel à votre
bienveillant suffrage.
Ne pouvant rééditer leurs accusations contre l’honnêteté de ma vie, mes adversaires
voudraient me faire passer pour un démolisseur d’églises et un destructeur de couvents :
mensonges et calomnies! Les trompeurs de 1898 n’ont pas perdu l’habitude de mentir i ils
ont changé la formule, voilà tout.
Un coup d’œil donné sur les édifices et les couvents de la ville de Rodez, que j’admi¬
nistre depuis seize ans, et sur les églises netlvés et restaurées de nos communes suffit pour
constater que jamais le culte religieux ne fut plus libre, ni mieux subventionné : rien ne
sera changé à ce régime.
Ajoutez à cela que je ne suis ni un impie, ni un franc-maçon, et que je suis en train
de poursuivre, devant les tribunaux, les journaux qui m’ont donné cette dernière qualifi¬
cation, dont on fait un épouvantail absurde mais diffamatoire. Jouissant de ma pleine
liberté, je n’obéis qu’à ma conscience.
De son côté, le Gouvernement, respectueux des décisions judiciaires et de la volonté
des électeurs, a mis fin à la politique tracassière qui déchirait notre pays. 11 a reconnu ses
véritables amis ; pour eux s’ouvre une ère d’influence conciliatrice et pacifique dont leurs
concitoyens profiteront.
Vous n’attendez pas de moi un programme détaillé. Ma vie d’homme publie, tout
entière consacrée au service de mes concitoyens, est ma meilleure caution.
Relisez dans ie Courrier l'expoàé complet fait, il y a qüatre ans, de nies travaux légis¬
latifs ; vous y verrez que je fus à la Chambre l’un des promoteurs de l’impôt global et
progressif sur le revenu, du service de deux ans avec Suppression des dispenses, et dé
nombreux projets inspirés par l’intérêt que je porte à la cause des travailleurs et du petit
cultivateur, tels que la réduction dü taux légal de l’intérêt et les dégrèvements des charges
qui pèsent sur les familles nombreuses.
Deux questions sont venues depuis à l’ordre du jour : celle des Associations et celle de
l’Enseignement secondaire.
La loi de 1850 ne répond plus aux nécessités sociales présentes. Je voterai sa révision
— 112 —
dans 1© sens le plus démocratique et aussi pour fortifier les droits de l'État par l’égalité de
grades et i'uniférmité de contrôle,
La loi sur les associations n’est pas une mesure révolutionnaire; elle placera les
congrégations dans une situation régulière et légale qui leur donnera des garanties qu’elles
n'avaient pas. Elles Font compris, puisqu’elles se sont conformées à la loi en demandant
immédiatement V autorisation, qui ne leur sera pas refusée. Ceux qui vous disent ou écrivent
le contraire vous trompent pour essayer de troubler vos consciences h la veille du vote.
Chers Concitoyens,
Vous irez au scrutin en hommes libres, éclairés et conscients de leurs devoirs.
Effacer l’œuvre néfaste des calomniateurs de 1898 ; réparer leurs injustices atroces,
voter en même temps pour un homme influent, utile et conciliant, telle est la tache magni¬
fique et l’œuvre sainte qui vous est dévolue.
Je sais que vous n’y faillirez pas.
Le scrutin du 27 avril sera la revanche du droit et le triomphe de la vérité.
Veuillez agréer, chers Concitoyens, l'assurance de mes sentiments toujours dévoués.
Vive la République î
Louis LACOMRE,
Avocat,
Propriétaire-Agriculteur,
Maire et Conseiller général de Rodez ,
Chevalier de la Légion d’honneur.
2e circonscription de RODEZ
M, GAFF1ER
Élu au 1er tour de scrutin. ■— 8,607 voix.
Mes chers Concitoyens,
La forme du Gouvernement n’est plus en discussion, la République est définitivement
fondée, elle est intangible.
Il s’agit seulement de choisir entre deux Républiques :
L’une libérale, décentralisatrice, économe des deniers du contribuable;
L’autre intolérante et sectaire, entrant dans les voies du collectivisme, accroissant
constamment les fonctions de l’État, créant des monopoles publics, augmentant Le nombre
des emplois, et, par voie de conséquence, faisant peser sur le pays des charges de plus en
plus lourdes qu’il ne pourra bientôt plus supporter.
Entre ces deux Républiques mon choix n’a jamais été douteux; vous avez mes votes
pour me juger.
En 1898, j’ai dû mon élection aux laboureurs et aux vignerons; c’est à eux qu’en toute
confiance je viens demander le renouvellement de mon mandat.
Je veux qu’ils soient libres dans le choix des éducateurs de leurs enfants; je repousse
le stage scolaire.
— 113 —
N° 1162
Je veux que plus tard le service militaire leur garde ce3 mêmes enfants le moins de
temps possible et j’ai voté le principe de la réduction à deux ans du service militaire, sous
réserve des mesures à prendre pour ne pas affaiblir la force de l’armée, sauvegarde de notre
indépendance.
Au point de vue des intérêts matériels, je veux le maintien des droits protecteurs et
la péréquation des charges qui pèsent sur les immeubles ruraux et sur la fortune mobilière.
Dans les scrutins des 21 novembre 1890 et h juillet 1901, j’ai voté la discussion immé¬
diate de l’établissement d'un impôt sur le revenu.
Au cours de la législature, je me suis spécialement occupé de deux projets intéressant
notre région et je suis intervenu à la tribune pour les faire aboutir :
1° Le dégrèvement des vignes phyiloxérées et non replantées, dégrèvement voté par
la Chambre, mais que le Sénat n’a pas encore adopté;
2° L’augmentation des crédits destinés à la construction de nos chemins vicinaux.
Je continuerai à poursuivre la réalisation de ces deux mesures.
Comme par le passé, vous me trouverez obligeant et serviable envers chacun de vous.
Votre Député sortant,
E. GAFFIER.
Circonscription de SAINT-AFFRIQUE
M. de CASTELNAU j
Élu au 1er tour de scrutin. — 7.729 voix.
Mes chers Compatriotes,
Je viens solliciter vos suffrages pour avoir le droit de vous servir et de servir mon pays.
Voilà toute mon ambition !
M' n programme, vous le connaissez. Je l’ai exposé dans toutes les communes de
l’arrondissement.
Vous savez que vous n’avez pas à trancher une question de forme de gouvernement.
La République n’est pas en cause.
Elle est, ta France la veut, je la veux avec elle.
■Il s’agit de savoir : si la liberté pour tous, si l’égalité de tous les citoyens devant la loi,
si le respect des droits les plus sacrés des consciences, resteront la base de nos institutions
républicaines, ou si, se mettant en contradiction avec leur nature, elles deviendront un
régime de despotisme, d’intolérance et d’anarchie !
C’est à vous de résoudre la question !
Voulez-vous que la République soit la négation de toute idée religieuse ?
L’onnemie irréductible delà liberté d’enseignement sous toutes ses formes?
La destruction de toutes nos congrégations religieuses et de toutes nos écoles libres?
L’organisation de la ruine de toutes les forces vives de la patrie : agriculture, commerce,
industrie, travail, armée?
Et le triomphe prochain des doctrines du collectivisme qui consommeraient la destruction
du pays?
Ou voulez-vous, au contraire, que, soustraite au joug des sectaires, elle devienne :
Le règne de la vraie liberté et de la paix des consciences?
15
— 114 —
L’instrument de la prospérité nationale par une sage gestion de nos finances, actuelle¬
ment en désarroi, et ^allégement dés charges écrasantes qui pèsent sur vous?
La pacification des conflits sociaux par l’amélioration progressive du sort des travail^
leurs, l'assurance de leur avenir, le respect de tons leurs droits!
Et enfin, la sauvegarde suprême de l'idéal de Patrie, ciment nécessaire d5un peuple qui
veut rester grand et fort !
A vous de répondre !
A vous de choisir ;
Entre une politique néfaste, la politique jacobine et rétrograde, qui atteint tqutes vos
libertés, les droits de vos consciences et vod intérêts les plus précieux ;
Et la politique libérale et progressive qui veut vous conserver intact le patrimoine
de 1780;
Défendre tout ce que vous avez de plusr citer ; î
Marcher en avant par la liberté et la paix de tous vers le développement pormai de
notre régime démocratique ;
Et assurer à l'intérieur et à l’extérieur les nobles destinées de la fortune de la France
par la stabilité et l'honnêteté de ses institutions.
Inspirez-vous sans crainte de votre amour et de votre dévouement envers notre bien-
aimé pays et marchez au scrutin comme un seul homme aux cris de ;
Vive la Liberté !
Vive la vraie République française !
Léonce de CASTELNAU.
1T0 circonscription de VILLEFRANCHE-DE-ROUERGUE
M. CIB1EL
Élu au 1er tour de scrutin. — 7.008 voix
Mes chers Concitoyens, 1
* V v „
Depuis trois ans, une majorité néfaste s'est formée dans la Chambre des Députés et
maintient au pouvoir un ministère qui compromet gravement les intérêts vitaux de notre
pays.
Devant le danger qui menace !a France par la désorganisation de l'armée, par le
gaspillage et le désordre dans les finances, par les attaques contre toutes les libertés, — il
ne s’agit plus que de la défense de la société et du salut public. La question de forme gou¬
vernementale ne peut être posée. La République demeure hors de discussion.
U ne reste en présence que deux partis :
D'un cété, la coalition des radicaux, socialistes, collectivistes, qui ont toujours soutenu
ce funeste ministère Waldeck-Millerand et sont aujourd'hui ses protégés et ses candidats
officiels ;
De l’autre, T union de tous les hommes d’ordre, de liberté et de progrès, républicains,
libéraux, conservateurs de toute nuance, confondus dans la patriotique pensée d’arracher
la France à la tyrannie sectaire de ceux qui l’oppriment et la ruinent.
Entre les deux programmes, le choix ne peut être douteux : en ce qui me concerne, je
n’hésite pas, et, ainsi que je Tai fait jusqu’ici, je suis disposé à soutenir tout ministère
_ |jg _ N° 1162
moasrS qui donnera d« »êri,u»e» gsranti.» k ion» lea grand» intérêts socianr menacés O»
déii compromia. conscience, pour la liberté absolue de père de (amille de
je suis pour . fantg . _ r le ^oit d’association reconnu a tous,
aux^aïques^omme aux Congrégations religieuses elles-mêmes ; - P^r |a Pr^cct^n ^S
SêTreligieux; - pour l’égalité de tous devant la loi comme devant les charges
PUl)' Jeveux que l’armée, maintenue en dehors de toute politique, cesse d’être en botteaux
vexation^ et à ta délation dont elle est depuis trop longtemps victime et qu’elle pu sse se
consacrer en paix à sa grande tâche, la protection du territoire et le maintien du près ic
la ^Désireux d’alléger les charges si lourdes que le service militaire fait peser sur nos
oonuïïüons V serai heureux de soutenir tous les projets ayant pour but la diminut.on de
la durée du service militaire et des périodes d’instruction, et que les chefs de 1 armee juge-
teSOL°am«foia”tUin du sort de tous les ouvrière agricole» et industriel» par la création de
de retraite et l'extension dé la mUtualité-j
" poursuivrai l’allégement des charges qui pèsent Si lourdement sur tous les contn-
huables et surtout sur les populations rurales; et déjà, par la modilicat.on de la repart, ion
de U contribution mobilière, que j’ai votée, le département de l’Aveyron a bénéficié
dégrèvement de 82.000 francs. C’est peu de chose, sans doute; mais de plus grand
notre système financier sont possibles, et je mettrai tous mes efforts aies
’ïireja‘ OTuvitrè. juste de soumettre il-impot toute» le» diirérente» souk.» de rerenu».
truelles au’elles soient : mais je considérerais comme une souveraine imprudence 1 établisse-
ment de Pimpôt global progressif, préconisé par les socialistes-collectivistes. Let împo
Terait le prélude et l’instrument tout trouvé de la confiscation des fortunes privées, par eux
poursuivi*^ il amènerait fatalement l’émigration des capitaux français à » * *
grand préjudice de l’agriculture, de l’industrie et du commerce, déjà si fortement éprouvés,
5K les intérêts et enlèverait au pays le calme si nécessaire au développement
de sa prospérité intérieure et de sa légitime influence dans le monde.
Mes chers Concitoyens,
Dans l’exercice du mandat dont vous m’avez honoré depuis de longues années, je me
suis toujours inspiré de ces principes d’ordre, d’économie, et de sage bberté _ J a ia
conscience d’avoir servi vos intérêts de tous'mes efforts et de tout mon dévouement, et de
n’avoir pas démérité de votre confiance .
J’espère que vous voudrez bien cette fois encore me la témoigner en ma
suffrages.
Votre tout dévoué*
Alfred CIBIEL,
Député sortant.
- 116 —
2" circonscription de VILLEFRANGHE-DE-ROUERGUE
M. MARUÉJOULS
Élu au lcc tour de scrutin. — 7.630 voix.
Mes chers Compatriotes,
J'ai l’honneur de solliciter de votre confiance, éclairé e le n»T u ,
e?votre0nomUe ^ ^ d°1S’ ^ ren0uveilemeDt du mandai que j’exerce depuis treize ans
n ai pas voûlii, dans les cirron^fan^e ° 5 ^ c croiSj kien remplie; mais je
mois «Murent me. ac es ms^rs/mtTTnto'r'^e.mo^lf ’ ““ <leP"i! P’“!
vouli, m’adresser dires, amen, à vo' .™.S üS. „Z ' ' ' P™ W
sympathie, de confiance et, je puis le dire aussi, de iesplcl a tant de
Le grand, grief que mes adversaires m’imoutent , i
Ste'"-* P“> “» « ’«« ™P-«r?Sf “
IniurSs^^èïÜI, e ’ ‘ ft ‘Tm0ir : ,es Cl“e“ra
congres, les scènes scandales 3-mS Si !“ t i Mp"bli’"e an sortir du
sa canne sur îe Chef de l’État avec nrrr.iw™ i 10 Jeieau put se permettre de lever
tort Chabrol s’élevant comme Tm "-f* '«
Reuilly Où l’on essayait d’entraîner ven l’FK^L L v" teulatrve du coup d’État de
tion violente des réunions publkmes et de il' pcnÉral a Ja Jête de ses troupes, I’agita-
civiîe. Nous avons cru qu’il était de notre devoir dW ressem ’iait au P™logue d’une guerre
bout ceux qui acceptaient la re-morsaHHm m i er’ de EOUlemr) de défendre jusqu’au
no lo regrettons pas, SKEÏÏ&'ÏÏÎÎ £. “ * T* * *»» *"
qui, dans des conjonctures parfois difficile^ * minti ei Juser les votes de ceux
défendre l’État republi a L danf r ^ T *a* Ie Pre^' devoir était de
momentanés. P “ ' ‘‘a“ h Pm0Me «“ 9“‘ « épient les représentants
Ceci, c’est le passé.
matériels à il veme î1' * “"“f
pouvoir, quoi qu’il arrive, au ministère de demain, P paSÊCra le
Pour préparer cet avenir prochain, il faudra d’abord décider si la Fru,™ 7
TSTT fc ””~'
s, elle vent commuer son ce„„e fie pr è ' (HfcadpXrnSST** “
fie fi IZ ™ 18 Ch°" ’ j'BSPêre *“ s'“ » » ^ aura irCs peu
Quant é moi, je resterai ce que je suis depuis treize ans:
Adversaire des idées communistes ou collectivistes mie ïp
partisan au contraire fie ,a propriété privée, nettemeni Ses, lie auf moy^ vmitte" emi
11 i
N° 1-162
politique de surenchère, mais passionnément préoccupé da progrès, et avant tous les autres
du progrès social.
Je l'ai suffisamment prouvé, soit au Parlement, comme rapporteur des principa’es lois
ouvrières, soit au Conseil supérieur du Travail où j'ai ôté envoyé par la désignation una¬
nime de mes collègues de la Chambre, y compris ie groupe socialiste, soit dans mon passade
au pouvoir ou je fus le premier ministre qui ait déposé un projet de lbi sur les retraites
question que tous les partis depuis lors ont mis dans leur programme, que de nombreuses
commissions étudient en tenant compte des modifications que la prudence exige ou eue la
solidarité impose, et qui devra être solutionnée dans la prochaine législature.
iibené9 6t 6n particu!ier de la liberté de conscience, je veux
JLtat et 1 Eglise trai tant loyalement sous le régime concordataire ; mais, défenseur jaloux
des droits de l’État, j'ai estimé qu’il importait à la Société, telle qu’elle est issue de “a
dévolution française, de soumettre les ordres religieux à la loi. La plupart ont adhéré et
demandé à être autorisés, d’autres ont préféré se dissoudre. L’avenir dira de quel côté étaient
la prudence et la sagesse. J’estime que les véritables ennemis des congrégations sont moins
ceux qui veulent pour elles une situation legale, que ceux qui leur prêchent la révolte pour
LimTs T PMte'Xte a 0pp0Sltl0ns vmm et une raison pour éveiller et égarer à ffiur
profit les plus légitimes scrupules et les passions les plus nobles,
La France n’est ni appauvrie ni ruinée, comme on vous le répète, et son crédit est
ui qui inspire le plus de confiance dans le monde entier. C’est un motif pour examiner
. a ' q“4S a courir’ S1 la reparution de l’impôt est aussi équitable qu’on pourrait lé
Sfm >n ‘ G !' pr6occî|patl°n ^ fait voter le Principe de l’impôt sur le revenu chaque
■ ^ , ae t! ProPose a la Chambre. Nous fûmes bien peu nombreux au début 80 à
peine, c était do temps du ministère Bibot. Nous serions aujourd’hui la majorité et’ dans
“ Bioirs d° co"pter pres<i1" ,o“ ™s “»&« *> «Æ’ctfs
Il n’est pas vrai que 1 armée ne soit pas respectée dans son honneur et dans ses
mtérèis, qui se confondent avec l’honneur et l’intérêt de la nation. Il est certain au contraire
q elle, a toujours été l’objet de la sollicitude et de l’affection du Parlement Si ie me rallie
““ " faU 16 Sénat’ à la réduct‘on du «rtlce militaire à 2
e toutes les dispenses, l’incorporation des services auxiliaires, et les rengagements avec
sera pas^oins fn JT ,nf?rieBrs’ c’est parce j’ai ,a conviction profonde qu’elle n’en"
sera pas moins forte, moins compacte, moins prête à remplir tout son devoir.
natri„L'“ D’e.f pas’ ^’en disent ses détracteurs qui se déclarent cependant les
triste atatP^ axce leDC0’ URe na‘10n abaissée et humiliée. Relevée par la République du
«I» Le „ui>r “enée 183 'Mf <h' P°"ÏOir perSOmel- elle et coSid”
monde vil ? \ ““ préci*vx && de paix et repris son rôle et son influence dans ie
Mmm ' ■ aD mon Paasage aux affaires, j’ai négocié et conclu avec l’Ithlie les accords
nouveau ^ d Te n™ ? pré!l.,de de relatio:]S politiques autrefois si troublées et un gage
Ministre ** COril?h'* entre Ies deux plus grandes nations de la race lafine.
j’ai fait tons “™rcc Pendant la Penode de préparaiion de l’Exposition Universelle,
»nde f * d^a France et du mondé
pour protester f reiquement
rapporteur îh chS™ }°S^ddoûts tb travail> dont j’eus le grand honneur d’ètre le
Cèïaestfauv >« Députés’, corapor£e des charges nouvelles pour l’agriculture.
pour les ouvriers a° j*cu teurf nont nen à voir avec cette loi qui est faite exclusivement
Les agriculteurïoi0, -1'^118/1'12’/151^5’ manufaclures- mines, carrières, transports, etc., etc.
‘ri par les articles d. 'ÏÏT •“ -f1”. r"SiS comrae ils !’étaieQt avant la Promulgation de cette
a articles du Code civil qui se rapportent à cette matière.
je suis:rr:rutiell?meiit je sui3 rauach6 ‘jar tr°p de iiens ^ ««• ^
1 u entreprendre jamais quoi que ce fût qui puisse nuire à ses intérêts vitaux;
— 118 —
fai voté toutes les lois qui dans ma pensée pouvaient être profitables à l’agriculture. le
continuerai avec la même sollicitude et le regret seulement qu’il y ait parfois des fatalités
économiques qui dominent et paralysent la bonne volonté du législateur.
Mes chers Concitoyens,
L’œuvre de vos élus pendant la prochaine législature doit être de tenir en respect les
tentatives de régression égoïste, de s’adonner d’un cœur ardent à la tâche nécessaire, qui
est de travailler à la prospérité de ce pays, d’administrer jalousement ses finances, de
rétablir la paix dans les esprits, de se consacrer à l’étude des réformes démocratiques qui
sont la raison d’être de la République. J’y mettrai tous mes soins si vous renouvelez mon
mandat.
Vive la République !
Émile MARUÉJOULS,
Officier de la Légion d’honneur,
ancien Ministre du Commerce et de l’Industrie,
Président du Conseil général de l’Aveyron, ?
Député sortant,
Candidat républicain.
— 119 —
1162
BOUCHES-DU-RHONE
Ve circonscription d'AIX
M. Gabriel BARON
Élu au 2S tour do scrutin. — 6.659 voix.
Citoyens,
Je viens solliciter vos suffrages pour l’élection du 27 avril.
Vous me connaisseü. Vous savez qui je suis, quelles sont mes doctrines politiques et
mes idées socialistes. Vous savez quelle a été mon attitude dans l’accomplissement des
divers mandats politiques que j’ai exercés jusqu’à ce jour. Vous savez quelle sera la ligne
de conduite que je suivrai si vous m’envoyez à la Chambre. C’est donc en pleine connaissance
de cause que vous aurez à vous prononcer dans quelques jours sur mon nom.
Je demeure ce que j’ai été jusqu’à aujourd’hui, c’est-à-dire un républicain socialiste
fermement attaché à la défense des larges réformes dont le programme intégral de ce parti
comporte la réalisation. Je ne négligerai rien pour hâter l’heure de cette réalisation qui
doit apporter au prolétariat des villes et au prolétariat des champs plus de sécurité et plus
(I0 bien-être
Mais, en attendant que cette heure sonne, je n’aurai garde d’oublier le devoir plus
immédiat et plus pressant qui, à cette heure de danger pour la République, incombe au
parti socialiste, qui est par-dessus tout un parti d’avant-garde. Je coopérerai de toute ma
vigueur et de toute mon énergie à la défense nécessaire des institutions de liberté qui,
seules, sont susceptibles de permettre le développement et les progrès de l’idée socialiste,
tout en déclarant bien haut que je ne ferai fléchir en aucune circonstance ma conscience de
militant, et que je n’accepterai, sous aucun prétexte, de pactiser avec les féodalités finan-
cières et avec les puissances cosmopolites de For.
Fermement décidé à soutenir le programme socialiste et à défendre îa République,
je ne mettrai pas moins d’ardeur à prendre devant la Chambre la défense des intérêts
d’Àix et de sa circonscription. ...
Vous n’ignorez pas. citoyens, à quelles nombreuses et puissantes atteintes ces intérêts
se trouvent exposés. Vous ne voudrez pas confier à d'autres qu’à un des vôtres, le soin de
prendre en mains une cause qui vous tient tant et si justement à cœur.
Depuis le jour où vous m'avez fait pour la première fois 1 honneur de m’accorder votre
précieuse confiance, j’ai la conviction de d’avoir pas cassé un instant de m occuper des
grandes questions qui concernent ou la prospérité matérielle ou le prestige intellectuel de
notre cher arrondissement. En particulier les deux plus importantes, celle du Gana du
Verdon et celle des Facultés ont provoqué mon action ferme et incessante.
La réalisation du projet de tramway d’Aix-Marseille, et la suite favorable donnée
sur mes rapports, par rassemblée départementale, aux affaires intéressant la ville Aix
ainsi que les diverses communes des cantons de Gardanne, de Peyrolles et de Trets,
vous ont, d’autre part, témoigné de mon dévouement à votre cause. A ce point au vue
— 120 —
comme au point de vue politique, mon passé vous donne des garanties qui dicteront votre
devoir électoral.
Je m’adresse donc en toute confiance et en toute franchise aux bons citoyens, soucieux
comme moi de leurs intérêts, et comme moi, dévoués à la République sociale. Mon ambition
la plus haute est d’obtenir aujourd'hui leur cou fiance, comme elle sera demain de
mettre toute l’ardeur de mon ame à remplir dignement le mandat qu’ils m’auront
confié.
Vive l'arrondissement d’Aix I
Vive la République sociale î
Gabriel BARON,
Conseiller général du canton Nord d’Aix,
Candidat de la Fédération départementale socialiste*
2e circonscription d’AIX
M. Camille PELLETAN
Elu au 1er tour de scrutin, — 7.371 voix.
Citoyens,
Après avoir eu pendant 21 ans, l’honneur de vous représenter à la Chambre, je viens
vous demander vos suffrages pour la sixième fois.
Jusqu’ici, chacune de nos élections avait été marquée par des luttes acharnées.
Aujourd’hui nos adversaires n’osent plus affronter le combat. Cela prouve que ni vous'
ni moi, n’avons laissé à personne l’espérance qu’on ferait fléchir notre fidélité au drapeau
de la démocratie. r
Je n’ai pas à vous parler de nouveau de mon programme. La première fois que je
suis venu à vous, j’ai tenu à honneur de me lier par un mandat impératif dont vous
vous rappelez les clauses. C’est le programme républicain radical-socialiste et anticlérical ;
celui que nous a légué la Révolution ; celui que nos pères défendaient jadis sur les barricade*
au temps des monarchies déchues ; celui dont la République doit au pays la réalisation
trop longtemps attendue.
Il contient toutes les revendications destinées à égaliser les impôts, â assurer le pain
de la vieillesse aux travailleurs, à faite prévaloir la cause des intérêts populaires agricoles
et ouvriers, sur celle des intérêts privilégiés ; à désarmer les entreprises incessantes de
i bghse catholique contre l’Etat laïque ; et à affranchir notre démocratie du honteux pouvoir
de I argent. Le mandat subsiste tout entier : Nous n’y avons jamais failli, ni vous, ni moi:
bous n avons rien a. y ajouter, ni rien à retrancher.
Il nous reste a le faire triompher, puisque, hélas on a si longtemps traîné d’ajournement
en ajournement les promesses faites à la Nation. Je continuerai à y employer tons mes
efforts, toute mon énergie, toute ma passion. Vous m’avez adopté, il y a près d’un quart de
smcle, comme enfant de cette Provence qui marche à l’avant-garde de la démocratie. J’espère
rester digne de cette adoption, ^
Vive ia République démocratique et sociale !
Camille PELLETAN, Député sortant,
Candidat républicain radical-socialiste.
— 121 -
N» 1162
Circonscription d' ARLES
M. Henri MICHEL
Élu au 2' tour de scrutin. — 10.431 vois.
Aux Électeurs Républicains Radicaux-Socialistes de l’arrondissement d Arles.
Citoyens,
Lorsaue en 1808, je suis venu dans l'arrondissement d’Arles, j’étais pour vous un
inconnu. En m’accordant vos suffrages, c'est à mes éminents amis Camille Pelletan et Lagnel
eue vous avez t'ait crédit, beaucoup plus qu’à raoi-mome. ,
Aujourd’hui je pourrais encore, en me présentant à vous, me placer sous leur haut
patronage, comme bous le patronage de la Fédération radicale et radicale-socahste fondée
l’an dernier à Paris et dont j’ai l’honneur de faire parue. J’aime mieux me présenter à vous
sous le patronage de mes actes. Ai-je fidèlement et consciencieusement rempli mon mandat,
mon double mandat, politique d’abord, d’affaires ensuite? .......
Voilà la question que je pose aux électeurs républicains, radicaux et socialistes qui on
bien voulu m’honorer de leur confiance au premier tour comme au second tour de scrutin
Mes votes vous les connaissez. Sur 1.400 et plus que j’ai été appelé à émettre, même
mes adversaires les plus irréductibles sont obligés de déclarer qu’on ne peut m’en reprocher
aucun
Et quant aux intérêts de l’arrondissement d’Arles, je crois en avoir pris la défense avec
assez de vigueur et d’énergie pour ne pas redouter sur ce point les critiques. -
Au sein de la Commission de la Marine, comme au sein de la Commission du Travail, ou
l’estime de mes collègues de la Ch ambre m’a fait entrer, je me suis attaché sans bruit a faire
œuvre uüle. . , ,
Dans la Commission de la Marine, j’ai contribué autant, peut-être plus qu aucun autre,
à l’organisation du corps du contrôle, qui permettra désormais au Parlement et au pays
d’étre pleinement éclairés sur les dépenses exagérées et pas toujours justifiées ue la marine.
J’ai pris part à la refonte de cette loi sur l’inscriptioD maritime, devenue si onereuse et si
lourde pour nos braves inscrits maritimes, marins et pécheurs. . . .
Dans la Commission du Travail, j’ai collaboré aux divers projets de loi intéressant la
classe ouvrière et prolétarienne : Bureaux de placement, loi sur les sièges des femmes
employées dans les magasins, projet de loi sur l’hygiène et la sécurité des travailleurs. J ai
contribué pour une très large part à faire admettre le principe de la journée de huit he
pour la durée du travail dans les mines. J’ai énergiquement soutenu la loi Ber eaux re a i
aux agents des trains, mécaniciens, chauffeurs et ouvriers des chemins L cr‘ ,
Au point de vue des affaires, aucune des questions intéressant 1 arrondissement d A. es
ne m’a laissé indiffèrent. J’ai fait accorder à l’hospice de Saint-Rémy la subvention so .et te
par la municipalité pour la réfection de sa toiture. Pour Chateaurenarrl, j ai
relâche à l’amélioration des conditions de transport pour les fruits, légumes et pn : > .
qui oVa valu F honneur d’ôtrs nommé membre de la Commission supeneuio tes
centrales de Paris. Pour Noves et pour le canton d’Orgon, je suis énergiquement intervenu
afin darrôter les ravagea de celte terrible rongeuse qui s'appelle la Durance- a r 0 env
talion des eaux de la Durance a fait l'objet, de ma pari, d'une étude sérieuse et apprmon 1 ■
IG
— 122 —
Enfin ai~je besoin de rappeler que j’ai eu la satisfaction immense de faire voter leCanal des
Baux si impatiemment attendu depuis tant d'années, et de faire aboutir, en dépit de toutes
les résistances, le Canal de Marseille au Rhône avec débouquement à Arles, qui rendra la
vie a notre magnifique cité artésienne?
Citoyens,
L œuvre accomP^e> surtout au point de vue économiquej politique, social,
coté de ce qui reste à faire et qu’on peut résumer ainsi ;
n’est rien à
Programme .
Travailler de toutes mes forces à consolider l’œuvre de la législature qui vient de finir
par application intégrale, sans esprit de persécution, mais aussi sans faiblesse et sans
défailla pce, de la loi sur les associations et par l’abrogation de la néfaste loi Falloux •
Poursuivre la séparation des Églises et de l’État, la suppression du budget des Cultes et
de l’ambassade du Vatican ; 6 tl
Réviser la Constitution dans le sens le plus large, en supprimant le Sénat et en créant
une Chambre unique élue au scrutin de liste et soumise au renouvellement partiel;
B a iser impôt progressif sur le revenu, qui permettra de répartir d’une façon plus
équitable et plus juste les charges fiscales, jusqu’ici lourdes aux pauvres, légères aux riches
par la reforme complète de l’impôt foncier, par la suppression de la cote personnelle el
nrnnôtT; T?; inA 'eCtS qUi frappent t0utes ies m"tières servant i l’alimentation, de
1 impôt des portes et fenêtres;
Reviser le cadastre;
innr^Sür C aeglce mi‘itaire à deux ans, puis à un an; supprimer les treize et vingt-huit
jours, abolir les conseils de guerre, au moins en temps de paix; refondre complètement
pour le rendre moins odieux et moins inhumain, le Code militaire absolument suranné- ’’
Fr- dU G°uvernemeQt républicain, si un conflit est sur le point d’éclater entre la
France et une autre nation, quelle qu’elle soit, avant d’en venir à la guerre l'obligation de
soumettre le différend au tribunal arbitral créé par la conférence de La Haye et rendre ainsi
la guerre de plus en plus impossible; «aye, et rendre amst
arraées^permanentes^ '‘ÎOn '* rSd"C,i°n d“ armements et P‘"s “«I <» «uppresaioa de,
Nationaliser les mines, la Banque de France, les chemins de fer-
aiie rentier dans le domaine de l’État certains monopoles et services publics au fur et
fnZsr 1 eï,eero"‘ lea in,ér6t! dB " détens‘ nati™a'e « * ia
Briser la puissance que donnent à la ploutocratie financière, par la spéculation et l’aeio
tage le maniement et la concentration des grands capitaux- P 1 dgl0'
Organiser la participation aux bénéfices-
*""** 81 18 dé,e,We”“‘ 1» *PMi corporatifs, professionnel, o.
iimetoZ S “«SZk 11 ,?r '“f P°“r vieille,!<> si et ,i légi-
- rr disncs d'in,ért* ,rav,ill8"rs d,s 8hamps ,d
Reformer et compléter l’organisation du crédit agricole ;
Creer des chambres d’agriculture;
— 423
N° H 62
Développer Renseignement agricole;
■Accorder à l'agriculture une protection sage et éclairée qui défende nos produits natio¬
naux contre l'avilissement des prix provoqué par la concurrence étrangère;
Ouvrir à nos vins des débouchés nouveaux ;
Rechercher et appliquer tous les moyens propres à enrayer et à faire cesser cette crise
vinicole ruineuse pour notre arrondissement comme pour tous les départements du Midi.
Pour me résumer en quelques mots :
Mener le bon combat contre le cléricalisme, contre les entreprises césariennes, contre
les pouvoirs d’argent pour la cause de la justice sociale et le triomphe de la République des
travailleurs.
Telles sont les grandes lignes de mon programme.
Au surplus, je n’abandoune aucune des réformes qui figuraient déjà dans mon pro¬
gramme de 1898 et qui n’ont pas encore été réalisées.
Citoyens,
En ce qui concerne plus spécialement l'arrondissement d’Arles, je demanderai qu’on
étende d'une façon formelle aux ateliers des chemins de fer l’application de la loi de 1898
sur l'hygiène et la sécurité des travailleurs, afin de prévenir les accidents si nombreux et si
graves qui se produisent chaque jour.
Je veillerai avec un soin jaloux à ce que, dans la réglementation des eaux de la
Durance, les intérêts des diverses parties de Parrondissement d’Arles soient pleinement
sauvegardés.
Je défendrai avec la dernière énergie nos divers canaux contre les empiétements ou les
prétentions injustifiées de nos voisins.
Je poursuivrai auprès des Pouvoirs publics la réduction des tarifs de grande et de petite
vitesse pour le transport de nos fruits, légumes et primeurs, ainsi que la création des trains
rapides de pénétration en Allemagne, permettant d’ouvrir à nos produits agricoles des
débouchés nouveaux.
Membre de la Commission supérieure des Halles centrales, je m'appliquerai à servir
sur le grand marché de Paris les intérêts de nos agriculteurs producteurs et expéditeurs.
Enfin je travaillerai de toutes mes forces à l’affranchissement complet des ouvriers
agricoles soumis encore dans la Camargue à un véritable joug humiliant et dégradant en
raison de règlements plus que surannés, non encore abolis par une loi quoique tombés en
désuétude, grâce à mon intervention auprès du Ministre de la justice.
Citoyens,
Mon passé yous est un garant pour l’avenir. S’il est vrai que c’est par les actes beau¬
coup plus que par les paroles que les hommes politiques doivent être jugés, je crois avoir
le droit de dire que j'ai scrupuleusement suivi la ligne de conduite politique que j'avais
promis de suivre et que j’ai loyalement, passionnément servi les intérêts de l’arrondisse¬
ment et je ne crains pas d’être démenti en affirmant que le député a tenu les promesses du
candidat.
J'attends donc avec confiance votre verdict, c’est-à-dire le verdict du suffrage universel.
Vive la République démocratique et sociale!
Vive l'arrondissement d’Arles I
Henri MICHEL, Député sortant.
— 124 —
!;e circonscription de MARSEILLE
M. CARNAUD
Élu au 2° tour de scrutin* — 6.431 voix.
i
Le Comité républicain de r Union socialiste de la 1” circonscription adresse aux élec¬
teurs le manifeste suivant :
Citoyens,
Jamais des élections législatives n’avaient présenté un aussi haut intérêt pour le pays.
La République est arrivée à ce point de maturité où il faut qu’elle réalise en faveur de
Ja classe des travailleurs les réformes si longtemps attendues. C’est ce qui explique, contre
elle, l’acharnement de tous les partis de réaction qui veulent l’étrangler ou la domestiquer
pour qu’elle ne puisse plus tenir ses promesses*
Faisons bonne garde autour d’elie et n’envoyons au Parlement, pour la défendre et
P aider dans son oeuvre tutélaire, que des républicains éprouvés. Sachons déjouer, par notre
clairvoyance, les savantes combinaisons qui viennent de s’échafauder dans la i™ circons¬
cription pour nous imposer le recul alors que nous aspirons de toutes nos forces vers le
progrès*
Électeurs, en votant pour le citoyen Maximilien Carnaud, député sortant, vous volerez:
pour le candidat de la République et vous serez sûrs de ne pas vous tromper.
IL n’a jamais déserté la cause des faibles et des opprimés* 11 a défendu énergiquement,
à la tribune de la Ghambre et dans le pays, la cause de renseignement laïque et républi¬
cain, Fondateur et secrétaire du groupe parle me otaire de Renseignement, à cote de l’intègre
citoyen Brisson, il a donné au combat contre le cléricalisme toute sa vigueur et a organisé,
à la Chambre , ïa défaite irrémédiable des partisans de la loi Fallous. C’est ce qui explique
la campagne d'injures qui a été inaugurée contre lui et qui a eu le confessionnal pour point
de départ*
Carnaud a contribué à réaliser la journée do huit heures pour certaines catégories
d'ouvriers, 11 a défendu un admirable projet de loi organisant une caisse de retraites pour
la vieillesse. Membre de la Commission du. canal du Rhône a Marseille, il a contribué au
vote par le Parlement de ce projet si utile pour le développement de notre commerce mar¬
seillais.
Défenseur de la Corse délaissée, pour laquelle il s’engage à conquérir un service de
transports digne d’elle, par voie d'adjudication, défenseur des ouvriers, des marins, des
pêcheurs, des douaniers, des instituteurs, des facteurs, il a toujours été contre le capita¬
lisme et pour les travailleurs.
En un mot, son œuvre législative a dépassé toutes les espérances. Aussi, sommes-nous
sûrs de votre approbation, en le présentant de nouveau à vos libres suffrages.
Aux urnes pour Marseille et pour la République I
(Suivent les signatures).
125 —
N* 1162
Le citoyen Caraaud adresse, d’autre part, le manifeste suivant à ses électeurs :
Mes chers Concitoyens,
De 1893 à 1898, le parti socialiste, fortement uni, a renversé les ministères de défail¬
lance républicaine, Casimir-Périer, Dupuy, Ribot et Méline. Je revendique hautement ma
part de collaboration à cette œuvre nécessaire de destruction.
De 1899 à 1902, le parti socialiste divisé, mais non pas impuissant, a refusé de pactiser
avec la réaction, pour renverser le Gouvernement de défense républicaine. Je revendique
hautement ma part de responsabilité dans cette œuvre non moins nécessaire de conser-
vation.
Ce que je souhaite ardemment pour l’avenir, c’est l’union nouvelle de tous les socia¬
listes, et l’accession aux affaires d’un cabinet de gauche, qui évite les fautes commises par
le Gouvernement actuel et achève les réformes qu’il a su commencer.
C’est à cette œuvre féconde que je me propose de travailler de toutes mes forces.
Vive Marseille 1 Vive la République sociale!
Maximilien CARNAÜD.
Député sortant.
2e circonscription de MARSEILLE
M. CADENAT
Élu au 1er tour de scutin. — 6.470 voix.
Comité de l’Union Socialiste.
Citoyens,
Le Comité de l’Union Socialiste, constitué par les délégués de tous les bureaux de vote
de la 29 circonscription, réunis en congrès, présente à vos libres suffrages la candidature *
du citoyen Bernard Cadenat, député sortant.
issu de la classe ouvrière à la défense de laquelle il a consacré toute une existence de
dévouement et d’abnêgaiion, cet humble ira cessé de mériter fa confiance que la vaillante
démocratie de la 2* circonscription lui a accordée à maintes reprises* Conseiller municipal
en 1886, réélu en 1892 et adjoint au maire de Marseille, il est élu député en 1898, par
8,ù&8 suffrages.
A la Chambre, où Bernard Cadenat fait partie de trois grandes Commissions : Commis¬
sion du Commerce et de l’Industrie, — Commission du travail, — Commission des Octrois,
il contribue à Tètude et à l'élaboration de toutes les lois, ayant pour but la défense des inté¬
rêts généraux de la population e£ plus particulièrement celles intéressant :
La création d’un port franc et d'un canal de Marseille au Rhône; la modification à la loi
sur les accidents; la réduction de la journée de travail; la création des retraites ouvrières;
l’abolition des armées permanentes; l’amélioration de la situation des [petits employés des
postes et des télégraphes, des chemins de fer, ainsi que des marins et des pêcheurs*
A la tribune, malgré le Rapporteur du Budget et le Ministre de la Guerre, il fait adopter
deux amendements augmentant de 0 fr, le salaire des ouvriers civils de la Guerre; il
— 126 —
obtient une brigade supplémentaire de 40 facteurs des postes, rédamée depuis longtemps
par le commerce marseillais, et, dans la discussion sur la marine marchande, il fait adopter
au profit des marins, le prélèvement de 5 pour 100 des primes accordées aux armateurs!
En présence de ce passé et des candidats inconnus et sans expérience qu’on nous
oppose, vous n’hésiterez pas à ratifier notre choix.
Vous hésiterez d’autant moins qu’à l’heure où dans toute la France, la réaction clérico-
nationaliste tente un effort suprême contre la République, la 26 circonscription de Marseille,
fidèle à son passé, tiendra à honneur d'écraser au premier tour la réaction coalisée. Elle
affirmera de nouveau sa foi ardente en la République Sociale en votant en masse, le 27 avril,
pour le citoyen
Bernard CADENÀT, Député sortant.
Pas d’abstentions, Citoyens! Aux Urnes, au cri de Vive la République Sociale!
(Suivent les signatures.)
Citoyens,
Le 27 avril, vous allez choisir un représentant à 1a Chambre des Députés. Convaincu
d’avoir rempli le mandat que vous m’avez confié en 1898, à la satisfaction générale, je n’hé¬
site pas à vous en demander le renouvellement.
Je me présente à nouveau à vos suffrages, avec le programme intégral du Parti Socia¬
liste, que j’ai toujours défendu durant mes 25 années dé lutte :
Entente et organisation internationale des travailleurs eu parti de classe, pour la con¬
quête des pouvoirs publics et la socialisation des moyens de production et d’échange.
Adversaire résolu des tueries périodiques qui ensanglantent l’humanité, je poursuivrai
sans relâche la réalisation et le fonctionnement d’un tribunal arbitral, ébauché à peine à
la conférence de La Haye, pour juger tous différends entre nations.
En attendant la réalisation du vœu maintes fois exprimé par la Ligue de la Paix, le
désarmement général, je poursuivrai la réduction à un an du service militaire égal pour tous
les Français, sans aucun cadre donnant un caractère d’armée prétorienne.
Considérant en outre que les périodes de 28 et de 13 jours sont inutiles et désastreuses
pour l’ouvrier et l’employé, pour le commerce et l’industrie, je proposerai, comme je l’ai
déjà proposé maintes fois, la suppression de ces périodes d’exercices.
Comme membre de la Commission du Travail, j’ai eu à m’occuper des diverses et nom¬
breuses lois concernant les ouvriers. Je continuerai, comme par le passé, en attendant la
transformation sociale, à apporter à l’étude de ces lois le dévouement et le zèle que nul ne
me conteste :
Retraites ouvrières à 50 ans sans cotisation, sans prélèvement sur les salaires ; repos
hebdomadaire ; modifications à la loi sur les accidents ; réduction de la journée de travail •
salaire minimum; impôt progressif sur le revenu, sur les successions, etc., etc.
Comme membre de la Commission du Commerce et de l’Industrie, j’ai’ pu connaître les
desiderata du commerce en général, et du commerce marseillais, en particulier
Délégué de ladite Commission pour étudier le fonctionnement des ports francs d’Eu¬
rope, je me suis rendu compte de l’intérêt considérable pour notre ville à ce que la Chambre
future adopte les conclusions favorables, relatives à l’établissement de ces ports et zones
franches, que nous avons formulées.
Cette réalisation, comme celle du Canal de Marseille au Rhône, atténuerait la désas¬
treuse situation faite à notre ville par le régime protectionniste instauré par M Méline et ses
acolytes.
Ces deux questions, comme toutes celles pouvant développer le commerce de Marseille
(chemins de fer, canaux, etc*), seront l'objet de mes efforts constants à la Chambre si vous
me renouvelez le mandat que je sollicite.
Ai-je besoin de rappeler que l’intéressante corporation des pêcheurs et inscrits mari-
\
— 127—
N° 1162
times sera l’objet, comme par le passé, de ma constante sollicitude ? Ils ont des preuves
déjà de mon dévouement à leur cause par ce que j’ai pu obtenir en leur faveur. le n’ou¬
blierai pas surtout de réclamer avec instance l’abrogation de la loi oppressive sur la caisse
de prévoyance.
Ai-je de même besoin de rappeler aux employés de chemins de fer, que je poursuivrai
avec ténacité le vote de la loi qu’ils attendent depuis si longtemps î
Les ouvriers civils de l’État, des manufactures, de la Guerre, connaissent trop mon
dévouement à leur cause pour que j’insiste.
Citoyens,
Élu pour la première fois, en 1886, conseiller municipal; réélu en 1892, et désigné
par mes collègues aux fonctions d’adjoint; élu député en 1898, j’ai, nul ne le conteste,
apporté à l’accomplissement de ces mandats toutlezèle, tout ledévouement, toute l’énergie
dont je suis capable.
Certain, convaincu de ne pas avoir démérité de mes électeurs, d’être toujours en par¬
faite communion d’idées avec la vaillante population de la 2° circonscription de Marseille,
toujours à l’avant-garde de la République et du Socialisme, j'attends avec confiance le résultat
du scrutin de dimanche prochain.
Vive la République sociale !
Bernard CADEiNAT, Député sortant.
3" circonscription de MARSEILLE
M. J. THIERRY
Élu au Ier tour de scrutin. — 10.435 voix.
Comité Républicain Progressiste
Citoyens,
. 11 y a ?Mtr* ans> nous a™ns l’honneur de présenter à vos suffrages la candidature du
citoyen J. Thierry.
. Le ProS™mrae de notre candidat, largement conçu et brillamment développé dans
vingt-sept réunions publiques, faisait ressortir, par la netteté des déclarations qu’il corite-
naît, la hauteur des vues et la loyauté de caractère de son auteur.
De lu votre confiance ; de là aussi, par conséquent, le succès de J. Thierry.
Aujourd’hui, le même Comité,— qui s’est adjoint de nombreux membres provenant des
^ ureaux nouveHement annexés à la circonscription, — dans la fierté de l’œuvre accomplie
par e député de votre choix, vient vous demander d’accorder au citoyen i. Thierry le
enouvellement du mandat que vous lui aviez confié.
Le maQ1feste que vous lirez ci-dessous voùs fera connaître, et l’importauce de la tâche
J a remplie par le citoyen J. Thierry, et combien sont grands encore les efforts qui restent
^ airc poui que notie République, triomphant enfin des difficultés qui jusqu’ici ont entravé
Eisrc Cj poursuive sa carrière dans la voie des réformes tant désirées*
j.rr„ 6 mamfe®*e Ëst donc un compte rendu et un programme. II reflète le court mais déjà
n passé dun ardent serviteur du pays, et il permet de juger de la sûreté de coup
m —
d’œii, jeté en avant par un législateur animé des sentiments dont se sont honorés les
hommes illustres de toutes les démocraties.
En raison de tout cela, vous direz avec nous que le citoyen J, Thierry a sa place
marquée parmi les représentants de la République : renvoyer siéger an Parlement est m
devoir.
Citoyens,
Pour remplir ce devoir pour accomplir cette haute obligation civique, nous vous
convions donc à voter en masse, ati scrutin du 27 avril, pour le citoyen
h THIERRY, député sortant,
{Suivent les signatures).
Chers Concitoyens,
Vous connaissez mon programme de 189 S, vous savez qu’il n’a pas varié et que je suis
resté, dans mes actes et mes votes, fidèle au mandat que vous m’avez confié.
Soucieux des véritables intérêts de Marseille, je n'ai cessé de travailler à la défense du
patrimoine moral et matériel de notre grande cité. Désigné par la confiance de mes collè¬
gues, fai été deux fois rapporteur du budget du commerce et de l’industrie ; j’ai été chargé
du rapport de la marine marchande; je suis enfin intervenu dans toutes les questions qui
intéressent notre vitalité commerciale ou industrielle à tous les degrés : mutualité, ports
francs, services maritimes postaux, blés, mais, vins, graines oléagineuses, finances publi- \
ques, réforme des patentes, dont j’ai eu à m’occuper plusieurs fois à la tribune et sans
relâche à la Commission des Douanes et dans les autres commissions. Pénétré de la néces*
site de doter notre pays d’un programme économique et de lui assurer un réseau de voles
navigables et l’amélioration de nos ports, j’ai participé aux études de la Commission des
grands travaux publics, où j’ai été le rapporteur du canal de Marseille au Rhône et des 1
travaux des ports de Marseille à Cette,
Dans toute la mesure de mes forces je me suis occupé de nos autres questions locales
et nationales, organisation des conseils de prud’hommes, caisses de retraite, repos hebdo¬
madaire des ouvriers et employés, réglementation libérale du droit d’association et des
conditions du travail, et, sacrifiant la politique stérile aux intérêts que je représente, j’ai
toujours mis au premier plan la discussion de nos besoins économiques.
Je vous demande le renouvellement de mon mandat, en précisant, après l'œuvre
accomplie^ les difficultés de demain et l'attitude qu’elles commandent.
Je continuerai à défendre, contre les préjugés aveugles de la majorité agrarienne, la
liberté du commerce et de l’industrie, conditions essentielles de notre avenir. Fidèle aux
principes de la Révolution et à la Déclaration des Droits de l'Homme, je demanderai que
chaque citoyen soit admis aux fonctions publiques, suivant ses mérites et ses vertus, et que
la liberté règne pour tous, aussi bien dans Renseignement que dans le domaine général de
la conscience; je continuerai à défendre toutes les traditions libérales, la protection de notre
influence et de nos intérêts en Orient, la défense et la consolidation de notre domaine colo-
nial, le respect du drapeau chez nous et au dehors et le prestige de la France dans 1®
monde, A l’intérieur, je poursuivrai avec mes amis politiques une réglementation plus métho- ;
dique et plus féconde du travail parlementaire, une limitation plus sage do nos dépensa
et un équilibre plus sincère de notre budget,, la restitution au Pouvoir Exécutif de ses attri¬
butions, Hndêpendance du pouvoir judiciaire et tout ce qui peut faire une République
mieux ordonnée et s’ imposant définitivement à la confiance des Français, par l'exercice
d’une autorité ferme, prudente et impartiale, si nécessaire pour notre concorde et notre
prospérité- Je poursuivrai une meilleure répartition de l’impôt annuel et successoral, ;
comportant, avec une équitable exonération à la bas^j des proportions qui rassurent
— 129 —
N3 1162
l’épargne et 3a propriété individuelle ; je rechercherai toutes les améliorations des condi¬
tions du travail national, réalisables sans hostilité systématique contre le capital, bien
persuadé que l’ouvrier et remployé ont plus à attendre de l'amélioration progressive de la
législation et des mœurs publiques que de la lutte des classes et de réformes hâtives et
ruineuses pour tous.
Je fais appel à tous les républicains qui veulent s’unir avec moi pour la sauvegarde et
la véritable défense des institutions républicaines.
Vive Marseille! Vive la République!
J. THIERRY, Député sortant,
Membre du Conseil supérieur de T Assistance publique,
Membre du Conseil supérieur des Voies navigables.
4e circonscription de MARSEILLE
M* Henri BRISSON
Élu au 2e tour de scrutin. — 6-640 voix.
Comité de défense et d’action républicaine radicale, radicale- socialiste et socialiste.
Citoyens,
Devant la coalition hétérogène de toutes les forces réactionnaires se ruant à Passant de
la République dans la 4° circonscription de Marseille, les républicains de toutes nuances
qu’anime la foi républicaine ont estimé que, pour repousser ce déchaînement désespéré de
la réaction, il convenait de présenter un homme qui, par l'autorité de son nom, fut à même
de faire l’union du parti républicain tout entier.
C'est pour cela que nous présentons à vos suffrages le citoyen Henri Brisson.
Sans abdiquer une parcelle du programme de chacun de nous, sans faire la moindre
concession sur les principes qui nous sont chers, pénétrés du danger que court la Répu¬
blique, nous avons fait appel à l’un de ses plus vaillants défenseurs, à Rhommedont le nom
symbolise : honnêteté politique, conviction démocratique, lutte die l’esprit laïque contre
Fobscuraritisme, diffusion des principes généreux de la Révolution française opposés à un
nationalisme équivoque et étroit.
Aussi, Citoyens, vous saurez accomplir voire devoir de républicains,
La lutte est nettement engagée :
République ou réaction ?
Vous voterez pour la République !
Vous voterez pour Henri Brisson.
(Suivent les signatures).
17
— 430 -
5fi circonscription de MARSEILLE
M, EXPERT
Élu au 2e tour de scrutin* 7.3^3 voix*
COMITÉ RÉPUHLICAUt DÉMOCRATE .
Citoyens,
Vous connaissez ma politique* Elle repose sur les principes de la Révolution Française
et de la Déclaration des Droits de lElommeï C’est dire que je me présente à vos suffrages en
défenseur résolu de la propriété et de la liberté individuelles, de la liberté de conscience et
de la liberté d’enseignement!
Marseillais de race* né au sein même du peuple, j’en connais les besoins et les aspira¬
tions*.*!
Le cours normal de la vie a fait naître de graves problèmes sociaux* Pour les résoudre
les Collectivistes-Internationalistes n’ont qu’un remède : le bouleversement de la société!
Ils compromettent les intérêts du peuple au lieu de les défendre utilement; c’est pourquoi
je me déclare l’adversaire irréductible de leurs doctrines. La grève générale et la révolution
ne sont pas des moyens de solutionner les difficultés économiques qui nous préoccupent.
C’est par des réformes sages et pratiques, immédiatement réalisables, dont tout le monde
reconnaît la nécessité, qu’on amènera cet apaisement social tant désiré et qui seul assurera
la tranquillité intérieure et la grandeur de la France*
.Ces réformes, je les précise dans les propositions suivantes :
Création de retraites ouvrières et d’asiles pour la vieillesse;
/Participation de l’ouvrier et de Remployé aux bénéfices ^
Développement de Pépargne et de la mutualité*
M’intéressant au .mil de tous les travailleurs qui, par leur labeur, contribuent à
facoFoi s sement de la prospérité nationale, je veux assurer aussi la vitalité du commerce et
de d’industrie par :
La suppression de la patente pour les petits commerçants ;
La- diminution générale des impôts.;
La création d’un port franc à Marseille ;
L établissement de voies de navigation intérieure par la créa lion de nombreux cajiauï
et notamment la création du canal de Marseille au Rhône ;
L'abaissement des tarifs de chemins de fer;
La mise en valeur de notre domaine colonial ;
L application la plus large du système des traités de commerce pour parer aux inconvé¬
nients du protectionnisme*
En ce qui concerne l’ordre général, je demanderai ;
La diminution du fonctionnarisme:
La suppression des sinécures administratives;
La réforme du recrutement de la magistrature et rétablissement d’un concours pour y
être admis ;
La diminution des frais de justice;
La révision des codes ;
La refonte et l'unification des lois éparses.
431 —
N° 1162
1p crois citoyens, que la strie des réformes insérées dans mon programme est de
JJ à saiisMre îoutes les revendications populaires!... 11 faut à la France, il faut a
. ‘üj. 'I10n fies représentants qui affichent sur les murs des programmes chimériques
ïr* SÆ tremplin» il ’.or.„x, m,i8 <!«. I**»» ^
d..n|a“p “la paix intérieureen — « la prép«adér»„=e d. génie na„o„al aux le
l'heure ert grave et aolennelle, tfoubliex paa qu'il s'agit des libertés et des
întérÉs les olus chers de la patrie et de la cité. , .
Vous les consoliderez en faisant dignement votre devoir le 27 avril procnain.
Aux urnes, pas d’abstentions I Vive Ta France I Vive la Hépubfique! Vive Marseille!
J.-B. RIPERT-
Citoyens,
Vous venez de lice la profession de foi si catégorique et si franche, du citoyen
J"B'l5srÎ’’mtéra de la cité et dans Piutêrêt général le besoin impérieux se fait sentir
d’élire dans la 5“ circonscription un représentant d’un républicanisme sincère, amm^d un
amour profond pour les classes ouvrières et pour toutes les. classes sociales sans exception.
Ce réoubUcain et ce démocrate, c’est le citoyen Bipert . . .
Vous délaisserez pas plus longtemps triompher à Marseffle Le collectivisme interna no-
Jk" éî la déshonore. Vona. assumez. lé olomph. dé celu, qm c c«ta.
depuis si longtemps avec tant cîe courage et tant de vigueur. L attitude admirab e t u ci i
Bipert à l’HÔtcl de Ville, où sans relâche il s’est élevé contre la politique et 1 administration
néfaste du citoyen Flaissières et de sa majorité, donne la mesure de son ta en ,
iralenr et de la' solidité de ses convictions politiques !
Ouvriers, négociants, industriels et petits patrons 5 Aucun de vous u a perdu e souve¬
nir des dernières grèves désastreuses soutenues par Flaissieres au grand détriment du po .
a»% grand proût d» po,. de «... Mae, dé
inconsciente qui consiste à exploiter les misères da peuple dans un but électoral. • ...
C “éos ”i “„s voulez u ne fols pour , op.es délivrer Ma, seffle de la bon,* dp colleePe
visme internationaliste, votez tous en masse poui *e citoyen
l.-B. RIPERT
Avocat, Conseiller municipal,
" Tfaitfsm^son nom triomphant de l’urne, vous aurez confié vos intérêts- à un
honnête homme, à un enfant de Marseille, à un citoyen qui a
blicain et à un démocrate, devant la loyauté et la sincérité
Citoyens, pas d’abstentions, aux urnes pour le citoyen J.-B. Ripert, candidat du part
républicain démocratique de !a 5e circonscription.
\'ive la France! Vive la République! Vive? Marseille L
Suivent les signatures.
— 132 —
6e circonscription de MARSEILLE
M. Antide BOYER
Élu au 1er tour de scrutin. — 7.612 voix.
RÉUNION DU CONGRÈS SOCIALISTE DU 6 AVRIL.
Le citoyen Antide Boyer assiste au Congrès.
Répondant à un camarade qui demande ce qu’il pense du mandat impératif, il répond
que non seulement il en est partisan, mais encore il l’a déjà pratiqué quand il était
député de la 5° circonscription en consultant les président et secrétaire de son comité,
chaque fois qu’il devait prendre position dans une question spéciale.
C’est au milieu d’acclamations enthousiastes que le citoyen Boyer termine son exposé.
La discussion est ensuite ouverte sur le programme.
Le citoyen Antide Boyer communique le programme qu’il était chargé de défendre dans
la 5” circonscription ; il fait justement remarquer que, contrairement à certains républi¬
cains timorés, ce programme est celui qu'il avait il y a 17 ans, dit qu’il s’honorait de ne pas
l’avoir abandonné, tout en l’augmentant d’articles plus en rapport avec la marche en avant
de Fhumanité.
1. — Politique. — Révision de la Constitution par une Constituante. Amnistie géné¬
rale pour les délits politiques et faits connexes. Mandat impératif et referendum populaire,
Autonomie communale et liberté individuelle. Liberté de presse, de réunion, d 'association
de conscience, etc. Séparation des Églises et de l'État. Dénonciation du Concordat etc’
Réformes administratives. Epuration du personnel. Suppression des sinécures. Diminution
des gros traitements. Amélioration du sort des anciens militaires employés civils. Suppres¬
sion des conseils d arrondissement et des sous-préfectures. Instruction intégrale gratuite à
tous les degrés. Augmentation des bourses scolaires pour les enfants des familles peu for¬
tunées. Justice gratuite à tous. Jury au correctionnel. Extension de la compétence des juges
de paix. Fin des guerres de conquêtes. Réduction du service militaire à deux ans, puis à
un an, pour tous indistinctement. Préparation d’une organisation d’arbitrage international.
IL — finances. Impôt progressif sur le capital et sur le revenu. Refus de tout
nouvel impôt. Abolition des contributions indirectes. Révision des patentes. Suppression de
l’impùt sur les portes et Lfenôtres, des prestations et des cotes mobilières sur les petits
loyers. Amortissement de la dette par des économies constantes. Mise en adjudication des
bureaux de tabac. Suppression des pensions civiles votées sous les anciens régimes Unifi¬
cation des pensions de retraites à tous les militaires (y compris la proportionnalité due aux
soldats ayant servi quatorze ans et aux employés civils des administrations publiques") Aue-
mentation à 5 0/0 du taux d’intérêt à servir aux petits déposants des caisses d’épargne et
aux sociétés de secours mutuels et de retraites, °
111. — Reformes sociales. — Exécution des décisions des congrès ouvriers. Abolition de
tous privilèges et monopoles Retour à la nation de la Banque de France, deschemins de
fer, des usines, canaux, etc,, à organiser en service public au profit de tous. Organisation
du crédit au travail, aux Sociétés de producliou et règlement des coparticipations Organi-
— 133 —
N° 1162
sation : 1° de retraites pour les vieillards, les infirmes et invalides du travail ; 2üde secours
et d’assurance contre les accidents, la maladie et le chômage; 3° d’assistance et d’asile pour
les enfants abandonnés et pour les invalides.
Gestion des caisses ouvrières restituées aux travailleurs. Intervention des ouvriers dans
les règlements d’atelier. Augmentation des droits des tribunaux de prud’hommes étendus aux
employés de toute catégorie. Diminution des heures légales de travail. Fixation d’un mini¬
mum de salaire. Abrogation des bureaux de placement privés et organisation pour pla¬
cement gratuit par les bourses de travail, les syndicats et les mairies. Interdiction du
travail aux enfants au-dessous de U ans. Défense du travail de nuit, sauf pour quelques
branches d’industrie exigeant un travail ininterrompu. Hygiène et salubrité dans les ateliers,
usines et manufactures. Sanction de la liberté absolue des chambres syndicales ouvrières,
ÏY. — Navigation et agriculture, — Refonte des lois sur la marine marchande pour l’amé¬
lioration du sort des inscrits maritimes et modification des règles de discipline à bord,
Sailors’home. Réorganisation des règlements de la Caisse des invalides de la Marine et des
pensions des soldiers et demi-soldiers. Révision des lois et règlements sur la prud3homie
de la pêche. Chasse aux marsouins. Patronat réservé aux Français soumis à la loi du recru¬
tement militaire.
V, — Réformes locales (Commerce et industrie). — Adoption du programme des com¬
merçants et magasiniers contre le protectionnisme, au sujet de l’éclairage et de la distribu¬
tion de la force motrice à bon marché (grande et petite voirie), concernant les réformes
fiscales, des boissons, des faillites, etc., et enfin Rabaissement du prix du transport et des
taxes postales. Travail libre sur les quais et dans les docks. Création de ports sud. Achève¬
ment de la gare du Prado.
Tous les articles du programme sont adoptés en bloc, ainsi que les articles suivants :
1. Abrogation de la loi Falloux, proposée par le citoyen Àntide Boyer;
2. Suppression des 13 et 28 jours.
3. Incompatibilité des fonctions militaires et des fonctions électives. Cessation du
cumul des deux rétributions.
h. Suppression du privilège des avocats.
5. Suppression et retour à l’État des charges d’avoués et de notaires et huissiers.
0, Amélioration de la loi sur les accidents du travail dans on sens plus en rapport avec
les besoins de la classe ouvrière.
7, Application intégrale des tarifs à la série en ce qui concerne les salaires.
— 134 -
CALVADOS
Circonscription de BAYEUX
M. le bai’ ou Maurice GERARD
Élu au 1er tour de scrutin. — 7,ùü3 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
Ma candidature à Sélection du 27 avril vous est déjà connue.
Elle vous a été annoncée par celui qu'en 1831 vous choisissiez pour votre Député et
que depuis, avec une fidélité qui a honoré l’élu et les électeurs, vous n'avez cessé de main*
tenir comme représentant de vos propres convictions
Je tiens à vous dire tout d’abord, que je m'efforcerai surtout de suivre l'exemple de
mon père, mes sentiments et mes principes étant eu tous points les siens.
A mon tour, je dois examiner avec vous la situation de la France, à cette heure de
consultation nationale.
Toute équivoque est impossible. Notre pays est malheureusement partagé entre ceux
qui approuvent les actes d'un gouvernement soutenu par une majorité de la Chambre dont
les pouvoirs expirent, et ceux qui, dans leur patriotisme, réprouvent une politique funeste
à nos intérêts moraux et matériels. Je suis de ces derniers.
Depuis trois ans, nous avons assisté aux efforts tentés pour disculper un crime envers
la patrie, crime deux fois proclamé et pourtant gracié!
Nous avons vu l'exil infligé à de bons Français, et récemment une loi d'exception
engendrer 3a persécution religieuse, prélude probable d'une antre loi qui enlèverait au père
le droit de choisir les éducateurs de ses enfants, sous peine de leur fermer les carrières
de l'État,
La liberté d'enseignement est cependant îa meilleure garantie de T émulation des
maîtres et de l'éducation de la jeunesse,
La sauvegarde de ces libertés, leur défense contre l'influence néfaste de la secte
maçonnique qui espère, mais en vain, anéantir la Foi, soutien et consolation des hommes,
tel devra être, à mon avis, le devoir de votre mandai aire,
11 devra se préoccuper aussi de voir notre armée protégée contre ceux qui la veulent
asservir, ou qui cherchent à ébranler son admirable esprit de discipline, par des théories
indignes de tout cœur français.
En ce qui concerne nos intérêts matériels, agriculteur moi-même, rural par mes goûta
et mes occupations préférées, je m'attacherai spécialement, ainsi que j'ai cherché à le faire
jusqu'ici, comme conseiller général et dans d'autres occasions, aux questions ayant trait à
notre production beurrière, qu'une loi, dont mon père a eu sa part d'initiative, garantit
contre l'addition occulte de la margarine , mais qui doit encore lutter contre une formidable
concurrence et le mélange de beurres étrangers qu'on fait passer pour nôtres; à notre
élevage de bestiaux et de chevaux; aux précautions et traitements sanitaires qui peuvent
— 135 —
N° 1162
mettre à l’abri de la fièvre aphteuse nos exploitations, sans entraver nos transactions. Je
^ Serai pas, pour cela, les intérêts commerciaux de Bayeux et de nos chefs-beux de
c-mtons si intimement liés d’ailleurs à la prospérité de notre agriculture. ..
La teire L ia source de la vie, celui qui l’exploite doit être encourage protégé; U
doit pouvoir faire ce qu’il entend de sa récolte et la transformer a sa guise : son do“*
doit être inviolable, et comme conséquence, le maintien du droit des boud eurs c- _
Le intangible ; mais il faut admettre la répression de la fraude et celle de la falsiücation,
œ fl Nous devonsLïhlter le dégrèvement des alcools dénaturés pour que emPloïés a
, -éclairage, au chaulfage, à l’industrie, ils puissent remplacer le pétrole, produit étranger,
pi cela au prolit de notre agriculture. , , - •
Celui qui travaille la terre a droit aussi à notre sollicitude, et dans les lois qui J ■
ment se préparent pour assurer à l’homme qui l’aura mérité, un repos exempt de “>
ZrieVrural devra être favorisé. Ne sera-ce pas aussi uu moy en de repeupler nos cam¬
pâmes trop désertées et de rendre à l’agriculture les forces qm la quittenU
P b Nos vaillants marins peuvent être assurés de mon désir quil soit donne a leur
tence de labeur et de péril les refuges qui leur sont dus, et que ceux qui sont devenus
insuffisants soient complétés. Je m’associerai aussi à toute mesure qui pouirai a 0
w bénéfices de nos barques de pêche et le commerce de nos ports,
“S ûuancea, h suffit que je vous dis. ce q»?, ch.q.e ann e, ,ous apprend avec
une surprise le plus souvent désagréable b la feuille d avertissemen ». o
nos ünpbf^st croissante, et malgré cela le déficit est constaté officiellement dans notre
budget; seules des économies peuvent en rétablir l’équilibre. , . .
Cet exposé trop long, quoique bref, vous mettra a meme de juge * -
«lulmuSpSeà yllrttls^- Si VOUS me Mes lo grand honneur de me nomme
votre Député, adversaire de l'esprit de parti qui sacrifie tout a la P° ‘“W p d
donner mon concours aux hommes résolus a s’unir pour le bien, la paix, la prosp
pays, pour le respect et la victoire des idées libérales.
Puisse rester vraie notre vieille devise « Dieu protège la France, »
Veuillez croire 3 Messieurs et chers Concitoyens, à tout, mon dévouement.
Baron Maurice GÉRARD,
Conseiller général du canton de Trévières,
Maire de Maisons.
l,c circonscription de CAEN
M. DELABREE
Elu au 1er tour de scrutin, — 7.337 voix.
Mes chers Concitoyens,
En me donnant en 1S9S an nombre de voix tel qoe beaocoup me crurent
avez nettement prouvé voire attachement aux principes que je soutiens. Vous ni .ppoilet
cette fois une majorité assez compacte pour imposer nettement votre voluiitè.
Je n’ai pas de profession de foi nouvelle à faire, ne changeant pas d opinion a chaq
période législative.
— 436 —
Mes déclarations sont en 1902 ce qu'elles furent en 1898 :
Opposition ferme aux gaspillages financiers, à tort contestés en 1898, surabondamment
démontrés en 1902 ;
Opposition absolue aux impôts et aux emprunts nouveaux ;
Retrait des lois contraires à la liberté de Renseignement et au droit dissociation;
Examen approfondi et vote de la loi sür le recrutement, en vue d'une diminution de
durée du service militaire, tout en maintenant intacte la sécurité nationale;
Étude sérieuse et vote de lois sur les retraites ouvrières donnant les garanties néces¬
saires au travailleur de la campagne comme à celui de la ville;
Vote de lois améliorant le sort des employés de chemins de fer;
Révision de la loi vexatoire des boissons; suppression des licences, détaxe de
Falcool ;
Examen de lois protectrices du petit commerce ;
Protection de l'agriculture et révision complète de la loi du service sanitaire.
Elu au Conseil d'arrondissement et au Conseil général comme républicain, c'est comme
républicain que j'ai réclamé vos suffrages, il y a quatre ans, et que je les réclame encore
aujourd'hui.
Ou ne trouvera pas un seul de mes actes en opposition avec mes déclarations. Mais je
ne veux pas d'une république fermée et devenue la proie de quelques privilégiés.
Je suis nettement opposé au Ministère Waldeck- Rousseau, association bizarre de socia¬
listes et d'anciens modérés. Pour se maintenir au pouvoir, il imagina la Haute Cour, exigea
le lendemain même de sa condamnation, la grâce d’un traître déjà rappelé en France par le
ministère Dupuy, prolongea une agitation criminelle dans le pays. Tous ses actes sont la
négation de la liberté, de l'égalité et de la fraternité.
Je vous sais, comme moi, convaincus que la France ne pourra être prospère à Finté-
rieur et respectée au dehors tant qu'elle sera la proie des cosmopolites qui la mettent en
coupe réglée.
Aussi, dans le choix que vous allez faire d'un député, négligeant vos sympathies per¬
sonnelles, choisissez avant tout îe candidat qui votera conformément à vos convictions.
Du suprême effort tenté de tous côtés dépendra l'avenir de la France.
P. DELARBRE,
Candidat de la « Patrie française »,
Officier d'académie,
Conseiller général, — Conseiller municipal de Troarn,
Membre de la Société d'agriculture et de commerce de Caen.
2e circonscription de CAEN
M. Fernand ENGERAND
Elu au 1er tour de scrutin. — 6,091 yoix.
Mes chers Concitoyens,
Mon nom seul vous dit déjà qui je suis I
Vous avez connu mon père. Vous avez pu apprécier sa loyauté, sa haute indépendance,
sa noble fidélité à des opinions librement acceptées. Les ouvriers, les petits, les humbles
— 137 —
N* 1162
savent quel ami dévoué et désintéressé ils ont perdu en le perdant. C/e st avec une légitime
fierté que je me recommande d’un tel patronage et que j’accepte tous les devoirs qu’il
comporte.
Je ne suis pas, moi non plus, de ceux qui cachent leur drapeau ; ma candidature n’est
pas à double face : je tiens à votre estime plus encore qu’à vos suffrages.
Avec moi, vous saurez au moins pour qui vous votez. Mon programme politique est
simple et net ; en deux mots, le voici :
Je demande que le Chef de l’État soit élu par le suffrage universel, c’est-à-dire par le
pays tout entier, qui pourra dès lors le choisir pour lui, — au lieu d’être élu, à Versailles,
par quelques députés et sénateurs, qui le choisissent pour eux.
C’est là, j’en ai la profonde conviction, la réforme essentielle, celle qui entraînera
toutes les autres; ce sera le salut, parce que c’est le droit; et c’est pour faire
prévaloir cette revendication démocratique que je réclame la révision de la Constitution
de 1875.
Électeurs !
Il faut prendre la France comme elle est. Nul aujourd’hui ne conteste la forme du
Gouvernement : mais tout le monde déclare qu’il faut que cela change.
La confiance n’est nulle part ; les rapports entre citoyens sont tendus et nous vivons
dans uue réelle atmosphère de guerre civile; vous êtes écrasés d’impôts; la terre dépréciée
ne nourrit plus le paysan ; l’ouvrier, ne pouvant plus vivre à la campagne, s’en va vers les
villes... Jamais la misère ne fut plus grande, et pourtant la terre n’est pas moins fertile* et
votre énergie, votre ardeur au travail n’ont pas diminué !
Cette crise, dont vous ressentez si durement les atteintes, c’est au régime parlemen¬
taire que vous le devez, à ce régime parlementaire, dont la politique constante fut dirigée
contre les campagnes. C’est parce que l’on vous a fait de mauvaise politique que vous avez
fait de mauvaises affaires.
Aujourd’hui, le Chef de l’État irresponsable n’a aucune autorité ; la souveraineté est
partout, la responsabilité nulle part. Tout le pouvoir est concentré entre les mains du
Parlement, qui ne représente que les intérêts, trop souvent équivoques, d’une coterie; les
intérêts du pays sont entièrement sacrifiés.
Les républicains parlementaires, qui soutiennent et que soutient le Ministère, trouvent
ce régime-là très supportable; nous autres, nationalistes plébiscitaires et antiministériels,
estimons que le pouvoir parlementaire sans contrepoids est encore plus intolérable que
l’absolutisme monarchique.
Mais le mal n’est pas uniquement dans les hommes, il est surtout dans les institutions ;
ce n’est pas seulement le charbon qui est mauvais, c’est aussi la machine!
Nous avons à l’heure actuelle 800 gouvernants; je trouve que c’est trop de 799. Que
serait, je vous le demande, une entreprise agricole qui aurait 800 patrons?
Il faut donner un chef responsable à la République, un représentant au pays, un défen¬
seur au peuple I
Et pour que ce chef soit vraiment l’homme de la nation, le plus simple c’est que la
nation le choisisse elle-même et lui délègue expressément toute l’autorité dont il aura
besoin pour défendre les intérêts du pays.
Le jour où le peuple aura parlé, les partis n’auront plus qu’à se taire. Nous ne verrons
plus de ces effrontées conspirations contre la patrie : nous ne verrons plus les forces vives
de la nation systématiquement compromises, l’armée en butte aux pires outrages, les droits
sacrés de la conscience méconnus, la liberté du père de famille menacée, le principe même
de la propriété contesté ; nous ne verrons plus une minorité sectaire, obéissant à des inspi¬
rations occultes, opprimer une majorité passive et résignée; par-dessus tout, nous ne
verrons plus l’influence de l’étranger prévaloir en maîtresse dans les directions de notre
politique intérieure.
18
— 438 —
La concorde, enfin, pourra renaître, car il n’y aura plus qu’un grand parti national, sans
vainqueurs m vaincus, s’élevant au-dessus de tous pour les réconcilier, et notre luance
unie retrouvera des destinées dignes de son passé.
Électeurs de la T circonscription de Caen 1
Rappelez-vous donc la période de prospérité que nos campagnes ont connue quand la
France était sagement gouvernée; rappelez-vous cette époque bénie, où le colza et la
dentelle faisaient entrer par an plus de cinquante millions dans notre région» où l’on ne
voyait pas de malheureux dans les villages, où l’ouvrier était petit propriétaire* où le travail
de ia terre était le plus rémunérateur comme il est le plus noble.
Pourquoi donc les mêmes causes ne produiraien t-elles pas les mêmes effets? Gest a
vous en rendre le bienfait que tendront tous mes efforts, toute mon énergie*
Vous savez qui Je suis, vous savez ce que je veux; vous savez d’où je viens, vous savez
où je vais. Décidez donc, dans votre souveraine indépendance, si je suis votre homme et si
la franchise irest pas auprès de vous la meilleure des politiques.
Ce que je sollicite de vos libres suffrages, ce n’est pas un vain titre, ce n’est pas une
sinécure: c’est un poste de combat,
. Démocrates de tous les partis, groupons-nous et restons unis au cri de ;
Tout par le peuple et pour le peuple!
EnGAGEMEM'S ELECTORAUX,
Mes chers Concitoyens,
Voici comment je compte défendre les intérêts de notre circonscription, si vous m ho¬
norez de vos suffrages:
Mon programme ne comporte point de vagues promesses; je prends vis-à-vis de vous
des engagements précis que je sais pouvoir tenir,
Nos campagnes sc dépeuplent 1 Chaque année la main-d’œuvre devient plus difficile*
L’ouvrier agricole, voyant diminuer les sources du travail, est forcé de s’en aller vers les
villes, à la grande joie des socialistes, dont j’ai toujours combattu les fausses doctrines.
Nos cultivateurs, écrasés de charges et d'impôts, se demandent s'ils trouveront bientôt les
bras dont ils auront besoin.
Il faut retenir l’ouvrier à la campagne en lui procurant le supplément de travail dont il
a été dépossédé. Aussi, au début de cette législature, je demanderai au Gouvernement de
protéger efficacement le travail rural et spécialement les petites industries paysannes, de
faciliter leur organisation et, comme cela existe déjà dans d’autres pays, de créer des
ateliers ruraux où les ouvriers trouveraient du travail pendant 1T hiver.
La femme, elle aussi, doit pouvoir gagner sa vio en restant au village. Actuellement,
au sortir de l’école, faute de savoir un raétier3 les jeunes filles sont forcées de s’en aller en
place dans les villes.
Je réclamerai une organisation pratique de renseignement professionnel et un allége¬
ment préalable des programmes scolaires de façon que l’apprentissage puisse être très
avancé à ia sortie de l’école*
Dans le même ordre d’idées, je demanderai, lors de la discussion du prochain
budget, l’ouverture d’un crédit de cent mille francs pour faciliter le relèvement de la
dentelle*
Enfin, le service militaire personnel et obligatoire trop prolongé entrave les carrières,
détache les populations du travail des champs, dépeuple les campagnes et donne la fureur
des emplois »*
D’accord avec beaucoup de nos officiers, je suis partisan d© la réduction à un an du
service militaire, par suite de la formation d’une armée de métier, constituée au moyen
de primes de rengagement, de hautes payes et d’avantages conférés aux engagements à
long terme.
N« 4162
— 439 —
Mnc IM valeurs peuvent être assurés de mon dévouement absolu ; ils n’ont, d’ailleurs
pas SlTr.* personnels ne concnrrenoen, le. lenrs ou ne mettent
““u^pe^l'éïlitt devant l’impôt n'ealste pins; les charges totales vendront la
culture impossible; le dégrèvement de l’impôt foncier doit dire réclamé énergiquement
“°SNoÏe8 élevage traverse une crise sérieuse. Depuis huit ans, le dépôt de remon‘e de
r N t -w ?S',H8 chevaux de moins que pendant la période correspondante. Les achats
quement sacrifié; les bénéfices tmvont^qo’a^intemlc^iarre^ ^ ^ „ tosioI1 da
prochain budget, demanderai au Gouvernement d’inviter les commission^ des remontes
il semble que,
«ri£ rarrpftœs 'J* -
révision. nva eu pour effet que d’encourager la contrefaçon eUa
imP<Sûe loi a été particulièrement injuste pour les débitants « le
véritable iniquité a i été® ^ ^ J^ir compte p^uTÎ’avenir aux intéressés
également la suppression de la licence,
qui est une seconde patente. . . . . des boissons devraient être modifiées dans
AUS7'^^n8viS^icS éSotualité se réalise, je ne me placerai
un sens plus i libéral et moins ' . ’ e dans respèce, k santé publique, et je
qu’au point de vue de 1 intér t g en fouruisBant au consommateur les eaux-de-
ri^rîôX les plus intensives, donner le pion efitcacemeu, le, progrès de
devrait etre réalibt par fouctibnnalies, et en réduisant les gros traitements de
SiSÏÏ et B0S
prévoyance moins ouéreusecIJJlusfacüe. dépopulation de nos campagnes a été
-née, nous constaton. que la saison tond do
— 4*0 —
sc limiter au seul mois d’août; la date des vacances scolaires
en est
plus en plus à
cause*
t i ,pre,nds donc PenSaDement de demander au Gouvernement, dans la première année
de la législature, de moins multiplier les petits congés au cours de l’année pour étendre la
duiee des grandes vacances du 15 juillet au commencement d’octobre.
Il m a semble que la solution de ces diverses questions présentait une importance plus
particulière pour notre circonscription.
St vous me choisissez pour votre député, vous me trouverez à Caen ou à Langrune
a votre disposition, prêt à défendre vos autres intérêts, et je n’hésiterai pas à monter à là
tribune pour y faire entendre vos justes revendications,
Fernand ENGËRAND,
Licencié en droit et ês lettres,
Membre de la Société des Agriculteurs de France,
Lauréat de l’Académie Française.
Circonscription de FALAISE
M. PAULMIER
Élu au lfr tour de scrutin. — 7.735 voix.
Mes chers Concitoyens j
Je viens, pour la cinquième fois, vous demander le renouvellement du mandat de
interrupüon,V°US “ If* ^ * ** V0U8 m’aV6Z’ depuis lors’ contiMé sans
J’ai conscience d’être toujours resté fidèle aux engagements que j’ai pris devant vous
et de n avoir jamais deserte les grands principes que vous m’avez chargé de défendre
Je ne pus que répéter ce que je vous disais en 1898. Deux politiques sont en présànce-
une politique libérale, sage et modérée, s’appuyant sur les idées de justice, d’ortre et dé
liberté, respectant les droits de chacun, cherchant à rapprocher les hommes au lieu de les
attaché! C 6 P< ' ^ qUÎ CS* mienne; C’est à eJ!e <Iue ™is resté constamment
A cette doctrine on en oppose une autre : la doctrine du parti radical-socialiste La
politique de ce parti, basée sur la suspicion et la haine, prêche la guerre des classes excite
les citoyens les uns contre les autres, inquiète tous les intérêts, menace notre sécurité à
1 m eneur et notre prestige a l’étranger, promet tout aux travailleurs et ne leur donne rien
Cette politique, je 1 ai toujours réprouvée ; j’en serai toujours l’adversaire résolu
C est elle qu a pratiquée depuis trois ans le Ministère néfaste qui nous gouverne - vous
avez vu son œuvre ; vous pouvez juger des résultats! 8 ’ 0 8
Vous voulez la liberté!
Le Ministère l’a violée sous toutes ses formes.
Vous voulez la justice !
Le Ministère l’a foulée aux pieds en toute circonstance.
Vous avez le respect de l’Armée et le culte du Drapeau!
— m —
Nû 1162
Le Ministère les a laissés outrager et traîner dans la boue. Il a lui meme, sans motifs,
par vengeance et par rancune, brisé l'épée de nos meilleurs officiers.
Vous voulez le commerce florissant et l’industrie prospère!
Les lois socialistes conçues par H. Millerand menacent Tun et l'autre.
Vous voulez des économies et Tordre dans nos finances I
Les contribuables savent ce que leur coûte ce Ministère I
Voilà ce qu'a donné le Cabinet Waltfeck-André-Millerand ; voilà pourquoi je l'ai, en toute
occasion, combattu avec la dernière énergie.
Quel est le citoyen vraiment patriote qui pourrait m'en blâmer?
La parole est aujourd’hui rendue à la Nation. Elle prononcera contre ces hommes une
condamnation irrémédiable et sans appel!
Ce que nous voulons, nous, c’est le respect de la liberté, de la Justice, de la Religion,
de TArméft ;
C’est la réduction de la durée du service militaire, combinée avec une loi sur les cadres
et une loi sur les rengagements, de façon à diminuer tes charges qui pèsent sur les
citoyens, sans compromettre en rien notre défense nationale.
Ce que nous voulons, ce sont des lois qui protègent l'agriculture, qui assurent aux
bouilleurs de cru le maintien de leurs droits, qui dim in ne ot le taux exagéré des licences, qui
favorisent le commerce, qui améliorent le son des classes ouvrières.
Ce que nous voulons enfin, c'est une poliLique d’apaisement et de concorde qui répare
les ruines amoncelées par ce Ministère dreyfusard et franc-maçon qui n’a que trop
duré!
C’est à l’accomplissement de cette tâche, mes chers Concitoyens, que j'emploierai tous
mes efforts, si vous voulez bien me continuer votre confiance.
Comme par le passé, vos intérêts seront toujours également l'objet de mes constantes
préoccupations. Le tramway qui s’achève et qui, cette année, sera ouvert au public, vous
prouve avec quelle persévérance et quelle énergie je poursuis la réalisation des travaux qui
peuvent vous être utiles'. Il en sera de même pour toutes les questions qui vous touchent.
Vous m’avez vu à l'œuvre. Depuis dix-sept ans que je siège au Parlement, vous avez pu
vous rendre compte si j’ai fidèlement rempli mon mandat. Si, comme je l'espère, tel est
votre sentiment, vous m'apporterez vos suffrages le 27 avril prochain, et ferez une fois de
plus sortir mon nom triomphant du scrutin.
Veuillez, mes chers Concitoyens, croire à toute ma reconnaissance et à l'expression de
mon inaltérable dévouement.
Ch. PAU LM IER,
Conseiller général, Député sortant*
Circonscription de LISIEUX
M. Henri LÀNIEL
Eln au tour de scrutin. — 7*702 voix*
Mes chers Concitoyens,
Au lendemain des élections générales de 1898, je vous disais, en vous remerciant des
suffrages dont vous m* aviez honoré, que je m'efforcerais de développer de plus en plus parai
nous i 'esprit de concorde et d'union dont fa vais fait la règle de ma vie politique*
Les événements si divers et si graves qui ont marqué la législature qui va prendra
devaient rendre difficilement réalisable celte partie, pourtant bien simple, de moi
programme*
Quelques jours en effet après îa réunion de la Chambre nouvelle éclatait la déplorai
affaire Dreyfus qui coupait la France en deux et dont les conséquences devaient se îaiit
sentir sur la politique générale du pays pendant les quatre ans de la législature.
Sans elle, les portes du gouvernement ne se fussent certainement pas ouvertes devanï
le chef du parti collectiviste-révolutionnaire. Sans elle, les ennemis de notre armée n’eu&-
sent pas osé relever la tête*
Au milieu de toutes ces tristesses, j'ai certainement répondu aux sentiments de im¬
mense majorité d'entre vous en me séparant nettement des détracteurs de cette armée, a
restant ardemment attaché au culte de notre cher et glorieux drapeau*
Inébranlable dans l'altitude indépendante que j'ai prise dès le premier jour, scrupuleu¬
sement tidèle au programme que vos libres suffrages ont par deux fois sanctionné, je m¥
nore d'avoir toujours marché mon droit chemin, n'ayant, je le proclame bien haut, d'auto
guide que ma conscience, d'autre but que le bien générai de mon pays et la sauvegarde b
tous vos intérêts.
Estimant que la République sans la liberté ne serait que la parodie de la République,
j'ai sans cesse marché dans les rangs des défenseurs de toutes les libertés : libertés relt-
gfifuses, libertés scolaires, libertés agricoles, libertés ouvrières*
C'est par respect pour les libertés religieuses que je me suis refusé à voter une loi insti¬
tuant un régime d'exception pour les congrégations d’hommes et de femmes : pour elles,
comme pour tous les Français, je n'admets qu'un régime, celui de la loi égale pour tous, di
droit commun applicable a tous.
C'est par respect pour les libertés scolaires que je me suis refusé à créer une lat!
originelle atteignant les enfants dans leurs droits civils en punition des opinions de lenfl
parents.
G'est par respect pour les libertés agricoles que j'ai lutté pour le maintien du (M
imprescriptible des cultivateurs de tirer de leur récolte le parti qui leur convient.
La loi des boissons de décembre 19Ü0 a formellement consacré les droits des bouille
de cru.
Les dispositions relatives aux boissons hygiéniques sont en outre de nature à facile
très sensiblement F écoulement de nos pommes*
Je V ai volée pour ces deux motifs primordiaux et surtout parce que si elle avait écOT
le privilège des bouilleurs de cru eût été immédiatement et radicalement supprimé.
Mais, au cours de sa discussion, j’ai formellement repoussé l'aggravation des licence
des débitants et l'augmentation des droits sur l’alcool, comme j'ai d'ailleurs constatant
repoussé tout nouvel impôt.
— m —
m 4162
tirait
fuir:
eyac!
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. . „ 4 „..r derniers points, pleinement justiûê mon attitude et3 dans
'Jfè ttmeT Trésor, il n'est pas possible de songer à maintenir le droit sur l’alcool à
^«vantsuree principe économique que les impôts indirects sont d’autant plus
dS que leur taux est moins élevé, j’estime qu’il faut non seulement ramener ce
droit à 156 par la science au point de vue de l’emploi
. .^“dénaturés pour l’éclairage, le chauffage et la force motrice permettent d’affirmer
que d’immenses débouchésmdustrie^ssoiit J * de a ^ ouvm a cm* daris ]a
» “ ‘"d”8triel,e dcs
en même tempe une source très in.port.nle de prospérité pour notre région et
su garantie de. ■’j”1 “rls™“ cmëflo'toM^puin admettre, ce contre quoi je n'ai cessé, ne
Ce que, dans la situation actu ,3 P vexatoires de l’administration de
cesse et ne cesserai encore e proies , , use pégard de nos cultivateurs de pro-
OM’les'ouvriera se syndiquent ou ne se syndiquent pas, qu’ils travaillent ou tassent
- *■
autour de nous les campagnes se dépeuplent, les affaires languissent, les usines
* ^Greye^en l'expérience d’un homme qui depuis vingt-cinq ans
la vie agricole, commerciale et industrielle du pays, i aut'P®“^ re d its et tous ses
périté matérielle, renoncer enfin à menacer sans cesse tous les droits
que l’esprit d’entreprise soit encouragé par la «âcn'ita&L Ù^recom pensé .
Il faut que le travail sous toutes ses formes soit laf^^;^^ésûiu_
Si une Chambre composée de députés intègres, sa^es, _ confiance renaîtra
ment dans cette voie, les discordes passées seront vite °u / . ’ , (pone République
d’elle-même et les Français marcheront la main ans a mai ^ .ce et jjonté, la
bienveillante à tous, bienfaisante aux faibles, faite de liberté, ]
Kêpublique des travailleurs et des patriotes.
Veuillez agréer, mes chers Concitoyens, l’assurance de mon profond attachement et de
mes sentiments les plus dévoués.
Henri LAN I EL,
Manufacturier, maire de Beuvillers,
Député sortant.
:entf-
nmtf
— 144
Circonscription de PONT-L’ÉVÊQUE
M. Ernest FLAND1N
Élu au 2° tour de scrutin. — S.2/i5 voix.
Mes chers Concitoyens,
.le ne crois pas utile de vous parler de moi longuement; ayant toujours vécu au milia
de vous, beaucoup d’entre vous me connaissent. La confiance dont in’a honoré le canton |
Pnnt-l’Évêquc en me renouvelant, depuis sept ans, le mandat de Conseiller général, le sou¬
venir de mon père qui eut le grand honneur de représenter, à )a Chambre des Députés
notre arrondissement, vous seront, je l’espère, de suffisantes garanties.
Les intérêts de notre vallée d’Auge ont toujours tait l’objet de mes préoccupations,!
l’Assemblée départementale et comme Secrétaire du Syndicat des bouilleurs de cru, je n'ai
jamais cessé de défendre la cause des bouilleurs, si intimement liée à la prospérité di
pays. L’expérience a démontré que la loi du 29 décembre 1900 lésait à la fois les produc¬
teurs d’alcools naturels, les négociants et les débitants. Les droits écrasants perçus sur
l’alcool, l’élévation exorbitante des licences paralysent le commerce, sans profit pour !t
Trésor. Tout le monde reconnaît que la révision de cette loi s’impose à bref délai.
Les besoins de nos cultivateurs et ceux de nos herbagers me sont également connus:
tous ont particulièrement souffert, pendant l’épidémie de fièvre aphteuse, de l’application
de la loi de 1881, si inutile dans ses effets et si onéreuse pour nos finances.
De nombreuses et utiles améliorations sont également nécessaires pour développer [a
prospérité de nos ports, trop longtemps sacrifiés aux grands ports voisins, de notre marine
de pêche et de nos bains de mer. Votre représentant devra revendiquer, avec énergie, la
part à laquelle ils ont droit dans la répartition des fonds publics.
Si toutefois la défense des intérêts locaux doit être l’objet de la sollicitude de votre
Député, celle de la Patrie et des principes qui en sont la sauvegarde est son devoir le plus
sacré.
Une minorité de sectaires, secondée par le parti socialiste, conduit, depuis bientôt trois
ans, notre pays à la ruine morale et matérielle.
On nous avait promis la liberté pour tous ; elle n’existe, en réalité, que pour quelques
milliers de Juifs et de Francs-Maçons qui prétendent gouverner la France.
C’est au nom de la liberté que l’on veut priver les pères de famille du droit de choisir
l’éducation qui leur convient pour leurs enfants ;
C’est au nom de la liberté que d’in offensifs citoyens sont expulsés de leur pays à cause
de leurs convictions religieuses ;
C’est au nom de la liberté que de nombreux Français, dont le seul crime est d’aimer
leur Patrie et de rêver une République meilleure, sont dénoncés, exilés ou tenus pour
suspects;
C’est au nom de la liberté que de paisibles cultivateurs sont menacés d’être privés du
droit de tirer de leur récoltes tout Je profit qu’elles comportent.
On nous avait promis une ère de prospérité et jamais les impôts n’ont été plus lourds,
jamais la Dette publique ne s’est accrue davantage. Le commerce, l’industrie, l’agriculture
déclinent chaque année au profit des nations étrangères ;
On nous avait promis une armée forte et respectée, capable de garantir nos frontières,
et nous avons vu frapper ses chefs les meilleurs et les plus estimés. Nous avons vu insulter
— 145 —
N° 11(52
le Drapeau et troubler impunément la France entière pour un oflicier deux lois condamne
comme traître à son pays, et cependant gracié, malgré les arrêts de la justice militaire ;
On avait promis aux ouvriers d’améliorer leur sort et jamais le travail na été plus
rare, jamais les grèves n’ont été plus nombreuses, jamais la vie n’a présenté pour eux de
plus dures conditions. . , . „„„
lnaugurer une République digne de ce nom, fondée sur la souveraineté du peuple, res¬
pectueuse de toutes les libertés, unie pour le bien commun; développer l’industrie et le
commerce; améliorer le sort des travailleurs en encourageant les mutualités; alléger les
charges militaires sans compromettre les intérêts sacrés de la défense nationale; tel est, en
résumé, à mon avis, le programme que doivent se proposer tous les bons citoyens.
C’est à vous, Électeurs, qu’il appartient d’apporter, sans révolution, un remède au
déplorable état de choses actuel en choisissant des représentants qui ne cherchent, dans la
politique, ni la satisfaction d’une vulgaire ambition, ni celle de leur intérêt personne .
Ernest FLAND1N,
Docteur en droit, Avocat à la Cour d’appel,
Conseiller générai du Calvados.
Candidat de la « Patrie Française ».
Circonscription de VIRE
M. Jules DELAFOSSE
Élu au 1er tour de scrutin. — 9.030 voix.
Mes chers Compatriotes,
Il y a quatre ans, au lendemain de ma défaite, je vous adressais des adieux que je
croyais définitifs.
Le devoir patriotique a modifié ma décision.
Je fais encore une fois appel à vos suffrages, non pas pour chercher une revanche dont
je ne sens pas le besoin, mais pour contribuer, dans la mesuie ( e mes oices,
vrance de ma patrie. . . e ,ÛO fûr
Voici trois années qu’un ministère, né de l’affaire Dreyfus, coalise en lui tous les fer¬
ments malfaisants ou malsains qui conspirent c antre notre nationalité.
A chacun des éléments qui le composent correspond un attentat contre le génie de notie
race et la puissance de notre nation.
Dreytusiste, il désorganise l’armée;
Franc-maçon, il proscrit avec la liberté d’enseignement l’éducation religieuse afin d
former par l’irréligion obligatoire des générations qui soient semblables a lui ;
Socialiste, il fomente la haine des classes et nous mène à 1 invasion collectiviste qui
n’est elle-même que la préface de l’anarchie et de la guerre civile; ,
Sectaire, il proscrit avec les républicains qui les professent, les principes cs>en îe s
la Révolution française, le droit, la justice, la liberté, 1 égalité, et ait c e a epu
elle-même une imposture; r
Prodigue et désordonné, il ruine nos finances, endette 1 État et, pour com
brèches, condamne les contribuables à Paugmentation indéfinie de 1 impôt.
Eh bien, je suis le candidat de toutes ces causes sacrifiées contie e minist re re^
siste et contre l’œuvre antinationale qu’il poursuit.
19
J’ai voulu que notre arrondissement s'associât à l’effort libérateur que font, en ce
moment, tous les collèges électoraux pour sauver la France de ce fléau* Ma candidature n’a
pas d’autre objet.
On vous dira que je veux renverser la République. C’est un mensonge doublé d’une
absurdité. La République n’est pas en cause, et je ne r m présente pas contre elle.
Ma seule ambition est d’aider les patriotes à rétablir, dans la République purifiée et
pacifiée, les principes d’ordre^ de liberté, de justice, d’intégrité et d’économie sans lesquels
elle n’est qu’une mascarade*
Je conserve les convictions et les croyances qui furent les conseils de toute ma vie.
Mais elles ne sont pas incompatibles avec une République libérale, ordonnée et juste* Si je
contribue à la rendre meilleure, elle n’en sera que plus forte et c’est elle, en somme, qui
en aura l’honneur et le profit*
J’ai fait taire en moi tout esprit de parti pour n’écouter que la voix du devoir présent*
Ma candidature s’adresse à tous ceux qui sont capables du môme effort pour la déli¬
vrance et le salut de la patrie.
J’ai voulu la rendre si large et si haute que tout républicain libéral et patriote pût, en
toute sécurité, voter pour moi*
Je jure que sa confiance ne sera pas trompée !
Jules DEL4FOSSE,
Ancien Député,
Chevalier de la Légion d’honneur,
Candidat indépendant et libéral.
— 147 —
N* 1162
CANTAL
Circonscription d’AURILLAC
M. Adrien BASTID, décédé, remplacé par M. R1GAL.
Voy. Élections partielles.
Circonscription de MAURIAC
M. Fernand BRUN
Élu au 1” tour de scrutin. — 7.125 voix.
Chers Concitoyens,
C’est par une majorité de ft.fcOO voix que vous m’avez investi, aux élections de 1898, du
landat de vous représenter à la Chambre des Députés.
Ce témoignage de confiance, aussi éclatante que spontanée, m’imposait de grands
evoirs envers vous; c’est parce que j’ai le sentiment d’avoir fait tous mes efforts poui
ester diene nue je viens peur la seconde fois solliciter vos suffrages.
^^Avec môi^vous6 TOUS «L décla*, partisans résoins A. P**» * réformes qu,
.nie peut permet.™ à la ltèpnbli<|ne d’atteindre à l'idéal d'égalité, de
lié soaiales qu'elle doit poursuivre sans relâche. Avec mot vous vous él es prononces pour
a refonte complote de notre système d’impôts et pour rétablissement d'un
;t progressif sur le revenu substitué à nos impôts directs, si injus es reTte léCTis—
épartis. Il n’a pas dépendu de moi que le Parlement n’ait accompli au cour . *
ature, cette réforme essentielle que je persiste à considérer comme la base • pr »
le tous les progrès sociaux, réclamés et attendus depuis longtemps pai no
aborieuse a
Vous savez que chaque année, au moment de la discussion du budget. avec une persé¬
vérance que rien n’a pu décourager, je suis monté à la tribune pour rappe p l’année
eurs promesses et les sommer de les accomplir. Vous savez avec qu. e w * ’ com,
lernière encore, j’ai réclamé la discussion immédiate d un projet o re 0 financière
)lète, que j’avais présenté moi-même et auquel des hommes d’une compétence financière
ndiscutable n'avaient pas dédaigné de collaborer.
Nous nous sommes heurtés à la résistance d'une majorité indifférente ou hostile, dont
les événements avaient détourné l'attention vers des préoccupations nouvelles. Mais je reste
obstinément résolu, si vous me faîtes l'honneur de m'élire, à recommencer demain nos
tentatives avortées.
Plus heureux clans la réforme des droits de succession, nous avons réussi, mes amis et
moi, à faire voter par les deux Chambres, et à faire appliquer une loi discutée depuis plus
de 20 ans et qui sera l'honneur de cette législature, parce qu'elle consacre ce double prin¬
cipe de justice fiscale, la déduction du passif grevant les successions, et la progression des
tarifs, progression encore trop limitée à mon sens, mais dont une majoration raison-
nable et normale, apportera des ressources nouvelles à notre budget, d'un équilibre trop
mal assuré.
Ces nouvelles ressources, nous ne pouvons les attendre que de l'impôt progressif sur
les gros revenus et les gros héritages, et seules, elles peuvent permettre les dégrèvements
promis aux petits contribuables: seules aussi, elles peuvent nous procurer les moyens de
mener à bonne fin les autres réformes de notre programme démocratique :
La réduction du service militaire à deux ans, dont nous avons arrêté les bases et qui
ne diminuera point la force de notre armée nationale, pourvu que les vides de notre effectif
soient comblés au moyen de rengagements, ou bien par la suppression des dispenses, dont
bénéficient sans raison certains privilégiés, sous réserve en tout cas que l'État assurera
l'existence des familles nécessiteuses privées de leurs soutiens.
L'institution de la caisse des retraites des travailleurs des champs, de l'atelier ou de la
mine, que 1 âge ou les infirmités ont réduits à la misère, au moyen d'une large participation
de l'État.
J'estime aussi qu'il y a lieu de compléter notre législation ouvrière, notamment les lois
sur les accidents, sur la réglementation du travail des femmes, des enfants, des ouvriers
des mines et de certaines industries spéciales.
Une commission extra-parlementaire vient d'étudier avec soin la rédaction des frais de
justice; ii importe que ses résolutions reçoivent une prompte sanction.
Les grands problèmes qui sollicitent, avant tout, l'attention de vos législateurs, ne
doivent pas cependant leur faire perdre de vue la nécessité de défendre la République
contre ses adversaires irréconciliables, que nulle concession ne saurait désarmer. Ferme¬
ment résolu à maintenir la suprématie du pouvoir civil contre les empiétements de l'Église,
j'estime que la République a le devoir et le droit de se mettre en garde contre certaines
congrégations militantes, qui restent en lutte ouverte et constante contre elle.
Je persiste à penser cependant — et l'expérience à cet égard semble m'avoir donné
raison — que sous sa forme actuelle la loi des associations est d'une application difficile,
puisqu'on ne l'a pas encore appliquée et que l'œuvre de police et d'épuration nécessaire
devrait être accomplie de préférence, non par les deux Chambres qui ont un rôle législatif
plus haut et plus noble à remplir, mais par Je Gouvernement lui-même, après avis du
Conseil d'Etat.
Je crois aussi que les nécessités de la défense républicaine ne sauraient justifier à
l’heure actuelle, aucune atteinte ans libertés que la République elle-même a conquises :’la
liberté de conscience et la liberté d’enseignement. Je n’ai pas cru qu’il fût permis de priver
les pères de famille du droit de diriger à leur gré l’éducation de leurs enfants; mais je serai
d’accord avec la grande majorité des républicains, pour remplacer par une législation nou¬
velle les derniers vestiges de la loi Falloux; exiger, dans les établissements libres l’équi¬
valence des grades universitaires; rétablir l’inspection qui est tombée en désuétude-
« exercer une surveillance et une répression sévères, afin d’empêcher, que dans ces
établissements libres, l’instruction ou l’éducation soient donnés dans un sens hostile à l’État
républicain ».
Profondément dévoué à la défense de vos intérêts agricoles, dont on ne saurait concéder
h personne le monopole, surtout à ceux qui, se renfermant dans un égoïsme jaloux, ont
garde toute leur vie pour eux seuls le fruit de leurs expériences et de leurs recherches
— 149 —
N° H62
comme par le passé à ce que notre bétail et nos produits agricoles soient éner¬
giquement protégés contre la concurrence étrangère; que des débouchés suffisants leur
restent ouverts; que les subventions de l’Etat pour nos concours soient maintenues et s’il
est possible augmentées. Je m’efforcerai, comme je l’ai déjà tenté, de vulgariser les idées
de prévoyance, d’assurance et de mutualité agricoles, par lesquelles pourraient être réa¬
lisées, dans notre beau Cantal, tant d’améliorations fécondes et de progrès.
Toujours préoccupé de procurer de nouveaux moyens de communications et de trans¬
ports, aux populations de certaines parties de l’arrondissement, jusqu’ici déshéritées et qui
subissent encore les conséquences des lourdes fautes du passé, j’ai eu la grande satisfaction
d’obtenir des pouvoirs publics l’ouverture des travaux de construction de la ligne de chemin
de fer de Bort à Neussargues, la mise à l’étude du prolongement de la ligne Tulle-
Argentat par Fléaux, vers Salers. Tous mes efforts tendront à l’achèvement de ces deux
grandes œuvres, qui compléteront, d’une façon si heureuse, le réseau de nos chemins de
fer cantaliens.
Chers Concitoyens,
Une campagne odieuse de calomnies et de mensonges, menée par une presse immonde,
soutenue par des ressources pécuniaires auxquelles je ne puis songer à opposer les miennes,
vient de s’engager contre l’homme qui n’a encouru d’autre reproche que d’avoir loyalement
observé les engagements qui le liaient envers vous.
Pour me défendre contre les accusations les plus infâmes, contre les attaques les plus
perfides, je n’ai que l’ardeur de mon âge, l’inébranlable fermeté de mes convictions répu¬
blicaines, la sécurité de ma conscience et le dévouement de mes amis.
Avec votre clairvoyance et votre bon sens, cela suffit pour vaincre et pour assurer, le
27 avril, le triomphe de la Démocratie.
Vive la République!
Fernand BRUN, Député sortant,
Conseiller général,
Maire de Riom, Président, du comice agricole,
Avocat à la Cour d’appel de Paris.
Circonscription de MURAT
M. le comte Stanislas de CASTELLANE
Élu au 1er tour de scrutin. — 3.917 voix.
Mes chers concitoyens,
Cent ans après la Révolution française, le règne de la Liberté, de l’Égalité, de la
Fraternité est toujours à l’état d’ébauche.
On a été riche en promesses et pauvre en actes ; on a déçu Vos espoirs et lassé votre
patience.
Plusieurs d’entre vous m’ont demandé d’assumer la tâche de soutenir à la Chambre
des Députés la cause d’une République vraiment républicaine et démocratique et les intérêts
particuliers à l’arrondissement de Murat. Ils l’ont fait parce que je suis Auvergnat
— im —
moi-même, parce q m je suis Vun des vôtres, parce que nos intérêts comme nos sentiments
sont communs.
C’est pourquoi je pose ma candidature au siège attribué à votre représentant.
Si yous m’élisez, je prends ies engagements suivants dont vous me donnerez acte
le 27 avril:
1° Tout ce qui affaiblirait les institutions que la France s5 est librement donnée compro¬
mettrait l’hérüage intangible de la Révolution française. Républicain avant tout, je
défendrai donc la République contre les attaques ouvertes ou dissimulées dont elle est
incessamment l'objet de la part de prête ridants à un trôné à jamais détruit aussi bien que
de la part des sectes collectivistes et révolutionnaires ;
2 0 Notre organisation fiscale rogne sur le strict nécessaire du pauvre, mais épargne le
superflu du riche. Démocrate, je m'attacherai à la réalisation d’un système d’impôts qui
établira l’équité fiscale en surtaxant les grandes fortunes pour détaxer dans la mesure du
possible les petits contribuables ;
3° La liberté d'enseigner m’est aussi sacrée que la liberté de penser dont elle est le
corollaire. Mais exiger de l’éducateur des titres de capacité et des garanties de moralité
n’est point y porter atteinte ; c’est la sauvegarder. Au premier rang des garanties de
moralité requises pour enseigner , il faut placer le respect des lois qui sont la raison d’être de
la République et la base de la société moderne. Libéral, je m’associerai à toutes les mesures
qui assureront, dans ces conditions, la liberté de renseignement ;
4° <! Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur
manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par les lois ». La Déclaration des Droits
de l’homme, en son article 10 à la rédaction duquel mon aïeul a collaboré, pose ainsi les
bases de la liberté de conscience. Je m’y référerai. Je ne tolérerai aucune mesure de nature
à restreindre dans sa liberté l’exercice des cultes, quels qu’ils soient, mais je ne permettrai
pas non plus l’intrusion des choses de la religion dans la politique;
5° L’armée est l’image de la Nation républicaine debout pour la défense de ïa Patrie,
Patriote, je la veux forte et honorée.
Issu d’une famille de soldats, en votant le service de deux ans, j’aurai la certitude que
l’Armée française ne cessera pas d’être ïa première armée du monde et l’objet de tous les
respects ; vous pouvez en être assurés ;
T La France compte 5.5'53,êÛ0 agriculteurs. Leurs intérêts et leurs besoins ont
toujours été négligés par les Chambres.
6° Rien ou à peu près rien n’a été tenté pour améliorer leur sort. Je m’attacherai à
remédier a cet état de choses non seulement par la réforme de l’impôt, mais en défendant
encore et en votant toute mesure relative, directement ou indirectement :
a) A la révision ou à la réforme du cadastre ;
b) Au développement du crédit agricole ;
c) Au régime douanier et, consécutivement, à l’encouragement et à la protection de
l’agriculture ;
d) A l’organisation de marchés de reproducteurs et de syndicats d’élevage ;
e) Aux oeuvres de prévoyance et de mutualité ;
f ) Aux assurances agricoles, etc , etc...
8° Parmi bien d’autres encore, une réforme s’impose : la constitution de pensions de
retraites pour la vieillesse.
Je les voterai, persuadé qu’elles seront un inappréciable bienfait pour nos populations
rurales comme pour la population des villes et qu'on peut trouver la solution du problème
qu’elles soulèvent dans les œuvres de mutualité ;
9® Aucune des réformes que je viens d'énumérer n’est possible ni efficace si nous
^améliorons pas nos finances publiques. Elles sont dans un état déplorable auquel il faut
obvier avant tout sons peine de vous leurrer encore de promesses illusoires. Je m’efforcerai
d’y remédier en veillant à ce que la plus stricte économie soit apportée par le Gouverne-
N“ H62
— iBl —
ment dans l’établissement des divers budgets, et, aussi, en m’attachant à obtenir du
parlement qu’il renonce à des méthodes de travail reconnues vicieuses, et n'engage plus
une dépense avant d’avoir créé les ressources destinées à y faire face. Uhe réforme du
règlement de la Chambre est nécessaire dans ce sens.
Mes chers concitoyens,
Si les représentants que voua allez élire réalisent ce programme avant l’expiration de
leur mandat, ils pourront se représenter devant vous, en 1906, le front haut, la conscience
en paix, avec la certitude d’avoir accompli œuvre utile.
Pour moi, je suis résolu à mette tout le zèle, tout le dévouement, toute l’activité dont
je suis capable au service de la France, notre grande patrie, et de notre petite patrie
cantalienndpour le triomphe de la République.
Vive la République démocratique !
Stanislas de CASTELLANE,
Maire de Marcenat.
Circonscription de SAINT-FLOUR
M. le comte Jean de CASTELLANE, dont l’élection a été annulée, a été remplacé
par M. HUGON.
Voy . Élections partielles.
CHARENTE
lrc circonscription cEANGOULÉME
M, LAROCHE-JOUBERT
j
Élu au 1er tour de scrutin. — 8.537 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
Le mandat de Député que vous m’avez confié pour la première fois le 14 septembre 1884
et que vous m’avez renouvelé sans cesse depuis lors en 1885, en 1889, en 1893 et en 1898,
est sur le point d’expirer.
Fort de ma conscience de mandataire fidèle, je me présente pour la sixième fois à vos
libres suffrages.
J’affirrne de nouveau mon adhésiou sans réserve et sans arrière-pensée à la République,
qui est, j’en suis de plus en plus convaincu, la forme de Gouvernement nécessaire pour une
grande démocratie pacifique comme la nôtre, la seule qui soit compatible avec la doctrine
de la souveraineté du suffrage universel.
Mais i! lia suffit pas que le mot « République » soit inscrit en tête de notre constitution
politique pour que les maux dont nous souffrons prennent fin, pour queles scandales ne suc¬
cèdent plus aux scandales, pour que les dépenses publiques cessent de s’accroître, pour
que nos charges diminuent, pour que la prospérité succède enfin aux misères dont le poids
nous accable.
La bonne volonté des républicains parlementaires, comme ceux que l’honorable
M. Mèline avait groupés autour de lui dans un ministère que j’ai soutenu résolument, n’a
pas suffi à rendre la prospérité au travail national, la sécurité à la Patrie : tout au plus
sont-ils parvenus à ralentir les progrès du mal qu’engendre fatalement le parlementarisme.
L’expérience qui s’en est poursuivie, au cours de la législature qui prend fin, a démon¬
tré au contraire avec la dernière évidence que le régime parlementaire, appliqué par des
hommes comme ceux qui composent le ministère Waldeck-Rousseau, est incompatible avec
l'esprit démocratique qui animait les émancipateurs de 1789.
La révision de la constitution s’impose donc, mais sans révolution, sans violence.
Lorsque le peuple français tout entier, convaincu comme nous, imposera cette révision
à ses mandataires, nous organiserons les pouvoirs publics sur la base de l’exercice réel et
direct des droits du suffrage universel, nous rendrons au peuple l’élection du Chef de
1 État; nous introduirons le referendum dans toutes les grandes questions intéressant la
Nation, le Département, la Commune î nous réveillerons l’esprit public dans nos provinces
par une décentralisation sagement ordonnée, et nous verrons alors le régime plébiscitaire
triomphant nous donner la puissance et la prospérité admirables qu’il procure depuis
125 ans à la République des États-Unis.
Mais, en attendant cette révision libératrice, je suis avec tous les bons Français grou¬
pés dans un superbe élan pour chasser du pouvoir les sectaires qui compromettent de plus
en plus la République et la France avec elle.
N° 1162
— m —
De tous les points de notre chère Patrie, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, un cri de
protestation s’élève contre ceux qui, sous prétexte de défendre la République que personne
ne discute plus, atlaquent la Patrie dans ses traditions, dans sa foi, dans ses libertés essen-
tiellcs*
Les plus honorés parmi les républicains, des Français illustres, des poètes, de^ soldats
glorieux, preonent la tète du mouvement et se font les porte-paroles de ^indignation
publique*
Les femmes elles-mêmes sont debout pour défendre Pâme de leurs enfants.
Tous les citoyens enfin, quelles que soient leurs opinions d'hier, se lèvent pour sauver
la patrie*
Je suis avec eux contre le ministère de ruine nationale qui a réveillé l'affaire Dreyfus,
qui est fauteur de la loi néfaste dite des boissons*
Je suis avec eux contre les sectaires qui déchirent une à une toutes les pages de la
Déclaration des droits de l'homme.
Je suis avec eux pour rendre à îa France :
La paix sociale, par la liberté pour tous les travailleurs syndiqués ou non, par le déve¬
loppement de l'association sous toutes ses formes ;
La paix extérieure par une politique étrangère à la fois ferme et prudente, par de
solides alliances maintenues avec soin ;
La paix religieuse, par le respect des convictions d’autrui, par l'interprétation bienveil¬
lante du Concordat;
La Justice, par une magistrature indépendante, devant laquelle les puissants et les
forts devront s'incliner aussi bien que les petits et les faibles;
La Liberté, par le respect des droit» de chacun et l'abandon du détestable système de
favoritisme et d'arbitraire administratifs, qui nous rappelle les plus mauvais jours de notre
histoire*
Je veux une République qui répartisse avec équité Les charges publiques proportion¬
nellement aux ressources et à la fortune de chaque citoyen :
Qui arrête le gaspillage financier, précurseur de la banqueroute ;
Qui protège la propriété individuelle contre les menaces du communisme et du collec¬
tivisme, dont le chef incontesté, M- Millerand, est au ministère ;
Qui défende l'armée contre les attaques si injustes dont elle est Pobjet; contre l'intro¬
duction de la politique dans ses rangs ;
Qui allège, dans îa mesure compatible avec l'intérêt supérieur de la défense nationale,
les charges si lourdes du service obligatoire, en réduisant la durée des périodes d’appel
des réservistes et des territoriaux, et en autorisant des engagements volontaires avec prime,
qui permettront de limiter jusqu'à un an la durée du service militaire, ainsi que j en ai
fait adopter le vœu l'année dernière par le Conseil général et que je Pai voté cette année à
la Chambre ;
Qui permette, par îa mutualité, aux travailleurs des champs et de Patelier parvenus an
terme de leur carrière sans avoir pu s'assurer des ressources suffisantes, de finir tranquil¬
lement leurs vieux jours au milieu des leurs, sans être pour eux une charge trop lourde*
Le ministère Waldeck- Rousseau a effrayé tous les intérêts, il a excité tous les appétits,
toutes les passions subversives*
Prisonnier du cosmopolitisme et de la franc-maçonnerie ténébreuse et oppressive, il a
porté la main sur vos libertés les plus chères ;
Liberté de conscience ;
Liberté d'association ;
Liberté d'enseignement ;
Liberté du père de famille ;
Liberté individuelle.
Toutes les branches de l'activité nationale en souffrent; les revenus de chacun dimi¬
nuent; par suite le commerce est moins actif, les produits de l'industrie sont moins dernan-
20
dés, elle répand autour d’elle moins de salaires, elle achète moins de matières premières,
et ainsi le mal que ressentent l'industrie et le commerce retombe lourdement sur l’agricul¬
ture, source de toutes les productions.
Elle-même ainsi atteinte diminue ses achats et la souffrance de chacune des branches
de la production nationale multiplie celle des autres.
D’autre part, la création des emplois publics est de plus en plus Intense, alors qu'il
faudrait diminuer dans une large mesure le nombre des fonctionnaires dont les traitements
accumulés finiraient par ruiner le pays.
Les dépenses publiques, les impôts s’accroissent par centaines de millions chaque
année, et cependant ils sont impuissants à payer les dépenses engagées par un gouverne¬
ment sans contrôle,
Les deux derniers budgets se soldent par un déficit de plus de 5ÛÛ millions.
En combattant ceux qui font cette détestable politique, j’ai défendu les intérêts du
commerce, de l'agriculture et de l’industrie.
Les candidats du ministère, les candidats officiels ne pourraient que continuer celte
politique désastreuse, que ce soit avec M, Waldeck-Rousseau ou que ce soit avec d’autres
Ministres pris dans une majorité animée des mêmes appétits.
Ces candidats officiels, une fois élus, continueraient à être les complaisants du pouvoir
au lieu d’en être les contrôleurs sévères, comme c’est le devoir des mandataires du Peuple*
Si, résistant aux entreprises de la candidature officielle, qui sont une offense pour des
citoyens libres et éclairés, vous me faites l’honneur de me confier de nouveau le mandai de
député, vous aurez montré une fois de plus que vous savez vous élever au-dessus de l'es¬
prit de secte et de coterie, pour ne voir que le^ intérêts véritables de la République, et par¬
dessus tout ceux de notre chère Patrie, dont la défense a inspiré tous les actes de ma vie
publique depuis 18 années*
Quel que soit votre verdict, croyez, mes chers concitoyens, à mon plus entier dévoue¬
ment,
L -Edgar d L PROCHE- JOÜBERT,
Conseiller général. Député sortant, Candidat anti-ministériel.
2a circonscription d’ANGOULÊME
M, MULAG
Elu au 2e tour de scrutin, — 9.398 voix.
Messieurs les Électeurs,
Vous m'avez élu, l’an dernier, député de la 2* circonscription d’Angoulême, et vous
l’avez fait avec un élan qui a nettement marqué que vous entendiez rompre avec les agita¬
tions stériles et vous détourner des hommes au service des factions*
Vous n'avez pas changé depuis ; tout confirme que l’évolution s’accentue.
Habitués depuis trente ans à entendre les mêmes calomnies, toujours confondues, les
mêmes prédictions, toujours démenties, vous ne vous détournerez ni de la République, ni
des Républicains sincères qui la servent en servant vos intérêts.
Vous saurez déchirer les masques*
Mon programme est encore celui de l'an dernier.
— 135 —
N® 1162
Les garanties que je vous offre sont celles de mon passé. Vous les trouverez dans mon
esprit d’ordre, dans mon amour du travail.
Vous nie rendrez cette justice que j’ai, au Parlement, conformé mes actes à mes enga¬
gements et que je me suis, au plus haut point, montré soucieux des intérêts industriels,
commerciaux et agricoles du pays.
Tous, vous reconnaîtrez que dans la question capitale pour notre département — j'ai
nommé la question viticole — de laquelle dépend le bien-être commun de nos populations
rurales et urbaines, je me suis montré résolu, et que j ai pris franchement les initiatives
nécessaires. .... ...
Ge que j’ai été hier sur le terrain politique comme sur le terrain economique, je le
serai demain, je le serai toujours. ,
Je ne suis point l’homme d’une secte, mais le serviteur d’un parti qui appelle à lui tous
les hommes de bonne volonté.
Je ne suis point l’artisan des haines qui déchirent le pays, des haines que nos adver¬
saires attisent, mais l’homme qui s’efforce de les calmer en dissipant les malentendus.
Mon programme est encore contenu dans l’appel de V Alliance Républicaine démocra¬
tique ou vous trouverez le grand nom de Carnot.
Voici ce que l’Alliance des bons citoyens et des bons Français vous demande de
consacrer dans le scrutin du 27 avril ;
u Une République ordonnée et vraiment libérale, basée sur injustice égale pour tous,
en même temps que secourable aux faibles -,
« Respectueuse de tous les droits, mais résolument réformatrice, économe de nos
deniers ;
« Anticléricale, mais non antireligieuse; j
« Antinationaliste, mais gardienne vigilante de l’honneur et de la puissance de la
patrie *
« Confiante dans le loyalisme de l’Armée nationale, chargée, sous la suprématie du
pouvoir civil, de défendre le sol, fe drapeau et la Constitution ;
t( Adversaire des utopies communistes on collectivistes ; nettement hostile aux moyens
violents, à la politique de surenchère, mais constamment et passionnément préoccupée de
tous les progrès et avant tous les autres du progrès social- n
Gel appel sera entendu des électeurs de la 2e circonscription comme ü sera entendu de
tout le pays. . # ,
Et dans une législature féconde, les véritables Républicains assureront a la France la
paix et la prospérité*
A, MU LAC, Député sortant,
Conseiller général. Maire cTAngoulème,
Directeur de la Caisse nationale du Crédit agricole,
Décoré de la Médaille militaire.
Messieurs les Électeurs,
Les Comités qui ont soutenu la candidature de M. Mulac depuis dix ans adjurent les
Républicains des cantons d’AugouISms, d’Hiersac, de Rouillas et de Saint-Aroant-de-Boixe
de répondre à cette simple question ; •
M, Mulac a-t-il trompé une seule fois la confiance de ses électeurs ; a-t-il menti a son
programme? n1 est-il pas resté le républicain intègre^ courageux, serviable et fidèle qui
honore son parti en servant loyalement la France?
Pour ceux que de vaines clameurs ou dfedieus.es calomnies auraient pu ébranler, ne
— 156 —
fût-ce qu'un instant, nous extrayons de la profession de foi de notre député en 1901, les
passages suivants ;
« L'esprit qui forme, soulève et déchaîne les factions est invariablement l'esprit clé-
rical. Comme toujours la main de certaines congrégations, n’ayant de religieux que la forme,
a été saisie dans les dernières agitations Ces congrégations entendent faire échec au droit
moderne, à la liberté humaine, à l’indépendance des consciences* Je m’associerai aux
mesures de défense en discussion devant le Parlement et qui visent les seules congréga¬
tions dont le rôle est purement politique,
« Nous ne menaçons les convictions de personne. Si nous avons conquis la liberté de
conscience pour nous, ce n'est pas pour la refuser aux aurres.
« Le devoir essentiel de TÉtat est de fortifier l'unité du pays. Point de prospérité dans
la division et les haines. Je fais appel à tous les bons citoyens, d’où qu!ils viennent, pourvu
que leur adhésion soit sincère,
« C'est par la démocratie que la France prospérera, Nous devons l'éclairer, l'instruire
et Païmer* Je tiens que tous les concours qui s’en réclament doivent être appelés à la ges¬
tion des affaires publiques. En s'y exerçant, chacun discernera mieux le juste du faux, le
possible de îa chimère. Point de lutte de classes. Tous unis dans le même esprit de frater¬
nité et de justice.
« Les œuvres d'assistance, de mutualité et de prévoyance doivent tenir là meilleure
place dans nos préoccupations. Il faut assurer le pain et la dîgoitê des vieux jours au tra¬
vailleur : à celui qui féconde le sol, notre première richesse, comme à l'ouvrier des villes
qui transforme et ajoute à la fortune publique,
« Il faut simplifier nos rouages administratifs et judiciaires. Le temps, c'est de l'ar¬
gent Il faut enrayer résolument PaugmentaCon des dépenses et supprimer celles dont
l'expérience a démontré la stérilité,
« Nos impôts atteignent un chiffre qu'il n'est pas possible de dépasser, La contribution
des patentes pèse trop lourdement sur le commerce et l'industrie. De plus, elle est inégale*
Le dégrèvement total du principal de l'impôt Foncier doit être poursuivi,
« Notre agriculture, si éprouvée, si vaillante et si digne, est en voie de relèvement-
Une loi mauvaise est venue atteindre la viticulture, en même temps que îe commerce
général des eaux-de-vie, au moment où la reconstitution du vignoble mérite, au contraire,
d'être encouragée, J'ajouterai mes protestations à celles qui se sont déjà produites^ jusqu'à
pleine satisfaction.
« Les agriculteurs savent qu'aucune des questions qui les intéressent ne m'est restée
étrangère. Je suis Lun des deux fondateurs du premier syndicat agricole et viticole qui ait
fonctionné en Charente ; l'un des fondateurs de la Caisse régionale de Crédit agricole du
département, qui va disposer d'un capital de 600.000 francs,
a Le commerce d^s eaux-de-vie de Cognac demande qu'on protège sa marque, et les
viticulteurs qu'on ne puisse adultérer, leurs produits, la réputation commerciale de nos
eaux-de-vie naturelles, comme la question même de la reconstitution du vignoble charcu¬
tais, en dépendent. Je m’attacherai à faire régler cetîe importante question, à faire appli¬
quer, en un mot, une législation protectrice des intérêts viticoles.
a Le service militaire constitue une charge lourde. Des projets tendent à le réduire.
Aucune question n'est plus giave; elle ne saurait être résolue avec légèreté. Je m'associerai
à toute atténua tioo compatible avec notre sécurité, »
Bien qu'il ait siégé huit mois à peine, M. Mulac a tenu parole. Quand il n'a pu prendre
l'initiative de celles des réformes qui figuraient déjà à l'ordre du jour de la Chambre, il les
a votées. On trouve son nom au bas de toutes les propositions contenues dans sa profession
de foi, El s'est associé notamment à la motion qui demande au Ministre de la Guerre de
préparer un projet sur le service de deux ans.
Aux CO* servateurs de bonne foi, aux électeurs que n'aveugle pas l'esprit d'opposition
— 187 —
1162
systématique, à ceux qui ont voulu voir le député à l’œuvre avant de voter pour lui, nous
dirons ;
Ouvrez le Journal Officiel; compulsez les votes de M. Mulac; examinez la situation
des partis ; lisez les discours prononcés par notre député ; voyez avec quelle vigueur et
quelle habileté il est intervenu dans les questions charentaises; rendez-vous compte de
la place distinguée qu’il s’est faite à la Chambre ; interrogez vos voisins sur le crédit dont il
jouit auprès du Gouvernement, et décidez en toute sincérité si l’honneur et les intérêts de
notre circonscription sont en bonnes mains*
Ce verdict, nous l'attendons avec confiance de la sagacité du corps électoral Tous se
souviendront qu’en 1893, notre candidat obtint 5.777 voix; qu’en 1898, les suffrages répu¬
blicains s'élevèrent à 7.0/f9, et que, Tannée dernière, le parti de la raison, de la; paix et de
la liberté, auquel M. Mulac est reste fidèle, triompha sur son nom avec 8.395 électeurs,
alors que les ennemis de Tordre et de Ta République obtenaient péniblement 5,1 £*7 suf¬
frages.
Ce n'est pas quand les grappes foisonnent et mûrissent à pleins sarments que le
vigneron songe à arracher sa vigne.
Pour les Comités Républicains de la 2e circonscription :
(Suivent les signatures.)
Circonscription de BABJBEZIEUX
M. Georges GERAJLD
Elu au 1er tour de scrutin. — 6,401 voix*
Messieurs et chers Concitoyens,
Le mandat que vous avez bien voulu me confier le 27 octobre dernier prend légalement
fin ; j'ai l’honneur d'en solliciter le renouvellement*
Vos représentants doivent se consacrer aux réformes utiles en évitant les mesquine*
querelles des partis et les discussions stériles, mais aussi en veillant avec un soin Jaloux à
la garde de nos institutions démocratiques.
G'est ce que j’ai fait, toujours placé, dans la plénitude de mon indépendance, à égale
distance de tous les excès, contre la réaction et contre la révolution*
j’offre au contrôle de tous les Républicains, de tous les hommes de bonne foi, mes
efforts personnels et mes actes au cours des six mois pendant lesquels je viens de vous
représenter. Ils y trouveront la fidèle exécution du programme économique, social, financier,
d'ordre, de progrès et de liberté sur lequel j'avais sollicité vos suffrages*
Mon programme reste le même. Et toujours fidèle à vous, mes chers concitoyens, et à
moi-même, je continuerai de me rendre, comme par le passé, dans toutes vos communes,
estimant que le devoir d’un mandataire est de rester en communication constante avec ses
commettants, tant pour connaître et satisfaire leurs intérêts que pour recevoir leurs conseils*
Je me suis appliqué :
À assurer le développement de nos voies de communication : chemins de fer et
tramways. Les résultats que j'ai déjà obtenus pour la ligne de chemin de fer de Barbezieux
à Saint-M ariens vous prouvent ce que peut une volonté ferme, résolue à se consacrer à l’in¬
térêt général bien entendu;
A préparer et obtenir la modification de cette inique loi des boissons, si préjudiciable
— 158 —
à nos intérêts J'ai combattu sans relâche cette loi désastreuse; je continuerai, ne négligeant
d'autre part aucune occasion d’affirmer le respect dû au « droit » du bouilleur d’être maître
chez soi ;
À dégager nos habitants des campagnes des formalités trop onéreuses, compliquées,
inutiles* vexatoires en ce qui concerne la propriété, la régie, la chasse, la pêche; à leur
faciliter, en retour, Le bénéfice et la jouissance des faveurs auxquels ils ont droit, comme je
Fai fait pour îa taxe militaire, les améliorations postales à ia campagne, les 28 et
13 jours, etc.
À favoriser notre commerce extérieur par le retour aux traités de commerce.
L/impôt du sang est sacré, mais il doit de plus en plus se mieux adapter aux exigences
de notre vie moderne.
J'ai demandé ie service de deux ans, mais avec cette réserve que ceux qui assumeront
la lourde responsabilité des événements de guerre auront l'initiative et la préparation des
réformes militaires en temps de paix.
Nous les avons provoquées,
A cette discussion se joindra forcément, comme parties constitutives d'un même tout,
la question du remaniement des périodes de 28 et 13 jours.
L’existence de la misère prouve que tous les progrès politiques et sociaux sont loin
d’être accomplis. L’effort du législateur doit tendre constamment à atténuer, sinon à faire
disparaître* la détresse publique et privée.
Est-ce à dire qu’il faut imposer à l’État l'obligation de former et de fournir le salaire?
Je ne le pense pas. L’humanité n’est ni une caserne ni une prison.
Je suis pour l’initiative individuelle contre cette manie de tout enrégimenter et de tout
soumettre à un mot d’ordre. C’est par l’initiative individuelle, mise au service de ridée
mutualiste si riche déjà en résultats féconds, que ces r complexes et délicats problèmes
sociaux doivent être abordés et résolus.
Au préalable il importe d’arrêter les dépenses publiques; on parle beaucoup d’écono¬
mies : elles sont nécessaires. Je reste partisan de la diminution des gros traitements, de la
suppression des sinécures ou des fonctions inutiles.
A quoi sert d’économiser d’un côté si on s’ingénie à dépenser follement de l’autre?
L’économie la plus sérieuse à faire, celle qui est la préface de toutes les autres, c'est sur
les députés eux-mêmes qu’il faut îa réaliser par la suppression de l’initiative parlementaire
en matière de dépenses publiques.
Les députés ont le devoir d’arrêter, de contrôler les dépenses et non pas le devoir de
les provoquer; de consentir, mais non d’offrir l'impôt.
Le mouvement d’opinion créé dans tout le pays en faveur de cette réforme par la Ligue
des contribuables contre l’augmentation des dépenses* ligue à laquelle j'appartiens depuis
longtemps* me permet de croire que la législature prochaine nous donnera satisfaction sur
ce point esseatieL
Cette réforme est, en effet, la clef de toutes les autres. Elle est surtout indispensable
pour obtenir notamment 1e dégrèvement de la terre et une plus équitable répartition de
l’impôt depuis si longtemps demandée, toujours ajournée.
Ainsi maintenue par sou activité industrielle et commerciale, sa prospérité économique
et financière, son développement social à la tête de la civilisation; appuyée sur une armée
et une marine disciplinées et respectées, placées hors des attaques et des passions poli¬
tiques; grandie par le sentiment profond et inaltérable de son unité, notre Fauce bien-
aîmée, fidèle à une alliance justement populaire, solennellement scellée hier comme il y a
quatre ans et comme elle le sera de nouveau demain à l’occasion du voyage de notre vénéré
Président en Russie, sera prête aux grands devoirs de l’avenir.
Républicain résolu, jaloux des conquêtes réalisées, et patriote, mon amour des institu¬
tions libres se marie avec le culte de drapeau. L’idée de Patrie m'apparaît comme une des
plus nobles, des plus nécessaires, et toute tentative de nature à l’obscurcir dans les esprits
serait, à mes yeux, criminelle et odieuse.
Partisan d’une politique stable, d’économie, d’ordre et de progrès dans le travail et
dans la liberté, largement libérale, tolérante, hardiment réformatrice; adversaire déclaré
et réfléchi de tout despotisme césarîen ou jacobin, comme de toutes les utopies collecti¬
vistes qui aont la négation des principes d e 1789 : liberté, égalité, fraternité, propriété
individuelle; respectueux de toutes les croyances, repoussant toute entreprise contre la
foi et contre la raison, sans permettre à qui que ce soit d'empiéter sur les droits légitimes
du pouvoir civil souverain, j’appelle de tous mes vœux la fin des dissensions cruelles qui
depuis trop longtemps déchirent mon pays*
Convaincu qu'une politique d’union, d’apaisement, de réconciliation nationale, est
indispensable au moment où le monde entier livre un assaut furieux à notre agriculture, à
notre industrie et à notre commerce, c’est en toute confiance que je vous offre de mettre en
commun, aujourd’hui comme hier, ces pensées de grandeur nationale, ces pensées d’avenir,
faisant appel à tous les patriotes, à tous les démocrates char en tais.
Croyez, mes chers Concitoyens, en toutes circonstances, ù mon entier dévouement-
Georges GÉRÀLD,
Propriétaire à la Garde-à-Rôtard, Conseiller municipal de Condéon,
Conseiller général de la Charente, Avocat,
Ex-chef adjoint du cabinet du Président de la Chambre des Députés,
Député sortant*
p -S, — Je me suis nettement expliqué devant mes électeurs, dans toutes les com-
mares ; je condamne et réprouve toute manœuvre de la dernière heure. Je méprise toute
attaque qui n’aura pas été loyalement portée devant moi et les électeurs dans nos réunions
publiques, où nos adversaires ont toujours été régulièrement convoqués par mes soins,
sans jamais m'avoir convié à leurs réunions que j ai recherchées.
Doivent être seules considérées comme émanant de moi les affiches qui porteront mon
visa et ma signature.
G. G*
Circonscription de COGNAC
M. Guneo D’ORNANO
Elu au icv tour de scrutin. — voix.
Monsieur et cher Concitoyen,
Député de notre libre et intelligent arrondissement de Gognac depuis vingt- six ans ;
ayant reçu, lors de mou terrible accident de chemin de fer, les témoignages sympathiques de
tout le monde, — de mes anciens adversaires comme de mes amis, — j’ên suis arrivé à ne plus
me croire l’adversaire politique de personne. Ce que je demande à la République, c’est de
faire le bonheur de tous.
Attaché à mes principes démocratiques bien connus, moi qui ai toujours été 1 homme du
suffrage universel, — je la voudrais libérale, tolérante, paciûque, ouverte à tous, vraiment
féconde en progrès sociaux pour les travailleurs, comme la veulent les dévoués conseilers
généraux de nos quatre cantons. Puissions-nous, sous celte forme de Gouvernement, accroître
la puissance, la prospérité de la grande patrie française et de notre petite patrie charentai.se!
160 —
Pendant la législature qui vient de finir, ai-je fait autre chose, comme député, que m’ap¬
pliquer à cela? Je n'ài cessé d'être attentif aux intérêts de chacun : intérêts matériels, Inté¬
rêts moraux.
Au point de vue de nos intérêts moraux, je m’honore d'avoir été de ceux qui, du haut
de la tribune française, ont lutté contre certains chefs sectaires de la franc-maçonnerie
judaïsante; je m- honore d’avoir livré le bon combat pour ces nobles causes : la liberté des
cultes et la paix religieuse; la liberté d’association avec égalité pour tous; la liberté d’en¬
seigner ; la liberté du travail ; la propriété individuelle protégée contre le socialisme collec¬
tiviste; la liberté de conscience dans Tannée, protégée contre les « sans patrie » et contre
les traîtres.
Voyez mes votes ï Sur toutes ces questions, ils sont d'accord avec ceux d’anciens
Ministres de la République, demeurés patriotes et libéraux, qui s'appellent ; Cavaignac,
Ribot, Méline, de Mahy, Jules Roehe, Henry Bouclier, Poincaré, Jules Legrand, et qui, sur les
bancs de la gauche ou du centre, ont eux aussi combattu comme mol et comme mes élo¬
quents collègues de droite, pour ces libertés nécessaires.
Lisez mes discours! Vous verrez que j'ai revendiqué ces libertés pour tout Le monde,
en démocrate logique, au nom des « Droits de l'homme et du citoyen », c'est-à-dire en vertu
du pur idéal de cette Révolution française pour laquelle mon grand-père, qui commandait
dans les armées de la première République une demi-brigade, tombait en 1798 glorieuse¬
ment atteint de cinq blessures.
J'ai moi-même combattu pour la patrie, en 1870-1871, comme officier de mobiles. Et
c'est parce que je suis partisan d’une armée forte, qui j'ai voté, 3e 2k février dernier, pour
Furgence de la proposition de Feltre, approuvée parle général du Barail, présentée par mon
collègue et ami Lasies, réduisant (grâce à dos engagements volontaires avec prime) la durée
obligatoire du service militaire à un an pour tous.
Au point de vue de nos intérêts charentais, et toujours opposé à l'augmentation persis¬
tante des impôts, j’avais lutté victorieusement depuis 1876 contre la surtaxe de l'alcool. Mes
discours sont là. En 1900, une coalition formée par le Ministère actuel a pu établir cette
surtaxe fatale. C'est Fodieuse loi Caillaux-Monïs qui a troublé ainsi, non seulement notre
arrondissement, mais toute la viticulture française, et qui menace partout de ruine le com¬
merce des eaux-de-vie. Seul de tous les Députés (avec mon collègue et ami Laroche- Joubert)
j'ai pu obliger ce Ministère à atténuer, par six amendements imposés, quelques-uns des
nombreux vices de Ja loi des boissons. Mais, pour détruire cette loi, il faut détruire ce Minis¬
tère. C'est à vous de le dire par votre vote et d'agir en ce sens autour de vous.
Quant à la Régie, j'ai obtenu contre elle trois lois, constituant trois progrès pour nous.
L’an dernier, la Revue vinicolc écrivait ceci, à l'occasion de mes noces d’argent législatives:
« Hommage à M. Guneo d'Ornano, le seul Député qui ait pu, depuis 1816, obtenir quelques
atténuations aux rigueurs iniques de la législation des boissons. » Le journal des Chambres
de commerce s'associait à cet hommage par un article que je joins à ma lettre.
Cet hommage, que les principaux organes de la viticulture et do commerce des boissons
ont tenu à publier, me ramène à ce que je vous disais, Monsieur et cher concitoyen, et
montre que j'ai toujours placé au-dessus des querelles politiques vos intérêts matériels et
moraux, dont j'ai été le défenseur toujours énergique et souvent heureux, non point seules
ment par des promesses faciles, mais par des actes.
Il vous appartient, comme électeur, de me soutenir par votre suffrage libre et de me
donner, par votre concours intelligent, une force nouvelle pour continuer à vous représenter
avec intégrité, à vous défendre avec autorité, à vous servir avec plus de succès que tout
autre, vous le voyez, et assurément avec plus d’expérience puisque, — un des plus anciens
de la Chambre, — voilà que j'entre dans la 27e année de ma vie de tribune, avec Tunique
ambition de vous servir encore.
Votre fidèle Député et ami,
C. d'QRNANO.
— 161 —
N* H63
Circonscription de CONFOLENS
M. BÀBÀDD-LÂGROZE
Élu au 1er tour de scrutin, — 10pij2! voix.
Mes chers Concitoyens,
Depuis onze années, par vos votes répétés, et avec des majorités toujours croissantes,
vous m’avez fait l'honneur de m’envoyer représenter vos intérêts au Parlement, où j’ai à la
fois conscience d’avoir loyalement rempli mon mandat, et le légitime orgueil de pouvoir
continuer à vous y servir.
Disciple des Babaud-Uribière, des Marrot, des Duclaud et des Nassaad, ] ai toujours
été et je suis toujours un républicain convaincu; et c’est aujourd hui comme autrefois que,
sans compromission aucune, je reste le candidat de concentration républicaine, et quà ce
titre je viens à nouveau solliciter vos suffrages.
Membre depuis hnit années de la Commission permanente des douanes, je me suis
spécialement occupé de toutes les questions agricoles qui intéressent si passionnément notre
pavs et le Confolentais en particulier.
* le me suis également associé à toutes les mesures qui ont été prises en faveur des
ouvriers, des humbles et des petits, et notamment à toutes ces lois d’assistance et d’hy¬
giène, qui sont comme la mise en œuvre de l’idée même de solidarité nationale.
Rappellerai-je que j’ai voté aussi sans hésiter ces lois nouvelles, essentiellement justes,
de la réforme si longtemps attendue des droits de la succession, et les dégrèvements annuels
accorJés aux petits propriétaires dont la cote foncière n’excède pas 25 francs.
Partisan résolu de l’ordre et de la paix sociale, j’ai loyalement accordé mon concours
au Ministère actuel, qui par sa fermeté et son énergie, a su conjurer l’émeute qui menaçait
la République et outrageait à Auteuil son auguste représentant.
Je me suis également associé à toutes les mesures qui ont pour but de consolider notre
armée nationale, — notamment en votant cette loi sur Vannée coloniale qui était sur le
chantier depuis pins de vingt ans - et de la démocratiser en permettant aux officiera qui
sortent du rang d'atteindre plus aisément les plus hauts grades — et en votant la loi sur le
service de deux ans, qui, de l'avis des hommes les plus compétents, ne désorganisera pas
la défense du pays. , , , .
J'ai également adhéré à la politique financière de la législature qui finit, qui se traduit
par m excédent net de 86 millions. Et si le résultat de la dernière année est moins brillant,
il me sera facile de dégager ma responsabilité, en rappelant que fai voté contre la loi sur
les sucres, et avec tous mes collègues de la Charente, contre la loi des boissons, causes
principales du déficit. .
Dans la mesure de mes forces, j'ai essayé enfin de défendre, en toute occasion, la Répu¬
blique et les intérêts dont vous m'aviez chargé. Dédaigneux des injures et des aboiements
du carrefour, j'ai l'intention, mes chers concitoyens, de persévérer dans ma ligne de conduite,
si, comme j'en ai le ferme espoir, vous m'accoTdez votre confiance le 27 avril prochain.
Vive la République
Antoine BÀBABD^LAGROZE*
ai
Circonscription de RUFFEC
M. Félix MA ROT ,
lîlu au l°r tour de scrutin — 6.S80 voix.
Mes chers Concitoyens,
Me voici, tklèle au rendez-vous que vous m’aviez fixé, sollicitant à nouveau vos suf¬
frages ; je n’ai pas déserté; ii n'y aura pas non pins de déserteurs parmi vous.
Honoré de votre confiance aux élections municipales de Ru liée comme aux élections du
Conseil d’arrondissement d’Àigre, bien enfant du pays, quoi qu’ou en dise, et bien ré:olu à
y demeurer attaché, je viens continuer à défendre avec vous le même drapeau, la vraie
République, celle d,e la liberté pour tous.
Nous réclamerons ensemble plus que jamais, pour nos adversaires, comme pour nous-
mêines, ces libertés aujourd’hui contestées par de trop nombreux eésarieus d’extrême
gauche ;
Liberté do conscience, liberté d’association, liberté d’enseignement, enfin liberté du
vote, base du suffrage universel qu’entravent si fortement les diverses pressions adminis¬
tratives exercées sur les fonctionnaires et les particuliers, la candidature officielle pratiquée
sans aucune vergogne.
Nous voulons ensemble plus de liberté, en même temps que nous voulons aussi plus
d’économies, moins de dépenses insuffisamment justifiées par des utilités électorales.
La décentralisation nous y aidera en favorisant la diminution de ce fonctionnarisme
envahissant que la politique électorale des places à tous aura tant contribué à accroître. Ce
sont ià économies réalisahies, faciles à augmenter encore par la diminution de certains trop
gros traitements, économies doublement avantageuses : pour le contribuable qui aura moins
a payer, pour le petit fonctionnaire lui même, cantonnier, facteur, etc., qui pourra voir
élever son traitement souvent insulfisant aujourd’hui.
La suppression de l'initiative parlementaire en matière de dépenses, l’examen plus
attentif des divers budgets nous permettront, avec des excédents au lieu de déficits, de
tenter, plus sérieusement que jusqu’ici, une répartition plus équitable de l’impôt, qui frappe
toujours beaucoup trop la terre par rapport à la fortune mobilière.
Diminution des frais de justice, par l’augmentation de compétence des juges de paix, à
condition que leur mode de recrutement soit d’abord modifié; diminution du service mili¬
taire, pourvu que les réengagements et les cadres soient d’abord réorganisés; réduction
possible sans doute dus périodes d’instruction, sans porter aucune atteinte à la force de
noue armée nationale compromise par les actes d’un Ministre de la Guerre, qu’applaudis¬
sent si vivement tous les contempteurs de notre force militaire, nécessaire au maintien de
la paix; encouragement de toutes les œuvres de mutualité, qui résoudront vraiment cette
question des retraites ouvrières, industrielles gt agricoles, et permettront d’améliorer aussi
cette loi mai fade des accidents du travail ; réforme de la loi des boissons si désastreuse pour
les Cbarentes, esc., toutes ces questions deyront encore solliciter l’attention du législateur.
Électeurs,
L heurë est grave. Il faut tous manifester, dire si vous êtes pour la politique d’asservis¬
sement ou pour la politique de liberté; pour la politique d’économie, ou pour la politique
de déficit ; pour la politique d’abaissement ou pour la politique de relèvement.
— 163 —
H 62
Votre opinion ne me paraît pas douteuse, vous serez certainement avec moi contre un
Ministère qui n*'a su que pratiquer cyniquement une politique odieusement sectaire.
Vive la France 1 Vive la République! Vive la liberté î Vive l’arrondissement de Rulîecî
Félix MARQT,
Propriétaire à Fouqueure et à Tusson,
Directeur du Journal de Ruffec,
Conseiller municipal de la ville de Ruffec,
Conseiller d'arrondissement du canton d’Àigre,
Membre de P Association nationale républicaine.
1 m
_ . _
— 164
CHARENTE-INFÉRIEURE
Circonscription de JONZAC
M. MARCHAND, dont l’élection a été annulée, a été remplacé par M. LARQU1ER.
Voy. Élections partielles.
,
Circonscription de MARENNES
M. GARNIER, élu Sénateur, remplacé par M. TORCHUT.
Voy. Elections partielles.
Circonscription de ROCHEFORT
M. BRAUD
Élu au 2e tour de scrutin. ~~ 8.235 voix.
Mes chers Concitoyens,
Vous êtes de nouveau appelés à élire un député.
De nombreux candidats, de nuances politiques différentes, sollicitent vos suffrages.
Votre devoir, avant de fixer votre choix et de voter, est de vous enquérir du passé et
des opinions de chacun d’eux.
Déjà, plus de douze cents républicains venus des diverses communes de notre arron¬
dissement, réunis en Congrès à Rochefort, le 23 mars 1902, ont exprimé leurs sentiments
en me désignant encore pour être le porte-drapeau du parti républicain-radical.
Je les remercie du fond du cœur de la nouvelle marque de confiance et de vive
sympathie qu’ils m’ont donnée en cette circonstance, en faisant en même tempB sur mon
nom une imposante manifestation républicaine.
Si vous ratifiez leur choix, vous pouvez être assurés que je ne faillirai pas à mon devoir
N» 1162
— 168 —
niinnarai à lutter avec énergie pour la défense de vos intérêts et le triomphe de nos
institutions, aujourd’hui encore menacées par les ennemis irréconciliables de la République
dém°M?Sur politique n’a pas changé; je suis aujourd’hui ce que j’ai toujours été:
un patriote sincère, un républicain convaincu, ennemi irréductible des compromissions
inurhps et malhonnêtes.
Vous tue connaissez depuis mon enfance; je n’ai jamais quitté le pays ; toute ma vie
s’est écoulée au milieu de vous ; vous avez donc pu me voir à l’œuvre et vous rendre compte
avec uuel dévouement je me suis toujours consacré à la chose publique.
Mon programme est le vôtre, puisque vous l’avez sanctionné à plusieurs reprises. Je le
maintiens dans toute son intégralité et je prends l’engagement d'y conformer mes votes, si
vous me faites encore l’insigne honneur de me confier le mandat de député.
Parmi les réformes ou les améliorations qui seront l’objet de mes préoccupations, je
tiens à indiquer celles-ci : . ... , •
Révision dans un sens démocratique, de la loi concernant la réforme des boissons, loi
si néfaste aux intérêts de notre département, tant au point de vue viticole qu’au point e
Amélioration de la situation des cantonniers et des petits fonctionnaires et employés
de l’État.
Unification des retraites. Diminution des gros traitements.
Création d’une caisse de retraite pour les ouvriers des villes et des campagnes, avec le
concours des sociétés de prévoyance et de mutualité.
Mise en pratique du crédit mutuel agricole.
Extension des Sociétés de secours mutuels et révision de la loi les concernant.
Réforme de la prestation en nature.
Construction de la ligne ferrée de Surgères à Royan, par Cabariot.
Réduction à deux années du service militaire.
Réduction de la contribution mobilière, trop élevée dans certaines localités.
Je n’oublierai pas non plus que les ouvriers de nos arsenaux attendent toujours le juste
relèvement de leurs salaires, promis depuis longtemps.
Je ne cesserai, en outre, d’appeler l’attention des pouvoirs publics sur notre arsenal,
si délaissé depuis quatre années, et sur nos ports de commerce, à la prospérité desquels
est intimement lié le bien-être du pays. ,
Mon premier devoir sera de demander de nouveaux crédits pour continuer les travaux
d’approfondissement de la Charente, et la construction de bassins a cote de notre établisse-
ment maritime - ceux actuels étant insuffisants - pouvant recevoir tous les navires de
guerre à armer ou à désarmer.
Enfin, partisan résolu des réformes sociales conçues dans 1 esprit de la Révolution
française, tous mes efforts tendront à accroître la liberté de chaque citoyen et a donner aux
humbles de nouveaux moyens d’action légitimes pour pouvoir lutter moins péniblement
contre les difficultés de la vie.
Mais, respectueux de la propriété individuelle et du droit du père de famille de disposer
à son gré des fruits de son travail, je combattrai sans relâche les dangereuses utopies
collectivistes, comme les entreprises du nationalisme et du cléricalisme, qui sont également
un péril pour la liberté des citoyens et l’avenir de la République.
Ni cléricalisme, ni nationalisme, ni collectivisme, telle est ma devise. J’espère quelle
sera aussi la vôtre.
Mes chers Concitoyens,
Vous suivez peut-être l’odieuse et répugnante campagne menée contre moi pour
assouvir de basses rancunes.
Mes adversaires aux abois m’abreuvent journellement d’outrages. Je ne m abaisserai a
— 166 —
relever ni leurs lâches calomnies, ni leurs ignobles mensonges, le m’en rapporte, pour en 1
faire bonne justice, à votre patriotisme éclairé et à votre bon sens bien connu.
Je suis convaincu que vous ne vous laisserez pas égarer par d’aussi viles manœuvra I
et que vous direz, en toute indépendance, si je mérite encore ou non votre confiance.
Aux urnes ! Pas d’abstentions !
Vive la République démocratique!
Ernest BRAUD,
Chevalier de la Légion d’honneur, Officier d’ Académie,
Maire de Rochefort, ancien Député,
Conseiller général de la Charente-Inférieure,
Président d’honneur de la Société d’encouragement à l’agriculture, I
Circonscription de LA ROCHELLE
M. CHARRUYER
Élu au 1er tour de scrutin. — 9482 voix.
Mes chers Concitoyens,
Deux fois déjà vous m’avez fait le grand honneur de me désigner pour vous représenter
a la Lnambre des Députés,
années 'ïienS ****** 16 ren0üvetlemen£ du que je tiens de vous depuis huit
ob.in?!Si“ ««““gZnï1 : Pl“‘ "”P°rli"n*S ^ de"0,“ ^ réS0",'! " de 13 **
La réforme de la loi sur Renseignement,
T0p01' * ««ivemtaire, mi. jw™
que 1 Etat a le droit et le devoir de soumettre tous les établissements d’enseignement à sa
des i «m» «
omitra proahbte à "• *”*
La réduction du la durée du service militaire à deux ans.
Je crois cette réduction possible, sans nuire à l’organisation de la défense nationale
n supprimant les nombreux cas de dispense qui existent aujourd’hui. Cette réforme s’im¬
pose en raison de son caractère démocratique et de l’aide qu’elle apportera à l’agriculture
Je considéré egalement comme très urgent le vote des lois relatives à • °
La création de chambres consultatives d’agriculture;
La réduction des frais de mutation et de transmission de petite propriété-
La réduction des frais de justice; P P P ,e’
L extension de la compétence des juges de paix
En vue d’une répartition plus équitable de l’impôt, je m’associerai à toute mesure oui
,ex8iion' dc ,e”ir *■
« t“Æ:;3aSSB ’”1 a T* la cri,e m « «■
^ 1 67
N* 1162
U convient également de modifier la loi du 21 avril 1898 qui a institué la Caisse de
prévoyance entre les marins, contre les risques et accidents de leur profession, de façon à
atténuer l'inégalité de traitement qu'elle impose aux inscrits maritimes, au regard des
ouvriers qui bénéficient de la loi du 9 avril 1898 sur les accidents du travail.
J’aurai le continuel souci de poursuivre, par la voie pacifique et légale, la solution des
problèmes sociaux ayant pour objet d'améliorer le sort des travailleurs de la mer, des villes
et des campagnes.
En un mot, mes chers Concitoyens, si j'ai encore mérité votre confiance, je consacrerai,
comme par le passé, tout mon temps et tous mes efforts à la défense de vos intérêts et
conserverai toujours comme principal objectif la grandeur de la France et la prospérité de
la République.
Vive la France ! Vive la République !
E. CHÀRRÜYER,
Conseiller général, Député sortant.
lro circonscription de SAINTES
M. LAURAINE
filu au 1er tour de scrutin. — 7.733 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le mandat que vous m'avez confié prend fin- Je viens en solliciter le renouvellement .
Au service de vos intérêts depuis quatre ans, j’ai apporté toute la somme de travail
que mes forces m'ont permis de dépenser.
Vous ne m'ayez ja niais trouvé, ni par mon attitude, ni par mes votes, en contradiction
avec le programme sur lequel vous m'avez élu en 1898,
Ce programme reste mon programme.
En politique, — dans la plénitude de mon indépendance, — j'ai toujours agi en répu¬
blicain.
Dans mes rapports avec vous, je n’ai jamais fait de distinction entre mes amis et mes
adversaires.
Tous m'ont trouvé désireux de dispenser une justice égale, et votre député, — s'il n'a
pas fait tout le bien qu'il aurait voulu faire — s'arroge du moins le mérite de n'avoir jamais
fait ni cherché à faire de mal à personne.
La République doit être démocratique, c'est-à-dire le gouvernement du peuple.
Elle doit être sagement maïs incessamment réformatrice.
Vos représentants doivent être pénétrés des principes de solidarité sociale : il y a dans
notre société un devoir de tous envers tous.
Leur sollicitude doit être appelée sur les institutions de prévoyance sociale : celui qui
succombe doit être soutenu par Faide de tous. Celui qui travaille doit être encouragé, puis
protégé contre les risques qui le menacent, et ainsi aidé, arriver à faire sortir de son tra¬
vail sa petite p ropriété individu elle.
La plus grande extension doit être donnée à la mutualité, aux associations de coopé¬
ration, aux syndicats professionnels. La question des retraites pour les ouvriers des villes
et des campagnes doit être enfin résolue*
— 168
L'impôt doit être réparti plus justement et proportionnellement aux forces de chacun,
sans procédés vexatoiresou inquisitoriaux.
Vos charges sont lourdes. Je n’ai jamais voté ni ne voterai, à l’avenir, d’imp6ts
nouveaux*
Des économies sont nécessaires. J’ai toujours voté la diminution des gros traitement
et la suppression des sinécures et des fonctions inutiles.
Le lourd impôt du sang est sacré, mais il doit être limité aux exigences de la défense
nationale*
J’ai voté pour le service de deux ans, pour la suppression des 13 jours et la réduction
à 20 jours des 28.
La République doit respecter foutes libertés.
Je m’incline devant toutes les croyances religieuses comme devant toutes les convic¬
tions sincères*
Mais lorsqu’un représentant du cuite ravale la grandeur de son ministère de paix au
point de venir se jeter dans nos luttes pour semer la discorde et prêcher la haine, — ser¬
vant ainsi cette détestable politique qui s'appelle le cléricalisme, — il est de notre devoir
d'opposer à cette politique la nôtre, celle de la Révolution Française, la politique de la libre
conscience, de la pensée libre et de la tolérance*
C’est la théorie de nos pères, qui renvoyaient le maire à sa mairie, le prêtre à son
autel.
La loi du 30 décembre 1900 sur le régime des boissons porte à nos intérêts un grave
préjudice.
J’ai combattu sans relâche, avec une énergie mêlée parfois d’indignation, cette loi dé¬
sastreuse*
Je ne désarmerai que lorsqu’elle aura disparu de nos codes*
La Régie des Contributions indirectes ne se borne pas à percevoir l’impôt. Elle inquiète -
de ses tracasseries de braves gens qui ne songent pas à frauder le trésor*
Aussi bien comme votre représentant que comme rapporteur de la réforme des lois de
Régie, je me suis efforcé de poursuivre ces abus* Vous me trouverez toujours déterminé à
les combattre.
Mes chers concitoyens,
Je n’appartiens à aucune coterie ; je ne dois et ne veux relever que de vous.
Je fais appel à vos suffrages. Je ne vous demande qu’une chose : mettez à voter pour
moi autant d’empressement que j’en ai mis en toutes circonstances à vous défendre et à
vous être utile.
Vive la République Démocratique ï
Octave LAURAINE, Député sortant,
Propriétaire-viticulteur, avocat, docteur en droit.
P.-S. — Je m’explique loyalement devant mes électeurs dans toutes leurs communes.
Je dédaigne après cela les attaques et les manoeuvres de la dernière heure* Je n’y réponds
pas.
— 169 -
N° -H 62
2“ circonscription de SAINTES
M. Gabriel DENIS
Élu au 1er tour de scrutin. — 6.729 voix.
Mes chers Concitoyens,
Convaincu que je n'ai pas cessé de mériter votre confiance, je viens solliciter le renou¬
vellement de mon mandat.
j’ai soutenu, dans l’intérêt supérieur du pays, un ministère d’union et de défense répu¬
blicaines.
Seul il pouvait faire face aux circonstances critiques que nous avons traversées.
Seul ikpouvait ramener l’ordre dans les esprits et la tranquilité dans la rue.
Seul il pouvait assurer le succès de l’Exposition universelle et grouper 22.000 maires
dans une manifestation inoubliable de paix et de concorde.
Seul, par sa stabilité, il pouvait affermir nos bonnes relations avec l’étranger et res¬
serrer les liens de notre alliance avec la Russie.
Loi des boissons. — Lois de finances.
Partisan de la politique générale de ce ministère, je n’ai cependant pas hésité à me sé¬
parer de lui quand nos intérêts économiques sont enjeu.
j>ai voté contre lui sur cette loi des boissons si néfaste à l’avenir de notre viticulture et
ri préjudiciable aux intérêts du Trésor.
Contre cette loi funeste, née de la coalition des intérêts du Midi, de l’Est et du Nord,
j’ai lutté sans relâche, avec tous les représentants des Charentes à la Chambre et au
Sénat.
J’en poursuivrai avec la dernière énergie la révision.
le m’efforce de la préparer dans la « Commission de la crise viticole ».
Élu, par mon bureau, à l’unanimité, membre de cette commission, j’ai fait adopter le
principe d’une taxe différentielle entre les alcools d’industrie et les eaux-de-vie de vin.
Comme préliminaire à cette réforme et à la mise en vigueur de la loi de 1872 sur les
acquits de couleur, je voterai la loi sur les fraudes commerciales.
le voterai tout traité de commerce destiné à faciliter l’écoulement de nos produits à
l’extérieur.
Je m’occuperai tout spécialement du Crédit agricole, qui, organisé sur des bases plus
larges, permettra la vente des récoltes à un prix rémunérateur en facilitant la résistance à
la baisse des cours.
Des réformes fiscales s’imposent.
J’ai protesté et protesterai sans répit contre les abus intolérables de la régie, inquisi¬
toriale et tracassière sans profit pour l’État. Je demanderai la suppression de la brigade
volante et des primes aux agents de la régie.
Il est une autre réforme indispensable au soulagement de nos cultivateurs : c’est le
dégrèvement, non plus partiel, mais total, de l’impôt foncier sur la propriété non bâtie. Mon
vote est acquis d’avance à ce dégrèvement, comme à toute proposition qui aura pour objet
la suppression de nos charges.
Je demanderai de restreindre le droit d’initiative en matière de dépenses budgé¬
taires.
22
Loi sur les Associations *
La loi sur les Associations, en appliquant les règles du Concordat, n'a fait que sou¬
mettre les congrégations au droit commun.
En la votant, je n’ai obéi à aucun sentiment d'hostilité religieuse î la religion n’était
point en cause.
Je ne me suis inspiré que du danger de laisser s’établir en France, sans autorisation
légale, des congrégations dirigées par des supérieurs étrangers (allemands, italiens ou espa¬
gnols) et susceptibles de devenir des foyers de conspiration contre les institutions et les lois
de la République.
Lois militaires .
Je suis partisan du service militaire de deux ans, sous réserve des garanties indispen¬
sables à la défense nationale.
Dans cet ordre d’idées, j’ai déjà voté et je suis prêt à soutenir encore la suppression de
la période de treize jours*
Projets divers.
J’ai déposé une proposition de loi pour l’obtention de permis de chasse journaliers. Je
ne négligerai pas cette réforme, pas plus que les intérêts particuliers de nos cantons, aux¬
quels je me suis efforcé, d’ailleurs, de donner des preuves de ma constante sollicitude.
Enfin je m’engage à voter tous les projets de loi favorables à l’assistance et à la mu¬
tualité.
Mes chers Concitoyens,
Ne perdez pas de vue que, dans Réfection qui se prépare, derrière toutes les promesses
et les critiques de détail, c’est la République qui est en cause.
Nos adversaires se sentent impuissants à l’attaquer de face ; ils visent à la discréditer
dans les hommes qui la défendent.
Ne pouvant la détruire pour y substituer le régime de leurs rêves, ils veulent la con¬
quérir afin de restaurer ensuite, à la faveur de Pétiquette républicaine^ un gouvernement
de réaction. Vous ne serez pas dupes de ces artifices.
Dans le candidat vous discernerez l’homme politique. Républicains de conviction ou de
raison, vous voterez pour un Républicain.
C’est à ce titre que je fais appel à vos suffrages.
'J’ai conscience de les avoir mérités par la loyauté de mon attitude et par mon dévoue¬
ment à vos personnes.
Il est impossible que la réaction Remporte dans une circonscription électorale qui a
donné au candidat républicain, il y a quatre ans, plus de 1,000 voix de majorité.
La journée du 27 avril sera une nouvelle et plus éclatante victoire pour là République.
Vive la France î
Vive la République î
Gabriel DENIS, Député sortant,
Maire do Sablouceaux, Conseiller général.
Membre du Conseil supérieur de l’Agriculture.
— 17 1
N* 1162
Circonscription de SAÎNT-JEAN-DANGÉLY
M> REVEILLAUD
Élu au 2° tour de scrutin. — 10.613 vois:.
Mes chers Concitoyens,
Aux élections de 1893, grâce à l'admirable discipline que mes électeurs d'alors obser¬
vèrent, à mon exemple, au second tour de scrutin, nous eûmes la joie de conquérir à la
République cet arrondissement de Salnî-Jean-d'Angély trop longtemps asservi, comme un
fief, aux tenants d'un régime qui nous a conduits à Sedan, à Metz et à l’invasion.
Aux élections de 1898, le succès que nous étions en droit d'escompter ne couronna
point nos efforts, malgré les 9.825 suffrages qui se comptèrent sur mon nom.
Il s'agit, cette fois, mes chers Concitoyens, de prendre une revanche définitive de cet
échec momentané et accidentel. 11 faut que le 27 avril, au plus tard le il mai, tous les répu¬
blicains se retrouvent, la main dans la main, unis pour assurer de nouveau la victoire de la
cause républicaine dans notre pays.
Est-il besoin, mes chers Concitoyens, que je vous expose à nouveau longuement mon
programme? Vous le connaissez. Je viens de le développer, une lois de plus, dans toutes
vos communes, il se résume en ces mots : Liberté, Justice, Solidarité, Progrès continu.
Respectueux de toutes les libertés, je prise avant tout la liberté de confidence, et m in¬
clinerai toujours devant les convictions sincères.
Aussi opposé aux solutions violentes ou aux utopies irréalisables qu'à la réaction
aveugle ou au conservatisme borgne, je veux avec vous les réforme? équitables qui, comme
je vous Pai dit, sont le meilleur moyen d'empêcher les mécontentements populaires et les
grondements d'orage dToù sortent les révolutions.
Au point de vue général, je demanderai ou j'appuierai, dans les Commissions ou à la
tribune de la Chambre ;
La réduction du service militaire de trois ans à deux ans, assuré par la suppression
de toutes les dispenses, sauf celles accordées aux soutiens de famille et aux fils de veuves
nécessiteuses.
La suppression des 13 jours et la réduction à 20 jours des 28.
La réforme des frais de justice ; la réduction des frais de mutation et de transmission
de la petite propriété ; la réduction du port des lettres.
La diminution des gros traitements et la suppression de toutes les fonctions inutiles.
L'organisation d'une Caisse nationale de retraites pour les vieux travailleurs des champs
ou de râtelier, avec participation de l'État, et avec le concours des Sociétés de prévoyance
et de mutualité,
La modification de la loi sur la chasse, par la substitution du permis an mois, à la
semaine ou à la journée, aux permis actuels qui privent les petits du plaisir de la chasse
et qui favorisent le braconnage et la destruction du gibier.
Je ne veux plus de charges nouvelles. Le pays a soif d économies. Je demanderai la
restriction de l’initiative parlementaire en matière de dépenses publiques.
Enfin, vous savez mes idées au sujet de la réforme nécessaire de noire système d im¬
pôts. Le gouvernement de la République en étudie actuellement le projet. Je me prononcerai,
avec lui, pour le dégrèvement des quatre contributions directes, et mémo pour la suppres¬
sion totale de l'impôt sur les propriétés non bâties, — et leur remplacement par un impôt
sur le revenu. Cette mesure soulagera l'agriculture et le petit commerce, aujourd'hui trop
— 172 —
chargés. On peut concevoir sur ce point différents systèmes; mais je déclare hautement
que je veux cet impôt sur le revenu sans taxalion arbitraire et sans vexation d'aucune
sorte.
Au point de vue de nos intérêts régionaux, je veux, avec vous, la refonte de la loi sur
les boissons.
Je veux que l'on détaxe, comme on a fait des vins, nos eaux-de-vie des Gharentes et que
Ton détourne vers les emplois industriels les trois-six du Nord et autres alcools.
Je veux aussi une loi qui, garantissant nos marques de « Cognacs », prohibera les
fraudes3 qui ont tant nui au crédit, jadis si grand, de nos eaux-de-vie charentaises.
Je pousserai à Panification des services des Ponts-et-Ghaussêes et de la Vicinalité qui
nous permettra d'obtenir, à l'exemple de la Charente, l'amélioration de nos routes.
Je m’efforcerai de faire compléter le réseau de nos voies ferrées, de manière à desser¬
vir plusieurs localités importantes et présentement déshéritées, comme Chives, Fontaine-
Cbalandray, Beauvais, Brizam bourg. Les Nouilîers, Tonnay-Boutonne, Dampierre, etc,, etc.
Je continuerai de demander, et j'espère obtenir toujours plus, des subventions de l’État,
pour encourager nos Sociétés de secours mutuels, nos Sociétés d'assurances contre la mor¬
talité du bétail, etc., etc.
J'encouragerai dans nos cantons, la création des Caisses de crédit et des Syndicats
agricoles et viticoles.
Bref, mes efforts et mon activité parlementaire seront acquis à toutes les mesures qui
pourront contribuer à la prospérité de notre cher pays de Saintonge.
Mes chers Concitoyens,
Vous me connaissez maintenant. Vous savez qui je suis, ce que je pense, ce que je
veux. Je vous promets de soutenir et de défendre, avec tout le dévouement dont je suis
capable, vos intérêts généraux et particuliers. Je compte sur vous; de votre côté, comptez
sur moi. Et tous ensemble et d'un même cœur, nous saurons faire triompher et servir la
cause de la Patrie et de la République démocratique.
Vive la République 1
Eug, ÏIÉVEILLÂUD,
Avocat, Publiciste, Directeur politique de là Franche Parole ,
Propriétaire à Saint-Jean-d’Àngély,
Scrutin de ballottage.
Mes effets Concitoyens,
Vive l'arrondissement de Saint-Jean-d'Angély qui, par l'affirmation des 10,738 suffrages
qui se sont répartis sur mon nom et sur celui de mon honorable compétiteur, M. le Dr Guil-
laud, vient de donner ù la cause républicaine une si belle revanche sur l’échec d'il y a
quatre ans, et pour le second tour, une si belle promesse de victoire I
Aux 7.066 électeurs qui, dès ce premier tour, se sont de nouveau comptés sur mon nom,
je dois un remerciaient tout particulièrement cordial et je le leur envoie du fond du cœur.
Mais, ce même remerciaient, je me prépare à le donner aux 3,672 électeurs de M. le
Dr Guiilaud qui, dans cette lice électorale, ont cumbatiu h côté de nous, comme des émules,
comme des alliés, pour la même cause, sous le même drapeau*
Je suis profondément convaincu que pas un d'eux ne manquera, le 11 mai, a l'appel
du devoir et de la discipline républicaine, disons mieux: à l'appel de la République elle-
N" 1162
— 173 —
même, conviant tous ses défenseurs à se rallier au drapeau, quelque soit celui qui a l'hon¬
neur de le porter. . .
Par sa belle lettre de désistement en ma faveur, l’honorable Dr Guillaud vieut de tracer
l’exemple à suivre. Tous s’y rallieront d’un même cœur. Tous voudront le triomphe définitif
contre le parti sans nom des agitateurs et des brouillons qui, de quelque nom qu’ils se
parent, sont, au fond, les plus dangereux ennemis de l’ordre et de la paix sociale.
A la coalition de toutes les ignorances, de tous les préjugés, de toutes les réactions
aveugles, de toutes les conjurations monarchiques, cléricales et liberticides, mal masquées
sous le faux nez de la République... sans républicains, nous opposerons le bloc inébran¬
lable de notre majorité républicaine de près de onze mille voix, qui, grossi des nombreuses
abstentions qui se sont produites dimanche dans nos rangs, donneront, au second tour, un
total compact de près de 'douze mille voix.
ftos Sénateurs, nos Députés, nos Conseillers généraux et d’arrondissement, nos Maires
républicains vous adressent avec moi l’appel unanime de leur voix respectée.
Tous les vrais républicains, tous les vrais patriotes, tous les bons Français l’enten¬
dront.
Tous aux urnes ! Pas d’abstentions I
Le 11 mai, nous pourrons saluer et fêter ensemble le triomphe définitif de la cause
républicaine dans notTe cher arrondissement.
Encore une fois, vive la République ! Vivent les Républicains de l’arrondissement de
Saint-Jean-d’Angély !
Eug. RÉVEILLAUD,
Avocat, Publiciste, Propriétaire à Saint-Jean-d’Angély,
Candidat de la concentration républicaine.
CHER
lrc circonscription de BOURGES
M. DEBAUNE
Élu au 2e tour de scrutin. — 10.319 voix.
Aux Électeurs
Citoyens !
Désigné par le Congrès radical du 9 mars 1902, comme candidat aux élections législa¬
tives pour la première circonscription de Bourges, je me présente à vos libres suffrages.
Vous savez qui je suis. Déjà, on 1893, j’ai eu le très grand honneur de meneraveevous
le bon combat contre toutes i es forces réactionnaires coalisées, représentées parle prince
Auguste d’Arenberg ; un déplacement de trois cents voix eût suffi pour nous assurer la
victoire.
Aujourd’hui, en face dos périls de l’heure présente, en face de l’ennemi sans cesse
renaissant, toujours désireux de renverser la République, vous me confiez encore une fois
le drapeau de la Démocratie. Soyez persuadés que tous mes efforts tendront à faire triom¬
pher les principes républicains, à arracher le masque de ceux qui, cléricaux, monarchistes,
nationalistes, ou transfuges du libéralisme, se cachent derrière la personne du prince Pierre
d’Arenberg.
Ma profession de foi sera courte.
Ennemi des luttes de classes, respectueux du principe de la propriété individuelle, je
veux l'union féconde et durable du capital et du travail, union qui peut seule procurer à
la France la prospérité commerciale, industrielle et agricole, à l’ouvrier l’aisance et le
bien-être.
Préoccupé, avant tout, de donner ies solutions les plus équitables aux questions
ouvrières, je réclamerai la création, dans le délai le plus court, de la Caisse des retraites
ouvrières, par des moyens conformes à la justice sociale comme aussi à la solidité des
finances publiques.
Partisan de la réduction des heures de travail, compatible avec les nécessités de l’in¬
dustrie nationale, je suis également tout acquis à la création de conseils d’arbitrage entre
patrons et ouvriers, afin d’apaiser les conflits du capital et du travail.
Ami sincère de toutes les libertés, et par-dessus tout respectueux des convictions
intimes de chacun, je suis adversaire du monopole en matière d’enseignement, mais, per¬
suadé que l’Etat a pour devoir de veiller à l’unité morale de la jeunesse française, je réclame
un contrôle sérieux et efficace de l’enseignement libre, ainsi que l’abrogation des derniers
vestiges de la loi Falloux, instrument de division et de réaction.
Anticlérical, mais non antireligieux, je suis opposé à toute ingérence du clergé dans
— m — W* 1162
les affaires publiques, partisan de toutes les mesures propres à assurer la défense de la
société laïque, telle qu'elle est issue de la Révolution Française,
La durée du service militaire réduite à deux ans avec suppression absolue des dis¬
penses : la diminution des vingt-huit jours; la suppression des treize jours; la création
d’une caisse de secours pour les familles nécessiteuses ayant leurs enfants à l'armée, voilà
le terrain sur lequel je me placerai au point de vue militaire.
Les frais de justice diminués, les formalités de la procédure abrégées doivent égaie-
ment faire partie d'un programme vraiment démocratique.
J'y ajouterai la disparition des emplois inutiles, la réduction des dépenses qui doivent
ramener l'équilibre et La plus-value dans nos budgets.
Tout en étant partisan de l'impôt sur le revenu, je déclare que cet impôt ne peut être
établi qu’aprèsde sérieuses études, qu'il ne doit, en aucun cas, revêtir un caractère vexa-
toire, qu'il faut, avant de îe mettre en pratique, améliorer notre situation au point de vue
financier. Les grandes réformés financières se font dans les années de prospérité bud¬
gétaire.
Plus de justice, moins d'arbitraire, une répartition plus équitable, le dégrèvement du
travailleur au détriment de ceux qui n'ont que la peine de naître, voilà ce que je réclamerai
eu matière d'impôts.
Pour les travailleurs des champs comme pour les ouvriers des villes, je demanderai le
pain pour leurs vieux jours ; la protection du foyer rural et des produits du travail agricole,
l'organisation du crédit agricole, Pinsaisissabilité des outils de travail, l'application de La
loi sur les accidents du travail aux ouvriers de la culture.
Pour les instituteurs, les petits employés, les cantonniers, serviteurs dévoués de la
Démocratie, je réclamerai l'amélioration du traitement et l'augmentation des pensions de
retraite.
Tous mes efforts tendront au développement de la Mutualité, le meilleur remède aux
entraînements du socialisme révolutionnaire.
Afin de mener à bonne fin des réformes tant de fois promises et toujours ajournées,
f appel le de tous mes vœux l'accord parfait entre les pouvoirs publics, une meilleure mé¬
thode de travail de la part de la Chambre, le vote du Budget avant la fin de l'exercice cou-
rant, la suppression du vote par procuration, l'abandon du système des interpellations à
jet continu, interpellations qui pour la plupart n'aboutissent jamais, soulèvent les passions
et jettent le discrédit sur le régime parlementaire.
Citoyens t
Le devoir des électeurs est d'envoyer à la Chambre une majorité groupée autour d'un
programme de réformes démocratiques, bien décidée à suivre un ministère de concentra¬
tion répubücaiue et de pacification des esprits.
Si vous me faites l'honneur de me confier le mandat que je sollicite de vos suffrages,
c'est à cette majorité que j'apparliendrai, n'ayant qu'un désir, consacrer toutes mes forces,
tout mon dévouement à l'amélioration du sort des petits et des humbles.
Soucieux du bon renom de notre pays devant l'Étranger, je veux une armée forte, res¬
pectée et respectueuse du Gouvernement de la République; n’ayant qu'un but : la défense
de nos frontières, la protection de nos libertés et de nos droits.
C'est appuyée sur elle, ainsi que sur notre puissante marine, que la France pourra
lutter avantageusement, par des moyens tout pacifiques, avec ses rivales, réclamer l'appli¬
cation des règles d’arbitrage entre nations, élaborées a la conférence de La Haye, mettre en
valeur son empire colonial et faire un jour reconnaître ses droits imprescriptibles sur nos
provinces perdues...
- 176 —
En un mot, après avoir été, en 17893 pour les autres nations, ^initiatrice do la liberté,
rester le champion des idées de justice, do progrès et de fraternité humaine.
Vive la France!
Vive la République Démocratique 1
L. DEBAUNE,
’ Vice-Président du Conseil général du Cher,
Maire des AïX-dJÀngiî!om
2e circonscription de BOURGES
M* Iules-Louis BRETON
Élu au isr tour de scrutin, — 9,617 voix.
Citoyens,
Pour la seconde fois nous venons présenter à vos suffrages la candidature de notre
ami et Député sortant Jules-Louis Breton,
Tous vous connaissez le citoyen Breton ; vous Pavez vu à l'œuvre depuis qu’il nous
représente si dignement à la Chambre ; vous pouvez et ygus devez maintenant le juger sur
ses actes et sa conduite d’élu,
Remplissant fidèlement ses engagements, que ses adversaires qualifiaient si dédai¬
gneusement de vaines et trompeuses promesses électorales, il est venu chaque année dans
toutes les communes de notre circonscription vous rendre compte du mandat que vous lui
ayez confié.
Go mandat il Pa rempli en toutes circonstances avec le plis grand dévouement et le
plus grand courage.
Assistant régulièrement aux séances de la Chambre, déposant de nombreuses propo¬
sitions de lois et de nombreux amendements, montant fréquemment à la tribune pour
défendre nos idées généreuses et nos intérêts matériels, propageant partout nos doctrines
républicaines et socialistes, luttant sans relâche pour arracher quelques parcelles de réforme
et activer dans la plus grande mesure possible révolution sociale, il a toujours considéré la
haute fonction qu’il devait à votre confiance comme un poste de travail, de combat et de
devoir.
En un mot, le citoyen Breton a toujours rempli son devoir de représentant du peuple
dans toute son intégrité; à vous, citoyens, de faire le vètre en affirmant une fois de plus
vos idées républicaines et socialistes en votant pour le citoyen :
Jules-Louis BRETON,
Député sortant,
Candidat Républicain Socialiste.
Pour le Comité électoral républicain socialiste
de la 2° circonscription de Bourges,
(Suivent les signatures).
- 177 -
N° 1162
Parti socialiste français,
DECLARATION DE PRINCIPES
Votée au 4B Congrès , tenu à Tours , tes 2 r 3 et h mars 1902.
Le socialisme procède tout ensemble du mouvement de la démocratie et des formes nou¬
velles de la production. Historiquement et dès le lendemain de la Révolution française, les
prolétaires se sont aperçus que la Déclaration des Droits de Phomme resterait illusoire
sans une transformation sociale de la propriété. Gomment, en effet, « la liberté, la pro¬
priété* la sûreté » pourraient-elles être garanties à tous dans une société où des millions
de travailleurs ne possèdent que leurs bras et sont obligés, pour vivre, de vendre leur force
de travail à la minorité possédante? C'est donc pour étendre à tous les citoyens les garanties
inscrites dans la Déclaration des Droits que notre grand Babeuf a demandé la propriété
commune, garantie du bonheur commun. Le communisme êtait/pour les prolétaires les plus
hardis, ^expression suprême delà Révolution.
Entre le régime politique issu du mouvement révolutionnaire et le régime économique
de la société , il y a une contradiction intolérable. Dans Tordre politique la démocratie se
réalise : tous les citoyens participent également, au moins en droit, à la souveraineté; le
suffrage universel est le communisme du pouvoir politique. Dans Tordre économique, au
contraire, c’est une minorité qui est souveraine. C’est Toligarchie du capital qui possède,
dirige, administre, exploite.
Les prolétaires sont reconnus aptes, comme citoyens, à gérer les milliards du budget
national et communal. Comme travailleurs, dans Tatelier, il ne sont qu’une multitude pas¬
sive qui n’a aucune part dans la direction des entreprises; ils subissent la domination
d’une classe qui leur fait payer cher une tutelle désormais inutile et arbitrairement pro¬
longée, La tendance irrésistible des prolétaires est donc de faire passer dans Tordre écono¬
mique la démocratie partiellement réalisée dans Tordre politique. De même que tous les
citoyens possèdent et manient en commun, démocratiquement, jle pouvoir politique, ils
doivent posséder et manier en commun le pouvoir économique et les moyens de production.
Il doivent nommer eux-mèmes les chefs du travail dans les ateliers, comme ils nomment
les chefs du gouvernement dans la cité et réserver à ceux qui travaillent et à la commu¬
nauté tout le produit du travail.
Cette tendance de la démocratie politique à s'élargir en démocratie sociale a été for¬
tifiée et précisée par toute Tévolution économique. À mesure que le régime capitaliste déve¬
loppait ses effets, le prolétariat prenait conscience de Topposition irréductible de ses inté¬
rêts essentiels aux intérêts de la classe socialement dominante et, à la forme bourgeoise de
la démocratie, il opposait de plus eu plus l’entière et profonde démocratie communiste.
Tout espoir d’universaliser la propriété et l’indépendance par la multiplication des petits
producteurs autonomes a disparu. La grande industrie est, de plus en plus, la loi de la pro¬
duction moderne. Par l'élargissement des marchés du monde, par la facilité croissante
des transports, par la division du travail, par Inapplication grandissante du machinisme,
par la concentration des capitaux, Timmense production concentrée ruine peu à peu ou
subordonne les petits et moyens producteurs. Là même où le nombre des petits industriels,
des petits commerçants, des petits propriétaires paysans ne diminue pas, leur importance
relative dans l’ensemble de la production décroît sans cesse. Ils tombent sous la dépendance
du grand capital. Même les propriétaires paysans qui semblent avoir retenu un peu d'auto¬
nomie sont de plus en plus en plus livrés aux forces écrasantes du marché universel que
manie sans eux et contre eux le capitalisme.
Pour la vente de leurs blés, de leurs vins, de leur betteraves, de leur lait, ils sont de
23
plus on plus à la merci des grands intermédiaires ou des grandes industries de la meunerie,
du sucre, de l’aRool, qui dominent et rançonnent le travail paysan. Les prolétaires indus¬
triels, ayant perdu à peu près toute chance de s’élever individuellement au patronat et
condamnés ainsi à une dépendance éternelle, sont, en outre, soumis aux crises incessantes
de chômage et de misère que déchaîne la concurrence déréglée des grandes forces capita¬
listes.
L’immense progrès de la production et de la richesse largement usurpée par des
classes parasitaires, n’a pas abouti pour les travailleurs, poqr les prolétaires, à un progrès
équivalent de bien-être et de sécurité. Des catégories entières de salariés sont brusquement
jetées dans l’extrême misère par le renouvellement incessant de l’outillage et par les
déplacements et les transformations brusques de l’industrie.
Le capitalisme lui-même avoue le désordre du régime actuel de la production, .puisqu’il
essaie de la régler à son profit par les syndicats capitalistes, par les trusts. Même s’il par¬
venait à discipliner, en effet, toutes les forces de production, ce ne serait qu’en portant au
plus haut degré la domination et le monopole du capital.
11 n’y a qu’un moyen d’assurer l'ordre et le progrès continu de la production, la liberté
de tous les individus et le bien-être croissant de tous les travailleurs, c’est de transféra- à
la collectivité, à la communauté sociale, la propriété des moyens capitalistes de production.
Le prolétariat, tous les jours plus nombreux, toujoui s tnieux préparé à une aciioo -d’en¬
semble par la grande industrie eile-même, comprend que c’est dans le collectivisme ou le
communisme qu’est pour lui le moyen nécessaire de salut. II s’oppose comme classe opprimée
et exploitée à toutes les forces d’oppressiuu et d’exploitation, à tout le système de propriclé
qui le ravale à d'être qu’un instrument. Il n’atiend pas sa libération de la bonne voion Lé des
dirigeants on de la générosité spontanée dès classes possédantes, mais de la pression con¬
tinue, méthodique, qu’il exerce sur les privilégiés et sur les pouvoirs publics. Il se propose
comme but final non pas mie amélioration partielle, mais la transformation totale de la
société. Et comme il ne reconnaît, aucun droit à la propriété capitaliste, il ne se sent lié à elle
par aucun contrat. 11 est décidé à lutter contre elle à fond et jusqu’au bout, et c’est en ce
sens que, même quand il use des moyens légaux que la démocratie met en ses mains, le
prolétariat est et doit rester une classe révolutionnaire.
Déjà, par la conquête du suffrage universel, par la conquête et l’exercice du droit de
se coaliser pour fa grève et du droit de se syndiquer, par les premières lois de réglemen¬
tation du travail et d asimiance sociale, le prolétariat a commencé à réagir contre les funestes
effets du régime capitaliste. Il continuera ce grand et incessant effort, mais il ne cessera
la lutte que îûrsque la propriété capitaliste aura été résorbes par la communauté, et lorsque
l’antagonisme des classes aura pris fin par la disparition des classes elles-mêmes, récon¬
ciliées ou plutôt unifiées dans la production et la propriété communes.
Comment s’accomplira la suprême transformation du régime capitaliste en régime col¬
lectiviste ou communiste ? 11 est impossible a 1 esprit humain de déterminer d’avance Je
mode selon lequel s accomplira 3 Histoire. La Révolution démocratique et bourgeoise, qui a
eu sûû origine dans le grand mouvement de la France de 1789, a abouti, selon les pays, par
les voies lés plus diverses. Le vieux système féodal a cédé, tantôt à l’évolution pacifique et
lente, tantôt à la force. La bourgeoisie révolutionnaire, selon les lieux et les temps, a pro¬
cédé tantôt à P expropriation' brutale et sans indemnité, tantôt au rachat des servitudes féo¬
dales, Nul ne peut savoir selon quel mode la servitude capitaliste sera abolie.
L’essentiel, c’est que le prolétariat soit toujours prêt à l’action la plus vigoureuse et la
plus efficace. Il serait dangereux d’écarter l’hypothèse d’événemeuts révolutionnaires qui
peuvent être suscites ou par la résistance ou même par l’agression criminelle des privi¬
légiés. Il serait funeste, sur la loi du seul mot de Révolution, de négliger les grandes forces
d’action légale oont dispose dans la démocratie ie prolétariat conscient et organisé. Ces
moyens légaux, souvent conquis par la Révolution, -représentent une accumulation de force
révolutionnaire, un capital de révolution qu’il serait insensé de ne pas faire valoir. Trop
souvent les travailleurs négligent de tirer parti des moyens d'action que la démocratie et la
— 179 —
N* 1162
République mettent en .leurs mains, lis oe demandent pas à Faction, syndicale, à Faction
coopérative, au suffrage universel tout ce que ces forces d'action peuvent donner. 11 rt’y a
pas de formule, il n’y a pas de mécanisme qui puisse dispenser la classe ouvrière de l'effort
constant d’organisation et d'éducation.
L’Idée de la grève générale, des grèves générales, est invinciblement suggérée aux pro¬
létaires par F ampleur croissante de l’organisation ouvrière.
Ls ne désirent pas la violence, qui est bien souvent l’effet d’une organisation insuffi¬
sante et d’une éducation rudimentaire du prolétariat. Mais ils commettraient une grande
faute en n’usant pas de ce puissant moyen d’action qui coordonne les forces ouvrières au
service de gran ls intérêts ouvriers ou sociaux. Us doivent se grouper, s’organiser pour être
en état de faire sentir toujours plus fortement à la classe privilégiée le vide que [peut sou¬
dain creuser dans la vie économique des sociétés le brusque arrêt du travail fatigué d’une
exploitation sans fin.
Us peuvent par là arracher à l'égoïsme des privilégiés de grandes réformes d'un intérêt
ouvrier général et bâter la transformation complète d’une société injuste. Mais la formule
de la grève générale, comme la grève partielle, comme Faction politique, oe vaut que par
1ü progrès de l’éducation, de la pensée, de la volonté, dans la classe ouvrière,.
Le Parti socialiste défend dans la République on moyen nécessaire de libération et
d’éducation. Le socialisme est essentiellement républicain. On peut dire qu’il ect la Répu¬
blique elle-même, puisqu'il est l’extension de la République au régime de la propriété et du
travail.
Le parti socialiste a besoin, pour L’organisation du monde nouveau, d’esprits libres,
affranchis des superstitions et des préjugés. Il demande poqr tous les êtres humains, pour
tous les individus, et il leur garantit, la liberté absolue de penser et d’écrire, d'affirmer
leurs croyances ; il oppose à toutes les religions, à tous les dogmes, à mutes les Églises,
aussi bien qu’aux conceptions de classe de la bourgeoisie, le droit illimité de la pensée
libre, la conception scientifique de (‘univers et un système d’éducation publique exclusive¬
ment fondé sur la science et sur la raison.
Aîosî habitués à la pensée libre et à la réflexion* les citoyens seront à l'abri des
sophism 3S de la réaction capitaliste et cléricale* Les petits industriels, les petits çommer-
çants, les petits propriétaires paysans cesseront de croire que ç’est le socialisme qui veut
les exproprier. Le Parti so:ialiste hâtera l’heure où les petit propriétaires paysans,
ruinés par la mévente de leurs produits, criblés d’hypothèques et toujours sous le coup de
F expropriation judiciaire, cppoprendroût enfin les avantages de l’association généralisée et
systématisée et réclameront eux-môüies comme m bienfait la socialisation de leur lopin de
terre.
M ds il serait inutile de préparer à l'intérieur de chaque nation une organisation de jus-
tic- et de paix, si les rapports des nations entre elles restaient livrés à toutes les entreprises
de h force, à toutes les suggestions des convoitises capitalistes. Le parti socialiste veut la
paix entre les nations, il condamne toute politique d’agression et de guerre, qu’il s’agisse de
guerre continentale ou de guerre coloniale. Il maintient constamment à l’ordre du jour des
pays civilisés le désarmement simultané. Et, en attendant le jour de la paix définitive entre
les nations, il combat l’esprit militariste en acheminant de tout son effort le système des
armées permanentes au système des milices. II veut protéger contre toute surprise le terri¬
toire et l’indépendaqee de la nation. Mais toute politique offensive et tout instrument offensif
sont condamnés à fond par lui. L’eptente étroite des travailleurs, des prolétaires de tous
le* pays est nécessaire, aussi bien pour refouler les forces d’agression et de guerre que
pour préparer, par une action concertée, l'avènement général du socialisme. L’accord entre
es prolétaires militants de tous les pays préparera l'avènement d’une humanité libre où la
diversité des na ions, au lieu d’être un principe de lutte et de haine, sera un principe
d émulation fraternelle dans Funiversel progrès humain.
L’est dans ce sens et pour ces raisons que le Parti socialiste a formulé dans ses congrès
a règle et le but de son action : entente internationale des travailleurs; organisation poli-
— 180
tique et économique du prolétariat en parti de classe pour la conquête dû pouvoir et la
socialisation des moyens de production et d'échange, c’est-à-dire transformation de la
société capitaliste en société collectiviste ou communiste.
Vu : le candidat,
Jules-Louis BRETON, Député sortant,
Candidat de la Fédération Socialiste autonome du Cher,
adhérente au Parti socialiste français.
irÊ circonscription de SAINT-AMAND
M, PÀJOT
Élu au 1er tour de scrutin, — 9.5^1 voix.
Citoyens,
Depuis bientôt dix-sept ans, je suis votre représentant à la Chambre des Députés,
Convaincu d’être resté digne de la confiance dont vous m'avez toujours honoré dans
toutes les circonstances de ma vie politique, je viens, une cinquième fois, solliciter vos
suffrages pour les élections du 27 avril.
Mon programme vous est aussi connu que ma personne : c’est celui de tous les répu¬
blicains sincères, et je me suis demandé s’il était indispensable de vous le présenter à
nouveau.
Il est bien entendu que, de ce programme, je n’abandonne aucun des points non en¬
core résolus, ou susceptibles d’être améliorés* Mais il en est que j’ai particulièrement à
cœur de faire aboutir dans le plus bref délai possible.
De ce nombre sont :
1° La réforme de l’impôt global et progressif sur le revenu ou îe capital, clef de
toutes les autres réformes, qui réclament des dépenses nouvelles pour leur mise en appli¬
cation*
2° Les réformes militaires.
Impôt du sang payé par tous les hommes valides, sans privilèges ou dispenses d’au¬
cune sorte, et comme conséquence le service actif abaissé à deux années, en attendant que
la diminution forcée de l’effectif des armées européennes permette de la limiter à une seule
classe, c’est-à- dire à une année, sans pour cela avoir recours à une armée prétorienne ou
de métier.
Ces réformes doivent également comprendre l’unité d’origine pour tous les officiers, et
ia suppression des conseils de guerre en temps de paix.
3° Toutes les réformes sociales intéressant le travail rural ou industriel.
Une meilleure règlementation ; la retraite pour la vieillesse ou les invalides; l’as¬
surance contre le chômage; le bénéfice de la loi des accidents pour tous les travail¬
leurs, etc., etc.
Tous les monopoles entre les mains de l’État ;
Mines, chemins de fer, Banque de France, alcool, raffinerie, etc.
5° Réforme de Renseignement : Enseignement essentiellement laïque.
Tous les enfants de la France égaux* suivant leur intelligence, devant Renseigne-
N* 1162
— 181 —
ment gratuit à tous ses degrés : l’État seul, chargé de l’enseignement primaire et secon¬
daire ;
Amélioration du sort du petit personnel enseignant.
6° Enfin la suppression de toutes les congrégations, autorisées ou non :
La séparation des Égl.ses et de l’État, entraînant la suppression du Budget des
Cultes. .
Toutes ces réformes, qui n’ont pu qu’être abordées, mais non réalisées par la faute
d’anciens républicains ou réputés tels, qui ligués étroitement aujourd’hui avec nos pires
adversaires, ont accumulé devant elles tous les obstacles; ces réformes constituent le pro¬
gramme d’action de tous les républicains qui veulent faire bloc contre la réaction, et mettre
la République à l’abri de leurs attaques.
La question est bien posée sans hésitation, sans équivoque. Nous allons à la bataille
notre drapeau largement déployé.
Nous crions au bloc réactionnaire :
Arrière les boDnets à poil de tous genres ! la cléricaille! La moinerie! Et les faux ré¬
publicains! Notre intime union vous mettra une fois de plus en déroute le 27 avril.
Et enfin soulagés, nous pourrons crier à pleins poumons :
Vive la République démocratique et sociale ! ! I
C. PAJOT, Député sortant,
Candidat du bloc républicain,
Républicain radical socialiste.
2° circonscription de SAINT-AMAND
M. LESAGE
Élu au 2° tour de scrutin. — 5.170 voix.
Citoyens et chers Compatriotes,
C’est par plus de 8.500 suffrages que vous m'aviez donné, il y a quatre ans, la mission
de vous représenter à la Chambre des Députés. — J’ai conscience d’avoir rempli mon man¬
dat en toute loyauté ; aussi, sollicité par un grand nombre d’entre vous, je viens avec con¬
fiance vous en demander le renouvellement.
Vous connaissez ma vie tout entière passée au milieu de vous, mon attitude politique,
mes votes à la Chambre, mon dévouement sans réserve aux intérêts de notre région et à
vos personnes. — Ils seront pour vous mes répondants et mes cautions.
Je n’ai rien abandonné du programme que vous avez ratifié en 1898, qui est celui de
la vraie République et des réformes sociales en faveur du monde du travail, auquel j’ap¬
partiens.
Au premier rang de ces réformes je place : \
Celles qui auront pour effet d’assurer aux ouvriers âgés ou infirmes la pension de re¬
traite à laquelle leur donne droit leur travail agricole ou commercial ;
La réforme de notre régime fiscal, qui doit avoir pour base l’impôt payé par les riches,
se traduisant par un impôt progressif sur le capital et le revenu ;
La réduction à deux ans du service militaire pour tous les citoyens sans distinction, et
ï 04
f‘ r conséquent !a suppression de toutes dispenses, mais avec le droit à u re indemnité pour
les familles pauvres qui ont un enfant sous les drapeaux;
Suppression des 13 et des 28 jours ;
Instruction laïque et gratuite à tous les degrés; — abrogation complète de la loi
Falloux,
Séparation des Églises et de l’Etat; — suppression du budget des cultes.
Pour me résumer, je m’associerai à toutes les lois sociales et ouvrières, estimant que le
progrès n’a pas de limites.
Partisan de la propriété individuelle, qui, seule, peut assurer l’indépendance des
citoyens, j.e considère de mon devoir d’en favoriser l'accès aux travailleurs delà terre - \]
convient de donner à l’ouvrier industriel, - lesalariè actuel, - par l’association et la
participation aux bénéfices, les moyens de devenir c propriétaire du capital et de l’in-
ci u s trie .
Mais j’estime en mè ne temps, qu’il faut combattre le développement des monopoles
capitalistes qui sont un danger public, tels les chemins de fer, les mines, et qui, dans l’in-
leiet <te U collectivité des citoyens, doivent faire retour à la nation* ,
Tels sont, citoyens, les points essentiels sur lesquels porteraient mes efforts à la nou¬
velle législature.
Si vous ^estimez que les liens de confia ice.et de sympathie qui nous unissent depuis de
suffrages31111483 ^ d0IVent FS être romPus> V0lis ie direz en m’hohoram à nouveau de vos
Citoyens,
Une coalition des plus habiles, des plus trompeuses, s’est formée sous l’étiquette de
« Nationalisme ». - Elle constitue le bloc de toutes les réactions : monarchistes, césariens,
cléricaux, et, pour mieux surprendre vos suffrages, se dit républicaine
A vous, républicains, de la déjouer.
Vive la République démocratique et sociale !
Casimir LESAGE,
Cultivateur,
Conseiller général. Dépu té sortant.
Candidat radical socialiste.
Circonscription de SANCERRB
M. Henry MARET
Élu au 2e tour de scrutin. — 12.81/j voix.
Mes chers Concitoyens,
Cului qui rst présmté à vos suffrages vous est connu de longue date.
11 J 3 lon.gt®mps que j’ai l’honneur de vous représenter et que nous combattons
ensemble pour la République et pour le progrès.
icarg7 de Ti!es calomnies’ de mensonges et d’injures dirigée contre moi a déjà
été jugée et condamnée par vous. Nous ne nous abaisserons ni les uns ni les autres jusqu’à
— 483
N° 1162
relever tous ces outrages, qui ne prouvent que la rage de nos éternels adversaires décidés
à ne reculer devant rien pour vous tromper.
Ni les essais de corruption, ni l'achat de certaines consciences n’enlameront notre con¬
fiance réciproque. Vous savez qui je suis ; je sais qui vous êtes ; la République triomphera
une fois de plus dans l’arrondissement de Sancerre aux élections du 27 avril.
Citoyens,
L’heure est décisive. Tous les vieux partis, unis dans un suprême effurt, sentent qu’ils
sont arrivés à leur dernière bataille. C’est pourquoi ils veulent à tout prix arrêter notre
œuvre et troubler l’organisatiou définitive de cette République qui lui échappe.
Vous ne tomberez dans aucun des pièges qui vous sont tendus; vous saurez recon¬
naître, comme vous l’avez fait jusqu’ici, où sont vos vrais défenseurs, ceux-là qui se sont
constamment dévoués à la cause du peuple, aux intérêts du faible, à la démocratie et à la
liberté.
Vos représentants n'ont pas seulement dans la dernière législature, sauvé la Répu¬
blique menacée; ils ont en outre élaboré un certain nombre de lois importantes et fécondes.
Mais il reste beaucoup à faire. Il reste à mener à bien cette loi sur les retraites ouvrières si
impatiemment attendue par les travailleurs; il reste à voter le service de deux ans ; il reste
à réformer d’une part l’impôt, de l’autre la justice. Tout ce travail interrompu doit être
immédiatement repris.
Il le sera si vous envoyez à la Chambre une majorité de républicains éprouvés ayant
en hoireur les hâbleries, décidés à suivre jusqu’au bout la ligne qu’iJs n’ont jamais aban¬
donnée. Au bloc formé par nos ennemis, nous devons opposer une indissoluble union.
Défiez-vous des trahisons et des traîtres; qu’un seul drapeau conduise une même armée et
que les fauteurs de divisions disparaissent, chassés par votre souffle souverain.
A ce prix, nous aurons la victoire, et nous pourrous faire porter à l'arbre tous ses
fruits, à la République tous ses progrès l
Vive la République démocratique et sociale !
Henry MARET, Député sortant,
Candidat de tous les Comités républicains,
Républicain radical socialiste.
184
CORRÈZE
lra circonscription de BEI VE
M. LÂCHÀUD
Élu au 1er tour de scrutin. — 8,894 voix.
Citoyens,
Le 9 mai 1898, plus de 9,000 d'entre vous m’appelaient à l’honneur de représenter notre
circonscription au Corps législatif : vous avez ainsi affirmé, par uue majorité de 00 suf¬
frages, votre ferme volonté de voir le Gouvernement suivre une politique nettement répu¬
blicaine, exempte de toute équivoque et de toutes compromissions avec les adversaires de
nos institutions.
Je n’ai à l’heure actuelle rien à retrancher du programme républicain que je vous avais
soumis, que vous avez sanctionné et que j’ai soutenu de mes votes»
Je veux aujourd’hui ce que je voulais hier. Je viens donc à nouveau, et en toute con¬
fiance, solliciter vos suffrages.
Sortie victorieuse des assauts des 24 et 16 Mai et de toutes les tentatives dictatoriales,
la République voit encore ligués contre elle le nationalisme, les plébiscitaires, la réaction
cléricale qui, fidèles au pacte signé il y a quatre années et toujours la main dans la main,
n'ayant pas le courage d’arborer franchement leur drapeau, de dévoiler leurs visées, s’a¬
britent sous l’étiquette républicaine pour essayer de capter votre confiance I
Toutes ces intrigues, ces obscurités, ces perfidies qui attristent les consciences ne sau¬
raient altérer votre attachement à la République,
Je reste fidèle à mon programme qui, au point de vue financier, comporte à la fois et
les économies budgétaires et la diminution des impôts qui pèsent si lourdement sur les
petits:
L’égalisation des charges suivant les facultés de chacun.
L’impôt sur le revenu. N'est-il pas souverainement juste que ceux qui possèdent leplus
payent le plus?
La suppression de l’impôt foncier, car il faut dégrever ce sol qui, après nous avoir
nourri tous, contribue encore pour une si lourde part aux charges de l’État.
La suppression des octrois, qui font renchérir la vie des ouvriers,
La suppression de la contribution des portes et fenêtres, impôt inique, qui nous force à
payer l’air et la lumière, et au même prix pour la chaumière du pauvre que pour la demeure
somptueuse du riche.
La suppression des prestations, vestiges du passé,
La disparition du privilège des bouilleurs de cru qui, favorisant la fraude, fait perdre
chaque année plus de 200 millions au Trésor.
Je voterai la diminution des tarifs de transport et une plus large dotation pour notre
réseau vicinal, qui est une véritable source de fortune pour nos cultivateurs.
Ml
N° 1162
— 185 —
Je voterai aussi l'extension des attributions des juges de paix et la diminution des frais
de justice.
En ce qui concerne la population ouvrière, si souvent opprimée par le capitaine
voterai les modifications qui pourront sauvegarder sa liberté, assurer son bien-être et
garantir sa sécurité.
Aux ouvriers de l'industrie et aux employés de commerce, le repos hebdomadaire est
absolument indispensable. J'en voterai encore, si besoin est, l'obligation légale.
Partisan convaincu de toutes les lois d'assistance et de prévoyance sociales, je n'ou¬
blierai pas que ce sont les plus humbles qui ont le plus de droits à la sollicitude des pou¬
voirs publics, la solidarité humaine étant une condition essentielle de la République elle-
même.
Pour les retraites ouvrières, j’appuierai de mon vote la proposition Escudier, qui
implique à la fois la participation de l'État, du patron et de l'ouvrier.
Sans porter atteinte à la liberté individuelle, nous devons conserver intactes les préro¬
gatives de l'État, et quoi que l’on ait pu dire, la liberté de conscience et la liberté du culte
n'ont rien de commun avec la loi Falloux, dont l'abrogation s’impose. Que le prêtre reste
dans l'église et ne descende jamais dans l’arène politique.
Je voterai la réduction du service militaire à deux années, bien convaincu que cette
réduction ne saurait porter atteinte à une bonne organisation de notre armée, ni diminuer
en rien sa puissance, les cadres étant obtenus à l’aide de primes et des avantages accordés
aux sous-officiers rengagés.
Suppression des périodes d’exercices de 13 jours.
Avec ces modifications, j'estime que les dispenses peuvent disparaître : les unes, con¬
cernant les riches, n'étant pas justes; les autres, celles des soutiens de famille, en accor¬
dant aux parents nécessiteux un secours, qui permettra de pouvoir se passer de l’enfant
présent sous les drapeaux.
Les quatre années que j’ai passées au Palais-Bourbon, je les ai employées non seule¬
ment à défendre la République, mais j'ai travaillé encore, vous le savez, à améliorer le sort
du soldat à la caserne. Je me suis efforcé de rechercher les moyens susceptibles de dimi¬
nuer dans l’armée cette mortalité effrayante qui menace chacun de vos fils pendant qu’il
paye l'impôt du sang. J’ai obtenu bien des résultats déjà, mais il reste encore beaucoup à
faire.
Électeurs,
Telle sera ma ligne de conduite, si j'ai de nouveau l'honneur de vous représenter.
Enfant de Brive, aimant bien mon pays, soucieux de ses intérêts et profondément
attaché à tous mes devoirs, je continuerai l'œuvre commencée, en travaillant de mon mieux
pour la France et pour la République!
Vive la République !
Docteur LACHAUD,
Conseiller général, Député sortant.
Candidat radical.
2e circonscription de BRIVB
M. BU SS 1ERE
Élu au tour de scrutin. — 10.4&Ü voix.
Mes chers Concitoyens,
Aux élections du 8 mai 1898, par 9224 suffrages contre 5105 vous acclamiez Sut mon
nom la politique du parti républicain radical.
Vous répondiez aux violences, aux injures, aux mensonges de nos adversaires* méli-
nistes, cléricaux et réactionnaires par une imposante manifestation d'union* d'indêpendancè
et de fermeté démocratiques.
Après quatre années d’une législature laborieuse* troublée, mais qui n'sùra pas été
inféconde, je viens vous rendre mes comptes et solliciter le renouvellement dè mon
mandat
Ai-je tenu mes engagements?
Sur un seul des articles de mon programme ai-je failli k mes devoirs ?
Ne m’avez -vous pas trouvé toujours actif, toujours ardent, toujours dévoué pour
défendre la politique réformatrice ? Pour soutenir les intérêts de tous, ceux des amis dé la
veüle comme ceux des amis du lendemain?
Ainsi qu'en 1898 je suis partisan :
** De l'impôt global et progressif sur le revenu.
2° De la réduction dn service militaire à deux ans et de la suppression des treize jours,
3° Des lois de prévoyance sociale et de solidarité humaine ; des retraites pour les vieux
travailleurs,
4° D’une sérieuse et efiïcace organisation du crédit agricole.
5* De la révision de la Constitution dans un sens démocratique et réformateur,
6° De l'abrogation de la loi Faiioux; de toutes les mesures pouvant enrayer la prépon¬
dérance abusive des sectes cléricales et assurer la suprématie de l'instruction* de l'éduca¬
tion* de l'esprit laïque et républicain*
Électeurs*
C’est un enfant du peuple; c’est un Corrézien, e est un modeste travailleur comme vous
qui fait de nouveau appel aux suffrages des républicains.
A vos libres consciences* a votre fi ère indépendance, je ne ferai pas l'injure de croire
qu'elles se laisseront efflèbreï par la Corruption, par les violences et les calomnies, parle
cortège méprisable et honteux de& camelots nationalistes.
Entre votre compatriote, votre ami, démocrate sincère qui a fait ses preuves, et
l'étranger, l'inconnu, le protégé du cléricalisme, de 3a réaction, des nobles et des curés*
votre choix n'est pas douteux.
Vive la Corrèze aux Gorréziens!
Vive la République démocratique et sociale!
E* BUSSIÈRE* Député sortant,
Conseiller général, Maire de Donzenac*
lre circonscription de TULLE
M. ROUBY,
Élu au 2 13 tour de scrutin. — 6.8QÛ VQi*
Chers Concitoyens,
Depuis près de quinze ans, j’occupe les fonctions de Maire et de Conseiller général, et
F expérience que j’ai acquise dans la gestion des affaires de la commune et du département
me permettra de repiplir utilement le mandat que j'ambitionne.
Mon existence s7est écoulée tout entière au milieu de vous; nos intérêts sont communs
et splidaires. L’exercice de ma profession, en me mettant en contact journalier avec nos
populations, m’a initié à leurs misères, à leurs besoins, et fourni l’occasion de connaître
leurs aspirations ; je pourrai donc en connaissance de cause leur servir d interprète.
Notre système fiscal a fait son temps, il pèse sur les contribuables d’autant plus lour¬
dement qu’ils sont plus malheureux, et doit être remanié de fond en comble. Les atténua¬
tions qui y ont été apportées, n’ont pas corrigé ses imperfections et ont au contraire
aggravé la situation des habitants du chef-lieu de notre département. Il est indispensable
que les droits frappant la mutation et la transmission des immeubles soient considérable¬
ment réduits et que les quatre contributions directes soient supprimées ; cest a 1 impôt
sur le revenu qu’il convient de demander les ressources nécessaires pour réaliser cette
réforme.
Notre agriculture n’est pas suffisamment protégée, nos tarifs douaniers favorisent
surtout la grande culture et elle bénéficie exclusivement des primes attribuées à la culture
de Sa betterave et à Importation des sucres. Si la République doit être le Gouvernement
du pain à bon marché, elle ne saurait plus longtemps encourager, au détriment de nos
éleveurs et pour servir le commerce des eaux-dc-vie de Cognac, l’importation des viandes
salées d'Amérique, et laisser s'avilir les cours de nos foires.
L'insuffisance de notre réseau ferré contribue à éloigner de nous les acheteurs. 11 y
aura lieu de le compléter en prolongeait dans la direction du Cantal la ligne de 1 Lille à
Argentât, et en reliant par des tramways départementaux les chefs- lieux des cantons
déshérités aux chemins de fcr déjà existants.
Dans le même ordre d'idées, la construction du canal de la Loire à la Garonne, par le
Chavanon et la Dordogne, serait un bienfait pour notre région, II y a lieu d’espérer que les
décisions de la Chambre ajournant indéfiniment l’exécution de ce travail, seront révisées
au cours de la prochaine législature; mais en attendant, l’État devra mettrp pq service des
ponts et chaussées, des crédits suffisants pour entretenir ïa navigation de la Dordogne,
rendre praticable le chemin de rive et supprimer les obstacles qui s opposent à la remonte
du poisson.
Si vous me donnez le droit de parler en votre nom, j’appellerai tout spécialement
F attention des pouvoirs publics sur ces différentes affaires, et ferai tous mes efforts pour
qu’elles reçoivent une solution favorable ; un certain nombre de réformes s’imposent égale**
mrmt et je m’emploierai à les faire aboutir :
Réduction à deux ans de la durée du service militairej avec faculté de se libérer au
bout d’un an pour tous les cultivateurs qui prendront l’engagement de rester aux champs
pendant dix ans;
Suppression des octrois.
— 188 -
Réduction des frais de justice ?
Diminution des gros traitements;
Suppression de l’initiative parlementaire en matière d’augmentation de dépenses.
Je donnerai à l’État le monopole de la rectification de T alcool qui, procurant au Trésor
une ressource annuelle supérieure à 501} millions, permettra, sans augmenter les charges
publiques :
De diminuer ïe prix des licences de débitants;
De pourvoir à toutes les œuvres de prévoyance et de solidarité sociales (Caisse des
retraites en faveur des travailleurs des villes et des campagnes) ;
D’accueillir, avec toutes ses conséquences financières, la proposition de loi Berteaux
relative aux employés de chemins de fer; '
D’assurer du travail, en supprimant les licenciements, aux ouvriers de nos établisse¬
ments nationaux et notamment de la manufacture d’armes de Tulle,
Je voterai la révision de la Constitution, pour assurer la prépondérance des élus du
suffrage universel, et la loi sur les incompatibilités parlementaires.
Pi of on dément attaché à nos institutions républicaines et démocratiques, je m’associerai
à toutes les mesures qui auront pour objet de les affermir, de les développer et de consa¬
crer la suprématie du pouvoir laïque, seul capable, à mon avis, de maintenir la paix
publique et de mettre un terme à nos divisions.
Les électeurs du canton de Lapleau, qui me voient à l’œuvre, en m’accordant à chaque
nouvelle consultation 1 unanimité de leurs suffrages, ont prouvé que je suis digne de leurs
sympathies. Si comme eux, comme mes collègues du Conseil général qui m’ont choisi pour
siéger à leur bureau, vous voulez bien m’honorer de votre confiance, je m’appliquerai à la
justifier en consacrant à la défense de vos intérêts et de vos droits toute mon activité et tout
mon dévouement.
Docteur H. ROUE Y,
Maire de Lapleau, secrétaire du Conseil général.
Candidat républicain radical*
2e circonscription de TULLE
M. TAVÉ
Élu au 2e tour de scrutin, _ 10.365 voix*
Électeurs,
Les élections de 1398, dans la Corrèze comme dans tout le pays, se sont faites au cri
de : A bas Méline! Vous ne pouvez pas renier le verdict par lequel vous avez condamné ses
hommes et sa politique.
Cette politique de défaillance et de complicité avec les partis rétrogrades, que Gambetta
eût flétrie de toute la véhémence de son souffle républicain, cette politique née de l’esprit
nouveau a eu pour résultat de ranimer l’audace de la réaction cléricale et d’engendrer le
nationalisme dont nous voyons aujourd’hui les exploits.
Vous écarterez de la République l’un et l’autre danger, et, fidèles au vieil esprit répu¬
blicain, vous laisserez passer, eu les dédaignant, les mensonges, les calomnies et les
manœuvres de la dernière heure; vous réclamerez avec moi l’évolution pacifique de la
N* 1162
— 189 —
République vers la Justice et l'Égalité et les réformes démocratiques qui sont sa raison
d’être :
Impôt progressif sur le revenu pour réformer Tinjusiice de l’impôt actuel, c'est-à-dire ;
décharger les petits, ménager la fortune moyenne, et demander davantage à la richesse, au
luxe, au superflu;
Abrogation de la loi Falloux et du Concordat pour assurer la suprématie définitive de
PÉtat laïque, en respectant la liberté de conscience et de l’exercice des cultes;
Service militaire réduit à deux ans, puisque nos ennemis eux-mêmes savent s’en con-
tenter;
Organisation démocratique du crédit agricole mis à la portée des petits cultivateurs;
Retraites pour les travailleurs des villts et des campagnes, afin de leur procurer au
moins le strict nécessaire à P heure de la vieillesse ;
Lois de prévoyance et de solidarité sociales; car si nous sommes attachés au principe
de la propriété individuelle dont nous ne voulons ni commencer, ni préparer la suppres¬
sion, nous entendons hâter l’évolution par laquelle le travailleur de la terre ou de batelier
aura la propriété de son outil et la légitime rémunération de son travail.
Le pays tout entier, n’en doutez pas, se prépare à faire triompher cette politique. La
Corrèze ne voudra pas rester en arrière et la circonscription de Tulle-Word reprendra sa
place à l’avant-garde de la République. C’est cette politique qu’elle acclamera sur mon nom.
Je suis un enfant du peuple et j’en suis fier, un enfant du pays vivant au milieu de vous,
qui connaît vos besoins et vos intérêts et saura les défendre*
Vive la République !
I. TAVÉ?
Avocat, Maire de Tulle, chevalier de la Légion d’honneur5
Candidat radical-socialiste.
Circonscription d'USSEL
M* DELMAS
Élu au 1èr tour de scrutin. — 6*671 voix.
Chers Concitoyens,
Je sollicite le renouvellement du mandat de Député, dont par deux fois vous m’avez
honoré, et c’est avec confiance que je fais, une fois encore appel à vos suffrages.
J’ai conscience, en effet, d’être resté fidèle à mes engagements, à nos convictions com¬
munes, et d’avoir toujours porté haut et ferme le drapeau de la République radical» et des
revendications populaires; mes adversaires, eux-mêmes, rendent hommage à mon attitude
politique, puisque, pour me discréditer auprès de vous, ils en sont réduits à falsifier mes
votes et à dénaturer mes intentions.
Je me suis, contrairement à ce qu’ils affirment, associé à toutes les mesures qui ont eu
pour but d’augmenter le bien-être de nos soldats et j’ai accordé au Ministre de la Querre les
crédits suffisants pour améliorer leur ordinaire et introduire le vin dans leur alimentation,
Tai refusé de signer l’amendement aux termes duquel l’indemnité des Députés devait
être portée à 15.000 francs, et c’est, par conséquent, à tort que le Journal officiel me fait
— 190 —
figurer au nombre des rares membres de la Chambre qui ont donné? en séance? leur adhé¬
sion à cette proposition.
Les chemins de fer contribuent dans une large mesure, à ïa prospérité du pays? ils
donnent un nouvel essor à l'agriculture? au commerce et à l'industrie. D'accord avec mon
ami, le sénateur Dellestable? j'ai fait le nécessaire pour activer la construction de la ligne
Felletin-Ussel; dès qu’elle sera livrée à l'exploitation, nous demanderons la déclaration
d'utilité publique de son complément, Ussel-Bort, déjà concédé à la Compagnie d’Orléans et
ferons les démarches les plus pressantes pour obtenir le raccordement à Bugeat de Fem-
branchement Seilhac-Treignac.
îl conviendra de compléter les lignes d'Ëtat par un réseau d’intérêt local : au mois d’août
prochain, le Conseil général statuera sur cette importante question qui n'a pu aboutir jus-'
qu’à ce jour? malgré le vote favorable de la majorité de mes collègues, parce qu’elle avait
été mal engagée Je pense et nTai pas cessé de penser, quoi qu'on dise, qu'il y a lieu de doter
de voies ferrées les Gantons déshérités ou imparfaitement desservis de notre arrondisse¬
ment et, dans cet ordre d'idées, j’ai proposé l’établissement à titre d'essai de la ligue
Usseï-Neuvic et le classement d'un chemin de fer reliant Bugeat par Tarnac, Peyrelevade et
Sornac au tronçon Felletin-UsseL Mais le réseau projeté comporte une étendue trop consi¬
dérable pour être construit en une seule fois, Lrs pouvoirs publics se refusera ient à l'ad¬
mettre et opposeraient comme ils l'ont déjà fait, une fin de non recevoir à nos délibéra¬
tions. Il sera indispensable (c'est l'opinion que j'ai toujours soutenue et à laquelle je suis
toujours attaché, parce quelle me paraît seule pratique et raisonnable), de répartir nos
lignes en plusieurs catégories? de les exécuter successivement, ep dormant la priorité à
celle qui doit traverser les cantons de notre arrondissement privés de chemins de fer et
ayant un développement de quatre-vingt-quinze kilomètres environ.
Je epois, &her$ Gqqeijpyens, avoir fait justice des accusations destinées à surprendre
votre bonne foi : estrij ujtile que je expose mon programme? Vous le connaissez et lui
avez donné votre approbation en I8QZ1 et en 1898; vous le sanctionnerez de nouveau par vos
votes, car sa réalisation aura pour effet de consolider le Gouvernement de la République,
auquel vous êtes profondément attachés, et de donner satisfaction à vos légitimes aspi¬
rations.
La loi sur les associations a soumis les congrégations religieuses au droit commun; elle
a mis fin à la situation privilégiée qui leur permettait de confisquer à ieur profit une partie
de la fortune privée, de constituer? pour ainsi dire, un État dans l'État, et de se substituer,
par une concurrence déloyale, au clergé régulier î elle a, enfin? raffermi le pouvoir laïque
et assuré définitivement sa prépondérance. L'abrogation de la loi Falloux? complétera les
résultats déjà acquis et, grâce à Fiaitiative du Ministère de défense républicaine auquel je
me félicite d'avoir prêté le plus dévoué concours? il nous sera désormais possible d'envi¬
sager l'avenir sans inquiétude et de travailler en paix à faire aboutir les réformes si impa¬
tiemment attendues.
Si vous renouvelez mon mandat, je continuerai à réclamer eu prpiuièfg ligqe :
L'établissement de l'impôt progressif sur le revenu, qui? frappant les citoyens suivant
leurs forces contributives, fera pénétrer la justice dans la répartition des charges fiscales et
permettra tout d'abord de supprimer le principal de l'impôt foncier? les contributions mobi¬
lières des portes et fenêtres et le droit proportionnel perçu sur les patentables;
La réduction à deux ans de la durée du service militaire dans l'armée active qui?
sans compromet! re l'intérêt sacré de la défense nationale, allégera notre agriculture, La
création de caisses de retraites, pour les travailleurs des villes et des campagnes. L'organb
satiou du crédit et de l'assurance agricoles. L'extension de la compétence des juges de
paix. La diminution des droits qui grèvent la transmission dés propriétés. La réduction des
frais de justice qui absorbent le plus net de l'avoir des petits justiciables. Le vote de la loi
Berteaux, destinée à améliorer le sort des employés de nos chemins de fer et à donner, par
suite, une sécurité plus grande aux voyageurs.
— m ~ N* 4:162
Datis l'avenir comme par le passée vous ne ferez jamais en vain appel â mon dévoue¬
ment et je servirai toujours la cause des humbles et des malheureux.
Chers Concitoyens,
Sous le couvert de l'étiquette progrèssisiè, les forces coalisées de la réaction monar¬
chiste et cléricale , avec I1 énergie que donne le désespoir, livrent aujourd'hui un suprême
assaut à nos institutions démocratiques et laïques. Vous ne serez ni les dupes ni les
complices de vos éternels adversaires et saurez les démasquer. Vous ne livrerez point la
place à l'ennemi, et, fidèles à vos traditions, à votre passé, vous repousserez victorieuse¬
ment ses attaques au cri répété de :
Vive la République radicale!
A. DELMAS, Député sortant,
Maire et Conseiller général de Meymac, officier d'académie.
Candidat républicain radical.
— 192 —
CORSE
Circonscription d’AJAGGIO
M. Emmanuel ARÈNE
Élu au 1er tour de scrutin. — 10.08k voix.
Mes chers^Concitoyens,
Nous nous connaissons depuis trop longtemps pour que j’aie besoin, en venant solli¬
citer le renouvellement de mon mandat, de vous faire de longues phrases et de longues
protestations.
Je suis né au milieu de vous, je suis des vôtres par le sang, par la race, par toutes les
fibres de mon cœur, et c’est à votre confiance autant qu’à mon travail que je dois d’être ce
que je suis, et d’avoir pu, en plus d’une circonstance, défendre avec quelque autorité notre
Corse, le cher pays passionnément aimé.
L’attachement filial que je lui ai témoigné dans le passé, je le lui témoignerai encore
dans l’avenir, je le lui témoignerai jusqu’à mon dernier souffle. Je ne suis pas de ces can¬
didats exempts de modestie qui croient leur élection nécessaire à l’intérêt supérieur de la
Patrie. J’ai seulement conscience de pouvoir, à Paris, dans la Presse comme au Parlement,
servir autant que personne les intérêts de la Corse et, en me présentant devant mes
électeurs de l'arrondissement d’Ajaccio, je tiens à proclamer, en leur nom comme au mien,
combien sont coupables ceux qui, pour de mesquines questions de personnes, voudraient
réveiller entre telle on telle ville, entre telle ou telle partie du département, des rivalités
et même des haines qui, grâce au Ciel, sont depuis longtemps éteintes.
Je répudie hautement, quant à moi, d’aussi abominables tentatives. Elles constituent à
mes yeux un crime de lèse-Patrie. La Corse, depuis le Cap jusqu’à Bonifacîo, a besoin pour
être forte de ne former, si je puis dire ainsi, qu’un seul corps et qu’une seule âme. Nous
sommes un trop petit point dans l’espace pour nous rapetisser et nous affaiblir encore en
nous fractionnant et en nous divisant entre nous.
C’est faire le jeu de nos éternels adversaires que de nous prêter à d’aussi misérables
calculs. Battus partout sur le terrain politique. Us essaient maintenant d’exploiter le patrio¬
tisme de telle ou telle contrée de la Corse. Je plains les républicains qui se laisseraient
prendre à des pièges aussi grossiers. Pour ma part, enfant d’Ajaccio, investi de la confiance
de mon arrondissement d’origine, je n’oublie pas que j’ai eu le grand honneur de repré¬
senter à la Chambre d’autres arrondissements de notre île. Je n’oublie pas que j’ai eu la
bonne fortune d’être élu à l’unanimité président du Conseil général de la Corse, et je sais
le devoir que de telles manifestations et qu’une telle situation m’imposent.
Mon patriotisme comme mon esprit de justice et mon ardent désir d’union me les ren¬
dront faciles à remplir. Je n’aurai pour cela qu’à rester fidèle à mon caractère, et à appli¬
quer en matière d’intérêt général le principe qui, vis-à-vis des intérêts privés, a été la règle
de toute ma vie ; faire le plus de bien possible à tout le monde, et ne jamais faire de mal
à personne. .
— 193 — N0, 1162
Cet hommage que me rend ma conscience, je sais que tous mes compatriotes, à quelque
parti qu’ils appartiennent, me le rendent également. Et c’est un honneur qui suffit à ma
fierté de Corse et de républicain.
Veuillez agréer, mes chers Concitoyens, l’assurance de mon inaltérable dévouement.
Emmanuel ARÈNE, Député sortant,
Président du Conseil général de la Corse.
Circonscription de BASTIA
B. lé colonel ASTIMA
Élu au 2° tour de scrutin, — 8.142 voix.
Mes chers Amis,
Malgré le grand malheur qui m’a frappé l’année dernière et le désir légitime que
j’aurais eu de me reposer des luttes ardentes deees vingt-cinq dernières années, sur les
vives instances d’un très grand nombre d’entre vous, je n’ai pas hésité h solliciter de nou¬
veau les libres suffrages des électeurs républicains;
Déserter à cette heure notre drapeau eût étéjune lâcheté, et le vieux lutteur que vous
avez toujours trouvé 3ur la brèche à l’heure du danger reprend son poste de combat;
Qui je suis? Vous me connaissez.
Ce que je veuxï voué le savez.
Sincèrement attaché à nos institutions républicaines, je resterai ce que j’ai été, ce que
je suis, un républicain, un démocrate sagement et profondément réformateur, un soldat
voulant une France grande et forte, une armée puissante et disciplinée.
Les intérêts de notre chère Corse et surtout ceux de la ville de Bastia, je les défendrai
énergiquement et efficacement aussi, je l’espère, car je suis assuré d'avoir pour soutenir
nos revendications, comme je l’ai eu par le passé, le concours dévoué de mon éminent ami
M. Emmanuel Arène et celui de tous mes autres collègues de la Corse.
Parmi les projets que je m’efforcerai de faire aboutir, je citerai notamment l’amélio¬
ration de nos services maritimes postaux, l’achèvement du port de Bastia, l’assainissement
de la côte orientale et l’achèvement de notre réseau de voies ferrées.
Et maintenant, républicains, aux urnes! Contre l’effort de tous les ennemis de la Répu¬
blique coalisés sachons marcher unis et sans défaillance. L’heure est décisive : un assaut
violent est livré de tous les côtés à la République. Sachons, le 27 avril, maintenir nos posi¬
tions et la victoire est à nous.
Vive la France !
Vive la Corse I
Vive la République f
Colonel ASTIMÀ, Député sortant.
Conseiller général.
25
— 194 _
SmUiu de ballottage.
Mes chers Amis,
Par 4.394 voix, vous m’avez fait arriver premier aux élections du 27 avril, et les désis¬
tements qui ee sont produits de la part de mes concurrents me laissent seul candidat au
deuxième tour de scrutin* Je viens donc, à nouveau, solliciter vos suffrages pour dimanche
prochain et vous demander d’achever l’oeuvre que vous avez si bien commencée.
Élu de Patron disse ment, je consacrerai tous mes efforts et toute mon expérience aux
affaires qui intéressent et préoccupent si justement notre chère ville de Bastia, et puisqu'il
nous a été impossible, pendant la dernière législature, de mener à bonne Un les deux ques¬
tions si importantes de l’assainissement de la plaine orientale et des services maritimes
postaux, je m’efforcerai de provoquer au plus tôt la solution la plus favorable aux intérêts
de notre arrondissement,
Ai-je besoin d’ajouter, mes chers amis, que, grâce à l’ententente qui existe entre tous
les représentants de notre chère Corse, grâce surtout au concours que mon jeune, vaillant
et fidèle ami, Emmanuel Arène, sera heureux de nous donner, ma lâche sera rendue plus
facile et que nous verrons enfin la réalisation de nos vœux les plus chers.
Vive la République I
Vive la Corse!
Vive Bastia !
Colonel ASTI MA,
Circonscription de GALVI
M. MALASPINA ,
Élu au 1er tour de scrutin* — 3.749 voix*
Mes chers Compatriotes,
Je vous remercie de Péclatante manifestation que vous venez de faire sur mon nom*
Elle m'impose des devoirs plus stricts, plus impérieux encore que par le passé.
Au lendemain des élections de 1898, je vous disais que mon programme se résumait
an deux articles : l'établissement de communications rapides et à hon marché avec le conti¬
nent et Passainissement de nos plaines,
Pai la conscience d’avoir rempli ce double engagement, et vos libres suffrages viennent
de le dire bien haut. Certes, les résultats obtenus ne sont qu’un commencement; mais
avec de P énergie et de la persévérance nous arriverons à surmonter toutes les difficultés.
On commence à comprendre dans ce pays que de tous les régimes qui se sont succédé au
pouvoir depuis un siècle, c’est la République qui a fait le plus pour la Corse, et par une
pente insensible les adversaires de jadis sont devenus les amis d’aujourd’hui.
Ce n’est pas seulement à propos des services maritimes postaux que je suis partisan de
la porte ouverte. C’est surtout en politique qu'il ne faut pas se murer. Nos rangs doivent
s’ouvrir devant tous ies hommes de bonne volonté qui, fermant les yeux au passé, viennent
à nous les mains loyalement tendues, et cette union d’éléments si longtemps divisés sera
féconde pour le bien public.
Je suis de ceux, et je le dis avec fierté, dont la vie politique est une ; aux heures de
— 195 — N° U 62
danger, j’ai toujours fait mon devoir pour la défense de nos idées. Au lendemain des inci¬
dents d’Auteuü, où motte vénéré Président fut insulté et menacé par une bande de musca¬
dins, j’eus Fhormeur de déposer devant la Chambre une motion que notre parti tout entier
vota par acclamation- Cette motion affirmait la nécessité d’une politique de défense répu*
hlicaine. Le mot eut quelque fortune et la chose aussi.
Ce passé me donne le droit de vous dire : Mettez fin à ces querelles stériles, souvenir
maudit des vieilles factions blancs et noirs, qui ont ruiné notre pays- Unissez-vous dans la
Eépublique pour l’effort commun. Vous aurez fait votre devoir, comme |e fais le mien en
vous adressant cet appel.
T. MALAS PIN A t
Député de Calvi.
Circonscription de GGRTE
M. GIACOBBI, élu Sénateur, remplacé par M. GÀYINL
Voy, Elections partielles.
Circonscription de SARTÈNE
M. GABR1ELLI
Élu au lor tour de scrutin, — 5.955 voix.
Mes chers Concitoyens,
Vos sentiments républicains sont connus de la Corse entière.
Avant comme depuis l'avènement de la République, vous avez toujours été Payant-
garde de la Démocratie insulaire*
Vous venez aujourd’hui de donner un exemple admirable d’abnégation en prenant
l’initiative de ma candidature.
Vous m’acclamez comme l’un des vôtres, non pas tant pour rendre un public hommage
au magistrat qui a dirigé pendant neuf années Faction publique dans votre arrondissement,
que pour maintenir en Corse Punité du parti républicain, un instant menacée par de regrets
tables erreurs que chacun aura à cœur de réparer.
Je suis profondément touché de votre accueil sympathique et prends l’engagement
d’honneur de ne jamais m’écarter de la ligne de conduite politique que vous m’aurez
tracée.
Pénétré, comme vous, d’un esprit largement progressiste et entièrement dévoué à la
cause démocratique, je suis partisan de toutes les réformes pratiques sagement étudiées et
conformes aux vœux du pays.
Je place toutefois au premier rang de mes préoccupations les intérêts de votre arrondis-
— 196 - |
sement, que je connais à fond et à la défense desquels je vous promets d’apporter toute ma
bonne volonté, toute mon énergie.
Les liens de parenté et de fraternelle affection qui m’unissent à Emmanuel Arène vous
sont un sûr garant que mon aotion ne restera pas stérile et, à côté de ce guide expérimenté,
de cet ami cher entre tous, j’ai l’espoir de pouvoir servir de mon mieux la Corse et la ïlépg*
blique,
Thadée GABRlELLî,
Conseiller général,
Procureur de la République à Ajaccio,
COTE-D’OR
lra circonscription de BEAU NE
M. G.4MUZET
Élu au 2° tour de scrutin — 10.097 voix.
Mes chers Concitoyens,
Depuis quelque temps déjà, un grand nombre de mes concitoyens de la lfe circons¬
cription de Beaune minvitaient à poser ma candidature à la députation.
Mais avec mes Collègues, Conseillers d’arrondissement et ia majorité des Conseillers
généraux, j'aurais préféré soutenir celle d’un vieil ami de Pierre Joigneaux, d’un vieux démo¬
crate aimé et respecté parmi nous. Monsieur Ghauvelot-Girard, Conseiller généra! de
Beauoe-Sud, qui a reculé, non pas devant le bon combat (car il marche avec nous), maïs
devant les fatigues d’uoe campagne électorale.
Avec l'appui de la grande majorité des élus des cantons, je me présente à vous, comme
républicain socialiste.
Enfant du peuple, je soutiendrai avant tout les intérêts et les droits des travailleurs,
en poursuivant la réalisation des réformes sociales et surtout des réformes économiques
qui auront pour but d'améliorer le sort des classes laborieuses.
Respectueux de toutes les convictions sincères, je lutterai énergiquement mais loya¬
lement contre les arrivistes do la politique, qui, tantôt modérés, tantôt avancés, suivant
les temps et les milieux, ne cherchent qu'à duper les uns et l is autres pour satisfaire leur
égoïsme.
Dans les assemblées élues dont je fats partie, j’ai toujours soutenu la cause républi¬
caine et, confiant dans votre verdict, je ne vous ferai qu’une seule promesse : celle de con¬
tinuer dans cette voie, en défendant avec ardeur les intérêts agricoles et viticoles de notre
circonscription j et toutes les réformes qui auront pour but d'assurer la paix entre les
peuples, le bonheur entre les hommes et la grandeur de la République.
Vive la République î
E. CÀMUZET,
Maire de Vosne-Romanée, Conseiller d'arrondissement,
Candidat républicain socialiste.
Proguam iîe.
Défense des intérêts de l'agriculture et de la viticulture, — Impôt progressif sur le
revenu permettant d’alléger et même de supprimer les impôts de consommation, — Amor¬
tissement de la dette publique, — Réforme des prestations, — Création de chambres con¬
sultatives d'agriculture, de caisses départementales d'assurances contre l'incendie, la grêle
— 198 ~
et îa mortalité du bétail, Révision du cadastre, — Referendum sur les grosses questions
^intérêt communal ou national, — Diminution des frais de justice, — Élection du Sénat
par le suffrage universel (toujours avec le mandat de 9 ans), — Scrutin de liste, représen¬
tation proportionnelle, — Suppression des sinécures et du salariat, — Diminution du
nombre des fonctionnaires, — Diminution des gros traitements et amelioration des traite¬
ments modestes, — Organisation des retraites ouvrières, — Égalité do service militaire ;
service de 2 ans, — Liberté de conscience et séparation des Églises et de l3État, — Large
décentralisation, — Création de conseils cantonaux, — Enseignement intégral gratuit à tous
les degrés, — Abrogation de la loi Falloux,
2° circonscription de BEAUNE
AL François CARNOT
' Élu au 1er tour de scrutin, — 6.554 voix.
V
Mes chers Concitoyens,
Si je viens aujourd’hui solliciter vos suffrages, ce n’est ni par ambition, ni par intérêt,
vous le savez.
Depuis un siècle les miens ont consacré tout ce qu’ils avaient de force et de dévoue¬
ment à la Patrie et à la République : à mon tour, je suivrai leur exemple.
Refusant toutes les autres candidatures qui m’étaient offertes, c’est ici, dans notre cher
pays de Côte-d’Or, si fidèle au souvenir de ceux qui Font honoré, que j'ai voulu venir me
mettre au service de cette démocratie dont je suis fier d’être le fils.
Libre de tout engagement, de toute compromission avec qui que ce soit, je veux une
République puissante et respectée, un gouvernement de principes et de reformes tout à la
fois, respectueux des traditions sérieuses et nécessaires, mais résolu à regarder en face tous
les problèmes sociaux, à faire aboutir toutes les réformes que commandent la justice et la
solidarité humaine.
Ma politique générale se résume dans la vieille formule républicaine : ni réaction, ni
révolution ; je répudie également les dangereuses utopies du collectivisme et de la tyrannie
socialiste, et les entreprises césariennes ou dictatoriales plus ou moins dissimulées : Je
veux la République, rien que la République et aux mains des républicains I
Résolument opposé à toute ingérence des clergés, quels qu’ils soient, dans la politique
du pays, je défendrai contre tout empiétement les prérogatives nécessaires de la société
civile; mais je m’opposerai avec une égale énergie à toute atteinte portée à îa liberté de
conscience, aux convictions ou aux croyances de qui que ce soit.
Dans les questions d’enseignement, je demanderai que l’État n’abdique pas sas droits
de contrôle et de surveillance des écoles libres ; il faut au contraire que l’inspection de
l’État s’y exerce largement ; il faut aussi exiger des professeurs libres les mêmes grades
universitaires et les mêmes garanties de capacités que l’on demande aux professeurs de
l’État.
Mais sous ces réserves, qui sauvegardent les droits absolus de l’État, nous ne devrons
pas hésiter entre la liberté de Renseignement proclamée par la Révolution le 25 Frimaire
an IX, et le monopole universitaire créé par Napoléon Ier comme instrument de domination
et de tyrannie.
Je n’ai pas la prétention de connaître toutes les questions qui peuvent être mises en
discussion, et d’y apporter la solution immédiate, la panacée universelle ; j’aime mieux
— 199 —
H° 1162
m’efforcer de tenir plus que je n’aurai promis, [que de promettre ce que je ne pourrais
réaliser.
Mais il est cependant des questions sur lesquelles je tiens à vous préciser mon opi¬
nion :
L — Service de deux ans : je voterai toutes les mesures préparant la réduction du
service militaire à deux années, sans porter préjudice aux nécessités sacrées de la défense
nationale.
Il _ Retraites ouvrières : c'est surtout par la mutualité, par l’esprit de prévoyance et
d’économie que ce problème pourra être résolu; il ne fout pas 'que PÉtat fasse tout, dans
les retraites ouvrières ; car l'État n’est en somme que l’ensemble des contribuables, dont
les agriculteurs forment plus de ïa moitié, et il serait profondément injuste de faire payer
aux travailleurs de la campagne les retraites des ouvriers des villes dont les salaires ou les
gains sont bien supérieurs aux leurs.
III, — Réformes financières : il faut remettre enfin à l’ordre du jour la réforme de
Fimpôt foncier, si écrasant "pour nos campagnes; il faut reviser Pimpôt des patentes, qui
pèse si lourdement sur les petits commerçants.
Il faut, avant tout, rétablir l’équilibre budgétaire, si compromis par les gaspillages du
Parlement, et n’accepter une dépense nouvelle qu’en échange d’une nouvelle recette ou
d’uoe économie nouvelle pour la payer. Il faut sortir enfin des théories creuses et des pro¬
messes irréalisables, pour aboutir à de vraies réformes et non à des expédients budgétaires
qui ne créent de ressources que sur le papier.
IV, — Réformes administratives : suppression des services administratifs inutiles; ré¬
duction du nombre des fonctionnaires, et liquidation rapide des pensions de retraite. —
Réglementation par des lois des conditions de l'avancement, pour éviter les abus du favori¬
tisme. — Décentralisation administrative ; extension des pouvoirs des départements et
surtout des communes en matières financières. — - Extension de la compétence des juges de
paix. — Réforme de l’abus des formalités judiciaires.
V. — Questions agricoles : développement du crédit agricole et des caisses d’assurances
mutuelles contre la mortalité du bétail , contre l’incendie, contre la grêle, — Protection de
la petite propriété par l’autorisation du partage en valeur, — Protection du travail agricole
parle maintien intégral du tarif minimum dans les conventions commerciales. — Régle¬
mentation des marchés à terme pour supprimer l’agiotage des marchés fictifs, — Répres¬
sion des fraudes sur les produits agricoles.
Fournitures à l’armée par les producteurs français, et adjudications ou achats directs
par lots fractionnés. Abaissement des octrois sur les boissons hygiéniques. Distinction entre
les alcools de vin ou de fruits et les alcools d’industrie.
Caisses mutuelles de retraites pour les ouvriers agricoles, etc.
Voici, mes chers Concitoyens, quelques-unes des réformes pratiques à la réalisation
desquelles je suis prêt à consacrer tout mon temps et toute mou énergie.
J’ai confiance dans l’avenir, où j’espère voir disparaître le souvenir des divisions et des
haines qui ont assombri le passé.
J’ai foi dans îa politique d’apdisement, d’union, de travail et de liberté, qui fera la
France forte contre tous, et la République indestructible.
Mes chers Concitoyens, cette politique-là est la mienne; j’ai la conviction que l’immense
majorité du pays la comprend et l’approuve, et je viens en toute confiance solliciter de vous
le mandat d’aller la défendre au Parlement,
Vive la République 1
François CARNOT,
Conseiller général de la Côte-d’Or,
Candidat républicain.
— 200 —
Circonscription de CHATILLON-SUR SEINE
M. PETIT
Élu au 2e tour de scrutin. — 5.S2Û voix.
Mes chers Coti citoyens,
Répondant aux sollicitations d’un grand nombre dé mes amis des divers Cantons
du ChàtiUonnais, fai cru devoir accepter la candidature aux élections du 27 avril
prochain.
Originaire de l’arrondis sement^ où fai toute ma famille et tous mes intérêts# je ne
suis pas un inconnu pour vous.
Inutile de vous dire que# fils d’instituteur primaire, j’ai été élevé dans des
idées vraiment républicaines et démocratiques. D’ailleurs mon attitude au cours des
diverses débats politiques auxquels j’ai pu être mêlé, vous est un gage de ïa sincérité
de mes opinions.
Le respect de la liberté de conscience me paraît pouvoir être concilié avec le
désir de voir s’affirmer de plus en plus la suprématie du pouvoir civil sur (es ordres
religieux;
le suis partisan de la loi qui a consacré le droit d’association, et dont une application
équitable et vigilante sera pour l’État une garantie contre la puissance des congrégations
et contre le développement dâs biens de main-morte.
Je demande i’abrogatiôH de là loi Fallonx qui subsiste encore tout entière pour
l’enseignement secondaire, et qui a eu pottr résultat de créer une profonde division dans la
jeunesse française.
Je suis ennemi des doctrines collectivistes e£ révolutionnaires dont la notice en
pratique mènerait la France à sa ruine. Mais je pense que dans une République
vraiment démocratique, le Gouvernement ne doit s'appuyer que sur des républicain»
sincères.
Au point de vue fiscal# il me semble queramortissement de la dette publique peut être
réalisé par des économies budgétaires, par la suppression des fonctionnaires inutiles et
par la réduction des gros traitements.
Et j’estime qu’il serait désirable que la Chambre prît l’habitude de voter le budget en
son temps normal, de façon à éviter au pays les douzièmes provisoires.
L’agriculture et la viticulture, qui traversent une crise sérieuse, ont tous les droits à la
sollicitude des pouvoirs publics* La suppression des prestations et l’établissement d’une
vicinal! té unique, la révision du cadastre, une nouvelle évaluation de la propriété foncière
pour réaliser plus de justice dans l’impôt# la répression rigoureuse des accaparements et
des coalitions qui faussent le cours des produits agricoles, la création de Chambres
d agriculture, telles sont les principales améliorations que réclament les intérêts supérieurs
du pays et de notre région en particulier.
Je voudrais voir la question sociale résolue par la création des caisses de retraites
ouvrières basées sur la mutualité, mais à condition que cette institution fût étendue aux
ouvriers agricoles»
En demandant la réduction de la durée du service milhaire à S ans, nous voulons
proclamer l’éga ité de tous les citoyens devant les besoins de !a défense nationale.
Telles sont, mes chers Concitoyens, quelques-unes des réformes que la démocratie
laborieuse a le droit d’inscrire dans ses revendications et a l’accomplissement desquelles je
me dévouerais de mon mieux*
— 201 -
N° 1162
Mes chers Concitoyens,
Si vous me faites l’honneur do me choisir pour votre m an da taire , je me montrerai
digne de votre confiance en me consacrant, avec toute l’énergie dont je puis être
capable, à la défense des intérêts de notre arrondissement, de la France et de la
République.
Vive la République démocratique I
Georges PETIT,
Industriel, maire de Voulantes,
Conseiller général,
Délégué de PAIliance républicaine démocratique.
lrc circonscription de DIJON
H. BÛUHEY-ALLEX
Élu au T' tour de scrutin. — 10. 442 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le Comité électoral socialiste de la première circonscription de Dijon m’ayant choisi
à une très grosse majorité comme candidat aux élections législatives du 27 avril prochain,
j’ai accepté ce poste de combat. Sans me dissimuler les difficultés de la tâche, sans me
préoccuper des chances de succès, je me présente à vos libres suffrages avec le programme
du Parti,
Ce programme, je l'accepte dans tonte son intégralité, ayant horreur des réticences
habiles qui ne trompent personne, et ayant pleine confiance dans le bon sens de mes
concitoyens.
Aujourd’hui, pas plus qu’en 1893 et en 1898, ils ne se laisseront effaroucher par révo¬
cation du spectre rouge ou du partage des terres,
A la veille d’étre ruinés par le collectivisme des capitalistes, syndiqués pour avilir les
prix des denrées qu’ils nous achètent et majorer d’uns façon exorbitante les produits qu’ils
accaparent j iis n’oublieront pas que, seul, le socialisme est capable de les sauver.
Quel homme politique sensé peut-il du reste, maintenant, se dire républicain sans se
déclarer socialiste ?
L’agitation politique de ces 20 dernières années et le malaise économique dont
nous souffrons si cruellement aujourd'hui, démontrent de la façon la plus évidente qu’on a
fait fausse route jusqu’alors en essayant, pour toute politique, d’enrayer l’essor du prolétariat
en marche vers son émancipation.
Nos prétendus hommes d’état, représentants de la bourgeoisie, n’ont pas compris,
n’ont pas pu ou pas voulu comprendre les aspirations populaires, ni les transformations
sociales qui s’imposent*
Vingt fuis, ils se sont succédé au pouvoir : les radicaux remplaçant les opportunistes,
les opportunistes remplaçant les radicaux et toujours, malgré leur talent incontestable et
leur bonne volonté évidente, ils ont constamment abouti au même résultat : la démonstra¬
tion claire et irréfutable de la plus parfaite impuissance, la faillite lamentable de tout le
vieux programme républicain.
26
Aussi, encouragés par une pareille attitude, les réactionnaires, ralliés peut-être, niais
non convertis et jamais découragés, ont failli il y a 3 ans s’emparer du pouvoir et il n’a
fallu rien moins que ia vigoureuse intervention des cohortes ouvrières et socialistes pour
rétablir l’ordre clans la rue, sauver la République et ramener ainsi la confiance et Lespoir
dans les rangs de la bourgeoisie républicaine affolée*
L’expérience a assez duré. Dans f intérêt même de la République, ne la continuons pas.
Que le monde des travailleurs prenne hardiment en main la direction de ses propres
affaires, et que, dans l'impossibilité de les gérer directement, il en charge au moins dos
représentants, issus de scs rangs, de sa classe, sachant ce dont U souffre, connaissant ce
qu’il veut, et possédant l’énergie et la volonté de faire aboutir les réformes sociales,
toujours promises, mais, hélas ! toujours attendues.
En thèse générale, nous poursuivons, après Légalité politique proclamée en 18 48,
Légalité économique des citoyens par la suppression du salariat, par la réunion dans les
memes mains du capital et du travail, par la socialisation des moyens de production ;
mais, sans perdre de vue un seul instant ce splendide idéal que verront se réaliser nos
petils-enfants, noos n’oublions pas pour autant les réformes immédiatement réalisables.
Le programme du Parti, arrêté par le récent Congrès de Tours contient à ce sujet les
déclarations les plus formelles et les plus précises, mais, en ce qui concerne la prochaine
législature, nous pensons que les efforts de vos représentants devront principalement se
porter sur les points suivants :
1° Le scrutin de liste, avec la représentation proportionnelle et le renouvellement
partiel pour enrayer les corruption s électorales, relever le prestige de la Chambre, permettre
la représentation directe des principales fractions de Topinion publique, et assurer L esprit
de suite et la continuité dans les travaux parlementaires;
2Û La liberté de conscience, par la séparation des Églises et de LÉCat et la suppression
du budget des cultes ;
3° L'unité d’enseignement, pour sauvegarder les droits de Tentant et la liberté des
pères de famille ; pour faire cesser les funestes divisions actuelles, conséquences fatales
de l'enseignement congréganiste, opposé partout à renseignement laïc;
kt} La réduction du service militaire à 2 ans et égal pour tous ; à i an si possible, pour
arriver enfin à la suppression des armées permanentes qui ruinent les nations, et à l'orga¬
nisation des milices nationales, lesquelles, par Ténormo réduction des charges militaires
qui en résulterait, rendraient la France forte et invincible en même temps que riche et
prospère ;
5° L’impôt sur le revenu global et progressif, seul moyen de faire contribuer chaque
citoyen au payement des charges publiques en proportion de sa fortune et des avantages
qu'il retire de l’organisation sociale ;
6” Suppression progressive des impôts indirects, qui réalisent de façon si ironique
Légalité des pauvres et des riches devant l’impôt ;
T Le droit à la retraite, reconnu à tous les vieux travailleurs sans distinction de sexe
et de métier :
8° La suppression des prestations, cet odieux prolongement des corvées ;de Lancien
régime ;
9tJ La suppression des octrois, forme d’impôt injuste, tracassière et surannée ;
10° La libre circulation du vin au môme titre que tous les produits de la terre ;
i!ü La révision de la loi des boissons aûn de sauvegarder dans la mesure du possible
les droits des bouilleurs de cru, soit en conservant leur ancien privilège, soit en organisant
des distilleries communales, soit par tout autre moyen propre à rétablir Légalité entre les
bouilleurs et leur permettant de distiller leurs produits dans des conditions à déterminer.
En aucun cas et à aucun prix, leurs intérêts ne devront être sacrifiés aux intérêts du syndicat
des gros distillateurs du Nord ;
12* Établissement d'un droit différentiel de 50 francs par hectolitre sur les alcools de
vins et de fruits, considérés comme alcools de bouche, et dont la taxe serait ramenée à
203 -
N° 1162
170 francs ; les alcools d’industrie étant plus spécialement réservés pour les usage
industriels, chauffage, éclairage, etc.
Citoyens,
Voilà ce que nous voulons, voilà le programme que nous vous soumettons et que tous,
travailleurs dos campagnes, commerçants et ouvriers de la ville, vous ferez, nous en avons
le ferme espoir, triompher le 27 avril prochain.
Vive la République démocratique et sociale 1
BOWIEY-ALLEX,
Conseiller général,
Maire de Villers-la-Faye,
Candidat socialiste.
2e circonscription de DIJON
M. MOTEAU
Élu au 1CT tour de scrutin. — 8.817 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le mandat que vous m’avez confié touche à sa fin. Voulez-vous me le renouveler?
Denuis quatre ans que j’ai l’honneur de vous représenter, vous avez appris a me con¬
naître l’ai conscience d’avoir toujours agi conformément à ce que je considéra, s comme mon
devoir, et d’avoir toujours défendu ce que j’ai pensé être vos intérêts, toutes les fois qui.
n’étaient pas contraires aux intérêts généraux du pays. Je vous annonçais, en 1898 mon
intention de m’attacher particulièrement aux réformes qui pouvaient amener plus de bien
être parmi les travailleurs et dans les campagnes: développement des institutions de pré¬
voyance et d’assistance, retraites ouvrières, révision du cadastre, enseignement profes-
rimïtréL industriel et agricole, réforme de nos lois civiles en ce qu'elles ont de suranné,
suppression do vagabondage « de la mendicité, etc A» aet qadatcoo
dénosé plusieurs propositions de loi dans ce sens, et si je n ai pu faire davantage, cesl que
ia politique, au cours de la législature qui finit, n’a pas laissé suffisamment de place aux
Ülit‘ SiSTOulmr!envoCyeTà la Chambre, je commuerai à cet égard dans la même voie Vous
pouvez compter sur toute ma bonne volonté. Je vous ai consacre tout mon temps et toutes
mes peines J’ai laissé de côté tout ce qui n’était pas l’exercice de mon mandat. Je ne m en
fais pas gloire, car je considère que c’est de la simple honnêteté de la part d un represen-
tailt Je suis fermement résolu à rester fidèle à cette ligne de conduite et à faire toitf mon
possible pour améliorer la situation de l’agriculture et des cultivateurs. Mais je ne vous lerai
pa^de belles promesses : c est trop facile, et je laisse ce procédé aux
charlatans qui cherchent à se faire une position en dupant les électeurs. Ceuxri .vous pro
mettront tout ce que vous voudrez : de vous faire vendre voue blé, vo re houblon vos
laines, vos betteraves, votre vin, aux prix les plus fantastiques Au ‘ ^z-
traient n’importe quoi; cela ne leur coûte pas plus, et ils nen font pas davantaQe. Cioyez
_
moi, mes amis, défiez-vous do ces gens-là; et de ceux qui affectent de déplorer telle ou telle
mévente agricole, en rendant responsable de cette mévente le député qu’ils combattent. Ils
promettent de faire cesser un pareil état de choses, comme si cela dépendait d’eux et
comme si le député qu’ils attaquent n’eût pas été intéressé tout le premier à le faire cesser!
Défiez-vous aussi de ces hommes sans principe ?, anciens boulangistes, qui s'affublent
aujourd’hui de Tétiquette républicaine, mais qui sont en réalité des agents nationalistes,
patronnés et soutenus par la coalition des réactionnaires, dont beaucoup, d’ailleurs, se
disent également républicains pour les besoins de la cause.
Maïs vous êtes trop éclairés pour que j’aie besoin d’insister sur ce point- Reste à exa¬
miner ma conduite politique. Là encore, j’ai conscience d’avoir fait mon devoir et de vous
avoir loyalement représentés* Aucun homme de bonne foi nej>eut m’accuser de û’être pas
resté fidèle à ce que je vous avais promis. Je m’étais engagé à repousser toute tentative de
mise en pratique des théories collectivistes: je l’ai fait et je vous le promets encore. Je
m’étais engagé aussi à défendre les institutions républicaines contre leurs ennemis quels
qu’ils fussent ; et je ne pense pas qu’on puisse m’accuser d’y avoir manqué. C’est même cela
qui m’a valu les attaques, les calomnies et les insultes de la réaction et des cléricaux,
furieux de voir que je ne consentais pas à faire leur jeu. Mes votes en faveur de la loi sur
les associations les ont surtout exaspérés, et c’est depuis lors qui1! J s me traitent de sectaire
et m’accusent do porter atteinte à la liberté de conscience. Un sectaire est celui qui se
décide aveuglément par esprit de secte ou par esprit de parti : je o’agis point ainsi. Aucune
de mes décisions n’est prise qu’après mure réflexion et en pleine indépendance.
Et quant à la liberté de conscience, comment pourrais-je y porter atteinte, moi qui con¬
sidère que c’est la première de toutes les libertés? Moi qui ne permets à personne de
s’occuper de ce que je puis penser en matière religieuse, et qui ne me permets pas à moi-
même de m’occuper des opinions religieuses de qui que ce soit ? D’autre part, m’a-t-on
entendu parler autrement qu’avec respect et reconnaissance des Petites-Sœurs des pauvres,
par exemple, qui se consacrent au soulagement des vieillards indigents, ou des religieuses
qui s’en vont soigner nos soldats et nos marins sur les champs de bataille ou dans nos
colonies les pins malsaines? Mais est-ce porter atteinte à la liberté de conscience que de
mettre un terme à l’entreprise de dissolution sociale, à l’action réactionnaire et antilibérale
de certaines congrégations, véritables foyers de guerre civile, pour qui la religion n’est
qu’un prétexte, et dont la puissance néfaste, si on l’eût iâissée s’accroître, pouvait, d’un
jour à l’autre, détruire toute l’œuvre de la société moderne et nous ramener de cinq siècles
en arrière? En m’opposant, par mes votes dans cette loi des associations, au danger que
ces congrégations faisaient courir à la République et même à la Patrie, je suis certain d’avoir
agi en bon citoyen et de n’avoir en rien attenté la liberté de conscience.
Au surplus, je suis en relations constantes avec plusieurs milliers d’entre vous* Je puis
dire que je juge ma conduite politique dTaprès vos appréciations, et je suis fier de constater
qu’un animèjnent rues correspondants m’ont félicité de la voie que j’ai suivie sans faiblesse.
Que ceux d’entre vous qui sont d’un avis différent vote ni contre moi ; je neveux représenter
que des citoyens dont j’aie la confiance.
Par-dessus tout, né, comme tous mes ascendants, dans la Côte-dTÔr, dont ma famille
est originaire et qu elle n’a jamais quittée, je tiens à conserver l’esiime et la sympathie
qu’ils y ont acquises par leur probité et. leur loyauté; et j’aimerais mille fois mieux ne
jamais rentrer au Parlement que de renoncer à cette estime et à cette sympathie de mes
compatriotes.
Allez donc librement au scrutin, mes chers concitoyens, volez en toute indépendance.
J’attends avec confiance votre décision.
Alfred MllTEÀU, Député son an r,
Conseiller général,
Candidat d’Union républicaine.
_ 205 — N° 1162
Circonscription de SE MUR
M. DEBUSSY
Elu au lEr tour de scrutin. — 8.567 voix.
Mes cliers Concitoyens,
Le mandat que vous m’avez confié en 1898 est expiré ; je viens vous en demander le
renouvelle ment.
J'ai conscience d’avoir été fidèle à mes promesses. En sincère républicain, préoccupé
uniquement de l'intérêt général, je me suis appliqué, pendant cette législature, à servir de
nm mieux mon pays et la République.
Au Parlement, membre de plusieurs grandes Commissions, notamment de la Commis¬
sion des douanes, j’ai soutenu, toujours avec succès, les intérêts de l’industrie et de l’agri-
culture.
Appelé au Comité consultatif des chemins de fer, f y ai défendu, comme à la tribune de
la Chambre, les intérêts généraux du pays contre les exigences des grandes compagnies*
Mon programme reste le même qu’en 1898, puisqu’une partie seulement des réformes
que je demandais alors ont pu aboutir ; la faute en revient à l'obstruction nationaliste qui,
par des interpellations sans nombre, a fait perdre à la Chambre un temps précieux*
C\5£t ainsi que la prochaine législature devra faire aboutir trois réformes importantes
qui devraient être déjà votées, ce sont ;
Le service militaire de deux ans ;
La loi sur les retraites ouvrières*
L’impôt sur le revenu en remplacement de la cote personnel le-mobilière, des portes et
fenêtres et d’une partie de l’impôt foncier sur la propriété rurale non bâtie*
Ces questions, mûres pour passer du domaine de la discussion dans celui delà pratique,
sont assurées démon concours le plus actif. Il faudra voter la loi des patentes, adoptée par
le Sénat, qui diminue le petit patenté.
Il faudra enfin, dans l’ordre judiciaire, étendre la compétence du juge de paix, abréger
la lenteur de la procédure et réduire les frais de justice*
Je voudrais aussi que le contrôle financier du Parlement fut élargi*
Comme précédemment, je me consacrerai à l’étude des intérêts économiques de notre
pays*
La concurrence entre Les nations devient chaque jour plus ardente, en raison de 1 aug¬
mentation de la production ; il faut donc, tout en garantissant notre production nationale,
chercher à ouvrir des débouchés nouveaux.
G’est à cette œuvre que la République, enfin débarrassée de ses éternels ennemis, se
consacrera.
Ai-je besoin de vous dire que, partisan de la liberté de conscience, je voterai toute loi
qui assurera la liberté des Églises dans l’État laïque souverain*
Ce programmé sera réalisable dans la prochaine législature si la nouvelle Chambre
commence par modifier son règlement et se protège contre les agitations stériles des partis
et les interpellations inutiles. La réforme parlementaire sera la clef des autres.
Telles sont dans les grandes lignes les réformes que je m’engage,! si non a faire triompher,
du moins à appuyer par ma parole et par mes votes*
Je ne me laisserai détourner ni de mon but, ni de mon idéal* Mon but est celui de la
démocratie laborieuse: la prospérité économique de notre pays, l1 amélioration constante
206 ~
du sort des humbles et des travailleurs, en un mot, révolution continue du progrès social,
Mon idéal est l’idéal républicain : le règne de la justice et de la bonté, de la concorde et de
l'union.
Pour réaliser ce programme limité mais précis, je fais appel à toutes les forces delà
démocratie.
Vivent les réformes démocratiques ï
Vive la République !
À. DEBUSSY, Député sortant,
Candidat républicain radical,
— 207 —
N° 1162
COTES-DU-NORD
lrc circonscription de DÏNAN
M. JACQÜEMIN, décédé, remplacé par M. BAUDET
Voy. Élections partielles.
2° circonscription de DINAN
H. de LÀRGENTÀYE
Élu an 1er tour de scrutin. — 0.379 voix.
Mes chers Concitoyens,
Profondément indigné comme vous, du honteux gouvernement qui nous opprime, j’ai
accepté d’être encore une fois le représentant de tous les honnêtes gens, de tous les
hommes d’ordre du pays. Point besoin de longues phrases pour exposer mon programme *
c’est, à l’heure qu’il est, le programme des patriotes de tous les partis dans la h tance en¬
tière.
La religion catholique respectée et la liberté religieuse pour tous.
L’armée et le drapeau national inis au-dessus de toutes les querelles do parti et pro¬
tégés contre la trahison et les insultes des sans-patrie*
L’agriculture secourue enfin d’une façon efficace, et protégée contre les impôts toujours
croissants.
Les économies remplaçant le gaspillage effréné de nos finances*
U ire politique libérale à l’intérieur; une politique extérieure vraiment nationale, per¬
mettant à notre patrie de conserver dans le monde la place qu’elle ne tarderait pas a perdre
sous la direction des panamistes et des dreyfusards.
La France, en un mot, délivrée de la tyrannie des Juifs et des francs-maçons.
Voilà ce que je veux, ce que je ne cesserai de réclamer énergiquement, vous le voulez
comme moi et vous Y a fermerez une fois de plus en me confiant pour la sixième fois 1 hon¬
neur de vous représenter.
RIÜUST do LÂRGENTAYE,
Député.
lrc circonscription de GUINGAMP
M. le vicomte du RQSCOÀT
Élu au 1er tour de scrutin. — 6.612 vois.
Messieurs,
Si je n’avais écorné que mes goûts ou mes intérêts, je n’aurais jamais renoncé à la vie
tranquille et respectée que je mène au milieu de vous.
Mais les circonstances sont graves, toutes nos libertés sont nrnacèesou détruites.—
Ce que l’on croyait irréalisable, il y a seulement quatre ans, est dépassé et bien au delà
Religieux ou religieuses vivent ^ous la perpétuelle menace de dispersion et de confiscation!
Ceux d’entre eux qui ne sont point encore en exil attendent leur sort de nos élections pro¬
chaines.
t j
Le collège de Guingamp, les écoles libres de nos commîmes, malgré lo nombre de leurs
.élèves et leurs succès, sont menacés de fermeture.
Et pendant ce temps nos finances sont gaspillées. — Les déficits succèdent aux déficits,
malgré les impôts les plus écrasants.
L’agriculture et le commerce ploient sous le poids de ces charges.
Le Gouvernement est le premier à détruire l’industrie en y développant la grève.
A l’extérieur, nous n’avons ni politique suivie, ni prestige, ni influence.
La Russie prend notre argent et, sauf quelques politesses, que nous donne-t-elle eu
échange 1
L’Angleterre nous a fait reculer à Fachoda et conteste nos droits à Terre-Neuve.
L’armée et la marine, sauvegarde de notre territoire et de notre honneur, sont, depuis
deux ans surtout, en butte aux attaques les plus violentes.
Nos généraux sont sacrifiés ou mis en disgrâce, nos officiers surveillés comme des mal¬
faiteurs ; et uue horde de sans-patrie peut impunément exciter les conscrits contre leurs
chefs, insulter notre patriotisme et s'attaquer au drapeau tricolore lui-même, qu’ils veu¬
lent, disent-ils, enfouir dans le fumier !
Où cela s’arrêtera-t-il ?
Chacun se sent menacé dans sa religion, dans ses intérêts, dans ses affections, daus
son patriotisme.
hn présence de cette situation inquiétante — devant les déceptions du passé, — car
ce n était là ni ce que vous désirez ni ce que l’on vous avait promis, beaucoup de notables
de cette circonscription sont venus me demander, par deux fois, de poser ma candidature.
Je n’ai pas cru devoir refuser.
Presque tous parmi vous me connaissent, au moins de nom.
Us savent que depuis trente ans je cultive moi-même mes terres. Ma vie s’est écoulée
ainsi au milieu des cultivateurs ; leurs intérêts sont les miens et je compte parmi eux
beaucoup de mes meilleurs amis et de mes plus fermes soutiens.
lis savent que j’ai toujours été partisan du commerce local et de la petite industrie du
pays, rendus plus difficiles chaque jour par les accaparements do toute sorte, les hausses
et les baisses factices et les spéculations de tout genre.
Ils savent enfin que je suis un catholique sincère et, si j’ai horreur de l’ostentation reli¬
gieuse, je n ai jamais eu peur d’affirmer hautement et toujours mes sentiments ehré-
liens t
Trois fois élu conseiller général, maire de ma commune depuis de longues années, jJai
N° 1 162
— 209 =3
toujours défendu avec énergie, souvent avec succès, les intérêts généraux et particuliers
nui m’ont été confias. # ,
^ Libéral je l’ai été et je le resterai. La liberté d’enseignement, — la liberté de cons¬
cience — la liberté d’association, — le respect du suffrage universel, — le libre accès de tous
à toutes les carrières, sans autre considération que le mérite des candidats, — l’économie
dans les finances, la diminution graduelle du nombre exagéré des fonctionnaires, 1 allége¬
ment des charges militaires, tel est le programme que je défendrai.
La République est depuis trente ans le Gouvernement de la France. Au heu de discus¬
sions inutiles, n’est-il pas préférable que tous les hommes d’ordre s’entendent pour la rendre
libérale l’arrachant ainsi aux mains des francs-maçons et des socialistes qui conduisent
aujourd’hui la France aux abîmes et nous ramèneraient fatalement à la violence et a
' ^"our6 moi, si vous m’envoyez à la Chambre, j’appuierai toute proposition libérale
d’où qu’elle vienne, n’ayant qu’un but et qu’un désir, la grandeur et la prospérité au
^'c’est sur ces derniers mots que je m’arrête. D’un bout de la France à l’autre, un grand
mouvement se produit en ce moment, sans distinction d’opinion, pour une politique vrai¬
ment française de modération et de liberté. . , . . .
C’est cette politique que nous ferons triompher ensemble si vous le voulez b en.
Je vous demande de vous unir contre le despotisme etla tyrannie du ministère actuel,
et de marcher au scrutin comme des soldats marchent au combat.
Pour la religion, la patrie et la liberté,
Vicomte du ROSCOAT.
2e circonscription de GUINGAMP
M. Louis OLLIVIER
Elu au 1er tour de scrutin. — 7.250 voix.
Ligues de la Patrie française f.t de l’Action libérale.
Dieu et Patrie.
Mes chers Concitoyens,
Les élections qui se préparent vont résoudre une question vitale pour le pays
r B TI! restera-t-elle la proie des Francs-Maçons, des Juifs et des sectaires qui
La République , ^ gouvernement de véritable liberté, soucieux des
SLÏÏÏÏÏ ZZlfZLtl de l’ordre « ,c respeç, de la Rc,if n, sans
- nln ne saU. da£ —en. Apre, avoir
Depuis p '“ie“" ’l jer m otocier juif, deux fois çoudamnè, le moistte n’a vécu
bouleversé le paj P S prosCription’. Ses derniers méfaits ont été de chasser de leurs
que de de prononcer la confiscation de leurs biens. -
Actuellement3, c’est la liberté d’ens’eignement dont ses partisans ont voté la suppression
27
210 —
pour n’obéir encore qu’à leurs haines antireligieuses et pour empêcher les pères de famille
d’élever leurs enfants suivant leurs principes et dans leur foi,
Toutes nos libertés sont ainsi compromises: liberté de conscience, liberté d’association,
liberté de la parole et de la charité.
La liberté du travail est journellement troublée par les grèves ; la propriété menacée
par les socialiste, s ; te commerce et l’agriculture ruinés par la spéculation juive et l’augmen¬
tation continuelle de nos impôts ; — et, cependant, le ministère est obligé d’avouer un
déficit déplus de 200 millions qu’il faudra combler par de nouveaux emprunts entraînant
de nouvelles charges, — Enfin l’armée, notre sauvegarde à tous, n’est même pas épargnée.
Sur des délations inavouables, nos meilleurs officiers sont sacrifiés et les journaux ministé¬
riels ne cessent de les insulter. Les services sont* désorganisés et les soldats ouvertement
encouragés à l’indiscipline par les sans-patrie.
Rapprochés par le danger commun, tous ceux qu’anime le sentiment de l’ordre et de la
liberté ont oublié leurs anciennes querelles. Républicains et libéraux, tous se sont dressés
contre un ministère de discorde sociale et de ruine, pour se rallier autour du drapeau delà
France, avec la Liberté pour but, et pour devise : Dieu et Patrie.
C’est à ce grand parti nationaliste que j’appartiens; et, de même que vous avez désigné
pour vous représenter, à des titres divers, presque tous les membres de ma famille depuis
plus de 80 ans, je viens vous demander de me faire l’honneur de me choisir pour soutenir
vos revendications libérales contre les exploiteurs de la France.
Avec ces hommes courageux qui ont fondé les ligues de la Patrie française et de l’Action
libérale, Jules Lemaître, J. Piou, F. Coppée, Cavaignac, le générai Mercier et tant d’antres,
je veux que la République soit vraiment nationale, je veux la paix religieuse au lieu de la
persécution, la propriété défendue, l’armée respectée.
Avec tous ceux qui veulent opposer la véritable fraternité aux revendications haineuses
du socialisme, je désire poursuivre l’amélioration du sort des travailleurs, en diminuant les
charges publiques, en recherchant le meilleur moyen de réduire le service militaire sans
nous affaiblir, et en développant, par une organisation plus féconde de la mutualité, toutes
les institutions d’assistance et de prévoyance sociales qui sont nécessaires au soulagement
de la vieillesse et de l’infortune.
A vous, mes chers Concitoyens, de prendre désormais ta décision que vous dictera votre
conscience. Soyez persuadés qu’en volant pour moi vous voterez pour la liberté contre les
sectaires.
Votre tout dévoué,
L. OLLIVIER,
Avocat, Docteur en droit,
Conseiller général des Côtes-du-Nord.
lr* circonscription de LANNION
M. DERR1EN
Elu au 1er tour de scrutin. — 5.913 voix.
Mes chers Concitoyens.
Je me présente de nouveau à vos libres suffrages. Je viens vous demander le renou¬
vellement du mandat dont vous avez bien voulu m’honorer déjà à deux reprises, en mai 1897
et en mai 1898.
N° 1162
— 211 —
» cette époque, je vous disais qu’indépendant et patriote je placerai toujours les
'nrprêts de la France au-dessus des intérêts de parti et que je soutiendrai les ministères
modérés contre les entreprises néfastes du radicalisme et du socialisme.
Fidèle à cette déclaration, j’ai soutenu le ministère que présidait M. Méline, et j
tm.inurs combattu le ministère Waldeck-Rousseau-Millerand. Mes votes en font foi.
J Mon atUU.de sera la même si vous me faites l'honneur de me réélire-, mon premier
devoir à la Chambre sera de m’unir aux patriotes et aux libéraux pour arracher le pouvoir
an ministère funeste qui le détient, hélas I depuis trop longtemps.
^Partisan de la liberté pour tous, je n’admets pas que contrairement aux principes de
la Révolution Française, la loi crée des catégories entre les citoyens français et qu el e
enlève à quelques-uns le droit d’enseigner, de vivre et. môme de pr.er en commun, sous le
fallacieux prétexte qu’il portent un costume religieux.
N’est-ce pas à la loi qu’il appartient surtout de respecter le domaine sacie de la
“"lai" donc voté avec tous les républicains libéraux contre la loi sur les associations,
Darce qu’elle viole audacieusement les principes de justice, de liberté et d égalité.
P Ce n’est pas assez pour.la majoritéjradicale-socia liste qui nous gouverne d avoir porté
atteinte à la liberté d’association, elle veut encore supprimer une autre de nos liberté
plus chères, la liberté de l’enseignement. Le vote émis par la Chambre des Députes,
13 février dernier, ne laisse aucun doute à cet égard.
Soyez donc persuadés, mes chers Concitoyens, que si cette majorité conserve e pouvoir,
c’en sera bientôt fait de vos écoles libres. On ne tardera pas à fermer ces établissements
norissants de Frères et de Sœurs qui ne coûtent rien aux communes et auxquels vous êtes
si attachés.
Parlerai-ie de vos intérêts matériels ?
Vivant au milieu de vous, je connais les besoins de l’agriculture Je sais qu elle SouRre
depuis longtemps et qu’elle menace de succomber sous le poids des charges qui 1 accablent,
c’narces fiscales et charges militaires. , , , , -
C’est en effet, sur nos papulations rurales et ouvrières que pèse le plus lourdement la
loi du 15 juillet 1889, qui a créé le service militaire obligatoire de trois ans.
Aussi voterai-je la réduction de ce service, non pas à deux ans, mais a un au. > .
Je joindrai également mes efforts avec ceux des amis de l’agriculture, comme je n ai
cessé de le faire à la Chambre, non seulement pour assurer l’adoption des mesures qui
protègent les produits agricoles et en facilitent l’écoulement, mais encore pour repousser
Lt nouvel impôt qui viendrait aggraver les charges des cultivateurs et celles des contn-
bUabJ’estime, en effet, qu’il est plus que temps de mettre un frein au flot montant des
dépenses putiUques^tat ^ ^ de 2 milliards 817 millions ; il dépasse, en 1902,
3 milliards 600 millions. Nous payons donc 800 millions par an de Plus ^u e" Jr^ant
accroissement de dépenses coïncidant avec la décroissance des recettes n est-.l pas effrayant,
et ne risque-t-il pas, s’il continue, de faire sombrer la fortune de la France?
Mes chers Concitoyens,
L’heure est décisive. Il ne s’agit pas de discuter l’existence de la République ; elle est la
forme légale du gouvernement, et elle ne sera pas mise en question. 11 s, a5lt de | faT
France restera ou non entre les mains des radicaux socialistes qui ne jugent qu à désorga¬
niser l’armée, qu’à supprimer nos libertés les ptus précieuses, et qui, si on ne les arrête,
ne tarderont pas à nous mener au collectivisme et à la ruine.
— 212 —
Je fais donc appel à tous ceux qui voient le péril et qui veulent le conjurer ; je les
adjure d'associer leurs votes à ceux de tous les Français qui tiendront à honneur d'envoyer
siéger à la nouvelle Chambre des hommes dont la devise sera :
Bîe,ut Patrie et Liberté.
Henry DERRÏEN,
Avocat, Docteur en droit,
Député sortant.
2e circonscription de LÀNNION
M* LE TROÀDEC
Eîu au 1er tour de scrutin. — 5.6^6 voix.
Mes chers Compatriotes,
Vous ôtes appelés, le 27 avril, à élire votre député : je viens à nouveau solliciter vos
suffrages.
Deux fois déjà, en 1893 et en 1898, vous m’avez fait le grand honneur de me choisir
pour vous représenté au Parlement; si vous m’y envoyez encore, je continuerai à y remplir
mon devoir de mon mieux, comme je Fai fait jusqu'à présent, en honnête homme et eu
bon père de famille.
J’y défendrai toujours de mes votes le Gouvernement de ta République,
Je suis républicain de sentiments et républicain de raison.
Je connais, par les leçons de l’histoire, les fautes impardonnables de nos rois et de nos
empereurs; et je ne veux pas, pour mon pays, que ces fautes puissent se reproduire.
Je n’oublie pas que le second Empire, à lui seul, a augmenté notre dette de près de
20 milliards; et je n’oublie pas non plus que, depuis trente-deux ans qu'elle existe, la Répu¬
blique, tant décriée par la réaction, ne fait, en somme, que payer les folies des régimes qui
Font précédée, et guérir les blessures faites par eux à notre France.
Si nos impôts sont trop lourds, oe n’est pas à elle qu'il faut en faire Je reproche : c'est
aux empires déchus et aux royautés mortes qu’en incombe la responsabilité.
Mais nous devons restreindre nos dépenses dans une sage mesure; et j’estime que le
premier devoir de la Chambre nouvelite, son devoir le plus impérieux, sera d’alléger chaque
année nos charges budgétaires*
Je m'engage, pour ma part, à voter toutes les économies réalisables.
Je voterai toutes les lois qui favoriseront F agriculture et la marine.
Je voterai celte loi de justice et d'humanité qui assurera un peu de pain dans leurs
vieux jours aux ouvriers des villes et aux travailleurs des campagnes.
Je voterai la réduction du service militaire, la loi de deux ans et la suppression des
treize jours. Je voterai ia liberté de l’enseignement, sous le contrôle vigilant de FÉtat.
Tous me connaissez assez, mes chers Compatriotes, pour qu’il ne me soit vraiment pas
nécessaire de me défendre contre toutes les calomnies perfidement répandues contre moi
par ceux qui n’ont jamais pu me pardonner d’avoir fait triompher le parti républicain dans
nôtre circonscription*
Nos adversaires, désespérant de nous vaincre tant que nous resterons unis, essayent
par tous les moyens en leur pouvoir de jeter la division dans nos rangs, — Ils font parti-
— 213 —
N" H 62
calièrement tous leurs efforts pour tâcher de vous faire croire que je suis l’ennemi de la
A ceux qui vous disent cela, vous pouvez répondre hardiment ou qu’ils se trompent
ou qu’ils veulent vous tromper, ce qui est plus probable parce qu’ils ont intérêt à le
faire é
Je n’ai jamais été, je ne suis pas et je ne . serai jamais Tennemi de la Religion-
Je suis de ceux qui savent respecter toutes les opinions comme toutes les croyances,
pourvu qu'elles soient sincères.
Je suis Penneini du cléricalisme, ce qui n'est pas du tout la môme chose*
Le cléricalisme n'est que l’hypocrisie de la Religion; et comme tout ce qui est hypocrite
et faux, il est méprisable et haïssable.
Paix à ceux qui prient 1 Guerre à ceux qui sous la masqua de la religion ne poursuivent
que la domination du peuple!
Mes chers Compatriotes,
Dans quelques jours, la République va avoir à supporter un nouvel assaut furieux de la
part de ses ennemis qui décidément ne désarmeront jamais, je le crois.
Pour être forts, restons unis.
Restons unis, je vous en conjure, pour la défense du patrimoine commun, du patri¬
moine sacré de la démocratie. Restons les fils de 891
Lorsque sonnera Pheure de la bataille, marchons en rangs serrés sous les nobles plis
du drapeau tricolore; et, si nous le voulons bien, nous remporterons encore une nouvelle
victoire aux accents immortels de notre Marseillaise .
En terminant, je vous demande à tous ne n’apporter dans la lutte aucune passion trop
vive ni surtout aucun sentiment de hairie, Combattons-nous aujourd’hui à visage découvert,
loyalement, sans colère, sans violence et sans amertume, afin que nous puissions demain
oublier sans aucune peine nos dissentiments et nos querelles pour ne plus nous souvenir
que d’une chose : c'est que nous sommes avant tout les enfants d’une même patrie et des
frères du même pays breton [
Paul LE TROADEC,
Député des Côtes-du-Nord.
Circonscription de LGUDÉAG
M* MÀNDO
Elu au 1er tour de scrutin. — 14,972 voix.
Mes chers Concitoyens,
Il y a bientôt quatre ans vous me fîtes le grand honneur de me choisir pour représenter
l'arrondissement de Loudéac a la Ghambre des Députés,
J'ai conscience d'avoir tenu mes engagements en travaillant sans relâche pour me
maintenir à la hauteur du mandat dont vous m'aviez investi; aussi, est-ce avec confiance
que je me présente h vos suffrages pour vous en demander le renouvelJemeot.
Vous m'avez vu à l'œuvre. Par mes acteSj par mes discours, par mes votes, vous
— 214 —
savez désormais comment j’entends défendre vos intérêts, vos idées, vos libertés et vos
droits.
Las nombreux témoignages de vive sympathie qui me sont donnés partout, depuis le
commencement de la période électorale, attestent la solidité des liens qui nous unissent et
une manière de voir commune sur l’œuvre à poursuivre dans notre circonscription, où la
République n’est plus sérieusement contestée*
Vivement désireux de contribuer à cette fusion des classes qui fera de notre Patrie unè
grande famille abritée sous le drapeau tricolore, je persévérerai, si je suis réélu le 27 avril,
daus une politique franchement républicaine, progressive, démocratique, inspirée par de
profonds sentiments d’honnêteté, de tolérance et de justice pour tous.
Fort de mon indépendance, voulant seulement le bien général de mon pays, je conti¬
nuerai à répudier les agitations stériles aussi bien que les théories collectivistes, dont
les doctrines habilement présentées sont devenues un danger pour nos institutions
républicaines.
Pour assurer dans le calme le développement de nos affaires agricoles, eommcrciales ou
industrielles, il faut un gouvernement ferme, un ministère repoussant nettement les
mesures sectaires.
Il faut que le Parlement, dont les membres sont trop nombreux, devienne une Chambre
laborieuse, discutant avec méthode pour étudier sérieusement les graves questions d’où
dépend îa prospérité du pays.
Notre armée nationale doit rester forte et respectée afin de maintenir, dans un but
aussi sage que patriotique, notre précieuse alliance avec la grande nation russe.
Les finances publiques exigent une gestion économique pour éviter un déficit qui
pourrait devenir inquiétant.
J’aurai toujours le respect de la liberté des consciences, du travail, de Renseignement]
de la propriété individuelle, des pratiques religieuses et du droit dissociation.
Un vrai représentant de la démocratie doit, à mon sens, rechercher l’améliora don du
sort des malheureux et des humbles. Sans vouloir entrer dans la nomenclature de pro¬
messes, souvent plus faciles à faire qu’à tenir, je ne puis cependant oublier que je sais
avant tout le député des laboureurs et je liens à dire qu’aucun progrès réalisable ne me
trouvera indifférent.
L’agriculture, si éprouvée, demande la réduction du service militaire pour lui rendre
les bras dont elle a besoin. Je suis partisan de cette réforme avec les mesures que le
conseil supérieur de la guerre jugera nécessaire à la sécurité comme à l’honneur de
notre pays.
Je désire le développement du crédit agricole, la création de caisses d’assurances
contre les intempéries et la mortalité du bétail, la représentation de Tagriculture avec une
importante modification des lois sur la police sanitaire des animaux, en vue de diminuer les
frais et de simplifier les formalités,
La solution pacifique des questions ouvrières peut se poursuivre par le développement
de la mutualité, de la prévoyance, par l’organisation dTun système général de retraites
pour les travailleurs des villes et des campagnes.
Nommé, dans cette dernière législature, membre des importantes commissions du
commerce, de l’industrie, de l’élevage, des courses de chevaux; faisant partie du groupe
de la petite culture, de différents Jurys aux concours des races bovine et chevaline de
l’exposition universelle, j’ai pris une part active à leurs travaux. Aujourd’hui, mon réel
désir est de pouvoir mettre à profit les connaissances spéciales que j’y ai développées et
l’expérience que j’en ai rapportée.
J’irai dire à haute voix les lourds impôts qui pèsent sur ygs champs, vos magasins,
vos ateliers, vos commerces et les justes revendications de ceux qui veulent encore rester
à cultiver la terre fertile de Bretagne.
Afin de donner du travail à nos ouvriers, je continuerai à demander la prompte
_ 215 —
N* 1162
exécution de nos chemins de fer et principalement des lignes de Loudéàc à La Brohinière,
de Rostrenen a Quin t in et de Saînt-Brieuc à La Tantouille-Gollmée-Merdrignac*
Pour obtenir vos votes, il n’est pas nécessaire que je continue des déclarations déjà
longues.
Sachant bien qn’en dehors d’une période électorale de vingt jours je suis toujours de
cœur comme de pensée au pays, et le plus souvent possible au milieu de vous, je puis sans
doute compter que vous m’excuserez si je me trouve dans l’obligation de parcourir très
rapidement les 60 communes de notre arrondissement.
En continuant à m’honorer de vos suffrages, vous me donnerez d’autant plus d’autorité
pour défendre vos intérêts et les réformes exposées récemment à la tribune dans mon
dernier discours, que vous me les aurez accordés plus nombreux.
C/est donc aux urnes que je vous convoque tous, mes chers Compatriotes, à remplir
sans abstention vos devoirs de citoyens français.
Dans l’espoir que vous répondrez à mon appel, veuillez agréer, avec mes remercie¬
ments anticipés, l’expression de mon entier dévouement.
E. MÀNDO, Député,
Candidat républicain
lre circonscription de SAINT-BRIEUG
M. Louis ARMEZ
Élu au 1er tour de scrutin — S . 0ü8 voix.
Mes chers Concitoyens,
Vous me connaissez maintenant depuis trop longtemps pour ajouter foi aux mensonges
et aux calomnies que l’on répand sur mon compte.
On vous dit d’abord que je suis un ennemi de la religion. L’accusation n’est pas
nouvelle.
Depuis vingt-six ans que vous m’honorez de votre confiance, on vous répète, à chaque
élection, que, si je suis élu, je ferai fermer les églises et chasser les prêtres de leur pres¬
bytères.
Toutes les églises sont ouvertes et jamais le clergé n’a été plus libre qu’aujourd’hui, et
ils sont plus nombreux qu’on ne pense, les prêtres qui se sont adressés à moi avecconfîance
et auxquels j’ai rendu service, car lorsqu’ils ne font pas de politique et qu’ils se renferment
dans l'exercice de leur ministère, ils sont, à mes yeux, des citoyens comme les autres, méri¬
tant les mêmes égards.
Croyez-moi, mes chers Concitoyens, les gens qui fout du mal à la religion, ne sont pas
ceux qui, comme moi, voudraient qu’elle fut laissée en dehors de nos querelles politiques
et, par suite, respectée de tous, mais bien ceux qui s’cn prétendent les défenseurs et qui,
en réalité, ne s’en servent que comme un moyen de satisfaire leurs intérêts ou leurs
ambitions.
J’ajoute que, depuis que je suis Député, j’ai toujours voté le budget des cultes, le main¬
tien de l’ambassade française au Vatican et les crédits demandés par le Gouvernement pour
les missions qui contribuent à propager en Orient la langue et Pinfluence françaises.
- 216 —
On fait aussi grand bruit de la liberté des pères de famille, mais il vous suffira de
regarder autour de vous pour voir de quel côté sont les amis sincères de la liberté*
Pour moi, je 11e connais aucun père de famille qui ait été menacé d’être privé de sm
pain s’il n’envoyait pas ses enfants aux écoles laïques, tandis que vous en connaissez sass
doute beaucoup que ceux dont ils dépendent obligent à envoyer leurs enfants aux écoles
congréganistes, sous peine de se voir retirer leurs moyens d’existence.
Ce sont donc mes amis et moi et non pas mes adversaires qui sommes les véritables
partisans de la liberté de conscience.
Quant à la loi sur les associations, la plupart des personnes qui la critiquent de l'ont
probablement jamais lue, sans quoi, celles qui sont de bonne foi reconnaîtraient que la
nouvelle législation qui, d’ailleurs, règle la situation de toutes les associations, qu'elles
soient civiles ou religieuses, est beaucoup plus libérale que Fancienne, puisqu’il étuît aupa¬
ravant interdit à plus de vingt personnes de se réunir sans s’exposer à des poursuites.
Mais ne trouvez-vous pas juste que l’on ait cru devoir obliger les membres des congré¬
gations à se soumettre aux lois du pays, comme les autres citoyens?
Dans la situation que la France occupe dans le monde, une armée puissante est nèm*
saire à notre sécurité et à notre indépendance ; elle est la meilleure garantie du maintien
de la paix au milieu de laquelle nous vivons depuis trente ans.
Pour rester forte et pour pouvoir remplir sa noble mission, l’armée, soumise au pouvoir
civil, doit être respectée de tous; aussi personne ne déplore plus que moi les injures qui
lui sont parfois adressées.
Mais je crois, et c’est aussi l’opinion de beaucoup d’hommes compétents, qu’on pourrait
sans danger réduire la durée du service militaire, à la condition de prendre auparavant Ieï
mesures necessaires pour favoriser les rengagements.
Il ne faut pas vous effrayer d’un déficit, d’ailleurs passager, qui a été constaté en 190!
et qui tient à deux causes principales dont/ les contribuables auraient mauvaise grâce à se
plaindre.
D’abord, îa nouvelle loi sur les boissons a eu pour résultat de rendre le produit des
impôts indirects très inférieur aux prévisions.
En second Heu, par suite de la bonne récolte de 1900, il est entré, en 1901, moins de
blés étrangers que les années précédentes, et les recettes de la douane ont, elles aussi, été
plus faibles qu’on ne l’avait prévu; mais les cultivateurs ne peuvent que se féliciter de celle
diminution de l’importation des céréales étrangères.
D’ailleurs, je suis contribuable comme vous, et, par conséquent, tout aussi intéressé
que vous à toutes les économies compatibles avec la bonne marche des services publics,
c’est pourquoi j’ai voté l’amendement Berthelet, qui a pour but de restreindre l’initiative du
Parlement en matière de dépenses ; mais, lorsque les Députés votent des augmentations de
crédits, ils ne font, sachez-le bien, que céder aux pressantes sollicitations des électeurs qui
leur adressent constamment des demandes ayant pour résultat de grossir les dépenses.
Au point de vue social, je pense que le devoir dJun Député n’est pas de rester sourd i
aux plaintes de ceux qui travaillent et qui souffrent, mais qu’il doit au contraire les écouter
avec bienveillance, tâcher de discerner ce qu'il y a de juste et de réalisable dans les aspi¬
rations des travailleurs, et accomplir de bonne grâce les réformes pacifiques qui sont la
meilleur moyen d’éviter les révolutions violentes*
Je n'ai pas besoin de vous dire, mes chers Concitoyens, que si, comme je n’en doute
pas, vous continuez à m'accorder votre confiance, j’apporterai à la défense de vos intérêts |
le même dévouement que par le passé et peut-être un peu pl us d’expérience que n’en pour- j
raît avoir un jeune étranger, nouveau venu dans notre département.
Louis ARMEZ, Député,
Candidat républicain,
Président du Conseil généra! des Côtes-d mNonir
Président du Comice agricole de Paîmpol-
2° circonscription de SAINT -BRIEUC
U. LIMON
Élu au 1er tour de scrutin. — 12,536 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
Ma candidature est sortie d’une réunion de libéraux où toutes les communes de la cir¬
conscription étaient représentées.
Mon programme politique est celui de la Patrie française et de l’Action libérale. Je
veux la République, mais une République libérale, ouverte à tous, où la belle devise :
Liberté, égalité, fraternité, ne servira pas uniquement à décorer les façades de nos
monuments.
Je suis nationaliste et nettement antiministériel : il est temps que la franc-maçonnerie
cesse d’exploiter notre pays au profit de ses créatures.
Je voterai le rétablissement des libertés confisquées par le cabinet actuel : liberté de
conscience, liberté d’association pour tous sous une loi commune, liberté du travail, lijpertê
d’enseignement.
Il est intolérable que le père de famille ne puisse pas élever ses enfants suivant ses
convictions.
L’expulsion des religieuses privera les hôpitaux de leurs meilleurs auxiliaires et les
écoles de maîtresses dévouées.
La folie des laïcisations froisse les sentiments catholiques du pays et ruine les contri¬
buables.
La République ne doit pas appartenir à une coterie. Je volerai donc contre le stage
scolaire et contre le monopole universitaire. Les fonctions de l’État doivent être accessibles
à tous les citoyens, comme le veut la Déclaration des Droits de l’homme.
Le fonctionnaire doit à l’État le travail pour lequel il est rétribué; en dehors de ses
fonctions, il redevient citoyen libre. Les dénonciations dontilest trop souvent l’objet aujour¬
d’hui doivent être méprisées par un Gouvernement digne de ce nom.
Les institutions de prévoyance et de mutualité destinées à améliorer le sort des travail¬
leurs, doivent être encouragées et développées.
Les officiers en butte, depuis f affaire Dreyfus, aux insultes des sans-patrie, sont las
d’être vilipendés par la presse ministérielle. 11 faut que cela finisse, La Bretagne, qui fournit
à Parmée ses meilleurs soldats et à la marine ses meilleurs marins, répondra avec moi aux
intellectuels : Honneur à Parmée! Respect au drapeau!
La défense nationale impose de lourdes charges aux travailleurs, spécialement aux cul¬
tivateurs. 13 est du devoir des représentants du pays de chercher à les atténuer, tout en
laissant à l’armée sa force pour la défense de la patrie et 1© maintien de son prestige.
Sera-ce le service de deux ans, sera -ce le service d'un an seulement qui finira par
l’emporter, dès qu’une loi sur les rengagements aura formé des cadres solides? C’est ce
qu’étudieront les militaires compétents et les représentants du pays. Mon concours dans ce
sens leur est acquis.
L’agriculture est la source de toute richesse, Ses produits, comme ceux du commerce et
de l’industrie, ont droit à une équitable protection contre l’invasion des produits étrangers.
Il existe des lois pour la répression des accaparements* j’en demanderai la stricte
application.
Les gaspillages officiels ont conduit nos finances à une situation effrayante. D’anciens
Ministres de la République, comme“;MM. JuleS|Roche et Ribot, nous annoncent que ,1a ' ban¬
queroute est imminente, si le suffrage universel n’y met bon ordre eu élisant des Députés
économes.
C’est Pagrieuiture surtout qui souffre de Pétât déplorable de nos finances. Elle n’est
cependant représentée à la Chambre que par 20 Députés sur 584. On y trouve 400 avocats
ou médecins !
Electeurs de la 2° circonscription de Saint-Briéuc,
C’est précisément entre un avocat, un médecin et un cultivateur que vous avez
à choisir.
L’avocat et 3e médecin, autrefois d’accord pour la fondation d’un journal, semblent
aujourd’hui se combattre.
M, Riücho est de ceux qui nous ont valu le docteur Boyer et ses doctrines. Il rPest pas
nationaliste... évidemment parce que cela déplairait au Ministère.
Entre ces trois candidats, je suis convaincu que vous donnerez la préférence au culti¬
vateur, qui vit parmi vous depuis JO ans et a voué sa vie au relèvement de notre agricul¬
ture trop délaissée.
a. LIMON,
Cultivateur, Conseiller général.
Candidat républicain nationaliste.
CREUSE
Circonscription d'AUBUSSON
M. MéZIÈRE, élu Sénateur, remplacé par M. SIMON ET.
Voyez Élections partielles.
Circonscription de BOURG A NEUF
M. DESFARGES
Élu au let tour de scrutin. — 5.395 voix.
Chers Concitoyens,
Plus de huit années se sont écoulées, depuis que vous m’avez fait . l’honneur, pour la
première fois, de me choisir pour votre mandataire à la Chambre des Députés, me confiant
ainsi la lourde charge de défendre vos intérêts.
À ce moment-là, comme en 1898, je vous ni fait connaître, par dos réunions publiques
et par mes professions de foi, mes aspirations politiques, économiques et sociales f tous mes
discours a la Chambre, tous mes votes et tous mes actes ont été la consécration J. s théo¬
ries que je vous exposais, ce sont aussi les vôtres et celles de notre anondissement qui a
toujours marché à Pavant-garde de la démocratie.
Depuis plus de vingt années, depuis que jTai l’âge d'homme, je défends de mon mieux
les intérêts des travailleurs ; je les ai détendus pendant pins de douze années au Conseil
des prud’hommes de Paris, où j'étais le représentant des ouvriers, je les défends depuis
plus de huit années à ia Chambre des Députés ; je n*en tire nulle vanité, car je n ai fait à
que mon devoir 7 mais je veux le rappeler cependant, puisqu’il faut opposer des actes a des
paru 1 e s ■
Je suis, ce que j’ai toujours été, un républicain socialiste convaincu, partisan résolu,
comme au premier jour, des réformes sociales pour l’amélioration toujours plus complète
de la classe ouvrière
Dans cette dernière législature, j’ai proposé et fait voter par la Chambre des Députés
une réduction de cinquante pour cent sur les tarifs de chemins de fer en faveur t es mi
grants, et ce n’est point de ma faute si cette mesure n’est pas encore devenue une réalité,
 différentes reprises, je suis intervenu dans la discussion de la loi sur les consens de
prud'hommes, et j’ai obtenu des modifications à plusieurs articles de cette loi ouvrière.
— 22â _
J ai déposé et fait voter une proposition de loi en faveur des pères et mères de famille
dont les enfants sont victimes d’accidents du travail. Cette proposition est actuellement
devant le Sénat.
J ai fait voter également par la Chambre un projet de résolution autorisant la ville de
Guéret à réaliser une somme de deux cents mille francs pour la construction d’un musée.
J ai obtenu la création, dans six communes de notre arrondissement, de bureaux de
acteurs receveurs des postes. Quelques autres communes sont en instance pour en obtenir;
jb rn efforcerai de ieut faire accorder satisfaction le plus promptement possible, ainsi que
poui Je service des courriers, J’ai aussi obtenu des subventions pour plusieurs constructions
scolaires et des concessions de livres pour un grand nombre d’écoles.
^ Si je n ai pu encore obtenir j* exécution du chemin de fer à voie normale de lîourganeuf
a Felletîn, je n’en ai pas moins, avec les sénateurs Viîlard et Renard, fait de nombreuses
et pressantes démarches à cette effet auprès des pouvoirs publics, et je les continuerai jus¬
qu a ce que satisfaction soit accordée à la population si digne d’intérêt de cette région.
De plus, je demanderai instamment l’approbation du Ministre des Travaux publics du
projet, dont 1 étude est achevée, d’un chemin de fer départemental d’Àuzances à Saint-
Léonard, dont le tracé traverse tout notre arrondissement, et est appelé à donner satisfac¬
tion à de grands intérêts agricoles.
Joutes les questions commerciales, industrielles et agricoles seront Fobjet de mon
attention, et je m’efforcerai de réaliser le programme suivant ;
1° Caisse de retraite pour les vieux travailleurs, lois de prévoyance et de solidarité
sociales ;
2° Réforme do l’assiette de l’impôt ; impôt progressif sur le revenu global, avec dégrè¬
vement à la base ; 6
311 Réduction du service militaire à deux ans;
4° Revision de îa Constitution par une Constituante, afin d’assurer la prépondérance du
suffrage universel ;
.» Séparation des Églises et de l'État, liberté absolue de conscience, suppression du
budget des cultes, et retour à la Nation des biens dits de mainmorte;
6n Réduction des gros traitements ;
~i Exploitations par l’État des chemins de fer et des mines;
B° Révision des patentes;
9° Suppression des prestations ;
1CT Loi sur les incompatibilités parlementaires, pour interdire aux Sénateurs et aux
Députés de faire partie de sociétés financières ayant des rapports d’intérêt avec l’État.
Voila, ; n résumé, les principaux points du programme sur lequel je réglerai ma ligne
de conduite, si vous me faites l’honneur de m’accorder à nouveau votre confiance.
Mes chers ConcitoyeDs;
Le parti collectiviste m’oppose un candidat, car je suis resté fidèle aux engagements
que java, s pris devant vous en 1893 et en 1898 ; je remercie ceux de mes vieux amis poli¬
tiques qui m ont conservé leur confiance, et la sympathie si touchante que j’ai rencontrée
l ans toutes es communes que j ai pu visiter dans cette trop courte période électorale, me
faites 8 qUe 63 ° eCteiirS Savent rendre ^ustice à ceux <ïui rendent fidèles aux promesses
Non il n’est pas vrai que dans notre pays, si fermement attaché à la propriété indi¬
viduelle et a la liberté, le souci de la solidarité, la recherche du progrès Portai se con-
StïSpî. ,C?ÏT,#meî ^ ?" en>ain ClS SUpprimer la individuelle qui
, a ^d< . ? Iber.t0î T13 a cleinocralie poursuit avec persistance l’amélioration du
VP1..d e-UrS; 6 r6 fV0mi nt des petlts et des humbles, par une évolution continue
vers un idéal de justice et d’amélioration sociale.
Aujourd’hui pas plus que hier, je ne crois aux mots sauveurs et aux coups de baguette
— 221 —
N° 1162
magique; il est beau de développer des idées philosophiques, mais® est préférable, avant
tout, de permettre aux travailleurs do vivre dans des conditions meilleures; je ne suis pas
prophète pour prévenir l’avenir, je suis un réaliste, c’est un mandat de réformes immédia¬
tement pratiques que je souscris, je suis de mon temps, j’ai soif de résultats, et c’est pour¬
quoi sans jamais perdre de vue l’idéal d’absolue justice qui anime et soutient tout socia¬
liste digne de ce nom, je ne saurais me résoudre à enfermer le monde du travail dans une
doctrine et dans des affirmations philosophiques d’espérances sans lendemain.
Vous me connaissez tous, vous savez qui je suis, un homme d’avant-garde, qui a fait
ses preuves de dévouement irréductible à la démocratie, un enfant du peuple, un ouvrier,
qui est resté avec le peuple.
Je ne veux être le complaisant de personne, et n’ai jamais consenti à me servir de mon
mandat de Député pour faire du mal à qui que ce soit, je préfère rendre service lorsque je
le puis. .
Je ne consens pas davantage à me mettre sous la férule quotidienne d’une discipline
de coterie, je ne dois de compte qu’à mes électeurs, et au Comité qui soutient ma candi¬
dature dans notre arrondissement.
Mes chers Concitoyens,
Je ne répondrai à aucune des attaques de la dernière heure ; du reste, je dédaigne celles
qui me sont personnelles; j'ai conscience d’avoir de mon mieux rempli mon devoir en me
tenant à l’écart de toutes compromissions et des intrigues politiques; aussi j’attends votre
verdict avec confiance.
Vive la République démocratique et sociale!
Antoine DESFARGES,
Député sortant,
Candidat républicain socialiste.
Circonscription de BOUSSAC
M. Jean IODEE
Elu au 2e tour de scrutin. — 5.226 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je suis un enfant du pays; je suis né dans le canton de Boussac, que j’ai toujours
habité. Agriculteur comme la plupau d’entre vous, j’ai tonte ma vie travaillé à cette pro¬
fession; aussi je connais ie dur labeur, la persévérance tenace et l’économie qu’il faut aux
paysans pour n’être pas plus pauvres à la fin de l’année qu’au commencement.
Sans vous promettre, citoyens, que cotte situation peut être changée du jour au lende¬
main, je veux voua signaler les réformes urgentes, équitables, qui s’imposent immédia¬
tement.
Réforme complète de l’impôt qui frappe actuellement surtout les pauvres, par les
- 222 -
prestations, portes et fenêtres, contributions personnelle et mobilière, et aussi par les
droits établis sur les denrées alimentaires.
le demande l'établissement d'an impôt progressif sur la fortune, aussi bien sur l’argent
ou fortune mobilière que sur la fortune immobilière, l’une et l’autre devant supporter les
mêmes impôts.
La fortune en capitaux, qui échoppe presque totalement à l’impôt, est aussi ou plus
considérable que la fortune immobilière; quand elle sera atteinte, on pourra créer une caisse
de retraites pour les travailleurs do toutes catégories, aussi bien agricole qu’industrielle.
On pourra aussi supprimer les prestations qui sont restées pour nous rappeler l’ancienne
corvée qui frappait si durement nos pères.
Je croîs aussi que l’État doit garder la directio n de l'instruction des citoyens : je suis
partisan de l’abolition complète de la loi Falloux.
Je suis aussi partisan de l’égalité devant l’impôt du sang. Réduction du service mili¬
taire à 2 années et suppression complète des dispenses, avec indemnité pour les familles
nécessiteuses dont le üIb serait l’indispensable soutien.
Je suis également partisan de la séparation des Églises et de l’État, et, par suite, delà
suppression du budget des cultes.
Voici donc, Citoyens, les réformes à réaliser immédiatement ;
1" Impôt progressif sur la fortune, tant mobilière qu’immobilière;
2" Retraites aux travailleurs de toutes catégories ;
3“ Abrogation complète de la loi Falloux;
Service militaire égal pour tous et réduit à 2 ans, avec suppression des 28 et
13 jours;
5° Rachat des chemins de fer par l’État, aûn d’en pouvoir abaisser les tarifs pour favo¬
riser l’agriculture; J
6° Réduction des gros traitements et diminution du nombre des fonctionnaires, sauf
ceux appartenant à l’enseignement, aux postes et aux chemins.
Citoyens, aux élections de 1898, vous avez prouvé votre attachement à la démocratie
en envoyant siéger à la Chambre des Députés le regretté Aucouturier qui, lui aussi, était
un modeste, un ouvrier.
Vous ne vous déjugerez pas.
Je. suis comme Lui de cette classe et, si je deviens votre élu, je vous promets que je sou¬
tiendrai toujours et en toute occasion les réformes que je vous ai indiquées. Elles sont
toutes de justice et ne peuvent être ajournées plus longtemps sans exposer la République
aux plus graves périls.
Jean JUDET,
Maire de Lavaufranche, Conseiller général,
Candidat républicain radical-socialiste.
— 223 -
N° H 62
Circonscription de GUÉRET
M. DEFUMADE
Élu au '2° tour do scrutin. — 9. 1 89 voix.
Mes cliers Concitoyens,
En venant solliciter vos suffrages, j’ai le devoir de vous faire une profession de foi nette
et précise.
Mon passé de républicain sincère vous est connu. Conseiller général depuis la fondation
de la troisième République, j’ai lutté contre les hommes du 2h et du 16 mai, j’ai
combattu le boulangisme comme je combats actuellement le nationalisme allié à la réac¬
tion, et j’ai toujours été associé aux mesures démocratiques proposées à l’assemblée dépar¬
tementale,
Pendant la législature de 1893 à 1898, à la Chambre des Députés, le seul ministère
que j’ai soutenu a été le ministère radical Bourgeois, et j’ai par mes votes refusé ma
conliance au cabinet Mèline, qui était hostile à toutes les réformes demandées par la démo¬
cratie. J’ai constamment fait partie du Comité d’aciion pour Jes réformes républicaines, à la
tête duquel étaient MM. Bourgeois et Goblet.
Au mois de juin dernier, je me suis fait inscrire au Congrès républicain, radical et
radical-socialiste, dont le but ôtait de réunir en un seul faisceau toutes les forces éparses
du parti républicain contre l’éternel adversaire de la démocratie, caché aujourd’hui sous le
masque du nationalisme.
Le programme de ce Congrès, entièrement conforme à mes principes, comprend :
L’impôt global et progressif sur le revenu, qui, devant être un impôt de rempla¬
cement, déchargera tous les travailleurs et sera particulièrement le grand dégrèvement des
villages ;
Le service militaire de deux ans, égal pour tous ;
La séparation des Églises et de l’État, rendue enfin possible par la loi sur les asso¬
ciations ;
L’abrogation de la loi Falloux ;
Le rachat des chemins de fer par l’État, ce qui permet Ira d’abaisser les tarifs de
transport;
La création d’une caisse de retraites pour les travailleurs de l’industrie et de l’agri¬
culture.
Je veux la réalisation de toutes ces réformes dans le large esprit de la Révolution
de 1789 et de la Déclaration des Droits de l’homme, en respectant la liberté de conscience
et la tolérance, qui sont les principes fondamentaux de la démocratie. Mais, à aucun prix,
je n’admettrai qu’on puisse empiéter sur les droits de la société civile, qui doit se défendre
contre les entreprises cléricales et réactionnaires.
banni les autres réformes dont je suis partisan, je citerai notamment; la suppression
des emplois inutiles; la réduction des gros traitements ; l’extension de la compétence des
juges de paix et la diminution des frais de justice; la suppression des sous-préfectures et
des petits tribunaux; l’organisation d’un fonds de secours contre la maladie, les accidents,
l’invalidité et le chômage pour les travailleurs do tout ordre; la suppression du marchan¬
dage, réforme qui intéresse particulièrement les ouvriers creusois; le rétablissement du
— 224 —
scrutin de liste et le vote des émigrants par correspondance; l'interdiction aux députés de
voter à la Chambre les uns pour les autres par procuration,
Je ne réclame pas la suppression du Sénat; mais je veux la prépondérance de la
Chambre sur le Sénat, c’est-à-dire du suffrage universel sur le suffrage restreint. De plus,
je veux l'extension du collège électoral appelé à nommer les sénateurs.
Parmi les impôts que doit remplacer et faire disparaître l’impôt sur le revenu, je
nommerai en première ligne ia taxe personnelle-mobilière et l'inique impôt des portes et
fenêtres. Les prestations* vestige anti-démocraliquc de l’ancienne corvée, doivent aussi
disparaître*
11 faut protéger le petit commerce contre ïa concurrence envahissante des grands
magasins. Je proposerai notamment la réduction des patentes, qui écrasent le petit négo¬
ciant. Je suis aussi partisan du dégrèvement total des boissons hygiéniques (Vin, cidre,
bière) et de la suppression du privilège des bouilleurs de cru.
Je voterai la suppression des Conseils de guerre en temps de paix et le renvoi des délits
militaires devant les tribunaux civils. Daus la situation actuelle de l’Europe et tant que les
nations monarchiques ne désarmeront pas, il est indispensable à la République française
d’avoir une armée exercée, capable de faire face à l’envahisseur éventuel* Mais je suis
l’adversaire déterminé des expéditions lointaines. Le domaine colonial de la France est
assez vaste, et je réprouve ces guerres inutiles et cruelles où une nation prodigue, avec son
or, le meilleur du sang de ses enfants. C'est pourquoi fai voté à la Chambre contre l’expé¬
dition de Madagascar.
Je soutiendrai comme par le passé renseignement laïque et populaire, ainsi que foules
les mesures législatives susceptibles de développer la mutualité et la solidarité entre les
citoyens.
En ce qui concerne l’agriculture, dont je me suis occupé toute ma vie, je favoriserai de
toutes mes forces la création et le développement des associations entre agriculteurs. Je
favoriserai surtout l'extension de la petite propriété, et je demanderai le dégrèvement de
l a contribution foncière, au moyen de l’impôt sur le revenu qui frappera enfin, comme
c’est justice, la fortune mobilière. Je me suis déjà occupé et je m’occuperai de nouveau de
la création d'une Banque de crédit agricole, qui consentirait des prêts à un taux réduit aux
petits cultivateurs.
Telles sont quelques-unes des réformes dont je voudrais la réalisation.
Je n’ai pas la prétention de traiter ici toutes les questions. Mais je vous promets de
voter toujours conformément aux intérêts généraux du pays, de la République et des tra¬
vailleurs. Élu, je profiterai de toutes les occasions qui me permettront de me trouver bu
communication avec Jes électeurs de mon arrondissement.
Mes chers Concitoyens*
Je ne vous ferai pas mon éloge* Vous me connaissez. J'ai continuellement habité au
milieu de vous, je suis creusois par l'origine et par le cœur, et je n’ai eu, je n’ai toujours
qu’un désir et qu’une ambition; mériter votre esnme en me consacrant tout entier à la
défense de vos intérêts.
C’est dans ces sentiments que je me présente à vos suffrages.
Si vous me faites l’honneur de m'élire, je vous en serai reconnaissant, et votre voté
sera pour moi un encouragement précieux. Si je ne suis pas élu, je n’en continuerai pas
moins à défendre la grande cause républicaine, et je crierai encore avec vous :
Vive la République démocratique!
Vive la Creuse!
Â. DEFÜMADE,
Vice-Président du Conseil général de la Creuse,
Candidat républicain libéral.
— 225 —
N° 1462
Aux ÉLECTEURS DU CANTON DE GUÉRET.
Mus chers Concitoyens,
Je considère que, si le député a pour devoir de s’attacher à la défense des intérêts
généraux de la nation, il doit.aussi donner sa sollicitude aux affaires locales qui intéressent
son arrondissement.
Aussi, pendant la législature de 1893 à 1898, je n’ai pas négligé les intérêts du
canton de Guéret. Je me suis notamment occupé du chemin de fer de Guéret a la Châtre
et du maintien de l’école normale de garçons, qu’il était sérieusement question de
supprimer.
Si je suis élu, je me joindrai âmes collègues du Parlement pour réclamer renvoi a
Guéret du 78° de ligne tout entier.
Je demanderai avec insistance qu’un concours régional agricole ait lieu prochainement
à Guéret, où il n’y en a pas eu depuis 1886.
A. D.
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S'il
- 236
DORDOGNE
lra circonscription de BERGER AG
M. rie LA BATUT
É?u ao lsr tour de scrutin, — 10*101 voix.
Mes chers Concitoyens*
Depuis vingt-deux ans que je suis entré dans la vie politique, j aijléjà eu trop souvent
I1 occasion d’affirmer mes idées* j'ai été trop mêlé à toutes les luttes du parti républicain
pour qu’il soit nécessaire de vous faire un long exposé de principes.
Mieux que les programmes retentissants, les actes et le passé des candidats permettent
de les juger. t
En m’appelant en 1398 pour la quatrième fois h vous représenter à la Chambre des
Députés par près de 4*000 voix do majorité* vous m’avez donné un témoignage d’estime et
de confiance qui m’a été particulièrement précieux et dont je me suis efforcé de me rendre
digne dans l’accomplissement de mon mandat.
Ce mandat, je crois Y avoir fidèlement et honorablement rempli 7 soit au point de vue
des intérêts locaux, soit au point de vue politique.
En ce qui concerne les intérêts locaux, vous savez qu’aucune commune ne s'est
adressée au député de la circon; cription sans avoir son concours empressé et efficace, !l
suffit d'ailleurs, pour juger dos résultats obtenus de se rendre compte des créations et
améliorations faites depuis quelques années dans la circonscription : églises, écoles, hos¬
pices, ponts, chemins, bureaux de poste, bureaux télégraphiques, etc.
Au point de vue politique* fidèle à mon programme qui est le vôtre, j’ai voté toutes
les lois marquant une réforme étudiée, un pmg> ès réfléchi* Eu un mot fai suivi résolument
une politique de progrès républicain. Mes votes sont là pour l'attester.
Et maintenant que devra être l'oeuvre de la prochaine législature ?
La nouvelle législature devra avoir à cœur de développer la législation sociale de la
République. D’abord, il faudra constituer la Caissedes retraites ouvrières* Malgré les efforts
d’une bor ne volonté commune, le problème n’a pu être résolu par la Chambre actuelle?
mais la démocratie ne peut pas laisser plus longtemps sans solution cette question de la
vieillesse souffrante et malheureuse ; il y a là un devoir de justice et de solidarité à remplir
avec le concoure des sociétés de secours mutuels.
Il y aura lieu également d'assurer le fonctionnement régulier du crédit agricole et des
assurances agricoles fondées sur le même principe fécond do la mutualité.
Do nombreuses questions surgiront intéressant les rapports du capital et du travail, d|
Pouvrier et du patron. Elles devront êtreétudi^es sous V ÎQspiraiion du double principe de la
paix sociale et du respect de la propriété individuelle dont Têcolc coi h caviste se déclare si
audacieusement J 5 adversaire.
Les questions fiscales n’auront pas* dans la prochaine Chambre, une importance
.\ ?■ ' M :ÆÊÊÈÈëSë& ÛîM
‘ 227 —
N° 1162
moindre que les problèmes sociaux. Elle devra sentir plus que jamais le besoin de donner
au pays des finances bien coordonnées, prospères et solides.
De toutes les réformes, la plus urgente, la plus nécessaire continuera à être celle de
l’impôt. Mais, comme je l’ai déjà dit, nous ne devons pas avoir l'illusion qu’il soit possible,
ni désirable, de détruire dans leurs fondements mêmes des institutions fiscales, qui ont
pour elles une expérience séculaire. On doit les renouveler et les rajeunir au gré des néces¬
sités modernes, sans inquisition ni arbitraire.
Nous devons nous attacher à mieux proportionner l’impôt à l’impottance des fortunes
acquises, à ménager les revenus du travail, à corriger par la réfection du cadastre les iné¬
galités choquantes qui continuent à subsister dans la contribution foncière.
b Nous devons modifier l’assiette des frais de justice qui achèvent trop souvent de ruiner
les plaideurs et qui enrichissent parfois- d’une façon excessive certains hommes d’affaires,
alors qu’ils permettent aux autres à peine de vivre.
J'appuierai de nouveau de mon vote la loi sur les patentes, votée par le Sénat, afin de
dégrever et de mieux protéger le petit commerce que je n’ai cessé de défendre.
U y a aussi les économies qui doivent être la préoccupation cons tau te du législateur.
Mais pour faire des économies sérieuses, il faut réviser, réorganiser notre administration,
en simplifier les rouages en décentralisant les services publics.
Je continuerai à être pour la création du permis de chasse journalier, pour le dévelop¬
pement; et l’affranchissement de toutes les initiatives privées.
Enfin, fidèle à la tradition du parti républicain, qui a réduit de sept ans à cinq ans,
puis de cinq ans à trois ans la durée du .-oivice nnlitaiim, je voterai toutes les réductions de
cet impôt, le plus grave de tous, qui seront compatibles avec les nécessités de la défense
nationale. Je crois une nouvelle réduction du service militaire possible et mon adhésion y
est acquise d’avance.
Aucune considération d’ordre électoral et d’intérêt personnel no pourrait, comme on l’a
si bien dit, m’arracher cet engagements! je n’avais la conviction profonde que l’àrméo dans
laquelle le pays tout entier met soc honneur et sa confiance n’en sera pas moins forte,
moins compacte, moins solide, moins prête à remplir son devoir.
La République de 1789 a proclamé la liberté de conscience et la liberté de renseigne¬
ment, j’y resterai fidèle, tout en défendant la suprématie du pouvoir civil, base essentielle
des sociétés modernes.
Si la législature réalise le programme que je viens de tracer, elle sera vraiment utile.
Par les réformes pratiques que j’indique, elle satisfera les aspirations do notre démocratie
et défiera tout à la fois l’esprit de réaction et l’esprit de révolution.
Cie programme, à la fois de liberté et de progrès, est en même temps un programme
d’union, de concorde et de concentration entre tous les républicains.
Autour de ce programme j'appelle tous les hommes de bonne volonté, tous les citoyens
pour lesquels la République est le gouvernement nécessaire de la démocratie. Je les y
convie pour la prospérité et la grandeur de la Patrie.
Vive la France! Vive la République!
F, de LA BATUT, Docteur en droit,
Jugo honoraire au Tribunal de la Seine,
Président du Conseil général de la Dordogne,
Député sortant.
— 228 —
2e circonscription de BERGERAC
M. CLAMENT
ÉIq au iCT tour de scrutin. — 7.277 yoIx,
Mes chers Concitoyens,
Pour la quatrième fois, fai l’honneur de solliciter de votre bienveillance le renouvelle¬
ment de mon mandat. Votre accueil si chaleureux et si cordial, les sympathies de plus en
plus nombreuses que vous voulez bien me témoigner, la certitude que j’ai d’avoir mis tous
mes efforts à l’accomplissement de mon devoir me permettent d’espérer que nous sommes
de plus en plus eu communion d’idées.
En 189 S, vous avez bien voulu irr accorder 7.625 voix, contre 4 h 256 à M. de Lortal ; aussi,
c’est avec une entière confiance que je viens de nouveau faire appel à vos libres suffrages,
à votre jugement éclairé, à votre amitié.
Mon unique souci sera comme par le passé de servir vos intérêts et de défendre la
République.
Élevé à la campagne, ayant exercé la médecine dans le canton de Laforce en suivant
l’exemple de mon père qui, pendant 50 ans, avait soigné les riches et les pauvres avec le
même dévouement, je connais vos besoins. Propriétaire et viticulteur, vos intérêts sont les
miens.
Ma maison est ouverte franchement à ceux qui me font le plaisir de venir me voir êtes
n’est pas un Député enorgueilli de sa situation que vous rencontrez, c’est un voisin, un ami,
un enfant du peuple comme vous, qui n’a qu’un désir; vous être agréable et vous prouver sa
reconnaissance en mettant à votre disposition son inlluence auprès de l’administration et
des pouvoirs publics. La haine et la rancune ne sont pas mon fait; c’est toujours une main
loyale que je tends, tani pis pour ceux qui me trompent.
Nous sommes de trop vieilles et bonnes connaissances pour que vous vous laissiez
prendre aux grossières calomnies de mes adversaires qui tronquent mes votes et les pré¬
sentent sous un jour faux. On vous dit que j’ai voté contre les secours aux vieux travailleurs,
alors que c est moi qui ai le premier, en 1892, fait adopter par le Conseil général les secours
à domicile aux vieillards indigents et infirmes: j'ai mis trois ans à faire triompher mon
oeuvre. En 1897, à la Chambre, M. Barthou, Ministre de l’Intérieur, a donné satisfaction à
l’amendement que j’avais présenté à ce sujet, et il y a actuellement de ce fait plus de
300 veillards secourus dans notre département. Voilà la vérité l Ceux qui diraient le con¬
traire mentiraient impudemment. Il en est de même de leurs autres allégations.
Tous les quatre ans, on essaie de me faire passer pour un ennemi de la religion, c’est
toujours la même rengaine, la même niaiserie hypocrite, la seule tactique dos réactionnaires;
décidément ils n’ont pas Fimagination fertile I J’ai prouvé par mes votes, par mes actes, par
mes paroles que fêtais un partisan résolu delà liberté de conscience, — respectueux de la
religion, des prêtres qui l’enseignent et de ceux qui la pratiquent avec conviction.
Où sont les curés poursuivis, même parmi ceux qui ont le tort de prêcher contre le Gou¬
vernement? Où sont les églises démolies? Pour ma part, j’en vois beaucoup de nouvellement
construites ou réparées grâce aux subventions que j’ai pu faire obtenir; vous avouerez que
c’est une manière nouvelle d’être Pennerai de la religion que de favoriser la construction
des églises ; je n’insiste pas, ce serait faire injure à votre bon sens.
J’ai toujours voté le budget des cultes et je suis opposé à la séparation des Églises et de
_ 229 _ N* 1162
l’État, justement parce que je veux que chacun ait la faculté de suivre sa religion a
S°n jlfsuis partisan de la liberté de l’enseignement, avec le contrôle et la surveillance de
l’État Je suis opposé au monopole de l’État en ce qui touche l’instruction. Ce monopole avait
Été institué par le premier Empire, il est contraire au dogme républicain : c’est de la con¬
currence que naît l’émulation. Cette mesure est d’ailleurs condamnée par des hommes
comme Léon Bourgeois et Clémenceau et par l’Université tout entière, désireuse de prouver
la supériorité de son enseignement. _ .
La loi sur les associations, dont on a essayé de vous faire un épouvantail, a uniquement
cour but d'imposer aux congrégations non autorisées la loi de leur pays, comme à tous les
citoyens. L’Espagne prépare une loi sur les associations et elle existe déjà en Italie. Qu y
a-t-il d’extraordinaire à ce que le Gouvernement de la République en ait également reconnu
la nécessité. 11 y avait d’ailleurs plus de 800 congrégations autorisées qui s’inclinaient devant
la loi pourquoi les congrégations non autorisées ne feraient-elles pas de mémeî Elles pré¬
fèrent quitter la France 1 Alors elles partent volontairement. Les premières les valent bien
sans doute, car parmi elles nous trouvons les petites sœurs des pauvres, les sœurs de cha¬
rité qui sedévouent avec un zèle à toute épreuve au soulagement de la misère et pour les¬
quelles, nous le disons très haut, nous avons tous un sentiment de respect 1
Nous avons voté on principe le service militaire de deux ans, c’est une loi acquise. Je
suis partisan de la réduction des deux périodes de 28 jours et pour la suppression des
15 jours : j'ai voté ces deux mesures.
le m’emploierai de mon mieux — et j’ai déjà commencé^- à faire mieux desservir notre
région au point de vue postal : augmentation du nombre des facteurs dans les localités des¬
servies insuffisamment et tardivement; création de facteurs-receveurs dans les communes
importantes.
A l’assemblée départementale, je joindrai mes efforts à ceux de vos conseillers gene¬
raux pour l’établissement de lignes de tramways reliant les centres déshérités avec les villes
ou la voie ferrée.
Je continuerai à faire obtenir des subventions pour construction et réparations des
églises, des écoles et des mairies, reconnues nécessaires par les conseils municipaux.
Liberté de la chasse, ou tout au moins, si nous ne pouvons vaincre les régions du Noid
et du Centre on les propriétés sont gardées et où la chasse ne présente aucun intérêt pour
le simple particulier, nous nous efforcerons de faire aboutir le permis journalier à Û fr. 25.
L’amendement de M. Lasies n’a pas été adopté, nous Pavons voté bien qiril fût présenté par
un nationaliste, ce qui vous prouve que lorsqu'il s’agit de questions intéressant ma circon-
scription; je sais faire abstraction de la politique.
Indépendant, je n’ai jamais été inféode à aucune coterie, J?ai voté pour ou contre les
Ministères qui se sont succédé, suivant que leurs actes étaient ou n’étaient pas conformes
aux intérêts de notre région et aux désirs politiques de mes électeurs et amis.
Supprimer les mesures vexatoires contre la pêche et établir un arrêté clair et
équitable*
Création de Chambres d’agrïculture par arrondissements*
Réduction des formalités et des frais au sujet des warrants.
Augmenter la compétence des juges de paix pour diminuer les frais écrasants des
procès devant les tribunaux de première instance.
J’ai déjà voté la suppression des petites patentes, la loi est adoptée par le Sénat, elle
n’a plus qu’a être discutée de nouveau à la Chambre, Si lo mandat de la Chambre avait été
de six ans, il y a beaucoup de lois qui sont étudiées et qui auraient pu être votées - entre
autres ma proposition de loi * rectification des erreurs et omissions de? actes de l’état civil
gratuitement par les juges de paix.
Nous voulons tous des économies et nous y arriverons par la décentralisation des ser¬
vices. Si le budget de la France était morcelé entre les départements et soumis aux Conseils
généraux, il pourrait être examiné de plus prés, minutieusement, et on trouverait moyeu de
faire des économies qui s’imposent.
Créer des ressources par lo monopole de l'alcool qui procurerait deux avantages à notre
région : ,
in Los propriétaires, qui lo voudraient, vendraient leurs vins à l’Etat pour k distilla¬
tion; m serait une manière d’éconior nos vins dont le placement devient de plus en plus
difficile avec ^abondance des récoltes et la qualité inférieure de certaines années. Si l'État,
à une époque fixe, achetait les vins comme il achète les tabacs, je crois que tout le monde
y trouverait son profit*
2° Avec le produit, qui s'élèverait k plusieurs centaines de millions, on pourrait arriver
à supprimer Limpôt foncier et a créer une caisse de r traite pour les vieux travailleurs*
Réforme de Pimpùt foncier : je suis partisan de f éluda de tout système qui demandera
davantage au superflu et moins aux petites bourses, à condition qu’il ne soit ni arbitraire,
ni inquisitorial* Je vous avais promis de ne pas voter d’impôt nouveau j’ai tenu parole* J’en
prends de rechef Rengagement*
Électeurs,
Méfiez-vous du nationalisme qui n’a ni programme ni doctrine, c’est nue coalition de
déceptions et de rancunes, d’ambitions et iRappétitsi
Méfiez-vous de ces faux républicains qui ne sont soutenus que par les royalistes, les
bonapartistes et les cléricaux* Ils sont indignes du suffrage universel ceux qui essaient de le
tromper avec des étiquettes d'occasion!
Leur triomphe même d’un jour, ce serait la guerre civile et religieuse, la menaça inces¬
sante de la guerre étrangère!
La République que nous défendons est la République conciliante et ferme, ennemie de
la réaction et de k Révolution, elle vous a donné 30 années de paix au dehors et de tran¬
quillité au dedans ; conservez-la, c'est notre intérêt à tous !
Électeurs,
Vous direz le 27 si j’ai tenu mes promesses, si j'ai servi vos intérêts, si je suis digne
de représenter ce pays où j© suis né et que j’aime par-dessus tout.
Le Républicain de toujours que vous avez nommé en 1890 n’a pas changé et il vous
demande d’affirmer encore une fois sur son nom votre profond attachement à nos institu¬
tions démocratiques.
Je vous prie d’agréer, mes chers Concitoyens et amisn l’assurance de mon affectueux et
cordial dévouement.
Vive la République démocratique!
Docteur CLAMENT,
Maire de Laforce,
Conseiller générais Député sortant*
— 234 -
N» 4462
Circonscription de NONTRON
M. SIREYJQL
Élu au 2° tour du scrutin. — 42.151 voix.
Chers- Concitoyens,
M Albert Theu lier, l’homme loyal et probe qui nous a si longtemps représentés, a
résolu vous !e savez, d’abandonner la vie politique. Dans sa retraite volontaire, il emporte
les rearets du plus grand nombre et l’estime profonde de tous.
Si i’ose aujourd’hui vous demander sa succession à Sa Chambre des Députés, cest que
je me sens soutenu par la sympathie précieuse dont cet ami bienveillant m’a toujours
^"^arrondissement de Nontron, essentiellement agricole, il faut comme député un
homme du pays, ayant vécu dans nos campagnes, au milieu de nos cultivateurs, connaissant
leurs besoins* au courant du leurs désirs. ~
J’aupartiens à une très modeste famille d’agriculteurs i mon pète est originaire do Cor-
gnac, près Ihiviers, où il possède quelque bien; il réside à Saint-Priest-les-Fougères, dans
le canton de Juinilhac, où je suis né; j’habite rnui-mème à Saint-Pardoux et ma fami e a
des intérêts à Abjat, dans le cauton de Nontron. _
Maire de Saint-Pricst-les-Fougères pendant huit ans, maire de Saint-Pafdoux depuis
six aus secrétaire du Conseil général et membre de la Commission départementale, j ai été
maléaux affaires de toutes les communes de notre arrondissement, et plusieurs des maires,
mes collègues, vous diront que j’ai toujours soutenu avec énergie les Intérêts qu ils ont ion
La ville de Nontron a la bonne fortune de posséder déjà un sénateur l houorab k
M. Dusolier. Moire arrondissement étant très vaste et très étendu, il paiaît. juste que c
député de la circonscription soit pris en itehorS du chef-lieu; c’est, du reste, l’avis de nom-
breux électeurs de Nontron disposés a voter pour. moi.
Ne vous semble-t-il pas, mes cprs Concitoyens* qu’à ccs divers titres et pour ces
divers motifs je peux représenter notre arrondissement dans son entier, sans sacn er
jamais ses intérêts généraux à des préférences locales,?
Pr q gr amm & politique.
Mon programme politique est très simple :
J’ai toujours été3 jo suis et je serai toujours un républicain sincère.
Né dans lus rangs de la démocratie rurale, j’ai été élevé avec le respect et rameur de la
République, En 1881, jeune étudiant de 20 ans, je soutenais, dans le canton de Jumi hac,
la candidature de M. Dusolier aux élections législatives; plus tard, je combattais le mouve¬
ment boul a n gi ste ; depuis, j’ai été l’adversaire de la politique néfaste des Kibot, des
Méliue; de tous ceux qui ont voulu faire de la République un régime sans force et sans
autorité, à l’image d’une monarchie constitutionnelle où seraient encore aggravés les défauts
du parlementarisme. , .
Partisan do toutes les réformes démocratiques, }5ai applaudi en 1896 à la constitution
du cabinet présidé par M. Léon Bourgeois et j’ai regretté sa chute*
Pai salué de grand cœur P arrivée aux affaires de M. Waideck- Rousseau dont lo nu us
tèru énergique a su faire respecter le chef de PÉtat, défendre la République conüo Ils
conspirateurs du dedans et du dehors, affirmer les droits de la société laïque et assurer h
tranquillité et l’ordre intérieurs.
Si je suis votre élu, je ne soutiendrai qu’un ministère composé de républicains sans
compromissions et sans patronages suspects, s’inspirant des mêmes principes d’action et
de défense républicaines, exigeant de tous les fonctionnaires un dévouement absolu à la
République.
Mais indépendant avant tout, libre de tous liens, je ^appartiendrai jamais — et
je n’ai d’ailleurs jamais appartenu — à aucune secte, à aucune coterie; j’estime que le
véritable esprit républicain exclut tout esprit de secte, qu’aucun obstacle ne doit gêner la
libre expression de la volonté souveraine du peuple et qu’un gouvernement peut être ferme
et énergique tout en restant très libéral.
Fils reconnaissant de notre grande Révolution, je veux le respect des immortels prin¬
cipes qu’elle nous a enseignés : Liberté individuelle. Liberté de conscience, Liberté du
travail, Droit de propriété.
Enseignement.
Les diverses questions qui se rattachent à l’enseignement passionnent aujourd’hui tous
les esprits. La République est responsable de la direction intellectuelle du pays, et cette
direction, elle l’exerce surtout par l’intermédiaire des membres de renseignement à tous
les degrés. La situation de ceux-ci doit être relevée et mise en rapport avec la haute et
noble mission qui leur incombe. En échange, il faut exiger d’eux toutes les qualités morales
et le plus pur patriotisme.
Mais le monopole de renseignement par l’État serait une faute. En matière d’éducation,
il est juste et nécessaire de respecter la liberté de chacun. Par contre, l’État a le devoir
d'exercer sur Renseignement libre un contrôle sérieux. 11 devra exiger des maîtres de cet
enseignement les mêmes diplômes que ceux exigés des maîtres universitaires; et de plus,
comme il ne faut pas que l’enfant puisse être élevé dans la haine des principes démocra¬
tiques, il sera indispensable que F ê dotation de tous les Français sans exception, riches et
pauvres, repose à l’avenir sur un fonds commun d’idées qui seront la sauvegarde néces¬
saire de l’harmonie sociale et do Pu dite nationale.
Programme économique .
À mon avis, le programme d’un député républicain représentant des campagnes doit se
résumer en ces mots : Économies budgétaires. — Diminutions des impôts qui écrasent
F agriculture. — Amélioration du sort des ouvriers agricoles, — Adoption des mesures
propres à favoriser la vente du bétail et des produits agricoles. — Construction on achève¬
ment des chemins vicinaux, — Production du petit commerce,
A la Chambre, on s'occupe de trop de choses et pas assez des besoins de l’agriculture ;
les impôts vont sans cesse en augmentant, nos régions se dépeuplent, le bien-être dispa¬
raît, car l’argent des campagnes va vers les villes ; la situation de tous les agriculteurs
grands et petits, propriétaires, métayers et ouvriers menace de devenir misérable à bref
délai; les députés ont le tort d’oublier qu’en France les grandes villes, les centres miniers,
le corps des fonctionnaires ne sont pas tout. Il faut d’abord tenir compte des intérêts de
l’agriculture et du petit commerce. Permettez-inoi de vous signaler brièvement les réformes
qui, dans ce sens, me semblent les plus urgentes.
É c o no m le et m o d i fie dtio n s de notre systè m e d 1 imp ots.
Le Parlement doit procéder a un contrôle sérieux de l’emploi des deniers publics et
supprimer toutes les dépenses inutiles; une stricte économie permettrait peut-être d'équî-
libier le budget et de dégrever l’agriculture sans déplacement trop sérieux d’impôts. Mais il
ne faut pas s’effrayer du progrès, ni hésiter à remanier un système fiscal qui remonte à
N° H62
— 233 —
t ans si cela est reconnu indispensable, lorsqu’on aura réalisé toutes les économies
ensables on devra, pour diminuer l’impôt foncier, faire supporter au capital une part des
charges publiques. Toutefois, l’impôt sur le capital ne pourra être établi qu’aux conditions
rivantes ' 1° il devra coïncider avec une diminution sérieuse du budget des dépenses;
2» en aucun cas, il n’aura un caractère d’inquisition vis-à-vis des personnes, ni d’injustice
ou de spoliation à l’égard de la richesse acquise.
Suppression de l'initiative parlementaire en matière de dépenses.
Le droit de proposer des dépenses devrait ^appartenir qu'au Gouvernement seul; les
Chambres n'auraient que la faculté de réaliser des économies sur les propositions budgé¬
taires et ne pourraient demander aucun crédit nouveau, ni aucune augmentation de crédit.
On ne verrait plus alors certains députés faire de la surenchère électorale aux dépens des
contribuables.
Biniifàuîion du îiomhre des fonctionnaires et réduction des gros traitements.
Le sort de certaines catégories de petits employés doit être amélioré, mais il est pos¬
sible de réaliser de grosses économies sur l’ensemble du personnel des fonctionnaires.
Bien des traitements sont scandaleusement élevés, bien des fonctions sont inutiles, et, en
Francs, la manie du fonctionnarisme est à la veille de constituer un danger sérieux en nous
acheminant au parasitisme d'État, véritable plaie de notre société contemporaine.
Adoption du service miliaire de 2 ans .
Reconnu suffisant par les hommes compétents.
Suppression des périodes de 28 jours et de 13 jours et de la taxe militaire -
La taxe militaire est injuste et vexatoire. Quant aux périodes d'exercices, tous les
réservistes savent qu’on n'cn retire pas grand profit au point de vue de 1 instruction mili¬
taire; on pourrait les remplacer par de simples appels de 3 ou ê jours qui habituel aient le
réserviste à se déplacer et le prépareraient à une mobilisation éventuelle, tout en permet¬
tant aux généraux de faire mouvoir les masses qu’ils auront à commander en cas de guerre.
On conserverait ainsi à l'agriculture des forces précieuses et on supprimerait bien des mala¬
dies souvent mortelles qui atteignent nombre de réservistes au retour des manœuvres.
Réforme de notre polüique coloniale .
La France possède aujourd'hui assez de colonies, trop peut-être, et il est urgent de
s'arrêter dans la voie des expéditions lointaines. Que de travaux, tramways, chemins, etc.,
auraient pu être exécutés avec les centaines de millions dépensés au lonkïn, a Madagascar,
en Chine et ailleurs 1 Et en même temps que d'existences humaines épargnées ï
Diminution des frais de justice .
La justice est trop lenle et trop coûteuse; il faudrait augmenter la compétence des
juges de paix, activer le zèle des tribunaux et diminuer les frais de procédure.
Développement delà mutualité sous toutes ses formes % et retraites ouvrières
La question des retraites ouvrières est à l'ordre du jour et intéresse tous les iiavaïl-
leurs; mais, parmi les projets présentés, la plupart seraient ruineux pour les finances
publiques et irréalisables. Or, cette question peut être résolue sans participation trop oné¬
reuse de l'État au moyen du développement des institutions de mutualité et de prévoyance;
30
234 -
développement sur lequel repose en partie notre avenir social. L'assistance des vieillards à
domicile doit en outre recevoir ia plus grande extension possible,
Diminution des tarifs de transport sur les chemins de fer ,
Pour tous les produits de l'agriculture, et établissement de tarifs décroissants en raison
des distances; les compagnies de chemins de fer sont des sociétés financières trop puis¬
santes contre lesquelles doivent lutter les représentants de l'agriculture, du commerce et
de l'industrie.
Loi sur les accidents du travail,
La loi sur les accidents du travail est mal faite : daus bien des cas, elle va contre les
intérêts de l'ouvrier et le plus souvent elle peut être une cause de ruine pour le petit entre¬
preneur ou pour le propriétaire* Elle doit être étudiée de nouveau et modifiée.
Tramways et chemins vicinaux ,
Il ne suffit pas de dégrever la propriété dans son ensemble, il faut encore que l'agri¬
culture soit secondée par la multiplication des voies de communication. Au Conseil générai,
fai toujours poussé à la construction des chemins vicinaux, et f estime qu’il reste encore
beaucoup a faire de ce côté* On sait que fai fait adopter le principe de la construction du
tramway de Thiviers à Saint- Yrieix par Jumilhac, et la continuation de celui de Saînt-Par-
doux à la Haute-Vienne par Champs-Romain, Saint-Saud, Abjat et Piégut, SI je suis élu
député, le mandat législatif me donnera une autorité nouvelle pour faire aboutir définitive¬
ment ces projets qui sont une œuvre de réparation et de justice à Pégard de populations
déshéritées. Avant tout, on doit achever ce premier programme; plus tard, d'autres lignes
devront encore être étudiées; celle notamment de Larochebeaucourt à Piégut par Mareuil
etNontron; celle de Brantôme à Thiviers, celle de Saînt-Saud à Jumilhac par La Coquille,
et enfin celle de Piégut à Bussière-Badit et la Charente, La construction de ces Signes
deviendra possible le jour prochain où l'on substituera à la traction par la vapeur la traction
électrique, beaucoup plus économique et nécessitant une voie d'un établissement moins
coûteux.
Protection du petit commerce ,
Le commerce de nos petites villes, celui de nos bourgs et même de nos villages est
menacé par la concurrence que lui font les grands magasins de Paris et les vastes bazars
installés dans toutes les villes importantes par des sociétés pl us ou moins cosmopolites.
Ainsi le monopole du commerce de détail tend de plus en plus à passer entre les mains des
gros capitalistes. Cette situation est pleine de danger. Si Von n'y prend garde, bientôt tous
les centres commerciaux de notre arrondissement et ceux de la France entière verront leurs
magasins se fermer; nos campagnes n'auront plus ni marchands drapiers, ni merciers, ni
épiciers, ni tailleurs, ni cordonniers, ni aucun de ces nombreux artisans de notre prospérité
nationale : tout nous viendra de Paris ou des grands bazars. J'estime que le Parlement doit
par les mesures les plus énergiques s'opposer k cette mine de notre commerce de détail et
de nos petites industries locales. Je prend dos aujourd'hui l'engagement de combattre de
toutes mes forces et par tous les moyens le monopole des grands magasins et des sociétés
financières et de travailler au dégrèvement des patentes du petit commerce.
Électeurs,
Le Député d'un arrondissement rural ne doit pas devenir un Parisien; il doit rester un
campagnard. Si vous me nommez député, je remplirai fidèlement mon mandat, j'assisterai
— 2:ui —
N° \ 162
à toutes les séaüees do la Chambre, mai» jo passerai près de vous tout le temps qui ne sera
nas mis par les débats parlementaires, environ cinq mois par an.
D’ailleurs, j’aime trop mon pays natal et je ne suis pas assez riche pour me plaire a la
vîe de Paris Pendant les vacances, je parcourrai tout l’arrondissement, vous me verrez a
toutes les réunions importantes : fêtes publiques, comices, foires, etc., je resterai en com¬
munication constante avec vous, je tiendrai à honneur d'être le serviteur fidèle do cette
démocratie à laquelle je suis fier d’appartenir. f ■
Et à U Chambre je n’aurai d’antre souci que de faire de la République le gouvernement
des travailleurs sages et laborieux, d’autre idéal que d’introduire dans nos lois plus de jus¬
tice plus de solidarité sociale, plus de fraternité démocratique.
Vive la République I
XV SÎREYJOL.
Secrétaire du Conseil général de la Dordogne,
Membre de la Commission départementale.
Ancien maire de Saint-Friest-les-f ougéres,
Maire de Samt-Pardoux-la-Rivière, •
Président d’honneur du comice agricole de Saint-
Pardoux-la-Rivière.
lre circonscription de PÉRIGUEUX
M. SAÜMANDE
Elu au 2e four de scrutin. — 8.178 voix.
Mes chers Concitoyens,
Fort des marques de sympathie et de confiance qui me sont venues de toutes les com¬
munes de ma circonscription, je viens de nouveau solliciter vos suilrages-
Mon appel s’adresse indistinctement à tous les républicains qui, comme moi, sont dé¬
terminés à lutter aussi bien contre la réaction cléricale que contre les utopies révolution¬
naires.
Les deux législatures pendant lesquelles j’ai eu l honneur de vous représenter ont
assez fait connaître mon attitude politique pour que je n’aie pas besoin de longues décla¬
rations :
Le ministère Waldeck-Rousseau a été constitué, vous le savez, mes chers Concitoyens,
dans un moment où la République a couru un véritable danger. Les réactionnaires, les
nationalistes, tous les parfis violents et perturbateurs avaient déchaîné le désordre dans la
rue et organisé partout la rébellion. On insultait, on frappait même le Président de la Répu¬
blique. On sommait les généraux, à la tête de leurs troupes, de se prêter à un coup
d’État I
M. Waldeck-Rousseau a étouffé l’insurrection, ramené le calme et fait respecter de tous
nos institutions et leur vénéré représentant.
J’ai soutenu le Gouvernement dans cette œuvre de défense républicaine et de pacifica¬
tion sociale. Quels sont donc les républicains vraiment dignes de ce nom qui oseraient m’en
blâmer ï
— 236 —
En m’associant à l’œuvre législative du ministère, je n’ai voté que les projets de loi
qui m’ont paru répondre aux véritables aspirations du pays, notamment ceux ayant trait
au dégrèvement des boissons hygiéniques, à la création de l’armée coloniale, à la constitu¬
tion des caisses régionales du crédit agricole, à l’amélioration de la situation des chauffeurs,
mécaniciens et employés des chemins de fer (loi Berteaux), à l’organisation de la caisse des
retraites ouvrières, mais en excluant l’obligation.
J’ai voté aussi la loi sur les associations, non point pour qu’elle fût un instrument de
persécution nouvelle, comme on l’a dit mensongèrement, mais parce que, tout en donnant
aux citoyens une liberté religieuse et précieuse, elle maintient aux congrégations respec¬
tueuses de la loi l’exercice de leurs droits légitimes.
Avec les hommes les plus éminents du parti républicain, notamment M, Léon Bour¬
geois, avec l’Université tout entière, je ne suis pas partisan du monopole de l’enseignement
pai 1 État, Je ne puis non plus m’associer à la disqualification à vie des enfants que des
parents, des tuteurs, n’auraient pas voulu ou pu envoyer dans un lycée *
Partisan résolu de tout ce qui peut alléger les charges qui pèsent sur les agriculteurs et
les ouvriers, je voterai la réduction du service militaire à deux ans.
Je ne perdrai pas de vue que nous avons besoin, pour sauvegarder notre territoire et
notre indépendance, d’nne armée et d'une marine fortes et respectées, mais aussi étran*
gères aux querelles politiques que dévouées à leur pays.
Joutes les réformes capables, sans blesser aucun droit, d’améliorer le sort des travail-
leurs obtiendront mon concours. Nul pins que moi n’est décidé à favoriser une politique qui
s’attachera à réaliser des économies et à répartir plus équitablement Timpôt en dégrevant
le travail et frappant Poisivetè, mais sans instituer l'arbitraire et l'inquisition. Je favoriserai
autant qu’il me sera possible toutes les oeuvres qui auront pour base et pour but la mutua¬
lité et l’assistance.
Pour mener à bien cette entreprise de perfectionnement social, je veux un gouverne¬
ment solide, s’appuyant sur toutes les forces républicaines du Parlement, de façon à pou¬
voir durer et gouverner en dehors du concours des partis extrêmes.
Mes chers Concitoyens,
le resterai ce que j’ai été jusqu’ici : profondément dévoué à vous tous et à chacun de
vous. Vous m’avez vu à Pœuvre. Vous savez combien il m’est agréable d’intervenir quand
vous me le demandez, pour faire prévaloir vos justes droits.
Fils d’ouvrier, je sais quels sont mes devoirs envers la démocratie laborieuse de la ville
et de la campagne : je n’oublierai jamais mon origine, et mon ambition sera d’en rester
toujours digne.
Je compte sur vous comme vous pouvez compter sur moi.
Vive la Bépubliquel
G, SAUMÂNDE.
237 —
Na 1162
2e circonscription de PÉRIGUEUX
M. GH A VOIX
Élu au lür tour de scrutin, 7.311 voix.
Monsieur et cher Concitoyen,
En présence du vote unanime des membres du Congrès, je n’ai pas cru devoir dé¬
cliner l'honneur de lutter contre toutes les réactions coalisées. J’ai senti que le parti répu¬
blicain s’était ressaisi, . que l'or et les libations ne feraient point cette fois leur œuvre
néfaste de 1898 et que mon devoir était de joindre mes efforts aux vôtres pour le triomphe
des idées démocratiques.
Mais j’entends rester devant vous ce que j'ai été devant le Congrès. Je veux tenir le
mandat de député de votre propre volonté ; je ne saurais le ramasser au milieu des pro¬
messes, des visites et des requêtes à votre domicile.
Veuillez donc bien vous prononcer simplement sur le programme très court que je sou¬
mets à votre approbation.
Je veux, — comme mou passé Ta prouvé, — le citoyen libre de penser, d’écrire, de
parler, d’exercer son culte, — soucieux autant de ses devoirs que de ses droits, — sous le
contrôle de la Constitution républicaine hors de toute atteinte. Mais je ne me laisserai pas
émouvoir par les fausses invocations à la liberté d’habiles adversaires qui, du reste, ne
m’ont jamais épargné leurs coups, et je vous demande de vous en rapporter à mon expé¬
rience déjà longue s’il s’agit de prendre des mesures que je croirai utiles au maintien de la
République, J’ai vu dès le premier jour ce que deviendrait le boulangisme, — ce n’est
pas, croyez-le, pour me laisser prendre à sa caricature sans tête qu’on nomme le natio¬
nalisme.
Je ne donnerai ma confiance qu'à un ministère décidé à gouverner comme tout gouver¬
nement digne de ce nom et qui trouvera sa majorité seulement dans les rangs du parti
républicain tout entier. D'une façon générale, je me tiendrai éloigné aussi bien des utopies
les plus séduisantes que des flatteries indignes d’un élu qui se respecte et que des idées
frappées au coin de la routine ou des préjugés de classes.
Je voua affirme que mes deux premières préoccupations, devant lesquelles s’inclineront
toutes autres considérations, seront de maintenir la France riche et puissante pour être sûr
qu’elle aura toujours des alliés sans lesquels l’équilibre européen aurait chance d’être
rompu. Sans chauvinisme bruyant, maisavec fermeté, je ne laisserai toucher ni à son crédit,
ni à son honneur,
En ce qui touche son crédit : 1" Je n’hésiterai pas à restreindre le droit d’initiative
parlementaire pour arrêter le vote dés dépenses que le Sénat, lui-même, ne peut pas tou¬
jours enrayer en dernière heure ; 2° Je voterai l’égalité de l’impôt sur la fortune acquise,
c’est-à-dire sur le capital, en dégrevant le travail, en frappant l’oisiveté et en atteignant
chacun suivant ce qu’il possède. Cette mesure, juste entre toutes, devrait être acceptée
aussi bien par ceux qui voudraient à tort s’en tenir au régime inique de nos impôts actuels
que par ceux qui rêvent d’un nivellement des fortunes par une véritable spoliation.
En ce qui touche la puissance de la France, je tendrai vers un désarmement pro¬
gressif et prudent, d’accord avec les nations européennes, en vue surtout de diminuer
nos charges, d’arrêter l’é migration des campagnes vers les villes et la dépopulation, dans
un pays où la vie de Ja caserne nous donne souvent des hommes dégoûtés de la vie des
champs.
En attendant, quand la question de la réduction du service militaire sera discutée, je
n’iraï jamais jusqu'à faire de Farinée une simple garde nationale. Je voterai pour le service
de deux ans.
Pour préparer la paix publique, fatalement troublée à l’heure actuelle par des adver¬
saires qui ne veulent pas se décider à être de leur temps et à accepter les idées modernes
d'affranchissement de Pesprlt humain, je voterai le monopole de Renseignement par l’État
Je voterai, comme conséquence, les mesures qui permettront à Tentant du peuple de
s’élever par son intelligence et par son travail aux situations autrefois réservées aux privi¬
légiés de la fortune. Ce monopole sera le seul moyen pratique de préparer la génération
qui me suivra à Inapplication sincère de la devise « Liberté, Égalité, Fraternité ». Parmi les
réformes de renseignement, je place en première ligne le programme des écoles rurales,
afin de donner aux enfants des campagnes des notions à la fois théoriques et pratiques
d’agriculture.
Enfin, je consacrerai tous mes efforts à développer dans la deuxième circonscription les
œuvres de mutualité et d’assistance avec la ténacité dont j’ai fait preuve quand il s’est agi,
autrefois, de doter nos régions de voies ferrées dont elles avaient alors un si pressant be¬
soin. Je crois, en effet, plus que jamais* que, comme Fa dit Edmond About, k s’il est un
principe qui puisse faire des miracles, c’est certainement celui de la mutualité ». C’est par
lui que nous arriverons à résoudre les questions des retraites ouvrières, du crédit, des assu¬
rances, et* d’une façon générale, toutes les questions sociales. Il m'est démontré actuelle¬
ment que s’en remettre à P État* ce serait favoriser seulement quelques travailleurs ou se
heurter à un échec aussi lamentable que coûteux. Je voudrais* en un mot, éviter pour les
retraites ouvrières les erreurs que ^expérience nous a fait constater à propos delà loi sur
accidents, qui a besoin de modifications importantes. Aussi, me paraît-il juste et indispen¬
sable d’avoir recours aux sociétés de secours mutuels et aux syndicats agricoles pour orga-
niser les caisses de retraites. En attendant !e fonctionnement normal de ces caisses, il est
évident que l’État, les départements et ies communes devront alimenter largement les
œuvres d’assistance en faveur des vieillards ou dès infirmes malheureux* aussi bien dans
les campagnes que dans les villes.
Au point de vue économique, j’ai été, je suis et je resterai protectionniste.
A mon avis, le cumul des mandats électifs devrait être interdit. J’ai toujours appliqué ce
principe pour mon propre compte; je l'appliquerais encore si j’étais votre élu.
Vous direz le 27 avril si ces idées sont les vôtres. Mais si, d’aventure, votre situation
ne vous permet pas de manifester hautement votre opinion, laissez dire ceux qui essayeront
de vous entraîner vers la réaction, vers les idées de l’ancien temps. Acceptez leurs conseils,
leurs menaces* leur vin, leur argent; mais, souvenez-vous qu’au cours d’une vie de labeur,
j’ai toujours pensé plus aux autres, — surtout aux humbles et aux malheureux, — qu’à moi-
même.
Sachez, — je le dis bien haut* — que je mérite de laisser passer les injures et les ca¬
lomnies comme la lime de la fable se laissait effleurer par les dents du serpent impuissant
à la mordre.
Votez donc librement pour celui qui, rentré dans le rang après notre échec de 1898*
a travaillé pour vivre sans rien demander à l’État et qui, jusqu’à son dernier souffîe!
— ne serait-ce que par tradition de famille* — aimera le peuple et défendra la Répu¬
blique.
Daignez agréer, Monsieur et cher Concitoyen* l’expression de mes sentiments les plus
dévoués.
H. GHAVOIX.
Ce programme a été approuvé par les bureaux des cinq comités cantonaux de la 2° cir¬
conscription.
— 239 —
N° H 62
Circonscription de RIBÉRAG
M. POURTEYRON
Élu au 1er tour de scrutin. — 8.424 voix,
Mes chers Concitoyens,
A deux reprises, vous m’avez confié le soin de vous représenter au Parlement.
Convaincu d’avoir fidèlement rempli mon mandat, je viens vous en demander le
renouvellement*
Élu comme républicain, je ne croyais plus avoir à défendre cette forme de gouverne¬
ment après les 25 années de paix et de prospérité qu'elle nous a données.
Assise sur les libres suffrages du peuple, la République a pourtant vu, dans Ces
dernières années, se lever de nombreux adversaires qui, malgré des aspirations contraires,
Munissent pour lui donner Passant,
Comme au Seize-Mai, comme sous le boulangisme, tous les anciens partie aidés de
quelques mécontents, se coalisent sous le nom trompeur du Nationalisme.
Vous démasquerez cette manoeuvre et vous saurez reconnaître tout le bien matériel et
moral qui résulte pour ia France du fonctionnement régulier de nos institutions*
A l 'intérieur, la stabilité ministérielle, après avoir permis de rétablir Tordre dans la
rue et le calme dans les esprits, a favorisé la réalisation de réformes depuis longtemps
attendues et le vote de certaines lois dont Pappiication était provoquée par l'accroissement
incessant de Taciion congréganiste*
La loi des Associations a étendu la liberté de réunion et en a réglé Pexercice. Plutôt
que de se soumettre h. la loi française, certaines congrégations, plus politiques que
religieuses et plus commerçantes que charitables, ont mieux aimé chercher une résidence
à l'étranger. Leurs membres se sont exilés volontairement. Les statuts des autres seront
examinés par la Chambre avec une scrupuleuse attention et une parfaite impartialité*
La loi sur les successions fait disparaître une iniquité séculaire.
La loi des boissons, en répandant Pusage du vin, a atténué pour l'agriculture les effets
d’un désastre résultant de la surproduction vinieole*
La réglementation de l'admission temporaire des blés, en empêchant la spéculation, a
régularisé les cours et assuré le pain à des prix normaux.
La réforme des octrois et des taxes indirectes permet aux habitants des villes des
approvisionnements plus faciles sans nuire aux producteurs agricoles.
Nous sommes franchement résolus à continuer dans ce sens* Nous avons à cœur de
faire aboutir le projet de réduction du service militaire à deux ans ; cette réforme peut être
opérée, croyons-nous, sans compromettre la sécurilé du pays et la puissance de la France, à
condition d'être entourée de toutes les garanties nécessaires : par la formation de cadres
solides, par le rengagement des sou s-officier s et soldats et par la suppression des dispenses.
Mais il faudra, peut-être, augmenter les charges d’un budget déjà bien lourd. Comment y
faire lace? Par une politique d’économies sévères, par une révision efficace des dépenses
administratives, par une décentralisation sérieuse.
Une autre question d’ordre différent est aussi posée depuis longtemps et a reçu un
commencement de solution: c’est la réforme de l’enseignement secondaire* À mon avis,
1 btat doit en garder scrupuleusement le contrôle, sans recourir au monopole universitaire,
qui supprimerait une concurrence utile* Peu à peu, nous avons vu disparaître tous les
articles de la loi de LS50 qui avait soumis l'enseignement à Pesprit clérical et à la direction
du clergé* il n'en reste plus que le principe de la liberté, de tradition républicaine. Comme
on a supprimé dans renseignement primaire la lettre d'obédience, de môme tout le monde
est d'accord, la Commission et le Gouvernement, pour imposer à tous les établissements
secondaires l'inspection régulière, pour exiger l'équivalence des grades et la surveillance
permanente de l'Etat laïque*
Les retraites ouvrières, étudiées par la Commission d'assurance et de prévoyance de la
Chambre, donneront encore lieu à de nouveaux travaux; l'intérêt considérable du sujet
l'imposera aux méditations du législateur* Pour ma part, acceptant ce généreux principe,
je ne consentirai pourtant pas à voter de nouvelles charges qui pèseraient sur tous les
travailleurs au profit de quelques-uns ; mais j'appuierai toute tentative pour favoriser
l’épargne et aider l’ouvrier à se constituer, avec ses économies, une retraite pour ses vieux
jours.
Au dehors, notre domaine colonial, conquis par la République, n'a plus besoin d'être
entendu* Pour en assurer la garde, une armée coloniale a été créée. Nos administrateurs
peuvent désormais donner libre carrière à leurs facultés d'organisateurs et mettre en
valeur ces vastes territoires. La Métropole y trouvera des débouchés devenus indispen¬
sables à son commerce et à son industrie? la fortune et le prestige de la France continueront
à s’accroître*
Après ce rapide exposé, est-il besoin d'ajouter que je continuerai h défendre le
Gouvernement républicain, que tous mes efforts tendront à développer son action vers le
progrès démocratique ?
Ennemi déclaré du collectivisme, qui prêche la lutte des classes, l'expropriation sans
indemnité, la suppression de la liberté individuelle, etc*.., je poursuivrai, au contraire, la
réalisation des œuvres de mutualité, d'assurance, d'assistance par F union du capital et du
travail, par la concorde et la solidarité. Avec les dégrèvements agricoles, la création de
Sociétés contre la mortalité du bétail et autres mesures utiles énumérées dans des
programmes antérieurs, nous arriverons à améliorer le sort de nos ouvriers des champs et
à arrêter Pêmigration vers les villes et la dépopulation des campagnes.
Résumant enfin notre programme en deux mots, nous dirons: pas de nationalisme, pas
de collectivisme.
Électeurs,
On cherchera à vous effrayer par le spectre de la révolution sociale!
Regardez autour de vous: Voyez les pays monarchiques en proie au désordre de la rue
et à la guerre civile; voyez l’Espagne, l’Italie et la Belgique! Au contraire, la France, calme
au milieu des agitations voisines, vient de terminer dans une inoubliable apothéose son
Exposition universelle, dont les 22.000 maires de France ont pu admirer l'éclat; après
avoir reçu son puissant allié au milieu de sa flotte à Dunkerque, à la tète de son armée aux
champs de Bétheoy, elle voit resserrer les liens de son amitié par le voyage du Président de
la République dans la capitale russe.
Les gouvernements qui ont préparé de pareils résultats méritent mieux que des injures
et des calomnies. Ils ont droit à l'approbation de tous les Français, et tous les républicains,
qu’ils soient de la défense, de l’action ou de la concentration républicaine, tons leur doivent
un hommage sincère et un appui efficace.
Vive la République !
ÜT P. POURTEYRON,
Maire de Sairit«Vincent-de-Gonnezac,
Vice-Président du Conseil général de 3a Dordogne,
Député sortant.
Circonscription de SARL AT
M. SARRAZIN
Elu au 2*" tour de scrutin. — 13.352 voix.
Chers Concitoyens,
La question qui se pose pour l'élection du 27 avril est bien nette.
Entre la République des satisfaits et celle des déshérités, entre la République du
piétinement sur place et celle des réformes démocratiques, entre le candidat à qui la
réaction apporte son concours et celui dont la politique ne s’appuie que sur le parti
exclusivement républicain, vous êtes appelés à choisir.
Votre choix ne saurait être douteux.
Le Comité républicain d’arrondissement, pensant que j’étais toujours digne de votre
confiance, m’appelle, une fois encore, à être le porte-drapeau de la République dans
l’arrondissement de Sarlat. A la suite de cette décision, j’ai l’honneur de solliciter vos
suffrages, .
Conscient d’avoir rempli mon mandat avec fidélité, de n avoir jamais négligé les
intérêts de notre contrée, je n’ai cessé de m’inspirer aussi des intérêts supérieurs de la
France* C’est pourquoi F un des premiers, et sans restriction, j’ai apporté mon concours au
ministère Walrïeck-Roiisseau,
C’est sous ce ministère qu’ont été votées les lois relatives aux boissons hygiéniques, à
Inorganisation de- Farinée coloniale, aux successions, à l’amnistie, aux associations, ainsi
que la loi du 15 décembre 1900 sur les caisses régionales de crédit agricole.
L’œuvre à poursuivre est encore considérable. EUe doit être animée du souffle de
fraternité et de solidarité. Elle constitue la base de mon programme ;
Suppression complète de la taxe militaire ;
Réduction du service militaire à deux ans, avec suppression de la période des
treize jours*
Suppression de Pimpot des portes et fenêtres, de la cote personnelle et mobilière,
dégrèvement total de l'impôt foncier, et remplacement de ces impôts par un impôt genêt ai
sur le revenu qui, frappant beaucoup plus le revenu du capital acquis que celui du capital
en voie de formation, pèsera d’autant moins sur le contribuable que ceiui-ci aura une
nombreuse famille. Cet impôt est destiné à procurer un grand soulagement à nos agricul¬
teurs, puisqu’il fait les riches porter le poids le plus lourd des charges de FÉtat;
Création de la caisse des retraites s’appliquant aux ouvriers des villes et d^s
campagnes ;
Monopole de la rectification de F alcool d’industrie, monopole ne touchant en rien au
privilège des bouilleurs de cru et au régime des eaux-de-vie de vin, mais destiné a
améliorer la qualité de Talcool et, par là même, à favoriser l’hygiène publique ;
Diminution des frais de justice et, dans ce but, extension de la compétence des juges
de paix ;
Organisation nouvelle de la magistrature tendant à assurer son indépendance ;
Abolition du pourcentage dans les classes inférieures pour i avancement des insti¬
tuteurs ;
Modification du régime des prestations;
Permis de chasse à prix réduit ;
Amélioration de la lot sur la pèche;
- 242 ~
Développement des œuvres de mutualité : création de caisses d'assurances et de secours
contre les intempéries frappant l’agriculture ;
Dépression énergique des fraudes sur les produits agricoles et viticoles ;
Réduction des tarifs de transport, par chemins de fer, des produits agricoles et des
matières servant à l’agriculture ;
Protection des intérêts des éleveurs contre l'importation des bestiaux;
Entrer dans ta voie des économies et, pour atteindre ce résultat, exercer un contrôle
sevôre sur les dépenses de nos grandes administrations, supprimer, par la décentralisation,
un grand nombre de fonctionnaires, tel est encore lé devoir du Parlement.
Je voterai le scrutin de liste avec diminution du nombre des Députés.
I- artisan du stage scolaire, j’estime que l’État a le droit d’exiger de tous les aspirants à
nos ecolos spéciales et à des fonctions publiques qu’ils aient passé trois ans dans les
collèges ou lycées de l’Université, à moins qu’ils n’aient fait leurs études au foyer domes¬
tique. L’Etat, en outre, surveillera, par des inspections répétées, les établissements
d enseignement secondaire congréganiste, où les professeurs devront Être pourvus des
mêmes litres et des mêmes grades que les professeurs universitaires.
Je ne perdrai pas de vue les voies de communication, chemins de fer et tramways
a rétablissement desquelles les cantons de l’arrondissement sont intéressés, en même
temps que je m’efforcerai d’assurer un meilleur mode de nomination des experts des tabacs
et de faire aboutir le projet d’amélioration de la navigabilité de la Dordogne, depuis
Libourne jusqu’à Souillac.
lei est, chers Concitoyens, mon programme.
Il s’inspire de mon attachement à notre pays Sarladais, de l’esprit de justice et d’éauité
sur lequel est baéée la République,
Dr SARRÀZIN,
Licencié en droit, Maire de Sarlat,
Vice-Président du Conseil général,
Député sortant.
- , vÿr-v.
— - __ — « — —— — « — - - — « - —
DOUBS
Circonscription de BAUME
M. le marquis de MOUSTIER
Elu au 1er tour de scrutin. — 7,937 voix.
Mes chers Concitoyens,
En 1889, un homme politique, qui prétend jouer en ce pays le rôle de chef du parti
républicain, résumait et caractérisait ainsi, en Tapprouvant, tout mon programme poli-*
tique :
La République pour gouvernement;
La liberté pour moyen ;
Pour but, le progrès et la moralité de la démocratie française.
Vous aurez à décider, le 21 avril prochain, qui, de lui ou de moi, a manqué à ce pro¬
gramme d’union et de liberté, autour duque^s'étaient groupées, il y a treize ans, toutes les
forces du parti républicain dans ^arrondissement de Baume, moins la plus infime des
minorités, /
C’est à la politique et au candidat de cette minorité que M. le sénateur Bernard se rallie
aujourd’hui.
Personne n’osera dire que, depuis treize ans, le Gouvernement de la République n’a
pas été assuré de mon plus constant loyalisme.
Je resterai, vis-à-Yis des institutions républicaines, un serviteur aussi franc et aussi
dévoué que je Lai été jusqu’ici, de Raven môme de mes adversaires.
Je pense, comme il y a treize ans, que, dans une République et dans une démocratie, le
levier de toutes les réformes doit être la liberté. Ma conduite politique, pendant tou le la
législature qui vient de finir, vous a démontré que je ne vous fais fias là une vaine pro¬
messe, car tous mes actes ont été dictés par cette déclaration.
Je crois avoir toujours donné la preuve de l’intérêt passionné que je porte au progrès
de la démocratie, tant par mes votes à la Chambre que par l'action que j’ai constamment
exercée au milieu de vous, en faveur du développement de toutes les oeuvres de mutualité,
de progrès agricole et social, et d’assistance.
J1 ai montré aussi, en tonte dreona tance, le respect que je professe pour les libres déci¬
sions du suffrage universel*
Je proteste, de la façon la plus énergique, contre les moyens que je vois employer par
certains partis ou par certains hommes pour le démoraliser.
C’est le démoraliser, en effet, que de ne pas lui parler clairement et franchement et
de doser habilement ses déclarations politiques, suivant le canton, la commune ou rélec¬
teur qui vous écoutent.
C’est le démoraliser que d’abuser de l’autorité précaire qu’on possède pour inquiéter
les fonctionnaires qui font leur devoir; que de répandre dans une circonscription électorale
— 244 —
des promesses souvent contradictoires et trop abondantes, en tout cas, pour qu’on puisse
faire honneur aux engagements qu'on a pris.
il n’est pas moral, non plus, d’exagérer les moyens d’iniluence, fort limités souvent,
dont oo dispose, pour mieux tromper le corps électoral.
Quant à la charité, elle ne saurait se justifier que si elle est un ac:te constant et désin¬
téressé dans la vie d'un homme, mais vous réprouvez tous cette générosité intermittente
qui fleurit seulement dans les années de printemps électoraux*
J’aurai à peine besoin, je pense, d’insister auprès de vous sur les solutions politiques,
financières ou économiques, auxquelles je donnerai mon concours résolu.
Sous ce rapport, mon passé vous répond de mon avenir.
Je repousserai toute mesure qui porterait une atteinte, directe ou indirecte, à la liberté
d’instruction et à la liberté religieuse. C’est dans une pensée semblable que j’ai voté la
réforme de l’impôt des successions, et, si je m’y arrête, c’est afin de montrer que le parti
auquel j’appartiens ne recule pas à prendre l’initiative utile des réformes*
La loi des boissons, excellente dans ses intentions, a provoqué de justes réclamations
de divers ordres.
il en une qui touche particulièrement un grand nombre d’entre vous, c’est la régle¬
mentation du privilège des bouilleurs de cru, que l’on avait promis de respecter*
Je crois que, sous ce rapport, vos représentants doivent intervenir énergiquement pour
s’opposer à toute mesure qui restreindrait le droit des bouilleurs de cru et les soumettrait à
d’intolérables inquisitions.
Au demeurant, ce serait vous tromper que de vous promettre, au point de vue
financier, des réformes sérieuses et rapides, si le Parlement ne s’occupe pas, avant tout de
prendre des mesures énergiques pour rétablir un équilibre réel et sincère dans le budget
de l’État*
Ce n’est pas avec des budgets en déficit, comme ceux de ces dernières années, que l’on
entreprend un vaste programme de réformes financières.
Vous reconnaîtrez ceux qui cherchent sincèrement à faire aboutir ces réformes, au
zèle qu’ils apporteront à restreindre les dépenses et à travailler à ramener les excédents
de recettes.
Pour atteindre un but aussi nécessaire, je défendrai, avec la même fermeté, les antres
libertés nécessaires contre les attaques qu’elles auront à subir.
Au point de vue financier* je me suis prononcé, il y a quatre ans, contre la formule de
Pimpôt global et progressif sur le revenu, avec une déclaration et une taxation qui ne
pouvaient être que vexatoires*
Le temps a fait rapidement justice de cette conception* Mais je reconnais qu’il est
nccesaire de remanier profondément le système actuel des contributions directes et d’y
introduire plus d'égalité, plus d’équité, plus de justice.
Je reconnais qu’il est nécessaire d’atténuer certaines des impositions indirectes qui
pèsent sur les objets de consommation de première nécessité.
Nous n’hésiterons pas à demander que l’on restreigne et que Pon supprime, s’ille faut,
l’initiative parlementaire en matière d’ouvertures de crédits.
Tous les partis ont inscrit dans leur programme les lois de progrès social. L’une des
plus importantes, celle des retraites ouvrières, a échoué dans la dernière législature; nous
aurons à la reprendre avec la volonté de la faire aboutir, mais nous refusons à l’État le rôle
d’assureur universel ; nous repoussons l’obligation pour l’ouvrier de faire des versements
pour la retraite, et nous pensons que c’est aux mutualités qu’il faut s’en remettre pour
l’organisation des caisses de retraites.
L’État ne doit intervenir que pour apporter aux mutualités son concours, ses encoura¬
gements et contrôler leurs opérations.
Au point de vue militaire, la prochaine Chambre sera saisie des projets de réduction du
service*
_ 245 - N° 1162
Il n’est personne qui ne se déclare tout au moins séduit par la perspective de cette
Vive la République !
Marquis de MOOSTIER, Député sortant,
Candidat républicain progressiste ou libérai.
lr6 circonscription de BESANÇON
M. BEAUQU1ER
Élu au 1er tour de scrutin. — 6.é65 voix.
Mes chers Concitoyens,
seront pas réalisées.
Je crois pouvoir me
aux plus importantes.
aux mus iiuuui laiiLca* .... .
D'abord la décentralisation, qui comporte la simplification des louages si c inoisem i
compliqués de notre administration î la réduction du nombie des fonctionnaires, o
l'armée va toujours augmentant, et la restitution aux pouvoirs locaux de toutes les at li¬
bations dont l'État les a dépouillés. Cette réforme capitale, dont les conséquences son
incalculables, et qui réaliserait des économies considérables, se formule ainsi « a 'ta es
seuls intérêts nationaux, aux régions et aux communes les intérêts régionaux et coin mu
Le service militaire réduit à deux ans, avec la suppression de toutes les dispenses ainsi
que Tappel inutile des 13 jours.
La séparation des Églises et de l'État, que j'ai votée chaque année, à chaque gis a ure.
L’enseignement interdit aux ecclésiastiques de tout ordre, prêtres ou congréganistes,
en d'autres termes, la faculté d'enseigner exclusivement accordée aux instituteurs ou pru
fesseurs laïcs en possession de grades universitaires.
L'impôt global et progressif sur le revenu.
Les retraites pour les travailleurs des villes et des champs, quand la vieillesse ou es
infirmités leur ont enlevé leurs forces.
L’égalité des hommes et des femmes (levant le Code civil
Depuis bien des années déjà, je m’efforce par tous les moyens en mon pouvoir de
faire prévaloir l’idée de l’arbitrage occasionnel ou permanent pour tous les différends qui p ^
vent surgir entre les nations, et qui, si souvent, sont des causes de guerres aussi ruineuses
qu’absurdes, Jo continuerai à persévérer dans cette voie pacifique, encouragé par les pro¬
grès indiscutables déjà accomplis dans les esprits* sinon dans les faits*
En ce qui concerne plus particulièrement les intérêts de Besançon, et notamment ceux
do notre industrie horlogèresi malheureusement éprouvée, je continuerai à les défendre et
aies favoriser, comme j’ai toujours fait, quoi qu’en puissent dire mes ennemis politiques,
que je mets au défi de fournir la preuve du contraire*
Électeurs,
Vous savez, pour l’avoir constaté par vous-mêmes, que mes promesses sont sincères et
que mes votes ont toujours été conformes à mes engagements; — il n’a manqué jusqu’ici à
ces réformes qu’une majorité pour les faire aboutir* La seule chance que vous ayez de les
voir réalisées, c’est de continuer à envoyer au corps législatif des députés qui soient de
fermes républicains, et j’aime à croire que vous me comptez au nombre de ceux-là-
Vive la République réformatrice!
Ch* BEAUQUIER, Député sortant*
2e circonscription de BESANÇON
M. JANET
Élu au Ier tour de scrutin* — 7.028 voix*
Mes chers Compatriotes,
Cédant aux sollicitations qui m ont été adressées par votre député sortant, la presque
unanimité de vos conseillers généraux et d’arrondissement et par un grand nombre de
maires de la circonscription, j’ai accepté l’honneur d’être le porte-drapeau du vieux parti
républicain*
Comme Gambetta, comme Jules Ferry, je suis partisan d’une République ouverte à
tous les hommes de convictions sincères qui s’y rallient sans arrière-pensée, prêts à la
défendre contre tous ses ennemis.
Suivant la belle expression de M Waïdecî-Rousseaû, les élections prochaines ramène¬
ront certainement à la Chambre une majorité exempte de tout patronage suspect, une majo¬
rité qui ne cherchera sa force que dans l’appui des républicains* C’est de cette majorité que
je ferai partie si vous me choisissez pour votre représentant*
le réprouve nettement les doctrines collectivistes, qui constituent la plus décevantes
des utopies et dont le triomphe éphémère serait certainement suivi d’une violente réaction.
Plein de déférence pour l’armée nationale* à laquelle j’appartiens en qualité de chef
d’escadron d’artillerie territoriale, j’estime qu’elle doit rester en dehors et au-dessus de
tous les partis, se bornant à travailler en silence à la grandeur de la Patrie.
Je serai respectueux de toutes les convictions religieuses et partisan de la liberté de
conscience la plus absolue, mais je combattrai toujours l’ingérence du clergé dans les ques~
tiens politiques*
— 247 -
n° tm
Je me prononcerai en faveur de la liberté' dVnseignement, ce qui veut dire que ]e serai
liustile à rétablissement du monopole de l'État en cette matière.
Je voterai la suppression des impôts directs et leur remplacement par un impôt sage¬
ment progressif sur le revenu, qui ne demandera rien à la misère, demandera peu à la
petite aisance et davantage à la richesse.
Je réclamerai la création, pour tous les travailleurs vieux ou infirmes, d'une retraite
qui leur permettra de finir dignement une vie de labeur, sans tomber à la charge de la
charité publique.
Je suis partisan de la plus large réduction delà durée du service militaire, compatible
avec les nécessités de la défense nationale.
j’estime qu'il faut arriver à une diminution importante des frais de justice et à une
grande simplification de la procédure.
Je voudrais que les prestations, au lieu d’être réparties brutalement par tête, le soient
d’après les facultés contributives "de chacun, c’est-à-dire au centime le franc.
J’insisterai pour que l'application delà loi sur les boissons soit faite avec la plus grande
tolérance possible, en laissant aux cultivateurs toutes les facilités pour distiller librement
les produits de leur récolte*
Je soutiendrai tontes les dispositions de nature à apporter un allègement aux charges
des familles nombreuses.
Je m'efforcerai de venir en aide à l'agriculture, qui traverse actuellement une si pénible
crise, par le développement de l'association, de renseignement professionnel, l'organisation
du crédit rural, Ja réduction des droits de mutation sur les petites ventes. L'amélioration du
sort du cultivateur sera Tune de mes pkis constantes préoccupations.
Je fais appel, pour la réalisation de ces réformes, à l'ensemble du parti républicain,
estimant que, dans notre grande famille démocratique, il peut bien y avoir des divergences
secondaires, mais jamais de divisions profondes.
D'origine franc-comtoise, connaîsssant depuis longtemps vos besoins, vos inspirations,
mis par mes fonctions administratives en contact constant avec l'ouvrier et le paysan, je
serai heureux de consacrer toute mon activité à la défense de vos intérêts.
Si vous m’accordez vos suffrages, je me donnerai tout entier à mon mandat de député
et viendrai habiter au milieu de vous, chaque fois que les travaux parlementaires me le
permettront. Ma porte vous sera largement ouverte et je mettrai à votre disposition toute
ma bonne volonté comme toute mon influence.
Vive la République démocratique!
Léon JANET,
Ingénieur en chef au Corps des Mines,
Chef d'escadron d'artillerie territoriale, chevalier de la Légion d'honneur,
Conseiller municipal de Saint-Vit, candidat républicain démocrate.
Circonscription de MONTBÉLIARD
M, BORNE, élu Sénateur, remplacé par M, RÉVILLE.
Voy. Elections partielles.
Circonscription de PONTARLIER
M. Georges GROSJEÀN
Elu au 2e tour de scrutin, — 6.ÛS5 voix.
Mes chers Concitoyens,
IJai l’honneur de solliciter vos suffrages.
Pour la seconde fois depuis peu d'années, la France traverse une crise humiliante.
Si ce fut sa vieille honnêteté qui protesta contre les scandales du Panama, c'est son bon
sens autant que son patriotisme qui ont jusqu'ici résisté* à la campagne antinationale que
seconde et dirige un ministère à la naissance duquel a présidé Dreyfus.
Le premier de ces crimes, qui est resté impuni et qui fut h peine et trop tard flétri,
n'était qu'un vol ; — le second, c’est la trahison favorisée. Naguère, il s'agissait seulement
de nous appauvrir ; on veut maintenant nous dégrader, nous livrer et nous ruiner.
Depuis trois ans, la Nation — la vraie, celle qui travaille et n’agiote pas — repousse avec
dégoût la politique sectaire et haineuse d’une coterie en possession du pouvoir et qui
essaie de confondre les destinées de la République avec les siennes.
Je n’ai pas à rappeler ici la suite trop longue de leurs attentats contre la Liberté et
contre la Patrie, dont consciemment ou non ils ont amoindri la dignité et la sécurité.
La parole va être donnée dans quelques jours au Pays, Vous aurez a dire ce que vous
pensez du passé et ce que vous voulez pour l'avenir;
Quant à moi, je vous dois un programme, mais les grandes lignes seules en peuvent
être profilées dans le cadre étroit d'une profession de foi.
Si loin que je remonte vers mes plus anciens souvenirs, je ne me connais que répu¬
blicain : je suis tel par les origines et par la réflexion. Nul ne f erait plus que moi résolu à
défendre la République, si elle était menacée.
Mais je prétends que la République soit démocratique et française.
Elle doit être la chose de tous les citoyens, non l'abri momentané d'étrangers qui y par*
lent en souverains, ouïe patrimoine de nouveaux venus, a peine et trop facilement natu¬
ralisés.
La République sera libérale. Elle aura le respect de tous les cultes, sans permettre à
aucun d'empiéter sur la souveraineté de l’État, et sans tolérer encore moins l’ingérence des
sectes dans toutes les mesures du Gouvernement. Elle gardera bien d'attribuer à l'Univer¬
sité un monopole dont ceUe-ci serait la première victime. Toutes les associations seront
égales devant la loi et dans la liberté. Je revendique pour tous les citoyens le droit de
penser et d'agir selon leurs convictions et leurs croyances, et celui, plus sacré encore, de
dernier une éducation de leur choix à leurs enfants, sans exposer ceux-ci à se voir plus
tard, contrairement aux principes de la Déclaration des Droits de l'homme, refuser l'admis¬
sion aux emplois publics.
Pour conserver la paix, il faut être forts. Le souci d’institutions militaires qui soient
solides, mais qui soient légères autant que possible a la Nation, me conduit à vouloir le
servir d'un an obligatoire pour tous, combiné avec l'organisation d'un corps de vétérans.
Ce système de recrutement nous donnera, avec de bonnes réserves, une année de choc
excellente.
Le collectivisme est une erreur allemande dangereuse. Tout ministère qui le consacre,
sous quelque prétexte que ce soit, comme parti du Gouvernement, eu faisant place à Tun de
ses représentants, doit être sur l'heure renversé.
N" 4162
— 249 —
Les problèmes sociaux doivent être abordés avec un sentiment profond de solidarité,
loyalement, généreusement, bravement. Les sociétés libres, telles que les mutualités,
offrent une'solution à bien des questions douloureuses. Il faut leur donner une législation
pratique qui aide à leur développement continu.
Organiser sur de meilleures bases la collaboration nécessaire du travail et du capital
est désormais le premier devoir des parlements. Le sort des ouvriers sera amélioré par la
constitution de caisses de retraite et de chômage. Il ne faut pas différer non plus à donner
aux syndicats professionnels une bonne loi qui leur permette de devenir propriétaires. Il est
temps aussi de défendre les salaires contre la concurrence étrangère. Est-il juste que ^ou¬
vrier étranger, qui est dispensé du service militaire, continue à prendre chaque année un
milliard de salaires à la France?
L’agriculture succombe sous le poids des charges fiscales. Elle doit être soulagée immé¬
diatement. Il faut remanier l’impôt des prestations ainsi que la taxe foncière, et supprimer
l’impôt hypothécaire. Les formalités judiciaires pour les ventes d’immeubles sont longues et
onéreuses. Il importe d’y substituer une procédure rapide et peu coûteuse. La sécurité du titre
foncier doit être assurée par la création du Grand-livre de la propriété foncière.
En pacifiant le monde du travail, on rendra à l’industrie la sécurité dont elle ne peut
se passer.
Le taux excessif des transports dits d’exportation en chemin de fer est l’une des causes
les plus certaines de l’infériorité de notre grand commerce. On pourrait le réduire de
moitié. Je m’efforcerai de lui donner cet avantage.
La condition première de toute réforme, si modeste soit-elle, est dans le rétablissement
de l’ordre financier. Pour réaliser celui-ci, des mesures énergiques ne peuvent plus être
différées. Il ne suffit pas de les concevoir ; il faudra les appliquer sans pusillanimité ni fai-
b 1 6 S S 6 „
Il sera expédient de limiter l'initiative parlementaire en matière de crédits : je voterai
cette réforme.
Une surveillance plus exacte dans la réception des marchés passés par les grandes
administrations publiques ; un contrôle plus minutieux des déoenses de la guerre et de la
marine, donneraient des économies considérables : je les exigerai.
La suppression de toutes les fonctions inutiles, en tenant compte des droits acquis, est
dans le vœu de tous : je la réclamerai.
La diminution, dans une très large mesure, des traitements fastueux dont jouissent
certains fonctionnairesj tels que les trésoriers-payeurs généraux, permettra d assurer à
maints petits employés des retraites proportionnelles ou une amélioration de leur sort : je
poursuivrai ce résultat sans, me lasser.
L'impôt sur les revenus est en principe juste et équitable, mais les moyens d appli¬
cation pratiques en sont difficiles. 11 ne faut pas que cette taxe soit inquisitoriale ni que,
reposant sur la déclaration, elle laisse échapper ces fortunes mondiales dont l'action se fait
sentir partout et qui ne sont situées nulle part. Un impôt direct sur les signes extérieurs
de la richesse obtiendrait mon suffrage.
Une refonte de l'organisation administrative et judiciaire est urgente. 1 en présenterai
et défendrai le projet devant la Chambre.
L’œuvre réformatrice qui s’impose à la bonne volonté et au courage de vos représen¬
tants doit être complétée par une réforme parlementaire prudente, maie sérieusement
voulue!
Je demeure partisan du régime représentatif, mais je veux qu’il soit de plus en plus
inspiré de l’esprit de la démocratie française, qui tend toujours vers l'ordre* la liberté et le
progrès.
Le vote obligatoire et la représentation des minorités feraient vraiment de la Chambre
l'image du pays légal. La réduction du nombre des députés et l'interdiction du vote par pro¬
curation sont des bienfaits dont on reconnaît la nécessité et 1 urgence, L élection des députés
au scrutin de liste élèverait le niveau des caractères et des intelligences dans la Chambre,
32
— PO —
La compétence des assemblées départementales et communales doit être étendue. Le
cumul des mandats do député ou de sénateur avec celui de conseiller généra] est a prohiber,
— ^appuierai toute proposition qui aurait pour objet l’eusemble de cet arrondissement et
sa prospérité seront Pubjet de toute mon étude et de mes plus persévérants efforts.
Électeurs, mes ehers Concitoyens,
Nous luttons pour la Patrie et pour la Liberté. Cette pensée soutient notre constance,
La République que nous voulons est celle dont rêva Gambetta : secourable et propice aux
humbles ; rude et incommode aux traîtres7 aux concussionnaires et à leurs complices; juste
envers tous ; pacifique mais armée pour la Paix.
Vive la Nation 1
Vive ia France î
Vive la République l
Georges GROSJEÀN,
Ancien juge au Tribunal de Versailles,
Candidat républicain libéral, antiministériel.
— 251 —
W° 1162
DROME
Circonscription de DIE
M. FERRÏER
Élu au 2° tour de scrutin, 7.674 vois.
Citoyens,
Cédant à ^initiative d'un grand nombre d’arais républicains de tous les cantons de
Farrondissement de Die m'encourageant à poser ma candidature à l'élection législative du
27 avril 19Ü2, je viens me présenter à vous et vous demander vos suffrages.
Électeurs,
Vous me connaissez tous: fils d'ouvrier, ouvrier moi-même, depuis quarante afisje
travaille pour l'agriculture, c’est-à-dire que la profession que j’êxeree se lie intimement à
cette industrie- Les perfectionnements apportés dans la fabrication de mes instruments
agricoles, les travaux importants de viticulture que j'ai fait exécuter ont été l'objet de nom¬
breuses récompenses dans les concours, les comices agricoles, et de la part des sociétés
d'agriculture.
Le 31 décembre 1888, j'ai été fait chevalier du Mérite agricole.
En dehors de cette profession, l'exerce depuis plus de trente ans des fonctions publi¬
ques et gratuités.
Depuis trente-quatre ans, sans interruption, je suis vice-président ou président de la
société de secours mutuels <r La Fraternité », en môme temps que président de la société de
retraites des sapeurs-pompiers.
En récompense des services rendus à la cause mutualiste, j'obtenais, lors du passage
du regretté président Carnot à Valence, la médaille d'argent de la mutualité et, le 14 juil¬
let 1900, au nom du Président de ta République, k médaille d'or qui est la plus haute
récompense décernée aux mutualistes.
Je veux donc placer en tête de mon programme :
1" Mesures tendant à favoriser le développement de la mutualité que je crois être le
meilleur moyen pour préparer la solution des graves problèmes sociaux de notre époque.
2Q Réduction du service militaire à deux ans, égal et obligatoire pour tons.
8° Empire colonial : assez de possessions lointaines, plus d expansion; notre empire
est assez vaste, sachons coloniser ; ne faisons pas toujours le jeu de nos adversaires et
favorisons nos nationaux.
4° Retraites ouvrières. — Nous sommes partisan d assurer dans des conditions pra¬
tiques les retraites à la vieillesse.
11 faut faire là une large part à l’esprit humanitaire qui doit nous engager à nous
porter une aide réciproque et bienveillante : l’ouvrier des champs, comme l'ouvrier de
— 2S| —
Batelier, qui a créé et produit sa vie durant, doit avoir du pain sur ses vieux jours, lorsque
ses forces le trahissent.
5e Respect absolu de la propriété individuelle,
6° Dégrèvement de l'impôt foncier; arriver à des tarifs protecteurs qui nous permet¬
tent de lutter contre la concurrence étrangère,
7° Impôt sur les revenus du capital ; alléger les revenus du travail, demander davan¬
tage au superflu, moins à l’utile, et rien au nécessaire» à l’indis pensable, selon le projet de
Phonorable Léon Bourgeois,
Choix des fonctionnaires.
9° Faire observer le Concordat ou le dénoncer pour arriver à la séparation des Églises
et de l’État.
10° Suppression des périodes des 28 jours ou réduction à la moitié de la durée,
11° Accessibilité gratuite de l’enseignement secondaire et supérieur par de nombreuses
bourses délivrées aux enfants pauvres intelligents.
Membre du Comité exécutif de la Fédération de la Drôme, j’ai voté, dans la mémo¬
rable journée du 29 septembre 1901, tous les vœux présentés à rassemblée générale. Vous
me verrez toujours marcher de Pavant pour la réalisation des réformes attendues par les
travailleurs.
Électeurs,
Au 20 janvier 1901, les électeurs de la ville de Die m’ont élu conseiller municipal ; le
21 juillet suivant, c’était le canton qui m’envoyait siéger à rassemblée départementale et,
à la session d’août, mes collègues du Conseil général me nommaient membre de la Com¬
mission départementale.
À vous, électeurs de l'arrondissement, de me venger de tontes les calomnies dont paï
été abreuvé pour avoir soutenu la politique de mon ami Louis Blanc,
Chers Concitoyens,
Rappelez-vous qu’à la veille d’une élection, les belles paroles d’un candidat, les pro¬
grammes sont quelque chose quand les promesses sont tenues; mais, au-dessus. Il faut
envisager aussi le passé du candidat.
Je vous donne comme garantie trente années de dévouement à la démocratie. Ma vie
politique est pure, sans tache, sans défaillance, sans compromission, n’ayant jamais changé
mon fusil d’épaule.
À vous de juger si, par ma conduite passée, je suis digne d’obtenir vos suffrages.
Croyez bien que, quoi qu’il advienne, je serai toujours un fidèle serviteur de la Répu¬
blique.
FERRIER Adolphe, Conseiller général,
Membre de la Commission départementale et du Comité exécutif
de la Fédération de la Drôme,
— 253 —
Nû 1162
Circonscription de MONTÉLIB1AR
AL Antoine GRAS
Éiu an VT tour de scrutin» — 8,759 voix.
Electeurs,
Je viens, pour la troisième fois, poser ma candidature à la députation.
Je me présente sous le couvert et les auspices du ministère Waldeck-Rousseau, dont
l’avènement aux affaires, dans les circonstances quasi tragiques que tout le monde connaît,
a rendu un service immense, à la République et à la Patrie. Ledit ministère, en effet, après
avoir mis à la raison les fauteurs de désordre et de coups d’Etat, s’est mis résolument à
l’œuvre et a fait adopter par la Chambre un grand nombre de lois, d’une importance consi¬
dérable, telles que lès lois ouvrières, la réforme hypothécaire, les lois sur les successions,
les boissons, les associations, etc., etc. On peut ajouter qu’il a sagement administré les
finances de l’État, et qu’au point de vue diplomatique, son action a été aussi habile que
prudente,
G’ost donc avec raison que tons les républicains dignes de ce nom, se sont fortement
groupés autour de lui.
Mon programme est le suivant :
Service militaire réduit à deux ans, avec suppression des dispenses.
2° Impôt global et progressif sur le revenu.
r Caisse de retraite pour les travailleurs âgés ou invalides,
îf Nationalisation de certains grands services publics, comme la Banque de France,
le? chemins de fer, les mines, etc.
5° Dénonciation du Concordat, c’est-à-dire l’Église libre dans l’Etat libre.
6° Abrogation de la loi Falloux.
Application de la loi sur les associations.
8° Épuration des fonctionnaires*
9° Subordination du pouvoir militaire au pouvoir civil.
1Û° Réformes agricoles, canaux du Rhône, etc.
On dit que je veux détruire la propriété, la religion, P armée, la Patrie; autant d’absur¬
dités, autant de calomnies.
La propriété : Je sois l’ennemi déclaré du collectivisme et le partisan résolu de la
propr i été i n cl ivi d ne 1 1 e .
La religion : Je combats l’Église en tant que pouvoir politique qui voudrait dominer le
monde et opprimer les consciences, mais j’ai le profond respect du sentiment religieux,
aussi vieux que le monde, du sentiment religieux, pur et sublime élan de Famé vers la
divinité.
L’armée : Je me suis, occupé spécialement, à la Chambre, de questions militaires. Je ne
veux pas, il est vrai, d’une armée de conquêtes à outrance, de coups de force et de coups
d'État ; mais je respecte l’armée en tant qu’elle se consacre exclusivement à la défense de
aos frontières, de nos foyers et de nos institutions.
LaPatrie : descendant de ceux qui, en 92, ont repoussé l'Europe entière coalisée contre
nous et sauvé la Patrie, la Patrie m’est sacrée, et je lui appartiens tout entier, corps et
âme. Les ennemis de la Patrie sont plutôt les descendants des émigrés, de Quîberon et de
Coblentz, des traîtres de 1815 et de 1870.
2S4 —
Électeurs,
Le nationalisme, ramassis dè toutes les réactions coalisées contre la Démocratie et la
République, ne craint pas, par ses provocations insensées et criminelles, de pousser à la
guerre avec P étranger; le nationalisme médite et rêve de faire revivre les guerres de reli¬
gion, dont le souvenir est présent à toutes vos mémoires; le nationalisme s'agite désespé¬
rément dans toute la France et tente un suprême effort pour renverser et détruire le magni
tique édifice élevé, au prix de tant de labeurs, par nos pères de 80.
Donc, haut les cœurs 1 Debout, tous, républicains et patriotes, pour défendre, avec la
dernière énergie, nos libertés menacées et la Patrie en danger!
Vive la Patrie Républicaine !
Vive la République démocratique I
A. GRAS.
Circonscription de NYONS
M. L. BERTRAND
Elu au 2e lourde scrutin, — /g. 657 voix.
Chers Concitoyens,
De nombreux républicains de nos cantons ont vivement insisté auprès de moi pour me
décider à poser ma candidature, convaincus que je pourrais déterminer la Victoire prochaine,
qui sera pour l'arrondissement de Nyons une véritable délivrance, en sortant résolument,
dans la lutte contre la réaction, le drapeau de la République,
3’aurais pu décliner un honneur; je ne pouvais me dérober à l'accomplissement d'un
devoir, et je réponds à l'appel qui m'a été adressé.
Électeurs républicains.
Vous me connaissez. Voilà près de trente ans que, sans défaillance, je défends au milieu
de vous les idées franchement démocratiques.
En 1876, en plein Ordre-Moral, je luttais déjà dans une élection à la Chambre des
Députes contre M. le comte de Suarez d'Aulan et je ralliais sur mon nom près de 4.0ÜÛ süfj
frages.
Deux foisj en 1880 et en 188ô, je l'ai battu, dans son propre canton, à une très forte
majorité, aux élections du Conseil général# et tout récemment encore les partisans du Députe
actuel, sûrs de la défaite, n'ont pas même osé engager la lutte contre moi h l’élection dépars
temeutale du 15 décembre dernier.
Ce sont là dés antécédents politiques et d'heureux présages du meilleur augure qui
doivent nous inspirer à tous courage et confiance.
A la coalition des monarchistes et des réactionnaires de toute couleur qui ne réCüdeflt
devant aucun moyen pour tromper le pays et s'affublent même d’ün masque républicain, il
faut opposer plus que jamais l'union étroite de tous les démocrates, combattant à arnteS
loyales, à visage découvert, et répudiant la corruption par l'argent, aussi déshonorante pour
l'électeur que pour l'élu.
_ _
N° 1162
— 2S5 —
Les décisions du Congrès de Nyons, qui assurent T union et la discipline, sont d'ailleurs
Je plus sûr garant do la déroute finale de nos adversaires.
Mon. programme est celui que toute la démocratie delà Drôme a sanctionné au Congrès
départemental du 29 septembre dernier, et que depuis 1871 nos représentants fidèles ont
invariablement soutenu. C'est celui de nos dévoués Sénateurs et Députés républicains dont
je m'honore d'être l'ami*
Trois réformes me paraissent s'imposer, avant toutes les autres, à la législature pro¬
chaine. '
C'est d'abord la réforme démocratique de l'impôt, qui, en étendant à tous les revenus la
forme progressive déjà adoptée pour les successions, permettra de dégrever notablement les
petits contribuables et tout particulièrement les populations rurales.
C'est ensuite, pour alléger les charges qui pèsent sur la nation, la réduction du service
militaire limité à deux ans et égal pour tous, sans dispense d’aucune sorte, sauf pour les
véritables soutiens de famille.
C'est, enfin, la loi sur les retraites en faveur des vieux travailleurs qui devra donner le
pain des derniers jours non seulement aux ouvriers des villes, mais encore à ceux des
champs et aux petits propriétaires de nos campagnes dont j’ai à cœur de servir à tous égards
les intérêts*
Pour accomplir ces grandes mesures, auxquelles il convient d'ajouter la défense résolue
de notre enseignement laïque, il importera d'assurer l’union du parti républicain autour
d'un Ministère stable, énergique, décidé à poursuivre sans trêve la sécularisation complète
de PÉtat, garantie de l'indépendance de la société civile et sauvegarde de la liberté de
conscience.
Citoyens,
Contre tous les factieux, monarchistes, nationalistes ou autres, qui foulent aux pieds la
Constitution, calomnient les pouvoirs publics, outragent le chef respecté de l'État, cherchent
à réveiller les passions religieuses pour les exploiter, provoquent sans cesse ia perturbation
et le désordre, veulent la guerre, unissons-nous, républicains des cantons de rfyons, du Buis,
de Remuzat et de Séderon, oublions tome rivalité locale, toute préférence personnelle, et ne
songeons qu'à fortifier le Gouvernement de la République dont le maintien est indissoluble¬
ment lié à la prospérité nationale, à la paix générale et à la grandeur de la France I
Vive la République démocratique I
Lucien BERTRAND,
Propriétaire à Séderon, conseiller général
de la Drôme.
1™ circonscription de VALENCE
M. MÀURICE-FAÜRE, élu Sénateur, remplacé par M* MAL1ZÀRD.
Voy\ Élections partielies*
— 256 —
241 circonscription de VALENCE
M. Charles C1IABËRT
Elu au lçr tour de scrutin. — 10,903 voix.
Citoyens,
Vous êtes appelés à exercer le droit suprême que vous confère le suffrage universel,
c’est-à-dire à manifester votre sentiment sur la direction à donner aux affaires du pays.
Partout, les pires ennemis de la République essaient par îa puissance de l’argent autant
que par la calomnie et l'injure, de jeter le trouble daus les esprits et de déconsidérer tous
ceux que la démocratie honore de sa confiance.
Ils se disent audacieusement les seuls patriotes, les seuls républicains, comme si le
patriotisme était leur monopole et comme si tous leurs actes ne donnaient pas un éclatant
démenti à leur- prétendue conversion républicaine.
Mais vous ne sauriez être dupes de manœuvres aussi perfides. Vous prouverez qu'à vos
yeux l’avenir et la grandeur de la France reposent sur raffermissement et le développement
de la République ; que vous avez horreur des aventures et des coups d'État, et que vous
entendez au contraire fortifier le libre régime qui a su remédier aux fautes de l'Empire,
reconstituer nos belles armées de terre et de mer, relever notre pays aux yeux du monde, eî
lui procurer trente années de paix et de prospérité.
Deux partis sont en présence ; d’un côté, la coalition monarchiste et cléricale, déguisée
sous le faux nom de nationalisme qui, comme au Seize-Mai et au temps du boulangisme,
prépare un nouvel assaut de la République. — De Fautre, le bloc des républicains sincères
qui, étroitement unis, n'ont jamais cessé de combattre pour le progrès démocratique, pour
les réformes sociales, et pour une politique énergique de défense et d’action républi¬
caines.
C'est entre ces deux partis que vous aurez à vous prononcer.
Convaincu d’avoir répondu à vos aspirations les plus ardentes, persuadé d'avoir fidèle¬
ment suivi le programme que vous avez acclamé sur mon nom, en 1899, par plus de
10,000 suffrages, je n’hésite pas à vous demander le renouvellement de mon mandat.
Les questions qui doivent attirer plus particulièrement l'attention, et dont la solution
s'impose à bref délai, sont les suivantes :
1° Abrogation de la loi Falloux;
2 Respect absolu de la liberté de conscience et. comme conséquence, laïcité complète
de l’État j
3° Impôt progressif sur le revenu, sans vexation ni inquisition;
h° Abaissement à deux ans de la durée du service militaire obligatoire pour tous sans
exception, sauf pour les véritables soutiens de famille; — réduction, si ce n’est suppres¬
sion, des périodes de 28 et 13 jours; — interdiction de soumettre les réservistes aux
fa ligues dos grandes manœuvres;
5" Suprématie absolue du pouvoir civil sur tous les autres pouvoirs;
6 Lois d assistance et de solidarité sociales ; — Institution de caisses de retraites pour
tous les travailleurs des villes et des campagnes; — Création d’asiles pour ies vieillards
infirmes ou nécessiteux;
7a Maintien et développement des syndicats professionnels;
N° H 62
— â57 —
8° Développement des sociétés de secours mutuels, attribution de subventions plus
importantes^^ ^ ^ magisLratures simplification d u Code de procédure, diminution des
frais de justice, extension de la compétence des juges de paix;
10” Décentralisation administrative, extension des franchises communales, réduction
du nombre des emplois publics, interdiction du cumul des fonctions salariées, recrutement
des fonctionnaires parmi les républicains sincères seulement;
li° Réduction des dépenses au strict minimum, tout en tenant compte des besoins de
la défense nationale et des services indispensables de l'État ;
12° Diminution des gros traitements civils et militaires;
13° Protection de Fagriculture et de la sériciculture; — Adoption de mesures plus effi¬
caces pour remédier à la concurrence des produits étrangers;
14® Révision du cadastre;
155 Protection du petit commerce et de la petite industrie contre le monopole désastreux
des grandes sociétés financières et des grands magasins;
16e Amélioration sérieuse du service des grandes Compagnies de chemins de fer et de
celui des tramways départementaux, tant pour les voyageurs que pour les marchandises; —
Extension de notre réseau de tramways par la création des lignes de Romans à Grand-Serre,
par Mours, Peyrios, etc,, et de Saint-VaMer à Beaurepaire, par Anneyron, avec embranche¬
ment de cette localité sur Saint-Rambert;
17° Arbitrage international; — Eu préconiser et en rechercher les moyens d’applica¬
tion 4 Met d’aplanir pacifiquement les différends de peuple à peuple, d’éviter les calamités
de la guerre et de provoquer le désarmement général.
Citoyens,
Vous aurez conscience de votre devoir* Vous vous souviendrez qu’un peuple qui s aban¬
donne à la réaction est voué à la décadence, si ce n’est aux pires désastres, comme ceux de
1870. L’avenir de la France et de la République est entre vos mams,
La politique de nos adversaires se résume en trois mots :
Césarisme! Cléricalisme! Asservissement î
Opposez-leur résolument la nôtre, qui signifie :
République! Liberté de conscience! Affranchissement 1
Notre belle circonscription ne saurait manquer a son passé républicain. Grâce à vous,
elle comptera bientôt un nouveau et mémorable triomphe.
Vive la République démocratique !
Charles GHABERT, Député sortant.
Maire de Saint-Donat, vice-président du Conseil général
de la Drôme.
— 258 —
EURE
Circonscription des ANDELYS
M. Louis PASSY
Élu au leT tour de scrutin — 9*805 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je viens encore une fois solliciter vos bienveillants suffrages.
Dans cette courte déclaration, je n’introduirai pas de programme.
D’abord les candidats font, au moment des élections, des promesses qu’ils ne peuvent
pas tenir et parfois se donnent des opinions qu’ils n’ont pas. Telle n’a pas été ma conduite :
vous me rendrez cette justice. Sous vos yeux et avec votre appui, je suis resté le même:
libéral sous l’empire comme sous la République, défenseur de l’ordre, de la propriété, de
Parmée et du travail national.
J’ai toujours cherché les moyens d’améliorer le sort du plus grand nombre et, person¬
nellement, j’ai toujours été l’ami de tous ceux qui travaillent tt qui souffrent.
Aujourd’hui, en deux mots, voici la situation politique :
Le Gouvernement, pour se faire une majorité parlementaire, a fait une alliance avec
les socialistes et les révolutionnaires et a rompu avec les Républicains modérés et libéraux!
Cette majorité, sous prétexte de réformes, a voulu tout bouleverser à la fois. Le désordre
s est introduit dans les lois, qui sont fabriquées comme des coups d’Érat, pour servir les
uns ou pour nuire aux autres. Le budget de l’État lui-même, dont l’établissement est le
premier devoir du député, s’est achevé en toute hâte par la constatation d’un déficit, le
vote d’un emprunt et la menace d’impôts nouveaux.
Cela suffit pour vous montrer les périls de demain.
Dans cette grave situation, il faut que les représentants du Peuple substituent, à la
politique de division pratiquée par le ministère actuel, une direction nouvelle des affaires
publiques qui garantisse la liberté de tous et la sécutïté désintérêts et assure, parla
paix publique, la prospérité des affaires.
Veuillez m’accorder, encore une fois, les témoignages d’une confiance qui, depuis
trente ans, ne s’est jamais démentie.
Louis PASSY, Député sortant*
— 259
N° 1162
Circonscription de BERNAY
M. Camille FOUQUET
Élu au lor tour de scrutin. — 8.987 voix.
Mes chers Concitoyens,
Depuis dix-sept ans voî libres suffrages m’ont désigné pour vous représenter et pour
défendre vos intérêts au Parlement.
Connaissant la constance de vos sympathies, la fidélité de votre dévouement, je viens
cette fois encore faire appel à votre confiance.
Mon programme ne varie pas.
C’est un programme de tolérance, de respect pour toutes les convictions sincères.
Il m’a été facile de le maintenir, d’autant plus que je me suis senti, dans toutes les
circonstances, soutenu par une communauté de vues, de pensées, d’aspirations qui chaque
jour s’est accentuée davantage.
En effet, nous souhaitons, vous et moi, que, par l’union patriotique de tous, la France
continue sa glorieuse expansion dans le monde.
Ne demandons-nous pas ensemble que notre chère Patrie soit défendue contre la trahi¬
son, quelle que soit la forme qu’elle prenne pour menacer la sécurité du pays?
Ne demandons-nous pas les un3 et les autres que le pouvoir et l’administration
soient également équitables, également bienveillants pour tous les citoyens ?
Ne sommes-nous pas d’accord pour venir en aide à l’indigence, à la vieillesse, à la
maladie, par une législation sagement protectrice; mais sans imposer aux contribuables
des charges écrasantes, sans entraver aucun concours, aucune initiative?
Ne désirons-nous pas que la France cesse enfin d’être livrée à l'exploitation d’accapa¬
reurs et de spéculateurs, dont l’Agriculture, l’Industrie et le Commerce sont journellement
victimes ?
Électeurs,
Souvenez-vous que la forme du Gouvernement n’est pas en cause.
Le débat est plus haut.
11 s’agit de savoir si l’on veut laisser le pouvoir à une secte politique dont le ministère
actuel est l’instrument.
Il s’agit de savoir si la Nation restera à la merci de ceux qui, complices inconscients de
l’étranger, désorganisent notre vaillante Armée, à la plus grande joie de nos ennemis.
Il s’agit de savoir si vous voulez être gouvernés par ces faux démocrates qui, au lieu de
chercher par de sages dispositions à établir la concorde, la confiance, la solidarité entre le
capital et le travail, ne songent qu’à entraîner les travailleurs de la terre et de l’atelier
dans les grèves, dans ces luttes fratricides qui ne peuvent profiter qu’à nos concurrents du
dehors.
Mes chers Concitoyens,
Vous me trouverez toujours résolu à défendre, comme par le passé t
Les intérêts de l’agriculture par toutes les mesures de protection qui lui sont indispen¬
sables, par le maintien intégral du droit des bouilleurs de cru ;
Les intérêts du commerce far la révision de certaines licences, de certaines patentes
qui garantissent mal le petit commerce contre l'empiétement des grands magasins*
*Les intérêts de l'industrie par tout ce qui peut contribuer au développement de son
exportation, par tout ce qui peut maintenir une harmonie féconde entre les patrons et les
ouvriers.
Et ces derniers savent que fai toujours combattu une réglementation tracassière des
heures de travail, auxquelles la libre intelligence, la force physique, les nécessités de l’exis-*
tence doivent seules imposer une limitation raisonnable.
Souvenez-vous encore qu’en ajoutant au budget ordinaire de l’État (3 milliards 602 mil¬
lions) les dépenses des communes (309 millions en 1899)— les dépenses des départements
(79k millions en 190G)?— le budget de l’Algérie (65 millions), — les dépenses des Compaq
gnies de chemins de fer pour le compte de l'Etat (156 millions),— les dépenses des budgets
annexes : chemins de fer de l'État, chemins de fer coloniaux, budgets de la Caisse natio¬
nale d’épargne, des Monnaies et Médailles, budgets de l'Imprimerie nationale, de la Légion
d’honneur, budget de la Caissedes Invalides de la Marine, budget de l'École centrale des
Arts et Manufactures (147 millions), les dépenses accessoires figurant dans divers articles
de la loi de finances pour inscription de pensions de retraite, pour subventions aux che¬
mins vicinaux, aux établissements d’enseignement primaire et secondaire, aux chemins de
fer d’intérêt local (27 millions), — les crédits supplémentaires dont le total s'est élevé
depuis neuf années (1891-1899), en moyenne, à 84 millions par an, défalcation faite des
annulations de crédits; souvenez-vous, dis-je, qu'on atteint le chiffre fabuleux de 5 mil¬
liards 18k millions de dépenses annuelles.
Est-ce le moment, en vérité, de jeter le désordre dans nos finances par des mesures
aléatoires et irréalisables? Je vous en fais juges en vous promettant de combattre toutes les
utopies financières qui ruineraient le pays sans enrichir personne.
Puisse la législature prochaine ouvrir enfin aux cœurs français cet idéal de paix, de
liberté, de fraternité, de tolérance religieuse sans lesquelles un pays ne peut atteindre de
hautes destinées I
Agréez, Messieurs et chers Concitoyens, l'assurance de mes sentiments très profonde*
ment dévoués.
Camille FOUQUËT, Député sortant,
Vice-Président de la Société libre d' Agriculture
de l’Eure (Section de Bernay).
lrô circonscription d’ËVREUX
M. ÏSAMBÀRÛ
Elu au 1er tour de scrutin, — 7/800 voix.
Mes chers Concitoyens,
Vous êtes appelés, au scrutin du 27 avril 1902, à élire un député pour une durée de
quatre ans.
Depuis douze ajis, vous m’avez donne trois fois votre confiance. Je viens encore solli¬
citer vos suffrages, pour rester fidèle au programme de la République démocratique.
M'ayant jamais manqué à ma parole, je ne juge pas à propos d’aller défendre mes actes
— 26 Lt-
N° H 62
dans les réunions publiques. De même je ne répondrai pas aux journaux réactionnaires qui
m at J^compte suMe ' bon sens des électeurs et sur la fermeté du parti républicain si uni, si
«nmVM'pnx K *i groupé, dan3 nos cinq cantons.
Dans cette législature, j’ai fait partie de la majorité qui a soutenu le gouvernemcn de
défense républicaine, formé à la fin du mois de juin 1899, sous la présidence du conseil de
M’ Wj>àfvotéRles8proTets de loi présentés par le Gouvernement, par exemple sur la liberté
des associations et les mesures prises à l’égard de la fortune et de 'enseignement des con-
tlZZ «tic loi ne porte atteinte ni au culte religieux, ni au culte séculier. J’ai repoussé
plusieurs propositions de loi, émanant de l’initiative parlementaire, motions et resolutions,
nui niaient aucune utilité pour la prospérité du pays agricole industrie et commercial
q a la séance du 5 juillet 1901, daus la discussion du projet de loi sur les contributions
directes de l’exercice de 1902, à l’article 3, j’ai voté contre l’amendement Le Moigne, adop é
l'r la majorité de la Chambre. La conséquence, dans l’arrondissement d Lvreux, pour la
contribution personnelle-mobilière a été une augmentation considérable, de laquelle je ne
sms dans la première circonscription d’Évreux, que j’avais voté la
proposition de loi sur le travail des enfauts et des femmes (22 décembre 1899), qui a amené,
pour les ouvriers adultes, la journée de dix heures et demie. Or, j’étais alors en congé îê-
Llier depuis le 19 décembre jusqu’au 23 décembre, qui fut le dernier jour de seance
extraordinaire de l’année 1899. Par conséquent, je n’ai pas vote cette proposition de loi im¬
parfaite D’ailleurs, mon intention n’a jamais été d’apporter d’entraves a la liberté du tra¬
vail quand les conditions d’hygiène sont remplies. La réduction des heures de uavad
entraîne une réduction du salaire, et gêne le patron et l’ouvrier dans leur œuvre.
Pour les mines de houille, la journée de huit heures, dans quatre ans, est une question
SPédLtrmée française est organisée pour la défense du pays. Elle fera tout son devoir au
jour du danger. Se défiant du Nationalisme, elle continuera d’être ce quelle est vraiment :
l'armée nationale.
Quand je me suis présenté au scrutin du 27 avril 1890, je disais aux Électeurs :
« Nous voulons une France puissante et fière, une République de travail et ^de progrès,
un Parlement réformateur, un Gouvernement respecte, un Peuple éclairé, des fonction
naires dévoués, une presse honnête, des lois claires et des améliorations sociales.. . .
« La France se développant pacifiquement sous la garde de sa vaillante armee... ne
Hnît ûtrp une terre in£rate pour aucun de ses enfants.
« C’est eeue politique de concorde et de progrès, de réformes démocratiques et d in¬
térêt national, que je suis prêt à suivre en votre nom si vous m’en donnez le mandat. . .
« Dans nos luttes politiques, j’ai toujours combattu aux rangs avancés, » ayant d
culte que pour la France et pour la Liberté, car Patrie et République, cest toute ma pro-
fession de foi. »
Je suis toujours dans ces sentiments; toute ma conduite passée vous l’a prouvé. .
Je vous adresse, mes chers Concitoyens, mon salut cordial et mon cri de ralliement .
Vive la République !
Ed. ISÀMBARD, Député sortant.
i
262 —
2'' circonscription d’ÉVREUX
M. Modeste LEROY
Elu au l9r tour de scrutin. — 6.576 voix.
Mes chers Concitoyens,
Mes chers Électeurs,
Vous êtes appelés à élire, le 27 avril, vos représentants à la Chambre des Députés.
Je viens vous demander de vouloir bien me renouveler le mandat que vous m'avez
confié deux fois déjà.
Pour recommander ou pour défendre ma candidature, je n’aurai pas recours à Pélo-
quence d'étrangers.
Je vis au milieu de vous et avec vous. Je prends part à toutes vos joies et à toutes
vos fêtes. Je connais vos aspirations politiques et vos sentiments et vons connaissez les
miens.
Les longues conversations électorales, les longues professions de foi, entre vieux amis
politiques tels que nous, sont, je crois, superflues.
Nous ne sommes ni des intransigeants, ni des collectivistes, mais nous voulons que la
République soit forte et qu’elle soit respectée.
Nous voudrions sincèrement voir l’union et la concorde régner entre tous les Français-
nous ne fermons notre porte, ni les portes de la République à personne ; mais nous sommes
des républicains bien résolus à n’être ni dupes, ni complices de la coalition monarchiste,
qui reve follement, une fois de plus, de faire rétrogader le Peuple Français, de nous re¬
mettre — fût-ce au prix de la plus effroyable des guerres civiles — sous le joug du gouver-
vernement personnel et monacal. 6
Je ne ferai pas à nos adversaires l’honneur de discuter leurs attaques, de protester
contre leurs calomnies variées. Je ne veux en relever qu’une, afin de vous permettre d'ap¬
précier jusqu ou va leur impudence et leur mépris pour le jugement et le bon sens du corps
électoral de notre circonscription.
niuiiaucç, u ai je aérai toujours ce que j7ai été toujours :
”n rin’,K,,'’'’:" plaçant l’existence et l’intérêt de la République au-dessus de
Un démocrate conciliant pour les personnes, inflexible sur les nrinrir.es •
cotre commerce le calme sans lequel il n’est point d’affaires, c’est-à-dire pas de prospé-
Tité _ de donner la sécurité du lendemain et la continuité de vues qui, tout récemment
encore, ont mis la France en état de consolider ses alliances et de se créer dans le monde
des amitiés nouvelles*
Vous direz, lu 27 avril, si ces idées sont les vôtres*
Quel que soit votre verdict} mes chers Concitoyens, après, comme avant, croyez à mon
cordial dévouement,
Lu-Modeste LEROY,
Docteur en droit, Conseiller générai,
Député sortant.
Circonscription de LOUVIERS
M. de BOURY
Elu au leT tour de scrutin. — S* 031 voix*
Mes chers Concitoyens,
Voici deux ans que, par une imposante majorité, vous m’avez appelé à l’honneur de
vous représenter à la Chambre des Députés,
Je vous disais alors que mon programme républicain serait exclusivement un pro¬
gramme de concorde, de tolérance, de modération et d’apaisement*
Je vous promettais de m'attacher à l’étude des questions agricoles, industrielles et
commerciales, qui intéressent au plus haut point notre prospérité et notre grandeur
nationales*
Je m’engageais à m'associer aux réformes pratiques qui pourraient être tentées pour
améliorer le sort de ta classe ouvrière*
Je déclarais eofin que par de sérieuses économies, Fon devait enrayer l’accroissement
constant de nos charges*
Au lendemain du scrutin, en vous exprimant ma profonde reconnaissance, j'ai tendu
loyalement la main à mes adversaires; je vous ai affirmé que mon vœu le plus cher était
de ne compter parmi vous que des amis, d’être le député de tous, et le mandataire impar*
tiai de vos intérêts.
Je viens aujourd’hui vous demander le renouvellement de mon mandat : c’est à vous
de décider, mes chers Concitoyens, si j’ai été fidèle à mon programme et à mes engage¬
ments, — si, depuis deux ans, j’ai consacré mon temps et mon activité à la défense de vos
intérêts, — et si je mérite encore votre confiance et voire sympathie.
Quelle est, actuellement, la situation politique?...
Au lieu de demeurer attachée aux grands principes de liberté et de tolérance, la
Chambre, agitée de passions contradictoires, a donné le lamentable spectacle de ses divi¬
sions, de son imprévoyance et de son impuissance.
Le ministère, dans lequel M* Millerand est le représentant influent du collectivisme,
en est arrivé, par une politique violente et arbitraire, jusqu’à menacer nos libertés les plus
essentielles*
— 264 —
Notre situation financière est compromise par des réformes d’impôts mat étudiées et
dangereuses ; le déficit a remplacé tes plus-values des années précédentes; pour le
budget qui vient d'être voté, l’équilibre n’existe que sur le papier.
Nous devons revenir à une doctrine de gouvernement plus saine, plus prudente et plus
conforme aux aspirations du pays.
Avec les chefs éminents du parti républicain progressiste auquel j’appartiens, je crois
fermement que nous ne pouvons pas rester au point où nous en sommes; qu’il faut des¬
cendre la pente révolutionnaire au risque de toucher le fond de l’abime, ou bien nous
ressaissir, par une politique de liberté, de paix et de progrès démocratique.
Voici quel doit être, à mon sens, te programme de la Chambre prochaine :
En matière financière, réparer les mécomptes des réformes hâtivement conques,
telles que la déplorable loi des boissons, qu’il faudra modifier, et la récente répartition de
la contribution personnelle-mobilière, qui suscite partout de si légitimes protestations ; le
pays est plus avide de voir diminuer les dépenses que de voir créer de nouvelles méthodes
d’impôts.
Au point de vue militaire, s’opposer énergiquement à tout ce qui peut affaiblir ou
diviser l’armée, à tout ce qui peut introduire la politique dans son sein, ou compromettre
la discipline nécessaire ; étudier sérieusement la question de réduction du temps de
service militaire, mais ne réaliser cette réforme qu’à la condition expresse et préalable
do voter auparavant des bis efficaces sur les cadres et sur les engagements volontaires.
Au point de vue politique, repousser toute alliance et toute compromission avec
le collectivisme, et écarter tout ce qui peut jeter parmi nous des germes de division et de
discorde.
Je suis convaincu que le meilleur moyen d’assurer utilement le progrès matériel et
moral du pays, c’est de s’occuper sérieusement de ses intérêts agricoles et économiques;
c’est d’être, avant tout, soucieux de la bonne gestion de nos finances ; c’est de chercher un
idéal de paix et de concorde, eu respectant la liberté politique, la liberté du travail, la
liberté de conscience et la liberté d’enseignement; c’est enfin de réaliser un peu plus
de justice sociale, par l’indispensable harmonie dn capital et du travail, et non pas en les
ameutant l’un contre l’autre.
Tels sont, mes chers Concitoyens, les principes dont je continuerai de m’inspirer si,
par vos suffrages, vous me faîtes l’honneur de renouveler le mandat que je tiens de votre
confiance.
Soyez assurés que j’emploierai toute mon activité et tout mon dévouement à resserrer
encore les liens solides et durables qui m’unissent à vous.
Charles de BOURY, Député sortant.
Circonscription de PONT-AUDEMER
M. le comte d’OSMOY
Élu au 1er tour de scrutin. — 8.122 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
De tous les points de notre arrondissement on a fait appel à mon concours pour com¬
battre le ministère et sa politique. Je réponds à cet appel, comme y eût répondu mon père
que vous n’avez pas oublié et qui fut candidat libérai sous l’empire, l’un des 363 soue
N° 1162
— 265 —
la République et le chef incontesté, jusqu’à sa mort, du parti républicain dans notre
département. .
Élevé à son école, héritier de ses traditions, je serai le fidèle continuateur de la
politique républicaine et libérale qu’il a fait triompher dans notre cher arrondissement de
Pont-Audemer. . . ,
Celui qui devait la représenter ayant cru devoir l’abandonner aujourd’hui, je reprends
le drapeau.
Ce ne sont pas deux hommes qui sont en présence; ce sont deux politiques.
L’une, la politique du ministère, vous pouvez la juger à ses œuvres : le collectivisme
dans le Gouvernement, les libertés d’association, d’enseignement et du travail frappées
ou menacées, nos finances compromises par un déficit de 500 millions en deux ans, l’indus¬
trie découragée par les projets et les lois de M. Millerand, l’agriculture succombant sous des
charges chaque jour croissantes, la division et la guerre partout, la République confisquée
par une secte qui, sous prétexte de défense républicaine, prétend exclure les républicains
les plus éprouvés.
Je sais bien que ceux qui ont été, depuis trois ans, les plus fidèles soutiens de cette
politique essayent aujourd’hui de la désavouer, mais vous ne vous laisserez pas prendre à
cette manœuvre et vous jugerez qu’il est nécessaire de changer la majorité de la Chambre
pour modifier la politique.
A cette politique, j’oppose celle du vieux parti républicain.
Électeurs,
Je veux une République respectueuse de toutes les libertés, en même temps que
progressiste.
Je suis l’adversaire du collectivisme, qui est le pire ennemi de là République.
Je demande, pour les ouvriers et avec eux, la liberté du travail, n’admettant pas ces
réglementations qui provoquent des grèves par la diminution des salaires.
Je repousse la grève obligatoire — car la majorité ne peut imposer le chômage à la
minorité — aussi bien que la retraite obligatoire prélevée sur le modique salaire de
l’ouvrier, car c’est avec le concours des sociétés de secours mutuels et en augmentant les
subventions de l’État, que la question des retraites doit être résolue.
Au point de vue financier, j’estime qu’il faut en finir avec le gaspillage et qu on ne
réalisera les économies qui s’imposent qu’en supprimant l’initiative des députes en matière
budgétaire. Je crois également qu’il faudra remanier la loi sur les boissons, cette loi si
malheureuse de M. Caillaux.
Au point de vue agricole, suivant les traditions de M. Méline, je défendrai les taiils
de 1892, dont le ministère actuel s’est montré l’adversaire déclaré. Je demanderai la pro¬
tection des graines oléagineuses et le vote du projet sur les conseils d agriculture. Ai-je
besoin de vous dire en outre que je défendrai votre droit de faire bouillit vos cidres?
Ayant appartenu à l’armée, que je veux forte et respectée dans 1 intérêt de la lMance,
j’ai ressenti, plus que tout autre, les attaques dont elle a été l’objet. En ce qui concerne
la durée du service, je suis partisan d’une réduction qu’on pourrait obtenir en fortifiant
les cadres et en multipliant les rengagements, et je suis prêt à appuyer cette proposition
dans la mesure compatible avec notre sécurité nationale.
Faire la France toujours plus grande et plus prospère par une sage gestion des
finances, fortifier l’armée, rapprocher les citoyens, les élever par 1 instruction et le bien-
être, assurer la paix politique, la paix économique et la paix sociale. Tel doit êtie, sui¬
vant moi, le programme républicain.
Ce fut la politique de Gambetta, de Jules Ferry. C’est la politique pour laquelle com-
3/i
battent MM. Mêline, Poincaré et Ribot Ce fut* jusqu’en 1899, celle de M, Waldeek-Rousseau
et de M. Loriot. Ce fut enfin celle de mon regretté père» sous le patronage duquel je place
ma candidature.
Mes che rs Concitoyen s,
Si tous me faites Fhonneur de m* envoyer au Parlement* je vons donne ma parole
de soldat que je demeurerai fidèle à cette politique.
Comte Tanngüy O'GSMOY
Conseiller général de REnre,
Ancien lieutenant de vaisseau,
Chevalier de la Légion d’honnetir.
Candidat républicain progressiste, antîrnijtïlstêfiël.
267 —
N° 1162
EURE-ET-LOIU
lr0 circonscription de CHARTRES
M. LHOPITEAU
Élu au l*r tour de scrutin. — 6.389 voix.
Mes chers Concitoyens,
A deux reprises différentes vous m’avez honoré de votre confiance et vous avez donne
votre adhésion à mon programme d’Union Républicaine.
C’est avec le même programme que je viens de nouveau mettre à votre disposition mon
dévouement et mon activité. ■ .
Jamais l’union des Républicains n’a été plus nécessaire pour résister a 1 assaut déses¬
péré de tous les adversaires de la République.
Tous, vous me connaissez personnellement.
Je vous ai bien souvent exposé mes idées et mes opinions.
11 me suffira de vous en rappeler ici sommairement les points les plus importants. ^
Aucune réforme sérieuse ne peut être tentée et réalisée que par un Gouvernement sur
du lendemain, soutenu par une majorité résolue et animé de sentiments profondément
démocratiques. Celte maJorUe, Ces. à gauche e, n„u a droi.e quMl 1» tau. chercher, eu
dehors tout à la fois des rétrogrades et des révolutionnaires.
Par l’exemple de 1851 et par le douloureux souvenir de Sedan, vous savez que toute
doctrine plébisci.aire conduirait infailliblement la France au césarisme et à sa perte.
Pour tenir à l’extérieur le rang qui lui convient, un grand pays comme le notie a
^^LeterviceTe^e^rans, égal pour tous, donnera à notre armée plus de cohésion et lui
aSSUrditpl^rPte nécessaire dans le rang seulement; elle l’est à tous les degrés
et elle devient plus indispensable encore à mesure qu’on s’élève dans la hiérarchie. L ar¬
mée nationale doit être la fidèle gardienne des lois de la République et 1 auxiliaire loyale
du Gouvernement que le Pays a choisi dans sa souveraineté. . . , .
Au point de vue fiscal, l’injuste répartition des contributions directes devient de plus
en plus choquante. Par l’impôt sur le revenu, établi sans inquisition m vexaUon o
mettra en pratique la formule de la Révolution : « Chacun selon ses facultés •> et on dégrè¬
vera la terre de l’excessif fardeau qu’elle supporte.
Au point de vue agricole, le maintien des tarifs douaniers protecteurs de 1 agriculture
s’impose comme une nécessité vitale et nationale. , ,
La condition essentielle et suffisante pour que des économies soient faites dans e
budget national est de choisir un mandataire fermement résolu a ne voter aucune aug¬
mentation de dépense quand même une économie correspondante aurai été r^al'sjea
Je me borne à citer quelnues réformes auxquelles mon concours a toujour» été acquis
Réduction des frais de justice ;
— 268 —
Retraites ouvrières assurées avec ie concours des mutualités, l’accès en étant libre aux
journaliers et aux artisans ■
Suppression du vagabondage par l’ouverture de maisons du travail et la réforme du
régime pénitentiaire ;
Suppression des prestations ;
Création des Chambres d’agriculture départementales;
Développement des mutualités agricoles ;
Liberté de conscience assurée h tous, l’État ne protégeant aucun culte;
Surveillance rigoureuse par l’État de tous établissements renseignement au point de
vue de Renseignement de la morale et du respect de la Constitution républicaine; égalité
des grades universitaires; abrogation de ce qui reste de la loi Falloux;
Liberté du travail pour les adultes; application individuelle, et non aux ateliers, des
lois protectrices des mineurs et des femmes; distinction entre les mines, usines et manu¬
factures et les autres professions.
Au poiut de vue local et, d’ailleurs, dans l’intérêt général, je reprendrai le projet
d achèvement du réseau d’Ltat (Ligne de Paris a Chartres par Gallardon) dont je m’occupe
depuis 20 ans, auquel j’ai, depuis h ans, consacré tous mes elTorts et que, malgré la résis¬
tance acharnée des grandes Compagnies, j’avais réussi à conduire tout près de h solution,
telles me paraissent être, mes chers Concitoyens, les idées principales qui devront
guider votre Représentant*
Vous avez à l'a ire nu choix libre et éclairé.
Votre confiance doit aller à celui que vous jugerez le mieux préparé et le plus apte à
défendre vos intérêts*
Vous mûrirez avec calme votre décision*
Vous contrôlerez par vous- mêmes les votes de votre Représentant et vous les apprécie¬
rez, non pas isolément, mais dans leur ensemble*
Une troisième fois votre éln, j’accueillerai votre nouveau témoignage de confiance aux
cris de :
Vive la République!
INI Réaction I Ni Révolution 1
Gustave LHOPITEAU, Député sortant*
2e circonscription de CHARTRES
M* DE SAINT-PÔL
Elu au 1er tour de scrutin* — 6*705 voix*
Je sollicite vos suffrages pour défendre à la Chambre des Députés les intérêts généraux
du Pays et représenter spécialement les intérêts de l’agriculture, des habitants de nos cam¬
pagnes, cultivateurs et commerçants, ouvriers agricoles et d’industrie*
Peu des représentants actuels aux Chambres ont vécu et travaillé parmi nous; la plupart
ne connaissent pas nos besoins et ne nous soutiennent pas*
Mous, travailleurs de la terre, sommes les plus écrasés de charges et d’impôts, ceux
qui jouissent le moins des satisfactions de la vie, ceux dont le travail est le plus pénible et
le moins rémunéré ; nous sommes les ouvriers les plus calmes, les plus sages, ne nous
mettant jamais en grève, et, cependant, nos plaintes sont presque toujours dédaignées.
N° H 62
- 269 -
Je veux faire valoir les droits des ouvriers de la terre, qui sont les travailleurs les plus
nombreux de notre pays; je veux combattre les manœuvres de la spéculation, qui avilissent
les prix de nos produits, ruinent l’agriculture et les industries agricoles, pour constituer des
gains scandaleux, des fortunes trop rapidement édifiées à des agioteurs sans scrupules et
peu intéressants.
Je veux rappeler que la France est une nation agricole, que du prompt relèvement de
son agriculture dépend la prospérité du commerce et de l’industrie et par conséquent la
"^Cultivateur pratiquant, travaillant parmi vous, témoin quotidien de l’état de malaise
dont souffre notre région tout agricole, je connais vos besoins ; je me sens l’énergie de vous
défendre, de gagner à notre juste cause toutes les bonnes volontés.
Républicain libéral, tout attaché à la forme républicaine de la France, je demande la
liberté pour tous, la liberté de penser selon sa conscience, la liberté des convictions reli¬
gieuses, j’entends que tous en jouissent sans restrictions.
Je veux le respect de la propriété, base de l’existence du Pays, et je désapprouve les
théories anarchistes avec lesquelles on tente de tromper nos populations ouvrières et
d’abuser de leur bonne foi.
Je veux un gouvernement républicain sage, économe, tolérant, prévoyant, soucieux de
la dignité de la France.
Au lieu de voir les différentes fractions de notre parti républicain user leurs forces
dans des luttes de factions, stériles et funestes pour la bonne conduite des affaires
publiques, j’aspire à ne voir en France qu’un seul parti : celui de tous les Français s’accor¬
dant au-dessus de tout pour travailler à la prospérité, à la grandeur de notre nation.
Je suis profondément patriote, très attaché à l’armée; je veux l’armée honorée, res¬
pectée, à l’abri des rancunes qui l’affaiblissent et la désorganisent : je considère les
attaques contre l’armée, sauvegarde de l’indépendance du pays et de l’honneur national,
comme des attaques contre la Patrie elle-même.
Électeurs des Gantons d’Auneau, de Courville, d’illiers, de Jauville et de Voves,
Je m’engage à défendre particulièrement les intérêts de nos populations agricoles et à
émettre des votes conformes aux opinions de ceux qui m’auront confié le mandat de les
représenter à la Chambre des Députés. Beaucoup d’entre vous me connaissent et savent
que, si je sollicite ce mandat, c’est pour le remplir avec conscience, énergie et dévouement.
DE SA1NT-POL,
Cultivateur, maire de Pézy, canton de Voves (Eure-et-Loir),
Membre du Conseil d’arrondissement de Chartres,
Candidat républicain libéral.
Circonscription de GHATEAUDUN
M. Louis BAUDET
Élu au 1er tour de scrutin. — 8.413 voix.
Mes chers Concitoyens,
Celui autour de qui les Électeurs venaient se grouper en rangs plus serrés à chaque
consultation du suffrage universel, notre regretté Gustave Isambert, nous a été subitement
enlevé au milieu d’une période électorale qui promettait aux républicains sincères unsuccès
plus brillant encore que les précédents.
— 270 —
Un groupe important de ses amis, réunis au lendemain de sa mort, m'a désigné pour
tenir, au cours de la lutte actuelle, le drapeau républicain.
Si beaucoup d'entre tous ne me connaissent pas personnellement, ils savent, du moins,
que, Maire de Chàteaudun depuis dix années, j'ai toujours lutté vigoureusement pour le
triomphe des idées de progrès et contre le retour offensif de la réaction.
Je suis partisan de ïa loi sur les retraites ouvrières, sur l'assistance obligatoire des
vieillards.
Je pense qu'il faut mettre, dans la répartition de l'impôt, un peu plus de justice et h
proportionner davantage aux ressources réelles do chacun, et je crois que, seul, Pimpot
basé sur le revenu permettra de soulager les petits contribuables, en leur tenant compte
de la surcharge que leur imposent les contributions indirectes.
Opposé à tout ce qui paraîtrait de nature à porter atteinte h la propriété individuelle, je
voudrais en voir faciliter Paccès au plus grand nombre par la diminution des charges qui
grèvent les mutations des petites propriétés.
L'agriculture, notre grande Industrie nationale , me trouvera toujours dévoué à ses inté¬
rêts et prêt à voter toutes les mesures destinées à la protéger contre des concurrences que
les conditions du commerce générai rendent chaque jour plus difficiles à soutenir,
La durée du service militaire devrait être réduite pour tous dans la mesure compatible
avec le maintien d'une année assez forte, par l'instruction et par le nombre, pour nous per¬
mettre de ne redouter aucune attaque.
Enfin, l'abrogation de la loi Falloux et la surveillance étroite des établissements libres
d'instruction me paraissent des mesures absolument indispensables.
Ce ne sont pas certes là toutes les réformes désirables et possibles dans notre
organisation sociale, et cependant ce serait déjà beaucoup si Ton pouvait les réaliser dans
le cours de la prochaine législature.
Pour y arriver, il faut que vous envoyiez à la Chambre une majorité républicaine réso¬
lue à les faire aboutir.
Si vous me faites l'honneur de m'élire, dans des réunions aussi nombreuses que pos¬
sible, je vous rendrai compte, chaque aonée, du mandat que vous voudrez bien me confier
et viendrai recueillir vos observations*
Les attaques que m'ont prodiguées les réactionnaires avant même que j'eusse posé ma
candidature, me désigneront à vos suffrages comme un républicain ferme et convaincu.
Vive la République!
Louis BAUDET,
Maire de Châteaudun,
— 271 —
N° 1162
Circonscription de DREUX
M. VIOLLETTE
Élu au 2* tour de scrutin. — 8.507 voix.
Comités républicains démocratiques de l’arrondissement df. Dreux.
Mes chers Concitoyens,
Le Congrès des Comités républicains démocratiques m’a fait l’honneur de me proposer
h CaudlsemWait au Congrès, qu’issu d’une vieille famille de la Beauce, je donnais
ainsi satisfaction à ce sentiment si humain qui porte, comme par instinct, les Électeurs vers
UU CLedctnsrès voulait encore un candidat dont les convictions fussent sincères et ardentes
et il trouvait, dans mon jeune passé, la preuve que je saurais, sans faiblir jamais, servir
avec dévouement et passion la cause de la République démocratique !
Et puisque certains seraient tentés de m’en laire outrage, qu’il me soit permis de
déclarer que je considère comme un honneur d’avoir été, pendant deux ans et demi, le col¬
laborateur du Ministre du Commerce du Cabinet actuel; je réclame donc une part propor¬
tionnée à l’importance de ma collaboration dans les injures qui sans compter, ont été pro¬
diguées à ceux qui, dans un jour de péril, se sont unis en vue de la Defense et de 1 Action
républicaines.
Mes chers Concitoyens,
C’est ceite politique qui vient de donner au pays trois ans de paix et dé tranquillité, que
je veux voir se poursuivre dans l’avenir.
Les conservateurs m’accusent d’être « Collectiviste-Révolutionnaire », mais, par contre,
les révolutionnaires me traitent de « Sale bourgeois »1
Également éloigné de la politique de piétinement comme de la politique de « lout ou
Rien », je maintiendrai jusqu’au bout que c’est seulement par l’union des républicains et
de tous les Républicains, que la République, enfin maîtresse de ses destinées, pourra faire
évoluer notre société dans la paix et dans la concorde, vers des formes de plus en plus
pénétrées de justice et d’équité.
Travailleurs,
Tout l’effort de la démocratie doit tendre de plus en plus à relever le sort des travail¬
leurs, et aussi bien des travailleurs des usines que de ceux des champs et des magasins,
ainsi que des petits artisans, des petits commerçants et des cultivateurs.
Il faut faire comprendre à chacun d’eux que c’est par suite d’un immense malentendu,
qu’ils se sont trop souvent armés les uns contre les autres. t
Ils sont tous solidaires, ceux qui, à un titre quelconque, créent la richesse nationale.
A l’heure où la propriété individuelle, où qu’elle soit, est si menacée par le déveluppc-
iiietit inouï de la grande propriété capitaliste, il est indispensable do prendre dos mesures
énergiques pour protéger le travail de tous, en même temps que l'existence de cette pro¬
priété individuelle qui est la condition même de la liberté.
»
Cultivateurs et Journaliers agricoles,
En présence de la crise agricole qui s'aggrave chaque jour, Ü est nécessaire d’adopter
pour l’agriculture — celte clef de voûte de Tédifice social — une politique raisonnable et
raisonnée.
M, Méline, dans son discours du 30 mars dernier, à Remiremont, osait dire « qu’il res¬
tait peu de choses à faire pour l’agriculture au point de vue législatif ?>.
On voit bien que chez les riches capitalistes, dont il est devenu îe prisonnier, tout est
pour le mieux dans le meilleur des mondes !
S'il avait, comme moi, parcouru les campagnes, rencontré à chaque pas des maisons en
ruine, des hameaux désertés et partout des signes de tristesse et de deuil, U se serait peut*
être avisé qu’il est de toute urgence d’agir.
Il faut donc dégrever le cultivateur de ses frais généraux par la réforme générale de
l’impôt, la révision du cadastre, l’extension de la compétence des juges de paix et nue légis¬
lation sérieuse sur les dégâts commis par Je gibier. 11 faut aussi substituer à la responsa¬
bilité civile illusoire de ceux qui, lors des chasses à courre, ravagent les récoltes, une
responsabilité pénale.
Il sera aussi très naturel de frapper d’un impôt spécial et les chasses gardées et les
chasses à courre.
11 faut aussi aller à une législation de faveur pour l’extension de cette petite propriété,
dont la possession seule assure à la campagne l’indépendance et la stabilité. Il ne faut donc
pas reculer devant le dégrèvement complet des petites transactions foncières et la transmis¬
sion des petits héritages, et la reconnaissance d’un droit au fermier sur la plus-value qu’il
donne â la terre. 11 sera indispensable aussi de penser à tous les riverains de L’Àvre, qui
attendent encore leurs indemnités.
11 faut aussi une législation tendant à consolider la petite propriété dans les mains de
ceux qui l’ont encore, notamment par ia modification de la législation si monstrueuse de la
saisie immobilière, de la législation sur la licitation des biens de mineurs, et par ia déter¬
mination d’un domaine familial qui ne pourra jamais être saisi.
11 faut enfin le développement du réseau de chemins de fer et de tramways dont cer*
tains de nos cantons ont tant besoin.
L’expulsion des nomades étrangers sera une véritable délivrance pour les cam¬
pagnes.
La révision de notre législation sur l’accaparement, et l’interdiction du marchéfietif qui
n’est, en réalité, qu’un pari à la baisse ou â la hausse, réprimera efficacement les agisse¬
ments éhontés des agioteurs et des spéculateurs.
Commerçants et Artisans,
Vous avez aussi droit à la sollicitude de la République.
Il ne faut pas à ce point de vue hésiter à réclamer la modification absolue de la légis¬
lation des patentes, la suppression de la concurrence faite à la main-d’œuvre libre par le
travail des prisons et des ouvroirs, la modification de îa législation sur les faillites et sur
les protêts.
Au point de vue général.
Il faut réclamer :
L’impôt sur le revenu établi sans inquisition et sans vexation, le même dont M. Méline,
au Conseil général des Vosges, en 1871, disait déjà : « Il ne paraît pas douteux que impôt
sur le revenu se présente comme ia seule issue raisonnable dans La situation financière où
se trouve cotre pays »,
La loi sur la Caisse des retraites, que M. Joseph Dubois ne peut arriver à qualifier de
N° 1162
— 27S —
« vaste escroquerie» qu’en omettant, par ignorance ou par mauvaise foi, que le versement
n’est pas demandé seulement pour assurer une retraite, mais aussi éventuellement et a
tout âge, une rente annuelle d’invalidité et d’infirmité et en omettant de dire aussi que le
législateur laisse le choix au travailleur entre l’opération à capital aliéné et l’opération a
capital réservé, dans laquelle il reste propriétaire de l'intégralité de ses versements.^
La réduction à deux ans du service militaire, sans dispense, sauf pour les soutiens de
famille, la suppression des 13 jours, la suppression de la première période de 28 jours
pour les sapeurs-pompiers, et la réforme des Codes de justice militaire, si ügoureux en
temps de paix. ^ _ », ,
La réduction des gros traitements de certains fonctionnaires et le relèvement d
de tous ces petits fonctionnaires indispensables au fonctionnement d’une société cm îs e
{instituteurs, employés des postes, facteurs, cantonniers, etc*)* ^
La non-inscription au casier judiciaire des délits de chasse et de pèche, dont la compé¬
tence serait restituée aux Tribunaux de simple police.
L’ extension à tous les degrés de l’enseignement laïque dans TEtat laïque,
La représentation proportionnelle des minorités et le referendum communal*
Mes chers Concitoyens,
Tous ceux qui ont entendu mon honorable concurrent, M. Joseph Dubois, savent com-
ment se résume son programme : « Sans doute tout est à faire, mats nen n’est posai 1 e. »
C’est par une politique aussi follement réactionnaire et intransigeante qu en b ^ »
le parti clérical, maître du pouvoir depuis huit ans, vient d’arriver à déchaîner la révolu-
tl0tl Adversaire résolu de la guerre, et aussi bien de la guerre continentale et coloniale, que
de la guerre civile, je veux en finir avec une politique qui} ici meme, nous a con lu s, i y
trois ans, à la veille d’un coup d’État et qui a manqué nous amener, il y a cinq ans, u
guerre qui aurait ensanglanté le monde! ;
Brisons donc pour toujours, et par un effort souverain, la coalition c erica e, na 1
liste et conservatrice, pour le salut de 1a France et de la République!
Vive la République!
Maurice VIOLLETTE,
Docteur en Droit, Avocat à la Cour d’Appel de Paris,
Ancien Chef du Secrétariat du Ministre du Commerce et de l’Industrie,
Candidat désigné par le Congrès.
85
Circonscription de NOGENT-LE-ROTROU
M, Paul MSGMANËL.
iîlu au lor tour de scrutin. — 7.854 voix.
Chers Concitoyens et Amis,
Vous m’avez élu en 1885: Vous m’avez réélu, sans concurrent, en 1889, en 1893
en 1898.
La Chambre, à son tour, m’a accordé sa confiance eu m’appelant, par cinq élections
successives, à l’insigne honneur de la présider.
Sur toutes les questions actuellement süütnises au Suffrage universel, — constitution¬
nelles, sociales, religieuses, financières, agricoles, militaire-;, etc., — je me suis expliqué
maintes fois, en detail, à la Chambre, ici ou ailleurs, dans mes discours, dans mes écrits.
Kt il n’est pas une de vos communes où je n’aie fréquemment exposé mes idées. Ces idées,
j’y suis toujours fidèle. Je viens, de nouveau, me mettre à votre disposition.
Mais ce qui, à mes yeux, domine tout, c’est l’application des lois constitution¬
nelles et la réforme du travail législatif. J'ai essayé de le montrer une fois de plus, le
6 avril, au bauquet de Nogent. L'application complète de la Constitution eût épargné à la
F iance des cnses 3ui 1Vjtu profondément agitée, notamment de 1887 à 1889, et plus récem-
ment encore.
Fils adoptif de l’arrondissement de Nogent-le-Rotrou, fort de votre affection, je conti¬
nuerai de marcher droit dans ma ligne, et de me donner tout entier à vous, à lia France, à
la République.
Vive la France î
Vive ïa République!
Paul DESGÜANEL;
— 275 —
N” 1102
FINISTÈRE
lrc circonscription de BREST
M, ISNARD
Elu au 2? tour de scrutin. — 8.172 voix.
Chers Concitoyens,
Il y a quatre ans je suis v< nu devant vous on réunion publique, tout seul, sans appui,
sans coterie politique autour de moi, et je vous ai dit ce que j'étais, ce que je croyais. Isolé
dans la lutte ardente de 4898, je ne pouvais rien sans vous. Vous avez senti ce qu'il y avait
de sincérité dans ma parole, et vous avez eu foi en mou dévouement ; d'un vigoureux poup
d'épaule le peuple brestois a fait, du fils d'un proscrit de 51, le député de Brest. Ce fut une
éclatante victoire républicaine î
Depuis j'ai loyalement et fidèlement servi la République : avec le ministère Waldeck-
Rousseau, je Fai défendue contre les attaques de toutes les réactions coalisées pour
sa perte.
Que Ton discute mes actes politiques, soit î c'est humain et juste ; mais je ne permets
pas que Fun mette en doute ma volonté de bie n faire, et mon dévouement aux intérêts gé¬
néraux du pays et de la cirer user iption que j'ai Fhonneur de représenter.
Ma porte fut ouverte à toutes les infortunes, h toutes les souffrances. Tous, sans dis¬
tinction départis, de confessions, de conditions sociales, du plus grand au plus petit, ont
trouvé en moi un défenseur ardent, jamais découragé.
Ma politique a été celle d'un républicain convaincu : tous mes vopes politiques sont
d'accord avec le programme adopté par 7.100 voix républicaines, et je crois avoir été, parmi
les députés de celte législature, un de ceux qui ont le mieux compris la situation politique,
et le mieux voté.
Me voilà de nouveau devant vous avec le même programme, avpc la même politique.
j'ai donné la mesure de mon savoir-faire et de ma courtoisie, et avec ce programme et
cette politique, sagement compris et conduits, j'ai dignement et utilement représenté Brest,
J'en ai donné également 3a mesure à mes collègues du Palais-Bourbon, qui m'ont fait petto
année l'insigne honneur de m'envoyer siéger à la Commission du budget.
J’ai donné à Brest 1\ xemple de Funion et de la concorde parce quTiI nous faut la paix
politique pour faire de Brest la grande cité, la grande ville militaire et commerciale! Brest
a besoin du dévouement de tous ses enfants l
Coupable aurait été le député Sectaire, le député politicien qui les aurait divisés en
frères ennemis l
Vous apprécierez î
Je suis donc devant vous clans la position iFun homme qui a conscience d'avoir fait son
— 276
devoir' et qui, sans appréhension, vient vous dire : « Vous aviez mis votre confiance en moi!
Voilà ce que j’ai fait du mandat que vous m’aviez confié. Avais-je mérité cette confiance? La
mérité-je encore?
Votre bulletin de vote me répondra*
Vive Brest !
Vive la République !
Je n’ai pas voté le mandat de 6 ans, parce que c’est au suffrage universel à indiquer la
durée du mandat et non à l’élu*
Môme programme politique qu’en 1898 — des réformes, mais avec un esprit de sagesse
indispensable à toute innovation* L’expérience m’a démontré qu’il y a trop de députés à la
Chambre — 30 Û suffisent.
L’expérience m'a démontré également que la politique qui, actuellement, est au
premier plan des préoccupations de la Chambre, doit devenir l’accessoire et non le
principal*
D’abord les affaires! D’abord notre agriculture, notre commerce, notre industrie, nos
ouvriers, c’est-à-dire nos forces nationales de travail ; la mise en valeur de nos colonies: le
perfection n cm eut toujours croissant de notre armee et de notre marine; 1 adoucissement de
toutes les misères; la vie et la vieillesse assurées anx travailleurs par les retraites ouvrières,
l’amélioration des salaires; le développement incessant de nos arsenaux militaires, etc*, en
un mot la marche en avant dans le progrès sous toutes ses formes*
Mon oeuvre parlementaire de 1898 a 1902*
Je reçois les félicitations du parti socialiste pour l’invalidation Bartissol, élection dont
j’étais rapporteur* Les premières questions maritimes dont je m'occupe sont : l’augmenta¬
tion des salaires ouvriers, l’examen des magasiniers, l’hospitalisation des commis de
direction s.
Je poursuis la réoccupation de Pontaaezen par les troupes de la marine*
Je fais adopter par la Chambre un amendement relevant les chapitres salaires du budget
de la marine de 1*000 francs à titre d’indication*
Je fais rejeter par la Chambre le projet de loi Berry tendant à déclarer fériés les 30 dé¬
cembre 1898 et 2 janvier 1399* — Je reçois, à ce sujet, les félicitations du comité ouvrier
du port de Brest.
Je plaide, pour les syndicats de la ville, Palfaire Corre, et je fais obtenir à la veuve une
indemnité et une pension.
J’obtiens gain de cause pour l’examen des magasiniers.
J’obtiens une augmentation de 57.000 francs pour rélargissement du cadre des commis
et magasiniers — quelque temps après j’obtiens la fusion de deux corps — c’est le point
de départ de la réorganisation des corps secondaires* Je suis heureux d’avoir apporté la
première pierre à l’édifice.
J’obtiens la rentrée des troupes à la caserne de Pontanezen, — à ce sujet le Conseil
municipal de Lambézellec me vote des félicitations à l’unanimité.
J’obtiens de M* Lockroy, la promesse d’une somme de 500.000 francs pour les travaux
de dragage du port de commerce*
j’obtiens du Ministre du Commerce une indemnité pour les ouvriers typographes
syndiqués.
Je pense que la question du bassin de radoub, déjà avancée, grâce au dévouement et
au concours de personnalités bien connues à Brest, doit faire l’objet d’un efiort, d’une
action commune, et j’écris en ce sens aux pouvoirs élus de Brest*
MM* Delobeau et lsnard, assistés du Conseil municipal et delà Chambre de Commerce,
— 2771—
N* Uhz
donnent à ce sujet une réunion à la salie de la Bourse, et précisent les démarches faites et
Us résultats déjà obtenus.
On peut dire qu’à l’heure actuelle la question de notre bassin de radoub est définitive¬
ment résolue : une lettre récente de M. le Ministre dn Commerce m’avise que le dossier est
aux Finances pour avis du Ministre, et qu’après un avis du Conseil d’Etat sur 1 emprunt de la
Chambre de Commerce la période d’exécution pourra commencer. . . .
le rappelle pour mémoire que, comme rapporteur, nommé par la commission de la
marine de la loi sur l’outillage des ports militaires, j’ai pu obtenir et faire voter un fonds
de concours de 2 millions de la marine. J’ajoute que j’ai eu la bonne fortune de faire voter
dans sa presque intégralité le projet de loi du Gouvernement, et que le port de Brest a etc
favorisé particulièrement — en effet le programme des travaux à exécuter, en une période
de 6 ans au port de Brest, est fixé par la loi, et porte les crédits affectés a ces travaux a une
somme de 27 millions. . ,
M Vibert me remercie, au nom du Comité, de mon intervention dans la question du
chômage des ouvriers de la direction d’artillerie, et du bon résultat si promptement
Au nom de la population tout entière de Saint-Pierre-Quilbignon, pétitionnant, contre
la nomination d’un commissaire pour la commune, j’agis auprès des pouvoirs pu¬
blics et, avec le concours du Sous-Préfet et de la municipalité, j’obtiens satisfaction. Ln
vote spontané de félicitations du Conseil municipal de cette commune mest adressé par
Il Maire*
Avec le* groupe de Députés des ports, nous poursuivons le relèvement de 10 0/0 des sa¬
laires : nous demandons un million — la commission du budget nous offre fiOO .000 francs.
Sur l’avis du port de Toulon et de Brest nous maintenons notre amendement, et, la commis¬
sion retirant alors son offre, la Chambre le rejette. ,
En 1900 le groupe des ports propose par voie d’amendement les crédits, necessaires,
afin d’allouer une majoration de salaire de 10 centimes par jour et par enfant âge de moins
de 3 ans à chaque ouvrier comptant au moins cinq ans de services. (Voir 1 Officiel des 20 et
En 1901, la commission du budget, sur l’avis du Ministre, nous accorde 3/5.000 francs
destinés à payer les primes à la capacité. Ce que nous demandons, c’est un relèvement ge-
néral de la moyenne des salaires.
. Une nouvelle somme de 375.000 francs est inscrite au budget de 1902 - en tout, en
deux ans. 750 * 0QG francs*
Depuis les 85.000 francs obtenus par l’amiral Vallon en 1896, nous n’avions eu aucuns
majoration de salaires. , ,
À la discussion du dernier budget de la marine, le groupe des députes pai organe e
M, Guieysse et par le mien, nous avons fait voter par la Chambre deux amendements im¬
portants, l’un concernant la suppression du travail à la tâche,' l'autre invitant le Ministre e
la Marine à demander les crédits nécessaires pour le relèvement des salaires (voir les deux
discours de MM. ïsnard et Guieysse à VQfficiel, séance du 21 février 1902 ), rsous ne pouvions
mieux terminer la législature. J'ai également ces jours-ci soutenu à la Chambre un amen
dement tendant à la démolition des forts de Brest. Je l'avais déposé pour tenir en échec e
projet de loi du Ministre de la Guerre, et faire comprendre, si possible, dans le déclassement
de certaines places fortes, celui des fronts de terre de Brest. La discussion de cet amen e
ment (voir Officiel du 25 mars Î9Q2) a donné l'occasion au Ministre de s engager devant a
Chambre à faire étudier la question préalable des forts d'arrêt.
J'avais antérieurement reçu â ce sujet les remercie menls de la Chambre commerce
et du Conseil municipal de Brest, ce dont je m'honore grandement, car c'est la preuve
indéniable de la sollicitude constante de votre député pour les intérêts de ses commettants.
Mous avons obtenu au dernier budget une augmentation de 20 centimes pour les
ouvriers auxiliaires des poudreries nationales*
— 278 -
Je .crois avoir rendu de grands services au commerce brestois en donnant tout n,
concours a 1 exposition de Brest, pour laquelle j’ai obtenu toutes les autorisations. *
Création d’uu.e recette auxiliaire des postes au port de commerce.
Même création à Gu tiers.
Solution de la question de compétence du (tribunal des prud’hommes — le décrétés,
en préparation au Ministère du Commerce. tel
^ 7él'er mail,tenaQt ks réf™3 tesMatim et administratives que le M
fait lîfVdHCk" rS"aU’ SraCe a r‘ippui d'ul,e maj°rité compacte, dont je m’honore d’avoir
fait pai ti.e depuis trois ans, a pu mener il bien?
h* IÆ*posiitioi) - la Ioi «J* associations - la réforme des successions - celle du rén*
hypotliecaire -- nos succès .diplomatiques - l’alliance russe -le rapprochement avec l’haÏ
eauatedücomfnTO franco-américains — nos écoles françaises à l’étranger - les
chemins de fer de la Chine, de Syrie, d’Asïe-Mineure - l’armée coloniale - la défense des
cotes — les reformes importantes dans l’armée et la marine, etc., etc »
en rés7é mon œuvre parlementaire. Ce qui nous reste à faire, c’est de groupe
mnrHtS? t”03 b°n"eS voloûtes dans une action commune. Notre raison, nos intérêts pri-
mordiaux, notre patriotisme nous îe commandent î "
Protection du commerce et de l’industrie!
Retraites ouvrières civiles 1
Majoration des salaires des ouvriers des arsenaux!
Développement constant de notre outillage maritime!
Brest, tête de ligue des frausatlan tiques!
Brest, port franc! plus de fortifications!
Brest, grande ville militaire et commerciale!
Vive Brest !
Vive ia République!
A. ISNARD, Député sortant.
2S circonscription de BREST
M. V1LLIERS
Iüu au l0t tour do scrutin. — 10.906 voix.
Mes chers Concitoyens,
des SrJtlaÆ,è”e l01S que Ie soi!icite l’bonneHf de vous représenter à la Chamfire
a Ï0B 8,iïraees’ ie " “ia w a,oir 1
intérim VSùfe", ™ É&T '** " *** * “ P?rle"ont ™
Vous m’avez vu à l’œuvre.
Ce n’est donc plus sur des promesses, c’est sur mes actes, c’est sur mes votes c’est
sur mon attitude que vous pouvez me juger. ’
La confiance dont vous avez bieu voulu m’honçjrer, je me puis efforcé de la mériter.
ports consTants^c vous!Ut deV0Uement' t9ute m0Q activité, et je me suis tenuen rap-
— 279 —
N° 1162
Rendre service à tous indistinctement, sans me préoccuper des opinions personnelles,
lellc a été et telle sera toujours ma ligne de conduite.
Et maintenant, est-il besoin de plus longues explications?
Vous me connaissez.
^ Profondément dévoué aux intérêts de la démocratie, je me suis efforcé* en toutes cir¬
constances, d'améliorer la situation du cultivateur, de l'ouvrier, du petit commerçant,
La défense de l'agriculture, qui traverse en ce moment une crise douloureuse et sans
précédents j a toujours été Tune de mes constante* préoccupations A différentes reprises,
jsai plaidé sa cause et j'ai tenu à me faire, devant le Parlement* l'interprète des revendica-
dons des agriculteurs de ce pays.
Les ouvriers, eux aussi, que j'ai appris à connaître* dont je respecte le dur labeur* et
aux souffrances desquels je compatis, savent qu'ils peuvent compter sur mon dévouement.
Je leur eu ai donné des preuves ;
Les intérêts des inscrits maritimes et des marins-pêcheurs ont également été l'objet de
ma sollicitude, et, il y a quelques semaines a peine, j'unissais mes efforts à ceux de mes
collègues représentant comme moi des populations maritimes, pour modifier le système qui
grevait si lourdement toute une catégorie de petits contribuables.
Il reste certainement beaucoup à faire* mais il serait puéril d’étaler à vos yeux cette
énumération de réformes à accomplir qu’on appelle un programme électoral ; l'expériente
a mon Ere à tous que ces formules sont forcément incomplètes et vagues et que ie meilleur
programme d'un candidat résulte de ses actes antérieurs, de sou caractère et de son passé.
Il en est cependant qu'il conviendra de reprendre dans la prochaine législature et d'ins¬
crire au premier rang. Plusieurs d'entre elles auraient déjà pu aboutir si, depuis trois ans,
ndtis n'avions été gouvernés par un ministère phis préoccupé de se maintenir au pouvoir
que de poursuivre la grande œuvre des améliorations promises au pays.
Au lieu de la loi sur le dégrèvement de l'impôt foncier, on nous a donné la loi sur les
associations.
Au lieu de la loi sur la révision de l’impôt des patentes, sur la création de la caisse des
retraites ouvrières, sur l'organisation de l’assistance des vieillards, on nous propose le stage
scolaire.
Autrement dit, on a relégdê dü Sèéoiid plan les qiiëstiotts ouvrières, agricoles, écono¬
miques et sociales pour assurer jusqu'à la fin de la législature l’existence ministérielle.
Électeurs,
Le ministère de M. Waldeck-Rousseau, je l'ai combattu, et je m'en honore, avec tous
les vrais libéraux, avec la presque unanimité des députés de notre département, avec des
hommes qui s'appellent Mèline, Ribot, de Mun, G ivaignac, Krantz, général Mercier, etc., etc.
Si vous approuvez toutes ces lois néfastes, lois de proscription et de liaiue qui marque¬
ront dans fliistoire les hommes de la soi-disant défense républicaine ;
Si vous ÜpptouVeZ la désorganisation dë notré armée, l'expulsion des religietrô, la juri¬
diction de la Haute Cour, la loi sur les assuciations, le projet de loi sur lë étage Scolaire, cë
n’est plus ïiiol qu’il fëül èhdifeir pour votre représentant
91 voü* vblîlez, au Cbritraire, éloigner à jamais ces appels à k haine et à la discordé, si
volifc voulez la liberté pouf tous, pour le* catholique* doktne pour le libre pentiëut, si vous
voulëz que notre vaillante arméb ëoit terme éloignée de ttos divisions et de nos querelles,
si vous vouléé que le drapeati tricolorè reste l'emblème de notre unité nationale, le sym¬
bole de nos tegrêts et de nos espérances, Vous le proclamerez le 27 avril en vous comptant
sur moa nom.
Plus de politique Vaine. Des Ibis pour l'amêSIdration de la classé ouvrière, dès lois pour
dé l'àgriébltùre et k défense dü cbmrhëréë, de l'indu Atrie fràhçake.
Voilà ce que demande le pays.
— 280 —
Mes chers Concitoyens*
Je vous connais assez pour savoir que ces sentiments sont les vôtres. Mais, pour fe
faire triompher, il est nécessaire que tous ceux qui ont au cœur Famour de la Patrie, qui
veulent défendre leur conscience et leur liberté, sachent se lever en masse et marcher en
rangs serrés et compacts.
A la coalition ministérielle et collectiviste, opposons la coalition patriotique et libérale,
Aujourd’hui, la question n’est plus politique ; elle est sociale. Bien aveugle qui ne veut
pas le voir.
Deux principes sont en présence : celui de la République radicale socialiste et sectaire,
celui de la République libérale, tolérante, largement ouverte à tous, respectueuse des droits
et des libertés de chacun.
Depuis dix ans, j'ai soutenu de mes votes tous [es ministères modérés qui se sont suc*
cédé au pouvoir.
Aux républicains libéraux mon concours nJa jamais fait défaut.
Cette politique, je continuerai à la suivre, car elle me paraît répondre aux intérêts et
aux aspirations du pays*
En m’honorant de nouveau de vos suffrages, vous trouverez en moi un ami sincère du
cultivateur et de l’ouvrier, un patriote ardent, un catholique convaincu, un libéral enfin,
qui ne désire que Y union salutaire de tous les bons Français sur le terrain constitutionnel,
afin de ramener dans notre chère patrie une ère de paix et de prospérité, si nécessaire
après ces dernières années de bouleversement et d’affaissement moral.
Veuillez agréer, mes chers Concitoyens, l'assurance de mes sentiments les plus dévoués,
Émile VI LU ERS.
3* circonscription de BREST
M. l’abbé GÀYBÀUD
Elu au 1er tour de scrutin* — 8,671 voix*
Électeurs,
A trois reprises vous m’avez fait l'honneur de me choisir pour votre représentant à la
Chambre des députés.
Conformément au mandat que j’avais reçu de vous, j’ai été, du premier jour au dernier,
un adversaire résolu de îa politique antireligieuse et antipatriotîque du ministère actuel,
en même temps qu'un défenseur énergique de la liberté intégrale d’association et d’en*
geignement. Mes adversaires, eux-mêmes, ne peuvent me reprocher aucun de mes votes.,,
J’ai fait, de plus, tout mon possible pour bien servir les intérêts particuliers de la cir¬
conscription. Les nombreux électeurs qui ont eu recours à moi peuvent en rendre témoi¬
gnage.
Mon programme vous est connu : liberté religieuse, protection des intérêts des culti¬
vateurs, des marins et des ouvriers, économies dans les dépenses de î’État, allègement des
charges militaires, diminution et répartition plus juste des impôts.
Partisan convaincu d’uue démocratie chrétienne* je ne cesserai jamais de combattre la
N° H 62
— 281 —
Franc-Maçonnerie, qui fait la guerre à la religion et à la liberté, et le socialisme, qui veut la
lutte des classes.
■ Pas plus aujourd’hui qu’en 1897, je ne viens à vous de moi-même et en mon nom per¬
sonnel. Une assemblée de conseillers généraux et de conseillers d’arrondissement, de maires,
de conseillers municipaux et d’électeurs notables, réunis à Lannilis, le 2 avril, m a désigné
unanimement pour être candidat aux élections prochaines. En votant pour moi, c’est donc
avec vos élus, avec les hommes qui ont votre confiance, que vous voterez.
Électeurs,
Je connais la fidélité de vos sentiments. Le scrutin du 27 avril prouvera que l’union
entre nous est plus solide et plus forte que jamais.
Vive la France!
Vive la République !
Chanoine GAYRAUD, Député sortant.
lr* circonscription de GHATEAULIN
M. Gabriel MIOSSEC
Élu au l6r tour de scrutin. — 7.325 voix.
Mes chers Concitoyens,
Voilà bientôt deux ans que vous m’avez fait le grand honneur de me choisir pour vous
représenter à la Chambre. Partageant vos intérêts et vos sentiments, j’ai conscience d’être
resté pendant cette période leur représentant dévoué. J’ai été ainsi amené à combattre
l’œuvre du Ministère actuel et à repousser les principales lois qu’il nous a présentées : la
loi sur les associations, la loi sur les retraites ouvrières et la loi sur les boissons.
La politique de ces dernières années s’explique par l’entrée d un collectiviste au sein
du Gouvernement et la nécessité où il s’est trouvé, pour cette cause, de subir le concours des
plus avancés, ainsi que des radicaux et de tous les sectaires du Parlement.
Nous avons vu la collaboration du Gouvernement avec un parti qui ne se cache pas de
vouloir détruire l’esprit militaire et les armées permanentes et qui oses attaquer à la Patrie
elle-même comme à une institution surannée. Nous avons vu un ministre de la Guerre,
choisi pour sa tournure spéciale d’esprit, refuser à l’armée le droit d’avoir d autres opinions,
d’autres croyances que les siennes, y introduire la délation et oflrir l’avancement en prime
aux complaisances politiques.
L’arrivée au pouvoir d’un ministre socialiste a déterminé une recrudescence de grèves
et aggravé la violence de ces conflits.
En faisant entrevoir la révolution sociale, l’alliance collectiviste a donné naissance à
un sentiment d'insécurité qui paralyse le commerce et l’industrie et qui n’est pas étrangei
à la crise que nous traversons. Nous avons en outre, pour comble de malheur, un ministre
des Finances dont la gestion fantaisiste nous laisse à combler un déficit de deux cent
soixante millions.
En demandant leur appui aux radicaux, le ministère a du obéir à leurs exigences hai¬
neuses et iuaugurer la détestable politique des persécutions. On a vu les opinions et les
36
^ 282 —
croyances des fonctionnaires et jusqu'à celles de leurs familles épiées et dénoncées. Ou a
refusé la liberté d'association à toute une catégorie de citoyens et on vent supprimer \$
liberté (renseignement en se défendant de vouloir porter atteinte à la liberté de conscience,
dont elle est le complément ei la sauvegarde.
Nos institutions inspirent au pays une confiance toujours plqs grande, 11 faut donc
cesser de défendre la République contre un danger imaginaire, rqmpre toute alliance dis¬
solvante avec ïe collectivisme fit pacifier les esprits pn gouvernant avec fermeté et
sagesse.
Il faut faire moins dé politique pure et réserver une place plus large aux lois écono¬
miques, agricoles, industrielles et commerciales.
Au point de vue agricole notamment, il reste à dégrever la petite propriété, à assurer
fa réforme hypothécaire et l'insaisissabilité du bien de famille, à organiser les chambres
d’agricultiire, à développer renseignement agricole en le mettant à la portée d’un plus
grand nombre.
Les retraites ouvrières ont une organisation toute trouvée dans les sociétés de secours
mutuels, admirable instrument de solidarité qu'il faut propager en les encourageant par de
larges subventions.
Il est nécessaire de diminuer les frais de justice et de simplifier la procédure.
Sl l'on veut que famée assure la défense nationale, il est urgent de la garantir des
attaques violentes et perfides dirigées contre elle ; c'est le premier devoir du Gouver¬
nement.
La réduction du service militaire ne peut être entreprise qu’avec prudence et par éche¬
lons, en organisant fortement les cadres, en éprouvant d'abord le nombre de rengagements
possibles, en ne risquant rien qui puisse diminuer nos effectifs et compromettre la sécurité
de la Patrie.
La situation budgétaire demande des remèdes prompts et énergiques si l’on ne veut
qu'elle devienne ruineuse. Il faut arrêter l'augmenta tion des dépenses, réserver au Gouver¬
nement seul V initiative des ouvertures budgétaires. Il faut rétablir nos finances non par une
loi sur îe revenu qui ferait fuir les capitaux, mais par une gestion ss^ge et économe, par la
réduction du fonctionnarisme, par une décentralisation énergique qui simplifierait les
rouages de notre administration.
Il faut reviser la loi sur les boissons et abolir le privilège des bouilleurs de cru.
L'achèvement du réseau ferré de notre région continuera d’être l'objet de mes constantes
préoccupations.
Partisan d'une politique sincèrement libérale qui fasse aimer la République à tous, en
respectant les droits et la liberté de chacun et en réalisant progressivement toutes les
réformes sociales légitimes, je me présente de nouveau avec confiance à vos suffrages.
Vive la République !
Vive la Liberté ï
2* circonscription de CHATEAUUN
M. DUBUISSON
Élu au !°* tour de scrutin. — fi. 762 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le Congrès des délégués républicains dej-la ^circonscription électorale de Parrondisse-
ment de Ghâteaulin, réuni à Carbaix le 16 mars 1902, ayant approuvé ma conduite à la
Chambre de* députés et m'ayant désigné comme candidat républicain à l'élection du
— -283 —
97 avril le viens vous soumettre le programme que j’ai développé devant le Congrès, pro-
27 avril, j robation unanime et que vous connaissez déjà, car les principes
*» de 1902 n,esl “ réali,é
que celui de 1898.
Républicain de la veüle, je veux un Gouvernement sagement progressiste, liberal, mais
aSSe™r^I Llm^ermetè laTéaction monarchique et la révolution collec-
tlVIS]e suis opposé à la révision de la Constitution et à la dénonciation du Concordat.
Défenseur de la liberté de conscience, adversaire du cléricalisme, je suis partisan de
la suprématie du pouvoir civil qui, étranger à toutes les querelles confessionnelles a le
devO r d’assurer à chaque citoyen le libre exercice du culte de son choix et dont le rôle est
de s’occuper du Gouvernement du pays et nbn des affaires religieuses comme le rôle du
pouvoir religieux est de s’occuper des affaires de la religion et non des affaires du Gou-
— x l’économie dans les finances et j’ai fait à la Chambre des députés tout mon pos¬
sible pour eu réaliser, convaincu que l’équilibre du budget est la condition indispensable
de notre prospérité. . . j ,
Je suis opposé à l’impôt sur le revenu, à la suppression des octrois, au rachat des che¬
mins de fer par l’État, comme à l’établissement dé tout nouveau monopole.
Je suis partisan de la diminution des frais de justice, des droits de mutation et de un
nôt foncier sur la propriété non bâtie.
Je désire qu’on découvre une combinaison financière permettant d assurer une retraite
aux vieux travailleurs sans imposer au pays de trop lourdes charges.
Je suis prêt à voter la réduction de la durée du service militaire, mais a la Condition
qu’il n’en résultera aucune diminution de la puissance de l’armée, car l’armée, garantie de
notre indépendance et de notre sécurité, doit être forte et respectée.
Je veux le maintien d’une paix honorable.
Membre et trésorier, depuis 187/,. du Comice agricole de Chàteauneuf, fondateur de la
première société d’assurance mutuelle agricole du département, j’ai toujours fait tout ce
que j’ai pu pour soutenir les cultivateurs et jé voterai toutes les lois qui pourront leur être
utiles
Je ne Vous fefai pas de promesses, je n’ën ai jamais fait ; Si jé Süis élu, je défendrai de
mon mieux vos intérêts.
Ce programme, qui a reçu en 1898 votre approbation, je vous le soumets de notiveaü
avec confiance, persuadé qu’en 1902 vos opinions comme les miennes sotlt restées
inébranlables et que voüs êtes toujours aussi dévoués à la République qui a tout fait pour
les cultivateurs.
Vive la République !
Docteur DUBUISSON.
— 284 —
lre circonscription de MORLAIX
M. CLOÂREC
Élu au 1er tour de scrutin. — 9.086 voix.
Mes chers Concitoyens,
En me présentant à nouveau à vos suffrages Je viens de vous demander de vouloir
bien me confier pour la seconde fois le mandat législatif.
Pendant la courte période que j'ai passée au Palais-Bourbon, je me suis dévoué avec
ardeur à vos intérêts, et je crois avoir consciencieusement rempli mon devoir.
C’est à vous de ratifier par votre vote la marque de confiance que vous m’avez déjà
donnée et de me permettre de continuer Pceuvre que je poursuis d’accord avec vous,
c’est-à-dire le relèvement de notre pays au point de vue commercial, agricole et
industriel.
Si vous me faites l'honneur de m’élire, je me consacrerai à l'étude de toutes les
questions qui auront principalement pour but de venir en aide aux cultivateurs, et je
suis persuadé que nous arriverons à faire aboutir leurs revendications si justes et si
équitables.
Je voterai toutes les mesures qui tendront à la diminution du temps passé s))us les
drapeaux, sans toutefois compromettre la sécurité nationale.
Partisan absolu de toutes les libertés, je voterai toutes les mesures qui assure¬
ront la liberté d enseignement, sous le contrôle de l’État et avec équivalence des titres
universitaires.
Je combattrai le collectivisme et le sectarisme sous toutes ses formes, je n’envisagerai
toujoms que 1 intérêt général de la République et. de la France, et dans mes votes, j’agirai
comme par Je passé, ne m’attachant pas aux hommes, mais aux idées, entendant toujours
conserver ma liberté absolue, n’étant inféodé à aucun groupe.
Si vous partagez ma manière de voir, vous voudrez bien me témoigner votre confiance
5e 27 avril et vous pouvez compter sur mon entier dévouement pour la défense de tous vos
intérêts.
Vive la République I
Émile CLOAREC,
Candidat républicain,
Maire dePIoujean, Député sortant.
2e circonscription de MORLAIX
M, le comte de MON
Élu au 1er tour de scrutin. — 13.Ô33 voix.
M. le comte de Mun n’a pas publié de profession de foi.
— 285 —
N° 1462
lre circonscription de QUIMPER
M. HÉMON
Élu au 1er tour de srutin. — 7.519 voix.
Chers Concitoyens,
Depuis que la lrt circonscription de Quimper existe, j’ai le grand honneur de la
représenter.
M’auriez-vous jusqu’à ce jour conservé votre confiance, si je n’avais rien fait pour
la mériter ? Ceux qui le prétendent me semblent avoir de vous et de votre intelligence une
étrange opinion.
Je ne vous ai jamais prodigué les promesses, mais je me suis efforcé d’être, en toute
circonstance, le représentant consciencieux de vos idées, le gardien vigilant de vos intérêts.
Sans trop de prétention, je crois vous avoir tous habitués à compter sur la loyauté de ma
parole ; peut-être jugerez-vous cette garantie préférable à beaucoup de celles qui vous
sont offertes en ce temps électoral.
Ma vie s’est passée tout entière sous vos yeux ; aussi ne suis-je point inquiet de
l’accueil que vous ferez aux inventions mensongères — toujours les mêmes — que la haine
réactionnaire se plaît à reprendre contre moi à l’approche de chaque élection.
Comment, par exemple, peut-on sérieusement me dénoncer à votre réprobation
comme un ennemi des intérêts religieux ? Est-ce parce que j’ai toujours soutenu, d’accord
en cela avec tous les républicains du Finistère, que les ministres du culte ne sont point à
leur place sur le terrain électoral et que la religion elle-même risque de perdre beaucoup
à être mêlée aux querelles dont un intérêt politique est l’enjeu ?
Cette opinion était depuis longtemps celle de beaucoup d’excellents catholiques ; vous
l’avez vue formulée avec éclat, en ces derniers temps, par toute une série de lettres
épiscopales ; enfin, èlle vient de recevoir, de la bouche même du pape Léon XIII, la suprême
consécration. Que peuvent alors me reprocher mes adversaires, si ce n’est d’avoir trop eu
raison contre eux ?
Quand on admet la liberté de conscience — et comment ne pas l’admettre ? on ne
saurait être hostile à la liberté des cultes ni à la liberté d’enseignement, qui ne sont
que des manifestations extérieures de la première. Je n’ai donc hésité d’aucune façon
à me prononcer pour la liberté d’enseignement, sous les réserves indispensables qu’exigent
l’intérêt de l’enseignement lui-même et les droits supérieurs de l’Etat. A moins de
dénaturer audacieusement mes paroles et mes votes, il est impossible de m’attribuer
d’autres sentiments.
Dois-je parler, par ailleurs, de mon programme politique ? Je n’en ai pas d’autre à
vous soumettre que celui qui a été tant de fois sanctionné par vos suffrages. Etre fidèle à
.soi-même, n’est-ce pas la vraie façon d’être fidèle à ses électeurs.
Je vous l’ai dit à une autre époque : « Dans l’ordre social, comme dans l’ordre politique,
notre République est l’héritière de la Révolution française. Elle a mission de reprendre en
tous points cette œuvre interrompue et de lui donner, à un siècle d’intervalle, son légitime
couronnement. »
Une telle conception de l’œuvre républicaine doit forcément conduire à traiter en
ennemis tous les ennemis de la société moderne, que ce soit l’intérêt révolutionnaire ou
l’intérêt réactionnaire qui pousse en avant les démolisseurs.
«jNi révolution, ni réaction! » c’était la devise qui avait prévalu dans le parti
t
— â8G -
républicain jusqu’à ces dernières années, et j’ai résolument soutenu de mes votes les
ministères qui Font mise en pratique. iNon moins résolument, j’ai cessé d’être ministériel
le jour où je me suis trouvé en faée fcFUn Ministère qui, par le seul fait de sa composition,
rompait ouvertement avec cette tradition de notre parti. Aucune erreur ne pouvait être
plus grave, selon moi, que d’introduire officiellement aux affaires des représentants
de cet esprit de collectivisme doctrinaire qui me paraît être tout Fopposô de Fesprit
républicain.
Quoiqu’elle ait causé beaucoup de mal, Terreur n’est point encore irréparable. Je
conçois, pour mon compte, et j’espère voir se constituer bientôt, si les résultats électoraux
le permettent, une majorité franchement et largement républicain e, groupant ensemble
tous les défenseurs sincères de la société moderne, tous les hommes pénétrés des nécessités
pratiques de gouvernement.
Mon éminent ami M, Méline exprimait récemment le vœu que la Chambre future,
faisant taire les querelles de politique intérieure, vouât ses quatre années d’existence,
à résoudre quelques-unes des plus importantes questions qui touchent à la situation
extérieure économique, financière et militaire de la France. J’applaudis à son initiative,
et nul plus que moi ne serait disposé à la suivre. Puisse-t-elle trouver au Parlement de
Fécho 1
Entre les questions urgentes qui ont un instant paru à Fordre du jour de la dernière
législature, la Chambre nouvelle n’aura que l’embarras du choix.
Les grandes mesures d’assistance et de prévoyance sociales déjà réalisées par la
République sont pour elle un véritable titre d'honneur. D’autres lois doivent suivre et
compléter cette œuvre si bien commencée: tout d'abord, la création de l’assistance pour
les vieillards et les infirmés ; ensuite, le développement des mutualités ouvrières, auquel
il me paraît bon de subordonner la question des retraites, engagée dans une voie pêu
pratique Fan dernier.
L’agriculture est fondée à réclamer !e vote de certaines lois d’intérêt secondaire, restées
en suspens: elle sait, d’ailleurs, que si des dégrèvements prochains peuvent être effectués,
Piinpôt foncier semble devoir être le premier à en profiter.
Les marins-pêcheurs ont eu leur part des améliorations législatives les plus récentes.
Une loi sur ^inscription maritime réduit de 7 ans la durée du service des inscrits et
supprime les appels de 28 jours. Une disposition spéciale introduite dans la loi de finances
de 1902 donne satisfaction aux plaintes qui s’étaient élevées contre le fonctionnement de la
Caisse de prévoyance des marins, en dispensant les patrons du versement auquel ils
étaient assujettis pour leurs hommes et en réduisant notablement le montant des verse¬
ments à opérer par ces derniers. Enfin, la loi qui vient d’ôtte adoptée sur la mari no
marchande crée, en fàVeur de la Caisse des Invalides, des ressourcés nouvelles. qui profite¬
ront aux derùi-soldiers.
La question de Tabrèviatkm du service militaire est sérieusement mise à Fétude, Il
est à souhaiter qu’elle aboutisse ; mais c’est un devoir élémentaire de prendre les plus
rigoureuses précautions pour qu’il n’en résulte aucune atteinte à là solidité de l’armée,
de cette armée que la République s’énorgueillit d’avoir élevée à un haut degré de
puMahce et sur laquelle nous nous sommes habitués à faire reposer üoU plus chères
espérances d’avenir.
11 y a deux ans, le régime fiscal des boissons a été réformé par Une loi qui a sacrifié
Fintérôt général à celui de certaines régions, à a nombre desquelles n’est assurément pas
là nôtre. Daüs ie détail comme dans l’ensemble, Lavais refusé mes votes à dette réforme
hâtive et mal Conçue ; c’est dire que je serais tout prêt à en voter la révision.
En ce qui concerne la gestion de nos finances, je me suis toujours déclaré partisan
d’une politique de stricte économie ; sür ce point comme sur les autres, j’ai scrupuleuse¬
ment conformé mes votes parlementaires aux déclarations que je vous avais faites. Ce n’est
pas sans regret qu’il m’est arrivé parfois de repousser des augmentations do dépenses qüi
se présentaient soüS les plus séduisantes apparences ; mais le souci de l’équilibre badge-
N* 4162
— 287 —
taire m’a paru devoir primer tout le reste. Pour l’honneur du suffrage universel, je me
refuse à croire que ce soit en dilapidant les finances publiques ou en désorganisant l’armée
nationale qu’on gagne ses faveurs.
Telles sont, chers Concitoyens, les explications que j’ai cru vous devoir, au moment où
voua êtes appelés à prononcer sur mon compte un nouveau jugement.
Comme au temps du boulangisme, vous voyez formée contre moi une coalition dans
les rangs de laquelle se confondent tous les débris dés vieux partis que la République a
vaincus. Réactionnaires étaient les coalisés de 1889, réactionnaires sont ceux d’aujourd’hui ;
il n’y a de changement que dans leur enseigne électorale, qu’ils prennent soin d’adapter
aux besoins du moment. Toujours battus, ils ne se lassent pas de revenir à la charge, et
c’est merveille de les voir, après 25 années d’attente, guetter encore l’heure propice uù ils
pourront mettre la main sur la lre circonscription de Quimper.
Électeurs républicains, vous avez résisté à la violence ; vous avez éventé les ruses et
déjoué les intrigues ; saurez-vous aussi bien vous défendre contre les manœuvres
corruptrices qui déshonorent cette campagne électorale et font le scandale des honnêtes
gens ?
Quel mépris vous témoignent ces réactionnaires qui se flattent de former ici à leur
profit une majorité électorale en remplaçant la discussion des idées et des intérêts légitimes
par un cynique appel à la débauche et à la mendicité !
Chers concitoyen», soyez bons gardiens de l’honneur de cette circonscription républi¬
caine ! 25 années durant, elle a victorieusement tenu tête aux assauts réactionnaires :
ne permettez pas qu’il soit dit qu’en un jour de défaillance elle s’est livrée à prix
d’argent !
Louis HÉMON, Député sortant.
Conseiller général du Finistère.
2e circonscription de QUIMPER
M. LE BAIL
Élu au 1” tour de scrutin. — 12.501 voix.
Mes chers Concitoyens,
Appelé par le cfioix unapime de 500 délégués républicains, réunis à Quimper le
22 mars dernier, à l’honneur de porter le drapeau do la République dans la 2" circonscrip¬
tion de l’arropdissement de Quimper, je vous dois compte de mon programme politique.
La lutte prochaine va mettre en présence, d’un côté, les républicains qui veulent le
maintien des lois de défense et d’organisation de la République et la réalisation progressive
des réformes promises à la démocratie ; de l’autre, le parti sans nom qui, se couvrant du masque
républicain, espère égarer et tromper l’opinion et s’emparer d’un pouvoir qui ne serait avec
lui que confusion, trouble et anarchie. Composé d’hommes appartenant à toutes les opi¬
nions, s’il était en majorité demain, il ne saurait que détruire et serait impuissant à rien
fonder.
Électeurs,
Ce sont ces mêmes hommes suspects qui étaient entrés au Conseil des Cinq-Cents
en 1797 et à l’Assemblée législative en 1849. Souvenez-vous que ces Assemblées ont abouti
— 288 —
à l'avènement du pouvoir personnel et à l’empire, c’est-à-dire à la [suppression de toutes
nos libertés, à i’inva&ion, au démembrement et à la ruine de la patrie.
La République que je sers et que je défends est celle qui a proclamé les Droits de
l’homme et du citoyen, qui a donné à la France le suffrage universel.
Plus récemment, elle s’est appelée la Défense nationale ; elle a présidé à la libération
du territoire, à l’organisation de notre enseignement laïque, au relèvement de nos forces
maritimes et militaires; elle a associé sa politique étrangère à celle d'un puissant pays
devenu notre ami et notre allié 1 Et je ne parle pas des travaux publics qui ont été partout
entrepris depuis 31 ans, de l’extension donnée à notre voirie ferrée et à nos chemins
publics, de notre agriculture protégée et encouragée, des lois ouvrières qui ont marqué une
série d’étapes vers le mieux social, de notre domaine colonial agrandi, de la longue période
de paix qu’elle a assurée aux pays.
Aveugles ceux qui méconnaîtraient l'importance et la grandeur de son œuvre!
Cette République, qui est la mienne, doit être dans l'avenir :
La réforme parlementaire et l’amélioration des méthodes de travail de nos Assem¬
blées;
L’ordre et l’économie dans les finances et l'amortissement de notre dette;
La réorganisation administrative et judiciaire avec les notables économies qui en
résulteront ;
Le contrôle sévère des dépenses de nos grands services publics;
La répartition plus équitable de l’impôt entre tous les citoyens.
Électeurs,
Si vous me nommez votre représentant, je m’attacherai à préserver la République des
dangers et des obstacles qui pourraient ralentir ou arrêter sa marche vers le progrès poli¬
tique* ou social.
Le premier de ces dangers est le cléricalisme.
Je veux garantir à tous les citoyens la liberté de conscience et maintenir à chacun
d’eux le droit de pratiquer librement sa religion. Le prêtre est maître absolu dans son
église, mais il doit s’interdire toute ingérence dans le domaine du temporel, où doit s’exercer
sans obstacle la prééminence nécessaire de l’État laïque, qui n’est autre chose que la puis¬
sance publique chargée de la garde et de l’application des lois, de toutes les lois.
Il faut que le prêtre, qui doit être l’homme de tous, comprenne qu’en se mêlant aux
querelles des partis il s’attire fatalement les représailles du vainqueur.
J’estime que le Concordat peut continuer à être appliqué dans un esprit de tolérance
mutuelle jusqu’au jour où l’Église et l’État réclameront leur indépendance.
Je ne veux pas toucher à la liberté de l’enseignement ni porter atteinte au droit du père
de famille, mais l’État a le droite! le devoir d’exiger des maîtres de renseignement libre
des garanties de capacité, de surveiller et de contrôler l’instruction donnée dans ces établis¬
sements et enfin de n’admettre dans ses administrations civiles que des fonctionnaires qui
auront été préparés, par un stage dans ses lycées et ses collèges, à le servir et non à b
combattre.
Le second de ces dangers est b collectivisme.
La Déclaration des Droits proclame que les droits de l’homme en société sont la liberté,
l'égalité, la sûreté, la propriété.
Au Heu de chercher à supprimer la propriété, il faut la protéger et en faciliter l’acces¬
sion au plus grand nombre par des mesures législatives favorables et par le développement
des institutions de coopération et de crédit.
Dans le domaine social, je désire l’union et non la lutte des classes et des intérêts, la
conciliation pacifique et fraternelle du capital et du travail.
Les lois sociales de 1a troisième République ont amélioré le sort de l’ouvrier.
N° 1162
— 289 —
Il importe de les compléter par la loi sur les retraites ouvrières en tenant compte à la
fois des trois grands intérêts engagés dans la réforme : l’intérêt social, l’intérêt fiscal et
l’intérêt économique du pays.
En attendant que la loi projetée produise ses eflets, i! faut organiser sur des bases plus
larges et plus humaines l'assistance des vieillards et des infirmes dans les villes et dans les
campagnes. Ce sera l’honneur de la troisième République d’avoir assuré une amélioration
de leur triste condition à ces invalides et à ces vaincus de la vie, dont un homme d’Etat
disait il y a déjà 50 ans : « Le monde est fatigué' de voir des misérables. «
La situation des marins est digne de la sollicitude du législateur.
La dernière Chambre a voté avant de se séparer, dans sa séance du 25 mars, une
réforme attendue depuis longtemps : l’adoption du nouveau projet de loi sur l’inscription
maritime. Il importe de compléter ces mesures heureuses par une réorganisation de la loi
sur la Caisse de prévoyance.
Grâce aux ressources que procure la nouvelle législation sur la marine marchande, il
sera possible d’exouérer ces inscrits maritimes de leurs versements.
Je demanderai encore que la loi du 9 avril 1898 sur les accidents du travail leur soit
applicable et qu’une amélioration soit apportée aux pensions de demi-solde, qui avaient déjà
subi en 1881 tin notable relèvement.
Les questions agricoles ont toujours tenu une large place dans mes goûts et mes préoc¬
cupations. Notre agriculture florissante est la base de la prospérité nationale.
Ü est essentiel de maintenir en sa faveur nos lois de protection et nos tarifs douaniers.
Outre qu’elles sont la sauvegarde de sa prospérité, elles procurent au Trésor un chiffre
important de recettes,
La création des chambres cantonales d’agriculture s’impose. Cette institution aura pour
but de renseigner sans cesse le gouvernement sur les souffrances, les vœux et les besoins
de l’agriculture et'de vulgariser la pratique des institutions d’assurance, de mutualité et de
crédit agricole qui ne sont pas encore entrées dans les mœurs des populations rurales.
Le dernier des périls est le’nationalisme.
Le nationalisme est une des formes de la réaction.
Ce qu’il poursuit par une voie détournée, c’est non l'amour exclusif de la patrie et de
son armée, mais bien la conquête du pouvoir politique au profit du bénéficiaire inconnu qui
le recueillerait.
11 est trop long de rappeler tout ce que la République a fait pour l’armée. Elle a été
depuis 31 ans son orgueil et sa suprême pensée!
Le patriotisme est la vertu commune de tous les bons Français sans distinction de parti
il en est bien peu qui soDgent sincèrement à détruire l’armée.
L’armée m’est toujours apparue comme le foyer du désintéressement et des énergies
nationales. Je la veux forte et respectée. Elle doit ignorer nos divisions politiques et ne voir
que les frontières. Je la veux subordonnée au pouvoir civil.
L’armée doit être, en outre, dans une démocratie, la fidèle représentation du pays.
L’officier français, qui est un bon instructeur, doit tendre de plus en pins à devenir un
éducateur. C’est par son affection pour ses hommes, par l’influence de l’exemple et la direc¬
tion morale, qu’il doit imposer au soldat son autorité dans la grande famille militaire.
L’armée ainsi comprise ne ferait qu’un seul corps et une seule âme et la confraternité des
armes durant la paix assurerait la solidarité dans le combat à l’heure du danger.
Je suis favorable au service de deux aDS qui nous donnera des troupes homogènes;
mais, à une armée sans cesse rajeunie, il faut des cadres nombreux, expérimentés, capables
de réaliser, par leur permanence dans le rang et par leur élasticité, l’équilibre et la cohé¬
sion dans notre organisation militaire.
La nouvelle loi sur le recrutement devra doue être précédée de mesures préparatoires
destinées à réaliser le renforcement de nos cadres inférieurs de sous-officiers et de
37
caporaux; elle devra également rendre le service militaire égal pour tous et supprimer les
dispenses, en accordant toutefois des secours aux familles nécessiteuses des soutiens de
famille.
Électeurs
C’est par ramour de la patrie et Funion de tous les républicains, par îa tolérance civile
et le mutuel respect des opinions; c'est en élevant nos âmes pour iebien général au-dessus
des impulsions étroites de Fintérêt personnel ; c’est par la connaissance exacte de nos droits
et la pratique quotidienne de nos devoirs sociaux que nous pourrons rendre la République
forte et réaliser progressivement dans les lois et dans les mœurs notre idéal démocratique
de paix, de justice et de fraternité sociale.
Vive la France 1 Vive la République !
Le candidat du Congrès républicain,
Georges LE BAIL,
Conseiller général, maire de Piozéyet
Circonscription de QUIMPERLÉ
M. J. de KEïULÏGÜ
Élu au 1er tour de scrutin. — 11.620 voix.
Mes chers Compatriotes,
Quand, à plusieurs reprises, des amis étrangers à notre circonscription m’ont engagé
à poser ina candidature au Sénat, je leur ai sur Fheure et toujours répondu :
« Aussi longtemps que les électeurs de l'arrondissement de Quimperlé me garderont
leur confiance tout entière, je n’abandonnerai pas volontairement le poste d’honneur où
leurs libres suffrages me maintiennent depuis 1889 par des majorités plus considérables à
chaque nouveau scrutin. »
C’est dans ce sentiment qiFaprès y avoir été convié par un grand nombre de vos élus,
je viens solliciter le renouvellement de mon mandat.
Si le temps, loin d'affaiblir les liens qui m’unissent à vous, n’a servi qu’à les fortifier,
les événements qui se sont succédé depuis douze ans n’ont en rien modifié non plus mes
idées politiques ni ma conception de ce que réclament l’intérêt immédiat et Favenir du
pays.
Malgré les crises parfois douloureuses et les difficultés graves qui ont marqué ces
dernières années, je reste en effet fermement convaincu que seule la République offre
aux bons citoyens, désireux d’union et de paix, ua large terrain de rapprochement et
d’entente pour la défense des libertés qui nous sont chères et la sauvegarde des principes
indispensables à l’existence d’une grande nation comme la France.
Ma vie, en grande partie passée au milieu de vous, la communauté de nos intérêts,
mes actes et mes votes me dispenseraient peut-être d’une plus longue déclaration.
J’estime cependant qu’à Fheure actuelle les électeurs sont en droit d’attendre de qui
sollicite leurs suffrages des précisions plus formelles que jamais et ne laissant aucune
prise à l’équivoque.
Et puisqu’il nous a été donné de voir remettre en question les garanties essentielles de
N" H 62
— 2ÎH —
l'indépendance et de la dignité humaines, je déclare que, soucieux autant que personne de
ne laisser porter atteinte ni aux prérogatives de la société civile, ni aux droits de l’État, je
n’en suis pas moins partisan convaincu de la liberté de conscience avec sen complément
nécessaire : la liberté d’enseignement, et partisan non moins résolu de la liberté du travail
comme du maintien de la propriété individuelle.
La République que nous soutenons et que nous voulons conserver doit être tolérante
et respectueuse de toutes les convictions sincères.
Elle doit vous assurer :
La paix sociale par le maintien de l’ordre public et par une administration vigilante,
équitable pour tous et soucieuse des intérêts dont elle a la charge ;
La paix religieuse par le maintien du Concordat loyalement observé de part et d’autre.
Ce double bienfait, tout homme impartial voudra bien le reconnaître, n’a pas été refusé
à noire arrondissement depuis le jour où vous m’avez appelé à vous représenter.
Cette politique d’apaisement et de concorde, je m’honore d’avoir travaillé de mon
mieux, dans le passé, à la faire prévaloir parmi nous.
Mon ambition, pour l’avenir, est d’y collaborer encore avec tous les bons citoyens qui
pensent que, sans le calme dans les esprits et sans la paix au dedans comme au dehors,
nulle affaire ne saurait prospérer, nulle entreprise ne peut réussir.
Quand aux doctrines collectivistes, antisociales et antinationales, dont le triomphe,
fut-il éphémère, aurait pour conséquences immédiates et certaines la ruine de tous et
l’abaissement de la patrie, je crois inutile d’affirmer ma résolution de les combattre en
toute occasion avec la dernière énergie.
Ouvriers ou patrons, agriculteurs ou marins, industriels ou commerçants, et ceux qui
vivent du produit de leur travail et ceux qui bénéficient d’une fortune déjà acquise, tous ont
un égal besoin de se sentir assurés du lendemain et garantis dans leurs situations comme
dans leurs biens contre les entreprises des perturbateurs de profession.
Nécessaires au développement des affaires, l’ordre et la paix ne sont pas moins indis¬
pensables pour réaliser les améliorations sociales et ouvrières, tous les progrès démocra¬
tiques, en un mot, que nous avons à cœur d’accomplir.
Ce n’est en effet ni dans le choc des passions contraires ni sous le coup de l'intimi¬
dation et de la menace que sc peuvent élaborer des réformes vraiment dignes de ce nom.
Qu’il s’agisse de secourir l’invalidité ou la vieillesse des travailleurs, d’améliorer notre
système d’impôts ou d’administration, de développer l’activité économique et la puissance
productive du pays, c’est seulement dans le calme des esprits et par la conciliation des
intérêts en présence que se dégagent et s’appliquent les solutions efficaces et durables.
Au cours de la législature qui vient de prendre fin, je n’ai jamais refusé mon adhésion
aux projets de réformes saines et pratiques, mais, de même que je me suis refusé à toute
compromission avec le parti socialiste-collectiviste sur le terrain politique, de même
aussi j’ai repoussé sans un moment d’hésitation ses dangereuses conceptions éconono-
miques dont le triomphe, d’ailleurs impossible dans ce pays du bon sens par excellence
qa’est la France, aboutirait aux plus cruelles déceptions et bientôt à la misère générale.
le regrette qu’une plus large part de l’activité parlementaire n’ait pu être consacrée
aux questions intéressant l’agriculture, le commerce et l’industrie, à la recherche des
mesures propres à les encourager et à les soutenir dans leur lutte chaque jour plus rude
contre la concurrence étrangère et je veux espérer que, dans la Chambre prochaine, l’élude
des lois d’affaires prendra enfin le pas sur les stériles débats de la politique.
A l’une des dernières séances de la législature, j’ai eu du moins la satisfaction de
voter, après y avoir collaboré dans la Commission de la marine, un projet de loi destiné
à atténuer les charges des inscrits maritimes. Le temps a malheureusement manqué au
Sénat pour T’adopter à son tour. Mais la proposition, ipprise devant la nouvelle Chambre,
devra être résolue dans un sens ausri favorable que possible à ces vaillantes populations du
littoral, si dignes, elles aussi, de la bienveillance des pouvoirs publics.
Les questions importantes, dont l’étude va s’imposer au Parlement dès la rentrée, sont
— 292 —
d’ailleurs si nombreuses que je ne saurais songer à les passer toutes en revue en ce moment
Toutefois, il en est deux, l’état de nos finances et la réduction du service militaire, dont la
gravité rend une courte déclaration nécessaire.
En ce qui concerne nos finances, la situation, sans être dangereuse } réclame cependant
lu plus sérieuse attention et une prudence d’autant pins grande que les charges du
contribuable, loin de décroître, ont atteint des limites que Pod ne saurait impunément
dépasser*
Certains remaniements d’impôts mal conçus, insuffisamment étudiés et qui ont fatale¬
ment abouti à de lourds mécomptes, comme la loi des boissons, mais surtout ^exagération
des dépenses publiques, Jolies sont les deux principales causes d’un état de choses auquel
il importe de porter remède sans retard comme sans faiblesse.
C'est par de profondes et larges économies que l’équilibre budgétaire momentanément
compromis doit être rétabli.
Et si, pour mettre un frein aux entraînements de la Chambre des Députés, il faut en
venir à limiter Pinitiative parlementaire en matière de dépenses, je voterai sans hésiter
toute mesure capable de protéger les contribuables contre des prodigalités trop souvent
inspirées par l’intérêt électoral*
Quant à la réduction du service dans l’armée, je suis prêt à l’étudier, en considérant
d’abord et avant tout la sécurité de la patrie. Un allégement des charges militaires que îe
pays a dû s’imposer ne paraît pas impossible, mais je n'y consentirai que si l’expérience
nous donne la double certitude d’obtenir des engagements assez nombreux et de cons¬
tituer des cadres assez solides pour que la diminution do temps de service n’ait en aucun
cas comme conséquence la diminution des effectifs ou l’affaiblissement de l’armée*
Sur ce terrain, du moins, l'accord sera facile entre tous les bons Français. Tous vou¬
dront témoigner de leur constante sollicitude pour cette armée, symbole de l’unité nationale
et sauvegarde de notre indépendance, qui s'imposa à notre respect par ses vertus et la
grandeur de sa mission.
Maintenue en dehors de nos querelles politiques, à. l’abri des délations, elle sera pro¬
tégée contre les attaques sans nom dont elle fut trop souvent l’objet en ces dernières
années. Mais insister sur ce sujet serait inutile entre Bretons,
De ces deux questions, capitales pour F avenir de notre pays : la situation de nos
finances et \t durée du service militaire, la Chambre prochaine voudra aborder Fétude sans
délai si, comme j’en ai la ferme espérance, l’immense majorité des Français condamne et
repousse définitivement, dans quelques jours, sectaires et agitateurs, politiciens et révolu¬
tionnaires, affirmant par là sa volonté de vivre et de travailler en paix.
Ordre, progrès, liberté,
En cos trois mots se résume, mes chers Compatriotes, la politique républicaine que,
personnellement, j’entends soutenir et m’efforcer de faire triompher si vous m’honorez de
vos suffrages.
Si c’est également la vôtre, comme je le crois, vous n’hésiterez pas à îe dire le 27 de
ce mois.
Plus nombreux seront vos votes, plus grande aussi sera mon autorité pour défendre
vos idées et vos intérêts.
Me souvenant de vos précédents témoignages de sympathie et certain d’avoir toujours
fidèlement, rempli mes engagements envers vous, j'attends avec confiance le résultat du
scrutin qui va s1 ouvrir .
J. DE KERJÉGU, Député sortant.
Président du Conseil général du Finistère*
— 293 —
N8 M62
GARD
circonscription d’ALAIS
M. Marias DEVÈZE
Élu au lw tour de scrutin. — 8-205 voix.
Citoyens,
Nous présentons à vos suffrages le programme du citoyen Marias Devèze, Député
"e programme est, au fond, le même que celui que vous avez approuvé il y a
o u s vo ns riei^mo difi é*; nous avons simplement ajouté - ^ I^ qu^tio^ api¬
coles, sur les questions militaires et d’enseignement, - des articles qui, loin de 1 atténuer,
l'aggravent et lui donnent un caractère encore plus avance _ ûes
Ce programme, tel que nous le présentons, a déjà été soumis aux délibérations des
Comités locaux et cantonaux.
Le Comité .
Programme politique :
l, _ Réalisation du principe démocratique .
r Révision de la Constitution dans le sens démocratique - 2° Suppression du Sénat -
î* Législation du mandat impératif et formation^ Comité P^nt éh^rr la ^ge
universel, qui aurait le droit de briser le député infidèle a son manda t - 4
du referendum pour les questions principales & Autonomie comm i ■ . ■
aeciv» - 7- Abrogation dos lois .or la presse £
desûreté générale, dites scélérates, qui constituent nue atteinte duocte
itotna- i Suppression des sous-préfectures - 9“ Diminution des gros traitements,
augmentation des petits - 10° Épuration du personnel, de façon a assurer aux msti u ions
républicaines des fonctionnaires dévoués*
U. _ Reconnaissance du principe de la laïcisation de l’htat.
1“ Abrogation du Concordat; suppression du budget des cultes; séparation des Églises
et de l’État — 2» Retour de la nation des biens de mainmorte — 3“ Laïcité complète dan
et ue t Ltat i neu i.« Sunoression de la loi Falloux et monopole de
l’administration et dans l’enseignement — k suppression u £ ,
l’enseignement par l'État. Gratuité de l’enseignement a tous les ^ degrés g™ ^
enfants du peuple puissent, dans l’intérêt de la nation, développer les trésors d g
enfermés dans leur esprit.
294
lïï. — Réformes militaires.
1° Abolition des armées permanentes (armement général du peuple) et, en attendant, I
réduction du service militaire à deux ans — 2° Secours aux familles nécessiteuses des
citoyens sous les drapeaux — 3° Suppression des vingt-huit et treize jours- Suppression des
Conseils de guerre.
Programmé économique :
L — Progî'amme général.
1° Socialisation des grandes exploitations, qui sont le résultat d’un travail social et
auxquelles la plupart du temps l’État fournit des secours sons la forme de subventions, de |
primes ou de garanties d’intérêt du capital, telles que les Compagnies de chemins de fer, 1
les Compagnies maritimes, les Compagnies minières, etc, — 2Q Abolition des impôts indi¬
rects et leur remplacement par un impôt progressif sur le revenu — 3* Augmentation de b
taxe qui frappe les gros héritages et les héritages collatéraux, suppression de tout droit sur
les héritages directs pour les fortunes ne dépassant pas 20.000 francs — 4a Retraite pour |
tous les travailleurs, aussi bien pour ceux de l’industrie que pour ceux de l’agriculture — |
5° Organisaiion de l’assistance publique et médicale dans toutes les communes— 6° Liberté
de la pêche et de la chasse avec les engins ordinaires et en dehors des temps prohibés,
dans l’intérêt général.
IL — Protection de la petite propriété.
1° Mise entre les mains des petits propriétaires des instruments de travail perfec¬
tionnés, qui fout la supériorité de la grande pr opriété- Formation, avec le concours de l’État,
de Syndicats chargés de donner aux petits cultivateurs les fumures, les engrais, les se¬
mences à un prix minimum et d’écouler les récoltes sans l’intervention de tierces personnes,
prenant pour elles la meilleure part du bénéfice — 3° Création d’une Banque agricole prê¬
tant sur garantie des récoltes futures — 4° Suppression de fartîcle 2102 du Code civil
donnant aux propriétaires un privilège sur les récoltes et suppression de la saisie-brandon, J
c’est-à-dire des récoltes sur pied. Constitution, pour le cultivateur, d’une réserve insaisis¬
sable comprenant les instruments aratoires, les quantités de récoh es, fumiers et têtes de
bétail indispensables à l’exercice de son métier — 5° Minimum de salaire fixé par les
Syndicats agricoles et les Conseils municipaux pour les ouvriers agricoles — 6° Abolition j
des prestations en nature — 7" Création de prud’hommes agricoles.
I1L — Protection de la viticulture.
1° Suppression complète et absolue des octrois — 2° Imposition d’un tarif minimum et !
unique pour le transport des produits agricoles, de façon que les vins, par exemple, soient |
vendus au même prix dans le Œord que dans le Midi de la France — 3° Monopole de l’alcool
à l’Etat — 4* Suppression du droit de circulation.
IV, — Protection de ta sériciculture.
1° Établissement d’un droit sur les cocons étrangers, soies grèges et soies ouvrées —
2Ü Primes attribuées, non pas sur la quantité des cocons récoltés, mais sur la quantité de
graines mises en incubation, afin que le sériciculteur qui a la douleur de voir sa chambrée
périr au moment de la bruyère ait au moins une faible récompense des efforts perdus —
3° Attribution, dans les mauvaises récoltes, aux communes éprouvées, des b millions ré¬
servés pour la prime à la sériciculture — k° Suppression de la prime pour la filature des
cocons étrangers tant que la récolte française n’aura pas été achevée — 5° Attribution, sous
— 293 —
N° 1162
îa forme de Caisses de secours, d'une partie de la prime destinée à la filature, aux ouvrières
tileuses, dont les efforts augmentent à mesure que Routillage se transforme,
Y, — - P f vlectio n des o uv ri ers e t petits e mp lo yés .
1° Repos d'un jour par semaine accordé à tous les employés et ouvriers — 2° Réduction
delà journée de travail à huit heures — 3° Interdiction du travail des enfants, dans les
ateliers privés, au-dessous de quatorze ans — FixaLion d*un minimum de salaire; relève¬
ment du salaire de la femme — 5° Interdiction légale aux patrons d'employer des ouvriers
étrangers à un salaire inférieur à celui des ouvriers français {Surveillance protectrice dos
apprentis par les corporations ouvrières) — 6° Intervention des ouvriers dans les règle¬
ments spéciaux des divers ateliers. Suppression des amendes. Restitution aux ouvriers de
1s gérance de leurs Caisses de secours mutuels et de prévoyance. Révision, en faveur des
salariés, de la loi sur les accidents et son application à tous les travailleurs de l’industrie et
de l’agriculture. Extension des droits des Syndicats professionnels de façon à leur donner
la faculté de posséder.
Le candidat s'enga ge, en outre, à défendre au sein du Parlement toutes les résolutions
votées par les Congrès ouvriers ; Chambres syndicales, groupes corporatifs, mineurs, mé¬
tallurgistes, employés de chemins de fer, employés de commerce, etc., et à prêter son
concours le plus dévoué au développement des Syndicats.
Mari us DEVÈZE, Député sortant.
(Suivent les signatures du Comité central et dn Comité électoral.)
2e circonscription d1 AL AI S
M. de RAMEL
Élu au 2e tour de scrutin. — 9.343 voix.
Mes chers Concitoyens,
Les circonstances dans lesquelles vous allez émettre votre vote le 27 avril vous dictent
votre devoir, auquel vous ne faillirez pas.
Vous condamnerez la politique anti-libérale et sectaire des hommes qui sont au pou¬
voir et qui, au lieu d'accomplir les réformes et les progrès si nécessaires à la protection du
travail national, au développement de notre industrie et de notre commerce, à la protec¬
tion de notre agriculture et à ^amélioration du sort des travailleurs, ont semé la discorde
et les dissensions dans le pays, et suscité des divisions religieuses profondes qui semblaient
effacées. Ils ont, en effet, au mépris de la liberté et des principes d’égalité dissous et dis¬
persé les associations religieuses vouées aux soins des misères humaines. Rien plus, ils
prétendent encore, contrairement a la liberté de conscience et au droit sacré des pères de
famille, maîtres de R éducation de leurs enfants, nous enlever d’une façon absolue, par
^abrogation de la loi de 1850 (loiFalloux), le droit de créer, de conserver et d'entretenir,
même a nos frais, des écoles libres congréganistes, et interdire aux Frères et aux Sœurs,
éducateurs de la jeunesse, le droit d’enseigner.
Vous îlétrirez par vos votes ces violations de liberté, ces odieux attentats contre la
güïï scie nee h u ma i n e .
Contemplant l’œuvre de destruction et de désorganisation des forces sociales accomplie
par la coalition disparate qui nous opprime, vous reconnaîtrez que c'est grâce à ces lottes
intestines qui agitent et troublent le pays, qu’elle se maintient au pouvoir et y règne despo¬
tiquement, ruinant les finances publiques par l’accroissement des dépenses, écrasant le
contribuable d'impôts, accumulant les emprunts nouveaux et les déficits, an profit de
amis et de sa politique étroite, au détriment de l'ensemble des contribuables.
Oublieux de l’intérêt public, ces hommes ne gouvernent que pour une très petite frac¬
tion franc-maçonne et sectaire, et non pour la grande France, laborieuse, pacifique, libé¬
rale et patriote, qui, le 27 avril, aura enfin le droit de faire entendre sa voix et d'imposer
ses volontés, en orientant la politique de la France vers la pacification sociale et T union
féconde des bonnes volontés.
Ce n'est qu'à ce prix qu'il sera possible au pays de reprendre sa marche vers le progrès
et de relever son prestige diminué aux yeux de l’Europe, de réaliser des réformes néces¬
saires à sa prospérité comme à sa grandeur morale, et de marcher, comme jadis, à la lête
des nations, qui, pendant que nous nous épuisons en querelles stériles, réforment leur
législation dans un sens libéral, en développant leur production et leur prospérité natio¬
nales.
La politique néfaste du Gouvernement qui se dit de Défense républicaine, condamne,
plus qu'aucune démonstration doctrinale, les vices d’un régime qui se meurt de l'excès de
parlementarisme et du défaut de contrepoids dans la constitution de l'organisme gouverne¬
mental, Le pouvoir exécutif y est sans autorité, comme sans stabilité, et l'oligarchie parle¬
mentaire, inconstante ou asservie, a détruit elle-même les garanties de liberté qu’on était
en droit d'attendre de la représentation nationale.
Aussi, nul ne peut contester que la réorganisation des pouvoirs publics sur des bases
plus stables et mieux équilibrées s'impose par la révision de la constitution, révision que
je n’ai jamais cessé de demander, et que j’ai réclamée devant la Chambre, lorsque la ques¬
tion s’est posée.
Convaincu qu'une Constitution n’est forte et incontestée que lorsqu’elle est librement
acceptée par le pays, j'ai réclamé et je demande encore la consultation nationale, qui seule
peut mettre un terme à nos dissensions politiques et à nos querelles de parti.
Électeurs!
Vous me connaissez, vous savez que, fidèle aux principes d'ordre et de liberté, soucieux
des intérêts dont vous m’avez confié la garde, je m'y suis consacré tout entier. II vous
appartient de décider s’il vous convient de me donner un nouveau mandat pour les
défendre*
An point de vue financier. — L’allégement de l'impôt des patentes au profit des petits
commerçants s'impose, comme l'allégement de l'impôt fonder, au profit du petit proprié¬
taire.
Partisan de l'impôt sur le revenu, comme régulateur d'une meilleure répartition delà
contribution, je ne le comprends que comme devant remplacer les autres impôts actuelle¬
ment mal répartis et je repousse les procédés vexatoi res et arbitraires sur lesquels voulaient
l'asseoir ceux qui prétendent l’ajouter aux impôts existants.
Au point de vue agricole. — J'ai su obtenir à îa sériciculture la juste protection et les
encouragements qui lui étaient dûs, en faisant porter à 0 fr, 60 la prime de 50 centimes
qu'on lui contestait et qu’une première fois nous avions si péniblement acquise, alors que
le Gouvernement voulait ou la réduire ou la supprimer.
J’ai pu, par mes efforts et mon initiative, amener un dégrèvement de 35 millions de
l'impôt foncier, encore trop lourd pour l’agriculteur, qui n'arrachc que péniblement, au sol
ingrat, de maigres produits. Je suis partisan résolu de la suppression totale du principal de
l’impôt foncier au profit de la petite propriété, pour ne laisser supporter à la terre que les
centimes additionnels généraux, départementaux et communaux qui pèsent déjà sur elle.
N° i 162
— 297 —
Je considère que l’agriculture ne saurait se développer sans que des sacrifices soient
faits pour venir au secours des communes impuissantes à constiluer le réseau de leurs
chemins vicinaux, pour que le département prenne à sa charge, comme je l’ai fait décider
au Conseil général du Gard, l’entretien delà grande vicinalité, en supprimant les presta¬
tions et les contributions imposées aux communes, qui disposeront ainsi de la totalité de
leurs revenus pour les chemins communaux.
Je reste convaincu de la nécessité d’organiser le crédit rural et de développer les
Syndicats agricoles, et d’établir la Caisse de retraites au profit des travailleurs des champs.
* Déjà, j’ai obtenu un crédit pour l’étude de la maladie du châtaignier et de celle du
mûrier; je veillerai à la poursuite de ces études.
Au point de vue industriel. — J’ai pu contribuer à obtenir à notre industrie minière,
dont la prospérité est si étroitement liée au sort du mineur lui-même, la fourniture exclusive
des charbons de la Marine française et des services subventionnés, et la diminution des
prix de transport sur Marseille, diminution qu’il y a lieu de réclamer encore pour le trans¬
port des charbons destinés à la navigation; r
Au point de vue ouvrier. — Je me suis attaché depuis douze ans, avec une ténacité qui
ne s’èst jamais découragée, à la création d’une Caisse de retraite des travailleurs, appli¬
cable aussi bien à ceux de l’agriculture que de l’industrie, à l'artisan, au petit propriétaire
et au petit commerçant, qu’à celui qui loue ses services, et c’est dans ce sens que j’ai pré¬
senté une proposition de loi prise en considéraiion par la Chambre et adoptée dans ses
dispositions principales par la Commission de prévoyance et d’assurance, dont j’ai eu
l’honneur de faire partie depuis deux législatures.
C’est dans ce sens aussi que j’ai soutenu un amendement étendant a tous les travail¬
leurs les dispositions du projet de loi du Gouvernement, qui ne s’appliquait qu’à une
catégorie restreinte d’ouvriers. Je continuerai cette œuvre, à laquelle je me suis attaché et
que j’ai le ferme espoir de mener à bonne fin, par la constitution d’une caisse de retraite
qui assurera le fonctionnement d’une institution si nécessaire à la vieillesse des travail-
leurs.
En ce qui concerne la retraite des mineurs. — J’ai constaté l’insuffisance des résultats
donnés par la loi de 1894, et j’ai formulé une proposition modifiant cette législation, assu¬
rant un minimum de retraite, allouant aux orphelins, qui actuellement sont sans droits, les
avantages que l’humanité et la prévoyance commandent, et garantissant pendant la période
transitoire un minimum de 360 francs de pension aux ouvriers qui actuellement, trop âgés
pour bénéficier du plein de la loi, sont réduits à recevoir une pension dérisoire.
Convaincu que si l’intervention législative doit être prudente et réservée dans la
réglementation du travail, sous peine d’atteindre souvent cruellement par une diminution
des salaires les intérêts de l’ouvrier qu’elle veut protéger, et de compromettre l’existence
même de l’industrie à laquelle l’ouvrier est attaché, j’ai cependant voté la loi du repos
hebdomadaire et la réduction progressive de la journée du mineur à 8 heures, en laissant
à l’industrie minière le temps nécessaire pour essayer, par ses transformations, de réaliser
le desideratum sans diminution des salaires et sans diminution de la production. L'expé¬
rience de la première période nous dira si l’ouvrier de notre bassin minier y trouve un
réel avantage, et lui-même appréciera la conséquence de cette réglementation subordonnée
à l’expérience qui en aura été faite.
En. ce qui concerne le service militaire. — Désireux de n affaiblir on rien la force de
notre glorieuse armée, mais convaincu qu’on peut alléger les charges du service militaiie
sans nuire à la défense nationale, j’ai demandé et obtenu en principe la îéduction du* ser¬
vice des 28 jours en 21 jours.
J’ai également voté et proposé, par voie d’amendement, la réduction du service actif à
un an, subordonné au recrutement volontaire d un nombre de rengagés avec piime snlli-
sant pour maintenir nos effectifs et encadrer par des soldats et sous-offleiers expérimentés
nos jeunes troupes.
Enfin, en ce qui concerne la crise viticole. — Je suis résolu à appuyer les mesures
38
concertées parles Congrès viticoles pour venir au secours de cette branche si importante
de notre production régionale, de même que je suis disposé à appuyer les légitimes reven¬
dications du syndicat des débitants de boissons, délibérées par la Commission delà
Chambre syndicale de F arrondissement d’Alàis.
Electeurs 1
Déçus dans vos sentiments libéraux et patriotiques ; résolus à défendre la liberté de
conscience contre le sectarisme; la tolérance contre l’arbitraire et le despotisme; l’économie
dans nos finances contre le gaspillage ; décidés, comme moi, à refuser tout emprunt et tout
impôt nouveau, et à consacrer les ressources de la France aux œuvres d’intérêt général
propres a développer son activité nationale et sa prospérité, et à améliorer le sort des tra¬
vailleurs, vous vous retrouverez compacts et unis, au scrutin du 27 avril*
Vous voterez librement, comme vous Pavez toujours fait, et vous montrerez à ceux qui
vous outragent en doutant de votre liberté, et cherchent à vous intimider par ieur violence
et leurs manœuvres que, Citoyens libres, vous revendiquez la Liberté pour tous, et que vous
voulez que nous la défendions ensemble.
Vive la France 1 Vive la Liberté 1 i I
Fernand de RAMEL,
Chevalier de la Légion d’honneur.
Député sortant,
Conseiller général du Gard,
Avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de Cassation*
lia circonscription de NIMES
M, François FOURNIER
Elu au 2e tour de scrutin. — 9.fi54 yoIx,
COMITÉ D’UNION SOCIALISTE RÉVOLUTIONNAIRE
11 y a quinze mois, lorsque nous présentions Fournier à vos suffrages, nous affirmions
que ce modeste et ce vaillant continuerait, dans son nouveau poste, la tradition de sa vie
entière, faite de labeur, d’abnégation et de dévouement à la classe prolétaire et à la Répu¬
blique. N’avions-nous pas dit vrai?
Vous avez investi Fournier de votre confiance, 11 vous a représentés pendant un an à la
Chambre. Examinons ensemble son œuvre. Pas un ne fut plus assidu aux séances, pas un
ne se passionna davantage pour l’action législative, il consacra toute sa robuste intelli¬
gence et tous scs efforts aux travaux de la Chambre, auxquels il fut vite initié* Ses collègues
accueillirent avec une sympathique déférence ce probe travailleur, que îa démocratie
nîmoise, dans un mouvement d’admirable concorde, avait porté a la plus haute des situa¬
tions. Et. bientôt, par la franchise de son caractère, par la rectitude de son jugement, la
dignité de sa vie et sa probité politique, Fournier avait conquis Festime de tous ses col¬
lègues*
En un an, il affronta plusieurs fois la tribune et intervint brillamment dans les discus¬
sions du budget, de la loi sur le repos hebdomadaire, etc. 11 a soutenu toutes les réformes
— 299 —
n° \m
réclamées par !e prolétariat et s’est fait Fardent défenseur de ses anciens camarades, les
employés des chemins de fer, auxquels l’unissent les liens de la. plus étroite confraternité.
On a essayé de répand'rc, à ce sujet, un odieux mensonge, en disant que Fournier avait vote
contre la lui Berteaux, comme si on pouvait faire mentir Y Officiel, comme si on pouvait
faire croire que Fournier est capable d’un acte pareil.
Partout où te devoir a commandé, s’est trouvé Fournier. ïl a continué, Député, la pro¬
pagande dans le pays qu’il avait commencée étant simple militant.
b Délégué par le" groupe socialiste parlementaire pour soutenir la candidature radicale
Mulac, dans le siège de Déroulède, il fit dans cotte circonscription une tournée triomphale
de conférences, qui se termina par le triomphe du radical Mulac. A l’appel enflammé du
député prolétarien, les travailleurs avaient tous compris leur devoir et, en masse, avaient
écrasé le nationalisme. ,
Sans rien abdiquer de 'ses idées, sans rien retrancher de son programme, plus fidèle
qu’aucun à ses engagements, plus dévoué que personne au prolétariat, Fournier n’a jamais
perdu de vue l’intérêt républicain. 11 a toujours eu en vue l’intérêt de Ja République, et l’a
toujours servie avec fidélité.
Tel est l’homme, telle est l’œuvre!
Personne ne pourra rien reprocher à Fournier. Aucun grief ne peut être invoqué
contre lui. . , ... ,
Vous lui aviez confié un mandat, il l’a fidèlement rempli. La democraac de Mmes ne
sera pas ingrate. Déjà un mouvement d’opinion profond, irrésistible, s’est dessiné en faveur
de Fournier. « On ne peut rien lui reprocher, disent les honnêtes gens de tous les partis,
: nous voterons pour lui ! » C’est le mot delà situation. Le corps électoral doit demeurer
fidèle aux élus qui l’ont servi avec fidélité, comme Fournier. Renverser un député qui n a
pas démérité, pour le remplacer par un inconnu, serait plus qu une imprudence. Les tra¬
vailleurs de Nîmes demeureront fidèles b. leur Député.
Appel du Candidat.
Citoyens,
Il y a à peine quatorze mois que vous m’avez confié l'honneur de vous représenter a la
Chambre des Députés.
Cet honneur, je viens le solliciter une deuxième fois.
La conscience que j’ai d’être toujours resté fidèle à mes idées est pour moi un précieux
encouragement. ; ,,
Mes actes répondent mieux que . toutes les affirmations ou déclarations, car ils con¬
stituent une garantie formelle et intangible pour le corps électoral. C’est par mes actes que
vous pouvez méjuger. , ,
Comme il y a. quatorze mois, je suis et reste profondément républicain socialiste.
Je considère que le Socialisme est la plus haute expression de l’idéal républicain, puis¬
qu’il ne le cantonne pas dans le domaine exclusivement politique, mais 1 étend au domaine
.économique et social.
C’est donc à juste titre que je me réclame du principe essentiel de la Déclaration des
Droits de T Homme et du Citoyen, qui proclame l’égalité politique et sociale de tous les
citoyens, principe qui restera purement illusoire tant que la transformation sociale, basée
sur le but scientifique du socialisme, ne sera pas un fait accompli.
Ce but scientifique consiste à socialiser, autrement dire républicaniser, les moyens de
production. En dehors de quoi, il n’y a ni sécurité ni liberté pour les travailleurs qui, de
plus en plus, se débattent au milieu de crises économiques, viticoles, agricoles ou inlus^
trieiles, conduisant à la ruine, an chômage, â la misère, qu’une société civilisée, puis¬
samment outillée pour la production, ne devrait plus subir.
Gela implique la suppression de la contradiction flagrante qui existe entre le régime
politique issu du mouvement révolutionnaire de 1789, et îe régime économique de la
société actuelle, encore si profondément attaché par les racines à la société féodale que
voulut détruire l'immortelle Révolution Française.
Aussi, nous ne cessons de proclamer que :
La liberté doit être la loi du monde,
La science son moteur ,
Le socialisme son organisation économique.
Nous ne pourrons atteindre ce but qu’en débarrassant, d’abord, les esprits de tous les
préjugés religieux, en donnant une instruction purement rationnelle, fondée sur la science
et la raison.
C'est pour atteindre ce but que nous avons fondé le groupe parlementaire de rensei¬
gnement, dont je m’honore de faire partie.
Ce groupe, présidé par M. Brisson, a adopté la formule suivante :
« Égalité des enfants devant l’instruction ».
Chaque citoyen pourra, ainsi, prendre conscience de sa propre individualité; il agira
par le raisonnement et non en vertu des préjugés religieux ou sociaux qui, si profondément
encore, obscurcissent notre société moderne.
Je suis partisan de toutes les réformes immédiates, qui sont pour le monde des pro¬
ducteurs un acheminement toujours fécond vers l’idéal poursuivi par nous.
C’est pour cela que :
j’ai voté l’impôt sur le revenu,
J'ai, par la parole etpar mes votes, détendu la loi des retraites ouvrières,
La loi « Berteaux-Jaurès » pour les agents des chemins de 1er,
Tout ce qui était de nature à remédier à la cris 3 viticole*
La loi du repos hebdomadaire,
La démocratisation de Tannée et la réduction du service militaire.
Enfin, je me suis as-ociê à toutes les propositions de loi d’assistance et d'assurance
sociales qui sont venues en discussion durant le court laps de temps pendant lequel j’ai
siégé.
Voulant libérer la conscience humaine de toutes les fadeurs mystiques,
J ai voté la loi des associations ainsi que la proposition Allemane ;
La suppression du droit d’enseigner aux congrégations religieuses* en votant la propo¬
sition Lafferre.
Enfin fai pris la parole contre le budget des cultes et j'ai voté pour sa suppression
immédiate.
J'ai voté la motion Brisson, tendant à l’abrogation de la loi Falloux.
L’ensemble de ces mesures constitue pour moi l'effort qu’immédiatement nous devons
faire pour l’émancipation politique de l’individu* qui permettra de relever sa condition
sociale jusqu’à sa complète émancipation parle socialisme.
Citoyens, ce que j’ai fait, je suis prêt à le refaire si vous m'accordez le précieux stimu¬
lant de votre confiance, dont plus que jamais je m’appliquerai avec soin;à être digne.
J’attends votre verdict avec calme et confiance.
Sus à la Réaction î Vive la République Sociale!
François FOURNIER, Député sortant.
— 301
N° H 62
2‘ circonscription de NIMES
H. Gaston DOUMERGUE
Elu au l" tour de scrutin. — 10.735 voix.
Citoyens,
Vous m’avez, à deux reprises, confié l’honneur de vous représenter à la Chambre des
Députés. . , . „ .
r Pt honneur, je viens le solliciter une troisième lois.
j’y suis encouragé par la conscience que j’ai d’être toujours resté fidèle aux idees qui
m'ont déjà valu votre confiance.
Ces idées vous les connaissez par mes actes, encore mieux que par mes déclarations
et nar mes promesses. Les plus beaux mots peuvent tromper. Les actes sont une garantie.
Placez les miens en regard des affirmations de principe les plus généreuses et les plus
démocratiques et jugez- moi sur eux. Je les livre sans crainte a votre critique.
Je tiens cependant, par ce temps où l’équivoque fleurit prodigieusement et ou les plus
belles étiquettes ne servent trop souvent qu’à dissimuler des tendances, des manœuvres ou
des projets réactionnaires, à vous exposer encore une fois les principes directeur de ma
conduite politique et à vous dire l’idéal démocratique et social dont tous mes efforts
tendront à poursuivre la réalisation.
Je me présente à vous comme radical-socialiste : radical, parce que cette étiquette
contient une affirmation républicaine non équivoque et que je crois qu’une affirmation pré¬
cisé sur ce point est aujourd’hui plus nécessaire que jamais; socialiste, parce que je ne
recule devant aucune des conséquences sociales des idees et des pnncipes qui on^
triomphé avec la Révolution et qui sont inscrits dans 1 immortelle Déclaration des Droit,
de l’homme et du citoyen; parce que, loin de vouloir contrarier l’évolution qui se poursuit
vers un régime où la répartition des biens, des produits et des jouissances aura lieu d une
façon plus conforme à l’esprit de justice et beaucoup plus; en rapport avec le travai. de
chacun, mes efforts tendront, au contraire, à en assurer pacifiquement les étapes par une
série de réformes politiques, économiques et sociales répondant aux besoins les pins c
Lains et les plus immédiats de la Démocratie,
Mais je ne me cantonne pas dans une formula, parce que je considère que, s il est
téméraire de nier l’évolution et de vouloir la contrarier, il ne l’est pas moins de pretendie
en déterminer mathématiquement la marche par avance et lui assigner un terme, n
essayant d’enfermer un idéal dans une formule, on finit par ly ètoufïer, car la lettre
devient bientôt plus imposante que l’esprit. , .
Au-dessus de tout, je continuerai donc à placer la défense de la République. -
très imprudent de croire que celle-ci n’est plus menacée. Elle a gardé ses memes adver¬
saires. Les divers travestissements sous lesquels ils se dissimulent ne les rendent que
plus dangereux. Mais on les reconnaît aux efforts qu’ils font, tant pour maintenir dans nos
institutions et dans nos lois les dispositions réactionnaires qui s y uouvent encoi e que poui
en faire disparaître les réformes que des majorités républicaines et inspirées de J esprit
laïque ont réussi à y introduire, . _ , , .
Pour défendre la République, il faut donc continuer a apurer nos institutions et nos
lois de" tout ce qu’elles contiennent encore de réactionnaire, comme la loi falloux, par
exemole, en'même temps qu’il est nécessaire de compléter la législation concernant la
laïcité de l’enseignement, le régime des associations, les biens de main-moi te, lin .epen
I
dance de PÉtat visà-vis des
lion politique.
Mais il ne servirait de rien d’avoir émancipé politiquement l’individu, si Ion ne pour-
suivait- en même temps son émancipation économique, et si, après avoir relevé sa condition
politique, on ne travaillait pas à relever sa condition sociale.
À cette émancipation complète, des obstacles s’opposent qui proviennent d’une féoda-
litè nouvelle et puissante : la Féodalité financière. L’ancienne féodalité s’appuyait sur des
privilèges, la nouvelle féodalité s’appuie sur des monopoles. 13 y a donc lieu de lui retirer
ces monopoles dans toutes les circonstances où ceux-ci affectent le caractère d’un service
public et où il apparaît clairement qu’ils n’ont pu se constituer qne grâce h une concession
ou à une intervention directes ou indirectes de l’État, on par suite de l’exploitation abusive
d’une situation particulière du marché des valeurs on des produits.
La propriété individuelle, qui est la garantie de Fin dépendance et de la dignité humaine
et quTI faut défendre et favoriser quand elle est le résultat de l’industrie, du travail et de
l’esprit d’économie personnels, n’a rien à voir avec ces monopoles. Ceux-ci en sont la néga¬
tion. C’est à ses dépens qu’ils se sont constitués, ainsi qu'aux dépens de la collectivité tout
entière. C’est donc à celle-ci qu’ils doivent revenir afin qu’elle les gère et lés exploite dans
Pintérè de tous.
L’intérêt de tous, Fémancipatîon intégrale de tous par la collaboration et par les efforts
de tous, telle est en effet la raison d’être de la République et la fin que nous devons pour¬
suivre.
Mais nous ne l’atteindrons qu’en faisant passer dans la conscience, non pas seulement
d’une catégorie de citoyens, mais dans la conscience générale, l’idée de la solidarité sociale,
et en créant toute une législation basée sur cette idée.
La solidarité est un devoir social qu’il faut enfin inscrire clans nos lois^ Dominé par
l’idée de justice, le devoir de solidarité assigne â nos effort» les plus prochains la tâche de
réaliser toutes les réformes qui permettront à Pètre humain de développer toute sa person¬
nalité et ses aptitudes.
D’où la nécessité d’établir la gratuité de renseignement à tous les degrés et de limiter
le temps do travail pour permettre à chacun de cultiver ses facultés personnelles.
Mais il ne suffit pas de permettre à l’homme de s’instruire, ü faut assurer son existence
matérielle. C’est encore un devoir de solidarité : de créer des assurances pour Renfonce,
la vieillesse, la maladie, les incapacités naturelles et de prémunir les travailleurs-, par des
organisations appropriées, contre le chômage involontaire, contre les crises économiques et
en général contre tous les risques sociaux.
Chacun des membres de la collectivité doit y contribuer dans ïa mesure où il le peut,
et cette mesure ne peut être établie que d’après les ressources. C’est ce qui justifie l3impdt
progressif sur le revenu et qui le fait apparaître comme ïa sanction naturelle du devoir de
solidarité.
Tels sont, Citoyens, les principes et les idées dont je continuerai à m’inspirer dans
l’avenir, si vous. me renouvelez votre confiance; telles sont les réformes politiques, écono¬
miques et sociales à la réalisation desquels je consacrerai tous mes efforts.
Si je n’ai pas énuméré d’antres réformes, comme la réduction du service milita ri e et la
suppression des conseils de guerre en temps de paix, par exemple, c’est parce que les ayant
votées dans le passé, vous êies assurés que je continuerai h les soutenir dans l’avenir.
Mais le souci des réformes politiques, économiques et sociales ne me fera point
négliger les intérêts particuliers de nos régions si douloureusement éprouvées par la crise
viticole. Ces intérêts, je les ai défendus au cours de la législature qui vient de finir, avec
tonte l'énergie dont j’étais capable, en réclamant avec insistance l’exécution des canaux
d’irrigation, en soutenant la réforme des boissons, en essayant de faire adopter la taxe
différentielle sur les alcools. Je continuerai â les défendre et & réclamer, en même tenios
qu’une organisation pratique du crédit agricole, ïa diminution des frais de transport par
rétablissement de barèmes à base kilométrique décroissante.
N“ f 102
— <i03 —
• \
En cette matière encore, je vous livre mes actes. Et c’est parce que je sais que ces actes
valent mieux pour vous que des mots et que des promesses que j’attends avec une absolue
confiance le verdict que vous prononcerez.
Vive la République démocratique et sociale!
Gaston DGUMERGUE, Député sortant,
Candidat républicain radical socialiste.
Circonscription d’UZÉS
M. Pierre POISSON
Élu au 2e tour de scrutin, — 10.990 voix.
Citoyens,
L’élection du 27 avril va permettre à l’arrondissement d’Uzès de choisir entre deux
L’une qui n’a de républicaine que le nom, s’appuie ouvertement sur la coalition de
tous les anciens partis réactionnaires. Faîte d’équivoques, elle ne peut aboutir qu’à l’agita¬
tion, à la stérilité, à l’impuissance.
L’autre, qui se rattache à la véritable tradition républicaine, veut grouper, en dehors
de la réaction, tous les républicains sincères pour une œuvre de défense politique et
d’action sociale. _ , . , , , .
C’est cette dernière politique qui a triomphé au Congrès do lîagnols, ou toutes les frac¬
tions du parti républicain étaient représentées et où se trouvait réunie l’immense majorité
de vos élus (Conseillers généraux, Conseillers d’arrondissement et Maires).
C’est comme le représentant de cette politique que je vous demande vos libres suf¬
frages. , ,,
Radical-socialiste de principes, je me réclame du grand programme démocratique,
programme de justice, de solidarité sociale et de protection des travailleurs - tel qu’il a
été défini avec une admirable ampleur de vues par les Brisson, les Bourgeois, les Camille
Pelletan, les Doumergue. . , , , ... .
Avec eux et comme eux je suis partisan de la suprématie absolue et de l'indépendance
du pouvoir civil, seul représentant de la souveraineté populaire par rapport à tous les
autres pouvoirs, — de la simplification des rouages administratifs par une décentralisation
qui rendrait aux régions et aux communes plus d indépendance et plus de uet^ d„ la
réduction des frais de justice et de l’extension de la compétence des Juges de paix, — de
l’abrogaiion de la loi Falloux qui permettra à la République de créer pour l’enseignement
secondaire, comme elle l’a déjà fait pour l’enseignement primaire et l’enseignement supé¬
rieur. une législation républicaine, — de la réduction du service militaire à deux ans avec
la suppression de toutes les dispenses et de la réduction des vingt-huit jouia à vingt ci un,
avec suppression des treize jours, — de l'impôt progressif sut le révenn, qui allègeta les
charges qui pèsent si lourdement aujourd’hui sur la classe laborieuse et notamment sur Ls
populations agricoles (prestations, impôt foncier, contribution des portes et ienôtres, per-
sonne Ile-mobilière), — des retraites pour tous les travailleurs sans distinction; — de toutes
les mesures qui favorisent le développement des institutions de mutualité et de piévoyanct.
— 304 —
Mais, en dehors des questions de politique générale, je ne négligerai pas Ja défense de
vos interets régionaux et spécialement de ceux de l'agriculture.
Protection des travailleurs agricoles contre l’agiotage, la spéculation, l'accaparement,
et entre autres celui des écorces de chêne vert, qui déprécie la valeur des coupes»— Dôve*
loppement des syndicats agricoles et du crédit agricole. — Représentation légale de l’agri¬
culture dans les conseils du Gouvernement, — Suppression des octrois. — Abolition du
droit de circulation sur les vins. — Monopole de l’alcool* — Établissement d'un droit sur
les cocons étrangers. — Majoration des primes à la sériciculture française. — Protection des
cultivateurs de blé, de betterave, de mil à balai et de fenouil.
Citoyens.,
Quelles que soient les insinuations de nos adversaires, vous en avez fait justice. Vous
savez de quel côté se trouvent les véritables représentants des intérêts généraux de la France
et de la République. La concentration des forces républicaines qui s5est opérée dans Larron^
dissement d’Uzès y est un sûr garant du triomphe définitif, non pas de cette république
bâtarde de tous et pour tous qui n’a été jusqu'à présent que celle des réactionnaires, mais
de la République des républicains et des travailleurs.
Vive la République !
Pierre POISSON,
Candidat républicain radical-socL liste.
(Élu du Congrès de Bagnoîs),
Circonscription du VIGAN
M. PASTRE
Élu au Ier tour de scrutin. — 7.847 voir-
Citoyens,
t. Après quatre années d'un mandat consciencieusement rempli, je viens avec confiance
solliciter à nouveau vos suffrages.
Tel vous m’avez vu sur la brèche en 1898, tel vous rue retrouverez en 1902, avec le
drapeau pur et sans tache dont vous m'avez confié la garde et le programme de vos légitimes
revendications que je me suis efforcé de faire aboutir.
Les précieux témoignages de confiance et d'amitié qui me parviennent depuis l’ouver¬
ture de la période électorale attestent la solidité des liens qui nous unissent et de tels
encouragements suffisent à dédommager des mensonges et des insinuations malveillantes
des comités dmsionnisfes,
A cette heure la situation politique est très nette dans Y arrondissement. Les attaqués
mensongères sans cesse renouvelées de nos adversaires indiquent le devoir strict de tous
les républicains socialistes.
La vaillante démocratie cévenole veut enfin se libérer des patronages suspects. Elle est
décidée à redevenir maîtresse de scs destinées. Elle ne veut pas plus de la tyrannie des
anciennes coteries que du choix imposé par une minorité nationaliste.
Elle peut compter sur toute mon énergie et sur tout mon dévouement.
305 —
N° H 62
Vous me connaissez aujourd’hui.
Vous m’avez vu à l’œuvre pendant quatre ans.
Sur toutes les questions et les réformes qui intéressent tout le prolétariat et la démo¬
cratie cévenole, mes votes et mon attitude passée vous sont un sûr garant pour mes votes
et mon altitude à venir.
Il ne saurait y avoir l’ombre d’une équivoque.
Notre parti repousse la politique du tout ou rien et il se présente à la fois comme le
plus pratique et le plus idéaliste.
11 a toujours défendu dans la République un moyen nécessaire de libération et d éduca¬
tion, et il a formulé la règle et le but de son action en affirmant l’entente internationale des
travailleurs par l’organisation politique et économique du prolétariat en vue de la conquête
du pouvoir et de la socialisation des moyens de production et d’échange.
A cette œuvre, je vous promets, comme par le passé, d’employer tous mes efforts pour
faire sortir de l’ancien ordre de choses un état social nouveau et meilleur où régnerait plus
d’harmonie, plus de justice, plus de vraie solidarité.
Fidèle aux engagements pris et aux convictions de toute une vie politique pleine de
désintéressement, je me dresse en face de mes concurrents et de mes adversairos, la tête
haute et fière, avec la légitime satisfaction du devoir accompli.
Consultez le Journal officiel, compulsez les travaux parlementaires de votre député
sortant, qui défient toute critique impartiale, et examinez de très près son attitude politique,
pure de toute compromission.
Pour réduire à néant toutes les allégations mensongères, relisez mon programme qui
est littéralement le même que vous avez acclamé en 1898.
Il est impossible d’accréditer que j’ai renié ma signature et trahi mes engagements.
Et vous ferez prompte justice des insinuations calomnieuses de mes adversaires pris en
flagrant délit de mensonges.
PROGRAMME
*
I. — Programme politique .
1. Révision de la Constitution : suppression du Sénat.
2. Abrogation des lois scélérates et de toutes les lois entravant la liberté des citoyens.
3. Suppression du budget des cultes.
4. Mandat impératif.
5. Établissement du referendum pour que le peuple souverain puisse toujours se pio-
nonéer sur les questions capitales qui l’intéressent.
6. Magistrature élective. — Réduction des frais de justice.
7. Simplification de la procédure et extension de la compétence des juges de paix.
8. Pas de traitements supérieurs à 12.000 francs et inférieurs à 1.200 francs. --
Suppression de tous les emplois inutiles.
9. Réduction du service militaire à deux ans, pour tous. — Révision du Code militaire
en attendant l’abolition des armées permanentes.
Instruction intégrale et gratuite à tous les degrés.
//. — Programme économique et social .
1. Annulation des contrats ayant aliéné la fortune publique ; retour 4 1 État des mines,
canaux, chemins de fer, banque, et remise à la nation des grands monopoles, grands moyens
de production organisés en services publics.
2. Impôt progressif sur les revenus dépassant 3.000 francs.
3. Abolition de tout impôt foncier sur les propriétés d’une valeur inférieure à
10.000 francs.
i
39
4. Réduction des droits de succession en ligne directe.
5. Organisation générale et immédiate des retraites et des soins dé maladie pour les
travailleurs des deux sexes* (Projet Escqyer, accordant 5ÛÛ francs de pension k soixante ans).
6. Réduction de la journée de travail à huit heures.
7. Protection de l'ouvrière — à travail égal, salaire égal*
8 * Liberté et développement des syndicats professionnels,
9. Modijication dé la loi, non encore promulguée, sur les accidents du travail.
10. Réglementation des conditions du travail dans les filatures, les Garderies, les tan¬
neries et autres usines de la région.
Il * Interdiction légale pour les patrons d’occuper des ouvriers et ouvrières étrangers à
un salaire inférieur à celui des ouvriers français.
12. Révision des cadres*
13. Institution du crédit et de l’assurance agricole.
14. Création d'associations de petits propriétaires pour Rachat de machines agricoles,
d'engrais, de semences et de plants, et pour l'écoulement des produits, devenu de pjus en
plus difficile.
15. Abolition de tous les droits sur les denrées de première nécessité et réforme de
Pimpôt sur Jes boissons.
10. Révision de la loi sur la chasse et la pêche dans un sens pïas démocratique.
Citoyens,
Aux urnes donc le 27 avril 1
Debout pour la défense de la République !
J'attends avec couliance votre verdict. Certain qu'une fgis dg plus, en rangs serrés,
vous assurerez le triomphe de la Vérité et de la République démocratique et sociale !
Ulysse PÀSTRE, Député sortant.
_ 307 —
N° 1162
GARONNE (HAUTE-)
Girconsription de MURET
M. Honoré LEYGUE
Elu au 1er tour de scrutin. — 11.866 voix.
Mes chers Concitoyens,
Choisi par le Congrès républicain radical de l’arrondissement comme candidat à l’élec¬
tion du 27 avril, i’ai l’honneur de solliciter à nouveau vos suffrages. .
Mes sentiments n’ont pas changé, mon programme est le mêmequ en 1898 ; j appuierai
de mon vote et de tous mes eflorts toüte mesure de progrès.
Au cours de la dernière législature plusieurs réformes, depuis longtemps attendues,
ont enfin abouti : déduction du passif et introduction du principe de la progressivité dans
les droits de succession, amélioration de l’organisation du crédit agricole, législation h
raie des sociétés de secours mutuels, etc., etc. . , , ,
Si les réformes importantes de la réduction du service militaire a deux ^ans de i l impôt
progressif sur le revenu et des retraites des travailleurs n ont pu etre réalisées la faute en
est aux partis rétrogrades qui, par des coalitions négatives ont rendu, pour un temps,
stériles les efforts des républicains de progrès. . , • :
Représentant un arrondissement agricole, j’ai porté toute mon attention aux lois qui
pouvaient améliorer la malheureuse situation des agriculteurs. .
Les conditions économiques avaient entraîné sur le ble une crise qui semblait sa
issue, l’élévation des droits de douane n’ayant produit aucun effet: la réforme de 1 admis-
sion temporaire a, en partie, remédié à cet état de choses. . f ..
La crise des vins a entraîné le vote de la loi sur les boissons qui quoique imparfaite
et à compléter, a cependant, dès 1901, relevé la consommation de dix millions d hecto¬
litres. Il y aura lieu, dans la prochaine législature, par un progrès nouveau, d établir enfin
la libre circulation du vin. . . - , „ . .
Fidèle à mes engagements, j’ai Voté toutes les propositions ou projets qui donnaient
satisfaction à vos intérêts légitimes et répondaient au mandat républicain radical que vous
m’aviez confié. . . . , , , „
J’ài cru devoir aussi m’employer de mün mieux à la réalisation du projet du canal des
Deux-Mers. Cette œuvre nationale apportera dans notre département et dans tout le Sud-
Ouest la richesse et la prospérité. .
Enfin, chargé par mes collègues du rapport sur les marchés a terme, j ai dépose une
proposition qui, adoptée, mettra un terme aux agissements par lesquels les agioteurs, les
spéculateurs sans scrupules règlent, à votre détriment, les couis de vos pro uits.
Citoyens 1
Le gouvernement de défense républicaine, que je m’honore d’avoir soutenu de mes
votes, es* résolument entré dans ïa voie des réformes ; par la loi sur les associations,
prélude nécessaire de la réorganisation de l’enseignement, il a assuré à tout jamais Tindé-
pendanc* de l’esprit humain et la suprématie du pouvoir civiL
L’importance de cette loi, sa portée dans l’avenir, ont soulevé les colères de tous les
partis déchus.
Se parant d’un républicanisme trompeur, ces partis unis contre toutes les réformes,
impuissants pour toute organisation féconde, tentent, dans un assaut suprême, de mettre
la main sur le pouvoir pour jeter les républicains hors de la République,
Électeurs !
Vous ne vous laisserez pas surprendre par cette manœuvre trop grossière pour être
habile. Vous verrez vos libertés menacées, les conquêtes de la Démocratie compromises, la
marche en avant arrêtée-., peut-être le retour du pouvoir personnel qui a déjà accumulé
tant de ruines et de désastres sur notre pays ; et le 27 avril, en signifiant à toutes Vss réac-
tions, de quelque masque qu’elles s’alTublent, votre volonté souveraine, vous voterez une
fois de plus pour la République radicale qui, seule, peut être pour la Démocratie l’instru¬
ment de progrès incessant que réclament ses intérêts, ses aspirations et son idéal l
Vive la République !
Honoré LEYGUK,
Ancien élève de l’École polytechnique, propriétaire-agriculteur.
Conseiller général, Député sor tant.
lrâ circonscription de SAINT-GAUDENS
U. BEP&4ALE
Élu au 1er tour de scrutin. — 7,803 voix.
Citoyens,
Le parti sans nom composé de toutes les épaves du suffrage universel, qui, à l’époque
du boulangisme, essaya d’escalader le pouvoir, fente aujourd’hui un nouvel assaut contre
nos institutions*
Retranchés dans les privilèges que leur ont accordés des lois préparées et votées par
eux depuis bientôt un siècle, les favorisés de la fortune annoncent l’intention, non seule¬
ment do ne rien abandonner de leurs prérogatives, mais encore de réduire les libertés que
la République nous a données, d’instaurer au Gouvernement ces idées cléricales qui sont la
négation elle-même de l’esprit de la Révolution.
A la veille des élections, à l’heure de la grande consultation qui va tous vous réunir
dans vos comices le 2/ avril, ils n’osent môme pas se présenter devant yüus avec un pro¬
gramme clair et précis. Unis dans la haine de la République, ils ne pourraient que se
diviser le jour où ils passeraient de la parole à l’acte.
— 309 —
» 102
Mais comme il importe cependant de duper les électeurs, ils s’efforcent de cacher sous
la sonorité des mots le vide de leur pensée.
Éternels ennemis de la liberté politique, ils se présentent aujourd’hui comme les dé¬
fenseurs des droits de l’homme et du citoyen; fils soumiset servilesde l’Église, iis réclament
en son nom la liberté de l'enseignement; internationalistes de la haute banque, de la
grande industrie, de la grande propriété, ils se proclament des patriotes et contestent
bruyamment le patriotisme des autres.
Leurs efforts et leurs manœuvres ne tromperont personne. Le bons sens français fera
comme il convient justice de ces sophismes. Vous irez à un programme simple, immédia¬
tement réalisable.
Vous irez à ceux qui vous promettent l’allégement de vos charges par une juste et
équitable répartition des impôts; à ceux qui veulent que chaque contribuable contribue aux
dépenses de l’État suivant ses ressources, à ceux qui pensent, comme vous le pensez vous-
mêraes, que l’établissement de l’impôt progressif sur le revenu ouvrira à notre pays une ère
nouvelle de développement et de prospérité.
Vous accorderez votre confiance à ceux qui demandant l’organisation du crédit et de
l’assurance agricoles, exigent que la réalisation de cette œuvre ne soit pas pour les action¬
naires des grandes compagnies une cause d’enrichissement et pour les grands tenanciers
un instrument de domination, à ceux qui entendent réserver à l’État, représentant de tous,
le monopole de cette gigantesque entreprise.
Vous serez avec ceux qui, réclamant la réduction du service militaire à deux ans, sont
résolus à bannir de la loi militaire tous les privilèges que la loi actuelle a maintenus au
profit de quelques-uns, à faire que l’impôt du sang, le plus lourd et le plus terrible, pèse
également sur les épaules de tous; avec tous ceux aussi qui, soucieux d’assurer aux travail¬
leurs de l’atelier et du champ le repos de leurs vieux jours, veulent mener à bonne fin
cette loi sur les retraites ouvrières depuis si longtemps sur le chantier.
Patriotes conscients et sincères, soucieux de la grandeur et de la prospérité de notre
beau pays, vous estimerez qu’il est temps de mettre un terme aux empiétements de ces
puissantes congrégations qui se sont lentement infiltrées dans toutes les grandes adminis¬
trations, enserrant comme d’un inextricable réseau toute notre organisation politique et
sociale; vous ne voudrez plus que la Fraüce écolière, celle en qui sommeillent les destinées
de la Patrie, soit divisée en deux camps ennemis, appelés plus tard à en venir aux maiDs,
pour ou contre la République, et vous acclamerez ceux qui réclament pour l’État seui ou
pour ses délégués le monopole de l’enseignement.
Citoyens,
C’est sur ces quelques grandes questions :
Impôt progressif sur le revenu.
Organisation du crédit et de l’assurance agricoles par l’État.
Création des caisses de retraites pour les travailleurs.
Service militaire de deux ans égal pour tous sans exception ni réserve.
Reprise par l’État du monopole de l’enseignement par l’abrogation de la loi Falloux,
que va s’ouvrir, dans toutes les circonscriptions de France, une immense consultation.
Quelque réduit que soit ce programme, il est encore assez vaste pour occuper une
législature, et il n’est pas utile d’avoir à l’heure présente de plus hautes et de plus loin¬
taines ambitions.
Citoyens,
L’heure est grave. Partout, sous la conduite et sous la direction de celui qui fut pendant
quatre années votre représentant, l’armée réactionnaire se groupe, s’organise et ee disci¬
pline. L’assaut suprême sera donné le 27 avril. Que chacun soit à son poste : toute hésita¬
tion serait une désertion ; toute défaillance serait une trahison.
Au bloc des forces aristocratiques et rôtrogades, opposons le bloc de l’armée démocra-
tique et républicaine.
Vous êtes au poste d’honneur, Citoyens, c’est à vous qu’est échue la tache de décapiter
ramée ennemie*
Cest une œuvre nationale que ïa France attend de yous.
Le scrutin du 27 avril sera, j'en suis sûr, eu môme temps qu'une affirmation nouvelle
de sa foi républicaine, la revanche de la France contre la domination de Home,
Vive la République démocratique et sociale!
Jean BEPMÀLE,
Avocat, maire de Saint-Gaudens, conseiller général.
2e circonscription de SAINT-GÂUBENS
M* RUAI]
Élu au 1er tour de scrutin. il. 044 voix*
Mes chers Concitoyens,
La République subit en ce moment un dernier assaut de la part de ses ennemis coali¬
sés. L'attaque qui se déchaîne contre nos institutions, est plus dangereuse peut-être
qu'aucune de celles dont la démocratie a triomphé pendant Tordre moral, au 16 Mai, à
Tépoque du boulangisme* Un parti sans nom, formé des oppositions jadis les plus inconci¬
liables et toujours les plus disparates, se retranche derrière les obscurités et les perfidies
de l'équivoque. l\ ne recule devant aucun moyen ÿ si odieux soit-il, pour arriver à ses fins.
Exploitant les sentiments les plus généreux et les plus élevés, il proclame la PatHe sa
chose comme si elle «'appartenait point à tous les Français, et ose ravaler le patriotisme
au rang d'une industrie politique. Aussi bien ü cherche à exciter les sentiments le»
plus bas, V égoïsme et la peur.
En face de ce bloc de la contre-révolution, tous ceux qui veulent la pensée libre, la
justice et la paix sociale, tous les républicains sans distinction de parti ou d’épithète, se
sont groupés en un seul faisceau pour la défense du patrimoine commun. Pendant trois ans,
déjouant toutes les manœuvres, ils ont soutenu, sans hésitation comme aussi sans défail¬
lance, un ministère qui a rendu au pays la sécurité intérieure, opposé aux entreprises des
factieux la force de la loi, réalisé parmi les promesses républicaines quelques-uns des
articles du programmé commun.
Aujourd'hui cette union dont Fexemple ne sera pas perdu par la démocratie républi¬
caine est rendue plus que jamais nécessaire dans les masses profondes de la nation.
Mais nous considérons que dans la bataille la défense passive ne saurait suffire.
Aux déclamations bruyantes et stériles du nationalisme, nous opposons un programme
de réformes que la démocratie laborieuse place au premier rang de ses préoccupations.
La réforme fiscale par rétablissement d'un impôt général et progressif sur le revenu
qui, frappant véritablement tous les revenus du capital, allégera les charges du travail et
constituera le seul dégrèvement efficace des villages.
La réforme du service militaire par sa réduction à deux ans avec suppression des dis¬
penses, de manière que l'égalité des charges assure plus étroitement encore Funion de
l'Armée et de la Patrie républicaine.
La réforme de renseignement par l’abrogation de la loi Falloux, c’est-à-dire rafûrmation
du droit éminent de l’État laïque eji matière d’éducation de la jeunesse.
La réforme de la législation ouvrière dans le but de soustraire de plus en plus les tra¬
vailleurs aux risques qui les menaçent et de les faire accéder à la propriété individuelle,
garantie nécessaire de la liberté et de l’activité humaine.
Mes chers Compatriotes,
Par deux fois, à d’écrasantes majorités, vous m’avez envoyé au Parlement pour vous
représenter, malgré les efforts désespérés de la candidature officielle et de la corruption.
La lutte soutenue en commun pour la défense de l’esprit républicain a resserré entre nous
les liens d’une estime et d’une confiance réciproques. Grâce à cette étroite entente, nous
avons dispersé nos adversaires, détruit leurs cadres et groupé en une même famille tous
les républicains de bonne volonté. Fort du devoir accompli, dédaigneux des attaques men¬
songères de la réaction, j’attends sans inquiétude, de la souveraineté nationale, le renou¬
vellement de mon mandat de Député.
Vive la République des Républicains !
Vive la Démocratie!
Joseph RUAU, Député sortant,
Avocat, conseiller général, maire d’Aspet.
lre circonscription de TOULOUSE
M. Raymond IÆYQW
Élu au 1er tour do scrutin. — 9.383 voix.
PROGRAMME DU COMITÉ CENTRAL RÉPUBLICAIN RADICAL SOCIALISTE DE TOULOUSE,
ACCEPTÉ PAR M. RAYMOND LEYGUE.
Partie politique .
Révision de la Constitution ;
Scrutin de liste avec mandat de quatre ans ;
Abrogation de la loi Falloux et monopole de Renseignement à tous les degrés par
l’État;
Séparation des Églises et de l’État, dénonciation du Çonçordat et suppression <Ju budget
des cultes;
Suppression de toutes les congrégations religieuses et retour à l’État de§ biens de
mainmorte ;
Décentralisation administrative : autonomie de la commune et du département;
Epuration du personnel administratif et soumission absolue des fonctionnaires aux lois
de la République ;
Réduction du service militaire à deux ans.
Partie économique .
Impôt global et progressif sur le revenu ;
Mise aux enquêtes du canal des Deux-Mers ;
Application obligatoire du décret Miilerand à tous les travaux publics (commune, dépar¬
tement, Etat);
Mesures rigoureuses contre les agioteurs et les accapareurs ;
Racliat des chemins de fer et des mines;
Transformation en services publics des grandes industries qui, constituées en mono¬
pole, sont de nature à affecter la liberté et le bien-être individuel du plus grand nombre;
Hetraite pour les travailleurs à l’aide des bénéfices résultant du monopole des as su-
rances exploité par l’État, des sommes provenant du budget des cultes supprimé, etc.
2e circonscription dé TOULOUSE
M. CALVINHAC, décédé, a été remplacé par M. SERRES,
Voy. Élections partielles*
3e circonscription de TOULOUSE
M* GRUPPI
Élu au 2° tour de scrutin. — 8.376 voix*
Citoyens,
11 y a quatre ans, vousTm’avez confié^ par dix mille suffrages la mission de vous repré¬
senter. Fier d’un tel honneur j’ai consacré tous mes efforts, toute Inexpérience que j’ai pu
acquérir pendant une vie laborieuse, à l’exécution de mon mandat.
J’aspire aujourd’hui à l’honneur de vous représenter une seconde fois.
Ai-je rempli mon devoir dans la législature qui s’achève?
Quelle sera ma ligne de conduite dans la législature qui va s’ ouvrir ?
Jetons un regard sur le passé.
Avant tout j’ai été, nul n’ose le nier, accessible à tous, profondément dévoué à mes
électeurs.
Maintenant ai-je rempli les promesses de mon programme?
11 débutait par ces mots : « Vous voulez avant tout une politique fermement républi¬
caine, une politique sincère de progrès démocratiques. »
C’était clair; et cela voulait dire que le jour où des républicains abusés écouteraient
les espérances factieuses de la droite, se prêteraient aux manœuvres d’un parti qui s’est
appelé tour à tour le parti du 16 Mai, !e parti boulangiste et le parti nationaliste, ce jour-là
je resterais avec les fermes républicains J
Nc il 62
— 313 -
C’est ce que j'ai fait, j'en suis fier, et je revendique comme un titre précieux à votre
confiance les attaques dont je suis l’objet de la part des éternels ennemis du peuple.
Ils m'attaquent parce que j'ai refusé de trahir la République avec eux.
* Ils m'attaquent parce qu'ils savent que je serai inébranlable dans cette politique
d'action démocratique, dont la condition essentielle est la défense de nos institutions.
u Vous voulez, disais-je ensuite, que le Parlement soit une assemblée calme et labo¬
rieuse r discutant avec méthode. »
Pai été laborieux, je me suis appliqué à des travaux utiles et mes collègues m'ont
honoré bien au delà de mes mérites en m'appelant à siéger dansées Commissions les plus
importantes, en me confiant même la présidence de deux grandes Commissions qui ont
mené à bien des réformes utiles, en m appelant à siéger à la Commission du budget.
Paî promis, il y a quatre ans, aux agriculteurs, le maintien du tarif des douanes et
j’ai tenu cette promesse.
Je leur ai promis de travailler à la réfection du cadastre, à la réforme hypothécaire.
J'ai tenu ces promesses et je peux dire que l’étude de la réforme hypothécaire, confiée
à Fune des Commissions que j'avais P honneur de présider, estaujourdhui sur le point
d’aboutir. ,
j’ai voté toutes les lois favorables à l'agriculture : la loi si importante sur I admission
temporaire, les lois sur le crédit agricole? et comme, dans la discussion relative aux
retraites ouvrières, le sort des ouvriers agricoles me paraissait négligé, j’ai déposé en leur
faveur un amendement que le Gouvernement s’est ensuite approprié.
Je demandais en 1898 que la police rurale fût réorganisée. Aussitôt à la Chambre je
me suis mis à l’oeuvre, et j'ai élaboré une proposition de loi sur le vagabondage qui a reçu
l'approbation de ceux-là même qui m’attaquent aujourd'hui; projet dont je poursuivrai
l'adoption dès le début de la législature prochaine si je suis encore votre député.
Je vous disais en 1898 : « 3e veux faire aboutir la loi sur les successions qui consacrera
le principe si juste de la déduction des dettes. » J’ai voté cette loi qui est un des titres
d'honneur de la dernière Chambre.
Je m'étais déclaré partisan d’une politique d'économies financières. J'ai voté l'amende¬
ment Berthelet qui impose certaines limites aux augmentations de dépenses provenant de
l initiative parlementaire. Membre de la Commission du budget, je me suis appliqué, dans
chacune des branches de notre immense administration, a voter les réductions de crédits.
Dans les rapports qui m’étaient confiés, j’ai réalisé des économies sérieuses et je me suis
engagé nettement dans la politique de suppression des fonctionnaires inutiles.
Je disais encore dans mon programme de 1898 : « Je veux la liberté des consciences,
le respect des croyances religieuses. Je repousse l'ingérence du clergé dans ia politique, je
volerai le budget des cultes, m
J'ai tenu ces promesses ; j’ai voté le budget des cultes, et, loin de porter atteinte aux
croyances religieuses, je oie suis borné à défendre les droits de ! État laïque en votant une
loi libérale sur les associations, loi qui ne supprime pas, qui ne persécute pas les congré¬
gations, mais exige leur obéissance à la loi en les soumettant à la juste exigence d une
autorisation.
Je demandais encore, il y a quatre ans, que la question du service militaire de deux
ans fût mise à l’étude. L’étude a été faite et fai voté le principe du service de deux ans, la
suppression de toutes les dispenses.
Je demandais enfin qu’une nouvelle forme d’impôt mît fin à l’injuste régime fiscal dont
souffre notre agriculture.
Désigné par mes collègues pour faire partie de la Commission de l’irnpôt sur le revenu,
j’ai travaillé avec eux à la solution d’un problème dont la crise financière que nous traver¬
sons n’a pas facilité la solution, mais qui doit aboutir.
Tels sont, dans leur ensemble, les engagements que j'ai pris et les travaux que j'ai
effectués.
40
— 31 h —
Papule que la vie parlementaire ne m’a jamais distrait du souci de nos intérêts
régionaux.
Et je revendique comme un honneur d’avotr pu, au cours de ces quatre années labo¬
rieuses, développer les services et les travaux d'intérêt public dans nos diverses communes,
assurer la création de voies ferrées dans des régions jusqu'ici privées de tout moyen com¬
mode de transport.
Voilà pour le passé*
Envisageons maintenant l'avenir.
Électeurs,
La Chambre prochaine doit être avant tout soucieuse de venir au secours de l'agricul¬
ture éprouvée.
Améliorer la situation des travailleurs ruraux, enrayer le mouvement de dépopulation
des campagnes, prévenir ou atténuer les crises désastreuses comme celle que nous subis¬
sons, relever et maintenir à un taux rémunérateur le prix des vins et des céréales, tel esl
le but auquel votre représentant doit tendre de tous ses efforts.
Comment atteindre ce but?
Par le maintien énergique de la politique de protection douanière;
Par rabaissement des tarifs de chemins de fer;
Par la répression énergique des fraudes et des falsifications ;
Par Ja lutte à outrance contre les accapareurs et les spéculateurs ;
Par le développement de la mutualité, des syndicats agricoles, du crédit rural;
Par la diminution des charges fiscales de toute sorte qui pèsent sur le travailleur
agricole, sur le petit propriétaire, notamment par la réduction de PimpOt foncier, Ja sup¬
pression de la cote mobilière et de la contribution des portes et fenêtres.
Mais il faut équilibrer le budget et compenser de semblables dégrèvements. Ce ne
sera possible que par l’établissement d’un impôt global et progressif sur le revenu ; impôt
établi suivant le système déjà tacitement admis en France pour 3’assiettede la contribution
mobilière. Cet impôt, qui fonctionne déjà dmne manière satisfaisante dans plusieurs pays
étrangers, devra épargner les plus petits revenus, frapper modérément les revenus du
travail et tenir compte au contribuable de ses charges de famille. Il devra être établi,
comme dans la loi sur les successions, suivant une progression sage et mesurée qui per¬
mettra de compenserai! profit des humbles les écrasantes charges de Pimpôt indirect.
Pour améliorer le sort des travailleurs, d'autres réformes s’imposent ;
Service de deux ans et suppression de toutes les dispenses ;
Diminution des périodes de ^8 jours et de 13 jours;
Développement des lois d’assistance et de prévoyance; retraites pour la vieillesse au
profit des ouvriers et employés de l’agriculture ;
Organisation d’une justice cantonale réellement gratuite ;
Renonciation de l’État aux perceptions qu’il tire de la ruine des justiciables;
Simplilicatioo des procédures d’exécution; diminution des droits qui pèsent sur les
ventes judiciaires de petits immeubles, sur les petites successions*
Travailleurs agricoles,
C’est par un tel ensemble de mesures que je m’efforcerai d'améliorer votre sort.
Sur le terrain religieux, je maintiendrai le respect du à vos croyances et la liberté de
vos consciences, sans jamais souffrir que te clergé s’ingère dans la politique. Je voterai le
budget des cultes.
hn matière d enseignement, je favoriserai de fout mon pouvoir l’oeuvre républicaine à
laquelle nos instituteurs s appliquent avec tant de succès et de dévouement
Je n’ai jamais songé à priver te père de famille du droit qui lui appartient de donner
— 31 îl —
N® 1162
et de faire donner l’enseignement religieux à ses enfants. En votant le principe de l’abro¬
gation de la loi Falloux, je n’ai pas entendu établir le monopole universitaire, mais je veux
que le droit supérieur de l’État en matière d’enseignement ne soit pas délégué sans contrôle
aux ennemis de nos institutions républicaines.
Électeurs,
Telles sont les idées dont je serai à la Chambre le serviteur énergique et Mêle.
J’ai participé à l’étude et à la préparation de plusieurs des réformes que je viens d’éuu-
mérer. Je continuerai avec ardeur ma tâche si vous m’accordez votre confiance.
Adversaire déclaré de la Révolution sociale, je poursuivrai l’œuvre de travail fécond,
d’union républicaine, à laquelle je me suis consacré.
je veux une France libre et prospère, respectée au dehors, fière de sa vaillante armée,
pacifique et laborieuse. Je veux que la politique républicaine puise sa force et son élan dans
l’amour du peuple; que, dans un sentiment de solidarité sociale, elle donne de plus en plus
aux petits et aux déshérités les moyens de s’élever, de développer leur instruction, d’amé¬
liorer leur sort.
Malgré les agitations et les crises, malgré l’incorrigible effort des anciens partis, j’ai
une foi invincible dans l’avenir, dans te développement de nos institutions démocratiques.
Vive la République !
Jean CRUPPl, conseiller général,
Député sortant.
Circonscription de VILLEFR ANCHE
M, Edmond CAZE
Élu au 1er tour de scrutin. — 7.701 voix.
Messieurs,
Resté fidèle au mandat que vous m’avez confié, celui de défendre la République des
républicains, je vous demande de rester fidèles à vous-mêmes.
Je vous appelle à vous grouper autour du drapeau politique que vous m’avez confié pour
la première fois il y a vingt-six ans.
Avez- vous des motifs de le déserter ? Non certes i Car le Gouvernement que vous avez
fondé ot défendu contre les assauts des partis vaincus, vous a assuré l’amélioration des
conditions morales et matérielles de la vie, mieux qu’aucun des régimes qui l’ont précédé,
par :
La protection agricole contre la concurrence étrangère ;
Le développement de la circulation et le bon marché des moyens de transport;
La gratuité de l’école ;
La gratuité de l’assistance médicale ;
L’égalité devant l’impôt du sang par le service militaire obligatoire pour tous;
Et, quoi qu’en disent les polémiques passionnées, la liberté de conscience et le respect
de la religion et de scs ministres.
Le passé doit vous rassurer pour l’avenir.
Vous ne devez pas vous laisser impressionner par les prédictions sinistres qui vous
menacent de je ne sais quelle politique de dévastation sociale. Dites-vous bien qu’un Gou-
i
— 3 HJ —
yernement qui* depuis 1876, a, sous vos yeux, dans Tarroudissement de Villefranche, aidé
de ses subventions à réparer ou reconstruire quarante églises, n’est pas un Gouvernement
qu’on puisse accuser de les vouloir démolir.
Vous devez, au contraire, donner à ce Gouvernement la force de mener à bien les
œuvres législatives dont il a laborieusement préparé la réalisation.
La réforme du régime fiscal , et notamment le dégrèvement de l’impôt foncier par
l'impôt sur le revenu.
La réforme de la loi organique du service militaire, réforme qui portera sur la durée da
service et sur les périodes des vingt-huit et des treize jours, et qui a été longuement étudiée
par la Commission de l’armée, dont j’avais l’honneur de faire partie. Ces études nous ont
conduits à envisager deux solutions portant la réduction à deux ans ou à un an, entre les¬
quelles le choix de la prochaine législature sera déterminé par le souci d’assurer à l’armée
son maximum de force.
La réforme des lois sur l’enseignement par l'abrogation de la loi Fa Houx, sans retour au
monopole de l’État.
L’organisation des retraites pour la vieillesse assurant au travailleur des champs,
comme à l’ouvrier de l’usine, la sécurité et la paix de ses derniers jours.
Toutes œuvres, Messieurs, d’intérêt national, de pacification et de conservation sociale,
que la République poursuit au milieu d’une liberté de discussion qu’aucun régime n’a
jamais aussi complètement maintenue et respectée
Edmond GAZE,
Maire de Toutens,
Ancien sous-secrétaire d’État au Ministère de l’Agriculture,
Président de la Société nationale d’encouragement à l'Agriculture.
317
N° 1162
GERS
Circonscription d'AUCH
M. DECKER-DAV1D
Élu au 1er tour du scrutin. — 7,209 voix.
Mes chers Concitoyens,
Lorsque, pendant près de neuf ans, on a eu l’honneur de représenter ud arrondissement
auquel on tient par sa famille, ses relations, ses intérêts, il est inutile de faire une longue
profession de foi.
Vous connaissez ma vie privée, mon passé à la Chambre,
Mes votes valent mieux pour l’avenir que des promesses vagues, des programmes vides
et des engagements faciles à éluder.
Entre vous et moi, il n’y a ni surprises ni malentendu-
Je n'ai jamais manqué à mes engagements, vous le savez. Je suis ailé au-devant des
réformes démocratiques autant que ma raison et ma conscience me 1 ont permis. Je ne
ferai ni autrement ni plus. Je suis incapable de vous tromper et vous êtes trop intelligents
pour qu’on puisse faire de vous des dupes.
Tel je suis, tel vous me connaissez, tel je resterai.
Républicains !
Dans les moments difficiles îa République m’a trouvé sans défaillances, au rang de ses
plus fidèles et plus fermes défenseurs.
Mais il ne suffit pas de s’opposer au retour qu’on a essayé de faire en arrière, il faut
encore aller de l’avant, prouver que la République n’est pas un Gouvernement de recul et
de piétinement et, au contraire, qu’il est le seul qui puisse faire aboutir les réformes
sociales.
Agriculteurs!
Ayant les mêmes besoins, vivant au milieu de vous, j’ai pu au Parlement parler en
votre nom, discuter vos droits, présenter vos revendications, et quelquefois les faire
tiiom plier.
Honoré de la présidence du groupe parlementaire de la défense des intérêts de la
petite et de la moyenne culture, j’ai contribué à l’étude et au vote des lois sur le crédit
agricole, les warrants, la répression contre les fraudes et les accaparements ^ les créations
de caissses d’assurances et de secours contre la mortalité du bétail. Les questions de
transports des produits agricoles ont particulièrement attiré notre attention et ont nécessité
de notre part des démarches nombreuses auprès des pouvoirs publics afin d’obtenir satis¬
faction.
— 318 —
La réforme des boissons a été votée* et j'ai réclamé la taxe différentielle dégrevant les
eaux-de-vie de vins*
Électeurs !
J'ai réclamé et voté la réduction du service militaire pour tous, la loi de deux ans
appliquée indistinctement à tous les Français, ainsi que la diminution des vingt-huit jours
et la suppression totale des treize jours.
j'ai volé la réforme démocratique de l’impôt, depuis si longtemps attendue, en vue
d’égaliser, non pas les fortunes, mais les charges conformément au revenu net de chacun,
comme le demande lui-même aujourd’hui M. le marquis de Gontaut-Biron.
Maïs je veux en plus que celte réforme comporte à sa base des dégrèvements et des
exemptions ; un minimum de revenu ne seia pas imposé. Chacun, suivant le principe posé
par la Constituante, ne participera aux charges publiques que progressivement à ses facultés
sans mesures vexatoires ni inquisitoriales.
Je veux la paix religieuse qui résulte de la liberté de conscience et des cultes, comme
la suprématie de Renseignement laïque*
Je veux la liberté du citoyen dans La jouissance de ses biens, en assurant le respect de
la propriété individuelle.
Ensemble nous voulons une France de plus en plus prospère, dont les Fils soient de
plus en plus libres, unis, réconciliés pour la plus grande gloire de notre pays* Voilà le but
suprême,
La République nous en a rapprochés. Je n’en veux pour témoignage que notre puissant
crédit, que notre armée réorganisée et cette alliance dont les affirmations répétées ont eu
en notre chère Gascogne un si gFand écho.
Chers Concitoyens !
Je n’abandonne rien de mon programme politique de 1893 et de 1898.
Vous avez pu me juger non plus sur des promesses, mais sur des actes*
Aujourd'hui, comme aux élections dernières, je fais appel à tous ceux qui, sans arrière-
pensée, ont loyalement adhéré à nos institutions.
Nous avons le même but, la même foi, le même idéal.
Unissons-nous le 27 avril pour le triomphe de la grande idée démocratique.
Vive la France î Vive la République des réformes !
Paul DECKER- DAVID, Députe sortant.
Ingénieur agronome,
Conseiller général du canton de Vic-Fezensac,
Membre du Conseil supérieur de PAgriculture.
310 -
N” 1162
Circonscription de CONDOM
M. LA.SIES
Elu au 1er tour do scrutin. — 8.713 voix.
Mes chers Concitoyens,
Pour la deuxième fois je viens vous demander de vouloir bien m'accorder le témoignage
de votre confiance .
]1 y a quatre ans, j’ai signé un programme que vous avez approuvé. Je l’ai suivi sans
jamais m’eu écarter, voulant mériter l’estime de tous par une inébranlable fidélité aux
engagements pris.
Ces engagements sont toujours ies mêmes.
Je suis de ceux qui ne changent pas.
En politique :
Je resterai le défenseur des droits de la souveraineté nationale. Le Peuple jouissant de
la plénitude de ses droits et de sa liberté, telle a été et telle reste la doctrine que je
défends. Le Peuple est majeur depuis la Révolution, il sait ce qu’il veut et ce qu’il fait.
J’estime donc, me conformant aux principes de nos pères de 1789, qu’il doit désigner
lui-méme tous les candidats à toutes les fonctions publiques.
Je veux que le Peuple soit appelé à désigner lui-même non seulement ses conseillers
municipaux, ses conseillers généraux et ses députés, mais encore les sénateurs et le chef
de l’État.
Je ne défends pas une dynastie ou un homme, je défends un droit, jurant de m'in¬
cliner devant la volonté du Peuple quel que soit soit son verdict.
Pas de privilèges |
Tous les citoyens sont égaux devant l’impôt, ils doivent être égaux devant le vote.
Tel est mon programme politique. Il est esse? large pour être accepté par tous les
démocrates.
Citoyens!
Pendant if ans, sans défaillance, vous m’avez vu prendre le parti de la France contre
ceux qui se sont mis à la remorque d’un juif millionnaire, deux fois condamné pour avoir
trahi sa patrie.
Pendant 4 ans, vous m’avez toujours vu prendre la défense des ouvriers, des paysans,
des travailleurs contre les bandits de la spéculation et de l’accaparement.
il n’est pas une réforme démocratique que je n’ai votée :
Suppression des 13 jours. — Réduction des 28 jours. — Permis de chasse à 0 fr. 25 le
dimanche. — Service d’un an. — Obligation pour les députés d’assister aux séances, etc.
Toujours et partout j’ai défendu la noblesse du travail contre l’odieuse noblesse d’ar¬
gent, les droits de notre race contre l’intrusion des étrangers.
Dans la loi des boissons :
J’ai lutté mot par mot, article par article, contre cette loi abominable que le ministère
actuel persiste à maintenir comme s’il se plaisait à jeter un défi à votre misère!
Cette loi, il faut qu’elle disparaisse, il faut que les droits scandaleux imposés à nos
eaux-de-vie soient supprimés.
Je suis assez indépendant et assez énergique pour aboutir à faire triompher vos justes
revendications.
J'ai réussi à faire voter ia « loi des mélasses » qui, si elle avait été appliquée immé¬
diatement faisait cesser la crise qui nous ruine, rehaussait le prix de nos armagnacs en
enlevant des marchés un million d'hectolitres d alcool de mélasses dont la concurrence
ruine notre pays et empoisonne les masses ouvrières*
Cette loi, qui ne gêne qu’une douzaine de spéculateurs, je l’ai fait voter à la Chambre*
Elle a été enterrée dans les cartons du Sénat; à vous, électeurs, de juger si dans cette
circonstance votre député a fait son devoir.
Je suis et reste le défenseur irréductible du privilège des bouilleurs de cru- — Pas de
gabelou s dans nos domiciles!!! — Le paysan doit rester maître chez lui!!
Dans la loi sur les associations, j’ai demandé la liberté pour tous et ne veux pas que
des citoyens français soient mis hors la loi parce qu’ils se réunissent pour pratiquer leur
religion*
Je ne veux pas que la République soit exploitée par une poignée de sectaires qui en ont
chassé ceux-là mêmes qui Pavaient fondée et qu'ils traitent de réactionnaires parce qu’ils
persistent à vouloir faire de la politique de principes et refusent fièrement de prêter la main
à une politique d'expédients.
Je veux que l'État soit au-dessus de toutes les sectes, de toutes les factions, veillant au
respect des droits et des libertés de tous.
Je veux que vos consciences soient libres, que tous les citoyens aient le droit de penser
comme ils l’entendent, de croire et de prier si cela leur plaît*
Je n’impose ma foi chrétienne à personne, mais je l'affirme hautement. Je prétends la
garder intacte et la léguer à mes enfants*
L'intelligence 7 la volonté, le sang de nos enfants appartiennent à la nation, mais leur
cœur et leur âme, les pères de famille seuls doivent en avoir la garde*
La liberté de conscience, la liberté d'association, la liberté d'enseignement sont des
libertés sacrées. Toujours je les défendrai.
Citoyens !
J'ai fait mon devoir fièrement, défendant votre cause en honnête homme* L'écharpe
que m'aviez confiée, je vous la rapporte intacte et sans éclaboussures*
Je n'aurai jamais qu'un but, mériter la confiance de mes amis et Y estime de mes adver¬
saires* Votre estime et votre confiance sont ia seule fortune que je puisse léguer à mes
enfants*
Je ne saurais en envier de plus grande et de plus noble. Comme par le passé, je conti¬
nuerai à défendre tous les travailleurs contre tous les exploiteurs de la haute finance*
Pendant les 4 années qui vont suivre, avec tous les braves gens, sans distinction de
parti, je laisserai de côté les luttes stériles de la politique*
La France a besoin de repos. Tous unis par le même sentiment, nous nous efforcerons
de ramener lâ paix et le calme dans notre chère Patrie, de remédier à la misère qui nous
désole, en allégeant 1 m charges trop lourdes qui pèsent sur la terre par un système d’impôts
plus équitable et plus démocratique.
Nous essayerons d’assurer aux affaires la sécurité du lendemain, dans l'ordre, dans le
travail et dans la liberté*
Vive le Peuple! Vive la dation 1
J* LÀSIES, Député sortant*
— 321
N° 1162
Circonscription de LEO T O U RE
M, TH IEB R Y-GAZES
Élu au 2n tour de scrutin* — 6,451 voix*
Mes chers Concitoyens,
La République est en danger!
Ses éternels ennemis, légitimistes, orléanistes, bonapartistes, tentent aujourd'hui un
dernier effort pour anéantir l'œuvre de la Révolution française, sous le fallacieux prétexte
de renverser le Ministère!
Le parti sans nom qui, au 16 mai, voulait étouffer nos libertés sous la bannière de
l'Ordre moral; la coalition monstrueuse qui, en 1889, fomenta le Boulangisme; les descen¬
dants des émigrés, les apologistes des coups d'État ; les fidèles du drapeau blarçc et les
hommes du 2 Décembre et de Sedan, tous les défenseurs des régimes qui ont diminué et
ruiné la Nation s'appellent aujourd'hui : Nationalistes !
À cette heure grave, tous les Républicains doivent être a leur poste de combat!
C'est pourquoi j'ai répondu à l'appel des Républicains qui ont jugé ma candidature
nécessaire pour écraser définitivement ïa réaction dans notre vaillant arrondissement*
Vous n'avez pas oublié que, pendant cinq années, j'ai constamment conformé mes
votes, mes discours au Parlement et mes actes politiques à mes promesses et à mes enga¬
gements solennels*
Je o1 ai jamais cessé de défendre par ma parole et par mes votes les grandes réformes
démocratiques et sociales*
La révision de la Constitution dans un sens démocratique pour accorder la prépondé¬
rance aux élus du suffrage universel;
La diminution des gros traitements et la suppression des fonctionnaires inutiles ;
Les membres de l'enseignement public à tous les degrés, professeurs et instituteurs,
les facteurs des postes et des télégraphes, les agents subalternes, les cantonniers, les
anciens militaires blessés et réformés, tous les humbles et les petits ont été P objet de ma
soîlicitudc constante et je m'honore d’avoir fait adopter par la Chambre de notables amélio¬
rations en leur faveur .
Si je suis de nouveau votre élu, la plus grande partie de mes efforts sera, comme par
le passé, consacrée à la défense de Fagri culture, à son encouragement et à son relè¬
vement;
L'impôt progressif et global sur le revenu, qui ne sera pas un impôt de plus, mais qui,
au contraire, remplacera tous les impôts qui frappent la terre et la propriété rurale : impôt
foncier, impôt des portes et fenêtres, Impôt mobilier et impôt des patentes,
La suppression des entrepôts fictifs ;
Le monopole de l'importation des blés par l'État afin que le blé puisse être vendu au
prix minimum de 18 à 20 francs;
Les retraites ouvrières pour les travailleurs des campagnes comme des villes ;
La libre circulation du vin au même titre titre que le blé;
La répression énergique de la falsification du vin ;
Le vin au soldat ;
L'alcool de vin, seul livré à la consommation, avec le droit pour le propriétaire de dis-
fil 1er librement sa récolte;
La taxe différente sur l'alcool d'industrie;
41
— 322 —
Le crédit agricole alimenté par une somme de cinq cent militons mis a la disposition
des agriculteurs par la Banque de France;
Los assurances agricoles par FÉtat; sans augmentation d'impôts, aOn de garantir aux
cultivateurs le produit de leurs récoltes ; '
Le rachat des chemins de fer par î -État;
La diminution des tarifs de transport des engrais et des produits du sol;
La création du canal des Deux-Mers partant de Bordeaux;
La réduction du service militaire à deux ans sans aucune dispense, tous les Français
devant également payer l’impôt du sang;
La simplification de la procédure et la diminution des frais de justice par Pextension
de la compétence des juges de paix;
Enfin, toutes les propositions destinées à frapper la haute spéculation qui ruine Fagri-
culteur, je les défendrai sans cesse.
Je voterai l’abrogation do la loi Fàlloux pour assurer a tous renseignement rationnel,
seul moyen de Faire une France unie et grande.
Telles sont les principales réformes que la prochaine législature devra réaliser,
POur atteindre ce but :
Républicains, tous d e bout î
Que votre volonté souveraine s’affirme dansde calme :e.t l’union.
Vive la République démocratique et sociale !
Thierry CAZE5,
Ancien Député.
Circonscription, de LOMBEZ
le marquis de PINS
Élu au 2e tour de scrutin, — 5,088 voix*
\
Mes chers Concitovens,
Le 27 avril, vous êtes appelés à voter,
La consultation nationale emprunte aux circonstances pnésen tes une Importance. excep¬
tionnelle.
Nous marchons à la ruine morale et à i la o uine matérielle,
La Constitution de 1875 a doté la France d'un régime parlementaire qui, peu k peu, est
devenu un régime d'intrigues* de corruption et surtout d’irresponsabilité.
De là, une grande partie de nos maux,
11 faut un pouvoir fort, responsable devant la Nation, et je me déclare partisan de
l’élection du chef de l’État par le peuple librement consulté.
11 appartenait au Ministère actuel, dit de défense républicaine^ et qui devrait plutôt
s’appeler de guerre civile et de guerre sociale, de nous mener au bord de Fabîme.
Obéissant servilement aux. ordres des francs-maçons et des sans-patrie, la majorité
ministérielle s’est efforcée d’arracher du cœur du peuple ces deux vertus qui font sa fpce ^
le patriotisme et la foi.
— 323
iN 1 1 0<i
File a violé le droit le plus précieux, la liberté individuelle, en expulsant les religieux
Pt les religieuses pour s’emparer de leurs biens, portant ainsi la plus grave atteinte au croit
L lonriété car, après les religieux, ce sera le tour de tous les propriétaires.
La liberté dé renseignement n’existe plus. Il a été décidé que l’enfant appartient é
1-État avant d’appartenir à son père, qui ne pourra plus l’élever comme il lui plaît.
C'est un vol monstrueux.
L’armée a été abandonnée au génie malfaisant d’un Ministre de la Guerre odieux qui
a accepté la triste mission de k démolir au lieu de. la défendre et qui livre nos officiers aux
pires outrages et aux pires délations. .
Qu’a-t-elle fait pour le Peuple, cette majorité, pour les petits, pour les humbles î
Rien,
L’agriculture n’a rien reçu, après tant de promesses 1 .
La loi des boissons est venue consommer sa ruine, en empêchant les viticulteurs ( e
distiller leur récolte, et elle a surtout encouragé la fraude sur les vins, auxquels elle devait
apurer "des débouchés dans les grandes villes.
En revanche, la Chambre a voté le principe de l’impôt progressif sur le revenu, sans
oser aller jusqu’au bout de cette mesure de confiscation qü’on vous promet à nouveau.
Car l’impôt progressif sur le revenu frapperait le pauvre en même temps que le riche
et serait un épouvantable arbitraire. - Le mot est de M- Waldeck-Rousseau
Mais, si elle n’a rien fait de bon, elle a augmente la dette du. pays, de 18J3 a 1902,
six cent cinquante-huit millions, et de .plus d’un milliard en dix ans; ce sont leschiftres
officiels donnés au Sénat par le rapporteur général 'du budget.
Si je suis votre élu, je prends Rengagement de travailler de toutes mes forces au rélè-
ventent moral et matériel de notre Patrie. , . ,
Entre autres réformes, je veux le service militaire d’un an qui, bien organisé, nous
donnera une armée de métier excellente et rendra à nos campagnes les bras qui ui
manquent, en allégeant l’impôt le plus lourd, 1 impôt du sang. ...
Je suis pour toutes les lois qui doivent venir en aide d’une façon effective a notre agri¬
culture en détresse, et frapperont les spéculateurs qui l’ exploitent.
Mes chers Concitoyens,
Si vous- en avez assez d’être volés, trompés, persécutés par de fauxi.amis du Peuple, ale
faux démocrates; si vous voulez sauver votre pays de la misère et de la révolution, confier
ses. destinées à d’honnS tes 'gens, vous le direz 'par votre bulletin dévote. •
C’est !le drapeau national, ce sont vos croyances, vOtrediberte et vos biens qu î o
de défendre !
Marquis DE .PINS.
Conseiller général, nnaire dïe iMoïtfbruii.
Circonscription de MIRANDE
M, NOULENS
Élu au 1er tour de scrutin, — 9.619 voix*
Mes chers Concitoyens,
Désigné à l’unanimité par le Congrès de Mirande, où toutes les fractions du paiti répu¬
blicain avaient envoyé des délégués, je me présente à vos suffrages avec le mandat de
soutenir devant vous un programme d’union républicaine et de progrès démocratique, avec
la mission de défendre la M[ ublique contre la coalition des anciens partis, dont les entre¬
prises de réaction sont pins actives que jamais, malgré une adhésion apparente à la
République.
Je n’ai pas b m’autoriser spécialement de tel ou tel groupe de l’opinion républicaine :
il me suffit d’être le candidat d'un Congrès gui résumait en lui le parti républicain tout
entier. Vous savez d’ailleurs que les étiquettes ne signifient rien : le bon sens populaire
n’est pas dupe des mots; il qualifie les candidats non pas sur ropinion qu’ils s’attribuent,
mais sur le programme qu'ils soutiennent.
Jugez-moi donc sur mon programme :
L’impôt fonder, la contribution mobilière, l’impôt des portes et fenêtres et celui des
patentes doivent être remplacés par l’impôt global et progressif sur le revenu avec
exemption complète des salaires et exemption aussi large que possible des revenus agri¬
coles.
Le monopole par l’État de la vente des eaux-de-vie de raisins et autres fruits propres à
la distillation procurerait des ressources considérables au Trésor, permettrait au consom¬
mateur de boire des alcools inoffensifs et assurerait aux viticulteurs la vente de leurs eaux-
de-vie à des cours rémunérateurs, qu'ils ne connaissent plus depuis la loi néfaste sur les
boissons,
La réduction des dépenses coloniales et des dépenses intérieures, notamment par la
réduction du nombre des fonctionnaires et par la diminution des gros traitements, complé¬
terait ces deux mesures financières.
Nous vou’ons la réduction du service militaire à deux années comme pouvant être seule
obtenue immédiatement.
Nous n'admettons la création d'une caisse des retraites ouvrières que si les ouvriers
agricoles, qui sont les plus intéressants à nos yeux, sont appelés à en profiter au même
titre que ceux des grandes villes et des usines.
Il faut enfin supprimer l’abus qui consiste à permettre aux députés de se faire
remplacer dans les votes de la Chambre par leurs collègues ou leurs amis en cas
d absence.
Respectueux de toutes les libertés, qu’il s’agisse de la liberté religieuse ou de la liberté
d’enseignement, profondément attaché aux intérêts de l’agriculture, il me parait inutile
d’ajoùter que je résisterai à toute atteinte portée au droit de propriété et que j’ai b coeur le
maintien de la grandeur et du prestige de la France.
- 32 o —
N® H 62
Électeurs,
je m’adresse à votre bonne foi pour juger mon programme, pour faire justice des
sophismes par lesquels on cherche à vous égarer.
Républicains de toute nuance, demandez-vous si mon idéal démocratique, en répondant
à de justes aspirations, constitue une menace pour personne.
Et quand vous aurez réfléchi, vous ne douterez pas de moi et vous vous unirez pour
assurer le 27 avril le triomphe des idées démocratiques!
Vive la République !
J. NOULENS,
Auditeur de lre classe au Conseil d’État,
Candidat du congrès républicain.
*
GIRO.VIÆ
Circonscription de BAZAS
M.iÉmâè CONSTANT
Élu au 1er tour de scrutin. — 7.820 vois.
Mes chers Concitoyens,
M’autorisant de l’ordre du jour voté le 8 février dernier par la presque unanimité des
Conseillers généraux, des Conseillers d’arrondissement et des Maires républicains de l’arron¬
dissement de Bazas, j’ai l’honneur de me présenter pour la troisième fois à vos libres suf¬
frages.
Mon programme vous le connaissez : C’est un programme d’union républicaine et de
progrès démocratique.
Mes actes politiques et mes votes depuis huit ans, toujours conformes à mes premiers
engagements, sont pour vous la meilleure garantie de ia fermeté de mes convictions et la
meilleure indication de mes idées et de mes tendances.
Vous savez que, comme vous, je veux une République ouverte à toutes les adhésions
sincères et loyales, et respectueuse de toutes les libertés. Mais si le premier devoir de tous les
citoyens est de s’incliner devant la Loi, la première obligation pour tout républicain est
d’accepter les principes fondamentaux sur lesquels repose notre société moderne, et de
défendre l’œuvre réformatrice accomplie depuis 187a par les Chambres républicaines, sous
l’inspiration des Gambetta, des Jules Ferry et des Waldeck-Rousseau. Quiconque n’admet
pas la souveraineté du peuple, ia suprématie du pouvoir civil sur tous les autres pouvoirs,
militaire ou religieux, l’intangibilité des lois scolaire et militaire, doit rester suspect à la
démocratie.
A cette œuvre de défense des conquêtes déjà réalisées sur l’esprit de réaction, doit
s’ajouter une œuvre d’action républicaine et de progrès social à laquelle la prochaine
Chambre ne saurait se soustraire sans faiblir à ses devoirs et sans mettre en péril le régime
parlementaire.
La France du xx° siècle doit poursuivre d’un effort continu la réalisation d’une Société
meilleure, dont la culture intellectuelle et morale sera toujours plus haute et la vie maté¬
rielle plus facile et plus heureuse.
Mais les progrès dans l’ordre social ne doivent s’accomplir que par la mise en pratique
des principes de mutualité, de solidarité et de fraternité, qui, en dehors de tant d’œuvres
dues à l'initiative privée, ont inspiré les dernières lois sur les sociétés de secours mutuels
et le projet sur les retraites ouvrières, qui a occupé plusieurs séances de cette dernière
législature, et qu’il appartiendra à la Chambre prochaine de faire aboutir. Toute atteinte a
la propriété individuelle serait, en effet, funeste à la République et mènerait rapidement le
pays à la ruine.
Sans entrer dans une énumération détaillée des réformes dont on peut attendre »
N° 1 1 62
— 327 —
réalisation de la prochaine Chambre, il noua sera permis de citer la réduction du service
militaire à 2 ans, le rachat du Midi et de l’Ouest, qui nous permettra d’obtenir des tarifs
nlus réduits pour le trahsport.de nos produits agricoles,, et le permis de chasse, à 15 francs
avec permis à5G centimes: pour, une journée,, dont la dernière, législature a consacré le
défense des intérêts agricoles devra rester au premier rang des préoccupations de
□os représentants, qui auront pour devoir impérieux de trouver une solution à la crise vitb
cole qui sévit si durement sur nos régions du Sud-Ouest et du Midi.
Enfin iV importe au plus haut point de mettre un terme à l’accroissement des dépenses
publiques et à l’expédient des douzième provisoires. Le premier devoir du Parlement n’est-
il pas de voter en temps voulu des budgets en équilibre?'
Mes chers Compatriotes,
Si vous partagez1 a l’égard1 de votre Député sortant1 le sentiment' de vos divers repré¬
sentants républicains, Maires, Conseillers d’arrondissement et Conseillers généiaux, sur
l( |a façon dont il a rempli son mandat, soit au point de vue politique,, soit au point de
vue de1 la-défense des intêrêts cle l’arrondiseement, » vous- le direz: par. vos- suffrages le
27 avril.
L’heure est solennelle : Toutes les- réactions coalisées tentent, un suprême assaut
contre la République!
Laissant à d’autres * les patronages suspects je n’entends puiser ma force, consolent
du devoir loyalement accompli, que dans l’appui de tous les républicains.
Vive la République !
Émile GQINSTÀ'MT, Député sortant.
Circonscription de BLAYE
M. Pierre DUPUY
Élu au 1er tour de scrutin. — 7 * Z|0£| voix.
Mes chers Compatriotes,
Les électeurs républicains de l'arrondissement de Rlaye se proposaient de renouveler
le mandat de leur ancien député M. Goujon, dont jo salue respectueusement la mémoire.
Ils ont aujourd’hui à faire un au ire choix.
La date prochaine des élections commandait une prompte décision. MM. les Conseillers
généraux, les Conseillers d’arrondissement et les Maires des quatre chefs-lieux de canton
m’ont fait le grand honneur de penser que T accord de tous les républicains pouvait se taire
sur mon nom.
C’est avec leur appui que je viens solliter vos suffrages et vous soumettre mon pro¬
gramme.
Républicain de famille et de conviction, je n’accepte pas seulement le principe, mais
aussi les institutions et les lois d ï la République, dont ^application doit être faite loyale¬
ment, sans faiblesse et sans passion.
Je suis respectueux de la liberté de conscience et partisan du maintien du Concordat.
— 328 -
L'enseignement doit être libre, mais entouré des garanties nécessaires de capacité des
professeurs et du contrôle efficace de l’État.
Ma candidature est née de Punion de tous les républicains.
Éloigné de toutes les réactions, quelles que soient leurs étiquettes, je suis également
l’adversaire du collectivisme, qui est la négation du droit de propriété individuelle et de la
liberté du travail.
Je voterai le service militaire réduit à deux ans.
Tout en maintenant intact et en développant sagement le patrimoine républicain, la
prochaine Chambre devrait s’appliquer surtout :
A ouvrir dans notre immense empire colonial des débouchés pour nos produits indus¬
triels et agricoles ;
A faire une politique de rigoureuse écononomie et de dégrèvement des charges qui
pèsent si lourdement sur la propriété rurale;
A poursuivre et à compléter l'œuvre d'assistance et de prévoyance en faveur de tous les
travailleurs,
La prospérité de la viticulture est le point dominant pour notre arrondissement.
Toutes les questions qui s’y rattachent seront, l’objet de ma part, d’une sollicitude et
d'une étude constantes*
Sans relâche, je poursuivrai rabaissement des droits de douane qui frappent nos \m
à leur entrée dans les pays étrangers et la modération des tarifs de transports de chemins
de fer.
Je demanderai l’application rigoureuse des lois actuelles et le vote du projet de loi
déposé à la Chambre pour la répression des fraudes et des falsifications*
Mon concours et mes efforts sont acquis à toutes les mesures législatives et administra¬
tives tendant à empêcher la production des vins artificiels qui, trop souvent, prennent dans
la consommation îa place des vins de notre cher arrondissement de Blaye.
J’appuierai toute législation et toute réglementation de nature à identifier nos vios et,
nos eaux de-vie avec indication obligatoire de l’espèce et de l'origine, afin qu'aucune substi¬
tution ne puisse être faite au préjudice de nos vins et de nos eaux-de-vie.
D’ailleurs, nos intérêts sont communs ; en défendant les vôtres, je défendrai les miens.
Mes chers Compatriotes, vous me connaissez; vous savez que je suis un fils de la démo¬
cratie blayaise, un travailleur, l’un des vôtres.
Mon dévouement est également et au même titre assuré à chacune des communes de
l’arrondissement*
Je compte sur vos suffrages, et je vous dis simplement et loyalement : j’ai la volonté et
la force de justifier votre confiance.
Vive l’arrondissement de Blaye ï
Vive la République!
Pierre DUPüY,
Propriétaire, avocat à la Cour d'appel.
— 329 —
iNc 1162
1VG circonscription de BORDEAUX *
M, Charles CHAI) MET
Élu au 2e tour de scrutin. — 6.944 voix.
Mes chers Concitoyens ,
Désigné par les Comités républicains de la lre circonscription, et fort des- 6.886 voix
obtenues il y a quatre ans, Je viens à nouveau solliciter vos libres suffrages.
L’équivoque qui avait naguère assuré ïe triomphe de nos adversaires est aujourd’hui
dissipée. Les républicains dont on avait surpris la bonne foi sont maintenant éclat; és. Ils
ne sont plus les dupes d’épithètes fallacieuses qui nous divisent pour l’unique profit de la
réaction.
Mes opinions ont pu être travesties par mes adversaires : elles nront jamais varié.
Je suis respectueux de la liberté de conscience. Mais je ne l’entends point comme les
cléricaux, qui réclament la liberté pour eux seuls. Je veux Légalité de toutes les religions
et de toutes les croyances philosophiques devant la loi civile, le réclame l’application loyale
mais stricte du Concordat. Je ne suis donc pas anti-religieux, mais je suis résolument anti¬
clérical. Je lutterai sans relâche contre ceux qui prétendent mettre au service d’un culte
quelconque la puissance de l'État! Je défendrai, contre les entreprises des congrégations,
les intérêts sociaux et les droits de la République.
Mais je n’entends pas m’absorber dans des querelles politiques a la fois stériles et
dangereuses.
Je me consacrerai surtout a la discussion des questions économiques et sociales que
j’étudie avec passion depuis plus de quinze ans.
Convaincu de la nécessité de réduire les frais généraux du pays, je demanderai qu’on
enlève aux députés le droit d’engager des dépenses et qu’on simplifie nos services admi¬
nistra! ifs par une décentralisation prudent /, mais non timide.
Au point de vue économique, je réclamerai la conclusion de traités de commerce, la
création d’un port franc (que j’ai le premier inscrit dans un programme électoral), l’amé¬
lioration de nos voies navigables, la réduction des tarifs de transport, l’établissement d’un
chemin de fer de ceinture et d’un pont au cours du Médoc, en un mot toutes les mesures
que j’ai déjà indiquées pour faire de Bordeaux une grande ville industriel le où nos ouvriers
trouveront du travail et des salaires, nos capitaux des bénéfices et - notre marine le fret
nécessaire à sa prospérité,
Dévoué au progrès social, je soutiendrai énergiquement toutes les réformes qui
peuvent améliorer le sort des travailleurs, mais je ne laisserai compromettre ni la liberté
du travail, ni la propriété individuelle. J’accepte T intervention de l’État chms tous les cas
où il faut suppléer ou encourager l’initiative privée, notamment pour l'institution décaissés
du chômage et de retraites ouvrières, mais je ne ne cesserai pas de combattre le collecti¬
visme et toutes les doctrines qui placeraient notre démocratie sous la tyrannie de
l'État,
Mes chers Concitoyens,
J’ai un passé politique, économique et social qui est, pour l’avenir, une sure garantie.
Vous m’avez vu à V œuvre toutes les fois qu’il a fallu défendre les intérêts de Bordeaux ou
- 42
— 330 —
de la banlieue et ceux de la République, Vous pouvez compter que je les défendrai toujours
avec îa môme énergie et le même dévouement.
Vive la République!
Charles CHAUMET.
Appel aux électeurs.
Chers concitoyens,
Nous recommandons à vos suffrages la candidature du citoyen Charles Chaumet.
En présence de la coalition de toutes les forces réactionnaires, cléricales et nationa¬
listes, il importe de faire dès le premier tour Tunkm sincère et loyale de tous les
républicains.
Cette union nécessaire, nous vous demandons de la réaliser sur le nom de Charles
Chaumet.-
Ses adversaires eux-mêmes rendent hommage à la probité, à l'intelligence, au talent
et au dévouement de ce fils du peuple qui saura défendre vaillamment les intérêts de
Bordeaux et de la démocratie.
Citoyens, pas d'abstentions! 11 ne faut pas de ballottage! Votez au premi r tour
pour Charles Chaumet, candidat républicain.
(Suivent les signatures.)
21 circonscription de BORDEAUX
M. BÀLLÀNDE
Élu au T tour de scrutin, — 7.302 voix.
Mes chers Concitoyens,
Républicain, libéral, progressiste, j’ai été désigné par les républicains anti-mi nistédeîs
pour être leur candidat aux élections législatives contre les partisans ou 1-s imitateurs d’un
ministère «Rabaissement national et de « déchéance » républicaine.
Si je n’avais consulté que mes goûts et mon intérêt, je n’aurais jamais fait le sacrifice
de mon repos pour me lancer dans les luttes électorales,
Mais il y a péril pour nos libertés primordiales, pour notra industrie et notre
commerce, pour nos finances, pour nos forces militaires ; on a fait appel à mon dévouement
j’obéis.
Mes opinions, mon attitude n’ont jamais varié-
Dépourvu de toute ambition personnelle, j’opposerai sans faiblesse à la politique des
compromissions celle des principes.
Aa nom sacré de la Patrie noua appelons tous les Français, sans distinction, à s’unir
loyalement pour le progrès, par la liberté, dans la République.
Un pays ne vit pas de politique et il peut en mourir.
Négociant-armateur, membre de la Chambre de commerce, je m’emploierai de toutes
1
mes forces, étant votre élu, à faire obtenir aux questions économiques la place qu'il est
urgent de leur donner et a provoquer les mesures destinées à rendre à notre port son
antique prospérité.
Ami des travailleurs, travailleur moi-môme, j’étudierai toutes les réformes sociales^
caisses de retraites et autres, avec impartialité et dans un esprit pratique, m’efforçant
de concilier les intérêts légitimes du travail et du capital, qui n’est qu’un travail
accumulé.
La méthode qui m’a permis de concilier ces deux intérêts dans ma maison depuis des
années, en faisant participer tout mon personnel aux bénéfices, est une garantie des dispo¬
sitions dans lesquelles j’aborderai ces questions.
Mais en matière sociale, je veux, autant que possible, voir l'initiative individuelle
primer la volonté trop absolue de l’État.
Mes chers Concitoyens,
Respectueux de toutes les croyances, de toutes les convictions sincères, je veux plus
dé liberté, plus d’égalité, plus de fraternité, même pour ceux qui ne pensent pas
comme moi.
Ainsi, la France redeviendra la première nation du monde, le foyer le plus intense des
idées de justice et d’humanité.
Vive la France!
Vive la République!
A. BALLANDE,
Ancien juge au Tribunal de commerce,
Membre de la Chambre de commerce.
PROGRAMME.
Mes chers Concitoyens,
Dans ma profession de foi, je n'ai fait qu'esquisser les grandes lignes de mon pro¬
gramme. Comme il importe que vous soyez bien fixés sur le compte de celui qui prétend à
l’honneur de vous représenter, je liens à vous indiquer quelle sera mon attitude au triple
point de vue politique, social et économique :
Programme politique .
Partisan de la politique de principes et désireux de voir se former de grands courants
d’opinion au [seuil de nos Assemblées délibérantes, je demanderai le rétablissement du
scrutin de liste pour l'élection des députés. Ainsi, les citoyens pourront affirmer leurs pré¬
férences pour des idées et non plus pour des personnes; ainsi, le gouvernement, porté au
pouvoir par les élus du peuple, saura clairement ce qu’on attend de lui et trouvera dans la
majorité un appui suffisant pour réaliser cette stabilité ministérielle acquise dans ces der¬
niers temps, il est vrai, mais au prix de déconcertantes et houteuses compromissions.
J’emploierai aussi mes efforts à poursuivre la réduction du nombre des députés, pour
permettre à. la Chambre de travailler d’une façon plus utile et plus recueillie aux grands
problèmes qui se posent devant elle.
Les députés, voyant leur responsabilité augmentée, parce fait que les mandants seront^
phts nombreux, mettront probablement plus de sérieux dans l'accomplissement de leur
mandat, et les électeurs, ayant moins de représentants à nommer, pèseront davantage la
portée de leurs votes-
le serai respectueux de la liberté de conscience de tous les citoyens; et, sous le con¬
trôle impartial de l’État, je défendrai la liberté d’enseignement contre toutes mesures ten¬
dant à la réduire par des voies détournées.
Notre droit administratif enchaîne le département et la commune en des lois centrali¬
satrices qui nous viennent des régimes autocratiques du début de ce siècle. Je m’efforcerai,
tout en laissant à PÉtat un sérieux contrôle, de rendre ces deux organismes plus libres de
leurs actes et particulièrement en matière financière.
Je suis Pennemi du cumul des fonctions publiques, car je crois que le nombre des
citoyens aptes à les bien remplir est assez grand pour réserver à chacune d’elles un titu¬
laire spècial qui remplira mieux son mandat.
Je suis partisan de la réduction du service militaire à deux ans, voire même à quinze
mois. J’estime que cette réduction peut parfaitement se concilier avec les exigences de la
défense nationale, à condition que des mesures préalables soient prises progressivement
pour assurer la constitution de cadres solides, grâce à T extension des rengagements.
No i finances sont dans un lamentable état; je veillerai autant qu’il sera en mon pouvoir
à la bonne gestion de celles-ci, et je préconiserai une politique d'économies faciles à réali¬
ser par la suppression d’un grand nombre de fonctionnaires inutiles et de pas mal de siné¬
cures où l’on case les fruits secs de la politique. Je demanderai en outre la suppression de
l'initiative parlementaire en matière de dépenses.
Programme social.
Au point de vue social, mon attention se portera particulièrement sur les lois tendant à
améliorer le sort des ouvriers.
Je favoriserai les associations syndicales libres et les corporations.
Je demanderai que la faculté tf acquérir a titre gratuit et onéreux leur soit accordée
dans la plus large mesure, ce qui favorisera leurs efforts dans la poursuite du but écono¬
mique et social qu’elles visent,
La loi sur les accidents du travail, excellente dans son principe' est pleine d’imperfec¬
tions de détail. J’en demanderai la refonte pour lui donner une sphère d'application plus
étendue et la rendre plus équitable.
Les travailleurs ne voient point encore leur vieillesse à l’abri du besbin, je m’efforcerai
de faire aboutir la loi sur les caisses de retraites.
A ce point de vue, je soutiendrai de mes votes tout projet équitable comportant la créa¬
tion de caisses de retraites régionales ou syndicales que les travailleurs géreront eux-
mêmes avec le contrôle et l’appui de PÉtat.
L’homme n’est point une machine, son corps et son intelligence ont besoin de repos.
Je soutiendrai tout projet de loi dont le but sera de rendre obligatoire un jour de repos
hebdomadaire. Je puis me flatter, sur ce point encore, d’avoir payé d’exemple.
Je demanderai que le bénéfice des lois ouvrières soit étendu aux employés de com¬
merce. 1
Toutes les réformes sociales seront examinées par moi avec la plus grande impartialité
et j’emploierai mon action a les faire triompher pourvu qu’elles soient justes et pratiques.
Programmé' ; économique.
Je ?ens bien que mon titre le plus sérieux à vos suffrages est l’expérience acquise au
cours des vingt années depuis lesquelles je suis chef de maison.
333 —
N° 1162
Je sui-, avant tout, un homme d’affaires, et je crois que vous n’avez pas de qualité plus
osQpntielle à exiger d’un candidat.
,)a: tenu à être formel sur le terrain politique, mais la situation économique est mau¬
vaise ' grave, non moins urgente, et je viens vous déclarer que je ne donnerais pas mon
anmii à un ministère qui, tout en méritant ma confiance en politique, paraîtrait systémati-
nuement engagé dans une voie néfaste pour l’avenir économique au pays.
q I e régime ultra-protectionniste de ces dernières années nous a été funeste.
Il faut chercher le remède dans l’extension de nos libertés commerciales, le rétablis-
sement de celles dont nous nous sommes privés, et le retour aux traités de commerce, mais
à la condition qu’ils nous assurent des avantages réciproques.
La meilleure tactique pour arriver à la réalisation de nos desiderata n est pas, je crois,
de former des groupes opposés, pour perpétuer la lutte entre les représentants des ports et
ceux de l’intérieur; nous risquerions d’avoir indéfiniment le dessous.
Ici encore, nous devons faire appel au sentiment de solidarité et prouver a ceux qui
nous combattent, et qui s’imaginent être les seuls défenseurs du travail national, que nous
nous en préoccupons autant qu’eux.
Cette preuve nous pouvons la fournir. .
11 est permis d’affirmer que les traités de commerce seraient moins décriés par ceux
nui les attaquent si, dans un passé plus ou moins récent, nos intérêts avaient été défendus
vis-à-vis de l’étranger ptr des mandataires plus compétents ou plus indépendants.
En attendant, nous pouvons trouver une sérieuse compensation dans la mise en valeur
et l'exploitation de notre domaine colonial. . ,
Bordeaux est malheureusement loin d’avoir pris, au point de vue commercial et indus¬
triel le rang qui aurait dû lui revenir, quand le mouvement d’expansion coloniale de ces
dernières années nous a donné la Tunisie, le Tonkin, le Dahomey, le Congo et Madagascar.
On avait prétendu que nous ne savions plus coloniser, que les Français et leurs capi¬
taux n’auraient plus le courage d’aller tenter fortune au loin, surtout en terre française !
Comme l’exemple a démenti cette assertion, intéressée de la part de quelques-uns .
Mais combien il est regrettable aussi de constater déjà des déconvenues, des insuccès, dont
le nombre et l’importance risquent de compromettre cet admirable mouvement, fruit de
tant d’efforts et de si cruels sacrifices. .
Que faut-il pour y remédier? Que les gens du métier succèdent aux coloniaux « en
Il est à peine besoin de vous rappeler que toutes les entreprises commerc.ales et
industrielles sont solidaires, que le développement des unes profite aux autres, que tous les
citoyens, même rentiers, bénéficieraient de la prospérité générale, que tous souffrent du
marasme des affaires.
Cet axiome m’autorise à appeler un instant votre attention sur 1 importance que revêt
pour nous la question des intérêts du Port, à qui Bordeaux doit sa vie.
A ce point de vue une œuvre utile (décentralisation progressive et extension des préro¬
gatives des Chambres de commerce) s’offre à la sollicitude de vos représentants.
J’ai activement participé en 188A à la fondation du syndicat pour les améliorations et
la défense du port de Bordeaux. ,
Je suis heureux d’évoquer ici la mémoire de son regretté défenseur, Théophile Labat,
fier d’avoir été son disciple. Je rappelle ses théories dont l’exactitude est aujourd’hui si
hautement démontrée par les faits.
Nous avons à lutter'maintenant contre la concurrence des appointements de Pauillac.
Je n’ai jamais voulu en reconnaître la nécessité.
Je soutiens que Bordeaux peut être un port d’escale, aussi bien qu Anvers, où sept c es
plus grandes lignes de navigation, qui donnent à ce port son importance, ne {ont que tou¬
cher.
Je ne méconnais pas les difficultés qu’il y a à faire remonter les navires des granc s
— 334 -
lignes jusqu’à Bordeaux; mais elles ne sont pas plus insurmontables qu’à llambourc
Anvers, Londres et Glasgow.
Voilà le progrès à réaliser si nous voulons justifier et exploiter plus tard, avec profit un
port franc à Bordeaux.
Si nous améliorons en même temps le réseau fluvial de la Garonne et de ses affluents
nous ramènerons ainsi la vie dans notre rade, nous ferons refleurir les professions mari¬
times, les industries existantes se développeront et il s’en créera de nouvelles.
Le devoir d’un député ne se borne pas seulement à discuter les projets de loi qui inté¬
ressent si rarement, hélas ! l'amélioration du régime économique du pays : le représentant
d’un grand port doit encore défendre avec vigilance les intérêts généraux de ses maniants
auprès des pouvoirs publics, et il doit plaider devant l’opinion en faveur dès entreprises
auxquelles est lié l’avenir de sa région.
loute mon expérience, tout mon dévouement, toute ma volonté, je les mettrai au ser¬
vice de cette cause.
André BALLANDE,
Négociant - arm aieu r.
Candidat républicain libéral, progressiste, anti-ministériel.
3“ circonscription de BORDEAUX
M. DORMOY
Élu au 2e tour de scrutin. — 8.583 voix.
Citoyens,
Républicain inébranlable, né dans cette troisième circonscription, élevé parmi vous,
ayant pour ainsi dire vécu avec vous, travaillant à vos côtés, j’ai l’honneur de solliciter vos
suffrages.
Mon programme politique se résume en quelques mots :
Ni réaction, ni révolution !
République avant tout et quand même!
Par elle, je veux que soit assuré le triomphe de la Liberté, de l’Égalité, de la Fraternité,
de la Tolérance, de la Justice, de la Concorde.
Pas d’agitation stérile, mais une patriotique action pour assurer à la France la : rospé-
ritô agricole, commerciale et industrielle, qu’elle réclame à grands cris.
Moins de politique, plus d’affaires, plus de travail !
Citoyens,
Si je suis votie élu, je m emploierai, avec l’activité d’un travailleur et lacompôleuco
d’un homme d’affaires, à l’amélioration de noire régime financier et de notre situation éco¬
nomique.
las de dépenses inutiles, la suppression de l’initiative parlementaire en matière d’auge
memaiion des dépenses, le vote du budget en temps utile, des traités de commerce à longs
terme,. , des entrepôts spéciaux, un port franc, voilà des réformes indisj ensables à l'heure
actuelle pour permettre à nos finances de prospérer, a. notre commerce de se développer, à
notre port de ne pas mourir d’inanition.
Tous mes efforts tendront 'a en obtenir la prompte réalisation.
Des améliorations sociales sont urgentes pour tous les modestes travailleurs qui gagnent
leur pain avec leur cerveau, leur plume ou leurs bras.
A tous je rappelle que j’ai, pendant longtemps, partagé leur pénible labeur et leurs
dures fatigues! C'est clans cette collaboration qu’est née l’amicale sympathie que j’ai pour
eux, et Tardent souci de travailler à l’amélioration de leur sort.
Je n’ai pas besoin de leur faire de longues promesses, ils me connaissent, ils peuvent
compter sur moi.
La réduction à d ux ans de ia durée du service militaire, le développement de l’initia¬
tive individuelle, la protection des œuvres de mutualité et des associations ouvrières,
l'organisation de la retraite pour la vieillesse, auront toutes mes préoccupations.
Pas de haines, pas de discordes; de la confiance, de l’affection !
Pas de lutte de classes, mais une union plus étroite entre le capital et le travail !
C’est une démocratie puissante et libre, consciente de sa force, mais soucieuse de ses
devoirs, qui seule peut faire glorieuses et grandes la patrie et la République.
C’est en démocrate, en patriote, en républicain, que je sollicite vos suffrages.
Vive la République!
Albert DORMCXY,
Ingénieur-constructeur, conseiller municipal,
Juge au Tribunal de commerce.
Comité central Républicain de la 3° circonscription (Bordeaux-Bègles)
Appel aux Électeurs.
Citoyens,
Nous pré entons à vos suffrages le citoyen Al >ert Dormoy, enfant de votre circonscrip¬
tion, dont la carrière s’est déroulée sous vos yeux.
Fils d’un vieux républicain longtemps votre élu, vous connaissez sa foi politique et ses
inébranlables convictions républicaines.
C’est un travailleur, un hommes d’affaires, que vous avez envoyé au Tribunal de Com¬
merce, au Conseil municipal, et qui partout, vous le savez bien, vous a dignement
représentés.
Votre confiance lui sera encore accordée.
Vous en ferez votre Député pour déf ndre au Parlement vos intérêts politiques, écono¬
miques et financiers.
Nul ne connaît mieux que lui vos aspirations et les besoins de la région.
Son activité, sou énergie, son indépendance, vous garantissent un dévouement pro¬
fitable.
Citoyens,
Trop d’électeurs se désintéressent des lut es politiques, et font ainsi le jeu des ennemis
de nos institutions.
Le moment est grave.
11 faut arrêter le flot clérical et col ectiviste, qui monte et menace d’anéantir nos
libertés.
Nous faisons appel h tous les républicain s, à tous ceux qui ont foi dans la République
et veulent rendre immortelle sa devise :
Liberté, Égalité, Fraternité,
Vive la République !
Le Comité central. {Suivent les signatures.)
4° circonscription de BORDEAUX
M. Albert DEGRÀIS
Élu au lor tour de scrutin. — 8,7iâ voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
J’ai l'honneur de solliciter pour la troisième fois vos suffrages, après avoir été pour la
troisième fois désigné à votre confiance par le Congrès républicain électoral de la quatrième
circonscription de Bordeaux.
Je me présente donc sous le même patronage et je me présente aussi avec un pro-
gramme qui n’a pas varié. Ni réaction, ni révolution, disais-je en 1897 et en 1898. Je re¬
prends, en la confirmant, cette déclaration. Aussi bien, je n'ai pas cessé d’y conformer mes
actes. Je disais encore : union de tous les républicains; exclusion, dans l’oeuvre défensive
et dans l'œuvre réformatrice de ia République, de ce qui les divise. Je le dis toujours. C'est
pour avoir maintenu avec fermeté ces principes contre les ardeurs impatientes des uns et
les tentatives factieuses des autres que le cabinet de défense et d’action républicaines dont
je fais partie a mérité pendant trois ans l'inébranlable confiance du Parlement.
La Chambre prochaine aura de grands devoirs à remplir. Il est des réformes écono¬
miques et agricoles que sa devancière nTafait qu’ébaucher. Elle devra les poursuivre et les
compléter. 11 n’en est pas de plus importante, pour notre région, que celle ayant pour objet
de favoriser la vente de nos vins. En faisant voter la loi si impatiemment attendue sur le
dégrèvement des boissons hygiéniques, le Gouvernement a inauguré la série des mesures
propres à porter remède aux maux dont nous souffrons»
En adoptant, malgré l’opposition du ministre des finances, un amendement qui jetait le
trouble dans la répartition de l’impôt personnel et mobilier, le Parlement avait commis une
erreur. Il s’en est aperçu et il Fa heureusement réparée. Les contribuables dont la cote
mobilière ne dépasse pas 125 francs, part de FÉtat, sont dégrevés d’office pour 1902 de
l’augmentation mise à leur charge. Le ministère des finances s’occupe de la mise à exécu¬
tion de cette loi de FÉtat»
Les dépenses publiques suivent une progression qu’il importe d’arrêter. Le pays ré¬
clame des économies. Si, pour les lui procurer, il est nécessaire de restreindre le droit d'ini¬
tiative qui, en matière de crédits, appartient à la Chambre des Députés, je n’hésiterai pas
à voter cette sage mesure. Je n’hésiterai pas non plus à voter la réduction à deux ans du
service militaire, dont le principe a été adopté par le gouvernement, mais dans les con¬
ditions indiquées par le président du conseil et le ministre de la guerre.
Messieurs, les graves devoirs de ma charge ne m’ont pas fait perdre de vue ceux que
j’ai contractés, comme député, yis-à-vis des électeurs de la quatrième circonscription. Je ne
crois pas que mon intervention ait été en vain sollicitée pour la solution des questions qui
vous intéressaient.
— 337 —
N9 1162
Dans ces conditions, je viens avons le front haut et ia conscience tranquille.
Républicains, si vous pensez qu’au cours de ma longue carrière, je ne suis pas sans
avoir rendu des services k la République, objet de votre culte et du mien ; patriotes, si
vous pensez qu’un ancien ambassadeur de France ne peut pas ne pas avoir le souci de la
grandeur et de la gloire de la nation; Girondins, si vous pensez que vos intérêts sont bien
placés dans les mains d’un enfant du pays, ancien préfet de la Gironde, vous le direz en me
donnant un nouveau mandat.
Albert DECRAIS,
Ministre des Colonies, Député sortant,
Élu du Congrès républicain.
5" circonscription de BORDEAUX
M. CAZAUV1EILH
Élu au 2e tour de scrutin. — 8.139 vois.
Mes chers Concitoyens,
Le mandat que vous m’aviez confié il y a quatre ans est expiré.
Je viens avec confiance vous en demander le renouvellement,
Pendant ces quatre années de législature, les préoccupations de votre député ont été
sérieuses.
Rappelez-vous toutes les coalitions des ennemis de la République pour la renverser,
l’élection si agitée du Président Loubet, l’accueil qui lui fut fait à Paris à son retour de Ver¬
sailles, la scène odieuse des courses d’Auteuil, le débordement d injures et d’outrages
inondant les républicains. Jamais, depuis les 16 et 2/i niai, secousse réactionnaire ne fut
plus violente.
Aussi, ai-je considéré comme un devoir de prêter mon concoure au Ministère de défense
républicaine, auquel le vénéré Président Loubet crut devoir, dans ces temps troublés, con¬
fier la garde du drapeau.
Qui veut aujourd’hui se souvenir de tout cela? Ne suffit-il pas à quelques-uns de faire
un grief aux républicains comme moi, d’avoir, pour défendre nos institutions, imposé si¬
lence à leurs préférences personnelles ?
Mais tournons la page. L'histoire du passé n’intéresse guère plus personne.
Sollicitant à nouveau vos suffrages, je dois vous dire ce que je veux.
Il faut apporter dans nos finances une économie sérieuse, et, pour cela, réglementer
l’initiative parlementaire en ce qui concerne les augmentations de dépenses.
11 convient de ne toucher qu’avec prudence à l’équilibre de nos impôts, car nous savons
tous par expérience ce que nous coûte l’amendement Le Moigne, adopté par le Parlement
dans un moment de surprise.
Si cette erreur financière est heureusement réparée aujourd'hui, il convient qu’elle ne
se reproduise pas.
Notre système d’impôts doit assurément être remanié, mais, toutefois, sans l’adoption
de mesures arbitraires ou inquisitoriales.
Gardienne vigilante de notre honneur, l’armée doit être fortement organisée. Il n’est
ùS
— 338 —
pas cle sacrifices que je ne sois prêt à faire pour elle ! Je voterai le service militaire
de deux ans, en assurant sérieusement le i*é cru te ment des cadres inférieurs.
Je suis pour la liberté de renseignement, n'admettant pas ^obligation du stage sem
laîi e, mais réclamant pour l’État ie droit de contrôle dans les établissements d’instruction
libre dont les professeurs devront être pourvus de grades universitaires.
Appelé à me prononcer sur les demandes des congrégations, je le ferai sans parti pris,
décidé à accorder l'autorisation à toutes les associations religieuses dont les membres sau¬
ront rester étrangers a nos luttes politiques*
Les questions sociales feront l’objet de ma constante préoccupation.
Déjà le Parlement a donné aux ouvriers des preuves de sa sollicitude; il devra con¬
tinuer son œuvre par une loi sur les retraites permettant à chacun de s’assurer des res¬
sources pour ses vieux jours et organisant l’assistance pour les vieillards infirmes et indi¬
gents.
Le règlement de la Chambre doit être modifié, afin de permettre la discussion de pro¬
jets de loi depuis longtemps déposés, comme ceux qui concernent l’extension de ia compé¬
tence des juges de paix et la création de chambres électives d’agriculture*
Mais un pays ne vit pas seulement de politique.
La 5e circonscription a des intérêts agricoles et maritimes à défendre.
Les populations viticoles, justement préoccupées de la crise actuelle, attendent des
mesures efficaces pour la conjurer, et parmi celles-ci je place au premier rang le vote défi¬
nitif de la loi sur les fraudes, déjà adoptée par le Sénat.
Pour faciliter l’écoulement de nos vins, il paraît utile d'ouvrir des négociations avec
les nations étrangères, en vue d’introduire des modifications dans nos traités de com¬
merce ,
11 sera nécessaire d’établir une taxe différentielle entre les eaux-de-vie de vin et les
alcools d’industrie, réservant aux premières la consommation alimentaire, et aux autres le
chauffage, l’éclairage et la force motrice.
La réglementation du privilège des bouilleurs de cru sera le corollaire forcé de cette
mesure.
Peur nos marins, dont la condition est si digne d'intérêt, il faut modifier complètement
ie foctionnement de leur caisse de prévoyance, et adopter d’une façon définitive la loi sur
l’inscription maritime déjà votée par la Chambre.
Cette loi réduit la durée du service militaire et permet de compter, pour la pension de
demi-solde, la totalité de la navigation dans les eaux abritées.
Pour faire aboutir toutes ces réformes utiles, il convient de constituer à la Chambre
future un grand parti de gouvernement, d’où seraient exclus seulement les partisans de la
réaction et les adeptes de P utopie collectiviste.
La concentration républicaine s’impose* Mon concours est acquis au ministère qui la
la réalisera.
Vive la République I
Dr René CAZÀUVIEILB, Député sortant.
339 —
N° 1162
6° circonscription de BORDEAUX
M. CAZ EAUX-CAZALET
Élu au 2e tour de scrutin. — 8.198 voix.
Chers Concitoyens,
J’ai l’honneur de me présenter à vos suffrages sous le patronage d’électeurs républi¬
cains et de viticulteurs des quatre cantons de la 6° circonscription.
Mon programme politique, social et économique, publié par les journaux, se résume
ainsi :
Fils et petit-fils de républicains, je veux le maintien de la République et de la supré¬
matie du pouvoir civil, une application libérale, mais ferme des lois existantes.
Partisan convaincu de toutes les libertés, je veux la liberté de l’enseignement, et la
liberté de conscience comme toutes les autres.
Soucieux du bien-être de tous les travailleurs, je désire que l’État subventionne et
encourage l’initiative privée, fasse des lois pour résoudre toutes les questions d’assistance,
de solidarité, de retraites pour la vieillesse, par l’association.
Je repousse le socialisme d’État qui vise la règlementation des affaires privées, l’exploi¬
tation des monopoles. Je repousse le collectivisme.
L’un et l’autre paralyseraient l’initiative privée, provoqueraient la création de nouveaux
fonctionnaires et de nouveaux impôts.
Il faut, au contraire, mettre un frein à l’accroissement continu des dépenses publiques.
J’estime qu’il y a luu dans ce but de cesser d’appeler en toutes choses le concours de l’État
et qu’il est nécessaire de modifier le règlement de la Chambre pour modérer le droit d’ini¬
tiative des députés en matière d'impôts.
J’estime encore qu’il faut écarter les prétendues réformes qui surchargeraient les
uns sans favoriser la situation des autres et que l’amélioration du sort des contribuables
doit être poursuivie par voie de dégrèvement.
Enfin, pour diminuer les charges qui pèsent sur les agriculteurs et les travailleurs, je
désire la réduction du service militaire a deux ans, mais à la condition que des mesures
seront prises pour éviter l’affaiblissement de l’armée, qui est la garantie de la sécurité de
tous et de la paix.
Des réformes s’imposent pour favoriser l’acquisition et la conservation de la propriété
par la petite épargne.
Chers Concitoyens,
La viticulture, dont les intérêts sont ceux des agriculteurs, des ouvriers et des com¬
merçants des quatre cantons de la 6° circonscription, subit une crise sans précédents.
Encore quatre années de perdues et ce pays subirait des ruines irréparables.
Pour remédier à cette situation, si j’étais votre représentant, je demanderais ;
La répression des fraudes ;
La défense des vins de la Gironde contre l'envahissement et Pusurpation des vins d'ail¬
leurs ;
La réforme du régime des alcools ;
Des traités commerciaux qui garantissent aux commerçants et aux viticulteurs français
la stabilité des tarifs, le respect de leurs marques et la répression de la concurrence
déloyale ;
- 340 —
Des Chambres d’agriculture pour la défense des intérêts agricoles do pays ;
Une action de l’administration de l’É tat en vue de rechercher les moyens d’accroître la
qualité des vins ;
Des lois rendant efficace et pratique le concours de l’État pour les associations de cré-
dit agricole.
Chers Concitoyens ,
Si vous croyez que la politique doit céder le pas aux questions économiques et à la
défense de vos intérêts;
Si vous crov-ez qu’il soit indispensable d’élire dans ce but un homme qui est a la fois
républicain et viticulteur :
Si vous croyez que mes convictions et prés de vingt années de travaux continuels pour
doter la viticulture de méthodes de reconstitution et de culture, et que dix années d’efforts,
souvent heureux, pour défendre les intérêts des viticulteurs contre tant d’intérêts con¬
traires* me désignent à votre choix, je me mets à votre disposition.
Si je suis votre élu, je m’efforcerai d’être à la Chambre ce que j’ai été dans ce pays :
un défenseur de la viticulture.
Décidé, cependant, à ne négliger aucuns partie du mandat : ni la défense des travail¬
leurs, ni les intérêts de îa 6e circonscription, si spéciaux qu’ils soient, je ne bornerai pas
mon travail aux questions viticoles. Je ferai pour les quatre cantons ce que j’ai déjà fait
pour celui que j’ai fiiou neur de représenter. Je défendrai leurs intérêts avec une conscien¬
cieuse énergie.
Vive la République !
G- CAZEAUX-CÀZÂLET,
Conseiller général, maire de Cadillac,
Président du Comice viticole et agricole du canton de Cadillac.
APPEL DU COMITE
Messieurs les Électeurs et chers Concitoyens,
Des élections législatives vont avoir lieu et, dans la Gironde, une nouvelle circonscrip¬
tion vient d’être constituée. Elle est totalement rurale et totalement viticole, mais composée
de cantons qui, dans le passé, n’avaient pas entre eux de liens électoraux étroits. H est
donc nécessaire d’envisager avec une attention toute spéciale quelles conditions essentielles
s’imposent à nous pour le choix que nous allons imprimer à ce groupe électoral nouveau,
libre de tous engagements antérieurs.
La circonscription se trouvant composée de cantons nettement dévoués à la République,
on ne peut songer à choisir qu’un candidat nettement républicain, et, pour parler claire¬
ment à une heure où tant d’épithètes diverses vient altérer la valeur du qualificatif, au lieu
de la préciser, un candidat dont les sentiments républicains soient antérieurs à toute clas¬
sification passagère, et assez solides pour subsister intacts après l’épuisement des courants
artificiels du moment, c’est-à-dire ; républicain de toujours et pour toujours.
A côté de cette condition préalable, une autre condition, d’intérêt public elle aussi,
s’impose à nous.
Viticole dans toute son existence à travers les siècles, ce pays subit une crise terrible
et sans précédents. D’heureux qu’il était par la vigne, et malgré les plus héroïques efforts,
il est tombé dans une ruine désolante, causée naguère par des fléaux naturels, maïs causée
aussi et surtout par les conditions défavorables et injustes où l'agriculture est systématique¬
ment maintenue par les pouvoirs publics.
J1 est indispensable pour remédier à cela, que ce grand département ait, dans sa
N° 1162
— 341
rpDrésentation, ua homme auquel sa notoriété spéciale de compétence viticole constitue,
dans le Parlement, une autorité exceptionnelle. C’est, évidemment, à une circonscription
telle que la nôtre qu’il appartient de le fournir.
Ce républicain incontesté, cet agriculteur incontesté, il a paru tellement désigné par
ses convictions et par ses mérites éminents que son nom, dès le premier jour, a été pro¬
noncé par le plus grand nombre : c’est M. G. Cazeaux-Cazalct.
Conseiller général, élu par le suffrage, que l’on peut dire unanime, d’un canton tradi¬
tionnellement dévoué à la République, M. Cazeaux-Cazalet, à l’assemblée départemental,
a montré comment ses opinions politiques savent s’allier à une pratique sage, libéra e,
prudente des affaires publiques. Aussi éloigné du sectarisme entreprenant que de la fai¬
blesse par indécision ; aussi hostile au socialisme désorganisateur qu’à une reaction révo¬
lutionnaire vers le passé, il est l’homme qui, du fond de sa conscience, s’inspire sans cesse
du bien général réel, qui vise le progrès dans l’ordre, étant convaincu que le bien-être de
chacun et la prospérité du pays sont solidaires et naissent de la sécurité sociale et de
Pactivité paisible. ,
Cette prospérité, en ce qui concerne la Gironde, il a montré qu il la voyait surtout dan.
le développement incessant et bien étudié de la force productrice de notre région, dans
cette viticulture dont, au milieu de fléaux terribles, il a été l’un des soutiens les plus var¬
iants et les plus éclairés, comme en témoigne notamment sa lutte victorieuse contre le
black-rot.
C’est lui, Messieurs, que nous proposons à vos suffrages, convaincus que nous sommes
que la chose publique, à tous les sens du mot, ne peut trouver un défenseur ni plus indé¬
pendant, ni meilleur, ni plus justement honoré que
M. G. CAZEAUX-CAZALET
Conseiller général, Maire de Cadillac, Président du Comice viticole de Cadillac,
Chevalier de la Légion d’Honneur,
Commandeur de l’ordre du Mérite agricole.
Vive la République!
(Suivent les signatures.)
Circonscription de LESPARRE
M. le comte du PERIER de LARSAN
Elu au 1er tour de scrutin. — 8.048 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le Congrès républicain de notre arrondissement, composé des conseillers généraux,
conseillers d’arrondissement, maires, adjoints et délégués de nos divers comités, ma
désigné à l’unanimité comme candidat républicain aux élections législatives qui auront lieu
le 27 avril prochain. . . , , .
C’est la quatrième fois que je suis investi d’un pareil honneur, et si je le dois en partie
à mon dévouement aux intérêts de notre pays de Médoc, ainsi qu’aux services que j ai pu
— 342 —
être assez heureux pour rendre à mes concitoyens, je l’attribue aussi à la fermeté de
mes convictions politiques qui, contrairement à d’audacieuses affirmations, n’ont jamais
varié*
Lorsqu’on 1869 vous m’avez élu pour la première fois contre le candidat des adversaires
de ïa République, je me présentais à vos suffrages comme républicain, ce que j’étais depuis
ma jeunesse, à une époque où la République ^existait encore que dans nos espérances j 'et
tout récemment, mes collègues républicains de la Chambre des Députés, même les plus
avancés, me récompensaient de Pancienneté de mes convictions, en me déléguant à l’una¬
nimité pour les représenter à ^inauguration du monument Baudin.
Messieurs, je suis resté ce que j’étais en 1889; je veux comme alors le maintien de h
République, mais je la veux pour la France entière, et non comme le privilège, comme la
chose de quelques-uns, d'une coterie, d’une secte. Les plis de son drapeau sont assez larges
pour abriter tous les Français,
Je veux la République avec la liberté, sans laquelle elle ne serait qu'un leurre et un
mensonge ; et j’entends ïa liberté donnée à tout le monde : liberté de conscience, la première
de toutes, liberté du travail, de la presse, d'association, Renseignement, de réunion, la
liberté enfin n’ayant de limite que celle du voisin, et qui deviendrait de la licence si elle ne
respectait pas celle-ci. Et chaque fois qu’une disposition législative a été proposée «oit par
un Gouvernement, soit par l’initiative parlementaire, qui m’a paru porter atteinte aces
libertés, je n’ai pas hésité à la repousser*
Je veux en même temps l’ordre et le respect de l'autorité, la protection de tous les droits
légitime ment acquis*
Aces principes, je vous ai, en 1889, en 1893, en 1898, promis d’être fidèle* Que Fou
prenne tous mes votes depuis que j’appartiens au Parlement, il n’en est pas un qui ne soit
conforme aux engagements pris devant vous.
Parmi ces engagements était celui d’une indépendance absolue dans l’accomplissement
de mon mandat. Elle a dicté mon attitude en présence d’un Ministère qui* oublieux des doc¬
trines si éloquemment soutenues précédemment par son chef, n’hésita pas à admettre pour
la première fois dans le Gouvernement du pays l’élément révolutionnaire, en faisant appel
au principal protagoniste des doctrines collectivistes dans le Parlement* Ma conscience m’a
imposé de refuser souvent ma confiance à ce Ministère, quelque regret que j’éprouvasse de
me séparer d’amis personnels qui en faisaient partie* Mais j’estime que j’aurais menti aux
engagements pris devant vous, si je ne m’étais opposé à l’expérience de confier le pouvoir
aux ennemis déclarés de toute société, expérience que n’avait jusqu'alors voiïlu accepter
aucun cabinet, même exclusivement radical, comme ceux que présidaient MM* Brisson,
Bourgeois ou Floquet*
Fidèle à la devise des fondateurs de la troisième République : « Ni réaction, ni révolu¬
tion je n’ai pu admettre que les adversaires de la propriété fussent appelés à diriger une
société dont ^organisation repose précisément sur l’existence de la propriété individuelle,
proclamée par les principes de 1789, et inscrite dans i’ïmmortelle Déclaration des Droits de
l’homme.
Aujourd’hui plus que jamais s’affirme ta nécessité de lutter contre le parti de la destruc¬
tion sociale, qui serait en même temps la destruction de toute liberté, de toute initiative
généreuse, le ravalement de l’être humain an rôle de rouage dans un machinisme socialisé
que, bien entendu, régiraient et qu’exploiteraient ceux qui veulent persuader au peuple de
l’accepter.
G’est à cette lutte que je vous convie de vous associer, en me donnant pour la quatrième
fois une confiance que j ai la conviction de Ravoir pas trahie j ot Fiesue de ïa bataille élec¬
torale sera d’autant plus significative* aura d’autant plus de retentissement, que nous l’en¬
treprenons contre celui qui se dit le chef du parti collectiviste dans la Gironde, et qui a osé
lever dans notre arrondissement le drapeau rouge pour l’opposer à notre drapeau national,
la drapeau tricolore*
Vous avez donc à vous prononcer entre le défenseur de la liberté* de la propriété, de
— 343 — N° 4162
l’ordre, de notre armée, que nous avons vue si odieusement attaquée par le parti qui a te
cynisme de 's'appeler lui-môme le parti des sans-patrie, et d’autre part îe champion de la
destruction sociale, le représentant d’un collectivisme qui aurait pour conséquence inéluc¬
table la misère générale, définitive, et l’asservissement de l’humanité.
Je sais que votre choix ne saurait être douteux.
Messieurs, après les considérations que j’ai cru devoir vous soumettre sur la campagne
électorale qui vient de s’ouvrir, permettez-moi de vous rappeler rapidement les actes de ma
vie politique depuis la dernière consultation nationale.
J’avais pris l’engagement de m’opposer à toute augmentation d’impôts inutiles, de
refuser mon vote à toute demande de crédit quelconque que le Gouvernement ou la Commis¬
sion du budget repousseraient, de ne me prêtera aucune surenchère intéressée dans le gas¬
pillage de nos finances, dussent m'en vouloir les quelques individualités qui en auraient
bénéficié, au préjudice de la masse des contribuables.
J’ai tenu parole, et vous ne m’avez pas vu figurer parmi ceux qui, cédant â un marchan¬
dage peu glorieux, ont contribué à mettre nos finances dans l’état lamentable où elles sc
débattent.
Je persisterai dans mon attitude, certain de servir vos intérêts en joignant mes efforts
à ceux des bons citoyens qui, espêrons-le, réussiront à sauver nos finances d’un déficit
devenu effrayant et de la banqueroute inévitable, si nous ne nous arrêtions dans la voie
des dépenses inutiles.
Nos lois militaires ont été, pendant la précédente législature, l’objet des discussions les
plus sérieuses, et ii semble, d’après l’avis des hommes compétents, spécialement de la Com¬
mission de l’armée, qu’elles puissent être modifiées sous certains rapports, afin de constituer
uu noyau puissant de sous-officiers, de caporaux ou brigadiers et d’engagés volontaires pour
un temps à déterminer, dans lesquels viendraient, en temps de guerre, s’encadrer la masse
de nos soldats.
Cette nouvelle organisation de notre armée pourrait avoir pour conséquence une réduc¬
tion du service militaire.
Je compte l’appuyer dans toute la mesure que permettront les intérêts de notre défense
nationale.
Mais le Député d’un arrondissement n’a pas seulement à s’occuper de politique générale;
il est aussi le défenseur des intérêts régionaux du pays qu’il représente, et le protecteur
naturel de ceux de ses électeurs qui, isolés, seraient trop faibles pour faire valoir leurs droits
, légitimes.
A cette double tâche, j’ai la conscience de n’avoir pas manqué.
Représentant un pays essentiellement agricole et surtout viticole, je me suis par
dessus tout occupé à la Chambre des Députés des questions qui intéressaient l’agri¬
culture.
Membre de la Commission des douanes depuis douze ans, j’ai combattu l’exagération
de nos tarifs douaniers, tout en réclamant pour nos agriculteurs des tarifs qui leur assu¬
rassent, non pas un privilège et un monopole sur les marchés, mais uno juste équivalence
de charges avec leurs concurrents étrangers. Rapporteur de cette Commission, j’ai fait
adopter la loi qui renouait nos relations commerciales avec l’Italie, et qui modifiait dans
une heureuse proportion les taxes douanières frappant les vins étrangers entrant en
France.
Membre de la Commission d’agriculture, j’ai été l’un des collaborateurs de la loi des¬
tinée à réprimer les fraudes dans lesventes.de denrées alimentaires, loi de première néces¬
sité pour la vente de nus vins, et dont la discussion, entamée d’abord, n’a pu se terminer à
cause de l’obstruction que lui a faite M. Millerand, Ministre du Commerce, Député de Bercy,
dans le but de protéger les trafics de ses électeurs parisiens.
Membre du groupe viticole à la Chambre des Députés, j’en ai été élu président il y a
huit ans, et toujours réélu depuis. En son nom j’ai proposé et contribué à faire voter la sup¬
pression des octrois frappant les vins à leur entrée dans les villes, octroi dont les droits
I*g
I
I
— 344 —
s'élevaient parfois à 40 francs par barrique, Fai réclamé aussi de la façon la plus énergique
que nos jeunes soldats reçussent quotidiennement une certaine quantité de vin quand ils
sont sous les drape aux, au lieu de Peau qui est leur seule boisson.
Pour défendre la sincérité des produits de nos vignobles, j'ai déposé moi-même, et,
comme rapporteur de la Commission chargée de l’examiner, fait adopter après une lutte
très vive la loi ayant pour objet de réprimer la fabrication des vins artificiels. Depuis lors,
grâce aux mesures dont j’ai obtenu le vote, les usines dans lesquelles on fabriquait du vin
avec des raisins secs et antres produits exotiques ont dû fermer leurs portes.
Enfin, appelé à faire partie des comités d’admission et d’installation de la classe de la
viticulture à l’Exposition universelle de 1900, comités dans lesquels figuraient des viticul¬
teurs de toutes les contrées viticoles du monde entier, j’ai eu 1 honneur d être désigné par
l’unanimité de leurs suffrages comme président de cette classe. Ce que j’ai fait à ce titre,
et la part que j’ai su donner à l’Exposition des vins de Bordeaux dans ces grandes assises
du travail international, ceux d’entre vous qui ont visité l'Exposition de 1900 pourront vous
en instruire.
J’ai pris part également au développement de toutes les mesures pouvant assurer par
une généreuse mutualité P existence tranquille du travailleur devenu vieux, auquel des
événements malheureux m'auraient pas permis de ramasser les ressources nécessaires pour
la fin de sa vie. Cette organisation de la mutualité, qui se développe de plus en plus, éiait
indispensable, après l’échec de Sa loi présentée par le Gouvernement sur les retraites
ouvrières, loi mal conçue, inapplicable, qui n’était qu’un trompe-l’œil, et que la grande
majorité des ouvriers repoussaient énergiquement.
Eafin, permettez-moï de vous rappeler (les circonstances m’y obligent) que jamais mon
concours n’a été demandé par l’un d’entre vous pour une cause légitime, sans que je ne me
sois mis à sa disposition pour défendre ses droits, et cela quel qu’il fût, fort ou faible, les
faibles surtout, qui, plus que tous autres, ont besoin d’appui.
C’est donc avec une entière confiance que je me présente pour la quatrième fois à vos
suffrages :
Comme républicain, ce que j’ai été toute ma vie;
Comme défenseur de vos droits et de vos libertés, que le régime socialiste ferait dispa¬
raître sous un nivellement brutal et despotique;
Gomme représentant de notre viticulture, dont les intérêts n’ont cessé d’occuper lapins
grande partie de mon temps et de mou activité depuis que je suis votre Député, et qui
seraient singulièrement défendus entre les mains de mon concurrent, marchand de bière
à Bordeaux, étranger h notre pays ;
Enfin, comme appui et protecteur de tous ceux qui, sans distinctions de rang et de
situation, ont quotidiennement besoin de mon concours.
Et je vous invite à vous grouper avec moi autour de notre glorieux drapeau tricolore, que
nous opposerons à l’odieuse loque, emblème de toutes les guerres fratricides entre citoyens,
et qui n’est rouge que parce qu’elle a été traînée dans le sang du peuple.
Vive la France! Vive la République î
Comte du PÉRI ER de LARSÂN, Député sortant.
.
345
N* 1162
1™ circonscription de LIBOURNE
M. Joseph BRISSÛN, dont Sélection avait été annulée, a été réélu*
Voy. Élections partielles*
2° circonscription de LIBOURNE
M, Guillaume CHÀSTENET
Élu au l*f tour de scrutin, — 8*420 voix*
Mes chers Concitoyens,
Après m'avoir deux fois investi de votre confiance et avant de m’en renouveler le
précieux témoignage, il vous appartient de juger plus encore mes actes que mes
paroles.
Mon programme, auquel je me suis scrupuleusement conformé, est au surplus toujours
le môme.
Je n'ai rien à retrancher à ce que je disais il y a quatre ans, si ce n'est ce qui a trait à
certaines réformes réalisées depuis, comme celle de l’impôt des boissons; rien à y ajouter
— si ce n'est la nécessité peut-être plus pressante encore de défendre la République,
c’est-à-dire l'ordre, la liberté et le progrès, contre ces deux périls engendrés l’un de
l'autre et sans cesse renaissants pour la menacer tour à tour : le césarisme et la
démagogie*
Maintenir la Constitution en s’efforçant d'en améliorer le fonctionnement;
Assurer la stabilité des pouvoirs, sans laquelle il ne saurait y avoir d’action progres¬
siste efficace ;
Réagir contre les excès d’une centralisation excessive;
Favoriser tous les développements de l’activité nationale et surtout notre production
agricole, en éclosant avec prudence les mouvements économiques trop brusques, tout en
cherchant des débouchés à l'extérieur;
Améliorer le sort de la classe ouvrière par le développement des institutions de pré¬
voyance, de mutualité et de solidarité sociale ;
Se montrer intransigeant sur les principes d'économie stricte, nécessaires à alléger
les charges trop lourdes que notre budget fait peser sur la production agricole.
Tels étaient les principaux articles de ma déclaration. Il n’est pas un de mes votes qui
ne s'en soit inspiré*
Par différentes propositions, dont quelques-unes sont devenues textes de lois, par des
rapports et des interventions à la tribune, vous savez les efforts que j'ai faits dans le sens
de l'amélioration de notre législation administrative, civile et commerciale , de la simplifi¬
cation des procédures et de la diminution des frais qu’elles entraînent. Je n’ai jamais
cessé de lutter pour garantir, soit nos intérêts régionaux, soit les grands intérêts de la
nation ,
Préoccupé de lapdéfense des contribuables, je me suis associé à toutes les tentatives
M
— 346 —
qui tendent à sacrifier Finitiàiive des députés en matière budgétaire, au souci supérieur
de nos finances publiques, il faudra y revenir à la prochaine législature*
Nous aurons aussi à organiser le service militaire de deux ans. J’en ai voté le principe,
les hommes les plus compétents ayant déclaré qu’à la condition de renforcer ses cadres,
notre armée n’en serait point affaiblie.
Mon ambition s’est toujours portée plus volontiers vers l’étude des questions positives
et pratiques, qui peuvent rapprocher toutes les bonnes volontés, que vers les luttes vaines
et stériles de la politique passionnelle.
Je suis de ceux qui se sont efforcés d’offrir la base la plus large à l’action républicaine
par une politique conciliante, ouverte à tous les concours et à tous les ralliements sincères,
mais, par cela même qu’une telle générosité ne va pas sans quelques dangers, elle nous
crée plus impérieusement le devoir de nous grouper autour de nos institutions lorsqu’elles
sont attaquées.
Nous devons relever plus âprement encore les insolents défis d’un parti sans nom,
surtout funeste aux vrais intérêts nationaux, dont le syndicat misérable, après avoir
échoué dans les coups de force, fait appel au mensonge, à la ruse et au déguisement et,
mettant en œuvre le produit de ses quêtes, se flatte que pour avoir la France il la faille
acheter,
La France, dédaigneuse et souveraine, regardera passer cette mascarade, puis
reprendra, dans la paix, l’ordre et le travail, sa marche nécessaire vers le progrès
démocratique.
Vivo la République!
Guillaume CHASTENET, Député sortant.
APPEL DU CONGRES RÉPUBLICAIN,
Chers Concitoyens,
À l’unanimité des trois ceoî cinquante délégués présents, le Congrès républicain, nota¬
blement agrandi, cette année, et composé des conseillers généraux, d’arrondissement, des
maires, adjoints et conseillers municipaux de toutes les communes de la circonscription,
a désigné, pour la troisième fois, M. Chastenet, député sortant, comme candidat du parti
républicain aux élections législative^ du 27 avril.
La tâche du Congrès était facile, et son devoir, pour ainsi dire, tout tracé.
Par sa fidélité aux principes et aux idées que nous défendons; par sa haute compé¬
tence dans ]es affaires 3t ses ajJtitudes en matière économique et financière; par son amour
dti travail et son dévouement à la démocratie rurale, M. Chastenet a déjà rendu à notre
région d’importants services et acquis ainsi des droits à notre reconnaissance.
Nous Pavons vu à l’œuvre depuis 1897. Son passé nous répond de son avenir.
Notre vaillant député sortant a surtout marqué sa place à la Chambre en prenant une
part active à la discussion du budget et à l’élaboration d’un certain nombre de lois intéres¬
sant l’agriculture, Y amélioration du sort de l’ouvrier et les finances de l’État.
M. Chastenet est un travailleur infatigable. Ses adversaires eux-mêmes sout obligés de
le reconnaître. C’est, en outre, un ferme républicain que nous trouvons toujours prêt a
lutter contre les entreprises de la réaction cléricale.
Aussi, comme il est visé par toutes les forces de la coalition réactionnaire 1 Et comme
il est bien l'homme quelle veut abattre et arracher au Parlement I
Pour arriver à ce but, pour essayer de vous tromper, tous les moyens, même les plus
déloyaux, sont mis en œuvre.
Mensonges, calomnies, outrages, ce salaire habituel des dévouements, sont répandus à
flots contre M. Chastenet.
N° H 62
— 347 —
Si c’cst un honneur pour lui d’être ainsi le point de mire de l'ennemi, il vous. appar¬
tient de venger votre député des attaques passionnées dont il est l’objet.
Électeurs!
L’heure présente est décisive! Tous les vieux partis, unis dans un suprême effort,
seutent qu’ils vont livrer leur dernière bataille.
Après le 16 Mai, après le Boulangisme, vous avez à repousser un troisième, et peut-
être le plus dangereux assaut, contre l’État laïque, la société moderne et les conquêtes de
la Révolution.
Si les assaillants changent aujourd’hui de nom, vous avez encore devant vous les
mêmes adversaires. Hier boulangistes, aujourd’hui nationalistes, toujours réactionnaires.
Défiez-vous de ces hommes qui poussent la perfidie jusqu’à prendre un titre qu'ils
n’ont pas le droit de porter : celui de républicain, et qui ne cherchent à entrer dans la
République que pour la détruire.
Vous saurez déjouer leurs intrigues et démasquer toutes leurs hypocrisies.
Soulevez le masque républicain dont ils se couvrent pour vous tromper et, derrière le
nationalisme, vous reconnaîtrez les cléricaux, royalistes, bonapartistes : tous les ennemis
de la République.
Ni la corruption effrontée, ni le spectacle répugnant de certaines consciences vendues
n’ébranlera votre fermeté et ne troublera votre clairvoyance habituelle.
A la coalition des forces du passé, vous opposerez l’union indissoluble et invincible de
toutes les forces de la démocratie républicaine vivante et agissante.
Électeurs républicains!
Depuis cinq ans, votre représentant fait son devoir. A vous de faire le vôtre.
Allez au scrutin avec confiance, avec discipline. La victoire est certaine.
Votez tous pour le candidat du Congrès, M. Guillaume Chasteqet, péputé sortant,
et la journée du 27 avril comptera dans notre circonscription parmi les grandes dates
républicaines.
Vive la République !
(Suivent les signatures.)
Circonscription de I|A RÉOLE
MJ CHA1GNE
Elu au 2° tour de scrutin. — 6.606 voix.
Mes chers Concitoyens,
Désigné par le Comité de défense et d’action républicaines de l’arrondissement de
La Réole et parle Comité républicain de cette ville, comme candidat aux élections législatives
(lu 27 avril, j’ai l’honneur de solliciter vos libres suffrages.
Né et élevé au milieu de vous, j’ai appris à connaître vos besoins par la connaissance
de mes besoins propres.
— 348 —
Élu conseiller de la Société des Viticulteurs de France pour la région du Sud-Ouest,
j’ai étudié les questions qui intéressent plus particulièrement nos régions agricoles et
viticoles* J’ai présenté plusieurs rapports sur ces questions devant l’assemblée générale de
mes collègues et dans les congrès de viticulture.
Instruit à l'école des républicains aimés de notre pays, fiiffaud, Gélineau, Pubcreau,
pour ne parler que des morts, j’ai, dans Tavenir de la démocratie, une foi ardente,
passionnée* Je crois fermement que nous trouverons, dans son organisation rationnelle,
la solution des problèmes qui se posent a nos sociétés contemporaines*
A cette démocratie, nous assignerons pour fins la liberté, Tordre, Inspiration
au progrès, Famour de la patrie, J a solidarité, et, pour couronnement, la justice*
La liberté démocratique nous donnera la liberté de conscience et, comme conséquence,
la liberté politique qui comporte, avec des formes judiciaires régulières, la liberté de la
parole et de la presse, la liberté d'association sous la réserve de la mainmorte et de la
sécurité de TÉtat, la liberté,des cultes, en affirmant la prééminence du pouvoir civil sur
l’oligarchie ecclésiastique.
Dans Tordre démocratique nous trouverons, par le respect d'une légalité en perpétuelle
évolution, la suppression définitive de toute action révolutionnaire*
L'aspiration au progrès démocratique nous fera rechercher un idéal de plus en plus
haut d'émancipation de Tindividu, dans Tordre moral et intellectuel, comme dans Tordre
politique et économique.
L’amour de la patrie, de son intégrité territoriale, nous attachera à avoir une armée
de plus en plus solide, et tenue, de plus en plus, en dehors des luttes de la politique et des
disputes des partis.
A la solidarité et à la justice, nous demanderons, enfin, une société chaque jour
plus fraternelle où le bonheur 11e sera complet pour les uns que s il est, à la fois, la
résultante et la cause du bonheur des autres ; et, ainsi, s'évanouira d’elle-mème Tutopie
collectiviste.
En appliquant ces principes à Timpôx, nous ne demanderons rien au nécessaire, noua
demanderons peu à Tutile, et la plus grande part au superflu.
C'est ainsi que nous serons amenés à examiner si nous ne devrons pas chercher dans
les consommations de luxe, monopolisées par TÉtat, comme le tabac et l’alcool, une
véritable contribution volontaire* Par le monopole du tabac, TÉtat touche 300 millions par
an ; il toucherait plus d'un milliard grâce au monopole de Talcool. Ce dernier monopole,
conjurant le grave danger que l'alcoolisme fait courir à notre race, assurerait la vente,
aujourd’hui compromise, de nos récoltes de vin.
Sous le bénéfice des mêmes principes, nous devrons rechercher les économies à faire
dans toutes les administrations, diminuer le nombre des fonctionnaires sans désorganiser
les services publics, alléger les charges qui pèsent si lourdement sur les classes rurales
par la remise du principal de l'impôt fonder aux communes.
Nous devrons permettre a toutes les intelligences l'accession à Instruction intégrale
en faisant accorder les bourses au mérite et en ne lesrépartissant pas sur recommandations
et par faveur.
Noos devrons réduire à 2 ans la durée du service militaire après avoir pris les
mesures qui permettront de ne pas compromettre la solidité de notre armée nationale.
Nous devrons développer les institutions de prévoyance et de mutualité, créer, par le
concours des libres initiatives et de TÉtat, des caisses de retraite pour les invalides du
travail industriel et agricole, organiser, d'une manière plus complète, l’assistance de ceux
qui naissent à la vie et de ceux qui vont la quitter*
Nous devrons diminuer les frais de justice, simplifier la procédure, étendre la compé¬
tence des juges de paix*
Nous devrons encore encourager l’agriculture, l’éclairer, la défendre par l'organisation
du Crédit agricole, par la création de chambres consultatives d’agriculture et par la
suppression du vagabondage, cette plaie de nos campagnes,
N° 1162
— 349 —
Plus particulièrement, nous aurons à faire adjoindre à notre école d’agriculture, une
école pratique de viticulture et d’œnologie, en attendant la création d’une école nationale
s’occupant des mêmes objets. Notre région serait ainsi dotée d’établissements de haut
enseignement uniques en Europe et susceptibles d’augmenter, plus que toutes les mesures
déjà prises, la renommée et l’écoulement de nos vins. Je n’insiste pas sur les bénéfices
que retireraient de cette création la ville de La Réole et l’arrondissement tout entier.
11 y aura lieu d’examiner aussi, au point de vue de l’accroissement des dépenses, s il
ne serait pas nécessaire de ne discuter les projets émanant de 1 initiative parlementaire et
engageant les finances qu’à la condition expresse que ces mêmes projets fussent basés sur
des ressources libres.
Je prends enfin l’engagement formel de venir, chaque année, rendre compte de
mon mandat.
Mes chers Concitoyens,
Mon énumération est certainement incomplète ; mais à chaque jour suffit sa peine,
et nous pouvons être assurés de réaliser les aspirations de la démocratie si nous savons
établir dans notre pays, qui le désire ardemment, un régime de liberté, de solidarité et de
justice.
Vive la République démocratique !
G. CHA1GNE,
Procureur de la République,
Officier de l’Instruction publique,
Chevalier du Mérite agricole,
Conseiller élu de la Société des Viticulteurs de France
pour la région du Sud-Ouest.
HÉRAULT
13C circonscription de BÉZIERS
M. LAFFERRE
Elu au tour de scrutin, — 11.727 voix.
Citoyens,
Vous m’avez fait l'honneur, il y a quatre ans, de me nommer votre représentant à la
Chambre des Députés, Je vous domaode de dire si j’ai conservé votre confiance.
Vous connaissez mon programme, c’est celui de la République démocratique et sociale ;
celui adopté par les Délégués des communes au Congrès du 9 mars et que je reproduis plus
loin.
Nous en avions déjà arrêté ensemble tous les articles, lorsqu’on 1898 je me suis lié à
vous par un mandat impératif qui demeure toujours intact*
Des adversaires qui n*ont pas le courage d’avouer la politique qu'ils servent essayent
de vours persuader que je n’ai défendu ni vos intérêts locaux ni vos intérêts économiques.
Vos intérêts locaux? Demandez à vos élus, à vos municipalités, si j’ai jamais failli à mes
promesses, soit qu’il s’agit d’un chemin de fer d’intérêt général, dont la déclaration d'uti¬
lité publique vient d'être votée par les deux Chambres, aux prix d'efforts prolongés, soit
qu3ü s’agit d’autres questions multiples, h l’heureuse solution desquelles j’ai consacré tout
mon dévouement.
Vos intérêts économiques? Je voudrais bien savoir quelle est celle des questions vitales
intéressant la viticulture et le commerce des boissons sur lesquelles je n’ai pas donné mon
opinion consciencieuse et éclairée, soit dans vingt articles de journaux, soit dans les nom¬
breux discours que j’ai prononcés au cours d’une première législature.
Est-ce que je n’ai pas défendu vos intérêts économiques, qui sont les miens, lorsque
j’ai demandé à la tribune lé relèvement des tarifs de douane sur les vins, lorsque j’ai pris
part a la discussion de la réforme des boissons, lorsque j’ai amorcé, au cours d’une inter¬
pellation, la discussion delà loi sur les mistelles et lorsque, dans la discussion du budget,
j’ai réclamé le vote des projets de loi destinés à améliorer l'organisation du Crédit
agricole ?
Au surplus, vous savez ce qui se cache derrière les mauvaises querelles que l’on me
cherche.
Des ambitions prématurées et des ambitions déçues se coalisent contre le Député sor-
tant5 escomptant les voix de la réaction, toujours prête à voter pour quiconque se déclarera
hostile à un ministère qui, s’il a fait voter la loi sur les boissons, a fait voter aussi et appli¬
quer avec rigueur la loi sur les associations.
La crise viticole n’est pour eux qu’un prétexte. Tous les viticulteurs savent que je puis
opposer à toutes leurs critiques des actes et des faits, et que l’outrecuidance de tous les
sauveurs de la viticulture n’a d’égale que l'indigence de leurs idées économiques.
N° 1162
- 361 -
Où est leur talisman viticole? Quels remèdes proposent-ils que nous n’ayons déjà pro¬
posés ou fait aboutir ? Quelle garantie vous donnent-ils de leur aptitude ù faire mieux que
nous?
Citoyens,
Républicains radicaux-socialistes et socialistes, j’ai défendu YOtrc programme commun
et soutenu très haut votre idéal.
Viticulteurs, j’ai défendu sans prétention, mais avec fermeté, nos communs intérêts.
Fonctionnaires de tout ordre, j’ai défendu vos droits et fait respecter votre dignité.
Instituteurs, modestes serviteurs de l’État, cantonniers, douaniers, auprès desquels on
essayeen vain de me calomnier, vous à qui la République mesure encore trop parcimonieu¬
sement le pain de vos familles, vous savez que l’on ment quand on prétend que mon vote a
pu faire défaut à la défense de vos intérêts.
Employés des chemins de fer, vous savez qu’adversaire des états-majors des grandes
Compagnies, j’ai L toujours été avec vous dans l’action syndicale et dans la lutte parle-
mentaire.
Travailleurs manuels et intellectuels, vous ferez tomber tous les masques et vous écar¬
terez toutes les perfidies.
Vive la République démocratique et sociale!
Louis LAFFERRE, Député sortant*
Programme du Congrès du 9 mars, accepté par le Citoyen Lafferre.
Programme politique.
Révision de la Constitution dans le sens le plus démocratique ;
Suppression du Sénat;
Dénonciation du Concordat; Suppression du budget des cultes;
Complément de la loi sur les associations ; suppression de toutes les congrégations
comme contraires au droit naturel, avec retour à la Nation des biens de main morte, qui
devront être consacrées à des œuvres d’assistance sociale;
Abrogation de la loi Falloux;
Impôt progressif sur le revenu et révision de la législation fiscale ;
Suppression de l’héritage en ligne collatérale, sauf volonté formelle du testateur;
Création des retraites ouvrières ;
Réduction du service militaire à deux ans;
Décentralisation administrative ; extension des pouvoirs communaux ;
Réduction des gros traitements; suppression des sinécures;
Limitation du rôle de l’armée à la défense du sol national ;
Suppression des conseils de guerre en temps de paix et réforme du Code de justice
militaire;
Maintien de la validité des projets de loi d’une législature à l’autre;
Rétablissement du scrutin de liste ;
Abolition de la peine de mort ;
Suppression de toutes les peines corporelles revêtant un caractère barbare et infamant
employées aux compagnies de discipline et surveillance incessante de celles-ci par l’autorité
militaire;
Réduction des frais de justice ;
Suppression du privilège des avocats;
Réforme démocratique du jury;
332 —
Attribution aux communes du monopole des pompes funèbres ;
Révision de la loi sur les réhabilitations ;
Suppression des lois scélérates.
Programme économique *
Unification et réduction des tarifs de transport;
Attribution à l'Étal du monopole de Falcool ;
Abolition des droits encore existants sur les boissons hygiéniques;
Suppression de la Régie ;
Développement du crédit agricole, à Raide des subventions de l’Etat;
Développement des syndicats ou des sociétés coopératives de production;
Abolition des primes de l'industrie sucrière, en attendant R attribution du monopole à
l’État ;
Interdiction pour les congrégations de se livrer à des opérations industrielles ou com~
merciales ;
Réforme du Code civil et commercial ;
Nationalisation de la Banque de France, des mines, chemins de fer, pétroles et
sucres ;
Journée de huit heures;
Extension de la prudJhoraie à tous les salariés et repos hebdomadaire obligatoire ;
Suppression des bureaux de placement payants et leur remplacement par des bureaux
gratuits gérés par les syndicats à titre de service public;
Gérance absolue des Caisses d’épargne par les conseils des directeurs;
Exécution la plus rapide possible du canal des Deux-Mers
2° circonscription de BÉZIERS
M. AUGÉ
Élu au 2e tour de scrutin. — 11 .171 voix.
Citoyens,
Par deux fois en moins de six ans, vous m’avez fait l’honneur de me désigner, par plus
de onze mille suffrages, pour votre représentant à la Chambre des Députés.
J’ai la conscience d’avoir fidèlement rempli mon mandat.
Mes engagements politiques, je les ai tenus.
Point de réaction, avais-je dit ; point de collectivisme, mais défense de la République
et progrès incessant.
Telle était ma devise. J’y ai conformé ma conduite de tous les jours, à côté de mes amiB
Bourgeois et Brisson, nos chefs de groupe.
J’affirme, sans crainte d’être démenti, que j’ai utilement défendu les- intérêts écono¬
miques de notre belle circonscription.
Rachat des canaux du midi ; loi des octrois ; tarifs de transports ; rapports commerciaux
avec les pays étrangers concurrents ; augmentation des droits de douane sur les vins
étrangers ; suppression complète des droits d’octroi sur les vins à leur entrée dans les
grandes villes, notamment Paris et Lyon, etc., autant de choses pour lesquelles j’ai eu
Thonneur de combattre à la tribune de la Chambre avec profit — je puis le dire — pour
353 —
N* H 62
notre Midi, après avoir énergiquement discuté dans les commissions dont fai été rapporteur
pour les projets les plus importants, notamment pour l'octroi de la ville de Paris.
Toutes les réformes politiques, économiques et sociales ont été l'objet de mes préoccu¬
pations.
Les électeurs de la 2e circonscription de Béziers suivent assez attentivement les débats
parlementaires pour qu’il soit nécessaire d'entrer ici dans d’inutiles détails.
Ils savent combien je désire assurer la protection des faibles et des laborieux par des
lois ouvrières réglant l'organisation du travail, par des lois de prévoyance et d’assurance
permettant à tous les travailleurs d’ètre garantis, non plus seulement contre les accidents,
mais aussi contre le chômage, la maladie, la vieillesse-
rai pris la part active que personne n’ignore à la réforme des boissons qui a amené
une augmentation considérable de la consommation du vin: elle se chiffre, cette année, par
neuf millions d’hectolitres.
J’ai pu ? par deux fois, faire voter par la Chambre le vin aux soldats. Cette réforme,
battue en brèche par le Sénat, a été définitivement abandonnée par la Chambre. Malgré
mon intervention réitérée, elle a repoussé également les propositions formulées en faveur
de nas produits. J’ai voté alors contre l’ensemble de la loi des finances présentée par le
ministre, apportant ainsi devant le Parlement la protestation suprême et indignée du Midi
viticole.
Lorsque la crise économique s’est déclarée, fai apporté mon concours a toutes les
propositions capables de l’atténuer et j’ai présenté le seul système qui, de l’avis des gens
compétents et sans parti pris, pourrait encore rendre au Midi sa prospérité perdue.
Les associations agricoles de l’Hérault ayant cru au dernier moment devoir abandonner
mon projet pour se rallier à ïa taxe différentielle des alcools, j’ai subi cette décision pour ne
pas émietter les forces d’ailleurs insuffisantes appelées à défendre cette proposition.
Rejetée par la Chambre, j’ai voulu ouvrir une discussion nouvelle et livrer un suprême
combat que j’ai du d’ailleurs abandonner, ne cédant qu’a la force.
Une seule industrie vit encore dans le canton nord de notre circonscription, c’est celle
des draps de troupe qui occupe de nombreux ouvriers. J’ai tour à tour, h la tribune et par
des démarches successives, défendu cette industrie menacée.
Ma sollicitude est restée vigilante dans L’intérêt de nos mineurs et j’ai voté pour eux
toutes les lois favorisant leur sort.
Défenseur de la propriété individuelle, je désire rendre accessible à tous la petite
propriété et, en premier lieu, diminuer les droits de transmission et tes frais de justice.
Je le dis bien haut avec le vénéré Brisson, l’avenir de la démocratie c’est la diffusion,
ce n’est pas l’anéantissement de la propriété.
En un mot, mes chers Concitoyens, vous m’avez vu a l’œuvre. II vous est facile de me
juger sans hésitation comme sans parti pris.
Mon programme d’hier reste mon programme de demain, mais, comme h chaque jour
suffit sa peine, c’est dans cet esprit que je vous présente le programme minimum suivant,
qui est celui du Comité central d’union radicale-socialiste dont j’ai l’honneur d’être membre.
Réformés politiques ,
Décentralisation administrative et extension des pouvoirs municipaux; extension des
concours et des bourses pour renseignement secondaire et supérieur; séparation des Eglises
et de l’État; application stricte de la loi sur les associations ; abrogation de la loi Falloux ;
réforme du code militaire ; suppression des conseils de guerre en temps de paix ; règlement
paï l’arbitrage des conflits qui pourraient se produire entre la France et les autres pays;
réduction du service militaire a deux ans ; suppression des treize jours ; révision de la
Constitution pour assurer la prépondérance du suffrage universel et la réalisation des
réformes démocratiques.
h 5
— 334 —
Réformes économiques.
"iS&irc î» « œî
S9$rSS:HEîSîSS^
diverses parties dis département»
Réformes sociales-
Développement des syndicats et de toutes les œuvres d’association, de mutualité et de
solidarité. Journée de huit heures ®i repos h, bdomad aire obligatoire; rachats des chemins
de ter ; retraites pour les travailleurs des villes et des campagnes.
Mes chers Concitoyens,
Je suis mal à l’aise pour établir la longue nomenclature de mes travaux quotidiens au
Parlement J’ai essayé de l’indiquer plus haut ; j’ajoute que j’ai vote toutes les lois no
acheminant, sans secousses, vers l’idéal qui doit assurer le bien-être ces ^vadleurs^
T0uS les électeurs de la circonscription m’ont suivi avec assez d attention poui me
juger- mes adversaires avec le parti pris de critique, mes partisans avec le droit de contrôle
sur leur élu. Jusqu’au jour de la lutte, les plus exigeants ont été contraints de s incliner
devant les ello’s tenta, et l’œuvre .ocoœplic Seules, lee passions entre,., lé.» peuvent
aujourd’hui susciter des contradicteurs. Je les attends. Le jugement
gens me suffit. J’ose dire avec fierté que j’ai pour moi ma conscience de répub heam,
philanthrope et de défenseur passionné et convaincu de la viticulture méridionale,
11 ne faut pas que l’élection du 27 avril soit une élection de combat entre républicains.
Que ceux qui ne trouvent pas nos divisions assez dangereuses pour la République réflé¬
chirent mieux à la responsabilité effrayante qu’lis encourent.
Qu’ils entendent le cri d’alarme et l’appel à l’union poussé tous les jours par lesdoyens
de la démocratie. Cette union s’impose si nous voulons conserver nos conquêtes, si nous
voulons les augmenter. ... ,. , ,
Aujourd’hui que des irréductibles ennemis de la Révolution française et de
République n’osent plus affronter la lutte que le visage couvert du.masque républicain le
manque de cohésion serait un crime et une désertion s’attachant comme une flétrissure au
front de ceux qui ne sauraient pas soutenir ceux qui ont tout sacrifié a la defense de la
République eu péril. . , * .
Deux fois élu, l’avais pris des engagements solennels devant le corps électoral. Je
ai tltus, Si vous mTaccordez votre confiance, je ne cesserai d’y répondre en vous donnan
encore et toujours ce qui me reste de force et de dévouement pour défendre en meme temps
le drapeau de la République avancée et celui tle la viticulture méridionale, qui sont tous
deux plus qua jamais menacés.
Vive la République 1
Justin AUGÉ,
Viticulteur, Député sortant,
Candidat de l’Union radicale et radicale-socialiste
— 385 —
N° 1162
Circonscription de LODEVE
M. Paul VIGNE
Élu au 1er tour de scrutin. — 7.218 voix.
Mes chers Concitoyens,
Nous voici à la veille de la grande bataille. L’enthousiasme qui précède les belles
victoires asûte l’arrondissement tout entier.
Une joie profonde, la joie des réconciliations éclatantes amme et souleY^ous 1
cœurs républicains. Et il a suffi pour cela que la reaction relevât la tete et fit_
monter à l’assaut do la République, derrière son chef héréditaire, M. Leroy -Beauh'. .
oui! b.“ « 1Ï7», en 1881, un 1883, un 1885, eu 1889, en 1898, nul leenoue
législatives; battu dans le canton de Louas et dans le canton de Lodève aux éjjctw _
Conseil général ; battu naguère encore, dans la personne de M. Pierre, par les o !cp
co llet petite commune natale, Olmèt-.t-Villecun, qui ne voulurent pas de lu. comme
conseiller municipal ; battu comme bouUngiste, comme orléaniste, comme monarch ste,
comme prétendu libéral, le voici aujourd'hui poussé par la coalition ûationalisteet se
recommandant à la fois de Mèline, l’aiïameur du paysan, de Derpulède et de Marce
orotégé pàr DrumoiH et par Miïlevoye. . ,
Et cette fois encore, Citoyens, il ne prétend avoir qu'une arme, a ca omme
Comme tons les candidats réactionnaires et nationalistes, il essaye, lui cUis&i,d LXpïoiteL
une crise économique qu'il a contribué puissamment à eiéer, et e metiie a pio
malheurs passagers qui en sont le résultat.
Viticulteurs de la plaine,
Vous n’oublierez pas que, dans la lutte engagée par vos représentants à la Chambre
pour trouver une solution à la crise, vous n’avez pas eu d’ennemis plus acharnes et p us
redoutables que les amis de M. Leroy- Beau lieu, , . ,ioc
C’est malgré leurs efforts inouïs que nous avons obtenu le vme de la réfc _
boissons, la suppression des octrois et la réduction du droit de circulation; et c est maigre
eux que nous ferons aboutir les légitimes revendications de la viticulture que poursuit avec
tant d’activité le comité du Vin de France, dont j’ai la satisfaction d’être 1 un des présidents
d h° Nous" les avons vus se dresser contre nous avec une violence sans pareille, quand nous
avons voulu obtenir le vin aux soldats, et c’est malgré leurs manœuvres les plus déloyales,
que nous avons obtenu la suppression du 14 0/0 sur les mélasses allant a la distillation,
La taxation différentielle des alcools, qui eût été un remède efficace a la crise, n a
pas trouvé de plus infatigables adversaires, et, c’est à eux, à eux seuls, que nous devons
110lre échec.
Vous n’oublierez pas non plus qu’après le vote de la Chambre, invitant le gouvernement
à préparer te rachat des chemins de fer, ce qui eiit été le seul moyen d’obtenir les réduc¬
tions de tarifs de transport depuis si longtemps réclamées par la viticulture, un homme s est
dressé pour essayer de détruire par une campagne de presse les elfe. s e ce \ote emo
craîicme- Et cet homme, c'est M. Leroy-Beaulieu.
Et à vous, ouvriers de Lodève* je dirai : « Ou était et que faisait M. Leroy-Beaulieu,
— 356 — '
lorsque, en 1806, j’obtenais la participation de vos usines aux adjudications pour la fourni¬
ture des ministères des colonies, des finances et de l’agriculture ; lorsque, en 1899, j’obtins
leur participation dans les conditions les plus avantageuses aux adjudications des postes et
télégraphes ; lorsque, quelque temps après, j’obtenais, après des eflbris inouïs, la proroga-
tîondes marchés de la guerre, pour quatre ans ; lorsque, enfin, il y a quelques semaines à
peine, à la tête d’une délégation de vos patrons, je faisais toutes les démarches nécessaires
pour obtenir, conformément à leur désir, que la durée des marchés du mois d’août prochain
soit fixée à six ans?
Où était et que faisait M. Leroy-Beaulieu? Il était à Lodève, dirigeant les troupes
stipendiées, les laquais de plume qu’il a cliargès de la plus infâme des campagnes.
Citoyens,
A cette campagne de calomnies et d’insultes grossières, nous n’avons répondu et ne
répondrons que par le plus profond dédain, ou plutôt le suffrage universel répondra, le
27 avril, en écrasant une fois de plus le candidat de toutes les réaeiions et en assurant,
d’une façon définitive, dans l'arrondissement de Lodève le triomphe de la République
démocratique et sociale.
Paul VI G NÉ,
Conseiller général,
Député sortant,
Candidat de PUnîon radicale et socialiste*
lre circonscription de MONTPELLIER
M* MAS
Élu au 2e tour de scrutin* — 7*982 voix*
Comité de Défense Républicaine et d1 Union Radicale-Socialiste*
Mes chers Concitoyens,
Le Congrès du 27 mars dernier a été une éclatante manifestation du parti républicain
de la lrti circonscription de Montpellier* En me désignant comme candidat unique, il a voulu
contre le bloc réactionnaire affirmer Tunion puissante de tous ceux qui veulent la pensée
fibre, la justice et la paix sociale*
le n'avais d'autre titre à cette désignation que d’avoir travaillé, pendant dix ans de vie
politique, à atténuer d’abord, à dissiper ensuite les malentendus qui séparaient les répu¬
blicains au détriment de la cause dont ils étaient tous les vaillants défenseurs* C’est le
seul titre que je prétends invoquer.
L’union est plus nécessaire que jamais* Mous n’avons plus en Lice de nous des adver¬
saires fiers d’arborer le drapeau royaliste et de tomber noblement avec lui* Aujourd’hui, ils
prennent leurs candidats parmi ceux dont l’ambition nTa pas trouvé son compte dans le
pacte d’union et de défense républicaines*
ils ont fait leurs conditions I
A celte politique de compromissions, d’équivoques et de mensonges, nous opposons
une politique de franchise et de loyauté, celle de tous les vrais républicains : de ceux pour
— 357 —
1182
qui le est à droite et non à gauche ; pour qui aimer la liberté n'est pas asservir
l’État et la pensée modernes devant le cléricalisme qui mène et agite toutes les réactions,
mais préparer sans cesse le jour où les Églises seront libres dans FÉtat laïque souverain ;
de ceux enfin pour qui ia paix sociale n’est pas dans la compression ou l’écrasement du pro¬
létariat, mais dans l’allégement des charges fiscales et sociales qui Faccablent et dans son
affranchissement intégral par le savoir, l’union syndicale et la réalisation progressive des
reformes légitimes qu’il réclame,
La crise viticole dont vous souffrez encore si cruellement ne doit pas être seulement
conjurée dans le présent. Il conviendra, pour garantir l'avenir, de réaliser sans retard les
réformes que j’énumère dans mou programme économique, et d’établir, à l’exemple des
départements du t^ord, une entente nécessaire qui se manifestera par l’étroite union des
députés de la région. Je m’engage, si je sais votre élu, à y contribuer de toutes mes
forces.
D’ailleurs, mon activité ne m’appartiendra plus ; elle sera consacrée tout entière à la
Ville de Montpellier, ma ville d’adoption, qui, jusqu’ici, m’a donné tant de preuves de son
attachement, et à tous ces cantons de la montagne et de la plaine, où s’agite, dans le rude
combat pour la vie, une population active, industrieuse, désireuse de poursuivre son œuvre
dans le calme et la paix que lui assureront les institutions républicaines.
Vous ne voudrez certainement pas courir les aventures à la suite de ces faux libéraux
qui prétendent vous surprendre et vous tromper. D'un côté la réaction avec ses menaces et
ses périls ; de l’autre le parti républicain qui vous a donné plus de trente ans de calme et
de tranquillité. Votre choix n'est pas douteux. Le premier vote delà nouvelle circonscription
de Montpellier sera une victoire pour la République démocratique et sociale.
Programme
(Ce programme comporte des réformes d’ordre politique, économique et social).
Réformes politiques :
Appropriation du système de gouvernement aux idées républicaines.
Décentralisation administrative et extension des pouvoirs municipaux.
Dénonciation du Concordat et liberté des cultes sous l’autorité des lois.
Application stricte de la loi sur les associations.
Abrogation de la loi Falloux,
Extension des concours et des bourses pour l’enseignement secondaire et supérieur.
Défense des droits de FUniversité de Montpellier,
Réforme du Code militaire.
Suppression des conseils de guerre en temps de paix.
Suppression de toutes les peines corporelles ayant un caractère barbare et infamant*
Abolition de la peine de mort.
Règlement par l’arbitrage des conflits qui pourraient se produire entre la France et les
autres pays.
Conclusions de traités d’arbitrage permanents par lesquels les États s'engageront à
faire résoudre leurs différends par l’arbitrage.
Réduction du service militaire à deux ans,
Suppression des treize jours.
Réformes économiques :
Impôt progressif sur le revenu et révision de la législation fiscale.
Répression de la fraude et limitation du droit de transaction.
— 358 —
Taxes différentielles sur les alcools de vin et d’industrie.
Attribution à l’État du monopole de PalcooL
Révision des iraitès decommejce pour Sa pénétration du vin dans les pays étrangers^
en parti eu lier en Russie,
Exécution rapide des canaux du Rhône.
Amélioration des conditions de la production de la sériciculture et de la filature.
Révision du code forestier.
Établissement plus équitable de l’impôt foncier, en particulier sur les bois.
Moyens de communications faciles par le chemin de fer, la traction électrique entre les
diverses parties de la circonscription et le chef-lieu.
Réformes sociales :
Développement des syndicats et de toutes les œuvres d'association* de mutualité,
solidarité et de secours mutuels*
Création de prud’homies agricoles.
Journée de huit heures et repos hebdomadaire obligatoire.
Lois contre ^alcoolisme.
Rachat des chemins de fer.
Nationalisation des mines.
Retraites ouvrières.
Vive la lrô circonscription de Montpellier !
Vive la République !
Auguste MAS,
Le Comité :
(Suivent les signatures).
2° circonscription de MONTPELLIER
M. BÉNÉZECH
Élu au 2e tour de scrutin. — 8.699 voix.
Le Comité central socialiste présente aux électeurs, suivant la décision du Congrès
socialiste du 9 mars, le citoyen Jean-Baptiste Bénézech, ouvrier typographe, député
sortant.
Les républicains, les socialistes de la circonscription savent avec quelle vaillance
notre camarade Bênézech a toujours combattu pour les idées d'avant-garde et avec quelle
fermeté de conviction il a poursuivi à la Chambre des députés, où Renvoya la confiance
populaire, l’idéal de liberté, de justice et de fraternité.
Il fut indépendant emre tous, s’inspirant seulement de 1 intérêt du pays, et refusant
d'abaisser un instant, alors que des intrigues parlementaires s’ourdissaient dans Fombre,
le drapeau dont il avait la garde.
Nulle part on ne le vit solliciter des faveurs ; mais il fut toujours là où il s’agissait des
intérêts collectffsdes associations /des communes, du département, de la région.
Assidu aux séances du Parlement, il p nmifc, mieux que personne, discuter à fond les
questions locales et générales et Yofer comme il convient.
- - - - - - - \ - —
N" il 62
— 3u9 —
Tmitle temps de sa législature, il reste l’homme probe et sincère que nous avons connu
. i Bourse du travail, aux Congrès fédératifs ou socialistes, à l'assemblée communale,
Mêle à tout ce qu’il a promis, logique avec ses idées, avec les nôtres, avec la pensee nette¬
ment républicaine.
Si l’on connaît l’homme, on connaît amsi le programme.
Denuis plus de trente ans, Dénézech le soutient, sans avoir rien abandonné jamais.
Le! électeurs ont compris que la République devait toujours aller en avant, et que les
réactionnaires étaient seuls à s’elïrayer du socialisme. .
C’est vers le socialisme que marchent tous les démocrates sincères, tous ceux qui
«pillent le progrès, tous ceux qui désirent le bien-être du peuple, tous ceux qui veulent que
chacun ait le droit à la plus haute vie. _ ,
Nous voulons - Bènôzech le veut avec nous — des réformes profondes et non des
remèdes superficiels, nous voulons que l’ouvrier ait le produit intégral de l’œuvre qu .
accomplit, nous voulons que le travail apporte aux travailleurs l’existence a laquelle ils ont
16 dr«e"st pour terminer cette besogne de justice et d’égalité dont les fondations furent
cimentées par le sang du peuple lors de toutes les Révolutions, que nous avons choisi notre
Cam Tous ceaxtïuf ont à cœur de faire avec vous une République meilleure et fraternelle
voteront' pour Jean -Baptiste Bsnèzech, ouvrier typographe, Député sortant.
Le Comité.
3° circonscription, de MONTPELLIER.
M. Jacques SALIS
Élu au 2e tour de scrutin. — 5.966 voix.
Comité radical-socialiste de défekse républicaine et Comité central socialiste
Révision de la Constitution dans un sens vraiment républicain et démocratique.
Séparation des Églises et de l’État. J- Abrogation du Concordat. - Suppression du
budget des cultes. , , , . r, „
Adhésion complète à la loi sur les associations, à l’abrogation de la loi Falloux, en vue
de l'interdiction d'enseigner aux membres des congrégations.
Service militaire réduit à deux ans, obligatoire et égal poui tous»
Développement des institutions de secours et de prévoyance.
Réforme et répartition plus équitable de V impôt.
Extension de la compétence des juges de paix.
Réduction des frais de justice.
Impôt progressif et global sur le revenu.
Unification des pensions de retraites pour les marins, anciens militaires et douanier*.
Organisation des caisses de retraites ouvrières donnant satisfaction aux justes aspira¬
tions de tous les travailleurs.
Suppression complète du livret d'ouvrier et application rigoureuse de la loi sur le
travail des femmes et des enfants.
Amélioration du sort des instituteurs, suppression du pourcentage; et amélioration
- 360 —
aussi du sort des maîtres répétiteurs de nos collèges, dignes, à tous égards, de la sollicitude
des pouvoirs publics.
Les délits de pêche jugés par les prud'hommes pêcheurs.
Suppression des prestations.
Organisation du crédit à l’agriculture et au travail.
Suppression dt.js droits de mutation sur les propriétés au-dessous de 5,000 francs.
Impôt spécial sur la grande propriété pour alimenter les Caisses de retraites.
Suppression de l’impôt foncier pour les propriétaires cultivant eux-mêmes, et diminution
de cet impôt pour ceux dont la terre est grevée d'hypothèques.
Réduction du taux légat et conventionnel de l’intérêt de l'argent-
Révision des traités de commerce.
Création de bons de chasse quotidiens.
Révision d es Conventions avec les grandes compagnies.
Abaissement des tarifs de transport.
Développement des voies de communication et grands travaux publics.
Révision de la loi sur les patenter
Développement de l’enseignement professionnel, commercial, industriel et agricole.
Répression sévère en matière de fraudes sur les boissons et produits alimentaires.
Monopole de l’alcool entraînant nécessairement la suppression du privilège des bouil¬
leurs de cru.
Amélioration de la loi sur les boissons et réduction des droits de circulation.
Création de prud'hommes agricoles.
Organisation, par R État ou Je département, de conférences professionnelles et agricoles.
Révision du cadastre.
Enfin, la loi Berteaux-Jaurès, dont notre candidat Jacques Salis est un des collabora¬
teurs et des signataires.
Vu : le candidat,
SALIS.
Circonscription de SAINT-PONS
M. RAZ1MRÀUD
Élu au 1er tour de scrutin. — 8.047 voix.
Mes chers Concitoyens,
Mon appel à l’union de toutes les forces républicaines, pour les opposer à la réaction
unie et disciplinée, a été entendu. Cette union s’est faite loyalement, au grand jour, sans
aucun froissement, sans aucune compromission. En la constatant, la réaction a, en môme
temps, constaté son impuissance et elle s’est, paraît-il, résignée à déserter la lutte pour
s’éviter une défaite certaine. Mous devons être tous fiers de ce résultat, dû an bon sens et au
patriotisme désintéressé de tous les républicains de notre arrondissement. Je serai fier de
recevoir d’eux le mandat d’apporter encore une fois a la Chambre des députés les légitimes
revendications de la démocratie républicaine.
.Rai confiance que le grand exemple que vous venez de donner sera suivi dans toutes
les circonscriptions de notre chère France.
J’ai confiance que le suffrage universel, écœuré des louches compromissions qui as
N* 1162
- 361 —
nouent sous scs yeux, saura « écarter les perfides » et empêcher la coalition méliniste,
réactionnaire et cléricale d’entrer dans la place en se parant de couleurs républicaines ;
car aujourd’hui, plus encore qu’en 1898, la réaction, sous toutes ses formes, ancien parti
sans nom du 2è Mai et du 16 Mai, boulangiste en 1889, nationaliste en 1902 . va tenter un
suprême effort pour conquérir le gouvernement à l’aide de machinations jésuitiques et livrer
la République à la congrégation.
J’ai confiance que les élections de 1902 donneront une imposante majorité au vrai paru
républicain pour qu’il puisse faire aboutir le3 réformes politiques, économiques et sociales,
réclamées depuis de longues années par la démocratie tout entière et dont la réalisation a
toujours été entravée par la coalition des républicains défaillants et des réactionnaires de
toute sorte, inféodés au cléricalisme et à la féodalité financière.
Je maintiens mon programme de 1898 dans toutes celles de ses parties qui n’ont pas
reçu une solution définitive dans la législature qui va prendre fin.
Dans ces deux dernières années, le Parlement a voté notamment :
La réforme des successions qui a fait passer dans la loi le principe de la progression,
la réforme du régime hypothécaire, « précieuse aux petits patrimoines », la réforme du
régime des boissons, attendue par toute la viticulture depuis plus de vingt-cinq ans, la loi
sur la durée du travail dans les ateliers et manufactures... et l’importante loi du
1er juillet 1901, qui, malgré ses lacunes et ses imperfections, consacre la liberté des asso¬
ciations en les soumettant au droit commun, arrête le développement des congrégations
religieuses en attendant leur suppression complète, et prépare la solution des problèmes de
l’enseignement et de la séparation des Églises et de l’État. Enfin, le projet de loi relatif aux
retraites ouvrières aurait été voté par la Chambre si, par suite d’une habile manœuvre du
centre et de la droite, la discussion n’en avait été inopinément interrompue.
Le vote de cette loi importante s’impose dans la prochaine législature, à laquelle le
parti radical-socialiste demandera, en outre, de se prononcer:
Sur la révision partielle de la Constitution, pour assurer la prépondérance du suffrage
universel; sur l’abrogation intégrale de la loi Falloux avec interdiction absolue d’enseigner,
soit aux congrégations existantes, en attendant leur disparition, soit aux membres des
congrégations dissoutes; sur la réduction du service militaire à deux ans, égal pour tous,
avec suppression des treize jours ; sur l’établissement de l’impôt unique, global et progressif
sur le revenu, basé sur la déclaration dans les mêmes conditions qu’en matière de succes¬
sions, en remplacement de tous les impôts directs actuellement existants ; sur la décentra¬
lisation administrative avec extension des pouvoirs des Conseils généraux et des Conseils
municipaux ; sur la réforme judiciaire, l’épuration du personnel, la diminution des frais de
justice et la simplification de la procédure civile; sur la révision du Code forestier; sur la
suppression des Conseils de guerre en temps de paix et la réforme du Code de justice mili¬
taire; sur la création de Chambres d’agriculture et sur le développement des syndicats et de
toutes les œuvres d’association, de mutualité et de solidarité ; et enfin sur la nationalisation
des chemins de fer, de la Banque de France et des mines.
Mais, avant tout, il y aura lieu de prendre d’urgence les mesures reconnues indispen¬
sables pour mettre fin à la crise sans précédent qui ruine la viticulture et qui, en se prolon¬
geant, porterait, par répercussion, un coup mortel à la prospérité de la France entière. Ce
n’est pas seulement un intérêt régional, c’est un intérêt véritablement national qui convie
le Gouvernement et le Parlement à s’atteler à cette œuvre, déjà depuis trop longtemps
différée.
Bien coupables sont les viticulteurs qui ont agite le spectre de la surproduction du vin
naturel et qui, dans un but intéressé* ont créé sur cette question une agitation aussi mal¬
saine qu’ intempestive dont le résultat le plus certain a été d aggraver la crise.
il faut le dire bien haut, parce que c’est l'exacte vérité : il iry a pas, il n’y a jamais eu
surproduction du vin naturel ; il y a eu, il y a encore et il y a seulement multiplication à
l’infini* par la fraude, d’un liquide qui, vin naturel à la sortie de la cave du producteur,
n a trop souvent que le nom de vin lorsqu’il est livré à la consommation.
46
- m —
Los moyens pratiques de mettre fin ù la crise actuelle et d’en prévenir lé retour sont :
d'abord et surtout la recherche persistante et la répression séyére des fraudes pratiquées
tant sur le vin que sur les alcools ^industrie, vendus et livrés à la consommation comme
alcools de vin ; ensuite l'interdiction aux agents de la régie de transiger sur les fraudes
fiscales qui sont la conséquence de fraudes commerciales; Rétablissement de taxes düTé-
rentielles sur les alcools de vin et sur les alcools d'industrie, en attendant ^attribution à
I-État du monopole de la fabrication et de la vente de T alcool ; Remploi des alcools dhndus-
trie à Réclairage, au chauffage et à la production de la force motrice, facilité pur le dégrè¬
vement de l'alcool français dénaturé et Fiai position d'un droit d'accise sur le pétrole;
Punifieatiôû et la réduction des tarifs de transport du vin; la suppression complète des
droits d’octroi sur les boissons hygiéniques, les mesures propres à faciliter l’exportation
des vins et, enfin, la pUe en relations directes des producteurs et des consommateurs au
moyen de vastes entrepôts de vente créés dans les grands centres avec le concours et sous
le contrôle de l’État*
Le devoir des représentants des régions viticoles sera de réclamer ces mesures,
sans délai et ayec opiniâtreté, jusqu'à ce que ia viticulture ait obtenu complète satis¬
faction*
Républicains de l’arrondissement de Saint-Pons,
L’ab^e uçe probable c)è èompétifreuTg ps doit pas êirg ppur vous une cause d*a]is*
tentiorç.
IJ importe que le scrutin du 21 avril déipoiifrp la puissance invincible de notre
démocratie républicaine ef obligé la réaction à renoncer à jappais à tput retour
offensif.
Je compte sur vous ; vous savez de longue date que vous pauyez compter sur mqi çü
toutes cireou^nces*
Vive l’arrondissement de Saint-Pons !
Vive la République républicaine 1
Jules RAZIMBAUD, Député sortant.
Candidat de TUnion radicale et radicale-socialiste*
Chers Condtoy0£i&,
Je viens défendre, dans L'arrondissement de Fougères* la cause de la République et
celle de la liberté.
Depuis trois ans ces nobles causes ont été trahies par le Ministère:
Et trahir la liberté, gouverner contre les sentiments du peuplé n’ësf-ce paé mécon¬
naître et fouler aux pieds les principes mêmes du régime républicain ?
Vous savez ce qui a été fait *
Liberté dé ebü&ciedcè Vidée ;
Liberté de travail méconnue;
Liberté d’enseignement menacée ;
Armée désunie et désorganisée ;
Trois cent cinquante millions de déficit.
Et vous savez aussi ce qui n’a pas été fait ;
Réforme du service militaire ;
Organisation du Crédit agricole;
Lois sur les retraités ouvrières ;
Lois d’assurances contre le chômage;
Économies promises.
Citoyens,
Fils ëi petit-fils dé rongerais, ente ht du sot breton,
Àppëïé par un grand nombre d’entre vous darïâ cet arrondissement, berteàu de Ma
farnïllëj je me présenté Moi-même à vos étiffragës en dehors de tonte coterie.
Jé ne vièhs pas fairé ühé céiivré de dmsiotf* Mais line œuvre dé concorde [et d’üûlôti
entre tous les bons Français.
Je Me présenté en partisan réêdlü de ia liberté d’associâttan pour tétiS, de La liberté
d’ëïisèlgneifterit pour tous, de la liberté de travail pour tdùs.
Jë Vêüx que lë ParleMëfft se' moütre Soucieux dé la fdftürtë ptibliqUie,
Je demande que Le budget soit sincère, que ütfusvoyibïis dair danâ nos finances et quë
nous rfchoïïcions à fa politique des ëmpruüis.
S’il faut février natté système d’impôts- que cètté révision se fasse sageMèht, àvëe ùn
sduc! constant dé répartition équitable.
— 364 —
Je demande l’examen sérieux et l’étude approfondie des questions touchant les intérêts
d6b 7 es t urgent' quE)6 ce s questions aboutissent et je suis disposé à y consacrer tous mes
eff°7e veux qu’elles soient mises à l’étude dès la rentrée des Chambres et non à la veille
des élections.
Moins de politique et un peu plus de réformes.
le demande encore que l’armée soit enün respectée et que prenne fin cette abominable
campagne entreprise contre elle avec la complicité occulte du gouvernement.
ja demande qu’on rende au Peuple sa foi dans les destinées du pays.
Ami très ferme delà paix, je m’oppose à toute atteinte portée a la dignité de ma P atne.
le veux que la France soit forte et confiante en sa force.
Je crois que le représentant d’un pays doit être en contact permanent avec ses élec¬
teurs, autant pour les consulter sur leurs besoins et leurs intérêts que pour leur aire
connaître le fonctionnement des lois et leur rendre compte de son mandat. .
•Enfin j’estime qu’il doit prendre part aux discussions à la Chambre et ne point s en¬
fermer dans le silence ou une abstention aussi prudente que stérile.
Je suis prêt à mettre au service de l’arrondissement et de la France toute ma jeunesse,
toute mon activité et ce que j’ai pu acquérir de connaissances en dix années d études et
deux ans d’enseignement du droit public et privé.
Vive la France!
Vive la République !
A bas le Ministère 1
A. LEFAS.
Docteur en Droit,
Ancien chargé de cours à la faculté d Aix.
Circonscription de MONTFORT
M. JEHAN IN
Élu au 1er tour de scrutin. — 7.565 yoix.
Mes chers Concitoyens,
Cédant à de nombreuses et pressantes sollicitations, encouragé par de précieuses sym¬
pathies venues de tous les points de l’arrondissement, je me présente à vos suffrages.
je ne suis un inconnu pour aucun de vous. Ma vie, toute de travail, s’est écoulée au
milieu de vous, dans un pays auquel je sois attaché par les liens de la .naissance et de 1a
Conseiller municipal, adjoint et maire de Bècherel depuis le 6 janvier 1878, conseiller
d’arrondissement et conseiller général depuis le lor décembre 1889, j’ai acquis, par une
longue pratique des affaires, la connaissance approfondie de toutes les questions adminis¬
tratives, communales et départementales.
J’ai aussi prouvé, par les services que j’ai pu rendre dans l’accomplissement de ces
divers mandats, ce dont je suis capable pour le bien de l’arrondissement tout entier.
Président du Comice agricole du canton dé Bécherel. depuis de longues annèes} vivan.
— 365 —
N° 1162
m milieu de nos vaillantes populations agricoles, je connais leurs moindres besoins, et je
lurs heureux de m’en inspirer en m'associant par mes votes à toutes les mesures
J tendront au relèvement du cours des blés et à une vente plus avantageuse de tous les
^^Prôstdentet1 fondateur d’une Société d’assurance mutuelle contre la mortalité des bes¬
tiaux, je m’appliquerai à créer et é développer ces assurances appelées a rendre tant de
rip ^ÈFvic6s à nos cultivateurs.
" Commerçant et industriel, rien de ce qui touche aux grands intérêts du commerce et
de l'industrie ne m’est indifférent. J'appuierai de mon vote favorable toutes les lois dest
„w à les protéger au même titre que l’agriculture.
Mêlé à la rude existence des travailleurs de la ville et des champMrava.lleur m01-
raème, je placerai au premier rang de mes préoccupations l’amélioration de leur condition
S°MJe suis un patriote aimant et respectant l’armée, voulant qu’elle soit forte, grande et
honorée comme la Patrie. Je suis de ceux qui pensent que sans l’afiaiblir il serait po^b e,
par une série de mesures préparatoires, de réduire à deux ans la durée du service militaire
en la rendant Obligatoire pour tous sans distinction. . , _
Je suis fermement attaché au Gouvernement de la République, qui est le Gouverne¬
ment légal de la France depuis plus de trente ans. Je considère comme des révolutionnaires
ceux qui, sous le titre de conservateurs, ne rêvent que le renversement du Gouvernement
établi par la volonté librement et continuellement exprimée par le peuple, pour substituer
au régime actuel le pouvoir d’un roi ou d’un empereur.
je ne suis inféodé à aucun homme, à aucun ministère. Je sms un homme libre, et indé¬
pendant de toute coterie et de toute attache, n’obéissant qu’aux inspirations de ma con¬
science qui m’a toujours clairement tracé mes devoirs envers mon pays, envers mes élec-
lmr Panistn résolu de la liberté de conscience, de la liberté des cultes, je veux la liberté
"T»; ^^^«aire, pas plus que je n’ai été dreyfusard Je suis un
libéral, respectueux de toutes les convictions sincères, attache a toutes les idées d ord e,
de modération, de progrès, de liberté et de justice.
Mes chers Concitoyens,
L’heure est décisive. La France tout entière, malgré un dernier et violent assaut de
toutes les réactions coalisées, s’apprête à acclamer la République. .... t
L’arrondissement de Montfort voudra la suivre dans ce mouvement irrésistible et
tiendra à honneur de se donner un représentant républicain qui puisse servir ses mteré s.
Vous voterez contre uu candidat qui n’habite pas même votre arrondissement, et qm
pour capter vos suffrages, n’ose même pas arborer franchement son drapeau, ni se dire Le
qu’il est, un monarchiste intransigeant. , . niiv
Ne cédez ni à la menace, ni à l’intimidation. Fermez 1 oreille aux calomnies aux
outrages, aux diffamations. Souvenez-vous que la Révolution française a Tait des enfants du
peuple les égaux des nobles, et que devant l’urne nous sommes tous égaux et maîtres de
^ ÀgUseÏSen citoyens libres et indépendants, conscients de vos droits. Vous êtes le
nombre, soyez la force, et que le 27 avril soit un jour de libération définitive et d affran-
chissemeot pour notre cher arrondissement* ;
En masses serrées et compactes, sans peur et sans défaillance, allez tous à uni
cri dej: Vive la République I A jEHANIN>
Conseiller général, maire de Bécherel,
Président du Comice agricole!
3ti6 -,
Circonscription de REDON
M. le lieutenant-colonel du HALGOUET
Élu au let tour de scrutin, — 12.984 voix
Messieurs les Électeurs,
bepuis sept ans, vous m’avez honoïê à deux reprises de voé suffrage^, me donnant ?r
1895, 10,900 voix, en 1898, 13.300 voix.
Vous mé connaissez.
il ri*est donc pas besoin entre iious de longs discours,- de vastes programmes, ni dt
vagues promesses.
Vous connaissez mes votes.
Vous savez que, dans cette Chambre qui s'en va, j'ai défendu avec les modérés et h
libéraux de tous les partis, contre ce ministère néfaste qui va s’en aller :
La liberté du père de famille;
La liberté d'enseignement;
La liberté des associations, y compris celle des congrégations religieuses enseignantes
et charitables, qui comptent dans leur rang tant d’ènfahts de notre catholique Bretagne;
L’armée, c’est-à-dire la patrie (die même ;
L’ordre et l’éconorhie dans nos financés,
tout cela menacé, ou compromis, ou abandonné par le susdit ministère.
Je suis sur d’avoir été sur tous cés points votre dévoué mandataire, votre fidèle inter¬
prète.
D’autre part, j'ose dire que personne plus que nioi n’a pris souci de vos intérêts régio¬
naux et locaux, particulièrement des voies de communication. Les projets de tramways, le
chemin de fer de Messac à Ploërmel, etc., ont été l’objet oti de mob ihitiativé ou de mes
soins assidus.
Sur de nouvelles préoccupations qui se font jour, vous avez le droit de connaître mon
sentiment.
La question des retraites ouvrières a été mal engagée; ellle né Se résoudra d’une façon
satisfaisante que par une bonne loi d’assistance d’abord, et par le libre développement, à
favoriser par l'État, des institutions de prévoyance et de mutualité.
Quant à la réduction du service militaire, j’ai voté, lé 24 février dernier, là motion par
laquelle la Chambre a admis le principe du service de deux ans, en entourant cette réformé
de précautions dont la Commission de l’armée — j’en faisais partie — à proclamé la néfces*
sité.
Mes cüer3 Concitoyens,
Je vous le disais il y a quatre ans, je le répète aujourd’hui : tel j’ai été, tel je serai.
Vous le savez, et c’est la cause des nombreux témoignages d’affection que je reçois de
vous, et que vous viendrez encore apporter le 27 à votre dévoué
Lieutenant-colonel du HALGOUEÎ1,
Conseiller général du canton de Redon,
Maire de Renac, Député sortant.
— 367
N° 1162
lri pircpTiscriptian de HENNES
ftL LE HÉRISSÉ
Élu au 1er tour de scruiin. — 9.545 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je viens vous demander de me confier une cinquième fois le mandat de vous repré¬
senter à la Chambre des Députés.
Au cours de la dernière législature, les intérêts sacrés de la Patrie et de la Liberté ont
été mis en péril, il a fallu livrer une rude bataille ^ux internationalistes et aux sectaires :
je me suis levé pour les combattre.
Demain j’agirais de même, car je crois le maintien de la Patrie française nécessaire au
bonheur de Phumanité, je crois la liberté d’autrui la meilleure garantie de notre propre
liberté.
Dès 1893 je vous disais : « le veux la liberté de croire et de penser. Je continuerai q
combattre aussi bien ceux qui voudraient imposer leurs croyances que les philosophes qui,
sous l’impulsion d’associations soi-disant philanthropiques, tendent h créer dans ce p^y^
une irréligion d’Élat. n
Au cours de ces dernières années, je n'ai fait que me conformer strictemen| à çg{t£
déclaration.
Si vous me renvoyez siéger au Parlement, je réclamerai :
La révision de ia Constitution par une Assemblée Constituante ; c’est ja hase 4e
les réformes politiques, économiques et sociales; c’est par elle seulement qu'on pourra
débarrasser la République des hontes d’un parlementarisme déshonorant;
La réforme de l’impôt, sans laquelle aucune amélioration sociale n’est possible;
L’organisation de la caisse des retraites pour les travailleurs par le système mixte de
la répartition et de la capitalisation, de manière à rendre immédiate son application ;
La réduction à deux ans du service militaire dans les conditions où j’en ai fait voter le
principe par la Chambre il y a quelques semaines;
La réforme de la loi des boissons, cause de ruine pour le commerce, le trésor et la
santé publique ;
L’amnistie des condamnés politiques : il est inique de voir de bons Français en exil
quand 4es voleurs et de$ traîtres sont en liberté;
Je voterai, comme je Fai toujours fait, le maximum des réformes sociales compatibles
ayec le maximum de libertés publiques.
Avec un tel programme je ne puis être que l’adversaire résolu des hommes qui, en ce
moment au pouvoir, exploitent la République au mieux des intérêts de leur coterie, oubliant
que le premier devoir d’un Gouvernement républicain est de savoir gouverner au nom et
dans l’intérêt du pays tout entier.
Je ne puis être que Fadversaire résolu des hommes qui ont laissé traîner dans la boue,
sans oser la défendre, notre chère armée, sauvegarde de pos libertés publiques, suprême
espoir de ceux qui n’oublieront jamais.
Ces gens ont fait à la France un mal énorme; puisse-t-il se constituer demain une
majorité républicaine pour le réparer î
C’est le vœu le plus ardent de mon cœur français et républicain#
Yive la République 1
R. Le üÉRissjî,
Député,
V}çe-prgsi4fii}t 4b (IflBgejl général.
— 368 —
2e circonscription de RENNES
M. René BRICE
Élu au 1er tour de scrutin* — 13.534 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le mandat que vous m’avez fait l'honneur de me confier en 1898 ayant pris lin, je
viens de nouveau solliciter voa suffrages*
Nous nous connaissons depuis trop longtemps pour qu'il soit besoin entre nous k
longues explications»
La République à laquelle je demeure fermement attaché doit être un gouvernement de
liberté, de tolérance et de progrès.
Notre magnifique armée, si disciplinée et si vaillante, nous est la meilleure garantie
du maintien de la paix et du maintien de nos alliances.
La Chambre prochaine sera appelée à résoudre les plus graves problèmes. 11 lui appar¬
tiendra notamment de préparer, en multipliant les encouragements aux œuvres de mutua¬
lité, l'organisation des retraites ouvrières, de s'appliquer à rendre possible, par des avan¬
tages suffisants accordés aux réengagements et sans porter atteinte aux nécessités de la
défense nationale, la réduction de la durée du service militaire; de réaliser sur les
dépenses publiques les économies indispensabies pour permettre, à l'avenir, d'équilibrer
le budget sans emprunts et sans impôts nouveaux.
Mon amour pour la Patrie, mon dévouement absolu aux intérêts agricoles de notre
département, ma conviction profonde que de la prospérité de l'agriculture dépend la pros¬
périté même de la France, dicteront tous mes votes.
Heureux lorsque je trouve une occasion d'être mile à quelqu'un d'entre vous, toujours
à votre disposition à tous, je compte sur vous, mes chers Concitoyens, comme vous poims
compter sur moi.
Veuillez
dévoués.
agréer, mes chers Concitoyens, l'assurance de mes sentiments les plus
René BRICE, Député sortant,
Président du Conseil général <Tl Ile-et-Vilaine.
lre circonscription de SAINT-MAL.O
M. LA CHAMBRE
Elu au 1er tour de scrutin» — 6.358 voix.
Messieurs les électeurs et chers Compatriotes,
Au dernier moment, un certain nombre d'entre vous sont venus me dire qu'en présence
d’un ministère qui menace tous les intérêts et toutes les libertés, les déclarations des
candidats qui sollicitent vos suffrages ne sont pas suffisamment catégoriques, et ils ^
pressent de prendre en main le drapeau de l'indépendance*
N° H6â
— 369 —
Si Thoiiorable M, Jouanjan, dont la profession de foi a paru en dernier lieu, s’était
déclaré nettement anti-ministériel, je n'aurais pas cédé à ces instances, son programme
pouvant, dans une certaide mesure, comme celui de l’honorable M, Bourdas, donner satis¬
faction aux aspirations essentielles des libéraux et des patriotes.
Mais, non seulement il ne se proclame pas anti-ministériel, il a pour ce ministère
néfaste des flatteries qui permettent de tout craindre.
Dès lors* je n’hésite pas, et me voici.
Vous connaissez mon nom. En politique, il signifie ■ opposition énergique, implacable,
à la politique sectaire, collectiviste, anti-libérale et anti-française du ministère actuel. En
affaires : dévouement sans bornes à tous les intérêts de notre cher pays, au dedans et au
dehors, particulièrement à Terre-Neuve.
Qu’a jouterai-je, mes chers Compatriotes, qui caractérise mieux ma candidature?
Libéral et anti-ministériel, je veux avec vous : la liberté de conscience pour tous les
citoyens, la liberté intégrale de renseignement, la liberté du père de famille de faire élever
ses enfants par les éducateurs de son choix, la liberté d’association, la liberté du travail,
entravée en ce moment par une loi tyrannique dont vous avez déjà ressenti les effets ; le
respect de Tannée, outragée par des suspicions imméritées; la cessation d’un odieux
système de délation contre des fonctionnaires et des officiers sans reproches; l’égalité de
tous les citoyens devant l’État et devant la loi; je veux qu’un frein soit mis aux accrois¬
sements d’impôts qui pèsent si lourdement sur l’agriculture, le commerce et l’industrie; je
veux une modification des lois répressives sur la pêche, si dures pour les populations de la
côte, et, enfin, le développement des institutions de prévoyance pour les ouvriers mis par
l’ège, la maladie ou les infirmités dans l’impossibilité de gagner leur vie.
En matière gouvernementale, je considère que la nation, maîtresse de ses destinées,
a incontestablement le droit de choisir la forme de son Gouvernement, Depuis trente-
deux ans, dans ses scrutins, elle a manifesté son attachement à la République ; je m’incline
loyalement devant l’expression de sa volonté et m’engage à la respecter. Si je suis élu, je
me ferai un devoir d’associer mes efforts à ceux des députés qui, avec MM. Ribot, Méline,
Poincaré et Gavaignac, veulent ramener la République dans les voies du patriotisme et de la
liberté.
Messieurs les électeurs et chers Compatriotes,
Mon langage vous le dit assez : en cédant, malgré l’heure tardive, aux instances pres¬
santes dont je suis Lob] et et qui m’ont si vivement touché, je n’ai qu’un but : vous offrir
nu moyen de protester sans réserves contre la politique d’un ministère qui soulève l’indi¬
gnation et les inquiétudes de la France entière.
Que tous les libéraux, que tous les hommes résolus à secouer le joug sectaire, maçon¬
nique et dreyfusard s’unissent sur mon nom : ils peuvent être assurés qu’ils auront au
Parlement un représentant qui saura défendre en leur nom et sans défaillance les intérêts
de la Patrie et ceux de la Liberté.
11 me paraît superflu d’ajouter, mes chers Compatriotes, que si vous me faites le grand
honneur de m’appeler à vous représenter, je multiplierai mes efforts pour me rendre utile
à notre cher pays et à chacun de ceux d'entre vous qui feront appel à mon activité et à mon
dévouement.
Charles LA CHAMBRE, fils,
Avocat,
Membre de la Société des Agriculteurs de France,
Candidat libéral anti-ministériel.
kl
2e circonscription de SAINT-MALO
M. ROBERT SURCOUF
Élu au l81' tour de scrutin. — 10.645 voix.
Mes chers Concitoyens,
Quatre années éga rées sans relâche à 3a défense de vos intérêts, et au cours des¬
quelles il mJa été donné de vous prouver à maintes reprises mou dévouement, me permet¬
tront de ne vous adresser qu'une courte profession de foi. — \ous pourrez aujourd nui juger
votre député sur des aef s. - Il s honore de n'avoir point trompé votre confiance.
Fidèle aux engagements pris vis-à-vis de vous, je sms demeuré le républicain loyal
qui fit appel dans ceîte circonscription à lsunion républicaine, et dem ie plus vif désir est de
la voir S" réaliser complète dans ia prochaine Chambre. — Ni réaction, ni révolution, telle
fut, il y a quatre ans, la formule qui servit de base à mon attitude pn Inique. Lest de
cette môme formule que je me réclame aujourd'hui.
:Les événements qui se sont déroulés depuis 1898 n’ont point médité notre tâche.
Tout en ayant la ferme conviction dsétre resté un bon et sincère républicain, j ai manb
festé par mes votes que je n’approuv&is pas F orientation donnée à la politique généiale
dans ces deux dernières années.
- J’ai fait preuve, en le faisant, d'une indépendance et d’un libéralisme que je reven¬
dique comm" les premiers devoirs d’un député qui tient a rester en conformité do scntU
monts avec iTmmense majorité de ses électeurs et à conserver -toujours sa personnalité.
Mais au^si cette indépendance rn’a permis d’éviter le parti-pris, qui devient dans le
Parlement la lactique la plus déplorable et la plus préjudiciable aux intérêts 4u pays.
pai pris mon bien où je l’ai trouvé, sans me préoccuper de savoir qui nie 1 apportait, et
j’ai reconnu le bien fondé de plus d’une réforme ; si je n’ai pas donné mon appui à len-
semble des tendances manifestées, j’ai conscience d’avoir fait passer, avant tout, la préoc¬
cupation de bien servir notre beau pays, soucieux de demeurer éloigné des conflits de
politique lopale pour me consacrer entièrement et plus librement, comme cotait mon
devoir, à rintérêt général.
Passionnément attaché à la défense de nos droits à Terre-Neuve, dévoué à nos arma-
leurs et à nos pêcheurs, je crois n’avoir rien négligé pour sauvegarder leurs intérêts et ceux
de notre marine.
Patriote toujours et désirant notre belle armée forte et respectée, je suis néanmoins
disposé à concilier ces sentiments avec la réduction du service militaire, lorsque ceux qui
ont la garde de cotte armée m’auront donné toute garantie que sa force n’en sera pas dimi¬
nuée et que notre territoire demeurera à T abri de toute surprise.
Aux ouvriers, aux travailleurs de tous ordres, aux petits, aux humbles, j’ai toujours
prêté mon appui sans réserves, heureux d’avoir pu leur être bien souvent utile.
Ma 'disposition naturelle à rendre service, comme aussi mes sentiments de démocrate
convaincu de l’œuvre à accomplir pour donner à la classe laborieuse plus de justice et de
bien-être, m’ont puissamment aidé dans celte œuvre.
Je ne méconnais pas les réformes que la solution de îa question sociale impose encore
à tout esprit clairvoyant et je suis de ceux qui s’efforceront de les faire aboutir en tenant
un compte équitable des intérêts engagés et en faisant la part de ce qui est juste et raison¬
nable, de ce qui est excessif ou illusoire.
Mes chers Électeurs, vous m’avez vu à l’œuvre. Vos encouragements sont venus souvent
me prouver que nous étions complètement d’accord et m’ont soutenu dans IVxercicc de
mon mandat.
Je viens vous demander un témoignage nouveau de votre confiance.
- - - - - - - - - - -
— 371 —
N° 1162
Plus nombreux vous vous compterez sur mon nom et plus vous me donnerez d’autorité
^'^Votm trouverez toujours en moi un député consciencieux et un compatriote dévoue.
Vive la République I
ROBERT SURCOUF, Député sortant,
Secrétaire de la Chambre des Députés,
Candidat républicain.
Circonscription de VITRÉ
\
M. le comte LE GON1DEC DE TR AI SS AN
Mes chers Concitoyens,
Depuis tant d’années que nous nous connaissons, après tant de marques de confiance
oue vous m’avez données, est-il nécessaire de vous faire une profession de foi .
q Vous savez qui je suis : mes votes au Parlement établissent que ma préoccupation pre¬
mière a toujours été de sauvegarder les intérêts sacrés de la religion et de la patrie.
Adversaire résolu du Ministère actuel.
Qui insulte nos croyances,
Oui bafoue et traîne l’armée dans la boue,
Qui conduit laFrance à la ruine par son gaspillage éhonté et avoué des deniers publi ,
Qui grève l’agriculture d’impôts.
Qui porte atteinte aux principes mômes de la propriété, . , .
J, veux, et je l’ai prouvé pendant la durée déjà longue de mon mandat législatif, la
liberté pour tous :
Liberté de conscience*
Liberté Renseignement ;
Liberté d'association;
La liberté d* association ! .
Elle u’existe pas : nos religieux vont prendre la route de l’exil, leurs biens confisques
seront demain vendus aux enchères.
La liberté de l’instruction!
Elle râle : après-demain, peut-être plus de frères, plus de sœurs.
11 y a quatre ans, je vous avais dit que je ne voterais pas d’imuôis nouveaux.
l’ai tenu parole et ce n’est pas de mon fait si la feuille du percepteur est plus chargée
Les auteurs de ces augmentations, ce sont les faux amis des ouvriers, des .ai ailleurs
des cultivateurs, de tous ceux qui peinent, et qu’ils trompent sciemment en leur laisaut
des promesses q Rit s savent irréalisables.
Ce qu’ûs appellent l’ordre et le progrès, n’est que le retour en arriéré, la barrière
opposée au succès du commerce et de lïndusiric, la perturbation jetée dans notre orgam-
Le 27 avril, vous affirmerez que, comme moi, vous voulez la liberté pour ious, la
liberté de conscience, la liberté d’enseignement, la liberté d’association.
Vous protesterez contre la franc^piaçomaerie et les sectaires qui iiou^ ommeot.
Anti ministériel ?
Je veux Dieu respecté en ses prêtres,
La Patrie respectée en ses défenseurs.
O, LL GONIDEG DE TBAÏSSAN, Député sortant*
INDRE
Circonscription du BLANC
M. G, DE BEÀUREGÀRD
Élu aa 1er tour de scrutin. — 8,508 voix.
Chers Concitoyens,
Il y a quatre ans, battu à 223 voix, par le mensonge, l'injure et ïa calomnie, je vous
disais au revoir et vous donnais rendez-vous pour la revanche.
L'heure est arrivée, et de nouveau j'ai l'honneur de solliciter vos suffrages.
La République n'est pas en jeu; elle est devenue et restera indéfiniment le gouverne¬
ment legal du pays, et tous les bons citoyens doivent s'y rallier; mais i! s'agit de la façon
dont une coterie dite de Défense républicaine applique sa magnifique maxime.
La lutte aujourd'hui existe entre deux partis : celui des Dreyfusards, des Juifs, des
Francs-Maçons, des Sectaires qui ont 'supprimé toutes les libertés, décapité l'armée de ses
meilleurs chefs, laissé insulter Je drapeau, et qui ont infligé à la France la honte de Fashoda
et le traité anglo-japonais.
Les hommes qui sont à sa tête ont vendu Ja Patrie à l’étranger, réhabilité un traître,
écrasé le peuple d'impôts, se sont engraissés à ses dépens, n1 ont rien fait pour l'ouvrier et
conduisent le pays à la banqueroute après avoir détruit l'œuvre de Défense nationale exé¬
cutée par Gambetta, Thiers, Félix Faure et Carnot.
Voilà le bilan du ministère Waideck-Rousseau dont M. Leglos, candidat officiel, se dé¬
clare partisan.
Quant à l’autre parti, il s'appelle la République du Peuple; il no veut ni Juifs ni Etran¬
gers à sa tête, il veut la France vivant en paix, grande au dedans, respectée au dehors,
dirigée par des hommes d'ordre et de liberté, ayant le culte de Farinée et de la Patrie.
Ce parti se réclame des principes des hommes de 89 et des républicains de 48 et il
appliquera à tous, sans distinction, la devise républicaine en marchant résolument dans la
voie du progrès et de toutes les améliorations sociales; c'est celui auquel j'appartiens, que
j'ai toujours soutenu et que je défendrai tant que j'aurai une goutte de sang dans les veines.
Électeurs,
C'est aux actes qu'on juge les hommes.
Examinez comment autrefois j'ai rempli mon mandat lorsque j'étais député, et com¬
ment aujourd'hui mon successeur vient de remplir le sien.
Patriotes,
Souvenez-vous, avant de déposer votre buîlelin dans l'urne, qu'il s'agît de la Patrie, et
— 373
No nés
que !a France est arrivée au tournant qui doit la conduire au salut ou à F abîme ï
Et maintenant., votez !
Vive la Patrie !
Vive l'arrondissement du Blanc I
Vive la République nationale et française!
G. de BEAU REGARD.
lr0 circonscription de CHATEAUROUX
M. BELLIER
Élu au 2e tour de scrutin. — 9,937 voix*
Mes chers Concitoyens,
L’imposante réunion de Républicains qui a eu lieu le 23 février dernier, à Châteauroux,
et où étaient représentées h îa fois toutes les communes de la 1™ circonscription et tous les
groupements dont l’ensemble constitue notre grand parti, m'a fait l'honneur de me dési¬
gner pour opposer le drapeau de la République démocratique, dans la prochaine lutte élec¬
torale, à la bannière de toutes les réactions coalisées.
Je n’ai aucune ambition personnelle, vous le savez. Et si j'ai consenti à négliger mes
intérêts privés, ce n'est que pour obéir à un devoir et soutenir nos idées.
Vous n'ignorez pas non plus de quel esprit conciliant je suis animé et avec quelle bonne
volonté et quelle impartialité je me suis toujours efforcé, chaque fois que je le pouvais, de
rendre service à ceux d’entre vous qui pensaient avoir besoin de mon concours pour faire
valoir leurs revendications, leurs mérites, leurs titres ou leurs droits.
Aussi, lorsque vous entendrez nos adversaires me traiter, les uns de sectaire ou de
révolutionnaire, les autres d'ambitieux sans caractère, sans indépendance et sans convic¬
tion?, vous vous direz, sans aucun doute, que l'aveuglement des passions politiques fait
commettre à mes détracteurs dis écarts de plume et des excès de langage qui ôtent toute
espèce de valeur à leurs attaques.
Républicain convaincu, je suis, par tradition de famille, partisan de toutes fes réformes
et de tous les progrès réalisables, dans l'ordre politique, dans Fordre économique et dans
l’ordre social.
Mon programme est celui des vieux républicains, auquel les Comités et Groupes radi¬
caux sont restés fidèlement attachés.
II comprend l'intégralité des réformes réclamées par la démocratie depuis vingt-cinq
ans et que Fopposition, tantôt ouverte et tantôt dissimulée — mais toujours active — des
anciens partis rétrogrades, a réussi, jusqu'à présent, à empêcher d'aboutir.
Parmi ces réformes, il en est une, celle de notre système d’impôts, qui devrait être
réalisée depuis six ans au moins.
Le Ministère radical de 1895, que présidait M. Léon Bourgeois, en avait sérieusement
abordé Fètude, lorsque s'est formée — précisément pour entraver et retarder cette œuvre
utile entre toutes — . la coalition que nous voyons encore exister aujourd'hui, entre une par¬
tie de l'ancien groupe dirigé par M. Mêline et tous les groupes cléricaux, bonapartistes ou
monarchistes.
Cette coalition, formée d'hommes qui représentent, non pas les intérêts des travail¬
leurs, mais les intérêts des gros détenteurs de la fortune, pour lesquel notre système
— 374 —
actuel d’impôts — si lourd aux bourses petites ou moyennes — constitue une situation
privilégiée, tend à empêcher l’avènement d'un régime fiscal établissant un plus juste équi¬
libre dans la répartition des charges publiques entre les contribuables.
Elle tend à mettre les Républicains dans l’impossibilité de réaliser, de longtemps, vers
l’idéal de la justice, en matière d’impôt, un progrès depuis longtemps accompli dans la plu-
part des pays, même monarchiques, qui nous entourent.
Avec l’aide de journaux vendus au syndicat des grosses fortunes, ou appartenant à
quelques-uns des syndiqués les plus riches, les ennemis des réformes n’ont pas cessé de
diriger, contre les démocrates, une campagne où la violence, la grossièreté, la diffamation,
le dénigrement sytématique et mensonger jouent le principal rôle.
Leur but est de s’opposer à ^accomplissement de toute réforme sérieuse en faisant
élire, sous l'étiquette libérale ou nationaliste, des réactionnaires déguisés, qui ne veulent
pas de réformes,
ESt-il besoin d'ajouter que Fomente ne s’est faite, entre les monarchistes, les bona¬
partistes, les plébiscitaires, les soi-disant libéraux et les prétendus progressistes, qu’au
prix des compromissions les plus dangereuses pour l’ensemble de l’œuvre déjà réalisée par
la République,
Non seulement on repousse toute idée de réforme nouvelle, mais encore on veut dé¬
truire nos lois scolaires, nos lois ouvrières, la loi d'association, qui fait rentrer dans le droit
commun les congrégations qui s’occupaient beaucoup moins de religion que de politique et
de commerce. On rêve, en un mot, de détruire tout l’édifice actuel et de nous faire une
république sur le modèle d’une vieille monarchie, une république de l’administration de
laquelle seraient exclus les républicains, en attendant que Ton essaye de restaurer, sur m
nom quelconque de chercheur d’aventures, le pouvoir personnel.
En présence de telles manœuvres, comment les électeurs ne se rendraient-ils pas
compte qu’ils vont avoir à vaincre, comme au Seize-Mai, comme au moment de la période
boulangisie, une nouvelle et dernière tentative, plus acharnée que jamais, dirigée contre
Fexistence même de la République, par ses implacables ennemis.
Cette nouvelle tentative de renversement de nos institutions est d’autant plus perfide
que toute la coalition se donne Fapparenee d’accepter ia forme républicaine et que, en
ayant Pair d’être ralliée à la République, elle voudrait se faire passer pour posséder, à elle
seule, le monopole du patriotisme.
Personne ne s’y trompera.
Les partis coalisés contre nous ont contracté entre eux une alliance d’intérêts. Ils dis¬
posent de capitaux considérables. Ils emploient ces capitaux à répandre des pamphlets, des
brochures, des journaux propageant le mensonge et la calomnie dans tontes les circonscrip¬
tions électorales où ils ont à combattre la candidature d’un républicain. Ils poussent ^im¬
pudeur jusqu’à essayer de corrompre certains électeurs par des dons dont le caractère est
ignominieux, et d’intimider d’autres citoyens par la pression et la menace.
Les électeurs berrichons feront bonne justice de ces procédés honteux et outrageants*
Pour moi, mes cher^ Concitoyens, je m’engage, si vous m’accordez votre confiance, à
siéger parmi les républicains qui entendent poursuivre la réalisation des réformes démo¬
cratiques et sociales et qui ne repoussent, en principe, aucun progrès réalisable.
Je n’accepie qu’une étiquette : celle de républicain radical, partisan résolu de l’union
de tous les républicains contre la coalition réactionnaire, partisan aussi, par conséquent, de
la discipline absolue pour le %a tour de scrutin.
Je résumerai mon programme d’affaires eu quelques mots. Je voterai les lois utiles à
l’agriculture, à l’industrie, au commerce ; les lois intéressant la défense nationale et de
nature à assurer la force de nos armées et le respect de nos frontières*
Je voterai toutes les mesures favorisant la mutualité et l’épargne ? toutes les lois amé¬
liorant la situation des ouvriers et assurant des retraites à tous les travailleurs âgés, aussi
bien de la ville que de la campagne.
N° H 62
— 375 —
Je volerai la réforme de l’impôt, dont l’étude devra être reprise le plus lot possible.
Je voterai les lois en faveur de la décentralisation administrative et les réformes qui,
en réorganisant les services publics de manière à réduire les frais généraux d'administra¬
tion, permettront d'augmenter les traitements des petits fonctionnaires (instituteurs, facteurs,
cantonniers elc.), sans imposer de nouvelles charges aux contribuables.
Je voterai la loi réduisant à deux ans la durée du service militaire actif, et ne conservant
ie bénéfice de la dispense qu’au profit des vrais soutiens de famille. Je voterai enfin la loi
réduisant la durée des périodes d’instruction des réservistes et des territoriaux, dans la
mesure compatible avec le maintien de ia bonne instruction de notre armée de seconde
ligne.
J’apporterai donc mon concours à tons les projets de réforme constituant un progrès ou
une économie utile.
En revanche, je ne m’associerai pas à la création ■d’impôts nouveaux, et je repousserai
toute motion tendant à augmenter, au moyen de campagnes lointaines, onéreuses et meur¬
trières, l’étendue du domaine colonial de la République.
Persuadé que la bonne entente entre tous les représentants d’un département est la
garantie la meilleure de la bonne gestion de ses intérêts, je vous promets, enfin, si je suis
votre élu. d’agir le plus possible d’accord avec mes collègues républicains des autres cir¬
conscriptions et avec nos sénateurs républicains.
Grâce à cette union, qui nous donnera une grande force, notre cher pays pourra enfin
jouir pleinement des avantages que ne peut luj procurer une représentation parlementaire
trop divisée.
Croyez, mes chers Concitoyens, à ma bonne volonté et à mon dévouement le plus
entier.
Vive la République démocratique !
EËLLÏEft (Joseph),
Négociant,
Maire de Ghàteaurotix,
Ancien juge au Tribunal de commerce,
Président de la section des Prévoyants de l'Avenir de Châteauroux.
2e circonscription de CHATEAUROUX
M. Al ban DAVID
Élu au 1er tour de scrutin, — 7,364 voix.
Mes chers Concitoyens,
A la veille des dernières élections générales, je vous disais que votre verdict serait la
juste condamnation de la politique rétrograde suivie par le ministère Méline, je viens \ous
dire aujourd’hui, avec la même confiance, que votre verdict, cette fois, sera la non moins
juste approbation de la politique suivie par le ca ine Wal ieck-Rousseau,
Ce qui donne aux élections actuel tes une import nce particulière, c e^t que nous assis*
tons à r effort le plus considérable qu’aient jamais tenté la réaction et le Cléricalisme
coalises pour donner un dernier assaut aux institutions républicaines.
— 376 —
Le péril de la situation réside en celle circonstance que nous n’avons pas en face de
nous des adversaires combattant avec loyauté sous un drapeau hardiment déployé. Aujour¬
d’hui, pour capter la confiance des électeurs, tes ennemis les plus acharnes de la Répu-
blique n’hésitent pas à se dire républicains. C’est au nom de la liberté qu'ils préparent la
victoire de l’arbitraire, et c’est en criant à la persécution qu’ils se flattent d’assurer le
triomphe de l’intolérance*
Mais vous ne vous laisserez pas prendre à cette grossière manœuvre* Vous n’aurez pas
de peine à distinguer ceux qui ont blanchi au service de la République, en suivant, sans s’en
écarter d’uue ligne, la voie que la continuité de vos suffrages leur a tracée, des hommes
pour qui le républicanisme n’est qu’un masque, et le libéralisme un travestissement*
Je n’ai pas besoin de beaucoup de paroles pour vous rappeler que j'ai tenu, et au delà,
tous les engagements que j’ai pris envers vous en 1898.
j’ai voté toutes les lois favorables au développement du commerce, de l’industrie et de
l’agriculture dans le département de Flndre*
J’ai obtenu, quoi qu’on en ait pu dire, la construction de la ligne du Blanc à Argent,
avec des modifications au tracé, qui ont eu pour conséquence la création des tramways
départementaux.
Préoccupé de l’amélioration du sort des travailleurs, j’ai voté pour la réduction des
heures de travail dans les mines et dans les manufactures, ainsi que pour le dégrèvement
des boissons hygiéniques.
J’ai voté la loi sur les associations, cette loi qui déchaîne les fureurs des cléricaux et
qui a le mérite de défendre efficacement la société civile contre l’envahissement de ces
congrégations qui ne tendaient à rien moins qu’à créer un État dans l’Etat.
Je reste partisan de la réduction du service à deux ans et aussi de la réduction des
périodes d’exercice en tant que cette réduction est compatible avec le bon fonctionnement
de notre organisation militaire.
J’aurais voté Fini pôt sur le revenu et l’abrogation de la loi Falloux, j’aurais définiti¬
vement libéré nos enfants do l’éducation congréganiste, j’aurais également voté la loi sur
les retraites ouvrières, si un système d’obstruction savamment organisé au Parlement par
nos adversaires n’avait pas empêché ces projets de loi d’aboutir
Ces projets figuraient déjà sur mon programme de 1898, je les maintiens sur mon
programme de 1902* Vous penserez avec moi que le meilleur moyen d’obtenir ces impor¬
tantes réformes est d'envoyer au Parlement l’homme qui vous donne la garantie de tous ces
votes dans cet ordre d’idées*
Comme en 1898, je m’engage à défendre la République dans ses lois et dans son esprit,
contre la coalition réactionnaire et cléricale. Je m’engage à demander la révision, dans le
sens républicain, d’une constitution qui fut l’œuvre d une Assemblée monarchiste et qui
fait trop souvent obstacle aux progrès dont nous poursuivons la réalisation.
Électeurs,
Tout mon passé m’autorise à venir encore cette fois solliciter vos suffrages* Vous le
savez, j’ai consacré le meilleur de ma vie au triomphe de l’idée républicaine et, vous le
savez aussi, je suis prêt à consacrer tout ce qui me reste de force et d’énergie à la consoli¬
dation des conquêtes que nous avons faites sur les partis rétrogrades* Marchons donc au
combat avec la même confiance qu’en 1898, en poussant comme alors le cri de :
Vive la République démocratique!
ALban DAVID,
Maire d’EcueilIé, Député sortant.
Circonscription de LA CHATRE
M. DE SAINT-MARTIN
Élu au 1er tour de scrutin. — 8.436 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
Depuis vingt-six ans, vous m’avez constamment honoré de vos suffrages ; nous avons
triomphé ensemble de toutes les attaques. Vous avez ainsi donûé un rare et précieux
exemple de fermeté et d’indépendance. Je manquerais à la reconnaissance que je vous dois,
si j’abandonnais le poste que vous m’avez confié, tant qu* mes forces me permettront de
défendre vos libertés et vos intérêts.
Je n’ai rien à changer aux déclarations que je vous adressais à chacune .des élections
précédentes.
Je ne combats pas la République, mais je veux qu’elle soit gouvernée par des hommes
honnêtes, patriotes et désintéressés.
Pour être respectée de tous, elle doit se montrer fidèle à sa grande devise de liberté,
d’égalité et de fraternité, au lieu d’être un Gouvernement de tyrannie, d’injustice et
de haine .
J7aï toujours pensé que, pour conserver l'autorité et l'indépendance nécessaires à
l'exercice du pouvoir, le Président de la République doit être élu par le peuple, au lieu
d’être choisi par le Sénat et la Chambre, dont il devient ainsi le prisonnier,
11 ne faut pas que le Gouvernement puisse tomber aux mains de politiciens avides et
sans scrupules qui, après avoir flétri, sous tontes les formes, les privilèges de l'ancien
régime, cherchent à les faire revivre à leur profit et veulent devenir les rois du joui.
Pendant la législature précédente, je m’étais associé, avec on véritable soulagement,
après tant d'anuées de luttes stériles, à la politique d'apaisement, de modération etd'union,
qui avait donné au pays un repos auquel aspirent tous les esprits soucieux du bonheur de
la France.
Je regrette que le Ministère actuel ait violemment rompu avec ces tendances libérales.
La politique arbitraire et dissolvante qu’il suit aveuglément, sans raison avouable, est
aussi contraire à F honneur qifà la fortune du pays*
La liberté de conscience, la liberté d’enseignement, la liberté dissociation sont con¬
damnées par les sectaires qui inspirent le Ministère, Les lois qu'il a fait YOter sont, pour a
plupart, mauvaises ou incomplètes ; elles ont déjà soulevé les protestations de ceux pour
lesquels elles semblent avoir été laites. Les grandes réformes, si souvent annoncées, ne
sont que des illusions destinées à tromper les espérances de ceux qui souffrent. Les trans¬
formations d'impôts, mal étudiées, mal appliquées, n'ont abouti qu à des charges plus
lourdes, mal réparties entre les contribuables*
L'état des finances publiques inquiète tous les hommes qui ont l'expérience des
affaires ; tous les revenus diminuent, le déficit augmente chaque année; le commerce et
^industrie sont menacés sans trêve par des agitateurs intéressés; les grèves sans cesse
renaissantes favorisent la concurrence étrangère ; la liberté du travail est compromise en
même temps par des excitations révolutionnaires et par une réglementation désastreuse
qui appauvrit l'ouvrier, sous prétexte de le protéger* On a fait à l'agriculture des promesses
sans nombre, qui n'ont jamais été tenues* On laisse impunément glorifier Fanarchie,
absoudre la trahison, nier la patrie et insulter le drapeau national, pendant que le drapeau
rouge est audacieusement promené devant les pouvoirs publics* L'armée, qui est la dernière
m
— m
sauvegarde de l'ordre et de l'existence du pays, est attaquée chaque jour, sans une protesta¬
tion de ceux qui ont mission de ja défendre.
Tel est te résultat des trois années de ce régime néfaste*
Le mal est grand; espérons qu’il ne sera pas irréparable et que la France, en repre¬
nant possession d'elle-même, restera un grand pays, puissant et glorieux dans le monde*
En dehors de la politique générale, ai-je besoin de vous rappeler mes appréciations, ou
mes votes sur les questions qui vous intéressent particulièrement?
Comme par le passé, je suis contraire à tout emprunt et à tout impôt nouveau* le me
suis opposé à l'exagération des entreprises lointaines; je me suis associé à toutes les pro¬
positions qui pouvaient améliorer efficacement le sort des malheureux et des petits par
l'assistance et la mutualité, et je veux que, dans les iois qui pourront être votées, les mômes
avantages noient assurés aux ouvriers des campagnes et à ceux des villes*
J’accepte le service militaire de deux ans, avec rétablissement des garanties néces**
sabres à l'instruction et à la solidité de notre armée ; mais je tiens absolument au maintien
des dispenses de famille inscrites dans la loi actuelle et qui ne pourraient être supprimées
sans compromettre les situations les plus dignes d'intérêt.
J'avais demandé, dès 1S86, la suppression des périodes des vingt-huit et treize jours*
Je constate avec plaisir que la plupart de ceux qui me l'ont reproché si longtemps se mn\
tardivement convertis et ont fini par être de mou avis.
Pour me combattre, mes adversaires n'ont jamais su que dénaturer mes opinions et
mes actes* Us n'ont jamais pu discuter sérieusement les votes émis pendant ma longue
carrière, lis ne peuvent me mettre en contradiction avec raoUméine, ou avec les eemimentj
du pays.
La politique que j’ai fermement suivie est une politique de paix, dé progrès, de liberté,
de justice pour tous, sans distinction de parti.
Je lui resterai fidèle, comme je vous resterai dévoué, si vous me faites l'honneur de
me choisir encore pour votre Député.
A. DE SAINT-MARTIN,
Député de l'Indre.
Circonscription dISSOVPUN
M. Jacques DUFOUR
Élu au 2° tour de scrutin, «r 6.383 voix.
Citoyens,
Par plus de six mille cinq cents suffrages, vous m'aviez chargé de représenter etde. dé¬
fendre à la Chambre dès Députés les idées et le programme socialistes.
J’ai conscience de n'avoir jamais failli à nies engagements et au devoir que vous iftVies
imposé : aussi, c'est avec la plus grande confiance que je sollicite le renouvellement de
mandat dont vous m'ave? honoré.
Sans jamais abandonner me parcelle de mes convictions politiques et économiques, je
me suis appliqué, à travers les circonstances difficiles de la vie parlementaire, b toujours
servir vos intérêts et ceux du pays tout entier,
Né au milieu de vous, ne ygub ayant jamais quittés, pas même au moment où les ravages
N* H 62
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du phylloxéra jetaient ïa misère la plus noire au foyer de la vaillante : et laborieuse popula¬
tion Vigneronne da notre arrondissement, vous me connaissiez avant que je fusse
votre élu, .
Dans les longues années qui se sont écoulées et pendant lesquelles j’ai eu le grand
honneur de vous représenter soit à l'Assemblée communale, au Conseil général et à la
Chambre, vous avez pu me suivre pas à pas et au gfand jour.
Ce que j’étais hier, je le suis aujourd’hui et te serai demain ; mes actes, mes votes, ma
vie tout entière ne sont-ils pas une profession de foi et mes seuls répondants et
caution ?
Camarades,
Si vous estimez que le lien de confiance qui nous unit et rattachement que vous avez à
la cause des travailleurs ne doivent pas ëitë romans, vous me le direz en renouvelant vos
suffrages.
Vive le Prolétariat organisé l
Vive la République sociale ï
Jacques DUFOUR*
Conseiller général de Pt'ndre,
Député sortant.
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INDRE-ET-LOIRE
Circonscription de CHINON
M. LEFFET
Elu au ltjr tour de scrutin. — 13.090 voix.
Mes chers Concitoyens,
Daus quelques mois, il y aura neuf ans que vous m’avez fait l’honneur de me désigner
pour relever, dans le Chinonais, ledrapeau républicain, qu’un moment d’erreur avait fait
tomber entre les mains de la réaction.
Je crois avoir loyalement rempli le mandat que vous m’aviez donné.-
Aujourd’hui, ce mandat va prendre lin; c’est avec confiance que je viens vous demander
de le renouveler.
Comme en 1895 et en 1898, Fappui unanime de vos sénateurs et de tous vos repré¬
sentants républicains dans le Chinonais m’est acquis ; je puis le dire sans orgueil, mais
avec üerté.
L’heure est difficile, décisive: ce n’est pas le moment de déserter la lutte. Vous me
truuverez toujours sur la brèche, prêt à défendre avec toute mon énergie le parti républi¬
cain auquel j’ai l'honneur d’appartenir. Tous les adversaires de la République sc sont coali¬
sés dans le but de la renverser ; vous connaissez les moyens déloyaux qu’ils emploient,
leurs e (Torts seront vains!
Haut les cœurs, mes chers Concitoyens, face à l'ennemi commun 1
Les républicains de 19G2 ne sont pas encore décidés à abandonner les libertés si vail¬
lamment et si chèrement acquises par leurs ancêtres.
Mon programme, mes chers Concitoyen s, vous le connaissez tous, les actes valent mieux
que toutes les belles paroles ; je n'ai donc pas à insister :
Lois scolaires améliorées le plus possible. — Vote du service de deux ans. — Protec¬
tion efficace de tout ce qui concerne l'agriculture, — Répartition plus équitable des charges
fiscales, avec Fimpôi sur ie revenu, sans inquisition et sans mesures vexatoires. — Vote de
l’ensemble des lois agricoles, sociales et ouvrières, etc.
Tels sont les points principaux que je liens à signaler à votre attention.
Les injures, les calomnies, les mensonges si chers à nos adversaires, vôtre représen¬
tant les dédaigne et les méprise; il peut passer partout la tète haute; il n’a jamais été
l’homme d'aucune compromission, s’il a une promesse à vous faire, c'est de poursuivre,
dans l’avenir, la ligne de conduite que vous connaissez et dont il rie s’est jamais écarté.
Je n’ajouterai rien, mes chers Concitoyens, vous savez qui je suis, car depuis 27 ans
j’habite au milieu de vous; ou pourra employer toutes les perfidies et autres moyens
inavouables contre moi, j'en suis convaincu, on ne parviendra pas à me faire passer à
vos yeux pour un révolutionnaire, un ennemi de la propriété et de la prospérité de mon
pays.
N° 1162
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Partisan du bon ordre, du progrès et de la liberté, mon ambition est de chercher
à améliorer, dans la mesure du possible, le sort des travailleurs des villes et des
me faites l’honneur, mes chers Concitoyens, de m’envoyer au Palais-Bourbon
pour une troisième législature, vous pouvez être assurés de me trouver, dans 1 avenir
Smme par le passé, toujours prêta défendre la République, vos intérêts et ceux de notre
arM> vtus^fligerez une fois de plus dansleChinonais, aux pires ennemis de nos institutions,
une nouvelle et éclatante défaite.
Aux urnes’ Pas d’abstentions!
Vive la République!
LEFFET’ Dépoté sortant,
Candidat républicain indépendant,
Chevalier de la Légion d'honneur.
Circonscription de LOCHES
M. Alphonse CilAUTEMPS
Elu au l"r tour de scrutin, — 9.910 voix.
Chers Concitoyens,
Le Congrès républicain de Loches m’a fait l’honneur, par un vote unanime, de me
confier pour les prochaines élections législatives, le drapeau de la République.
le me soumets à cette décision, et j’entre résolument dans la lutte électorale, tais n
mes idées politiques le sacrifice d’une situation tranquille et honorée.
Procureur de la République à Tours depuis plusieurs années, ayant par des liens e
famille de solides attaches dans voire région, je n’étais pas un inconnu pour un gram
nombre d’entre vous; vous m’avez désigné parce que vous connaissiez mon dévouenient a
la République, parce que vous saviez que vous trouveriez en moi, non pas un républ cam
d’étiquette mais un démocrate sincère, profondément attache, par toutes ses origines e pai
son propre passé, a l’idéal de justice sociale et de liberté politique qui const.tue le fond de
la tradition républicaine et le véritable esprit républicain. ,
C’est contre cette tradition et contre cet esprit que les partis de réaction mènent aujour¬
d’hui une campagne furieuse, accusant le parti républicain d’avoir mal gère les affaires du
navs et affichant la prétention de vouloir sauver la République en en chassant les Repa
blicains. L’histoire de ces trente dernières années démontre l’injustice et l’audace deconcer-
tante dJune telle entreprise, ^
La République avait trouvé la France mutilée, ruinée, isolee ; elle en a ait une nation
assez forte pour que son alliance fût recherchée par un autre grand pays; elle a agrandi le
territoire national de ces vastes domaines qu’elle a conquis dans toutes les ’ j|gs
monde et dans lesquels elle trouvera un élément de puissance politique et de nche se .co-
nomique. Son œuvre extérieure ne l’a pas distraite de ses devoirs envers les ^
envers tous ceux qui travaillent, à l’atelier comme dans les champs; elle a fait d utiles
I
I
I
I
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lois d’assistance, elle a répandu l'instruction à flots, elle a développé et protégé la mutualité
sous toutes ses formes. (Test cette œuvre qu'il s’agît de conserver et de développer, et nul
besoin n’existe delà confier à ceux qui profitent de difficultés passagères, d’ailleurs corn¬
ai unes à tous les pays d’Europe, pour dénier au Gouvernement et aux Chambres de la Répu¬
blique toute compétence, tout dévouement, tout patriotisme*
Le patriotisme n’est le monopole d’aucun parti, et ceux-là ne sont pas les vrais amis de
l’armée qui ne craignent pas de la mêler aux luttes politiques»
Chers Concitoyens,
Vous attendez avant tout de votre député qu’il soit résolu, et je le serai* à favoriser
toute mesure que pourra nécessiter la défense de la République,
Absolument respectueux de Ja liberté dé conscience de chacun, et convaincu que la reli¬
gion! comme toute manifestation de fa conscience individuelle, doit être libre, je considère
cependant comme lois de défense républicaine toutes celles, telles que la loi scolaire, la lot
militaire et la loi sur les associations, qui ont pour objet de confiner la religion dans les
temples et d’affranchir la société civile de tente ingérence théocratique. En permettant au
Parlement de dissoudre certaines congrégations, qui sont moins des ordres religieux que
des associations de conspirateurs politiques, la République ne fera pas autre chose que ce
qu’ont fait toutes les monarchies d’Europe, et même un pape.
Je sais gré au Gouvernement actuel d’avoir rétabli l’ordre dans la rue et mérité h
haine des ennemis delà République»
Cette œuvre de défensive une fois assurée, il appartiendra à la prochaine Chambre de
mener à bien certaines réformes depuis longtemps discutées et mûries,
La plus urgente de toutes est celle de l’impôt : il est temps de procéder à la révision de
notre système fiscal en faisant l’application du principe de la progression ; il est juste que
le superflu paye plus que le nécessaire, que les petits contribuables soient dégrevés, qu’il
soit tenu compte des charges de famille» La déclaration obligatoire du revenu et les moyens
tracassiers qu’elle comporte heurteraient violemment nos habitudes, mais le revenu peut
être apprécié par ses signes extérieurs»
Le pays réclame l’égalité devant l’impôt du sang; ie service militaire peut sans
inconvénient être réduit h deux ans par la suppression de toutes dispenses»
Le problème des pensions de la vieillesse doit être enfin rêsôtti, en y faisant concourir
Le plus possible les sociétés de secours mutuels.
1^ poursuivrai la simplification de la procédure judiciaire et la réduction des frais de
justice ; Rabaissement à dix centimes de la taxe d’affranchissement des lettres ; réorganisa¬
tion plus complète du crédit agricole ; le développement de renseignement agricole à tous
Les degrés et dès l’école primaire; la création des Chambres d'agricu'turi ; la diminution des
tarifs de chemins de fer pour les transports intéressant l’agriculture*
Je m’attacherai par dessus tout a empêcher toute nouvelle augmentation dès impôts;
je chercherai, dans une large décemr ilisation administrative et dans la suppression dés em¬
plois inutiles, les économies sans lesquelles le crédit de la France pourrait être mis èn
périL
Adversaire résolu des doctrines collectivistes, qui aboutiraient â supprimer toute liberté
individuelle et toute initiative, et nous feraient une vie de misère et d’esclavage, je suis
toutefois un partisan déterminé de l’intervention de l’État au profit des faibles',, c'est-à-dire
de J a femme, de Pendant et du vieillard.
Tel est, mes qhers Concitoyens, l’esprit dans lequel, si j’avais l’honneur d’êire votre
représentant, j’aborderaîs les problèmes actuellement posés devant l’opinion publique; je
déploierais, à en poursuivre la solution, toute mon énergie et tout mon dévouement. Je
rendrais compte de mon mandat chaque année, dans les chefs-lieux des six cantons.
Enfin, j’ai pris, devant le Congrès, Rengagement dt’honneur do m'établir définitivement
dans votre arrondissement; je tiendrais ma promesse.
— -
N' 1162
— m ~
La République, menacée par une coalition réactionnaire, compte sur vos libres ^suf¬
frages. Le 27 avril, vous tiendrez à affirmer une fois de plus vos convictions démocra¬
tiques.
Vive la République !
Alphonse CHAUTEMPS,
Magistrat,
Candidat républicain radical,
Candidat du Congrès républicain
lr* circonscription de TOURS
M. DRAKE
Élu au 1er tour de scrutin. — 12.262 voix.
Mes chers Concitoyens,
Eai l’honneur de solliciter de vous le renouvellement de mon mandat.
Depuis plus de huit ans, vous m’avez vu à l’œuvre.
Au Parlement, j’ai participé, avec toute l’activité dont je suis capable, aux travaux lé¬
gislatifs. J’ai pris part à de nombreuses discussions. J’ai été membre de plusieurs Commis¬
sions importantes : de la Commission des octrois, qui peu à peu a consacré 1 ailiancbisse-
ment du vin à l’entrée de presque toutes les villes de France, et complété ainsi le dégrè¬
vement des boissons hygiéniques ; de la Commission de prévoyance où j’ai défendu, au
sujet des retraites ouvrières, le système de la liberté et de l’encouragement à l’initiative
individuelle, contre lo système du Gouvernement, qui était l’impôt et l’obligation. L’enquête
de 1901, faite auprès des intéressés, m’a donné raison.
Dans les débats politiques, je n’ai jamais déserté le programme républicain auquel vous
avez donné votre confiance en 1893 comme en 1898. Il se résume en ces mots ; liberté,
tolérance, progrès, sans réaction ni révolution.
C’est sur ce programme que le pays doit se prononcer à nouveau en face d’un G ou ver-
nement qui s'est fait L'instrument servile de la tyrannie jacobine, qui a placé le collectif
visme au pouvoir* et qui a réduit le parti radical à n3être plus rien sans l'appui des collec¬
tivistes, auxquels le pays est livré.
Les destinées du pays et do la République sont entre vos mains.
Si vous êtes contre le collecti visme qui supprime la propriété individuelle, si vous êtes
contre le régime des grèves qui ruinent le travailleur, si vous êtes pour la protection du
travail par l'ordre et le progrès ;
Si vous repoussez le monopole de l'éducation par l'Etat, et si vous soutenez, avec les
plus illustres républicains, la liberté d’enseignement ;
Si vu us êtes contre le désordre financier, qui, gràc? aux complaisances du Gouverne¬
ment pour les surenchères électorales, a creusé le déficit, ouvert le grand livre de l'em*
prunt, et augmenté les impôts; si vous voulez T économie dans le budget;
Si vous êtes opposés à TanèamUsement de Tannée que les internationalistes veulent
transformer en milice; et si, tout en réduisant le service militaire à deux ans* vous exigez
les précautions nécessaires pour maintenir les cadres et les effectifs, assurer 1 instruction
des soldats et sauvegarder la force militaire du pays ;
— 384 —
Si vous voulez que de meilleures habitudes parlementaires, qu’un règlement plus sé¬
vère rendent véritablement efficace le rôle du Parlement ;
Votez encore une fois pour moi î
Ce programme est le mien.
Le scrutin du 27 avril a une importance capitale.
Le peuple, — qui est souverain, dont la volonté est la véritable loi, qui a môme le
droit, s’il le jugeait nécessaire, de demander jusqu’à la révision de îa Constitution — le
peuple jugera la politique qui depuis trois ans nous a courbés sous le joug sectaire et a
vidé notre trésor public,
La vraie défense républicaine c’est la défense des contribuables, de l’armée, de la
patrie et de toutes nos libertés.
Vive la République î
Jacques DRÀKE, Député sortant.
Conseiller général de Montbazon,
Conseiller municipal de Tours -Centre,
Candidat républicain .
2e circonscription de TOURS
M. TiPHÀlNE
Elu au 2e tour de scrutin. — 13.971 voix.
Mes chers Concitoyens,
En me représentant à vos suffrages, après onze années de mandat, je viens vous de¬
mander si j’ai accompli le devoir républicain que vous m’avez confié.
Nous nous connaissons depuis longtemps. Notre programme commun comporte de
nombreuses réformes, qui doivent aboutir rapidement, si nous ne voulons pas décourager
la démocratie,
La plus urgente de ces réformes est celle de notre système fiscal, qui frappe lourde¬
ment les faibles et ménage les puissants. Le fardeau est léger pour la fortune acquise,
excessif pour les revenus du travail. L’impôt est écrasant pour la masse des culti¬
vateurs.
Ne méritent-ils point un allégement de leurs charges? Ils ne ^obtiendront efficacement
que par l’impôt progressif sur le revenu qui les déchargera et sera le grand dégrèvement
des campagnes.
Les réformes sociales réclament aussi de promptes solutions.
Les conditions du travail se sont transformées. La puissance de l’argent est devenue
telle qu’elle tend à tout accaparer au détriment des consommateurs et des travailleurs.
Ët pendant ce temps, le petit* qu’il soit cultivateur, commerçant, ouvrier ou retraité,
succombera parce qu’il est faible et isolé, s’il n’est secouru par des lois protectrices et hu¬
maines, Il faut améliorer son sort dans la lutte pénible qu’il soutient pour la vie et créer un
ensemble d’organisations de prévoyance et d’assurance qui le mettront à l’abri des risques
sociaux et rassureront son courage.
Tel je comprends le devoir social; et, empruntant le langage de M. Goblet, je dirai :
« C’est pourquoi un grand nombre de radicaux dont je suis, ajoutent à leur titre celui du
— 38n —
N° I 1 62
socialiste, et, tout en repoussant formellèment le collectivisme, qui est la négation de la
propriété individueile, n'en sont pas moins les adversaires résolus des monopoles capita¬
listes et les partisans d?uoe meilleure organisation du travail* »
Dans Tordre politique, le vote de la loi contre les congrégations a pris une importance
capitale : il devra mettre fin au développement de ces associations dangereuses, qui bravent
toute autorité et tendent à créer un État dans l'État*
L'abrogation de la loi Falloux, qui a livré l'enseignement aux jésuites, est attendue
comme une mesure de défense républicaine*
Peut-on souffrir plus longtemps que « deux jeunesses, moins séparées par leur con¬
dition sociale que par l'éducation qu'elles reçoivent, grandissent sans sc connaître jus¬
qu’au jour ou elles se rencontrer ont si dissemblables qu'elles risqueront de ne plusse
comprendre » ?
La réduction du service militaire à deux ans pour tous est admise en principe; elle sera
votée par l'assemblée de demain.
Au premier rang de nos préoccupations } nous plaçons les intérêts de 10 millions de
cultivateurs t L’agriculture est la principale source de Infortune nationale. Le législateur
doit, sans relâche, rechercher les moyens pratiques pour éviter ou abréger les crises agri¬
coles et pour assurer enfin, à ceux qui travaillent la terre et font vivre les^autres, une pros¬
périté stable qui profitera à tons*
Promise depuis longtemps, la loi * sur les boissons est enfin votée* Elle est excellente.
En supprimant les droits d'entrée sur les vins, en abolissant l'exercice chez les débi¬
tants et en consacrant le droit des bouilleurs de cru, elle a été une loi de délivrance et de
libération.
A cette loi, dont le texte paraît si clair, T Administration a donné une interprétation
étroite et antilibérale* D'où poursuites, procès, amendes contre de nombreux bouilleurs de
bonne foi qui avaient compris la loi comme nous-même.
La question a été portée dans les réunions, dans la presse, à la tribune, devant les tri¬
bunaux. Elle devra revenir devant la Chambre de 1902 pour y recevoir les modifications
nécessaires.
Par ces quelques lignes, j'ai voulu donner un aperçu de la politique républicaine que
j'ai soutenue .
Grâce à l'union féconde et à la fidélité du parti radical et du parti radical socialiste,
le ministère Waldeck-Rousseau s'est affirmé et a triomphé contre toutes les coalitions
réactionnaires pendant trois années : durée qu'aucun cabinet n'avait pu atteindre jus¬
qu'ici.
Puisse le suffrage universel donner à ce parti de gouvernement réformateur et anticlé¬
rical la majorité, qui permettra de continuer l’œuvre commencée et d'imprimer à la Répu¬
blique la direction la plus conforme aux revendications de la démocratie I
A. TIPHA1ÎNE,
Maire de Monnaie,
Conseiller général de Vouvray,
Président du Comice agricole populaire de l'arrondissement
de Tours,
Député sortant*
49
ISERE
V* circonscription de GRENOBLE
M. Gustave RIVET
Elu au 1er tour cto scrutin. — 7,736 voix.
Électeurs^
Pour la sixième fois* je sollicite vos suffrages.
Depuis bientôt vingt ans, j’ai l’honneur de vous représenter* et j’ai fait tons [mes efforts
pour bien défendre vos intérêts ot bien servir la République. Fort de ma conscience, je vais
la tête haute et je n’ai que mépris pour ies injures, les attaques, les calomnies et les men¬
songes inspirés par la plus insigne mauvaise foi, par les plus basses ambitions, — et h qui
leur origine enlève toute importance et tout crédit*
Vous me connaissez, — aussi np ferai-je pas une longue profession de foi*
Je n’ai pas besoin de rappeler et d’énumérer toutes les réformes que nous voulons
poursuivre et réaliser*
Je dirai simplement comme par le passé, je réclamerai :
La réforme démocratique de T impôt*
La réduction du service militaire, sans toutefois affaiblir notre armée et ébranler la
securité nationale.
Pour défendre et protéger l'agriculture, je voux toute la série des lois élaborées et pré¬
parées par le groupe agricole dont je fais partie.
Je veux toutes les lois qui doivent assurer la suprématie de l’État laïque et préparer la
séparation du TÉglise et de l’État.
Avec la création des Caisses de retraites, je veux toutes les améliorations sociales qui
n attentent ni à la liberté, ni à ia propriété individuelle*
Je suis pour la paix et la fraternité contre la lutte de classes, pour l’union féconde du
capital et du travail contre les semeurs de haines, de grèves, d’agitation si nuisibles à la
prospérité nationale* Je suis contre les prédicateurs de spoliations, de violences, de ban¬
queroute et de révolutions,
A T attaque de toutes les réactions cachées sous le masque nationaliste, aux menaces et
aux dangers du collectivisme révolutionnaire, opposons la ligue des braves gens, des bous
démocrates, des sincères républicains*
Dauphinois, tenons liant et ferme le drapeau de la vraie République de progrès et de
réformes, d’ordre et de travail, de Justice et de paix sociales I
Vivo la République !
Gustave RIVET, Député sortant,
Vice-président du Conseil général*
2'- circonscription de GRENOBLE
U. FICHAT
Elu au 2* tour do scrutin, 12.894 voix.
Mes chers Concitoyens,
Depuis trente-cinq ans que j’appartiens à la vie publique, soit comme Conseiller d ar¬
rondissement, soit comme Conseiller général de l’Isère, j'ai toujours lutté dans notre dépar¬
tement pour îa République contre toutes les Réactions.
Contre les Réactions dans le passé ,
Enfant du peuple, ayant vécu ia vie du travailleur des champs durant toute ma jeu¬
nesse, privé moi-même d’instruction jusqu'à l’âge de quinze ans, fai compris de bonne
heure que la République devait être le Gouvernement d’une grande et généreuse Démo¬
cratie comme la nôtre, parce qu’elle favoriserait, de plus en plus, l'ascension du Peuple en
améliorant son sort matériel et moral.
Aussi ai-je lutté de toutes mes forces contre l’Empire en soutenant, dès 1869, le pre¬
mier candidat républicain du déjbrtnmeut, M, Riondel, qui se portait contre le candidat
officiel de l’Empereur. M. Champoïiion. Simple fonctionnaire, je fus alors menacé d’une
révocation par la Préfecture, révocation qui aurait été suivie d’effets, si M. Blondel et le
parti républicain n’avaient triomphé. *
Plus tard, en 1877, j’ai combattu la réaction royaliste, et, dans mon propre canton, je
menai une empagne énergique contre le 10 Mai et l’Ordre Moral, dont les promoteurs pré¬
tendaient restaurer la monarchie et renverser la République,
Enfin, aux côtés de M. Aristide Rey, je n’ai pas hésité à combattre la réaction cléricale,
lorsqu’aux dernières élections législatives, M. Riessy se présenta à nos suffrages, et j ac¬
compagnais dans toutes les communes de mon canton le vieux républicain Aristide Rey, qui
voulait bien me considérer comme un vieil ami politique et comme son plus ancien com¬
pagnon de luttes.
Le Petit Dauphinois, d’ailleurs, le reconnaissait, et dans son numéro du 20 juillet 1895
il rendait lui-même hommage « à mon dévouement avéré et ancien à la République ».
Or, aujourd’hui, une nouvelle rêactmn menace la démocratie, c’e.st la réaction collec¬
tiviste.
Une nouvelle réaction : le Collectivisme.
Après avoir puisé ses théories en Allemagne, qui se garde bien de les mettre en psa-
tique, le collectivisme révolutionnaire a répandu ses doctrines en franco et voudrait faire
de la République une tyrannie insupportable.
Il voudrait rendre -l’État maître absolu de la terre, de l’industrie et du commerce.
Il voudrait donner à l’Kiat le droit do réglementer la famille, pour arriver peu à peu à
la faire disparaître, en prônant l’union libre, en enlevant l'éducation des enfants à leuis
parents et eu supprimant l’héritage.
11 voudrait, enfin, la suppression des frontières et l’intcniationalismo, rêve utopique
réalisable peut-être dans deux cents ans, mais qui, pour 1 instant) ferait de la Franco ia
proie de l’étranger, et nous rendrait bientôt tributaire donations qui augmentent, de joui en
jour, leurs forces militaires.
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■
Devant le Collectivisme, l’Union s’impose.
Devant les dangers d’une pareille doctrine révolutionnaire, le parti républicain tout
entier comprit que l’union s’imposait.
Déjà, grâce à cette union, il avait barré la route aux collectivistes de Grenoble, lors des
élections municipales de 1900, et sa victoire avait été éclatante.
A. la veille des prochaines élections législatives, la même union avait été réalisée. Il y
a trois mois, à peine, les républicains, écartant toutes questions irritantes de personnes et
de parti, avaient décidé d’oppser un candidat unique, M. le docteur Girard, à M. Zévaês.
Entre ces deux candidats, la défaite du collectivisme était assurée.
Or, c’est â ce moment môme, qu’une coterie, « La Ligue des Droits de l’homme », a cru
bon de 'diviser le parti républicain en présentant aux suffrages des électeurs un jeune
homme, M. Vallier, faisant appel aux seuls radicaux socialistes pour combattre le collecti¬
visme.
Qu’était donc M. Vallier?
Un jeune homme qui, il y a deux ans à Grenoble, figurait en tête de la liste des collec¬
tivistes aux élections municipales de 1900 et qui réunissait sur son nom â.500 suffrages
révolutionnaires.
Un jeune homme qui a pour tout passé politique d'avoir pendant quatre ans combattu à
côté des collectivistes, en flétrissant, à l'exception du Droit du Peuple , tonte îa presse répu¬
blicaine : Petit Dauphinois, Réveil du Dauphiné f Progrès et Lyon Républicain, tous arti¬
sans de la concentration.
Et c'est ce jeune homme qui, non content de briser FUiiion républicaine, excommunie
de la République tous ceux qui n'en ont pas sa conception.
On ni' a demandé de réaliser cette Union*
C'est alors que de nombreux républicains sont venus me trouver, mettant en avant
mun passé républicain et les services que j’ai rendus au département depuis trente-
cinq ans.
Ils m'ont prié de faire appel à tous les républicains, sans distinction d'épithètes.
Sans ambition, mais conscient de mon devoir à remplir, j'aï accepté.
J'ai mis toutefois une condition.
C'est que je n'aurais à subir le mot d'ordre d'aucun comité, d'aucune coterie, d'aucune
ligue.
Je me suis présenté simplement aux électeurs, soutenu par le Réveil du Dauphiné, le
plus ancien organe du parti républicain dans l’Isère.
l'ai visité toutes 'es communes,
le me suis rendu dans tous les quartiers de Grenoble,
Partout j'ai dit ce que j'étais.
Partout on a bien voulu me réserver le meilleur accueil*
XIDN PROGRAMME
Dans ces conditions, mon programme ne peut être qu'un programme d'union.
H se résume en deux mots :
« Faire appel à tous les républicains pour lutter contre le collectivisme, en substituant
aux promesses chimériques des révolutionnaires des réformes démocratiques immédia¬
tement réalisables. »
Agir autrement serait faire œuvre de division.
Repousser telle ou telle fraction du parti républicain serait un crime.
Malgré mon passé et mes trente années de lutte pour la République, je n'en exclurai
jamais personne.
M. Waldeck-Kousseau, d’ailleurs, le disait très justement dans son grand discours de
Bordeaux en 1 897 :
« S’il en est qui croient que, même par les plus éclatants services, on peut acquérir sur
la République une sorte de droit de priorité et de domaine privé im partageable, il faut
hardiment répondre que, si grands qu’aient été ces services, ils ne peuvent conférer ni
droit de préférence, ni privilèges.
« La République ne peut être qu’ouverte ou fermée.
« Fermée ! c’est la tyrannie passagère et c’est aussi la négation de son principe.
« Ouverte, c’est la liberté avec toutes ses conséquences ».
C’est sur ce terrain que je place ma candidature.
Dauphinois, je fais appel à tous ceux qui veulent sauvegarder notre pays des funestes
effeis des doctrines révolutionnaires.
Travailleur, arrivé par mon travail persévérant, je m'adresse à tous ceux qui croient
que des jeunes gpns ont assez bouleversé notre circonscription et trompé les travailleurs,
dont ils n’ont jamais partagé les peines, ni vécu la vie laborieuse et pénible.
Républicain, ayant consacré trente ans de ma vie au service du département, je livre
mon passé tout entier à votre appréciation.
Mes chers Concitoyens,
Si vous croyez que l’heure est enfin venue de grouper toutes les forces des travailleurs
dauphinois et républicains contre ia dernière réaction qui nous menace, la réaction collée*
tivisie, je vous demande de faire votre devoir comme nous l'avons fait nous- même en
1869, en 1877 et en 1898, avec les chefs du parti républicain de l’Isère.
Je compte sur votre patriotisme et sur votre foi invincible dans l’avenir de la République .
et de la France!
F. PICHAT,
Architecte, maire de Saint-Laurent-du-Pont,
Conseiller géuéral;'de l’Isère.
PlIOCR.WIME DE M. PlCÏUT.
Mes chers Concitoyens,
Je suis de ceux qui ont fondé le parti républicain dans l’Isère et je crois l’heure venue
pour tous les travailleurs de s’unir dans la République, de plus en plus forte et de plus en
plus soucieuse d’abandonner les luttes de parti et l’action révolutionnaire, pour chercher à
améliorer pratiquement leur sort matériel et moral,
Ati point de vue politique.
Défense de la République contre tous les périls qu’elle pourrait courir. Je l’ai dérendue
en 1877, en 1893 et en 1898. Je suis prêt encore à la défendre.
Au point de vue social.
Protection du travail national contre la concurrence étrangère.
Répression sévère de l’agiotage et des opérations frauduleuses de Bourse, favorisant
aux dépens du travail national la réalisation de fortunés scandaleuses et injustes.
Nécessité de restreindre immédiatement les dépenses nationales, afin de diminuer
l’impôt et d’arrêter le déCcit qui nous écrase.
Fortifier le pays contre les attaques d’ennemis qui augmentent chaque jour leurs forces
militaires, en plaçant l'année en dehors de la politique et en la composant de plus en plus
de soldats de carrière. Ainsi sauvegardée, et de l'avis même de ses chefs, l'armée peut
diminuer le temps de service militaire. C’est dire que je voterai ïc service de deux ans.
Pour les ouvriers :
©rganisation des retraites ouvrières, qui doivent être le premier souci de la législature.
Établissement de l'obligation du repos hebdomadaire.
Organisation des Conseils départementaux du travail élus par les patrons et par les
ouvriers, destinés à régler, par profession, toutes les questions intéressant le travail (salaire,
heures de travail}.
Protection de la femme et de l'enfant, à l'usine, à l'atelier, au magasin*
Développement des mutualités et de l'instruction professionnelle ouvrière.
Approbation, en principe, et sous réserve des économies urgentes et nécessaires u
réaliser dans tous les services nationaux i des revendications formulées par les employés
de chemins do fer, eu ce qui concerne les pensions de retraite, les congés, les salaires et
appointements, les amendes, la prud’homie et les conseils du travail Ces réformes ont été
acceptées par une lettre que j'ai adressée au Président du Syndicat de Grenoble, le
18 avril 1902.
Pour les commerçants :
Défense du petit commerce contre tous les monopoles.
Modification des patentes grevant d’une façon inégale le grand magasin et le petit
commerce.
Approbation des revendications si justes formulées par le Syndicat des limonadiers et
des débitants, et acceptées par moi dans une lettre du 9 avril au Président du Syndicat de
Grenoble.
Pour les cultivateurs:
Protection de la vie du cultivateur en lui appliquant les avantages des retraites ouvrières
dont on voudrait l'exclure.
Protection de la terre par la diminution des frais de ventes judiciaires d’immeubles,
des droits de mutation sur les ventes de propriétés rurales et par la réforme de l'impôt
foncier*
Protection de la vente des produits ruraux, blés et récoltes, par le maintien des tarifs
douaniers et par l'interdiction pour l’Écat d'acheter les objets d'alimentation de l'armée à
d'autres qu'à des cultivateurs français.
Je soumets ce programme à tous les électeurs sérieux, à tous les républicains qui ont
vécu, comme moi depuis 50 ans, de la vie du travailleur et qui veulent, avec la liberté pour
tout le monde, moins de politique stérile et plus de réformes pratiques.
Vive la République démocratique !
Vive la France !
PI GIIÀT,
Conseiller général de l'Isère,
Candidat d'Uniou républicaine.
3e circonscription de GRENOBLE
M» VOGELI
Élu au 1er tour du scrutin, — 7-625 voix.
M, Vogeli n’a public aucun programme électoral. La pièce suivante a été adressée aux
électeurs par les soins de son Comité*
CANDIDATURE DE CONCENTRATION ET D*UNI0N RÉPUBLICAINES
Adresse à M . VOGELI
A AL Félii VOOjBliï, ancien Député, Conseiller générai du canton de Cl elles.
Monsieur et cher Collègue,
Par votre situation personnelle indépendante, par votre limite culture intellectuelle,
par vos grandes qualités de cœur, par votre passé et votre autorité politique dans ce pays,
vous ôtes au-dessus des vaines satisfactions que donnent les fonctions publiques. CTest donc
à fa cçôm plisse nient d'un véritable devoir que nous vous appelons en vous demandant de
nous donner votre nom, synonyme de vrai républicanisme et de loyauté politique, en vous
demandant d’accepter la candidature aux prochaines élections législatives dans la 3° cir¬
conscription.
Républicain d'origine et de tradition, fondateur du « Réveil du Dauphiné », organisa¬
teur du parti républicain dans FIsère, vous avez acquis des titrés et des droits à la recon¬
naissance de vos concitoyens; mais vous avez aussi encouru des responsabilités qui vous
obligent à rester à la tête de ceux à qui vous avez appris à aimer la République et à la con¬
sidérer comme le gouvernement nécessaire.
Votre passé, les luttes sou tenues , les diverses manifestations de votre vie publique,
vous permettent, — à vous que Gambetta honorait de son amitié, à vous qui êtes dans ce
département le fidèle continuateur de sa politique, — de dédaigner toutes les insinuations
intéressées, de vous placer au-dessus des mesquines querelles de coterie, de réaliser
fanion large de tous les républicains que n’aveugle pas l'esprit sectaire, et de mériter la
confiance de ions ceux qui, à quel titre que se soit, se réclament de la grande idée répu¬
blicaine.
Mais si nous nous adressons aujourd’hui à vous, si nous faisons un nouveau et pressant
appel à votre dévouement, ce n’est pas uniquement parce que vous êtes un républicain sans
tache, sans compromissions et sans défaillances qui a su imposer lé respect à tous par une
carrière noblement remplie, c’est aussi parce que nous savons, ayant été à même de les
apprécier, les grands services que vous avez déjà rendus à notre circonscription et que vous
lui rendrez encore lorsque les électeurs* revenus d'une surprise habilement préparée et
dont ils ont été les premiers h reconnaître les effets, vous auront rendu au Parlement la
place que vous y avez occupée si dignement et de façon si profitable aux intérêts de vos
concitoyens.
Pendant les quatre années que vous avez été à la Chambre, le représentant de notre
région, vous y avez conquis une situation honorable par votre assiduité, votre travail, votre
savoir et votre caractère. Ifavez-vous pas été membre de beaucoup de Commissions très
importantes? IN 'avez-vous pas été membre, pendant deux années consécutives, de la Com¬
mission du budget, toujours composée de l’élite de la représentation nationale, et vos col¬
lègues do celte Commission ne vous ont-ils pas désigné, à deux reprises, comme rapporteur
du Budget dos Postes et Télégraphes, qui comporte une dépense de 250 millions ?
Vous avez apporté à la Chambre les mêmes qualités de précision, de méthode, de fran¬
chise, qui vous ont fait une place prépondérante dans notre Assemblée départementale, où
vous représentez, depuis vingt-cinq ans, les électeurs du canton de Ciel les. Au Conseil gé¬
néral, vous prenez part à toutes les discussions importantes, apportant le concours si pré¬
cieux de vos connaissances financières et Tautorilé de votre grande expérience, où tous
vos collègues vous apprécient et vous respectent.
Dans l’intérêt, supérieur de la ftépublique, comme dans l’intérêt spécial de notre cir¬
conscription, il faut en finir avec la politique de coterie, avec la politique de haine et de
rancune, dont tous les résultats se limitent à des déplacements de fonctionnaires, petits ou
grands, et à des vexations sans trêve ni merci.
Connaissant votre esprit large et tolérant, l’estime et la sympathie que vous accordent
tous les honnêtes gens, nous estimons que vous seul pouvez faire dans notre circonscription,
la concentration et Punion véritable entre les républicains qui veulent pour tous Injustice
et la liberté.
Quelles que soient les divergences qui peuvent exister entre nous sur certains points
de la politique, nous nous sommes unis dans la même pensée pour vous offrir la candida¬
ture; car nous savons, grâce â votre passé, quelle confiance nous pouvons avoir dans vos
convictions et votre loyauté. En agissant ainsi, nous avons conscience de faire œuvre utile
et juste, de servir les intérêts de nos régions et de répondre aux sentiments de la très
grande majorité des électeurs de la 3e circonscription.
Faites votre devoir en acceptant.
Les électeurs sauront faire le reste*
àmàr, conseiller général du canton de Vi)Iard-de-Lans ;
Charbonnier, conseiller général du canton de Bourg-d’Qisans ;
Chion-Ducollet, conseiller général du canton de La Mure;
David, conseiller général du canton de Valbonnais;
Durand-Savotat, sénateur, conseiller général du canton de Mooestier-
de-Clermont.
Acceptation de M . VOGELJ
Voici la lettre que Mt Vogeli fa adressée à ses collègues au Conseil général, MM. Àmàr,
Charbonnier, Chion-Ducollet, David et Dur.and-Savoyat ;
« Chers Collègues*
« le vous ai exposé souvent les motifs d'ordre tout à fait personnel qui m’avaient fait
résister aux nombreuses sollicitations dont je suis l’objet depuis six mois, aussi bien qu’aux
vôtres. Vous insistez cependant : vous parlez des responsabilités que m’a créées un long
passé.
« Puisque vous pensez que je puis encore être utile à notre circonscription et que IV
nion des républicains peut se faire sur mon nom, puisque vous faites appel, non pas seule¬
ment au dévouement, mais au devoir, j’accepte et je suis avec vous.
a F. VOGELI * «
— 393 —
N° 1162
Circonscription de SAINT-MARCELLIN
M. CHENAVAZ
Élu au 2e tour de scrutin, — 11,053 voix.
Mes chers Concitoyens,
Les nombreux témoignages de sympathie et de confiance que m'ont adressés, depuis
trois mois, les associations et comités républicains de l’arrondissement de Saint-Marcellin ;
les manifestations toutes spontanées des représentants (maires et adjoints) de plus de
80 communes de nos cantons, ainsi que de plusieurs Conseils municipaux, reconnaissant
avec quel entier dévouement J’avais consacré tous mes efforts, souvent avec un plein succès,
— au service et à la défense des affaires communales et des intérêts de leurs administrés,
_ me font un devoir de solliciter de nouveau le renouvellement du mandat que vous m'a¬
vez confié en 1895 et 1898.
Dédaignant la campagne de dénigrement d’adversaires de mauvaise foi, de spécu¬
lateurs professionnels de mensonge et d’imposture, appliqués à dénaturer mes actes ou à
falsifier mes votes et leur signification, je prétends avoir prouvé que je suis toujours resté
fidèle aux traditions, aux programmes, à Fesprit républicains et démocratiques.
Pendant la dernière législature, j'ai adhéré et collaboré à cette imposante concentra¬
tion qui a groupé toutes les forces démocratiques, sincèrement et avant tout républicaines,
autour du drapeau que tenaient avec tant de fermeté, de vaillance et de supériorité,
MM. Émile Loubet et Waldeck-Kousseau, pour repousser les assauts du nationalisme, du
césarisme et de tous les partis de désordre, de la démagogie réactionnaire ou anarchiste
révolutionnaire.
Cette union, cette concentration républicaine, en assurant l’affermissement de nos
institutions, a bientôt dispersé les bandes nationalistes de cléricaux honteux, se dissi¬
mulant sous des appellations républicaines diverses et se parant d’un patriotisme de parade
et de faux a loi.
Sous l’égide d’une majorité exclusivement républicaine, résolu à repousser toutes les
attaques de la contre-révolution, le Parlement a pu, par un travail fécond, donner au pays
quelques réformes importantes ; la réforme des boissons, première tentative efficace contre
la législation de 1816; la réforme des droits de succession, liquidés seulement sur l’actif,
déduction faite des dettes; la suppression des octrois, de l’exercice; la loi sur les sociétés
de secours mutuels; sur la limitation des heures de travail pour les enfants et les femmes
dans les usines; sur les accidents du travail; sur le payement des salaires, etc., etc.
Le Parlement a pu surtout assurer aux mains du gouvernement, une arme assez puis-
saute pour tenir en respect, en attendant des ipesures plus énergiques, le pouvoir occulte
des congrégations internationales, envahissant et menaçant de dominer la société civile et
d’absorber la fortune nationale.
Une majorité fermement républicaine et plus réformatrice est nécessaire dans la
nouvelle législature pour compléter et améliorer l’œuvre de ses devancières. Le suffrage
universel y pourvoira.
21ie réalisera, enfin, nous F espérons, ces grandes réformes toujours attendues, toujours
réclamées par la démocratie : la réforme de l'impôt, par l’impôt progressif sur le revenu,
remplaçant les contributions des portes et fenêtres, la contribution mobilière, l’impôt fon¬
cier sur les propriétés non bâties, — pour réaliser la réfection du cadastre ; — la loi sur les
retraites ouvrières, étendue aux travailleurs agricoles et aux petits propriétaires, oilti-
50
— 394 —
vateurs, dont les labeurs incessants, exposes h tant d’aléa, ne produisent que des revenus
inférieurs aux salaires de la plupart des ouvriers industriels; — la réforme de la loi mili¬
taire, réduisant à deux ans le service militaire égal pour tous; suppression des 28 et 13
jours, ainsi que les dispenses et exemptions militaires, sauf pour les soutiens de famille.
Des mesures énergiques de préservation sociale devront être prises contre les spécula¬
teurs et accapareurs, pour enrayer ces trusts internationaux, formidable fléau qui menace
la fortune, la liberté et l’indépendance nationales*
C'est à cette œuvre que je sollicite l’honneur de collaborer pour la défense de notre
agriculture, de notre commerce et de notre industrie, sans oublier le patrimoine intellectuel
et moral de notre race, fécondée par la Révolution française*
Je m’inspirerai, en un ihot, des aspirations et des desiderata proclamés dans le mani¬
feste du Congrès des républicains, des radicaux et des radicaux-socialistes, sons lus
auspices des représentants aimés et vénérés de la Démocratie républicaine : les Goblet
Léon Bourgeois, Brïsson, Camille Pelletan, Isambert. auprès desquels j’avais i’hormeur de
siéger.
Egalement éloigné des fauteurs de réaction cléricale et des prédicateurs de la lutte de
classe et de la suppression de la propriété individuelle, c’est par la fraternité et la solidarité
républicaine; c’est par le respect de la liberté et de la propriété individuelle, par l’égale
répartition des charges publiques, que j’espùre collaborer à raffermissement de la Répu¬
blique démocratique anticléricale*
Vive la République I
Octave CHE3NÀY.4Z,
Conseiller général de P Isère,
Député sortant*
ITe circonscription de LA TOUH-DU-PIN
M. BAJQN
Élu au 1er tour de scrutin. — 9.U33 voix*
Mes chers Concitoyens,
Pins que jamais il est nécessaire que l’œuvre d’accomplissement des promesses répu¬
blicaines engagées à nouveau par un gouvernement républicain soit énergiquement pour¬
suivie* 11 faut que, dans une assemblée où seront impuissantes les minorités réactionnaires,
la politique des réalisations succède à la politique stérile des ajournements*
Sur plusieurs questions essentielles nous pouvons espérer la majorité.
Il faut abroger la funeste loi Falloux, germe de la division entre les Français*
Il faut, par l'adoption d’un système d’impôt sur le revenu, qui ne doit plus rencontrer
aujourd’hui la résistance du Sénat, modifier les charges injustement réparties de l’impôt
actuel*
Il faut y joindre l’adoption prochaine des lois organisant les retraites pour la vieillesse,
l’assistance publique pour les travailleurs des villes et des campagnes*
L'allégement des charges militaires et la diminution de cet impôt du sang qui pèse d’un
poids si lourd sur la classe la plus pauvre et Ja plus laborieuse de la nation doivent être
poursuivis et réalisés sans délai par la réduction à deux ans de temps du service militaire
et la suppression ou la réduction des périodes d’exercices.
m —
N° H 62
Telles sont les solutions immédiates ou prochaines que devra réaliser ia législature, si le
suffrage répond aux espérances de la République.
Il va sans dire qu’en ce qui concerne la protection spéciale de l’agriculture et du travail
national notre action ne doit pas être moins résolue. Soit qu’il s'agisse de la culture du blé,
que la loi récente des admissions temporaires a pour objet d'améliorer ; soit qu’il s’agisse
de cette industrie capitale dans notre région, le tissage de la soie, que j’ai défendu et que je
défendrai toujours de tous mes efforts; soit qu’il s’agisse de la culture spéciale du tabac,
tout mon concours est acquis sans réserve à ces intérêts légitimes des agriculteurs, des
industriels et des ouvriers.
Ces intérêts, j’ai eu l'honneur de les défendre, tant dans les commissions qu’à la tribune,
par mes votes et par la parole. Si vous m’en confiez à nouveau la charge, je compte les
défendre encore en toutes les circonstances utiles, en ne les séparant jamais de la grande
cause de la République et en ajoutant l'expérience acquise à un dévouement que rien ne
pourra lasser.
Vive la République démocratique!
Claude-Antoine RAJON.
P. -S. — En ce qui concerne la culture du tabac, dont l’extension a été décidée dans le
département de l’Isère, j’estime qu’il y a urgence à donner aux planteurs les garanties légi¬
times, pour la livraison des récoltes, et qu’il y a lieu pour le choix des experts d’admettre le
principe de la désignation par le vote des planteurs.
2° circonscription de LA TOUR-DU- PIN
M. CIIANOZ
Élu au 1er tour de scrutin. — 10.755 voix.
Mes chers Concitoyens,
Par 52 voix sur 58, les maires de notre circonscription ont approuvé la ligne politique
que j’ai suivie à la Chambre et m’ont offert à nouveau la candidature aux prochaines
élections législatives. J’ai été profondément touché de cette nouvelle preuve d’estime et de
sympathie.
Mon devoir de républicain est de répondre à l’appel de vos représentants, et je viens,
avec confiance, vous demander de ratifier leur choix.
Mon programme est celui qui m’a valu vos suffrages en 1900.
Comme il y a deux ans, je suis le candidat de l’union des républicains pour la défense
et le progrès de la République, et l’adversaire résolu du cléricalisme.
Jesuis partisan de la réforme de l’impôt, voulant que les chargeâmes contribuables soient
basées réellement sur le revenu de chacun.
Je veux la faculté pour les communes de répartir les prestations au marc le franc.
Je veux la diminution des gros traitements et le relèvement des petits.
Je suis partisan de la création des caisses de retraite pour la vieillesse et pour les inva¬
lides du travail.
Je voterai, comme je l’ai déjà fait, la réduction des charges militaires, pour rétablisse¬
ment du service de deux ans et la suppression des périodes d’exercices, surtout colles de
treize jours.
— 396
Je soutiendrai de toutes mes forces vos intérêts légitimes et emploierai tout mon zèle à
étudier les besoins de notre belle circonscription.
Mes chers Concitoyens,
En me donnant; il y a deux ans, vos libres suffrages, vous avez voté pour un sincère
républicain. Je suis resté fidèle à mes engagements.
J'ai suivi la ligne politique qui est celle de notre pays si profondément épris de justice,
de liberté. Élu par vous aux élections du 27 avril, je serai ce que j’ai toujours été, un servi¬
teur dévoué de la démocratie.
Vive la République !
A. CHANOZ,
M aire de More s te 1 , con se i t ï e r gè n ér a 1 ,
Député sortant.
1TG circonscription de VIENNE
M. BU VAX
Élu au 2d tour de scrutin. — 10.266 voix.
Mes chers Concitoyens,
Vous n'attendez pas de moi une longue profession de foi. J’y mettrai peu de promesses.
C'est le devoir d’un honnête homme de ne promettre que ce qu'il peut tenir. Mais ce que je
puis vous affirmer c'est que je suis un républicain ardent. Démocrate convaincu, j'ai toujours
pensé que la République devait à ses origines et à ses traditions de réaliser tous les progrès
qui amélioreront le sort des travailleurs de la terre et de râtelier, ainsi que de ces petits
commerçants écrasés sous le poids des impôts et des patentes.
La République est par définition le gouvernement de tous, mais elle doit surtout jeter
un regard de sympathie sur les humbles et les petits. Vous croirez à ma foi démocratique.
C'est la même qui animait, aux jours tristes et déjà lointains de l'Empire, le républicain si
ferme et si pur dont je m'honore d'être le fils.
Le programme publié par les journaux, avec lequel vous réélisiez en 1881 Etienne
Buyat, est devenu le mien. Je Fai repris on le modifiant seulement pour l'adapter aux nou¬
veaux problèmes démocratiques, parce qu'il est animé tout entier d'un beau souffle républi¬
cain, et qu'il affirme avec une entière netteté la suprématie de l'Etat laïque. Il résume
t'œuvre à laquelle s'est attaché le ministère d'action et de défense républicaine. Jeî’ai repris
aussi pour répondre plus facilement aux calomnies que des adversaires déloyaux voudraient
répandre sur moi. Ils voudraient, dans leur mauvaise foi impuissante* me faire passer pour
un collectiviste ou un révolutionnaire, alors que je n'ai jamais cessé, depuis que je m'occupe
de politique, de proclamer mon respect absolu pour la propriété individuelle. J'ai dit et je
répète que ce serait une tentative funeste que d'arracher au propriétaire le champ qu'il
cultive et auquel il est si passionnément et si justement attaché. Maire d'une commune
rurale, mes sympathies sont acquises aux agriculteurs. Le blé reviendra à 25 ou 26 francs
le jour aù7 par la réglementation des marchés à terme et par des poursuites énergiques, on
aura réduit à l'impuissance les spéculateurs et les agioteurs qui volent au cultivateur la juste
rémunération de ses peines. Je voterai la loi réduisant à deux ans le service militaire, ainsi
que la suppression des gros traitements.
— 397 —
N* 1162
Si j7aî l’honneur devons représenter au Parlement, j’exigerai des économies; il est
scandaleux de penser que, pour assurer leur réélection, des dépotés se permettent d'aug¬
menter les dépenses* Il faut absolument qu'il soit interdit à vos représentants d’engager
une dépense nouvelle s’ils n'apportent pas la recette correspondante* Ainsi s'arrêtera le dé¬
ficit qui menace la prospérité du pays*
Les ouvriers peuvent être assurés de toute ma sollicitude* Par la mutualité combinée
avec une juste intervention des pouvoirs publics, la prochaine Chambre pourra réaliser les
retraites ouvrières et agricoles* Enfin, je verrai avec plaisir instituer dans nos pays des
conseils élus d'arbitrage et de conciliation, composés d’ouvriers et de patrons, qui auraient
pour but de diminuer Faculté des conflits économiques et de rendre plus rares les grèves.
Les patrons, en tous cas, ne devraient jamais oublier qu'ils ont tout intérêt à améliorer la
condition de ceux qui sont les collaborateurs de leur œuvre et qui doivent, dans la plus
large mesure possible, avoir leur part dans la répartition des bénéfices qu’ils font
réaliser*
C'est animé de tels sentiments que je me présente à vous, assuré que le 27 avril pro¬
chain, les électeurs de la première circonscription de Vienne, délivrés enfin du joug clérical,
pourront crier :
Vive la Pépublique républicaine!
Louis BUYÀT,
Avocat, maire de Chaponnay,
Conseiller général du canton d'Heyrieux,
Candidat de la concentration
des forces républicaines et radicales*
2Ô circonscription de VIENNE
M. PLISSONNiER
Élu au 1er tour de scrutin. — 10*128 voix.
Mes chers Concitoyens,
11 y a bientôt douze ans que je suis entré dans la politique militante sous le drapeau
républicain nettement déployé et en prêtant mon nom pour la défense des deux grands
principes qu’on rencontre à la base de toute société : le droit et la justice*
A cinq consultations successives différentes, près de 2*01)0 électeurs du canton de Beau-
repaire m’ont donné et continué leur entière confiance*
Eu 1893, lors du renouvellement de la Chambre des Députés, j’ai dû, malgré moi, par
respect pour la dignité de mes électeurs et la mienne, affronter la lutte électorale.
Élu sur un programme sincèrement républicain, sans compromissions et sa us mar¬
chandage, j’ai la conviction profonde d’être resté inébranlablement fidèle à tous mes enga¬
gements, tout en ayant été tolérant et bienveillant envers les personnes, même à Fégard
de nos adversaires les plus acharnés*
En politique, j’ai été le défenseur résolu de la République et de l’indépendance de l'Etat
contre ses adversaires*
Au point de vue économique, j’ai défendu en toutes circonstances et énergiquement
les intérêts des cultivateurs dont est composée presque exclusivement la deuxième circon¬
scription*
l'ai été l’un des promoteurs de l’idée de l’ens ignemeat agricole dans les écoles
primaires.
En toutes circonstances, j’ai voté résolument contra toutes tes propositions qui pou¬
vaient augmenter les charges déjà si écrasantes qui frappent l’agriculture, je continuerai à
la défendre avec toute l’energie que vous me connaissez.
J’avais promis d’ètra un député républicain indépendant, je suis resté fidèle à cet enga¬
gement: jamais à la Chambre je n’ai fait partie d’aucune cote rie.
Tous mes actes, tous mes votes, n’ont eu qu’un but :
La défense des intérêts matériels et des intérêts politiques que vous m’aviez
confiés*
Au renouvellement de mon mandat en 1898, tin adversaire m’a été opposé. Savez-vous
pourquoi j mes chers électeurs? Parce que, à ce moment où Von a va tant de capitulations
de conscience j votre député n'a pas voulu violer la parole •qu'il vous avait donnée 1
Parce que je n’ai pas voulu renier nia foi républicaine et les convictions de toute
ma vie I
Partisan des déclarations sincères, épris de franchise et dé vérité, fai parcouru les
81 communes de la circonscription, la tête haute, revendiquant toute la responsabilité de
mes actes et de mes votes. Dans toutes les réunions que fai données, pas une voix ne s'est
élevée pour m’adresser un reproche.
Cependant, la lutte que j'avais provoquée au grand jour, mes adversaires la faisaient
dans l1 ombre.
Le préfet Tournier, qui a laissé dans notre département un si triste souvenir, se lit le
complice des cléricaux, il les aida à combattre les républicains par de honteuses
calomnies.
Tandis que les plus habiles parmi les rédacteurs de la Croix rédigeaient contre moi un
réquisitoire mensonger, au moment précis où leur action était d’autant plus sûre que les
calomnies déversées à la dernière heure devaient nécessairement rester sans Réponse, la
préfecture donnait le mot d'ordre pour me combattre, le numéro du journal assomptionniste
portant la date du 8 mai 1900, jour du vote, est très instructif et très édifiant.
Tétais présenté comme un ennemi irréductible de la propriété, de la famille. Pour¬
quoi? Parce que j'avais- soutenu de mes votes le projet d’impôt sur le revenu présenté
par Çavaignac et refusé de faire tomber le cabinet Ribot sur une question secondaire.
Pétais qualifié de vulgaire tripoteurî On accumulait contre moi les accusations les plus
déloyales, les moyens employés paraissaient tous bons pourvu qu'ils fussent couronnés de
succès. Vous connaissez les résultats!
Désabuse mais non découragé, je m’étais promis en rentrant dans le rang de me consa¬
crer exclusivement aux questions économiques qui intéressent si vivement l'agriculture et
de rester désormais un modeste soldat de l'armée républicaine.
Fidèle à cette ligne de conduite, fai, vous le savez, décliné la candidature au Sénat que
beaucoup me pressaient d'accepter.
Si aujourd'hui je sors de cette réserve, c'est sous ia pression de mes lidèles amis de la
première heure, c'est pour déférer aux instances des vrais républicains de la deuxième cir¬
conscription qui reconnaissent avoir été trompés.
À tous je leur dis : Puisque vous pensez que je puis encore servir votre cause, j’ accepte
Ici bataille.
Groupez-vous autour du drapeau républicain que vous placez entre mes mains, et jurons
de faire tous nos efforts pour le conduire à la victoire.
En raison du peu de temps qui nous sépare de la date des élections, je ne pourrai
malheureusement parcourir vos SI communes pendant la période électorale, mais à quoi
bon, du reste? Vous me connaissez tous et vous pouvez être convaincus que je ne faillirai
jamais à une parole donnée., que je ne me déroberai pas à un engagement contracté.
Si la victoire nous est acquise, je serai heureux d'aîler vous remercier sur place afin de
mieux m’enquérir de vos besoins, de yos désirs, d'entendre vos légitimes doléances.
Gomme dans les luîtes précédentes de 1893 et 1898, et avec pins d’acharnement, sans
doute, tout sera mis en œuvre par une coalition inavouable pour me combattre.
Les mêmes mensonges suscités par les mômes haines, les mêmes perfidies vont se
produire: les calomnies savantes vont être ressuscitées, ou inventées (c’est déjà fait).
Fort de ma conscience, je ne répondrai à toutes ces injures que par le silence elle
dédain. Je méprise en effet profondément les insultés de cette presse qui surgit juste au
moment des élections et qui n’emploie que la délation et le mensonge, Demandez-leur qui
se cache derrière son anonymat, d’où vient l’argent qui les paie? J’ai confiance dans votre
bon sens pour déjouer toutes ces manœuvres, démasquer toutes ces hypocrisies et dissiper
toutes ces équivoques.
Tei j’étais, tel je suis, tel je resterai 1
Adversaire des utopies collectivistes comme des régimes déchus, je serai de mon temps.
Je défendrai la République de progrès et de réformes contre tous ses adversaires.
Je resterai un républicain sans épithète, mais dans toute l’acception du mot, un répu¬
blicain convaincu et fidèle.
Cultivateur comme vous, je défendrai vos intérêts éternellement sacrifiés. Je ne voterai
pas une charge nouvelle si elle n’a en contre-partie une économie correspondante.
Vous ne l’ignorez pas, la moitié de la fortune de la France, c’est-à-dire plus de cent
milliards, représentés par les rentes sur l’État français, les creances hypothécaires, les
billets à ordre, une partie des valeurs étrangères, ne paient qu’un impôt insignifiant, tandis
que vous, les plus chargés de tous les contribuables, puisque vous paye& 32 0/0 de votre
revenu, vous supporteriez encore toute charge nouvelle clans la même proportion. Gomme je
l’ai déjà fait, je ne me prêterai jamais à perpétuer des inégalités aussi choquantes dans, les
charges qui sont supportées par les diverses catégories de citoyens.
Je resterai le défenseur résolu des intérêts agricoles.. Électeurs, il ne me reste plus
qu’un mot à ajouter : vous m’avez vu à l’œuvre défendre vos intérêts et vous me connaissez^
à tous, adversaires et amis, sans forfanterie, mais avec fierté, je livre ma vie privée, ma
vie commerciale et industrielle, toute de travail, ma vie politique, ma vie tout entière, et je
crie du fond du cœur :
Vive la République de réforme et de progrès social î
Vive la liberté et: la justice-!
S. PLISSONNIER, ancien Député,
Vice-président du Conseil général de l’Isère,
Agriculteur à Primarette.
JURA
Circonscription de DOLE
M, MOLLARD
Élu au 1er tour de scrutin* — 8^90 voix*
Républicains,
Fort de la confiance que vous m’avez accordée il y a 2 ans, et conscient de m’être
toujours inspiré, dans l'accomplissement de mon mandat, des intérêts supérieurs de la
Patrie, je viens à nouveau faire appel à vos suffrages.
Eu mai 1900, je vous présentais le programme suivant :
Révision de la Constitution. — Renouvellement partiel de la Chambre. Responsabilité
ministérielle personnelle et non collective, — Suprématie de la Chambre en matière
budgétaire, — Élection des délégués sénatoriaux par le suffrage universel*
Décentralisation administrative. — Extension des droits de la commune et du dépar¬
tement* . , , *
Neutralité de l’État en matière confessionnelle. — Séparation des Eglises et de 1 Etat.
__ Extinction graduelle du budget des cultes en respectant les droits acquits.
Enseignement primaire. — Maintien énergique des principes de neutralité, gratuité et
obligation de la loi scolaire. Donner aux programmes un caractère professionnel ou agricole
en s’inspirant des besoins de la région.
Enseignement secondaire et supérieur. — Accessibilité des enfants du peuple, par voie
de concours sélectionnant les meilleurs sujets des écoles primaires.
Réforme de l’impôt* — Impôt progressif sur le revenu basé sur la déclaration volontaire
ou les signes extérieurs. Exonération des petits revenus. — Suppression graduelle des
impôts de consommation. Réforme de l’impôt de prestation. Révision du cadastre.
Service militaire* — Réduction de la durée du service à 2 années* ■ Suppression
absolue de toutes les dispenses, sauf celle de soutien de famille, qui se légitime au double
point de vue humain et social.
Pour l’agriculture* — Protection et constants encouragements accordés aux travailleurs
des campagnes* — Large dotation du crédit agricole* — Création de Chambres consultatives
d’agriculture dans chaque arrondissement, et d’écoles départementales. — Droits sur
les blés étrangers réglés d’après une échelle mobile établie selon l’abondance des
récoltes*
Réforme judiciaire. — Diminution des frais de justice ; extension de la compétence
des juges de paix ; réduction des droits de mutation sur la propriété immobilière.
Révision de l’organisation administrative, — Réduction du nombre des fonctionnaires.
— Suppression des sinécures. — Réduction des gros traitements, — Suppression du cumu
401 —
N° 1162
des fondions rétribuées, — Amélioration de la situation des petits fonctionnaires et princi¬
palement de celle des insti tuteurs.
Caisses de retraites pour les vieillards des deux sexes.
Politique générale. À l'Intérieur, — Gouverner pour la République et avec les républi¬
cains, — Chercher sans cesse les moyens de solidariser les intérêts du capital-argent
avec ceux du capital-travail, afin d'éviter les conflits entre patrons et ouvriers.
A l’Extérieur. — S’efforcer d’être très forts, afin d’être respectés, mais rester pacifiques
eUravailler toujours à la paix du monde, la guerre étant pour les peuples le plus terrible
des fléaux.
Le temps et l’expérience n’ont fait que me fortifier dans la pensée que ce programme
répond bien aux aspirations et aux besoins actuels de notre Démocratie. Je le maintiens
donc intégralement, en le complétant par cette déclaration que j'ai toujours été et que je
resterai toujours un défenseur convaincu de la propriété individuelle.
Parmi les réformes inscrites dans ce programme, il en est quatre ■ la séparation des
Églises et de FÉtat, le service militaire de 2 ans, l'impôt progressif sur le revenu et la Caisse
des retraites pour les travailleurs, qui s’imposent comme une nécessité démocratique, et,
sous peine de forfaiture à ses devoirs politiques et sociaux, la prochaine Chambre devra
avoir à cœur dé les donner au pays, qui les attend depuis 30 ans.
Républicains,
Est-il besoin de vous rappeler combien l’heure est solennelle pour les destinées de
la patrie française? Est-il nécessaire de vous montrer que jamais encore — même à l’époque
néfaste de l'Ordre Moral — la République n’a eu à subir aussi formidable assaut que celui
que préparent contre elle toutes les forces combinées de la réaction? Non, vous savez ces
choses aussi bien que moi.
Vous n'ignorez pas non plus que, menacée dans son existence par les Républicains, bien
décidés cette fois à en finir avec le joug clérical, la Congrégation se lance furieusement
dans la mêlée électorale et jette dans la balance ses scandaleuses richesses en se flattant
de corrompre les consciences .
Républicains,
Vous montrerez que vous êtes des citoyens éclairés que ne sauraient ni duper ni avilir
ceux-là qui se couvrent du masque de la liberté alors qu’ils sont les mandataires enchaînés
du parti qui rêVe d'asservir la France de la Révolution à la domination de L Église.
Et ces faux libéraux, ces serviteurs zélés d’une caste qui est Renne mie-née de la peusée
libre et de l’affranchissement de l'esprit humain, osent me traiter de sectaire 1
Cette tactique n’est point pour me surprendre, ni encore moins m’émouvoir, car en
tout temps les adversaires du progrès s’en sont servis contre ceux qui veulent donner
au peuple plus de liberté, plus de justice et faire régner, entre les hommes, nlus de solida¬
rité et dé fraternité.
Citoyens,
Malgré les bruyantes clameurs de nos adversaires, malgré leurs mensonges perfides
et le poids de leur or, ayez pleine confiance en l’avenir et soyez persuadés que la
Démocratie sortira tfiom phanie et plus vivante que jamais de cette nouvelle épreuve.
Républicains, c’est à vous, à vuuh seuls que je m’adresse ; à votre loyalisme, à
votre union, à votre discipline que je fais appel pour assurer le triomphe des revendications
populaires. Vous direz aussi si vous me jugez t'üjOurs digne de servir votre cause, qui est
celle du droit et de la vérité.
Vous resterez fidèles à veus-mêmes et en infligeant une nouvelle et écrasante défaite
51
_ 402 —
à la réaction cléricale, vous lui montrerez qu’il n’ y a plus rien à espérer pour elle dans ce
vaillant arrondissement de Dôle, qui, un des premiers sons l’Empire, en élisant Jules Grêvy,
donnait à la Démocratie française le signal dn relèvement et le premier gags delà
victoire*
Vive la République démocratique 1
A. MOLLARD, Député sortant,
Conseiller général, conseiller municipal,
Vice-Président de la Commission des hospices de D61e,
Président de la fédération démocratique.
Circonscription de LONS-LE-SAUNIER
M, Georges TROUILLOT
Élu au 1er tour de scrutin. — 13 *217 voix.
Mes chers Concitoyens,
Une fois de plus, au cours de cette dernière législature, la fermeté de vos représentants
a réduit à l’ioipuissancc ces partis dynastiques incorrigibles qui, après la conspiration du
Seîze-Mai, après le complot boulangisfe, ont tenté, sous l’étiquette nationaliste, de faire
verser la Constitution républicaine dans les désordres sanglants de la révolution et de la
guerre civile*
Condamnés pour la seconde fois par la Haute Cour de Justice, ces artisans de troubles
et de haine vont l’être plus durement encore, aux élections du 27 avril, par le suffrage uni¬
versel* Forte d’une majorité plus compacte, affranchie du souci incessant de défendre sa vie,
la République pourra désormais consacrer tout son effort à sa tâche réformatrice.
La refonte des contributions directes par Rétablissement de Ulmpôt sur le revenu, la
réduction du service militaire, la solution du problème des retraites ouvrières et agricoles,
la suppression des derniers privilèges assurés par la loi Faïloux à l’enseignement clérical,
telles sont, pour ne parler que des devoirs les plus immédiats, les études pressantes qui
s’imposeront à la Chambre prochaine*
Une loi sur les boissons vient d’être votée, dans laquelle nous sommes parvenus, con¬
trairement au projet du ministère Méline, tout en dégrevant les vins de droits considé¬
rables, et en supprimant l’exercice chez les débitants, à maintenir intact le droit des bouil¬
leurs décru* Il conviendra d’assurer, comme je n’ai cessé de le réclamer, que cette loi ne
soit pas déformée dans son application parla résurrection de dispositions anciennes tombées
en désuétude, et d’obtenir, sans recourir à des mesures d'inquisition vexatoires, comme je
l’ai demandé et voté, la détaxe des alcools de vins et de fruits, dans l’intérêt h la fois de la
production viticole et de la consommation publique*
Au poiutdc vue spècial de nos intérêts régionaux, l’inauguration de nos tramways de
la montagne a rendu à la contrée une vie plus intense et une prospérité nouvelle* Au cours
de la législature prochaine, nous inaugurerons la grande ligne à double voie que j’ai obtenue
sur SainHean-de-Lome, et qui réparera partiellement les erreurs dont l’arrondissement de
Lons-le-Saunier a si longtemps souffert.
403 —
Nû U 62
Chers Concitoyen s,
À trois reprises différentes depuis 1889, par des majorités qui comptent parmi les plus
élevées de la France républicaine, vous m’âvez envoyé au Parlement*
De mon coté, Vice-Président do la Commission du budget, — Vice-Président delà Com¬
mission de trente-trois membres de rimpôt sur le revenu, — Ministre, — Rapporteur, il y a
six ans, de cette importante loi sur la déduction du passif successoral et sur ïa graduation
des droits de succession, qui vient seulement de triompher des résistances conservatrices,
— Rapporteur, Pan dernier, de la loi considérable qui a fondé dans ce pays la liberté dis¬
sociation, tout en prenant vis-à-vis du développement congréganiste des précautions dictées
par toutes nos traditions nationales, — Président depuis sept années du Conseil général du
Jura, — je me suis efforcé, dans les rangs de la Chambre, au banc du Gouvernement, a
PAssemblée. départementale, dans toutes les tâches républicaines qui m'ont été confiées, de
tenir la place assignée au représentant de notre circonscription d’une façon digne d'elle.
Mous nous connaissons de longue date* Vous savez, par Pefîort parlementaire que j’ai
accompli sous trois législatures, ce que je puis mettre de forces et d'activité au service de
vos intérêts* Je connais, d’autre part, quelles sont la fidélité de vos sentiments et la solidité
de vos convictions* Et je sais d’avance par quel vote éclatant vous voudrez, le 27 avril, vous
maintenir aux premiers rangs des circonscriptions dont la vaillance, la clairvoyance, ïa fer¬
meté démocratiques protègent contre tous les assauts et tous les pièges la cause de la
République, de la Liberté et du Progrès*
Vive la République I
Georges TROUILLOT, Députe sortant,
Ancien Ministre des Colonies,
t Président du Conseil général du Jura,
— 404 —
Les bouilleurs de cm
Avant de dore sa session d’avril, le Conseil général du Jura, sur la proposition de
M. Boilly, vice-président de cette assemblée, a décidé l’affichage, dans les communes viti¬
coles du Département, de la résolution suivante, destinée à éclairer l’opinion sur la loi des
boissons et des droits coiuacrés au prolit des bouilleurs de cru.
Le Conseil général du Jura,
Considérant que par suite de l'application de la loi sur les boissons dans des conditions
climatériques et économiques difficiles, et des interprétations erronées qui ont pu en être
la conséquence, il lui importe de faire connaître aux populations viticoles du département
du Jura dont il a charge de représenter les intérêts la véritable situation qui leur est faite
par les dispositions de la loi nouvelle sur le régime des boissons;
Considérant qu’au mois de juin 1898 le ministère Méline avait déposé sur le Bureau de
la Chambra des Députés un projet de loi qui réduisait à 20 litres d’alcool la quantité qui
pouvait être distillée en franchise par les viticulteurs, les soumettant à l’exercice, et sup¬
primant ainsi en réalité le droit des bouilleurs de cru ;
Qu’au contraire de tous les projets déposés par les précédents ministères, la loi votée
en 1900, qui dégrève les boissons hygiéniques et supprime l'exercice des débitants, main¬
tient de la façon la plus complète et la plus expresse le droit des bouilleurs de cru ;
Que si des difficultés ont été créées par la régie aux petits bouilleurs dépourvus
d’alambic, et obligés de bouillir chez le voisin, ces difficultés ont été créées, non en vertu
de la loi de 1900 qui était muetle sur ce point, mais en vertu de la loi de 181 6;
Que le Conseil générai du Jura, au mois d’août dernier, ainsi que par sa délibération
du présent mois, a formulé des vœux tendant à obLenir ou la révision ou une application
plus tolérante de cette loi de la monarchie,
En conséquence, le Conseil général décide de porter à la connaissance des populations
viticoles du departement, par voie d’affichage, en même temps que les indications qui pré¬
cèdent, le texte des deux vœux votés par lui dans les sessions d’août et d'ayrii? et qu’il a
recommandés à l'attention pressante des pouvoirs publics.
Ces vœux sont ainsi conçus :
Voeu voté le 22 août i901*
1° Que la nouvelle loi sur le régime des boissons soit affichée dans toutes les mairies;
2° Que les receveurs-buralistes possèdent les instruments nécessaires pour la détermi¬
nation de la densité des liquides alccooüques et qu'ils soient obligés de déterminer cette
densité, lorsqu’ils en serontrequis par les expéditeurs, sur la présentation d! échantillons
k leur domicile ;
3° Que les bouilleurs de cru qui possèdent plusieurs bâtiments séparés par la vote
publique soient autorisés à transporter, après déclaration préalable aux agents de la régie,
d’un bâtiment à l’autre, la totalité des produits du leurs récoltes sans perdre leurs droits de
bouilleurs de cru ;
4° Que les bouilleurs de cru qui ne possè lent pas d’alambics soient autorisés, après
déclaration préalable, à distiller leurs marcs et leurs fruits, en dehors de leur domicile et
à transporter chez eux la totalité des produits sans perdre leurs droits de bouilleurs de cru;
5° Que le règlement administratif modifiant le mode de rétribution des Receveurs-bura¬
listes depuis le 1er mai dernier soit rapporté, car il est très préjudiciable aux agents de nos
régions viticoles ;
— 403 — 1N° H 62
6° Qu'une plus large tolérance inspire l'administration des contributions indirectes dans
^application de la loi.
Ce vœu a été signé par ; MM. Georges Trouillot, Brocard, Raclet, Roitley,
Mollard * Chapuis, Chevrot, Bacheley ,
Pactet, Billet, Garnier, Renaud*
Voeu voté le 9 avril 1902,
Les soussignés :
« Considérant qu'il est injuste et anormal d'enlever le droit de bouilleur de cru à un
propriétaire ou à un vigneron par ce fait qu'il n'est pas propriétaire de l'alambic qu'il uti¬
lise pour sa distillation,
h Émettent le vœu que les propriétaires et vignerons distillant les produits de leur
récolte conservent leur droit de bouilleur de cru, même lorsque cette distillation est faite
dans un alambic ambulant ou dans l’alambic d'un proprietaire voisin, n
Ont, signé : MM. Mon nier, Milcent, Picot d’Àligny, Chambard,
Bouvet et de Borde,
Circonscription de POLIGNY
M. Charles DUMONT
Élu au léT tour de scrutin, - — 8,306 voix*
Mes chers Concitoyens,
Je me présente à vous avec le programme sur lequel vous m'avez fait, en 189 8T l'hon¬
neur de m'élire.
De ce programme, k Chambre dont les pouvoirs s'achèvent a transformé en lois
quelques articles.
La loi du 27 juillet 1900 a substitué aux droits fixes, en matière hypothécaire, une
taxe proportionnelle de 25 0/0 et dégrevé, dans une mesure considérable, les transmissions
de la petite propriété.
La loi du 26 février 1901 a opéré la réforme des droite de succession. L'héritier ne
paye plus pour les dettes commerciales et civiles* Les droits sur les successions en ligne
directe ont été abaissés* Des taxes progressives, établies d'abord jusqu'à un million par la
loi du 26 février 1901, et selon une progression indéfinie par la loi de finances du
SI mars 1902, ont fourni les ressources nécessaires à l'équilibre de la réforme.
La loi du 29 décembre 1900 a dégrevé les boissons hygiéniques de tous les droits,
autres que le droit de circulation de 1, 5 par hectolitre, supprimé l'exercice chez le débitant,
assujetti au droit de circulation les vendanges du Midi, maintenu intégralement le droit de
tous les bouilleurs de cru qui ne sont pas débitants et ne distillent pas avec des appareils
d'une contenance totale supérieure à 5 hectolitres*
C'est un résultat que personne ne pouvait espérer il y a quatre ans.
Tous les projets de loi présentés depuis 20 ans et, en particulier le dernier, celui du
ministère Méline, supprimaient ou restreignaient le droit des bouilleurs de cru* Malgré une
- 406 —
campagne de mensonges cyniques, tous les vignerons savent aujourd’hui que tous leurs
droits ont été maintenus dans la loi présentée parle ministère Waldeck- Rousseau, élaborée
par la Commission dont j’ai été 18 mois le secrétaire, et votée par le Parlement.
La loi du 7 juillet 1900 a organisé l’armée coloniale et rnis nos enfants à l’abri d’un
départ inopiné pour des climats meurtriers. L’amendement que j’ai fait voter par la
Chambre à l’occasion de l’emprunt de Chine complète la loi du 7 juillet 1900. C’est main¬
tenant un principe admis que l’État a contracté une dette envers les victimes des expédi¬
tions coloniales et leurs familles.
La loi du 1er juillet 1901 sur les Associations a eu un double but :
jo Aifranchir de toutes formalités et interdictions les citoyens qui veulent s'associer :
2° Arrêter le développement des congrégations en surveillant les ressources où s’ali¬
mente leur fortune et en limitant de plus en plus étroitement leur champ d’action.
La lui sur les Associations vaudra ce que vaudront le Gouvernement et la Chambre
chargés de l’appliquer.
Sans contestation possible, l’œuvre de la législature 1893-1902 est d’une importance
capitale.
Au regard du programme intégral et traditionnel du parti démocratique, l’œuvre
accomplie no réalise que qnelques-uDes des réformes réclamées.
La Chambre de 1898 n’a pas eu de majorité pour proclamer le principe de la séparation
des Églises et de l’État et faire l’impôt sur le revenu. Nous ne pouvons espérer en 1902 de
majorité pour la séparation, dont le principe et les conséquences sont si étrangement tra-
vestis par les réactionnaires.
Aurons-nous une majorité pour l’impôt sur le revenu? C’est affaire au suffrage univer¬
sel. Aux quatre coins de la France, j’ai personnellement fait campagne, durant ces quatre
années, pour l’impôt sur le revenu. Rappelons-le nous. L’impôt sur le revenu, c est, de
l’aveu même de ses adversaires, le grand dégrèvement des villages et des bourgs.
Pour quelles réformes enfin mûries aurons-nous probablement une majorité?
A moins que la grossière surenchère nationaliste du service d’un an n’égare les élec¬
teurs, la Chambre de 1902 fera la loi qui réduira à deux ans le service militaire, exonérera
les citoyens des périodes de treize jours et supprimera toutes les dispenses.
Nous espérons obtenir d’un accord déjà presque conclu entre ia Chambre et le Sénat
l'abrogation de la loi Falloux et une organisation de l’enseignement secondaire qui per¬
mettra à nue moitié de la jeunesse française, élevée dans l’ignorance de la pensée moderne,
de connaître le libre esprit de la science exacte de l’histoire sincère.
Nous pensons encore que les désastres de la guerre du Transvaal et la haine grandis¬
sante des peuples pour les luttes militaires et économiques permettront aux gouvernements
européens de multiplier des conférences internationales comme celles de la Haye et de
Bruxelles, d’où peuvent seules sortir de profondes réformes politiques et sociales.
De tout notre cœur, nous sommes attaché à la cause de la paix et de l’Arbitrage inter-
national entre les nations.
En ce qui concerne les lois agricoles et ouvrières :
Nous continuerons à agir de toute notre énergie pour faire voter par le Sénat la
réforme des prestations dans les conditions où la Chambre l’a déjà voiée : prestations cal¬
culées en argent au marc le franc selon l’importance des propriétés et rachetables en
nature. _ Nous renouvellerons nos efforts pour obtenir du Sénat la loi sur le dégrèvemeut
des vigues phylloxérées que, sur mon rapport, en février 1901, la Chambre a votée et que
le Sénat a refusé jusqu’ici de discuter.
La loi des boissons ne peut, sans grave imprudence, être remise sur le Bureau de la
Chambre^ ^ng p^rôt commun de l’agriculture française, chercher un sys¬
tème do taxes différentielles et de primes qui dirige les eaux-de-vie de fruits naturels vers
407 —
N° U 62
]a consommation et aide l'alcool dénaturé, produit de notre soi, à se substituer au pétrole
étranger dans les usages industriels et domestiques,
pour les blés, la Chambre, ayant de se séparer, a voté des mesures rigoureuses contre
l’agiotage des acquits d'admission temporaire, II faut permettre au droit de douane de
7 francs de donner son maximum d'effet protecteur, mais résolument écarter toutes les
primes à l’exporta lion qui, sans profit appréciable pour le cultivateur, serviraient les inté¬
rêts de quelques grands propriétaires et d’une poignée de spéculateurs, au détriment des
contribuables et de tous les Français qui achètent leur blé.
Pour les ouvriers, la Chambre a dû, dès le début de la législature, briser les résistances
qui s'opposaient à ^application de la loi sur les accidents du travail, La loi sur les accidents
est appliquée. Elle doit être complétée. Je défendrai le projet de lo; que j'ai déjà déposé
sur l'assurance des salaires ouvriers en cas d'incendie, et je voterai tous les projets qui
s'inspireront du même esprit de prévoyance et de solidarité sociale,
l\ faut vouloir toutes les lois qui ont pour but de permettre L'accès de la propriété indi¬
viduelle aux ouvriers et à leurs syndicats, et aussi toutes les mesures qui tend nt à mettre
fin aux conflits toujours ruineux et souvent sanglants qui s'élèvent entre le capital et le tra¬
vail. Les projets de Lot, déposés par le Ministère Waldeck -Rousseau, sur l’arbitrage obliga¬
toire eu cas de grève et )e droit de propriété accordé aux syndicats, me paraissent, dans
leurs dispositions essentielles, répondre à nos desseins.
Pour tous, ouvriers des villes et des champs, travailleurs manuels, petits propriétaires
vivant du labeur quotidien, il faut faire la loi qui garantit à tout citoyen le droit à la vie
quand les mains ou le cerveau ne peuvent plus travailler, 11 faut encourager et subventionner
toutes les sociétés mutualistes de retraite et étendre à toutes les communes la possibilité et
l'obligation de l1 hospitalisation à domicile.
Telles sont, mes chers Concitoyens, quelques-unes des réflexions que je crois devoir
vous adresser, en même temps qu'un bulletin de vote à mon nom.
Votre vote du 27 avril me dira si j'ai bien rempli ma tâche et si vous croyez que, dans la
voie tracée par notre programme, nous devons continuer à marcher de 1902 à 1906,
A vous tous, mes chers Concitoyens, j'adresse l'assurance de mon affectueux et entier
dévouement à la cause de la République Démocratique et aux intérêts de l'arrondissement
de Poligny. ,
Ch, DUMONT, Député sortant.
Circonscription de SAINT-CLAUDE
M- Emile GÈRE
Élu au 2e tour de scrutin. — 7.971 voix.
Mes chers Concitoyens,
J'ai le rare avantage de pouvoir être jugé, non sur des paroles, mais sur des actes.
Vous m'avez suivi pendant les quatre ans de la législature. Vous direz dimanche pro¬
chain si j'ai été un mandataire fidèle et: dévoué, ou si j'ai manqué k mes engagements.
En ce qui concerne les intérêts locaux, ce sont encore les faits qui pari ront
En ce qui concerne la politique générale de l'avenir, ce sera votre conscience de démo¬
crate.
Partout, dans les différents camps républicains, résonne le même cri d'alarme; dans
— 408 —
les Vosges, M. Mêline lui-même est combattu par le nationalisme et son ancien ministre de
l’intérieur, M. Barthou, vient de prononcer cette parole qu'il faut retenir : « Toute compli¬
cité avec le nationalisme est un crime contre la République. »
Contre ce parti de haine, le ministère Waldeck-Rousseau a entrepris l’œuvre de
Défense républicaine à laquelle je me suis associé. 11 faut l'accompagner de l’œuvre d’action
républicaine et taire les réformes dont l’exécution a été empêchée par le nationalisme.
En tête de ce programme d’action prendront place nécessairement :
L’impôt sur le revenu (que j’ai voté) ;
Le service de deux ans (que j’ai voté), avec la suppression des périodes d exercices
militaires inutiles (que j’ai votée) ;
L’enseignement laïque avec un caractère professionnel ou agricole et 1 égalité des
enfants devant l’instruction ;
Mettre dans les charges fiscales plus de juBtice et supprimer notamment 1 unput
foncier, les prestations, la taxe sur les portes et fenêtres ; reviser le cadastre;
Réaliser la noble idée des retraites ouvrières;
Réduire la durée des procès, les frais de justice ; supprimer les oflïccs inutiles ; ,
Rendre, par la séparation, telle que voulait l’établir la Commission du budget, l’Etat
maître, et placer les différentes confessions dans le droit commun;
Reviser les traités de commerce et les tarifs de douane.
L’énumération des réformes désirables pourrait être longue. Je l’arrête à ces quelques
points caractéristiques, en rappelant qu’on m’a vu à l’œuvre, et qu’à l’œuvre on a peut-être
reconnu l’ouvrier-
Mon travail, au cours de la prochaine législature, restera aussi actif et persévérant;
nous avons réussi à empêcher tout projet compromettant la belle cause du chemin de fer
de la Faucille ; nous avons développé nos chemins de fer considérablement, puisque les
études du Morez-Saint-CÙude sont terminées sur le terrain et que les adjudications vont
pouvoir être faites, puisque l’on ouvrira en 190à le chemin de fer départemental Foncine-
Saint-Laurent-Claîrvaux, puisque sur la ligne Saint-Claude-Lons-le-Saunier des progrès
sont réalisés, puisque nous poursuivons avec ardeur la solution d’autres problèmes intéres¬
sants pour notre pays.
J’ai prouvé mon dévouement. Je demande à mes adversaires, non pas de voter pour
moi, mais de le reconnaître. Les républicains se chargeront de remplir les deux condi¬
tions.
A la Chambre des Députés, je n’ai pas fui la tribune et je n’ai pas cherché à m’y impo¬
ser inutilement. Je n’ai été ni un muet ni un bavard. Je crois y avoir acquis un peu d’auto¬
rité et beaucoup d’estime. Et reconnaissant des témoignages recueillis près du corps élec¬
toral, je m’adresse à lui en toute confiance pour lui demander de voter contre le nationa¬
lisme, aux cris de ;
Vive la République t
Émile GÈRE, Député sortant.
— 409 —
IV 1102
LANDES
lre circonscription de DAX
M Théodore DENIS
Élu au 1er tour de scrutin. -- 10.030 voix.
Mes chers Concitoyens,
Mes ennemis vous prêchent l'abstention dans le journal qu’ils avaient fondé pour me
combattre et qui n’est plus bon à rien qu’à me diffamer.
Deux ou trois illuminés et autant de gamins, affirment devant vous que je ne suis pas
républicains ma vi^ tQUt entière consacrée à La défense de la République ;
vous savez qu’au temps où il fallait lutter pour implanter la République, personne dans le
pays n’a combattu pour la cause avec plus d'acharnement que moi.
Mes ennemis dirigent contre moi les attaques que les dreyfusards de Bayonne dirigent
contre M Iules Legrand. Parce que celui-ci a refusé de se ranger sous l’ignoble banmere de
Dreyfus, ils lui reprochent de ne pas être républicain et d’être soutenu par les journaux
conservateurs de Bayonne. ,
Les conservateurs de Bayonne préfèrent un anti-dreyfusard comme M. Jules Legrand
à un autre candidat, et ils se conduisent en bons Français.
11 en est de même pour moi. Une seule chose me sépare de ceux qui m outragent.
Ils sont dreyfusards et je ne le suis pas. Ils sont les partisans du traître et je suis, moi,
du côté de la France. L’un de ceux qui m’attaquent me dit, il y a deux ans : « Si vous ne
voulez pas vous ranger du côté de Dreyfus, nous vous ferons une guerre au couteau. »
Les dreyfusards tiennent leur parole. Mais plus que jamais, malgré leurs colères et
leurs menaces, je tiendrai haut et ferme le drapeau de la République et de la France.
Ces prétendus républicains qui vous prêchent l’abstention, oublient que les ouvriers,
vos frères, ont rougi dm leur sang le pavé des grandes villes pour conquérir le droit de
'^Pauvres impuissants qui ont eu peur de lutter, et qui à la dernière heure essaient de
me porter un coup de Jarnac.
N’écoutez pas ces hommes aigris et dépités, ces hommes qui yous mentent sur mon
compte et qui savent qu’ils vous mentent, et qui n’osent pas signer ce qu’ils écrivent,
venez affirmer sur mon nom votre haine des dreyfusards et voire amour de la République
et de la liberté 1
Vive la République!
Théodore DENIS.
S'J
— 410 —
2* circonscription de DAX
M, LÉGUSE
Élu au 1er tour de scrutin. — 11474 voix,
Mes chers Concitoyens,
Je sollicite de vos suffrages le renouvellement du mandat législatif dont vous m’hono¬
rez depuis plus de vingt ans, et auquel ] ai la conscience de n avoir jamais failli*
Ma yie politique tout entière, les convictions inébranlables qui en ont toujours inspiré
les actes, vous disent assez dans quel esprit je le remplirai, si vous m appelez à vous repré-
senter encore*
Je reste fidèle à mon passé démocratique, libre de toute compromission, jaloux de mon
indépendance, décidé plus que jamais à soutenir les vrais principes républicains qui com¬
portent :
Les libertés politiques;
La liberté d’enseignement sous le contrôle et la surveillance del’Ltat;
La liberté d’association, avec les garanties ayant pour but d’enrayer le développement
abusif de la mainmorte ;
La liberté de conscience ;
La sécurité des personnes et des propriétés :
L’égalité devant la loi*
Ennemi déclaré de toutes les réactions, je veux une République forte, respectée, labo-
rieuse, économe, tolérante, et sagement réformatrice.
Adversaire irréductible des doctrines collectivistes, qui tendent à faire absorber l’indi¬
vidu par P-Étaf, confisquant la prooriété individuelle, socialisant les moyens de production,
compromettant lMoàustrié et le commerce, j’entends opposer à ces utopies une politique de
paix sociale, de fraternité vraie, de liberté dans le travail.
Aux artisans de la guerre sociale, à ceux qui préconisent îa lutte des classes, nous
devons répondre par la formation de sociétés de prévoyance et de secours iqutuels, de
caisses de retraites et d’assurance en faveur des ouvriers, qui trouveront ainsi, pour leurs
vieux jours, grâce aux subventions de l’État et à l'initiative privée, ramélioration de leur
situation si digne d’intérêt,
(Test par là que doivent se manifester ces sentiments de solidarité fraternelle dont la
mutualité est devenue l’application la plus pratique et le plus admirable instrument.
Entièrement dévoué à nos populations agricoles et forestières, convaincu qu’une démo¬
cratie a l’impérieux devoir d’adoucir aussi bïeij le sort des agriculteurs que celui des
ouvriers, je m’efforcerai de hâter l'avènement de réformes ayant pour objectif l'allégement
des charges beaucoup trop lourdes dont nos campagnes sont tout particulièrement accablées.
C’est en travaillant avec plus de suite et de fermeté au développement rationnel de nos
institutions, et, avec plus de prudence, à la consolidation de notre situation financière, que
la nouvelle Chambre devra rechercher une égalité de plus en plus grande dans la réparti¬
tion de Timpôt, tout en se montrant économe de dépenses nouvelles qui atteignent surtout
les contribuables déjà surchargés.
La réduction de la durée du service militaire, si désirée de nos populations, mérite
aussi toute notre sollicitude et nous aurons le devoir de rechercher les moyens de satis¬
faire, sur ce point, aux légitimes aspirations du pays, sans compromettre, en quoi que ce
soit* les intérêts supérieurs da la Défense nationale,
r H 62
- 4 H -
C’est par la réalisation de toutes ces réformes, étudiées dans un esprit de sagesse et de
progrès, qué nous cimenterons l’union de tous les bons citoyens sous le drapeau de la
trame et de la liépublique, dont nous avons confié la garde a notre armée si digne e
respect et qui est aujourd’hui l’incarnation la plus haute de la l’atne.
Si vous estimez que, durant cinq législatures, j’ai pu être utile a mon pays, vous due/
une fois de plus, s’il est encore des services que vous puissiez demander a mon duvouemen
et des devoirs que vous puissiez confier à mon patriotisme.
Félix LÉGLISE, Député sortant-
lc° circonscription de MONT-DE-MARSAN
M. le général JACQÜEY
Élu au 1C1 tour de scrutin. — 8.27fi voix.
Mes chers Concitoyens,
C’est avec pleine confiance que je viens solliciter le renouvellement du mandat que
vous m’avez fait l’honneur de me confier en 1898.
Comme à cette époque, je me présente, seul, sans m’abriter ou me cacher dernere un
comité quel qu'il soit,
■l’estime qu’à l’heure actuelle, l’éducation politique du peuple est faite et qu il a a plus
à se laisser imposer par personne ïe choix de ses représentants.
Je sollicite à nouveau vos suffrages comme républicain indépendant, liberal, avec la
conviction d’avoir rempli mon devoir et d’être resté fidèle à mes principes.
Partisan convaincu de la liberté, je la réclame pour le travail et les croyances.
Il n’y a plus en présence aujourd’hui que deux politiques :
L’une qui nous conduit directement au collectivisme, ayant à sa tête les sectaires, les
francs-maçons et les cosmopolites qui cherchent à exciter les haines et à jeter dans les
esprits le trouble et le désordre. '
Cette politique ne peut rien fonder, ne faire rien que des ruines et nous conduire a la
banqueroute nationale « qui déjà frappe h nos portes ».
L’autre est basée Sur les principes d'ordre et de liberté égale pour tous.
Elle veut la liberté de conscience, le droit pour le père de famille de faire élever ses
enfants comme il le voudra, le respect de la propriété individuelle. Son seul désir est de
rendre à la France sa grandeur et sa prospérité.
Mon programme est et restera le même.
— Suppression complète de la taxe et réduction du service militaire.
_ Plus d’emprunts, plus d’augmenlatioti d’impôts, une répartition plus équitable des
charges qui pèsent sur le contribuable*
— Révision ou abrogation de la loi des boissons-
— Lois assurant le sort des vieux travailleurs de la ville et des campagnes, sans obliga¬
tion pour eux d'y contribuer par un versement journalier }
_ Révision de la loi sur 1rs successions, qui frappe nos fortunes moyennes et n atteint
pas les millionnaires.
— Enfin, comme dans mon dernier mandat, je voterai toutes les lois qui auront
pour but d’ améliorer le sort de nos populations ouvrières et agricoles si fortement
éprouvées.
„ 412 —
Ne tous laissez pas tromper par les paroles mensongères et dorées de celui qui est
intéressé à tous égarer.
Ouvriers et paysans,
Il est bien loin de vous mon concurrent croyez- le bien, bien loin de vous par la pensée
et par le cœur, et il ne parle de vous qu’après avoir été investi de la candidature officielle,
sous le patronage de la loge maçonnique.
Comptez seulement sur les hommes indépendants qui, n’ayant plus aucune ambition
pour eux-mêmes, sont en mesure de vous donner tout leur dévouement.
Chers Concitoyens, le sort de notre pays est entre vos mains, vous avez pour le sauver
le bulletin de vote, sachez vous en servir.
Aux urnes sans abstention 1
Vive la République libérale î
Général JACQOEY,
Commandeur de la Légion d'honneur,
Député sortant.
2° circonscription de MONT-DE-MARSAN
M. JÜMEL
Élu au 1er tour de scrutin. — - 7*130 voix.
Mes chers Concitoyens,
Vous m'avez fait Phonueur, depuis seize ans, de me confier le mandat de vous repré¬
senter à la Chambre des Députés,
Je viens de nouveau solliciter vos suffrages pour le scrutin du 21 avril.
Vous connaissez ma vie politique tout entière : inébranlablement attaché à la Répu¬
blique, fai toujours, dans mes votes au Parlement, soutenu les vrais principes républicains,
ceux qui se réclament des Droits de l'homme et de la Révolution de 1789.
Adversaire irréconciliable du cléricalisme, j ai voté la loi sur les associations^ qui soumet
à l'autorisation préalable ^établissement de toute congrégation et réglemente, pour le
surveiller et l'arrêter, le développement des biens de mainmorte si dangereux pour la
fortune publique.
Fai soutenu le gouvernement de Défense républicaine qui a su rétablir l'ordre dans
la rue, réprimer les tentatives factieuses, assurer le respect dû au chef de PÉtatqui repré¬
sente si noblement la France dans nos relations extérieures.
Profondément jaloux de ma liberté de conscience, j’entends respecter et faire respecter
les croyances et les convictions de chacun.
je suis aussi l'adversaire résolu des doctrines collectivistes qui suppriment toute
initiative féconde, et semblent vouloir s'opposer ü la liberté du travail aussi précieuse et
respectable que toutes les autres libertés.
le veux enfin Paméiïoration du sort de chacun par le développement des idées de
prévoyance sociale et de mutualité : c'est dans les sociétés de prévoyance et de secours
mutuels que Ton trouvera les moyens de résoudre la question si grave et si intéressante
_ 413 _ N° H62
des retraites ouvrières. Dans la législature qui vient de prendre fin, la Chambré a ébauché
commencement de discussion de la loi sur les retraites ouvrières, à laquelle je n’ai pas
voulu m’associer, tout d’abord parce qu’elle aurait abouti à des charges impossibles à sup¬
porter pour l’industrie et l’agriculture, ensuite, parce qu’elle laissait de côté toute la caté¬
gorie si nombreuse et également intéressante des travailleurs agricoles qui cultivent sous
la forme du contrat de métayage.
Enfin, dans l’ordre financier et budgétaire, je resterai attaché aux idees d ordre et
d’économie que je n’ai cessé de soutenir de mes votes.
Je voterai aussi la réduction du service militaire à deux ans, qui sera d'un si grand
soulagement pour les populations agricoles sur lesquelles pèse si lourdement cette charge
de l’impôt du sang. ....
Quant aux intérêts particuliers de votre circonscription, je crois avoir suffisamment
prouvé que je les connaissais à fond et que je savais les défendre : les faits sont la qui
parlent d’eux-mêmes et donnent le démenti le plus formel à mes détracteurs intéressés.
Si vous pensez que ce que j’ai fait depuis les seize années que j’ai l’honneur de vous
représenter justifie la confiance que vous m’aviez accordée, j'espère que vous voudrez bien
de nouveau me confier la défense de vos intérêts, et compter sur moi pour tenir haut et
ferme le drapeau de la République dans votre circonscription.
H. JUMEL, Député sortant.
Circonscription de SAINT-SEVER.
M. Constant DUL.AU
Élu au 1er tour de scrutin. — 16.633 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le calme qui prélude au prochain scrutin dans l’arrondissement de Saint-Sever,
l’adhésion donnée à ma candidature par les représentants les plus autorisés du parti répu¬
blicain, prouvent à votre mandataire qu’il a su depuis onze ans s’inspirer des sentiments
de l’immense majorité de ses électeurs, comprendre leur tempérament et mériter leur estime.
Fidèle à mes engagements et à mon programme, j’ai respecté au travers de tous les
événements les principes de liberté pour tous, de justice égale, de tolérance mutuelle et de
paix sociale qui sont la raison d’être du régime républicain.
A la tribune, dans les Commissions ou par mes votes, j’ai collaboré a toutes les lois
réalisant une réforme ou un progrès réclamés par l’opinion publique.
Trop souvent de regrettables discordes ont détourné le Parlement de sa tâche législa¬
tive. De nombreux problèmes sollicitaient cependant son attention, et il faudra les aborder
sans délai : décentralisation administrative, diminution des frais de justice, organisation
de l’assistance aux vieillards et aux infirmes, protection de la mère et de l’enfant nouveau¬
té, en vue de porter remède à la dépopulation, création du petit domaine familial insai¬
sissable, réduction des frais de vente de la petite propriété.
Appelé par la confiance de mes collègues à les représenter pendant les quatre années
de la législature à la Commission du budget, j’ai été amené à étudier et à discuter la plu¬
part des questions financières touchant aux intérêts les plus essentiels de notre pays.
L’examen de nos budgets accuse un accroissement annuel alarmant de nos dépenses publi¬
ques, coïncidant, ces mois derniers, avec un fléchissement du rendement de nos impôts.
Les ressources de la France sont merveilleuses, sans doute, — elles ne sont pas inépui¬
sables; son crédit est grand, il n’est pas sans limites.
L’impérieux devoir de vos mandataires sera d’arrêter court, à tout prix et par tous les
moyens, le mouvement ascensionnel des dépenses.
— 4 —
Au premiér fang dés préoccupations du législateur de demain, jd place la <Jiièèd|
budgétaire. Par une gestion opiniâtrement économe dés deniers publia, par uii contrôlé
e flic ace sur les dépenses* il faut réaliser des économies sous pëiné de Voir a bref délai
s'àgràver encore le lourd fardeau Pèse lé contribuable français.
Partisan do la rèFarme dé nos itnpôtS directs, j’estime qdHl ÿ a iieti tFâitèiodré les
sources diverses du revenu sans vexations ni inquisitions, de feiçon à proportionner plus
exactement aux ressources de chaque citoyen sa contribution aux «fhàrges de l’État. Je suif
pour un impôt sur les choses et non sur les personnes, et je repousse aveë énergie celte
forriiule suivant laquelle l'iînpôt, détourné de son but, deviendrait un instrument d’égàlba-
t ion des fohtlhés, à proprement parler, dh moyen hypocrite de spoliation.
I/inminct de la prévoyance, le goût de Pepargne sont depuis longtemps des yèrufflaiP
daisés. Pdf les Sociétés de secours mutuels encouragéeê et subventionnées par l’État, Fini-
tiàtive privée, tout èn respectant la dignité et là liberté de chacun, apportera aux ouvriers
agricole*. comme aux ouvriers des villes, là solution du problème des retraites ouvrière
Jè sois favorable à là réduction progressive de là dotée du service militaire et à la sup¬
pression de toutes les dispenses, mais celle réforme égalitaire et démocratique si désiré*
par nos populations deVrâ être réalisée avec une prudêhce extrême et précédée du vote 1
d’une loi des cadres et d’une loi S Ht îcS rengagements. Eh aucun cas, ni les effectifs, mil
puissance de notre armée nationale ne devront en souffrir : sa cohésion, sa force et son
prestige seront toujours notre orgueil et notre patriotique espoir.
Mes votes en Faveur de la liberté Renseignent nt ne laissent aucun aoute sur mafaf®
de voir en cette matière, mais il me semble légitime que l'État exige des garanties de capa¬
cité égales de la part de tous les maîtres et qu’il exerce sur leur enseignement une surveil¬
lance effective*
Dans nos communes, je veux, comme par le passé, le maire respecté dans sa mairie,
le prêtre respecté dans son église, Pinsüliitëür fëspécté dans son école, chacun restant
dans son domaine.
Représentant d'une région agricole, ma sollicitude s’est toujours portée sur les intérêt
de nos populations rurales si sages, si modérées, si dignes de nos dévouements. Sur la
question de la tuberculose bovine, je suis toujours partisan de la liberté des ventes, mais
je me félicite d'avoir contribué à rendre le problème moins passionnant par un servie*
d'indemnités régulièrement établi et par d'importantes subventions aux consorces.
En outre, la Chambre a réduit à dix jours le délai de Faction en garantie, et limité au
dernier vendeur l'exercice de Faction. Le Sénat, je l’espère, sanctionnera ce vote*
Mes chers Concitoyens,
Le culte de la République fut, de tout temps* uüe tradition dans ma famille. Jë demeti*
rerai fidèle à cette tradition. Si des jugements différents ont pii être portés sur quelques-
uns de mes votes, j’aime à croire que nul n'a élevé un doute sur ma bouffe foi, ma loyauté
et ma correction politiques. Fai toujours pensé et jé persiste à croire qu’iî vaut mieux faite
aimer que faire craindre la République.
Jamais pour les services à rendre je n'ai fait une différence entre le plus modeste de
mes électeurs et le plus fortuné. Je me devais à tous *ans exception et je trois h’avoif
manqué à personne* Adversaire résolu des doctrines collectivistes, ce fut ma façon à moi
de faire du socialisme.
Si vous pensez que je puisse encore vous être utile, comptez Su t ma fidélité, ellen*
vous fera jamais défaut.
Veuillez agréer, mes chers Concitoyens, l'assurance de mon profond dévouement.
Constant DULÀU, Député sortant,
Membre de la Commission du budget, propriétaire et maire
à Castelnau-Chalosse*
415
N° 1152
LOIR ET-CHER
lro circonscription de BLOIS
M. GAUVIN
É]u au 1er tour de scrutin. — 10-194 voix.
Mes chers Concitoyens,
Deux fois déjà vous m'avez fait l’honneur de m’envoyer siéger à la Chambre des Dépu¬
tés pour y soutenir votre politique, vos intérêts et vos revendications.
De nouveau je sollicite votre confiance et vous demande le renouvellement de mon
HP daî, , j t ' * *
Laissez-moi tout d’abord vous énumérer très brièvement quelques-unes dos lois étu¬
diées ou votées par la dernière législature :
Agriculture. - Crédit agricole. - Warrants. - Sociétés d’assurances mutuelles. -
Régime des admissions temporaires du froment. — Dommages causés par le gibier.
Alcool industriel, etc. ..
Finances. — Réforme du régime des successions et des formalités hypothécaires. -
Rétame des boissons avec 126 millions de dégrèvement. — Réforme des octrois avec un
cinquième des droits dès aujourd’hui disparu. — Disparition des budgets extraordinaires,
-Amortissement de là Dette. — Budget spécial pour l’Algérie. — Premier emprunt fait au
pair (emprunt de Chine), etc...
Travaux publics. — Augmentation du matériel des chemins de fer pour 226 millions.
- Concession de 2.513 kilomètres de lignes d’intérêt local. — 1.453 kilomètres livrés a
l'exploitation. — Application de nouveaux tarifs communs aux sept grands réseaux, etc..
Industrie, Commerce. — Réformes d’assurances et de prévoyance sociale. — Retraites
ouvrières. — Création de nombreux postes de receveurs, de facteurs receveurs. — Bureaux
télégraphiques et téléphoniques, etc...
Et enlin, à l’actif de la politique générale : Rétablissement du calme dans les esprits
ei de l’ordre dans la me. - La loi sur les associations. - L’armée coloniale. -- La défense
des côtes, des ports et des colonies. — Mise en chantier de nombreux navires et sous-
marins. — L’Exposition universelle de 1900. — Alliance de plus en plus ôtioite entre la
France et la Russie, garantie de l’équilibre et de la paix en Europe, etc.
Mes chers Concitoyens,
La Chambre qui disparaît a fourni un travail considérable; sous l’impulsion d’un Gou¬
vernement qui a su agir et persévérer, la majorité républicaine a fait aboutir de grosses
réformes -
La Chambre prochaine voudra, je J’espère fermement, persévérer dans cette voie et
accomplir non pas tout le programme républicain, mais une partie au moins de ce pro¬
gramma.
Elle voudra notamment :
Après ia loi sur les associations, résoudre le problème des rapports entre les cultes et
l’État et prendre toutes les mesures et précautions nécessaires pour faire les Eglises libres [
dans l’État laïque souverain.
Enlever aux Dominicains, aux Jésuites, aux Eudistes, aux Mariâtes, à toutes les Contré- |
gâtions, en un mot, renseignement de la jeunesse française, et cela au nom de la liberté I
des pères de famille et au nom de Punit é morale dans ce pays.
Elle introduira dans les impôts directs la progression, déjà réalisée pour les suc# j
sions, qui frappera véritablement tous les revenus du capital, demandera davantage n I
superflu, moins à Futile et rien au nécessaire, à l'indispensable.
Elle fera le service de deux ans, les retraites ouvrières, la réforme des prestations.
Je m’arrête et vous dis : Moi aussi s je veux ces réformes et m’y associerai.
Mais, d’abord et par-dessus tout, je veux, par les mesures nécessaires et par tous les \
moyens quels qu’ils soient, la prospérité de notre agriculture, de notre commerce etdt I
notre industrie, et aussi et par là même, la sécurité et la grandeur de notre chère France.
Je reste fidèle à mes programmes antérieurs, les élargissant pour y mettre tout ce qui |
peut assurer plus d’égalité, plus de fraternité, plus de justice et plus de solidarité dans k i
problèmes sociaux.
Citoyens,
Vous savez mes aspirations, mon passé, mes actes, ma manière d’être au milieu de
vous; je ne changerai point d’attitude et tâcherai de mériter encore plus votre estime et |
votre confiance.
Et enfin, Citoyens, vous savez tous ia gravité du moment, l’attaque qui se déchaîne I
contre La République, Passant furieux qui se livre contre nos institutions.
Connaissant le danger, vous ferez votre devoir,
A cette coalition formée de républicains défaillants, de nationalistes, de cléricaux, k
représentants de tous les partis monarchiques, vous allez opposer une autre coalition, celle
de tous les républicains dignes de ce nom, de tous les Citoyens qui, s’inspirant de l'esprit de I
la Révolution française, veulent une République véritablement démocratique.
Et groupés, unis en uu faisceau puissant, vous repousserez l’assaut et triompherai I
encore le 27 avril prochain.
Aux urnes ! Pas d’abstentions et vive la République 1
E. GAUVIN, Conseiller général,
Maire de Mer, républicain radical, Député sortant.
N. B . — Dans la nouvelle répartition de l’impôt mobilier (amendement Lemoig^ll
les quatre députés de Loir-et-Cher ont voté contre. — Dans la répartition faite par le I
Conseil général, M. Gauvin a voté contre.
— 417 —
N° 1162
2,! circonscription, de BLOIS
M. RAGOT
Elu au 2° tour de scrutin. — 9.219 voix.
Mes chers Concitoyens,
Désigné, par le Congrès de Contres du 1 A mars, comme seul candidat ,du Comité de
Défense et d’Action républicaines pour la 2“ circonscriptian de Blois, j’ai l’honneur de solh-
citer le renouvellement de mon mandat*
J’ai conscience d’avoir, sans la moindre défaillance, rempli le programme nettement
démocratique et anticlérical sur leqnel vous m’avez accordé près de 11.060 suffrages.
Une partie des lois et des réformes de ce programme sont réalisées ;
Réforme du régime des successions avec suppression, sur le passif, des droits d’enre¬
gistrement ;
Organisation du Crédit agricole ;
Suppression, sur les boisons hygiéniques, des droits perçus par l’Etat et des droits
d’octroi dans un certain nombre de grandes villes.
Pour la défense de nos colonies, la Chambre a organisé l’armée coloniale, augmenté la
flotte et armé les côtes.
Enfin elle a voté la loi sur les associations, qui est la préface de la séparation des
Eglises et de l’État.
Mes chers Concitoyens,
Dans l’ordre économique, je demanderai une modération raisonnée des droits de douane
sur les blés et la réduction de l’impôt exorbitant dont sont frappés les sucres que nous
payons beaucoup plus cher que les nations voisines*
Opposé à tout relèvement de droits sur ies vins, je poursuivrai mes démarches ppur
obtenir une diminution sur le prix des transports*
Je continuerai de défendre les intérêts de l’agriculture, de la viticulture, du commerce
et de l’industrie nationale*
Mes efforts pour faire aboutir les projets de tramways de Selles à Contres et de la rive
gauche de la Loire n’ont pas encore été entièrement couronnés de succès, mais je suis heu¬
reux de constater que le Conseil général, dans sa Besfcioîï d^avriÇ a décidé, à ^unanimité,
moins une voix, que le tramway de Selles à Contres serait construit aux frais du dèpai-
tementj vote conforme au vœu émis par le Conseil d arrondissement de Blois sur la propo¬
sition de MM. Paul Thibault, Villedieu et Ragot.
Le Conseil général, dans sa prochaine session d’août, voudra certainement prendre la
même délibération en faveur du tramway des bords de la Loire*
Au point de vue fiscal, je réclamerai une répartition plus équitable des impôts directs
afin d’obtenir pour les classes laborieuses, par la progressivité, un dégrèvement tel 'que
chaque citoyen ne contribue aux charges de l’État que selon son revenu*
Je voterai en outre :
La suppression des prestations ;
La répression du vagabondage;
— 418 —
La diminution des frais de justice par la réforme du Gode de procédure civile, et Pex-
tension des attributions des juges de paix.
Le service militaire réduit à deux ans.
11 est regrettable que la Chambre n'ait pu obtenir du Sénat la suppression des 1$ jours
et le crédit de h- 6 00. 000 francs pour acheter du vin à nos soldats.
Enfin, plus que jamais, je suis partisan de Renseignement exclusivement laïque et de
l'abrogation de la loi Falloux qui, il y a cinquante ans, a livré Penfance à l'influence
cléricale.
Est-il possible de souffrir plus longtemps que « deux jeunesses, moins séparées par
leur condition sociale que par l’éducation qu’elles reçoivent, grandissent sans se connaître
jusqu'au jour où elles se rencontreront si dissemblables, qu'elles risqueront de ne plus se
comprendre »
Cette situation ne saurait se prolonger; nous avons une armée nationale; il faut que la
France soit dotée d'un enseignement national.
Citoyens,
La République est violemment attaquée par les partis monarchiques unis à des répu¬
blicains défaillants; cette coalition a pris le nom pompeux de nationalisme, La situation est
grave,
La congrégation brûle ses dernières cartouches; tous les moyens lui seront bons pour
envoyer à la Chambre une majorité qui n'appliquerait nas la loi sur les associations.
Républicains, serrez vos rangs et ne livrez pas les clefs de la maison aux ennemis du
Peuple qui, s’ils y pénétraient en maîtres, feraient bien vite main basse sur les trésors, si
laborieusement amassés, de nos lois républicaines.
Depuis plus de quarante ans, mes chers Concitoyens, je suis le serviteur de Pidée
républicaine et de îa Démocratie,
Pai la certitude de rester le fidèle interprète de vos volontés, en ayant sans cesse les
yeux sur les intérêts supérieurs de la Patrie et en défendant, contre la réaction, l'héritage
que nous tenons de nos pères de la Révolution française.
Vive la République !
Constant RAGOT, Député sortait,
Maire de Samt-Aignan.
N, -B. — Dans la nouvelle répartition de l'impôt mobilier (amendement Le Moigne),
M. Ragot, ainsi que ses trois collègues, a voté contre.
Circonscription de ROMORANTIN
M* PïCHERY
Elu au 2* tour de scrutin. — 7.8181voix.
Mes chers Concitoyens,
Fai été élu quatre fois en six ans au Conseil d'arrondissement, puis au, Conseil généra,
sur un programme et par le parti républicain du canton de fteung-sur-Beuvron.
Mes votes dans ces Assemblées ont toujours été conformes à mes convictions. C'est yqüs
dire et prouver mon inaltérable attachement au Gouvernement de la République.
— *19 —
N® 1162
Nous devons avoir pour guides *les principes de 1789 : assurer la liberté, toutes les
libertés nécessaires; rétablir l’égalité devant la loi en réduisant les frais de justice qui
ruinent les petits justiciables; rétablir aussi l’égalité devant l’impôt en supprimant la pres¬
tation, la contribution mobilière pour les travailleurs qui n’ont que le logement nécessaire
à leur' famille; en dégrevant le petit propriétaire et le petit patenté qui sont véritablement
surchargés.
Nous chercherons dans la fraternité et la mutualité la solution des retraites, qui sont une
nécessité et un droit pour les travailleurs en même temps qu’une obligation pour la société.
Pour réaliser ces réformes, il faut exiger les compensations nécessaires des valeurs de
bourse particulièrement favorisées, et réduire les gros traitements.
La loi sur le service de deux ans doit être votée par la prochaine Chambre, et nous étu¬
dierons la question des 28 et des 13 jours avec la ferme volonté d’aboutir à leur suppres¬
sion, tout en réservant les cas de mobilisation, de manœuvres et d’études générales indis¬
pensables à l’existence même de l’armée.
En politique, nous rechercherons l’uoion de tous les républicains; cette union est, à
l’heure présente, nécessaire pour défendre les institutions contre les tentatives césariennes
et les doctrines collectivistes, et maintenir les principes d’ordre et de liberté que Gambetta
et Jules Ferry considéraient comme la base et la raison d’être de la République, et dont
M. Waldeck-Rousseau a été en maintes circonstances l’éloquent et vigoureux défenseur.
Électeurs,
Vous devez élire un Député qui représente vos idées, mais vous méritez d’avoir en lui
un ami qui serve vos intérêts.
Je ne suis pas un étranger venu en Sologne pour y chercher une fortune politique ; je
suis un enfant du pays. Si vous m’accordez votre confiance, je visiterai souvent vos com¬
munes et, pour rendre plus faciles mes relations avec les habitants de Romorantin, je pren¬
drai un domicile dans leur ville; je m’occuperai de toutes les affaires que vous me confierez,
je me tiendrai toujours à votre disposition ; je n’hésiterai jamais à soutenir les petits, les
faibles, les déshérités de la fortune dans toutes les causes justes, comme je l’ai toujours fait
depuis que je suis un élu du Suffrage universel.
Vive la République !
Pierre P1CHERY,
Conseiller général de Loir-et-Cher,
Président du Comice agricole de l’arrondissement de Romorantin.
Circonscription de VENDOME
M. Henri DAVID
Élu au 1er tour de scrutin. — l/t.321 voix.
Mes chers Concitoyens,
C’est avec une entière confiance que je viens à nouveau solliciter vos suffrages.
J’ai, en effet, conscience d’avoir rempli fidèlement le mandat que vous m aviez confié
et d’avoir loyalement tenu les engagements que j’avais pris en 1899.
J’avais promis de m’associer à toutes les mesures favorables à l’agriculture. Dans cet
ordre d’idées, j’ai voté les lois destinées à protéger nos cultivateurs contre les abus de la
spéculation, et à maintenir les droits protecteurs sur 1 entrée en France des blés étrangers.
— 420 —
J’étudierai avec soin et j’appuierai toujours les mesures devant sauvegarder et soulagera
la fuis les intérêts de la culture et de l’industrie, qui sont les sources principales de notre
prospérité nationale.
J’ai également voté la réforme de l’inapôt sur les boissons, réforme réclamée vainement
depuis trente ans, qui dégrève nos vins et entraîne la suppression de Ta plupart des droits
sur les boissons hygiéniques, ,
J’ai voté encore les lois qui rendaient la répartit ion de l’ipip&t plus équitable* et no¬
tamment la loi sur les successions» qui diminuo considérablement les charge supportées
jusqu’ici par les petits héritages et qui déduit les dettes de l'actif. imposable, Cette modi-
flcation, attendue depuis de longues années, est accomplie à l’heure actuelle.
J’avais déclaré que nous ne devions rien épargner pour assurer la défense nationale,
en tortillant l’armée et la marine. J'ai, en conséquence, voté la création de l’armée colo¬
niale, le rajeunissement des cadres par les retraites proportionnelles, le relèvement de la
solde et des indemnités des officiers subalternes.
Quant à la durée du service militaire, je suis partisan résolu du service de deux ans,
avec suppression de toutes les dispenses, car j’estime que l’impôt du sang doit être acquitté
également par tou3. . .
J’avais déclaré dans mon programme que je voterais la loi sur les associations, « abso.
luraent nécessaire pour assurer la prépondérance du pouvoir civil ». J’ai exécuté fidèlement
ma promesse, et j’ai l’intime conviction d’être resté respectueux de la liberté de conscience
de chacun.
Toutes les réformes en faveur desquelles je me suis prononcé ne sont pas accom¬
plies. Je tiens à vous déclarer que je suis toujours partisan de la révision du cadastre, de la
modification du régime des prestations et de l’abaissement des petites patentes, de l'amé¬
lioration des retraites pour la vieillesse, de la simplification de la procédure et de la réduc¬
tion des frais de justice.
Pas d’augmentation d’impôt, économie dans les finances, suppression des emplois inu¬
tiles, diminution des gros traitements, meilleure répartition de l’impôt au point de vue
humanitaire, qui devra frapper désormais le superflu de préférence au nécessaire. Voilà
mon programme politique et économique. Jè réemploierai de toutes mes forces à le
réaliser. . . ,
Quant aux intérêts des communes et de mes électeurs, j’ai conscience de ne jamais les
avoir négligés et d’avoir toujours apporté mon concours, chaque fois que j’en ai été sollicité,
Chers Concitoyens,
Républicain sincère et convaincu, je me suis attaché à ne faire œuvre républicaine
qu’avec des républicains. Une nouvelle coalition s’est formée, dans laquelle sont entrés les
débris des vieux partis monarchistes et réactionnaires. Ils ont formé un parti qui s’intitule
nationaliste, comme si les sentiments nationaux et patriotiques pouvaient être accaparés
par quelques citoyens seulement.
Vous connaissez trop bien les hommes qui se sont ainsi groupés, pour vous abuser un
instant sur le but qu’ils poursuivent; vous saurez déjouer leurs manœuvres.
Le 27 avril marquera une date.
La situation telle qu’elle se présente ne souffre pas d’indécision.
Électeurs républicains de l’arrondissement de Vendôme, faîtes votre devoir. Certains que
vous êtes d’avoir un représentant entièrement dévoué aux intérêts de la démocratie labo¬
rieuse, vous anéantirez, parla souverain été de votre bulletin de vote, la coalition réactionnaire.
La République s’en remet à vous pour faire triompher sa cause qui est celle de la
patrje
Vive la [République 1
Henri DAVID,
Conseiller général de Droué,
Député sortant.
421 —
N° 1162
LOIRE
lre circonscription de MONTBRISON
M. LE VET
Élu au 2e lour de scrutin, — 9. $41 voix.
Mes chers Concitoyens,
. ,nnt vf,H. m-avez honoré, en me donnant vos suffrages et en renouvelant
La confiance dont vous @ ime disp9nser de vous faire une longue profession
six fois mon mandat p ’ H ,jèrement oraves qui vont présider aux élections du
| *££ ÏSZL l’objet, 4. pari etsl'aotm. ta pta rien» républicains, m’o¬
bligent à “"f “ d‘2“',“de® ,t dhrtpHWiçMB. Us uns, soutenus par la coalition do tous
Àujourd hui tout la n>(,,u nas oerdu l’espoir de la renverser. D’autres, venus
les adversaires de la Repu q > républicains parce qu’ils sont nés sous ce régime, Les
au monde depuis sa mais, n’avant donné aucun gage, rien ne
SrÆ pm^ntds même s’ils étaient nés sons un autro gon.srnsmsn. on s’ils
avaient plus d’interet a se ai pu contribuer à la fondation de la Répu-
Q"!?î _ T' TL™ doR institutions républicaines, républicain je suis, républicain
progrès, qm l ; adversaire de tout régime monarchique et plébiscitaire, je
■ ï PrTZ V d trondre îes libertés que nous tenons delà Révolution de 1789.
SU1S U faut avant tout combattre le collectivisme qui tend à supprimer la propriété indm-
ll îaut avant roui dans ja Déclaration des Droits de l’homme. La pro-
s: - *«* « - *«“•*- r de
pnete înüiviaue , -t Alre encouragé, à placer ses econounes et la juste rému-
“ï6 "T* d‘ f S' “ ï“i ta» de piétés rurales on urbaines, à .mailler avec la
«--ta» «" -o»™* «» P'".r’“s d?bie“:
te ni exemple de son attachement an sol de la patrie, «n encouragement a conmbuer à
“ pâteàn convaincu dêTa"s»^émalie d» pouvoir civil, j’entends qo’il respecte la litertê
de consSceTa Ùberlé de tons, tonte, les libertés. La raison d'être ,.t la supénomé du
réBime’républicain consi, tenté assnrer la liberté, à l’étendre et non a la restreindra tout
en veitllnt l ce que celte liberté n. soit pas «ne cause de troobl. 0. nn, menace contre le
gouvernement répnbltcatm cuUeSi c’esl dire que je ne sois pas partisan de l’abro-
gaüoa du cTb”‘d.t, ni de 1. séparation de l’Église et de l’Éiat, mesures ,», n. sera.eni
— 422 —
avantageuses à personne, et qui, du reste, ne sont pas réclamées par l’opinion publique de
notre pays.
A la Chambre, j’ai fait partie de la Commission de l’armée et j’ai pu ainsi étudier les
questions militaires. Je suis convaincu que, sans compromettre la défense nationale, il est
possible de réduire à deux ans la durée du service, en maintenant l’armée forte, disci¬
plinée et digne du respect de tous, qui est nécessaire pour garantir la paix, assurer la sécu-
riié de la patrie et de la République, et qui doit vivre en dehors des intrigues et des in¬
fluences des partis politiques.
L’étude de la répartition la 'plus équitable de l’impôt doit faire l’objet de la constante
sollicitude des pouvoirs publics et j’estime que c’est par une politique d’économie qu’il faut
rassurer les contribuables, améliorer la situation financière, établir l’équilibre, arriver
môme au dégrèvement qui portera d’abord sur les charges de l’agriculture.
Les plus grands encouragements doivent être donnés aux œuvres de mutualité, de soli¬
darité et de prévoyance.
La question des retraites ouvrières, celle de l’assistance des infirmes et des incurables,
«t toutes celles qui intéressent le sort des travailleurs des villes et des campagnes, devront
être étudiées avec le désir de les voir aboutir par des moyens pratiques et réalisables.
Mes chers Concitoyens,
En me présentant à vos suffrages, je fais appel, moi, vieux républicain, à ceux qui
sont fermement attachés aux institutions républicaines et qui veulent qu’il n’y soit jamais
porté atteinte.
Bien résolu à n'avoir aucune compromission avec nos adversaires, si vous me conti¬
nuez votre confiance, je continuerai de mon côté à suivre la voie que vous m’avez tracée, à
travailler à la consolidation de nos institutions, à la réalisation de l’union sincère et loyale
de tous les Français sous le drapeau et la devise de la République, le seul gouvernement
capable d’assurer l’ordre, la paix, le progrèset la liberté.
Vive la République !
G. LEVET,
Vice-président du Conseil général,
Député sortant.
2* circonscription de MONTBRISON
M. Charles DORI AN, décédé, a été remplacé par M. Daniel DORIAN,
qui, décédé lui-même, a eu pour successeur M. ORY.
Voy. Elections partielles.
42a —
N* H 62
ln circonscription de ROANNE
M. AÜDIFFRED
Elu au 2e tour de scrutin* — 12.716 voix.
Mes chers Concitoyens,
Vous avez à vous prononcer entre deux politiques : la politique républicaine et la poli¬
tique collectiviste.
Les candidatures d’à côté n’ont été imaginées que pour créer au profit de la candidature
collectiviste une confusion que vous saurez dissiper.
La République, c'est le gouvernement du progrès par l'ordre et ta liberté, et l'ordre est
m si puissant facteur du progrès que Gambetta s'est plu à développer cette pensée pro¬
fonde : Le progrès, c'est le développement de l'ordre.
La République doit donner toutes les libertés : la liberté de conscience, la liberté du
travail, la liberté d'association, la liberté d'enseignement, au profit de tous, car elle n'est
et ne peut être que le Gouvernement de tous par tous.
En s'attachant à faire pénétrer partout l'idée de fraternité, la République tend à faire
naître entre tous les citoyens toujours plus d'entente, de concorde et de solidarité.
Le collectivisme, au contraire, partant de cette idée fausse de la lutte des classes, de la
haine créatrice, de la socialisation des moyens de production, tend à favoriser la discorde
entre les citoyens et à détruire tous les stimulants de l'activité humaine. Le socialisme,
qu'on essaye d'atténuer en vue des élections, a pour base, comme cela a été déclaré dans
tous les congrès et dans tous les programmes «le fait prétendu historique de la lutte des
classes et, pour aboutissant logique, la socialisation des moyens de production par le prolé¬
tariat organisé en parti de classe ayant conquis les pouvoirs publics m Ce qui veut dire en
bon français: « la suppression de la propriété privée ».
Le collectivisme est fondé sur cette idée erronée que le bien des uns ne peut être
réalise qu'au détriment des autres. La vérité est toute différente.
Ce qui caractérise le véritable acte de progrès, c'est qu'il profite à tout le monde et ne
nuit à personne. L’idée de lutte entre les classes, l'idée d'antagonisme, c'est l'idée du passé
que les événements battent en brèche constamment.
L'idée d'accord, de solidarité, c'est au contraire l'idée moderne que la science, par des
créations incessantes, permet de réaliser chaque jour davantage. Mais les faits parlent plus
haut que toutes les théories.
La République a donné à l'instruction publique un développement considérable.
il faut maintenant perfectionner sans cesse les méthodes pour rendre cet enseignement
plus accessible, améliorer constamment cet outillage pour qu'il donne les résultats les plus
tuiles. J'ai contribué à le créer ; je saurai travailler à l'améliorer.
le suis si bien convaincu que la science contribue puissamment au progrès intellectuel
et moral, comme à toute amélioration matérielle, que j'ai présenté et fait voter par les
Chambres une loi, aujourd'hui promulguée, relative à la création d'une caisse des
recherches scientifiques qui assurera aux savants français les moyens de poursuivre leurs
travaux si féconds dans l'intérêt de l'humanité.
Cette oeuvre de l'instruction et de la science a profité à tout le monde ; elle ne nuit à
personne.
La République a multiplié les voles de communication : chemins vicinaux, chemins de
fer et canaux, qui ont permis à l'agriculture, à l’industrie et au commerce d’augmenter
~ m —
considérablement leur production. Ces créations ont également profité à tous les Français
et elles n’out porté préjudice à personne. Il faut continuer cette œuvre à laquelle notre
département est si vivement intéressé ; augmenter tous les ans le nombre de nos chemins
vicinaux et de nos chemins ruraux ; achever nos chemins de fer départementaux, prolonger
notre réseau télégraphique et établir notre réseau téléphonique; enfin mener à bien l'exé¬
cution du programme des voies navigables .et construire le grand canal de jonction du
Rhône à la Loire, dont j’ai été le rapporteur.
Faire tout cela, c’est augmenter le nombre, la quantité des objets de consommation
dans l 'intérêt de tout le monde, sans porter préjudice à personne.
Mais il ne suffit pas de créer des richesses nouvelles, de mettre à la disposition de
chacun, en plus grande quantité, des objets de consommation ; il faut éviter que l'État
gaspille une partie importante du produit du travail national. Des habitudes déplorables se
sont introduites dans le vote des dépenses budgétaires ; le déficit devient la règle, et
chaque année ce déficit augmente. !1 faut mettre un terme à ces abu3 par deux moyens:
le premier, c’est de supprimer ^initiative parlementaire des Députés en matière de
dépenses, comme cela se pratique dans tous les pays libres ; le second, c-est de rétablir là
confiance, la pata sociale, d’en finir avec les menaces qui effrayent les capitaux, les font
émigrer, arrêtent les entreprises industrielles et agricoles, et diminuent la production
nationale au profit de nos rivaux étrangers.
Lorsque ces mesures auront été prises, Tordre se rétablira bien vite dans les finances;
les excédents de recettes reparaîtront, et, dé ces excédents, on devra faire deux parts: l’une
devra être consacrée aux travaux publics qui développent la richesse publique et augmen¬
tent ainsi la richesse de la. nation ; Paûtre au dégrèvement des petites cotes trop lourde¬
ment chargées, telles que les patentes des petits commerçants, les rôles de la petite
propriété agricole et le dégrèvement des frais de justice.
Agriculture. — Il importe de faire aboutir enfin diverses mesures dans l’intérêt de
l’agriculture : création de Chambres d'agriculture analogues aux Chambres de commerce;
organisation du crédit agricole; réduction du prix de transport des vins et organisation de
marchés de vente, dans les pays qui n’en produisent pas, à l’aide de syndicats agricoles.
Colonies. — Nous avons conquis un immense empire colonial, far sa mise en valeur,
notre industrie trouvera des débouchés et son développement favorisera dans nos cités
industrielles l’écoulement de nos produits agricoles.
Décentralisation, — Avec la rapidité des transports et des communications télégra¬
phiques et téléphoniques, notre centralisation excessive est un non-sens. Tout afflue à la
capitale et la province s’anémie. Il faut décentraliser un grand nombre de services, ea
remettre la direction aux pouvoirs focaux bien placés pour lesconnaître. On permettra ainsi
aux hommes de valeur qui ne sont pas au Parlement de travailler au bien du pays dans
des assemblées régionales.
Service militaire. — 11 faudra aussi atténuer le service militaire dans la mesure com¬
patible avec la défense nationale*
Retraites de vieillesse. — La constitution des pensions de retraites au profit des vieil¬
lards, dénués de ressources et qui ne peuvent plus travailler, est une des questions que
nous devons résoudre. Comme je Fai montré à la Chambre, ce n’est pas par l'obligation
mais par la liberté que ce problème devra être tranché ; c’est par les sociétés de secours
mutuels qu’on parviendra à créer les pensions de retraites. La loi sur les Sociétés de
secours mutuels, dont j’ai été le rapporteur, donne toute facilité pour créer ces pensions de
retraites*
L’effort personnel doit être à la base ; la subvention de l'État venir ensuite. Aide-toi,
la République t’aidera: voilà la formule, en dehors de laquelle on se dépenserait en stériles
tentatives.
Armée. — Que deviendrait notre pays, s’il n’était pas défendu ?
Il faut énergiquement s’opposer à toutes les mesures qui tendraient à affaiblir Tannée*
— 425 -
N° 1162
Avec Gambetta , il faut avoir la pensée constante de maintenir Parmée forte et puissante
pour qu’elle mette la patrie à l'abri de fous les dangers.
Électeurs j
J'ai contribué, depuis trente-quatre ans, à fonder la République.
Je vous représente depuis vingt-trois a ns à la Chambre des Députés, Ma ligne politique,
qui est celle des républicains progressiste?, n’a jamais varié : « Ni réaction ni révolution ».
A la Chambre, je me suis consacré aux œuvres utiles. J'ai été le rapporteur de lois
importantes et principalement de lois sociales;
La loi relative à la création de la caisse d épargne postale, la loi sur la caisse des
retraites nationales, la loi sur la création des caisses de secours et de retraites des ouvriers
mineurs, la loi sur les Halles centrales qui, en moralisant le marché, a servi les agriculteurs,
enfin la loi sur les sociétés de secours mutuels, qui est la charte de la mutualité.
Les représentants des sociétés de secours mutuels m’ont fait Phonneur de me nommer
premier vice-président du conseil supérieur de la mutualité, dont j’ai présidé les délibéra¬
tions depuis sa création.
C’est avec confiance que je vous demande de voter pour la politique que je soutiens.
Vive la République !
H. ÀUDIFFREO,
Député sortant.
Président du Conseil générai de la Loire.
Appel aux électeurs
Chers Concitoyens,
Entre la candidature franchement répub'icaine de M. Audiiïred et la candidature collec¬
tiviste de M. Augé, pouvons-nous hésiter ?
M. Audiiïred veut le développement progressif de nos institutions, dans l’ordre et la
liberté ? il veut la paix sociale pour la pratique de la justice, de la tolérance et de la soit-
daritê ^ il a ie cube de la Patrie.
M, Augé, au contraire, veut la révolution sociale et la lutte des classes au lieu de la
fraternité ; il est internationaliste.
Les autres candidats répudient également ie collectivisme, mais surtout ils attaquent
violemment M. Audiiïred, le plus ferme et lu plus dangereux adversaire de celte doctrine.
Vous reconnaîtrez que cette attitude n'est pas claire et autorise quelque défiance.
Dans ces conditions, notre devoir est tout tracé,
La concentration des amis de l’ordre et de la liberté doit se faire sur le nom de
H, Audiiïred, le vaillant député qui mérite toute notre confiance.
Vive la République I
P. Boühganel,
Sénateur de la Loire,
5 li
— 426 —
2e circonscription de ROANNE
M. MOREL
Élu au l°f tour de scrutin. - 10.771 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le Congrès républicain réuni au Coteau le 23 mars dernier m a désigne, à 1 unanimité,
comme candidat à l’élection législative du 27 avril 1902. Je viens, sous ce patronage
autorisé, solliciter v(B suffrages avec confiance.
Vous me connaisses assez pour me dispenser d’inutiles déclarations. Patriote et répu¬
blicain, je donnerai dans l’avenir, comme je l’ai fait dans le passé, mon concours le plus
dévoué à toutes les mesures capables d’assurer la grandeur de la France et d’affermir la
République. Le devoir primordial, à l’heure présente, consiste à sauvegarder, contre toutes
les entreprises, Fin, tangibilité du patrimoine républicain et de nos libres institutions démo¬
cratiques. Pour mon compte je n’y faillirai pas, et je m’inspirerai de cette triple nécessité;
défense, action, union républicaine.
J’ai voté la loi sur les associations dans l'intérêt de la paix publique et dans celui de la
sécurité de l’État. Je demeure partisan de son maintien et dè son application, en dehors de
tout esprit sectaire, sans faiblesse contre l’intrigue politique, mais avec bienveillance pour
la charité véritable.
L’abrogation de la loi du 15 mars 1850, dite loi Falloux, me paraît nécessaire pour faire
cesser un privilège injuste et établir l’égalité des titres et des grades entre les professeurs
de l’enseignement privé et ceux de l’enseignement public. Ce ne sera pas porter atteinte à
te liberté de l'enseignement ni aux droits des familles que de renforcer le contrôle et la sur¬
veillance de l’État sur tous les établissements scolaires, dans le but de réprimer sévè¬
rement toute instruction contraire aux lois, à la Constitution et à l’unité morale de la
nation.
Notre pays s’impose sans compter de lourds sacrifices dans l’intérêt de son honneur et
de là défense de son intégrité territoriale. Il importe néanmoins d’alléger son fardeau des
charges reconnues inutiles. La réduction du service militaire actif à deux années, rendue
possible par la suppression des dispenses, répondra au vœu général des populations. Cette
réforme pourra se réaliser sans affaiblir nos vaillantes armées en conservant, par des
moyens appropriés, la solidité des cadres eL le maintien des effectifs normaux.
La situation financière doit réclamer, en tout temps, l’attention vigilante des représen¬
tants du peuple. Un contrôle rigoureux des dépenses publiques suggérera toutes les éco¬
nomies compatibles .avec 1a bonne administration du pays.
Notre système d'impôts doit s’orienter de plus en plus, sans procédés vexatoires, vers
l’équité fiscale et 1a justice. Ou se rapprochera progressivement de ce but en protégeant le
travail, favorisant l’épargne, ménageant la famille et en exigeant, de l’aisance et de la
richesse, une contribution proportionnelle à leurs facultés. Le dégrèvement des objets de
première nécessité : aliments, boissons hygiéniques, sucre, combustibles, etc., doit être
poursuivi avec persévérance, notamment par 1a disparition graduelle des taxes d’octroi,
dans l’intérêt combiné de 1a production, de 1a consommation et de la santé publique.
L’amélioration de la condition des classes laborieuses, dans les villes et dans les cam¬
pagnes, s’impose à la sollicitude constante des gouvernements soucieux de leurs obligations
morales. Le développement des œuvres de mutualité, l’organisation rationnelle des retraites
pour la vieillesse, l’assistance des vieillards, des infirmes, des incurables, des familles
N° 1162
— 427 — -
indigentes nombreuses, compléteront l’effet bienfaisant des lois que la République a déjà
mises en application pour le soulagement des malades, des enfants et des invalides dénués
ressource. Ces mesure» intelligentes auront, comme conséquences heureuses,, la sup¬
pression de la mendicité professionnelle et la répression du vagabondage, fléau de nos com-
1111111 y agriculture, l’industrie, le commerce, ces sources vives de l’activité et de la fortune
nationales, réclament des soins éclairés, une protection suffisante, des encouragements
blGI1 La vulgarisation, dans nos écoles primaires et professionnelles, de l’enseignement
agricole théorique et pratique, l’organisation du crédit h bon marché , la diffusion des sociétés
d'assurances mutuelles, l’ouverture de débouchés nouveaux pour les produits du sol,
création de Chambres consultatives spéciales, donneront au momie agricole une heui ense
impulsion et, par l’obtention de meilleurs rendements, fourniront aux cultivateurs une jus e
rémunération de leurs efforts patients et laborieux. .... ,
La question des tarifs douaniers intéressant notre belle industrie des soieries pures est
à l’ordre du jour. La prochaine législature devra lui donner une solution équitable et
^"urevision de k législation sur les patentes modérera les charges excessives du petit
commerce et favorisera, par ce moyen, la circulation et la vente des produits agricoles et
mdUEnfin, par l’extension de la compétence des juges des paix et par la réduction des frais
de procédure, nous servirons efficacement les intérêts des justiciables tout en sauvegardant
les patrimoines les plus modestes. _ r 1
Ce programme, mes chers Concitoyens, peut et doit réunir I adhésion de tous les r p -
hlicains sincères, soucieux de l’ordre, de la stabilité, partisans des justes libertés, mais en
même temps décidés fermement à réaliser les réformes désirables et necessaires. Il laisse
à l’écart l’agitation stérile, il dédaigne les calculs étroits inspirés par de malsaines ambi¬
tions, il répudie les intrigues égoïstes des sectes et des coteries, mais il servira utilement
la cause républicaine. 11 répond aux aspirations légitimes de la démocratie française,
délimite un terrain d’entente facile et d’action commune, où toutes les bonnes volontés
peuvent se rencontrer immédiatement, sans marquer, pour l’avenir, de frontières infran¬
chissables à des conceptions raisonnables plus larges ou plus hardies.
Je le soumets avec confiance à la sanction de vos suffrages et je garde la conviction que
vous le ferez triompher, au scrutin du 27 avril, avec une imposante majorité.
En avant ! pour la Patrie ! pour la République, pour le Progrès !
Vive la République :
J.-R. MOREL,
Député sortant,
Candidat de la concentration républicaine
— 428 —
lre circonscription de SAINT-ÉTIENNE
M, Aristide BRIAND
Élu au 1er tour de scrutin. — 9.063 voix.
Citoyens,
À l’heure ou toutes les forces coalisées de la réaction cléricale font rage contre [a
République, lé devoir des amis de la liberté, à quelque nuance de l’opinion républicaine
qu'ils appartiennent, est tout tracé.
Aucune hésitation ne leur est donc permise.
Le péril n’est pas à gauche, il est à droite.
Aussi tous les [sommes de progrès, tous les défenseurs des institutions républicaines
doivent-ils se grouper étroitement pour faire bloc contre les candidats de la réaction.
Dans la 1LÔ circonscription de Saint-Étienne, la réaction est représentée par M. Prénat,
la République, par le citoyen Aristide Briand.
C’est pour ce dernier que nous exhortons tous les démocrates sincères à voter avec
discipline, sans hésitation et sans défaillance.
Citoyens,
Pas de votes égarés, pas de forces perdues dont profiterait la réaction. Tous aux urnes,
le 27 avril, pour assurer par l’élection du citoyen
Aristide BRIAND
le triomphe de la République et de la Liberté,
2e circonscription de SAINT-ÉTIENNE
M. PIGER
Élu au 2e tour de scrutin. — 8.359 voix.
APPEL DE LA FÉDÉRATION SOCIALISTE DU CANTON DES DEUX-SUD DE SAINT-ÉTIENNE.
Citoyens,
Vous êtes appelés, le 27 avril prochain, à un scrutin qui peut être décisif pour l’orien¬
tation du pays et l’avenir de la République.
Le Comité d’Union socialiste et Parti ouvrier ne pouvait faire un meilleur choix, en
d’aussi graves circonstances, que celui du citoyen J, Piger, que nous recommandons, en
conséquence, à vos suffrages.
Vous le connaissez tous.
— 429 ~
N° 1162
Très attaché aux idées d'émancipation intégrale qu’apporte avec lui le socialisme, il
6<q, à cause de cela, un fidèle et énergique défenseur des institutions républicaines, quTil
considère, à juste titre, comme l’outil indispensable de tout progrès, de toute rénovation
materielle et morale, tant dans Tordre politique que dans Tordre économique.
Son passé répond (Tailleurs de son avenir, D ms la modeste sphère de son activité
municipale, il s'est toujours appliqué à sauvegarder avec zèle et une persévérante activité
ïes intérêts des petits, à peu près complètement sacrifiés, a une date encore très rapprochée
de nous.
C'est ainsi qu'adjoint à la police, il s'est appliqué, entre autres choses, à proscrire les
habituelles (autrefois journalières) brutalités policières, connues sous le nom justement
abhorré de « passage à tabac * ; il a mis également un terme à certaines arrestations
préventives, véritables violations de la liberté individuelle qui s’exerçaient jadis contre des
citoyens auxquels on ne reprochait que des peccadilles dont la preuve restait encore à faire
devant u ii juge impartial.
A la tête du bureau des élections, c’est lui qui a enfin réformé le corps électoral
stéphanois, et si, demain, ce sont tous les citoyens ayant droit de vote qui peuvent parti¬
ciper à l'intégral exercice de leurs droits, c’est à notre candidat, à ses vaillants, incessants
et féconds efforts qu'ils le devront
i%us ne pouvons passer en revue, ici, toutes les réformes municipales dont nous lui
sommes redevables.
Au reste, le citoyen Piger est suffisamment connu de vous tous pour qu'il soit inutile
d’insister davantage.
À la Chambre, s'il est votre élu, ce qui ne fait de doute pour personne, amis ou adver¬
saires, il persistera dans celle noble et généreuse tradition.
Son dévouement s'emploiera spécialement au vote des lois ouvrières, qui attendent
depuis trop longtemps les sanctions parlementaires, et sans cesser de propager partout
l’idéal socialiste, il poursuivra, autant que possible, les réalisations pratiques, où Sa classe
prolétarienne puisera de nouvelles forces et des armes efficaces pour les grandes luttes qui
l'attendent.
Commerçant lui-même, le citoyen Piger connaît bien tous les particuliers intérêts,
besoins et aspirations du commerce local. Son zèle, son dévouement, son intelligence, que
nous avons tous éprouvés, ne sauraient donc sur ce point se trouver en défaut.
Électeurs, nous vous demandons, en conséquence, d’acclamer la candidature du
citoyen Piger, que son intégrité, sa probité personnelle recommandent impérieusement à vos
suffrages.
Républicains, pas 'd’hésitation! Allez résolument à un homme auquel on ne peut
reprocher la tare d'aucun acte douteux, d'aucune compromission avec nos ennemis
communs.
Socialistes, travailleurs, petits commerçants et industriels, souvenez-vous que Tœuvre
de notre émancipation nécessaire ne saurait être poursuivie que par vous-même ou par des
délégués de votre classe.
Tous donc aux urnes I Et, à une formidable majorité, que triomphe votre propre cause
qu’incarne le candidat de l'Union socialiste et Parti ouvrier que nous vous présentons I
Vous aurez ainsi bien servi, avec conscience et clairvoyance, les grands intérêts de
Saint-Étienne et de la démocratie.
Vive la République sociale I
~ 430 —
3e circonscription de SAINT-ÉTIENNE
M. CHARPENTIER
Élu au 2e tour de scrutin, — 10,265 Toi x.
Les comités républicains socialistes qui patronnent la candidature Charpentier adressent
aux électeurs la proclamation suivante ;
Citoyens électeurs,
Vous connaissez notre candidat et son programme, depuis bientôt dix années qu’il
exeree dans notre région les mandats électifs q,ue votre confiance lui a accordés^
Il est résolument partisan de réformer notre état social, en introduisant d une façon
effective, dans les institutions et les lois» les principes de liberté, de solidarité et de justice
proclamés par la Révolution française, et en améliorant la situation des travailleurs des
villes et des campagnes, conformément aux. progrès scientifique et industriel, et aux néces¬
sités de l’ordre économique. .
Une telle réforme ne peut être réalisée qu’a la condition de maintenir d abord, au-
dessus de toute atteinte* le régime démocratique dont l’inqtitution est fréquemment ea
butte aux tentatives des partis réactionnaires qui confondent dans une même réprobation
l’idéal républicain et l'idéal socialiste. ,
Après avoir été, il y a quelque temps", les artisans ou les complices des menees plébi¬
scitaires et césariennes - après avoir applaudi ou encouragé secrètement les antisémites et
nationalistes fauteurs de conspiration et d’émeutes — ils empruntent aujourd’hui le masque
républicain; ils se parent du. titre de « libéraux » et même de progressistes pour mieux
dissimuler leurs sentiments rétrogrades et « leur hostilité bien connue à toutes réiormes
démocratiques et égalitaires >k
Ils dénoncent en même temps socialistes, radicaux et républicains gouvernementaux
comme l’ennemi commun.' qu’il faut à tout prix combattre et anéantir.
«. Ils accusent les socialistes de vouloir la suppression de la propriété, le partage des
biens, la destruction de la famille et de la religion ->, tout comme ils reprochent au Gouver¬
nement actuel de « vioLer les libertés individuelles, de persécuter l’Église, de mener le
pays à la banqueroute financière et.de préparer le bouleversement social » .
La mauvaise foi de ces adversaires sans scrupule est égale dans un cas comme dans
r autre.
Voua ne serez pas dupes de leurs manœuvres déjà trop souvent renouvelées.
Le passé et les actes de notre candidat suffisent à montrer, en ce qui le concerne, l ina¬
nité de pareils griefs.
La préoccupation unique du citoyen Charpentier dans l’exercice des mandats qu m
remplis — soit au Parlement, il y a quatre ans — soit au Conseil général — soit à la muni¬
cipalité, a élé de contribuer au soulagement des misères, à la réparation des injustices, a
la revendication ferme et constante des droits des travailleurs, ü l’étude attentive et rai
sonnée de toutes les questions intéressant la prospérité commerciale et industriel e u
pays, et de notre région en particulier. ... . Vpi_
Il saura consacrer la même somme d’activité et de dévouement, d’intelligence et u
forts à l’accomplissement de sa nouvelle tâche.
N° lt 62
— 431 —
Il mettra, comme toujours, sa conduite en conformité avec ses déclarations et ses enga¬
gements en s’efforçant de mériter votre estime et votre confiance,
Votez pour le candidat républicain, résolu à défendre la République contre toutes les
attaques et à faire aboutir les réformes sociales.
Votez pour le citoyen
E. CHARPENTIER,
Avocat,
Conseiller général,
Adjoint au maire de Saint-Étienne,
Ancien député.
4 e circonscription de SAINT-ÉTIENNE
M. CLAUDINON, dont l’élection a été annulée, a été réélu.
Voy. Élections partielles.
— 432
LOIRE (HAUTE-)
Circonscription de BRIOUDE
M. DEVINS
Élu au 2e tour de scrutin, — lO.SbO voix*
La réunion organisée par le Comité républicain radical de Brioude a été tenue Salle des
Conférences, le dimanche 6 avril, à 2 h. 1/4.
M* Devins a prononcé ^allocution dont nous donnons le résumé ci-dessous :
Citoyens,
Pour permettre aux électeurs républicains d'entendre ce qui sera dit, et de se faire
entendre, nous avons écarté de la première partie de la séance les personnages qui ont
l'habitude de venir troubler nos réunions publiques* La réunion et celle qui la suivra n’en
seront pas moins contradictoires.
Je dois des comptes à fous les républicains, à tous ceux qui m'ont élu en 1893, Quant
aux adversaires, de quelque parti qu'ils soient, ils ont le droit d'écouter, de contrôler ce
que je dirai; ils ont le devoir de venir ensuite s'expliquer devant tout le monde pour re¬
lever les erreurs que je commettrais, et pour formuler en public les accusations menson¬
gères et calomnieuses qu’ils lancent contre moi depuis quatre ans. J'ai apporté toute la col-
lection du Journal officiel, de 1898 à 1902. Là, on trouvera mes votes et tous mes travaux,
et aucune équivoque ne sera possible.
Pour juger la conduite d'un représentant, il faut se reporter aux promesses qu'il a faîtes
au moment de son élection et comparer avec ses actes.
Prenons le compte rendu de la réunion de 1898, dans laquelle fut acclamée ma candi¬
dature. Voici ce que je lis à la lin de ce compte rendu, après la critique par moi faite des
actes et des votes du député sortant en 1898 :
« Le programme radical de 1893, de Lavis de M, Devins, peut encore être accepté au¬
jourd’hui par un candidat radical, avec les modifications plus spéciales que crée la situation
actuelle.
a La politique du ministère Méline, qui s'appuie sur les réactionnaires et les ralliés, ne
peut convenir à une démocratie qui veut les réformes tendant à améliorer le sort des
travailleurs de l'agriculture et de l'industrie, plutôt qu'a servir les intérêts des grands finan¬
ciers.
u M, Devins dit à ce sujet qu'il proteste contre les qualificatifs d'allié des collectivistes
ou des réactionnaires, que des adversaires de mauvaise foi accolent à son nom ; il n'a pas
la moindre envie d'aller partager avec personne ou de supprimer la propriété en mettant
tous les biens en commun,
« Ce qu'il veut, au contraire, c’est quMoiit le monde puisse être ou devenir proprié-
N° H 62
— 433 —
(aire, et, pour arriver à ce but, il faut répartir les charges de façon à ce que les impôts por-
lent surtout sur l’aisance.
« M. Devins est partisan de l'impôt sur le revenu et de ïa suppression des impôts frap¬
pant le travail ou les travailleurs sous quelque forme que ce soit, lî est aussi pariisan de la
création et du développement des syndicats et de renseignement agricoles, aujourd'hui in¬
dispensables aux agriculteurs ; de la création de caisse de retraites pour les travailleurs âgés
ou infirmes; de modifications aux lois sur les vins; de la diminution des frais de justice; de
ja diminution des dépenses par la suppression des emplois inutiles, la diminution des gros
traitements.
« Il estime que le travail législatif est entravé par l'existence du Sénat, assemblée fon¬
cièrement réactionnaire, toujours prête à s'opposer aux lois démocratiques que ta Chambre
des Députés pourrait voter.
« Il ferait partie, s'il était élu, du groupe radical, qui inscrit dans son programme la
révision de la Constitution, rimpôt sur le revenu et l’amélioration du soit dos travailleurs
par tous tes moyens dont dispose le législateur. Il apporterait dans la solution de ces ques¬
tions toute son activité et tout son bon vouloir, avec le désir de travailler utilement pour
son pays et ses concitoyens, n ayant en vue que le bien public et non pas les intérêts et les
appétits d'une coterie qui ne sorge qu'à exploiter la République. »
Dès mon arrivée à la Chambre, îe Ministère Méline fut interpellé sur sa politique géné¬
rale et renversé à cause de son refus de se séparer nettement des groupes de droite. Le
ministère Brisson, qui lui succéda, ht appel aux républicains pour leur demander leur appui,
ainsi que le ministère Charles Dupuy. Ces deux ministères furent gênés dans leur action par
l'affaire Dreyfus. Pendant le ministère Dupuy, des événements imprévus survinrent ; la
mort de M. Félix Faure, Président de la République ; la nomination de M. Loubet à celte
haute fonction. Le parti antijuif, la ligue des plébiscitaires, organisèrent des manifestations
bruyantes et tumultueuses. Le Président de la République ayant été insulté d’une manière
indigne a Auteuil, par la jeunesse royaliste, il s'en suivit une manifestation lépubli*
caine, le dimanche suivant. La police ayant, sans discernement, frappé les manifestants,
le ministère Dupuy, qui avait cru devoir la défendre, fut renversé après être resté six mois
au pouvoir.
Le ministère qui lui succéda, le ministère Waldeck-Rousseau, fut très long à consti¬
tuer, Des républicains de nuances très diverses en firent partie. 11 y avait loin de M. de Gal-
liiïet à M. Millerand ; tous les partis extrêmes accueillirent bruyamment ce gouvernement
qui obtint néanmoins une assez: forte majorité, qu'il a conservée depuis, en demandant aux
républicains de s'unir pour défendre énergiquement les institutions républicaines. Ses
premiers actes furent des actes de vigueur contre le parti nationaliste, qui entretenait une
agitation inquiétante. Son chef Dêroolôde avait voulu, le jour des obsèques de M. Félix
Faure, conduire des soldats à. l’Elysée, et ne cachait pas ses desseins d amener un change -
ment de gouvernement. Les principaux chefs du mouvement furent arrêtés, et la rue rede¬
vint tranquille : elle l'est restée depuis. Il faut savoir gré au gouvernement de nous avoir
donné l’ordre et la tranquillité.
Le ministère Waldeck-Rousseau s’est nettement appuyé sur les gauches. Des républi¬
cains, même des républicains radicaux, ont critiqué la présence d un socialiste dans ce mi¬
nistère. Je n'ai jamais partagé cette manière de voir : j’estimais au contraire que, par le
fait de la présence au ministère d’un homme ayant la confiance des ouvrieis, les conflits
entre le capital et îe travail devaient se résoudre plus facilement. On ne saurait prétendre
que les grèves ont été plus fréquentes, sous ce ministère, qu a d autres époques, à cause de
la présence du ministre socialiste du commerce, il y a des grèves dans îous les pays, même
monarchiques. Il n'y a pas longtemps, l'Espagne a été ensanglantée par une teirible grève,
et pourtant l'Espagne a un gouvernement monarchique !
Ce qui est arrivé, et ce dont on doit se féliciter, c’est la manière dont le gouvernement
55
est intervenu dans les conflits entre patrons et ouvriers, main tenant l’ordre sans provoca¬
tions, ne lançant pas, comme autrefois, les troupes contre les ouvriers, invitant ses repré¬
sentants à servir de médiateurs entre les parties en conflit. Beaucoup de grèves se sont ter¬
minées sans violences, et pour le plus grand bien des intéressés.
Ce ministère est resté longtemps aux affaires, et y est encore. C’est lui qui a fait voter
la loi sur les associations, qui a provoqué tant de clameurs, et que très peu de personnes
comprennent.
Quel est l’esprit de cette loi? — Elle établit d’abord la liberté pour associations entre
les personnes qui veulent mettre en commun leur activité et leurs connaissances dans un
but autre que de partager des bénéfices; liberté qui n’existait pas auparavant.
La deuxième partie de cette loi règle la situation des congrégations.
Bien que cela soit fait pour étonner bien des gens, cette loi, en ce qui concerne les
congrégations, est presque littéralement la reproduction d’une loi promulguée en 1825. On
ne peut pourtant pas dire que le roi Charles X était un ennemi du clergé; mais il voulait,
comme les monarchies de l’ancien régime, aiïirmer son pouvoir, en face de celui de ces
organisations qui pouvaient constituer des États dans l’État, et porter ombrage au
Gouvernement français, en raison de leurs attaches avec des chefs étrangers qui sont à
Rome, Tel est d’ailleurs, le sens de la loi de 1901, complétée par un réglement d’admi¬
nistration publique qui, pour autoriser les congrégations, exige qu’elles se soumettent aux
évêques*
Ce qui a été ajouté à la loi de 1901, c’est cette sanction qui n’était pas inscrite dans celle
de 1825. Gomment sefaib-ildonc que les monarchistes d’aujourd’hui trouvent mauvais ce qui
était trouvé nécessaire par eux à l'époque où ils gouvernaient?
La Chambre n’a pas eu l’intention de supprimer les congrégations : une proposition
tendant à ce but a été n- poussée par 503 voix contre Le rapporteur, qui était loin d’être
un clérical, a dit au cours de la discussion : « Nous ne disons pas : plus de congrégations;
nous disons : assez de congrégations. » J1 faut reconnaître que, depuis 1825, leur nombre a
considérablement augmenté: il y en a aujourd’hui près de 1.700. De même leur fortune qui
de 50 millions qu’elle était à cette époque, est aujourd’hui de près de 500 millions, l’Em¬
pire et la deuxième République les ayant laissées se développer sans leur demander de se
mettre en règle avec les lois les concernant.
Le Gouvernement a voulu aussi enrayer l’accroissement des biens de mainmorte, qui
s’immobilisent dans les mêmes mains au détriment de la fortune publique.
Mais, dira-t-on, pourquoi limiter les droits des gens?
On n’empêche personne de faire de sa liberté rasage q.u’jl veut; on oblige seulement
les associations à se soumettre à la loi. En cela, on ne fait pas seulement une œuvre fran¬
çaise, qui a été celle de tous les gouvernements français, mais aussi une œuvre républicaine
en obligeant tous les citoyens à se soumettre aux lois françaises.
Ici, je tiens à m’expliquer sur une contradiction que l’on a prétendu trouver entre mes
votes à la Chambre sur celte loi, et les propositions que je fis à Rrioude au Conseil muni¬
cipal, lorsque Favis de cette assemblée fut demandé sur un établissement dépendant d’une
congrégation autorisée. Cette formalité est demandée par le règlement du Conseil d’État,
qui est chargé de donner les autorisations aux établissements de ce genre. Je pro¬
posai j vu Humilité des avis non motivés donnés en pareil cas, de s’en remettre purement
et simplement au Gouvernement du soin de statuer sur la question. Beaucoup d’assemblées
communales ont agi ainsi, et beaucoup de députés, du même avis que moi, n’approuvent
pas rintervention des Conseils municipaux. Je me suis abstenu, mais mon abstention n’em¬
pêche nullement de fonctionner la loi, et n’est pas en contradiction avec mon vote à la
Chambre- Des maires et des Conseils municipaux de notre arrondissement, partisans du
Gouvernement et delà loi sur les congrégations, ont même donné des avis favorables.
La discussion de cette loi a duré longtemps et a donné lieu à de nombreux scrutins.
J’ai voté la prise en considération d’un contre-projet, présenté parM.Pueèh, portant que les
associations de personnes peuvent se former librement (séance du 29 janvier 1901); pour
— 435 —
N* 1162
un amendement tendant à attribuer la répression des délits, en matière dissociations, à la
Cour dissises (7 février); contre l'amendement Zévaès demandant la suppression des con¬
grégations (repoussé par 502 voix contre 33) - pour l'amendement Thierry, tendant à dis¬
penser de l'autorisation ies congrégations ayant pour objet des œuvres de bienfaisance on
des missions scientifiques a l'étranger ou aux colonies; pour le paragraphe 1 delirticle 13,
portant que les congrégations ne peuvent se former sans autorisation donnée par une loi;
pour l'amendement Àlicot, porta ut que, pour les congrégations existant au moment de Ja
promulgation de la présente loi, l'autorisation sera donnée par décret rendu en Omseil
dfètat. J’ai voté et signé une motion soutenue par M. Gazais, invitant le Gouvernement à
prendre les mesures nécessaires pour organiser efficacement le contrôle de renseignement
libre, et prononçant en conséquence la disjonction de l’article et son renvoi à la Commission
de renseignement, où il me semblait être mieux à sa place.
J'ai voté r article 14, portant que nul n'est admis à diriger un établissement d'instruc¬
tion publique s'il appartient à une congrégation non autorisée. Sous les monarchies de 1815
et 133 & j Les congrégations n'avaient môme pas le droit d’enseigner.
J'ai voté l'amendement Perreau, autorisant la preuve contraire en cas de contes¬
tation pour les actes de vente ou de donation sur le caractère des personnes inter¬
posées .
J ai voté l'ensemble de la loi*
♦ Au nombre des réformes d'ordre fiscal ou financier votées par la Chambre, se trouve
Pim portante loi des boissons, qui a supprimé l'exercice chez les débitants pour les boissons
hygiéniques ; supprimé les droits d'entrée et de détail et maintenu seulement le droit de
circulation de 1 fr. 53 par hectolitre sur les vins. Il y a eu des améliorations néanmoins
sous le rapport des formalités relatives à la libre circulation des vins entre les divers domi¬
ciles des propriétaires. J'ai voté l'article 1er d'un contre-projet Vaillant tendant à la sup¬
pression totale des droits sur les boissons hygiéniques; contre la suppression du privilège
des bouilleurs de cm (amendement Vaillant) ; pour la suppression du droit de détail, de
circulation (amendement Girou); contre un amendement obligeant à la déclaration, pour
les bouilleurs décru (amendement Flèory-Ravarin), Cette loi, a mon avis, peut et doit être
modifiée, au point de vue du droit de circulation et des licences imposées aux proprietaires
récoltants.
La Chambre a également voté une loi sur les successions, ayant pour objet de déduire
le passif de l'actif pour le payement des droits et établissant une certaine progression à
mesure que les fortunes recueillies augmentent en importance. La progression votée par la
Chambre pour ce premier cas s’arrêtait à 1 million. Un amendement dont j'étais signataire
a eu pour résultat d’augmenter les droits progressifs sur les successions dépassant ce chiffre.
Cet amendement, qui avait été plusieurs fois rejeté parle Sénat, a été partiellement accepté.
Les droits pour les successions de 50 millions et au delà, en ligne directe, sont de 5 0/0,
alors que pour les petiks successions ils sont de 1 0/0.
Diverses questions ouvrières ont été traitées^ par la Chambre. La loi sur les accidents, du
9 avril a été modifiée dans un sens favorable aux ouvriers, pour leur procure^ une justice
plus facile et plus expéditive; des subventions ont été votées pour h s cours professionnels,
ha loi du 2 novembre 1S92 sur le travail des enfants dans les manufactures, et
faite en vue d’assurer aux ouvriers une protection de leur santé, a été modifiée de façon
que les enfants et les adultes lassent le même temps de travail dans les manufactures. J'ai
voté les propositions de réduction du travail clans les mines à S heures d'abord, puis 9 heures,
avec faculté pour les ingénieurs des mines d'autoriser une journée supplémentaire par se¬
maine pour des nécessités économiques-
La Chambre a voté la loi prononçant la suppression des bureaux de placement, qu'elle
a considérés comme des établissements ou l'on exploite surtout les ouvriers en quête de
place; elle voudrait voir les mairies ou les syndicats se charger de ce travail. J’ai voté pour
œtle proposition, qui n'a pas été adoptée par le Sénat.
— 436 —
La Chambre a également voté une loi sur les employés des chemins de fer, réglemen¬
tant la durée du travail et leur accordant des retraites après 25 ans.
Mais la principale des questions ouvrières est incontestablement celle des retraites
ouvrières* La Chambre Ta discutée pendant longtemps, et au moment désengager dans le
détail des articles, elle a du renvoyer la question à une autre époque, invitant le Gouverne-
ment à faire une enquête auprès des groupements ouvriers et patronaux intéressés. Le
projet présenté à la Chambre par la Commission et le Gouvernement portait que les ouvriers
étaient tenus de se constituer une retraite en versant chaque jour 0,05, 0,10, 0,15 ceii'
timos, selon que leur journée était inférieure à 2, 5 francs et au delà. Mêmes versements
étaient faits par les patrons. L’État était chargé de conserver cea dépôts et d’en capitaliser
les intérêts, de façon à constituer pour la vieillesse une retraite.
Les groupements ouvriers ou patronaux consultés ont fait des réponses défavorables; le
texte de la loi doit donc être modifié.
Parmi les contre-projets présentés, j’ai voté le principe des amendements Vaillant,
portant l’assurance par l’État contre les risques sociaux pour toute personne vivant de son
travail ; la proposition Mirrnan, tendant à la création d’une taxe d’invalidité pour tout Fran¬
çais incapable de travail à cause de son état de santé.
J’ai voté contre un contre-projet déposé par M. Allemane, portant création des retraites
alimentées par la suppression des héritages en ligne collatérale. J'ai voté le contre -projet
Àudiffred, autorisant tout ouvrier industriel ou agricole à se constituer des retraites en re¬
courant aux sociétés de secours mutuels, dont le fonctionnement a pris un grand développe¬
ment dans certains pays.
J’estime qu’il y a lieu pour P État d'assurer l’existence des travailleurs âgés et usés au
moyen des fonds de l’État, des départements et des communes, et de favoriser ceux qui
veulent être prévoyants. Le système primitivement adopté par la Commission avait le grand
inconvénient de rendre nécessaire la création de nombreux employés, et l’obligation pour
beaucoup de citoyens de tenir une comptabilité rigoureuse sous peine de s'exposer à des
amendes. Mieux vaudrait, à mon avis, adopter le système des caisses mutuelles, adminis¬
trées directement per les intéressés et contrôlées par l’État.
Passons à la question budgétaire. Les budgets que la Chambre a votés pendant les
quatre dernières années n’ont pas été sensiblement différents des précédents. Le budgeu
un peu augmenté tous les ans en raison des dépenses militaires et des augmentations
ou créations d'emplois.
J’ai voté, d’une manière générale, toutes les réductions ou prélèvements proposés sur
les gros traitements, ceux des trésoriers -payeurs généraux par exemple, et contre toutes les
augmentations de traitement des employés autres que ceux des employés faiblement rému¬
nérés, tels les facteurs, les cantonniers, les instituteurs...
Je pourrais énumérer une longue série de votes émis dans ce sens en 1890. Q^el que
soit le désir de vouloir être agréable à de nombreux employés, on ne doit pas oublier que ce
sont les comribuables, vous tous, qui êtes chargée de remplir les caisses qui servent à payer
les serviteurs de l’État.
Un amendement que j'ai signe et qui a été déposé par mon collègue M. Bertheîot, a
modifié le règlement de la Chambre et introduit une disposition en vertu de laquelle un
Député ne peut proposer par voie budgétaire des augmentations de traitements ou d’indem¬
nités ou de pensions, ou de créaiions de services.
J'ai voté une autre disposition réglementaire, présentée par M. Lasies, tendant à empê¬
cher le vote par procuration en matière de dépenses.
J’ai voté pour une modification à la loi sur les patentes, qui n’a pas été acceptée, et qui
aurait eu pour résultat de faire cesser les patentes, dans !e milieu d’une année, quand un
commerçasse retire du commerce. — Une loi sur les patentes, votée par le Sénat, est arrivée
trop t-ird pour être votée par la Chambre, avant la séparation. Une demande de discussion
immédiate a été produite à la séance du 27 mars. Elle eût permis de frapper de droits
élevés les grands magasins, qui font plusieurs commerces et font une concurrence terrible
— 437 —
n° 1162
aux magasins de province. Elle a été repoussée par 227 voix contre 200 {le Journal officiel
du 28 mars me porte comme ayant voté cojitre, mais immédiatement après le scrutin se
trouve une rectification* page 1(562, concernant le vote déposé, pendant une absence momen¬
tanée, par un collègue et indiquant que je voulais voter pou r|.
Je dois ici faire une observation. En ce qui me concerne, j’estime que le vote d’un
Député pour plusieurs autres Députés ne devrait pas être admis; je n’en use point, et au
lieu de faire comme beaucoup de mes collègues, qui passent quelquefois plusieurs mois loin
de le Chambre, tout en prenant part aux scrutins, je fais constater mon absence par des
congés. J’ai voté l'urgence pour une proposition déposée par M, Breton, tendant à ce que les
noms des Députés absents soient publiés au Journal officiel.
La Chambre a voté en juillet dernier un amendement à la loi des contributions directes,
qui a fait un grand bruit ces derniers temps, et provoqué de nombreuses plaintes, dans
beaucoup de communes. Je veux parler de l’amendement Le Moigne.
Voici en quoi consiste cet amendement ;
Le contingent en principal de la contribution mobilière est réparti entre les départe¬
ments d’après les évaluations sur la propriété bâtie faites en 1901. Certains départements,
comme la Haute-Loire, qui depuis plusieurs années ont vu diminuer leur importance, ont
eu une diminution sensible qui n’est pas moindre de 60. 000 francs. Notre arrondissement
paye 13,000 francs de moins que les années précédentes. Toutes les communes de l’arron¬
dissement de Brioude, à l’exception de cinq, profitent de diminutions plus ou moins impor¬
tantes. Les augmentations d’impôt mobilier portées sur les feuilles d’impôt proviennent,
pour l'impôt mobilier* ou de diminution dans le nombre des contribuables imposés dans une
commune, ou de changements, effectués par les répartiteurs, sur les valeurs locatives. 11 faut
également tenir compte d’une augmentation votée parle département, pour quelques années,
en vue de transformer sa dette, transformation qui, dans quelques années, sera suivie d’une
diminution sensible. Une modification plus importante, que j’aurais désiré voir inscrire dans
nos lois de finances, eût été celle qui eût établi l’impôt progressif sur le revenu, en rem¬
placement des contributions foncière, mobilière, des portes et fenêtres et des patentes. J ai
signé, avec dix-huit de mes collègues, un projet dans ce sens, qui comportait l’établissement
d'un impôt sur les revenus supérieurs à 1.500 francs avec des taxes variant de 1 à 9 0/0,
selon que les revenus s’élèvent. À plusieurs reprises, j’ai eu à me prononcer sur des propo¬
sitions de discussion de projets d’impôt sur le revenu, mais la Chambre n’a pas voulu s as¬
socier a ces motions. Cet impôt dégrèverait les cultivateurs et établirait la justice fiscale,
celle qui consiste à faire payer, pour la contribution aux charges publiques, beaucoup aux
gens très aisés, peu aux gens moins aisés, et rien à ceux qui ne vivent que de leur
travail.
Au point de vue administratif, j’ai voté le maintien des sous-préfets. J estime qu ils
doivent être maintenus, et leurs attributions augmentées, mais je serais d’avis que le nombre
des préfets devrait être diminué.
fai voté la suppression des fonds secrets, dont j’ai toujours combattu le principe, sauf
cette année où je me suis abstenu, ne voulant pas contribuer à renverser le ivlinistère, qui
avait posé la question de confiance sur le vote de ce crédit.
J’ai voté toutes les suppressions de crédit pour les périodes de 28 et 13 jours* sauf en
1899* où je votai, le 9 mars, contre la suppression des 28 jours et 13 jours, m’associant à îa
déclaration d’un collègue de mon groupe, qui dit que pour cette année il convenait de main¬
tenir la période des 28 jours afin de hâter la discussion et rétablissement du service de
2 ans, dont je suis partisan {j’ai même signé la motion Gouzy, adoptée par la Chambre le
25 février 1902), mais le 10 mars 1899, j’ai voté un amendement tendant à la suppression
des 13 jours. Depuis cette époque, j’ai voté d’une manière constante les propositions ten~
dintà la suppression des 28 et des 13 jours (10 février 1900, 16 février 1900, 21 décembre
1900, 25 janvier 1902).
43S —
J’ai voté une proposition ayant pour but d'accorder aux militaires, en cas de décès de
leurs parents, le voyage gratuit, ainsi qu’une autre tendant à accorder la franchise postale
aux militaires sous les drapeaux. — A l'occasion de l'expédition de Chine, il a été proposé
(26 novembre î 0 0 1 ) une allocation à toute famille dont le fils serait mort au cours de cette
expédition, ainsi que des indemnités, secours ou pensions aux victimes (j’ai voté ces deux
propositions).
La Chambre s’est occupée, à plusieurs reprises, de l'amélioration du sort du soldat : j'ai
voté dans ce sens l’amendement Narbonne (28 décembre 1900), pins tard repris par M. Bourrât
(28 mars 1902) tendant h ce qu’il fût accordé du vin aux soldats.
La sollicitude du Parlement pour le soldat est partagée par le Ministre de la Guerre qui,
dans une cérémonie à laquelle il avait présidé, dans notre province, en I960, à l’inaugura¬
tion du monument du général Desaix, définissait la manière dont les généraux de la Révo¬
lution comprenaient leurs rapports avec les soldats : « Desaix, dit le Ministre de la Guerre,
sut mettre en pratique bien avant la lettre les belles et justes prescriptions, relatives à la
subordination, qui figurent en tète de nos règlements militaires et que les chefs de tout
grade aiment tant à méditer; il sut que les devoirs militaires offrent une double série d’obli¬
gations, il oblige non seulement à l’égard de ceux que la hiérarchie a placés au-dessus, mais
encore — et ceci est d’une importance capitale — à l’égard de ceux qui sont placés au-des¬
sous. w C'est là le langage d’un général républicain. Le Ministre de la Guerre a été violem¬
ment attaqué par ceux qui trouvent qu’il est trop républicain. Il est aujourd’hui permis à un
officier de prononcer le mot République, sans être aceu>é de faire de la politique et d'ôirc
mal noté pour l'avancement* La politique, certes, doit être exclue de l’armée, mais ce qui
est aussi inadmissible, c’est que l'avancement soit subordonné, comme cela a duré pendant
longtemps, à la manière dont les officiers faisaient parade de pratiques de dévotion. Il n’eu
est plus ainsi aujourd’hui : on exige des officiers des titres militaires sérieux et on ne s'oc¬
cupe pas de leurs opinions religieuses.
La Chambre a eu à se prononcer plusieurs fois sur la conduite du Ministre de la Guerre,
h l'occasion de questions de discipline; elle a affirmé toujours que dans l’armée on ne doit
pas faire de politique; que la discipline doit être observée également par tout le monde,
officiers et soldats; le Ministre, qui est le chef de Tannée, est le seul officier qui ait le droit
de faire de la politique, politique qui est celle du Gouvernement qu’il est chargé de faire
respecter.
J’ai voté la création d’une médaille pour les combattants de 1870, ainsi que celle de
l'expédition de Chine.
Je suis intervenu dans une question qui intéresse spécialement les cinq cantons de notre
arrondissement, dont les réservistes font partie du régiment de Montélïmar; je liai pu
obtenir que celte situation soit modifiée.
Les questions agricoles ont été de la part de la Chambre l'objet d’une attention spéciale :
le dégrèvement des cotes inférieures h 25 francs a été maintenu. La Chambre s'est occupée
de la mévente des blés; elle a consacré de nombreuses séances à rechercher les moyens de
parer à ces crises si pèniblcs pour nos cultivateurs. Elle a voté, une première fois, la créa-
lion de bons d'importation qui auraient dégage le marché français (proposition qui a été
rejetée par le Sénat). Elle a voté une réforme de l’admission temporaire des blés, suppri¬
mant les acquits-à-caution, que les acheteurs de blés étrangers ont le droit de réclamer, s’ils
déclarent vouloir faire transformer en farine le blé par eux acheté et à qui remise est faite
des droits de douane de 7 francs par quintal, si une quantité de farine égale sort par un
point de la frontière; l’acquit-à-caution cédé par l’acheteur de blé étranger à un meunier
français d’une autre région fait 1 objet d’un trafic lucratif pour la spéculation, mais qui ne
profita ni aux producteurs* ni aux consommateurs- A ces inconvénients, la Chambre a mis
ordre eu réglementant d'une manière sévère le régime de l'admission temporaire!
Pour la mévente des vins, la Ghambre a nommé une Commission d’enquête qui conclut
à la transformation du vin en alcool a boire par TuulLation de 1 alcool industriel à l’éclairage
et au chauffage.
— 439 —
N* 1162
Des propositions d’allocations ont été faites pour les syndicats antiphylloxérîques, ainsi
que des subventions aux agriculteurs pour combattre les maladies de la vigne (9 mars 1900),
ainsi que des dégrèvements de l’impôt foncier (11 juillet 1898); je les ai votées, de meme
qu’un amendement au budget de l’agriculture, tendant à augmenter de 2 . 400 - 000 francs le
crédit affecté aux constructions de chemins neufs. Notre département, qui est en état d’infé¬
riorité sous ce rapport, a grand besoin de subventions plus élevées; j’ai fait des demandés,
auprès du Ministre de l’Intérieur, pour obtenir une subvention plus élevée.
La Chambre a inscrit au budget des secours importants pour les victimes des orages et
des intempéries, pour les propriétaires victimes de pertes de bestiaux atteints de tubercu¬
lose; elle a modifié la loi accordant un délai de jours aux acheteurs de bestiaux atteints
de cette maladie ; elle a réduit ce délai à 10 jours, temps suffisant peur reconnaître la
maladie, sauvegarder les droits des acheteurs et des vendeurs, et leur éviter des frais
considérables.
Cela m'amène à vous parler des frais de justice, qui représentent, chaque année,
300 millions pour les contribuables. Il va être établi des tarifs un peu plus faciles à com¬
prendre que ceux qui sont actuellement en vigueur, de façon à ce que les justiciables puissent
les vérifier et les contrôler, et ne se laissent pas dôpouillerjiar des hommes d’affaires indé¬
licats. J’ai dû intervenir à îa Chambre pour signaler des abus commis. J’espère qu’il y sera
mis bon ordre.
J’avais inscrit dans mon programme de 1898 la neutralité de l’État en matière de cultes.
J’estime que l’État doit rester étranger aux questions de cultes : n’eu favoriser aucun, n’eu
persécuter aucun ; laisser libres tous les citoyens sous le rapport des croyances.
Comme tous mes prédécesseurs républicains à la Chambre, j’ai voté la suppression du
budget des cultes. J’estime que si une monarchie peut considérer le service des cultes comme
indispensable pour faire enseigner au peuple que l’autorité du chef de l’État est d’essence
supérieure, il ne doit pas en être de même en République, où le peuple, étant appelé à choisir
ses représentants et ceux qui doivent le gouverner, doit être en mesure, grâce à l'instruction,
de comprendre ses droits et ses devoirs de citoyen.
Je suis partisan de la liberté de l’enseignement sous le contrôle et la surveillance de
l’État, selon la formule inscrite dans la Constitution de 1848 :
« La liberté d’enseignement s’exerce selon les conditions de capacité et de moralité
déterminées par les lois et sous la surveillance de l’État, Cette surveillance s’étend à tous les
établissements d’éducation et d’enseignement, sans aucune exception. »
Nos devanciers, qui avaient fait la Révolution de 1848, savaient comment on doit appré¬
cier la liberté.
Les républicains sont divisés sur la question du monopole. L’un d’eux, M. Clemenceau,
qu’on n’accusera pas de cléricalisme, s’exprimait récemment sur cette question dans des
termes très nets : « Ce qu’il y a au fond du débat de l’abrogation de la loi Falloux, c/est la
question de la liberté de renseignement. Certes, je n’oublie pas que l’Église n’a songé à ia
revendiquer que du jour oùeüe s’est vu enlever le monopole qu’elle avait jusqu’alors détenu...
La liberté d’enseignement n’en est pas moins l’un des principes fondamentaux de la doc¬
trine républicaine ; nous n’aurions fait que mentir à cette doctrine si l’abrogation de la loi
Falloux devait avoir pour résultat de nous ramener au régime antérieur à 1850, c’est-à-dire
au rétablissement du monopole universitaire... J’ai le regret de le constater, mais c’est là
pourtant le rêve de plus d’un parmi les républicains... Pour moi, je ne puis m’empêcher d’y
voir une outrageante défiance de la liberté. »
Ven aurai fini avec la partie politique de mon mandat quand j’aurai mentionné une pro¬
position tendant à la nomination du Sénat par le suffrage universel, que j’ai votée, et uno
proposition tendant à porter a six ans la durée du mandat des Députes, à six ans avec le
renouvellement partiel; de telle sorte que la première série des Députés serait élue pour
trois ans, et que la Chambre serait une assemblée permanente comme le Sénat ou les Conseils
— 440 —
Généraux. Le travail législatif y gagnerait; le commencement et la fin d une législature
entièrement renouvelée sont peu productifs au point de vue des résultats unies. C’est là une
des causes pour lesquelles, de tant de promesses faites aux électeurs, il y en a eu si peu
d'exécutées,
Pai signé de nombreuses propositions de loi et en ai déposé plusieurs, telles sont;
r Proposition ayant pour objet d’ouvrir au Ministère de l'Intérieur, sut l’exercice 1899,
un crédit de 100.000 francs destiné à venir en aide aux populations de l’arrondissement de
Flrioude (Haute-Loire), éprouvées par les orages et inondations de l'Ailier pendant l’été et
l’automne de 1899 ;
Proposition de loi avant pour objet d’ajouter les officiers ministeriels aux citoyens
désignés dans l’article 31 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse;
3° Proposition de loi ayant pour objet d’ouvrir aux Ministères de l’Agriculture et de 1 In¬
térieur, sur l’exercice 1900. un crédit de 200.000 francs pour venir en aide aux habitants
des communes de Blesle et Saint-Étienne-sur-Bleslc (Haute-Loire), et réparer les dégâts
causés par un orage aux chemins vicinaux et ruraux de ces communes;
V Proposition de loi avant pour objet d’ouvrir aux Ministères de 1 Intérieur et de 1 Agri¬
culture, sur l’exercice 1900, 'un crédit de 35.000 francs pour indemniser les victimes de l’orage
du 2 octobre, dans la commune d’Autrac (Haute-Loire);
5° Proposition de loi tendant à modifier l’article 8, § IV, de la loi du 21 mai 1830, sur les
chemins vicinaux ;
6° Proposition de loi ayant pour objet d’ouvrir au Ministère de Tlntèneor, sur 1 exercice
1901, un crédit extraordinaire de 500.000 francs, destiné à secourir les habitants des can¬
tons de Paulbaguet, Brïoude et Blesle (Haute-Loire), victimes des orages du 9 juin 1901 ;
70 proposition de loi tendant à l’ouverture d’un crédit de 300.000 francs au Ministère
de l’Intérieur, sur l’exercice 1901, pour venir en aide aux populations de l’arrondissement
de Mou de, victimes des orages et des inondations du mois de septembre 1901;
8n proposition de loi ayant pour objet de créer au Ministère de l’Agriculture une caisse
de secours destinée à indemniser les cultivateurs victimes des intempéries (orages, grêles,
gelées, inondations).
Pour les questions intéressant plus spécialement l’arrondissement, j’ai demandé et
obtenu des études en vue de la construction de chemins de fer concédés à la Compagnie du
Midi, du pont de Montgon (Cantal) à Arvaut on toute autre direction à établir par des com¬
missions compétentes. Des études ont été faites en vue de cette construction dans plusieurs
parties de notre arrondissement, l’ai obtenu la création d’une chaire spéciale d agriculture
qui rendra les plus grends services à nos agriculteurs, de môme que j’ai obtenu d’impor¬
tants secours pour les orages qui ont éclaté, en 1901, sur notre arrondissement. 3e n’ai pas
à parler ici de mon intervention en faveur des communes ou pour faire rendre justice à nos
concitoyens, p
A vous de dire si vous estimez que jTai rempli mon mandat en bon citoyen ; je serai fier
de votre approbation si vous déclarez que je suis resté fidèle h mes promesses et à mes
principes républicains! Vive la République!
Le président invite les électeurs qui auraient des questions à poser ou dos explications
à demander au Députe, à se faire connaître.
Personne ne s’étant présenté, le président-met aux voix l’ordre du jour ci-dessous, qui
est adopté à la presque unanimité des électeurs présents ;
<t Les électeurs républicains de l’arrondissement de Brioude, réunis au nombre
de 1.200, après avoir entendu le compte rendu de sou mandat fait par M. Devins, Député,
et ses explications sur ses votes, approuvent entièrement sa conduite, lui demandent
de présenter à nouveau sa candidature républicaine, vraiment démocratique, et prennent
l’engagement de la soutenir énergiquement et de la faire triompher le 27 avril! »
— 44 1 —
Na 1462
lre circonscription du FU F
M. Y IGG U ROUX
Elu an 1er tour de scrutin, — 10,110 voix.
Mes chers Concitoyens,
Mes actes ont prouvé, mieux que des paroles, la sincérité de mes opinions républicaines*
dont personne n’a jamais douté de bonne foi. J’ai conscience d’avoir fidèlement rempli mon
mandat, et le témoignage des élus du suffrage universel, les plus qualifiés pour parler en
connaissance de cause, me permet de dédaigner les insinuations perfides et les attaques
mensongères dont je suis l'objet depuis 5 ou 6 mois.
De même que j'ai exécuté sur tous les points le programme que vous avez ratifié par
une éclatante majorité en septembre 19130, de même, j'exécuterai intégralement les
différentes parties de celui que je soumets aujourd’hui à votre approbation.
Au point de vue politique, partisan convaincu de l’union entre républicains, j’ai refusé
et je refuserai de suivre aveuglément un Ministère dont je n'ai jamais compris le but
mystérieux et dont le triomphe, divisant notre parti, l’affaiblirait, d’une part, au profit des
réactionnaires, d’autre part au profit des révolutionnaires. La nécessité de maintenir, à
tout prix, la force économique de noire pays impose, à tous les bons Français le devoir de
mettre un terme aux discussions haineuses et sans issue qui paralysent depuis 3 ans notre
activité nationale*
Fidèle aux principes formulés par la Déclaration immortelle des Droits de Hiomme et
du citoyen, je respecte la liberté de croire aussi bien que la liberté de penser. C'est
pourquoi, si je désire l'extension et ïe perfectionnement ae l’enseignement laïque, je ne
Yeux pas m’associer aux nouvelles atteintes qui pourraient être portées à la liberté d’asso¬
ciation ou à la liberté d’enseignement, que je suis résolu à maintenir avec les plus grands
penseurs de notre époque, l’immense majorité des professeurs de l’Université, nos deux
émiaents sénateurs et la plupart des 363 qui sont encore députés.
Passionnément attaché au régime parlementaire, — régime discrédité par ceux-là
même qui entravent son fonctionnement normal, — je soutiendrai, jusqu’à ce qu’elles
aieut été adoptées, les réformes que j’ai eu l’honneur de proposer avec André Berthelot
pour améliorer nos méthodes de travail, empêcher le retour des incidents fâcheux qui ont
marqué la fin de cette législature, obliger la Chambre des députés à voter des budgets
sincères et l’engager enfin dans la politique d'économies que le pays, las de supporter des
impôts toujours croissants, réclame impérieusement*
Dans le même esprit, je réclamerai la réforme des contributions directes qui pèsent
trop lourdement sur nos campagnes, désertées tous les jours pour les grandes villes, et la
diminution des frais de justice.
Fai voté et je voterai de nouveau la réduction du service militaire à 2 ans parce que
j'estime qu’elle ne diminuera pas ia force de notre armée et qu’elle permettra à nos
agriculteurs, à nos industriels et à nus commerçants de lutter plus facilement contre la
concurrence étrangère, — surtout si elle est combinée avec 3a réforme de l’enseignement,
qui devrait être mieux adapté aux besoins de notre démocratie.
Au point de vue agricole, jTai)a satisfaction d'avoir pu contribuer à la réalisation d’une
partie de mon programme, spécialement en ce qui concerne l’amélioration des lois et
règlements relatifs à la tuberculose bovine. Je poursuivrai, avec la même ténacité, i’uccom-
plissement des réformes que j’ai préconisées, surtout en ce qui touche la protection des
50
paysans contre la grêle et la mortalité du bétail, et je continuerai à défendre les maréchaux-
ferrants contre des attaques dont les propriétaires de bestiaux seraient les premières
victimes.
Je continuerai aussi à soutenir les revendications des Chambres syndicales des
fabricants de dentelles du Puy et de Craponne, de la Chambre de commerce, du Syndicat
des liquides et de la Chambre syndicale des cafetiers et limonadiers, parce que l’étude de
ces revendications, faites d’un commun accord avec leurs représentants autorisés, m’a
démontré qu’elles étaient légitimes et conformes à l’intérêt général.
rapporterai toujours la même attention à l’examen des questions qui m’auront été
signalées par les corps élus, les corporations et tes électeurs intéressés, et je resterai
fidèle à mes promesses comme fai été fidèle à celles que j’avais faites en septem¬
bre 1900.
Je suis fier de vous représenter, vous qui avez affirmé, avec tant d’énergie, votre
volonté de rester libres et indépendants ; et, persuadé que la corruption — même appuyée
par l'Intimidation, la violence ot ta ruse — n'ébranlera pas la fermeté de vos convictions,
je viens, de nouveau, plein de confiance, solliciter vos suffrages et vous demander le
renouvellement d’un mandat honnêtement et loyalement rempli.
Vive la République démocratique !
Louis YIGOURQÜX, Député sortant.
2e circonscription du PUY
M. Joseph DURAND
Élu au l*r tour de scrutin. — 8.79/* voix.
Chers Concitoyens,
Les représentants de notre circonscription au Conseil général m’ont demandé de me
présenter à vos suffrages. Ce choix, déjà ratifié par de nombreuses adhésions, est pour mai
un grand honneur. Il est pour vous un sûr garant de la sincérité de mes convictions
républicaines et de mon dévouement aux intérêts de nos cantons.
La République est aujourd’hui assez solidement assise pour défier toutes les attaques.
Si elle doit, par la fermeté et la sagesse de son Gouvernement, rendre impossible tout
retour offensif de ses adversaires, elle a aussi le devoir de ramener dans les esprits le
calme et l’apaisement. Elle se doit avant tout à elle-même de rester fidèle aux grands
principes libéraux qui sont à la fois sa raison d’être, sa force et son honneur. Elle doit
assurer à tous, sans distinction d’opinions et de croyances, le bienfait de la liberté, l’une
des plus précieuses conquêtes de la Révolution.
C’est donc au nom du principe républicain que je défendrai la liberté sous tontes se?
formes : liberté de conscience, liberté d’enseignement, liberté d’association, liberté du
travail, etc.
Je vois, dans le maintien et la loyale interprétation du Concordat, le meilleur gage d®
la paix religieuse.
L’armée est la sauvegarde de l’indépendance nationale. Elle doit être défendue centre
les tentatives do tous ceux qui cherchent à introduire la politique dans ses rangs ou a
relâcher les liens de la discipline. La réduction du service militaire aurait les conséquence?
N° 1162
— 443 —
les plus heureuses et elle devra être acceptée dès que les mesures nécessaires auront été
prises pour ne pas compromettre l'intérêt supérieur de la défense nationale.
Partisan du progrès social, j'estime que l'évolution doit se faire librement et pacifique**
nient. D’autre part les œuvres d’as&istance, de mutualité et de prévoyance, si propres à
améliorer le sort des humbles, doivent être encouragées et développées.
La situation financière du pays doit solliciter constamment l'attention du législateur,
car nos finances, comme nos armées, sont le gage de notre indépendance. Maintenir
rigoureusement l'équilibre de nos budgets, éliminer toutes les dépenses inutiles, subor¬
donner strictement les dépenses nouvelles à la progression continue des recettes, et enfin
entreprendre résolument l'amortissement effectif de la dette publique, telles sont, à mon
avis, les principales règles dont l'observation peut contribuer a l'allégement de nos charges
fiscales. ,
Notre agriculture traverse une crise longue et douloureuse qui se traduit par la dépré¬
ciation du sol et la dépopulation des campagnes. Les mesures prises pour remédier à cette
situation sont insuffisantes et doivent être complétées par d'autres dispositions telles que la
réduction et une meilleure répartition des charges fiscales, l'extension des voies de
communication, la révision des tarifs de chemin de fer, la réduction des frais de justice,
l’organisation du service sanitaire des animaux domestiques, l'institution de Chambres
consultatives d'agriculture, le développement des œuvres de prévoyance et de mutualité.
Mais, pour aboutir, tous les projets de réforme doivent avoir comme préliminaires la
réconciliation de tous les républicains qui songent avant tout aux Intérêts permanents du
pays et la concentration de tous les efforts vers ce but élevé : la grandeur et la prospérité
de la Patrie et de la République.
Joseph DURAND,
Docteur eu droit, conseiller général.
Circonscription d'YSSINGEAUX
M. Ad. MICHEL
Élu au 1er tour de scrutin. — 10.615 voix.
Mes chers Concitoyens,
Les pressantes sollicitations qui me sont venues, du Comité del'Ünîon libérale et de
tous les points de l'arrondissement, de faire proclamer sur mon nom une candidature fran¬
chement indépendante, libérale et aûüministérieüe, me tracent un devoir auquel je ne puis
me dérober.
Je viens donc me présenter à vos libres su tirages pour P élection législative du
27 avril.
Vous me connaissez tous comme je vous connais. Depuis plus de trente ans, en effet,
je suis établi dans le chef-lieu de la circonscription où, dans un rayon assez étendu, ma
profession m'a mis en contact journalier avec les riches et les pauvres, les habitants de la
ville et des champs, À aucun je n'ai mesuré ni mes services, ni mon dévouement.
D'autre part, je suis né dans le canton de Montfaucon d’une famille qui depuis combien
de générations y vit de la vie simple, honorable et laborieuse qui est la vôtre, agriculteurs
de notre région.
Vive la France!
Vive là République !
— 444 —
G’est dans ce milieu que f ai puisé les principes de foi robuste, de fière indépendance,
de conservation sociale que je voudrais pouvoir défendre contre les lois francs-maçonnes
que nous a déjà imposées, et dont no«s menace encore, un gouverneoient qui remorque
après îui les sans-® eu et les sans-Patrïe,
Libérai, je veux toutes les libertés sages et honnêtes :
Liberté d'enseignement à tous ses degrés, sans entrave perfide ou déclarée, et droit
absolu du père de famille de choisir pour ses enfants les maîtres qui lui conviennent ;
Liberté d’association sans les restrictions si injustement faites au préjudice des congré¬
gations religieuses.
C’est vous dire que ma candidature est une protestation et que, si vous me faites l’hon¬
neur de m’envoyer siéger au Parlement, je m’y associerai à toute motion tendant à l’abro¬
gation de la loi contre les congrégations et au maintien de la loi Falloux.
En un mot, je respecte toutes les religions comme je veux que l’on respecte la mienne;
je veux pour tous, prêtres, religieux, laïques, les mêmes garanties et les mêmes droits.
Ainsi, je me déclare plus républicain, dans le vrai sens du mot, que tous les sectaires
ambitieux qui confisquent la chose publique à leur profit et font de ce gouvernement un
gouvernement d'injustice, de proscription et de discorde.
Je suis partisan de la réduction du service militaire à deux ans, même à un an, pourvu
que cette mesure soit entourée des garanties nécessaires à la sécurité nationale.
Je suis opposé à tout gaspillage des finances, afin que le budget ne soit pas continuel¬
lement en déficit et que pour l’équilibrer on n’ait pas à recourir à des impôts nouveaux, les
contribuables en étant déjà accablés, et surtout les travailleurs de la terre.
Agriculteurs, voua avez toutes mes sympathies : la terre est la nourrice de la France,
profégeons-la contre les meuacesdu socialisme.
Il faut encourager les comices, syndicats et caisses de crédit agricoles, favoriser le
repeuplement des bois et défendre les produits de notre sol contre la concurrence étrangère.
Industriels, j’appelle de tous mes yœux une ère de progrès et de prospérité pour ie
commerce et l'industrie dans notre arrondissement, et particulièrement sur ces belles
industries de la soie et de la dentelle qui font tourner tant de fuseaux, battre tant de
métiers, et sont le gagne-pain de beaucoup de familles dans nos montagnes.
J’encouragerai de tous mes efforts l’emploi de nos chutes et de nos cours dJeau pour
l’industrie.
En ce qui concerne îa dérivation des eaux du Lignon, je m'efforcerai d’obtenir : 1° que
les communes riveraines soient suffisamment dédommagées du préjudice qu’elles pourraient
subir de ce fait; 2° que la part de forces motrices réservée à notre arrondissement soit
vendue moins cher chez nous qu’à Saint-Étienne, afin d’appeler dans notre région l’établis^
sement d’usines et de manufactures; 3° que la concession puisse revenir aux communes
riveraines du Lignon dans un délai prévu.
Mes chers Concitoyens,
La forme du Gouvernement n’est pas en cause. J’élève mon drapeau au-dessus de toute
étiquette exclusive, de toute considération mesquine; je n’y inscris que deux mots ; « Dieu
et Patrie ».
H peut ainsi abriter dans ses larges plis toutes les traditions respectables en même
temps que toutes les revendications justes et tous les progrès désirables.
U était le drapeau de nos pères, tenons-le haut et ferme pour le transmettre à nos
enfants î
Dr Ad. MICHEL,
Conseiller général, ancien maire d’Yssingeaux,
Candidat indépendant libéral.
LOIRE-INFERIEURE
Circonscription d'ANCENIS
M. le marquis de LÀ FERRONNÀYS
Élu au 1er tour de scrutin» — 9*488 voix.
Electeurs, mes fidèles Amis,
Pour la cinquième fois, je viens vous demander l'honneur de vous représenter à la
Chambre des Députés, et, jamais encore, les circonstances dans lesquelles je me suis
adressé à vous n’ont eu une pareille gravité,
L- existence même de la Patrie est en jeu I
Depuis trois ans, toutes les forces qui font la grandeur morale et matérielle d’ua pays
et qui garantissent sa sécurité, ont été journellement sapées par des ministres qui préten¬
daient ainsi défendre la République :
Dreyfus gracié, la conscience nationale révoltée n’ayant pas permis qu’il fût amnistié ;
Marchand, notre glorieux soldat, forcé, sur un ordre venu de Paris, de livrer à l’Angle¬
terre, avec Fachoda, les richesses de l’Afrique centrale dont il avait doté la France;
Les associations chrétiennes bannies, mises hors du droit par une loi inique, obligées
de chercher dans l’exil la liberté de prier Dieu suivant leur vocation ;
Les grèves encouragées par la présence dans ie cabinet du premier des collectivistes,
rainant l’industrie française au profit des usines anglaises et allemandes;
La franc-maçonnerie triomphante avouant cyniquement son dessein d’asservir les
consciences, l’armée et la justice;
Et, comme conséquence de ces trois aimées de folie, le déficit, si considérable qu’il
n’est plus possible de le dissimuler, les caisses de l’État à sec, comme a dû l’avouer le
Ministre des Finances lui-même, dans une récente séance de la Chambre; les Impôts tou¬
jours croissants, malgré un dégrèvement dont au mois d'août dernier le Conseil général
vous a largement étendu le bénéfice.
Ce n’est là qu’un résumé incomplet de l’œuvre néfaste du Ministère ; et voilà pourquoi
d’un bout de la France à l’autre, tous les bons citoyens se sont unis contre lui, oubliant
leurs divisions passées dans un commun amour de la Patrie 1
Défaire le mal accompli par la dernière Chambre, accomplir le bien qu’elle n’a pas
fait ; voilà tout leur programme!
Nous voulons rendre à Ja religion la liberté, à l’armée le respect, à la justice l'indépen¬
dance.
Nous voulons demander aux institutions si fécondes de la mutualité la solution de la
plupart des difficultés sociales en faisant un appel impartial à tous les hommes de bonne
volonté*
Nous voulons protéger l’agriculture contre les spéculateurs cosmopolites et alléger les
charges militaires dans la mesure compatible avec la sécurité de nos frontières*
— 446 —
Nous voulons mettre un terme au gaspillage des finances, car l’économie peut seule
assurer la rédaction des impôts* .
Nous voulons, enfin, un Gouvernement franchement honnête, loyalement Français, res-
pectueux de la volonté nationale*
Je suis certain que sur tous ces points nous sommes d’accord et je vous donne avec
confiance rendez-vous au 27 avril.
Vive la France! Vive la liberté !
Marquis de LA FERRONNAYS,
Président du Conseil général,
Député sortant.
Circonscription de CHATEAUBRIANT
M. le Comte Ch. GlNOUX-DËFERMON
Élu au 1er tour de scrutin. — 14-231 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
Vous rn’aVéz, par 12.861 voix, élu Votre Députe ie 24 mars 1901.
Je ne vous ferai pas de nouvelle profession de foi. ...
Ce que j’étais il y a un an, je le suis encore aujourd’hui; et, comme vous, je n ai pas
jSc donne rèndez-Voüs le 27 avril à tous ceüx qui veulent un Gouvernethent honnête,
respectueux de toutes les libertés et de la volonté nationale.
Vive la France ! Vive la liberté !
Ch. GlNOUX-DÉFËRMON,
Conseiller général dé la Loire-Inférieure,
Maire de Moisdori-la-Rmëre,
Député sortant.
l?a Circonscription dé NANTES
M. S1B1LLE
Élu au lBr tour de scrutin. — 8.815 Yûix.
Mes chers Concitoyens,
Le Comité central républicain de Nantes a arrêté le programme suivant :
Politique générale.
1. — Application d’une politique nettement républicaine.
2. _ Suprématie du pouvoir civil.
3. Maintien de8 lois scolaires; liberté de l’enseignement sous le contrôle vraiment
efficace de l’État,
44 7 —
H 62
4. — Liberté de conscience. Stricte application du Çctpdqrdat-
5. — Réduction des charges publiques. et leur répartition de plus en P'u? équitable
selon les facultés de chacun ; suppression de l’initiative parlementaire en matière budgé¬
taire; révision des impôts indirects et suppression du privilège des houilleurs de crm
0, — Protection du commerce dé détail par une meilleure répartition des patentes,
7. -T- Réduction des frais de justice,
8. tt Organisation de retraites pour la vieillesse,
9. — Protection de la santé publique.
1 Q. — Liberté du travail,
Jl, -r- Respect de la propriété individuelle,,
12. — Interdiction du vote par mandataire.
13. — Service militaire obligatoire pour teqg; réduction de sa durée dans la mesure
compatible avec la défense nationale; encouragements aux sociétés de gymnastique et
de tir.
lé. — Révision de la loi du 30 juillet 1885, de manière que la limite de l’aggloméra¬
tion d’une ville soit la ménas que celle de l’octroi.
15. — Abrogation de la loi qui confie aM çppsejli généraux le droit de sectionner les
communes,
Poiitiÿtié loç(iie.
1. — Exécution d’une voie navigable entre Nantes et Orléans et prolongements. Appro¬
fondissement de la Loire maritime et complément de l’outillage, de Nantes.
2. — Obligation pour l’État de s’approvisionner chez nos nationaux et de n’aeheter à
l’étranger que ce qu’il lui est impossible de se procurer en France.
3. — Concession à l’industrie française des fournitures de conserves alimentaires
pour lé guerre, la marine et les coiqpies.
fi. — Maintien aux ateliers civils des fournitures d’équipement militaire*
Ce programme est le mien.
Si vous me continuez votre confiance, vous me trouverez toujours prêt à défendre vos
intérêts légitimes, étranger aux coteries, fermement attaché aux principe^ de la Révolution
française et résolu à poursuivre l 'accomplissement d’un programme républicain 4e, liberté,
de progrès, d’égalité et de solidarité sociale.
C’est sous le, patronage du Comité central républicain que je me présente à vos
suffrages.
Maurioe SIB1LIC,
Conseiller général. Député sortant.
Chers Concitoyens,
Je viens une fois dé plus solliciter vos suffrages-
Ayant conscience d’avoir rempli fidèlement Ip nflancUt que vous m’aye? confié, je yop
demande de me le renouveler.
Mon intervention dans les débats parlementaires.
Poussé par le désir de procurer du travail aux ouvriers, je me suis attaché à l’étude de?
questions commerciales et industrielles.
A la Commission des douanes, j’ai combattu une proposition qui, établissant des droits
— 448 —
sur les graines oléagineuses, aurait causé un grave préjudice à de grandes usines, telles que
huileries, savonneries, fabriques de conserves alimentaires, etc.
A la Chambre des Députés, j’ai indiqué les mesures à prendre pour arriver à la simpli¬
fication des tarifs de petite vitesse sur les grands réseaux de chemins de fer — j’ai obtenu,
en faveur des chantiers de construction navale, d’importantes modifications au projet de loi
sur la marine marchande et c’est sur mon rapport qu’ont été approuvés les plans des grands
travaux exécutés à l’heure actuelle dans le port de Nantes : suppression de file Mabon,
construction d’estaçades, agrandissement de la gare des chemins de fer de 1 État.
Préoccupé du sort des travailleurs, j’ai réclamé l’extension de la juridiction des
prud’hommes — la création de petites pensions viagères an profit des septuagénaires ou
des infirmes — l’insertion, dans la loi sur tes retraites ouvrières, d’une disposition sauve¬
gardant les intérêts des mutualistes et de tous les déposants à la Caisse nationale des
retraites pour la vieillesse.
Mon Programme .
Mon programme est celui du Comité centrai républicain. Vous le connaissez; il a été
publié dans les journaux et affiché sur les murs.
Voulant diminuer le nombre de ceux que la misère accable, je poursuivrai le dévelop¬
pement des œuvres de mutualité et la réorganisation de l’assistance publique.
Je suis toujours contre le collectivisme; car pour réaliser dans l’ordre social des
réformes vraiment fécondes, il est des méthodes plus sûres que la guerre des classes et la
révolution sociale.
Républicain, je reste fidèle à un haut idéal de liberté, de justice et de progrès.
Le véritable Programme de M. Brunellière.
M. Brunellière, dans une lettre au Populaire, répudie le patronage trop compromettant
de son ancien ami, M. Jules Guesde.
Mais le mois dernier, il représentait au Congrès de Tours la Fédération socialiste bre¬
tonne, donnait son adhésion à un nouveau programme, et, dans une déclaration de prin¬
cipes, définissait ainsi le but de l’action de son parti ;
« Organisation politique et économique du prolétariat en parti de classe pour la con¬
quête du pouvoir et la socialisation des moyens de production et d’échange, c’est-à-dire la
transformation de la société capitaliste en une société collectiviste ou communiste. »
Pourquoi ne vous soumet-il pas cette formule qui résume sa pensée?
M. Brunellière se dit, aujourd’hui partisan de l'exteusion des libertés publiques et, par
l'intermédiaire du Comité des Vraies Françaises, affirme qu’il n’entend pas faire la guerre à
la Religion.
Il a pourtant approuvé le cri retentissant du socialiste Viviani : « Guerre au catholi¬
cisme! » Son journal, le Rcveil Social , blâmait naguère les élus républicains qui se ma¬
rient à l’église, reconnaissait que les socialistes s’attaquent « à tous les vieux dogmes
croulants de religion » et publiait un article intitulé ; « Les Religions, voilà l’ennemi! »
Est-ce ainsi que se manifeste le respect sincère de la liberté de conscience?
M. Brunellière vous promet la réduction du service militaire.
Il devrait ajouter qu’au Congrès de Tours il s’est engagé à réclamer immédiatement la
substitution des milices à l’armée permanente et qu’en décembre 1901, au Comité général
socialiste, après s’être élevé contre les dépenses milïiaires et les dépenses pour la flotte, il
a « réprouvé les votes des députés socialistes qui se sont associés aux félicitations adressées
au corps expéditionnaire de Chine ».
En réalité, il est avec ceux qui veulent détruire nos institutions militaires et qui, s’ils
étaient les maîtres, livreraient la France sans défense à l’invasion étrangère.
Cette attitude de M. Brunellière doit nous réjouir. Elle prouve que le parti socialiste
n’ose plus, à Nantes, affronter la lune avec son programme et avec son drapeau.
— m -
N° 1162
Les attaques de M > Rappin .
L’honorable docteur pose sa candidature, parce que, dit-il, des réactionnaires ont
manifesté l'intention de me donner leurs suffrages.
Qu’on critique mes actes, mes votes, mon programme, rien de plus légitime. Mais qu’on
porte sur moi un jugement d’après les attitudes oo les manifestations d’autrui, n’est-ce pas
profondément injuste?
Et les amis de M. Rappin ont-ils donc oublié le discours prononcé à Montbrison le
9 mars 1895? M. Waldeck-Rousseau pariant d’adhésions imprévues que peut rencontrer
parfois un vieux et sincère républicain disait :
« Si un homme politique se laissait troubler par un phénomène au-si inévitable, il
* manquerait, à mon sens, de raison et de sagesse. La ligne de conduite qui lui est imposée
« me paraît bien simple; elle consiste à demeurer fidèle à ses idées, à ses principes et à
« les appliquer dans un large esprit de liberté et de tolérance. Si alors, Messieurs, il est
« assez heureux pour recueillir des adhésions nouvelles, il s’en réjouira. »
Ces paroles n’imposent-elles pas une certaine réserve à M. Rappin? Nul n’ignore que
les plus chauds partisans de sa candidature professent pour M. Waldeck-Rousseau une
grande admiration.
Chers Gondtoyens,
Je me présente à vous tel que j’ai toujours été, tel que vous m’avez toujours élu, répu¬
blicain dévoué à vos intérêts, résolu à défendre toutes vos libertés et à poursuivre la réali¬
sation de réformes démocratiques.
C’est avec confiance que j’attends la décision du suffrage universel.
Maurice S1B1LLE, Député sortant,
Conseiller général.
2e circonscription de NANTES
M. ROCU
Élu au 2e tour de scrutin. — 9.U7 voix.
programme du comité central républicain
Les Comités républicains de la ville de Nantes ont, en vue des élections législatives
du 27 avril, arrêté le programme suivant :
Ils demandent :
I. — Politique générale .
1* — Application d’une politique nettement républicaine.
2. — Suprématie du pouvoir civil.
3. — Maintien des lois scolaires; liberté de renseignement sous le contrôle efficace de
l'État.
57
— 4S0 —
4. — Liberté de conscience. Stricte application du Concordat.
5. — Réduction des charges publiques et leur répartition de plus en plus équitable
selon les facultés de chacun; révision des impôts indirects et suppression du privilège des
houilleurs de cru.
6. — Protection du commerce de détail par une meilleure répartition des patentes,
7. — Réduction des frais do justice.
g. — Organisation de retraites pour la vieil! fesse.
9. — protection de la santé publique.
10. — Liberté du travail*
H. — Respect de la propriété individuelle.
12, — Interdiction du vote par mandataire.
13. — Service militaire obligatoire pour tous ; réduction de sa durée dans la mesure
compatible avec îa défense nationale; encouragement aux sociétés de gymnastique et
de tir.
H. — Révision de la loi du 30 juillet 1885, de manière que la limite de l'aggloméra¬
tion d’ime ville soit ïa même que celle de F octroi.
15. — Abrogation de la loi de 1871 qui confère aux Conseils généraux le droit de sec¬
tionner les communes.
IL — Politique locale .
I. — Exécution d’une voie navigable entre liantes et Orléans et prolongements. Appro¬
fondissement de la Loire maritime et complément de l'outillage du Port de Nantes.
2. — Obligation pour l’État de s'approvisionner chez nos nationaux et de n’acheter à
Rét ranger que ce qu’il lui est impossible de se procurer eu France.
3. — Concession à l’industrie française des fournitures de conserves alimentaires pour
la Guerre, la Marine et les Colonies.
4. — Maintien aux ateliers civils des fournitures d'équipement militaire.
Gustave ROGH, Député sortant.
3* circonscription de NANTES.
M. le marquis DF, DION
Élu au 1er tour de scrutin. — 15.815 voix.
Messieurs et chers Concitoyen s.
Né et élevé au milieu de vous, je me présente à vos suffrages, parce que, consacrant
depuis de longues années ma vie aux affaires, je crois pouvoir défendre utilement vos
intérêts, si vous m’en confiez la charge.
Mes opinions sont certainement les vôtres : je place au-dessus de toute espèce de parti
le drapeau national ; je suis avec ceux qui le veulent respecté, honoré et inlangible toujours-
Aussi, je suis l'adversaire déclaré du Ministère actuel qui opprime notre cher pays, le con¬
duit à la honte et à la ruine.
.le combattrai sans relâche ce gouvernement à la solde des juifs et des francs-maçons,
qui s’attaque a tout ce que nous aimons et à tout ce que nous respectons.
Je suis partisan résolu de ta liberté de conscience, de la liberté d'enseignement, de la
liberté d'association-
— 451
K° 1162
Je demande le service d’un an, après avoir assuré Ja solidité de l'armée par de puis¬
sants cadres de rengagés.
Je demande que les finances de l’État soient gérées comme les lïnances d'une société
industrielle sérieuse.
Je demande enfin à sortir du gâchis et de la confusion des pouvoirs, pour rentrer dans
Perdre, I économie et l’égalité devant la loi*
Je suis l'ennemi irréconciliable de ce régime parlementaire qui n’a plug à faire ses
preuves d’impuissance et d’ignominie.
Je veux que la souveraineté nationale s’affirme en toute liberté et soit au-dessus de
toute forme de Gouvernement.
Je ne vous ferai pas, mes chers Concitoyens, de vaines promesses, mais je m’engage à
me montrer inébranlable dans la défense de nos convictions religieuses, du drapeau, de la
liberté et des intérêts de la France.
Marquis de DION,
Industriel, membre du Conseil général de îa Loire-Inférieure.
Circonscription de PAIMBŒUF
M, Jules GÀLOT
Elu au 1er tour de scrutin. — 7.217 voix.
Messieurs et chers Électeurs,
H y a quatre ans. vous m’avez fait l'honneur de me confier le mandat de vous repré¬
senter à la Chambre des Députés, sur un programme que, par une énorme majorité, vous
avez approuvé.
Ce programme, je fai scrupuleusement suivi. — J’ai soutenu le ministère Mèline et
refusé ma confiance au ministère néfaste préside par M. Waldeck-Rôusseati, dirigé par le
socialiste-collectiviste Millerand, et inspiré par la Franc-Maçonnerie et la Juiverie.
Je lui ai refusé ina confiance, parce qu’il a présenté et, par sa majorité servile, fait
voter :
La loi contre les congrégations, qui est un attentat à la liberté de tous ;
La motion sur le monopole de V enseignement entre les mains de l’État qui enlèvera au
père de famille le droit naturel et indiscutable d’élever sas enfants comme bon lui semble;
Parce qu’il persécute la religion ;
Parce que, par na politique sectaire, il a créé le déficit permanent : 112 millions en
1899, 166 millions en 1900 et Shk m il lions en 1901, malgré un budget de 3. GO 0*000. 000 de
francs péniblement supporté par les contribuables, dont les impôts augmentent chaque
année. — C’est la ruine et la faillite à courte échéance;
Parce qu’ enfin il désorganise l’armée par ses mesures arbitraires et vexa (cires.
Membre de la Commission d’agriculture et de celle des douanes, j’y ai défendu vos
intérêts et j’ai collaboré aux modifications apportées par la loi sur les admissions tempo¬
raires des blés étrangers, qnï arrêtera la baisse excessive des blés français.
Je me rappellerai que vous. Cultivateurs, par votre travail et Ja richesse de notre sol,
vous représentez la vraie fortune de îa France, — Vous avez droit à une protection efficace
pour votre élevage, vos vins et tous vos produits.
Je voterai le maintien du privilège des bouilleurs de cru.
Je me suis occupé de l’avenir de tous les travailleurs et, inscrit au groupe des Députés
452 —
des Ports, j’ai associé mes efforts à ceux de mes collègues et nous avons pu obtenir certaines
améliorations dans le taux des salaires des ouvriers des arsenaux de la marine.
J’ai voté la rédaction du service militaire à 2 ans parce que, les précautions nécessaires
prises, elle sera un allègement pour tous, sans affaiblir notre puissance militaire-
Je n’ai pas oublié et je n’oublierai pas que la ville de Paimbœuf est le chef-lieu de l'ar¬
rondissement. — Je m’attacherai à réclamer les travaux nécessaires à son développement,
notamment le dérochement des quais, ^installation do téléphone.
Après huit années de démarches et d’efforts, malgré des difficultés de toute nature, fai
mené à bonne fin l’affaire du tramway de Pornic à Paimbœuf, Le Conseil Général, dans sa
dernière session, a voté l’emprunt des deux millions nécessaires à sa construction. Les tra¬
vaux commenceront au mois de novembre.
Vous savez que mon concours est acquis à tous. — Je continuerai à le donner surtout
aux petits, aux faibles, aux humbles, parce que ce sont ceux qui ont îe plus besoin d’être
défendus et soutenus.
Telle a été mon attitude pendant la législature qui finit. C’est celle que je conserverai
si vous me faites l’honneur de renouveler le mandat que je sollicite.
Croyez, Messieurs et Chers Électeurs, à mon entier dévouement.
Jules GÀLOT, Député sortant,
Maire de Sainte-Marie, Conseiller général de Pornic.
ir* circonscription de SAINT-NAZAIRE
M. ÂNTHIME-MÉNÀRD
Élu au 1er tour de scrutin. — 12.923 voix.
Mes chers Concitoyens,
En sollicitant de votre confiance le renouvellement de mon mandat, je n’ai pas besoin
de vous adresser un nouveau programme.
Je n’ai qu’à vous rappeler mes déclarations antérieures, auxquelles j’ai la conscience
d’être demeuré scrupuleusement fidèle, à travers tous les incidents d’une législation con¬
fuse et troublée.
Je vous disais, en me présentant une première fois à vos suffrages, qu’après un siècle
de révolutions périodiques, il était temps, pour la France, de retrouver son unité politique,
dans la forme de gouvernement manifestement voulue par la grande majorité du pays.
Alors seulement, la République, cessant d’être le monopole d’un groupe quelconque,
devient réellement le régime de tous : régime assez fort pour assurer le respect de toutes
les libertés et pour mener progressivement à bien les réformes et les améliorations éco¬
nomiques, socialtset agricoles les plus urgentes et les plus immédiatement pratiques.
Les quatre années qui viennent de s’écouler semblent n’avoir été qu’un long effort
pour entraver cette politique d’union, d’apaisement et de travail :
Une affaire de haute trahison — l’Affaire Dreyfus — qui, pour grave qu’elle fût, n’en
devait pas moins rester une affaire purement judiciaire, a été systématiquement jetée dans
le domaine de la politique, pour aboutir à la confusion de tous les partis, à la désorgani¬
sation de notre défense nationale et de notre armée tenue jusque-là en dehors et au-dessus
— 453 —
N° 1162
de nos luttes politiques, enfin à une période d’agitation violente qu’on a semblé entretenir
à plaisir, comme pour y trouver le prétexte de faire naître et de faire durer une coalition
contraire aux véritables intérêts moraux et matériels du pays.
Une loi sur les associations, en faveur de laquelle le corps électoral n’avait pas été
appelé à se prononcer en 1898, a abouti, en prétendant organiser la liberté, à interdire à
toute une catégorie de citoyens le droit de vivre comme il leur plaît, à moins d’autorisations
qui les livrent à l’arbitraire de toutes les passions politiques.
Tandis qu’ont été écartées les réformes fiscales et ouvrières dont au contraire, le Suf¬
frage Universel avait formellement réclamé l’examen et la solution, sans exagérations dan¬
gereuses comme aussi sans pusillanimité.
Au milieu de séances tumultueuses, d’interpellations incessantes provoquées par l’état
politique du pays, les quelques lois d’affaires qui ont pu être volées l’ont été hâtivement, sou¬
vent sans suite dans les idées, bien que portant sur les intérêts les plus graves du monde
commercial, industriel, ouvrier et agricole : telles que les lois sur le régime des boissons,
la marine marchande, l’outillage national, etc., etc.
Et, par une conséquence forcée, un tel état de choses a amené des grèves nombreuses et
une situation financière qui a contraint de terminer la législature par l’aveu du déficit et en
recourant à l’emprunt.
Tel est, mes chers Concitoyens, rie bilan d’une politique que j’ai combattue sans vio¬
lences injurieuses, ni parti pris contre les personnes, maïs avec une grande indépendance,
parce qu’elle était précisément contraire au programme qui m’avait valu votre confiance.
C’est vous dire que, fidèle à ce programme dans l’avenir comme par le passé, tous mes
efforts tendront, si je reste votre représentant, à ce qu’il soit repris par la prochaine
Chambre dans une pensée d’apaisement et de réparation.
La paix politique et religieuse par le respect de toutes les libertés, au premier rang des¬
quelles je place les libertés de conscience, d’enseignement et d’association ;
La paix extérieure par la conservation d’une armée et d’une marine étrangères à nos
luttes politiques et soumises aux lois, mais fortes, respectées et protégées coutre l’injure et
l’arbitraire ;
L’équilibre budgétaire par la décentralisation et la suppression des dépenses insuffi¬
samment justifiées;
L’équilibre économique par un protectionnisme modéré, maintenu en faveur de notre
agriculture et de nos industries nationales;
La justice sociale par la léforme vraiment pratique et soigneusement étudiée de noire
régime fiscal au profit des contribuables les moins fortunés et de la petite propriété fon¬
cière; par l’encouragement des œuvres de mutualité et la protection contre le chômage ; par
l’amélioration de noire législation sur les retraites, tant en ce qui concerne les pensions
civiles et militaires que les invalides du travail, qu’il faut mettre à même de se prémunir
contre la vieillesse ; par l’organisation des assurances et du Crédit agricoles ; par la révision
des patentes et la protection du petit commerce.
Voilà les points principaux sur lesquels j’avais pris des engagements que je crois avoir
tous tenus et que je prends encore pour l’avenir, vous promettant à tous, mes chers Conci¬
toyens, la même sollicitude que par lo passé, la même assiduité aux débats de la Chambre,
le maintien des mêmes relations constantes avec tous les électeurs qui feront appel à ma
bonne volonté.
A côté de ces questions d’intérêt général, j'ai pu, soit terminer complètement, soit
mettre en bonne voie de réalisation la plupart des questions qui m’étaient signalées, il y a
quatre ans ou qui se sont présentées depuis cette époque, comme intéressant spécialement
les diverses parties de la première circonscription de Saint-Nazaire.
La question des contrats maritimes postaux pour la ligne des Antilles et du Mexique —
celle des grands travaux compris dans le projet de loi sur l’outillage national déjà volé à
la Chambre — la création de la voie ferrée entre Saint-Nazaire et Vaunes — la réfection
maintenant certaine et prochaine des digues des marais salants — l'amélioration et l’appre-
— lai —
fondissement de nos ports de pêche — le remaniement de certains tarifs de chemins de fer
— une part pins importante faite à notre élevage local dans les achats de la remonte ; etc., etc*
Telles sont parmi les questions dont j’ai en déjà à m’occuper activement, celles qui
nécessiteront encore mon intervention devant la Chambre on auprès des Pouvoirs publics.
C’est ainsi, mes chers Concitoyens, qu’appelèà nouveau à l’honneur de vous représenter
au Parlement, je m’efforcerai de demeurer digne de votre confiance et de votre sympathie,
Ànthime MÉNARD, Député sortant.
2fl circonscription de SAINT-NAZAIRE
M. le comte de MONTAIGÜ
Élu au 1er tour de scrutin, — 13 . 57 1 voix.
Messieurs,
En venant vous demander le renouvellement du mandat de député que vous m’aviez
confié en 1898, je ne dois pas vous dissimuler la gravité de la situation présente.
Nous avions pu espérer que le gouvernement, tenant compte des besoins et des senti¬
ments du pays, inscrirait à son programme les économies budgétaires, le respect de notre
armée nationale, la liberté de conscience.
Loin de là, en quatre années, notre dette d’État a augmenté de 850 millions ; elle
s’élève aujourd’hui à la somme formidable de 34 milliards!
Chaque jour l’armée est impunément insultée. Une loi inique interdit renseignement
à des citoyens français. Et bientôt, si le programme de la franc-maçonnerie est appliqué,
les pères de famille n’auront plus le droit de faire instruire leurs enfants suivant leur
propre croyance.
C’est contre cet état de choses que je m’élève avec énergie.
Catholique, je veux que mes convictions soient respectées comme je respecte la liberté
de conscience de ceux qui oe partagent pas mes convictions.
Soucieux avant tout de la grandeur de la France, je veux voir nos soldats et nos offi¬
ciers des armées de terre et de mer, échappant au favoritisme politique, protégés contre
des sectaires qui sont indignes du nom de Français.
Bésolument économe des deniers publics, je ne puis m’associer à fincessante augmen¬
tation des dépenses non justifiées qui nous conduit à ia ruine.
Tel est mon programme nettement formulé.
Si vous voulez comme moi un gouvernement lovât, faisant appel an dévouement de
tous les bons citoyens pour arrêter le pays sur la pente fatale où l’entraîne une minorité
d’ambitieux n’obéissant qu’à leur intérêt personnel, vous me trouverez prêt à défendre
avec vous vos sentiments religieux, votre amour de la patrie et vos économies de
travailleurs.
Pas d’abstentions !
Vive ia France !
Comte de MONTAIGÜ, Député,
Vice-président du Conseil général de la Loire-Inférieure.
LOIRET
Circonscription de GÏEN
M. GÜ1NGÀND
Elu an 1er tour de scrutin. — 8 - 028 voix.
Mes chers Concitoyens,
II y a un an à peine, vous m’élisiez votre député, par 900 voix de majorité.
Depuis, je irai pas démérité. Vous m’avez vu à l’œuvre.
Vous avez vo que j’ai terni les promesses faites à cette époque et que j’ai employé à
les réaliser toute mou énergie.
Aucun de vous ne s’est adressé en vain à moi,
fai été à la disposition de tous et j’ai mis à défendre vos intérêts généraux et vos inté¬
rêts particuliers tout mon dévouement, toute mon activité.
Je suis aujourd’hui ce que j’étais hier, avec cet avantage que pendant l’année qui
vient de s’écouler j’ai fait mon apprentissage de député et que je suis mieux à même,
pendant les quatre années de la nouvelle législature, de vous rendre les services dont vous
avez besoin.
Les délégués républicains des communes de l’arrondissement l’ont si bien compris
que, dans une grande réunion qui s’est tenue à Gieiî, salle du théâtre, le dimanche
16 mars, ils ont décidé par 186 voix sur 188 votants que je serais à nouveau le candidat
de la concentration, de Tunioa des républicains.
Électeurs,
Mon programme, vous le connaissez. C’est le programme du parti républicain, c est le
programme du gouvernement de défense et d’action républicaines.
C’est celui que je développais l’année dernière et dont je n’ai rien à retrancher.
Mon dévouement le plus entier est acquis aux cultivateurs, dont je connais les besoins.
Ils savent que, tant à la Chambre des Députés qu’au Ministère de l’Agriculture, je serai leur
fidèle mandataire et que je soutiendrai en toutes occasions leurs revendications, dont les
plus importâmes sont le dégrèvement des impôts dont l’agriculture est frappée et la
destruction des animaux nuisibles. Ce que je dis pour les cultivateurs, je le dis également
pour les vignerons et, en plus, je demanderai pour eux le maintien du privilège de brûler
leurs marcs.
Je reste partisan de toutes les autres réformes que dans mon programme précédent
je désirais voir aboutir, et eu tête desquelles nous devons placer ;
La réforme de l’impôt;
La suppression des petites cotes personnelles et mobilières et la révision du cadastre ;
L’impôt progressif s> r le revenu ;
— 456 —
La suppression des prestations ou leur modification ;
Le service militaire de deux ans obligatoire pour tous ;
La modification des vingt-huit jours et la suppression des ireize jours;
L’établissement d’une caisse de retraites pour les vieillards et les infirmes du travail.
Mes chers Concitoyens *
fai déjà, tant au Parlement qu’auprès dos pouvoirs publics, voté ou fait des démarches
pour obtenir la réalisation de ce programme* Le peu de temps pendant lequel j'ai été
député m’a empêché de faire aboutir certaines de ces réformes* J7 espère, si vous me faitei
l’honneur de m’élire à nouveau, arriver à obtenir quelque faveur pour notre arrondisse¬
ment et à aider à quelques réformes utiles à la démocratie.
J’ajoute un mot : méfiez-vous des adversaires de la République qui prendront tous les
masques pour arriver à devenir votre représentant. Voyez simplement par qui ils sont
représentés, quels sont ceux qui les soutiennent, et vous jugerez.
Je suis un patriote, un bon Français; j’ai, pendant la guerre de 1870, fait mon devoir;
j’étais, avec mes camarades les mobiles du Loiret, aux eûtes du colonel de Raucourt quand
il fnt blessé.
J’aime l’armée nationale, faite de la nation entière, et j’ai voté au Parlement toutes les
lois que nécessitait l'organisation de la défense de la France. J’estime qu’on sert sa patrie
non en criant constamment ; Vive î’armée 1 mais en répondant à son appel au moment du
danger et en travaillant en temps de paix à sa grandeur et à sa prospérité*
Électeurs de T arrondissement de Giçn, je compte sur vous comme vous pouviï
compter sur moi*
Vive la France!
Vive la République!
Ernest GU1NGÀND,
Député,
Candidat des républicains.
Circonscription die MONTÀRGIS
M, VAZEJLLE
Élu au lar tour de scrutin. — 10*615 voix.
Mes chers Concitoyens,
A la campagne d’injures et de calomnies qu’on mène contre moi, je ne veux opposer
que de brèves déclarations.
En 1898, ce n’e&t pae autour d’un homme qu’une majorité s’est constituée ; c’est sur
un principe, sur un programme de réformes démocratiques nécessaires. Cest ce même
programme qu’il s’agit aujourd’hui de maintenir.
En me présentant de nouveau à vos suffrages, je ne fais qu’obéir au sentiment général
de ceux qui m’ont élu il y a quatre ans. Ne pas poursuivre l'œuvre commencée de concert
eût été trahir l’amitié dont ils m’out honoré ; ç'eûtété déserter une cause qui a, entre toutes,
N° 1162
— 457 —
besoin de défenseurs énergiques : la cause des petits, de tous ceux qui travaillent, qui
«souffrent des abus et qui réclament plus de justice.
On m’accuse d’avoir semé la division : chacun peut voir de quel côté souille 1 excitation
h la haine et à la violence. Ce qu’on ne peut me pardonner, c’est, par des conférences mul-
tiDliées «t’avoir éveillé dans l’esprit et le cœur des électeurs de nos camoagnes, — admi¬
rables défenseurs de la République, - une plus vive curiosité, une plus ardente préoccu¬
pation des intérêts de la démocratie; c’est encore, en m’adressant a la raison et a la réflexion
de tous d’avoir travaillé à élever la dignité et l'indépendance du Suffrage universel. Mais,
si j’ai montré quelque ardeur et quelque énergie dans ma propagande d’idées, je n ai jamais
ni injurié ni diffamé personne.
Chers Concitoyens,
L’ardeur de la lutte eugagée sur tous les points du pays prouve l’importance du scrutin
auauel vous allez prendre part.
q Mes adversaires ont cherché à créer une équivoque en empruntant a mon programm
plusieurs de ses points et non des moindres. Vous ne serez pas des dupes de cette ma¬
nœuvre .
Réfléchissez !
Si l’étrange coalition de tous les partis rétrogrades devait triompher, ce serait, entre
les mains d’une majorité bariolée, la France livrée au gâchis et à l’impuissance.
L’œuvre des réformes ne peut s’accomplir qu’en consolidant et en complétant, dune
part l’œuvre de défense républicaine du ministère Waldeck-Rousseau, d’autre part, en pra-
tiauant l’union à gauche, c’est-à-dire entre républicains seulement.
q Je fais donc appel à tous les citoyens de bonne volonté épris de justice et de progrès
Tous ceux qui m’ont vu de près savent que je ne suis pas l’homme de désordre, avec lequel
on es^ve d’efiraver C6ux qui ne me connaissent pas.
Le pire révolutionnaire, en ce moment, c’est celui qui cherche à faire reculer notre
démocratie. On ne saurait craindre de l’entraîner en avant : en présence des “tés qui
sc dressent contre elle, il est plus imprudent d’amollir les courages que de chercher a les
relever.
Républicains, tous aux urnes, pour la République et la Démocratie.
Votre bien dévoué,
Dr VAZEILLE, Député sortant,
Candidat de l’Union des républicains.
lre circonscription d’ORLÉANS
M. Fernand RAB1ER
Élu au 1er tour de scrutin. — 10.339 voix.
Mes chers Concitoyens,
Depuis plus de U ans, je suis à la Chambre votre représentant.
J’ai la conscience de n’avoir jamais démérité de vous, et c’est avec contiance que, de
nouveau, je sollicite vos suffrages. . ,
J’aurais, s’il en était besoin, auprès de vous, qui me connaissez depuis si longtemps,
de surs garants dans les ordres du jour par lesquels les comités républicains ont acclame
58
— 458 —
im candidature, dans i’aceueü enthousiaste qui m’a été fait partout où j'ai rendu compte
de mon mandat*
Mon programme vous est familier. Vous l’avez approuvé à quatre reprises différentes*
Je vous ie soumets encore
Grâce à la ténacité des républicains, avec l’appui du gouvernement de défense et
<P action républicaines, certains articles sont entrés dans la loi*
Je le constate avec une satisfaction profonde*
Les villes ont obi cou ie droit de supprimer leurs octrois ; le régime des successions a
été modifié dans un sens équitable vraiment démocratique*
Par la loi sur les associations, l'État est presque à P abri des efforts de la Congrégation*
Le principe de la réduction et de Y égal i lé du service militaire a été consacré*
Il reste beaucoup à faire encore pour réaliser le progrès social nécessaire, tout en
respectant h propriété individuelle dont j’ai été et dont je demeure le partisan déterminé
et convaincu*
Ud certain nombre de mesures s’imposent a la Démocratie; en voici quelques-unes:
En matière financière :
Modification de l’assiette de l’impôt, de façon que, tout en tenant compte du tempé¬
rament spécial au contribuable français, chacun paye progressivement, suivant ses facultés,
suivant ses ressources.
Par suite : suppression d’impôts injustes, personnelle-raobilière, portes et fenêtres,
prestations, etc., etc*
Réduction dos dépenses, et par des réformes adminisiralives, et par la suppression du
budget des cultes*
En matière d’enseignement ;
Abrogation de la loi Fa Houx, dont le principe a été voté* [L'État a le devoir absolu de
défendre la jeunesse contre toute tentative d'accaparement par 1* Église ; il ne peut déléguer
ses pouvoirs qu’aux maîtres dont il aura éprouvé la capacité.
Eu ce qui concerne l’armée :
Réduction à deux ans du service militaire, égal pour tous. Diminution de la période de
28 jours, suppression delà période de 13 jours. L’armée, que nous voulons forte et res¬
pectée, et qui est la Nation elle-même, ne saurait, de l’avis des plus compétents, en être
atteinte ou affaiblie.
Sur le terrain judiciaire i
Réforme du code de procédure civile, diminution des frais de justice; extension delà
prud’homie*
Sur le terrain économique :
Recherche et réalisation de toutes les mesures propres à favoriser le développement
de notre commerce et de notre industrie*
L'article 103 du code de commerce a été, sur ma demande, modifié de façon à donner
aux commerçants et industriels de notre pays les garanties qu’ils espéraient, en matière
de transport*
Je continuerai l’œuvre commencée*
Vote du projet de loi, retour du Sénat, sur les patentes, afin de protéger le petit com¬
merce contre les gros monopoles et de donner aux courtiers et aux représentants de com¬
merce les satisfactions depuis si longtemps attendues.
Modification urgente de la loi actuelle sur les licences* qui constituent une seconde
patente, et auxquelles la loi qui a dégrevé les boissons hygiéniques a apporté une injuste
aggravation, dont se plaignent à juste titre les débitants et négociants en vins. Retour
immédiat, à tout le moins, an régime ancien*
m
N° 1162
Répression énergique de toutes les fraudes dont souffrent les commerçants honnêtes.
Pour l’agriculture :
Protection et extension de la petite propriété.
Organisation, sur des bases plus larges, de l’assurance et du crédit agricoles.
Révision du cadastre, ou, en attendant, évaluation nouvelle de la propriété non bâtie.
Création de chambres d’agriculture.
Sur le terrain économique et social :
Protection efficace de toutes les œuvres de mutualité, de prévoyance et d’assistance.
Organisation de caisses de retraites pour les travailleurs de la ville et des champs : la
Chambre en a voté le principe.
Protection des faibles et des humbles par un ensemble de mesures dont le vote de la
loi sur les employés et ouvriers de chemins de fer sera une des premières manifestations.
Repos hebdomadaire, etc.
En matière poiitique :
Application intégrale de la loi sur les associations.
Dénonciation du Concordat; règlement définitif de la situation réciproque des Églises et
de l’État : c’est le complément attendu de la loi sur les associations.
Révision de la Constitution clans un sens de plus eu pfus démocratique.
Mes chers Concitoyens,
Vous savez avec quelle passion je m’intéresse depuis 20 ans à» toutes les questions
locales :
Rapporteur des projets sur la Loire navigable et le canal de Combleux, j’ai été assez
heureux pour les faire approuver par la Chambre.
J’ai pu, à cette occasion, obtenir de mes collègues la condamnation de tout projet de
captage des eaux du Val. Ce vote constitue un précédent capital.
J’aurai pour vos intérêts dans l’avenir une sollicitude égale à celle dont j’ài donné tant
de preuves dans le passé.
Électeurs,
L’heure est décisive.
Eu face d’adversaires,, toujours les mêmes, résolus à tout et dont la haine seule du
régime actuel a pu faire l’union passagère, vous constituerez l’armée puissante, invincible
de tous les républicains.
ils vous abusent en criant à la ruine de la France.
C’est faux; les chiffres qu’ils vous donnent sont erronés.
La France n’est ni appauvrie,, ni ruinée. Mutilée et rançonnée en 1871, elle a refait son
outillage, relevé son industrie et son commerce, dépensé des sommes considérables pour
l’enseignement, pour la marine, l’armée, etc.
Il n’est pas un pays qui ait supporté aussi bien que le nôtre, les résultats d une crise
universelle.
Vous les condamnerez par votre vote. Vous condamnerez à nouveau la Congrégation,
qui est l’âme de la coalition qui se lève contre nous.
Vous saurez reconnaître où est la justice et où sont vos intérêts.
Vous assurerez une fois de plus le triomphe de la République démocratique et
réformatrice dont j’ai toujours été le champion et dont vous n avez jamais cessé d’être les
défenseurs.
Vive la République !
Fernand) RADIER* Député sortant,
Candidat rjes républicains.
— 460 —
2* circonscription d’ORLÉÂNS
ML DARBLÀY
Élu au 1er tour de scrutin* — 10*788 voix*
Messieurs les Électeurs et chers Concitoyens,
Il n’y a guère plus d’un an que, par une majorité dont je suis reconnaissant et fier,
vous m’ayez fait l'honneur de m’envoyer vous représenter au Parlement*
Je viens vous demander de me continuer votre confiance et de me renouveler votre
mandat*
Mes déclarations d'alors sont encore, je l’espère, présentes à vos mémoires; vous les
voyez encore affichées sur les murs de vos communes* Ce sont les mêmes que je vous
apporte aujourd’hui* Je suis ce que j’étais, et ce que je serai toujours ; un partisan résolu,
un défenseur fidèle de toutes les idées d’ordre, de progrès, de paix, de justice et de liberté
dans la République*
je veux la République large, ouverte à toutes les bonnes volontés, accueillante à tous,
tolérante, libérale en un mot* Je suis l'ennemi des violences radicales, des rêveries socia¬
listes, des insanités collectivistes* Je leur opposerai toujours, avec les vrais et sincères
républicains, la résistance que nous commande la paix du pays et l’existence de la Répu¬
blique elle-même*
Je vous répéterai ici ce que je vous disais fan dernier :
Ne voulant ni réaction, ni révolution, respectueux de nos lois scolaires et partisan
résolu de toutes les libertés, je défendrai toujours : la liberté de conscience, la liberté
d’association égale pour tous, la liberté du père de famille qui veut élever ses enfants selon
ses convictions, sans que leur avenir en puisse souffrir aucun désavantage*
Cultivateur comme un très grand nombre d’entre vous, je suis, vous le savez, un can¬
didat essentiellement agricole* Depuis que je suis votre représentant, j’ai visité toutes vos
communes; je continuerai* En relation avec beaucoup d’entre vous, je serai heureux de
vous connaître tous. Vivant au milieu de vous, je sens toutes vos apirations, et je voudrais,
par des lois sagement conçues, alléger les charges de l’agriculture et de la viticulture,
garantir le cultivateur contre les dévastations du gibier, réformer les marchés fictifs, modi¬
fier, en le rendant plus équitable, l’impôt des prestations, faciliter le crédit agricole, encou¬
rager la reconstitution de notre vignoble*
Je suis non moins désireux d’améliorer la situation de lous les travailleurs, ouvriers
des usines, ouvriers des ateliers, ouvriers des champs et des vignes* Je ne cesserai pas de
soutenir toutes les propositions qui peuvent leur être favorables, en maintenant toujours leur
indépendance et leur droit au travail librement consenti, ce droit imprescriptible auquel
une loi récente vient de porter une première atteinte*
Les œuvres d’assistance etde prévoyance, Jes sociétés de secours mutuels, les retraites
ouvrières, si importantes pour nos communes rurales, ont en moi un défenseur convaincu*
Vous rappellerai-je, Messieurs les Électeurs, que, fermement attaché à notre belle
armée, dans laquelle servent tous nos enfants, je mettrai tout en œuvre pour assurer sa
force et améliorer le sort du soldat* Je voudrais, par des mesures concertées avec le Conseil
supérieur de la guerre, alléger les charges militaires qui pèsent sur le pays; réduire le ser-
461 -
N" 1162
vice militaire à deux années; diminuer largement la durée des périodes d’exercices en rem¬
plaçant les 28 jours par 21, les 13 jours par un simple appel.
Demain, comme hier, je seconderai particulièrement dans les réformes d’impôts celles
qui peuvent soulager les petits contribuables, les ouvriers et les familles nombreuses.
Mon dévouement aux intérêts particuliers de notre département vous est connu. J’ai
consacré toute mon activité à l’étude et à la préparation des lignes de tramways, dont la
construction devrait être déjà commencée sur la rive gauche de la Loire. Je persisterai de
même à demander que la ligne projetée de Châteaudun a Romoramin passe par Beaugency
et je promets tout mon concours aux lignes nouvelles qui seraient proposées : projets dont
quelques-uns me sont déjà connus.
Je suis enfin, il est inutile de vous le rappeler, un ardent défenseur des résolutions qui
doivent rendre la Loire navigable et restituer leur ancienne prospérité aux villes et aux
villages de notre arrondissement situés sur ses rives. Je lutterai contre toute captation des
eaux du val de la Loire par la ville de Paris.
Et maintenant, mes chers Concitoyens, vous avez dans mon passé parlementaire, si
court qu’il soit, une promesse loyale, un gage certain pour l’avenir. Tous les engagements
que j’ai pris devant vous, je les ai tenus : mes votes en témoignent.
Si vous m’appelez de nouveau à vous représenter, soyez assurés que je me conformerai
toujours fidèlement à mes déclarations.
Serviteur dévoué de la démocratie, je vous appartiens à tous sans distinction, par mon
travail, par mes goûts, par ma bonne volonté; et si je sollicite l’honneur d’être votre
député, c’est pour les intérêts de tous, c’est pour le bien public dans toute notre région,
c’est pour !a prospérité du pays tout entier, c’est pour le règne pacifique et fécond de la
République.
Louis DARBLAY,
Agriculteur, Conseiller municipal de Chevilly,
Conseiller général du Loiret,
Vice -président du Syndicat des Agriculteurs du Loiret,
Administrateur du Comice agricole d’Orléans
Député sortant, candidat républicain.
Circonscription de PITHIVIERS
M. Georges COCHER Y
Élu au 1e’ tour de scrutin. - 10.357 voix.
Chers Concitoyens,
Depuis 17 ans, j’ai l’honneur de vous représenter.
Fidèle à la politique que j’ai toujours affirmée, et que vous avez si souvent approuvée
par votre vote, j’ai constamment défendu la République contre tous ses adversaires.
J’ai lutté contre les collectivistes et les révolutionnaires qui voudraient bouleverser la
société et dont les doctrines, destructives de la prospérité du pays, sont repoussées par le
bon sens des travailleurs.
Aujourd’hui, le parti violent et sectaire qui poursuit la réalisation du collectivisme, sans
oser peut-être encore le montrer tel qu’il est, dirige contre moi les plus ardentes attaques.
Je m’honore d’êire poursuivi de la haine de ceux qui outragent le drapeau, qui
cherchent à désorganiser l’armée, à supprimer la liberté, à intimider le pays pour l’asservir
à l’odieuse tyrannie d’une minorité violente.
Ceux-là ont raison de me combattre : — Je ne suis pas, je ne serai jamais avec eux.
je suis, je serai toujours avec les républicains qui ont fondé la République et qui
veulent la fortifier par la pratique des principes républicains : la liberté, 1 Indépendance
individuelle, le progrès continu, la solidarité entre les citoyens.
Ni réaction, ni révolution — Progrès et réformes pacifiques*
Tel est votre programme.
C'est aussi le mien ; je i’ai suivi dans le passé? je le suivrai dans l'avenir*
Je ne désavoue aucun de mes actes, aucun de mes votes*
Je ne suis pas de ceux qui changent au gré des circonstances.
Je ne suis pas non plus de ceux qui cherchent à vous éblouir par de brillâmes mais
vaines promesses, qu'ils savent ne pas pouvoir tenir*
Ce que je promets, je le tiens. Vingt ans de vie publique le prouvent.
Aucune réforme ne m’effraye, si elle est réellement une réforme, si elle est profitable
au pays et s’inspire d'un véritable esprit de justice.
Beaucoup de réformes ont déjà été réalisées. Nombreuses sont celles que j’ai contribué
à préparer.
Elles ne doivent pas nous faire oublier celles qui restent à accomplir :
Les réformes fiscales, destinées à réaliser, sans vexation, sans inquisition, une plus
équitable répartition des charges publiques ?
Les réformes économiques et d’ordre social qui, par le développement de la mutualité
et des institutions de prévoyance, assureront le triomphe de la vraie solidarité;
Les réformes administratives qui diminueront les dépenses publiques ?
Les réformes financières, dont la première sera une sévère économie dans la prépara¬
tion et l'exécution des budgets?
Les réformes militaires, qui allégeront, par les mesures qui seront préparées par k
Conseil supérieur de la Guerre, sans porter aucune atteinte à la force de Parmée, les
charges imposées à nos concitoyens;
Les réformes judiciaires, qui simplifieront la procédure, rapprocheront le juge du justi¬
ciable, diminueront les frais des instances, en abrégeront la solution.
Il faut surtout que les législateurs n’oublient pas que l’agriculture est le meilleur pour-
voyeur du budget, le plus solide élément de notre puissance financière, comme de notre
force militaire.
Il faut que tous ses intérêts soient énergique ment défendus :
11 faut qu’on lui donne enfin, par la constitution de chambres démocratiques d'agricul¬
ture, le moyen rie faire toujours entendre sa voix et connaître sa volonté*
11 faut que, par un allégement considérable de l’impôt sur les sucres, on maintienne la
prospérité de la culture bottera vière.
Il faut que, par ^organisation démocratique du crédit! agricole, ou permette à nos cam¬
pagnes de profiter des larges sacrifices que j'ai obtenus de la Banque de France dans l’inté¬
rêt de l’agriculture.
Chers Concitoyens,
J’ai, dans le passé, consacré toutes mes forces, toute mon énergie, toute mon activité
au service des intérêts généraux du pays, des intérêts spéciaux de notre département, de
notre arrondissement, de nos communes*
Je me suis donné sans réserve à la préoccupation de vous être utile*
Certains me le reprochent — Je m’en honore*
Je continuerai.
Votre dévoué,
Georges CUGUEBY,
Viee-PrésideiHj de la Chambre des Dépuités,
Président du Conseil général, ancien Ministre des Finances*
- m —
N* il 62
LOT
Circonscription de GAHOKS
M. Émile REY
Élu au 1er tour de scrutin, — 13,049 vois:.
Mes chers Concitoyens,
Vous m’avez fait, par trois fois, l'honneur de me confier le mandat de vous représenter
à la Chambre des Députés,
Ce mandat, j’ai conscience de l’avoir fidèlement rempli et c’est avec celte conviction et
fort des témoignages de confiance qui m’ont été adressés par la presque unanimité des
maires de l'arrondissement, que je viens, comme candidat de la concentration républi¬
caine, faire appel de nouveau à tous ceux qui veulent une République d’ordre, de paix,
{l’union, respectueuse de tous les droits nu citoyen, mais en même temps nettement
orientée vers les réformes inspirées par i’esf rït de justice et de fraternité sociales.
Le premier devoir d’un représentant du peuple est de maintenir et défendre la Répu¬
blique qui est par excellence le Gouvernement du peuple par te peuple, celui qui lui assure
la souveraineté et le reml maître de ses destinées. Aussi, dvs complots ayant été ourdis
contre elle par toutes les factions hostiles coaliséees, — monarchiques, césariennes,
cléricales, — - je me suis associé aux mesures de défense nécessitées par la situation. C’est
ainsique j'ai voté les dispositions de la loi sur les congrégations, destinée à les soumettre
à !a suprématie du pouvoir légal du Pays et à restreindre le développement menaçant de
h mainmorte.
Mais, toujours fidèle aux grands principes de liberté et d’égalité, je n’ai pas voulu
proscrire les ordres religieux qui se soumettent h la loi et poursuivent un but utile et
louable. De même, je voterai l’abrogation de la loi Falloux qui a été une loi de réaction et
de privilège, mais non le retour au monopole universitaire qui serait non seulement
contraire à la liberté, mais nuisible au progrès de ^instruction en supprimant la concur¬
rence.
Toutefois, la liberté de l’enseignement, comme les autres libertés, a ses limites, et
l’Etat a le droit et le devoir de veiller à ce qu’on n’enseigne pas aux jeunes Français la
haine tt le mépris des institutions que le Pays s’est librement données.
Je continuerai, comme par le passé, à poursuivre avec ardeur la réalisation des réformes
financières, économiques et sociales qui doivent apporter plus de justice et de bien-être
dans notre société,
La première qui s’impose, car elle est 3a base de la plupart des autres, c’est la réforme
do notre régime h-cal par l’application de l’impôt progressif sur le revenu, de manière à
compenser la progressivité à rebours des contributions indirectes et à demander une pro¬
portion plus forte au superflu qu’au nécessaire, au revenu du capital qu’à celui du travail.
Mais ennemi de la politique du « Tout ou rien », en attendant la réalisation de cette
importante réforme, je m'appliquerai à obtenir des améliorations partielles de nos impôts,
telles que les deux dégrèvements de l’impôt foncier et celui de la personnelle-mobilière,
votés depuis que je suis à la Chambre, qui ont apporté au département une diminution de
déchargés de 850.000 francs par au.
GTest ainsi que je réclamerai la suppression ou la transformation de I impôt tonner, de
la contribution personnelle-mobilière, des portes et fenêtres, des patentes, des presta¬
tions qui écrasant les campagnes, frappent plus le pauvre que le riche, et sont en général
d’autant plus élevés que les familles sont plus pauvres et plus nombreuses.
.le ne. cesserai de donner mon concours à toutes les mesures qui tendent à supprimer
les abus et les injustices et contribuent au progrès social. C’est ainsi que sous la dernière
législature j’ai voté : 1° la suppression des octrois et la réforme des droits sur les boissons
hygiéniques ; mais j’ai regretté que l’on n’allât pas plus loin dans le dégrèvement des
droits de circulation ; 2° la réforme des droits hypothécaires qui étaient beaucoup plus
lourds pour les petites dettes que pour les grandes et qui désormais seront proportionnels;
3° la réforme des droits de succession qui, par l’introduction de la progressivité, en deman¬
dant plus aux gros héritages, a permis de dégrever les petits et de faire disparaître cette
injustice criante qui consistait à prélever les droits même sur les dettes de la succession.
Je voudrais que l'on fît une réforme analogue pour les droits de mutation a titre
onéreux, afin de faciliter au cultivateur l’acquisition de la terre et favoriser ainsi 1 extinction
et la conservation du patrimoine familial.
A ce programme j’ajoute ce que j ai déjà demandé antérieurement et que je continuerai
à réclamer':
1“ La diffusion de l’enseignement agricole, aflii d’apprendre à nos cultivateurs les
movens d’augmenter la fertilité du sol et le rendement de leurs récoltes ;
“ La multiplication des banques de crédit agricole, afin qu’ils puissent se procurer a
un faible intérêt les fonds nécessaires à leurs améliorations ;
3° L’institution de caisses d’assurances contre les fléaux dont ils sont victimes, afin de
leur assurer la rémunération de leur travail et la sécurité du lendemain ;
4° Des facilités plus grandes pour l'écoulement des produits, tant industriels qu’agri¬
coles par la diminution des frais de transport et l’ouverture de débouchés nouveaux;
5" La réduction du service militaire à deux ans, avec les mesures nécessaires pour
conserver à notre vaillante armée sa force et sa solidité ;
6“ La diminution des frais de justice ; la plus stricte économie dans nos finances ; la
réduction des gros traitements et la simplification de nos rouages administratifs ; _
7° L’assistance des petits, des humbles, des déshérités et notamment celle des vieil¬
lards et des infirmes, et celle des familles pauvres chargées d’enfants ;
8° La solution du grand problème des retraiies des vieux travailleurs pour leur assurer
l’existence après une longue vie de travail et de privations ; .
9° Enfin toutes les réformes capables d’améliorer le sort matériel et moral du leupc
et compatibles avec les principes d’équité et de justice.
Électeurs,
Vous rn’avez vu à l’œuvre depuis treize ans que j’ai l’honneur de vous représentei. Mon
passé vous répond de l’avenir. Aux urnes donc pour le Progrès et les réformes démocra¬
tiques !
Vive la France ! Vive la République !
Docteur Émile REY, député sortant.
Vice-Président du Conseil général. Président de h
Société agricole du Lot, Membre du Conseil
supérieur de l’Assistance publique de France.
— 465 —
N° 1162
Circonscription de FIGEAC
H. VI VAL
Élu au 1er tour de scrutin. — 12.429 voix.
Chers Concitoyens,
Le 8 mai 1898, par 12.320 suffrages contre 9.536, c’est-à-dire par près de trois mille
voix de majorité, vous m’avez réélu pour la troisième fois votre Député.
Ni la pression la plus honteuse exercée par l’administration de l’époque, ni surtout une
campagnes de mensonges et de calomnies, n’ont pu ébranler votre vieille foi républicaioe.
Aujourd’hui la môme campagne de mensonges recommence.
A toutes ces attaques méprisées de vous, je viens répondre comme je l’ai toujours fait,
par mes actes, mes votes et mon long passé politique.
Je suis depuis près de treize ans votre député.
Depuis près de vingt ans, Conseiller général du Lot.
Depuis 1883, Maire de Figeac.
Enfin, depuis le 24 novembre 1874, (il y aura bientôt 28 ans), je n’ai cessé de faire
partie du Conseil municipal de cette ville, si républicaine et si démocratique.
Quels sont ceux de mes actes ou de mes votes, dans les diverses assemblées dont je fais
partie, qui peuvent permettre à nos adversaires de se livrer à des attaques déloyales?
Les électeurs de Figeac, au milieu desquels je suis né, j’ai toujours vécu et qui ont pu
apprécier tous les actes de ma vie politique, ont depuis longtemps fait bonne justice de
toutes ces calomnies.
Fort de leur confiance, trois fois de suite investi, par les républicains de l’arrondis¬
sement, de mon mandat de député, je viens pour la quatrième fois solliciter vos libres
suffrages.
Tout en assurant à la France sa paix intérieure et extérieure, la Chambre de 1898, dont
les pouvoirs prennent fin, a voté certaines réformes.
Les plus importantes sont les suivantes :
1° Réforme des successions, qui a admis la déduction des dettes, réduit les charges
imposées aux petits héritages et exigé « des gros » un sacrifice plus élevé ;
2° Réforme de l’impôt des boissons hygiéniques ;
3° Loi sur les associations et les congrégations. Loi dirigée, comme le disait si justement
M. Waldeck-Rousseau, président du Conseil des Ministres, contre ceux qu’on peut appeler
les moines ligueurs et les moines d’affaires, et qui est une garantie pour le clergé séculier.
4° Dégrèvement de la personnelle-mobilière, qui a réduit, part de l’État, de plus de
113.000 francs le montant de cet impôt dans notre département.
Si je suis de nouveau votre élu, voici les principales réformes que je soutiendrai dans
l’intérêt de notre chère démocratie rurale :
1° Impôt progressif sur le revenu, le seul qui puisse apporter un dégrèvement sérieux
dans les contributions du plus grand nombre des petits propiiétaires de l’arrondissement;
2° Réduction à deux ans du service militaire qui pèse principalement sur les fils de
l’ouvrier et du paysan ; suppression de la taxe militaire;
3° Révision de la constitution pour assurer la prépondérance du suffrage universel et
la réalisation des réformes démocratiques et sociales ;
50
_ 466 —
ft. Lois de prévoyance sociale et de solidarité humaine, retraites pour les vieux tri-
Va ^ jj^eioppe^n en ^ d e Ve n sei g □ em ent agricole dans les écoles primaires ;
SS -« £, J&ÿ ™= religieuse au ,
leurs passions politiques.
Kil 6C t G u r s ,
Aujourd’hui, cou,», aux élootioM dernito., M.
pïXïïw - — - »—— • *“• démocratie'ibr8“
lab0Ï fais appel à tous les Républicains, à tous les patriotes sincères et animés du vèri-
avenir aux générations qui nous succéderont.
Vous connaissez mes convictions politiques. Elles n’ont jamais varié. .
Élu d’une majorité républicaine, exempte de tout patronage ^spect ] ai cherche a
tout mon devoir ; et j’ai mérité de nouveau voire confiance, vous le direz le ^ •
Vive les réformes démocratiques 1
Vive la République !
Louis V1VAL, Député sortant,
Maire de Figeac.
Circonscription de GO U RD ON
M. LACHIÈZE
Élu au 2° tour de scrutin. — 9.954 voix.
Mes chers Concitoyens,
Pendant trois fois vous m’avez confié le mandat législatif. . mandat
Élu du suffrage universel, je n’ai pas besoin de l'invcstUure d’un <**&**»* **»&«
présidé par les élus du suffrage restreint. C’est de vous seuls que je relève. -C est vous qui
allez dire si vous voulez me continuer votre confiance. 1S
Dédaignant les violentes atiaques' dont je suis l’objet, fidèle aux pmmipes repul hc^
de toute ma vie, j’ai défendu la liberté que des sectaires veulent détruire, la liberté mse
ians les Droits de l’homme, notre enarte républicaine.
le veux la conscience libre. ,
Je veux l’enseignement libre. Je ne me refuserai pas à voter l’abrogation de la loi l a
oux, à la condition qu’elle soit remplacée par une loi assurant la liberté de l’hnseignem
ivec l’égalité des grades, lecontrèle et la surveillance de 1 État. Mais le pere de .ami ,
■esponsable de l’avenir de ses enfants, doit être responsable de leur éducation.
N° H62
— 467 —
H^^ssüssSri ssasvs
ViVf \ïï Sers folZyLt rS“Uxà la solde de me, adversaires veulent vous per-
don sociale que comporte le programme républicain. En voici quelques-unes.
l’ai voté : , . .
L’impôt sur le revenu qui doit remplacer l’impôt foncier, les patentée, lee porte.
,e“taJ;S^“"^“.o.4^- <? »"• *r* iou,6n ^
emiint tandis aue s’a^ravent les souffrances et la misère des paysans,
profondément en diminuant les licences qui sont exagerees et inèBales,
* ****“" à l’agriculture et qu’on
peut remplacer par des exercices au chef-lieu de canton,
L’augmentation du nombre des soutiens de famille,
Le vin du soldat, . ... ,
L'*s secours et l’assistance pour les infirmes et les vieilla.ds,
La’ diminution deS fraie de mutation qui frappe», ai lourdement la terre,
Enfin loutes'les mesures favorables b nos campagnes ai durement éprouvées.
p™, le ” uv e, a des' villes j’ai voté la journée de hui. heures, le, reirauea ou.nér
lalofaur les aêoid.nta du travail. l’ai toujours été avec ceux ,»> veulent plus de justice
Certes, malheureusement, toutes cos réformes n ont pas ^ ^l^y^dminriégislature.
nement et 1. majorité ; quelques-unes ratent encore Meu.r. dois prêcha, ne lcg,sl..ure
JTen poursuivrai sans relâche la réalisation. nre^bvtèrés les
je me suis dévoué aux intérêts des communes : subventions pour le ?ref ytèrf ’ les
les chemins. L’hospice de Gourdon a reçu 35.000 trancs. Grâce amas elforts,
le chemin de fer de Carsac à Gourdon sera incessamment. livre.
eaT°Z “ :Œ:' e“»r;,cTrÏÏs%rerSdign..ion que je ressens rn
laPc.use do peuple, moi qui me suis app.uvr,
laquelle j’ai été emprisonué, pou,
'12S^ïï=|s:s=is..-..--
lîSsærsrtf»".:
contraires à mes sentiments, je ne me recommande a vous que par mes actes.
Électeurs,
Affirmez sur mon nom La nécessité de l’union,, de la tolérance, de la fraternité, qui
seules peuvent nous conserver la République, faire la paix dans le pays et maintenir la
France grande et prospère au dedans et au dehors*
Vive la République!
Albert UGHIÈZE,
Docteur en droit, conseiller général.
Députe sortant.
— 469 —
N° 1162
LOT-ET-GARONNE
\
Circonscription d’AGEN
M. DÀUZON
Élu au 2e tour de scrutin. — 8,698 voix.
Mes chers Concitoyens,
Après vous avoir exposé mon programme dans des conférences publiques, il ne me
paraît pas nécessaire de vous faire une longue profession de foî. Fidèle à mes convictions
républicaines et sociales, j'ai la conscience d’avoir défendu à la Chambre les revendications
du monde agricole et ouvrier.
Malgré les attaques ouvertes et injustifiées, malgré de perfides insinuations, vous vou¬
drez bien comprendre que le Président des Conseillers généraux républicains de Lot-et-
Garonne ne peut, après avoir fait appel à la justice de son pays, que rester indifférent et
calme en attendant que les juges aient prononcé*
Je n’ai rien fait pour aigrir la lutte, je resterai jusqu'au bout ferme et courtois. Jus¬
qu’au bout je ne cesserai de vous conseiller de planer au-dessus des combats personnels et
de ne songer qu’aux intérêts supérieurs de la République dans P arrondissement d’Agen.
Affirmez-vous pour elle sur le programme qui vous est soumis par ceux qui briguent l’hon¬
neur de la défendre et de la servir.
Cela fait, ma foi démocratique sera demain ce qu’elle était hier, satisfaite du devoir
accompli.
J’ai pour moi ma conscience, je vous renvoie à la vôtre *
Vive la République démocratique et sociale!
P, DAUZON, Député sortant,
Président du Conseil général.
Programme :
Politique,
Réduction du mandat sénatorial.
Élections des Sénateurs et des Députés au scrutin de liste par le suffrage universel.
Décentralisation administrative.
Suppression des fondions inutiles et diminution des gros traitements.
Séparation des Eglises et de l’Etat.
Impôt progressif sur le revenu, en remplacement des quatre contributions.
Suppression des prestations.
Service de deux ans; diminution des vingt-huit jours et suppression des treize jours.
Laïcisation et liberté de renseignement, devenu libre pour tous les citoyens pourvus
des mêmes diplômes.
Modification du règlement, permettant la constatation des absents et des présents aux
séances de la Chambre.
Économique ,
Retour à l'État des grands services nationaux ; Banque de France, mines.
Rachat des canaux et chemins de fer.
Suppression des octrois.
Recherche de l’emploi de l’alcool industriel au chauffage et a l’eclairage, afin d alléger
le marché de nos vins. .
Surveillance étroite sur Rentrée et la sortie des blés étrangers, pour maintenir un cours
normal aux blés français.
Protection énergique de rélevage du bétail.
Obligation pour l’Administraiioo de fournir au inonde agricole des renseignements, soit
sur des débouchés nouveaux, soit sur des cultures nouvelles eu sur les dangers de la sur-
production.
Suppression des primes à l'industrie sucrière.
Pas de Garonne navigable, mais construction du canal des Deux-Mers, aujourd’hui
demandé par la Commission de la Marine.
Social.
Loi sur les retraités ouvrières attribuées aux travailleurs des champs et des villes.
Extension de la liberté des Syndicats professionnels.
Loi sur la production due au travail maximum et au salaire minimum.
Soutien des revendications des employés de chemins de fer et des employés decom
merce.
Appui énergique aux Bourses du travail.
Extension continuelle des Écoles d’industrie et de commerce.
Programme local
Poursuite de Rétablissement du réseau de tramways aujourd'hui décide.
Fermeture du marche de première main à 7 heures du matin.
Poursuite énergique des pourparlers engagés avec les Compagnies pour obtenir ui e
diminution sur les frais de transport des fruits et primeurs.
Modification de Rarrêtê de la pêche aQn d’autoriser Remploi du filet à 18 millimètres.
C'est dans ces sentiments et m'inspirant des idées contenues dans ce programme, que
je continuerai de voter à la Chambre si vous me faites l'honneur de îu'y renvoyer.
471 —
iS° 1162
Circonscription de MAKMAMDE
M. DËCHE
Élu au 2 15 tour de scrutin. — 12.767 voix.
Mon cher Concitoyen,
En venant solliciter votre suffrage pour la prochaine élection législative l’ai le devoir
de vous (lire qui je suis et comment je compte remplir le mandat de Députe, ]
11611 'Républicain6 de Tradition et de conviction, j’occupe auConseil général de Lot-et-Garonne
un siège crue mon père a occupé en lSàS. Je «'appartiens et n appartiendrai jamais a
èg JJrie- le culte de la liberté et la défense des intérêts de notre région essentielle-
S S ^oSS dfclu^moblle» qui «font déeide à po».r m, «ndiduture réc,.-
gg.'S les nombreux amis que je compte psrüculièrement tlansnos camp.f»e».
ie ne sùis 'point fonctionnaire et n'aspire pas à le devenir. ,e peux donc, uger les
'“Ts'uis opposé1 "u‘ Minïre "cSÎ"'politique anti-liberale. I sa façon d'administrer
■* ts -
toniour» «esté contre les lois d'exception eppliquées à tonte «ne classe de cttoyens a
cause dehors opinions ; s'ils ont eu personnellement à subir des violences, ils se sont
attachés davantage au respect cù à la liberté de chacun.
t nP suis nas partisan du monopole universitaire, tous les monopoles me semblant
dangereux car là où la liberté est absente, il n’y a ni émulation ni idée féconde. Et avec
blcoup de se membres, j’estime que c’est un singulier moyen de détendre l’Universite,
7e S ne menace, tant s. valeur morale, en général, et sa puissance d tnstnteüon s tm-
P01":;ëu?rStde8acclion, pour tous les ciroyens, aux carrières de r&t, par vole de
concours et non point par favoritisme, fût-il masqué par de grandes phrases.
"sur îe terrain économique, la situation s’aggrave tous les jours. Par suite des grèves
répétée^ dont c hommes au pouvoir ont eu le triste privilège de voir augmenter le nombre,
ont ce que nous Lux, consommons, renchérit, tout ce que nous produisons se vend à
!5ï» croyez pas que, parce que je représente un ^ ««Sg
intérêts personnels sont à la campagne, je ne sache point qu en «.étendant es intérêts
payses ,è défends aussi les intérêts ouvriers de nos pet, tes villes. Car, je vous le demande
si nous’ sommes ruinés à la campagne, qui alimentera le commerce et 1 industrie ces
Budget de l’État se solde par un gros déficit. Celui des communes voit augmenter
chaque jour le chapitre des dépenses. On crée partout des emplois nouveaux et, nature de-
mental faut ouvrir des crédits pour payer les fonctionnaires. Siles mandataires du pays
persistent dans cette voie, ils auront vite absorbe le reste de nos économies.
J'ai voté au Conseil général contre l’impôt sur le revenu, personne n ayant donne une
formule garantissant qu’il ne viendra pas s’ajouter aux autres impôts dont nous sommes
accablés. Si l’argent peut se dissimuler .et se dissimule en effet, le grand livre du négociant
” avril W01, au Conseil général :
<( Depuis quelque temps, les réformes singulières dont on nous a dotés font craindre aux
ruraux qu'on enjasse d'autres ».
\
— 472 —
En effet, la nouvelle loi sur les boissons, dont on nous promettait merveille, a établi
l'exercice chez le propriétaire, qui ne peut plus brûler son vin sans payer des droits
énormes. On a augmenté les droits que payait le vin et on n'a même pas dégrevé la
piquette* Qui profite de ces dispositions? la grande ville; qui en pâtit? la campagne. Il y a
plus ; les chais sont pleins et nous ne pouvons rien vendre, car si la régie arrive à arrêter
de pauvres vendeuses d’allumettes dont la marchandise a du moins l’avantage de prendre
quand on la frotte, par un phénomène bizarre, elle ne peut parvenir h atteindre les mar¬
chands de mauvais alcool et les contrefacteurs de vin, qui sont autrement dangereux pour
la santé publique et autrement a craindre pour notre bourse,
3e veux Parmée forte et respectée, car c’est notre force et notre sauvegarde. II n’y a
qu’un Drapeau qui ait droit à notre vénération : le drapeau tricolore, symbole des gloires
passées et des espérances de l’avenir.
U est question, à cette heure, de réduire le service militaire à deux ans. Je suis parti¬
san de cette mesure sagement préparée*
11 n’y a plus à hésiter, l’heure de se prononcer est arrivée; il faut que la volonté popu¬
laire se manifeste et qu’elle choisisse entre ceux dont le but unique est de satisfaire des
intérêts privés et de semer la haine entre les citoyens, pour mieux arriver à leurs fins, et
ceux qui, n’ayant en vue que les intérêts de Ja Patrie et de la République, s'efforcent de
ramener le calme dans les esprits, afin que tous les citoyens puissent d’un commun accord
travailler à Paccroîssement de la fortune nationale et à la grandeur de la France,
11 vous fallait un nom pour protester, je vous apporte le mien; vous vous prononcerez.
Quel qu’il soit, votre verdict sera accepté par moi sans murmure? j’aurai fait mon devoir,
à vous de faire le vôtre.
Si vous m'accordez votre suffrage, si le Peuple m'investit du mandat législatif.
Je m’associerai à ceux qui seront déterminés à faire des économies sérieuses, à dimi¬
nuer les impôts qui frappent la terre, l’industrie et le commerce, et à limiter l’initiative
parlementaire en fait de dépenses ;
Je défendrai la Liberté, car c’est défendre la République.
Vive la République 1 Vive la Liberté !
Docteur DEC HE,
Maire de Calonges,
Conseiller général du canton du Mas d* Age nais.
Membre de la Société des Agriculteurs de France.
Circonscription de NÉRAG
M. Léopold FABRE
Elu au 2e tour de scrutin. — 7.675 toîx.
Mes chers Concitoyens,
Cédant à la demande d’un grand nombre d’électeurs de l’arrondissement de Nérac, je
viens solliciter de vos libres suffrages l’honneur de vous représenter au Parlement.
Je ne vous ferai pas de grandes phrases, vous savez par expérience ce qu'elles valent,
et vous savez où vous ont conduits les grands mots et les promesses inconsidérées.
473 —
Y1 4162
Victimes des surenchères électorales', des ambitions et des appétits des politiciens, vous
souffrez d’une crise sans précédent, occasionnée par la mévente de vos blés, de vos vins et
de vos eaux- de-vie; le commerce est paralysé, l'industrie ferme ses ateliers et nous allons
droit à la ruine, occasionnée par l’augmentation de3 dépenses et le déficit constant du
budget.
A la veille du scrutin, j’ai le devoir de vous dire simplement, avec sincérité et fran¬
chise, qui je suis et ce que je veux.
Conseiller général républicain du canton de Damazan, élu deux fois à une forte majo¬
rité, j’ai toujours été fidèle à mon parti et dévoué aux intérêts de mes électeurs. Ennemi des
théories violentes qui favorisent la lutte des classes et les guerres fratricides, partisan de
sages réformes parle progrès, l’ordre et la liberté, je veux la République libérale et tolé¬
rante pour tous, garantissant les droits de chaque citoyen d’après les principes delà Décla¬
ration des Droits de l’homme.
Animé de ces idées, voici le programme sur lequel je vous demande de vous pro¬
noncer :
Sur la question politique.
1. Liberté de conscience et d’enseignement. Droit pour le père de famille de faire élever
ses enfants où bon lui semble, et rejet du stage scolaire comme attentatoire à la liberté de
l’enseignement.
2. Liberté du travail.
3. Service militaire égal pour tous et réduit à deux ans.
S«)’ la question fiscale.
1. Impôt sur le revenu, tendant à remplacer la cote personnelle et mobilière, l’impôt
des portes et fenêtres, et peut-être par la suite le principal de l’impôt foncier, distinguant
entre les différentes natures de revenus, de façon à ménager le plus possible les revenus
du travail, et, en particulier, les revenus du petit commercé, de la petite industrie, de l'ate¬
lier et de la terre.
Les contribuables dont les revenus totalisés ne dépasseraient pas 2.500 francs seraient
exempts de l’impôt sur le revenu.
2. Caisses nationales de retraites pour lous les travailleurs des villes et des campa¬
gnes, reposant sur la participation de l’l5tat, du patron et de l’ouvrier, se combinant avec les
sociétés de secours mutuels.
3. Réduction des gros traitements.
h- Suppression des fonctions inutiles. — Sérieuses économies budgétaires. Réduction
des frais de justice.
Sur la question économique.
4. Maintien du blé à un prix uniforme et rémunérateur. — Suppression du marché
fictif de Paris, qui fait la hausse et la baisse sur tous les marchés, et qui ne profite qu’à
quelques gros spéculateurs étrangers au détriment de l’agriculture. Réglementation des
marchés h terme par une organisation sévère, des bourses de commerce.
2. Modification complète de la loi des boissons, — Rétablissement de l’exercice chez
les débitants, dans les villes de 40.000 habitants et au-dessus, pour empêcher ta fraude.
Liberté pour tous les propriétaires de distiller librement leurs vins. Le propriétaire maître
chez lui.
Dénaturation des alcools d’industrie, qui devraient être employés uniquement à la
force motrice, au chauffage et à l’éclairage. Les eaux-de-vie naturelles seules livrées à la
consommation.
GO
474 -
Dégrèvement des eaux-de-vie de vin.
S. Amélioration de l’industrie du liège, en frappant les produits étrangers du maximum
des droits d'entrée, pour qu'ils ne concurrencent plus nos bouchons sur les marchés français;
— Établissement d'un droit de sortie pour les lièges algériens à destination des pays étran^
gers, et obligation pour nos consuls de nous donner l’état des places, de manière à favoriser
l'exportation de nos bouchons.
4, Augmentation de la culture du tabac, afin de donner satisfaction aux demandes de
nouveaux planteurs. Amélioration des rapports avec l'Administration par la modification du
règlement, — Réorganisation complète de la Caisse d'assurances.
Je reste, en outre, acquis aux autres réformes ayant pour but : l'organisation du crédit
agricole et la révision du cadastre; l'amélioration des chemins, routes et canaux; Rabais¬
sement des tarifs de transport; le rétablissement du droit de la chasse au filet et au lacet
pour les . propriétaires, métayers et fermiers. Réduction du permis de chasse et création de
tickets journaliers. Réglementa non de la chasse et de la pêche laissée aux Conseils géné¬
raux, Faculté laissée aux pécheurs d'utiliser les filets ou engins autrefois tolérés, tels que
le coul, le virol, etc,
Électeurs,
Tel est mon programme. Si vous m’accordez vos suffrages, j'emploierai à sa réalisation
toutes mes forces et toute mon activité.
Si fai l’honneur d'être votre représentant, j'abandonnerai ma profession d'avocat, esti¬
mant qu'un député se doit exclusivement aux intérêts de ses électeurs et qu'il ne petit pas
faire à la fois les affaires du peuple et les siennes.
Je m'engage, en outre, à rendre compte de mon mandat, en réunion publique, afin de
faire le corps électoral juge de mes actes et de mes votes.
Chers Concitoyens,
Si vous voulez que la République soit libérale pour tous, si vous voulez mettre un ternie
à l'agitation qai paralyse les affaires, substituer à une période de violences une période
<T apaisement ; si votfs voulez que le calme renaisse dans les esprits, que nous fassions en¬
semble un peu moins de politique de partis et un peu plus de politique d’affaires.
Allez tous aux urnes sur mon nom.
Et assurez le triomphe de l'ordre et de la liberté dans la paix et l'uhion au cri de
Vive la République!
Léopold FABRE,
Propriétaire, avocat.
Conseiller général du canton de Damazan,
Candidat républicain.
Circonscription de VÏEEEN^UVE-SUR-LO^T
M. Georges LEYGUES
Élu au 2° tour de scrutin, — 12-152 voix.
Chers Concitoyens,
ü y a seize ans que j’ai l’honneur de vous représenter et je sens que les liens dallée-
tion qui nous unissent n’ont jamais été plus solides; que jamais il n’y a en entre nous une
communauté de vues plus étroite.
Nous ayons combattu trop longtemps ensemble pour la même cause, vous m’avez vu
trop souvent à P œuvre pour qu’il soit besoin de vous redire qui je suis.
Les actes que j’ai accomplis au cours de la dernière législature, 1 œuvre à laquelle j’ai
collaboré dans le ministère de défense républicaine parlent d’ailleurs plus haut que les pro¬
grammes et les professions de foi.
Au lendemain des élections de 1898, un parti audacieux, formé de toutes les opposi¬
tion s, avait troublé la paix publique, atteint gravement notre prestige, paralysé tout travail
parlementaire et compromis Ravenir. On marchait a une de ces crises qui blessent et
affaibli s sent pour longtemps les gouvernements et les peuples.
line politique résolue et hardie, inaugurée par un chef incomparable, soutenue par une
majorité républicaine dont ritm n’a pu rompre Runion, a triomphé des entreprises violentes,
ramené à Pobéissance des lois ceux qui feignaient de les ignorer, réalisé d’importantes
réformes, accru notre puissance navale et militaire, fortifié nos alliances et assure la sécu-
ritê du lendemain. Ce sera l’Honneur de ma carrière d’avoir été appelé en ces heures cri¬
tiques, parla confiance du Chef de l’État et du Président du Conseil, à combattre au premier
rang pour la République et pour le pays menacés.
Chers Concitoyens,
Vous vous retrouvez aujourd’hui en face de ïa coalition que vous avez toujours vaincue.
Comme au 16 Mai, la réaction tente un suprême effort ; comme au 16 Mai, la volonté
souveraine de la nation lui infligera la même défaite.
il s’agit cette fois encore de défendre contre ses adversaires les plus implacables la
République, ses lois fondamentales et son esprit.
Nos adversaires vous demandent de vous rallier à une République sans républicains, à
une politique égoïste et rétrograde, sans générosité et sans grandeur.
Ce que nous voulons, nous, c’est une République franchement réformatrice, ûère au
dehors, pacifique et fraternelle au dedans, toute pénétrée de justice et de solidarité
sociale. •
On nous accuse d’être des révolutionnaires et des oppresseurs. Vous n en croyez rien.
Nous proclamons l’inviolabilité de la propriété individuelle et le respect de toutes les
libertés et de toutes les croyances.
Mais nous sommes partisans de la refonte de notre système fiscal par Rétablissement
de l’impôt sur le revenu avec progression proportionnelle aux facultés de chacun et exemp¬
tion d’un minimum pour les besoins de la vie.
Nous affirmons la prééminence des droits de 1 État en matière d enseignement et la
nécessité de donner à la société laïque les garanties nécessaires pour la formation des géné¬
rations à venir.
— 476 -
Nous devons placer au premier rang de nos préoccupations la défense des intérêts
agricoles, commerciaux et industriels, la réduction des charges militaires, les économies et
l’organisation des caisses de retraites pour la vieillesse.
Chers Concitoyens,
J’ai rempli fidèlement le mandat que vous m’avez confié.
J’ai mis à voire service toute mon activité et tout mon dévouement. En toute occasion
|'ai énergiquement défendu vos intérêts.
Je vous demande de me donner, par vos suffrages, une force nouvelle pour soutenir
dans la Chambre de demain la politique féconde de réforme et d'action républicaines.
Vive la France I Vive la République
Georges LEYGUES, Député sortant,
Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts.
— 477 —
N° 1162
LOZÈRE
Circonscription de FLORAC
M. Louis JOURDAN
Elu au 1er tour de scrutin, — 3,536 voix.
Citoyens Électeurs et chers Compatriotes 1
Pour la cinquième fois, je me présente à vos libres suffrages, persuadé que 17 années
de vie publique et politique n’ont pas affaibli les sentiments de confiance et de sympathie
dont vous m’avez honoré jusqu’ici.
Le programme que je soumets à votre approbation est celui du parti républicain radical
socialiste, auquel j’appartiens comme candidat et comme membre délégué du Comité central
exécutif.
Ce programme ne saurait différer des précédents, car la plupart des réformes promises
attendent encore une solution.
La faute en est aux efforts incessants des adversaires de nos institutions, plus que
jamais coalisés et ligués contre la République, ses lois et son esprit. La responsabilité en
incombe à ceux qui, depuis bientôt trois ans, pour faire échec au Ministère de Défense répu¬
blicaine, ont cherché, par tous les moyens, à paralyser le travail parlementaire et qui sont
parvenus à retarder l’étude et le vote des réformes fiscales ou sociales.
Si, comme je n’en doute point, la République sort triomphante du nouvel et violent
assaut qui lui est livré ; si la coalition contre-révolutionnaire est écrasée par l’union des
hommes qui, restés fidèles à l’esprit de la Révolution française, veulent la pensée libre et
la justice sociale, rien ne pourra plus mettre obstacle à la réalisation de ces réformes, de
ces progrès, dont l’heure a sonné depuis longtemps.
Leur énumération complète dépasserait les bornes d’un simple programme, et je n’en
veux rappeler ici que les points les plus importants :
Révision, dans un sens plus démocratique, de la Constitution imposée par l’Assemblée
monarchique de 1871 ;
Réforme du système fiscal par l’impôt progressif et global sur le revenu, faisant sup¬
porter à la richesse acquise la part dès charges publiques qui pèse si lourdement sur le
pauvre et sur le travailleur ;
Dégrèvement intégral de la petite propriété foncière ;
Réforme du Code de procédure et des lois qui régissent les successions ou mutations ;
Révision du cadastre ;
Organisation des caisses decrédit, d’assurances agricoles et des syndicats ou sociétés
coopératives en vue de facil iter la production, les achats et les ventes aux petits propriétaires
et cultivateurs ;
Service militaire réduit à deux ans, au maximum, obligatoire pour tous, etc., etc.
Au même titre que les réformes d’ordre politique, s’imposent les réformes sociales :
- 478 —
Lois destinées à améliorer les conditions du travail ; à créer la participation aux béné¬
fices; Passa rance contre les accidents ; une retraite à tous les travailleurs de la ville et des
champs (ce dernier projet aurait déjà reçu une solution sans ^acharnement avec lequel les
réactionnaires Pont combattu) ; à faire disparaître, entre les citoyens d’une même patrie,
ces inégalités choquantes attribuant aux uns toutes les faveurs, aux autres toutes les
charges;
Lois tendant à socialiser et à restituer à la nation tout entière, dans l’intérêt de sa
défense et de sa prospérité, ces nombreux et puissants monopoles constitués et gérés au
profit seulement d’une classe de privilégiés, etc,, etc.
Suivant l’expression de noire ami Camille Pelletao : « Nous n’entendons nous laisser
devancer par personne, soit dans les revendications pour le droit du travail humain, soit
dans la lutte contre la plus vile des oppressions : celle de l’argent, »
Comme je le disais en 1S9S, je déclare aussi que je m’associerai à toutes les mesures
prises ayant pour but de rendre les Églises libres dans FÉtat libre, en les dégageant des
liens qui, au début du siècle dernier, leur furent imposées par un despote désireux d’assu¬
jettir à son omnipotence les esprits aussi bien que les personnes. En ce moment surtout où
nous assistons à un réveil inattendu deces haines religieuses, de cet esprit d’intolérance qui
semblent vouloir noos ramener aux plus mauvais jours de ïa monarchie, il n’est peut-être
pas inutile d’affirmer, avec plus de force, le principe de Faffmncbîssement des consciences
et de condamner toute agitation de nature à surexciter des passions incompatibles avec les
progrès de la raison et de îa liberté.
Le cléricalisme (qu’il ne faut point confondre avec l’esprit religieux, respectable lors¬
qu’il est sincère), le cléricalisme (qui n’est point la religion, mais une forme de politique
hypocrite et haineuse) est plus que jamais l’ennemi» Nous avons voté la loi sur les congré¬
gations; Il faut qu’elle soit appliquée, La loi Fallouxa fait desFrauçais des frères ennemis;
il faut achever de l’abroger»
Citoyens Électeurs ï
Mon passé vous répond de Fa venir. Mon attiiude à la Chambre vous est un sur garant
de ce que je puis faire encore. Soldat discipliné de la République, fai soutenu de tous mes
votes ce Ministère de défense républicaine qui, dans notre pays troublé par tant de passion?
coupables, a ramené l’ordre, l’apaisement, le respect des lois.
Si vous me maintenez votre confiance, je reprendrai ma place parmi les républicains
d’avant-garde, radicaux et socialistes , las seuls capables de préparer l’avènement d’un
nouvel état social où les hommes, meilleurs, vivront plus heureux sous un régime de tolé¬
rance réciproque, de fraternelle assistance y d’humanité et de justice.
Vive la République démocratique et sociale !
Louis JOURDAN, Député sortant,
Candidat républicain radical socialiste.
V.
- 479 -
N° 1162
Circonscription de MARVËJQL8
M. le marquis de CilAMBBUN
Élu au 1er tour de scrutin. — 7.102 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je viens solliciter de votre affection, et de votre confiance le renouvellement du mandat
que je tiens de vos libres suffrages.
Je n'ài rien à reprendre anx principes que j'exposais devant vous, il y a quatre ans.
Pai conscience d'avoir rempli fidèlement mon mandat.
Par imposante majorité qui s’était réunie sur mbn nom, ^arrondissement dé Mar-
vejols avait clairement indiqué son sentiment politique*
Partisans et défenseurs de là République sage, généreuse et tolérante, nous voulons
qu'elle soit ouverte à tous, protectrice du droit individuel, respectueuse de la liberté de
conscience, et qu’elle entoure d'un soin jaloux l’honneur traditionnel de notre drapeau.
Je continue à réclamer la liberté religieuse, que je considère comme inséparable de
toute liberté politique bien comprise ; et je demande une exécution loyale du Concordat qui
assure l’exercice du culte catholique en France.
Je réclame également le maintien de la liberté d'enseignement, dont le principe est
aujourd'hui menacé sans égard au droit incontestable du père de famille, sans souci des
bienfaits qui en découlent pour la société.
Durant la dernière législature, jai été l’adversaire de la loi sur le contrat d'association,
à cause des dispositions illibérales qu'elle renferme, notamment celles qui visent les
congrégations religieuses. C'est vous dire que mon concours est acquis à toute mesure qui
aura pour but de changer cette loi, afin de la mettre en accord avec les principes d’égalité
et de justice qu’elle me paraît méconnaître.
Je voterai l'autorisation que sollicitent les ordres religieux.
Je demeure plus que jamais partisan résolu dû dégrèvement le plus large de l'impôt
foncier qui pèse si lourdement sur nos campagnes, et dont les charges excessives sont
décourageantes pour l'agriculture.
L'agriculture, dans nos pays pauvres, mérite d’être soutenue et judicieusement
protégée*
Aucune considération d'ordre politique ne doit présider à la distribution des indem¬
nités ou des secours pour pertes.
Si je reste votre représentant, je continuerai à m'associer aux réformes tendant à une
répartition plus équitable des chargés publiques. Mais, comme je l'ai déjà déclaré haute¬
ment, je suis l'adversaire des mesures qui ont pouf objet s la spoliation ou l'abolition du
droit de propriété*
Améliorer le sort des travaillas dés campagnes êtdès villes est sans doute k plus
noble tâche que puisse se proposer le législateur. Le champ d'action est vaste sous ce
rapport : mutualités, caisses de retraités, crédits agricoles, hygiène et sécurité des
ouvriers, etc. La législation, si elle entend être progressive, doit tendre à supprimer la
misère et la souffrance. Mais le Parlement, lorsqu’il entreprend cette œuvre bienfaisante,
uo doit pas se laisser leurrer par les dangereuses utopies du collectivisme, ni oublier que
le respect du droit individuel est uùe garantie pour tous.
Favorable en principe à la réduction de ïâ durée du service militaire, pourvu qu’elle
laisse une armée forte et la défense nationale assurée, j'apporterai à Têtude de cette ques-
— im —
tïon très importante une attention toute particulière, sans jamais perdre de vue Pintèr&t
de nos jeunes gens et de leurs familles.
Je m’associerai à tous les projets tendant à élargir les libertés communales, qui ne
seront pas incompatibles avec notre système administratif.
Ainsi que je le disais, il y a quatre ans, je voudrais soustraire les fonctionnaires de
notre arrondissement h la petite tyrannie locale qui s’exerce sur eux, souvent même à Tinsn
du gouvernement* Certes, la soumission la plus absolue aux institutions légales du pays est
exigible du fonctionnaire. Mais combien ne doit-on pas réprouver la manière dont il est
intimidé et violenté dans le libre exercice de ses droits de citoyen français!
Le sentiment de la dignité humaine répugne à des procédés qui consistent à imposer
un servage politique à celui qui donne son travail a l’État en échangé d un salaire.
Électeurs,
Vous connaissez mon profond attachement au pays* Depuis que vous m’avez élu, j’ai
passé mes vacances parlementaires au milieu de vous, me rendant aux principales foires,
parcourant souvent nos montagnes, pour me tenir en contact avec vous et mieux connaître
vos pensées.
En me présentant de nouveau à vos suffrages, je o’ai d’autre désir que de défendre vos
intérêts, d’autre ambition que de servir la Patrie avec dévouement filial et désintéres¬
sement»
Vive la France I
Vive la République !
Vive la Lozère !
Marquis de CHAMBRUIN, Député sortant.
Circonscription, de MENDE
M. DÀÏJDÉ
Elu au iar tour de scrutin» — 6,130 voix*
Mes chers Concitoyens,
La Chambre des Députés doit être renouvelée le 27 avril.
11 y a quatre ans, vous m’avez fait l’honneur de me choisir pour votre représentant.
J’ai conscience d’avoir rempli mon mandat avec exactitude, fidélité, fermeté et dévouement.
Deux évènements principaux marqueront dans l'histoire la législature qui vient d’ex¬
pirer : l’affaire Dreyfus et la loi contre les congrégations. Pour sauver un officier de race
juive convaincu de trahison, les Juifs jetèrent leur cri de guerre : Périsse la France, sauvons
Dreyfus! Et ils allèrent jusqu’à nous menacer de l’invasion allemande!
Les patriotes s’unirent contre l’ennemi commun. Le parti nationaliste était fondé.
J’ai pris place dans ce grand parti.
Aux Juifs, aux internationalistes, à leurs alliés les francs-maçons, aux sans-patrie,
nous avons répondu. Hier nous conquérions Paris; le 27 de ce mois, nous remporterons
dans la France la décisive et libératrice victoire.
/
Nû H 62
— 481 —
Pour se venger de ia condamnation du traître, le mini s 1ère Waldeck-Milleraud inven¬
tait le complot politique, convoquait imc Haute-Cour, faisait bannir de France les meilleurs
patriotes* les plus fermes républicains* graciait Dreyfus* frappait le haut commandement
de l’armée nationale et couronnait son couvre de haine par une loi contre les associations
catholiques.
Avec les libéraux de tous les partis, fai combattu par ia parole et par mes votes tous
les projets du gouvernement qui portaient atteinte à la liberté de conscience, à la liberté du
père de famille, à ia liberté de l'enseignement, a la liberté d'association, aux Droits de
l’Homme et du Citoyen,
Électeurs,
Ma profession de foi de 1398 formait un programme de réformes économiques, démo¬
cratiques, financières, sociales et nationales.
Elles intéressent le paysan, l’ouvrier, le fonctionnaire, le contribuable, le soldat.
Pour le paysan,
qui paye le 31 pour cent, c’est-à-dirc le tiers de ses revenus :
J’ai voté la suppression de l’impôt foncier,
Pai voté trois fois l’impôt sur le revenu,
J’ai voté le dégrèvement de la moitié du principal des cotes foncières de 20 francs à
75 francs,
Tai voté la loi qui décharge depuis cette année, le contribuable lozérien de 40 pour
cent — de plus du tiers — de la persomn Ile-mobilière,
J'ai demandé que le produit de la conversion du 3 1/2 pour cent fut affecté à la réduc¬
tion de la moitié du principal de l’impôt foncier,
J'ai demandé que la maison et le champ de famille fussent rendus insaisissables,
p ai demandé que noire département peu riche et très éprouvé par les sinistres agrb
col es reçût dans les secours de T État une part de faveur.
i
Pour l’ouvrier
de la mine, de l’industrie, de la voie ferrée, etcM j’ai voté toutes les lois qui le protégeaient
contre un travail excessif et trop long,
Contre les accidents,
Contre les maladies,
Contre la vieillesse.
Contre les règlements patronaux injustes et arbitraires.
J’ai voté comme pis aller, le projet de loi sur les retraites ouvrières.
Et je suis au nombre des 256 députés qui se prononcèrent en faveur du contre-projet
JUirman, la plus belle réforme sociale sur ceite grave question!
Pour les fonctionnaires,
victimes trop souvent de délations méprisables et de la tyrannie des coteries locales :
J’ai voté toutes les motions qui tendaient a les rendre plus libres, dans l’exercice de
leurs droiis de citoyens,
J’ai voté toutes les réformes qui amélioraient leur situation, quand c’étaient des petits,
comme les sous-agents des postes, les cantonniers, les douaniers, etc-.
J'ai voté, à maintes reprises, la réduction des traitements, quand c'étaient des gros,
61
— 482 —
J'ai voté la suppression des emplois inutiles, des grasses sinécures* qui épuisent le
Trésor Public.
Pour le contribuable*
Je vous disais en 1898 : — n Pas d'impôt nouveau, pas d'emprunt » — J'ai strictement
exécuté cette partie de mon programme.
j'ai voté contre tous les impôts nouveaux.
J'ai voté contre tous les emprunts; notamment contre l'emprunt de Chine qui s'élevait
à 265 millions.
Pour le soldat,
J'ai voté le principe du service militaire de deux ans sans dispense ; mais je reste par¬
tisan de la loi que j!ai demandée moi-môme et votée, d'une année seulement de service,
combinée avec une armée de métier.
L'agriculture a ses besoins, la défense nationale a ses nécessités.
Pour satisfaire les premiers, sans compromettre les secondes, il a paru qu'on pouvait
réduire les périodes d'exercices de 28 jours, et supprimer celles des 13 jours. Je me suis
associé, par des votes nombreux et récents, à mes collègues de tous les partis qui ont
demandé cette réduction et cette suppression.
Aux soldats, qui ont la noble et glorieuse tache de défendre le sol de la patrie, je n'ai
jamais marchandé les crédits pour améliorer leur ordinaire.
C'est ainsi qu'à deux reprises j’ai voté un quart de vin pour les troupes et souscrit à la
proposition qui tendait à augmenter leur ration de viande.
Électeurs,
Si beaucoup des motions et des propositions de loi que je viens d'énumérer n'ont pas
abouti, c'est d'abord parce que le ministère actuel, trop absorbé par l'affaire Dreyfus, et sa
loi contre les Congrégations, ou bien les a repoussées, ou bien les a fait enterrer dans les
Commissions.
C’est ensuite parce que le Sénat, issu du suffrage restreint, se montre réfractaire à
toutes les réformes démocratiques et sociales.
Il faudrait pour que les efforts des Députés réussissent, que cette Assemblée réaction¬
naire et conservatrice fut nommée par le suffrage universel.
Mes chers Amis,
11 ne me conviendrait pas de parler des secours que j'ai fait allouer aux agriculteurs,
aux anciens militaires, etc. ;
Des nombreux emplois que j'ai procurés à mes compatriotes ;
Des démarches de toute nature que j'ai faites pour eux;
Des services que j'ai rendus à la colonie jozénenne si importante à Paris,
Tout cela sans m'occuper des opinions politiques.
Il faut les accusations d’un adversaire sans scrupule, de M. l'avoué Mal a fosse, qui
plaide coupable, à coups de mensonges ; il faut les calomnies des imbéciles qu'il a choisis
pour rédiger son Menteur, pour que je signale en passant tous ces petits détails.
Voilà ce que j'ai fait;
Voilà mon œuvre politique;
Voilà ce que mes adversaires écrasés par la réalité des actes et réduits à l'impuissance
appellent n'avoir rien fait.
Ce que je fus hier, je le suis aujourd'hui et je le serai demain.
Si vpus me faites l'honneur de me renouveler le mandat que vous m'avez confié en
483 —
N° \ 162
1898, je m’emploierai de mon mieux, avec toute l’indépendance de mon caractère et toute
l’énergie de mon âme, à défendre la cause
De la Justice,
De la Liberté,
De la Patrie Lozérienne,
De la Patrie Française.
Vive la Lozère!
Vive la République Nationale!
Votre serviteur,
Paulin DAUDÉ, Député sortant.
MAINE-ET-LOIRE
lr0 circonscription d* ANGERS
M. BICHON
Ëlu au 2° tour de scrutin. — 10.875 voix.
Electeurs,
Sous l'étiquette de républicains, les réactionnaires de toutes nuances se ruent en ce
moment à l'assaut de la Kèpublique et de nos institutions démocratiques.
C’est en raison du danger créé pat cette coalition que j’ai cru de mon devoir de céder
aux instances réitérées d’un grand nombre de vieux républicains en jetant mon nom dans
la balance électorale.
Ai-je besoin de vous entretenir de ma modeste personnalité 7 Oui, puisque c’est l’usage.
D’ailleurs ce sera court :
issu d’une famille d’ouvriers, je n’ai pas changé de milieu, l’ai vécu jusqu’ici parmi les
humbles, les besoigneux. J’ai trouvé ma clientèle dans le peuple et mes intérêts ont
toujours été liés à ceux des travailleurs. Eux surtout connaissent ma vie et peuvent la juger.
Mon drapeau î c’est le drapeau de 1792, sous les plis duquel mouraient nos pères pour
la défense du sol de la patrie, envahie par les princes coalisés.
C’est celui que je suivais en 1870, à Frœschviller, que j’escortais quand il sortit glo¬
rieusement de Bitche, salué par l’ennemi.
C'est l’emblème aux trois couleurs, qui signifie : union des citoyens dans la République
grande, forte, ouverte à tous, fondée sur la Démocratie et appuyée sur les Droits de
l’homme.
Mes adversaires m’ont reproché d’être « ministériel ». C’est là un reproche puéril et
absolument gratuit. Je n’ai jamais été prisonnier d’aucune coterie, je ne le serai pas davan¬
tage d’un ministère. Comme par le passé, je ne m’inspirerai jamais, dans mes votes, que
de ma conscience. Rien dans mes actes n’autorise à croire le contraire.
Au reste, n’attendez pas de moi de longs discours. Que vous dirai-je que vous n’ayez
déjà entendu. Les candidats, dans leurs programmes, ne sont-ils pas tous animés des
meilleures intentions ? Leur dévouement, leur sollicitude pour vos intérêts font-ils aucun
doute ? Ne connaissent-ils pas tous vos besoins et n’ont-ils pas le remède à tous vos maux l
Au fond, c’est toujours la même chose. La forme seule diffère.
Mon programme, dans les grandes lignes, sera celui d’un homme résolument partisan
de toutes les réformes pouvant amener l’amélioration du sort des travailleurs de la ville
comme de la campagne et donner un nouvel essor au commerce et à l’industrie.
Je n’insiste pas et n’entrerai ici dans aucune nomenclature. Je ne veux chercher à vous
en imposer ni par de vaines paroles ni par de fallacieuses promesses.
Mais à ceux qui pensent qu’un homme de bonne volonté notoire, dont les preuves sont
faites, dévoué sans restriction à la cause républicaine comme aux idées de progrès et de
liberté ;
_ 485 - N* 1162
A ceux qui repoussent l’équivoque et cherchent la franchise et la loyauté, je viens dire;
Choisissez, parmi les candidats qui se présentent devant vous, l’homme dont les senti-
méats ne vous sont pas suspects. Donnez votre confiance à celui qui, par scs actes ante¬
rieurs, la rectitude d’une longue carrière politique, son dévouement connu aux intérêts de
seê concitoyens, Paura le plus méritée,
(Test à lui qu’il faudra confier la garde de votre patrimoine démocratique ^et le soin de
concourir aux réformes ayant pour but Famêlioration de l’état social.
Cette tâche, je l1 accepterai si vous m’en jugez digne.
Aux urnes 1 pour la République.
Dr BICHON.
SCRUTIN DE BALLOTTAGE DU 11 MAI 1902
Électeurs,
La concentration républicaine s’est accomplie dans notre circonscription, comme dans
toute la France. ,
Les républicains sincères s’unissent partout contre le péril nationaliste réactionnaire.
Vous ne vous laisserez pas influencer par les calomnies, les mensonges, les menaces
que, pour les besoins d’une mauvaise cause, on a déjà accumulés contre moi, qui vont
s’accumuler encore ei auxquels je dédaigne de répondre.
Fai derrière moi vingt années de services politiques.
La meilleure preuve de mon dévouement à mes concitoyens et de mon dêsintércsse-
flieul, c’est d’avoir accepté de tenir, en face d’adversaires riches et puissants, violents et
acharnés, le drapeau de la République.
Fai mis mon honneur à continuer la lutte, sans défaillance, avec la ténacité que 1 on
méconnaît.
Quelques lignes de mon programme :
Paix et liberté*
Améliora lion du sort des travailleurs.
Protection du petit commerce et de l’industrie.
Révision des patentes.
Protection des intérêts agricoles.
Réduction du service militaire à deux ans.
Économies budgétaires.
Réduction des impôts.
Je montrerai que je peux tenir ce que je promets. Mon passé est garant de F avenir.
Électeurs,
Je vous convie au scrutin de dimanche prochain.
Pour la République ! Pour la France ! Pour le Peuple !
Dr BICHON.
— 486 —
2* circonscription d'ANGERS
M. Ferdinand BOUGÈRE
Élu au 1er tour de scrutin. — 12,1*79 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
Appelé par vos suffrages à vous représenter h la Chambre des Députés, je me suis
conformé rigoureusement au programme approuvé par vous le S mai 1898*
Je viens solliciter de vous le renouvellement de mon mandai.
Si vous m’accordez a nouveau votre confiance, je suivrai les mêmes principes qui nf ont
jusqu'ici dicté ma conduite.
Je défendrai l’arm ée, sauvegarde de la Patrie,
Je favoriserai, par tous les moyens et notamment par les lois de protection et de pro¬
grès^ l'agriculture et le commerce qui assurent la prospérité de la France.
La loi accordant les primes à la culture du chanvre arrive à échéance ; au cours de la
prochaine législature j'en demanderai la continuation.
Je prêterai mon concours à tout ce qui facilitera la vente avantageuse de notre bétail»
de nos blés, de nos vins, et, en général , de tous les produits de notre Anjou.
La loi sur les patentes, conservée jusqu’ici par le Sénat, sera examinée bientôt. J’en
favoriserai la révision pour rendre pliis équitables les charges qui pèsent sur le commerce
local, à Pavant âge des grands magasins.
La politique néfaste suivie, depuis plusieurs années, par la coalition qui a amené les
socialistes au pouvoir, a semé la division parmi les Français et compromis la sécurité, h
prospérité et Pavenir du pays.
Elle démontre la nécessité d'une politique conservatrice, économe et libérale, assurant
l'amélioration des finances de PÉtat, le respect de la propriété, la liberté du travail, la
liberté religieuse, la liberté du père de famille d'élever ses enfants suivant sa volonté,
assurant enfin Pégalilé de tous les citoyens unis par un même respect de la justice, par un
même amour du drapeau tricolore, dans le but d’assurer la grandeur de la France.
Si yous me faites l'honneur de me choisir à nouveau pour votre représentant, comme
par le passé, vous me trouverez toujours prêt a me rendre à votre appel pour soutenir vos
intérêts et pour défendre vos droits.
Ferdinand BOUGÈRE.
487
N* 1162
Circonscription de BAUGÉ
M. FABIEN- GESBRON
Élu au 2e tour de scrutin» — 9.071 voix.
Mes chers Concitoyens ?
Je me présente à vos suffrages sur tes instances d'un grand nombre de mes amis du
Baugeoîs, désireux de voir la circonscription représentée par un enfant du pays, résolu à
défendre les grands principes de conservation sociale en même temps que respectueux des
pouvoirs établis.
Je ne suis pas un étranger pour vous : toute ma jeunesse s’est écoulée à Baugé et, si
des nécessités professionnelles m’ont jusqu'ici retenu un peu en dehors mais tout près
cependant de votre arrondissement, je me ferai un plaisir et un devoir de me fixer au
milieu de vous si je deviens voire élu.
Gomme la grande majorité d'entre vous je suis un enfant du peuple : fils d’ouvrier et
petit-fils de cultivateurs, je ne suis pas de ceux qui rougissent de leurs modestes origines.
Je veux une République sagement progressiste, résolument tolérante et libérale ; un
Gouvernement composé d'hommes honnêtes, sachant résister aux extravagances des partis
avancés tout en se montrant amis des réformes nécessaires;
La République doit être nationale, c’est-à-dire ouverte à tous les bons Français en vue
de la grandeur de la Patrie et de la défense du Drapeau tricolore autour duquel doivent se
réconcilier toutes les rancunes, s’unir tous les respects et tous les dévouements.
La République doit être libérale :
Respect absolu de la conviction et de la liberté de chacun. Application rigoureuse des
principes de justice et d’égalité à tous les citoyens sans distinction d’opinion. Aucun Français
ne doit être inquiété ni molesté pour ce qu’il croit et pour ce qu’il pense.
La République doit être fraternelle :
Il faut avant tout songer aux petits et aux humbles. La société doit avoir pour premier
souci l’amélioration morale et matérielle des classes laborieuses, et elle ne peut se déclarer
satisfaite tant qu’il y aura une misère à soulager, une injustice à réparer.
C'est dans cette triple pensée que je poursuivrai la réalisation du progamme suivant :
Développement des institutions de mutualité et de prévoyance.
Rejet de l’impôt progressif et réforme démocratique des impôts indirects de consom¬
mation qui font, par exemple, que nous payons le sucre î fr. 10 le Kilogramme quand il
vaut 30 centimes dans les pays voisins.
Dégrève meut de l’impôt foncier ; protection énergique des produits agricoles. Le culti¬
vateur doit tirer profit de scs récoltes et de ses élèves, le marchand et l’ouvrier ne vivront
pas si le paysan meurt, de faim.
l/agricullure a été jusqu’ici sacrifiée par les politiciens, qui s’occupent trop des brail¬
lards des grandes villes et pas assez du paisible travailleur des champs.
Défense du privilège des bouilleurs de cru contre les menaces de leurs adversaires et
hs vexations de la régie.
Exemption dos droits sur les petites successions en ligne directe. Réorganisation de la
•justice rendue moins coûteuse et moins formaliste.
Réduction du service militaire à la durée strictement nécessaire à ta défense du pays.
Pas d’atteinte à la liberté de renseignement. Respect absolu de la volonté des pères de
Jamille. Droit pour les communes de choisir leurs instituteurs et institutrices primaires ou,
tout au moins, de subventionner toutes les écoles laïques ou libres sans distinction, propor¬
tionnellement au nombre des enfants.
Protection du travail national et du petit commerce, tué par les grands bazars juifs.
Protection de P épargne nationale, dévorée par l’agiotage des financiers juifs,
Répression des spéculations juives sur le blé, le bétail, et les denrées de première
nécessité, qui enrichissent les gros accapareurs au détriment du consommateur et du
producteur.
Je veux que les députes s’occupent sérieusement des affaires de la France et qu’ils ne
soient payés qu’en raison de leur travail et d’après le nombre de séances auxquelles ils
auront assisté et je veux, en conséquence, la suppression du droit de vote par procuration
Enfin, pour que vous n’ayez aucun doute sur la netteté de mon attitude politique, je
vous déclare franchement que je suis Padversaire résolu de ces ministres sectaires qui
ont violé tout droit, toute liberté, toute justice, qui ont désorganisé l’armée, gaspillé les
deniers publics et compromis, par leur alliance avec les socialistes et les anciens soldats
de la Commune, la richesse industrielle et commerciale du pays.
Électeurs,
Je représente la cause de Perdre; je veux la paix religieuse, la concorde entre les
citoyens d'une même Patrie, le respect de Parmée, une sévère économie dans nos finances
afin de mettre fin aux déficits toujours grossissants et d’éviter les nouveaux impôts dont
nous sommes menacés*
Mon programme est celui de tous les braves gens; le 27 avril, vous direz qu’il est le
vôtre*
FÀBIEN-GESBRON,
Propriétaire à Baugé, Avocat à la Cour d’appel,
Candidat de PAlliance républicaine libérale.
lrc circonscription de GHQLET
M. Jules BARON
Élu au ief tour de serai ïn, — 11*885 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
La France entière est appelée à élire ses Députés, et à se prononcer sur la politique que
la majorité d’entre eux a approuvée et encouragée de ses votes.
Jamais politique ne fut plus désastreuse pour le pays.
Appelés au pouvoir lors de la campagne néfaste menée, par une infime minorité, en
faveur d’un traître, M. Waîdeck -Rousseau et ses collaborateurs ont voulu imposer l’acquit¬
tement de Dreyfus à la justice militaire; ils ont échoué misérablement devant l’impartialité
et la conscience des juges, et, pour assouvir leurs rancunes, il leur a fallu s’adresser à des
juges politiques, organiser le procès de la Haute Guur, emprisonner arbitrairement
80 citoyens, et faire condamner cinq Français dignes de l’estime de tous par la sincérité de
leurs convictions et l’ardeur de leur patriotisme!
Les attaques et les injures impunément répandues contre l’armée et le drapeau natio¬
nal, les mesures injustifiées prises par le Ministère contre nos chefs militaires les plus esti-
— m — N5 1162
niés, ont ému tous les bons Français, qui veulent Farinée respectée et uniquement consacrée
au service et à la grandeur du pays.
Inapplication de plus en plus rigoureuse des lois scolaires sur la laïcisation ;
La suppression projetée de la liberté de renseignement;
La loi sur les associations qui soumet à ^arbitraire du Gouvernement l’existence des
congrégations et de leurs œuvres:
La stagnation des affaires, la mévente des produits agricoles et industriels, le chômage
de nombreux ouvriers ;
La confiance ébranlée par les haines sociales qu’en courage la présence au Ministère du
chef du socialisme ;
La gravité de la situation financière, la dette publique augmentée d’un milliard en
quatre ans, le déficit de nos budgets.
Tel est le bilan de la politique ministérielle.
Si le suffrage universel renvoie une majorité décidée à continuer cette même poli¬
tique, c’est pour demain l'oppression de plus en plus tyrannique des consciences, la désor¬
ganisation de l’armée, la propriété sacrifiée aux exigences du collectivisme, et finalement
ia banqueroute,
J’espère, au contraire, que Je pays choisira en majorité des représentants qui, s’inspi¬
rant des seuls intérêts de la patrie, auront a cœur de faire l’union et la concorde de tous les
Français, sur le large terrain de ia liberté pour tous.
C’est à cette œuvre que, Dieu aidant, j'emploierai toutes mes forces et tout mon
dévouement, si vous me renouvelez, messieurs et chers Concitoyens, le mandat que, deux
fois déjà, j’ai reçu de la majorité de vos suffrages.
Iules BARON,
Conseiller générai de Maine-et-Loire,
Député sortant.
2e circonscription de CHOLET
M. le comte DE LA BOÜRDONNAYE
Elu au 1er tour de scrutin. — 12.714 voix»
Messieurs,
Quatre années se sont écoulées depuis que votre confiance renouvelait pour la cinquième
fois, en 189$, mon mandat de Député.
Je viens, aujourd'hui, faire de nouveau appel à cette confiance, dont je crois m’être
montré digne, et, en me présentant à vos suffrages, je jette sur ce récent passé un doulou¬
reux regard, dont vous partagez, j’en suis sûr, la tristesse et Languisse.
Les craintes que j’exprimais, en 1898, ne se sont que trop vite et trop complètement
réalisées.
Vous avez vu un Ministère se faire Finstru ment des passions les plus dangereuses pour
le pays, les plus néfastes, parce qu’elles mettent tout en péril : l’ordre, la propriété,
l’armée, la grandeur de la France, son repos, sa sécurité.
62
— 490 —
La tyrannie et L'arbitraire sont devenus les moyens habituels du Gouvernement. Les
fonctions sont confiées non au plus digne, mais au plus complaisant
L’armée n’est plus à l’abri des coups de la politique. Elle est, chaque jour, en butte a
des attaques dont le Gouvernement se fait le complice, au grand détriment de sa forcé, de
la discipline et du respect dû à ses chefs.
Le socialisme est au pouvoir; il menace la propriété individuelle, décourage l’épargne
et l'initiative privée, suscite la discorde dans les esprits, prépare la guerre civile en semant
la haine* l'envie' en faisant appel aux plus viles passions.
Les grèves se multiplient et font à l’industrie française un mal profond, presque irré¬
médiable, dont les ouvriers sont les premières victimes.
La franc-maçonnerie triomphe : la guerre est déclarée à la religion.
La loi du juillet 1901, sur les associations, sert de prétexte pour supprimer ce qui
nous restait de liberté d'enseignement, proscrit des Français, confisque leurs biens, prive
le pays des services qu’ils rendaient, avec un dévouement sublime, aux pauvres, aux infirmes,
aux enfants qui trouvaient auprès d’eux l’instruction chrétienne, base de toute morale,
La situation financière, résultat d’une administration gaspilleuse et d’une politique
coupable, devient de plus en plus menaçante ; en 1901, le déficit constaté dépasse
130 millions.
Les républicains eux-mêmes, ceux du moins qui sont sages et modérés, s’effrayent, à
bon droit, des dangers que court le pays entre des mains indignes.
Pour moi, je reste fidèle à mon programme : avec l’aide de Dieu, je saurai le défendre.
Je veux laç liberté de conscience et d’enseignement, le respect de la religion et la liberté
du culte.
L’armée respectée comme elle est digne de Fêtre, forte, capable de maintenir l’ordre à
l’intérieur, et, à l’extérieur, la sécurité et la grandeur du pays ;
Je veux défendre la propriété individuelle contre le socialisme et la fortune publique
contre le gaspillage.
Pas d’impôts nouveaux, pas d’emprunts, des économies.
Le soin de vos intérêts, vous le savez, a été l’objet constant de tous mes efforts. Si nous
avons pu enfin doter notre région du chemin de fer si impatiemment attendu, d’autres
progrès sollicitent nos esprits. La question des transports est vitale pour le commerce et
elle n’aura sa solution qu’au moyen de travaux sagement compris et sérieusement étudiés,
qui permettront à la batellerie de retrouver, nous voulons l’espérer, son ancienne
prospérité.
L’agriculture souffre ; elle a besoin aussi d'être dégrevée d'une partie des impôts qui
l’écrasent : le dégrèvement du principal de l’impôt foncier serait une action de justice, un
soulagement partiel auquel elle a droit.
Messieurs, vos intérêts moraux, matériels, je lésai défendus avec énergie, sinon toujours
avec succès; j’ai pu vous rendre quelques services qui m'ont valu votre affection. C’est à
vous de savoir et de dire si j’en suis toujours digne, si je mérite toujours une confiance dont
j’userai, soyez en certains, pour la défense du droit et de la liberté, pour la prospérité
et le salut de la patrie.
Comte DE LA BOURDQNNÂYE,
Conseiller général, maire de Drain,
* Député sortant.
- m -
N° M62
Circonscription de SAU MUR
M. DE GRANDMAISON
Élu au 1er tour de scrutin. — 15.827 voix.
Mes chers Concitoyens,
Il y a quatre ans, par IhMk voix, vous me réélisiez sur un programme dans lequel je
faisais appel aux conservateurs libéraux et aux républicains modérés sur le terrain de la
République honnête, libérale et tolérante.
Aujourd’hui, comme alors, je veux :
«La République progressiste, respectueuse delà libarté de conscience la plus absolue,
conservatrice des intérêts moraux et sociaux de notre pays, protectrice de l’honneur et du
prestige de notre année, soucieuse de la prospérité de l’agriculture, de l'industrie et du
commerce, et veillant avec sollicitude à l’amélioration du sort des travailleurs de la tene et
de l’atelier, n
Depuis neuf ans, vous m’avez vu à L’œuvre; vous avez donc pu facilement me juger
d’aprôs mes votes et mes actes.
.l’ai conscience ; d’avoir rempli rigoureusement le mandat que vous m aviez confié, de
m’être occupé de tous sans distinction d’opinions ou de partis, d’avoir visité chaque année
toutes ies communes de mor arrondissement, comme je vous l’avais promis, d avoir vote
contre tout impôt nouveau et toute augmentation d’impôts, et d’avoir consacré montempset
mes forces à la défense de vos intérêts.
Il est grand temps qu’on en finisse avec ces agitations stériles qui ruinent le pays, et
que, dans une ère de calme et de paix, les affaires reprennent leur cours pour le plus
grand bien de la patrie.
Tel est mon vœu le plus cher î
Tel est certainement le votre !
Mes chers Concitoyens,
Mes adversaires politiques du pays, n’osant pas se présenter eux-mêmes à vos suffrages,
vous demandent de voter pour des étrangers ou des inconnus, ignorants de vos besoins et
de vos intérêts, et qui, au lendemain de leur échec, partiront pour ne plus jamais revenir.
En agissant ainsi, mes adversaires se moquent de vous!
Aussi, suis-je certain que vous leur répondrez en rotant, le 27 avril, pour homme u
pays, que vous connaissez tous, dont les intérêt sont liés aux vôtres et qui, depuis neul
ans, ne s’est jamais ménagé pour rendre service à tous.
Georges DE Gft AND MAISON,
Maire de Montreuil-Bellay,
Membre de la Société des agriculteurs de France,
Député sortant rééligible*
Je vous avertis que je ne répondrai à aucune des attaques ou calomnies qui pourraient
être dirigées contre moi.
Je compte sur votre bon sens pour en faire justice.
Circonscription de SEGRÉ
M. Laurent RQUGÈRE
Élu au 1er tour de scrutin. — 12.03Û voix.
Mes chers Electeurs,
Depuis de longues années, vous m’avez accordé votre confiance. J’ai la conviction d’y
avoir répondu par un dévouement de tous les instants aux intérêts grands et petits, moraux
et matériels, dont vous m’avez confié la garde.
J’ai protesté par mes votes, mes paroles et mes actes, contre les atteintes portées à :
La religion dans ses œuvres d'enseignement (suppression des collèges, laïcisation des
écoles) et dans celles de charitable assistance à l'enfance, ahx malades et à la vieillesse ;
L’armée, qui a vu, en moins d’une année, sept Ministres de la Guerre démissionner
plutôt que de forfaire à l’honneur, et est impunément insultée et frappée dans ses chefs les
plus illustres comme dans ses serviteurs les plus modestes ;
La justice, qui fait exécuter leur peine aux petits délinquants et ne condamne les grands
criminels que pour les voir gracier.
Pour l’agriculture, j’ai vu avec regret repousser le projet, que j'ai soutenu, d’accorder
une prime à l’exportation des farines. II était le seul assurant du travail à tous nos moulins,
qui se seraient disputé nos blés pour les expédier à l’étranger après mouture. Je reprendrai
cette proposition à la législature prochaine.
J’ai voté contre l’emprunt de 265 millions destinés à combler les caisses vidées par le
déficit.
Je me suis associé à l'élude des lois économiques et sociales pour le bien-être général
du pays et celui des travailleurs.
Serviteur fidèle de ia souveraineté nationale, autant que respectueux de la Constitution,
j’ai hautement protesté contre le projet ministériel portant à six années la durée du mandat
de député.
Eu m’accordant une troisième fois vos suffrages, non seulement vous resserrerez les
liens qui nous unissent, mais vous vous joindrez à tous les hommes clairvoyants qui, d’un
bout à l’autre du territoire, s’apprêtent, le 27 avril, à protester par leur bulletin de vote
contre la politique détestable du Ministère actuel qui mène la France à Pabîme.
Electeurs libres et indépendants, aux urnes !
Pour Dieu, la France, le Peuple, la Liberté I
Laurent BOUGÈRE,
Licencié en droit, conseiller municipal de la ville d’AngeTS,
Conseiller général du canton de Doué,
Député sortant.
— 493 —
N° 1162
MANCHE
Circonscription d A VR ANCHES
M» RIOriEAü
i
Élu au l*r tour de scrutin, — 16.740 voix.
Mes chers Concitoyens,
Vous m’avez, à sept reprises consécutives, depuis 26 ans, témoigné votre confiance en
m’envoyant, par des majorités considérables, vous représenter a la Chambre des Députés.
En venant vous demander, une fois de plus, le renouvellement de mon mandat, je ne
crois pas avoir besoin de vous faire une longue profession de foi.
J’ai tenu les promesses que je vous avais faites, et, comme par le passé, je défendrai
dans le Parlement les idées d’ordre, de liberté et de progrès, sur lesquelles nous avons
toujours été en communauté d’idées.
Je continuerai à suivre la politique d’apaisement que j’ai toujours pratiquée, en évitant
les mesures capables d’irriter ou de diviser les esprits, en cherchant, au contraire, Funion
de tous les citoyens*
Partisan de la politique d’affaires, qui vivifie et fait la nation grande et prospère, je
voterai, comme par le passé, toutes les mesures pouvant venir eu aide à nos agriculteurs,
nos commerçants et nos industriels*
Je favoriserai le développement de la mutualité, afin de permettre à nos ouvriers, d*
s’assurer uue retraite pour la vieillesse*
Soucieux d’alléger les charges de la nation, je voterai la réduction du service militaire,
dès qu’on pourra le faire sans compromettre la puissance de notre armée, que je veux forte,
disciplinée et respectée, afin d’assurer la sécurité du pays.
Je poursuivrai Tordre dans les finances, par de strictes économies, et non par l’établis¬
sement d’impôts nouveaux, inquisitoriaux ou vexatoires*
Je resterai fidèle à la liberté de conscience et voterai le maintien du Concordat, afin
d’assurer la paix religieuse.
Électeurs,
Opposé aux utopies collectivistes ;
Ennemi du pouvoir personnel et des théories plébiscitaires que j’ai toujours combattues,
notamment au 16 mai 1877 et en 1889 ; libre de tout engagement, de toute compromission
avec qui que ce soit, vous trouverez toujours en moi le républicain sincère et convaincu,
ami de la liberté, et s’inspirant des grands principes de 1789, qui ont sans cesse guidé ma
vie politique*
Si donc, comme je Tespère, vous consentez à renouveler mon mandat, n’oubliez pas
— 494 —
que, plus vous m’accorderez de suffrages, plus vous me donnerez d’autorité pour défendre
vos droits et soutenir vos intérêts*
Veuillez agréer mes chers Concitoyens* l'assurance de mon eutiei dévouemen t*
E. RIOTTEÀUj Député sortant,
Conseiller général, — Membre du Conseil supérieur des Haras, —
Membre du Conseil supérieur des Colonies. — Membre de la
Commission supérieure des Invalides de la Marine, — Prési¬
dent de la Chambre de Commerce de Granville, — Président
de la Nouvelle Société d3 Agriculture d’Àvranches. — Président
de la Société du cheval français de demi-sang.
Circonscription de GHEKHOURGr
M. LE MOIGNE
Élu au 1er tour de scrutin. — 9,386 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je viens solliciter vos suffrages pour la troisième fois ; vous me connaissez, vous m'a¬
vez vu a l’œuvre et de longues explications entre nous ne sont pas nécessaires.
Au cours de la législature qui se termine, fai fait de mon mieux pour défendre vos
intérêts ,
A la suite de la revue de la flotte en 1900, que fai pris l'initiative de demander pour
Cherbourg, une force navale a été attachée à noire port.
La défense de notre cité, tant du côté de terre que du côté de mer, a été assurée ; eu
même temps, les servitudes militaires de nos anciennes fortifications ont été atténuées,
La loi sur Poutillage des arsenaux, dont fai été le rapporteur à la Commission du
budget, a ordonné 27 millions de travaux pour notre rade; ils seront commencés cette
année,
La création d’un port en eau profonde, indispensable pour Pavenir militaire et com¬
mercial de Cherbourg, est décidée et sera bien Sot réalisée. Vous savez tous que c'est grâce
à mon concours persistant que ces résultats ont été obtenus.
JTai réclamé, soit individuellement, soit avec mes collègues du groupe des ports de
guerre, dont j’étais le vice-président, une meilleure organisation pour les différentes caté¬
gories de notre personnel maritime et en particulier pour les ouvriers des arsenaux, trop
longtemps laissés dans une situation précaire. Ces réclamations ont été suivies d'effets dans
la plupart des cas et, pour la première fois depuis vingt ans, des mesures efficaces ontinaü"
guré le relèvement des salaires,
j?ai pris ma part de toutes les mesures destinées à favoriser notre agriculture et fai
fait spécialement tous mes efforts pour provoquer la constitution de sociétés d’assurance
mutuelle contre la mortalité du bétail, pour obtenir l’amélioration de nos stations d’étalons
et l’augmentation des primes aux pouliches et aux poulinières ; fai entrepris de provoquer
et je compte poursuivre un changement indispensable dans l’organisation dus achats de h
remonte s
Enfui, ai -je besoin de rappeler qu’une mesure de justice, à laquelle mon nom est resté
attaché, a soulagé notre département et en particulier notre arrondissement d’une sur-
&
N& 1162
— m —
charge injustifiée de Pimpét personnel mobilier, que d'imprudentes réclamations avaient eu
pour résultat d’aggraver récemment et qui pesait si lourdement sur nos campagnes et notre
population urbaine*
Afin d’ètre plus à même de me rendre utile à mon pays, j’ai pris une large part aux
travaux parlementaires. Membre des grandes Commissions de la marine et de 1 enseigne-
ment, trois Fois appelé à la Commission du budget, j’ai fait aboutir nombre de Fois impor¬
tante^ parmi lesquelles je me contenterai de citer le programme des constructions navales,
l’outillage des arsenaux et la réforme de l’inscription maritime.
Si vous me renvoyez au Parlement, je ferai tout mon possible pour mériter encore
votre confiance.
Sans entrer dans un détail inutile, sans chercher à vous abuser par des promesses
irréalisables, je vous dirai simplement que tout ce qui pourra augmenter la prospérité de
notre cher pays sera l’objet de ma sollicitude.
Je voterai volontiers, d’accord avec les hommes compétents, ia réduction du service
militaire à deux ans.
le m’associerai aux mesures qui tendront h assurer par une pension les travailleurs
des campagnes, aussi bien que des villes, contre l’invalidité et la vieillesse; aux mesuies
qui tendront à améliorer le sort des petits agents de l’État ; je réclamerai l’accomplissement
des promesses faites aux instituteurs, aux ouvriers des arsenaux, aux douaniers, aux offi¬
ciers mariniers, aux marins vétérans, etc.
le continuerai à rechercher, comme je l’ai déjà fait, le moyen d'obtenir plus de justice
dans l’impôt et surtout de soulager la terre du fardeau exagéré qui l’aceablë, notamment
en abandonnant aux communes la part de l’État dans I impôt foncier.
Mais j’estime que tous ces résultats ne pourront être obtenus que par une sévère
révision des dépenses publiques, par un souci constant de supprimer les gaspillages, car
nos finances, sans justifier des inquiétudes exagérées, méritent en ce moment toute notre
attention.
Mes chers Concitoyens,
L’heure présente est solennelle : la France va choisir entre deux politiques.
La première, conforme a la tradition républicaine, a été celle de lliiets et de Gam¬
betta ; c’est la politique du progrès obtenu par fa méUoration constante de notre régime
social, par lia liberté* la tolérance et le concours dé tontes les bonnes volontés.
La seconde, conforme à la tradition jacobine, veut réformer la société par la contrainte,
n’admet la liberté que pour ses partisans et prétend chercher le relèvement de la condi¬
tion des mis aux dépens de celle êtes autres, quitte à compromettre gravement la prospérité
nationale*
La première politique est celle des républicains de Gouvernement, dans le programme
desquels a toujours figuré, à côté de la suprématie du pouvoir civil, le respect etPamour
pour l’armée nationale; à coté du développement de l'instruction laïque, le maintien du
Concordat et de la liberté de renseignement.
La seconde politique est celle des socialistes et des radicaux socialistes, qui veulent
1J impôt global et progressif avec ses conséquences vexatoires et ruineuses, la séparation de
l’Église et de l’État, la suppression du budget des cultes, le monopole de l’enseignement ou
tout au moins le stage scolaire, malgré les éloquentes paroles par lesquelles M* Vivian! lui*-
même, le 13 février dernier, stigmatisait ce fameux projet.
La première politique est celle dont je me suis réclamé en en 1393 et dont je me
réclame aujourd’hui* Je n’ai pas changé, je ne suis lié par aucun engagement et je ne
dissimule aucune partie de mon’ programme*
A vous, Électeurs, de choisir entre la politique de progrès républicain qui a déjà abouti
à des réformes sérieuses et pratiques, qui est à même d’en faire réussir, avec le temps, de
plus utiles encore ;
_ m —
Et la politique de concentration radicale-socialiste, qui n’a enfanté jusqu’ici que de
vaines promesses et qui risque de nous entraîner, avec le temps, dans de périlleuses
aventures*
Je suis convaincu que la première, celle dont s'inspire mon programme, est la seule
qui puisse assurer l’avenir de la République.
Vive la République !
Albert LE MOIGNE*
Député sortant, conseiller général de la Manche,
Candidat républicain*
Circonscription de COUT AN CES
M. LE MARE
Élu au lRr tour de scrutin. — 17.200 voix.
Mes chers Concitoyens,
M. Régnault, qui eût pu, longtemps encore, vous continuer ses dévoués services, se
retire prématurément et me laisse la lourde tâche de représenter, si je suis votre élu, les
deux circonscriptions réunies de ^arrondissement
Fai à cœur de le remercier de son amicale courtoisie et de la parfaite loyauté de ses
procédés.
Il laissera, chez tous, le souvenir d’une grande bienveillance et dhm dévouement
éprouvé.
Si je n’avais consulté que mes goûts et mes intérêts, je n’aurais assurément pas
recherché cet honneur. Mais, de même qu’en 1898 j’avais, par discipline, spontanément
décliné toute candidature, c’est encore par discipline et pour répondre aux pressantes et
trop flatteuses instances de mes anciens électeurs, que je sollicite aujourd’hui vos suffrages.
Sans rien exagérer des embarras de l’heure présente, il faut bien reconnaître que la
situation politique et économique n’est pas exempte de difficultés, pour ne pas dire de
périls. Je souhaite ardemment que la sage raison Remporte sur les misérables querelles
des partis et que tous les honnêtes gens, tous les bons Français, s’unissent pour constituer
une solide majorité de Gouvernement, résolue à défendre les principes essentiels sur
lesquels repose la société moderne, et à faire aboutir les réformes déjà mûres et fécondes
qui sont dans les vœux du pays.
Est-il besoin de dire que je suis l’adversaire résolu de ces conceptions néfastes qui
tendent à rétablissement d’une société nouvelle fondée sur ^institution de la propriété
collective, la propriété individuelle m’apparaissant comme le stimulant le plus efficace de
l’activité humaine, comme la récompense la plus légitime du travail et la garantie néces¬
saire de la liberté. Ces théories restent d’ailleurs trop vagues et trop incertaines pour servir
de base à une discussion sérieuse, et leur seul résultat est de faire naître partout des
inquiétudes qui paralysent le développement de la production nationale et augmentent,
par cela même, le malaise du pays.
Parmi les questions à l’ordre du jour, j’estime que la question fiscale doit prendre une
des premières places dans les préoccupations du législateur, et je suis convaincu qu'il est
possible, sinon facile, d’arriver à une répartition plus équitable des charges publiques,
497 —
N° 1162
sans recourir à l'impôt progressif, général et personne! sur le revenu, qui entraînerait
fatalement un arbitraire intolérable et l’ingérence du fisc dans les affaires privées.
J’estime qu’il est également urgent d’aborder la discussion des lois intéressant partie
culièremeut les populations agricoles, de corriger, autant que possible, les inégalités
choquantes qui subsistent encore dansla contribution foncièreet, et d’une manière générale,
de favoriser la création de caisses de retraites et le développement des œuvres d'assistance
ouvrière et de prévoyance sociale.
Sur un autre terrain, je veux la liberté du citoyen dans sa' personne et sa conscience,
dans son travail et dans ses biens.
Je veux le respect absolu de l’armée, qui aujourd’hui composée de tous les enfants du
pays, sans distinction de classes, n’appartient à aucun parti et sur laquelle aucun parti ne
saurait mettre la main.
La Pays a soif de repos, ïl veut travailler dans le recueillement et il appelle, de tous
ses vœux, une ère de réformes pratiques, d’essor industriel et de paix sociale.
Entre les partis extrêmes, j’estime qu’il y a place pour une politique nettement répu¬
blicaine, s’inspirant de la Déclaration des Droits de l’Homme, pour une politique de
réformes démocratiques, d’apaisement et d’union, de travail et de progrès, également
éloignée des timidités et des aventures, soucieuse d’assurer aux classes laborieuses la
sécurité du lendemain.
C’est celle que je m’efforcerai de faire prévaloir, dans la mesure de mes moyens, si j’ai
le grand honneur de vous représenter à la Chambre.
Veuillez agréez, mes chers Concitoyens, la cordiale expression de mes seitiments les
meilleurs et tout dévoués,
Georges LE MAEE,
Conseiller honoraire à la Cour d’appel,
Conseiller général,
Ancien Député, Maire de Bréville,
Circonscription de MORT AIN
M. Arthur LEGRAND
Élu au 1er tour de scrutin. — 10.948 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je pourrais dire ; mes chers amis, car nous nous connaissons depuis de longues années.
Ma vie a été mêlée a la votre. Nos joies comme nos douleurs ont été communes. Vous me
l’avez prouvé* Je vous en suis profondément reconnaissant.
C’est avec confiance que je vous demande le renouvellement, pour la huitième fois, du
mandat de députe de l’arrondissement de Mortain. J’ai constamment défendu vos intérêts,
qui sont aussi les miens. Comme vous j’ai souffert de la crise agricole. Comme vous je suis
un bouilleur de cru et je serai heureux de consacrer encore tous mes efforts au maintien
d’un droit qui est la conséquence du principe même de la propriété.
Le pays va être appelé, non pas à se prononcer sur la forme du Gouvernement, mais à
juger une déplorable politique suivie depuis trois années et dont la prolongation aurait les
plus redoutables conséquences.
83
De regrettables diyfàiotts ont été entretenues par une ipconceyable protection accorde
a un traître qpi ayait yendu sa patrie 4 î’étraqger, On a laissé ipsuïtpr Paraiêe* gui esf notre
sauvegarde et doit rester unp école d’honneur et de désintéressement.
Le principe ff^tjtorité a été battu en brèçjie. Des grèves opt été fqmentgps. On a beau¬
coup promis nnx îmvai]lpprs et pu qp leur a donné que le chômage et la misère,
'■% loi dp passion, rédigée m de^ scctairep, a mépoppu je drpjt d’as^pqatjpp.
La faculté pour les pères de famille de faire élever leurs eqfants sqjgn leurs cppyic-
tiops n’a p,as nqp plus été respectée.
La religion a été persécutée, et on a voulu arracher du cpepr de chip un de nous las
gpbjjifjgfl espérance^, qqi sont consolation de nos douleurs, cf qui pou£ aident, g sup¬
porter les inégalités sociales que loq prétend en vain faire disparaître.
Votre bon sens, je le sais, si droit, si juste, a résisté à cette décevante politique, qui
çqpdmrait la France aijj abqpçs, c’pst-Mjre à la guerre intérieure et peut-être même
â la guerre extérieure, à ï’asseryissemqqt des caractère^ à la rqinp dp cj^pup de nous par
l’gqgaien talion toujours croissante dns impôts.
ÿhésjtais presque à ypns adresser une profession dp foi,
h rî§P à rçijjpr de op que je vous djt précédemment- Mes préfprpqpps person¬
nelles sqnt restées les mêmes. Au-dessus do eps préférences j’fù toujours place la volqn té
du peuple, librement et directement consulté.
Je n'ti 4 gqcqpç époque faîf déposition systématique. Les ministères modérés, sages,
uniquement inspirés par rameur du pays pf pqp le désir de développer la prospérité du corn-
jjjprgfi gf, de ragricHltnre, n/oqt jamais été combattus par ïqqir
La dignité de mon caractère et mon passé valent mieux qup dfip prqpip^ses et yqps
sont un sûr garant que je n’obéirai qu'aux inspirations de ma conscience.
J’attends, sans trouble comme sans émotion, le verdict que vous êtes appelés à rendre
dimanche prochain.
Rappelez- vous que nous luttons aujourd’hui pour une idée, un symbole, un drapeau,
pour r amour de la Patrie, de la Religion et de la Liberté.
Votre tout dévoué Concitoyen,
Arthur LEGRAND,
Député,
Conseiller général de la Manche,
Maire de Miily.
Circonscription de SAINT-LO
M. Gustave RÀULINE
Elq au |er tour de sçrutjp. — Ypix*
Mes chers Electeurs,
Une nouvelle législature va s’puvrir.
C’est la septième depuis le jour où, pour la première fois, vous me fîtes l’iiçoneqr de
m’envoyer a la ph^rpbrc 'des Réputés, pour représenter notre bel arrondissement.
Depuis vingt-six ans, je n’ai cessé d’être votre élu.
IN- 1162
— 4951 —
De tous côtés vous m’adressez d'innombrables témoignages d’estime et do sympathie,
de touchantes sollicitations pour la continuation de mon mandat.
Comment résister à de pareilles manifestations, qui font l’orgueil de ma vie et qui sont
eii môme temps ld couronnement de ma carrière î ,
Comment, mes chers Amis, pourrais-je me séparer de vous, surtout a 1 heure ou la
France traversé une crise redoutable? Ce n’est certes pas l’instant de déserter le poste ou
vous m’avez placé* j . .
le suis donc encore votre candidat. L’âge n’a pas modifié l’ardeur de mes convictions,
toüs le savez, et je puise dans cette ardeur même et dans les témoignages de votre con¬
fiance les forces nécessaires pour me consacrer encore tout entier à la défense de vos
intérêts.
Je ne vous ferai pas de nouvelle profession de foi,
A quoi bon ?
Ne suis-je pas connu de vous tous? . ,
Entre les Électeurs d’hier et celui qui fut leur élu, entre les Eleeteurs de demain et
celui qui sollicite aujourd’hui vos suffrages, ne s’est-il pas formé comme un de ces liens qui
ne se rompent qu’avec la vie?
Merci donc à vous tous, mes chers Amis, merci du fond du cœur, à vous tous qui avez
confiance en moi. . , »
Je resterai, sdyez-en certains, ce que je fus toujours : l’homme dévoué a vos intére s
et à vos personnes; le défenseur des intérêts dd pays et de notre agriculture, de cette agri¬
culture qui fut mon berceau èt où s’écoulèrent les plus heureuses années de ma vie.
Je demeurerai le Citoyen patriote et libéral, toujours sur la brèche, pour réclamer de
tous l’impérieux respect de nos libertés ; liberté de conscience, liberté d'association,
liberté d’enseignement, de toüiès ceiS libertés en un mot, qui sont notre patrimoine intan-
Je ne cesserai d’être enfin le bon Francis, qui professera jusqu’à son dernier souffle,
l’amour de la Patrie, le respect de l’Armée, la sainteté du Drapeau! ! I
Votre tout dévoué et reconnaissant député,
Gustave RÂULINE, député sortant.
Circonscription de VALOGNES
M. V1LLAULT-DUCHESNOIS
Élu au 1“ tour de scrutin. — 9.375 voix.
Mes chers Concitoyens,
D’après l’éclatant témoignage d’estime et de sympathie que vous m’avez donne, il y a
quelques mois, en me nommant votre député par plus de 2.200 voix de majorité, c est avec
une pleine confiance que je viens solliciter de nouveau vos suffrages.
Je n’ai plus à vous dire quel est mon programme. L’élection du 1CI décembre a prouvé
que nous sommes en complète communion d blues et du .sentiments. , , ,
Adversaire déclaré des socialistes, je combattrai énergiquement leurs décevantes et
moins Plument la République contre toutes les entreprises réac¬
tionnaires susceptibles de la compromettre, sous quelque forme qu’elles se présentent.
Libre indépendant, dégagé de toutes attaches, fidèle a ces principes de liberté et de
tolérance qui sont dans les traditions et l'essence même du régime républicain, je voterai
sans parti pris, selon ma conscience, n'ayant jamais en vue que l'intérêt du pays.
Ce st en m'inspirant de ces principes que je défendrai toujours la liberté religieuse et
que, dernièrement ? si les circonstances m'avaient permis de le faire, j'eusse voté pour la
liberté d’enseignement.
J'espère que la nouvelle Chambre comprendra que le pays est fatigué des discussions
irritantes et des interpellations stériles; que la France ne vit pas seulement de politique,
mais qu'elle a besoin de voir ses affaires gérées avec bon sens et suite dans les idées.
Je m'associerai à toutes les mesures ayant pour but de réaliser des économies sur les
dépenses publiques, de diminuer les impùts si lourds qui pèsent sur l'agriculture et le com¬
merce, d'améliorer le sort du marin et de l'ouvrier.
Je suis disposé à voter la réduction des charges militaires et, eu particulier, le service
de deux ans, à condition qu’on agisse avec prudence et qu'il soit bien démontré, avant
d'appliquer cette réforme, qu'elle ne peut nuire en rien a la défense nationale.
Je veux que notre armée soit tenue soigneusement en dehors de toutes nos querelles
politiques et au-dessus de toutes les attaques, afin que rien ne puisse la distraire de sa
mission, qui est de défendre la patrie et de faire respecter la loi.
Agriculteurs I Commerçants! Marins 1 Ouvriers de la ville et de la campagne !
Vous me connaissez. Vous savez que j'emploierai toute mon énergie et toute mon acti¬
vité à la défense de vos intérêts et à ceux de notre cher arrondissement de Valognes. N 'ou¬
bliez donc pas que plus vous m’accorderez de suffrages, plus vous me donnerez d’autorité.
Recevez, mes’cliers Concitoyens, l’expression de mes sentiments bien dévoués.
Vive la République I
J, V.-DUCHESNOIS,
Ancien député,
Président de la Société d'agriculture de l'arrondissement de Valognes.
— SOI —
N“ 1162
MARNE
Circonscription de CHALONS-SUR-MARNE
M. Léon BOURGEOIS
Elu au lGr tour de scrutin. — 7.669 voix*
Mes chers Concitoyens,
Pour )a cinquième fois, je nie présente à vos suffrages et mon nom vous est proposé par
l'unanimité des Associatious Républicaines et par P unanimité des Conseillers généraux et
des Conseillers d'arrondissement de notre circonscription.
J'aurais voulu, pour répondre à cet éclatant témoignage de confiance, être depuis long¬
temps au milieu de vous.
Mais vous savez quel douloureux devoir de famille me retient encore : Permettez-moi
d'exprimer ici ma profonde reconnaissance pour les marques si nombreuses de sympathie
qui me parviennent, dans ces tristes circonstances, de tous les points de notre arrondisse¬
ment.
Mes chers Concitoyens,
Je suis, dans la dernière Chambre, demeuré rigoureusement fidèle aux Rengagements
pris envers vous.
Mon concours et mon vote ont été acquis à toutes les réformes démocratiques : dégrè¬
vement des droits sur les boissons, réforme de l’impôt des successions, amélioration du sort
des petits fonctionnaires, notamment de nos dévoués instituteurs, loi sur la protection de
la santé publique, réforme de notre enseignement secondaire, etc.
Je me suis, soit par mes votes à la Chambre dans les questions douanières, soit comme
membre de la Commission des Caisses de crédit agricole, associé à toutes les mesures inté¬
ressant les cultivateurs de notre Champagne.
Au point de vue politique, je suis demeuré ce que vous m’avez toujours connu *
La législature qui s’achève a été troublée par les attaques Scs plus violentes des enne¬
mis de la Démocratie.
Vous vous rappelez les indignes agressions contre le Président de la République et les
tentatives séditieuses faites pour détourner l’armée elle-même de son devoir*
J’ai donné sans compter mon concours au Gouvernement qui a rétabli Perdre dans la
tue et assuré depuis trois ans la défense de nos institutions nationales.
'
— 302 —
Et j’ai voté la loi qui, en donnant enfin à la France la liberté d’association promise
depuis un siècle,' a coupé court aux entreprises politiques des ordres religieux internatio-
J’ai pris également part au vote pour l’abrogation de la loi Falloux. On a prétendu que
c’était voter pour la suppression de la liberté d’enseignement et le rétablissement du
monopole universitaire. Il n’en est rien. Mais il tatil supprimer le privilège qui dispense les
membres de l’enseignement congréganiste des conditions de capacité exigées dans l’ensei¬
gnement public. Il faut, en outre, rétablir le contrôle de la Nation sur tous les établissements
d’instruction, et appliquer avec vigilance la disposition qui exclut du droit d’enseigner ceux
qui refusent de se soumettre aux lois du pays. A ces conditions, et en ouvrant largement
nos classes secondaires à toutes les jeunes intelligences capables de tes suivre, on main¬
tiendra à côté de l’Université, la salutaire concurrence des libres initiatives, et 1 on ne
connaîtra plus ces foyers de division où s’enseignent les haines de religions et de races et
le mépris des principes de la Révolution française.
D’autres réformes auraient pu aboutir pendant ces quatre années sans les entraves
qu’une opposition acharnée n’a cessé d’apporter au travail parlementaire.
U en est trois essentielles que la Chambre nouvelle devra réaliser ;
1° La réforme de la loi militaire. — Grâce à la suppression des dispenses, à 1 utilisa¬
tion des hommes classés dans les services auxiliaires, et à l’allocation de secours aux
familles privées de leurs soutiens indispensables; la rédaction du service militaire à deux
ans peut être décidée sans porter atteinte aux nécessités de la défense nationale.
Je voterai cette mesure, qui fera disparaître enfin une des inégalités qui pèsent le plus
lourdement sur la population laborieuse de nos villes et de nos campagnes;
2° L’organisation de la Caisse générale des Retraites, constituée avec le concours du
travailleur, du patron et de l’État, et en utilisant de la manière la plus large l’action des
sociétés de secours mutuels;
3° La réforme iinancière et fiscale. — Là crise économique qui pese sur le moüde
entier a eu sa répercussion sur nos finances, et la Chambre prochaine devra s’imposer une
politique d’économies rigoureuses que, pour mon compte, je fidtirâülVfai féSiilutfiéht.
Mais la réforme profonde de notre système d’impôts n’en sera pas moins nécessaire.
Vous m’avez approuvé lorsqu’ën 1898 je vous disais « qu’un impôt général sur le
revenu net des contribuables, — remplaçant certains impôts actuels, — compensant par
une progression limitée, au profit des petits contribuables, îa progression contraire dont ils
subissent aujourd’hui les charges, — ne prélevant rien sur ceux qui n’ont qup le nécessaire,
prélevant fort peu sur ceux qui n’ont qu’une petite aisance et demandant un sacrifice équi¬
table au superflu des plus fortunés», pouvait être établi saris aucune vexation pour les
citoyens, . h
Et lorsque je vous disais encore ; « Oïl pour avoir dôfeodu cette reforme, accuse e
concessions au collectivisme. Alléger les charges des plus faibles, leur faciliter par cela
même lé travail, l’épargne, l’acquisition du capital, augmenter ainsi lé nombre des proprie¬
taires, c’est opposer aux ennemis de la propriété la plus forte des barrières », vous m avet
également approuvé. . ...
Vous connaissez le malheureux essai de péréquation de la contribution personnelle'
mobilière qui a ôté récemment tenté et les charges qui fe« seraieht résultées pdur les petits
contribuables, notamment à Chàlons et dans les principales communes de noire arrondis¬
sement. Nous avons; vous savez avec quelles difficultés, obtenu la réparation de cette injus
tice ; mais cette expérience a permis de constater une fois de plus que c'eût la réforme
totale du système des impôts directs qui peut seule réaliser la justice fiscale dans hotre
pays.
—
N° H 62
t * ^
Pour accomplir les réformes nécessaires, Fanion do tous les républicains est indispen¬
sable.
Celte union, mes chers Concitoyens, depuis quatorze ans vous l’avez faite dans notre
arrondissement; au scrutin de demain, vous la maintiendrez inébranlable.
Sous le masque du nationalisme, vous avez dès le premier jour reconnu les éternels
adversaires contre lesquels, au 2à Mai, au 16 Mai, à Uépoque du boulangisme, la République
a toujours dû se défendre.
Vous êtes républicains et patriotes. Vous vous rappelez les désastres où le pouvoir
p&rsonnel avait entraîné la Patrie et vous savez ce que la République a fait pour sauver
son honneur, pour restaurer sa puissance militaire ; vous n’admettez pas qu'on cherche à
opposer Farinée nationale à la nation républicaine, vous no voulez pas qu'on prenne le
drapeau de la France pour essayar d'en faire le drapeau d’un parti.
Tout cela vous l'affirmerez, îe 27 avril, j’en ai la certitude, par une majorité plus forte
que jamais et vous me permettrez ainsi de servir encore, avec une énergie nouvelle, cette
politique de liberté, de justice et de solidarité, qui peut seule donner à la France la paix
an dedans et la puissance au dehors.
Vive la République I
Léon BOURGEOIS, Député sortant.
Les Associations Républicaines m l’aebündissement de Ckalons
Aux électeurs.
i -
Électeurs Républicains,
Le dimanche 27 avril prochain, vous êtes appelés à élire votre représentant à la
Chambre des Députés.
Les Associations Républicaines de l'arrondissement présentent de nouveau à vos libres
suffrages la candidature du député sortant, autour duquel n’ont cessé de se grouper,
depuis 1889, tous les vrais démocrates de notre circonscription, et qui personnifie, au Par¬
lement et dans le Pays, la concentration de tous les éléments de gauche.
Retenu au chevet de sa fille, gravement malade, M. Léon Bourgeois n’a pu jusqu'à ce
jour, comme il en avait le désir, venir vous rendre compte de son mandat et vous exposer
son programme.
Tous, nous en sommes sûrs, vous avez pris part h ses angoisses paterne compre¬
nant ses inquiétudes, vous Fav.ez excusé.
D’ailleurs, qu’auraudl pu vous dire que vous ne sachiez?
Tous ses votes n ont-ils pas été inspirés par saq ardent amour de la Démocratie et par
le ferme désir d’améliorer ie sort des humbles et des déshérités?
Tqqs ses actes n’ont-ils pas eu pour mobile la graqdeqr dé la Pairie et son rayonne¬
ment aq dehors, la défense énergique, m toutes circonstances, de la République, de ses
tflisqî de son esprit?
Son programme, vous le connaisse^ également. Vous l’avez approuvé en 1898 parce
contient tous les prpjqfà de réformes dent, avec tout le Parti Républicain, vous atten¬
te h prompte rôaîisaUûR*
Les idées, ia personnalité et l’œuvre de M. Léon Bourgeois sggf qqivGrseJlqqienr çQH-
— 504 —
nues etr c’est un grand honneur pour l'Arrondissement de Chàlons d’être représenté par ce
Républicain éprouvé dont la haute valeur intellectuelle, le patriotisme tardent et vrai, la
sincérité, la probité politique et la passion pour l’intérêt public en font un des hommes
d’Etat les plus éminents de, la République.
Électeurs Républicains,
La victoire est certaine. En parfaite communion d’idées avec votre député, vous lui
êtes restés attachés comme lui-même vous est resté dévoué ; mais pour que l’arrondisse¬
ment de Chàlons soit digne de sa vieille réputation de républicanisme, pour que nos adver¬
saires ne puissent exploiter, à leur profit, l’indifférence que la certitude du succès pourrait
faire naître, vous avez le devoir de vous rendre tous aux urnes et de voter pour M. Léon
Bourgeois.
Républicains, pas (V abstentions, et vous ferez triompher d’une façon éclatante la Repu*
blique telle que nous la comprenons, c’est-à-dire assurant la liberté, la justice et la
solidarité,
(Suivent les signatures,)
Mes Chers Concitoyens,
Bien qu’un peu moins graves depuis trois jours, les tristes raisons qui me retiennent
loin de vous n’ont pas encore disparu et je vois qu’il me sera décidément impossible de
venir, avant l’élection de dimanche, vous rendre compte de mon dernier mandat et m’en¬
tretenir avec vous. .
Par les vœux si touchants qui me parviennent chaque jour de tous les points de no te
arrondissement, je sais déjà que vous me pardonnez mon absence.
Ces témoignages de votre affection ne sauraient diminuer le regret profond que
j’éprouve de ne pouvoir, à cette heure, être à ma place habituelle, au premier lang de ceux
qui luttent pour la République.
Je vois qu’on reprend à mon égard toutes les attaques habituelles.
On essaie une fois encore d’invoquer contre moi les intérêts de l’agriculture, du com¬
merce et de l’industrie, ceux de la liberté et de la propriété individuelles, ceux de l’armée
et de la France. .
Depuis quatorze ans vous êtes habitués à ces pratiques de mes adversaires ; quatie
fois vous les avez condamnées; vous les condamnerez une fois de plus le 27 avril par votre
suffrage.
La Propriété individuelle?
Vraiment, je ne crois pas avoir besoin de me dire encore une fois son défenseur.
V Agriculture?
Tous nos adversaires aussi bien que nos amis, connaissent les intérêts importants qui
m’attachent au sol de notre Champagne et qui me permettent de connaître — et de ressen¬
tir — toutes les difficultés avec lesquelles sont aux prises les cultivateurs et les vigneron
de notre pays. Et vous savez que dans cette législature, sur les questions des bons d im¬
portation, de l’admission temporaire des blés, etc..., comme sur toutes les questions doua¬
nières posées dans les législatures précédentes, mon vote a toujours été acquis à la defense
de l’agriculture nationale.
— 505 —
n° lies
Le Commerce et V Industrie?
Ce qui leur est d’abord nécessaire* c’est Je dégrèvement des charges des petits com¬
merçants et des petits industriels* Pour eux, je Fai dit cent fois, comme pour les petits cul¬
tivateurs* le dégrèvement ne peut résulter que de la réforme générale de l'impôt. On combat
l'impôt personnel sur le revenu* parce qu'on sait que seul il peut permettre de diminuer le
taux de l’impüt des plus faibles et d'augmenter le taux de l’impôt des plus riches* C’est
pourquoi, plus que jamais* nous le défendrons et je suis convaincu que les élections de
demain amèneront à la Chambre la majorité nécessaire pour le réaliser enfin*
Ce qu’il faut encore pour noire commerce et notre industrie, c’est la tranquillité et
3a paix par 3 'union étroite du capital et du travail : c’est cette union que resserreront toutes
les lois ouvrières dont j’ai poursuivi l’étude et le vote depuis des années; et cette loi des
retraites* qui se réalisera par le concours du patron, du travailleur et de l’État, avec l’aide
des sociétés de secours mutuels*
L'Armée?
Notre premier devoir envers elle est de la tenir à l’écart de nos divisions politiques*
C’est pourquoi j’ai énergiquement combattu ceux qui ont, vainement d’ailleurs, tenté de
l’entraîner à la révolte contre la loi. Je compte assez d’amitiés personnelles parmi les chefs
les plus éminents de noire armée pour pouvoir dire avec certitude qu’elle dédaigne ces
excitations et que* sûre du concours du Parlement républicain pour le vote de toutes les
mesures qui contribuent à notre défense militaire, elle continué^ avec une joie silen¬
cieuse, 3a tâche exclusive, et noble entre toutes, qui est la sienne*
La Liberté?
Ai-je besoin de vous montrer de quel côté, dans îa lutte engagée aujourd’hui, sont les
défenseurs de la liberté?
Qui a donné à ce pays, depuis 1871, toutes les libertés refusées par les gouvernements
antérieurs? Le Parti Républicain*
Cette loi d’association, tant attaquée, est une loi de liberté, et si elle a mis un frein aux
entreprises coupables des congrégations politiques, elle a donné à tous les citoyens ce droit
de s’associer dont nos adversaires sont les premiers à se servir aujourd'hui contre nous*
Une seule chose serait menaçante pour la liberté : c’est le rétablissement du pouvoir
personnel et de la domination de l'Église. G’est là qu’on voudrait ramener la France. Mais
le suffrage universel n’a pas oublié à quels désastres cette politique nous a conduits.
Il se rappelle 1870, et comment, grâce au pouvoir d’un seul homme appuyé sur l’Église,
la France, au jour du danger, s’est trouvée seule, sans alliés, avec une armée sans organi¬
sation et sans direction et bientôt s'est vu défaite, envahie et démembrée*
A ce souvenir* il oppose l’image de la France actuelle. Jamais elle n’aété plus paisible,
plus riche et plus forte. La crise économique et financière qui pèse si lourdement sur l’Eu¬
rope, n’a pu arrêter le développement de son essor* Le chiffre du capital national, celui des
revenus totaux des citoyens, sont plus élevés que jamais* Le crédit de notre pays est au
1er rang dans le monde et le gouverneur de la Banque de France pouvait dire récemment
que nous sommes les banquiers de l’Europe* Notre empire colonial, dont l’étendue est
immense, entre rapidement en valeur* Notre force militaire n’a jamais été plus puissante
et mieux préparée. Enfin, une grande alliance dont le Président de là République va, dans
quelques jours, resserrer encore les liens, dans une manifestation éclatante, permet à la
France et à la Russie d’ètre les arbitres de la paix universelle*
Telle est Pceuyre de ces 30 années de République, telle est l’œuvre du parti répu¬
blicain.
— R06 —
Le suffrage universel la connaît et malgré tant d’attaques et de manœuvres il ne la
laissera pas détruire.
Pour moi , j’y ai collaboré de xauLes mes forces et je continuerai à la défendre.
Tel vous m’avez vu dans les législatures précédentes, ici je suis demeuré dans celle-ci;
simple député servant notre cause en soldat discipliné et fidèle, — Ministre de la Répu¬
blique et portant les responsabilités du Gouvernement, — représentant de la France au dehors,
dans cette grande assemblée de la Haye, ou mes adversaires du Parlement eux-mêmes ont
bien voulu reconnaître que j’avais servi avec honneur les intérêts et les idées de notre
patrie, _ partout je suis demeuré le même et ^attends avec confiance votre jugement sur
ce passé qui vous garantit Favenir,
&
* *
Mes chers Concitoyens, — laissez- moi dire après tard de preuves de votre alfection
persistante ; mes chers amis, — voilà ce que j’aurais voulu venir vous exposer, plus com¬
plètement, dans les réunions où nous avons eu tant de lois l’habitude de nous renconner
et de nous comprendre.
le n’ai pu venir à vous, mais votre sympathie n a cessé, jour par jour, de venir a mot
pendant cette épreuve ; j’en suis touché jusqu’au fond du cœur et, dès maintenant, sans
attendre l’issue du scrutin de dimanche, c’est un remerciement que je vous adresse ici, et
je vous exprime ma reconnaissance en même temps que mon lidcle dévouement.
Léon BOURGEOIS.
Circonscription d ÉPERNAft
M. Paul COUTANT
Élu au 2e tour de scrutin, — 12.326 voix.
Mes chers Concitoyens,
La confiance témoignée par ltl.547 électeurs) il y a trois ans, me trace mon devoir:
Je viens solliciter vos suffrages.
Mon programme n’a pas changé, c’est le programme du Parti républicain. Je le {main¬
tiendrai intégralement en face des apostasies du parti radical. Ce parti, nous l’avons vu à
l’œuvre ; nous pouvons mesurer la distance des promesses aux actes.
Il a fait faillite à tous ses engagements.
Aucune réforme n’a été tentée, aucun progrès réalisé.
L’augmentation énorme des dépenses et des dettes, et surtout le déficit avoué entraî¬
nant dans un avenir prochain de nouveaux impôts : tel esi le bilan de celte politique ins¬
pirée par l’esprit de secte, et qui, au lieu de travailler à la prospérité et à la grandeur du
pays ainsi qu’à la défense des intérêts, des droits et des libertés de tous ies citoyens, —
prêt end accaparer la République pour le seul profit d’une oligarchie avide et tyrannique.,
Aussi, aujourd’hui plus que jamais, je reste attaché au Parti républicain dont j’ai
défendu le drapeau sous les auspices et sur ies instances deM. Waldeck-Rousseau lui-même,
avant qu’il n’ait renié ses doctrines et abandonné ses amis pour tenter de sauver, avec la
complicité du parti radical et des cléricaux de la Franc-Maçonnerie, un officier juif, traître
à la France.
— 807 —
N° 1Î83
Cette tentative a été le signal de toutes les attaques contre l'armée — attaques que le
Gouvernement a cru pouvoir encourager lui-même, — se réclamant des principes de justice
et d’égalité sociales et semblant ignorer que l’armée est la défense vivante le nos libertés
en face de l’Étranger.
Pour éviter la guerre, il faut une armée forte et respectée.
Au lieu d’insulter l’armée, pourquoi ne pas tenter de sages réformes qui, sans lui
porter atteinte, rendraient le devoir militaire plus compatible avec les intérêts de tous?
La suppression de certaines périodes d’instruction, l’organisation de tirs aux chefs-
lieux d’arrondissements ou même aux chefs-lieux de cantons, la réduction k deux ans de la
durée du service militaire, sont des réformes qui doivent appeler l’attention de la Chambre
prochaine et qui, sagement étudiées, peuvent être faites sans amoindrir notre armée
nationale.
En matière d’impôts, aucun soulagement n’a été tenté ; l’impôt mal réparti continue à
peser injustement et inégalement sur les contribuables.
L’ « impôt sur le revenu », formellement promis aux électeurs pendant la campagne
électorale, n’a été ni voté ni même proposé. Il est aujourd’hui abandonné.
L’ « impôt sur les revenus » frappant le contribuable d’après les signes extérieurs de
la richesse et tenant compte des charges de famille réaliserait une amélioration raison¬
nable, une réforme vraiment équitable et démocratique.
L’allègement de nos charges ne peut résulter que de sévères économies réalisées avant
tout par la diminution, — par voie d’extinction, — des fonctionnaires dont le nombre a
doublé depuis vingt ans et par la réduction des traitements trop élevés,
Cultivateurs,
La nécessité s’impose de défendre la terre contre la progression toujours croissante
des impôts qui pèsent si lourdement sur elle.
Il faut supprimer les prestations et réduire les droits de mutation qui finissent notam¬
ment par absorber la valeur de la propriété.
Je suis partisan de toutes les mesures qui assurent la protection efficace des produits
de la terre, qui frappent la spéculation en supprimant les marchés à termes fictifs et qui,
— par des pénalités sévères contre les accapareurs, — empêcheront que les cours ne soient
faussés au préjudice aussi bien des consommateurs que des producteurs.
Ouvriers,
L’amélioration de votre condition doit être réalisée progressivement par le concours de
l’État limité par le libre exercice des initiatives individuelles. On doit encourager le déve¬
loppement des sociétés de secours mutuels, des syndicats professionnels, des institutions
de prévoyance et d'assistance, réaliser la création des caisses de retraites pour la vieillesse,
pour les incurables et les infirmes.
L’assurance contre les accidents devrait être réalisée par l’État qui, tout en exigeant
des primes moins élevées, déchargerait le patron de sa responsabilité et assurerait à l’ou¬
vrier le payement des indemnités prévues par la législation actuelle.
Vignerons,
J’èttidierai toutes les mesures, je favoriserai toutes les initiatives qui auront pour objet
sincère de faciliter la reconstitution du vignoble, la diffusion de ses produits, le respect de
ses droits à l’étranger.
Je proposerai dos mesures propres à la répression de la fraude.
Les vins de Champagne doivent être enfin protégés contre une concurrence déloyale
dont l’effet désastreux se fait sentir de plus en plus dans notre vignoble.
— 508 -
Les vignerons savent que j’agirai et parlerai en défenseur résolu du droit des bouilleurs
de cru, c’est-à-dire en défenseur de ieur propriété et de l'inviolabilité de leur domicile.
f Electeurs,
Je me présente à vous en Républicain indépendant et libre de toutes attaches.
La pression officielle, manifestée particulièrement dans notre arrondissement par un
déni de justice odieux et qui a soulevé Pindignation de toutes les consciences honnêtes,
n’aura pas raison de votre indépendance.
Vous ne vous laisserez ni intimider, ni corrompre.
En m’accordant vos suffrages, vous vous prononcerez contre la politique du déficit,
pour une politique de sagesse et d’économie, seule capable de conjurer un péril trop réel
en rétablissant l’ordre dans nos finances; vous vous prononcerez contre toutes les tyrannies,
pour toutes les libertés, conformément aux traditions qui étaient autrefois l’honneur du parti
républicain, et vous direz que vous voulez avec moi, la République libre dans la France
prospère.
Vive la France I
Vive la République!
Paul COUTANT,
Candidat Républicain*
Circonscription de REIMS
M, LAN N ES DE MONTEBELLÛ
Élu au 1er tour de scrutin. — 7,639 voix.
Comité Républicain Pbogressiste m ^arrondissement de Reims
En venant solliciter le renouvellement du mandat dont vous m’avez honoré depuis
huit ans, je tiens d’abord à dissiper toute équivoque. Je me présente à vous libre de tout
engagement, affranchi de tout patronage, sous la seule garantie de mon passé et dans la
plénitude de mon indépendance.
La politique qui a servi de base au contrat qui nous unit a été magnifiquement exposée
par M. Waldeck -Rousseau dans son inoubliable conférence de Reims.
C’est à cette politique que j’ai été et que j’entends rester fidèle.
J’étais avec M. Waldeck- Rousseau revendiquant les droits de la liberté, démasquant
« les chantres du radicalisme », condamnant l’impôt progressif sur le revenu global comme
une escroquerie au suffrage universel, et opposant aux utopies malsaines et aux excitations
haineuses du collectivisme les principes égalitaires et fraternels de la Révolution
française.
Quand il a fait appel à tous les républicains, engageant sa parole qu’il ne répudiait
rien de sa foi politique, malgré les inquiétudes que m’iuapïraient quelques-uns de ses col¬
lègues, je lui ai continué ma confiance jusqu’au jour où ses actes ont brutalement démenti
ses promesses.
Je suis contre M, Waldeck-Rousseau associant les collectivistes à l’œuvre gouverne-
moniale* immolant la liberté aux rancune» et aux exigences du radicalisme* m faisant le
k
— 509 — ^
prisonnier docile de ceux dont il était hier le p’us vigoureux et le plus redoutable des adver-
j’ai voté contre la loi sur les associations parce que, partisan convaincu de la upré-
niatie du pouvoir civil sur toutes nos institutions, je ne veux pas que cette suprématie
dégénère en une tyrannie mesquine sur les consciences. — Lorsqu’un parti refuse à ses
adversaires la liberté qu’il revendique pour lui-mème, il ne défend pas la république, il
fait de la République une caricature odieuse du despotisme.
J’ai voté contre le principe de la progression dans la loi sur les successions, parce que
ce premier pas peut nous conduire à un impôt de confiscation, dénoncé par M. Waldeck-
Rousseau lui-même comme le plus épouvantable des arbitraires.
J’aî voté contre les augmentations de crédits émanées de ^improvisation parlementaire,
parce que je ne crois pas que le Trésor public soit fait pour alimenter les réclames électo¬
rales et qu’à l’heure actuelle, c’est vers l’allégement des contribuables par de sérieuses
économies que les réprésentants du peuple doivent porter toute leur sollicitude.
J’ai voté contre la motion jacobine de M. Henri Brisson, parce que la bberté de 1 ensei¬
gnement m’apparaît comme Uun des titres de gloire du parti républicain et comme la sau¬
vegarde vivifiante de l’Université de France.
Je voterai demain, et pour des raisons identiques, contre le stage scolaire, contre la loi
organisant la grève obligatoire, en un mot contre tous les projets qui mettent en périt la
liberté et la paix sociale et préparent à ce pays les mauvais jours de la guerre religieuse et
delà guerre des classes.
Mais a ce serait déchoir que de suivre toujours dans l’ornière où elle se complaît la
politique radicale ou socialiste et d’opposer aux promesses trompeuses les engagements que
nous avons tenus ». Au-dessus des questions de partis, il y a les questions nationales.
Représentant de cette région de l’Est toujours frémissante aux souvenirs du passé, j ai
considéré que mon premier devoir était de consacrer à l’armée toute mon activité et tout
mon dévouement.
le puis revendiquer la plus grande part dans l’organisation de celte armée coloniale
dont le Président du Conseil ne manque jamais l’occasion de faire valoir les avantages au
profit de son ministère et qui protège vos enfants contre les menaces meurtrières des
climats lointains.
Je ne me suis pas attardé à faire miroiter devant vous une vague formule de réduction
du service militaire ; j’ai travaillé à rendre cette réduction possible en déposant un projet
de loi sur le rengagement des sous-officiers et soldats qui, s’il est adopté, peut arriver à
limiter progressivement et automatiquement les charges du service militaire jusqu an mini¬
mum d’un an, sans compromettre la force et la solidité de l’armée nationale.
11 m’a paru qu’il importait également à la solidité de cette armée que ses officiers
fussent mis à l’abri du favoritisme gouvernemental et des rancunes politiques. Lorsqu il
s’agit d’avancement, les services rendus doivent seuls compter et personne ne me persua¬
dera que la suprématie du pouvoir civil soit intéressée à ce que l’on établisse parmi les
officiers des catégories selon leur naissance ou leur éducation. Ceux qui trouvent odieux de
demander un billet de confession n’ont pas le droit d’exiger je ne sais quel brevet de radi¬
calisme. Mon attitude dans la législature qui finit vous indique nettement quelle serait ma
ligue de conduite dans la Chambre future.
Ceux qui voteront pour moi savent qu’ils voteront pour un républicain irréductible,
toujours prêt à défendre la République, à condition que cette défense ne devienne pas un
jeu ou une habileté - — une équivoque on s’abritent les coteries, les dénonciations et les
intrigues.
Le meilleur moyen de défendre la République, ce n’est pas de la laire craindie, c est
de la faire aimer. Un Gouvernement qui s’emploierait à mettre de l’ordre dans les finances,
à diminuer par des mesures décentralisatrices la charge de l’impôt, à développer la mutua¬
lité, à donner un concours financier aux sociétés de secours mutuels pour la solution de la
question des retraites ouvrières* à réduire les frais de justice et de vente/ ce Gouvernement
— MO —
aurait plus efficacement travaillé que nul autre à la grandeur de la République, Il aurait
fait aimer son nom à tous les Français, et la France, unie et prospère, avec les amitiés
qu’elle a dans le monde, ne craindrait plus rien de personne.
Tout ce que font nos adversaires pour créer des catégories de suspects, pour exciter les
haines et les convoitises, tout cela affaiblit du môme coup la République et la France* Cewt
qui ne séparent pas Tune de l’autre, ceux qui veulent une politique à la fois démocratique
et nationale* ceux-là comprendront le devoir que les événements leur imposent. Je suis sûr
qu’ils le rempliront. Pour mol, je n’y faillirai pas,
Vive la République !
Vive la France!
Adrien LANNES DE MONTERELLO, Député sortant,
Candidat Républicain.
circonscription de REIMS
M, MI RM AN
Élu au 1er tour de scrutin. — 12.250 voix.
Citoyens,
Reims est une grande ville ouvrière.
Reims est un centre républicain inaccessible à toute tentative de réaction cléricale ou
plébiscitaire.
Reims, depuis les tragiques événements de 1870, est presque une ville frontière.
Rems est une cité libre, indépendante et fière.
D’où, pour l’homme qui a l’honneur de la représenter au Parlement, quatre devoirs:
Il doit être le mandataire dévoué de la classe ouvrière : il doit, avec une inlassable
persévérance, multiplier ses efforts pour hâter la réalisation des réformes susceptibles
d’améliorer, dans l’état social actuel, la situation matérielle et morale des travailleurs.
Il doit être un républicain d’avant-garde, fidèle aux principes qui sont 3’honneur do Ja
République.
Il doit aimer passionnément son pays et respecter son drapeau.
Il ne doit être le vassal d’aucun chef, le courtisan d’aucun pouvoir, le client d’ aucun
ministère.
De toutes mes forces, inégales assurément à une si haute ambition, j’ai taché d’être le
représentant chaque jour plus digne de notre laborieuse et vaillante cité.
1. J’ai concentré presque toute mon activité sur l’étude des questions économiques et
sociales en général, et de celles qui intéressent spécialement l’industrie rémoise: législa¬
tion des Conseils de prud’hommes, accidents du travail, retraites pour les invalides et les
vieillards, questions d'assistance, de mutualité libre et de prévoyance, marchés à terme sut
les laines, etc..., etc..., j’ai îe droit de dire que j’ai pris è tout ces débats une part utile et
que déjà, sur certains points, j’ai obtenu des résultat» appréciables pour le prolétariat.
2. Sur les questions politiques et sociales: séparation des Églises et de FEtat, suppte^
sïon du budget des cuites* défense de la société laïque contre les congrégations — défense
— 311 — N° 1162
aussi de la fortune nationale contre la Haute Banque et toute la féodalité financière et
cosmopolite, — révision républicaine de la Constitution, suppression du Sénat, impôt
progressif sur les successions et les reveuus, égalité pour tous et réduction à deux ans du
service militaire, décentralisation, etc,.., etc..., j’ai, en toute circonstance, scrupuleusement
respecté mes engagements*
8, Sur le troisième point, je rappelle les mots par lesquels, en 1808, débutait ma
profession de foi: « Citoyens, d'abord la Patrie! Il faut en maintenir le sentiment très haut
au-dessus de nos luttes de partis ; c'est Fin dispensa b le ressort moral de ia Nation* — Nous
vouions une France pacifique mais hère, fidèle a ses souvenirs et à «es espérances ; pour la
défendre contre les appétits des monarchies voisines, il nous latit une armée puissante et
respectée, mais qui reste soumise au pouvoir civil et au vigilant contrôle du Parlement »
Ces principes — conformes aux plus pures traditions républicaines et que les ridicules
excès des nationalistes ne nie feront point abandonner — m’ont constamment inspiré à la
Chambre et à Reims*
4. Enfin, je revendique une iü dépendance absolue a l'égard de tout pouvoir politique
m de toute société financière* Je suis votre délégué ; je dépens de mes électeurs, d'eux
seuls* Je réprouve tout favoritisme, tout abus de pouvoir, tout arbitraire, d'où qu'ils
viennent. J'estime que ia République — en employant, môme timidement, les procédés
dont usaient les régimes déchus — s'abaisserait à leur niveau* Je la veux rayonnante de
force et d'honneur I
Citoyens 1
Je ne dresserai pas ici une liste nouvelle de déclarations et de promesses- Nos pro¬
grammes de 1893 et de 1898 subsistent intégralement. Vous avez, pour me juger, mieux
que des paroles — des actes*
Si vous me renouvelez mon mandat, j’apporterai à l'accomplissement de ma tache le
Ûm dévouement, servi par une expérience de huit années de labeur*
Je défendrai, demain comme hier, la cause des travailleurs, leur droit au travail et leur
droit au repos, leur pain et leur dignité.
Je défendrai avec le même zèle les intérêts rémois*
Gitoyensj
Pour aucun de vous — blême pour mes amis — je ne solliciterai de faveur* De chacun
- même de mes adversaires — je ferai valoir les droits.
Vive la République laïque, démocratique et sociale I
Vive la République honnête et fraternelle ï
L* MIRMÀN*
& circonscription de REIMS
M. MONFKU1LLART
Elu au lor tour de scrutin* — 5*993 voix;
Més chers Concitoyens,
Désigné par le Congrès des républicains de la 3* circonscription de Reims, je viens voilé
demander le renouvellement du mandat que vous m'avez confié il y a quatre ans
— 512 —
Ayant scrupuleusement tenu les engagements que j’avais pris vis-à-vis de vous, je ne
crains pas votre jugement.
D’une part, contre toutes les coalitions réactionnaires, je suis resté, avec tous Ig
républicains qui ont soutenu pendant trois ans le ministère Waldeck-Rousseau, le fidèle
défenseur de la vraie République, Mes votes le prouvent
D’autre part, je nTai négligé aucun des intérêts de notre circonscription. Sur ce point,
mes actes répondent suffisamment aux attaques de mes adversaires.
C’est, du reste, la fermeté de mon attitude républicaine qui m’a valu ces attaques, c’est
ainsi que je les revendique fièrement auprès de vous comme la meilleure preuve que j’ai
suivi, selon mes promesses, la politique de gauche.
Vous ne croirez pas, j’en ai la conviction, ceux qui vous racontent que j’ai trahi les
intérêts de la culture en appuyant de mon vote au Parlement les revendications mômes du
Comice agricole de l’arrondissement de Reims 1
Cultivateur comme beaucoup d'entre vous, j’ai donné tout mon dévouement à la cause
agricole.
Grâce à la stabilité ministérielle, obtenue par l’union des républicains, la législature
qui vient de prendre fin n’a pas été stérile. Nous avons pu réaliser un certain nombre de
réformes depuis longtemps attendues: la loi sur le régime des successions, loi sur le
régime des boissons, loi sur le crédit agricole, loi sur le régime des admissions tempo-
paires, etc.
Pour le bien de îa République et pour la tranquillité de la France, “ et non pas dans
un but de persécution religieuse, car cela ne saurait être dans les intentions de républicains
sincères — nous avons voté la loi sur les associations. Elle donne aux citoyens une liberté
de plus, en même temps qu’elle nous préserve du péril clérical, le plus redoutable de tous.
Patriotiquement, nous avons fait tous les sacrifices nécessaires pour renforcer notre
défense nationale.
La longue et désastreuse agitation des partis d’opposition ne nous a pas permis de
donner à la démocratie toutes les satisfactions qu’elle est en droit d’attendre de la
République.
Ai-je besoin de vous dire que si vous me faites l’honneur de me renvoyer au Parlement,
tous mes efforts tendront à augmenter le patrimoine républicain des améliorations poli¬
tiques, économiques et sociales :
Vote de toutes les mesures destinées à assurer, sans persécution d’aucune sorte, la
suprématie définitive du pouvoir civil ;
Respect de la propriété individuelle; protection de l’industrie sucrière; extension du
crédit agricole ; création de chambres d’agriculture ; protection de la viticulture et pat
conséquent maintien des droits des bouilleurs de cru ;
Révision de la loi des patentes pour venir en aide au petit commerce trop imposé;
Étude de la réforme fiscale en vue de répartir plus équitablement l’impôt, de dégrever
la petite propriété et de demander un effort supplémentaire à la richesse acquise ;
Réduction du service militaire à deux ans, avec la suppression de toutes les dispenses,
et sans diminuer la solidité de l'armée nationale ;
Étude des lois de solidarité et organisation de l’assistance publique dans les cam-
pagnes ;
Création des Caisses de retraites ouvrières ;
Subventions aux mutualités ;
Réorganisation des services administratifs et judiciaires ;
Réduction- des frais de justice et de vente, extension de la compétence des juges de
paix ;
Tel est le programme que j’ai exposé dans mes réunions publiques et que je défendrai
à la Chambre.
— tm -
N° 1162
Mes chers Concitoyens, *
Vous savez qui je suis.
Cultivateur et viticulteur champenois, j’ai toujours vécu au milieu de vous et je connais
tos besoins; j’ai fait mes preuves de républicanisme.
Vous m’avez donné votre confiance il y a quatre ans; je crois l'avoir justifiée et,
conscient d'avoir rempli mon devoir, je vous demande aujourd’hui de me la renouveler.
Comme par le passé, je serai votre fidèle mandataire et le dévoué serviteur de J a
Bépublique républicaine.
Vive la République !
E. MON FEU ILt ART,
Cultivateur et viticulteur à Selles,
Vice-Président du Conseil général de îa Marne,
Député sortant*
Circonscription de SAINTE-MÉNEHOUED
M. Paul BERTRAND
Élu au lQr tour de scrutin* — 5.026 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
Républicain de vieille date, j'ai lutté pour la République et contribué à son affermisse¬
ment: je me présente à nouveau à vos suffrages comme candidat républicain,
Ni réaction j ni révolution ; mais le progrès avec l’ordre et la liberté, Phonnêteté et la
justice.
Je veux, pour îa République, un gouvernement civil s’inspirant de la belle devise :
Liberté, Égalité, Fraternité ; la République ouverte à toutes les bonnes volontés, respec-
<u« des droits de chacun ; la République poursuivant non la division ou la haine,
mais la réconciliation des Français pour le plus grand bien de la Patrie à l’intérieur comme
à l’extérieur.
Indépendant, n’appartenant à aucune secte, à aucune coterie, je ne veux pas une
Ptîque de sectaires, de persécuteurs, de révolutionnaires, mais une politique d'apaisement,
libérale, progressiste, avec la liberté individuelle, la liberté de conscience, la liberté d’ensei-
peinent, la liberté d’association, la liberté du travail.
Partisan de la paix, au dedans comme au dehors, j’aime et je respecte, avec le
drapeau tricolore, notre armée nationale, notre belle armé£ française, je la veux éloignée
te ûos luttes politiques, forte, puissante, disciplinée, toujours prête à nous défendre. La loi
militaire de 1889 est l’objet de légitimes critiques: il appartient au législateur d’en préparer
Urgence une nouvelle donnant une meilleure répartition et une meilleure utilisation des
charges militaires, moins lourdes pour les ouvriers des villes et des campagnes, en constï-
ta® à l’armée des cadres solides et en abaissant progressivement la durée du service
militaire.
bans Tordre financier, une grande prudence est nécessaire, les recettes diminuent,
tas dépenses augmentent, alors que la concurrence étrangère menace de plus en plus et
agriculture et notre industrie. Aussi, le pays a besoin d’une politique d’ordre et
65
~ si A
d’économie, évitant les gaspillages, les abus de l’initiative parlementaire pour l’augmenta-
tiou des dépenses, se préoccupant toujours de l’amortissement de notre dette natiôhalc.
Les impôts sont lourds : continuons à chercher une meilleure, une plus équitable
répartition ; mats ne compromettons pas les finances publiques par des mesures impru¬
dentes, improvisées, mais pas d’inquisition, pas d’arbitraire, pas d’investigations contraires
à l'esprit français.
Pas de grèves révolutionnaires, pas de drapeau rouge menaçant! mais que le Parlement
poursuive pacifiquement et avec fruit l’étude des graves questions sociales, en vue de
l’ainèiioration du sort des déshérités, des travailleurs, notamment par les encouragements
à la prévoyance: sociétés de secours mutuels, assurances, caisse nationale des retraites
pour la vieillesse.
La question dgricoîê ëét d'une importance capitale pour notre région. L’agriculture,
dont la prospérité est si essentielle pour la force, la grandeur, l'existence même de Ja
France) doit être encouragée, sotuenue, défendue; aussi j'appuierai notamment le maintien
de notre tarif douanier protecteur, le maintien du droit des bouilleurs de cru, la diminu¬
tion de l’impôt foncier, des frais de mutation si écrasants pour les petites propriétés, le
développement des associations, des assurances et du crédit agricoles, la création des
chambres d'agriculture, Péiude des mesures de nature à arrêter la dépopulation dans les
campagnes.
Messieurs et chers Concitoyens,
Avec ma bonne volonté et mon indépendance, je viens vous proposer le concours è
F expérience, des connaissances que j’ai pu acquérir après douze années de vie politique
parlementaire, et je remercié â Pavaiice ceux d'entre vous qui voudront bien m'honorer de
leurs suffrages.
Vive la France î
Vive la République !
Paul BERTRAND, Député sortant,
Cdhdkhtt républicain.
tiircdnscriptibn de VlÎRY-LE-FRAtfÇOIS
M. PERROCHE
Mes chers fcbheitbyehs,
Vous êtes appelés, lé 27 avril, à voter pdur l’êlecdôh dé votre député.
Sur lea ihâtaüfeèè tl'iiii grand notribrë dé représentants autorisés du parti républicain
libéral et progressiste, jé pose trié candidature ët je viens solliciter vois ëülïrages.
Je ne suis pas fin ndUVeâd vëhd palrtui Vbbs: Bepiiià plüs de vingt ans, j’àppartîensà
votre arrondissement; depuis douze ans, je suis maire de la commune d’Outines; et, dej^i*
dix ans, je tais partie dd Ctinseil général c'omfile représentant du cantdH de Saint-Remy-en-
Bouzetiiont.
Mbti séjour prolongé â là icsmpàgflë; tnës relations pêMàheiitës avëc îéS culüHtéiitë
N° 1162
— MJî —
ra>ODt initié depuis longtemps à leurs besoins. La surveillance de mon exploitation m’a per¬
mis d’acquérir l’expérience des choses agricoles.
L’agriculture étant la base principale de la fortune publique, il est temps de lui donner
dans les discussions parlementaires la place qui lui est due, et d’accorder une protection
plus efficace à cette branche si ipapprtapcp flp nofre prp^ptjon nationale.
Au nombre des lois laissées en souffrance par les législatures précédentes, il en est
dont la réalisation me semble possible et urgente. Je veux parler de la constitution des
Chambres d'agriculture élues par les cultivateurs; — de l’organisation plus pratique du
crédit et des assurances agricoles; — de la réglementation des marchés à terme et de la
répression de l’agiotage; - ç|p fnodificatipn de fifltrS législation sucrière en vue d’atté¬
nuer ies effets regrettables de la conférence de Bruxelles ; — du maintien du privilège des
[ houilleurs de cru; - enfin, du dpgr^pmpnt (Jesj tfrpits fiscaux qui pèsent si lourdement sur
Sa propriété ionciêre, r
Parmi les questions d'uii autre ordre qqi §pqt aclpellômept qp suspens figurent l’impôt
trie revenu, les retraites ouvrières, la diminution de la durée du service militaire et la
[ réduction des dépenses publiques.
Je n’accepte pas le projet de rimpôt sur le revenu tel qu’il est présenté, et je repousse
[ d’autre part toute taxe ayant un caractère arbitraire et inquisitpri ai¬
le projet de loi sur les retraites ouvrières ne me paraît pas réalisable tel qu’il a été
| proposé, je considère qu’il conviendrait de chercher la solution du problème dans Pexten-
I sion des couvres de mutualité.
Je suis partisan de la limitation progressive du service militaire et de sa réduction à
| ans, à la condition d’apporter dans l’application de cette réforme toute la prudence
qu’exigent les intérêts de la défense nationale,
| Afin d’alléger le fardeau croissant des dépenses publiques, je demande la suppression
; des rouages et des fonctions inutiles,
A ces réformes, il y a lien d’ajouter la limitation la plus stricte de l’initiative parleraen-
: taire eu matière de budget, qui donne lieu à des abus et ne permet pas de réaliser toutes
! les économies réclamées par les contribuables.
Électeurs,
Far ce que je viens de vous dire, vous avez compris que je ne veux que des réformes
!• possibles et vraiment pratiques. Et ces réformes, vous ne l’ignorez pas, c est en restant
résolument sur le terrain des affaires qu on peut parvenir à ies réaliscï, Je ne méconnais
I pas pour cela l’importance du rôle de la politique, et je vous dois à cet egard des explica-
I lions dont la précision et la netteté ne laisseront pas place à aucune équivoque.
Je veux une politique franchement républicaine; je la veux franchement libérale, le
veux la liberté absolue de conscience qui, seule, peut amener la pacification religieuse. Je
[ veux la liberté du travail qui, seule, peut mettre un terqie à toutes ces grèves si préjudi-
f diables aux ouvriers et si dangereuses pour l'avenir de nos industries. Je veux la libellé de
: renseignement à tous les degrés et pour tous les citoyens.
Je veux enfin une République franchement démocratique et patipnale, ouverte à tous,
et qui rassemblera sons les plis du drapeau tricolore tous les enfants de la France dans un
! même sentiment de patriotisme, de concorde et de fraternité.
Vive la France!
I Vive la République I
Paul P’ERRÜCHE,
Docteur en droit, Maire d’Qutines,
Conseiller général de la Marne,
MARNE (HAUTE-)
Circonscription de CHAUMONT
M. DOUBLON DE ROUVRE
Élu au 2° tour de scrutin* — 10*193 voix.
Mes chers Concitoyens,
Présenté à vos suffrages par le Comité républicain progressiste de l'arrondissement de
Chaumont, je pose ma candidature aux élections du 27 avril,
j'ai accepté de porter le drapeau de notre parti, parce que j'estime pouvoir faire cerne
utile si vous m'honorez de votre confiance.
Je veux une politique franchement républicaine, mais aussi franchement libérale.
je veux la liberté pour tous :
Liberté de conscience ;
Liberté de renseignement;
Liberté d'association ;
Liberté du travail,
La Chambre de demain aura à s'occuper des lois laissées en souffrance et dont la réali
sation est urgente.
Elle devra créer des Chambres d'agriculture élues par les cultivateurs, et des Conseils
du travail élus par les ouvriers, syndiqués ou non.
Elle devra maintenir intégralement le droit des bouilleurs de cru, si gravement menacé
par la loi néfaste qu’ils doivent à la dernière législature.
Elle devra dégrever la propriété foncière et diminuer les droits fiscaux qui pèsent bl
lourdement sur cette propriété.
Je suis partisan de ia réduction du service militaire à deux ans, complétée par une loi
des cadres.
Adversaire résolu de l'impôt progressif et global sur le revenu, qui serait fatalement
arbitraire et inquisitorial, je veux l’impôt sur le revenu, basé sur lee signes extérieurs date
richesse.
Je voterai un projet qui, par l'exercice de la mutualité, subventionnée par l'État, assu¬
rera des retraites ouvrières aux travailleurs de la ville comme aux travailleurs de la cam¬
pagne, sans distinction de sexe.
Enfin, il est temps de mettre un terme au développement toujours croissant des
dépenses publiques, par la suppression des fonctions inutiles, la diminution des traiteméj®
exagérés, — et par l’interdiction faite aux députés de proposer une dépense nouvelle en
une augmentation de crédit» s'ils ne présentent m même temps une recette équivalente.
Électeurs,
Patriote convaincu et pénétré du sentiment de la grandeur de notre pays, j'aurai a
cœur, si vous m'envoyez à J a Chambre, de faire cesser les attaques inqualifiables dont les
— 517 —
N° 1162
cosmopolites et les sans-patrie abreuvent notre chère année, et le régime d'oppression, de
délation et de favoritisme qui pèse si lourdement sur nous depuis trois ans.
A l'alliance des radicaux avec les collectivistes et les révolutionnaires, nous opposerons
l'alliance des républicains progressistes et libéraux, l'alliance de tous ceux qui veulent réel¬
lement la France libre et forte.
Vive la liberté I Vive la République!
Groyez, mes chers Concitoyens, à tout mon dévouement,
BOUKLON DE ROUVRE,
Ancien Député, Maire de Verbiesles.
Circonscription de LANGUES
M. Léon MOUGEOT
Elu au lor tour de scrutin, — 12.789 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
Le congrès du 18 avril, auquel ont pris part près de 2.000 républicains de l'arrondisse¬
ment, depuis les plus modérés jusqu'aux plus avancés, a sanctionné, à l’unanimité, ma
candidature d'union républicaine.
Ces citoyens, dans leur clairvoyance et leur perspicacité, ont estimé qu'à la coalition
nationaliste il fallait opposer le bloc des forces démocratiques, marquant ainsi leur suprême
désir d'assurer d'abord le triomphe de la République républicaine sur J autre.
C'est qu’à la vérité, ici, à cette heure, la lutte n'est point engagée entre fractions du
grand parti républicain, mais entre la République parlementaire et la République plébisci¬
taire, entre la République démocratique et le pouvoir personnel.
Ai-je besoin de vous dire que celui qui a eu l’honneur de faire partie, depuis trois ans,
du ministère de défense et d'action républicaines pensera, demain comme hier, que le pre¬
mier devoir d'un républicain et d'an bon Français est de défendre le régime parlementaire,
le seul qui puisse garantir nos libertés publiques, le seul qui soit à même d'assurer la
marche incessante du progrès dans l'ordre social, le seul qui puisse donner au monde tra¬
vailleur, dans l'ordre économique, la stabilité et la sécurité du lendemain, le seul enfln
qui, au point de vue patriotique, nous prémunisse contre la politique d'aventures.
Croyez donc, mes chers Concitoyens, que si vous me faites l'honneur de renouveler le
mandat que vous avez bien voulu déjà, en 1893 et en 1898, me confier, je le remplirai, en
républicain soucieux de sauvegarder l'avenir de la République par le développement des
idées de liberté, de justice et de progrès.
Si, comme j'en ai la conviction, ia Chambre future comprend une majorité de républi¬
cains désireux d'accomplir le plus grand nombre possible des réformes attendues par le
pays, je serai, vous le savez, de cette majorité, et c'est de toutes mes forces que je collabo¬
rerai à la rèalisati&ri de cette œuvre.
Mon programme, que vous avez déjà ratifié, comprenait, dès 1893, ia réduction du ser¬
vice militaire à deux ans. J'espère que la législature qui va s'ouvrir ne s'achèvera pas sans
que cette réforme soit entrée dans le domaine des faits.
Je suis resté un partisan de la réforme des contributions directes et de l'impôt sur le
— 518 —
revenu. Aussi je rappelle, pour ceux qui, de bonne foi ou de mauvaise foi, pourraient con¬
tester cette déclaration, que le Ministère Waldeck-Rousseau a déposé sur le bureau de la
Chambre, dans le cours de la session ordinaire de 1000, un projet de loi qui a été renvoyé à
la Commission de l’impôt sufc le revenu, et que le premier article de ce projet était ainsi
conçu : « Il est établi un impôt général sur le revenu ».
La Commission n'ayant pas déposé de rapport en temps utile, Ig question q’a pu trou-
ver place dans les débats parlementaires de la dernière législature.
Je désirerais vivement voir aboutir le projet de loi sur la caisse des retraites pour la
vieillesse. Les ouvriers des champs, comme les ouvriers de batelier, devront être 1 objet de
préoceupafjpns égales et çonstqqtps de la part du législateur.
Mon concours est tout acquis aux mesures qui ont pour but le développement du crédit
agricole. . ,
Les œuvres de mutualité doivent être encouragées et puissamment aidees.
.le répète qu'à mon sens, le capital et le travail, loin de se traiter en frères ennemis,
doivent se prêter un mutuel appui.
Je resterai, comme je bai ëtà à mon banc de député et au sein du Gouvernement, le
défenseur passionné du privilège des bouilleurs de cru qui, aujourd'hui, grâce au Ministère
Waldeck-Rousseau, est devenu le droit des bouilleurs de cru.
Enfin, mes chers Concitoyens, ai-je besoin de dire, dans ce pays où je suis connu de
tous et où je compte tant d’amis, que, chaque fois qqe vp$ intérêts particuliers ne seront
point en conflit avec l’intérêt général, je serai toujours heureux de vous continuer mon cou-
cours dévoué.
Tout pour et par la République! Vive la République des républicains!
Léon MOUGEOT,
Sous-Secrétaire d’Etat des Postes et déS Télégraphes,
Député sortant,
Ancien maire de Lang tes, conseiller général du canton de Moutigny-lg-Roi,
Président du Comice agricole de Neuilly-l’Évôque,
Président de PAsgqciatioq haut-iparnaise d’horticulture de i’arrondissemeqt de Cangres,
Secrétaire de la Société d’agriculture de l’arrondissement.
Circonscription de WA SS Y
M. A. ROZET
Elu au 2“ tour de scrutin. — 9.60A voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
je viens solliciter de vous le renouvellement de mon mandat législatif.
Si hautement et si constamment républicaine qu’ait été mon attitude dans les trpis der¬
nières législatures, je vous dois certaines explications.
La dernière législature a été I une des plus fécpndes de la République. Elle a résolu des
questions toujours réservées parce qu’elles paraissaient insolubles : d’idées que Pou consi¬
dérait comme irréalisables, elle a fait des réalités vivantes et des lois justes.
A la Chambre, le grand parti républicain était divisé. Il s’agissait de trouver un terrain
d’èntënté où, $ànë répudier leur particularisme, les dîffèréSfà grôii|ïeS f>ôuirâîëht coopérer
à uh coiïiïiiùti effort ; unis, les républicains devaient formée üné màjdHtë irrésistible.
Un Ministère naquit, fondé sur cc principe ijiii ëst la sagessë mêtiië : exclure toüt cë
qui sépare et rechercher tout ce qùi unit. L’ ardeur de la République fait sëù hbthdgêüéifcè.
Il t’a victorieusement dôfendüe cofître les ëiitreprisèâ de la rué et contré tüütes les opposi¬
tions coalisées pour l'accaparer ei la détruire. Soutenu par leà républicains, il a pu dépasser
rordinâire limite de 1 à vie ministérielle, Non seulement sa carriêrë a été la plus longue*
mais encore la plus réformatrice que Ton èüt encore vuè. 11 a fait honndür à la France
républicaine.
A l’extérieur, les grands intérêts français ont été habilement ët fermement défendus.
Dans PËxtrême-0 rient d'âfaord, daiis le Levant ensuite, les soldats de la France ont fait
admirèf avëc la brillante ét traditionnelle bràvouré de notrë armée leur fortë discipline et
leur incomparable humanité. Natte alliance avec là Russie dévient chaque jour plus intime
et pîuâ èciatanfë : pour la sëconde fois le Tsar a visité notrë pays et pour la seconde fois Uli
Président de la République va ldi rendre Sà viëitô. Le nom ftstriçais n’â riëii perdu dë Sofl
prestige, et la France rcpublicaihë garde grande et légitime plàce dab§ lë monde.
Àü dedans, seul jtfsqu’ici de {dus lés Mifiistèrëè républicains, ëë MiùiStërë à fëàliâê litté-
rülèiÈifetit ét intégralement son programmé écondrniqüë et social,
L* action gouvernemental é a sii éirë à la fois hardié dâfts ViSêës ëfc prudëdté dans
ses moyens. Elle a osé s’attaquer à des institutions caduques et qui ïT avaient plus pour elles
que la sainte poussière du temps. Avec une équité supérieure à la jüstiëë, ellë s’est Inébran¬
lablement exercée çn faveur du plus grand ëorhbre. Elle a travaillé avec passion à ifttroduire
dans la loi et dans l’impôt plus de justice sociale.
Les générations politiques se succédaient en se transmettant le fétichisme de l’oetroi.
Il était ruineux pour l’a gri cul tu ré, il êchtsàit là fàiüilië dilvriÈfë, mais qtië deviëildtait sans
lui la grande ville? Enfin un coup décisif lui a été porté; il ne s’en relèvera point et sa dis-
parition totale n’est qu’une affaire de temps.
Je me suis prononce contre Toctroi toutes les fois que j’en ai trouvé l'occasion. Mais
ma sollicitude pour l’agriculture ne s’est pas bornée là : mon intervention à la tribune
m’a permis d’obtenir une augmentation de crédit pour le cadastre; plusieurs communës
de l’arrondissement de Wassy vont en ressentir les heureux effets au plus grand avan¬
tage de la propriété foncière et de la petite démocratie rurale. J’ai maintenu avec energie
les privilèges des bouilleurs de cru et j’ai voté, en même temps que la suppression
pure et simple de l’admission temporaire des blés, toutes les lois dites agricoles justement
réclamées par nos laborieux cultivateurs. Je continuerai. Les agriculteurs peuvent compter
sur moi.
Une suite de lois que l’on proclamera admirables le jour où elles seront entrées dans
les mœurs ont réglé les rapports entre le capital et le travail sans attenter à la liberté de
l’un ni de l’autre. Le Président du Conseil les a pour ainsi dire consacrées par deux arbi¬
trages mémorables. L’association professionnelle et la mutualité, toutes les formes de la
solidarité sociale eut été largement encouragées. A ce merveilleux élan d’humanité gouver¬
nementale et parlementaire en faveur des travailleurs , de leur bien-êt3"e et de leur dignité,
je me âuis associé de toute mon âme. Les traditions de ma famille et mes sentiment des
profonde sympathie à l’égard des ouvriers m’y incitaient à l’euvi. Depuis cent ans, entre
ma famille et la famille ouvrière du Glosmortier, l’entente la plus cordiale n’a jamais cessé
de régner.
Je n’éprouve aucun embarras à vous parler de la loi sur les associations. dettû loi, tout
le monde la réclamait depuis longtemps, mais tous les Ministères reculaient devant la diffi¬
culté. Lorsqu’on apprit que le Gouvernement s’en occupait, un des hommes d’État républi¬
cains les plus en vue s’écria : Une loi sur les associations! Jamais on ne la fera parce qu’elle
est infaisable I
La nécessité pressait. Certaines associations religieuses, l’une d’entre elles surtout,
étaient notoirement hostiles au régime républicain et au progrès démocratique. Il n’y a pas
— 520 —
d’État au monde qui puisse tolérer celte sorte d’insurrection intérieure. Le Gouvernement
déposa un projet de loi sur les associations. Certes l’État y pariait en maître et imposait ses
conditions : sa souveraineté et sa suprématie, ses droits de contrôle, de limitation et de
répression ne sont-ils pas absolus? Le Parlement crut devoir aggraver ce projet de loi. Les
raisons de la majorité 11e m’ont point paru décisives; je me suis abstenu. C’est le devoir
rigoureux de toute conscience qui doute.
Et maintenant la loi est votée. Il faut compter sur les esprits à la fois fermes et tolérants»,
dont je crois être, pour qu’elle soit appliquée avec intelligence et modération, sans aucune
passion : instrument nécessaire de Gouvernement et d’administration, il ne faut pas qu elle
dégénère en une arme d’oppression sectaire.
' Oui, j’ai soutenu le Ministère et je m’en glorifie. Je l’ai soutenu parce que, vue de haut
et ensemble, son œuvre est bonne, saine et forte, pénétrée de l’esprit républicain et démo¬
cratique. Je soutiendrai de même tout Gouvernement républicain qui, inébranlable sur les
ntangibles principes de 89 : liberté de penser et de croire, propriété individuelle et sûreté
personnelle, s’efforcera de développer cette charte primordiale de l’homme et du citoyen et
d’en faire jaillir toujours plus de justice sociale et d’humanité.
Plusieurs grandes questions occuperont la nouvelle Chambre : le service militaire de
deux ans, la liberté d’enseignement, les retraites ouvrières, les lois agricoles, notamment
en ce qui concerne le développement du crédit et de l’instruction agricole. — Je volerai
tout cela sans hésitation*
Il y a des républicains qui ne bougent point, d’autres qui marchent et d’autres qui
courent. Je suis de ceux qui marchent, sans condamner d’ailleurs ni ceux qui me suivent ni
ceux qui me devancent.
Électeurs républicains de l’arrondissement de Wasayî
L’heure présente est grave. Voici, après le 16 Mai et le boulangisme, un troisième et
plus furieux assaut contre le régime républicain, contre l’Etat laïque, la société moderne et
les conquêtes de la Révolution. Les assaillants changent de nom. Hier boulangistes,
aujourd’hui nationalistes, Mais ce sonttoujours les mêmes hommes : leur fond, c’est la haine
de la République. Ils se disent républicains, ils ne le sont point, ils ne peuvent pas l’être.
Ils incarnent ce qui n’est plus et ne peut plus être. Nous sommes le présent et la vie; nous
sommes la démocratie républicaine, l’avenir et l’espérance. _
Il y a des partis républicains, et il est nécessaire qu’il y en ait. Mais, si séparés qu ils
puissent être, un lien indestructible les unit : c’est l’amour de la République et le culte du
progrès républicain* Quand la République est menacée, tous les républicains se lèvent, sc
serrent autour du drapeau et marchent à l’ennemi.
C’est par l’union que vous avez triomphé du boulangisme. C’est par l’union que vous
triompherez du nationalisme. Au bloc nationaliste, opposez le bloc républicain. Vous êtes les
plus nombreux; unis, la victoire est à nous.
C’est au nom seul de la République que je me présente à vous.
C’est comme républicain que je sollicite vos suffrages.
Vous avez trop à cœur les intérêts essentiels du pays et de l’arrondissement pour ne pas
concentrer vos voix sur un homme qui, pendant douze ans, n'a cessé de rendre des services
et qui, lorsque vous lui aurez renouvelé votre confiance, se trouvera plus que jamais en
situation d’en rendre de plus nombreux et de plus grands.
Veuillez agréer, Messieurs et chers Concitoyens, l’assurance de tout mon dévouement.
Vive la République!
A. ROZET, Député sortant,
Candidat républicain
f
MAYENNE
Circonscription de CHATEAU -GONTIER
M. le duc de BROGUE
Élu au 1er tour d-; scrutin. — 11.57(1 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
Je viens, pour !a troisième fois, vous demander le renouvellement de mon mandat de
Député. Je me présente comme candidat aniiministêriel.
Depuis trois ans, sous le faux prètexie rie défense républicaine, le Ministère, constitué
pour réhabiliter un traître deux fois condamné par les Conseils de guerre, a recherché
l’appui des internationalistes, des sans-patrie.
Après avoir pris part officiellement à des fêtes où flottaient des drapeaux rouges et des
drapeaux noirs, après avoir renié ainsi noire glorieux drapeau tricolore, il a laissé ses amis
diffamer les chefs de notre armée, mettre en suspicion le corps des officiers, prêcher la
révolte et la crosse en l’air jusques aux portes des casernes.
Mieux encore, le mois dernier, il a essayé de détruire complètement, par voie budgé¬
taire, le haut état-major général, déjà désorganisé par les suites de l’affaire Dreyfus.
Pour donner le change à l’opinion, le Ministère a fabriqué de toutes pièces un complot
qui, après de nombreuses perquisitions arbitraires, violations de domicile, arrestations
injustifiées, a abouti au procès de la Haute Cour et à l’exil de bons Français et de bons
patriotes.
11 a ensuite fait voter, par une majorité de sectaires, sa loi sur les associations. Vous en
connaissez les conséquences : les congrégations sont dissoutes, leurs membres obligés de
fuir à i’étranger, leurs œuvres à l’abandon, leurs biens liquidés par autorité de justice.
Non content d’appliquer les lois scolaires dans toute leur rigueur, il les a considérable¬
ment aggravées en réduisant à trois ans le délai dans lequel toutes les écoles publiques de
filles devront être laïcisées. De pins, il prépare des mesures qui feront fermer nos collèges,
nos instituts catholiques. Le Ministère veut nous enlever nos enfants, veut nous empêcher
de les élever, de les faire instruire par des maîtres de notre choix.
Par la spoliation des congrégations, par la réforme des successions qui frappe les petites
fortunes sans toucher aux grosses, le Cabinet a porté atteinte à la propriété ; par ses encou¬
ragements aux grévistes, par ses lois entravant la liberté du travail, il a arrêté l’essur de
notre industrie et de notre commerce. Les candidats qu’il patronise demandent l’impôt
global sur le revenu qui, en dehors de son caractère Yexatoire et inquisitorial, est la main¬
mise de l’État sur nos biens.
Toutes ces mesures antipopulaires ont eu pour résultat le déficit. Il s’élève, d’après
M. Jules Roche, ancien Ministre de la République, à la somme formidable de prés d’un mil¬
liard, exactement 95è millions.
Je viens donc yous demander à tous, quelles que soient vos opinions, de protester sur
mon nom contre tous ces agissements i
M
— 522
Dans la prochaine Chambre, je voterai, comme j'ai toujours voté, pour la défense de vns
droits et de vos libertés,
le me prononcerai énergiquement contre tout impôt nouveau, contre tout nouvel
emprunt.
J'appuierai toutes les propositions destinées à rétablir, par de sagrts économies, féqub
libre dans nos finances, et à combler le déficit.
Je voterai en faveur de l'autorisation des congrégations qui en ont fait la demande.
Partisan de la réduction du service militaire, ainsi que je- Fai prouvé par mes votes, je
ne ^accepterai toutefois qu’à la condition expresse qifelle ne compromette en aucune façon
la force de notre armée et qu'elle ne mette pas en péril la sécurité de la France.
Je défendrai îe droit des bouilleurs de cm, si injustement attaqué et de plus en plus
menacé.
Je soutiendrai tous les projets tendant à relever l'agriculture, à protéger la vente de vos
produits contre la concurrence étrangère, a assurer a tous les travailleurs, sans augmenter
les charges de la nation, une vieillesse à l'abri du besoin.
En un mot, dans toutes les circonstances, comme je Pai fait jusqu’ici d'ailleurs, je
m’inspirerai de vos intérêts, de vos besoins* de vos aspirations.
Sur tous ccs points. Messieurs et chers Concitoyens, nous sommes certainement
d'accord.
Ma candidature est un acte de protestation contre le Ministère; ma candidature est une
affirmation de vos croyances religieuses, de yos droits de catholiques, de vos libertés de
citoyens; ma candidature est enfin un témoignage de notre respect, de notre admiration pour
1 "aniiée, que tous nous voulons grande* glorieuse, défendue contre ses ennemis de l’inté¬
rieur, comme elle nous défend contre les ennemis de f extérieur.
C’est pourquoi, Messieurs et chers Concitoyens, certain de vos sentiments, fort de mon
passé, je viens sans crainte me présenter devam vous. Vous répondrez à mon appel ; vous
joindrez vos protestations à la mienne, et le 27 avril, vous déposerez un butlelin en mon
pom au cri de : Vive la France! Vive la liberté! Vive l'armée!
Duc de BROGLIE,
Député de la Mayenne,
Conseiller général du canton de Craon,
Candidat antiministériel*
lr* circonscription de LAVAL
M* )e comte d’ELVA
Flu gu îer tour de scrutin. — 11.37? vpix.
Électeurs,
Voici treize années que je suis votre mandataire au Parlement, c’est dire que je suis
parfaitement connu de vous tous.
Je vous disais, il y a quatre ans, que mon concours était acquis à une République
tolérante et modérée, vis-à-vis d'une République intolérante et oppressive!
Nous avons fait du chemin depuis quàtre ans !
Le Gouvernement est tombé entre le§ mains des sectaires^
Sous prtfcXie de liberté, les ministres qui nous gouvernent, pour la honte et la ruine
de la Patrie, se sont livrés aux pires attentats contre nette môme liberté.
Le ministère, créé par les juifs pour la réhabilitation du condamné Dreyfus» a commis
lesaUts les plus scandaleux, aux applaudissements répétés des cosmopolites, qui se sont
abattus comme une banne d oiseaux de proie sur botrè beau pays.
Rien ne nous est épargné :
Gaspillage insensé de nos finances ;
Persécutions de certaines catégories de citoyens français ;
Désorganisation de Tannée nationale, sauvegarde de notre honneur et de nuire indé¬
pendance ;
Ruine à brève échéance de notre industrie et de notre commerce ;
Appauvrissement de notre agriculture.
Plus encore : les collectivistes se sont introduits dans le Gouvernement.
Leur n présentant attitré, le citoyen Millerand, y parle en maître. Sous prétexte de
Rvuriser l’ouvrier, il a fait voter des lois qui 11e sont qu’un trottlje-Tœil ut dont le plus clair
résultat a otè de rendre plus difficile la situation des travailleurs.
Si vous ne mettez un frtin à ce débordement de passions honteuses et malsaines, gare
l’avenir !
Électeurs,
Voua pouvez comme toujours compter sur moi.
Je reste le candidat de la République tolérante et libéiale ; de la République patriote \
eu an mot, de la République française.
Je suis Tirn plaça ble adversaire de ce ministère de sectaires et de tyrans.
Votre choix n'est pas douteux.
Vive Tunion de tous les bons Français, de tous les patriotes* de tous les vrais libéraux.
A bas les Dreyfusards 1
A bas le Ministère I
Christian d^LVA*
Maire de Change,
Conseiller général de Laval-Ouest,
Député de la Mayenne.
circonscription de LAVAL
M, DUTRE1L
Élu au 1er tour de scrutin. — 5,583 voix*
Chers Concitoyens,
Depuis trois ans, le pays est sous le joug d’un ministère né de l'affaire Dreyfus.
Sî ce ministère rTa pu réhabiliter le traître deux fois convaincu de trahison, il n’en a
pas moins poursuivi son œuvre funeste :
Désorganisé l’armée, dont trente ans d’efibrts incessants avaient fait une dis premières
du monde ;
— 324 —
Violé la Constitution républicaine, en faisant du Sénat un tribunal d'exception ;
Supprimé la liberté individuelle, violenté les consciences, mettant hors du droit
commun toute une catégorie de citoyens et enlevant au père de famille le droit le plus
sacré ; celui de faire élever ses enfants comme il lui convient ;
Attisé les liaines sociales, provoqué les grèves, entretenu 1 inquiétude, paralysé les
entreprises qui assurent la vie de l’agriculture et de l’ouvrier ;
Amené en une année dans nos linances un déficit avoué de 175 millions.
Comprenant enfin les dangers qui la menacent, la France s’est dressée contre ses
oppresseurs.
La ligue de la Patrie française a jeté le cri d’alarme.
Elle a décidé de combattre tous les députés qui ont soutenu de leurs votes ce ministère
néfaste. C'est pourquoi je viens solliciter vos suffrages.
l’appartiens à une vieille famille de la Mayenne. Tous mes intérêts et toutes mes affec¬
tions me rattachent à notre pays commun.
Ancien officier, je crois mieux que certains autres être préparé à étudier les questions
militaires à l’ordre du jour et pouvoir rendre service aux jeunes gens appelés sous les
drapeaux.
Électeurs,
le servirai fidèlement la République. Je la veux ouverte à tous, tolérante, économe de
nos deniers, appliquant les principes de liberté et d’égalité qui sont sa raison d êire.
Je combattrai résolument les politiciens qui ont divisé le pays, les collectivistes qui
veulent abolir toute propriété, les fauteurs de désordres qui nous amèneraient la guerre
CIV J-le *
je veux Pabrogation des lois sectaires qui violent la liberté individuelle, la liberté d'as¬
sociation et la liberté de conscience.
Je veux: pour l'agriculture, une protection sage et intelligente en même temps que
l'organisation pratique du crédit agricole ;
Pour le commerce local, des mesures défensives contre l'envahissement des grands
magasins et une plus juste répartition des patentes ;
Pour le contribuable, la modération des dépenses publiques, la diminution du nombre
des fonctionnaires par voie d’extinction, de façon à respecter les droits acquis; la réduction
des frais de justice ;
Pour les travailleurs, le développement des œuvres de mutualité et de prévoyance qui
mettraient leur vieillesse à l'abri du besoin.
Je m'associerai à toute mesure qui, sans compromettre la défense nationale, aura pour
objet de réduire la durée du service militaire.
Je défendrai énergiquement l'armée contre les attaques inqualifiables auxquelles elle
est en butte et contre les désorganisateurs qui s^charnent à sa perte.
Électeurs,
Tous mes efforts tendront à mériter votre confiance. Je vous promets de consacrer
toutes mes forces et toute mon activité aux intérêts de notre belle circonscription.
Maurice DUTREIL,
Ancien officier,
Républicain antiministèriel, candidat
de la Patrie française.
— 525 —
H* 1162
1'° circonscription de MAYENNE
M. RENAULT-MORUÈRE
Élu au 1er tour de scrutin. — 11481 voix.
Mes chers Compatriotes,
Élu sans concurrent aux dernières élections législatives, Je viens vous demander le
renouvellement de mon mandat. .
Je suis républicain, vous le savez, et je crois avoir fait depuis longtemps mes preuves
à cet égard : j’ai toujours considéré la République comme la meilleure garantie de 1 ordre, du
progrès, de la paix sociale et de la liberté. Je n’accepte aucune compromission avec ceux qui
menacent la propriété individuelle et ne respectent même pas la patrie, dont 1 année est
l’honneur et la sauvegarde. Je n’admets pas, tout en réservant les droits légitimés de 1 Etat
qu’on porte atteinte aux libertés civiles, politiques ou religieuses, et peut-être me sera-t-il
permis de rappeler que, dans le cours de la législature qui va prendre fin, j ai combattu
énergiquement pour la défense de ces principes. .
Mes états de services parlementaires me dispensent d’une longue profession de foi.
Vous ne pouvez douter de mon dévouement à vos intérêts et, si vous m’accordez encore
votre confiance, je continuerai, comme par le passé, à faire tous mes efforts pour en etre
digne.
A. RENAULT-MORL1ÈRE,
Député,
Vice-Président du Conseil général.
2' circonscription de MAYENNE
M. DÉRIÈÉRÉ-DESGARDES
Élu au l*r tour de scrutin. — 10.658 voix.
Mes chers Amis,
Désigné à l’unanimité, le 31 mars, par le Comité républicain, je me présente de
nouveau à vos suffrages. , . Pt
J’ai conscience d’avoir tenu les engagements que j’avais pris, défendu vos intérêts
rendu tous les services que j*ai pu reudre.
Mp7bîiiinTmeP“co!lvainc“1ié veux une Bépublique n'inspirant des idées d’ordre,
— Ü26 —
viduclle et combattre le collectivisme ; rapprocher, an lieu de les désunir, le capital et le
travail ; répartir d'une façon plus démocratique et plus équitable les charges de l’impôt
sans recourir à l'inquisition et a WrbiUiaifé ; maintenir les droits protecteurs et sauvegarder
vos intérêts, voiià le programme que je vous demande de ratifier.
Encore un mot :
Pas d’abstention \ C’est par le bulletin de vote que se manifeste la confiance. Plus voua
me donnerez de voix, plus j’aurai d’autorité auprès des pouvoirs publics pour la défense
des intérêts de ceux qui auront voté pour moi.
Vous pouvez compter sur moi comme je compte sur vous.
P. DJÉfilBÉRÉ-DESGAfifJES,
Député,
Candidat républicain.
— $srr —
N" 'U 62
MEURTHE-ET-MOSELLE
Circonscription de B RIE Y
M. LEBRUN
Élu au 1er tour de scrutin. — 8.700 voix.
Mes chers Concitoyens,
Vous avez bien voulu, le 23 décembre 1900, me faire le grand honneur de m’appeler à
tous représenter au Parlement ; depuis cette époque, je n’ai pas eu d’autre préoccupation
que celle de servir vos idées et vos intérêts, en demeurant strictement fidèle au programme
que vous aviez approuvé à une grande majorité, et en me mettant a 1 entière disposition de
tous ceux qui ont fait appel à mon intervention.
Aujourd'hui, fort de mon indépendance politique, dont je vous ai donné de nombreuses
preuves, et assuré à l’avance de la sympathie des conseillers généraux, conseillers d’arron¬
dissement et maires de notre arrondissement, je me représente à vos libres suffrages en
toute confiance.
La République, gouvernement légal de la France, a droit à tous nos respects, comme à
tout notre dévouement; elle n’aura pas de serviteur plus fidèle et plus résolu que moi. Par¬
tisan convaincu de la liberté de conscience, et, comme corollaire, de la liberté d’enseigne¬
ment avec droit de surveillance de l’État, partisan aussi de la liberté d’association, de la
liberté de travail, je m’élèverai contre toute atteinte portée à ces libertés.
L’armée demeure, malgré les attaques dont elle est l’objet, la grande école d'énergie,
de sacrifices et de dévouement; sachons la mettre au-dessus de nos passions politiques:
qu’une loi vienne soustraire l’avancement des officiers aux influences du moment. Sachons
aussi, dans la réforme de la loi militaire basée sur la suppression des dispenses et la réduc¬
tion du temps de service, prendre toutes précautions préalables (organisation des cadres,
épreuve du nombre de rengagements), afin de n’affaiblir en rien notre armée, sauvegarde
de la patrie.
Tels sont les principes politiques à l’abri desquels je voudrais voir le Parlement entre¬
prendre les réformes économiques qui s’imposent chaque jour davantage.
La plus importante doit tendre au rétablissement de l’équilibre budgétaire, grâce à
une politique financière faite à la fois d’économie et de prudence, grâce aussi à la simplifi¬
cation des rouages administratifs et à l’application de plus en plus large des principes de
décentralisation; je suis favorable à toute mesure restrictive de l’initiative parlementaire
en matière de dépenses, à celle, par exemple, qui interdit à tout député de proposer une
dépense s’il n’apporte en regard une recette correspondante.
L’émotion provoquée par la péréquation, opérée récemment, de la personnel le-mobi-
lière, montre avec quelle prudence il faut agir en pareille matière ; la nécessité où s’est
trouvé le Parlement de défaire ce qu’il avait fait quelques mois auparavant doit porter à la
réflexion tous ceux qui rêvent de modifier à la fois tout notre système d’impôts.
— 528 —
L’agriculture souffre d’un mal dont les causes, profondes et maltiples, demandent un
Irès sérieux examen : comine fils de cultivateur, j’entends le poursuivre avec les vrais amis
de la cuhire. En votant à une grande majorité la réglementation du régime de l’admission
temporaire des blés, le Parlement a nettement marqué son désir de soutenir les intérêts
agricoles. Organiser les chambres d’agriculture, afin de fournir aux cultivateurs une repré¬
sentation officielle véritable ; réglementer les bourses de commerce pour mettre le cours
des denrées à l’abri de la spéculation ; réviser l'impôt sur la foncière non bâtie, dont le
revenu va sans cesse en diminuant; enfin encourager les œuvres de prévoyance et de
mutualité dans les villages : telles me paraissent être les principales mesures à prendre
par la nouvelle Chambre, si elle veut rendre quelque prospérité à la démocratie rurale,
c’est-à-dire à l’ensemble du pays. Au surplus, je me rallie aux vœux émis par la Fédération
des sociétés agricoles du nord-est de ta France.
L’industrie de notre arrondissement vient de subir une crise dont elle commence à
peine à sortir et qui a eu une répercussion douloureuse sur le personnel ouvrier et sur le
commerce local ; témoin impuissant de celte crise, j’ai compris du moins quelle responsa¬
bilité incombait au représentant d’une telle région industrielle, j’ai vu avec quelle vigilance
incessante il devait suivre l’étude de toutes les questions qui l’intéressent (voies de com¬
munication, taxes douanières, tarifs de transport, etc.), s’il voulait être à l’abri de tout
reproche aux heures de chômage de nos mines, de nos hauts fourneaux et de nos
aciéries,
La législature qui finit a vu promulguer l’importante loi sur les accidents, qui met
désormais l'ouvrier à l’abri du risque professionnel; il incombe à la législature prochaine
d’organiser les retraites ouvrières. La France républicaine se doit à elle-môme de reprendre
sans tarder l’étude de ce problème où des nations voisines (Belgique, Allemagne) l’ont déjà
devancée.
Messieurs les Électeurs,
Ce programme est celui que j’ai développé devant vous, il y a quelques mois, au cours
de nombreuses réunions et auquel vous avez donné votre adhésion. S’il vous plaît d’y voir
encore une fois les principes qui permettront à notre cher pays de poursuivre dans la paix
politique le développement de ses intérêts économiques, soyez assurés que je mettrai à le
défendre toute mon énergie et tout mon dévouement.
Vive la République!
Vive la France 1
Albert LEBRUN.
Conseiller général,
Député sortant.
— 52 y —
M- 1162
Circonscription de LUNÉVILLE
M. CORRARD DES ESSARTS
Elu au 2° tour de scrutin. — 11.S6Z* voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
Je viens avec confiance vous demander d’unir vos efforts aux miens pour soustraire la
République à la domination des Juifs et des Francs-Maçons.
Républicain nationaliste, je combattrai rinternationalisme sous toutes ses formes et
par conséquent le ministère actuel, qui en subit l’influence.
Fidèle à la devise républicaine, je défendrai contre toutes les oppressions la liberté
pour tous ;
Liberté d’association complète, quel que soit l’habit que l’on porte;
Liberté de renseignement, qui est celle du père de famille ;
Liberté du travail.
Je veux le respect de toutes les croyances et je réadmettrai jamais que dans la Répu¬
blique un catholique soit considéré comme un citoyen indigne, tandis que la qualité de juif
ou de franc-maçon est un titre de faveur.
Si la loyauté m’interdit de vous faire des promesses dont la réalisation ne dépend pas
de moi seul, je dois cependant vous indiquer les réformes vers lesquelles tendront mes
efforts.
Aujourd’hui toutes les améliorations sont entravées par le mauvais état des finances;
on pourrait y remédier :
Par la diminution du nombre des fonctionnaires;
Par la décentralisation administrative ;
Par rinterdiction pour les députés de proposer des dépenses nouvelles sans recettes
correspondantes.
J’ajoute que le vote personnel ferait cesser le scandale de députés votant pour quinze
ou vingt de leurs: collègues.
Partisan ardent du progrès auquel on doit travailler chaque jour avec sagesse, je sais
que la prospérité du commerce et de l’industrie dépend pour beaucoup de l’agriculture, et
que celle-ci, source première de la richesse nationale, i\ été souvent sacrifiée. Je demande
que l’ouvrier agricole bénéficie des lois sociales comme l’ouvrier d’usine, et que l’on abou¬
tisse bientôt h créer la retraite pour la vieillesse suivant les principes de la mutualité.
Je demande La protection des ouvriers français contre L’envahissement des ouvriers
étrangers.
Je m’associerai à toutes les mesures favorables au petit commerce, dont la disparition*
outre qu’elle priverait l’État de ressources importantes* mettrait le consommateur comme
le producteur à îa merci des monopoles. Je crois donc que les syndicats, coopératives et
autres associations, doivent limiter leurs opérations aux seuls associés professionnels.
Je crois remplir le devoir de fraternité en réservant aux faibles et à ceux qui souffrent
le meilleur de mon dévouement. *
Enfin, je pense qu’it est nécessaire qu’un élu reste en contact avec ses électeurs, et je
m’engage à rendre compte de mon mandat tous les ans.
Ici, où le tragique voisinage de la frontière nous rend plus attachés à Parmée, nous ne
pouvons tolérer que ses destinées soient livrées aux capriqes de politiciens sectaires qui
tremblent devant l’étranger.
&7
im —
Je fais appel à tous les républicains libéraux et à tous les patriotes.
Avec leur aide» le 27 avril marquera une victoire pour la liberté et pour la République
française.
Vive la France!
Vive 3a République!
COERARD DES ESSARTS,
Avocat,
Conseiller municipal de Lunéville,
Candidat républicain nationaliste.
lrt? circonscription dê NANCY
M. BRICE
Élu au i** tour de scrutin* ■ — 10484 voix.
Messieurs les Électeurs et chers Compatriotes,
Les élections prochaines se préparent en des circonstances d’une gràvîté exceptionnelle
et tous vous avez le sentiment profond que nous allons à un irrémédiable désastre si le
Ministère de malheur qui nous gouverne conserve le pouvoir.
æ La victoire du ministère serait la défaite de la France ! *>
Et, en effet, ce n’est plus seulement la République, c’est la France qui est en danger*
Vous savez que le ministère qui portera dans fhîstoire le nom de Dreyfus avait été
constitué pour faire acquitter le traître* N’ayant pu y parvenir, il le gracia*
Mais l’affaire n’avait éié qu’nn prétexte pour la désorganisation sociale- militaire et
religieuse, entreprise, avec la complicité du ministère, par les ennemis de la France.
Pour compléter l'œuvre» oü a porté la main sur nos libertés.
La liberté d’association, la liberté de l’enseignement, la liberté du père de famille, la
liberté du travail, la liberté de conscience, en un mot les droits les plus sacrés, ont été
foulés aux pieds.
Les fonctionnaires, les of liciers, les employés de l’État n’ont le droft de pratiquer leur
culte que s’ils sont juifs, protestants ou maçons
L’état de grève, la lutte des classes, fomentés par les émissaires de l’État, ont jeté la
perturbation dans les affaires, et le contre-coup de cette politique d’agités se répercute sur
notre industrie et nos finances, dont elle cause la ruine.
Électeurs, mes amis,
Voulez-vous arrêter la maiêe montante de nos charges publiques? Voulez-vous garder
intactes vos libertés les plus précieuses?
Gardez-vous d’accorder votre confiance aux soutiens plus ou moins déguisés du minis*
1ère qui ruine la France et la déshonore I
Gardez-vous comme de la peste des jacobins» des sectaires et des coliectivistæsq tous
pêcheurs en eau trouble, qui n’ont d’autre but que de vivre à vos dépens!
Qu’ils agitent le spectre clérical \ Qu’ils affectent le dédain des bons Français qui
défendent le drapeau national I Cela ne porte plus*
SM —
N* 116*2
Ils sont les pires et les seuls cléricaux, les alliés des sans-patrie et des Internationa-
listes- C'est dans leurs rangs que se recrutent les détracteurs de notre armée, les délateurs
de nos officiers.
Méprisez les calomnies et mensonges intéressés des feuilles judéo-maçonniques*
Vous connaissez mon attitude politique.
j'ai voté dans la limite possible contre toute aggravation de dépense.
La situation agricole et viticole appelle toute la sollicitude du législateur. -Je ne faillirai
pas à ce devoir.
C'est avec une profonde conviction que je vous le répète : Ce n’est pas la République,
c'est la France qui est en danger.
J. BRICE, Député sortant.
2* circonscription de NANCY
M. le comte FERRI DE LUDRE
Élu au 1er tour de scrutin. — 8 , 7^6 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
Je me présenta à vos suffrages. Je sollicite l'honneur de représenter à la Chambre ia
î* circonscription de Nancy.
Républicain depuis toujours, je n’ai pas eu à me rallier, mais je yepx upe République
vraiment républicaîne? assurant à tous les libertés nécessaires. Je veux une République sage,
c'est-à-dire économe des deniers publics, mais généreuse et s'efforçant toujours vers plus
d'équité sociale.
Catholique, je réclame le libre exercice de mon culte, et le droit du père de famille de
faire élever ses enfants par les maîtres de son choix. Mais cette liberté que je revendique,
je la veux pour toutes les religions.
Fils d'une famille lorraine, attaché au sol de ce pays par une longue tradition et ^ho¬
norables services, je serai fidèle à cette tradition et ferai mon possible pour servir £ mon
tour la France et la Lorraine.
Mon indépendance personnelle me permettra de tenir parole a mes électeurs. Je q'ai
pas besoin de dire qu’aucun intérêt, aucune compromission récente ou ancienne ne peut
m’amener à cette politique de concessions et de renoncement qui nous a valu le triomphe
momentané des partie extrêmes.
Agriculteur moi-même, informé par mon expérience personnelle dçs besoins do l'agri¬
culture en ce pays, on peut être assuré que je défendrai énergiquement dç$ intérêts dont
j'ai ma part- Je veux le maintien des droits protecteurs et le droit, pour les propriétaires de
vignobles et arbres à fruits, de transformer leur récolte en alcool pour la consommation fa¬
miliale, Je défendrai très résolument les intérêts gravement menacés des vignerons de notre
région lorraine.
Je suis résolu à soutenir dans les limites des ressources réelles du budget, foute réforme
sociale tendant à améliorer le sort des travailleurs et à chercher ijotqmmcm, dans une com¬
binaison procédant (Je l’assurance et de la mutualité, la formule applicable de la loi sur les
retraites,
Jê m’engage notamment à réclamer des mesures de protection au travail national, et
— 532 —
particulièrement des impositions frappant les patrons d’industrie ou de commerce qui em¬
ploieraient des étrangers.
j’estime que la question du petit commerce, qui intéresse l’épargne française, fortune
de la Nation, est primordiale. À cet effet, je n’hésite pas à prendre rengagement, non seu¬
lement d’étudier cette question, mais aussi et surtout d'appeler Inattention du législateur
sur les modifications à apporter dans la répartition actuelle des patentes, répartition illo¬
gique au suprême degré.
Je veux des économies. Je me propose, si je suis envoyé à la Chambre, de faire une
campagne contre l’abus du fonctionnarisme.
Sur les questions particulières, qu’il serait trop long d’énumérer ici, on me trouvera,
en toute occurrence, résolu à toutes les solutions dans le sens de la liberté et de la justice.
Républicain et Patriote, je souhaite avec vous la grande France avec ses frontières natu¬
relles, la bonne et la meilleure République.
FERRI DE LUDRE,
3 e circonscription de NANCY
M. GERVAIZE
Élu au 1er tour de scrutin. — 10.054 voix.
Messieurs les Électeurs et chers Concitoyens,
Vous tn avez, il y a quatre ans, fait l’honneur de m’élire pour voire représentant à la
Chambre des députés. Je viens solliciter de vos suffrages le renouvellement du mandat que
vous m’aviez confié.
J’ai mis à le remplir toute ma conscience d’honnête homme; j’ai la conviction d’avoir
tenu fidèlement les engagements que j’avais pris vis-à-vis de vous.
Je n’abandonne rien de mon programme politique de 1898.
Républicain indépendant, c’est-à-dire non inféodé à une coterie politique, j’ai yotê et je
voterai les lois bonnes et libérales, qu’elles soient présentées par un groupe ou par un
autre.
Antisémite, aujourd’hui comme alors, je ne puis reconnaître le nom de Français, et le
droit de gouverner la France, aux cosmopolites juifs qui constituent ïe monde des rasta-
quouères .internationaux.
Je me souviendrai toujours que, faisant chorus avec les révolutionnaires et les sans-
patrie, ils ont traité de loque infecté notre drapeau tricolore, et qu’ils ont vomi l’injure
contre notre armée, l’appelant l’école du vice et de la dépravation.
Nationaliste, oui! je suis nationaliste! Je suis un de ces bons Français qui veulent
défendre la France contre les ennemis du dedans, conserver l’întêgralité de son territoire,
la faire respecter au dehors et garantir l’armée contre toutes attaques.
Libéral, je désire que la République soit honnête, tolérante et ouverte à tous; je veux
la liberté de conscience la plus abolue pour tout citoyen, quel que soit son culte.
Je veux pour le père de famille la liberté la plus entière dans le choix des maîtres qui
doivent instruire ses enfants. Je n’admets aucun monopole pour l’Université, qui d’ailleurs,
nTen réclame pas elle-même.
Je réprouve de toute mon énergie la loi sur les associations, loi néfaste s’il en fût, loi
qui ne peut que semer la division entre les Français, loi votée par une majorité de secj
— 533 — N* H 62
taires, émanation directe de la franc-maçonnerie et ne répondant nulle ment aux vœux de la
nation.
Loi militaire. — Membre de la Commission de l’armée, j'ai pris une part active à
toutes ses délibérations.
festime, avec la majorité de la Commission, que la durée du service militaire pourra
être réduite le jour où la Chambre des députés aura voté îa loi sur les cadres; mais pas
avant 1
L’impôt. — Je reste partisan de Fimpôt proportionnel, en demandant plus d'équité
dans sa répartition.
Je suis l’ennemi ouvertement déclaré de Fimpôt progressif, qui ne peut être établi que
par des mesures inquisitoriales et vexatoires pour tous.
Mais la meilleure réforme de Fimpôt est celle qui consiste à faire des économies et à
diminuer, au lieu d’augmenter sans cesse, le nombre des fonctionnaires.
Agriculture, commerce, industrie. — Je suis le défenseur ardent des droits protec¬
teurs de notre agriculture, de notre commerce et de notre industrie, ces trois grands fac¬
teurs de notre richesse nationale. Je veiïx le maintien du droit des bouilleurs de cru pour
nos vignerons, si souvent éprouvés dans notre région.
Petit commerce. — Je voterai la modification de la législation des patentes dans Finté-
rêt du petit commerce, qui traverse en ce moment, à la ville et à la campagne, une crise
effroyable.
Ouvriers des campagnes et des villes. — Partisan de la marche en avant vers le pro¬
grès elles réformes, je voterai toutes les lois justes qui auront pour but d’améliorer la
situation matérielle et morale des ouvriers : Repos hebdomadaire. — Impôt sur les ouvriers
étrangers qui viennent faire concurrence à nos nationaux. — Liberté du travail.
Décentralisation administrative. — Je suis le partisa» 'de la décentralisation la plus
large, mais aussi la plus raisonnée, assurant autant qu’il est possible l’autonomie de la
commune et du département.
Je veux un gouvernement qui sache tenir haut et ferme le drapeau de la France et de
b République vis-à-vis de Fétranger, un gouvernement qui assure la défense nationale en
dotant la France d’une armée forte, instruite et disciplinée, un gouvernement qui fasse
respecter par tous F armée et ses chefs.
C’est vous dire, mes chers Concitoyens, que je me présente à vous comme Fadversaire
résolu du gouvernement d’oppression que la France subit, malheureusement, depuis de
bugs mois.
Messieurs les Électeurs,
Si vous m’honorez de nouveau de vos suffrages, vous pouvez être assurés que mes
^ütes s’inspireront toujours de l’intérêt supérieur de la France et de la République.
Vive la France aux Français I
Vive ta République !
L. GERVÂIZE, Député sortant,
membre des Commissions de Farinée et de législation criminelle,
candidat républicain, antiministériel.
Circonscription de TOUL
M* CHÀPOIS
Élu au 2* tour de scrutin* — 7407 voix*
Messieurs Iss Électeurs et chers Concitoyens,
Nous venons avec confiance vous demander le renouvellement du mandat législatif
que vous avez donné en 1893 et en 1898 à M. le docteur Cbapuis, qui est encore aujourd'hui
le candidat de la République démocratique.
La candidature du docteur Chapms, connu de tout temps comme un patriote siitcèr*,
est toute de franchise et d'union républicaines.
Nommé, par ses collègues du Parlement, membre des importantes Commissions de
fermée et de prévoyance sociale, notre député a pris mie part active à leurs travaux et a
provoqué le vote de lois utiles à J a défense nationale.
Nous espérons que, comme au Seize-Mai et comme au temps de la conspiration bou-
langiste, les républicains de notre circonscription uniront leurs efforts pour la défense de la
République, menacée par ses éternels adversaires. Bans les luttes précédentes, les réac¬
tionnaires combattaient à visage découvert : aujourd'hui nous les retrouvons déguisé en
républicains et s'apprêtant, sous la bannière cléricale et nationaliste, à livrer un suprême
assaut a nos institutions.
Malgré sa gravité, la situation a l'avantage d'être très claire : d’un côté, toutes les forces
coalisées de la réaction et du cléricalisme; de l'autre, la démocratie tout entière debout
pour la défense delà République et de ses lois. A la coalition disparate de nos adversaires,
nous opposons un programme aussi net dans ce qu’il écarte que dans ce qu'il réclame:
nous ne voulons ni du collecdyiswe révolutionnaire, ni dé la réaction, mais nous désirons
upe politique de réformes et de progrès démocratiques *
Notre programme n'a pas varié; c'est le vieux programme républicain sur lequel vous
avez élu déjà deux fois le docteur Chapuis et qu'il a fidèlement défendu depuis qu’il
a l'honneur d'être voire représentant à la Chambre des Députés. Le voici résumé à nou¬
veau :
Au point de vue politique ■: Défense de la République, dans sa Constitution et dans ses
lois, contre la coalition réactionnaire .
Au point de vue administratif : Décentralisation et simplification administratives* —
Réduction du nombre des budgétivores et des traitements exagérés de certains fonction¬
naires. — Économies rigoureuses dans les finances publiques* afin d'éviter les emprunts et
impôts nouveaux.
Au point de vue extérieur : Conservation de nos possessions coloniales, sans deman¬
der d'autres extensions, et maintien de Fallîance, si utile à la paix européenne, qui nous
unit à la Russie*
Au point de vu® agricole : Protection énergique de l'agriculture et de la viticulture, par
le dégrèvement des charges qui les écrasent et par la lutte contre la spéculation et l'agio¬
tage, qui les exploitent et qui les ruinent. — Création de chambres d'agriculture, élues par
le^ intéressés dans chaque arrondissement. — - Protection des campagnes contre le vol, la
mendicité et le vagabondage.
Au point de vue judiciaire : Réduction et suppression graduelle des frais de justice:
simplification de la procédure ; extension de la compétence des juges de paix;
— 338 — N° H 62
Au point de vue industriel : Union féconde du capital et do travail qui, seule, peut pro¬
curer la paix sociale et éviter les grèves.
Au point de vue religieux ; Liberté de conscience pour tous les citoyens. — Protection
de tous les cultes, sous la condition que leurs ministres ne fassent pas d’incursion dans îa
politique et soient respectueux des lois de l’État, comme tout citoyen doit l’être.
Au point de vue fiscal : Refonte générale de notre système d’impôt, par l’établissement
d’un impôt progressif sur le revenu, avec exemption à la base, et suppression graduelle des
contributions directes et indirectes, actuellement existantes; révision de la législation
des patentes, par la diminution des patentes pour les petits commerçants et l’augmentation
de celles des grands magasins. — Défense du droit des bouilleurs de cru reconnu par la
loi des boissons.
Au point de vue scolaire : Maintien des lois scolaires et de la neutralité des écoles pu¬
bliques en matière confessionnelle.
Au point de vue social : Organisation d’œuvres de solidarité sociale et de caisses de
retraites pour les travailleurs atteints par la vieillesse ou l’invalidité. — Protection des ou¬
vriers français contre la concurrence des étrangers.
Au point de vue militaire : Maintien d’une armée permanente fortement organisée, sur
laquelle la patrie puisse compter pour sa défense. — Égalité réelle du service militaire pour
ions, - Sa réduction à deux ans. — Suppression de la taxe militaire, qui n’est souvent
qu’un impôt injuste sur l’infirmité.
Au point de vue local : Construction du chemin de fer de Toul à Thiaucourt.
Électeurs républicains,
Les ennemis de la République usent de tous les moyens pour surprendre votre bonne
foi : il se déclarent les seuls patriotes, les seuls républicains, réformateurs et libéraux.
Ysniï ne tomberez pas dans le piège qu’ils vous tendent; vous soulèverez leurs masques,
sous lesquels vous reconnaîtrez sans peine les réactionnaires d’hier comme de demain,
les cléricaux invétérés et les irréductibles ennemis de la démocratie et de la liberté.
En présence de cette coalition et des procédés de nos adversaires, les nuances d’opinion
doivent disparaître et les divisions cesser entre les républicains dignes de ce nom. Sachez
donc faire lous l’union nécessaire à la victoire et marchez avec discipline, en rangs serrés,
pour notre candidat qui s’emploiera de toutes ses forces, comme par le passé, à la défense
de ws intérêts et aura toujours en vue la grandeur de la patrie e.t la prospérité de la Répu-
Notia attendons votre verdict avec confiance ; vous vous prononcerez contre i’équi-
btoLfaCti0Unaire 6t nationaIisle> P°ur la dÈraocratie, pour la République des répu-
Pour le comité républicain démocratique de l’arrondissement de Toul ;
(Suivent les signatures.)
536 —
MEUSE
Circonscription de BÂK-LE-DUC
M. FERRETTE
Élu au 1er tour de scrutin, — 9,077 voix.
Mes chers Concitoyens,
En vous demandant de renouveler le mandat que je tiens de votre confiance, je n’ai
rien à modifier au programme que je vous ai soumis il y a quatre ans.
Les événements n’ont malheureusement rien changé, sur la plupart des points, à la si¬
tuation que je vous dénonçais alors. Ils Font singulièrement aggravée en ce qui concerne
les finances publiques et la liberté des citoyens. j
Je vous avais demandé que T armée fût protégée contre les attaques des intellectuels
Intel nationalistes : le Gouvernement que nous avons sur les bancs s'est au contraire complu
à en persécuter les chefs les plus estimés et à diminuer la force du haut commandement
en introduisant le favoritisme le plus éhonté dans son recrutement.
Je demandais que la République, définitivement entrée dans la possession d’elie-mèm^
acceptée sans retour par tous les bons Français, se décidât enfin à réaliser son idéal de
progrès et de justice.
Mais, pour se maintenir, le ministère a imaginé de vains complots contre la sûreté de
FÉtat et fait croire au monde, jusqu’alors incrédule, que notre République française pouvait
être ébranlée.
Au lieu de s’appliquer au relèvement général des affaires, il s’est évertué à creuser le
déficit, dont le chiffre est énorme et dont la réalité, maintenant officielle, risque de compro¬
mettre le crédit de la France.
Au lieu de discuter les lois de progrès social et agricole que j’avais demandées, au lieû
d’aborder les réformes de toutes sortes pour lesquelles vous vous étiez prononcés, il a
perdu le temps du Parlement et la paix du pays à poursuivre des œuvres de persécution re<
ligicuse, à organiser des attentats contre la liberté.
Et tant et si bien qu’aujourd’hui il ne s’agit plus seulement pour nous de chercher et fi
réaliser les nouvelles lois qui doivent assurer le bien-être général et donner satisfaction
aux désirs populaires, dans l’ordre agricole, industriel et commercial; il s’agit, avant tout*
de réparer le mal accompli depuis quatre ans et de relever les brèches faites par un
ministère d’oppression au patrimoine de liberté que nous avait laissé la Révolution.
Pour rétablir la prospérité nationale, iî faut en revenir aux traditions séculaires que a
République avait recueillies et qui la fortifiaient au dedans en même temps qu’elles la gran¬
dissaient au dehors.
Électeurs,
Je croîs m'être toujours montré soucieux des intérêts de la France, de la Meuse et de
Bar-le-Ouc-
A la Chambre, j'ai toujours vote pour les réformes agricoles, pour les lots ouvrières
sagement comprises, pour les économies, dont la réalisation est indispensable à la solution
de la crise budgétaire.
J’ai toujours courageusement défendu mon opinion, et, d’autre part, comme membre
et comme secrétaire des grandes Commissions de la réforme judiciaire, de décentralisation
administrative, du contrôle des comptes budgétaires, du groupe de défense de la petite
culture, j’ai pu étudier de très près la possibilité de réaliser les réformes que vous attendez
de la République.
J’espère que vos voix me reviendront aussi nombreuses qu’il y a quatre ans; vous affir¬
merez ainsi sur mon nom votre volonté de défendre une République démocratique, respec¬
tueuse de toutes les libertés : liberté politique, liberté de conscience et liberté d’enseigne¬
ment ; une République économe des deniers publics, soucieuse d’améliorer le sort des tra¬
vailleurs et vraiment basée sur les grands principes de la Révolution française.
Vive la République ! ! 1
Henry FERRETTE/
Conseiller général de la Meuse,
Conseiller municipal de Bar-Ie-Duc,
Député sortant.
Circonscription de COMMERCY
M. POINCARÉ, élu Sénateur, remplacé par M. GROSDIDIER;
Voy. Élections partielles.
Circonscription de MONTMÉDY
M. Albert DE BENOIST
Elu an 1er tour de scrutin. — 6, 599 voix.
Mes chers Concitoyens,
Élu, il y a quinze mois, par vos libres suffrages, je viens les solliciter à nouveau.
La situation, contre laquelle vous avez alors protesté, s'est encore aggravée.
Toutes nos libertés, tous nos droits, tous nos intérêts ont subi de nouvelles atteintes.
hB ministère et la. majorité sectaires* dont je vous ai invités é combattre le funeste
— 538 —
pouvoir, ont violé îa liberté d’association : ils préparent la suppression prochaine de la
liberté d'enseignement.
lis ont rétabli la confiscation, méconnu le droit de propriété et dépouillé de leurs biens
toute une catégorie de citoyens.
Ils ont continué de soumettre l'armée à la délation et au favoritisme, et compromis la
force de son organisation.
Ils ont accru le gaspillage des finances publiques recouru, malgré leurs engagements,
à l’emprunt; et néanmoins le déficit — fixé par le Sénat a plus de 500 millions- e^t
officiel.
Ils ont, par des promesses trompeuses, suscité et favorisé les grèves ouvrières, et, par
des réglementations tracassières et illégales, troublé le commerce et l'industrie, entravé la
liberté du travail.
]ls n’ont donné aucune satisfaction aux cultivateurs, aucune aide à l'agriculture,
Enfin, leur diplomatie, continuant une politique de faiblesse et d'effacement, a
cependant signé une convention qui nous met, eu fjXlrême-Oi’ient, à la merci d une guetre
inopinée.
L’oppression de ce pouvoir tyrannique et soupçonneux est devenue plus dure aux
citoyens, si profondément attachés aux libertés publiques et privées.
C’est pour défendre celles-ci et les revendiquer, que l’an dernier vous avez manifesté
sur mon nom.
Aujourd'hui le.mênm de,voir s'impose à vous, mais avec plus d’urgence, et vous dicte le
même vole,
Ne doutez pas plus aujourd'hui qu’hier de mon attachement à la République.
Sincèrement et fermement républicain — en dépit de calomnies incessantes dont votre
bon sens a fait justice — mon premier acte politique a été de porter au Président, de la
République, qui l’a courtoisement accueilli, l’hommage républicain des populations de
Montmédy et de leur élu.
L’an" dernier, je vous disais: « Je ne yeux pas revenir à un passé qui ne peut
revivre. »
J’ajoute : Je défendrai la République contre toute3 les attaques, d’où qu’elles
viennent.
Mais je veux toujours que îa République soit libérale et modérée, qu'elle assure à tous
la liberté réelle et L'égalité vraie.
C’est pourquoi, à la Chambre, fai constamment voté contre les propositions sectaires
d’un gouvernement ennemi de vos libertés et dont le représentant ici — mon concurrent
redoute d’approuver les actes.
J'ai plusieurs fois porté à ïa tribune la cause des intérêts meusiens et, comme je vous
l’avaîs promis, rien de ce qui touche à la prospérité de notre arrondissement ne m a trouvé
— . ni au Palais -Bourbon ni au Conseil généra! — indifférent et muet.
Ce n’est pas en falsifiant vote^ pt en dénaturât tAOS discours que des adversaires
sans scrupules vous abuseront jamais et vous détermineront à ne plus poursuivre avec moi
— et avec la majorité de demain — revendication de vos droits.
Cette majorité libérale, que la France va nommer et dont — si vous me renommez —
je ferai partie, accomplira Fœuvre qui est celle de vos désirs et qui résume ainsi :
Liberté de conscience et tolérance pour tous; relèvement des finances par féconomie
rigoureuse dans les services administratifs; — protection de l’agriculture, défense des
bouilleurs de cru, et concours donné à tous les syndicats et entreprises de mutualité agri¬
cole . — résistance au socialisme collectiviste et développement des sociétés de prévoyance
pour l'amélioration du sort des travailleurs agricoles et industriels, et pour la tranquillité de
leur vieillesse; — allégement des charges militaires, et réduction du service actif, de
réserve et territorial, dans la plus large mesure compatible avec les garanties de la défense
nationale.
A côté de ce programme d’intérêts généraux, je continuerai à poursuivre la ‘réalisation
ésè — N° Wfà
iles travaux fiublics et des reformes réclamés par notre arrondissement : réseau de chemins
de fer départementaux; cauai de la Chiers; — rectification des zones frontières; — révision
des charges vicinales» etc.
Je suis certain que votre confiance ne m'a pas abandonné* et que vous me confirmerez
le 27 avril le mandat que vous m'avez donné» — préférant» pour vous représenter» un des
vôtres* votre concitoyen» un cultivateur» un meusien-
Vivë la République!
Vive la Meuse aux Meusiens!
Albert de BENOIST» Député sortant,
Malle de Thtfn d e^lë-B-P l'éS*
Conseiller général.
CiPèonsfcriptiàii de VÈfibUJÏ
M* le lieutenant - colonel ROÜSSÉÎ
Elu au 1er tour de scrutin. — 0.714 voix*
Messieurs les Électeurs,
Le Comité républicain libéral a bien voulu prendre sous son patronage ma candidature
aux prochaines élections législatives de l’arrondissement.
Fier de mii appui et du concours dévoué que m’apportent tant d’hommes intègres,
fermes et inattaquables républicains dont les convictions ne peuvent être mises en doute, je
réponds à l'honneur qui m’a été fait, et je viens solliciter vos suffrages*
Je ne suis plus un inconnu pour vous* Après avoir choisi Verdun pour mou domicile
definitif, j’ai visité vos campagnes, et vous ai exposé à tous mon programme politique. Vous
savez donc ce que veux.
J’entends m'opposer à toute tentative de réaction, en soutenant et en défendant la
République. Ceux qui la gouvernent actuellement la conduisent à sa perte : j’ai accepté le
combat pour la sauver de leurs mains.
Je demande donc tout d’abord qu’elle revienne à son principe, qui est la Liberté. Cette
liberté, je la veux entière pour tuas, sans distinction de croyances, sans catégorie de per¬
sonnes, sans aucune exclusion de citoyens. Je réprouve toutes les entraves par lesquelles on
voudrait limiter notre indépendance morale* Je revendique pour chacun de nous le droit de
penser et d’agir suivant ses convictions» quelles qu’elles soient*
Je veux encore qu’on apporte dans nos finances un ordre nécessaire; qu’on mette un
frein an Out toujours montant des dépenses publiques et des impôts dont le poids menace
de nous écraser. Le premier devoir de la législature prochaine sera de porter remède, par
tous les moyens» à la situation pleine de périls que nous a faite celle qui vient de
finir.
Je m’associerai à toutes les mesures destinées *à améliorer le sort des agriculteurs, si
durement éprouvés, et des travailleurs en général, dont la situation mérite tant d’intérêt. Je
répudie d’avance ces promesses mensongères avec lesquelles des politiciens sans scrupules
se font une réclame électorale. Je ne soutiendrai que les propositions raisonnables, capables
de concilier les intérêts du prolétariat avec ceux de la Nation et de la République. Quant aux
- S4o;—
doctrines collectivistes et socialistes-révolutionnaires, je n'en parle que peur les condamner
sans appel.
Je yeux enfin que Farinée, suprême espoir de la Patrie, retrouve le calme et la confiance
nécessaires à son labeur du temps de paix, il faut qu’elle soit soustraite aux influences poli¬
tiques auxquelles Pa soumise le ministère actuel, et que ses patriotiques efforts ne soient
plus paralysés par la malveillance, la haine et les assauts d’une secte méprisable, qui a
trouvé dans le Gouvernement lui-même des agents et des soutiens.
Je voterai les mesures susceptibles de diminuer les charges militaires* tant qu’elles
seront compatibles avec la sécurité du pays.
Pour conserver la paix, il faut être forts.
Je me dévouerai à la défense des intérêts particuliers de Parrondîssement, qui sont
nombreux et graves. Il est temps de faire aboutir, en ce qui les concerne, vos constantes et
légitimes revendications.
Messieurs les Électeurs^
La France, terre des aspirations généreuses et des idées fécondes, est lasse du joug
insupportable qui pèse sur elle depuis trois ans. Elle répudie les sectaires aux vues étroites
et les jacobins autoritaires. Elle condamne les hésitants, les timorés et les inconscients dont
Pincurie lui vaut d’être tombée aux mains de la coalition judéo-maçonnique qui la ruine et
la déshonore. Après avoir donné la liberté au monde, elle se meurt de Lavoir perdue.
Nous lutterons donc ensemble pour chasser la horde malfaisante dont les menées
audacieuses et coupables ont soulevé partout Phorreur et le dégoût. Nous unirons nos efforts,
et, après la victoire, nous planterons sur la citadelle conquise le drapeau de la République
libérale, dont les plis glorieux abriteront nos cœurs unis dans Pamour indestructible delà
Patrie* de la République et de la Liberté.
Vive la France 1
Vive la Liberté l
Vive la République I
Lieutenant-colonel ROUSSET,
Ancien professeur à PÉcole supérieure de guerre.
Officier de la Légion d'honneur.
Lauréat de l’Acidémie française.
%
— 541 —
N* 1162
MORBIHAN
lre circonscription de LORIENT
M. GU 1E Y SSE
Élu au 2* tour de scrutin* — 7*642 voix*
Pour la quatrième fois, je viens me présenter à vos suffrages* Le programme que j’ai
défendu d’accord avec vous est toujours le même* Je le rappelle simplement en quelques
mots*
Développement des réformes sociales, notamment par l’extension des syndicats et des
coopératives.
Retraites pour les ouvriers et employés de l’industrie, du commerce et de l'agri¬
culture*
Réforme des impôts, établissant plus de justice fiscale, notamment par l'impôt pro¬
gressif sur le revenu.
Réduction du service militaire à deux ans*
Réforme du Code de justice militaire*
Égalité des enfants devant l'instruction*
Séparation des Églises et de l’État*
Défense de la société laïque contre le nationalisme et le cléricalisme sous toutes ses
formes*
Au point de vue régional ;
Défense de Lorient et des communes voisines, dans leurs intérêts maritimes, commer¬
ciaux, ouvriers et agricoles*
Vive la République!
Paul GUIEYSSE, Député sortant,
Ancien Ministre des Golomes*
^ M — -
2Ü circonscription de LORIENT
M. LAMY
Éîu au 1er tour de scrutin- — 7.066 voix*
Le devoir électoral que vous allez aCCÔïriplif le ^7 avril prochain sera pour le pays de
la plus haute gravité, car il décidera du sort de la France et de la République.
Vos intérêts, aussi bien que vos conscience^, sont engagés dans l’issue de ce scrutin,
Vous savez de quelles ruines et de quels attentats le ministère actuel s’est rendu res-
ponsable avec tous ceux qui, comme M, Jacob, font soutenu*
Notre politique intérieure est soumise au mot d'ordre des loges maçonniques. L’armée
nationale a été sacrifiée à l’intérêt d’un homme deux fois condaitidé. Le budget âcCiifeeus
déficit considérable, la petite épargne ne compte plus devant îoS féodalités financière
internationales.
La liberté d'association* dfoit naturel, dont tous les enfants du ttietflê sbï déviaient
avoir la pleine et entière jouissance est refusée k toute une catégorie de citoyens.
La liberté d'enseignement, chèrement conquise ao bout d6 eidquaüle ans dé iuiles
héroïques, est menacée.
Il est temps que le pays se ressaisisse* que la République ne Soit pins un mot sonore
et vide de sens, ni la proie de quelques-uns, mais qu'elle devienne pour tohs lë régime dé
la liberté et de l'économie.
La grandeur de la France est k ce prix.
Électeurs,
Seuls les fauteurs de guerre civile et de discorde sociale peuvent répudier k pftf
gratnme de paix, de concorde, de dignité, de prospérité nationales que je présente à votre
jugement d’hommes libres et indépendants,
Rétablir l’ordre dans les finances par une sage politique décidée à supprimer tous fe
abus, les dépenses inutiles, tel est le premier objet que je poursuivrai.
Ce n’est pas au moment où le déficit présage pour les contribuables de nouveau!
impôts j qu’il faut songer* comme Y a fait M. Jacob, à augmenter le traitement des députai
Je voterai contre toute proposition faite dans ce sens.
Ouvriers, chefs Compatriotes,
L'amélioration du monde du travail sera toujours la principale de mes préoccupations
.L’organisation des syndicats pour la défense de vos intérêts professionnels continuera
à faire l’objet de tome ma sollicitude.
Lorsque l’épuisement ou l’in validité rendront l’ouvrier incapable de se suffire à lin-
même, je veux qu’une loi juste, basée sur F association et développée par la mutualité, lui
accorde une retraite suffisante pour le mettre à l’abri du besoin sur ses vieux jours, quil
n’attende pas l’âge de soixante-cinq ans pour avoir cette retraite, mais qu'il l’obtienne à m\
âge où il pourra encore en jouir.
Je voudrais que, chaque fois que les intérêts des ouvriers sont en cause, les syndicats
professionnels soient appelés à donner leurs avis sur les projets de loi proposés.
343 —
N° 1ifi2
Agriculteurs, chers Amis,
Depuis longtemps je sais que la campagne est écrasée sous, le Joug des impôts, et
fol pour vous qu’iî convient de demander une diminution des charges qui pèsent sur
j^riculiure.
Rien n’est plus facile pour les agioteurs et les financiers cosmopolites que de faire leurs
opérations dans des banques étrangères* Mais lorsqu’il s'agira de créer de nouveaux impôts,
c’est encore sur vous que ces charges retomberont, car votre propriété foncière pourra tou¬
jours être saisie par le législateur comme base de nouveaux impôts,
le demanderai que, dans le bail à ferme, un coogé de six mois s impose dans les rela^
te réciproques des propriétaires et des fermiers*
Je serai partisan des tarifs de douanes prudemment établis, pour empêcher les concur-
reoces étrangères de porter atteinte à vos intérêts agricoles.
Je m'efforcerai d’obtenir la diminution du prix de transport du bétail et l'organisation
k trains vous permettant d’expédier plus facilement vos marchandises.
Je vous promets de soutenir toutes les revendications légitimes et réalisables que vous
formulerez dans vos comices professionnels.
Enfin je voterai toutes propositions de nature à rendre votre vie plus iacile et plus
heureuse chez vous, afin d'arrêter cette émigration désolante de la campagne vers la ville.
Pêcheurs et Marins, chers Concitoyens,
Votre vie est faite d’héroïsme et cependant vous êtes les plus déshérités parmi les
travailleurs*
Si vous voulez un représentant qui s’engage à vous défendre en toutes circonstances
braves Grésillons, hardis marins de Gavres, de Locmiquêlie, de Riantec, de Port-Louis, de
Ploiihinrc, et de tout le littoral, vous pouvez compter sur moi.
Je demanderai, en particulier, que les doléances exprimées dans la pétition que vous
avez adressée en 1899 au Ministre de la Marine soient prises en considération et je ne
doute pas que la Chambre, enfin saisie de la justice de votre cause, ne les fasse triompher .
La concurrence des chalutiers à vapeur tue les petits pêcheurs, le demanderai que par
des impôts frappant ces chalutiers, et dont le montant sera versé à la caisse des invalides
et à la caisse de prévoyance, vous obteniez la protection qui vous est due. Ce sera ainsi
le moyen d’augmenter vos pensions et d’assurer la vente de votre poisson dans de meil-
leutes conditions.
Je voudrais que la construction d’une digue sur Pen-Men, pour briser la mer et rendre
les naufrages moins fréquents, soit mise à l’étude. Que le bateau de sauvetage soit en per-
Menée près de la barre d’Étel et reste sous la garde de retraités, de fanon à porter un
secours plus prompt aux naufragés.
Enfin je m’efforcerai d’obtenir que des cales, permettant d’accoster au rivage à toutes
tes marées,, soient construites dans nos ports de pêche.
Électeurs,
Vous, pères de famille, voulez-vous conserver le droit de faire élever vos enfants comme
tous l’entendez?
Vous, contribuables, voulez-vous mettre un terme à l’augmentation des impôts?
Vous, patriotes, voulez-vous mettre fin à la campagne d’insultes prodiguées au drapeau
tricolore ?
Vous, libéraux, tolérerez-vous que la déclaration des Droits de l’Homme continue à être
foulée aux pieds j qu’il y ait encore des proscrits, des lois d’exception, d’ostracisme, de
Persécution?
ISonl
Par votre volonté, calme mais fière, pacifique mais énergique, vous protesterez contre
le régime Jacobin qui nous écrase.
Vous voterez pour la République libérale que je défends et qui est mon rêve, car c’est
la République vraiment nationale.
Vive la Liberté! A bas les Sectaires î Vive la France! Vive la République! la Répu¬
blique honnête, libérale, vraiment française !
Ernest LAMY,
Docteur en droit.
Candidat républicain libéral.
3e circonscription de LORIENT
M. GUILLOTEAUX
Élu au 2e tour de scrutin. — 6.737 voix.
Électeurs,
Trois candidats se présentent devant vous :
Deux, par leur vote au Conseil général, le 10 avril 1899, ont'donnê leur approbation à
la trahison et au ministère qui la soutenait.
Moi, je me présente contre Dreyfus, contre le ministère qui Pa gracié. Je me présente
pour défendre le drapeau insulté, la conscience opprimée, la propriété menacée, les
finances mises au pillage.
Électeurs,
Le pouvoir va-t-il rester aux mains des sectaires, francs- maçon s, juifs, dreyfusards et
sans-patrie qui ruinent la France et suppriment toutes nos libertés? Ou va-t-il faire retour
aux libéraux, aux honnêtes gens que nous sommes? Tel est le problème.
Les sectaires ont violé tous les grands principes de la déclaration des Droits de
PHomrae et du Citoyen, Ils ont violé la liberté de conscience, ils ont violé ta liberté d’en¬
seignement. Ils ont violé la liberté dissociation. Ils ont violé la liberté individuelle,
ils ont ruiné la France, car après avoir écrasé chaque année le peuple de 60 millions
d’impôts nouveaux, créé un déficit de 345 millions, ils ont élevé notre dette publique à
38 milliards!
Électeurs,
Nous voulons que chaque citoyen soit libre dans ses croyances. Nous voulons que lés
pères de famille aient le droit absolu d’élever leurs enfants selon leur conscience. Nous
voulons que tous les citoyens soient égaux en droits comme ils sont égaux en devoirs. Nous
voulons que la propriété soit respectée, car elle est le fruit du travail.
Nous demandons que l’agriculture soit particulièrement protégée et qu’on s’occupa
sérieusement du sort des marins, des pêcheurs et des ouvriers. Nous voulons que, garantis
dans votre proprié lé et dans l’exercice de votre travail, vous soyez dans l’avenir à l’abri du
chômage, grâce à des caisses de prévoyances et de retraites sagement organisées, qui vous
assurent ïe pain et la sécurité à l’heure de la vieillesse
— 545 ■ —
N° 1162
Nous voulons que l’armée» où vous passez tous, soit forte et respectée, pour que sous sa
protection, la France laborieuse puisse travailler en paix.
Électeurs,
Si vous êtes pour la liberté de conscience et d’enseignement, si vous êtes pour la
défense de votre propriété contre le collectivisme, si vous êtes pour le drapeau tricolore,
votez pour Jean Guilloteaux, qui saura défendre la République contre le déficit qu. nous
conduit à la ruine, la République contre les sectaires de toute opinion, la République
contre la trahison.
Vive la République! Vive la Liberté! Vive la France!
Jean GUILLOTEAUX,
Candidat républicain libéral.
Circonscription de FLOERMEL
M. le duc de ROHAN
Élu au 1er tour de scrutin. — 13. Mît voix.
Messieurs et chers Amis,
Un député qui a eu l’honneur de représenter son arrondissement pendant vingt-six
ans est connu de tous ses concitoyens. le n’ai donc pas besoin de vous parler de moi. Jous,
vous savez, amis et adversaires, que j’ai rempli scrupuleusement mon manda et que
quoique l’on puisse dire pour me combattre, le but constant de mes efforts a été la
défense de vos intérêts.
Aujourd’hui vos libertés religieuses sont menacées;
Vos écoles yont être fermées ; , , * »
Votre agriculture, abandonnée, succombe sous le poids des impôts, chaque jour de
plus 'en plus écrasants;
Votre industrie souffre de la concurrence étrangère et des grevés ;
Votre armée est injuriée, humiliée; , ... Pn
Vos finances sont dans un tel état que nous marchons a une banqueroute fatale. Ln
quatre ans, le déficit a atteint le chiffre épouvantable d’un milliard .
Je pense que, comme moi, vous voulez renverser un ministère qu. ne sa pas vous
protéger, qui vous ruine et qui a voué à tous les catholiques une haine implacable.
Je veux la liberté pour tous, sans exception;
Je veux r égalité pour tous les catholiques;
Je veux Uarmèe respectée; ,
le veux que tous ceux qui croient en Dieu puissent lui rendre ouvertement et libre-
ment les hommages qui lui sont dus.
Si vous pensez comme moi, donnez-moi vos suffrages; je saurai encore m’en montrer
digne.
Le duc de ROHAN.
69
I30 circonscription de PONTIVY
M. le comte de LAKJÜINAIS
Élu au 1er tour de scrutin. — 8.053 voix*
Électeurs,
Depuis vingt et un ans, vous m’avez confié la charge et l'honneur de vous représenter
au Parlement le viens aujourd’hui, pour la sixième fois, vous demander de me renouveler
ce mandat.
je ne vous ferai ni profession de foi, ni protestations d’aucune sorte : nous nous con¬
naissons depuis trop longtemps pour que ce soit nécessaire. Je suis toujours le môme et
fai la ferme confiance que, de voir© côté, vous n’avez pas changé.
Électeurs,
La France, lassée d’un Gouvernement qui la conduit à la ruine matérielle et morale,
semble enfin ouvrir les veux. Elle fait un effort désespéré pour se ressaisir et demande è
tous ses enfants de l'aider. Dans cette lutte suprême où le salut dé la Patrie est en jeu,
vous voudrez, comme toujours, être au premier rang de ceux qui combattent pour la
Religion, V Ordre et la Liberté,
Comte de LÀNJUINAiS,
2- circonscription de PQMTIVY
~ M. Ic baron de BOISSIEU
Élu 'su T tour de scrutin. — 5,652 voix.
Electeurs,
Vos principes et. vos intérêts nTonr: été ni représentés ni défendus a la Chambre par
votre député, M. Le Clec’li. Vous catholiques, et il a toujours voté contre la religion avec
les francs-maçons.
Vous êtes patriotes, et il a voté pour Dreyfus, le juif millionnaire, se faisant ainsi
l’alli 1 de la Prusse coudre notre armée.
Vous êtes pour 1er lre3 et il a soutenu les socialistes qui, par leurs grèves, ont paralysé
le commerce depuis deux ans, en attendant qu’ils nous conduisent à la révolu Lion.
Vous êtes cultivateurs, et. il a soutenu les juifs qui vous ruinent par leurs accapare¬
ments. A la Chambre comme ici, il ne soutient que ceux qui peuvent lui être utiles, soit
par leurs richesses, soit par leur influence. Malheur aux pauvres! dit-il.
Voua demandez la diminution dos impôts.. Lui-même vous Tarait promise, et depuis
quatre ans les majorités, dont il faisait par lie, nous ont dorme les budgets suivants :
25 millions de déficit en 1898;
91 — — en 1899;
loi — — en 1900;
880 — ~ en 1901.
Vous aviez cru nommer en lui un républicain libéral, et il a approuvé tous les attentats
du mi niât ère actuel contre la liberté.
En somme, M. Le Glee’h a trompé votre confiance et n’a travaillé que pour lui.
La France aujourd'hui, est acculée à la ruine et à la Révolution. On cri, parti de Paris, a
retenti dans le pays entier qu’il a secoué de sa torpeur.
Catholiques bretons, vous ne resterez pas en arrière.
C’est pour Dieu! c’est pour la France 1
Électeurs,
La forme du Gouvernement n’esî pas en jeu, comme voudraient le faire croire dos
adversaires pour créer une équivoque.
En présence du danger couru par le pays, les patriotes de tous les partis se sont
coalisés pour obtenir de bons députés, c’est-à-dire des gens de principes, incapables d’obéir
à des préoccupations d’intérêt personnel,
Nous voulons un gouvernement national, que Ton ne puisse pas accuser d’être vendu à
la Prusse, un gouvernement honnête, aussi vigilant vis-à-vis des ennemis extérieurs que
des ennemis de la propriété Intérieure; agioteurs juifs, grévistes soldés par l’étranger,
dreyfusards détracteurs de notre armée, tous protégés actuellement par le ministère.
Nous voulons que le drapeau de la France soit assez large pour abriter sous ses plis
tous ses enfants et que les catholiques ne soient pas mis hors du droit commun par les
francs-maçons.
Nous voulons des finances gérées avec économie et V agriculture remise en honneur,
comme la source de la richesse nationale.
Je voterai, quant à moi, la gratuité des fonctions de député, objet de tant de convoi¬
tises, ainsi que la faculté pour les communes de choisir comme autrefois entre les écoles
laïques et congréganistes.
Je voterai des abaissements dé tarif du chemin de fer pour le transport des amende¬
ments agricoles, des subventions à ^agriculture comme en obtenait M. de Lescouêt avant la
guerre, et en un mot tout ce qui pourra améliorer le sort du cultivateur.
Officier de réserve, je marcherai, s’il le faut, à votre tète, comme le fit déjà M. de
Lescouêt en 1870.
Fixé désormais dans le pays, je serai toujours à votre portée me consacrant à l’agri¬
culture, et continuant parmi vous le bien déjà fait par la famille de Lescouêt.
Électeurs,
Les 87 voix qui ont assuré, en 1S98, la majorité à M, Le Clec’h ne se trouveront plus.
Les votes contre la religion et Parmée l’ont à tout jamais rendu indigne de représenter la
— 548 —
Si vous savez rester sourds aux promesses et aux séductions, vous voterez tous pour le
candidat qui seul représente vraiment vos Sentiments dans le pays et qui ne vous tratnra
jamais.
Le baron de BOISSIEU,
Ancien olEcier d’infanterie au 131L de ligne j
jrvQ+iinlimifi libéral*
Vive la Liberté î
Vive F Armée !
Vive la France l
lrf5 circonscription de VANNES
M. le marquis de FESTOORBEILLON
Élu au 1er tour de scrutin, — 8-057 voix,
Mes chers Concitoyens,
Pour la troisième fois, j’ai l’honneur de solliciter vos euffrages
Vous savez combien est grave la lutte qui va Couvrir. 11 faut sauver fa fortune et
neur de la France, son organisation sociale et ses dernier» libertés.
La forme du Gouvernement ne saurait être mise en cause. , patrie.
Bien coupable serait celui qui ne placerait pas au-dessus de tout
Voter pour mon adversaire, c’est votei ■ „ nkfiatv*
Pour le ministère Waldeck-MÎUerand, dont vous connaissez 1 œuvrb néfaste ,
Pour les francs-maçons et les juifs, qui exploitent odieusemen
Pour l’augmentation des impôts ;
Pour l’aggravation du déficit, qui nous mène à la banqueroute ;
Pour la désorganisation de l’armée et l’introduction de la politique dans ses rangs,
Pour la violation de nos droits et la ruine de nos libertés.
En votant pour moi, vous votez pour la religion, que ies amis politiques de M. Martine
ont toujours combattue;
Pour la liberté de conscience ;
Pour la liberté d’association ;
Pour la liberté d’enseignement ; , , , , , „„ a.I( .
Pour le droit du père de famille d’élever ses enfants dans les ecoles de sou choix,
Pour la liberté individuelle et pour le drapeau*
Choisissez î De votre vote dépend le sort de la Patrie 1
Si vous me confiez encore T honneur de vous représenter, je
travaillerai à obtenir :
Une large décentralisation administrative;
L’extension des pouvoirs des Conseils généraux et municipaux T
La réalisation plus, simple et plus prompte des affaires locales ;
Une meilleure administration de nos finances 7
Des économies par la suppression des emplois inutiles;
H 62
— 549 -
L'allégement des chrfg» militaires, par la réduction progressive du service à un an,
mais avec un fort contingent de rengagés assurant le recrutement des cadres,
L-orinisation des retraites ouvrières par le développement des mutualités ;
La protection des cultivateurs parla création de Chambres d’agriculture e par o
moyens qui peuvent permettre de diminuer leurs charges si écrasantes, .. . d
L’amélioration du sort des marins et 'inscrits maritimes, ainsi que des conditions de
l6Uri ^protection efficace du commerce et de l’industrie nationale.
Mes chers Compatriotes,
Vous me connaissez, vous savez que depuis quatre ans je n’ai rien négligé poui la de
rp.r - -e. à «. j-
““c'est pourquoi,'™ présence des alternat! qu’un ministère affolé
M 1. près J des juifs et des francs-msson», contre la P.trte, nos oroyansee et noe l.ber-
tés, je vous redis comme en 1898 :
La France aux Français ! La Bretagne aux Bretons . „ mar-
“s mentons libres et indépendsnte ! Et tous, unis dsns une pensee commune, msr-
chens au scrutin.
Pour Dieu, pour la Patrie, pour la Liberté 1
R. de L’ESTOURBEILLON,
Secrétaire de la Chambre des Députés,
Député sortant.
2° circonscription de VANNES
M. FOREST
Élu au 1er tour de scrutin. — 13.484 voix.
Messieurs,
Convaincu d’avoir représenté fidèlement, pendant la législature quis’achève, vos senti¬
ments et vos intérêts, je sollicite de nouveau vos suffrages et je fais appel a 1 union de tous
'““al' tontevode\m“vo”t rêprouveres les lois seotsires récemment votées contre
un me tu . „_tr- j, liberté d’enseignement, contre la religion catho-
iLrvSmno^vez mandat de revendiquer, pour les religieux la même liberté que
lique. vous me uo famille, la liberté de faire donner à leurs
mLÏ aneédoS>SM&ûeà leurs principes ; pour les fonctionnaires de tout ordre, la
Ubertê de pratiquer publiquement leur religion sans compromettre leur carrière.
1 'agriculture restera toujours au premier rang de mes préoccupations, et mes premiers
ir ,L EL k faire aboutir la loi préparée sur les Chambres d’agriculture, afin que les
cultivateur puissent faire entendre leurs voix, faire connaître leurs besoins et proposer les
solutions qu’ils jugeront les meilleures Je ne sépare pas dans d^a pensée le travailleur de
nos villes, de nos bourgs, de nos diverses industries, du travailleur des champs.
Leurs intérêts sont étroitement liés. le ne perlai pas de vue non plus les in té: ; des
pêcheurs de nos côtes.
Vis-à-vis de T étranger, comme vous je veux une politique de paix, et c’est pour nous
assurer la paix que je veux une année forte, disciplinée, instruite, capable d’inspirer le
respect de nos droits. En restant dans cet esprit, je continuerai à étudier les moyens de
diminuer les charges du service militaire obligatoire.
Nos impôts ont atteint un chiffre exorbitant. II serait possible cependant de faire des
économies. Ces économies, je les jugerais utilement employées si elles servaient à amélio¬
rer les œuvres d’assistance aux vieillards et aux infirmes,
La situation est grave, affirmez vos sentiments.
F. FO BEST, Député sortant.
— 5&J —
n° im
NIEVRE
Circonscription de CHATEAU-GHIN’ON
M. GHANDIOÜX
Élu au 1er tour de scrutin. — 8,251 voix.
Aux 10,000 citoyens v
qui 3 le 27 avril 1902, acclameront sur mon nom la République démocratique.
Électeurs I
Pour la troisième fois, je viens faire appel à vos suffrages ;
Mon programme, vous le connaissez :
La République ayant pour base le suffrage1 universel et pour but Paméliofation de la
| situation sociale dès travailleurs :
Réformes- fiscales ; Impôt sur le revenu ; Suppression des prestations, de l’impôt des
po tes et fenêtres, de la cote mobilière, qui pèsent si lourdement sur les cultivateurs et
les ouvriers, et des patentes du petit xommer ce,
Réduction du service militaire à 2 ans; Suppression graduelle des 28 jours et 13 jours.
Liberté de conscience; Séparation des Églises et de l'État; Suprématie de PÉtat laïque
et du Pouvoir civil ; Abrogation de la loi Falloux ;
Lois de prévoyance et de solidarité sociales; Caisses de retraites pour la vieillesse.
La République, enfin, qui est le Gouvernement du pain à bon marché, et continuera son
évolution vers le but déliré, en donnant au peuple l'instruction lui permettant de défendre
ses droits et de connaître ses devoirs.
En ce qui concerne notre arrondissement, je continuerai comme par le passé à tra¬
vailler à sa prospérité.
Kous poursuivrons Facile veinent du réseau de chemins de fer destiné â desservir notre
Morvan si longtemps déshc ri té, à favoriser Péçoolement des produits de ^agriculture et
remploi des engrais, à faciliter les relations commerciales entre tous les cantons.
Je m'occuperai toujours des affaires communales et je resterai, demain comme hier, à
la disposition des citoyens qui feront appel a mon concours.
Électeurs,
Fai parcouru notre arrondissement, je suis profondément ému des manifestations de
sympathie que j’ai rencontrées partout.
Je suis heureux, je suis fier d’avoir provoqué parmi vous tant d'attachement à la Répu¬
blique et de voir unis tous ceux qui ont Famour de la liberté et de ia justice.
Comptez sur le dévouement de votre ami.
Aux urnes! Vive la République démocratique et sociale!
CHANDIOBX*
— 552 —
Circonscription de GLAMECY
M. JULES JALUZOT
Élu au 1" tour de scrutin. — 9.263 vois.
Cher Compatriote,
nenuis douze ans, j’ai l’honneur de vous représenter au Parlement Ma politique,
aujourd’hui, est ce qu’elle était hier : libérale, indépendante, patriotique et honnete.
Oui, libérale parce que je veux toutes les libertés, et je les veux pour tous :
Liberté du travail,
Liberté de conscience,
Liberté d’enseignement.
Liberté d'association.
Liberté de la presse.
De toutes ces libertés, réclamées par moi en 1889, nous n’avons plus que la liberté de
la presse • mais elle est menacée par ceux qui nous gouvernent pour quelque temps encore.
Oui ma politique est indépendante, parce que je n’appartiens a aucune coterie poli¬
tique Te vote toujours selon ma conscience; l’intérêt supérieur de notre pays est mon
S0Ul ouf ma politique est patriotique, parce que j’aime notre armée et notre drapeau trico¬
lore et que je ne veux pas qu’on y touche. Partisan du service d un an, partisan de la su -
cession de treize jours et des vingt-huit jours, je soutiendrai cette proposition lorsqu elle
ETcLptdep.rlé C„,»mi.sion de Fermée et per Fétet-mapr, me», q.e
i’ai eu l’honneur de vous ie dire an Comice de Brinon, en K -
Oui, ma politique est honnête, parce que je dis sincèrement ce que je veux. C . .
La répartition ^plus* équitable des impôts et leur diminution par des économies ;
La suppression des fonctionnaires inutiles, à commencer par la diminution des Députés
Ct d8LM retraites ouvrières et agricoles, comme je les demandais déjà en 1898;
La suppression des prestations ;
La justice gratuite; , .....
La diminution de l’impôt sur les transactions immobilières.
Telles sont les grandes lignes de la politique de voire Député, ,,
Elles résumenUe programme de tous ceux qui veulent la République liberale, mdêj
dante, patriotique et honnête.
JULES JALUZOT, Député sortant.
— 553 —
N* 11 62
Circonscription de COSNE
M. GOUJAT
Élu au 2e tour de scrutin. — 9,544 voix.
Programme
1° Révision de la Constitution dans le sens républicain démocratique et social;
2° Mandat impératif;
3* Amnistie pleine et entière pour tous crimes et délits politiques;
4° Séparation des Églises et de l'État, suppression du budget des cultes, lois sur les
biens de mainmorte, lois sur les associations religieuses, abrogation de la loi Faïloux;
5° Décentralisation, autonomie communale, franchises municipales;
6° Épuration du personnel administratif et judiciaire;
T Suppression des fonds secrets ;
8° Suppression de tous monopoles concédés aux particuliers ou aux sociétés financières;
9" Suppression des taxes directes ou indirectes grevant la consommation, le travail, le
commerce, l'industrie et l’agriculture ;
10° Suppression des octrois et des taxes de consommation, reclassiftcatîon du cadastre,
rectification des alcools industriels par TÉtat,1 maintien du droit des bouilleurs de cru et
vignerons, suppression radicale de l’exercice ;
11° Lois de protection du travail et d'émancipation des travailleurs, extension des syn¬
dicats professionnels;
12° Lois d'hygiène sociale, réduction de la journée de travail, lois de prévoyance, assis-
tance sociale, assurances contre les accidents, les maladies, etc,, etc,, abrogation de la loi
surPinteroationale;
13° Organisation du crédit national, du crédit ouvrier et du crédit agricole; suppression
du privilège de la Banque de France ;
14° Réforme judiciaire, extension de la compétence des juges de paix, magistrature
élue sous certaines conditions de capacité, diminution des frais de justice, révision du Gode
civil et de procédure civile ;
15fl Réduction du service militaire à deux ans, suppression des 13 et 28 jours;
16° Impôt global et progressif sur ïe revenu, de façon à dégrever de tous impôts, taxes
et patentes les petits propriétaires fonciers, petits industriels et travailleurs de tous ordres
ayant un revenu annuel inférieur à 2. 500 francs ;
17° Lois économiques et de solidarité sociale mettant un terme à l’exploitation de La
ploutocratie terrienne, industrielle et financière;
18° Retraites en faveur de tous les travailleurs à T âge de 60 ans, conformément au
projet qui fixe la pension annuelle à 500 francs.
Le citoyen Claude Goujat, V Officiel k la main, met au défi ses adversaires politiques
qui désirent le remplacer à la Chambre de le mettre en contradiction avec son programme.
Élu sur un programme radical-socialiste, il est allé au delà de son programme, puisqu'il vote
constamment avec les républicains socialistes les plus qualifiés.
Claude GOUJAT, Député sortant,
Maire de la ville de Cosne, ancien membre de
la Commission du budget, membre de la
délégation élue par les républicains de la
Chambre pour représenter le Parlement au
cinquantenaire de Baudin,
70
— SSA —
11C circonscription de NE VERS
M. MASSÉ
Élu au 2e tour de scrutin, — 10,321 voix.
Citoyens,
En 1898, vous m’avez fait l’honneur de me choisir comme député,
jJai conscience d'être, pendant les quatre années de mon mandat,, resté fidèle à mon
programme, d’avoir scrupuleusement respecté les engagements pris avec le corps élec¬
toral.
Le Comité radical-socialiste de îa première circonscription de devers en a ainsi jugé,
puisque, à ^unanimité, il a, le 25 février dernier, voté un ordre, du jour me félicitant de
mon attitude au Parlement, de mes votes, de mes interventions, et acclamant ma candi¬
dature.
C’est dans ces conditions que je viens à nouveau solliciter vos suffrages.
Comme en 1898, mon programme n’est autre que le vieux programme républicain que,
plus cVune fois déjà, vous avez ratifié.
Ce programme* le voici :
lrï Révision de îa Constitution. — Rétablissement du scrutin de liste ;
2° Liberté de conscience. — Séparation des Églises et de VÉtat. — Suprématie de 1 Etat
laïque. — Abrogation de la loi Falloux ;
3° Réforme générale de Fîmpôt ; impôt progressif ; Suppression des impôts de con¬
sommation et des octrois ; Dégrèvement des patentes du petit commerce ;
4e1 Réforme judiciaire ; Réduction des frais de justice. — Suppression des Conseils de
guerre en temps de paix ;
5° Réduction delà durée du service militaire. — Suppression des périodes de 28 et
de 13 jours ;
6° Transformation, en services publics, des chemins de fer, des mines, des assurances,
des raffineries, de la Banque de France ;
7° Organisation du Crédit agricole et du Crédit ouvrier. — Suppression des presta¬
tions. — Révision du cadastre, — Lois contre les accapareurs et les spéculateurs. — Sup¬
pression des marchés fictifs. — Réglementation de la journée de travail. — Repos d’un
jour par semaine ;
8° Création de caisses de retraites assurant une pension h tous les travailleurs de la
ville et des champs lorsque Bàge ou les maladies les mettent dans ^impossibilité de se
suffire à eux-mêmes i
9° Reconnaissance par fa loi du mandat impératif.
Citoyens,
Les éternels ennemis de la démocratie reviennent, une fois de plus, à l’assaut de nos
institutions républicaines. Grâce à l’étiquette nationaliste, derrière laquelle ils se dissimu¬
lent, ils espèrent capter votre confiance.
Mais le bon sens populaire déjouera cette tactique. Eu eux, il reconnaîtra ceux qui tou-
— 536 —
NORD
l
lrc circonscription d’AVESNBS
M. PASQUÂL
Élu au 1er tour de scrutin. — 7,303 voix*
Mes eh ers Concitoyens,
Les acclamations chaleureuses et les nombreux témoignages de sympathique attache¬
ment que j’ai rencontrés dans ma campagne électorale m’ont profondément touché et m’ont
prouvé que je n’ai fait que grandir dans votre estime et dans votre affection.
Respectueux de la discipline républicaine, j’ai rendu compte de mon mandat dans cette
grande réunion de Sains où se trouvaient assemblés GOÙ délégués de toutes les. communes
de ma circonscription. Ils ont ratifié par un vote unanime tous mes actes politiques et ont
acclamé, comme il y a trois ans, ma candidature nettement républicaine.
Vous m’avez entendu dans mes réunions publiques; vous savez donc ce que je fus hier,
ce que je serai demain et comment j'entends remplir le mandat que je sollicite de vos
libres suffrages.
Né au milieu de vous, je sais quels sont vos besoins, vos aspirations, vos sentiments
politiques.
Vous pouvez compter que, comme par le passé, je défendrai avec l’énergie de la jeu¬
nesse les intérêts industriels, économiques et agricoles de notre région.
Herbagers,
Vous savez que votre cause m’est sacrée, que j’ai suivi, dans la défensede vos intércls,
la ligne de conduite que m’avait tracée mon cousin Léon Guillemin. Je continuerai.
Travailleurs,
Vous m’avez vu à l’œuvre au milieu de vous, je reste votre défenseur dévoué, à quelque
classe de la société que vous apparteniez — les industriels peuvent compter sur mon
dévouement.
Je tiens à proclamer aussi que je serai toujours le confident, l’ami de ceux qui peinent,
qui souffrent et qui ont foi dans un avenir meilleur.
Appartenant moi-méme à l’année, je ne suis pas de ceux qui veulent jeter dans la lutte
politique l’image sacrée de la Patrie. — L’armée, je la veux grande et respectée, en dchoi s
et au-dessus de tous les partis.
357 —
N° *162
JS»
la garde.
Vive la France 1
Vive la République!
Léon PASQUAL,
Avocat, Adjoint au Maire,
nénuté sortant.
2e circonscription d' AV ES NE S
M. DEFONTA1NE
Elu au 1“ tour de scrutin. — i 0.7 03 vois.
Mes chers Concitoyens,
■ m1, inniours servi de guide dans ma vie politique, est l’ancien pro-
Le programme <\ui m a j . t ne g7 est oas trouvé à la Chambre
* 18 être le démocrate convaincu qui n'abdique pas et je croie n'.voir pas à
vous exposer autrement en programme que voM COn ts de ]a région du Nord se
rnr disposition peur conjurer ,a crise. Notre agrieui.ure a
besoin d’être protégée efficacement ^ ^ finir, nous avons obtenu la loi du
Dans le courant 1 . . !>extension de l’assistance judiciaire dans la loi sur
1» juillet 190C l sur la rèhabi ^ ^ ies mesures qui auront pour objet de faci¬
les accidents du travail. Il est u g y nrocédure.
liter l’accès de la justice a tous et e S11^11 ^ià étudiée concurremment avec le
L'un, des principale, Ærvic. militaire à deux ans.
;EStyir- 4S
qoi peinent et t
l3 serai, comme pu • P“! , de mulua,il6 BOnt celles qui occupent pins
souffrent. Les œuvres de solidarité soc ^ ûuvriers une retraite qui mette leurs
particulièrement les .bons espr> ^s, 1 f les risques de chômage qui les menacent
vieux jours è l ia devra être améliorée e. suivie d'une loi sur
soient prévenus. La loi sui ies ou,™
les maladies'.
Citoyens,
Modeste soldat d. 1. grande cause démocratique e, sociaie, j. me présente de nouveau
à vos suffrages avec la conscience du devoir accompli.
868 —
J’adresse un appel cordial à tous les Républicains et je leur demande d’écarter de leur,
range les cléricaux, courtisans doucereux de tous lus régimes.
Le drapeau de la République que je continue»! à défendre ne peut être tenu nue n*r
un démocrate fidèle au vieil esprit républicain. U ne faut pas permettre au parti sans nom
do s emparer du pouvoir par la ruse et ^hypocrisie.
C’est la vraie République qui apportera aux déshérités et aux vaincus de la vie nliis de
justice sociale et c est celle-là que je veux continuer à servir. P 6
Docteur DEFONTAINE,
Candidat de la République démocratique.
3 circonscription dAVESNES
M. ELIEZ-EVRARD
Élu au lor tour de scrutin. — 8. DOS voix.
Mes chers Concitoyens,
Après trente ans de travail et de dévouement pour la République, j’avais compté ren¬
trer, la conscience tranquille, dans la vie privée, et jouir de la satisfaction du devoir
accompli. Les Conseillers généraux, les Conseillers d’arrondissement et presque l’unanimité
des Maires do la circonscription ne me l’ont pas permis. Devant l’assaut furieux qui allait
etre donné a a République, ils m’ont démontré que le devoir m’imposait de lutter encore.
Ils ont fait vibrer un autre sentiment : « Nous sommes d’honnêtes gens qui faisons appel à
un lionuete homme. » Mes résistances étaient vaincues.
blicaînsVienS ^ n°UVeaU’ le drapeau tricolore à la main, réclamer vos suffrages répu-
Ayant l’hotmeur de vous représenter depuis longtemps, vous connaissez mon passé ;
il vous répondra de I avenir. p
Obligés par l’Angleterre, dans l'intérêt de ses colonies, de modifier notre loi de f88A
sous peine devoir se fermer pour nous notre unique débouché à J ‘exportation, nous allons
nous trouver en présence d’un nouveau projet de législation sucrière.
D’accord avec les sucriers et les sociétés d’agriculture, soucieux de l’intérêt des culti¬
vateurs je demanderai la suppression complète du droit de consommation et le rempla¬
cement de cet impôt par la suppression du privilège des bouilleurs de cru.
M(iSer’aifté d° Ie faire’ je réc!amerai avec la dernière énergie la stricte appü-
cation de la loi sur la margarine, loi que nous avons eu tant de mal, moi et mes collègues
du JNord, a faire aboutir. D
Ami sincère de l’ouvrier, je continuerai à voter la loi à l’étude instituant les retraites
rt u-ïïtT' rVeC PartlCiPr?°n dG 1Ét3t’ Cn assurant son fonctionnement immédiat et la
retiaite anticipée avant 60 ans en cas d’infirmité ou de maladie.
, f Part,f 11 du sei'dce de deux ans, dont j’ai voté le principe à la Chambre, je m’efforcerai
de faire aboutir le plus rapidement possible cette loi d’égalité et de justice sociale, tout en
assurant le maintien des effectifs nécessaires à la défense nationale.
Cultivateurs, voub me verrez repousser avec énergie toute atteinte à vos intérêts et
contribuer a tout ce qui pourra assurer la prospérité de vos cultures. '
— ' 559 — N° 1162
Ouvriers, je continuerai à voter les lois qui pourront améliorer votre sort par une évo¬
lution pratique.
Républicains, vous voterez pour celui qui a vécu pour la République et qui saura conti¬
nuer à la défendre contre la révolution et contre la réaction.
Vive la République !
Évrard EL1EZ,
Vice-Président du Conseil général du Nord,
Candidat républicain, Député sortant.
circonscription de CAMBRAI
M. HERSEZ
Élu au lor tour de scrutin. — 20.925 voix.
Chers Concitoyens,
Les délégués républicains des communes de la lro circonscription, réunis en Congrès Je
6 mil, ont unanimement approuvé tua ligne de conduite générale, la position que j'ai
prise sur le terrain économique, les efforts que j’ai constamment accomplis pour défendre
l’Klat laïque, protéger le commerce, l’industrie, l’agriculture, le travail, sauvegarder les
intérêts de notre région, diminuer autour de moi le nombre des inégalités et la profondeur
des infortunes.
Chacun de mes actes ayant été ratifié par le Congrès, qui a souscrit à l’ensemble de
mon œuvre législative de quatre années, il y aurait véritablement défection de ma part si
je me dérobais au devoir de solliciter le renouvellement de mon mandat.
Je viens donc demander au corps électoral de sanctionner la décision du Congrès, et
d'affirmer sur mon nom que la circonscription n’a rien perdu de sa foi républicaine* et
quelle conserve sa pleine confiance au représentant qui a consacré à la démocratie tout son
temps, toute son activité, toute sa force.
Pour affronter sans la moindre appréhension la grande consultation du 27 avril, il me
s* de me souvenir des magnifiques résultats de l’élection du 8 mai 1898, — d’évoquer
les gages d’attachement que tant de fois, depuis, j’ai reçus des communes et des simples
particuliers, — de songer à l’immuable unité de vues, d’aspirations, de sentiments, qui se
manifeste dans chacun des votes de nos quatre cantons.
Si nous avons échangé d’aussi précieux témoignages d’estime et de sympathie réci¬
proques, c’est que vous tous et moi, mes chers Concitoyens, nous avons gardé notre commun
programme, nous nous sommes affermis de plus en plus dans nos principes comme dans
Ms affections, nous nous sommes rapprochés davantage de l’idéal démocratique que, dès
premier jour, nous nous étions proposé d'atteindre*
Investi par vous de la mission d'assurer, dans la mesure où peut s’exercer mon action,
lbre fonctionnement de nos institutions républicaines, je me suis déclaré nettement par-
,I5ari la suprématie du pouvoir civil, — nettement hostile aux entreprises du clérica¬
le, du collectivisme, et de toutes les factions qui en dérivent, contre le régime établi,—
Jtemeot désireux do ne pas laisser, désorganiser et affaiblir notre vaillante armée par des
citations mauvaises, mais de la placer au-dessus des luttes de la politique pour fortifier
C lout 110tre respect et de tout notre patriotisme l’admirable édifice de la défense nationale.
— 560 —
C’est dans cet esprit, c’est avec le dessein de voir tous les Français collaborer également
à une œuvre qui est au même degré celle de tous, que j’ai voté le principe de la réduction
du service militaire à deux ans de présence effective sous les drapeaux, toutes les dispenses
devant être supprimées, et remplacées quand besoin sera par des allocations aux familles
0 é 06 fi Si tô Ü S e S ■
Justement préoccupé de Fégaïité de tous les citoyens devant la loi, devant 1 impôt, j ai
pensé qu’il était înadmisible de laisser se multiplier et ^accroître les associations illicites,
que tous les régimes avaient successivement combattues et qui n en étaient pas moins de¬
meurées de dangereux syndicats d'accaparement financier et des foyers redoutables d agi¬
tation et de conspiration* -Fai jugé qu'il était indispensable, et certainement conforme à
l’équité, d’exiger de quiconque veut entrer au service de la République des garanties de
loyauté et de fidélité* Je me suis en outre appliqué à faire prévaloir, dans les questions
d’enseignement, les seules solutions compatibles avec le maintien de l’unité morale de la
Patrie, et de la concorde entre tous lee citoyens.
En m’associant à de telles réformes, j’ai la certitude de n’avoir porté aucune atteinte à
la plus chère de nos libertés, la liberté de conscience, qui est une sécurité pour toutes les
croyances et toutes les philosophies, mais qui ne doit pas avoir le caractère dune peipé-
tueile menace pour les autres libertés de FÉtat
Ainsi que Je m’étais engagé à le faire, j’ai plaidé la cause de tous ceux qui tra¬
vaillent, de tous ceux qui produisent, industriels, commerçants, agriculteurs, ouvriers et
patrons. En particulier, je n’ai point perdu de vue qu’il convient d’améliorer les conditions
de travail de Pouvrier, sa situation dans la société, et de le faire participer aux bienfaits de
]a solidarité humaine, soit qu’un accident le frappe, soit que la vieillesse ou la maladie la
rende tout a coup incapable de se suffire à lui-même.
Sur le terrain économique, je me suis séparé du cabinet Waldeck-Rousseau, parce que
c’est un devoir supérieur, pour un représentant du peuple, de faire l’abandon momentané
de ses préférences politiques, lorsqu’il s’agit de sauver les intérêts gravement compromis
des régions dont il est le mandataire. J’ai donc lutté et je lutterai pour l’abolition du privi¬
lège monstrueux des bouilleurs de cru, pour la révision de la loi sur les boissons, et pour
la suppression graduelle, puis totale, du droit sur les sucres, suppression qui, en donnant
tout son développement à notre consommation intérieure, est seule susceptible de sauve¬
garder l’avenir de notre agriculture et de l’industrie sucrière.
C’est à la prochaine Chambre qu’il appartiendra d’accomplir ces importants progrès.
Celle dont les pouvoirs vont expirer a beaucoup travaillé ; et, s'il semble que les résultats
acquis ne sont pas en rapport avec la fréquence et la longueur des séances qu'elle a tenues,
la faute en est surtout aux défectuosités de la procédure parlementaire, et à l’obligation où
nous fûmes de passer une partie des sessions a déjouer les manœuvres et les plans de
l’obstruction organisée par les groupes de droite et d' extrême^ gauche contre 1 action gou¬
vernementale*
Il est donc essentiel, si le pays veut qu’une ère de réformes vraiment fécondes s ouvre
devant lui, que le suffrage universel démasque le cléricalisme et le collectivisme, soua
quelque déguisement qu’ils se présentent, et consomme dans toute la franco leur mine
définitive*
C’est à ce prix seulement que la nation se donnera pour législateurs une élite d’hommes
soucieux de sa puissance et de sa gloire.
Électeurs,
En ce qui me concerne, vous savez déjà par ce que je fus hier ce que je serai demain
je n’ai rien abandonné et je n’abandonne rien de mon programme de 1898.
Vous m’avez vu à l’œuvre au milieu de vous, accordant tout mon temps à h chose
publique, ne passant pas un jour sans m’occuper de vos affaires, sans chercher à entrer
— SG i
Nû HG2
plus intimement en contact avec vous tous et avec vos représentants directs des cantons et
des communes-
Je continuerai à marcher résolument dans cette voie, indifférent aux attaques et aux
sarcasmes des hobereaux de J a réaction, qui, dans leur dédain de la démocratie, n'ont pas
encore pu comprendre que ma préférence aille aux petits, aux humbles, aux déshérités, et
ne me pardonnent pas de m'être fait le confident, l'ami, le défenseur de tous ceux qui tra¬
vaillent, qui peinent, et qui ont foi dans un avenir meilleur.
Vous savez que ce n’est pas une mesquine ambition personnelle qui m'a poussé à bri¬
guer des fonctions dont je recherche bien plutôt les charges et les responsabilités que les
honneurs. Je souhaite simplement que la vie publique me procure un jour la satisfaction de
voir mon pays délivré des agitations politiques, entièrement reconquis au calme, grand par
la stabilité de sa paix extérieure, prospère par le complet rétablissement de l’ordre à l’inté¬
rieur, conscient du rôle civilisateur qu'il lui reste plus que jamais à jouer dans l'Europe et
dans le monde.
Vive la France I vive la République!
Paul BERSEZ,
Maire de Cambrai,
Président du Conseil d'arrondissement,
Député sortant.
2* circonscription de CAMBRAI
M, LOZÉ
Élu au 2e tour de scrutin. — 12,619 voix.
.Electeurs,
Le Congrès des délégués républicains m'a désigné pour être, dans les élections légis¬
latives, le représentant des idées dont notre Constitution démocratique est l'expression, et
qui ont amené en France l'établissement de la souveraineté nationale.
Ces idées, je les ai longuement exposées dans les réunions publiques : je les résume
en quelques lignes.
Je veux la liberté de conscience, la liberté de l’enseignement, la liberté du travail.
Je veux l'égalité dans les charges militaires qui pèsent sur le pa^s, en imposant à
tous le même temps de service; dans les charges fiscales, en supprimant le privilège des
bouilleurs de cru; dans l'enseignement, en exigeant de tous les maîtres, soit de l'État, soit
de l'enseignement libre, les mêmes grades universitaires et en abrogeant les derniers
articles de la loi Falloux.
Je veux que l'esprit de fraternité pénètre davantage nos institutions — en établissant
une meilleure répartition des impôts, dont il faut décharger ceux qui n'ont qu'un minimum
de ressources et reporter le poids sur la richesse acquise — - en diminuant les petites
patentes, — en réduisant les taxes qui frappent les produits alimentaires de première
nécessité — en développant les sociétés de prévoyance et de mutualité — en instituant
pour les ouvriers, aussi bien agricoles qu'industriels, des caisses de chômage et des caisses
de retraites.
71
— 362 —
Il faut aider nos industries en leur procurant des débouchés, en défendant leurs inté¬
rêts à l’étranger. Mais on doit se garder de les paralyser par l'excès des réglementations.
Il faut protéger noire agriculture, en parant au dommage qu’elle va subir, du fait de la
Conférence de Bruxelles, par une réduction considérable de l’impôt sur. le sucre, seul moyen
d’augmenter sa consommation à l’intérieur.
"le veux uue administration plus économe des deniers publics, et la suppression du
droit d’initiative parlementaire en matière financière, ce qui veut dire que le Parlement doit
contrôler sévèrement les dépenses et ne pas les augmenter de sou propre fait.
La puissance de notre armée doit être au premier rang de nos préoccupations; notre
force militaire ne sera que plus grande si, après avoir supprimé les dispenses et fait un
meilleur emploi du service auxiliaire, nous parvenons enlin à créer, par 1 augmentation drs
primes de réengagement, un corps solide de sous-officiers. Nous pourrons alors, sans
danger, réduire à deux ans le temps passé sous les drapeaux par nos jeunes soldats.
°Enfin, je suis partisan d’une large décentralisation, basée sur la réorganisation de nos
circonscriptions administratives, auxquelles une plus grande autonomie serait donnée ; elle
aurait pour conséquence de développer dans nos provinces l’esprit politique, de restreindre
le rôle du Pouvoir central , tt de permettre la diminution du chiffre, actuellement excessif,
des membres du Sénat et de la Chambre*
Electeurs,
j’ai passé vingt-cinq années de ma vie au service de nos institutions républicaines,
dans l’administration et la diplomatie.
Si vous pensez que l’expérience que j’ai acquise dans l’exercice de mes fonctions peut
être utile à mon pays, vous le direz le 27 avril, en me confiant la défense de vos interets.
Je ne serai guidé que par mê seule pensée, assurer la prospérité de la France et 5a grandeur
de la République-
Henry LOZÉ;
Ambassadeur de la République Française,
Membre du Conseil de !a Légion d’honneur*
lrP circonscription de DOUAI
M- DEBÈVE
Élu au 2* tour de scrutin. — 8,736 voix*
Cherg Concitoyens,
Vous m’avez, il y a quatre ans, fait l’honneur de m’élire votre' représentant a la
Chambre des Députés. Je viens solliciter de vos libres suffrages le renouvellement -du man¬
dat que vous m'avez confié.
Depuis nombre d’années vous me connaissez : conseiller d’arrondissement pendant
trois ans, conseiller général depuis quatorze ans, j’ai consacré tout mon temps à l’intérêt
général ; nos rapports ont été constants et cordiaux, je n’ai jamais négligé le moindre des
intérêts que vous m’avez confiés.
Vieux républicain, républicain de la première heure, je n’ai point à affirmer longue¬
ment mon invariable croyance politique. Cependant, quoique méprisant les v h butes
— 563 —
N° 1162
attaques dont je suis l'objet, je me vois presque forcé de vous répéter ce que je vous disais
dans ma précédente profession de fox.
J'aî été, je suis et reste toujours partisan d^une politique de réformes et de pr ogrès, et,
dans l’avenir, je m'associerai, comme je l’ai fait jusqurici, à toutes les mesures qui assure¬
ront sans trouble et sans secousse le développement de nos idée» démocratiques.
Ainsi j-ai voté les lois marquant une réforme étudiée, un* progrès- rèfîédri, j’ai suivi
résolument une politique nettement républicaine Mues votes sont là pour l’attester.
En cc qui concerne les intérêts locaux, vous savez que ni la ville de Douai, ni aucune
commune ne s’est adressée à moi sans avoir mon concours empressé et efficace.
je demeure éloigné des adversaires de nos institutions républicaines qui, pour capter
les suffrages, sont aujourd’hui groupés sous la bannière nationaliste, comme si îa patrie
notait pas le patrimoine de tous, adversaires hypocrites, toujours dangereux, qui se servent
de tous les moyens, même des plus honteux* pour arriver à leurs fins. Je suis également
éloigné de ceux qui, par leurs exagérations, mèneraient la République à la ruine.
Ma devise est donc : Pas de réaction, pas de révolution.
Indépendant de toute attache et de toute coterie politique, je continuerai donc à neme
préoccuper dans mes votes que des intérêts dont j’aurai la garde et de l’intérêt supérieur de
la République.
Comme autrefois, je suis partisan absolu du maintien et du respect des lois constitu¬
tionnelles essentielles et fondamentales de la République.
Je considère les lois scolaire et militaire comme intangibles dans leur principe et je
tiendrai la main à leur application.
Un vote que j’ai émis dernièrement à la Chambre*, montre que je suis partisan du ser¬
vice de deux ans pour sans exception.
Partisan convaincu de la liberté de conscience, je maintiendrai avec fermeté les droits
essentiels de l’État, en respectant toutes les croyances et toutes les convictions religieuses*
Il est nécessaire de reviser la loi sur les boissons, qui pèse exclusivement sur les habi¬
tants de la région du Nord, consomroateois et débitante, et* dans l’intérêt du fisc et. de
l’hygiène, je serai ^adversaire convaincu, et infatigable des bouilleurs de cru5 réclamant
régaiilé de tous les citoyens devant l’impôte
Ouvriers, Employés l
J’ai passé ma vie au milieu de vous, nul mieux que moi ne connaît vos besoins* je
chercherai tous les moyens pratiques d’améliorer la situation morale et matérialle des tra¬
vailleurs, notamment par des mesures d’assistance et de prévoyance sociales.
Instituteurs et Membres de renseignement I
Vous connaissez mon dévouement à votre cause, je veillerai à îa réalisation des réformes
nécessaires à l'amélioration de votre condition sociale.
Cultivateurs !
Je suis un des vôtres, je connais les difficultés d’existence de notre agriculture.
11 faut organiser plus largement le crédit agricole, amener l’établissement de Chambres
consultatives, analogues aux Chambres de commerce, appelées à défendre les intérêts des
cultivateurs.
Il faut créer des Caisses de retraite pour les vieux ouvriers des campagnes, comme pour
ceux des villes.
Je suis partisan du dégrèvement agricole promis au moment de l’établissement des
droits de douane.
Si, malgré mes votes personnels, malgré Tes- votes de tous fesj représentants du Nord,
conformément aux conditions acceptées en principe à la conférence de Bruxelles, conditions
dictées par les pays producteurs à bon marché, les primes directes sur les sucres sont
supprimées pour la campagne 1903, je veillerai à ce que des mesures propres soient prises
pour sauvegarder les intérêts agricoles et industriels qui se rattachent à la culture bette-
ravière. 11 est nécessaire de supprimer ou de diminuer largement l'impôt de consomma¬
tion, afin de retrouver sur les marchés français La compensation à la diminution des sucres
actuellement exportés sur les marchés anglais*
Je réclamerai La diminution des frais de dénaturation des alcools et je vois dans
rutiiisation de ces produits pour l'industrie et l'éclairage un moyen de relèvement delà
culture de la betterave.
Industriels et Commerçants I
Je poursuivrai de tout mon pouvoir les mesures propres à favoriser le développement
du commerce et de l'industrie dans notre arrondissement.
Je demanderai le maintien et l'amélioration de nos tarifs dédouané*
Je me tiendrai, comme je Fai fait jusqu'à présent, en rapports constants avec la
Chambre de Commerce pour me faire Tinte rpète de vos revendications près des pouvoirs
publics.
Je favoriserai Fextension des voies de communication, et la création du canal du Nord
permettra de soutenir avantageusement la concurrence étrangère.
Électeurs!
Depuis que je suis mêlé aux luttes politiques, vous connaissez mon dévouement ; j'es¬
père que vous me continuerez votre confiance.
Éternelles ennemies de toutes nos libertés, les réactions coalisées relèvent audacieu¬
sement la tête ; elles osent arborer l’étiquette républicaine et tenter un dernier assaut
contre la République.
Par vos votes, vous direz que la démocratie doit aller toujours au progrès, qu'elle doit
travailler à améliorer le sort des déhéritês et des humbles.
Si vous me confiez une seconde fois l'honneur de vous représenter à la Chambre, je me
montrerai toujours digne de votre confiance* Je consacrerai toute mon énergie à la défense
des intérêts généraux du pays et à celle des intérêts particuliers de notre arrondissement*
Mon plus vif désir sera toujours de me rendre utile et de faire le bien.
Vive la France! Vive !a République ! *
François DEBÈVE,
Cultivateur, Député sortant,
Vice-Président du Conseil général.
2e circonscription de DOUAI
M. CARDON
Elu au 2e tour de scrutin. — 7,479 voix*
Mes chers Concitoyens,
Choisi à la presque unanimité par les délégués des 39 communes de la deuxième cir¬
conscription de Douai, pour porter le 27 avril le drapeau de la République, je me repré¬
sente à vos suffrages.
— 565 —
N* J 162
I?ai la conviclion absolue d’avoir, pendant les deux armées quej’ai eu l’honneur de vous
représenter au Parlement, fidèlement rempli mon mandat, servi mon pays, défendu les
institutions que la France s’est librement données.
Sortie do Congrès républicain, ma candidature ne peut prêter à aucune équivoque.
Je resterai le défenseur de la Constitution et de ses lois fondamentales.
Aussi éloigné de la réaction que de la révolution, je veux une République ordonnée et
vraiment libérale, basée sur la justice égale pour tous, en même temps que secourable aux
faibles, respectueuse de tous les droits, mais résolument réformatrice, économe de vos
deniers.
Partisan absolu de la liberté de conscience, je veux la suprématie du pouvoir civil,
j’ai voté et je voterai la réduction à deux ans du service militaire.
Je veillerai à ce que notre armée reste ce qu’elle est redevenue aujourd’hui, plus forte,
plus disciplinée que jamais, prête à toutes les éventualités.
j’ai répudié et je répudierai l'organisation d’une armée de mercenaires qui seuls subi¬
raient les charges que, dans un État démocratique, chaque citoyen doit supporter.
Travailleurs,
Mon concours sera acquis à toutes les réformes susceptibles de donner plus de bien-
être, plus de jusiiee aux humbles.
j’étudierai avec la plus grande attention les questions concernant la mutualité et l'or¬
ganisation des Caisses de retraites ouvrières pour tous les travailleurs des villes et des
campagnes, dont j’ai voté le principe dans la dernière législature.
Mes efforts tendront d’autre part à ce que les charges en soient équitablement répar¬
ties pour sauvegarder la vitalité dePindustrie nationale.
Les questions économiques' et commerciales seront l’objet de tous mes soins*
Cultivateurs,
Adversaire résolu du privilège des bouilleurs de cru, qui est la cause primordiale des
difficultés que nous traversons aujourd’hui, je demanderai sa suppression.
j’ai voté et je voterai contre toute mesure tendant à établir une taxe différentielle sur
les alcools.
J’aiderai de tout mon pouvoir au développement de l’emploi pratique et peu onéreux
de l’alcool dénaturé.
J’examinerai avec le plus grand soin les conséquences que peut avoir pour nous la
convention de Bruxelles.
Je voterai la réduction, puis la suppression totale de l’impôt a la consommation sur les
sucres, en un mot les mesures les plus favorables à notre région du Nord et à son agricul¬
ture.
A la tête d’une importante exploitation agricole, je connais vos besoins et vos craintes.
Je ne faillirai pas à mon devoir.
Vous pourrer comptez sur moi pour la défense de vos intérêts, qui sont les miens.
Je n’aurai garde d’oublier les instituteurs, les modestes employés elles petits commer¬
çants qui ont également droit à toute la soüititude du Parlement,
Électeurs,
L’heure est grave.
Toutes les réactions coalisées montent à Passant de nos institutions.. Elles dénaturent à
plaisir les causes de la crise dont nous souffrons, elles veulent en rendre responsable la
République, alors que chacun sait que l'Europe entière souffre comme nous du même mal.
Les droits et J es conquêtes que nos pères nous ont légués et po<ur lesquels ils ont tant
combattu, on veut nous les arracher.
N’oublions pas que nous sommes Tes descendants des fiers citoyens de 1789.
Apportons à la lutte toute notre ardeur ; ta victoire définitive sera la récompense de
nos efforts.
Soyons unis aujourd’hui pour le suprême combat, demain pour la concorde et la paix,
pour la grandeur et la gloire de la Nation.
Je consacrerai, mes chers Concitoyens, tout le dévouement dont je suis capable à
l’œuvre d’assainissement moral, de raison et de foi patriotique à laquelle je vous convie au
cri de : Vive la France ! Vive la République !
Armand GARD ON,
Agriculteur, industriel, Président du Conseil d’arrondissement,
Licencié en droit, Délégué cantonal.
Membre de la Société des Agriculteurs du Nord,
Vice-Président d'honneur des Sauveteurs du Nord,
Député sortant.
lca circonscription de DUNKERQUE
il. GUiLLAIN
Élu au 1er tour de scrutin. — 10 . Zj66 voix.
Mes chers Concitoyens,
Pour la troisième fois, le Congrès des délégués républicains de la iro circonscription de
Dunkerque me désigne à vos suffrages. Pour la troisième fois, je vous demande de me
confier le mandat de défendre à la Chambre des Députés les intérêts de votre agriculture,
de votre industrie, de votre commerce et d’y servir les intérêts généraux de la France.
Depuis plus de trente ans, vous me connaissez. Je n’ai pas besoin de vous rappeler
mon passé républicain, ni les efforts que j’ai faits, pendant cette longue période, en colla¬
borant constamment avec notre vénéré sénateur, M. -J.-B. Trystram, pour rendre ce pays de
plus en plus prospère, pour en améliorer l’outillage économique dans l’intérêt du commerce,
pour y attirer de nouvelles industries et notamment celle des constructions navales, pour
en étendre les relations commerciales à toutes les parties du monde, pour faire de
Dunkerque un des plus grands et dos meilleurs ports de 1 Europe et pour faire de Gravelines,
grâce au déclassement de son enceinte, un port de pêche actif et un port de commerce
régional, éminemment utile aux industries qui s’y développent.
Ces efforts, je les continuerai avec énergie. L’accroissement des moyens d’action de
l’agriculture, du commerce et de l’industrie est le premier facteur de l’accroissement de la
richesse publique et, par suite, de l’amélioration du sort des travailleurs.
Mais les affaires ne peuvent prospérer, la richesse publique ne peut s’accroître, que si
la concorde et l’union régnent entre les citoyens. Les excitations à la haine, à l’envie, à la
lutte des classes, qui sont les bases de l’action politique du collectivisme, arrêtent l’essor
économique du pays. C’est pourquoi je n’ai pas cessé de combattre ceux dont les promesses
trompeuses et les haineuses excitations entraînent une partie des citoyens à l’assaut de
l’organisation sociale.
C’est par l’union et non par la lutte du capital et du travail que les forces productives
du pays peuvent se développer. La prochaine Chambre devra s’attacher à faciliter cette
— ;>67 —
N° H 62
union par une bonne loi sur les Conseils du travail, mais en évitant de porter atteinte au
droit du travailleur isolé. C'est en respectant la liberté du travail en stimulant l'activité de
Viodustrie, en rendant confiance aux capitaux, c'est aussi en mettant un frein à l’initiative
parlementaire en matière de dépenses que Pon pourra rendre à nos finances leur élasticité
et retrouver après quelques années d'un régime réparateur, des excédents de recettes.
Il faut en effet, avant tout, de bonnes finances pour rendre plus facile la réalisation
des réformes promises au pays.
Au premier rang de ces réformes se place ^amélioration du sort des vieux travailleurs
et des invalides du travail Cette amélioration doit être exclusivement à la charge des
Pouvoirs publies pour les plus malheureux; j’estime par contre qu'elle doit, pour tous les
autres employés et ouvriers désireux d'assurer la dignité et le bien-être de leur vieillesse,
résulter d'un effort commun des intéressés et de l’État, en utilisant le concours des sociétés
de secours mutuels largement subventionnées.
J'estime également que les marins doivent être traités, pour tous les risques qu’ils
encourent, aussi bien que les autres catégories de travailleurs.
Notre agriculture a été gravement atteinte par les conséquences de la loi des boissons.
Elle est encore gravement menacée par celles de la Conférence de Bruxelles sur le régime
des sucres. Les représentants du Nord à la Chambre des Députés devront poursuivre
énergiquement la suppression du privilège des bouilleurs de cru, s’opposer atout régime
différentiel des alcools, et chercher à détourner de l’industrie sucrière et de la culture de la
betterave la crise qui les menace.
Le pays est ïas des agitations stériles. Il veut pouvoir travailler en paix. 11 veut que le
régime républicain reste fidèle à ces principes de liberté et de fraternité, qui sont l’essence
même de la République, qui l’ont rendue si désirable en 187Û, et qui nous la rendent si
chère depuis trente ans.
C’est pourquoi, tout eu proclamant le droit et le devoir de l'État d'exercer son contrôle
sur renseignement libre, j’ai défendu et je défendrai la liberté d'enseignement, d'accord
en cela avec les fondateurs de la République, qui Pont voulue libérale, bonne et tolérante.
Tels sont, mes chers Concitoyens, les principes qui me dirigeront, si, élu par vos
suffrages, je puis continuer à mettre au service des intérêts publics du pays toutes mes
forces et tout mon cœur,
F. GÜILLAÏN, Député sortant,
Ancien Ministre.
2e circonscription de DUNKERQUE
M. Henry COCH1N
Élu au 1er tour de scrutin. — 10.380 voix.
Messieurs les Électeurs,
Je viens vous demander le renouvellement du mandat que vous m'avez confié déux fois
déjà, en 1893 et en 1898.
Depuis le jour ou j’ai accepté l’honneur et la charge de vous représenter, presque
neuf années se sont écoulées ; et, pendant ccs neuf années, tout mon temps, tous mes
efforts, tout mon dévouement vous ont été entièrement consacrés, J*en ai été récompensé.
— ses
presque chaque jour, par les témoignages constants de votre approbation et de votre
amitié.
Vous me connaissez donc bien, et, entre vous et moi, il n'est pas besoin de longues
explications. La politique que je servirai dans l’avenir, comme je l'ai servie dans le passé,
c’est la politique à laquelle vous êtes attachés vous-même dès longtemps, en immense
majorité, une politique de concorde et d’union, de liberté et de patriotisme.
Car vous voulez, dans la République et par la République, la liberté sincère et large,
la Patrie prospère et forte, l’union de tous les bons citoyens sous les plis du même drapeau.
Vous considérez que les vrais ennemis de la République sont ceux qui la regardent
comme la conquête d’un parti, et veulent s’en assurer la possession par un système de
tracasserie, de persécution sectaire et de favoritisme. Cet esprit est celui de la franc-
maçonnerie, qui prétend gouverner la France, et violenter les consciences; il est celui du
collectivisme, qui veut exciter la haine entre les classes, et la division entre les enfants
d'une même patrie.
Ces deux sectes de violence et d'oppression, qui n’ont jamais eu la majorité dans le
pays, se sont momentanément emparées du pouvoir, grâce à leur audace, et grâce aussi aux
faiblesses et aux trahisons de quelques-uns de ceux qui auraient dû leur résister. Vous
savez combien le pays en a souffert dans ses intérêts moraux et matériels et quelle dange¬
reuse agitation en est résultée.
j'ai confiance que les élections du 27 avril marqueront la fin de cette étrange aventure
et nous ramèneront dans la voie de la République modérée et libérale, que vous approuviez
de vos votes en 1898.
Vos élus devront donner leur appui le plus large et leur collaboration la plus loyale à
tout ministère qui s’efforcera de rétablir l’ordre, de réparer le déficit financier et d’assurer
au pays la paix sociale et la liberté. Et certes, l’œuvre de la future Chambre pourra être
grande et belle.
Dans l’ordre matériel, — elle devra assurer de plus en plus la protection de l’agricul¬
ture et de l’industrie nationales, — reviser la loi des patentes pour l’encouragement du
petit commerce, — défendre surtout nos industries agricoles, la distillerie et la sucrerie,
aujourd’hui si gravement menacées, et la culture de la betterave qui en dépend, déve¬
lopper les emplois industriels de l’alcool.
Dans l’ordre social, un grand devoir s’impose à elle ; les ouvriers sont les premiers
serviteurs du pays, puisque leur travail incessant fait sa richesse et sa giandeui. La rie
doit leur être assurée, lorsque la vieillesse ou l’infirmité les atteint, et pour cela l’État ne
peut établir aucun prélèvement obligatoire sur leurs minces salaires, car ce serait un impôt
sur le travail. Dans le large développement de la mutualité, combiné avec de bonnes
lois d’assistance, me paraît être la solution du difficile problème des retraites ouvrières.
Dans l’ordre patriotique, nous témoignerons notre amour et notre attachement a
l’armée française, qui est l’organe vivant de la force de la patrie et de sa sécurité. Nous la
défendrons contre ceux qui l’outragent; nous la maintiendrons au-dessus de toute basse
suspicion. Le service militaire est une lourde charge qui pèse également sur tous les
Français, et que tous acceptent dans un esprit de dévouement pairiolique. le suis persuadé
que le fardeau peut être allégé, et le temps de service abrégé. Mais cette' grave décision
doit être subordonnée à des mesures indispensables pour assurer le recrutement des cadres,
la discipline et la bonne instruction des troupes.
Enfin, dans l’ordre spécialement politique, nous mettrons au-dessus de tout la liberté,
prêts, en toute occasion, à donner aux autres la liberté, comme nous la réclamons potu
nous-mêmes. Tout homme qui respecte l’ordre et ne viole pas les lois doit jouir de a
protection de ces lois; il ne doit être contrarié en rieu, ni pour ses opinions, ni pour ses
croyances, ni pour l’éducation qu’il donne à ses enfants, ni pour le g' nre de vie qu il U1
plaît de mener. Tels sont les principes généraux qui se résument en ces mots : liberté in i-
viduellc, — liberté communale, — liberté de conscience, — liberté d’enseignement,
liberté d'association.
— 51)9 —
N° 1162
Tel est le programme que vous avez toujours acclamé, que vous acclamerez encore
le 27 avril.
Vos suffrages nombreux me donneront la force de le défendre, et nous aurons, je
l’espère fermement, la joie de le voir triompher.
Je reste votre serviteur dévoué et, permettez-moi de l’ajouter, votre sincère ami.
Henry COCHIN,
Maire de Saint-Pierrebrouck,
Député sortant.
lro Circonscription d'HAZEBROUCK
M. LEMIRE
Élu au 1er tour de scrutin. — 9.709 voix.
Mes chers Concitoyens,
Depuis neuf ans j'ai défendu en votre nom les idées de justice, d’ordre et de progrès.
Vous vouliez et j’ai voulu avec vous une République ouverte à tous, respectueuse des
droits de chacun et uniquement soucieuse de la grandeur de la Patrie.
A la veille d'un mandat nouveau, vous demandez que votre représentant soit le défen¬
seur énergique des libertés qui sont îe patrimoine commun des Français et le traditionnel
honneur de nos Flandres : liberté de conscience, libre pratique de ia religion, libertés
d'association et d’enseignement.
Je ri’ai jamais failli, je ne fait lirai jamais à ce devoir.
Vous demandez qu’il soutienne un gouvernement ménager de nos finances, allégeant
et répartissant avec équité la charge des impôts, admettant les citoyens aux fonctions
comme aux honneurs sans exclusion ni tracasserie, favorisant les initiatives privées et les
entreprises locales d’où résultent la prospérité et la force d un pays.
Cela encore, votre député Pa voulu, l’a cherché et il s’emploiera constamment a
l'obtenir. r .
Beaucoup de réformes importantes sont à réaliser : les unes ont été étudiées déjà, les
autres le seront bientôt. L’expérience acquise pendant les législatures précédentes me
permettra d'y travailler — si vous le voulez bien — plus utilement que jamais.
La France a ôté troublée par des agitations stériles et funestes.
il est temps de revenir à notre véritable esprit national, fait de bon sens, de tolérance
et de générosité.
Le drapeau, l'armée, la république libérale et juste doivent être placés en dehors et
au-dessus des partis.
Ils le seront par la sagesse et le patriotisme de tous.
Les députés du Nord ont de particuliers et graves devoirs à remplir à l’heure présente.
Notre département contribue pour une part très considérable au budget national.
En conséquence, il nous importe de vei’ler à ce qu'aucune inégalité ne vienne alourdir
72
ce fardeau et de réclamer, dans les travaux publics subventionnés par l'État, une part qui
soit en rapport et avec nos besoins et avec nos ressources,"
Unis sur le terrain économique, nous aurons à demandai' une seconde cho> e : que noire
agriculture, si admirablement entretenue, maigre ses épreuves, par le labeur intelligent et
tenace des habitants de nos campagnes — que notre Industrie et notre commerce, qui
contribuent si largement à la prospérité et au bien-être général — jouissent de la protec¬
tion, de la sécurité et des garanties qu’on doit au travail national, aux ouvriers qui tn
vivent et aux finances qui en prospèrent.
Mes chers Concitoyens,
Pour la première fuis, des théories qui tendent à la suppression de la famille, de la
propriété et de la patrie, essaient de pénétrer dans nos ateliers et dans nos champs.
Elles n’auront aucune prise dans notre pays sage et laborieux.
Pas plus au chemin de fer que dans l’usine, pas plus dans un bureau que dans une
exploitation rurale, un n’a besoin du collectivisme pour corn prendre, soutenir et revendiquer
les droits des travailleurs.
Vous saurez barrer la route aux utopies et, sans lutte de classes et tans trouble pour la
paix publique, vous poursuivrez les vraies réformes et les bienfaisantes améliorai Ions,
Dans revenir comme dans le passé, votre député vous y aidera de tout son pouvoir, de
toute soti énergie.
Abbé J. LEMIRE, Député sortant.
2e Mandat, de 1893 a 19Ü2,
1898
8 Mai. — L’abbé Lemire est réélu député de la lrfl circonscription d’Hazebrouck-Cassel-
Steenvoorde avec 2,000 voix de plus qu’en 189 S.
6 Juin. — Son élection est validée sans observation,
23 Juin. — Proposition de loi de Tabbé Lemire, présentée de concert avec soixante de
ses collègues de tous les partis, pour organiser et protéger le bien de famille contre la saisie
et ie .partage forcé. Elle est prise en consi dération.
— La Chambre décide de se constituer en grandes commissions de .33 membres, L’abbè
Lemire est nommé membre de Ja commission de ^agriculture* de celle de renseignement et
plus lard de celle des associations,
AouLSeptenibre-Octobre. — Vacances,
25 Novembre. — L’abbé Lemire dépose une proposition de loi reconnaissant à tous le
libre droit d'association, Elle est prise en considéra Lion.
b Décembre, — Discussion sur le payement des salaires des ouvriers. — Il demande
que ce payement ne puisse être fait là où l'ouvrier est exposé h dépenser une partie de son
salaire : boutiques ou débits. L'amendement est voté.
7 Décembre. — Rapport de l'abbé Lemire, au nom de la commission delà chasse^ sur
ses deux propositions tendant, Lune à reconnaître dans le silence du bail le droit de chasse
au fermier et à ses fils habitant avec lui, et l’autre obligeant les chasses réservées à être
déclarées à la mairie des terres pour éviter les procès,
23 Décembre. — Interpellation sur la situation générale de l’Algérie, — li proleste
énergiquement contre un interrupteur qui accusai! w les catholiques de ne pas faire leur
devoir et de ne pas payer Eimpôt du sang n.
— 871 —
H° 1162
1899
24 Janvier* — Muêgeti des Affaires étrangère». — L'abbé Lemire combat l'amendement
pejeante tendant à supprimer tes subventions accordées aux écoles catholiques d’Qrïent, Il
ne veut pas de Tostradsme contre « les viem Français de France, portant dans leurs cœurs
ces traditions de dix-huit siècles de christianisme qui ont fait tant honneur à !■ humanité I »
L’amendement Dejeante est rejeté.
27 Janvier. — Intérieur, — U abbé Lemire plaide la cause des enfants assistés. ïl
demande qu’on tes place de préférence à la rampa -ne dans d’honnêtes familles ouvrières
où ils goûteront les joies du foyer dont ils sont privés ailleurs,
81 Janvier, — -Cultes, — II propose : 1° d'augmenter ia somme allouée poursecours aux
prêtres âgés et infirmes; 2° d'autoriser tes évêques à utiliser, pour tes paroisses de nouvelle
création, tes traitements affectés aux paroisses devenues .trop petites. M. Dupuy, ministre,
promet d’entrer dans celte voie,
8 Février, — Commerce. — M, Lemire demande que tes médailles accordées aux vieux
serviteurs soient décernées par ordre d’ancienneté sans exception; et que pour esta il sait
dressé dans chaque département un tabteau que l’on consultera d’oiïtee,
9 Avril, — Marine. — II questionne te Gouvernement sur les moyens de venir en aide à
la marine marchande, fi importe, dit-il, de décider « si Ton verra longtemps encore le long
de nos rivages le spectacle qui affiige notre patriotisme, ici des rades désertes, là des chan¬
tiers silencieux, et sur des points extrêmes, quelques grands ports remplis, comme des
hôtelleries cosmopolites! par des navires étrangers », Il combat le système des primes, oné¬
reux pour nm finances et qui nJa rien produit.
18 Février. — Réunion de TAssemblée nationale à V^rsuilles pour nommer un Président
de 1a République.
M, Émile Loubet est nommé par 483 voix à te place de M. Félix Faure, décédé.
15 Mars. — Postes et Télégraphes. — M. Lemire demande au Gouvernement ; 1* que,
dans l’intérêt du personnel, les bureaux de postes ne soient ouverts au public, les dimanches
et jours de fêtes légales, que durant trois heures à désigner suivant tes localités; 2° que tes
facteurs ruraux soient autorisés à recevoir à domicile tes fonds pour mandats postaux et à tes
transmettre ensuite au bureau au nom du mandant; 3° que la franchise postale soit accordée
aux indigents pour êerfre au directeur de l’Assistance publique. Obtenu.
16 Mars. — U propose d'accorder aux facteurs chargés de famille des secours propor¬
tionnels an nombre de leurs enfants. Le Ministre promet d’étudier ces diverses réformes
dont plusieurs depuis ont été réalisées.
23 Mars. — Marine. — Il fait adopter un amendement tendant à augmenter les revenus
de la caisse de? invalidas de la marine, en lui attribuant les redevances perçues pour conces¬
sions temporaires à des particuliers des relais, de mer,
24 Mars. — Finances , — II soutient une motion préjudicielle tendant à diminuer le
nombre des députés pour faciliter les discussions.
39 Mars. — Amendement Lemire pour que tes agents des contributions indirectes dont
le traitement n’est pas supérieur à 3.3 GO francs, touchent, oomaie tes employés des douanes
etdris postes, les deux tiers de leur traitement comme retraite,. L'amendement esl admis en
principe,
8 Juta. — Modifications à la loi suit les accidents du travail. — M. Lemire demande que
l’on précise bien que les accidents occasionnés par les machines à battre seront à te charge
de ceux qui exploitent la machine et non des. cultivateurs chez qui elle travaille,.
23 Juillet. — Proposition de loi ite ttebbé Lemire en faveur des testateurs et des ms-
— 572 —
titutrices titulaires. Elle leur accorde le droit d’être élus au conseil départemental de Tins-
traction publique.
AoûUSeptembre-Octobre. — Vacances.
23 Novembre, — Il dépose le projet de résolution suivant : <i La Chambre invite le Gou¬
vernement à organiser un ministère du travail », Quand la création proposée n aurait d’autre
résultat que le suivant ; dans toutes les industries, la vie des enfants sera moins sacrifiée,
la dignité des femmes mieux sauvegardée et les Intérêts des travailleurs plus efficacement
protégés . ce résultat suffirait à justifier le projet de résolution ». Il est voté parla
Chambre.
24 Novembre. — Proposition de Vabbê Lemire afin que les élections sénatoriales aient
lieu aux chefs-lieux de canton, pour éviter les frais de transport qui sont à la charge des
contribuables.
27 Novembre, — Affaires étrangères, — U répond à M. Sembat qui, en proposant la
suppression de l’ambassade française près du Vatican, avait attaqué le catholicisme et les
congrégations.
30 Novembre. — Interpellation de M. Fournière sur les religieuses du Bon Pasteur,—
Il réfute les calomnies dont ces religieuses sont accablées. Puis, élargissant le débat, il invite
tous les députés à s'unir pour reconstituer la famille qui est la « cellule vivante de la société n.
Discours très applaudi, un des plus beaux succès du député d'IIazebrouck.
il Décembre. — Colonies. — M. Lemire demande que le Ministre : 1° vise à simplifier
les formalités du mariage dans les possessions françaises de POuest africain; 2* veille à
Inexécution des lois qui abolissent l'esclavage et la traite des noirs. Il obtient satisfaction.
21 Décembre, — Proposition de loi sur le travail des enfants, des filles mineures et des
femmes, — M. Lemire demande, au nom des droits de l'humanité et de la famille, que « les
jeunes ouvriers et ouvrières, jusqu’à l'âge de dix-huit ans et les femmes ne puissent être
employés à un travail effectif de plus de soixante heures par semaine et de plus de onze
heures par jour, » 11 préfère la réglementation par semaine, plus flexible, à celle par jour,
trop uniforme.
1900
16 Janvier. — Chemins de fer . — Il demande : 1° que, sur les chemins de fer d'intérêt
local, les militaires aient le quart de place; 2° que, sur toutes les lignes, il soit créé des aller
et retour de toute gare à toute gare valables deux jours ; 3° que, sur le chemin de fer franco-
belge (Flaûdre occidentale), le travail dépassant douze heures par jour soit payé en sus de la
journée; 4° qu'il soit essayé — pour prévenir les collisions — un système de signaux élec¬
triques eniTe le3 traîna en marche,
22 Janvier. — Beaux-Arts. Exposition universelle. — Il demande que les monuments
de Paris soient ouverts intelligemment aux visiteurs de la province — et que le Gouver¬
nement veille à l'exécution de la maison-type du foyer moderne pour Pouvrier français.
Obtenu,
9 Février, — Postes. — Amendement Lemire pour établir des « allocations de famüle u
au bénéfice des agents et sous-agents qui ont plus de trois enfants au-dessous de seize arife
et qui gagnent moins de 2.000 francs. Il est voté par 311 voix contre 18 à,
12 Février. — Pi fiances. — M, Lemire demande que les préposés de F administration
des tabacs bénéficient des mêmes avantages que les agents et sous-agents des autres
administrations en ce qui concerne l'avancement triennal, l/amendement, après pointage*
est adopté.
23 Février. — Guerre . — M* Lemire pose à M, le Ministre uoe question relative à la
circulation des militaires sur les voies ferrées. Il voudrait que ceux-ci obtinssent la réduction
du part déplacé sur les chemins de fer d'intérêt local. Le Ministre promet désister près
de son collègue des Travaux publics.
10 Avril. — Proposition de loi de Pabbé Lemire tendant à assurer la retraite de vieillesse
et d’invalidité pour tous les travailleurs, avec le concours de l’Etat, du patron et de l’ouvrier,
comme elle existe et fonctionne à la satisfaction de tous en Allemagne.
iü Avril, — Proposition de loi admettant comme années de retraite celles passées au
service de PÉtat par les demi-soldiers des douanes avant leur service militaire,
U Avril.— Discussion sur l'ensemble du budget voté par le Sénat.— Le député d'Haze-
brouck prie îa Chambre de rétablir le crédit des postes intitulé « Allocations de famille ».
L'amendement est adopté.
Rejeté une seconde fois par le Sénat, il est voté une troisième fois par la Chambre, et
finalement accepté par !e Sénat lui-même. Ce vote assure au député du Word la reconnais¬
sance des représentants des facteurs qui le remercient dans leurs journaux spéciaux.
G juillet. — Rapport dePabbê Lemire sur les diverses propositions concernant le bien
de famille. Ce rapport est approuvé par la commission de l'agriculture,
Aôût-Septembre-Octobre. — Vacances,
6 Novembre. — M. Lemire demande un tour de faveur pour son interpellation déposée
!e 31 octobre au sujet de la hausse anormale du charbon.
30 Novembre. — 11 fait un rapport au nom de la commission d'agriculture sur le projet
du Gouvernement favorisant ïes caisses régionales de crédit agricole.
Décembre. — Il demande et obtient, comme rapporteur, la déclaration d’urgence et
le vole immédiat de ce projet de loi accordant aux caisses régionales de crédit agricole des
avances d'argent qui pourront s’élever à quatre fois le capital versé.
7 Décembre, — Beaux-Arts . — Dans un discours vivement apprécié par la Chambre,
M, Lemire demande au Ministre de décentraliser l'art en adaptant les musées de province a
leur milieu; de faire en sorte que l’art soit pour le peuple « une sorte d’enseignement
vivant »; de résister h la manie de démolition qui sévit en certaines villes; de veiller à
l’harmonie des décorations d ensemble; en un mot de sauvegarder îe sens artistique du
peuple français, ce sens qui est fait de goût, de délicatesse et de convenance.
a Et voilà pourquoi, dit-il. à certaines heures, ce peuple, se réveillant plus vite que les
autres peuples, voyant plus juste et doué d une âme plus haute, comprend ce que l’on doit
à ceux qui vont de par le monde, comme ce vieillard vaincu et suppliant qu’il saluait hier
(le président Kruger), pèlerin d’une sublime espérance I »
17 Décembre. — Finances . — Il plaide la cause des employés des douanes. Il rede¬
mande : 1° que les deux ans des demi-soldiers leur soient comptés pour la retraite; 2e* que
Pindemité de résidence soit distribuée d'une façon plus équitable sur la base des charges
de famille; 3° que les casernements des agents soient hygiéniques,
18 Décembre, — Même budget . — Il présente au Ministre plusieurs vœux du personnel
des contributions indirectes : lû l’assimilation des employés qui ont fait leur service mili¬
taire sous le régime de la loi de 1872 à ceux qui l’ont fait sous le régime de la loi de 1889;
2° l'inutilité de certains cautionnements; 3° la diminution des frais de déménagement;
4° l'avancement plus régulier.
Même séance. — Il demande d'étendre le bénéfice de l’amnistie aux prêtres privés de
leur traitement. Le président du Conseil répond qu'il y sera procédé par mesure adminis¬
trative.
27 Décembre. — L’abbé Lemire défend contre les attaques de la gauche Mgr Favier,
l’illustre évêque de Pékin, et les missionnaires de Chine. « Autant que nos braves soldats,
ils ont bien mérité de la patrie, de l'humanité et de la religion, »
— 574 —
1901
17 Janvier. — Rapport de l'al)bê Lemire sur la proposition de loi de M. Morin and etsur
le projet do Gouvernement étendant à l’Algérie l’institution des caisses régionales de crédit
agricole.
Il demande l’urgence et la discussion immédiate.
Les conclusions du rapport sont adoptées.
28 et 29 Janvier. — Discussion de la loi d1 association. — L'abbé Lemire dépose et
défend un contre-projet dont il voudrait substituer les dispositions à celles du Gouverne¬
ment. Ce contre-projet, soigneusement étudié, assure la liberté aui associations de per¬
sonnes et soumet les biens aux règles existantes. 11 prononce à cette occasion un important
discours où if réfute à fond le projet Trouillot. 11 intervient ensuite à plusieurs reprises pour
essayer d'améliorer la loi, et reste toujours sur la brèche comme membre de l’oppositMw
dans la commission.
31 Janvier. — 11 propose un amendement à l’article premier, afin, de permettre aux
associations non seulement d’exister, mais de vivre. Il est combattu par M. Trouillot.
5 Février. — Amendement de l’abbé Lemire à l’article 5. Il demande que la déclaration
d’association soit faite à la mairie et non à la préfecture.
7 Février. — Il prend part à la discussion de l’article 8 sur les pénalités.
26 Février. — Il propose une rédaction nouvelle de l’article 10 sur la personnalité
civile.
Le rapporteur trouve ses observations justes et la commission accepte le textede l’abbé
Lemire, qui est voté par la Chambre.
7 Mars. — Il demande la suppression de l’article 12.
Après avoir combattu pied à pïel la loi, il voie contre l’ensemble.
29 Mars. — Agriculture. — 11 donne lecture et demande l’urgence de son rapport sur
un article du code forestier (affouage).
Ce rapport est adopté et le texte (art. 105) est voté.
20 Mai. — 11 discute la loi sur les accidents du travail..
Il demande et obtient que l’indemnité temporaire soit payable aux époques de paye
visitées dans l’entreprise, au moins tous les quinze jours, et au domicile de la vfetime.
15' Juin. — Rapport de l’abbé Lemire sur l’éligibilité de tous les instituteurs an conseil
départemental. La loi est votée par 1* Chambre et le Sénat. L’abbé Lemire reçoit les félicic
tâtions des instituteurs.
Survient ensuite la discussion de l’importante loi sur les retraites ouvrières.
27 Juin. — L’abbé Lemire, s'appuyant sur l’expérience faite en Allemagne, demande que
la retraite soit assurée à tous les travailleurs, que les caisses soient régionales,, que le*
mutualités et les syndicats aient les mêmes droits que les caisses officielles. Il fait ensuite
adopter plusieurs amendements1 à Partiel* premier de la M.
Août-Septembre-Octobre. — Vacances.
14 Novembre. — Discussion de la loi Berteaux sur le* agents des trains. L’abbé
Lemire, rappelé à Hizebreuck pour les funérailles de M. Detehaye, chef de gare, rectifie
le vote qu’on lui a attribué, et déclare à YOffieiet qu’il n’a pas pris part au scrutin, étant
absent.
10 Décembre. — M. l’abbé Lemire propose l’article additionnel suivant, lors de la dis¬
cussion die la loi sur U marine marchande : « la navigation entra la France et ses colonies
et pays de protec’orat ne pourra s’effectuer que sous pavillon français », afin de réserver au
pavillon français le fret de ses colonies.
— 373 — N° H62
12 Décembre. — J! prononce un important discours pour prouver que la suppression du
budget de3 cultes n’est pas une mesure réalisable, opportune, ni même conforme à la tradi¬
tion républicaine.
24 Décembre, — Il obtient le rétablissement du crédit pour les ministres des différents
cultes aumôniers des prison?, par 341 voix contre 203.
t
1902
24) Janvier* — M. l’abbé Lemire développe sou interpellation sur les conséquences 4e
la convention de La Haye pour les nations civilisées* (Question des Boers.)
« Souhaitons — dit-il en terminant sou beau discours avec une émotion qui a été par¬
tagée par tous les membres de la Chambre, selon la remarque de M- Léon Bourgeois, —
souliai ton s qu’un jour il vienne du fond de l’Afrique clés messagers pour nous remercier
d’avoir aidé ces braves paysans, ces guerriers qui sont des géants, et qui pétrisse üt de leurs
mains et dans leur sang un grand peuple* Et puissent tes messagers apporter dans ce pays
le reconnaissant témoignage de ce que nous aurons fait pour eux!
« Qu’ils disent que nous les avons aidés! Par notre cœur? oui, nous sommes tout dis¬
posés à ;e faire* Par notre bourse? oui encore I Mais par notre diplomatie?**- Ah! messieurs,
je le souhaite du fond de Pâme, afin que sur cette terre d’Afrique il y ait auire chose que
des peuples exploités ou des peuples esclaves, qu’il y ait, grâce à nous,, un peuple libre* »
(Vifs applaudissements).
M, Fabbé Leurire prend unepart très active à la discussion du budget de '^exercice 1902*
21 Janvier* — Affaires étrangères * — Il rend un hommage ému à la grande intelligence
de Léon XIII et à la fidelité de son amour pour ta France, et protesté contre les alléga¬
tions formulées au sujet de la réunion de Fhippodrome de Lille en novembre dernier*
23 Janvier* — Il répond à M* Dubief, rapporteur, qui accusait les missionnaires de ne
pas enseigner Je français en Chine, par celte citation du Bulletin de F Alliance française :
« Ou peut dire dTune manière générale que, dans toutes les provinces de la Chine, il est
possible de recevoir un enseignement français; le corps enseignant existe : il est constitué
par les missions, n
30 Janvier* — Agriculture * — Crédit agricole* M* Fabbé Lemire dit que la commission
de Fagriculture veut respecter toutes les organisations existantes et tes faire participer tontes
aux avances des caisses de ■ FÉtaf , moyennant qu’elles acceptent le même contrôle, (Test
une question d’égalité et de justice*
4 Février* — Commerce * — Discussion générale, M* Fabbé Lemire soumet au Ministre
trois observations; 1° que l'inspection du travail soit décentralisée ; 2e que la législation
sur les habitations ouvrières soit modifiée en ce qui concerne les droits de mutation;
3Q que les subventions aux sociétés de production et de crédit soient données sous forme
d'avances*
Le Ministre promet satisfaction sur ces trois points.
h Février* — M, Fabbé Lemire demande que les médailles aux vieux ouvriers soient
accordées sans retard*
10 Février* — Justice. — M* Fabbé Lemire rappelle à la Chambre que le rapport sur les
propositions de loi relatives aux biens de famille et au homestead est prêt et demande gu#i[
soit discuté par la Chambre*
11 demande que les tarifs des greffiers de la justice de prix soient révisés dans le plus
bref délai par mesure administrative* Il obtient du Garde des sceaux une déclaration
favorable*
11 Février. — 11 obtient Je rétablissement du crédit pour le culte dans les maisons
d éducation de la Légion d'honneur*
— 576 —
12 Février. - U demande le maintien à l’ordre du jour de la proposition do loi relative
au repos hebdomadaire.
17 Février. -- Cultes. - M. l’abbé Lemire combat le projet de résolution de M. Dejeante,
qui voulait enlever aux séminaires la gratuité de leurs locaux.
18 Février. — Instruction publique. — Enseignement primaire.
M. l’abbé Lemire pose au Ministre quatre questions ; ■l" que le certificat e u es soit
modifié ou remplacé, car il entraîne un surmenage pour les enfants; 2“ qu on ne néglige
pas dans les écoles les idiomes locaux et, à ce sujet, il défend la beante et utilité de a angue
flamande; 3° qu’on accorde aux instituteurs les allocations de famille; h° que les instituteurs
soient libres de chanter au lutrin le dimanche,
20 Février — Finances. — 11 demande que les indemnités de résidence soient données
aux douaniers dans les localités qui étaient autrefois des villages et qui sont devenues des
villes, et que les logements appartenant à des particuliers soient améliorés, il demande
que le cautionnement soit supprimé pour les agents des contributions indirectes non
comptables et que les préposés aient droit à un plus grand nombre de places dans a section
des commis.
Satisfaction est accordée sur ces deux points.
11 demande si les préposés des manufactures de tabacs sont ouvriers ou fonctionnaires;
s’ils peuvent ou non se syndiquer.
Le Ministre répond qu’ils sont fonctionnaires.
21 Février. - Marine. -Amendement de M. l’abbé Lemire tendant au rétablissement
du crédit affecté au personnel religieux. 11 est voté par 302 voix contre 202.
25 Février, _ Guerre. — Amendement de M. l’abbé Lemire tendant au rétablissement
des crédits affectés au culte et au service hospitalier des établissements militaire*. Est vot
par 326 voix contre 109. Cet amendement, qui maintient les aumôniers dans les croies e
les hôpitaux, et les sœurs dans tons les hôpitaux militaires de France, constitue une ecision
de principe qui entraîne le vote de plusieurs crédits très importants,
3 Mars. — Amendement de M. l’abbé Lemire relatif aux crédits pour les aumôniers des
établissements pénitentiaires dans les colonies. Est voté comme le précédent.
9 Mars. - Loi de Finances.— Texte relatif aux fonctionnaires de l’enseignement public
détachés dans des établissements ayant un caracière confessionnel. Question du collège
Stanislas. L’abbé Lemire et M. Aynard combattent le texte du Gouvernement et de la Com¬
mission du budget.
Mars. _ Il prend part à la discussion de la loi sur le repos hebdomadaire et fait remar¬
quer que le dimanche sera la jour habituellement choisi pour le repos, quand bien même i
ne serait pas inscrit dans la loi.
2S circonscription d’HAZEBROUCK
M. PL1CHON
Élu au 1er tour de scrutin. — 10 .036 voix.
Messieurs les Électeurs et chers Compatriotes,
Depuis plus de 12 ans, votre confiance m’a chargé du grand honneur de vous repré¬
senter à la Chambre des Députés, , nt l,imnor-
le vous remercie une fois de plus d’une pareille preuve de sympathie, dont I unpui
tance n?a d’égale que la fidélité.
— 577 —
N° 1162
Je me présente devant vous à nouveau, apportant, comme gage de mon dévouement à
défendre vos intérêts, ma conduite passée.
C’est sur ïes actes qu’on juge les hommes.
Vous direz si j’aî bien servi votre cause.
Inutile de vous faire des promesses, car vous savez que je ne suis paë de ceux qui
changent de visage ou d’attitude.
Député de la 2e circonscription d’Hazebrouck, je n’appartiens à aucune commune en
particulier, et je défends, dans la mesure de mes forces, les intérêts de chacune d’entre
elles, consacrant à toutes, mon activité, mes forces, ma bonne volonté.
Mon concours, on le sait, est acquis à tous, et, si j’ai des adversaires, Je n’ai pas d'en¬
nemis.
Ce que j'ai été hier, j^e le serai demain.
J'ai donné au Gouvernement de la France le concours le plus loyal et le plus désinté¬
ressé, n'épargnant ni mon temps, ni mon travail, ni ma peine, mettant à son service, et
pour le seul bien de mon pays, tout mon dévouement.
Au point de vue politique :
J’ai combattu de toutes mes forces la loi inique sur les associations, qui, au lieu de
donner la liberté à tous, l’enlève à quelques-uns ; elle constitue le premier acte de la cam¬
pagne entreprise pour la déchristianisation de la France, suivant l’expression même de nos
adversaires, et représente la première application légale de la doctrine collectiviste, par
l’expropriation et la vente des biens des congrégations.
Au point de vue militaire :
J’ai lutté avec succès en faveur de la création d’une armée coloniale, supprimant
l’envoi, sous des climats meurtriers, de nos jeunes soldats, et j’ai soutenu la réduction du
service militaire à un an pour tous, afin, en rétablissant l'égalité, d’alléger les charges qui
pèsent sur le peuple, au moyen d’un noyau permanent de rengages assurant le recrutement
des cadres et le complet des effectifs.
L’armée est la grande famille à laquelle nous appartenons tous. Nous l’aimons et nous
ïa respectons; ceux qui l’attaquent odieusement atteignent chacun d’entre nous!
Au point de vue social ;
Vivant au milieu des ouvriers, dont je connais et j’admire le dur labeur, j'ai, il y a plu¬
sieurs années déjà, déposé un projet en faveur des retraites pour les travailleurs, et, cette
année même, afin d’aboutir tout de suite, j’ai demandé que ces retraites soient basées sur
une large extension des sociétés de secours mutuels, et sur la répartition annuelle des
cotisations projetées en faveur des retraites.
Convaincu que la richesse d’un pays et l'amélioration du sort des classes laborieuses
ne peuvent provenir que d’une entente loyale du capital et du travail, j’ai lutté énergique¬
ment contre les fauteurs de trouble, qui, bien abrités eux-mêmes contre les conséquences
de leurs excitations, provoquent la guerre des classes, au risque de plonger l’ouvrier dans
la misère par des grèves prolongées, et de faire de la France, comme hier de l’Espagne, un
champ de bataille sanglant.
Au point de vue financier :
Comme membre de la Commission du budget, je me suis opposé au projet ruineux du
rachat des chemins de fer par l’État, qui coûterait trois milliards pour constituer un nouveau
monopole l tandis que j’ai contribué à faire aboutir le projet sur la création des grands
canaux, qui assureront un nouveau développement à notre industrie du Nord, à notre bateW
lerie et à nos constructeurs de bateaux#
73
— 378 —
Au point de vue économique et agricole :
j’ai provoqué et défendu à la tribune, pour obtenir le relèvement des produits agri¬
coles, tous les moyens de nature à remédier à la crise actuelle. l’ai soutenu toutes les me¬
sures propres à la protection de l’élevage.
J’ai lutté, avec l’énergie que vous me connaissez, contre le privilège des bouilleurs de
cru, la taxe différentielle sur les alcools et l’injuste loi sur les boissons, qui, faisant payer
au Nord la rançon du Midi, tue nos débitants sous le poids de la licence, dégrève le vin, et
augmente l’alcool qui est nécessaire à nos populations laborieuses sous un climat froid.
° La sucrerie est gravement atteinte, la distillerie grandement menacée; partout la bet¬
terave est compromise.
Nous avons obtenu le dégrèvement de l’alcool industriel ; il faut encore abaisser son
prix de dénaturation.
Les céréales se vendent à un prix dérisoire.
De tous côtés la culture est atteinte; elle doit s’unir pour soutenir la lutte.
L’ agriculture donne à la France son argent pour le Trésor, ses enfants pour la dé¬
fendre : elle a droit à la vie; pour vivre, il faut qu’elle soit protégée.
Voilà ce que j’ai fait.
C’est ce que je continuerai à faire, sur le terrain de la République, si vous me renou¬
velez encore votre confiance, continuant à donner à mon pays tout ce que j’ai de courage,
de force et d’intélligenee.
La France demande la tranquillité pour travailler.
Elle demande la liberté,
C7esten son nom que nous luttons ;
Liberté de penser.
Liberté de conscience.
Liberté d’enseigneraenu \
Liberté dissociation.
Liberté du travail.
Avec la liberté, la France sera forte et grande, et c’est pour la conquérir que doivent
3'unir tous ses enfants.
Vive la France !
Jean FLICHON, Dépoté sortant,
Conseiller général, Ingénieur civil.
lre circonscription de LILLE
M. BÀRROIS
Élu au 1er tour de scrutin. — 10,323 voix.
Mes chers Concitoyens,
Vous m’avez confié, il y a quatre ans, l’honneur de représenter au Parlement la pre¬
mière circonscription de Lille. Fort du devoir accompli, je sollicite aujourd’hui le renouvel-
lemeot de mon mandat.
Vous savez dans quelles conditions je me présentais en 1898 à vos suffrages. Républi-
— 37b —
N» 1162
caiu convaincu, mais partisan d'une République large, habitable à tous, accueillante aux
bonnes volontés sincères et aux concours loyaux, j'entendais être le représentant de tous
les républicains sages et modérés, unis dans la pensée de combattre le péril socialiste, de
sauvegarder les libertés qui sont Pessence même de notre régime, d'assurer en un mot, ie
triomphe des idées d’union, de tolérance et de paix.
Je vous promettais aussi de veiller à la protection des intérêts de notre industrie, de
notre commerce et de notre agriculture, intérêts qui sont indissolublement liés à ceux de
nos laborieuses populations,
Tai conscience d'avoir tenu ma parole, et c'est pour cela que j'ai toujours refusé ma
confiance au Ministère actuel, qui a bouleversé les traditions du parti républicain en intro¬
duisant un collectiviste dans les conseils du Gouvernement, dont les actes politiques frois¬
saient nos aspirations de liberté, d’égalité et de fraternité, et dont le régime économique
tendait a provoquer la ruine financière de notre département du Nord.
C'est à cette attitude que je resterai fidèle si vous m’envoyez de nouveau siégera la
Chambre, demeurant inébranlablement attaché h la défense de toutes no3 libertés. Et j'ai
le droit de dire que vous trouverez dans mon passé des garanties qui vaieni mieux que
toutes les promesses.
Je poursuivrai de toutes mes forces la solution pacifique des questions sociales que j'aî
pu étudier de près dans la Commission du travail.
Je reste partisan des Caisses de retraites pour les vieux travailleurs, et fervent adepte
des œuvres de mutualité.
Adversaire résolu de la loi sur les boissons, je veux l’égalité de tous les citoyens devant
l’impôt et repousserai énergiquement toute taxe différentielle sur les alcools,
j'apporterai aussi toute mon attention dans l'examen des nouveaux projets de loi sur le
régime des sucres, qui semblent menacer la culture de la betterave.
Le budget, en déficit indéniable, commande nne stricte économie; je combattrai donc,
â moins d'urgente nécessité, toute dépense qui ne serait pas compensée par une ressource
correspondante.
Je suis prêt h accepter les mesures propres à assurer progressivement la réduction des
charges du service militaire, à la condition que toutes les précautions soient prises préala¬
blement pour assurer l'intégrité de la défense nationale*. Car je veux Farmée forte, res¬
pectée au dedans comme au dehors, à Cabri de toutes les querelles et de toutes les attaques
des partis.
Mes chers Concitoyens,
Vous m'avez toujours trouvé prêt à marcher à votre tête lorsqu'il s'est agi de com¬
battre les funestes théories qui font de la lutte des classes la base essentielle dateur r
programme, ou de repousser ces doctrines internationalistes à Faide desquelles on tente
d'amoindrir dans le cœur des ouvriers le respect et Famour que tout citoyen doit à sa
. patrie.
11 y a quelques jours à peine, nous enlevions une des dernières redoutes du collecti¬
visme; il faut aujourd’hui compléter la défaite du parti révolutionnaire.
En avanî, pour la France et pour la République*
Théodore BARROIS, Député sortant,
2* circonscription de LILLE
M. LOR1HIÛ1S, décédé, remplacé par M. BONTE,
Voy* Elections partielles.
— H80 —
31' circonscription de LILLE
M. DELORY
Élu au 2° tour de scrutin, — 8,908 voix.
Aux Électeurs des trois circonscriptions de Lille.
Citoyens,
C’est avec la même confiance en la conscience du suffrage universel acquis, dans vos
trois circonscriptions. de Lille, aux idées sincèiement républicaines et franchement socia-
listes que le Parti Ouvrier - ce parti de classe qui siège depuis 1896 grâce a vous, a
l’Hôtel de Ville, où il n’a forfait, ni au devoir, ni à l’honneur - se représente devant vous,
avec ses trois candidats qui sont les citoyens Delory, maire de Lille, et deux de ses adjoints,
Louis Dupied et Beuri Ghescjuière. , T
Ces trois candidats, qui peuvent toujours mettre leur vie piivèe et publique a 1 epreuve
même de la plus injuste criiique, sont de ceux qui honorent la classe ouvnete, dont ils
sont et à laquelle ils appartiennent par leur origine et leur humble condition sociale.
Administrant, non sans intelligence- et avec la plus scrupuleuse probité, une grande
cité une ville de plus de deux cent mille habitants, aux considérables besoins d industrie
et d’hvgiène, réclamant les grands travaux, tles réjouissances publiques, les moyens
d’échange et de transport, la propreté et les embellissements nécessaires a sa vitalité et a
sa renommée de capitale de la Flandre, Delory, Dupied et Ghesquière ont établi des budgets,
coopéré ,à la création des ressources, manié. des millions, pour donner satisfaction aux
grands intérêts de notre ville, et ils sont restés honnêtes et pauvres.
La mauvaise foi de nos adversaires — qui sont à la fois nos ennemis politiques et nos
ennemis de classe — ne respecte pas cette conduite exemplair; ils savent que la calomnie
est une arme perfide, qui laisse toujours les traces de son venin, et ils accusent nos trois
candidats d’avoir fait fortune aux dépens des contribuables, vivant à présent, en bons boui-
geois, de la sueur du peuple.
Ce sont ces corrupteurs de consciences, ces acheteurs de traîtres a leur parti et a leur
classe qui vinrent en 1892, au siège de la section lilloise du Paru Ouvrier Français, offrir a
notre parti la mairie, vingt mille francs et le payement des frais électoraux, si nous voulions
nous coaliser avec eux, c’est-à-dire, nous vendre in globo, en masse, ensemble; ce sont ces
industriels arrogants, qui se livrent en temps d’élection à la pire démagogie, traînant e
cabaret en cabaret, à la remorque des électeurs qu’en d’autres temps ils traiien d alcco -
ques, qui osent accuser dans leurs parlottes, nos élus et particulièrement nos candidats, de
vivre au détriment d© la classe ouvrière.
Certes, ils se gardent bien de venir dans les réunions publiques . affirmer leurs in¬
famies, car ils savent bien que ni les socialistes ni leurs porte-drapeau ne sont à vendre;
que ce n’est pas notre parti qui fournit à la tyrannie patronale les « jaunes », dont elle a
besoin pour diviser la classe ouvrière et retarder ainsi son heure d’émancipation.
Apprenez, Citoyens, si vous ne le savez déjà, que le Maire socialiste ne touche que
7.500 francs de frais de représentation et que, là-dessus, il doit faire des dons de bieniai-
sance et des secours de toutes sortes, travaillant plus que le député Barrois qui tout: ie
9.000 francs de traitement, sans compter ses 15.000 francs au moins d’administrateur
la régence minière d’Anziu. ,
Tout le monde, à Lille, sait que le Maire actuel est presque toujours a la mairie, s occ
N° 1 ! 62
— 581 —
1É ia marche de tous les services municipaux, tandis que son prédécesseur, M. Géry~
Legrand, rentier, propriétaire, qui en était presque toujours absent, touchaitune dizaine de
roiîle francs sur différents crédits et avait en plu?, son traiiement de sécateur, c’e^t-à-dire
ses 25 francs par jour.
Des élus bourgeois, on trouve cela tout simple qu’ils soient payés et bien payés ; mais
on voudrait que les élus ouvriers soient obligés de remplir leur mandat pour rien ou de
résigner les fonctions électives.
G>e&t bien ce que voudrait la réaction capitaliste et cléricale.
En outre, pour quelques places dont disposent les élus ouvriers dans les sej vices
publics de la ville, on leur reproche de caser les « frères et amis ».
Mous ferions évidemment plaisir à nos adversaires si nous allions chercher les ouvriers,
employés, agents et fonctionnaires dont nous pouvons avoir besoin parmi leurs agents élec¬
toraux, tandis que nous laisserions mourir de faim et de froid ceux des nôtres que les
patrons chassent de leurs bagnes parce qu’ils sont syndiqués ou socialistes.
Comme ce serait logique ! Est-ce que M. Motte, le nouveau maire de Roubaix, hésite à
révoquer tous les socialistes qui tiennent des emplois municipaux? Vous êtes donc bien des
fumiste?, MM, les cléricaux I
INon, citoyens, vous ne vous laisserez pis circonvenir par les calomnies intéressées de
ceux qui voudraient le prêtre dans l'école, dans l’atelier et dans le foyer du pauvre, pour
opprimer la liberté de conscience; non, vous ne vous laisserez pas intimider par la peur
dû spectre rouge que les cléricaux agitent pour mieux parvenir à nous imposer le drapeau
jaune du pape et le drapeau tricolore avec l’emblème du Christ; non, vous ne voterez pas
pour ceux qui se disent républicains pour mieux s’emparer du gouvernement et, selon
Impression de Cassagnac : « étrangler la gueuse de République ».
Vous continuerez votre confiance aux candidats du Parti ouvrier qui, à 1 Hôtel de Ville,
ont coopéré à l’établissement des cantines scolaires, à l’œuvre des cuisines populaires, à
l’organisation régulière des refuges d’hiver et de l’asile de nuit, aux réformes hospita-
Hères, à l’augmentation des secours du bureau de bienfaisance, au développement des
œuvres de mutualité, à la laïcisation du dispensaire du Vieux-Lille, aux pensions de vieil¬
lesse à domicile, aux voyages et colonies scolaires, à l’envoi des enfants tuberculeux aux
sànatoria maritimes, au sou de poche des vieillards et incurables hospitalisés, à toutes les
œuvre^d5 assistance publique et privée essentiellement de solidarité sociale, faisant porter
la part d’assistance de la Ville à plus d’un million, sans avoir créé d’impôts nouveaux. T ■
fc^Yotig voterez pour les candidats socialistes, parce qu’ils furent, au Conseil général
notamment, d’où une coalition sans nom et sans lendemain les a tait sortir, les énergiques
défenseurs des intérêts de la Ville de Lille, de ileur canton respectif et des intérêts du
travail.
flos candidats sont de ce Parti qui ne faillit pas à ses promesses, qui respecte ses
engagements, qui cherche et pousse à l’émancipation des travailleurs par les travailleurs
eux-mêmes.
Ils seront à la Chambre des Députés, si vous les y envoyez siéger, les représentants
de leur classe ; ils siégeront dans l’opposition de gauche, réclamant des réformes de la
majorité bourgeoise, protestant contre l’emploi de l’année dans les grèves et autres conflits
entre le travail et le capital, soutenant ou combattant les gouvernements suivant Hntèrét
du prolétariat sans participer aux combinaisons ministérielles, et s opposant à la tribune
st par le vote à l’établissement de budgets qui auront pour effet de prolonger la domina¬
tion capitaliste.
Telle sera leur ligne de conduite!
Citoyens électeurs,
Il ne tient qu’à vous de bien voter, de voter pour la défense de vos droits et de vos
intérêts.
— 582 —
Si vous votez pour les candidats du parti qui veut ia véritable République, de cette
République qui transformera la propriété capitaliste en propriété collective ou sociale et
mettra ainsi les producteurs en possession de leurs moyens de production et d’existence
toute de bien-être et de liberté, et si la France ouvrière et paysanne sait suivre votre
exemple, ce sera, à bref délai, la libération ouvrière sans révolution violente, sans barri¬
cades, sans attentats anarchistes, sans grève générale.
Vous voterez donc en masse, le 27 avril, jour libérateur, si vous savez le vouloir, pour
les citoyens :
Louis J)U PIED, candidat de la lre circonscription de Lille.
II. GHESQ1JIÈRE, candidat de la 2° circonscription de Lille.
G. DELORY, candidat de la 3° circonscription de Lille.
Aux urnes! Pas d’abstentions!
Vive le Parti ouvrier! Vive la République sociale !
4fi circonscription de LILLE
M. DANSETTE
Élu au 1er tour de scrutin. — 8.402 voix.
Mes chers Concitoyens,
Voici l’heure où le suffrage universel va juger ses élus.
Jamais situation politique, économique et financière ne fut plus inquiétante.
Depuis trois ans que le ministère Waldeck-Rousseau gouverne avec le concours des
radicaux et des socialistes-révolutionnaires, il n’est pas une liberté qui n’ait été violée, pas
un intérêt matériel qui n’ait été compromis ou menacé.
Vous connaissez son œuvre, elle se résume en quelques mots :
Désorganisation do l’armée;
Atteinte au droit d'association par l’exclusion des congrégations religieuses du droit
commun ; menaces contre les droits des pères de famille par des projets de monopole uni¬
versitaire ;
Déficit dans le budget;
Vote de la loi des boissons qui ruine le Nord au profit du Midi; augmentation des
licences; signature de la convention de Bruxelles qui supprime l’exportation du sucré
français et rend possible sur notre marché intérieur la concurrence du sucre étranger;
Avortement du projet de loi instituant une caisse nationale des retraites ouvrières.
J’ai combattu ce ministère parce que je ne comprends pas la République autrement que
patriote, libérale, économe des deniers publics et soucieuse de sauvegarder les intérêts
matériels de la nation tout entière, sans distinction de région.
Or, les intérêts du Nord ont été méconnus, ont été sacrifiés.
La législature qui prend fin a été perdue en débats politiques irritants et en suren¬
chères électorales qui ont abouti, pour le seul exercice de 1901, à un déficit budgétaire de
trois cent quarante-cinq millions.
Les lois d’affairés elles-mêmes ont été dominées par des préoccupations politiques, et
la loi des boissons n’a été votée que pour reconquérir les faveurs électorales du Midi
menaçant.
583 —
N* H 62
Mes chers Concitoyens,
Député d’un département de travailleurs, fai pensé que, tout en restant fidèle a mes
engagements politiques, mon premier devoir était d’appliquer mes efforts à la défense de
vos intérêts,
Cest ainsi que j’ai pris part surtout aux discussions économiques,
Pal défendu V agriculture et la distillerie agricole ; j’ai sollicité, en faveur des planteurs
de tabac, le droit de choisir leurs graines; j’ai combattu la taxe différentielle de l'alcool et
le monopole de la raffinerie du pétrole.
J’ai déposé au profit des travailleurs une proposition de loi instituant une caisse natio¬
nale de retraites ouvrières,
p ai collaboré à la suppression de tout droit sur les alcools dénaturés.
Si vous me faites l’honneur de me réélire, je demanderai à la Chambre le rejet de la
Convention signée à Bruxelles au nom d’un gouvernement qui semble avoir pris à lâche de
mettre en péril tous nos intérêts.
Je combattrai Tudieux privilège des bouilleurs de cru, et je réclamerai la suppression
des licences.
Enfin, j’ai pris, dans une pensée d’apaisement, de conciliation et de sincérité politique,
l'initiative d’une réforme électorale organisant la représentation proportionnelle et j’ai eu
la satisfaction de voir deux hommes d’Élat républicains, MM* Ribot et Mêline, en accepter
le principe.
Mes chers Concitoyens,
j’ai la certitude, en agissant ainsi, d’avoir été l’interprète fidèle de vos sentiments et
de vos intérêts.
Je me suis efforcé d’être le député de fous, et je n’ai jamais demandé, à quiconque sol¬
licitait un service, s’il était de mes amis ou de mes adversaires*
Tel j’ai été dans le passé, et tel vous me retrouverez dans l’avenir.
Croyez, mes chers Concitoyens, à mes sentiments les plus dévoués*
Jules BÀNSËTTÈ, Député sortant,
Conseiller général.
Candidat républicain libéral.
5e circonscription de LILLE
M, Marcel DELâüNE
Elu au l,r tour de scrutin. — Ü*G71 voix*
Mes chers Concitoyens,
Au moment où je demande aux électeurs des cantons de Seclin et de Pont-à-Marcq le
Nouvellement démon mandat législatif et à ceux du canton d’Haubourdin la consécration
’kee mandat, je me reporte à mes déclarations de 1898.
— S84
Je disais alors :
« Républicain de la veille, indépendant de tonte coterie, je travaillerai, si je suis élu, à
l’affermissement et au constant développement de nos institutions démocratiques, par l’obser¬
vation des principes de liberté, d'ordre et de progrès, sans lesquels il n’est pas de travail
fàC01«dJe suis le partisan d’nne politique nettement républicaine, impartiale et conciliante,
respectueuse de la liberté religieuse, mais décidée à maintenir les droits du pouvoir civil,
incapable de toute compromission avec les dangereuses doctrines du collectivisme, et, par
dessus tout, humaine et fraternelle à l’égard des moins favorisés de ce monde.
« Ennemi des discussions stériles et des aventures, je m’en tiens a la Constitution qui
nous régit et qui a fait ses preuves aux heures les plus critiques. De même je ne serai ni
avec ceux qui poursuivent l’abolition des lois scolaire et militaire, ni avec ceux qui veulent
suppression du Concordat, »
Je n’ai rien à changer à ces déclarations. P ai toujours été et je reste un républicain.
Contre toute entreprise brutale ou sournoise, qu’elle vienne de droite on de gauche, je
détendrai la République. Mais je ne puis admettre qu’à la faveur de cette défense, on intro¬
duise r esprit de parti dans la loi, ni qu’elle serve de prétexte pour excommunier les servi¬
teurs les plus anciens et les plus désintéressés de la République.
J’ai toujours été et je reste partisan de la liberté d’association, telle que le parti repu*
blicain Pavait toujours promise avant la dernière législature. Si je me suis refusé à voter le
dernier projet qui renferme, à côté de contradictions singulières, des inégalités choquâmes,
c’est par fidélité aux principes qu’il méconnaît, et qui sont le fondement même du régime
républicain.
J’ai toujours été et je reste un fils dévoué et reconnaissant de 1 Université. Mais, dac-
cord avec ses amis les plus surs, je repousse tout projet qui tendrait à établir, directement
ou non le monopole de l’enseignement. La troisième République se doit à elle-même de
maintenir, sous le contrôle nécessaire de l'État,, une liberté que la première a proclamée,
que la seconde a instituée,
La législature qui vient de finir a posé, sans les résoudra, les plus grands problèmes
sociaux. Je ne rappellerai ici que le projet de loi sur les retraites ouvrières et celui touchant
la réglementation du droit de grève. En ce qui concerne le second, je suis disposé a élargir
la loi de 188k sur les syndicats professionnels, mais en même temps bien décidé à main¬
tenir l’indépendance de l’ouvrier; je m’opposerai donc aux mesures qui tendraient à orga¬
niser le syndicat ou la grève obligatoire. Quant aux retraites ouvrières, aucun projet ne
m’est plus à cœur, 11 importe, à mon avis, d’aborder la question en dehors de tout esprit
doctrinal et avec le ferme dessein d’aboutir, usans toutefois perdre de vue que 1 effort a
demander doit être proportionné aux facul tés contributives du patron et de 1 ouvrier.
De même pour la réduction du service militaire. Les travaux des Commissions parle¬
mentaires permettent d’entrevoir la possibilité de créer le service de deux ans, tout en
conservant a l’armée, en même temps que sa force et sa cohésion, son caractère nations
Je serai heureux de pouvoir m’associer à la réalisation de ce double objectif,
La Conférence de Bruxelles, si imprudemment voulue par le Ministre des Finances et si
singulièrement poursuivie par lui dans un esprit de renoncement gratuit aux compensations
les plus légitimes, va porter un nouveau coup à la prospérité de notre région déjà si
durement éprouvée par l'inique loi des boissons. Aucune législature n’a été plus funeste que
celle-ci aux producteurs du Nord. Je me suis énergiquement opposé à toutes ces mesure^
Qu se prépare à les aggraver, Âi-je besoin de dire que tous mes efiorts tendront a mettre
fin aux i njustes privilèges déjà conférés aux bouilleurs et aux viticulteurs et à empècuer
qu’on leur accorde ceux qu’ils réclament encore, au mépris de l’unité nationale*
La marche ascendante de nos budgets inspire de sérieuses réflexions. Certains en
accusent le régime parlementaire* Le régime parlementaire, garantie de la souveraineté
populaire, ne saurait être rendu responsable de conséquences qu’il ne produit pas as
d’autres pays. Je chercherai, pour ma part, le remède à cette situation dans la révision
— 585
N° 1162
règlement intérieur de la Chambre, par la limitation plus sévère du droit d'initiative des
députés en matière de dépenses.
Mes chers Concitoyens,
Il y a quatre ans, désigné par le congrès républicain de la 5e circonscription, je faisais
appel « aux hommes de bon sens et de bonne foi » pour assurer à. la Franice « la concorde à
l'intérieur, le respect à l'intérieur ».
je leur adresse aujourd'hui le même appel.
Il ne faut pas que notre grand Pays oublie dans les haines de parti le sens de son unité
nationale. Il ne faut pas non plus que Faction dissolvante de la politique s’exerce plus
longtemps sur Farinée, qui doit, confiante et fidèle, rester la gardienne de cette unité et de
nos libres institutions.
Il y a quatre ans, les électeurs des cantons de Seclin et de Pont-à-Marcq approuvaient
ce programme.
Aune imposante majorité, iis faisaient triompher sur mon nom la cause d une Répu¬
blique d’ordre et de progrès, accueillante et fraternelle, sincèrement démocratique*
Laissez-moi penser que cette cause n'eût pas été moins chère aux électeurs du beau
canton d'Haubourdin, où j'ai eu la bonne fortune de trouver tant d'encouragements et de
sympathies,
A tous alors, je dis :
Pendant ces quatre années, j’ai conscience d’êtré resté fidèle à ce programme, d avoii
rempli mon devoir et vos intentions.
Vous direz le 27 avril si je me suis trompé,
Vive la République l
Martel DELAÜNE,
r DistîÙateur,
Conseiller général du canton de Seclin,
Député sortant.
circonscription de LILLE
M. le comte DE MGNTÀLEMBERT
Elu au 1er tour de scrutin. — 10 .111 voix.
Mes chers Concitoyens,
L’élection du 27 avril aura, vous le savez, une importance capitale pour l’avenir
du pays.
Voici clairement mon programme :
Je reste fidèle à mes convictions religieuses et aux déclarations que je vous ai faites il
y a quatre ans. Mes adversaires eux-mêmes, dont je tiens à conserver l’estime, s’étonne¬
raient de me les voir renier aujourd hui.
A cette époque, je vous disais :
« La République est le Gouvernement de la France ; je place ma candidature sur le
74
— 586 — -
terrain de la Constitution du pays : je l'accepte aujourd'hui, comme je Fai toujours
loyalement acceptée, pour aider, sans arrière-pensée, ceux qui veulent Tapaisement poli¬
tique ot la réalisation des réformes sociales basées sur la justice et la liberté, »
J'ai conscience de n'avoir pas failli à mes promesses : tous mes votes au Parlement en
témoignent.
Je réprouve de toutes mes forces les théories antisociales et collectivistes, dont l'appli¬
cation serait pour notre pays le plus grand des malheurs.
Je repousse, avec non moins d’énergie, la politique sectaire du Ministère actuel qu'on
voudrait vous faire approuver.
Faite de négations, d’équivoques et de trahisons, elle a causé un mal immense à la
France, dont elle a menacé la religion, diminué les libertés, affaibli l’armée, gaspillé les
finances et désuni les citoyens,
Uous pe pouvons supporter plus longtemps un pareil état de choses.
Rendons au pays la confiance et la paix si nécessaires pour rassurer notre industrie
inquiète et notre commerce désemparé, relever notre agriculture sacrifiée, alléger les
charges écrasantes qui pèsent sur tous.
Deux questions importantes seront à l’ordre du jour h la Chambre prochaine : celle des
retraites ouvrières et celle de la réduction du service militaire*
Je suis le partisan résolu d’une loi sur les retraites assurant aux employés et aux
ouvriers de la ville et des campagnes le repos et la sécurité de leurs vieux jours.
Je voterai toutes les mesures qui pourront nous donner la réduction progressive du
service militaire, même à moins de deux ans, sans porter atteinte aux intérêts sacrés de la
défense nationale*
Mes chers Concitoyens,
Vous me connaissez depuis longtemps, je n’ai jamais refusé de rendre service à un
honnête homme,, quelles que soient sa situation sociale et ses opinions politiques* Je n’ai
pas changé ; vous trouverez toujours près de moi un accueil empressé et affectueux.
Resserrons encore davantage, si c’est possible, les liens qui nous unissent et travail¬
lons ensemble à maintenir, dans la République, l’unité française basée sur le respect des
croyances j l’honneur du drapeau, l’amour de la patrie et le bienfait de la liberté.
G, DE MQNTALEMBERT.
7° circonscription de LILLE
M. Eugène MOTTE
Élu au 1er tour de scrutin* — II .077 voix.
Mes chers Concitoyens,
Depuis sept ans, je relève de l’opinion publique des cantons de Roubaix-Wattrelos, et
vous m’avez donné successivement tant de témoignages de confiance, que de longues expli¬
cations sont actuellement superflues.
587 —
N° 1162
Je suis républicain d’origine, de tradition, de raison. J’ai travaillé depuis de longues
années de toutes mes forces et je travaillerai opiniâtrement datis l’avenir à l’affermissement
de la République, parce que le Gouvernement du pays par le pays est la meilleure sauve¬
garde de la paix sociale et la condition de tous les progrès.
Je suis l’adversaire irréductible du collectivisme, qui fait litière de toutes les conquêtes
de 1789 en nous conduisant à l’égalité dans la misère, et qui, par surcroît, ne pouvant tou¬
jours proroger ses fallacieuses promesses, prêche la révolution dans un pays où le seul suf¬
frage universel doit régler et conduire le Gouvernement.
le veux une République de paix, de concorde, de tolérance réciproque, répudiant toute
lutte de classes, de races, de confessions, affranchie de tout esprit sectaire, de toute domi¬
nation occulte; un Gouvernement démocratique de fraternité et de solidarité. Au premier
rang des liber! ês nécessaires, je place la liberté de conscience et, sous ta surveillance de
l’État, la liberté d’association, la liberté de l’enseignement.
Je suis et je resterai industriel et commerçant, vivant au milieu de vous. Je serai donc
en contact constant avec les cantons de Roubaix-Watlrelcs, à la disposition de tous ceux qui
veulent m’interroger ou me guider.
Je veux et je pratique l’harmonie entre le capital et le travail et me recommande de la
formule acclamée à Roubaix en 1898 : « 11 faut que le capital travaille, il faut que le tra¬
vail possède. »
L’association de ces deux facteurs essentiels s’exerce de plus en plus en nos canton s. Au
surplus, notre esprit de labeur, d’initiative ne peut s'épanouir que dans un milieu où régnent
la confiance réciproque et la paix sociale.
Je poursuivrai la mise à l’ordre du jour de la loi sur les retraites^ ouvrières, avec contri¬
bution égaie du patron, de l'ouvrier et de l’État.
Je développerai les œuvres de mutualité, de solidarité, d’assurance et de prévoyance
sociale. C’est le meilleur moyen de faire œuvre démocratique.
Je me rangerai à l’avis dn premier gouvernement qui réclamera le service militaire de
deux ans. Je l’attends encore. Cette question est d’ailleurs de la plus haute gravité. Elle
implique la suppression de toutes les dispenses, l’organisation préalable des cadres et
l’équivalence des effectifs. Le Gouvernement seul peut présenter un projet, car il s’agit, en
la matière, de sécurité nationale et il n’y a place ni pour l’improvisation, ni pour la surenchère
électorale.
Je poursuivrai la suppression du privilège des bouilleurs de cru, l’abrogation de la loi
des boissons, qui ruine le Nord au profit du Midi.
Je me tiendrai à la disposition de l’Union commerciale, pour défendre ses revendica¬
tions légitimes.
Je serai l’ennemi déclaré de toutes charges nouvelles de dépenses, résultant d’amende¬
ments ou de projets de loi d’initiative parlementaire. C’est au Gouvernement, seul respon¬
sable de l’équilibre du budget, qu’appartient le rôle ingrat de proposer de nouvelles charges
publiques.
Le Député doit consentir l’impôt, en contrôler l’emploi.
Il lui appartient de défendre la caisse des contribuables. Il ne doit pas la mettre au pil¬
lage en fomentant la dépense.
C'est le seul moyen de conserver à notre pays tout son ressort pour les luttes écono¬
miques, qui formentle vrai champ de bataille de ee siècle. La victoire sera au plus endurant,
au mieux équipé, au moins surchargé.
Électeurs de Roubaix-Wattrelos,
Eu toutes circonstances, je défendrai les intérêts de vos cantons. Je vous ai prouvé, par
de multiples interventions et par le crédit moral que j’ai acquis auprès de mes collègues.
588 —
que j’étais en mesure de défendre à la tribune du Parlement les questions générales et
locales, même les plus arides.
Iï vous appartient de me confirmer votre confiance et d’affirmer sur mon nom votre foi
dans la République.
pTinfonô MfYrrïï!
Industriel,
Membre de la Chambre de Commerce,
Député, maire de Roubaix.
8e circonscription de LILLE
M- DRON
Élu au 2* tour de scrutin, — 8.890 voix.
Mes chers Concitoyens,
Vous n’attendez pas de longues explications de celui à qui vous avez, depuis 1889, confié
la <rarde du drapeau républicain et de la défense de vos intérêts.
C le suis aujourd’hui le même républicain que j’étais alors, je défends toujours les mêmes
idées et n’ai qu’un regret : c’est que les réformes s’accomplissent si lentement, si pénible¬
ment, Il n’en sera autrement que quand les électeurs de France enverront à la Chambre une
majorité homogène, compacte, bien décidée à n'entreprendre qn’une tâche limitée, mais
assez persévérante pour la mener à bien.
Cette tâche me paraît toute tracée :
Au point de vue économique et fiscal, nous aurons à défendre nos intérêts contre la pré¬
tention des viticulteurs du Midi d’imposer aux alcools du Nord des droits plus élevés qu’a
ceux provenant de leurs crus; à remanier le système des patentes; à poursuivre la modifi¬
cation de la loi destoissons, particulièrement en ce qui concerne' les licences exorbitantes
des cabaretiers.
Au point de vue social,1 je demanderai l’application aux hommes de la loi qui vient de
réduire à 10 heures et demie la durée du travail pour les femmes et les enfants. Cette
mesure est de première nécessité, si Ton ne vent risquer de désorganiser te travail indus¬
triel et de supprimer l’apprentissage. — La loi sur les accidents a besoin de quelques
retouches, particulièrement en ce qui concerne les ouvriers étrangers dont la situation en
France est, d’une manière générale, trop favorisée. — Les retraites ouvrières ne peuvent
pas être refusées plus longtemps aux travailleurs français. Comme par le passé, je ne me
prêterai à aucun moyen d’en éluder la solution et d’en retarder la réalisation.
J'ai pris une part active, comme membre du Conseil supérieur de l’assistance publique,
à l’élaboration des projets d’assistance aux infirmes, aux invalides du travail, aux accouchées,
aux veuves. Ils n’attendent que le vote du Parlement et je m’efforcerai de l’obtenir.
Au point de vue politique, il y a lieu de poursuivre sans faiblesse l’application de la loi
sur les associations. Épris de liberté et de justice, respectueux de toutes les croyances et de
toutes les convictions sincères, tolérant et conciliant vis-à-vis des personnes, je ne veux pas
cependant que la France de 1789 devienne une capucinière, que le Gouvernement occulte
des moines fasse échec aux pouvoirs de la société civile.
De même, renseignement national laïque doit être défendu contre les abominables
pressions qui rendent le recrutement de nos écoles si difficile, surtout dans notre région,
et je ne suis pas disposé à le laisser anéantir par la congrégation.
N° 1162
— 58!) —
La réduction de ia durée du service militaire et la suppression des inutiles treize jours
devront aussi être l’objet de nos premières délibérations.
Par cette énumération, qui n’a rien de limitatif, qui indique les questions dont il me
semble le plus urgent d’aborder la discussion, vous serez fixés sur mes intentions.
C’est sur ce programme que nous nous sommes entendus jusqu ici. J ai tout lieu de
croire que vos idées n’ont pas changé et que vous le direz bien haut le 27 avril.
nnetowci riDAM
9' circonscription de LILLE
M* GROUSSÂU
Élu au 1er tour de scrutin. — 5,778 voix.
Électeurs,
Après avoir été désigné à vos suffrages par le congrès de domines, jTai donné dans les
diverses communes, avec le concours et l'appui des représentants attitrés des populations,
$es conférences cjuï me dispensent d une longue profession de foi.
Je suis républicain libéral et, par conséquent, républicain antiministèriel. La Répu¬
blique doit être le gouvernement de ia liberté, de l’égalité et de la fraternité.
Je réclame, notamment, à Pbeure actuelle, la liberté de conscience pour tous, pour les
pauvres comme pour les riches, pour les fonctionnaires comme pour les autres citoyens, la
liberté des pères de famille et la liberté d’enseignement, la liberté des associations, sans
exception pour les religieux que rien n’auîorîse à mettre hors du droit commun.
Je demande à l’État r exécution loyale du Concordat.
J'exigerai le respect de l'armée, sauvegarde de la patrie. Je voterai la réduction du ser¬
vice militaire dans la mesure compatible avec la securité et la défende nationales.
Les charges des agriculteurs, des contribuables, sont trop lourdes; Il convient de sup¬
primer les abus de Rinitiative parlementaire en matière de budget et d'entrer résolument
dans la voie des économies.
Je veux l’amélioration du sort de ceux qui travaillent et qui souffrent. Il faut surtout
développer les institutions de prévoyance et de mutualité. L’heure est venue de faire une
bonne loi sur les retraites ouvrières.
Les intérêts locaux qui concernent l’agriculture, le commerce et 1 industrie, trouveront
en moi un défenseur actif et zélé. Avec les conseils des principaux cultivateurs, distillateurs,
commerçants, patrons et. ouvriers de la circonscription, j’y emploierai les connaissances
spèciales que m’a procurées l’enseignement, depuis 27 ans, des questions administratives,
économiques et fiscales.
Eu vain nu s adversaires prétendent que je suis partisan du privilège des bouilleurs de
cru. C’est faux. Au contraire, revendiquant, en faveur de notre région dont la situation agri¬
cole est si injuste et si sacrifiée, le grand principe de l’égalné devant 1 impôt, je réclame la
suppression du privilège des bouilleurs de cru et la révision de la loi sur les boissons qui
ruine le Nord au profit du Midi ,
Acette région aimée du Nord, que dès le début de ma carrière j’ai volontairement
choisie, où sont nés ma femme et mes six enfants, à laquelle j ai donne ma vie entière, je
demande aujourd’hui uo mandat qui me permette, dans le domaine supérieur du pouvoir
— 590 —
législatif, de travailler, avec toute l’ardeur et le dévouement dont je suis capable, au salut
de la France et à la prospérité de notre circonscription.
C. GROUSSAU,
Professeur de droit administratif
à la Faculté libre de Lille,
Candidat républicain libéral.
lrc circonscription de VALENCIENNES
M. DEBIÈVE
Élu au 2e tour de scrutin. — 7.568 voix
Mes chers Concitoyens,
Désigné par le Congrès républicain comme candidat de la lre circonscription de Larron-
dissement de Valenciennes, je me fais un devoir de solliciter vos libres suffrages.
Luttant depuis trente ans au milieu de voua, je n’ai pas à affirmer longuement mon in¬
var iabie croyance politique. Ma profession de foi sera nette et précise.
Respectueux du principe républicain, je suis fermement décidé à soutenir ceux qui,
par leur énergie et leur dévouement, ont su rappeler au respect de la loi les exploiteurs du
patriotisme qui avaient organisé le désordre dans la rue et ^insubordination dans Tannée,
et tenté de faire de la religion un instrument de politique et de domination*
Je suis partisan des grandes réformes démocratiques qui assureront l’apaisement des
esprits et la liberté des consciences,
La République, depuis qu'elle est fondée, et à laquelle la classe ouvrière accorde ses
suffrages avec une confiance en Tavenir qui ne s’est pas démentie un seul jour, n’a pas en¬
core fait pour les travailleurs tout ce qu'elle avait promis.
En ce qui me concerne, je m'efforcerai de faire aboutir Je plus tôt possible la question
des retraites et je voterai toutes mesures propres à améliorer le sort matériel et moral des
ouvriers.
Relativement a l’impôt du sang, obligatoire pour tous, je voterai le service militaire de
deux ans avec la suppression des dispenses accordées aux privilégiés, sous réserve de
venir en aide aux familles nécessiteuses et après avoir assuré le renforcement des cadres
par des rengagements à court terme, afin de ne pas compromettre la sécurité de notre dé¬
fense na tio nai e.
L’agriculture, qui est la principale richesse de notre région, sera Tobjet de ma cons¬
tante préoccupation.
Dans le cas où la Convention de Bruxelles serait ratifiée par les Chambres, je réclame¬
rai la suppression totale de l'impôt de consommation sur les sucres.
Je travaillerai également à If élaboration des lois tendant à améliorer le sort de la petite
culture si cruellement éprouvée, afin d’accroître les débouchés de la culture betteravière
pour l'extension de l’industrie de Taieool.
Je combattrai toutes les propositions qui, comme la proposition Lauraine, tenteraient
de détruire l’égalité de Timpôt au détriment de nos alcools, et j’appuierai au contraire
la réduction du droit exorbitant de 220 francs par hectolitre, ainsi que celle des frais de
dénaturation.
Partisan de ia révision du régime des boissons, je voterai la suppression du privilège
des bouilleurs de cru et rabaissement du taux des licences.
Tous les adversaires de la République cherchent à effrayer les électeurs en leur parlant
de déficit budgétaire, ce n’esi là qu’une manœuvre.
11 n’est pas vrai que Ja France soit appauvrie; l’emprunt de Chine de 250 millions a
été couvert tout dernièrement 26 fois, ce qui représente près de 7 milliards.il suffit, d’ail¬
leurs, de jeter un coup d’œil sur toutes les puissances monarchiques de l’Europe pour se
convaincre que, malgré la crise actuelle, c’est encore la République française qui e^t la
moins atteinte dans ses ressources financières.
le demeurerai partisan d’une p;udcnte gestion des affaires publiques et je m’efforcerai
d& réaliser de sérieuses économies afin d’accroître notre crédit national, qui inspire déjà
la plus grande confiance dans le inonde entier.
Électeurs,
A vous de repousser les derniers assauts de toutes les réactions coalisées contre la
République; elles osent même arborer l’étiquette républicaine, A vous de déjouer leur ma¬
nœuvre.
Par vos votes, vous direz que la démocratie doit toujours marcher vers le progrès,
qu’elle doit travailler à améliorer le sort des humbles et vous lui en fournirez les moyens
ei augmentant la majorité républicaine dans la nouvelle Chambre.
Vive la République 1
A. DEBJÈVE,
Industriel, adjoint au maire
de Valenciennes,
Ancien Président du tribunal de commerce,
Officier de la Légion d’honneur.
2e circonscription de VALENCIENNES
M. LEPEZ
Élu au 2e tour de scrutin, — 9.958 voix.
Mes chers Concitoyens,
f C’est pour la 3e fois que je me présente à vos suffrages.
Je crois être resté fidèle h mon programme de 1898.
J’ai soutenu de mes votes le ministère Waldeck-Rôuseeau qui, après la tentative de
la caserne de Reuilly et les violences exercées contre le Président de la République, a su
imposer silence aux factieux et ramener l’ordre dans la rue et le calme dans les esprits.
J’ai voté la loi des Congrégations. Comme tous les bons républicains, fai pensé que
ril fallait assurer la liberté de conscience et la liberté des cultes, il était nécessaire de sou¬
fre les ordres religieux à l'application de la loi, ainsi que l'exige h défense de la société
laïque telle qu’elle est issue de la Révolution française.
fai voté sans hésiter tous les crédits qui ont été demandés par le Gouvernement pour
ïïaiiueQïr la puissance de notre armée, sauvegarde de notre intégrité nationale.
— 592 -
J'ai salué avec joie la nouvelle alliance de la République française et de la Russie,
alliance qui est un précieux gage de la paix et qui a fait reprendre à notre pays son rôle et
son influence dans les conseils du monde.
Dans les questions ouvrières, j’ai appuyé toutes les mesures capables d améliorer le
sort matériel et moral des travailleurs. Je reste le partisan déterminé d une Caisse natio¬
nale de retraites pour les vieux ouvriers.
Je réclame résolument le service militaire de deux ans. Il faut supprimer les dispenses
accordées aux privilégiés. L'impôt du sang doit être égal pour tous. Je proteste contre ce
système de surenchère qui demande le service d’un an avec de nombreux rengagements. Ce
“aU affaiblir notre puissance militaire; ce serait retourner aux inégalités du passe, a ces
armées de métier, dangereuses pour la liberté du pays, pour nos institutions democra-
tiqUfLa loi des boissons a sacriûé les intérêts de la région du Nord. Si je suis élu, je prê¬
terai mon concours à toutes les propositions qui auront pour but de réduire e droit sur
l’alcool de diminuer le taux des licences et d’abolir l’inique privilège des bouilleurs décru.
ai<Si l'Angleterre, qui est le marché des sucres européens, oblige la France, par la menace
de droits différentiels, à supprimer ses primes à la fabrication, il sera indispensable e
su marinier en même temps la totalité des droits sur le sucre, qui en quadruplent le prix de
vente à l’intérieur. Nous aurions alors le sucre à 25 ou 30 centimes le kilog-, et en quelques
années l’augmentation de la consommation compenserait largement 1 abaissement de
l’exportation TOterai toutes ies mesures propres à encourager l’emploi de l'alcool
industriel en remplacement du pétrole, qui est un produit étranger. Le cultivateur aura
ainsi à sa disposition deux débouchés ; celui de la betterave à sucre et celui de la betterave
dC ^ Je ne veux pas surcharger mon programme de trop longues déclarations. Les électeurs
de la 2e circonscription me connaissent assez pour savoir que je ne négligerai aucun de
leurs intérêts et que, s’ils me font l’honneur de m’élire à nouveau, je serai toujours leur
représentant dévoué.
Les rérimes déchus ont légué à la République un lourd héritage. Ils nous ont laisse
une France" mutilée, rançonnée, minée à la suite de la guerre de 1870 ; la République s est
mise alors à l’œuvre ; elle a refait tout son outillage, développé le réseau des voies ferrees,
creusé des canaux, approfondi des ports et dépensé des sommes énormes pour Renseigne¬
ment public, l’armée, la marine, et pour organiser son vaste domaine colonial.
Les deux tiers de notre dette sont à la charge du régime du Deux-Décembre; sous ce
régime elle s’est augmentée de 8 milliards; les conséquences directes de la guerre ont
coûté en outre à notre pays, d’après les calculs deM. Léon Say, 12 milliards. Cest donc un
total de 20 milliards qui constitue le passif du pouvoir personnel. Ce sont encore les consé¬
quences de la guerre de 1870 qui nous obligent à porter chaque année à notre budget plus
d'un milliard pour la défense nationale et que, de 1898 à 1902, des dépenses militaires
ont augmenté, suivant le chiffre de M. Poincaré, de 125 millions.
11 est certain que la lutte actuelle est plus violente et plus âpre à raison des rancunes
et des ambitions du parti clérical, qui ne défend pas la liberté, mais poursuit la domination,
et pour qui la revanche des moines est l’enjeu même des élections législatives.
Les Électeurs républicains de la 2e circonscription ne failliront pas à leur devoir; i *
relèveront comme ils le méritent les audacieux défis de la réaction cléricale et do nations
lisme et en feront définitivement justice.
Vive la République!
F. LEPEZ,
Maire de Raismcs,
Président du Conseil d’arrondissement,
Député sortant.
S93
N° 1162
3S circonscription de VALENCIENNES
M. SELLE
Élu au 2e tour de scrutin. — 11,503 voix.
Citoyens Électeurs,
J apprends que des bruits insaisissables, émanant à coup sûr des partisans du candi¬
dat dit républicain-progressiste, ont circulé, représentant la municipalité socialiste denai-
mne .comme ayant dilapidé les finances de la Ville et créé des impôts nouveaux pour
mener à bien certains travaux d’assainissement ou d’embellissement de la Ville.
Au nom de mes Collègues du Conseil et au mien, je tiens à protester hautement ot
logiquement contre ces médisances, lancées à dessein par un parti qui ne peut adresser
aucun reproche sérieux à une municipalité qui a la prétention d’avoir rempli son devoir.
Et,' pour appuyer cette protestation, j’affirme sans crainte d’être démenti ;
Ou en arrivant à la Mairie en 1896, la municipalité a trouvé les affaires communales
dans le désarroi le plus complet ;
Qu’au moyen de la réforme de l’octroi et de la mise en exercice de la brasserie elle a
trouvé des ressources suffisantes :
i" Pour donner les fournitures gratuites à tous les élèves indistinctement. •
JSfeire construire un établissement de bains, un hôtel des postes, une école
e* a bacquetcrie, impérieusement, réclamés par les circonstances et favorablement
accueillis par la population tout entière;
ffln/.Po.ur faire Paver certains chemins, notamment la rue Faidherbe et le chemin de
«ntre-halage jusqu’à l’extrémité du territoire;
K,!0‘;r*irt installer ^Éclairage électrique, non seulement en ville, mais encore à la
™ et a ^ Bacqucteric, avec diminution du prix du gaz;
i&in!°Un pour®ll]nTei la reallsation de certains projets, notamment ceux relatifs à la eon-
T ° FètCS’ au Pava8e de cinq nies, à l’agrandissement de plusieurs
A’61 d eXpr°pnatl0n’ P°Lir caLlse d’utilité publique, de plusieurs immeubles-
lü|a]en,erudc“ue.blCn W,18tallati<>n deS 6ailX P°tables et dcs èSoals dont la Ville est
jjgj.,. JUe ^ dépensé afférente a ces travaux faits où à taire a été assurée au moyen des
«lues additionnel^^ ^ ““ imp6tS ext™ ordinaires ni auxeen-
gjKtppeiic aussi, pour l’honneur de la municipalité socialiste, que c’est sous son admi-
| Que les concerts d’été ont été créés ;
Que la réorganisation et l’embellissement du cimetière ont été effectués-
KiS!nCeÆVi°U3f 0llVflCrS et ia eonytituüon d’une Caisse de retraites pour les
r ' Papiers ont etc instituées ; 1
•***"•' l‘C?.™pl0,é8 ont éte »»<•*» "fwn In aptitudes
^ jouinee an # heures a ete appliquée *
S\CI\faVeUr à Iîenain’ a Pris I!,ie lelle extension , par suite des
r^déraSi \ ^‘Utetration, que la Société de Denain est en train d’acquérir la
Jinv Ï d genre.de sport sur toutes les villes du Nord.
onc tous les électeurs sérieux à traiter avec le mépris ie plus profond, la
75
— ■594 —
calomnie qui — a que
riChT, va 'sans f Kori • «* «•«* •*""* *» •"*'“ “ ’*
Dcuain n'a pas été épargné danb la rLpartition. avaient été à leur banc pour I
!
beaucoup (le chances de ne pas être auoptée.
Citoyens,
Soyez persuadés qu'en faisant ce compte rendu très
—^ïzz:: z *•— a >■ -
PU^ Mes adversaires, par l'organe do leurs agents é.eoloraus tu .manqueront pas de ..
**
É8arrcntends rester uniquement sur le terrain économique et politique oU je me rtkM
d6a\rZerrecteuir,rs'd. «... -•»*• ***■
'suivrai une vieille formule, cependant bien vraie dans la circonstance présenta . »•*
passé répond l’avenir.
Électeurs,
En portant vos suffrages sur mon nom, vous ne vous ,^^1^ meswe d^mes
mécomptes, mon intention bien arrêtée étant de de en i , '
les intérêts do mes concitoyens du Nord, depuis trop longtemps sacrifies.
A. SELLE,
Maire de Denain, Conseiller Général du No
595 —
N° 1162
OISE
1™ circonscription de BEAUVAIS
M. BAUDON
Élu au 1er tour de scrutin, — 9.32fl voix.
Mes chers Concitoyens,
Pour la troisième lois depuis le jour où Us m’ont appelé à soutenir les revendications
démocratiques dans la première circonscription de Beauvais, les Comités cantonaux ni on
désigné pour leur candidat aux élections législatives de 1902.
le les remercie de cette marque de confiance — et j’accepte cette mission.
11 va quatre ans, tous les partis de réaction s’étaient ralliés au gouvernement de
U Mêljne pour former une coalition de résistance au progrès républicain. Aujourd hui, dans
la crainte de voir se réaliser les réformes destinées à assurer plus de justice sociale, ces
mêmes partis ont constitué un syndicat d’intérêts dans lequel on trouve, unis aui .parti¬
sans des anciens régimes, les plébiscitaires nationalistes et la congrégation qui va paye)
frais de la bataille électorale comme elle avait soudoyé l’émeute en lé. , ■ . ,
Aces ennemis de la République, se sont joints des républicains soi-disant liberaux, qui
n’ont pas craint de se couvrir de honte en faisant cause commune avec es pai îsar i u
désordre et les fauteurs du coup d’Etat, et en devenant les complices « des moines ligueuts
et des moines d’affaires, occupés de desseins plus politiques que re inieux ». .... ■
Malgré les troubles incessants apportés dans le travail législatif par une coa _i to <1
s’était formée dans le Parlement comme elle avait été creée dans le pays, il se. J
de dire que la législature n’a pas donné de résultats. .... , „„„„
La loi des successions, la suppression des droits sur les boissons hygiéniques, a cons¬
titution dl Caisses de crédits agricole, la création des Conseils du travail et es Couse! s
de prud’hommes témoignent de l’intérêt manifesté envers les travailleurs ot les petits
fflTSaüo“i’armée coloniale, le programme de défense des côé« de réfection
delà flotte suffisent pour répondre aux accusations de sans-patrie adressées major t,
^^Les dépenses votées pour la construction et l’amélioration de nos canaux et de nos
ports la loi sur la marine marchande indiquent tout l’intérêt qu’elle portait au commerce
6tà kmais!' dépuis longtemps, une Assemblée ne s’était occupée avec autant d’ardeur des
questions d’enseignement, ni de celles qui intéressaient la santé pu îqun
Au point de vue politique, une seule loi a été votée, celle des associations, qui a eu
principalement pour but de mettre un frein au développement des congrégations religieuses,
devenues dangereuses pour EÉtat laïque.
Électeurs,
Si vous me faites l’honneur de me continuer le mandat que vous m’avez confié depuis
cinq ans, je m’appliquerai à réaliser toutes les réformes politiques, économiques, adminis
tratives et sociales contenues dans le vieux programme républicain que renfermait, du
reste, ma profession de foi de 1898 :
Révision de la Constitution de 1875; Scrutin de liste; Décentralisation politique et
administrative, seule capable de nous donner des économies ;
Révision de l’assiette de l’impôt; Impôt progressif sur le revenu; Rachat des monopoles
et des services public? au fur et à mesure que l’exigeront les intérêts de la défense natio¬
nale et de la production agricole et industrielle ; Caisse de retraites pour la vieillesse ;
Égalité de l’enfant devant l’instruction, suivant ses mérites ; Laïcisation de l’ enseigne¬
ment primaire; Relèvement du traitement des instituteurs; Abrogation de la loi Falloux'
Réduction à deux ans du service militaire; Révision du Code de justice militaire et
suppression des conseils de guerre en temps de paix ;
Loi sur la police des cultes ; Dénonciation du Concordat ; Suppression du budget des
cultes et séparation des Églises et de l’État, de façon à constituer les Églises libres dans
l’État laïque souverain.
Telles sont les réformes qu’avec le parti radical et radical-socialiste je voudrais voir
réaliser. Sans doute, elles ne s’accompliront pas en une seule législature, maïs j’ai cru
devoir en faire la nomenclature pour vous indiquer les sentiments qui guideront mes votes
si vous me faites l’honneur de m’appeler de nouveau à faire partie du Parlement.
Électeurs,
Vous avez appris à me connaîlre, surtout depuis que je suis devenu citoyen de
Reau\ ais . vous u ignorez pas que je suis accessible a tous et vous savez avec quel soin et
avec quel dévouement je m’occupe des intérêts qu’on veut bien me confier.
Je me présente à vos suffrages avec la conviction profonde de n’avoir jamais dévié de
la ligne politique qui nous était commune. Je crois avoir rempli mon devoir envers la
République démocratique que je n’ai jamais cessé de représenter.
Vous direz, le 27 avril, si je n’ai pas démérité.
Vive la République démocratique !
Dr Th. BADDON, Député sortant.
2' circonscription de BEAUVAIS
M. HAUDRICOURT
Élu au 1er tour de scrutin. — 7. •166 voix.
Mes chers Concitoyens,
C’est pour répondre au désir de mes nombreux amis de la 2e circonscription de Beauvais
que je pose ma candidature, en remplacement d’Émile Chevallier, le député si dévoué à
vos intérêts, si juste et si droit, que nous regrettons et auquel tous les partis ont rendu
justice*
— 597 — N* 1162
Maire de Moliens, Conseiller générai du canton de Formerie, j'ai toujours affirmé mes
opinions nettement républicaines; je les conserverai avec fidélité.
Je m’engage à soutenir ïe gouvernement de la République et h le défendre énergique^
ment contre les attaques rie ses adversaires, de quelque côté qu’elles viennent.
Partisan de la pacification des esprits, Rappelle de tous mes vœux le retour à P union
républicaine. Et, par là, j’entends que la République ne doit pas être la propriété d’un parti,
mais doit rester le gouvernement légal de la nation tout entière.
3e désire que la politique de ce gouvernement soit sincèrement libérale et progressiste,
soucieuse des intérêts de tous et des droits de chacun, décidée à maintenir la paix sociale et
religieuse et h assurer la concorde entre tous les citoyens.
Ami dévoué de la liberté, je ferai tous mes efforts pour qu’elle soit assurée à tous les
Français. Je respecterai la liberté de conscience, la liberté de l’enseignement, ia liberté du
travail et je voterai toutes les lois qui assureront le maintien de ces libertés avec les garan¬
ties nécessaires.
Je suis partisan de la réduction du service militaire dans toutes les limites compatibles
avec la solidité de notre armée, que je veux grande, forte et respectée.
Profondément attaché à la région ou je suis né, j’en connais exactement les besoins,
tant au point de vue agricole qu’au point de vue industriel et commercial*
L agriculture, une des sources de la richesse de notre pays, traverse une crise des plus
douloureuses, qui compromet son avenir et son existence même : je consacrerai tons mes
elforts à lui venir en aide et à diminuer les charges si lourdes qui pèsent sur elle*
Au point de vue économique, je voterai toutes les lois qui tendront à mettre l’agricul¬
ture et 1 industrie Irançaises dans une situation au moins égale à celle des autres nations*
Je m’appliquerai à 1a réalisation de réformes sérieuses dans le budget, de façon à réta¬
blir réquïîibre dans nos finances, à arrêter la propagation menaçante de la Dette publique,
à diminuer les charges des contribuables en les répartissant avec équité et suivant les
moyens de chacun.
Préoccupé sans cesse du sort des travailleurs, et désireux d’atténuer les risques aux¬
quels ils sont exposés — tels que le chômage, les accidents, la maladie et la vieillesse, —
je m associerai à la confection des lois qui tendrontà développer l’association et la mutualité
sous toutes leurs formes, et je contribuerai à la création des œuvres de prévoyance et d’as¬
sistance sociales dans la plus large mesure.
Ma seule ambition est de vous être utile, mes chers Concitoyens; et toutes mes forces
tendront vers un seul but : garder la confiance que vous m’aurez témoignée*
Veuillez agréer, mes chers Concitoyens, l’assurance de mes sentiments les plus
dévoués.
Ch. HAUDRICOURT,
Conseiller générai du canton de Formerie,
Maire de Moliens.
Circonscription do CLERMONT
M. DUQUESNEL
Elu au 2e tour de scrutin. — 10.661 voix.
Messieurs et chers Compatriotes,
U Chambre élue eu 1808 a vécu et, pour juger son œuvre, la parole est rendue au
Suffrage universel, depuis quatre ans muet, . .
Au lendemain du deuxième scrutin, par lequel vous aviez affirme vos convictions sin¬
cèrement républicaines, nettement progressistes et profondément patriotes, en groupant
sur ma candidature une imposante minorité de 9.000 suffrages, je vous faisais entrevoir
l’avenir plein d’écueils et de périls que pourrait faire courir au pays et a la République e
parti radical-socialiste auquel venait d’être confiée la direction des grands intérêts de la
Ptitris
Malheureusement, mes craintes ne se sont que trop réalisées.
Vous avez vu depuis, se réunir en une coalition extraordinaire des hommes qui, de par
leur passé n’avaiënt entre eux aucune affinité et n’ont pu justifier leur alliance que par une
communauté d’intérêts personnels ; vous avez vu d’anciens agitateurs antisémites, naguère
adulateurs de Cavaignac, se transformer en dreyfusards forcenés et s’unir aux internationa¬
listes, aux jacobins et aux antipatriotes pour soutenir un Ministère recruté parmi les avocats
du Panama et les grands-maîtres de la Franc-Maçonnerie; vous avez vu une majorité sec¬
taire et servile à la fois attenter à nos libertés les plus sacrées...
Rappelez-vous aussi l’œuvre de nos adversaires qui, on quatre ans, ont, pour seul
bagage, l’emprunt de Chine, la désorganisation de notre vaillante armée par l’introduction
de la politique dans ses rangs; qui se sont complu dans les discussions procédurières de
la hideuse affaire Dreyfus; qui ont organisé le systématique et continuel déficit où nos
finances sont actuellement plongées. .
Rappelez-vous ces candidats parcourant les campagnes a la veille de la précédente
consultation, y jetant sans scrupule des semences de haine, des promesses à grand éclat, y
promenant des surenchères scandaleuses où le mensonge coudoyait l’utopie. Ils s’en allaient,
affirmant à l’électeur qu'ils le doteraient de 500 francs de rente à 55 ans, sans cependant
lui en faire entrevoir le moyen..., qui n’était autre que l’obligation tyrannique de verser à
une Caisse d’État partie d’un salaire acquis à force de labeur ! Us attestaient qu ils suppri¬
meraient radicalement la prestation Individuelle. Us juraient qu’à l’aide de l’impôt global et
progressif sur le revenu, frappant deux ou trois notabilités de chaque commune, ils déchar¬
geraient tous les autres citoyens. Us faisaient le serment de faire disparaître la Haute
Assemblée, de réaliser l’abrogation du Concordat et la suppression des crédits afferents
au budget des cultes. Ils s’engageaient à réduire instantanément la durée du service
militaire, etc., etc.!
Rendez-vous compte de l’œuvre législative par eux accomplie en quatre ans ; n est-elle
pas négative et ne peut-elle se résumer en ces mots : « Impuissance, faillite à tous les
engagements solennellement contractés »?...
Contre la politique du premier ministre, qui — renégat de notre parti — a fait entrer
dans les conseils du Gouvernement le chef le plus autorisé du collectivisme, qui a confondu
la République avec une loge de Francs-Maçons et l’a livrée aux collectivistes et aux cosmo¬
polites, je soutiendrai, je préconiserai, si vous m’accordez vos suffrages, une politique
diamétralement opposée.
- 899 -
Sur le terrain des affaires, j’apporterai, pour ma modeste part, un concours énergique
et persévérant à l’aboutissement de projets de loi que je crois utiles, principal emen
P y, Ll création (qui m’est surtout chère) des retraites ouvrières sans obligation, mais
basées mr la mutudité et dotées de majorations d’intérêts (à l’exemple des Caisses de
secours mutuels) et aussi de sommes provenant d’excédents, - lorsque notre budget pourra
titre J'^bcro^ersioû facuitative, pour les Conseils municipaux, de la prestation en centimes
C°m Tun^meilleure distribution des charges, conseillée par la justice sociale et qui consis¬
terait selon moi, à établir l’impôt de remplacement Cochery, supprimant 1 impôt des po .
ft feilêlres la contribution mobilière, certains impôts de consomma ton (si lourds pour les
travailleurs), exonérant à la base les revenus nets jusqu’à 1.500 francs et frappant propor¬
tionnellement les autres, suivant leur origine ; . . .
f. 0 La réduction par extinction, des trop nombreux fonctionnaires, ainsi que la suppres¬
sion de traitements anormaux, incompatibles avec une démocratie comme la notre ;
5» La constitution d’un bien de famille, ouvrier et agricole, insaisissable ;
6° La réforme des frais de justice en matière d’affaires de minime intérêt et aussi en
de vente des oetits immeubles ; .
7 o L’extension de la compétence des juges de paix, indispensable pour éviter aux justi-
fiables de nos campagnes de dispendieux déplacements; .
g. L’établissement du vote personnel, mettant fin au privilège exorbitant dont seuls
bénéficient scandaleusement nos représentants pour l’exercice du vote_pa#jcu^on t
q. Des mesures de légitime protection en faveur de notre agriculture nationale, si
oubliée et dont la valeur des produits s’avilit de plus en plus, - une répression energrque
de l’agiotage et de l’accaparement des denrées de première nécessite, - une législation
restrictive des marchés à terme ;
10° La révision du cadastre, si impatiemment attendue , ^ _ ir s
11" La création de Chambres départementales d’agriculture (projet Emile Chevallier)
et la représentation professionnelle de l’agriculture au Parlement ; ...
12" La réduction des charges militaires, si lourdes aux familles de nos travail eurs
agricoles et industriels, en tenant largement compte toutefois des importantes nécessites
a. p la ri Meuse nationale. , ...
Ma politique est celle d’un citoyen loyal et honnête, d’un Républicain qui n ajamafft
varié dans ses convictions, alors que tant d’autres ont évolué dans tous les sens. Elle ser
absolument précise : ouverte à tous les progrès, nettement anticollectiviste, sagement mais
(SS&rfe tolérante, sincèrement respec.ne.se des libertés e la pensée de
l’enseignement, du travail ; jalouse gardienne de la puissance de la Patne, de bonneu e
de l’indépendance de notre armée, qui demeure le gage de nos suprêmes espérances et du
nrestiee de notre glorieux drapeau tricolore.
Mon programme, républicain et démocrate, est suffisamment large, - me semble-t-il
- pour grouper sur un même terrain tous les citoyens conscients de leurs devons et des
erands intérêts du Pays : à ce titre, il peut être adopté par tous les bons français.
C’est pour le réaliser que je me suis jeté dans la lutte et que je viens solbeitei votre
concours ■ le mouvement de protestation nationale et le souffle de fraternité républicaine
qui animent le Pays tout entier auront raison, j’en suis convaincu, delà
qu’exercent les agents de la soi-disant « Défense républicaine » aux abois, et la Démocratie
souveraine aura le dernier mot.
Vive la France !
Vive la République I
Paul DUQUESNEL.
Circonscription de COMPÏÈGNE
M. le colonel BOUGON, dont l’élection a été annulée, a été remplacé par M. NOËL.
Voy, Élections partielles.
lra circonscription de SENLIS
M. AUDIGIER
Élu au 2e tour de scrutin. — 5.963 voix.
Mes cbers Concitoyens,
Ma candidature est résolument républicaine, franchement libérale et nettement anti¬
ministérielle.
La République est le Gouvernement du pays par le pays et pour tout le pays.
Le ministère Waldeck-Rousseau avait le devoir de gouverner au nom de la France pour
le pays tout entier; je lui reproche d’avoir gouverné au nom d’un parti et pour un parti.
Je suis l’adversaire déclaré de tout régime monarchique ou plébiscitaire, mais ni la
Monarchie m 1 Empire ne menacent la République : il s’agit de défendre la Patrie contre les
doctrines funestes des collectivistes et contre l’intolérance tyrannique des radicaux qui ne
défendent qu eux-mêmes.
J’ai toujours servi de mon mieux la République, et je veux la faire aimer en proclamant
sans cesse qu’elle doit respecter la liberté de chacun, donner des droits égaux à tous les
Français et être utile a chaque citoyen.
Ceux qui ont 1 honneur de représenter la République — qu’ils soient maires, sous-
prefets, préfets ou ministres — doivent administrer pour toute la commune, tout l’arron¬
dissement, tout le département, tout l’État.
Sous-prefet, j’ai toujours administré pour tout l’arrondissement qui m’était confié, et j’ai
les intérêts t0UteS es circonstances’ età tous les moments, d’en comprendre et d’en protéger
J ai visité toutes vos communes et je suis revenu exposer mon programme dans chacune
résümfir
Vous le connaissez donc dans ses détails, mes chers Concitoyens : je n’ai qu’à le
1° La question sociale.
ceux qui
601
N” 1162
II faut qu’un régime économique favorable au commerce et à l’industrie puisse per«
mettre aux patrons d’élever les salaires.
La liberté du travail est une des conquêtes les plus précieuses de la Révolution, et
toute intervention abusive de l’État, toute réglementation excessive, compromet cette
liberté.
Je suis partisan de toutes les lois ouvrières consciencieusement étudiées, de toutes
celles qui auront pour but de protéger vraiment les travailleurs contre les accidents, la
maladie, les infirmités, la vieillesse et particuliérement le chômage.
11 importe d’organiser d’urgence les retraites ouvrières par la collaboration de l’Etat
avec la mutualité, de fonder les Conseils du travail, où seront appelés tous les ouvriers
syndiqués et autres, et d’instituer des tribunaux d’arbitrage qui régleront les conflits entre
les patrons et les ouvriers.
Le collectivisme est l’ennemi le plus dangereux de l’ouvrier. Contrairement à sa concep¬
tion chimérique, il établit deux classes qu’il oppose continuellement l’une à l’autre, il
empêche le patron et l’ouvrier de se tendre fraternellement la main, et paralyse l’entente
nécessaire entre le capital et le travail.
Au point de vue agricole, il faut que la loi sur les accidents s’applique aux travailleurs
des champs comme à ceux des villes; il faut que les lois si longtemps promises relative¬
ment à l’assistance daûs les campagnes et [à l’organisation du crédit agricole soient mises
de suite en discussion.
2° La question financière.
Les impôts augmentent sans cesse parce que les dépenses croissent toujours.
En présence d’un déficit de plus de 340 millions, d’une dette publique surchargée de
550 millions en deux ans, il est urgent de mettre un frein au gaspillage financier de la
Chambre et de lui enlever désormais toute initiative en matière de dépense : il est temps
d’exiger que toute dépense nouvelle proposée par un Député ait pour contre-partie une
économie correspondante.
L’impôt doit être proportionné aux facultés et aux revenus de chacun, suivant les prin¬
cipes si justes de la Révolution française. Une répartition plus démocratique et plus équi¬
table de ses charges est indispensable. Ii s’agit de rendre facultative, pour les communes, la
suppression des prestations, de remanier et d’alléger l’impôt foncier, de mettre au point la
contribution personneile-mobilière, de faire disparaître l’impôt des portes et fenêtres, de
transformer les patentes en un impôt sur le capital industriel et commercial, de diminuer
les droits de mutation et les frais de justice, si lourds aux moins fortunés.
3° La question religieuse.
Je sais partisan de la suprématie du pouvoir civil, même sur la franc-maçonnerie, et
c’est défendre cette suprématie que de voter contre la séparation des Églises et de l’État.
Tous les Ministres, d’ailleurs, de M. Waldeck -Rousseau à M. Millerand, ont voté, il y a deux
mois à peine, contre cette séparation.
Je demande l’application stricte et loyale du Concordat.
Il n’y a qu’un moyen d’assurer la paix religieuse, c’est d’imposer le respect mutuel de
toutes les convictions sincères.
La liberté de conscience a une conséquence immédiate : la liberté d’enseignement,
L’État doit organiser l’enseignement public, mais il doit laisser libre, sous son contrôle,
l’exercice de l’enseignement privé.
4" La question militaire.
L’armée doit être tenue à l’écart des influences politiques et électorales, afin de
travailler en silence à sa double et noble mission : le relèvement de la Patrie et la défense
du sol national.
76
— 602 —
~ Je ne saurais admettre qu'on oppose l'esprit démocratique à l'esprit militaire puisque,
ca République, le même sang pur circule des veines de la Nation et dans les veines de
Ramée.
Je suis désireux d'alléger les charges militaires, d'abréger si possible les périodes
d'instruction, de réduire le service militaire à deux ans ou même à un an, maïs à la condi¬
tion de sauvegarder les exigences de la solidité de Tannée française toujours prête à pro¬
clamer devant l'étranger que la Nation, riche en souvenirs glorieux, est toujours riche en
espérances réalisables.
Pour accomplir cette réforme, deux lois sont nécessaires, au préalable : l'une, suppri¬
mant toutes les dispenses, l'autre assurant des cadres solides et favorisant des rengage¬
ments nombreux,
La politique pure, je vous Fai dît souvent au cours de mes conférences, mes chers
Concitoyens, n’est qu’un bruit vain de voix confuses et de surenchères électorales.
ji faut organiser la démocratie, et, pour cela, H faut faire de bonnes lois, acceptées par
tous les citoyens comme basées sur la mesure, la sagesse et la raison, comme ayant pour
but l’intérêt général et le bonheur commua,
O s'agît, dès le début de la prochaine législature, de donner à la République un Gouver¬
nement juste et fort, parce que, sans ïa justice, la force est despotisme,. parce que, sans la
force, la justice est impuissance. 31 faut au pays un Gouvernement capable d’assurer, avec
Fordre clans les finances, la paix civile, la paix religieuse et la paix sociale, capable en un
mot de donner vraiment la liberté à tout le monde.
Je suis partisan déterminé de la réconciliation nationale, par une politique d’apaise¬
ment et de concorde que j’opposeiai sans faiblesse à la politique de discorde et de haine.
Ma foi dans la République et dans la liberté n'a jamais subi une heure de décourage¬
ment i elle est égale à mon amour de la France.
Vive ïa République î
Vive la liberté!
George* ÀÜDIGIER,
Candidat républicain.
2* circonscription de SENLIS
M. Jules GAILLARD
Élu au lor tour de scrutin* — 7, 407 voix.
Mes chers Concitoyens,
La consultation électorale du 27 avril emprunte aux circonstances actuelles un carac¬
tère d’exceptionnelle importance* La situation dans laquelle se débat notre pays est une
des plus graves que nous ayons connue depuis longtemps.
La coalition des partis extrêmes et des sectes antifrançaises qui, à Foccasion de l’affaire
Dreyfus, a réussi à s'emparer du pouvoir a, pour s’y maintenir, poursuivi une politique
néfaste pour la France.
Cette politique repose sur un impudent mensonge : la prétendue nécessité d'une défense
républicaine, alors que jamais, depuis vingt ans, la République n'avaîtété aussi incontestée
dans le pays. La «Défense républicaine » n'a été qu’un voile trompeur jeté sur ['exploitation
de ïa République et sur la désorganisation nationale.
603 —
N° 1162
Tous les bons citoyens, tous les vrais patriotes ont dénoncé cette politique sans relâche;
— ils ont l'impérieux devoir de la combattre aujourd'hui plus que jamais» et c'est ce devoir
que je viens remplir en me présentant de nouveau à tous vos suffrages.
Deux politiques sont donc nettement en présence: Tune, celle des radicaux et des
socialistes, qui a produit depuis trois ans les résultats que vous connaissez, l’autre, celle
des républicains libéraux et honnêtes» qui veulent arrêter la France et la République sur la
pente dangereuse oii elles glissent; finie, quia vécu de suspicion et de haines, qui a renou¬
velé les procédés de la Terreur jacobine ; l'autre, qui veut rétablir 3a concorde et Tunion
entre tous les citoyens; Tune, qui causerait la ruine du commerce et de l'industrie, Tautre,
qui rétablira la prospérité dans les affaires; Tune, qui exploite la République au profit de
quelques-uns, Tautre, qui veut faire de îa République la chose de tous*
Dans une brochure détaillée que j’adresse ces jours-ci à chacun de vous, j'ai exposé et
discuté ces deux politiques, ainsi que les programmes de mes concurrents.
Qu'il me suffise de rappeler ici que le collectivisme aboli! la propriété individuelle, et
cela seul le condamne. Il aboutit à la ruine et à Ja misère universelles*
Quant au programme radical, les candidats ne l'exposent et ne Je soutiennent que
durant les périodes électorales; une fois élus, ils ne tentent jamais d’en poursuivre la
réalisation, par la raison bien simple qu'elle est absolument impossible* Pas un seul des
six ministères radicaux ou semi-radicaux n'a lente de faire aboutir un seul des articles du
programme radical; la majorité radicale-socialiste de la dernière Chambre n'a jamais
voulu en aborder la discussion, et les ministres de défense républicaine eux-mêmes ont
déclaré que les principales réformes proposées par le parti radical étaient dangereuses et
impraticables,
l/œuvre des radicaux et des francs-maçons durant ces trois dernières années a été
désastreuse : les impôts augmentés de 25D millions eu quatre ans; un déficit de 352 millions
pour 1901; deux emprunts successifs ; le monde des affaires et le monde du travail troublés
et alarmés; une crise économique intense due à Tavénemeot d'un collectiviste au pouvoir et
à Tineertitude du lendemain; toutes nos libertés étranglées et menacées par des sectaires;
Tannée, gardienne de la France et de la Constitution, devenue le jouet des politiciens et
désorganisée pour complaire aux partisans de Dreyfus; voilà le triete bilan de la législature
qui s'achève.
Vous connaissez, par la lecture quotidienne des journaux, les votes que j'ai émisdurant
ces quatre années — je vous en adresserai prochainement un résumé loyal et complet qui
fera justice des calomnies lancées contre moi.
Vous y verrez que je n’ai jamais cessé de défendre les véritables principes républicains,
les intérêts de ma circonscription, ceux de la démocratie, ceux de l’agriculture. Si nous
n'avons pu faire aboutir aucune réforme utile, la responsabilité en remonte aux radicaux et
aux francs-maçons qui ont fait perdre le temps de la Chambre en vaines manifestations et
en interminables discussions de lois de division et de discorde*
Pour ma part, j'ai toujours soutenu et je de cesserai de soutenir les réformes sui¬
vantes :
Au point de vue financier :
Suppression de la contribution personnelle- mobilière et de l'impôt des portes et
fenêtres.
Établissement d'un impôt proportionnel sur le revenu, avec large dégrèvement à la
base.
Réforme des patentes, pour soulager le petit commerce et la petite industrie.
Réforme des prestations, dont je désire la suppression facultative pour les communes.
Au point de yuc social :
Projet de loi sur les retraites ouvrières, assurant aux ouvriers, à l’âge de 60 ans, une
retraite par la collaboration de l’État et de la mutualité.
Conseil du travail où seront appelés tous les ouvriers, syndiqués et autres.
Tribunal d’arbitrage en cas de conflit entre patrons et ouvriers.
Au point de vue agricole :
Révision du cadastre et meilleure péréquation de l’impôt foncier.
Représentation légale de l’agriculture.
Organisation du Crédit agricole.
Réduction des droits de mutation.
Extension de la compétence des juges de paix.
Réduction des frais de transport par voie ferrée.
Au point de vue militaire :
Réduction du service à deux ans, avec 1a loi sur ies cadres et les rengagements.
Développement de la mutualité, de l’enseignement agricole, des écoles primaires supé¬
rieures, dans un sens pratique.
Toute ma ]’ai soutenu une politique de ïibertêj d apaisement, d union. Ami dévoué
de la démocratie, je n’ai jamais cherché à la flatter, mais je l’ai servie loyalement et toutes
ces revendications ont trouvé et trouveront en moi un ardent défenseur. La cause de l’agri¬
culture m’a été particulièrement chère et mon concours sera toujours acquis, comme par le
passé, à toutes les réformes utiles, . v .
Ainsi que je Fai dît tant de fois, je veux une République honnête, libérale, qui s'inspi¬
rerait des généreuses et nobles traditions de la Révolution, qui resterait fidèle à la déclara¬
tion des Droits de l’Homme et du Citoyen, ouverte à tous les bons vouloirs, à tous les dévoue¬
ments sincères, et qui, respectueuse de toutes les libertés, ramènerait dans notre pays l’apab
semant et la confiance dans l’avenir t dont il a tant besoin.
C’est à cette œuvre patriotique que je vous convie, mes chers Concitoyens, et c est pour
la poursuivre en commun que je vous demande de me continuer votre confiance.
Vive la France! Vive la République démocratique et libérale!
»
Votre dévoué Contiloyeo,
Jules GAILLARD,
Conseiller général du canton de Creil,
Député sortant.
— 605 —
N° 1162
ORNE
Circonscription à’ ALENÇON
M. le comte de LÉVIS-MI REPOIX
Élu au let tour de scrutin. — . 8.631 voix.
Mes chers Concitoyens,
Vous m’avez donné depuis dix-sept ans des témoignages répétés et constants de votre
confiante amitié.
Depuis dix-sept ans, nous travaillons ensemble à une œuvre d’apaisement, de concilia¬
tion et de liberté.
Cette collaboration avec de braves gens tels que vous, dans l’intérêt supérieur de la
patrie, sera l’honneur de ma vie.
De nouveau, je demande aux conservateurs, je demande aux républicains libéraux et
patriotes de s’unir pour faire triompher sur mon nom les principes de liberté et d’honneur
national sans lesquels la République ne serait qu’un mensonge et la Patrie un vain mot.
Nous vivons à une heure décisive de noire histoire.
Le ministère Waldeck -Rousseau a détruit dans ce pays les foi ces morales et matérielles
qui sont la sécurité d’une grande nation.
Fondé pour réhabiliter un traître, il a désorganisé l’armée, dont trente années de
labeur et de sacrifices avaient fait un incomparable instrument de défense nationale.
Il a ruiné nos finances par les plus folles prodigalités. Le déficit atteint, pour la seule
année 1901, la somme de trois cent quarante-cinq millions 1
Nous sommes acculés à un nouvel emprunt, à de nouveaux impôts !
Sous prétexte de lutter contre le cléricalisme, M. Waldeck-Rousseau et sa majorité ont
fait contre la conscience catholique l'abominable loi des associations et s’apprêtent à nous
ravir ce qui nous reste de la liberté d’enseignement.
J’ai lutté contre ce Ministère.
J'ai lutté contre son œuvre néfaste et criminelle, d’accord avec les Républicains les mieux
éprouvés, tels que MM. Méline et Ribot, avec mes collègues de 1 Orne • MM. Gévelot et Ban-
sard des Bois.
J’ai conscience d’avoir fait mon devoir, d’avoir été le fidèle interprète des catholiques
menacés dans leurs croyances, et des libéraux respectueux des droiis de la conscience indi¬
viduelle.
En ce qui concerne vos intérêts immédiats, j’ai combattu en faveur des bouilleurs de
cru; et — d’accord avec les représentants des départements intéressés j’ai voté la loi
qui maintient et confirme le principe de leur droit.
Mes chers Concitoyens,
Le désarroi de nos adversaires est la meilleure preuve que notre collaboration a été
féconde.
C’est pourquoi j’attends l’épreuve d’un scrutin nouveau avec la plus parfaite sérénité.
Croyez, mes chers Concitoyens, a mon affectueux dévouement.
Comte de LÉVIS-MIREPOIX, Député sortant.
— 606 —
Circonscription d AR CEN TAN
M. le baron de MÂCKÂÜ
Élu au iCT tour de scrutin- — 13-745 voix.
Messieurs^ mes chers Amis,
Depuis plus de trente ans, fai consacré ma vie à la défense de vos intérêts, sans dis¬
tinction d'opinions ou de parus;
A la défense aussi de la liberté de vos domiciles et de vos industries, de la liberté des
familles et des consciences.
Si vous croyez que mon concours puisse encore vous être utile, je reste à votre dispo¬
sition, aujourd'hui comme jadis, avec le même dévouement, la même affection et la même
indépendance.
Baron de MACKAU,
Conseiller général, Député sortant.
lre circonscription de DOMFRONT
M. CACHET .
Élu au 2e tour de scrutin. — 6.546 voix.
Messieurs les Électeurs et chers Concitoyens,
En posant aujourd’hui ma candidature, je n’obéis à aucun sentiment d’ambition ni de
rancune personnelles.
Mes amis m’ont fait comprendre que, dans les circonstances présentes, un citoyen
libre et indépendant ce doit pas rester indifférent devant l’œuvre de désorganisation natio¬
nale qui se dégage des actes du ministère actuel et des votes de votre député.
Il vous avait promis, en effet, il y a quatre ans, « d’être un républicain modéré, res¬
pectueux des droits de chacun, évitant tout ce qui pourrait blesser les consciences et les
intérêts politiques, économiques, religieux ».
Malgré ses promesses, il a soutenu un ministère dont la première préoccupation a été
de réhabiliter un traître deux fois condamné, dont l’action funeste a toujours été dirigée
contre les principales forces vitales du pays — l’armée et la fortune publique — et qui,
malgré la présence au ministère du commerce du chef du parti socialiste-collectiviste, n’a
rien pu faire de vraiment utile pour la classe ouvrière.
Malgré ses promesses, il a voté la loi sur les associations, qui a portés la liberté
individuelle, à la liberté de conscience l’atteinte la plus grave qu’elles aient subies depuis
longtemps, qui tend à supprimer la liberté de l’enseignement, et qui met toute une caté¬
gorie de citoyens hors le droit commun.
- 007 —
iS* 4162
]I vous avait promis de « défendre les bouilleurs de c ru», qui représentent « l'intérêt
agricole le plus considérable de notre pays » et de « réduire à 50 francs par hectolitre les
droits sur l’alcool »,
Malgré ses promesses, il a voté 3a loi sur la réforme des boissons qui élève ces droits
à 220 francs, qui attente à votre indépendance £t à votre liberté de cultivateurs, et cause,
comme vous Lavez déjà éprouvé, un tort considérable à la vente de vos fruits et de vos
eaux-de-vie.
]e viens donc vous demander de me confier la défense de vos intérêts.
Pour accomplir cette tache, je n'aurai qu’à nie laisser guider par mon ardent amour
delà France et de la liberté, .et par le désir de vous être utile en exécutant loyalement nies,
engagements*
C’est de ces sentiments que s’est toujours inspirée ma conduite passée et que conti¬
nuera à s’inspirer ma conduite à venir.
Je veux donc pour tous la liberté de conscience, la liberlè du travail, la liberté d’asso¬
ciation, la liberté d’enseignement.
Je veux que le déficit dans le budget et l’augmentation toujours croissante des impôts
soient enrayés par une sage administration et une diminution dans l’exagération des dé¬
penses publiques, et que la fortune du paye ne soit pas à îa merci de quelques banquiers
juifs et cosmopolites qui drainent l’épargne de nos villes et de nos campagnes.
Je veux que l'amélioration du sort de l’ouvrier et des cultivateurs ne soit plus seule¬
ment un prétexte à de beaux discours toujours sans effet, mais un objet de sollicitude
éclairée qui se traduira par des lois de prévoyance, de mutualité et de crédit.
Je veux une modification complète de la loi sur les boissons : l'établissement de la
liberté absolue du privilège des bouilleurs de cru, très forte réduction des droits sur les
eaux-de-vie naturelles et du tarif des licences des débitants.
Je veux que la protection des agriculteurs soit rendue vraiment efficace p^r des lois
favorisant la vente de leurs produits, arrêtant Fimportation à vil prix des grains et des
bestiaux, et diminuant les impôts et les charges qui pèsent sur leurs terres.
Je veux la réduction de la durée du service militaire obligatoire, dans la mesure com-
palible avec les nécessités de la défense nationale.
Je yeux enfin que tous les citoyens, qu'ils appartiennent à Y armée ou an corps des
fonctionnaires, puissent servir utilement et patriotiquement le pays sans être sans cesse
troublés par la crainte de la délation que le ministère actuel a introduite partout.
Électeurs,
La République est la forme de gouvernement acceptée par la France,
^ J'estime qu’il n’y a de République possible et durable que celle qui respecte et garantit
h liberté et les droits de tous les citoyens.
C’est pour cela que je veux une République libérale et largement ouverte à tous.
Croyez, messieurs les électeurs et chers Concitoyens, à l’assurance de mon entier
dévouement.
Docteur CACHET,
Conseiller municipal de Domfront,
Conseiller d’arrondissement,
Candidat républicain libéral.
— 608 —
2e circonscription de DOMFRONT
M. GÊVELOT
Élu au 1er tour de scrutin. — 11.61)7 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
En venant cette fois encore vous demander le maintien du mandat qui m’a été renou¬
velé, depuis trente-trois ans, sans interruption, dans notre circonscription je tiens a vous
affirmer que la profonde reconnaissance que je ressens de ce constant attachement lestera,
aujourd’hui comme toujours, la source inspiratrice de mes actes et de ^ dévouement
La situation politique est inquiétante; le Parlement s est laisse entraîne p
ministère formé d’éléments disparates, obéissant lui-méme a une coterie dont les pas¬
sions et les rancunes lui ont dicté le vote de lois attentatoires a la liberté et préparant la
voie an socialisme collectiviste. , , s *
Les droits des citoyens ont été méconnus; les véritables intérêts du pays sacrifiés; les
finances publiques compromises; les sentiments de patriotisme atteints par les insultes
an drapeau de la France et à la vaillante armée qui en a le dépôt et la garde.
j’ai refusé mon vote à ces prétendus défenseurs de la République, qui la mettraient
plutôt en péril par l’abandon des principes et la violation des libertés. _
C’est cette République, voulue par le pays, respectueuse, par son essence meme, de
propriété, du droit, de la conscience de chacun, que j’entends continuer de défendre avec
vous contre toutes les attaques, d’où qu’elles viennent.
C’est avec la connaissance de vos intérêts et dans cette communauté de préoccupa ion
patriotiques, que je remplirai jusqu’au bout ce mandat dont j’attends le renouvel emen
de votre confiance, qui est mon plus grand honneur.
Recevez, Messieurs et chers Concitoyens, l’assurance de mon entier dévouement.
J. GÉVELOT.
Circonscription de MORTAGNE
M. BÀNSÂRD DES BOIS
Elu au 1er tour de scrutin. — 15,806 vois.
Mes chers Concitoyens ,
En venant de nouveau solliciter vos suffrages au scrutin du 27 avril, ma première peu
eèe est de vous exprimer ma profonde gratitude des sympathie! que vous m/avez toujouis
Vous m’avez maintes fois prouvé que je possédais votre confiance, Fai conscience d a
voir tenu mes engagements et de ne m’être jamais inspiré, aux heures délicates de cette
dernière législature, que de vos volontés et de vos intérêts,,
— m —
Nû il 62
Aujourd'hui comme liier, je veux assurer, au nom de la liberté de conscience, le respect
de toutes les croyances ;
_ Poursuivre une politique d'économies : endiguer les dépenses du budget et défendre
le contribuable contre les gaspillages financiers ;
_ Fortifier et honorer notre armée : la mettre à l'abri de toutes les attaques; affermir
notre organisation militaire; abréger la durée du service dans les limites compatibles avec
la sécurité nationale ;
— Protéger l'agriculture : réprimer le vagabondage ; compléter les œuvres d'assu¬
rance et de crédit agricoles et maintenir intacts les droits primordiaux de nos agricul¬
teurs ;
— Favoriser le travail industriel et commercial : développer l'activité nationale et,
selon les indications fournies récemment aux fêtes mutualistes de Laiglc, améliorer le
sort des travailleurs en multipliant et encourageant les institutions de prévoyance et de
mutualité, qui seules peuvent faciliter la constitution des retraites ouvrières.
Telle est l'œuvre générale à laquelle j'entends continuer à donner tout mon
concours.
Républicain sincère, je veux la République forte, pacifique, libérale, économe des
deniers publics, ouverte à tous les progrès et à toutes les réformes utiles. Absolument
indépendant par situation et par caractère, je me préoccupe de l'intérêt supérieur du pays
en dehors des passions et des violences des partis, plaçant au-dessus de tout la puissance
matérielle et morale de la France.
Comme en 1893 et en 1898, je m'abrite sous cette devise qui est le résumé de ma
conduite politique :
Ordre — Concorde — Progrès.
Je me réjouis de l'apaisement des esprits qui se constate dans notre arrondissement,
heureux d'avoir pu y contribuer dans la mesure de mes forces. J'ai toujours fait appel à
l'union et à la concorde. Plus que jamais, elles sont indispensables à la grandeur et à l'a-
Yenir de la Patrie.
Rien de durable ne se fonde sur la division et sur la haine. Les réformes né peuvent
être fructueuses que si elles sont consenties, et non imposées, et lorsqu'elles sont issues
librement de la volonté générale unie clans un même sentiment d' amour patriotique.
La République est inséparable de l'idée de liberté.
La liberié est le gage essentiel de la paix sociale. Elle est l'instrument nécessaire du
progrès. Il faut la garder soigneusement pour faire pénétrer dans nos lois et dans nos
mœurs toujours plus d'égalité, plus de justice et plus de fraternité.
Je consacrerai à cette tâche mes efforts et mon énergie. Je n'ai d'autre ambition que de
servir honnêtement et loyalement mon pays. Je n'ai pas besoin de vous dire que je mettrai,
comme par le passé, au service de vos intérêts, Pexpérience que j’ai pu acquérir au cours
déjà long de ma carrière parlementaire.
Veuillez agréer, mes chers Concitoyens, la nouvelle assurance de mon inaltérable
dévouement
BANSARD DES BOIS,
Député, Conseiller général de l'Orne
et Maire de RePême.
77
PAS-DE-CALAIS
lrc circonscription d’ ARRAS
M ROSE
Élu au 1er tour de scrutin. — 15.589 voix.
Mes chers Concitoyens,
Lorsqu’il y a quatre ans, j’ai sollicité le renouvellement du mandat que vous m’avez
confié en 1893, je me suis présenté à vous avec un programme d’union républicaine com¬
portant la formation d’un grand parti gouvernemental entre ceux qui acceptent franchement
et sincèrement la République, sans être suspects de complaisance envers les partis extrêmes,
il se résumait en ces mots : « Mi réaction, ni révolution >v.
En venant aujourd’hui, pour la troisième fois, solliciter vos suffrages, j’entends rester
fidèle à la ligne de conduite que je me suis tracée et que vous avez approuvée jusqu’à ce
jour.
L'engagement que j’avais pris, j’ai la conviction de l’avoir loyalement tenu.
Si, au cours de cette législature, des divisions regretta blés ont empêché la formation
de ce grand parti gouvernemental que j’appelais de mes vœux, j’estime que son existence
s’impose aujourd’hui plus impérieusement que jamais dans l’întcrêt de la France et de U
République.
Sans entrer dans les détails, je tiens à affirmer que les grandes lignes de son pro¬
gramme pourraient se traduire ainsi :
République intangible, maintenue au-dessus de nos vues particulières, comme la seule
forme de gouvernement capable de sauvegarder les conquêtes de l’esprit moderne, comme
l’instrument nécessaire du progrès démocratique.
Suprématie du pouvoir civil sur toutes les Églises, dominant et effaçant les querelles
de religion et de race par la mise en pratique de la belle Déclaration des dioîts de 1 Homme
et du' Citoyen, par la liberté assurée et garantie à tous les Français.
Mesures à prendre pour assurer le bon fonctionnement du régime parlementaire, qu’on
ne saurait laisser discréditer sans porter atteinte à la souveraineté populaire, sans ccd'. pro¬
mettre l’existence même de la République.
Je suis de ceux qui veulent être de leur temps, qui considèrent que le progrès est
indéfini et ne reculent devant aucune réforme, pourvu qu’elle soit juste et vraiment digne
de ce nom. ,
Je l’ai prouvé en toutes circonstances par mon attitude dans les questions qui inté¬
ressent les travailleurs et par les propositions de loi que j’ai déposées.
Mais je tiens à redire que j’éprouve peu de goût pour les discussions de politique pure,
pour les interpellations bruyantes, qui absorbent le meilleur temps de la Chambre ait dé¬
triment des réformes pratiques, des travaux utiles longuement élaborés que chaque légis¬
lature voit revivre et disparaître, sans profit pour le pays.
Je me suis abstenu de prendre part à ces débats ; j’ai voulu être et j’entends rester
— 6il
N° i 162
uû député d'affaires, soucieux avant tout de la défense 80 vos intérêts économiques et
sociaux. , , . , . .
Je n’ai pas oublié que j’étais un rural, que j’avais passe ma vie au milieu des agricul¬
teurs et il m’a été particulièrement agréable de consacrer tous mes efforts, toute mon éner¬
gie, à l’examen et à la réalisation des mesures législatives de nature à sauvegarder leur
situation, trop souvent sacrifiée. C’était pour moi le meilleur moyen de manifester ma
reconnaissance pour les témoignages de sympathie qu’ils n’ont cessé de me prodiguer.
Comme secrétaire de la Commission des douanes, du groupe des Députés et Sénateurs
intéressés à la production du sucre et de l’alcool industriel, j’ai étudié plus spécialement
encore les questions qui se rattachent à ces deux branches si importantes de notre pro¬
duction agricole, et j’ai eu la charge d’organiser, dans toutes les régions intéressées, un
pétition nement qui a abouti, tout au moins en ce qui concerne l’alcool, à l’ajournement
des propositions qui nous menaçaient.
il est bien entendu que je continuerai à poursuivre l’abolition du privilège des bouil¬
leurs de cru et à demander l’affectation des ressources à en provenir au dégrèvement des
licences et des droits perçus sur l’alcool, de même que je m’opposerai à tout projet de taxe
différentielle et de monopole d’État,
En ce qui concerne les sucres, j’estime dès maintenant que la Convention de Bruxelles
est mauvaise pour notre production betteravière et pour les intérêts généraux du pays; les
efforts les plus énergiques devront être tentés pour faire aboutir les solutions réparatrices
qui vont s’imposer à l’attention des pouvoirs publics; pour arriver à ce résultat, mou con¬
cours le plus absolu vous est acquis. Vous pourrez trouver au Parlement des défenseurs plus
éloquents, vous n’en aurez pas de plus convaincus ni de plus dévoués.
Des projets nouveaux devront être également discutés à bref délai pour sauvegarder
les intérêts des producteurs de blé, en raison de la surproduction qui nous menace : vous
n’ignorez pas que je me suis depuis longtemps préoccupé de cette éventualité ; je m effor¬
cerai de faire aboutir ceux qui me paraîtront utiles et salutaires.
Tout en m’occupant de la défense des intérêts agricoles, je n’ai jamais négligé ceux du
commerce et de l’industrie. Tous ces intérêts, du reste, sont absolument solidaires et la
prospérité industrielle et commerciale de notre région est, faite de la prospérité agricole;
Quant aux travailleurs des mines et des chemins de fer, j’ai eu, comme secrétaire et
comme rapporteur de la Commission du travail, l’occasion fréquente do discuter et de faire
aboutir leur 3 légitimes revendications ; j’ai la conviction de les avoir toujours défendus ,
courageusement et utilement, tout en tenant le plus grand compte de notre situation
financière et de l’obligation qui s’impose aux pouvoirs publics de ne pas aggraver les
charges fiscales qui pèsent déjà si lourdement sur le contribuable français et sur le travail
national.
Si vous croyez que mon rôle dans le passé a été bon, utile, si vous pensez que, dans
l’avenir, je puis vous aider encore à faire aboutir vos revendications, aujourd’hui plus
pressantes que jamais, je mets de nouveau à votre disposition tout mon temps, toute
mon activité, je vous demande de renouveler le mandat que vous m’avez confié.
Fort de votre confiance, de l’expérience acquise, je consacrerai tout ce que j’ai de force
et d’énergie à faire mieux encore si possible dans l’avenir que dans le passé.
Mais les luttes qui se préparent seront rudes et difficiles et, pour les soutenir victorieu¬
sement, j’ai besoin d’encouragement et de réconfort. C’est à vous de me les donner.
Quelles que soient les conditions dans lesquelles va s’ouvrir la lutte électorale, votre devoir
est de voter. Plus que jamais, à l’heure actuelle, l’abstention serait une faute. Vous ne la
commettrez pas.
Th. ROSE,
Conseiller général du Pas-de-Calais,
Député sortant.
2® circonscription d! ARRAS
M. TAILLIANDIER
Élu au 1er tour de scrutiu. — lit. 181 voix.
Mes chers Concitoyens,
Certain de ne pas avoir démérité de votre confiance, et soutenu par les sympathies que
vous n’avez cessé de me témoigner depuis 1885, je viens vous demander, pour la cinquième
fois, le renouvellement de mon mandat.
Vous me connaissez personnellement, et vous avez suivi mes votes, qui n’ont été que
la réalisation de mes précédentes professions de foi.
Je reste fidèle à mon programme.
En politique, je veux la République tolérante, libérale, largement ouverte à toutes les
bonnes volontés, à tous les concours sincères, assurant à tous, avec les droits imprescrip¬
tibles de la conscience, la liberté d’association et la liberté d’enseignement.
Tout ce qui, dans ces dernières années, a été fait ou tenté contre ces principes supé¬
rieurs, n’a eu pour résultat que de creuser, plus profondément, le fossé qui menace de
séparer définitivement la France en deux camps ennemis.
Je suis l’adversaire irréductible de tons les sectaires ; mon appel s’adresse à ceux qui
veulent la pacification dans les esprits et la liberté pour tous.
J’ai toujours combattu cette politique financière qui aboutit chaque année à des aug¬
mentations d’impôt et va même jusqu’à engager l’avenir par des emprunts insuffisamment
justifiés.
Les charges qui pèsent sur les contribuables, et en particulier sur l’agriculture,
excèdent aujourd’hui les forces du pays; il serait grand temps de revenir à cette formule
que je ne me lasserai pas de répéter : « Ni impôts nouveaux, ni emprunts. »
Les dégrèvements, par voie d’économie, s’imposent plus que jamais et sans aucun
délai; la décentralisation administrative peut y aider puissamment, en supprimant bon
nombre de fonctions devenues inutiles, et en étendant les attributions des autorités com¬
munales.
J’ai soutenu, vous le savez, le ministère Méline, qui nous a donné deux ans d’apaise¬
ment, de prospérité et de finances sincères ; mon concours est acquis d’avance à tout minis¬
tère républicain qui nous assurera les mêmes bienfaits.
En matière économique, vous connaissez mon dévouement sans bornes à l’agriculture;
profondément attaché au sol natal, je suis toujours resté au milieu de vous, cultivateur
comme la plupart d’entre vous. Nos intérêts sont les mêmes, et j’ai la conscience d’avoir,
à la Commission d’agriculture, comme dans mes actes, défendu la cause de notre région.
Je voudrais contribuer à réparer, dans une Chambre plus indépendante et mieux inten¬
tionnée, tout le mal qui a été fait, dans ces derniers temps, à notre agriculture et aux
industries du Nord.
Je voterai contre la ratification de la Convention internationale conclue à Bruxelles, en
dehors des parties intéressées, parce qu’elle sacrifie sans réciprocité les avantages que
nous assurait la loi bienfaisante de 188é, — et parce que, en acceptant l’ingérence et le
contrôle des puissanges étrangères dans notre législation intérieure, elle introduit, dans
notre droit public, un précédent insolite et dangereux.
Je voterai également toutes les mesures tendant au retrait de cette inique loi des bois¬
sons, qui impose à notre département une surcharge de ii.fi52.000 francs, en augmentant
— m
N° 1162
les licences, les droits perçus sur l'alcool, et en maintenant l’exorbitant privilège des bouil¬
leurs de cru.
Vous me verrez, reprenant les projets de loi que j’ai présentés ou défendus, réclamer
la dénaturation sans frais de nos alcools ; — repousser le monopole dont on les menace et
les surtaxes différentielles dont on veut si injustement les frapper ; — poursuivre l’amélio¬
ration de notre législation sur les céréales et le vote immédiat de la proposition de loi, que
j’ai signée avec 150 de mes collègues, pour la protection des huiles et des graines oléagi¬
neuses, indispensable dédommagement du désastre de la culture betteraviére.
Pénétré de l’importance de la question sociale, je proteste plus que jamais contre les
utopies collectivistes, mais je reste le défenseur énergique de tous les travailleurs, de
ceux qui peinent et qui souffrent. Ils le savent bien, tous ces ouvriers du canton de
Vimy, qui, aux dernières élections au Conseil général, m’ont réélu à une écrasante
majorité 1
Comme par le passé, j’aiderai de tout mon pouvoir au développement des mutualités,
qui tendent à préserver de la misère les vieillards et les invalides, et qui resserrent les
liens de solidarité entre le capital et le travail.
Mes chers Concitoyens,
En me représentant à vos suffrages, je tiens à proclamer bien haut mon patriotisme et
mon profond respect pour l’armée.
Je laisse à d’autres le soin de rechercher la popularité par des indulgences coupables
pour les traîtres, et par des promesses destructives de notre puissance militaire, Mais,
désireux de concilier les exigences de la vie intérieure du pays avec les intérêts de la dé¬
fense nationale, j’ai voté la réduction du service militaire, la diminution des 28 jours et des
13 jours, car je suis convaincu qu’avec des mesures de nature à favoriser les rengagements
et k fortifier les cadres, notre puissance militaire n’en serait pas amoindrie.
Français avant tout, je ne compromettrai jamais la valeur effective de notre admirable
armée, sauvegarde de notre existence nationale, gage intangible de notre prestige aux yeux
de l’étranger.
Mes chers Concitoyens,
Serviteur passionné de mon pays et des intérêts de notre contrée, je n’ai jamais rien
demandé pour moi-même; nul n’a fait en vain appel h mon concours ; vous pouvez compter
dans l'avenir comme dans le passé sur mon entier dévouement.
Henri TULLIANDTER,
Cultivateur, Conseiller général, Député sortant,
Républicain libéral.
lrc Circonscription de BÉTHUNE
M. le baron DARD, dont l’élection a été annulée, a été remplacé parM. DELELIS.
Voy. Élections partielles.
2e Circonscription de BÉTHUNE
M. BASLY
Élu au 1er tour de scrutin. — 15.225 voix.
Citoyens,
Obéissant à la décision prise par les groupes républicains-socialistes de la 2e circon¬
scription de Béthune, je sollicite, pour la quatrième fois, le renouvellement du mandat de
député.
i’üi donc le devoir de vous dire quelle fut, dans ses grandes lignes, mon attitude au
cours de la dernière législature, — quelles furent les propositions de loi que j’ai déposées
sur le bureau de la Chambre, mes interventions et mes votes, — et eniin quelle sera ma
ligne de conduite si vous me faites l’honneur de me réélire.
Propositions de loi adoptées par la Chambre.
— Suppression de la saisie-arrêt des salaires.
— Modification à la loi du 9 avril 1898 sur les accidents du travail, — tendant à payer
l’indemnité temporaire les dimanches et jours fériés, et à partir du jour de l’accident.
— Réglementation à huit heures de la journée de travail dans les mines.
— Création de prud’hommes mineurs.
— Modification à la loi de 1890 sur les délégués à la sécurité des ouvriers mineurs, —
tendant à doubler le nombre de leurs descentes (24 par mois), c’est-à-dire leur accordant
une indemnité assurant leur indépendance absolue.
Tous ces projets de lois, dont je suis l’auteur et que j’ai défendus à la tribune, ont été
adoptés par la Chambre et sont actuellement devant le Sénat.
_ Uno loi tendant à assurer le secret du vote dans les élections de délégués mineurs
par la création de cabines d’isolement, — • une autre obligeant les Caisses de secours à faire
procéder à l’élection de leurs administrateurs dans des salles de mairies, — ont été adop¬
tées par la Chambre, approuvées par le Sénat, et sont actuellement mises en vigueur.
_ Enfin, une proposition de loi accordant aux délégués mineurs le bénéfice de la lot
de 1894 sur les caisses de secours et de retraite et leur permettant d’en être élus adminis¬
trateurs, a d’abord été adoptée par la Chambre et vient de revenir devant elle amendée
par le Sénat,
Malheureusement, si j’ai réussi à faire voter les quelques lois que je Yiens d’énumérer,
plusieurs autres propositions que j’ai faites et défendues n’ont pas été adoptées par la
Chambre, les députés partisans de l’émancipation des travailleurs étant encore trop peu
nombreux.
Propositions de lois que la Chambre n’a pat adoptées.
_ Révision du régime actuel des syndicats professionnels.
_ Établissement d’un salaire minimum dans les mines.
_ Retraite aux vieux ouvriers mineurs avec pension de 2 francs par jour et après
25 ans de services.
— Administration des caisses de secours des mines par les ouvriers seulement a
l’exclusion des patrons.
Inutile d’ajouter, je crois, que saris préjudice des nouvelles propositions que je pour¬
rais déposer, je me ferai un devoir, si je suis réélu, de reprendre ces propositions et de les
défendre à nouveau jusqu'à ce que ia Chambre m'ait donné satisfaction.
lnterpellaiims*
Tai, en outre, interpellé le Gouvernement :
— À l'occasion de P épouvantable catastrophe des mines d'Àniche sur les responsabi¬
lités et les sanctions à intervenir.
— Sur L'attitude de certaines Compagnies minières qui ont exercé une pression
odieuse à l'occasion des élections de délégués mineurs.
Principaux votes . — Attitude générale.
En dehors de ces projets de lois qui me sont personnels, je dois compte à mes élec¬
teurs de mes principaux votes, de mon attitude générale dans les grands débats parlemen¬
taires de la précédente législature.
Je puis dire que toujours mes votes, mes interventions ont été d'accord avec ceux de
mes collègues du groupe socialiste parlementaire, c'est-à-dire dictés par le souci du pro¬
gramme intégral des revendications du Prolétariat, en même temps que celui des intérêts
de la région que j'avais l'honneur de représenter à la Chambre.
J’ai voté avec mes collègues socialistes :
Pour la révision de la Constitution dans un sens absolument démocratique ;
Pour les monopoles de l'État : raffineries, pétrole, rectification de l’alcool;
Pour la suppression du privilège des bouilleurs de cru;
Pour le rachat des chemins de 1er et la nationalisation des mines;
Contre l'augmentation à six ans du mandat des députés;
Pour la suppression du budget des cultes et le retrait de l'ambassade du Vatican ;
Pour la suppression des congrégations (Amendement Zévaès) ;
Pour la réduction la plus grande du service militaire et subsidiairement le service de
deux ans ;
Pour la suppression des périodes de 28 et 13 jours;
Pour l’abrogation de la loi Falloux et le monopole de l'enseignement à l'État;
Contre les crédits pour les expéditions coloniales ;
Contre le Gouvernement à l’occasion des douloureux événements de la Martinique et de
Cbalon ;
Pour le dégrèvement des licences et des patentes des petits débitants et commerçants
et l'application des patentes multiples aux grands magasins et aux déballages ;
Pour la transformation complète de l’impôt foncier en vue de dégrever les petits culti¬
vateurs ;
Pour toutes les propositions d'amnistie faites dans l’Intérêt du prolétariat;
Pour la loi Bateaux- Jaurès (Employés des chemins de fer) ;
Pour le repos hebdomadaire obligatoire des ouvriers et employés;
Pour la loi sur l'hygiène dans les usines et ateliers ;
Pour la suppression du pourcentage (Instituteurs) ;
Pour le développement des alcools du Nord comme combustible et éclairage, etcr, etc.
Ouvriers de toutes les corporations, cultivateurs, mineurs, employés d'industrie et de
commerce, petits commerçants, instituteurs, fonctionnaires, en un mot travailleurs manuels
et intellectuels peuvent voir, d’après ce résumé encore incomplet, que mes votes et ma
conduite ont toujours été dictés par le souci du mieux-être de la classe productrice, toujours
spoliée, toujours exploitée.
Mais si je suis socialiste, si mes vœux et mes efforts vont à la cité de justice et de fra¬
ternité que sera la République sociale, je ne suis pas un partisan de la politique du tout ou
rien et je suis loin de considérer la forme républicaine comme inutile et méprisable.
_ 616 —
C’est dire que je suis un républicain sincère et convaincu, inébranlablement attaché à
la forme démocratique de l’État.
Ce sont ces sentiments qui ont inspiré mon attitude vis-à-vis du Ministère actuel, que
j’ai soutenu chaque fois que les réformes qu’il proposait pouvaient améliorer, enquoiquece
fut, la situation de la classe ouvrière, et chaque fois aussi qu’il a eu à subir les assauts ter¬
ribles des forces coalisées du nationalisme, du cléricalisme et de la réaction.
Electeurs,
Je crois être encore digne de la confiance que vous n’avez pas hésité à me témoigner
dans toutes les occasions.
C’est avec la fierté du devoir accompli que j’attends le résultat du scrutin.
Vive la République sociale!
BASLY, Député sortant.
3” circonscription de BÉTHUNE
M. LAMENDIN
Élu au l“r tour de scrutin. — 10.932 voix:
Citoyens,
Sollicité par l’unanimité des groupes de l’Alliance Républicaine et Socialiste, j’ai cru de
mon devoir d’accepter la candidature aux élections législatives du 27 avril 1902 dans la
3» circonscription de Béthune, nouvellement constituée avec les cantons de Lens-Ouest etde
Les électeurs du canton de Cambrîn, que je représente à la Chambre des Dé¬
putés depuis le 6 mars 1892, m’ont vu à l’œuvre, et je suis sur que mes efforts constants
dans l’intérêt de la démocratie et de la classe ouvrière m’ont conservé toutes leurs svm-
^ Quant aux électeurs du nouveau canton de Lens-Ouest, représentés jusqu’à présent par
mon ami Basly, ils m’ont prouvé par leurs témoignages et l’insistance avec laquelle, ne
pouvant plus avoir Basly comme député, ils m’ont demandé d’accepter la candidature, qu ds
ont entière confiance en moi. . . ,,
Ils savent d’ailleurs que mon action parlementaire a toujours été parallèle a celle
de mon collègue Basly et que nos votes et nos interventions sont toujours dictés par les
mêmes préoccupations. ... , h
Je les remercie du fond du cœur de m’avoir choisi, et je leur promets de mériter la
confiance qu’ils me témoignent. ... .
Je liens cependant à dire à tous les électeurs de ces deux cantons ce qu au double point
de vue politique et économique j’ai fait jusqu’à présent à la Chambre, et le programme que
j’entends essayer de réaliser s’ils me font l’honneur de m élire.
Cultivateurs,
Vous savez que vos intérêts ont sollicité mon attention chaque fois qu’ils ont été en jeu
au sein du Parlement.
617 —
N* 4162
Je connais trop les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de votre profession
pour ne pas chercher par mes votes à vous défendre et à transformer, à votre avantage,
la législation agricole encore si peu adéquate à vos besoins.
Par le système des primes directes aux cultivateurs — par toutes les dispositions lé¬
gislatives capables d’encourager et de développer la culture de la betterave sucrière et de
celle de distillerie, ainsi que la consommation de Palcool pour l’éclairage et le chauffage, —
par Pinstitution des mesures propres à avantager l agriculture de nos régions, j’espère
remédier, dans la mesure du possible, à la crise agricole qui sévit actuellement.
Je suis, voua le savez, partisan de l’abrogation de l’odieux privilège des bouilleurs de
cru, de la suppression de la saisie-brandon (saisie desrécokes sur pied), de la transforma¬
tion radicale de l'impôt foncier tel qu’il existe actuellement, de la suppression des presta¬
tions, etc.
Quant aux hâleurs par chevaux, ils savent que je suis toujours à la disposition de leur
syndicat.
Commerçants,
Mes votes ont toujours été acquis aux commerçants, si nombreux dans notre bassin
houiller.
Ai-je besoin de leur rappeler ce que j’ai dit si souvent dans mes conférences pour
l'application des patentes multiples aux grands magasins et aux entreprises dites « débal¬
lages », pour la diminution des patentes du petit commerce et des licences des débitants
de boissons, etc.
Ouvriers mineurs,
Je suis des vôtres, ayant travaillé plus de 20 ans au fond de la mine. J’ai vécu votre
vie et j’ai pu me rendre compte des réformes que réclame impérieusement notre cor¬
poration.
J'ai défendu à la Chambre ;
Les modifications à la loi sur les accidents du travail tendant à mettre en cause la res¬
ponsabilisé du patron dans tous les cas, et au payement d’une indemnité proportionnelle au
dommage causé.
Les lois sur la journée de huit heures et le minimum de salaire.
Enfin la loi tendant à accorder l'amnistie pleine et entière aux enfants et grandes
personnes des deux sexes condamnés pour avoir glané du charbon « sur les terris de
déblais ».
Vous me connaissez suffisamment pour que je ne sois pas forcé d’insister. Toutes
les améliorations réclamées par les Congrès régionaux et nationaux méritent toute mon
attention : retraite équitable aux vieux travailleurs de la mine, nationalisation des
mines, etc., etc.
Camarades mineurs, je compte sur vous comme vous pouvez compter sur moi.
Électeurs,
Tous les autres éléments de la démocratie, tous ceux qui concourent par leurs efforts à
l’instruction, à la richesse, au développement de la France républicaine me trouveront tou¬
jours prêt à les défendre.
Travailleurs des usines et des chemins de fer, pour qui je demanderai la retraite. l'in¬
saisissabilité des salaires, la diminution des heures de travail, et toutes les réformes éla¬
borées par les Congrès corporatifs.
Instituteurs, pour qui j’ai voté la suppression du pourcentage et qui ont, comme édu¬
cateurs laïques des enfants du peuple, tous les droits à ma sympathie. — Fonctionnaires et
employés, en faveur de qui j’ai toujours demandé une législation protectrice, ainsi que
7%
— 618 —
l’application des pensions de retraite, et qui peuvent compter sur mon dévouement pour
toutes les démarches justiüées qu’ils inc demanderont. — Au point de vue général, j’ai
rédamé et voté l’abrogation de la loi Falloux, en résumé, toutes les réfurmes vraiment répu-
blicaines, vraiment dénM;raüqueSp
Citoyens,
Voilà, sincèrement exprimées, nm s vues politiques et économiques* JJai conscience des
réformes souhaitées par les travailleurs, par ia démocratie tout entière, et dont la longue
énumération ne pourrait trouver place dans un programme électoral.
Je ne faillirai pas à mon devoir si les électeurs vraiment républicains et socialistes me
font T honneur de ml élire.
Vive la République démocratique et sociale î
Arthur LAMENMN,
Député sortant.
Fondateur du Syndicat des Mineurs
du Pas-de-Calais,
Membre du Conseil supérieur du Travail.
4e circonscription de HÉTHUNE
M. BEHÀRELLE
Elu au 2^ tour de scrutin, — 9.500 voix.
/
Mes chers Concitoyens,
Le Congrès de Béthune m’a fait le grand honneur de me désigner comme candidat de
tous les républicains à l’élection du 27 avril.
Je remercie cordialement les membres du Congrès, représentants autorisés des diverses
communes qui composent notre nouvelle circonscription, de ce témoignage de sympathie
et ch- confiance dont je suis profondément touché. Je suis surtout touché de la manifestation
unanime qui s’est produite après le scrutin et qui, affirmant la concorde et l’union sur le
nom du candidat proclamé, est le gage assuré de la victoire du parti républicain dansCélec-
tioti prochaine.
C’est sous ces auspices que je viens solliciter vos suffrages et vous exposer les prin¬
cipes qui guideront mes actes à la Chambre des Députés, si vous confirmez le choix du
F o n eï rè^i
Au point de vue politique, vous savez que j’appartiens à une vieille famille républi¬
caine dont les membres ont toujours lutté pour la défense de la République. J’ai à cœur de
suivre ccs traditions et de rester un des serviteurs les plus convaincus et 1rs plus dévoués
de la cause démocratique.
Je veux une République forte, respectée et aimée, ferme dans ses principes, tolérante
à l’é-ard des personnes, ne reculant devant aucune des réformes pratiques et fécondes qui
répondent aux besoins, aux intérêts et aux vœux du pays. En un mot, je veux la République
a„c toutes ses conséquences, telles qu’elles ont été résumées par nos pères dans fa triple
— 619 — N° 1162
formule : Liberté, Égalité et Fraternité, et dans la « Déclaration des droits de l’Homme et du
Citoyen ».
Voilà les sentiments dont je m’inspirerai dans l’examen de toutes les quest’ons poli¬
tiques qui pourront être sou'evées dans la prochaine législature, en ce qui concerne la
liberté du travail, la liberté de conscience, la liberté d’enseignement, que je veux voir
complétée par l’égalité des diplômes et des garanties qu’il fautexigerde tous les professeurs,
dans l'enseignement libre comme dans l’Université.
Au point de vue économique, je veux la protection du travail national sous toutes ses
formes. Agriculteurs, commerçants, industriels, tous, en France, ont droit à une sollicitude
égale de la part des pouvoirs publics. Ce qu’on doit avant tout souhaiter pour eux, c’est
qu’on leur épargne de nouveaux impôts, puis qu’on répartisse mieux les impôts actuels,
notamment les charges qui résultent du nouveau régime des boissons et du privilège des
bouilleurs de cru.
Je demanderai la révision de cette loi funeste qui, en favorisant la région du Midi au
détriment de celle du Nord, a camé un si grand dommage à nos cultivateurs de betteraves,
distillateurs et débitants, et aussi à tous les consommateurs.
De même, nous devons protester contre les décisions de la conférence de Bruxelles,
dont les conséquences pourraient amener la ruine de nos fabricants de sucre et de tous ceux
qui sont intéressés à leur industrie : fermiers, cultivateurs, ménagers, ouvriers de la terre
et de l’usine. Nous devons réclamer, pour parer à ces conséquences, la suppression ou tout
au moins un abaissement considérable de l’impôt sur le sucre.
En résumé, les intérêts de l’agriculture, auxquels sont liés d’ailleurs tous les autres,
seront l’objet de mes principales préoccupations.
Au point de vue social, j’ai toujours pensé que le souci des humbles et des faibles s’im¬
pose dans une société républicaine et démocratique. Je contribuerai pour ma part au déve¬
loppement de toutes les œuvres d’assistance, de mutualité et d’bygiène populaire, suscep¬
tibles d’améliorer les conditions morales et matérielles de l’existence des travailleurs.
Ouvriers agricoles, ouvriers de nos diverses industries, ouvriers mineurs, tcus peuvent
savoir, par leurs camarades rie Nosifx, qu’ils trouveront toujours en moi un ami sûr et
dévoué. Ma vie passée répond de mes actes à venir.
Éloigné des utopies collectivistes et socialistes révolutionnaires, ainsi que des doc¬
trines nationalistes ou plébiscitaires, je donnerai tout ce que j’ai de force et de dévouement
à la réalisation de l’idéal républicain.
Vive la France ! Vive la République’.
Henri BÉHARELLE,
Maire de Nœux,
Conseiller d’arrondissement,
Vice-Président do la Société d’Agriculture
de l’arrondissement de Béthune.
— 620 —
lre circonscription de BOULOGNE
M. Achille ADAM
Elu au 1er tour de scrutin. — 10.367 voix.
Electeurs,
En venant pour la quatrième fois solliciter vos suffrages, je pourrais me borner à vous
dire : mou passé vous répond de l’avenir, vous me connaissez, et mes votes à la Chambre
forment, en ce qui me concerne, la meilleure des professions de foi.
Respectueux de la volonté nationale, j’ai, sans hésiter, en 4889, dès mon entrée dans
la vie publique, adhéré localement à la République, et j’ai pu mettre mes adversaires au
défi de relever contre moi un seul acte a’hostililê envers elle.
Mais je veux avant tout une République tolérante et ouverte à tous, qui mette l’armée
au-dessus de toutes les divisions, de toutes les querelles politiques.
Je veux qu’elle accorde à tous, quelles que soient leurs croyances, quelle que soit leur
famille, aux plus humbles comme aux plus élevés, toutes les garanties de la même loi
Je veux la liberté de conscience.
Je veux la liberté d’enseignement.
Je veux la liberté d'association, ne réclamant pour qui que ce soit ni faveur, ni privi¬
lège, respectant les convictions des autres, ne voulant contre eux aucun acte injuste, aucune
gêne, mais demandant pour tous la pleine et entière liberté-
Je ne veux pas leurrer le peuple par des promesses fallacieuses.
Je veux le servir fidèlement, mais je ne veux pas le flatter, ni le tromper¬
ie veux la République libérale, et c’est pourquoi, adversaire résolu du Ministère actuel
qui opprime notre cher pays, le conduit à la honte et à la ruine, je combattrai sans relâche
les hommes de ce gouvernement à la solde des francs-maçons et des dreyfusards, qui s atta¬
quent à tout ce que nous aimons et à tout ce que nous respectons.
Un grand mouvement de réprobation contre la politique ministérielle se manifeste dans
la France entière. Aussi pouvons-nous espérer que la Chambre qui sera élue le 27 avril
appellera au pouvoir des hommes plus dignes de notre confiance, et auxquels je serai tout
prêt à donner mon appui.
U y aura fort à faire pour réparer le mal déjà accompli écart er de notre région les
dangers et même les ruines dont la menacent les lois et les conventions récentes, rassurer
les intérêts elles consciences, rendre à notre armée et à notre flotte leur force et leur
prestige.
Si vous me faites Fhonneur de m’élire le 27 avril :
J’examinerai avec prudence les adoucissements à apporter au service militaire, et dé¬
fendrai, après avoir assuré la solidité de l’armée par de puissants cadres de rengagés,
le service d’un an.
Je ferai tous mes efforts pour faire aboutir une bonne loi sur les retraites ouvrières,
dont je me suis déjà occupé à plusieurs reprises.
Je chercherai les moyens pratiques pour améliorer la situation des travailleurs et des
marins.
Je m’occuperai des intérêts de ^agriculture, pour laquelle le ministère actuel n’a
absolument rien fait.
Je demanderai que les finances de l’État cessent d’être gaspillées et qu’elles soient
gérées comme les finances d’une société industrielle sérieuse.
— 621 —
N* 1162
Adversaire résolu des monopoles, je combattrai, comme je l'ai toujours fait, les mono¬
poles du pétrole et de PalcooL
J’ai voté contre la loi sur les boissons , contre le privilège des bouilleurs décru, et pour
b diminution des licences des débitants, décidé que je suis à protéger les commerçants et
les débitants de notre région et à défendre les intérêts du Nord contre ceux du Midi,
Enfant du Boulonnais, connu de vous tous, je viens à nouveau solliciter vos suffrages,
parce que je crois pouvoir continuer à défendre utilement vos intérêts, si une fois de plus
vous m’en confiez la charge*
Et maintenant, Électeurs, à vous de juger, le 27 avril, car fai confiance de n’avoir pas
démérité de vous
Achille ADAM, Député sortant,
Àntiministériel.
2e circonscription de BOULOGNE
M. LOUIS Ml LL
Élu au 2e tour de scrutin, — 9*983 voix.
Union des Ligues républicaines
Electeurs,
Lest dans le double but de défendre les institutions républicaines, menacées par les
derniers efforts que font en ce moment toutes les forces coalisées de la réaction, et de soutenir
utilement devant le Parlement les intérêts de Calais et des cantons ruraux de Calais, Guînes
et Marquise, depuis longtemps abandonnés sans défense et sans protection, que les ligues
républicaines, unies dans un même sentiment patriotique et utilitaire, me font Uhonneurde
présenter ma candidature franchement et loyalement républicaine aux citoyens de cette
circonscription.
Ces ligues, animées du même désir d’union et de défense républicaines, se sont grou¬
pées pour réunir leurs efforts et lutter contre le meme adversaire, le représentant du parti
ultramontain et réactionnaire : M- Dus^aussoy. Son mandat, qui dure depuis huit années, a
marqué pour Calais et pour la circonscription entière une trop longue période d’abandon. 11
îfa pas été le mandataire utile dout les efforts doivent favoriser et développer la prospérité
locale et régionale.
Les ligues ont fait appel à un républicain, libre de toute compromission, moins soucieux
de s'inféoder à des hommes qu’à des idées, et décidé à défendre îes intérêts qui lui sont confiés
par les républicains de toutes nuances de la circonscription*
fai accepte cette mission d’honneur et de confiance, qu’ils me demandaient de remplir,
avec la conviction que mon attachement et mon dévouement ne leur feraient pas défaut.
Je suis républicain, sincèrement dévoué aux institutions républicaines, à l’œuvre poli¬
tique et sociale que nous ont léguée les fondateurs de la République et ceux qui ont travaillé
pour faciliter son relèvement intérieur et fortifier son autorité à l’étranger, — aux lois
instruction, d’association syndicale, mutuelle et religieuse, d’assistance et de prévoyance
- 622 —
dont la République a pris' l’initiative, et au sujet desquelles elle doit encore poursuivre la
tâche commencée en faveur des travailleurs de toutes les classes, de la Nation tout entière.
Je combats de toutes mes forces, aussi bien les utopies collectivistes, qui poursuivent
la réalisation de ce rêve dangereux de la suppression de la propriété individuelle et de la
liberté du citoyen, que la réaction, dont le but longtemps secret et aujourd’hui avoué est
de détruire l’œuvre d’affranchissement et de laïcité de la troisième République; réaction
derrière laquelle se cachent tous les partis quels qu'ils soient, impérialistes et royalistes,
plébiscitaires et nationalistes, qui nous mèneraient encore rapidement aux aventures et
aux ruines des régimes passés.
Respectueux de toutes les libertés, j’entends sauvegarder pour tous les citoyens la
liberté de conscience, mais en proclamant la suprématie de l’État sur toutes les Églises et
maintenir la paix civile et religieuse par la neutralité de 1 Eglise et de 1 école ; assurer la
liberté de l’enseignement, en affirmant la nécessité de supprimer les privilèges créés parla
loi Falloux, et la remplacer par l’égalité des diplômes qu’il faut' exiger de tous les professeurs
de Renseignement libre comme de ceux de l’üniversitê et en donnant à 1 Etat la protection
du stage scolaire et la surveillance des inspecteurs do l’Université, sans porter atteinte àla
liberté des citoyens et des familles.
Je veux Raccord et non l’antagonisme du capital et du travail, pour faciliter le dévelop¬
pement industriel et assurer la prospérité de tous les travailleurs, leur permettant d’amé¬
liorer leur existence matérielle et quotidienne et de sauvegarder ainsi leur liberté, et je
m’efforcerai de contribuer au développement des œuvres de prévoyance, de mutualité,
d’hygiène populaire et d’assistance publique, en votant plus particulièrement les lois de
retraites ouvrières; de protection du travail des agents de chemins de fer, comme des
ouvriers de l’industrie et des marins ; les modifications à la législation arriérée qui régit
les marins, tout en évitant de surcharger et d’entraver les industries qui font vivre les
travailleurs; en luttant contre l’alcoolisme et la tuberculose et en favorisant la construction
de maisons ouvrières salubres et à bon marché.
Je veux mettre l’armée nationale en dehors des luttes politiques et. à l’abri de l’exploi¬
tation que, sous le couvert d’un patriotisme qui n’appartient pas à un groupe, mais à la
France tout entière, le nationalisme a cherché à faire depuis quelques années — exiger la
discipline des chefs comme des soldats, et travailler à l'allégement des charges militaires
par le vote de la réduction du service militaire à deux ans et le renforcement des cadres
sans entraver l’œuvre de la défense nationale, ni diminuer les forces vives de l’armée,
c’est-à-dire de la France dans le monde.
Opposé à la révision de la Constitution et partisan du maintien du Sénat, je demanderai
le rétablissement du scrutin de liste et la réforma de la représentation proportionnelle. Je
défendrai les projets de décentralisation, pour favoriser l’expansion et la prospérité des
intérêts régionaux.
Dans les finances, je réclamerai l’ordre et l’économie, je m’attacherai à poursuivre une
plus juste répartition des impôts, la réduction de l’impôt foncier, et l’allègement des
charges publiques par la diminution des frais judiciaires et la diminution du nombre des
fonctionnaires, qui grèvent lourdement le budget.
Je joindrai mes efforts à ceux des représentants du Pas-de-Calais, pour défendre utile¬
ment les intérêts agricoles et notamment l’industrie sucrière et la culture de la betterave.
Je réclamerai avec eux la suppression de la taxe sur la consommation du sucre, qui seule
permettra d’atténuer les effets désastreux de la conférence de Bruxelles.
Pour les alcools industriels, je lutterai contre l’envahissement du Midi et repousserai
la proposition Lauraine; je poursuivrai la suppression du privilège des bouilleurs décru et
favoriserai Remploi de l’alcool dans Réclairage et dans la production de la force pour les
moteurs industriels, en obtenant Remploi d’un dénaturant bon marché, en un mot les
meilleures mesures propres à favoriser la prospérité de notre région si gravement menacée.
À Calais, je serai, si vous m’accordez votre confiance, le représentant de vos intérêts,
et jo travaillerai à assurer le développement de la cité et des industries locales. Je prêterai
623 —
N* 1162
mon concours assidu à vos représentants locaux pour raccomplissement des travaux qui
sont réclamés depuis si longtemps et que l'on n’a pas encore pu mettre à exécution :
pont du port, tramways électriques, organisation de trains' de plaisir.
Je demanderai pour Calais la création dfun Tribunal de première instance, d'une École
professionnelle et la subvention d’un musée industriel, et réclamerai une part contributive,
dans le projet Boudin, pour Calais, qui a élé oublié, et la formation d’un port franc comme
ceux de Brême et de Hambourg qui ont fait la grandeur de ces villes et assureront du tra¬
vail aux travailleurs de tous les métiers*
Enfin, domicilié à Calais et résidant parmi vous, ainsi que me l*ont demandé les amis
qui m’ont appelé pour les défendre et comme j'ai élé heureux de leur promettre, vous me
trouverez fréquemment au milieu de vous à Calais et dans les communes de la circonscrip¬
tion, pour connaître vos désirs et vos revendications et devenir votre interprète de votre
appui.
Vive la République 1
Vive la France I
Louis M1LL,
Candidat républicain*
Circonscription de MONTREUIL-SUR-MER
M, Paul TRUY, dont l'élection a été annulée, a été remplacé par M. MOREL*
Voy. Élections partielles.
lre circonscription de SAINT-OMER
M* BIBOT
Élu au 1er tour de scrutin. — 9*156 voix.
Mes chers Concitoyens,
Vous n'attendez pas de moi une profession de foi. Vous me connaissez, vous m'avez vu
àl’œuvre : ce que j'ai fait dans la dernière législature, la part que j'ai prise à Ja défense de
vos intérêts, ce que je pense de la situation présente, ce que je réclame pour l’avenir, tout
cela est au grand jour, sans équivoque et sans obscurité* Chacun de vous est à même de
juger ma conduite et mes intentions*
Je demeure profondément convaincu que la République ne peut, sans péril, rompre
avec les idées libérales et que l'unité du pays ne peut être fondée que sur le respect de
toutes les opinions et de toutes les croyances.
Je repi lusse toute atteinte à la liberté d'enseigner, qui n’est qu’une des formes de la
liberté de conscience* Cela ne m'empêche pas de maintenir avec fermeté le droit de sur¬
veillance de l’État, consacré par la Constitution de 1818*
— 624 —
Partisan de la liberté des syndicats professionnels et de l’organisation des Conseils du
travail, je ne veux pas que ces instruments d’émancipation et de conciliation se tournent en
moyens d’oppression de la li berté du travail* Je répudie toute compromission avec les col¬
lectivistes, avec les ennemis de Tordre social et de la propriété.
Je demande que la Chambre future organise l’assistance obligatoire en faveur des
infirmes et des invalides du travail et qu’elle résolve la question des retraites ouvrières, en
faisant un large appel aux sociétés de secours mutuels*
Un devoir essentiel de la prochaine Chambre sera de rétablir l’équilibre du budget en
modérant les dépenses, en rendant confiance à l’esprit d'entreprise, en stimulant l’activité
du pays dans toutes les branches de la production,
La loi des boissons a été funeste aux intérêts du Trésor. Elle a semé des germes de
division entre les diverses régions de la France* Ce n’est pas le seul coup qui nous ait
frappés. La législation qui protégeait, en même temps que l'industrie du sucre, une des
cultures les plus importantes des départements du Mord, a été sacrifiée avec un parti-pris
et une légèreté coupable. Mous sommes menacés de droits différentiels sur Talcobl
industriel.
Jamais tant d’inquiétudes ne se sont abattues sur notre région et le devoir de vos
représentants n’a été plus difficile.
D’autres craintes encore nous assiègent. L’armée a été livrée à l’action dissolvante de
la politique. Il n’est que temps de la mettre en dehors de nos querelles.
La durée du service militaire peut être réduite, à condition qu'on renforce, au
préalable, les cadres de sous-officiers et qu’on fasse une loi sur les rengagements*
Poisse la Chambre future comprendre la grandeur de sa tache! Qu’elle s’applique à
pacifier les esprits, à réparer les fautes commises, à ré -User les réformes qui sont prêtes,
qui n’attendent que l’action méthodique et féconde d’une assemblée et d’un ministère
également soucieux rie leur devoir.
Si vous m’honorez, une fois encore, de vos suffrages, je continuerai de mettre au
service du pays et de consacrer à la défense de vos intérêts tout ce que j’ai de force et de
dévouement*
A* RI BÛT,
Député sortant,
Ancien Président du Conseil des Ministres.
2a circonscription de SAINT-OMER
M, IONNÀRT
Élu au 1er tour de scrutin. — 10,515 voix*
Mes chers Concitoyens,
Fort des sympathies et de l'adhésion de la presque unanimité de vos représentants,
Conseillers généraux, Conseillers d’arrondissement et Maires des communes de la deuxième
circonscription, j’ai Thonneur de solliciter de nouveau vos suffrages.
Ai-je besoin de vous dire que je reste plus que jamais dévoué aux idées d’ordre, de
liberté et d’apaisement qui sont les vôtres, et l’adversaire résolu de la politique dTaventure
et de réaction brouillonne, aussi bien que des entreprises du collectivisme?
— 628 —
N° 1162
J'ai déclaré publiquement, il y a deux ans, « qu’aucune considération ne me rendrait
infidèle à l’idéal qui a bercé ma jeunesse et affermi ma foi républicaine, à cet idéal de
justice, de liberté et de progrès social qui est la raison d’être et l’honneur de la Répu¬
blique ». Les événements de ces dernières années ne peuvent que fortifier ma conviction et
mon attachement aux principes de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen.
La liberté d’enseignement subira de nouveaux assauts. Elle est, à mon avis, insé¬
parable de la liberté de conscience. Je les défendrai l’une et l’autre. L’exercice des droits
incontestables de contrôle de l’État sur l’enseignement libre n’implique pas le reniement de
la liberté. L’Université me comptera toujours au nombre de ses fils les plus affectionnés et
reconnaissants, mais je crois demeurer fidèle à ses leçons et à mon devoir de républicain en
repoussant et le stage scolaire et le monopole universitaire.
Après avoir contribué pour une large part, au début de ma carrière parlementaire, à
l’élaboration et au vote des lois protectrices de l’agriculture, je me suis employé à les
défendre et à les compléter. Ma constante préoccupation, comme député et comme président
de la Fédération des Sociétés agricoles du Pas-de-Calais, a été de rechercher les garanties
et les encouragements indispensables à la production du blé, à l’élevage du bétail, à la
culture de la betterave.
Il semble aujourd’hui que la législation, bien imparfaite encore et insuffisante, à l'abri
de laquelle l’agriculture de notre région s’est efforcée vaillamment de lutter contre Ja con¬
currence étrangère, soit menacée à la fois par les progrès et les exigences de l’évolution
économique, et par les prétentions exorbitantes d’un parti nombreux qui s’imagine pouvoir
assurer la prospérité des départements viticoles en condamnant les départements du Nord
à la misère.
Toutes les provinces françaises sont solidaires. Nous ne refusons pas de compatir aux
souffrances des départements du Centre et du Midi, mais qu’ils ne nous refusent pas le
droit de vivre. La guerre économique entre les diverses régions de la France serait funeste
au pays tout entier. Et ce serait un crime de porter la main sur l’œuvre de tant de siècles,
de détruire ce que nous considérons comme notre meilleure espérance et la sauvegarde de
notre indépendance : l'unité de la Patrie française,
La nouvelle loi sur les boissons, en consacrant l’inique privilège des bouilleurs de cru,
a violé le principe que tous les Français sont égaux devant la loi. Nous ne cesserons pas de
réclamer son abrogation.
Dans les discussions que vont soulever la question du sucre et la question dejj’alcool,
nous démontrerons, en défendant les industries qui transforment la betterave, qu’on ne peut
inconsidérément toucher à l’un des éléments constitutifs de la fortune de nos départements
du Nord, sans compromettre gravement la richesse nationale et exposer Je Trésor aux plus
cruels mécomptes.
La gestion de nos finances commande la plus grande prudence et une vigilance
extrême ; est-ce le moment d’atteindre dans ses œuvres vives la prospérité des départe¬
ments qui alimentent dans une proportion considérable le budget de 1 État ?
En raison de la part démesurée qui lui incombe dans la répartition des charges
publiques, la région du Nord souffre plus qu’aucune autre de l’injustice et de l’énormité de
l’impôt. Je suis prêt à examiner les réformes d’impôt, même les plus hardies, à la condi¬
tion expresse qu’elles ne rompent pas avec les principes posés par l’Assemblée Constituante,
que nous comptons parmi les meilleures conquêtes de la société moderne, etdont l’abandon
autoriserait toutes les vexations contre les minorités et les inquisitions incessantes du fisc,
particulièrement odieuses et dangereuses dans une démocratie.
Mais il faut aller au plus pressé. Avant tout, il faut assurer l’ordre, Ja sincérité et
l’équilibre des recettes et des dépenses dans le budget. Ce résultat peut être obtenu au
moyen d’un contrôle mieux défmi et plus rigoureux de la gestion ministérielle, et d’une
révision radicale du règlement de la Chambre en vue de limiter le droit d’iniiiative des
députés en matière de dépenses publiques.
J’ai conscience de m’être toujours prononcé, tant à la Chambre qu’au* Conseil général,
79
— 62fi —
pour la politique d'économie, d’avoir eu toutes circo: siances résisté aux entraînements des
majorités qui, avec la complicité de tous les partis et la complaisance des gouvernements,
sc pliaient aux exigences de la clientèle électorale et se ralliaient aux motions ics plus
imprudentes et aux plus détestait es encments ünancieis. ^
Mou devoir est plus que jamais de persévérer dans cette1 voie; je n y failliiui pas,
La question des retraites ouvrières et de l’assistance restera à l’ordre du jour de la
prochaine législature. J’y appliquerai le meilleur de mon intelligence et de mon cœur. Mais
ii est évident que la solution des questions sociales ne peut résider que dans une union
plus intime du capital et du travail, et non dans la lutte des classes ; dans le progrès des
idées d’association, dans l’épanouissement des libres initiatives et des ceuvics de mutualité
et de solidarité, et non dans les tentatives plus ou moins avouées de nivellement des con¬
ditions, qui ne sauraient aboutir qu’à 1 égalité dans la misère.
Le vrai patriotisme est discret ; il ne s’étale pas bruyamment dans la rue et ne pro¬
digue pas les défis. Je ne reconnais à aucun parti le droit d’en réclamer le monopole. 11 y a
dans tous les partis de braves gens et de bons patriotes. Ceux-ia diront avec moi que la
meilleure façon d’aimer la France, c’est d’aider au rapprochement, à la réconciliation de
tous les Français, de ménager les ressources, en hommes et en argent, de notre pays, do
contribuer au rayonnement de toutes les forces vives de la nation, à son développement
économique, et, dans l’examen des projets de loi qui touchent à l’organisation de l’armée, de
ne jamais sacrifier, aux impatiences électorales ni aux préoccupations politiques, l’intérêt
supérieur de la défense nationale* , ,
De bons esprits pensent qu’il est possible de réduire la durée du service militaire. Le
législateur ne doit pas demander de sacrifice inutile au pays, mais il ne saurait, dans la
discussion de semblables projets, négliger les lumières et I expérience des chefs militaires
les plus compétents, ni prouver plus efficacement son amour de 1 armée qu en ècaitant les
mesures précipitées qui seraient de nature à entamer ^organisation et à compromettre les
destinées de cette admirable école de la discipline, du devoir et de r honneur*
Mes chers Concitoyens, je me résume. Ma confiance sera acquise à un gouvernement
fidèle aux traditions libérales, respectueux des droits imprescriptibles de La conscience,
partisan résolu de la politique d’économies, disposé à a-surer un traitement équitable et
bienveillant à la région du Nord, ayant à cœur de stimuler les initiatives et d'encourager
t intes les institutions qui tendront à l'amélioration de la condition morale et matérielle du
travailleur et à la pacification sociale,
(L JONNÂftT, Député sortant,
Vice-Président du Conseil général,
Ancien Ministre,
Président de la Fédération des Sociétés agricoles
du Pas-de-Calais.
Circonscription de SAIMT-POL
H. VALLÉE
Élu au irr tour de scrutin. — 10.893 voix.
Mes chers Concitoyens,
Désigné, pour la seconde fois, par le Comité républicain de l’arrondissement de Saint-
P 1, comme candidat a l’élection législative du 27 avril, j’ai Pbonneur de solliciter Le renou-
ved ment du mandat que vous ru7d\l z confié le 2 décembre iÔÜÛ par près do 10.000 suf¬
frages, et que j’ai la conscience d’avoir loyalement et fidèlement rempli,
— 627 —
N° fl 62
Les attaques intéressées dont je suis l’objet mo font un devoir de vous exposer briève¬
ment mon attitude et mes votes à la Chambre des Députés.
Mes adversaires me représentent comme un ministériel endurci; cela est faux.
Républicain de gouvernement, je n’ai été et ne serai jamais inféodé à tel ou tel minis¬
tère. Je voterai, comme je l’ai fait, pour le gouvernement quand il aura raison et fera œuvre
de défense républicaine; je voterai contre, lorsqu’il aura tort et compromettra les intérêts
que je suis chargé de représenter.
fi l’égard du ministère actuel, j'ai voté avec lui le budget des cultes et les dépenses de
l’expédition de Chine, entreprise pour défendre nos nationaux et nos missionnaires massa¬
crés, et il faut avouer que le reproche qu’on m’en fait est singulier dans la bouche de mes
adversaires.
J’ai voté contre lui dans la loi sur les associations, dans le débat sur la liberté de l’en¬
seignement, etc., et presque toujours mes votes se sont confondus avec ceux de mes amis
politiques du parti progressiste ; MM. Ribot, Aynard et Poincaré.
Que mes adversaires aient ia loyauté de faire le compte exact de mes votes favorables
et de mes votes défavorables au Gouvernement, et ils verront comme je suis ministériel.
j’ai voté contre la loi néfaste des boissons et contre l’inique privilège des bouilleurs de
cru; j’ai combattu de toutes mes forces le projet Lauraine, qui demandait l’établissement de
droits différentiels sur les alcools industriels de notre région et qui eût amené la ruine des
cultivateurs du Nord et de la culture betteraviôre.
Aujourd’hui, comme en décembre 1900, j’affirme ma foi républicaine, mon dévouement
sans réserves aux institutions que la France s’est librement données; je suis partisan d’une
République forte et respectée, assurant l’ordre intérieur sans lequel le progrès reste impos¬
sible, le travail incertain et les affaires inquiètes.
Je la veux tolérante pour tous, respectueuse de la liberté et en acceptant toutes les
conséquences. Je la veux fidèle aux principes si bien résumés dans la devise de nos pères :
Liberté, Égalité, Fraternité, et dans l’immortelle Déclaration des Droits de l’Homme et du
Citoyen. ...
Je réprouve avec la plus grande énergie les agissements des réactionnaires nationa¬
listes et plébiscitaires, qui exploitent les sentiments les plus nobles de ce pays et cherchent
à créer en France un parti cesarien qui nous mènerait à la révolution.
Je réprouve avec la même énergie les théories socialistes-collectivistes qui tendent à la
destruction de la société, à la spoliation et à la ruine de notre pays, et je désapprouve
hautement la présence d’un membre de ce parti dans les Conseils du Gouvernement.
La situation économique est grave pour les intérêts de notre région : je consacrerai
tous mes efforts a la révision delà funeste loi des boissons. Je demanderai la suppression
ou tout au moins la réglementation intégrale du privilège des bouilleurs de cru, le dégrève¬
ment des surtaxes nouvelles, en commençant par les licences ramenées à 1 ancien tarif, la
révision du tarif des patentes, et je m’opposerai à la création de nouveaux monopoles.
Les résultats de la Conférence do Bruxelles peuvent être désastreux pour notre indus¬
trie sucrière- si je rentre à la Chambre et si, comme on peut le craindre, notre exporta¬
tion devient impossible, je ne voterai pas la ratification d’une convention si funeste à nos
intérêts. Pourquoi, en effet, nous lier les mains et ne pas rester maître de nos tarifs et de
notre marché intérieur?
Ce marché, il faut le développer par la suppression totale ou du moins par un abaisse¬
ment considérable du droit sur les sucres, par les avantages et les facilités donnés à son
emploi dans certaines industries, et en agriculture pour 1 alimentation du bétail.
Le Trésor trouvera dans la suppression du privilège des bouilleurs de cru des ressources
nouvelles et suffisantes pour combler le déficit de l’impôt sur le sucre et pour ramener le
droit de 220 francs sur l’alcool à son ancien taux.
Nos distilleries agricoles, si durement éprouvées, trouveront, nous pouvons l’esperei,
dans les emplois industriels de l’alcool, un débouché qui permettra à ia culture de la bette¬
rave de reprendre son ancienne activité, 11 faut pour cela, par des primes et des facilités
données à la dénaturation de l’alcool, abaisser suffisamment son prix pour lui permettre de
se substituer au pétrole.
Je ne négligerai rien pour arriver à ce résultat.
Grâce à la sucrerie coopérative, l’arrondissement de Saint-Pol, en attendant des jours
meilleurs, continuera dans les meilleures conditions possibles la culture betteravière. J’ai
été heureux de pouvoir récemment contribuer à son succès, et je donnerai toujours mon
plus dévoué concours â cette œuvre excellente de mutualité et de solidarité.
Protectionniste convaincu, je veux défendre avec énergie, contre la concurrence étran¬
gère notre agriculture, qui fait la richesse de la France.
il appartient à la prochaine législature de faire aboutir les projets destinés à remédier
à la mévente de ses produits.
Cultivateurs,
Représentant d’une région presque exclusivement agricole, je serai au premier rang
des défenseurs de notre agriculture et m’inspirerai toujours, auprès de nos sociétés et de
nos syndicats, de vos besoins et de vos desiderata.
Je déFendrai, avec toute l’énergie possible, les intérêts des planteurs de tabac, si nom¬
breux dans notre région, et je poursuivrai l’exécution du vœu déposé au Conseil général par
mes amis de l’arrondissement et tendant à relever le prix de la deuxième classe de tabacs.
Je voudrais, d’accord avec les représentants des régions où l’on fait cette culture, poursuivre
l’amélioration de la situation des planteurs, et je m’occuperai de cette importante question
à la Chambre, si vous m’y renvoyez.
Partisan résolu d’une politique financière de prudence et d’économie, je demanderai
la suppression de l'initiative parlementaire pour toute augmentation de dépenses et tous
relèvements de crédits.
Quant à l’armée, sauvegarde de notre indépendance, je souhaite qu’on la laisse
accomplir silencieusement sa noble tâche en dehors et au-dessus de nos luttes politiques.
Désireux de diminuer et d’égaliser les charges qui pèsent sur les citoyens, je voterai
le service de deux ans, si souhaitable pour tous, qui nous maintiendra une armée aussi
nombreuse, aussi solide et exercée, Je voterai également la diminution de la durée des
périodes d’exercices.
Je m’opposerai, comme je l’ai fait déjà, au rétablissement du monopole universitaire
dont l’Université, consciente de sa haute valeur intellectuelle et morale et n’ayant rien à
craindre de la concurrence, ne veut pas elle-même. Je n’ai jamais cessé d’étre tout dévoué
à la cause sacrée de l’enseignement populaire, à la loi scolaire, l’une de bases de notre
éducation républicaine, et à nos excellents instituteurs. J’ai voté l’abolition du pourcentage,
et je m’associerai énergiquement à toutes les mesures qui sont nécessaires pour améliorer
leurs traitements et les conditions de leur avancement,
Au point de vue social, j’estime que la République doit toute sa sollicitude aux humbles
et aux faibles. Je suis partisan de toutes les oeuvres d’assistance, de prévoyance et de mu¬
tualité. Je souhaite que les retraites ouvrières soient assurées par l’extension des sociétés
de secours mutuels, et je contribuerai pour ma part à leur large développement.
Mes chers Concitoyens,
Je vous ai nettement exposé mon programme. Je veux rester ce qu’était notre regretté
député, M. 6. Graux, ce que je suis moi-même, un républicain modéré, mais non pas modé¬
rément républicain, ami du progrès, ennemi de toute exagération, qu’elle vienne de droite
ou de gauche, et j’ai la ferme conviction que vous affirmerez sur mon nom, le 27 avril, que
cette politique est toujours la vôtre.
Vive l’arrondissement de Saint-Pol i
Vive la République !
Georges VALLÉE, Député sortant,
Candidat du Comité républicain de l’arrondissement de Saint-Pol.
— 629 —
N® M62
PUY-DE-DOME
Circonscription d'AMBERT
M, BARATERIE
Élu au lGr tour de scrutin. — lQ.ÛÔi* voix.
MAWïFËSfï du Comité Républicain démocratique
Électeurs,
Le moment est venu d’envoyer à la Chambre un Député digne de vous, capable de
travailler sans relâche à la défense de vos intérêts et de prendre la parole avec honneur
dans les grands débats parlementaires.
Nous avons pensé que M. le docteur Sabaterîe serait cet homme-là, et c’est avec
confiance que nous sollicitons vos suffrages en sa faveur*
Maire d’Ariane, Conseiller général, Président de la Commission départementale,
M. le docteur Sabaterie a la réputation d’avoir apporté, dans l’exercice de ces importantes
fonctions, une compétence et une loyauté exceptionnelles, jointes à un très vif amour du
travail et à une dignité d’attitude qui lui ont valu la sympathie de tous,
M, Je docteur Sabaterie et de plus un républicain sans reproche. Son programme
témoigne de scs sentiment démocratiques* li est du peuple par le sang et par la volonté.
Soyez certains qu’il ne nous trahira jamais et que chacun de ses votes sera une pierre
ajoutée à T édifice des réformes sociales.
Électeurs, la coalition des réactionnaires de tous ordres s’apprête à livrer à la politique
de défense et d’action républicaine le suprême assaut. Soyez disciplinés et votez en masse
pour le bon citoyen qui, par la fermeté de ses convictions et l’autorité de sa parole, se
mettra vite aujpremier rang des défenseurs de la République.
Votez tous pour
M* le docteur SABATERIE,
Vive la République démocratique et réformatrice !
(Suivent les signatures).
Profession de foi de M, le docteur SABATERIE
Électeurs,
Devant l’insistance que les vrais et sincères républicains de cet arrondissement ont
bien voulu mettre à m’offrir la candidature à la députation, je n’ai pas hésité à sacrifier
mon repos et ma situation pour me jeter dans la mêlée et rallier tous ceux qu’anime la
_ 630 —
passion de l’honnêteté politique, tous les hommes de progrès, de -vérité et de justice,
autour du drapeau de la démocratie.
Ce drapeau, sous les plis duquel j’ai toujours combattu et dont vous voulez bien me
confier la garde, je le tiendrai haut et ferme, et vous n’aurez pas à redouter de le voir
traîner jamais dans de louches compromissions avec les ennemis de nos institutions.
Enfant du peuple, né au milieu de vous, comme vous j’ai connu les rudes étapes de
l’existence du travailleur acharné au labeur quotidien. Pendant les 20 années que j’ai
consacrées au soulagement des souffrances humaines, j’ai appris, plus que personne, à
connaître les aspirations des humbles et des déshérités, de ceux, ouvriers, agriculteurs,
petits commercants, petits industriels, petits fonctionnaires, qui peinent et qui luttent
pour assurer, par un travail souvent disproportionné avec leurs forces et leurs moyens, le
strict nécessaire à leur famille.
Bien que je ne sois pas un inconnu pour la plupart d’entre vous, il importe cependant
que je vous fixe sur la conduite politique que je veux tenir et le programme des réformes
que je me propose de défendre. ...
Les prochaines élections législatives vont avoir sur les destinées de la République
une influence décisive : plus que jamais la lutte sera ardente et vive. Il appartient au grand
parti républicain démocratique de prendre une attitude courageuse et décidée, an
face des réactionnaires de tous ordres qui organisent leurs forces pour sc ruer à l’assaut
de nos libertés.
Nous devons combattre avec la même énergie, d’un côté l’utopisme téméraire, repré¬
senté par les partisans de la révolution violente, sorte d’hallucinés qui, au mépris des lois
naturelles de l’évolution, révent la transformation brutale et instantanée de la société
par la spoliation ; — de l’autre, le conservatisme égoïste et étroit comprenant la
coalition de tous les mécontentements, de tous les appétits et de toutes les
déceptions : royalistes, orléanistes, bonapartistes, boulangistes, mèlinistes, césariens,
plébiscitaires et autres entrepreneurs de l’étranglement de la République, docilement
menés par la main cléricale, richement dotés, habilement embrigadés sous une étiquette
commune et marchant, drapeau en poche, avec un programme commun : la suppression du
pouvoir électif. . , .
^appuierai tout Gouvernement qui pratiquera nettement* comme le Ministère Waldeck-
Rousseau, la concentration à gauche, et qui saura maintenir sans faiblesse et sans crainte
les droits de l’État républicain. J’approuve toutes les lois de progrès qui ont été votées dans
le courant de cette dernière législature.
Partisan de la liberté de conscience et de la neutralité de l’État en matière de religion,
j’estimoque le libre exercice du cuite ne peut se comprendre qu’avec le respect des institu¬
tions que le pays a librement choisies.
Les lois constitutionnelles doivent êlre révisées par les voies légales dans un
sens plus démocratique. Le système électoral du Sénat est à la fois trop restreint et trop
coûteux.
La définition des pouvoirs, entre les deux Chambres, n’est pas suffisamment explicite.
A celle issue du suffrage universel doit rester la prépondérance. Le scrutin de liste, destiné
à relever le niveau moral et intellectuel de la représentation nationale et à lui donner plus
de cohésion et d’homogénéité, doit être substitué au scrutin uninominal. Je suis panisan
aussi rte la représentation des minorités.
Une notable diminution du nombre des députés et sénateurs n'entravera pas la marche
des affaires et allégera le budget.
La suppression du vote par procuration me paraît s’imposer.
L’initiative parlementaire, au point de vue des dépenser, doit être sinon supprimée,
du moins limitée, de telle façon que le relèvement d'un crédit corresponde toujours à
l’abaissement d’un autre.
Les produits de notre agriculture et de notre industrie doivent être efficacement
protégés contre h concurrence étrangères je suis convaincu qu'un des meilleurs moyens
— «31 — N® 1162
de relever l'agriculture dans nos campagnes serait de réserver uniquement à la consomma¬
tion un alcool de vin distillé hygiéniquement et de substituer au pétrole étranger un alcool
industriel exempt de tous droits.
Dans le même ordre d’idées, les pouvoirs publics doivent favoriser par tous les moyens
la consommation nationale du sucre, que l’on peut considérer comme un aliment de
première nécessité.
11 importe de laisser la plus grande liberté aux syndicats ouvriers constitués unique¬
ment pour la défense désintérêts professionnels, en dehors de toute action et préoccupation
politiques.
Les mesures les plus rigoureuses doivent être prises contre tous ceux qui spéculent
sur l’épargne nationale.
La grande féodalité com nereialo et industrielle absorbe tout. Ouvriers, commerçants,
industriels désertent nos campagnes et nos bou’gs, faute de pouvoir se livrer à un travail
rémunérateur.
Pour remédier à ce fâcheux exode, il C9t indispensable de frapper les grands magasins
et les grandes industries, de patentes en rapport avec leur chiffre d'affaires, de résoudre le
problème du crédit agricole et de hâter l’établissement du horaestead, c’est-à-dire l’insaisissa¬
bilité du bien de famille.
Nous devons accorder une sollicitude toute spéciale aux lois d’organisation et de protec¬
tion du travail. Les œuvres de prévoyance, de solidarité, de bienfaisance, trouveront tou-
ours en moi un zélé défenseur.
Je demanderai une plus large participation des œuvres de bienfaisance provinciales
dans les fonds du pari mutuel.
Une plus équitable répartition des charges publiques s’impose par la substitution de
l’iinpùt progressif, avec dégrèvement à la base, aux diverses formes de nos impôts actuels,
qui sont iniques et d’un autre âge.
11 n’est pas admissible qu’une société ayant un idéal de justice puisse taxer le
nécessaire du pauvre et exempter le superflu du riche.
Que les capitalistes, détenteurs de millious, jettent les yeux sur la détresse du travail¬
leur, du petit agriculteur surtout, et que dans un élan généreux, iis acceptent eux-mêmes
l’impôt progressif sur le revenu 1 Ils enlèveront ainsi au collectivisme révolutionnaire ses
armes et sa clientèle.
L’impôt des prestations, dernier vestige des temps féoiaux, doit disparaître.
Je m’associerai à toutes les mesures tendant à la suppression des droits d’octroi, impôt
inique, vexatoire et inquisitorial entre tous, qui pèse sur la seule chose dont le pauvre ait
autant besoin que le riche, sur les objets d’alimentation.
Je suis partisan de l’abolition du droit sur les petites successions de 1 à 2.000 francs
en ligne directe et entre époux, je veux un droit progressif sur les suça ssions d’un million
et au-dessus, et j’estime, d’qne manière générale, que le droit successoral doit être
dégressif proportionnellement au nombre d’enfants.
Ce n’est ni aux emprunts ni aux contribuables qu’il faut faire appel pour équilibrer les
budgets boiteux, mais bien à de méthodiques économies, et je m’engage à favoriser
toutes celles qu’il sera possible de réaliser sans nuire au bon fonctionnement des services
publics.
Dans le môme ordre d’idées, la réduction du nombre do fonctionnaires est une chose
infiniment désirable. Beaucoup n’ont qu’une somme insignifiante de travail à fournir. Les
uns sont trop payés, les autres pas assez. Nous ne voulons plus do traitements de luxe, ni
de traitements de misère.
Tant que l’humanité ne sera pas arrivée au degré de perfection nécessaire qui permettra
le règlement des conflits internationaux par un tribunal suprême d’arbitrage, nous
serons obligés de subir le lourd fardeau du militarisme, dans la perspective des guerres
à venir.
L’intérêt primordial d’une nation est donc d’avoir une force armée, toujours capable
— 632 —
de la défendre contre toute agression extérieure. 11 n’est pas possible d escompter actuelle¬
ment une modification bien profonde du budget de la Guerre et du budget de la Marine,
encore moins leur suppression.
L’armée nous est indispensable. Mais celte armée, que nous aimons, parce qu elle est
le sang et la chair de la nation, cette armée, à laquelle nous sommes fiers d’appartenir,
nous la voulons en dehors de nos discussions politiques, uniquement préoccupée de sa
mission soumise au pouvoir civil et respectueuse des lois.
On doit pouvoir réduire immédiatement à deux ans le service militaire, et si plus
tard l’expérience démontre la possibilité de concilier les intérêts de la défense nationale
avec le service d’un an, toutes dispenses supprimées, je n’hésiterai pas à voter cette
importante réforme. , , , .
La suppression des périodes d’instruction de treize jours et la réduction des périodes
de vingt-huit jours sont désirables.
Le code de justice militaire doit être révisé dans un sens plus conforme a nos idees
actuelles, qui veulent un châtiment proportionné à la faute et laissent une large place à
la clémence. Il est indispensable d’apporter de sérieuses modifications aux conseils de
guerre et d’établir pour les pénitenciers militaires une réglementation plus en harmooie
avec nos principes de justice et de pitié.
Dans l’ordre judiciaire, je suis pour la révision du Code de procédure civile, ce maquis
de formules ridicules et surannées, où peuvent si facilement s’embusquer des hommes
d’affaires sans scrupules, puis ruiner le malheureux justiciable.
Nos mœurs exigent une justice moins coûteuse, plus expéditive et plus humaine.
L’extension de la compétence des juges de paix devrait être chose faite.
Les rouages administratifs ne répandent plus aux besoins actuels ; une vaste décentra¬
lisation, d’où résulteront d’importantes économies, est attendue depuis trop longtemps
pour qu’il soit besoin de dire que nous lui sommes absolument acquis.
Les attributions des Conseils généraux et municipaux doivent être étendues, surtout
en ce qui concerne la gestion des fonds à utiliser sur place.
La réforme de l’enseignement à tous les degrés est nécessaire.
La force, la grandeur et l’avenir d’un pays procèdent de ('utilisation de tous ses
capitaux. Le capital moral et intellectuel étant appelé à procurer le plus d’éclat, il faut
chercher à assurer l’égalité dans l’instruction à tous les degrés. 3e donnerai mon adhésion
à la réforme qui supprimera l’abîme existant actuellement entre chacun des enseignements
primaire, secondaire et supérieur, et qui exigera des conditions d’intelligence, plutôt que
de fortune, de ceux qui voudront accéder de l’un à l’autre.
Quant à la liberté de l’enseignement, j’en suis partisan en principe. Mais j’estime que
si des circonstances exceptionnelles commandaient, dans l’intérêt de la République, l’abro¬
gation momentanée de celte liberté, aucune hésitation ne serait possible, il faudrait b y
rêsoudr6*
Nombreuses encore sont les réformes dont la réalisation entraînerait d'importantes
économies en faveur du contribuable.
je suis pour la suppression absolue de tous les droits i,de circulation et de liccnc6)j
sur les boissons hygiéniques (vin, bière, cidre) — pour la suppression du monopole des
allumettes, — pour la réduction des tarifs des correspondances postales, télégraphiques et
téléphoniques, — pour la réduction des tarifs de transports par voies ferrées, — pour
pour l’augmentation des recettes postales et des bureaux de facteurs-receveurs, — pour
une large tolérance en matière de délits de simple police, etc.
Les questions se rattachant à la vicinalilê, à la protection de l’enfance, a la salubiitâ
et l’hygiène publiques, au vagabondage et à la mendicité, tout ce qui aura pour but de
faciliter les transports et transactions dans nos campagnes, tout cela fera l’objet de ma
constante attention.
— 633 —
NL 1162
Électeurs,
Je ne vous fais pas de promesses. Je vous dis simplement mon désir et ma volonté de
marcher dans la voie que je viens de vous tracer.
Le devoir d'un représentant du peuple doit être de suivre assidûment les séances du
parlement, afin d’être toujours prêt à intervenir pour la défense des intérêts de ses
mandataires.
Si j’ai l’honneur d'être votre élu, vous ne me verrez nulle part ailleurs qu'à la Chambre,
quand la Chambre siégera. Par contre, vous me trouverez toujours au milieu de vous,
pendant les vacances parlementaires.
Je serai à votre disposition tous les jours, soit à Ambert, soit à Ariane, et une fois par
an au moins je me rendrai dans chacune des communes de l'arrondissement pour m'entre¬
tenir avec vous, sur place, de vos intérêts et de vos besoins. Je viendrai vous rendre
compte de ce que j'aurai fait et savoir de vous ce que j'aurai à faire.
Vous trouverez en moi un ami sûr et dévoué, incapable de trahir votre confiance,
toujours disposé à écouter vos doléances et vos revendications.
Électeurs,
Seule, ia République peut vous donner, avec le progressa justice et la liberté, un
avenir de travail et de paix.
Préparez-vous donc à la servir le 27 avril prochain.
Si j'ai retenu ma place au premier rang des phalanges républicaines, c'est avec la
conviction que vous vous lèverez tous, le jour de la bataille, pour assurer la victoire.
Je fais appel à toutes les bonnes volontés, apportez sans arrière-pensée votre concours
à celui qui, placé à votre tête, n'a d'autre ambition que de grouper toutes les forces vives de
l'arrondissement pour les utiliser au service de vos intérêts et au triomphe de la République
démocratique et réformatrice.
Docteur SABÀTERIE,
Maire et Gonseililer général d'Arlauc,
Président de la Commission départementale.
lrt circonscription de CLERMONT-FERRAND
M. GHAMBÏGE
Élu au leT tour de scrutin. — 13*173 voix.
Électeurs,
L'union de tous les républicains, de tous ceux qui sont les fils de la Révolution française,
est aujourd'hui plus que jamais nécessaire.
L’ceuyre de la République, ses institutions, la République elle-même est menacée,
comme au 2k mai, comme au 16 mai, comme à l’époque du boulangisme.
En face de nous, toujours les mêmes adversaires, sous des masques différents, mais
poursuivant toujours le même but ; le triomphe d'une politique de réaction. Ils exploitent
maintenant, pour arriver à leurs fins, les sentiments patriotiques de la France, comme
80
— r>34 —
s’ils avaient le monopole du patriotisme ; ils exploitent la crise qui sévit sur notre
agriculture. comme s’ils devaient seuls s’en préoccuper. + , ,
Le suffrage universel, malgré les pressions et les violences, maigre argent répandu
à (lots, malgré les équivoques, saura arracher les masques et déjouer leurs combinaisons
rripni ûgIIbS
Ou: i derrière le nationalisme, derrière la Ligue de la Patrie française, il n’y a
qu’une 'puissance qui s’agite et qui mène cette coalition, c’est la puissance cléricale et
ÈaL Vous vous rappellerez, électeurs, que ce sont les membres de ces ligues qui, en 1899,
fomentaient à Paris le trouble dans les rues, faisaient appel à la violence a la caserne de
Eeuilly, au fort Chabrol, injuriaient et frappaient le Président de la République, lors de
l’odieux attentat d’Auteuil. , . ... .
Vous vous rappelerez que c’est contre eux que l’union de tout le grand parti républicain
s’est faite au Parlement et que s’est formé le ministère de la « Défense républicaine »,
le 22 iuin 1809. . . „
Ce ministère, je m’honore de l’avoir soutenu de mes votes, et J ai la conscience d avoir
rempli mon devoir.
Électeurs,
Le programmé républicain peut se résumer ainsi, je le disais en 1898 je le répète :
« Maintenir dans leur intégralité toutes les lois républicaines et marcher résolument, sans
relâche, vers de nouveaux progrès démocratiques ».
La plupart des réformes promises attendent encore, on ne doit plus les retarder.
Les réformes fiscales sont urgentes. — Notre système d’impôts pèse surtout sur la
masse des cultivateurs et des petits commerçants, — H ne doit plus être une lourde charge
pour les plus faibles et un un poids léger pour les plus forts. — Je veux 1 impôt sur
revenu, le seul juste, le seul équitable.
Je voterai, comme je l’ai toujours fait depuis huit ans, toutes les réformes apportant
une amélioration à la situation des agriculteurs et delà démocratie rurale.
Je voterai l’égalité devant le service militaire réduit à deux ans.
La loi contre les congrégations est faite, le pays compte qu’elle sera appliquée sans
faiblesse
Los masses laborieuses, après avoir été dominées et exploités par les régimes anté¬
rieurs, ont droit à l’amélioration de leur sort. — Les réformes sociales s imposent aux
préoccupations des sociétés modernes; la France nepeutpasnepas marcher dans cette voie
à la tête des nations. »
Electeurs, vous me connaissez, mou passé est un gage de fidélité et de e\ouem
la démocratie. Au bloc de la contre-révolution vous opposerez le bloc républicain, et la vie-
toire est à nous.
Vive la République l
Docteur CHÀMBIGE,
Maire de Pont-du-Château,
Conseiller général^ Député sortant.
— 635 —
N* 1 162
2r circonscription de GLER MONT-FERRAND
M. GUYOT-DÊSSAiGNË
Élu au 1er tour de scrutin. — 15.765 voix.
Mes chers Concitoyens,
Une fois encore, je viens solliciter l’honneur d’être votre représentant à la Chambre
des Députés*
Comme parle passé, si je suis votre élu, je marcherai au premier rang de ceux qui
croient que la République seule peut donner au peuple les satisfactions légitimes qu’il
réclame et qu’il n’est que temps, malgré les résistances intéressées des uns et les défail¬
lances des autres, de faire aboutir les réformes que la démocratie exige à juste titre.
Pendant la législature qui va prendre fin, j’ai soutenu de mon mieux le Ministère de
défense et d’action républicaines, présidé par M. Waldeck-Rousseau. Je m'en honore ; et les
injures et les outrages que lui prodiguent chaque jour les amis de ceux qui entretenaient le
désordre dans la rue et osaient porter la main sur la personne même du Président de la
République me démontrent que j’ai eu mille fois raison, et que c’est à ce gouvernement, si
décrié, si conspué par les orateurs de la Patrie Française et de l’Action libérale, que vous
devez de pouvoir, dans quelques jours, exprimer librement vos opinions.
Mon programme politique et social n’a pas changé. 11 reste celui que vous avez déjà
quatre fois approuvé avec des majorités sans cesse croissantes* Aussi me semble-t-il inutile
de vous faire à nouveau une énumération que vous connaissez depuis longtemps, et c’est
seulement sur quelques points particuliers de mes déclarations précédentes que j’appeUerai
votre attention.
La réduction du service militaire à deux aus par la suppression de toutes les dispenses,
dont j’ai été l’un des premiers promoteurs, peut être considérée comme acquise et sera
certainement votée à î’une des plus prochaines sessions* Le Sénat, jusqu’ici rebelle, a
compris qu’il devait se rendre au vœu populaire, et c’est lui qui prend maintenant l’initia¬
tive de la réforme. Elle sera donc promptement accomplie. C’est en vain que les privilégiés
de la fortune, qui ne pouvaient se faire à l’idée que leurs enfants passeraient, comme les
autres, deux ans à la caserne, ont tenté de faire miroiter aux yeux des populations le ser¬
vice d’un an, avec 350.000 rengagés, qu’ils savaient bien qu’on n’auraît jamais. Le piège
était trop grossier et personne n’y est tombé.
L’impôt progressif, le seul qui rende les charges de chaque citoyen proportionnelles à
la fois à sa fortune et à ses besoins, est enfin entré dans nos Codes* C’est à propos de la loi
sur les droits de mutation par décès qu’il s’est affirmé pour la première fois, en même
temps qu’était posé le principe si équitable de la déduction des dettes. On ne s’en tiendra
pas là, j’espère, et je serai de ceux qui ne négligeront rien pour qu on ne s'en tienne pas
là. Suppression de tous les impôts directs, c’est à-dire de l’impôt foncier, de l’impôt per¬
sonnel mobilier, de l’impôt des portes et fenêtres, de l’impôt des patentes et de toutes les
autres taxes assimilées et leur remplacement par un impôt unique, global et progressif sur
le revenu, telle est, selon moi, la vraie formule qui s’imposera prochainement. Nos petits
cultivateurs, si maltraités par la destruction de leurs vignobles, si éprouvés parla mévente
de leurs denrées, n’auront plus d'impôts à payer, puisqu’ils n’auront plus de revenus, et on
se décidera enfin à prendre l’argent là où il est, au lieu de s’obstiner à le chercher dans les
poches de ceux qui n’en ont point,
La loi des boissons a marqué un progrès réel. Elle a fait disparaître les abus de l'exer¬
cice chez les débitants; mais elle laisse encore à désirer à bien des points de vue. Elle
— 636 —
devra donc être remaniés dans le sens d'une liberté plus grande laissée à ceux qui se son-
mettent aux exigences de la régie, en dehors par conséquent de toute pensée de fraude.
Dans une démocratie bien organisée, les idées de prévoyance et d’assistance sociales
doivent marcher de pair. Créer la prévoyance par îa mutualité, compléter, par de larges
subventions accordées aux prévoyants, les ressources nécessaires pour assurer aux travail¬
leurs des villes et des campagnes des retraites qui les mettent à r abri du besoin ; voilà le
but à atteindre. Ces questions ont été longuement étudiées. Elles ont commencé à prendre
une forme tangible dans diverses propositions de loi soumises aux délibérations du Parle¬
ment. \l appartiendra à la prochaine législature de leur donner une solution définitive. Par¬
tisan convaincu delà nécessité des retraites ouvrières, j’apporterai mon concours à toutes
les mesures qui seraient prises pour en hâter la réalisation.
Il me serait facile, mes chers Concitoyens, de passer en revue beaucoup d’autres ques¬
tions et d’indiquer quelles solutions elles me paraissent comporter; mais je n’ai plus de
profession de foi à vous faire. Nous sommes de trop vieilles connaissances pour que vous
ne sachiez pas que, d’une manière générale, mes votes importants ont toujours été guidés
et le seront toujours par la ferme volonté d’affirmer la suprématie du pouvoir civil, issu du
suffrage universel, sur tous les autres pouvoirs quels qu’ils soient. La confiance que vous
m’avez témoignée de tout temps, me prouve que, sur ce point comme sur tant d’autres,
j’ai été et serai, en suivant la môme ligne de conduite, l’interprète fidèle de vos propres
intentions.
Électeurs,
Embrigadés en 1877 sous la bannière cle LOrdre moral, boulangistes en 1889, nationa¬
listes en 1902, les éternels ennemis de nos institutions s’apprêtent à livrer à la République
un suprême assaut Leur méthode a changé, mais ce sont toujours les mêmes hommes, les
mêmes visages. A eux aujourd’hui le monopole du patriotisme! Leur manière de le prouver
est de dire et d’écrire chaque jour que les hommes qui nous gouvernent laissent le drapeau
de la France s'incliner devant les exigences des autres Dations. Et, pendant qu’ils débitent
à ce sujet des phrases vibrantes d’indignation, qui n’ont d’autre tort que d’être parfaite¬
ment aniipatriotiques, le souverain du plus grand Empire du monde, naguère notre hôte,
se prépare à fêter le Président de cette République « humiliée et avilie « qu’il appelle
« ia nation amie et alliée ». Eux seuls également aiment, l’armée et ont le droit de parler en
son nom î Et ce sont des diatribes sans fin sur la désorganisation de nos forces militaires
et sur le relâchement de la discipline. Pour la rétablir, ils couvrent des invectives les plus
outrageantes le Ministre de la Guerre, le chef de l’armée, à qui ils ne pardonnent pas de
vouloir que, devenue vraiment nationale, puisque tout îe monde doit le service militaire à
son pays, elle ne soit pas une caste à part dans l’État, mais uniquement la nation armée
pour ta défense du territoire.
Cette nouvelle tentative des partis hostiles échouera, comme les précédentes, devant le
bon sens des masses populaires. Mais il importe que, cette fois, la leçon qui leur sera
infligée soit rude et que 1a République, au lieu de se consumer en efforts stériles pour
repousser des attaques sans cesse renouvelées, puisse enfin se livrer en paix à P étude des
problèmes fiscaux et sociaux, qui sollicitent son attention.
A vous. Électeurs, de faire qu’il en soit ainsi! L’heure est grave et décisive. A toutes
les forces réactionnaires coalisées, opposez le bloc républicain qu’a su reconstituer le Minis¬
tère qui préside à nos destinées, et la France démocratique, sûre désormais du lendemain,
verra renaître les jours d’espérance et de joie, où son nom, comme un phare lumineux,
traçait ia voie que devait suivre l’Humanité, dans son évolution constante vers la Liberté,
PÉgalitê et la Fraternité.
Vive la République!
Ed, GUYOT-DES3AIGNE, Député sortant,
Président du Conseil général.
— 6H7 —
N° 1162
Circonscription d’ISSOIRE
M. BONY-ÜISTERNES
Élu au iev tour de scrutin, — 15 . 238 voix.
Mes chers Concitoyens*
J’ai l’honneur de venir, pour la quatrième fois* vous demander le renouvellement de
mon mandat de Député,
Tel fêtais eu 1889, lorsque vous m’avez nommé, tel je suis aujourd’hui.
Mes opinions sont toujours les mêmes; mon programme n’a pas varié.
Je suis toujours le sincère républicain démocrate que vous avez connu.
Un ministère de défense républicaine s’est formé pour barrer la route aux empiéte¬
ments du cléricalisme, aux fauteurs de désordres; je Fai soutenu de toutes mes forces.
J'ai soutenu le ministère Waldeck-Rousseau, qui a fait renaître chez les républicains Ja
confiance un moment troublée par les politiciens de combat et d’esprit nouveau.
J’ai combattu cette politique néfaste, celte politique de dupes qu’on a appelée politique
des ralliés. Je n’ai jamais eu de compromission avec la Droite,
Je demande toujours :
— La révision de la Constitution, pour établir en France une République vraiment
démocratique,
— La réforme financière par l’impôt sur le revenu global et progressif, avec suppres¬
sion absolue des impôts vexatoires, tels que l’impôt des portes et fenêtres,, la contribution
personnelle-mobilière, les patentes, les octrois, les prestations, l’impôt foncier.
Ce sera l’un des plus sûrs moyens de venir en aide aux populations si durement éprou¬
vées par la crise viticole; puisque n’ayant plus de revenus, ces populations Sauront plus à
payer aucun impôt direct,
— Le service de deux ans égal pour tous avec suppression des dispenses.
— La diminution des fonctionnaires et des gros traitements,
— L’épuration du personnel, pour débarrasser nos administrations de tous les ennemis
de la République.
— La suppression de l’inamovibilité de la magistrature,
— La neutralité de l’État dans les questions religieuses.
— La réforme du Code de procédure civile et la diminution des frais de justice.
— L’extension de la compétence des juges de paix; la diminution de leur nombre avec
augmentation du traitement.
— Des caisses de retraites pour mettre à l’abri de la misère tous les travailleurs, pay¬
sans nu ouvriers, lorsque le grand âge ne leur permettra plus de travailler.
— La participation des ouvriers aux bénéfices du patron dans la grande industrie
privée, afin d’établir entre eux un lien de solidarité qui, jusqu’à ce jour, a eu bien peu de
coüsîsLmce.
Tel est mon programme dans ses grandes lignes. Si vous l’approuvez et me jugez
encore digne d être le porte-drapeau de îa Démocratie dans l’arrondissement d’Issoire* vous
aurez en moi un serviteur fidèle de la République et de vos intérêts.
Vive ia République démocratique 1
BON Y-CI STERNES*
Conseiller général, Maire de Saînt-Cirgues,
Député du Puy-de-Dôme,
lLt5 circonscription de RIOM
M. CLÉMENTEL
Elu au tsr tour de scrutin* — 10*010 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je viens solliciter de vos suffrages le renouvellement de mon mandat*
C'est avec la conviction d'avoir rempli fidèlement et loyalement mou devoir que je voue
demande ce nouveau témoignage de confiance*
Vous connaissez tous la part active que j'ai prise pendant 18 mois aux travaux parle¬
mentaires; vous savez tous que fai défendu, avec courage et sans défaülance5 les revendi¬
cations de la démocratie et spécialement de la démocratie rurale*
Vous m'avez vu à l’œuvre, vous avez pu me juger*
C’est pourquoi j'ai dédaigné les violences et les injures d'adversaires sans scrupules, ,
méconnaissant mon travail, dénaturant mes actes et fuyant le débat contradictoire que je
leur offrais dans de nombreuses réunions publiques.
Mon programme de 1900 sera mon programme de 1902.
j’y suis resté et j'y resterai entièrement fidèle.
D'ailleurs, pour qu'il n'y ait aucune équivoque, j'en ai précisé les points fondamentaux
dans la conférence que j'ai prononcée à Riom^ le 16 mars dernier, et qui a été adressée à
chacun de vous*
Je travaillerai de toutes mes forces à la réalisation de ce programme, sans autre préoc¬
cupation que l'intérêt supérieur de la Patrie et la défense de la République*
Vous ne vous laisserez intimider ni par les promesses ni par les menaces de la coali¬
tion royaliste, qui a déchaîné dans ce pays une véritable terreur blanche*
Vous ne vous laisserez troubler par aucun mensonge, par aucune de ces manœuvres de
la dernière heure que peuvent employer nos adversaires, et auxquelles on ne répond que
par le silence et par le mépris*
Vous voulez comme moi la marche sage vers le progrès*
Vous voulez l'union de tous les démocrates, de tous les enfants de
consolider son oeuvre.
Vous voulez la République des réformes, la République du Peuple,
républicains.
Rendez le 27 avril un verdict conforme à nos revendications, à nos aspirations de
justice, de solidarité, d'apaisement social, un verdict conforme aux véritables principes de
Liberté, d'Êgaüté et de Fraternité,
Vive la République Démocratique!
la Révolution pour
la République des
Étienne CLÉMENTEL, Député*
639 —
N* U 62
2® circonscription de RIOM
M. LA VILLE
Élu au 1er tour de scrutin. — 9.586 voix.
Mes chers Concitoyens,
Vn l’honneur de vous représenter depuis plus de vingt années et, dans cinq élections
successives 3 vous m’avez témoigné votre confiance par des majorités considérables qui m’ont
donné la force et l'autorité nécessaires pour servir utilement les intérêts généraux du pays
et les intérêts de notre montagne* dont je connais tous les besoins, puisque j’y suis né et j’ai
passé ma vie au milieu de vous.
Aussi, je me suis toujours associé aux lois sociales ou financières destinées à améliorer
]a situation des travailleurs.
Je ne citerai pas ces lois, qui sont présentes à votre esprit; j’appartiens depuis trop long¬
temps au Parlement pour que j’aie besoin do faire un programme détaillé. J’insisterai seule¬
ment sur deux projets importants qui ont une connexité :
V impôt mr le revenu et les retraites ouvrières.
Le premier a été plusieurs fois l’objet d’un vote de principe. On parait aujourd’hui
l’avoir oublié, mais nous le ferons revivre dans la prochaine législature, si j’ai l’honneur
d’en faire partie, parce que, organisé sans arbitraire ni vexations, il est le plus équitable de
tous les impôts et que je le juge seul capable de donner un peu d’élasticité au budget dont
le déficit doit, sinon nous alarmer, au moins nous préoccuper.
Seul aussi il peut subventionner largement la Caisse des retraites ouvrières, dont la
Chambre n’a fait qu’effleurer la discussion, mais dont je reste un partisan résolu sous la
condition expresse qu’elles comprendront tout le monde du travail, sans distinction, les
ouvriers des villes ou des campagnes, et qu’elles ne resteront pas le privilège d une caté¬
gorie spéciale. Je ne pourrais admettre que les ouvriers agricoles, les travailleurs des
champs, fussent exclus, car ils ont, comme ceux des villes, droit à la sollicitude des pouvoirs
publics.
L’impôt sur le revenu, ainsi compris et organisé, sera courageusement supporté par les
privilégiés de la fortune qui, en en subissant la charge la plus lourde* affirmeront les senti¬
ments de solidarité sociale qui doivent les animer.
Cet impôt permettra aussi de seconder le mouvement si Intense des sociétés de secours
mutuels, qui deviendront les collaborateurs indispensables et les auxiliaires les plus
puissants de l’État dans la réalisation de ce désir commun a tous les démocrates dignes dé
ce nom :
Àssui'ëv tous les travailleurs contre les risgues de la vie et les misères
de la vieillesse.
Je ne connais pas de remède plus efficace, à la situation troublée que nous traversons*
que cet élan de solidarité sociale, qui, seul, peut produire et cimenter l’entente si désirable
des ouvriers et des patrons, et donner un nouvel essor à la vie nationale en rapprochant le
capital et le travail dans une union féconde pour la prospérité de ce pays.
Vous penserez sans doute avec moi que, pour atteindre un si noble, but, et mettre fin
îux divisions qui déchirent la République, il faut en revenir à cette concentration de toutes
les nuances du parii républicain, si décriée aujourd'hui et qui s'imposera à bref délai, oar
elle a fait sa force dans le passé et elle est l'image fidèle de la nation.
Je m'empresse d’ajouter que cette concentration ne peut se faire quren dehors de ceux
qui, suivant ma formule, veulent détruire la société ou la République, et sous L’égide de la
liberté.
Ces principes ont toujours dominé ma vie publique depuis plus de trente années et ils
restent inflexibles à l’heure prochaine où elle va prendre fin.
Vous tous qui me connaissez, vous savez que j’étais et que je reste républicain, à égale
distance de la révolution et de la réaction.
Vous savez que, animé de l'esprit de tolérance et de respect pour les opinions de mes
adversaires, je suis un partisan résolu de la prédominance du pouvoir civil;
Que, depuis 1870, j’ai collaboré pour une part modeste, mais loyale et sincère, à réta¬
blissement et à la consolidation laborieuse de la République;
Que j'ai lutté contre tous les attentats qu’elle a subis et que j’ai supporté, sans défail¬
lance, toutes les disgrâces qu’ils m’ont imposées; je n'ai donc jamais cessé d’être républi¬
cain, mais je suis resté plein de respect pour la famille et la propriété, ces deux bases
indispensables à une nation qui veut vivre et prospérer, pour l’armée que je veux forte et
disciplinée pour assurer notre indépendance, et je repousse, avec dégoût, Futopie collecti¬
viste qui nous ramènerait à la barbarie.
Je suis un partisan très ferme du service d’un an avec l’organisation d’une armée de
rengagés dans laquelle viendraient s’encadrer toutes les réserves au jour du danger; je l’ai
voté, mais j’accepte, comme minimum, le service de deux ans, si le service d’un an ne trouve
pas de majorité.
Je n’ai pas besoin d’ajouter que, dans l’avenir, je reste, comme dans le passé, l’adver¬
saire de tous les tripoleurs qui ont pu salir leur mandat de Député au contact des affaires
financières.
Dans Tordre des intérêts matériels, je n’ai cessé de m’associer à toutes les lois et
mesures qui pouvaient favoriser l’agriculture ou l’industrie nationale.
Depuis quarante-six, ans je collabore au développement de toutes nos voies de commu¬
nication, cet instrument si puissant de la prospérité publique.
Dans ce long espace de temps, j'ai poursuivi sans relâche l’accomplissement de cette
tâche, soit au Conseil général, soit au Parlement.
Après quinze ans d’efforts, j'ai pu obtenir l’exécution du chemin de fer de Saint-Eioy à
Pauniat, entrepris aujourd’hui sur tout son parcours et dont un tronçon va être ouvert à la
circulation.
Cette voie, qui traverse notre montagne du nord au sud, n’est pas seulement un bienfait
inappréciable, mais encore fécond en résultats heureux. En effet, elle a stimulé les
recherches de houilles, dans le vaste bassin, encore inexploré, qui s’étend de Saint-Éloy
à Messeix à travers Saint-Gervais, Pontaumur et Herment, et dont les découvertes vont faire
de notre montagne un des points les plus prospères de notre région du centre et me per¬
mettre, avec l'aide de mes collègues, de développer encore nos voies ferrées et de constituer
un véritable réseau minier rayonnant dans toutes les directions.
Enfin, il y a quelques mois à peine, et de concert avec mes collègues du Conseil général,
je m’occupais très activement de notre vaste réseau de tramways dont T ajournement n est,
je l'espère, que momentané et qui deviendra F un des cléments les plus puissants de notre
relèvement agricole.
Si mes loyales déclarations vous satisfont, et si vous me jugez digne de vous repré¬
senter encore une fois, je persisterai dans cette ligne de conduite et je consacrerai tous mes
efforts à compléter rapidement l'outillage industriel de notre montagne.
J’aborde donc la lutte, plein de confiance dans son issue, aidé que je suis par restitue
et la sympathie de tous et par l’amitié dévouée de quelques-uns ; mais, que! qu’eu soit le
résultat, je n’aurai, au cœur, ni colère, ni amertume.
— 644 —
N® 1162
Si je suis élu, je donnerai a tous, même à mes adversaires, comme je fai donné dans
le passé, mon temps et ma peine, sans antre souci que la satisfaction du devoir accompli.
Ad. LAVILLE,
Conseil] er général,
Député de Riom -Montagne.
Circonscription de THIERS
M. CHÀMERLÂT
Élu au i0rtour de scrutin. — 12.920 voix.
Mes chers Concitoyens,
En 1895, dix mille d'entre vous ont voté pour moi; en 1898, plus de onze mille électeurs
m’ont accordé leur confiance.
lai tenu — je le crois dn moins — toutes les promesses que je vous avais faites, sans
aucune défaillance.
j’ai soutenu le Ministère de défende et d'action républicaines parce que seul il a eu le
courage de faire voter des lois de préservation sociale.
Pour la troisième fois je sollicite vos suffrages, et je le fais avec une entière confiance.
Mou programme sera toujours le même, tant que les réformes promises par le vieux
parti républicain n'auront pas été accomplies :
1° Suprématie du pouvoir civil ;
2° Laïcité de l'État;
3° Lois d'assistance et de solidarité sociales, et, en première ligne, constitution de
retraites pour tous les travailleurs des villes et des campagnes ;
4° Réforme démocratique des contributions par l'impôt global et progressif sur le
revenu ;
5° Service militaire égal pour tous, réduit à deux ans ;
6° Séparation des Églises et de l'État;
T Révision de la Constitution dans un sens plus démocratique.
Tels sont les principaux points d’un programme résolument républicain, que je consi-
dère comme un minimum immédiat et que je voterai dans son entier, si vous me faites, de
nouveau, l'honneur de m'envoyer siéger au Palais-Bourbon.
Toujours en éveil, je ne laisserai passer aucune occasion de soutenir les intérêts de
notre grande industrie locale, la coutellerie, chaque fois qn'ils seront en jeu, notamment en
matière de douane.
Citoyens,
Vous avez la parole ; vous êtes les maîtres 1
Nous sommes à une heure solennelle; les destinées du pays sont entre vos mains.
Suivant l'orientation que vous donnerez à la politique dans la grande consultation natio¬
nale qui aura lieu le 27 avril, la République sera définitivement assise, elle pourra reprendre
^ marche en avant et poursuivre la réalisation d'un idéal toujours meilleur de progrès, de
justice et de solidarité, ou bien elle sera livrée à ses ennemis les plus irréductibles qui se
disputeront ses lambeaux.
81
— 642
A vous de choisir.
Vous êtes de trop vieux et de trop avisés républicains pour ne pas déjouer les loucher
combinaisons de la coalition hypocrite et criminelle des royalistes, des bonapartistes, des
césariens, des nationalistes et autres fauteurs de coup d'État, enrôlés sous la bannière du
cléricalisme.
Dans cet arrondissement, qui sut toujours résister à ^oppression et qui fut à l'avant-
garde du mouvement d'indépendance et d'indignation populaire d'où sortit la troisième
République, vous ne vous montrerez pas inférieurs à vos aînés, vous resterez fidèles à votre
passé. En une belle manifestation de foi républicaine, vous affirmerez à nouveau vos ardentes
convictions ; et voos protesterez par votre vote contre toute tentative de réaction et tonie
exploitation malsaine du patriotisme.
Vous assurerez ainsi le 27 avril une décisive et éclatante victoire à la démocratie et à la
liberté.
Vive la République !
CHAMERLAT,
Vice -Président du Conseil général,
Maire de Cour pi ère,
Député sortant.
Camarades,
Une affiche du Comité de PUriion socialiste fait reproche à notre sympathique député,
M. Chamerlat, de personnifier le parti bourgeois et le gros patronat, dont les intérêts —
ajoute^t-on — sont, absolument contraires à ceux du prolétariat.
Le Comité anonyme qui a répandu cette affiche oublie volontairement les nombreux
services que le citoyen (Chamerlat a rendus à nos associations syndicales et à la classe
ouvrière, depuis sept ans qu'il est le représentant autorisé des travailleurs de Thiers aussi
bien que des paysans, des bourgeois et des patrons de la région.
On prétend que le député sortant de Thiers, de radical socialiste qu'il était en 1893,
serait devenu simplement républicain radical sous prétexte qu’auçun candidat réactionnaire
n'est en face de IuL
Nous nous sommes émus . d’une semblable imputation et nous avons demandé des
explications au citoyen Chamerlat, qui nous a répondu par la dépêche suivante:
« La mention de républicain radical ou de candidat républicain, portée soit sur mes
affiches soit sur mes bulletins distribués à domicile, comporte une omission matérielle
profondément regrettable, mais imputable à mes imprimeurs.
« îl n’est un secret poqr personne, et qia profession de foi aussi bien que tous mes
votes politiques sont là pour en témoigner, que je n’ai rien renié de mon ancien
programme, que je suis toujours républicain-radical-socialiste, et que je fais partie depuis
mon outrée au Parlement du groupe radical-socialiste de Ja Chambre. »
« Signé : CHAMERLAT. »
Nous sommes assurés que les travailleurs thiernois qui connaissent le dévouement
infatigable et les convictions sincèrement démocratiques de leur représentant prendront
acte de ses déclarations et ne lui ménageront pas leur confiance.
Ils mettront tous dans Eurne un bulletin au nom de Chamerlat, candidat républicain-
radical-sociaüste.
(Suivent les signatures.)
Vu : le candidat, CHAMERLAT.
— m —
N° 1162
PYRÉNÉES (BASSES-)
lrû circonscription de BAYONNE
M. Jules LEGRAND
Élu au lGr tour de scrutin. — 8.492 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je pou rrais me dispenser de faire une profession de foi -
Mes discours, mes écrits, mes actes et mes votes depuis six ans, voilà la plus nette, la
( plus catégorique des professions de foi-
Tous mes engagements* je les ai scrupuleusement tenus.
En 1896, je promettais de me montrer a bon patriote, ferme républicain, vrai
libéra) ».
G’est ce que j’ai fait.
Mon passé est garant de l’avenir.
Sans rien abandonner des droits de l’État, je veux la liberté de conscience* U liberté
[ h travail, la liberté d’association, la liberté d’enseignement.
Avec la liberté, je veux la solidarité et la fraternité sociales. Il faut que le vieillard soit
I SfiCDii ru comme Léo faut et le malade; il faut reprendre cette loi d’assistance que j ai eu
I donneur do mettre au point ; il faut faire aboutir pratiquement la question des retraites
ouvrières,
j’ai voté la suppression des treize jours et îe principe du service militaire de deux ans,
I mais Ha condition qu’au préalable les cadrer soient fortement organisés. Je veux que
I Farinée nationale, qui est notre force, notre fierté et notre honneur, soit respectée de tous,
I d que les insultes au drapeau soient impitoyablement châtiées.
Les municipalités de la circonscription et la Chambre de commerce de Bayonne savent
[ m quelle énergie j’ai défendu, en toutes circonstances, les intérêts qu’elle m’avait
f confiés.
J’ai fait ce que j’ai pu pour obliger mes concitoyens, m’occupant d’abord des plus
l tables et des plus pauvres, soucieux avant tout d’éviter ou de réparer des injustices.
Électeurs,
La campagne furieuse déchaînée contre moi n’a, d ailleurs, aucun caractère
I politique.
On ne me pardonne pas d’avoir résisté aux sollicitations de ceux qui voulaient absolu-
I ment m’amener à prendre parti dans l’affaire Dreyfus.
On ne me pardonne pas d’avoir dit leur fait à tous ceux qui réclament la liberté pour
i eux et la refusent aux autres.
Avec moi, j’ai les meilleurs serviteurs de la démocratie, les chefs respectés du parti
I républicain de notre pays.
644
Contre moi, j’ai la finance cosmopolite alimentant une poignée d’étrangers, de sectaires
et de francs -maçon s*
Rayonnais, Biarrots, Botièalais et Basques, je sais d’avance de quel coté, le 27 avril ,
iront vos suffrages.
Vive la liberté !
Vive la République!
Vive la Patrie !
Jules LEGRAND, Députe sortant.
2U circonscription de BAYONNE
M. HARRIAGUE SAINT-MARTIN
Élu au Ier tour de scrutin. — 8.682 voix.
Mes che r s Co nd toy e n s ,
Pour la quatrième fois, j’ai Phormeur de solliciter vos suffrages pour l’élection légis¬
lative du 27 avril prochain.
Fai conscience d'avoir rempli mon mandat au gré de la majorité de la deuxième
circonscription de Bayonne.
Si vous voulez bien m’honorer à nouveau de votre confiance, je continuerai à sauve¬
garder avec énergie, et aussi avec la plus complète indépendance, les intérêts de la région
que je représente.
Mes opinions politiques vous sont connues depuis longtemps. Je suis républicain, mai?
un républicain absolument indépendant, qui n’est inféode à aucune coterie politique. Je
veux une République large, tolérante, ne portant aucune atteinte à la liberté de chacun, ne
cherchant que la prospérité et la grandeur du pays, et repoussant toutes les utopies collec¬
tivistes et révolutionnaires.
Tous mes efforts tendront vers cet idéal. Je suis un partisan convaincu de la réduction
du service militaire, à la condition qu’elle ne compromette pas la défense nationale, et de
la diminution des périodes d’instruction des treize et vingt-huit jours, si désirée par toute?
nos populations.
Comme par le passé, je .défendrai toutes les lois qui auront pour but de protéger notre
agriculture, de favoriser notre industrie et. notre commerce et d’améliorer le sort de?
malheureux et des travailleurs.
HARRIAGUE SAINT-MARTIN,
Député républicain sortant*
— 645 —
fp 1162
Circonscription de MAULÉOïï
m. pbXdet-bala.de
Elu au l°f’ tour de scrutin. — 12.009 voix.
Chers Concitoyens,
En m'appelant à l’honneur de vous représenter à la Chambre des Députés, vous
m'avez donné, en 1900, un témoignage de sympathie et d'estime dont je suis justement
fier. Je viens aujourd'hui vous demander le renouvellement de mon mandat. Vous m'avez
vu à Poe uvre : vous avez pu vous convaincre queje me suis efforcé d’ètre utile à tous et que
j'ai fait de mon mieux pour défendre les intérêts de mon arrondissement. C’est donc avec
confiance que je sollicite à nouveau vos suffrages.
Élu sur un programme que vous avez sanctionné de vos votes, je crois avoir loyalement
rempli les engagements contenus dans la profession de foi que je vous soumettais en 1900,
et j’ai conscience de m’être, dans l’exercice de mon mandat législatif , exactement conformé
aux aspirations, au tempérament politiques et aux légitimes revendications de la grande
majorité du corps électoral républicain de l’arrondissement de Mauîêon.
Assuré d’être toujours en communion d’idées avec vous dans ^affirmation très nette de
mes convictions politiques, je vous dirai simplement que je reste aujourd’hui ce que j'étais
hier, un républicain convaincu, pur de toute compromission, adversaire énergique des
doctrines révolutionnaires et des utopies collectivistes. Je suis le partisan fermement
dévoué d'une République libérale, sagement progressiste, résolue à Concilier équitablement
le respect de la religion, de la liberté de conscience et d'enseignement avec les droits de
l’État; d’une République accueillante à tous ceux qu’anime le sincère désir de la servir avec
fidélité et qui n’excommunie pas ceux-là même qui ont été ses véritables fondateurs, parce
que, dans l’intérêt de sa conservation, ils combattent certaines doctrines que, de bonne foi,
ils jugent subversives. Ne peut-on pas avoir de la politique une conception différente sans
cesser, pour cela, d’être républicain, et n’y a-t-il pas, en dehors des questions qui divisent
et soulèvent les passions et les haines, un nombre suffisant de réformes démocratiques sur
lesquelles peut se faire raccord do toutes les bonnes volontés?
La situation financière doit préoccuper, à juste titre, ceux qui ont le souci de l’avenir
du pays. Il me paraît indispensable d’aborder résolument le problème des améliorations
fiscales. Diminution des dépenses, économies rigoureuses, suppression d’un grand nombre
de fonctionnaires inutiles, interdiction aux membres du Parlement de proposer aucune
dépense qui ne corresponde* pas à une économie équivalente, tels sont quelques-uns des
moyens qu’il importe d’adopter au plus tôt pour assurer l’équilibre budgétaire et l’amor¬
tissement de la dette.
Au point de vue agricole, trois excellentes lois ont été votées par le Parlement : la
modification des taxes hypothécaires, la modification sur l'admission temporaire des blés,
et enfin îa loi qui a réduit à dix jours le délai de garantie en matière de vente d’im bovidé
atteint de tuberculose. J’appuierai de mon suffrage toutes les mesures susceptibles d’amé¬
liorer le sort des travailleurs de la terre, de protéger efficacement l’agriculture et notam¬
ment la diminution et la réforme de la contribution foncière.
La prochaine législature sera appelée à statuer sur la réduction de la durée du service
militaire. J'ai déjà fait connaître mon sentiment à cet égard. Je suis partisan du service de
deux ans, avec une forte organisation des cadres, parce que j’ai la conviction que ce laps de
temps suffit à former un soldat.
Mes chers Concitoyens,
Je ne puis, dans une profession de foi nécessairement limitée, traiter toutes les ques¬
tions qui vous intéressent. Mais vous me connaissez et je n’ai pas besoin d insister. Il y a
deux ans je vous disais que mon ambition consistait à aider au développement du progrès,
par Punion de tous, dans la paix et la liberté. Mon ambition est la meme. Et aujourd’hui en
venant vous demander une nouvel lé preuve de votre confiance, fort du devoir accompli, je
puis vous affirmer que vous pourrez toujours compter sur mes efforts et sur mon dévoue¬
ment à la Patrie et à la République,
L. PRÀDET-BÀLÀDE* Député sortant
Conseiller général.
Circonscription d’OLORON
M, BARTHOU
Élu au iei tour de scrutin. — 10,899 voix.
Le Comité républicain aux Électeurs de c’ arrondissement d’Olokon.
Électeurs,
Depuis 1889, M. Louis Barthou représente l’arrondissement d’Oloron à la Chambre des
Députés.
Élu sur un programme républicain, il n’a cessé de se montrer fidèle à Ses engagements
et à ses promesses. Son passage aux Ministères des Travaux publics et de T Intérieur a été
la démonstration que M* Barthou unit aux qualités dTun homme d’État, capable d’occuper
les plus hautes sûuaüpns, les qualités du coeur, car il n’a pas cessé un seul instant de
veiller avec la plus attentive sollicitude aux intérêts publics et particuliers de F Arrondisse¬
ment d/Qlorom
Dans son discours du b avril, véritable profession de foi où il met en pleine lumière,
à côté- de l’explication de ses actes* politiques dans le passé, son programme pour l’avenir,
M. Barthou aborde les questions les plus graves de la politique. Il s’explique sur l’appli¬
cation de la loi du 1er juillet 1901 aux congrégations religieuses; sur la liberté de rensei¬
gnement et l’abrogation nécessaire delà loiFailoux; sur Passîslance aux vieillards et les
caisses de retraites; sur la situation financière et la nécessité d’enrayer les dépenses; sur
l’impôt sur le revenu ; sur Je service obligatoire pour tous, mais réduit à deux ans; sur la
nécessité de modifier la loi relative à la tuberculose bovine dans le sens de la réduction des
délais, sMï n'est pas possible de les supprimer.
Ses explications sur la politique générale, tout comme scs déclarations républicaines,
qui visent aussi nettement Pénnemi nationaliste que l’ennemi clérical' et l’ennemi socialiste
révolutionnaire, les électeurs réunis à üloron leur ont donné leur approbation sans
réserve.
Dans les soixante-dix-neuf communes de Farrondissement que M. Barthou a visitées, il
en a été de même.
C’est une constatation que le comité républicain est heureux de faire.
- 647
N* 1162
Il demande aux électeurs do Parrandissement d’Gloren 4e se rendre tous aux urnes le
37 avril, et, par la manifestation du bulletin de vote, de donner à leur député une nouvelle
marque de leur satisfaction et de leur entière confiance.
Vive la République î
Le Comité républicain.
Circonscription d’ORTHEZ
M. CATALOGNE
Élu au îv tour de scrutin, — 8,572 voix.
Électeurs j
J?ai voulu j avant de solliciter vos suffrages* donner l’assurance que, dégagé de préoc¬
cupations d’un ordre privé, je pouvais me consacrer tout à mes concitoyens.
Voilà pourquoi, ayant renoncé à une profession honorable, qui, si elle m’imposait de
séjourner au chef-lieu de notre département, n’a jamais rompu aucun des liens m'attachant à
¥ arrondissement d’Orfchez, je m’offre à vous, avec la compétence acquise durant vingt
années d’un incessant labeur et avec le dévouement qui me vaut d’encourageantes paroles
et de chaudes amitiés.
Devenu votre Député, je n’oublierai pas que je représente une population essentiel¬
lement agricole.
C’est donc, et avant tout, vers la solution des problèmes intéressant la propriété fom
cière, que je dirigerai ma volonté et mes aptitudes.
Vaste champ de réformes agraires et sociales, dans lequel il est urgent de glaner des
lois sages et réfléchies, émanant d’un programme qui ne repose pas sur une majorité fac¬
tice : lois relevant nos marchés, empêchant ïa mévente des produits du sol lui-même,
sanctionnant. la liberté sans restriction des ventes des bovidés, par la radiation pure et
simple de la tuberculose de la nomenclature des maladies contagieuses, dotant de voies
ferrées les régions qui n’en ont pas ; lois de bienfaisance et d’assistance sans distinction
entre les ouvriers des villes et les ouvriers ruraux ; lois dirigées poutre les spéculateurs
cosmopolites au bénéfice des agriculteurs et des industriels français et au grand avantage
de la prospérité nationale.
Les destinées d’un État dépendent encore d’une bonne gestion financière, sans laquelle
un pays ne peut ni prospérer ni grandir.
Aussi, effrayé de la progression anormale des charges publiques, partisan résolu de
la suppression de l’initiative parlementaire en matière do crédits, convaincu de la néces¬
sité de réviser la législation sur les primes à f exportation des sucres et de réglementer le
privilège des bouilleurs de cru, serai-je avec les députés dont le programme aura pour
objectif, avec l’interdiction de l’accroissement des dépenses, la réduction normale des
impôts.
Pour y parvenir, il faut doter la France d’une sage administration budgétaire, qui, si
elle veut innover et rénover notre système fiscal, nous présente des projets médités,
étudiés, pratiques, ne dégénérant pas en des lois arbitraires encourageant les dénon da¬
tions, autorisant les perquisitions et l’envahissement du domicile du citoyen.
Mu comme vous tons, Électeurs, par un sentiment patriotique et de fierté nationale,
— 648 —
pensant que l’amour de la patrie n’est le privilège d’aucun parti, réprouvant énergiquement
toute entreprise désorganisa trice de l’armée, à laquelle j’ai eu le très grand honneur d’ap¬
partenir comme soldat et comme officier, persuadé que l’impôt du sang doit nous atteindre
tous je suis acquis à une loi réduisant le service militaire à deux ans, mais assurant à la
fois la création des cadres et les rengagements, qui font une armée forte et respectée, la
loi d’égalité, abolitive de tous les privilèges.
Je n’aurai garde, toutefois, Messieurs, de solliciter vos suffrages, sans hautement pro¬
clamer mes opinions politiques, l’équivoque ne convenant nia mon caractère, ni à mon
âme républicaine*
Partisan de k liberté de conscience et de la liberté d’enseignement, mais voulant que
le premier devoir du citoyen soit le respect de la Constitution, j’estime que ces libertés
doivent avoir de justes limites, et que la liberté d’enseignement, notamment, doit sub¬
sister avec les grades, les inspections et les sanctions nécessaires, pour les collèges libres
comme pour les lycées*
L’État républicain a, en effet, une mission à remplir : proclamer sa suprématie et la
faire prévaloir, en réprimant les entreprises dissolvantes des partis extrêmes.
Pour réduire au silence les partis réactionnaires et assurer le triomphe des droits
sacrés et inviolables de la société civile, il doit porter son effort sur l’application de ces lois
émancipatrices égalitaires et sociales qui ont proclamé la neutralité de l’école, l'obligation
du service militaire et la liberté d’association, avec la réglementation (les congrégations,
que légitime l’ordre public dans tous les pays, sous tous les régimes.
11 doit y présider sans faiblesse, mais avec un esprit largement et loyalement tolérant,
respectueux du libre exercice de tous les cultes, sans hostilité religieuse.
Par contre, réprouvant les doctrines collectivistes, dont l’avènement serait le prélude
de lois socialistes et révolutionnaires, il doit poursuivre la réalisation de réformes néces¬
saires au groupement, dans la prochaine législature, d’une majorité sincèrement rèpubli*
eaine* ..
En cette double attitude nous trouverons, j’en caresse la ferme espérance, la paix reli¬
gieuse, le bien-être social, la réconciliation de tous les Français sous les plis du drapeau
tricolore.
Électeurs,
Si là sont vos aspirations, si, vers ces réalisations convergent vos pensées, si vous
avez foi en mon énergique volonté et en mon désir d’être utile à mon pays, allez au sciulin
avec Fassurance de mon plus complet dévouement à vos intérêts privés et aux intérêts
publics de l’arrondissement d’Orthez*
Vive la République ï
D. CATALOGNE,
Avocat,
Maire d’Arzacq,
Membre du Conseil général* de la Commission départementale
et Au Conseil départemental des Basses-Pyrénées*
— 649 -
N° 1162
lre circonscription de PAU
M. d’IFUÀRT d’ETCHEPARE
Élu au 2e tour de scrutin. — 7.393 voix.
Mes chers Concitoyens,
Lorsque je posai devant vous ma candidature au mois de décembre 1900, je vous ai
nettement expose mon programme* J’ai le droit d'affirmer que j’y suis resté fidèle.
Ce que je vous disais à cette époque, je le répète avec plus d'énergie encore. Je reste
l’ennemi du nationalisme sous toutes ses faces; du nationalisme, coalition inqualifiable,
dont le triomphe passager serait la cause de discordes violentes, de notre discrédit en
Europe, du réveil de la politique de diversion qui aboutirait fatalement à la guerre
étrangère.
fiai voté pour 3e maintien du budget des Cultes* Je veux l'application loyale du Con¬
cordat, tant de la part des Églises que de la part de l'État.
Je veux également le respect absolu de la liberté de conscience et le respect delà
liberté de l'enseignement, sous la réserve expresse des droits de contrôle et de surveil¬
lance de l’État, qui me paraissent nécessaires.
J'ai voté les motions approuvant en principe la réduction du service militaire à deux
ans et la suppression des 13 jours. Ces réformes devront être effectuées au cours de la
prochaine législature. Je maintiendrai, à cet égard, mes votes antérieurs.
Depuis que j’ai Page d'homme, je me suis occupé des questions de mutualité* C’est
vous dire que j’encouragerai de mon mieux les sociétés de secours mutuels, œuvre émi¬
nemment démocratique, estimant qu'avec des subventions suffisantes de PÉtat elles doivent
et peuvent constituer immédiatement sur tout le territoire de la République les premières
bases d'un système de retraites, tant pour nos ouvriers des villes que pour nos agri¬
culteurs.
Je me déclare prêt à étudier et à voter les mesures législatives propres à répartir plus
équitablement notre système d'impôts, notamment en ce qui concerne l'impôt foncier*
Mais j’estime qu'en matière aussi grave, il est dangereux de se payer de mots ou de for¬
mules retentissantes et qu'il faut éviter Ses mécomptes financiers et les résultats fâcheux
de soi-disant réformes démocratiques qui, par voie de répercussion, feraient supporter la
plus lourde charge par l’ouvrier ou le paysan.
Quoique partisan des améliorations et des réformes sociales qui constituent le pro¬
gramme commun de tous les républicains, je désire les voir se réaliser progressivement —
et j’ose le dire plus sûrement — en les sériant, comme le demandait Gambetta.
Je suis partisan de toutes les économies possibles, sans nuire cependant aux intérêts
de la défense nationale, qui prime tout, ni aux exigences de l’instruction publique et des
travaux publics, nécessaires pour le développement de notre vie économique, sociale et
commerciale.
Je soutiendrai, au point de vue politique, tout Ministère nettement républicain, n* ad-
mettant ni réaction ni révolution, et se montrant, sans équivoque, anti-nationaliste et anti-
collectiviste.
Mes efforts antérieurs pour fi abrogation de la loi sur la tuberculose, sur i'augmenta-
hon des achats de chevaux de remonte — efforts partiellement couronnés de succès depuis
9üe j’aî l’honneur de siéger au Parlement, — mes voies constants en faveur de la défense
32
— 650 —
de nos intérêts viticoles, vous sont un sûr garant de mon dévouement à la cause de l’agri¬
culture.
Mes chers Concitoyens,
Les ennemis de la République, se dissimulant sous l’étiquette républicaine, tentent un
effort suprême contre nos institutions.- En 1889, la première circonscriptioude Pau résista
vaillamment aux attaques du boulangisme. - Elle restera fidèle à ses traditions en infli¬
geant encore une défaite à la réaction sous toutes ses formes.
Vive la République!
h. d'TRIART d’ETCHEPARE,
Député républicain sortant.
2e circonscription, de PAU
M. le comte de CONTACT-BIRON
Élu au 1er lourde scrutin. — 11.146 voix.
Mes chers Concitoyens,
Pour la seconde fois, je vous demande de me confier l’honneur de vous représenter à
la Chambre des Députés. ..
Je pense Savoir pas besoin de vous adresser une Longue profession de foi, car 1 accueil
sympathique que vous avez bien voulu réserver au programme que j’ai développé dans chaque
commune de l’arrondissement me laisse espérer que je suis resté en communion d’idees
avec 1J immense majorité d’entre vous.
L’agriculture, si cruellement éprouvée, a été l'objet de mes constantes préoccupation*
et je me suis associé à toutes les mesures, à toutes les propositions ayant pour but, soit de
la favoriser, soit d’atténuer l’intensité de la crise dont elle souffre. C'est ainsi, notamment,
que j'ai voté les lois portant suppression des taxes d’octroi et dégrèvement des boissons
hygiéniques, la réforme des droits de succession, celle du régime hypothécaire, précieuses
à l’ensemble des petits patrimoines, fruits de ce labeur français que rien ne décourage.
Deux modifications importantes, soumises actuellement à la ratification du Sénat, ont
été apportées à la loi sur La tuberculose bovine ; réduction du délai à dix jours et recours
du dernier acheteur contre le dernier vendeur seulement. Elles sont de nature a faciliter
les transactions commerciales et à faire disparaître Les nombreux pi oeôs lésultant du écrs
de 1888. . . lr , .
Un vaste champ reste ouvert à i’activité de la prochaine législature; développera
régulier du crédit et des assurances agricoles, extension des Sociétés de secours motues,
création de Chambres d’agriculture, répression des fraudes et des falsifications au point de
vue vnicuic. t :
Au point de vue fiscal, la réforme la plus urgente sera celle de l’impôt. Je deman
le remplacement delà contribution personnelie-mobilière et de celle des portes et fenêtres
par une taxe basée sur les signes extérieurs de La richesse, ainsi que le dégrèvement s
l’impôt foncier sur la propriété non bâtie. t .
Mais, pour arriver à une plus équitable répartition des charges de 1 impôt suivan
— 68'] —
N° 1162
facilités des contribuables, et pour atteindre plus particulièrement )a richesse acquise, il
n’est pas nécessaire de recourir à l’impôt sur le revenu global. Cette conception ne pourrait
être réalisée que par des procédés vexa toi res et inquisitoriaux répugnant au bon sens fran¬
çais, qui n’admettra jamais l’inirusion du fisc dans ses affaires privées.
Par un remaniement sérieux de notre système des contributions directes, et en s’ins¬
pirant des projets de loi déposés depuis de longues années, on peut aboutir à une réforme
vraiment démocratique.
Au point de vue économique et social, l’attention du législateur devra se porter vers le
travailleur et tendre à concilier les intérêts au lieu de les opposer les uns les autres. L’État
doit susciter, développer l’effort individuel de la prévoyance; c’est à l’instrument admirable
qui réside dans les sociétés de secours mutuels, et qu’il faut encourager par de larges sub¬
ventions, qu’on demandera la solution de la loi sur les retraites ouvrières destinées à
assurer le pain de leurs vieux jours aux travailleurs des villes et des champs.
U importe également d’assurer l’assistance légale auxvieillards et aux incurables, dont
le soit malheureux est digne de toutes les pitiés.
Au point de vue financier, il est de toute nécessité d'endiguer le flot montant des
dépenses publiques et d’inaugurer une politique de larges économies. Parmi les moyens les
plus propres à y parvenir, le plus urgent consiste à écarter les abus permettant actuelle¬
ment da mêler ies interpellations, les initiatives individuelles, à la discussion du budget. On
devra aussi restreindre le droit des Députés eu matière de dépenses, et n’autoriser les
demandes de crédits nouveaux qu’au fur et à mesure d’économies correspondantes.
Enfin, la décentralisation des services administratifs permettra, par la suppression
d’un nombre considérable de fonctionnaires, de susciter en province des activités qui ne
demandent qu’à s’employer et de limiter, dans une large mesure, les dépenses publiques.
Au point de vue judiciaire, diminution des frais de justice et extension de la compé¬
tence des juges de paix.
Au point de vue militaire, acheminement progressif vers le service de deux ans, mais
sous la condition expresse que la défense nationale, que la cohésion et la solidité de l’ar¬
mée n’en pâtiront pas. Cette réforme doit être précédée de mesures préparatoires, consis¬
tant dans une loi sur les cadres des sous -officiers et caporaux, la suppression, aussi
complète que possible, des dispenses et le maintien des effectifs par des engagements
volontaires.
Mais, ce qui est indispensable, c’est de tenir l’armée en dehors de la politique, de la
laisser, entourée du respect et de l’affection de tous, à sa tâche silencieuse et de la mettre
à l’abri des attaques violentes et injustifiées des uns, aussi bien que des apologies inté¬
ressées des autres.
Au point de vue de l’enseignement, je maintiendrai la liberté de l’enseignement
secondaire, mais sous la surveillance et le contrôle de l’État. 11 est inadmissible, en effet,
que l’enseignement donné dans les écoles libres soit contraire à la lettre et àl esprit de la
Constitution .
Que les maîtres de ces établissements soient également munis des mêmes grades
universitaires que les professeurs des collèges et des lycées, rien de plus naturel; mais les
républicains libéraux ne peuvent admettre que l’État dispose de l’éducation des enfants
contre l’assentiment des parents, et qu’une sorte de tache originelle pèse sur ceux qui ne
reçoivent pas l’enseignement public.
Résolumcnt.attaché à la République, queje considère comme la condition nécessaire de
tout progrès démocratique et la plus sûre garantie de la paix sociale, je m’inspire des sen¬
timents de notre pays égalitaire et démocrate autant qu’épris de liberté.
Partisan convaincu de la liberté de conscience, je ne saurais admettre qu’un citoyen
quelconque soit inquiété pour ses opinions religieuses.
Profondément respectueux de la religion, je rends hommage au prêtre qui se renferme
dans sa noble mission de paix, de charité, de consolation, et j’admire le dévouement qu’il
consacre au bien de ses semblables. Mais, je réprouve énergiquement le cléricalisme, qui
— 652 —
tend à transformer une institution admirable en instrument de domination et de puissance
dans PÉtat.
De même que j’ai combattu le boulangisme, je m’élève contre le nationalisme qui,
— s’enveloppant de sentiments nobles et généreux qui ne sont le privilège de personne
et dont chaque parti a le droit de revendiquer sa part — tend, par des voies plus ou moins
détournées, à battre en brèche les institutions libres et à préparer peut-être la dictature.
Le pays ne saurait rester indifférent à ce danger, qui sollicite la vigilance éclairée de
tous les républicains.
Adversaire déterminé du collectivisme, je ne me fais pas illusion sur le péril redou¬
table dont il menace la société et l intégritè de la Patrie. Je réprouve toute concession faite
àjses doctrines et je combattrai avec la dernière énergie toute atteinte à la propriété indi¬
viduelle, que je considère comme le corollaire logique delà liberté du travail et comme la
manifestation la plus morale de la personnalité humaine.
Je lutterai non moins ardemment contre ses tendances criminelles qui, sous prétexte
de sentiments humanitaires, n’ont d’autre but que de détruire Pidée de Patrie, la plus
noble, la plus haute et la plus pure qui puisse animer Pâme d’un peuple.
Le pays a soif de calme et de repos. Une politique de concorde et de pacification peut
seule les lui donner.
C’est vous dire que j’appelle de mes vœux Punion des républicains et de tous les
hommes indépendants qui veulent la France tranquille et prospère à l’intérieur, respectée
et glorieuse à l’extérieur et qui souhaitent voir la République marcher pacifiquement vers
un idéal de liberté, de justice et de solidarité.
Permettez-raoi, enfin, d’ajouter que le dévouement avec lequel j’ai cherché à donner
satisfaction à vos intérêts locaux ou particuliers vous est le témoignage du zèle que je met¬
trai à vous servir daus Pavenir, et de vous assurer que tous yous trouverez toujours près da
moi le concours le plus loyal et le plus empressé.
Veuillez agréer, mes chers Concitoyens, l’assurance de mes sentiments les plus
dévoués.
J. de GONTÀUT-BIRON,
Conseiller général,
Maire de Na vailles- An gos,
Président de la Société des Courses de Pau,
Membre de la Chambre Syndicale
du Syndicat des Agriculteurs des Basses- Pyrénées,
Député sortant.
Circonscription de BAGNÈRES-DE-BIGORRE
M. OZUN
Élu au 1er tour de scrutin. — il .929 voix.
Mes chers Compatriotes,
le n’ai pas besoin de vous faire une longue profession de foi, vous me connaissez tous,
et vous savez que je suis animé des sentiments démocratiques les plus sincères.
Aujourd’hui le terrain est déblayé ; il s’agit d’aboutir et de réaliser les réformes que
vous attendez depuis trop longtemps; il faut en finir avec les attaques de mauvaise foi, sans
cesse renaissantes, contre la République: il ne doit y avoir qu'une seule autorité, celle de
la société laïque, la seule souveraine et indiscutable ; la République ne doit avoir qu’un
but, celui de l’amélioration intellectuelle, morale et matérielle du peuple, des humbles et
des travailleurs.
Un des moyens d’atteindre ce but, c’est d’alléger le lourd fardeau que l’impôt fait peser
sur le contribuable d’une façon aussi inégale et aussi injuste; et nous sommes convaincu
plus que jamais de la nécessité d’établir au plus tôt l’impôt progressif sur le revenu.
Les retraites ouvrières s’imposent au même titre, la société ayant pour devoir impé¬
rieux d’assurer une existence convenable à tous les malheureux qui sont tombés victimes
de la vieillesse ou des infirmités.
Je suis partisan très résolu du service militaire réduit à deux ans, à condition que de
sages. mesures soient prises pour que notre armée n’en soit pas affaiblie, car je Yeux que la
France soit toujours la nation forte, indépendante et maîtresse de ses destinées.
La religion doit être honorée et respectée, mais il faut que le prêtre se renferme dans
sa mission élevée et n’intervienne pas dans les affaires de la commune, qui ne regardent
que le maire et le Conseil municipal. Nous réclamons l’abolition de la loi Falloux, qui, sous
1b faux prétexte de liberté, s’est vite transformée en une arme des plus dangereuses entre
les mains de la réaction.
Telles sont les principales lignes des réformés que je réclame, mais je ne perds pas de
vue d’autres réformes qui sont aussi urgentes : l’économie à introduire dans nos dépenses
et leur contrôle rigoureux; le développement des associations de mutualité et de solidarité;
l’encouragement du crédit agricole; la décentralisation administrative et le développement
des moyens de transport, dont les plus urgents sont le chemin de fer d’Audi à Lanneme-
zan et rétablissement des tramways projetés.
Pour Pagrïeultüre, deux questions vitales s’imposent également : l'exemption de Pimpôt
foncier pour la petite propriété et ïa protection de la vente du bétail; je m’attacherai à
obtenir la réforme du Code forestier, qui cause tant d’embarras et tant de gêne à la popu¬
lation pastorale de nos montagnes.
On ne saurait trop s’intéresser à la situation de nos paysans, dont la vie est si rude, et
on ne fera jamais assez pour améliorer leur sort.
Mes chers Compatriotes,
Si vous me faîtes l’honneur de me choisir pour votre man iataire, Rapporterai à la réali¬
sation des réformes dont je suis le partisan convaincu la ténacité et l’énergie que vous me
connaissez ; je suis un homme d’ordre, soucieux avant tout de 1 intérêt public, ennemi de
toute violence et qui ne veut résoudre les questions sociales que par une discussion sin¬
cère, loyale et par la liberté.
Oo pouvait supposer que la réaction, après tant de défaites, comprendrait 1 impuis¬
sance dé ses efforts et laisserait la République travailler paisiblement aux réformes qui
doivent assurer la justice et la paix sociales ; il n’en est rien; elle s’apprête encore a lui
donner un assaut furieux, mais ce sera le dernier ; le 27 avril prochain, la réaction aura
vécu, et alors nous entrerons à pleines voiles dans la voie de l'action républicaine, qui doit
assurer le triomphe de ïa démocratie,
Frédéric OZUN,
Avocat à la Cour d’appel de Paris,
Conseiller général du canton de La Rarthe,
Candidat républicain.
1™ circonscription de TARBES
M, DÀSQUE
Élu au 1er tour de scrutin, — 8.603 voix.
Mes chers Concitoyens,
H y a deux ans à peine, vous m’avez fait l'honneur de me nommer votre représentant
à la Chambre des Députés.
J’y suis arrivé en cours de législature, au moment où les partis hostiles à la République
essayaient de la renverser.
J’ai la conscience, en sollicitant encore vos suffrages, d’avoir accompli tout le mandat
que vous m’aviez donné et d’avoir aussi contribué, dans les circonstances peu communes
que l’on vient de traverser, à maintenir la stabilité de nos institutions, en m’associant d’alb
leurs, avec toute l’énergie qui est en moi, aux diverses réformes réclamées par la démo¬
cratie.
Dois-je faire de nouveau un programme?
— 655 —
N° 1162
Depuis quinze ans, à toutes les heures difficiles, j’ai lutté pour le triomphe des idées
qui nous sont chères au même titre; j'ai mis au service de notre cause tout ce que j’avais
de force et d’activité : et, si une vanité pouvait me venir, ce serait de n’avoir jamais laissé
compromettre nos droits et d’avoir toujours demandé les conséquences nécessaires de la
République*
Mes déclarations dans l’ordre économique et dans l'ordre politique sont toujours les
mêmes.
Je suis le partisan décidé des résolutions tendant à conférer à l’État T exploitation
directe des grands monopoles, qui assurerait, sinon la suppression , du moins une importante
diminution de l’impôt*
Substituer aux quatre contributions directes, qui pèsent sur tous et particulièrement sur
la classe paysanne, sur le petit commerce et sur la petite industrie, Fimpôt progressif sur
le revenu, qui ne frappe que les fortunes réelles ;
Organiser une caisse de retraites pour les ouvriers des villes et les travailleurs des
champs ;
Réduire à deux années la durée du service militaire;
Supprimer les périodes des 13 et des 28 jours;
Au regard de l’enseignement, rétablir, comme le disait M* le Président du Conseil des
Ministres, une unité d’éducaiion civique indispensable*
Ce sont là les réformes les plus importantes qui me paraissent devoir attirer d’abord
FaLîention de la Chambre, et auxquelles je donnerai tout l'effort de ma volonté*
Me plaçant sur fe domaine plus restreint des intérêts de ^arrondissement, je n’ai pas
besoin de vous dire que, comme par le passé, je favoriserai de toutes mes forces l’extension
de l’élevage, qui doit être l’élément principal de noire prospérité agricole; que je contri¬
buerai à l’organisation, sur des bases démocratiques, d'une ligue rurale, de même que je
donnerai, pour les faire aboutir, mon concours actif et sincère aux revendications légitimes
de tous les travailleurs.
Mes chers Concitoyens,
La IuLte de dimanche doit être décisive*
Elle est engagée entre la démocratie et les anciens partis qui se préparent encore dans
le tumulte à l’usurpaiion du pouvoir.
C’est à vous qu’il appartient, en évitant les pièges que, sous de fausses apparences, le
nationalisme veut tendre à votre bonne foi, d’assurer un triomphe nouveau pour la Répu¬
blique et de ruiner à jamais les perfides desseins de ses adversaires.
Et si, comme je vous le demande, vous me renouvelez le mandat que vous m’aviez
cûnüé, vous pouvez avoir la ferme certitude que je sauvegarderai toujours les principes, s’ils
étaient encore menacés, que, tenant tous mes engagements, je m’efforcerai de faire réaliser
les réformes promises, et qu’eniin j’aiderai de toute l’énergie de mes convictions, dans le
cahne et la pacification des esprits, au mouvement ascensionnel de la démocratie*
Vive la République!
Léopold DASQUE
Avocat, Docteur en médecine.
Ancien maire de la ville de Tarbes,
Député sortant*
- 65G —
2° circonscription de TARBES
M. FITTE
Élu au 1er tour de scrutin. — 7,561 voix.
Mes chéri! Concitoyens,
En 1898, au lendemain de la bataille qu’ensemble nous venions de si vaillamment
mener, je vous disais dans ma lettre d’adieux ;
a Préparez-vous, mes chers amis, à la revanche prochaine; organisez vos forces et, si
vous m’en croyez digne encore, comptez sur mon énergie et mon courage pour assurer
l'affranchissement définitif de la T circonscription, »
La route est libre maintenant; partout, dans le camp des républicains, règne et l’en¬
tente et l’harmonie; partout, dans notre belle circonscription, les démocrates, jadis désu¬
nis, fraternisent, et les cœurs généreux y battent à Funisson*
Si vous croyez que, par mes constants et vigoureux efforts, j'ai contribué au réveil des
consciences et à l’étroite union des républicains ;
Si vous croyez que, par l’ardeur de ma foi politique, par mes longues luttes contre fa
réaction, par l’inébranlable fermeté de mes opinions républicaines, je suis resté digne de
votre confiance ;
Si vous croyez que j’ai mérité d’être encore le porte-drapeau de vos revendications,
vous me placerez à votre tête pour la défense de vos intérêts et la défense de la cause
démocraiique.
Paysans,
J’ambitionne, par dessus tout, de représenter au Parlement une circonscription rurale.
C’est vous dire avec quelle opiniâtreté, avec quelle ténacité, je signalerai vos besoins et
travaillerai à la réalisation des revendications paysannes.
Je suis allé personnellement dans chaque commune de la circonscription, et je vous ai
exposé que j’entends faire, a votre égard, œuvre de réparation et de justice :
En substituant l’impôt progressif sur le revenu aux taxes diverses qui grèvent la terre
avec une si révoltante iniquité;
En rendant plus facile et moins onéreuse la transmission de la propriété ;
En facilitant, par le rachat des chemins de fer, le transport de vos denrées agricoles
vers les centres où elles se consomment ;
En organisant un crédit agricole qui garantisse votre indépendance ;
En créant les assurances agricoles par l’État, seul capable de détourner de vous les
ruines, trop souvent amoncelées sur vos têtes par les fléaux de la nature ;
En décrétant ^inviolabilité du domaine familial, pour permettre aux vaincus de la vie
d’attendre dans la paix du foyer de plus favorables circonstances:
En autorisant les recettes buralistes à délivrer des coupures journalières, donnant
droit à une journée de chasse ;
En me spécialisant aux questions d’élevage auxquelles m’ont préparé mes études pro¬
fessionnelles ;
En assurant au département des Hautes-Pyrénées la culture définitive du tabac;
En dotant les cantons de Trie, de Pouyastruc et de G, dan, aujourd’hui si déshérités, de
— 657 — NM 162
toies de communications qui leur permettront de mettre en valeur les ressources de leur
sol;
En me proclamant enfin et en toute occasion le députe des paysans, le défenseur de
ceux qui, depuis des siècles, sont jetés en pâture à la basse cupidité d'exploiteurs sans ver¬
gogne.
Telle est ma plus grande ambition.
Patriotes,
Défiez-vous de ceux qui crient à tue-tête que, seuls, ils méritent le titre « d’enfants de
France » ;
Défiez-vous de ces patriotes qui poignardèrent, dans les plaines de la Vendée, la Patrie
française, rentrèrent sur les fourgons de l’étranger et, à la France mutilée et agonisante,
arrachèrent des millions ;
Défiez-vous de ces patriotes qui, pour éviter le service de deux ans, poussent à la
surenchère et voudraient, à côté d’une garde nationale, une armée prétorienae dont de
terribles exemples nous ont appris le danger;
Défiez-vous de ces patriotes qui, par le maintien de la loi Falloux, rêvent de faire deux
France et de perpétuer ainsi les divisions, les rancunes et les haines ;
Défiez-vous de ces patriotes qui incitent le clergé à descendre dans Parène ût nos luttes
politiques, lorsque nous le voulons tout entier à sa haute mission;
Défiez-vous de ces patriotes qui voudraient des soldats propres à l’insurrection contre
la loi et à la volonté nationale, lorsque nous les voulons tout entiers consacrés à la défense
du territoire.
Républicaine,
Vos éternels ennemis sont de nouveau en face de vous; ils menacent encore la liberté
et le progrès.
Vous ne vous laisserez pas égarer par leurs étiquettes de contrebande et lesr républi¬
canisme frelaté.
Vous les connaissez depuis longtemps, car « les masques peuvent varier, mais sous dès
déguisements divers, c’est toujours le même esprit contre-révolutionnaire qui se devine »,
Oui, c’est bien le bloc de la contre-révolution que nous aurons à combattre demain,
c’est contre lui que doivent se grouper toutes les forces démocratiques, tous les citoyens
qui ont, dans les veines, le sang républicain et, dans Pâme, Pamour de la patrie.
Bloc contre blocî
Formons l’indomptable cohorte des démocrates de la T circonscription.
Marchons aux urnes, unis, au cri qui résonne dans nos coeurs, au cri mille fois répété
Vive la République l
L F1ÏÏE
Candidat des républicains et des revendications paysannes.
83
l'YKENEES-OMENTALES
Circonscription de CÉRET
M. PÀMS
Élu au i*r tour de scrutin. — 7.345 voix
M. PAMS n’a publié aucune profession de foi.
Ire circonscription de PERPIGNAN
M. BARTISSOL
Élu au 1er tour de scrutin, — 7.304 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je n’ai cédé, en acceptant la candidature , qu’à l'appel dos républicains qui veulent
P union de tous les Rousaillonnais pour mettre m terme à la terrible crise que traverse 1b
pays.
Ils me savaient républicain progressiste; ils ont vu en moi le travailleur et l’hoimne
d’action. C’est à ce double litre que fai accepté d’être le défenseur au Parlement de la viti¬
culture ruinée.
On a trop sacrifié jusqu’ici les intérêts du pays à la politique et ce système a conduit le
Midi à la misère, j’estime que nous devons faire aimer la République en favorisant 1-agfifc?
culture, cotte principale source do la richesse publique, afin que chaque travailleur ait son
bien-être assuré. Un régime qui n’assure pas à chaque homme de vivre avec le produit de
son travail, n’a de républicain que le nom, parce qu’il ne se fonde pas sur l’amour du
peuple.
Pour sauver la vigne, U faut des Ministres qui poursuivent la fraude au lieu do s’en faire
les protecteurs, et qui no sacrifient pas les intérêts du Midi à ceux du Nord; il faut un sys¬
tème de lois qui. en libérant le vin, en facilita ut son transport, en développant sa consom¬
mation, permette, par des droits différentiels au profit des alcools devin, de nous débar¬
rasser de la surproduction eï. d'assurer P écoulement à un bon prix de nos récoltes; il faut,
enün, par Punion de tous et l’appui de grands capitaux faciles à trouver, organiser le trust
des vins et former de puissantes sociétés d’exportation. Ce système, qui a admirablement
réussi en Amérique, ou il a favorisé également les iravaiHëtirg et les producteurs, assurera
de vendre le vin à un prix rémunéra leur. En attendant la création des trusts, une orga¬
nisation plus pratique du crédit agricole s'impose, qui facilite les prêts et diminue leur
intérêt -
Les impôts écrasent les propriétaires et les travailleurs. Le paysan, l’ouvrier ne tra¬
vaillent plus que pour le fisc; chaque année voit le budget s’accroître de cinquante millions.
Il faut mettre un terme à ce gaspillage de la fortune publique par un régime sévère d’éco¬
nomie; il faut assurer que l’impôt frappe chacun proportionnellement à sa richesse, comme
je l'ai toujours demandé; il faut supprimer les sinécures et réduire le fonctionnarisme,
cette plaie de notre budget*
Je veux que chaque travailleur soit assuré dans ses vieux jours contre la misère par la
constitution d’une caisse de retraites. Le cultivateur, l'artisan des villes, qui ont travaillé
toute leur vie pour la collectivité, ne sont-ils pas aussi dignes et aussi méritoires qu’un
fonctionnaire? Est-ce qu’ils n'ont pas été aussi utiles à l’État dont ils ont assuré la
richesse ?
Partisan de la réduction des frais de justice et de la simplification de ses formalités, je
voterai l’extension de la compétence dt-s juges de paix-
Je veux une armée puissante, placée au-dessus de* tous les partis, ne connaissant que
sou devoir de gardienne Jq territoire et de la Constitution ; cette armée sera assez forte avec
le service de deux ans. Je le voterai.
Enfin, dans l’ordre politique, je ne séparerai jamais la République de la liberté* Cette
liberté, je la veux pour le père de famille dans l’instmctiou à donner à ses enfants sous le
contrôle de l'État et je 3a défendrai comme le corollaire obligatoire de la liberté de conscience
que nous a léguée la Révolution française.
Vous connaissez mon programme politique* C’est celui d’un républicain résolument
réformateur. Tout mon passé, tous mes actes, tous mes votes affirment hautement mon
dévouement à la République. Je l’atteste une fois dé plus.
Mes chers Concitoyens,
Je n’ai pas attendu d'être candidat pour vous prouver que les intérêts matériels du
Roussillon n’avaient pas de plus ardent défenseur que moi-
En 1883, je prenais l'initiative de la constitution d’une société d’études pour ïa cons¬
truction de canaux et réservoirs destinés à assurer l’arrosage de la plaine de Rivesaltes et
de toute la vallée de RAgly, Je consacrai à cette étude d’importants capitaux. Les résistances
qoü je rencontrai auprès de l’Administration, et qui ajournèrent l’exécution de ce projet,
pourront être levées si je suis député, et cette grande œuvre sera réalisée.
Je considérerai comme le jour le plus heureux de ma vie celui où je vous aurai assuré
cette source de richesse.
Créateur de l’ usine hydro-électrique de Vinçaje suis intéressé à la construction du
réservoir des Rouillouses, qui doit aussi contribuer à l’arrosage d’une partie de notre plaine,
Saint-Laurent et le Barcarès doivent être reliés à la grande ligne ferrée de Rivesaltes à
l'aide d’une voie normale,
La Salanque doit avoir de plus son chemin de fer local sur Perpignan pour desservir ses
communes, autrefois si riches, et où il faut ramener la prospérité. Je m’engage à faire tous
mes effort* pour obtenir l’exécution de ces lignes,
La facilité du transport d’énergie électrique à de grandes distances permet aujourd’hui
de réaliser facilement ce programme de travaux publics.
Qui donc sera mieux à même que moi de le conduire k bonne lin, grâce à l’immense
force électrique dont dispose l’osine de Vinça, créée pour un développement de quatre mille
chevaux?
Je réclamerai R exécution des travaux nécessaires à ^ouverture du grau Saint-Ange et ia
construction de la darse du Barcarès,
— 660 —
Perpignan attend le dérasement de ses remparts et l’exécution des travaux publics dont
cette démolition doit ouvrir l’ère.
Je consacrerai tous mes efforts à réaliser l’exécution de ce programme, qui ouvrira de
nombreux «hantiers aux ouvriers, fera cesser le chômage et sera pour tout le commerce une
causai m pot tan te de relèvement*
Mes chers Concitoyens,
Mes intérêts sont les vôtres; en les défendant ce sont les miens aussi que je dé¬
fendrai. . ,
Ce n’est pas par ambition personnelle que je me présente* D antres peuvent chercher
clans le mandat de député des profits ou des avantages; clans ma situation, je n’y trouverai
que des devoirs et des charges.
Je les accepterai de grand cœur, ces devoirs, s’ils me permettent d’attacher mon nom à
quelque grande œuvre d’uiilité publique, de relever, par mes moyens d’action, le pays de
ses ruines, et de rallier à une République résolument réformatrice, la République des tra¬
vailleurs, le plus grand nombre de citoyens.
Aux urnes à ce cri de ralliement :
Pour la viticulture!
Pour le travail !
Pour la République !
Edmond BARTISSOL,
Propriétaire-viticulteur, In génieur,
Ancien député.
Programme politique.
République résolument réformatrice;
Ni réaction, ni révolution ;
Respect de la propriété individuelle ;
Protection et développement du travail national;
Justice dans l’établissement de l’impôt;
Réduction des impôts;
Ordre et économie dans les finances;
Retraites ouvrières;
Réduction des frais de justice;
Service militaire de deux ans;
Réduction du fonctionnarisme;
Suppression des sinécures ;
Liberté de conscience. — Suprématie du Pouvoir civil;
Liberté de l’enseignement sous le contrôle de l’État;
Développement des institutions de prévoyance et de mutualité;
Paix sociale;
Union et concorde dans la République.
Programme viticole.
Libération du vin de toutes ses charges;
Plus d'entraves à la circulation ;
Abolition des derniers droits d’octroi sur le vin;
Répression impitoyable de la fraude;
N® U 62
V
— m —
Utilisation des employés delà Régie a la répression de la fraude sur le vin et itous les
produits alimentaires;
Organisation pratique du Crédit agricole;
Le vin aux soldats;
Réduction et unification des frais de transport pour le vin, les produits agricoles et les
engrais ;
Interprétation libérale de l’artiôle 10 de la loi de 1900 sur les bouilleurs de cru;
Monopole de l’alcool par l'État;
Suppression du privilège du sucrage de la vendange à prix réduit ;
Droits différentiels sur les alcools;
Défense d’exposer et de vendre des produits pouvant servir à la fabrication artificielle
du vin ou à sa falsification ;
Abaissement des droits de douane dans les pays étrangers, notamment en Russie;
Assimilation des vins généreux de la vallée de TÂgly aux yîqs de Banyuls pour les hôpi¬
taux militaires et la marine;
Organisation des trusts et formation de puissantes sociétés d’exportation*
Programme locaL
Construction de réservoirs et canaux d'arrosage;
Réservoir de Saint-Àrnac ;
Arrosage de la vallée de TAgîy;
Chemin de fer à voie normale de Rïvesaltes au Barcarès;
Darse du Barcarès;
Chemin de fer local de la Salanque;
Ouverture du grau Saint-Ange ;
Démolition des remparts de Perpignan,
Edmond BÀRT1SSOL.
2e circonscription de PERPIGNAN
M* BOURRAT
Élu au l4r tour de scrutin, — 6,14$ voix.
M* Bourrât n?a publié aucune profession de foi.
~ 662
Circonscription de PRADES
M, ESCANYÉ
Elu au 1er tour de scrutin. — 6.070 voix.
Chers Concitoyens,
Républicain dès l'âge de raison, par tradition et par sentiment; candidat de Popposi-
tion avant la chute de l'empire; désigné, après le Quatre-Septembre, pour faire partie de La
Commission municipale de Perpignan ; élu en 1871 au Conseil municipal de cette ville et
au Conseil général, j'ai eu l'honneur de tenir le drapeau de la République, aux élections
législatives de 1876, dans l'arrondissement de Prades, où feus à lutter contre le ministère
réactionnaire, présidé par M* Buffet.
Signataire du manifeste des 363, violemment combattu par le ministère de Broglie,
pendant la période du J 6 mai au 14 octobre 1877; deux fois réélu, mais vaincu ensuite au
scrutin de liste, par des amis politiques dont je n'étais séparé que par des nuances, je suis
rentré dans le rang. J'eus bientôt occasion de me prononcer comme simple citoyen et non
sans énergie contre le boulangisme, auquel avaient adhéré des républicains égarés.
En 1891, j'eus l’honneur de revenir à la Chambre dès Députés.
J'ai cru devoir rappeler en quelques mots ce passé un peu lointain, car le corps élec¬
toral se renouvelle et il est des citoyens trop jeunes pour avoir pu me connaître dans les
moments difficiles que la République a traversés.
L'expérience et le fonctionnement des institutions républicaines n'ont pu que me
fortifier dans mes convictions politiques; j'ai eu le plaisir de voir d anciens partisans des
régimes déchus se rallier successivement à nos institutions par des manifestations dont je
ne mets pas en doute la sincérité.
U serait imprudent cependant d'oublier que la République n'est pas unanimement
acceptée et qu'elle a encore des ennemis déclarés ou déguisés.
Un ministère de défense républicaine est devenu nécessaire. Un parti, en effet, s’est
formé, sous l’appellation vague de nationalisme. Nous l'avons vu exploiter àson profit ce
sentiment de dévouement à la patrie qui est commun à tous les Français, combattre sans
cesse notre régime de discussion pour tenter de nous ramener à un régime plébiscitaire
qui détruirait nos libertés et précipiterait la France dans les aventures extérieures où
l'Empire a sombré. Je suis l'adversaire de ce parti et de tous ceux qui songent à un retour
vers le passé. Mais, d'autre part, je considère la propriété individuelle comme un droit
sacré. Je suis fermement convaincu que, s'il existe au sein de la société des collectivités
nécessaires, comme la commune ou le département, le progrès, quelque indéfini qu’il soit,
ne peut nous mener un jour à l'application des théories collectivistes. L'éloquence a pu les
rendre séduisantes, mais le bon sens les réprouve.
Tous mes votes à la Chambre ont tendu à consolider la République, à écarter les dan¬
gers qui pouvaient menacer la tranquillité ptibîique, à rendre à la France le rang qui est
dû à son génie, au rôle civilisateur et souvent glorieux qu'elle a joué dans l'histoire, à
favoriser son expansion dans les pays extra- européens, sans compromettre la sécurité
extérieure, à doter notre pays de toutes les libertés que lui refusaient les régimes anté¬
rieurs : liberté de presse, liberté de réunion, ainsi que liberté d'association pour tous les
citoyens qui gardent leur individualité.
Je suis pour la suprématie du pouvoir civil et pour le principe de laïcité en matière
— GM — N° H 62
(l’enseignement. 11 n’y a rien là clans ma pensée cjui soit incompatible avec le respect dû
aux croyances et aux cultes.
le suis partisan résolu de toutes les réformes démocratiques; elles dérivent natu¬
rellement du régime électoral qui a été institue par la République de 1848. Le Suffrage
universel ne commande pas a ses élus de tout bouleverser, mais au contraire d'adopter
successivement, après discussion approfondie, toutes les lois qui sont conformes à la
justice sociale, trop longtemps méconnue par l’ensemble de notre législation.
Je n ai à désavouer aucun de mes votes; ils ne m'ont jamais été inspirés par un intérêt
personnel. Je puis d autant moins le faire que j’assiste à toutes les séances et que je vote
moi-même. D’ailleurs, un homme politique ne doit pas être jugé sur quelques points de
détail, mais sur l'ensemble de ses actes.
Je ne m’étendrai pas ici sur l'œuvre de cette dernière législature; elle a toujours été
orientée vers la réalisation des principes de liberté, d'égalité et de fraternité proclamés
pat la Révolution de 1789 et sous les auspices desquels la France républicaine triompha, en
1792 et 1793, des rois et des empereurs coalises contre elle*
La réalisation des programmes individuels est subordonnée à l'imprévu des événe¬
ments et à la composition de la Chambre à élire. Mais la législature nouvelle doit tenir à
honneur, après tant d'études et de projets vulgarisés par la presse, de ne pas différer
pins longtemps l'amélioration de notre système d'impôts* Elle aura pour devoir d’apporter
un soulagement notable à la situation de 1'agrîcuhure et de la viticulture, si durement
éprouvées, et de réduire les charges militaires qui pèsent d'un poids si lourd sur les babi-
tams des campagnes. Gomme Gambetta, je préférerai toujours la politique des résultats à
celle des manifestations.
ALje besoin de dire que je me suis occupé de toutes les questions concernant parti¬
culièrement l’arrondissement qui m'a donné mission de défendre ses intérêts? J’avais
énuméré les principales dans ma profession de foi de 189$* Tout mon temps a été consacré
a faire triompher les revendications légitimes de mes commettants* Je n’ai rien à me
reprocher à cet égard.
Ferme et inébranlable dans mes principes, j’ai toujours été très conciliant vis-à*yis
ks personnes. J ai toujours désiré l'union du parti républicain, en vue de hâter l'applica¬
tion de nos programmes démocratiques*
Réélu, je serai ce que fai été, l'homme du devoir, toujours préoccupé de raffermisse¬
ment de la République, de sa marche en avant, ainsi que de la prospérité et de la gran¬
deur de la patrie.
Vive ïa République!
F. ESCÂNYË,
Conseiller général, Député sortant.
— 664 —
RHIN (HAUT-)
[TERRITOIRE DE BELFORT]
M. Charles SCHNEIDER
Élu au tour de scrutin, — 9*516 voix*
Mes chers Concitoyens,
La concentra lion de tous les groupements républicains, de tous les hommes sincère¬
ment dévoués à la République, s?est faite sur mon nom.
Candidat désigné par l’ensemble du parti républicain, sans distinction de nuance,
j’aocepte à nouveau Lhonneur de porter le drapeau de la démocratie du territoire dans
l’élection du 27 avril prochain et je marche à la bataille avec confiance.
Vous me connaissez tous.
Mes idées sont les mêmes qu’en 1898, lorsque je sollicitais déjà vos suffrages, et c est
avec le même programme que je viens les solliciter encore.
Les protestations justifiées qu’a soulevées dans le pays l’augmentation de la conlribu-
tion personnelle-mobilière résultant de l’amendement Le Moigne, nous ont à tous donné
une salutaire leçon de choses et montré les inconvénients multiples de notre système
d’impôts dont la base incertaine et arbitraire se prête difficilement à des remaniements
équitables.
Seul Pirnpôt progressif sur le revenu, sans vexation ni inquisition pour les contre
buables, tenant compte des charges de famille et ne demandant à chacun que selou ses
facultés, permettra de répartir avec plus de justice les charges publiques. Ce sera le grand
dégrèvement des villages, de tous ceux qui vivent péniblement de leur travail. ^
Toujours dans le but de venir en aide aux masses laborieuses, et pour répondre au
besoin de justice sociale qui pénètre de plus en plus toutes les classes de la société, je
reste partisan convaincu de la création d’une caisse de retraites pour les travailleurs des
villes et des campagnes, avec le concours de l’État, sans lequel cette création n aurait pas
les effets attendus.
Mon concours est acquis tout entier et d’avance à tous les projets de loi raisonnés pou¬
vant améliorer le sort des ouvriers, dont je m’honore d’avoir toujours défendu les légitimes
revendications.
Je demande encore :
La réduction do service militaire à deux ans, avec suppression de toutes les i*
penses, la réduction des périodes de vingt-huit et treize jours par un meilleur emp oi
temps à des exercices pratiques;
Une justice plus rapide et moins coûteuse;
La diminution des droits d’enregistrement sur les ventes et échanges de la pet*16
propriété rurale;
— 665 — N° 1162
Le développement du crédit agricole et des assurances mises à la portée de tons;
L’organisation démocratique de chambres d’agriculture;
Toutes les mesures de nature à augmenter la prospérité du commerce, de Pindustrie,
de notre agriculture, si digne d’intérêt, trouveront en moi un défenseur convaincu et
persévérant.
Respectueux de toutes les croyances religieuses, je demande que la liberté du culte
continue à être assurée à tous, que nulle atteinte ne soit portée à la liberté de conscience,
lapins sacrée de toutes. Je n'admets point, par contre, que la religion serve d'instrument
politique et prétende avoir la suprématie sur la société civile.
Enfin, mes chers Concitoyens, je von s convie à une lutte énergique contre cette faction
nouvelle qui s’appelle le nationalisme et ne tend rien moins qu’à renverser la République*
four séduire les foules, elle exploite les sentiments de patriotisme et Je respect de l’armée
dont elle revendique audacieusement le monopole. Les conséquences fatales de son succès
seraient la guerre civile et la guerre étrangère*
Cf$st pourquoi je fais appel à tous les hommes d’ordre, à tous ceux qui veulent la
paix au dedans et au dehors, sans humiliation pour la dignité nationale, pour défendre
avec moi la République, seule capable d’assurer le progrès social et les destinées glo¬
rieuses de la Patrie dans le monde.
Le patriotisme n’est le monopole de personne et le nôtre ne saurait être suspect* Il
s’est affirmé aux heures douloureuses de 1870, dans toutes les circonstances de notre vie,
par nos actes municipaux, par les relations cordiales que nous avons toujours entretenues
avec les représentants de notre armée.
Oui, nous respectons et nous aimons l’armée et, si nous savons ce qu’elle doit au
Gouvernement républicain, nous n’oublions pas qu’elle est la gardienne de nos frontières,
de nos libertés, de la Constitution, et nous avons confiance en elle pour Paccom plissement
de ses devoirs envers la Patrie et la République*
Vive la France I
Vive la République démocratique!
Charles SCHNEIDER,
Maire de Belfort,
Président du Conseil général*
U
- 666 —
RHONE
lfe circonscription de LYON
M, de LANESSAN
Élu au 1er tour de scrutin* — 4,196 voix.
Mes chers Concitoyens,
Depuis que you$ m’avez confié l'honneur de vous représentera in Cbambro des Dé¬
putés, vous avez pu apprécier d'autant mieux ma fidélité k notre programme commua
qu’elle a subi depuis près de trois ans l'épreuve de l'exercice du pouvoir ministériel,
L’article capital du mandat que j'ai reçu de vous en 1898 me faisait un devoir de tra¬
vailler avant tout à la concentration des républicains pour la défense de la République, par
l'action démocratique et le progrès social.
C'est à cette concentration de tous les éléments démocratiques du paÿs,créBt à la défense
des institutions républicaines contre leurs séculaires ennemis, c'est au progrès politique,
économique et social de la France qu’a travaillé sans relâche, sans souci des haines et des
calomnies de ses multiples adversaires, le ministère dans lequel un homme d’État aussi
aimé qu'éminent m*a fait Phônneür de m'appeler.
Tandis que le ministère Waldeek-Rousseati rétablissait la tranquillité troublée parles
agitations des ennemis de la République et mettait nos institutions à l'abri de leurs me¬
nées, tandis qu'il accomplissait la réforme des boissons, celle des droits de succession,
celle du régime hypothécaire, celle de Pâmée coloniale et tant d'autres de moindre impor¬
tance, depuis longtemps réclamées par la démocratie, tandis qu’il consolidait les alliances
de la France et fortifiait ta paix en accroissant la valeur matérielle et morale de notre
armée et de notre pays, il posait devant le pays les deux plus grands problèmes qu'il
appartienne à notre temps de résoudre:
Dans le domaine social, le problème des retraites ouvrières, do ut la solution prochaine
assurera le bien-être des vieux travailleurs;
Dans le domaine politique, le problème dfjs rapports de TÉtat laïque avec l'Église et
les congrégations religieuses, vers la solution duquel un premier et grand pas a été fait par
la loi sur les associations du l*r juillet 1901 .
C'est dans cette œuvre poursuivie avec ténacité, h travers tous les obstacles; c'est dans
la confiance en l'avenir que cette œuvre a inspirée aux républicains; c'est dans le progrès
général des idées qui en est résulté, que se trouve la principale raison de ïa durée excep¬
tionnelle du ministère Waldeck-tfousseau, car le peuple est confiant quand le Gouverne¬
ment agit.
Comme Ministre de la Marine, je me suis efforcé d'accroître la puissance militaire de
notre flotte et d'améliorer, dans toute la mesure de mes pouvoirs, la situation morale et
matérielle du personnel placé sous mes ordres, en me préoccupant des petits. J'ai pria en
- -
N° H 62
— 667 —
lêmc temps les mesures nécessaires pour que partout, dans les arsenaux et sur la flotte
m respecte le Gouvernement de la République et la liberté des consciences.
Les témoignages répétés de reconnaissance qui m’ont été donnés par le personnel des
ifsensux et l’attitude do celui de la flotto me sont une preuve que mes sentiments ont été
(ompriset que l’action républicaine du Gouvernement a fait pénétrer son influence dans
tous les services du Département de la Marine.
A vous, me» cher* Concitoyens, de vous prononcer sur la manière dont j'ai rempli le
Blindât que vous m'avez confié en 1898.
Depuis près de vingt-cinq ans je me suis consacré tout entier au service de mon
«*■
Tour à tour député, gouverneur général de la plus importante de nos colonies pendant
la penode la plus difficile de son histoire, membre du Gouvernement dans une heure
lr#lêe, je n ai jamais reculé devant aucune des responsabilités qu’impose l’exercice du
jouvoir. A vous de dire si mes services passés me rendent digne de servir encore la France
iaRêpiibliqu ; et la démocratie.
de LANESSAN,
Ministre de la Marine,
Député sortant.
Mandat législatif
Le Comité central des républicains radicaux, le Comité radical, le Comité de l’Union
ch républicains radicaux, le Comité de défense républicaine,
Considérant :
1“ Que la République est l'instrument nécessaire à tous les progrès politiques et so
WBX et qu’il importe, par conséquent, de la défendre contre toutes les entreprises des
«B* partis qui, ouvertement ou hypocritement, cherchent à s’eu rendre les malères'
Que, sans abandonner aucune des réformes de leur programme, les républicains
« la devoir de s’attacher à la réalisation de celles qui sont les plus urgentes et qui peu-
MUboutir à la création d’un ordre social dont la justice et la solidarité sont le fonde-
I^r 1' arrivçr> il im^rte d’a™r la iibertédans les lois, la stabilité et l’au-
nc dans le Gouvernement, tout en émancipant moralement et matériellement la classe des
"tailleurs, au profit de laquelle surtout doivent se faire les réformes
|MîpeQt au candidat, pour être accepté et signé par lui, avec engagement d’hou-
de travailler de toutes ses forces à sa réalisation, le mandat législatif suivant :
Abticie pufmieh. Poursuivre la décentralisation administrative par l’extension dos
2^ des Conseils généraux et le développement des franchises iupiS” S
htlfs mesures proposées n’auront rien de contraire aux intérêts général du pays o
t Moitié ii de l’unité nationale. Assurer à la ville de Lyon, pour sa représentation au
■Uu Conseil général, un nombre de conseillers proportionnel à celui de ses habi-
1,01-8 du territojr0 de Ia République, les membres des familles
ir veSw' p 3 l|rSBW| B’°PP?er à t0Ute a“iniEtie P°Ur les conda‘«nés de la Haute
L veiller a 1 expulsion de tous les membres étranger* des cou grôga lions non autorisées.
Aht.3. - Réduire à deux ans la durée du service münaire avec la suppression de
— 668 —
toutes les dispenses qui n’auraient pas pour cause une infirmité physique. N’admettre daai
les services auxiliaires que les hommes absolument incapables de faire un service actif.
Concilier, dans la mesure du possible, cette réduction du service avec les nécessités de li
défense nationale, en créant notamment des écoles de sous-officier? et en autorisant les
rengagements. Réduire les périodes d’exercices. Supprimer les conseils de guerre en temps
de paix, et en attendant la réalisation de cette masure, voter la modification du Code de
justice militaire pour en mettre les pénalités en harmonie avec les progrès de la civili¬
sation.
Art. h ■ — Réduire les dépenses publiques en réalisant toutes les économies campa-
tibles avec la dignité et la sécurité du pays. Réformer l’assiette de l’impôt de façon que les
contributions publiques se trouvent également réparties entre tous les citoyens en raison
de leurs facultés. Diminuer tous les impôts qui constituent une entrave au commerce. Mo¬
dérer les contributions d’après les charges de famille et les augmenter d après les indices
de luxe. Réduire les dépenses exagérées de toutes les administrations. Faire faire la révision
du cadastre par les communes. Eviter l'emploi des douzièmes provisoires; voter, en consé¬
quence, le budget avant le 31 décembre de chaque année; ne proposer aucune augmenta¬
tion de dépenses sans signaler en même temps la ressource qui servira à y faire face. Sup¬
primer les sinécures. Réduire le fonctionnarisme dans la plus large mesure possible, notam¬
ment par la diminution des gros traitements ; rechercher les moyens d’assurer la retraite
des fonctionnaires de tous ordres par une entente de l’État, des départements ou des com¬
munes, avec les sociétés de prévoyance.
Dès à présent, s’opposer à l’emploi, dans les services publics rétribués, des retraités
civils ou militaires. Proposer enfin que tout fonctionnaire, soit en activité, soit même en re¬
traite, au cas où il serait élu à une fonction rétribuée, ne puisse toucher que les émolu¬
ments attachés à ladite fonction élective, son droit à la retraite étant provisoirement sup-
primé.
Art, 5, — Voter les mesures propres à mettre en valeur la domaine colonial de la
France. Favoriser Fémigration et les entreprises françaises aux colonies. Accorder km
dernières une plus grande indépendance administrative et financière, et augmenter leur res*
ponsabilité en mettant, autant que possible, à leur charge, les dépenses nécessaires m
travaux publics*
Art. 6. — Poursuivre la laïcisation des services publics* Activer la séparation des
Églises et de FÉtat* Voter l’abrogation de la loi Falloux,
Art . 7* — Diminuer les frais de justice. Étendre la compétence des juges de pais et
modifier le recrutement de ces magistrats. Étendre la compétence de la juridiction
prud’hommes et organiser, dans ces tribunaux, des sections particulières pour trancher des
conflits individuels entre patrons et employés.
Art, 8. — Créer, dans tous les ordres d’enseignement, des sections commercial&s, in*
dustrielles et agricoles. Assurer la gratuite de renseignement secondaire aux enfants du
peuple reconnus, après concours, aptes à en profiter* Rendre accessible aux mêmes en¬
fants l’accès des hautes études. Maintenir, avec les sanctions actuelles, la loi sur les
ciations et notamment l’article H, suivant lequel : « Nul n’est admis à diriger, soit directe;
ment, soit par personne interposée, un établissement d’enseignement, de quelque ordre
qu’il soit, ni à y donner Renseignement s’il appartient à une congrégation non autorisée»!
Exiger de tous les maîtres d'écoles privées les titres nécessaires pour les écoles publique,
et donner en même temps à l’État un droit de contrôle sur Renseignement des écoles
vées. Prendre des mesures pour que l'instruction des enfants des fonctionnaires de tocs
ordres soit donnée par les établissements de l’État.
Art. 9, — Poursuivre ia réforme des syndicats professionnels et, dans ce but, d^
— 669 —
H62
part, augmenter la capacité (les syndicats, soit en ce qui concerne îe droit de posséder,
soit en ce qui concerne le droit de faire le commerce; d'autre part, assurer des sanctions
plus énergiques à la loi sur les syndicats.
Art. io. — S'inspirer de la liberté des échanges et des intérêts généraux du commerce,
de l'industrie et de 1 7 agriculture dans les traités internationaux, les tarifs de douanes et les
tarifs de chemins de fer. Veiller à ce que ces intérêts généraux ne soient jamais sacrifiés à
ceux d'une province ou d’une industrie particulière. Éviter que des droits puissent être ap¬
pliqués à une industrie par voie budgétaire sans avoir, au préalable, été étudiés par des
Commissions compétentes. Dans la conclusion des traités de commerce, sauvegarder enfin,
d'une façon efficace, les intérêts de l’industrie lyonnaise de la soierie.
Art. 11. — Poursuivre le développement môthoüque de la législation ouvrière. Favo¬
riser toutes les institutions destinées à améliorer la condition juridique et morale des
travailleurs des deux sexes. Subventionner les sociétés de secours mutuels et de retraites,
envisagées comme le moyen le meilleur et le plus pacifique de résoudre les problèmes so¬
ciaux, Encourager les institutions qui ont pour but de porter remède à la situation précaire
des travailleurs et celles notamment qui se proposent de mettre les salariés à l’abri des
risques de maladies, d’accidents, d’invalidité ou de vieillesse et de chômage involontaire.
Poursuivre l’élaboration du projet Mülerand concernant la création des caisses de retraite
pour les vieux travailleurs, en se conformant le plus possible aux desiderata des syndicats
professionnels. Créer et encourager des orphelinats laïques et des sociétés protectrices de
l’enfance*
Art. 12. — Maintenir, pour la Chambre des Députés, le mandat de quatre ans et le re-
□ouvellement intégral Rechercher le moyen, compatible avec la dignité et l’exercice de son
mandat, d’obliger le député de voter par lui-même et non par procuration. Modifier, tant au
point de vue de l’initiative parlementaire que de la pratique des interpellations, le règle¬
ment des Chambres* Donner à la ville de Lyon, pour les élections des sénateurs, uu nombre
de délégués proportionnel avec le chiffre de sa population.
Art, 13. — S’inspirer dans toutes les circonstances difficiles, des sentiments des élec¬
teurs réunis en comité de circonscription.
2e circonscription de LYON
M, GOURD
Élu au lor tour de scrutin. — 5472 voix.
L’Union des comités des républicains libéraux, des républicains progressistes et des
républicains ouvriers du 2e arrondissement adresse aux électeurs la circulaire suivante ;
Électeurs,
Vous savez qui nous sommes.
Vous connaissez déjà notre programme-
Nous repoussons les innovations dangereuses que demande ou désire la coalition radi¬
cale-socialiste.
Nous sommes :
Contre la séparation de l’Église et de l’Êtât ;
Contre toute aiteinte à la liberté du travail et à la propriété individuelle ;
Contre le développement des monopoles et, eo particulier, contre le monopole de l’al-
cool et le rachaL des chemins de Fer par l’État ;
Contre l’impôt global et progressif sur le revenu,
Kous voulons ;
Le rélablïîfSemeRtj à tout prix, de l'équilibre budgélairè'et, au besoin, pour l’obtenir,
soit la plus étroite limitation, soit môme la suppression du droit d’initiative parlementaire
en matière de dépenses ;
Le plus large développement de PiûMnjotion publique sous toutes ses formes ;
Le respect absolu de ia liberté de conscience, garantie par la Déclaration des Droils de
l’homme et du citoyen (art, 10):
L’égalité devant la loi promise par elle à tous les citoyens {art, 6) ;
L1 admissibilité de tous les citoyens « à toutes les dignités, places et emplois publics,
selon leurs capacités, et sans autre distinction que celle de leurs venus et de leurs talents «
(même Déclaration, arL 6):
Une j uste indépendance des fonctionnaires, desquels l’Êtat ne doit pas exiger autre chose
que la dignité de la vie privée. Je respect de la Constitution et des lois, l’accomplissement
de leurs obligations professionnelles ;
La liberté d’association ;
La liberté d’enseignement;
L'allégement des charges militaires par la réduction de la durée du service, dans la
mesure où il sera possible de l’obtenir sans affaiblir l'armée ni compromettre la sécurité du
pays ;
L’année soustraite à l’action des partis ;
La participation de l’État dans la suppression des octrois i
L’amélioration de la condition des travailleurs :
Par les progrès incessants dans les lois et règlements sur Phygiène et l’assistance
publiques ;
Par l’allégement des charges qui pèsent sur le petit commerce, si éprouvé à cette
heure ;
Par l’extension aux employés de commerce, autant que Panalogîe des situations le
comportera, des lois faites pour rendre meilleure la condition des ouvtiers;
Par le développement de toutes les institutions d’assistance mutuelle, de prévoyance et
d’épargne ;
Par une liberté plus grande laissée aux Caisses d'épargne de disposer des revenus de
leur fortune personnelle, pour aider au développement des institutions d assistance mutuelle
et d’intérêt social;
Par l'élaboration d’une loi sur les retraites ouvrières qui fasse de préférence appel aux
efforts de la mutualité, encouragés et complétés par les subventions de l’État;
Par la recherche constante de îa répartition la plus équitable des impôts, aussi bien
des taxes de remplacementdes droits d’octroi que de tous les autres impôts sans exception ;
Un gouvernement qui, aussi résolument libéral que sagement réformateur, s’applique
à assurer au pays, l’apaisement, la concorde, l’ordre, le progrès dans la liberté.
Électeurs,
Vous ne vous laisserez pas égarer par les déclarations d’une modération calculée que
fait entendre et que répand un de nos adversaires, M. Clapet, et que démentent tous les
actes de sa vie publique*
Vous ne vous laisserez pas tromper par le Changement de front d’un autre, M. Afïre,
qui, après avoir été socialiste-révolutionnaire, puis simple socialiste, invoque aujourd'hui
— 071 — N° 1102
l’Action Républicaine (parti radical et radical-socialiste), parmi les chefs de laquelle figurent
d'ailleurs MM. Brisson, Pelletan et Hubbard,
Vous ne vous méprendrez pas sur ïa tactique des comités radicaux, radicaux-socialistes
et socialistes de l'arrondissement.
Ils étaient unis sur les noms de candidats communs, aux élections pour le conseil
d’arrondissement en 1895, 1896 et 1901, pour le conseil général en 1895, 1898 et 1901,
pour le conseil municipal en 1900, pour la Chambre en 1898.
Ils ne se divisant qu’en apparence aujourd’hui. Ils ne vous présentent plusieurs
candidats que pour essayer de rendre un ballottage nécessaire, fermement résolus dés main¬
tenant à concentrer, le cas échéant, tous leurs elTorts sur un seul nom, au second tour.
M. Affre, aujourd’hui i’un des concurrents apparents de M. Clapot, signait, pour soute¬
nir M, Clapot, à l’élection iégislaiive de 1898, des affiches au nom de l’Alliance socialiste
du 2e arrondissement.
M- Affre lui-même était, à l’élection pour le conseil général de 1894, le candidat de la
concentration des forces socialistes du 2e arrondissement, qui patronne aujourd’tiu
M. Arnaud, un autre des concurrents apparents de M. Ciapot.
Qui trompe-t-on?
Pour qui vous prend-on î
Vous avez, en réalité, devant vous, dans MM, Ciapot, Affre et Arnaud, et dans les comités
dont ils sont les candidats, la vieille concentration radicale-socialiste du 2® arrondissement,
qui, après avoir toujours soutenu les ministères les plug avancés, soutient de toutes ses
forces le ministère actuel.
Vous venez de la battre douze fois, sans interruption, en liu't ans :
Deux fois pour la députation ;
Deux fois pour !e conseil municipal ;
Quatre fois pour le conseil généra! ;
Cinq fois pour le conseil d’arrondissement.
Vous ne voudrez pas vous déjuger. ’
Vous la battrez de nouveau, au scrutin du 27 avril.
Electeurs,
Nous présentons à vus suffrages celui des nôtres que les électeurs du premier canton
ont trois fois de suite élu ru cons ul général ; qui depuis quatre ans représente notre arron¬
dissement au Parlement; qui, au Parlement comme au Conseil général, a fidèlement rempli
Jon inün lat avec une assiduité et un talent incontestés; dont les discours, comme les votes,
oui constamment défendu notre, programme ; et dont la courtoisie, l’urbanité et la probité
politique soûl reconnues même par nos adversaires:
Alphonse GOURD,
Docteur en droit, avocat k la cour d’appel, membre du
conseil de la Caisse d’épargne et de prévoyance
du Rhône, délégué cantonal, conseiller général
du premier canton de Lyon, Député sortant.
Vive la République I
— 672 —
3° circonscription de LYON
M. BRUNARD
Élu au 2° tour de scutin. — 6.56îi voix.
Citoyens,
Les élections générales auxquelles, dimanche prochain, 27 avril, vous allez prendre
part auront sur la politique du pays une influence considérable.
On peut juger de l’importance de celte consultation du suffrage universel par l’ardeur
que, de tous côtés, les ennemis plus ou moins masqués de nos institutions déploient pour
capter la confiance des électeurs.
Certes, la République est inébranlable et, tous, aujourd’hui, doivent s incliner devant
sa loi souveraine. Mais les rétrogrades habiles ne le fout qu’avec l’arrière-pensée, si jamais
ils étaient les plus forls, de s’emparer du gouvernement pour en fausser les rouages et en
dénaturer le principe. ,
Vous saurez déjouer ces manœuvres, conjurer ce danger, en écartant résolument des
urnes leurs candidatures suspectes, pour porter votre choix sur le candidat que vous pré¬
sente le comité de l’Union des républicains radicaux et socialistes du 3e arrondissement, le
citoyen J. BRUNARD, ex-entrepreneur de serrurerie, ex-conseiller prud'homme.
Depuis de longues années, vous lui avez accordé votre confiance en l’envoyant siéger
d’abord au conseil d’arrondissement, puis au conseil inunisipal.
Adjoint au maire de Lyon au 3e arrondissement, il a su, par ses convictions démocra¬
tiques autant que par ses sentiments de philanthropie, se concilier toutes les sympathies.
Loin de Tenier son humble origine, il la revendique avec orgueil, car il est le fils de ses
œuvres et ne doit rien qu’à son travail, son énergie et sa persévérance intelligente.
Aujourd’hui, l’opinion publique lui décerne la récompense de toute une vie d’honneur
en le désignant pour représenter à la Chambre des Députés, aux côtés des Brisson, des Léon
Bourgeois, continuateurs du grand patriote Gambetta, l’active et républicaine population de
la troisième circonscription du Rhône.
Nous vous demandons de ratifier cette désignation en votant tous pour ce démocrate
sincère, resté toujours fidèle à ses engagements, et qui accepte dans toute sa teneur le pro¬
gramme du parti radical et radical-socialiste consacré par le congrès tenu à Paris en
juin 1901 et dont voici les grandes lignes :
Respect de la liberté de conscience, mais résistance énergique aux empiétements du
cléricalisme; respect absolu de la propriété individuelle et accession a cette propriété du
plus grand nombre; assistance et solidarité sociales largement pratiquées en faveur des
vieillards, des femmes et des enfants ; protection des petits commerçants et des petits pro¬
priétaires contre la féodalité financière; impôt général sur le revenu, sans inquisition ni
taxation arbitraire; service militaire de deux ans; retraites ouvrières, abrogation de la loi
Falloux, , . _ . , , .
C3est ce programme, dont la réalisation, source d’amélioration sociale, développera la
prospérité intérieure et extérieure du pays, que le candidat que nous vous présentons s’ap¬
pliquera à défendre avec fidélité et loyauté. Il saura de même prendre énergiquement en mains
les intérêts du quartier et s’engage à rester en relations fréquentes avec ses électeurs.
— m -
N® H 62
Citoyens,
L’ardeur avec laquelle se poursuit la lune électorale est une preuve de cette vitalité
poétique qu’on ne rencontre que chez les peuples libres. Elle ne serait à regretter que si,
pjr une impardonnable faute de tactique, nous ne savions rester unis pour faire face à la
coalition c’êricale que nous avons à vaincre.
Cette faute, vous ne la commettrez pas. Dans votre bon sens éclairé, dans votre sincé¬
rité républicaine, vous éviterez le piège grossier du nationalisme, ce parti hybride, qui,
pour atteindre son but et satisfaire ses ra cunes, ne craint pas de s’allier aux pires ennemis
de la République.
Aux urnes! Pas d'abst niions ! Votez tous pour le citoyen
J. BRUNARD,
Ex-entrepreneur de serrurerie, Président
du Denier des écoles de la Guillo-
tière, Adjoint au maire de Lyon,
Conseiller d’arrondissement de la
Guiilotière.
Vive la République démocratique et sociale!
(Suivent les signatures.)
4n circonscription de LYON
M. CAZENEUVE
Élu au 2e tour de scrutin. — 5.220 voix.
Comité de l’Union des républicaiks radicaux et radicaux-socialistes du 3e Arrondissement.
Citoyens,
Di hanche 27 avril, vous ôtes appelés à élire voire représentant à la Chambre des
D putés. Le comité de l’Union des républicains radicaux et radicaux-socialistes du 3e arron¬
dissement pfésen e à vos suffrages, dans la circonscription, le citoyen docteur P. Caze-
n uve, professeur à la Faculté de médecine, pré-ident du Conseil généi.al.
A deux reprises et à une grosse majorité, vous avez nommé le citoyen docteur
P. Cazeneuve conseiller général de ta Guiilotière. Depuis huit ans qu’il est investi de ce
mandat, il en a rempli les devoirs avec un dévouement connu de tous. Ses collègues,
appréciant sa fermeté républicaine autant que ses qualités de caractère, luiontconfié quatre
ans de sui e la vice-présidence de l’ Assemblée départementale et 1 ont élevé à la présidence
à la session d’août dernière.
Aujourd’hui, l’opinion publque le désigne pour re.rêsenter à la Chambre des Députés
celle population républicaine de la circonscription.
Votre devoir e t tout tracé t
Vous voterez tous pour le démocrate sincère qui n’a jamais failli à ses engagements et
qui accepte dans toute sa teneur le programme radical et radical-so -ialiste consacré par le
congrès parisien de juin 1901.
Si vous lui accordez vos sulïrages, il ira siéger aux côtés des Brisso i, des Léon Bour-
P5
— 674 —
geoîs, de tous ces vaillants républicains, héritiers des grandes idées de Gambetta, qui
consacrent leur vie si laborieuse aux améliorations sociales de notre pays et h 3a consolida¬
tion de sa force intérieure et extérieure*
Le respect de la liberté de confidence compatible avec la lutte infatigable contre le
cléricalisme* le respect absolu de la propriété individuelle et l’accession à cette propriété
du plus grand nombre, l’assistance et la solidarité sociale largement pratiquées en faveur
des vieillards, des femmes et des enfants; la protection des petits commerçants et des petits
propriétaires contre la féodalité financière, l’impôt général sur le revenu sans inquisition ni
taxation arbitraire, le service militaire de deux ans; les retraites ouvrières, l’abrogation de
la loi Falïoux :
Telles sont les grandes lignes du programme politique qu’il saura défendre à la tribune
de la Chambre, avec son intelligence et son cœur*
Le candidat restera en relations fréquentes avec ses électeurs et leur promet de
prendre en main les intérêts du quartier avec la plus grande énergie*
Citoyens,
Unissez-vous contre tous les partis de droite qui s’affublent mensongèrement du nom
de républicains; marchez contre la coalition cléricale, contre ce parti de factieux qui, sous
le nom de nationalisme* cherche à tromper le pays en prétendant au monopole du patrio¬
tisme, qui s’insurge contre les lois et veut renverser la République*
Aux urnes 1 pas d’abstentions ! Votez tou^ pour le citoyen
W CAZENEUVE
Professeur à la Faculté de médecine, président du comice agricole de Villeurbanne,
président de la Société de patronage des enfants pauvres de la ville de Lyon,
président du Conseil général du Rhône, Conseiller général de la Guiilotière*
Vive la République démocratique et sociale !
(Suivent les signatures.)
5e circonscription de LYON
M* KRÀÜSS
Élu au i'r tour de scrutin* — 3*790 voix.
Comité de l’union des travailleurs socialistes du If arrondissement*
Aux Électeurs de la 5fl circonscription*
Citoyens,
Le comité de l’union des travailleurs socialistes présente à vos suffrages, pour le scru¬
tin du 27 avril, le citoyen Ph. Krauss, député sortant*
Nous n’avons pas à justifier longuement ce choix*
Durant les quatre années législatives qui viennent de s’écouler, le citoyen Krauss s’est
attaché à réaliser les divers points du programme qu'il avait accepté, et tous les votes qu’il
a émis sont tous conformes au mandat qu’il avait reçu de vous*
_ 67S — N' iièâ
N’ayant pas failli à ses engagements, il ne doit pas avoir démérité de votre
coniiance. .
Mais à côté de la personnalité elle-même du candidat, il est bon d’indiquer d une
façun très précise le caractère de la bataille électorale.
Les élections législatives revêtent cette année une importance exceptionnelle.
Toutes les réactions coalisées, dissimulées derrière une étiquette mensongère et trom¬
peuse, livrent un assaut formidable à la forme même des institutions républicaines 'que la
France s’est librement données.
Ce sont toutes les forces du passé, de ce passé d’obscurantisme et d’asservissement,
qui se dressent devant l’idée républicaine et socialiste, pour barrer la route au progrès,
pour empêcher le triomphe définitif de la démocratie dans la république sociale.
Le parti socialiste, qui n’a cessé d’être à l’avant-garde du parti républicain, tient à
honneur d’être au premier rang dans la bataille, avec son drapeau largement déployé, avec
son programme nettement affirmé.
Il veut que, non seulement les électeurs se prononcent entre la République et la
réaction, mais il veut également que les électeurs affirment leurs désirs de réformes poli¬
tiques et économiques.
Si, durant ces deux dernières années, il a été réalisé quelque chose dans le domaine
légistatif, combien reste-t-il à réaliser pour que les travailleurs aient le produit intégral de
leur travail, pour que les petits commerçants soient soustraits à l’âpre concurrencé des
grands bazars et des grands magasins, pour que tous, enfin, aient légitimement leur part
de liberté politique, d’égalité et de justice sociale.
C’est là la raison même du programme de réformes immédiates réclamées par le Parti
socialiste, qui montre ainsi qu’il n’est pas partisan de la politique du toutou rien.
Il laut également que les électeurs affirment leur foi socialiste.
Notre parti a indiqué, dans une formule simple, son but, son action, ses moyens,
quand, dans ses différents congrès, il synthétisait ainsi sa doctrine :
« Entente internationale des travailleurs ; organisation politique et économique des
travailleurs en parti de classe, pour la conquête des pouvoirs et la socialisation des moyens
de production et d’échange, c’est-à-dire la transformation de la société capitaliste en une
société collectiviste ou communiste. «
C’est cette affirmation de votre idéal socialiste, c’est aussi cette affirmation de votre foi
républicaine que nous vous demandons de faire en votant le 27 avril pour le citoyen
Pli. Krauss.
Citoyens,
Royalistes, bonapartistes, libéraux, soi-disant progressistes, méfinistes, tous les débris
dé ces partis de réaction, rangés sous la bannière du nationalisme, vont à la lutte, forts de
l’argent que les duchesses de la Pairie française ont ramassé, escomptant nous ne savons
quelle lâcheté des consciences, quelle veulerie des électeurs.
Ils traitent notre pays comme si déjà il était leur.
Mais ils ont compté sans le bon sens du corps électoral, fet ils ont surtout compté sans
Rattachement des électeurs croix-roussiens à la République
Vous ferez bonne justice de toute la coaiïiion réabiionnaire, et vous ferez triompher là
politique de progrès et de réformes, la République sÜciale, en taisant sortir des urnes, à
une grande majorité* le nom du citoyen
b PU. KRAUSS,
Député sortant,
Candidat républicain socialiste.
Le Comilè :
(Suivent les signatures.)
Programme de réformes»
Le Parti socialiste, repoussant la politique du tout ou rien, a un programme de réfumes
dont il poursuit dès ujaintenant la réalisation.
h — Démocratisation des pouvoirs politiques.
1° Suffrage universel direct, sans distinction ’e sexe, et dans toutes les élections,
2° Réduction du temps de résidence.
Scrutin de liste avec représemaiion proportionnelle dans toutes les élections,
3° Mesures législatives pour assurer ïa liberté et le secret -u vote,
4° Droit d'initiative popufaire de ;eferendum.
5° Suppression du Sénat et de la Présidence de la République, Les attributions actuelles
du Président de la République et du Conseil des Minores seront dévolues à un conseil
exécutif, nommé par le Parlement*
6° Réglementation par la loi du mandat législatif, révocable par un vote de la moitié
plus un des électeurs inscrits,
7° Admission des femmes à toutes les fonctions publiques,
8° Liberté absolue de la presse et de réunion, sous îa seule garantie du droit commun.
— Abrogation de toutes les lois d'exception sur la presse* — Liberté des as ocia ions
civiles.
9° Pleine autonomie administrative de s départements et des c m mimes, sous la seule
ré-erve des lois garantissant le caractère républicain, démocratique et laïque de l'État.
JL — Laïcisation complète de l’État.
Séparation des Eglises et de l’État ; suppression du budget dis cultes ; interdiction
de l'action politique et collective des Églises contre les lois civiles et les libertés répu¬
blicaines,
2° Suppression des congrégations ; nationalisation des biens de mai- morte de toute
nature leur appartenant, et affectation de ces biens à des œuvres d’assurance et de solida¬
rité sociales ; en attendant, interdiction aux congrégations de touie entreprise industrielle,
agricole et commerciale. .
III. — Organisation démocratique et humaine de la justice,
1° Substitution à tous les tribunaux actuels, civils- ou criminels, de tribunaux formés
par un jun pris sur la liste électorale et par d< s juges élus sous dis garanties de compé¬
tence ; le jury sera formé par voie du tirage au sort sur des listes dressées par le suffrage
universel*
2° Gratuité de la justice; transformation en fonctions publiques des offices ministériels.
Suppression du privilège des avocats,
3° Instruction et expertise contradictoires à tous les degrés et sur tous les points*
4° Substitution, au caractère de représailles et de vindicte des pénalitésaotudles, d'un
système de préservation et d’amendement du condamné»
5° Abolition de îa peine de mort.
6* Suppression des tribunaux militaires et maritimes.
iV. — Constitution de ta famille conformément aux droits individuels.
Abrogation de toutes les lois qui étüblisseni l'infériorité civil ^ des re mires et des
enfants naturels ou adultérins*
- 677 — N' 1182
2“ Législation plus libérale du divorce Loi sur la recherche de la paternité.
V. — Éducation humaine, civique et professionnelle.
r Gratuité de l’enseignement à tous les degrés.
2° Entretien des enfants à la charge des collectivités, pour le premier degré de rensei¬
gnement.
3" Pour l'enseignement secondaire et supérieur, mise à la charge de la collectivité
de ceux des enfants qui, après examen, seront reconnus aptes à poursuivre utilement leurs
Éludes.
4“ Création d’un enseignement populaire sui érieur.
5" Monopole de l’enseignement aux trois degrés par l’État; subsidiairement, inter¬
diction à tout membre du clergé régulier et séculier d'ouvrir une é oie et d’y enseigner.
\1. — Refonte générale du système d'impôts dans un sens
de solidarité sociale.
1* Abolition de tous les impôts sur les objets de consommation de première nécessité,
et des quatre contributions directes;; subsidiairement, dégrèvement de toutes les petites
cotes foncières et des petites patentes.
2" Impôt global progressif et personnel sur les revenus supérieurs à 3.000 francs.
3° Impôt progressif sur les successions, la progressivité étant calculée à la fois sur le
chiffre de la succession et sur l’éloignement du degré de parenté.
4° faculté pour l’État de demander à certains monopoles une part des ressources qui
lui sent nécessaires.
VII. — Protection et réglementation légale du travail dans l'industrie,
le commerce et l'agriculture.
1” Repos d’un jour par semaine, ou interdiction des employeurs de faire travailler plus
de six jours sur sept.
2* Limitation de la journée de travail à huit heures; subsidiairement, vote de leu te
disposition diminuant la durée de la journée de travail.
3° Interdiction de faire travailler les enfants âgés de moins de quatorze ans ; système
ds la demi-journée de travail pour les ad' descents, et combinaison du travail productif
avec l’instruction et l’éducation des adolescents.
f Interdiction du travail de nuit pour les femmes et les adolesc nts. Interdiction du
travail de nuit pour les ouvriers adultes de toutes les catégories, et dans toutes les industries
ou le travail do nuit n’est pas absolument nécessaire.
5° Législation protectrice du travail à domicile.
6° Interdiction du marchandage et du payement en nature (économat). Reconnaissance
logale de la mise à l’iudex.
F,xat'on, par l’accord des municipalités et des corporations ouvrières de l’industrie,
u commerce et de 1 agriculture, de séries de prix constituant !è salaire minimum.
8 Intercliciioa aux patrons de toute réduction de salaire, sous' forme d'amende ou
autrerr ent- Intervention des omriers dans les régi ments spéciaux d’ateliers.
9“ La surveillance des ateliers, fabriques, usines, mines, chantiers, services publics,
magasins, etc., concernant les conditions du travail, d’hygiène et de sécurité, sera exercée,
concurremment avec les inspecteurs de l’État, par des inspecteurs élus par les syndicats
ouvriers,
iO" Extension de la prud’homie à tous les salariés de l’industrie, du commerce et de
Agriculture.
M1’ Mise en régie du travail des condamnés. Le prix de travail effectué sera le prix
wtnalement payé .aux ouvriers syndiqués.
— 678 —
" : 1 2° Repos légal des femmes, six semaines avant et six semaines après l’accouchement,
Vi il — Assurance sociale contre Ions les risques naturels et économiques.
1° Organisation par la nation d’un système d’assurance sociale s’appliquant à la totalité
des travailleurs de l’industrie, du commerce, de l’agriculture contre les risques de maladie,
d’accident, d’invalidité, de vieillesse et de chômage.
2° Constitution du fonds d’assurance sans prélèvement sur les salaires; subsidiaire¬
ment, limitation du prélèvement opéré sur les salariés au tiers de la contribution totale, les
deux autres tiers devant être fournis par l’État et les employeurs.
3° Amélioration de la loi sur les accidents du travail et son application sans distinction
de nationalité.
4° Participation des travailleurs au contrôle et au fonctionnement du service d’assu¬
rance,
]X. — Extension du domaine et des services publics industriels et agricoles
de l’État, du département et des communes.
{o nationalisation des chemins de fer, des mines, de la Banque de France, des assu¬
rances, de raffineries de sucre et des sucreries, de l’alcool, de la grande meunerie,
2o’ Organisation d’un service public de placement pour les travailleurs, avec concours
des bourses du travail et des organisations ouvrières, et suppression des bureaux privés,
3° Organisation par l’État d’un crédit agricole.
4° Subventions aux communes rurales pour les aider à acheter l’outillage agricole
collectif, à acquérir des domaines communaux gérés sous le contrôle des communes par des
syndicats de travailleurs ruraux, et à créer des magasins de dépôt et des warrants.
5“ Organisation des services communaux de F éclairage, 'de l’eau, des transports tn
commun, de construction et de régie d’habitations à bon marché.
6“ Administration démocratique des services publics nationaux et communaux, avec
participation des organisations ouvrières à leur fonctionnement et à leur contrôle, aveedroit
de se syndiquer à tous ies salariés de tous les seivtces publics,
T Service national et communal d’hygiène et renforcement des lois qui protègent la
santé publique ; logements insalubres, etc.
X. — Politique de paix internationale et adaptation de V organisme
militaire à la défense du pays.
1° Substitution des milices à l’armée permanente et adoption de toutes les mesures,
homme les réductions du service militaire, qui y conduisent.
2" Refonte et adoucissement du code pénal militaire; suppression des corps discipli¬
naires, et interdiction do prolonger le service militaire en guise de pénalité.
3° Renonciation à toute guerre offensive sous quelque prétexte que ce soit.
4» Renonciation à toute alliance qui n’aurait pas pour objet exclusif le maintien de
P 5° Renonciation aux expéditions militaires, coloniales; et, dans les colonies actuelles
ou pays de protectorat, soustraits à l’influence des missionnaires et au régime militaire,
développement d’institutions protectrices des indigènes.
— 879
N® \m
Concentration de défense républicaine.
[Comité de l’Union des Travailleurs socialistes du ^arrondissement, Comité radical-socialiste
du k° arrondissement,)
Kotre programme d’intérêts locaux ;
Électeurs,
Le citoyen Ph. Krauss, que nous représentons à vos suffrages, a, dans les questions
locales comme dans les questions d’intérêt général, toujours -eu le plus grand souci des
intérêts de notre arrondissement, et il n’a cessé d’apporter la plus grande activité et le plus
complet dévouement à la réalisation des questions qui intéressent particulièrement la labo-
rieuse population de la Croix-Rousse,
C’est ainsi qu’en ce qui concerne :
Les droits do 7 fr. 50 sur les soieries pures de provenance étrangère, il est intervenu à
la tribune de la Chambre; sa profonde connaissance de la question est un sûr garant pour
lestisseurs que, lors de la révision des tarifs douaniers en 1903, il saura être le défenseur
résolu de leurs intérêts.
li--
En ce qui concerne :
fr
La diminution des patentes des petits commerçants, le citoyen Krauss a voté la propo-
siiion faite en ce sens par le citoyen Vivian!, le 28 mars 1902. Sa qualité d’ancien commer-
Çant lui permet de connaître la situation déplorable faite au petit commerce au point de
me des patentes, et les petits commerçants peuvent être persuadés que le citoyen Krauss
fera tous ses efforts pour faire aboutir leurs justes revendications.
Pour ce qui a rapport :
Au tramway de Perrache à la Croix-Rousse, à la suppression du passage à niveau du
boulevard de la Croix-Rousse, à l’agrandissement et à la réfection de la gare de la Croix-
Bousse, le citoyen Krauss n’a cessé d’apporter l’appui le plus utile à la solution de ces trois
importantes questions d’intérêt local. Président de la Commission d’enquête pour la gare de
ia Croix-Rousse, il a mené à bien le travail de cette Commission et sauvegardé, en cette
circonstance, les intérêts de la plus grande partie de la Croix-Rousse.
Sa compétence et l’autorité qu’il a acquise nous permettent d'affirmer que la réalisa¬
it décos desiderata sera l’objet de toute l’activité du citoyen Krauss.
Enfin, le citoyen Krauss a toujours soutenu de ses votes toutes les propositions de loi
ayant trait à la diminution des frais de justice.
Ce qu’il a fait durant la législature 1898-1902, il ne cessera de le faire si son mandat
mi est renouvelé.
Citoyens,
Nous pourrions rappeler avec quel dévouement, avec quelle énergie le citoyen Krauss
n a cessé de s’ocuper de toutes les questions qui intéressaient spécialement la Croix-Rousse
a quoi bon?
Us électeurs du 4° arrondissement savent que jamais ils ne se sont adressés en vain à
^présentant,
Ce qu’il a fait dans le passé, le citoyen Krauss est bien résolu à le continuer dans
wônir.
— 680 —
Le devoir des électeurs de la Croix Rousse est d me tout tracé* Ils maintiendront leur
confiance an Député qui n’en a pas démérité un seul instant, et, le 27 avril, ils voleront en
masse pour le citoyen
Ph. KRÀUSS,
Député sortant, ancien employé, ancien commerçant.
Vive la République démocratique ei sociale!
Le Comité de Fünion des Travailleurs socialistes
du 4e arrondissement ; le Comité radical
socialiste du 4e a rondissement.
6e circonscription de LYON
M . FlEURY-RÀYÀRIN
Éiu au 2e tour de scrutin. — 5,720 voix*
Union démocratique des Comités républicains du 5e arrondissement*
Mes chers Cuir Loyers,
Jamais il n’a été plus nécessaire de parler franc et net.
Les événements exceptionnels de ces dernières années, en brisant les cadres des
partis politiques, ont laissé dans les esprits un état de trouble et d'hésitation qu’il imparte
de dissiper*
Pour que les élections du 27 avril aient un sens pré is, les candidats ont le devoir de
s’exprimer sans détour, de dégager leur programme drs formu’es vagues, équivoques et
nuageuses. Je n’y manquerai
Est-il nécessaire d’affirmer une fois de p’us mon attachement sincère à la Réx ublique!
La question du régime ne se pose pki s, et, en vérité, ceux-là retardent s'ngu’tèrement qui
persistent à classer les parfis uniquement sur cette questii il simple.
La consécration des lois constitutionnelles, une existent* de trente années, la volonté
mainte* fens exprimée du pays ne laissent gué e d’espoir aux partisans des régimes déchus.
La monarchie peut avoir encore des états-majors; les troupes lui font dêraut, La Répu¬
blique n’a plus à redouter a jour d’hui que les foutes des républicains eux-mêmes, dont,
seuls, les excès peuvent 1 1 perdre*
Désormais, c'est sur d’autres domaines que s’exerceront 1 s compétitions et les luttes
de partis politiques.
Mes chers Concitoyens,
Le parti progressiste, dont je me réclame, prétend continuer ia poliiique des hommes
qui ont fondé en France le régime républicain.
Si nous répudions d'une part, le pouvoir personnel, nous considérons, d’autre part,
comme un danger l’omnipotence souveraine d’une a "semblée unique* Le régime parlemen¬
taire, la séparation du lêgis’atif et de l’exécutif, la division du législatif en deux assemblées
se faisant contrepoids nous apparaissent comme les garanties nécessaires des libertés
— m —
Nû 1162
ubliqties. Nous ne pouvons suivre les socialistes dans leur conception, qui consiste à sup¬
primer le Président de la République et le Sénat.
Sur le terrain religieux, défenseur obstiné de la liberté de conscience, je répudie tout
eiprit de sect ■ et d’intolérance. Le for intérieur de la conscience m’apparait comme un
domaine inviolable et sacré dans lequel personne n’a le droit de pénétrer. Sans doute,
] Étal ne saurait se lier à aucune confession religieuse, mais il doit sa protection à tous les
cultes et son devoir est d’assurer le libre exercice de chacun d’eux.
A l’encontre des collectivistes, qui veulent supprimer la propriété individuelle, qui pré¬
conisent « là socialisation des moyens de production et d’échange » comme but, la lutte des
classes, la guerre sociale et la violence comme moyens, je me pose nettement eu défen¬
seur d’une politique sociale d’union, de concorde et de paix, Je demande à la pratique delà
solidarité, à la fraternité entre tous les citoyens, la solution des problèmes si complexes et
si difficiles que soulève l’existence parfois si précaire des travailleurs.
l’adoption d’un système de retraites fondé sur la mutualité et le syndicat, la réorgani¬
sation, sur un plan méthodique, de nos services d’assistance me semblent constituer, à
Fheure actuelle, la question primordiale; c’est la lourde tâche qui va incomber, dès
demain, à la prochaine Chambre.
En matière financière, il est urgent d’opposer une digue au flot montant des dépenses
publiques, de songer un peu à ce contribuable de France qui succombe sous le faix d’une
fiscalité chaque jour grandissante. Il faut chasser le déficit de nos budgets, y ramener
l’equilibre vrai et rouvrir l’ère des excédents. Ce premier résultat atteint, le Parlement
pourra songer aux réformes fiscales.
Mon adhésion est acquise aux projets qui, sans vexation ni inquisition, sans boulever¬
ser un régime fiscal dont l’État ne saurait se passer, et qui a au moins pour lui l’avantage
d’une existence séculaire, tendront à améliorer les taxes actuelles. L’alîegement des charges
des petits, plus de justice dans la répartition de Fimpôt, telles sont les deux idées fonda¬
mentales qui, à mes yeux, doivent inspirer la refonte de notre régime fiscal
Les collectivistes nient Fidêe de patrie. Quelques-uns poussent Paudace jusqu’à blas¬
phémer et salir le drapeau de la France. Tous demandent la transformation de l’armée en
milices permanentes.
Que seraient de pareilles conceptions, sinon le suicide de la France elle-même? Entoure
d’ennemis menaçants, notre pays a besoin d’une armée et d’une flotte puissantes* C est,
bêlas 1 une dure nécessité qu’il nous faut subir : bien imprudents sont ceux qui parlent, en
ce mû me ni, de licencier notre armée. Au contraire, tous nos efforts doivent tendre à amé¬
liorer, à fortifier, à perfectionner cet outil de défense, cc rempart indispensable qui abrite
la sécurité, l’existence meme de la Patrie.
Comme les radicaux, les progressistes désirent un allègement de charges qui pèsent si
lourdement sur nos populations. Nousvoulons, nous aussi, la réduction du service militaire,
l’égalité de tous devant l’impôt du sang. Mais nous estimons que celte réforme souhaitable
doit se faire avec prudence, en prenant les précautions nécessaires pour ne pas affaiblir la
force de notre année, sans compromettre les effectifs ni la solidité des cadres.
Telles sont les idées fondamentales dont je continuerai à faire ma règle invariable de
conduite.
Mes chers Concitoyens*
Le parti républicain progressiste puise ses inspirations dans l’immortelle Déclaration
Hes Droits de l’homme et du citoyen. 11 reconnaît pour ancêtres les hommes qui ont fondé
la République dans ce pays, TUiers, Gambetta, Ferry, le regretté président Carnot.
Malgré les excommunications majeures, formulées contre lui, malgré les oraisons
funèbres dont on ne cesse de l’accabler, le parti progressiste demeure debout, bien vivant
Êt prêt à Faction .
11 ouvre scs rangs à tous ceux qui viennent loyalement à lui et à la République! Pro-
— 682 —
fondement attaché aux idées de liberté et de tolérance qui sont Fhonpéur des vrais démo*
craies, il ne pense pas que la République puisse être la propriété d’un parti, le monopole
dTun groupe.
i La République, la démocratie, qu?est~ce donc, sinon le gouvernement de tous au profit
de tous, la subordination des intérêts particuliers à l'intérêt général?
Agriculteurs, industriels, commerçants, travailleurs des champs et de Pusine, ouvriers,
patrons et bourgeois, tous ont droit de cité dans notre République, dont nous ne voulons et
ne pouvons exclure personne.
De toute notre énergie* nous repoussons l’esprit de réaction, mais nous sommes con¬
vaincus que si notre démocratie S'abandonnait aux courtisans qui la trompent, le jour n’est
pas éloigné où la République elle-même serait en péril.
Nous voulons garder notre idéal républicain contre un double écueil, contre deux dan¬
gers qui ont toujours menacé les démocraties et qui s’engendrent Vun l'autre : la Démagogie
et le Césarisme.
Si vous m'accordez vos suffrages, vous pouvez compter sur mon inaltérable dévoue¬
ment.
Vive la République démocratique!
FLEURIR AÿÀRIN, Député Sortant,
Ancien Auditeur au Conseil d'Kiat,
Docteur en droit,
ancien Secrétaire de le Chambre des Députés,
Partie politty’ue.
Défendre la Constitution républicaine et le régime parlementaire contre toute restaura¬
tion monarchique ou césarienne.
Appliquer la Constitution de 1875 intégralement et suivant son véritable esprit,
Réformer le réglement de la Chambre, afin d’assurer un meilleur travail législatif.
Suppression du vote par procuration.
Faire de la République le gouvernement de tous pour tous, en dehors de tout esprit de
secte* de coterie et d'exclusivisme.
Partie '■économique,.
Protéger l'épargne publique contre les abus de la spéculation et de l'agiotage.
Réprimer les accaparements.
Intervention de l’Etat en matière de mines et de chemins de fer, de façon à assurer la
securité publique et la protection des travailleurs.
Améliorer le régime des retraites pour les employés des chemins de fer.
Partie religieuse.
Maintenir, sans provocation ni faiblesse, les droits de F État à l’égard de l 'Église, tels
qu’ils résultent du Concordat,
Liberté d’association suivant le droit commun, applicable a tous les Français sans dis¬
tinction.
Liberté de Renseignement à tous les degrés, Sous îa double garantie de la possession
des grades universitaires par les maîtres et de l'inspection par PÉtat des écoles et établisse¬
ments privés.
Admissibilité de tous les citoyens aux emplois publics, Autant que possible paï la voie
du concours et sans favoritisme.
— 683 —
NM162
Partie sociale .
Défendre, à i encontre des collectivistes, le principe de la propriété et de la liberté
individuelles.
Assurer le libre fonctionnement des syndicats professionnels et réciproquement la
■liberté des travailleurs vis-à-vis des syndicats.
Développer l'enseignement professionnel et la mutualité scolaire.
Secourir l'invalidité et îa vieillesse par une organisation méthodique de l'assistance,
qui concilie les devoirs de l'humanité avec les garanties contre les abus.
Résoudre le problème des retraites ouvrières par l'assurance libre, en mettant en jeu
les diverses manifestations de l’initiative privée, individuelle ou collective (mutualité,
caisses patronales et syndicales, caisse nationale) avec le concours dè l'État, sous forme de
subventions proportion nées aux ressources du budget.
Combattre l'alcoolisme et la tuberculose.
Partie militaire .
Affirmer l'idée de Patrie à ( 'encontre des cosmopolites,
Fortifier notre organisation militaire et maritime.
Réduire la durée du service militaire à deux ans, en prenant au préalable les mesures
indispensables pour ne pas compromettre notre force défensive, et, par suite, notre sécurité
extérieure.
Réaliser, en conséquence, le principe de l'égalité devant l’impôt du sang par la sup¬
pression de toutes les dispenses.
Réduire, si possible, la durée des périodes d'exercices des réservistes et des territo¬
riaux. En tout cas, leur accorder des facilités en ce qui concerne le lieu et le moment des
convocations.
Partie financières
Combattre éaergiquom nt l'augmentation des dépenses publiques et le développement
h fonctionnarisme.
Interdire aux députés toute augm ntation de dépenses qui ne serait pas accompagnée
hue économie correspondante.
Amortir |a dette publique,
Réformer notre régime fiscal, en conservant à R impôt son double caractère de réalité
eide proportionnalité. ,
Supprime: la contribution des portes et fenêtres; faire une répartition plus équitable
de l'impôt foncier et de la contribution mobilière; reviser les patentes, de façon à alléger
te charges du petit commerce.
Introduire, à la base îles jippôis directs, un dégrèvement des petits contribuables et des
citoyens chargés de famille.
Supprimer les privilèges dos bouilleurs de cru et la licence des débitants. Faire con-
Œtuir I Et t| à la suppression des octrois.
P a r t i é ad m inist r a i iv e .
décentra liser l' a dmi n i stratîon .
Restituer aux Conseils municipaux et aux Conseils généraux le droit de décision dans
affaires exclusivement d'intérêt local, de façon h simplifier les formalités et à hâter les
Basions,
Reformer la justice ; diminution à bref délai des frais judiciaires; augmentation de !a
^mpétence des juges de paix.
FLEURY-RAVARIN, Député sortant.
Docteur en droit, ancien auditeur au Conseil
d'Ètat, ancien Secrétaire de la Chambre
des Députés.
— 684 —
7° circonscription de LYON
M. COLLIARD
Élu au 1er tour de scrutin. — 6.183 voix.
Mes chers Concitoyens,
En me présentant pour la deuxième fois à vos suffrages, je soumets à votre jugement
la politique que j’ai suivie depuis A ans.
En 1898, vous m’avez choisi pour vous représenter à la Chambre des Députés sur un
programme dont je ne me suis jamais écarté, et ou figurait, a cote des icloi mes dunovra-
tiques et sociales, l’engagement de défendre énergiquement le régime républicain.
Au début de la législature qui prend fm, la République a connu les plus grands dan¬
gers qu’elle ait jamais courus. Une ligue d’agitateurs, composée de mus les régimes déchus,
restés jusque-là d’irréconciliables adversaires, s était formée au sein du Parlement.
Le but de cette association immorale était de s’emparer du Gouvernement pour en
changer l’esprit d’abord, la forme ensuite, s’il était possible.
Encouragés par la complicité du cabinet Môline, ces agitateurs devenaient chaque jour
plus audacieux; ils créaient le désordre dans la rue, insultaient le chef de 1 Etat, circonve¬
naient les chefs de l’armée et les, détournaient de leur devoir.
Le complot dont, était menacée la République devint évident aux yeux les moins ila -
voyants. Le grand parti républicain, et au premier rang les socialistes, déjoua les de.se
dirigés contre nos institutions, et, reprenant la grande tradition républicaine, fit b occ
Un gouvernement de défeose prit le pouvoir. Le calme et la tranquillité succédèrent
alors à l’agitation et au désordre. Par la simple, mais terme application des ois, P ,
des factieux furent détruits et les chefs de l’armée contraints d abandonner œtm
rable à laquelle ils avaient été associés. .Joindra «a
Je m’honore d’avoir joint mes efforts à ceux de tout le parti socialiste pour atteinte ce
résultat, qui allait permettre nu parti républicain de réaliser les progrès démocratique.
jours promis et toujours oubliés, . efforcé
Convaincu que la République ne doit pas être un but, mais un moyen, je me ^ _
de faire aboutir toutes les réformes, si minimes fus||nt- elles, mais apportant une s
plus grande de bien-être ou de justices la masse de nos concitoyens. C’est a*|P l AJ
collaboré à préparer et soutenu par mon vote la loi sur les accidents du tra vail, .on i J ' ■
laborieuse apprécie déjà les bienfaisants effets. J ai fait aboutir la ioi sut la reg
des heures de travail dans les ateliers et manufactures; j’ai voté la loi soi es <
la loi sur les associations et celle sur la santé publique. J’ai participé égalemen au
deux lois importâmes qui n’ont pas encore reçu la sanction du Sénat : celle conce
employés'dù chemin de fer et celle relative aux ouvriers des mines. lf,ramtne
Saurais voulu que la législature à laquelle fai appartenu couronnât son PW _
d'améliorations sociales en votant, avant son expiration, la loi sur les retraites ou
Latente des forces réactionnaires en a fait décider ^ajournement. Mai^ e pu _ _
acquis. Il appartiendra à la prochaine Chambre de voter cette loi, si rèc amcc e
uemnient attendue par tous les travailleurs que Page et les forces condamnent au H Jjg
La société doit assurer â un citoyen la sécurité de ses dernières années ; ulJ _ t
que la lutte pour la vie a usé, ne peut être abandonne à toutes les misères qui
!
N° 1162
— tïSfi —
l’infortune et la vieillesse. Ce sera l’honneur de la future Chambre d’accomplir cette œuvre
éminemment démocratique et humanitaire.
j’ai proposé à la sanction du Parlement un certain nombre de lois, telles que : la sup¬
pression des 28 et 13 jour-, qui me paraissent sans nécessité; la réhabilitation des fai Us ;
la division de Lyon en U cantons au lieu de 8, afin de donner à notre ville, dans le Conseil
général, une représentation plus en rapport avec son importance.
j’avais également soumis un projet de loi tendant à la déchéance des mines concédées
et abandonnées. Cette proposition a eu pour effet immédiat l’engagement pris par le ministre
des travaux publics, de rechercher les mines se trouvant dans ces conditions, pour en pro¬
noncer le retour à l’État. Un grand nombre d’entre elles ont cesse a 1 heure actuelle d ap¬
partenir aux Compagnies qui en avaient obtenu la concession.
sTnn, J’ai demandé la Snppre! ildn de l’.niele 5 de la lei du 15 juillet 1889, »u* ternes
duquel tous les conscrits ayant snbi „neeundamaaliun,sou,entlé8êre et impiiLble a l , né¬
périenne de la jeunesse, sent de droit incorporés aux compagnies de discipline, ou ils sont
goumis à des traitemen Ls inhumains* , r
Si ce projet n’est pas encore devenu une loi, une grande amélioration a ete néanmoins
apportée au régime des compagnies de discipline. Les rigueurs que j avais signalées et aux
quelles les jeunes soldats étaient assujettis ont été supprimées après une enquete qm en a
durée de mon mandat, j'ai eu l’honneur de faire partie de deux grandes
Commissions parlementaires (hygiène publique, du travail, de la ré orme es oc iùis). < ai
présidé en dernier lien la Commission d’intérêt local. .
Dan, le sein dé ces Commissions, de même qu’à la Chambre par mes interventions et
par mes votes, je me suj, toujours et uniquement inspiré des idees de justice eld humanité
directrices de notre parti* ,
je ne me suis pas non plus désintéressé des questions fiscales. J’a. vote la loi sur les
droits de succession et celle du régime hypothécaire. Je me suis attache, d une façon toute
spéciale à faire aboutir le projet de loi voté par le Sénat dit « projet Gauthier » Ce prrçet
établit la patente de chaque commerçant sur des bases directement proport.onne le > a im¬
portant de son commerce; la nouvelle répartition d’impôt fixée par cette loi fera dispai aitre
l’inégalité criante qui a trop longtemps existé entre les charges fisca es imposées aux p
commercants et celles relativement faibles mises à la charge des grands magasins.
Cetfe petite amélioration favorisera les petits commerçants et patrons dans la lutte
qu’ils ont à soutenir contre les grandes industries et les grands magasins sous la concur-
repee desquels ils succombent. A1
Dans cet ordre d’idées, le dernier mot n’est pas dit et, si je sms votre élu, au rnomen
du vote, je saisirai avec empressement tout projet qui consistera a alléger les chapes du
Pi;tl Üioyenslê viens de résumer quelle a été mon attitude polilique au Parlement et quels
ont été mes votes. Je n'ai pas la vanité de croire avoir satisfait tout le monde, mais y a. la
satisfaction d’avoir consciencieusement suivi le mandat que vous m aviez donné et davon
fidèlement servi la République.
Il vous appartient aujourd’hui de dire si tel est votre sentiment.
En vous demandant de me maintenir au poste d’honneur et de combat ou votre estime
’ m’a appelé en 1898, je n’ignore pas les devoirs que je m’impose. ,
Mon programme sera la continuation de celui que j’ai appliqué pendant ces quatre der¬
nières aimées. Il reste encore à effectuer de nombreuses réformes, que je m engage a faire
aboutir et dont les principales sont : . v
1° La réduction au maximum à deux ans du service militaire et la refonte totale du
Code de justice militaire ;
2° La réforme de l’enseignement et la suppression de la loi v ailoux ;
3° La loi sur les retraites ouvrières ;
4° La séparation de f Eglise et de l'État;
— 68B —
5“ La refonte complète de notre régime fiscal, ia suppression des quatre contributions
et rétablissement de l’impôt sur le revenu,
À l'occasion des élections prochaines, la réaction, déguisée sous des formes très diffé¬
rentes, va tenter sur tous Iss points du pays un suprême effort.
Je ne veux pas vous faire l 'injure de vous croire capable de laisser triompher au 6* ar¬
rondissement un champion de la Patrie Française ou un candidat cher h M. Mêline. Vous
voudrez sûrement que le 27 avril marque une victoire complète de la démocratie laborieuse
sur les éternels et renaissants ennemis de la République et du progrès social.
P, GQLL1ARD, Député sortant.
3e circonscription de LYON
M, AYNARl)
Élu au i*r tour de scrutin. — 11 .145 voix.
Chers Compatriotes,
Vous m’avez honoré de votre longue conganee ; je vous représente à la Chambre des
Députés depuis 1889, ayant reçu de vous trois mandats successifs. Je viens me présenter
pour la quatrième fois à vos suffrages. Après une carrière de plus de trente ans dans la vie
publique sous toutes ses formes, en n’écoutant que mes convenances, j'aurais pu songer au
repos. Mais il ne peut eu être question à un moment où il faut combattre plus rudement que
jamais pour les intérêts vitaux du pays, mis en péril.
Je sms trop ancien dans la politique, j'ai trop souvent affirmé mes idées et mes prin¬
cipes dans les discussions et les luttes de tribune, je suis asséz vieux dans ce pays lyonnais,
j ai pris assez de part à son travail et à toutes les institutions de démocratie pratique ayant
pour but l'amélioration du sort des moins favorisés et des soufr ants, pour ne pas être dis¬
pensé de nouvelles et vaines déclarations. Je n’ai point d’inutiles et creuses promesses à
vous faire. C'est sur mes longs services et sur mes actes que vous devez me juger, La poli¬
tique n'a pas été pour moi un métier, mais un devoir.
Je demeure ce que j ai toujours été : républicain de la première heure, invariablement
fidèle à la République et à la liberté pour tous, qui est la raison d’être de la République.
La liberté sans exception, avec son contrepoids nécessaire de ia responsabilité, la Üb rte
une et indivisible comme la République elle-même, m’a toujours paru le principe premier de
la politique, d'où découlent tous les autres; en elle se trouve la garantie des droits de
chacun, le gage de paix entre les citoyens.
Lorsque les partis violents confisquent la liberté de leurs adversaires, sons prétexte de
défendre la République qu'ils confondent avec leurs intérêts, on s'achemine vers la tyrannie
anonyme et .collective qui, étant la pire de toutes, conduit invariablement a la tyrannie d'un
■seul. G est pourquoi la liberté du travail, la liberté de conscience, Ja liberté d’association et
d enseignement, sans lesquelles les autres libertés ne sont que dérision ou licence, ont
trouvé en mol un défenseur invariable et résolu.
Plus que jamais on doit la Yèrité au pays et elle est sévère à entendre. La Chambre
qui disparaît lègue à la Chambre nouvelle une œuvre, très lourde, de réparation, il faut
espérer qu’elle trouvera en elle-même les éléments de la formation d’un Gouvernement
— 687 — N® 1162
d’ordre, de modération et d'apaisement ; mais ello devra ensuite se mettre un frein, en
modifiant son règlement, en sacrifiant l’initiative parlementaire en matière de dépenses,
en contrôlant sévèrement le Gouvernement, comme cela est son rôle, au lieu de le pousser
au gaspillage. Elle parera ainsi aux deux grands périls gui nous menacent, c’est-à-dire:
l’affaiblissement graduel du pouvoir exécutif, auquel se substitue l'action de partis changés
en syndicats d’intérôts, et au désordre financier qui en résulte, qui n’est pas d’aujourd’hui,
mais qui s’augmente et devient tellement grave, qu’en pleine paix et dans une situation
économique, normale le déficit obligera bientôt peut-être à parler d’emprunts et d’impôts
nouveaux !
Ce n’est qu’une très grande sagesse, de la part de la nouvelle Chambre, qui pourrait
faire échapper à de nouvelles charges le pays déjà si accablé.
L'heure n’est donc ni aux fausses promesses, ni aux expériences, ni aux réformes coû¬
teuses, mais à épargner le contribuable.
L’électeur a plus que jamais la responsabilité de son choix ; en l’état financier où nous
sommes, il verrait bientôt ce qui lui eu coûterait d’avoir mal choisi.
Dans cette réunion amicale de la Demi-Lune, qu’on a ornée du nom de Congrès, mon
concurrent a accepté un programme assez vague pour échapper à la discussion. II est loin
de celui que M. Ghambaud de la bruyère avait signé et défendu en J 898! Tons les grands
principes radicaux et socialistes y ont été jetés par dessus bord, pour s’en tenir à des
projets anodins, souvent acceptables pour tous, ou bien à des vœux stériles de réunion
publique. La seule affirmation première et nette qu’on y trouve est sur la révision de la
Constitution, qui figure également en tête du programme nationaliste. Pourquoi ce change¬
ment soudain dans les sentiments connus, violents et sectaires de M. Chambattd? Est-ce
pour attirer le bon électeur modéré qui fait la majorité dans la circonscription? Existe-t-il
quelque pacte ? Qui ménage-t-on?
Au nom de la loyauté, comme par respect pour les électeurs, j’aurais eu le droit d’at-
teudre qu on opposât à mon programme républicain et libéral, que je développerai complè-
temai t dans une circulaire et des réunions, le vrai programme radical-socialiste de mon
adversaire, celui qu’il a signé et défendu dans notre circonscription en 1898 et qui com¬
prenait alors : la suppression du budget des cultes, la séparation de l’Église et de l’État, la
retraite obligatoire pour la vieillesse, la limitation de la journée de travail, l’interdiction
d’occuper des ouvriers étrangers, la laïcisation à outrance et l’impôt progressif sur lerevenu.
Ou bien M. Chambaud de la Bruyère n’ose se montrer tel qu’il est à l’électeur, ou bien il est
devenu un réactionnaire modèle, car il sacrifie son programme radical-socialiste au moment
meme où un gouvernement plus avancé et de ses amis lui donne des chances de l’ accom¬
pli " I Les électeurs sauront comprendre et juger.
Vive la République libérale et progressiste !
Édouard AYNAKD,
Vice-président de là Chambre des Députés,
Député sortant.
Mes chers Compatriotes,
Depuis plus de douze ans, vous m’avez nommé trois fois votre député ; depuis bientôt
trente-cinq ans, tout en étant investi d'autres mandats, soit comme promoteur, fondateur
ou associé, j’ai pris part à toutes les grandes œuvres d’enseignement populaire, de progrès
agricole, de mutualité, de crédit, de retraites, de logements et alimentation à bon marché,
de prévoyance et d’assistance, en un mot à toutes ces libres institutions inspirées par le
devoir social et qui ont pour objet d’aider, de relever ou de soulager ceux qui sont les moins
— 688 —
favorisés ou ceux qui souffrent. Je suis un vétéran de la chose publique, dispense lies
longues déclarations, qui a* plus d’actes à soumettre à votre appréciation que de promesses
à vous faire.
J’ai toujours été républicain, je n’ai pas besoin de renouveler devant vous mon serment
de fidélité à la République.
Je sois pour la République libérale et progressiste, celle qui prend sa source dans
les véritables principes de la Révolution française et dans la Déclaration des Droits de
Thomme, Je ne découvre le travail fécond et la paix de la nation que dans la pratique
sincère de ces principes qui se résument en ces mots : liberté et justice pour tous.
Ceux qui conçoivent la République d'une autre façon sont les héritiers des jacobins; pour
eux, la République n’est qu'un moyen de domination et d’oppression, l instrument d une
secte; le gouvernement de la France et ses ressources, les fonctions, les faveurs doivent
être livrés à eux et à ceux qui veulent servilement les suivre. Farouches républicains et
toujours avec les grands mots à la bouche, ils n’admettent que leur religion négative et à
rebours ; la liberté est pour eux seuls ; ils pratiquent avec fanatisme l’intolérance civile.
Leur système politique est d'organiser la tyrannie en commun par une assemblée unique,
ou bien en attendant, comme à cette heure, en lui subordonnant les autres pouvoirs, et
c'est ainsi qu’ils ont plusieurs fois ramené îa nation trompée et désenchantée au pouvoir
d’un seul. .
C’est pour éviter le retour à de pareilles catastrophes, que je n ai jamais distingue
entre la liberté de mes amis et celle de mes adversaires; que fai constamment défendu la
liberté de tous, et avant tout la liberté du travail et delà conscience, ces libertés nécessaires
et essentielles, sans lesquelles les autres ne sont rien. J'ai détendu particulièrement la
liberté d’association et la liberté d’enseignement, qui sont leurs garanties ; la liberté
d’association accordée aux uns, refusée aux autres, n’est plus qu'un privilège; le syndicat
protégé de M. MilJerand est une conception de l’ancien régime. L’abrogation de la loi falloux,
qui est morte, ne peut signifier que suppression de la liberté d’enseigner, et par contre
coup, suppression d’une partie capitale de la liberté religieuse, est un retour au despo¬
tisme de Napoléon F\ Telles sont les idées des hommes avancés du jour. Pour nous, le
progrès est dans la liberté générale ; je m’honore d’en avoir été, dans la dernière législa¬
ture, l’un des plus modestes, mais des plus énergiques et persévérants défenseurs.
Il est temps d'agir pour parer aux graves périls que crée, pour la paix publique,
l’omnipotence croissante de la Chambre qui, de plus eu plus, sort de son rôle, soas la
pression de ce despotisme collectif. L’action gouvernementale en est faussée à tous ses
degrés; le fonctionnaire subissant d'autres directions que celle de ses supérieurs, son
avancement étant livré à l'arbitraire, la valeur de tous les grands services de l’btat, justice
et administration, s'abaisse; l’armée elle-même est contaminée par la politique. Le désordre
provenant de l’initiative ou plutôt de l’oppression parlementaire montre encore mieux ses
funestes effets dans nos finances qui, sans être dans un état tout à lait dangereux, doivent
cependant inspirer les plus vives inquiétudes; nous sommes le pays le plus taxé de la tene,
et pourtant, depuis bien longtemps, nous dépensons beaucoup plus que nos ressources ne
nous le permettent. L’année dernière et celle qui s’écoule accusent des déficits considé¬
rables.
Il est temps d’aviser, si on ne veut faire courir à la République un danger trop iee , en
avouant qu’en pleine paix et dans une situation économique normale, on serait forcé de
contracter de nouveaux emprunts ou à lever de nouveaux impôts. Ce serait le contraire e
ce qu’on doit attendre d’un gouvernement démocratique. Ancien adversaire de l’initiative
parlementaire en matière de dépenses, ayant entamé la campagne l’un des premiers contra
ses fuu estes abus, l’un des fondateurs de la Ligue des contribuables, ayant voté cons
laminent contre les dépenses proposées par les députés, je poursuivrai encore avec plus
d’énergie la réduction nécessaire des pouvoirs de la Chambre en matière financièie. Aux
électeurs à ne pas se laisser tromper et berner par des promesses qui comportent presque
toujours une dépense. Feu de réformes à l’heure actuelle, peu.de progrès, très désirables
— 689 —
N° 1462
cependant, qui paissent &■ accomplir sau^argem.À cette heure, il n’est permis honnêtement,
ou bien sans lourde erreur, de promettre et d'aborder de grandes réformes, que si on a
prouvé auparavant que notre état financier est en mesure d’en payer les frais; et cette
preuve est impossible à faire. Être économe est, à cette heure, la seule manière de préparer
et de rendre possibles les progrès futurs.
Le programme 'politique de la prochaine Chambre, qui ne pourra s’accomplir que si on
y envoie une majorité assez forte pour substituer à un Gouvernement sans principes ou
bien représentant à la fois d^s principes opposés, qui n’a pu vivre que sur la désorganisa¬
tion des partis, qui ne rellète que notre démoralisation générais, un Gouvernement
d'apaîsemenf, de fermeté et de modération, me paraît se réduire à ces deux termes :
1° Liberté rendue à tout le monde, et au Gouvernement, par une Chambre revenant à
sa véritable fonction de contrôle et ne discutant que les lois proposées par les ministres
responsables.
2° Économie sévère dans nos finances, afin d’éviter l’emprunt et l’impôt et de
pouvoir ainsi retrouver les moyens de revenir au progrès véritable. Pour cela, renoncer à
l’initiative parlementaire, directe ou indirecte, en matière de dépense.
Chambre de liberté, Chambre d’économie, tel est le glorieux rôle que pourrait prendre
l’Assemblée future, telle est l'impérieuse nécessité pour Pheure présente et pour notre
avenir.
La Chambre future pourra ajouter à ces deux grands devoirs de liberté et d’économie,
celui du souci de la défense nationale. De toutes parts, ce n’est point dans le programme
d’un parti, mais de tous les partis sans distinction que la question de la réduction du
service militaire est posée. Tout le monde veut diminuer, et avec raison, ce que le long
temps du service militaire universel cause de perte au travail de tous, et par conséquent, à
la richesse de la nation entière.
La dernière Chambre s’est bornée, par pure réclame électorale, le Gouvernement
lui-même ayant proposé l’ajournement delà discussion, à voter une motion bruyante et sans
application, au sujet du service de deux ans. Les votes de ceux qui, tout en respectant
l’armée, voulaient une réforme trop hâtive, se sont confondus avec ceux des socialistes
révolutionnaires qui ont déclaré bien haut, et à diverses reprises, qu’ennemis de l’armée,
ils votaient l'amendement Gouzv comme devant amener sa désorganisation.
Je me déclare partisan de la réduction du service militaire à deux ans; mais, avec tous
les patriotes, il faut que cc soit à la condition absolue qu’on ait, au préalable, pris les
mesures assurant que la défense nationale n’en sera diminuée en tien. Avant de voter le
service de deux ans, il faut calculer la portée de la suppression de toutes les dispenses,
qui est la conséquence de la réduction, et y parer ; il faut des lois pour ïes rengagements,
afin de combler des vides prévus; il faut renforcer les cadres et permettre, en un mot, de
n’altérer en rien la valeur et la puissance de Tannée actuelle. Promettre que la réduction
peut être opérée demain, est un mensonge ; promettre qu’elle pourrait être faite en
affaiblissant Tannée ut en la changeant en garde nationale, serait renoncer au fruit des
énormes sacrifiées que le pays a faits depuis trente ans pour créer son armée magnifique ;
trop hâter une amélioration utile et désirable, mais qu’il faut accomplir avec réflexion,
pourrait risquer l'existence du pays : ce serait non seulement un mauvais calcul au point de
vue matériel, mais encore commettre un crime contre la patrie.
Je viens vous dire ce que je pense sur la direction des affaires du pays, sur les
questions brûlantes et capitales. Un adversaire m'est opposé: M. Guy Chambaud de la
Bruyère. Avant de se présenter devant vous, iî était, de notoriété publique, radical
socialiste, sectaire et violemment antireligieux. En Î89S, il était le candidat véritable,
M. Dru, le candidat appareil I , n’ayant pas été en état de se présenter dans la lutte
électorale. Alors, très ouvertement, M. Guy Chambaud de la Bruyère a soutenu contre moi
tout le programme radical socialiste, signé par lui, et comprenant : la suppression du budget
des cultes, la séparation de l’Église et de l’État, les retraites ouvrières obligatoires, la
limitation de journée de travail, la laïcisation à outrance, l’impôt progressif sur le revenu;
87
— 690 —
ii poussait aussi fort, que possible le vieux cri de guerre démodé: le cléricalisme, voilà
l’ennemi. Tout cela, c’est le bagage, c’est le vrai programme radical socialiste. Comment se
fait-il qu'il ait disparu en entier? M. Chambaud se tait ou bien change de langage selon les
lieux où il parle : il est particulièrement muet sur le cléricalisme, et ii s’est éclipsé du
Conseil général au moment du vote du vœu sur la question brûlante de l'abrogation de la
loi Falloux, de ïa liberté des écoles, sur laquelle ii n’est pas permis à un homme politique
de ne pas avoir d'avis !
3e me trouve donc en présence d’un concurrent qu’il mrest difficile de combattre,
puisqu’il pense tout et rien à la fois, ïl n’est bien net que sur la révision de la Constitution;
les bonapartistes, les boulaugistcs et un grand nombre de nationalistes sont également nets
sur ce point.
M, Chambaud veut représenter son pays à la Chambre et il ne dit ni ce qu’il est, ni ce
qu’il veut ! Vous lui demanderez alors ce qu’il a été.
Je me présente avec franchise, tenant à la main le drapeau républicain libéral que je
porte depuis trente ans. J'ai le droit, avec vous, au nom de l’honnêteté politique, d’exiger
que mon adversaire montre ses couleurs.
11 a dit qu'il était candidat agricole ; il a ajouté, à la réunion de la Demi-Lune, qu’il
voulait être un député d’a fia ires I
Député d’affaires? De quelles affaires? Qu’est-ce que cela veut dire? Dans les placards
diffamatoires que M. Chambaud et son comité affichent contre moi, on os?: dire à moi qui,
cela est connu de tous, ai délaissé tant d’intérêts matériels pour me consacrer presque
exclusivement aux intérêts du pays, que je ne demande la continuation de mon mandat
que pour m’occuper d’affaires, et qu’ ainsi je ne suis pas capable de remplir ce mandat avec
indépendance. Aux électeurs de juger ïà où sont les meilleures garanties de l'indépendance
du député. Je ne place la moralité ni dans une classe, ni dans une profession, ni dans une
condition pauvre ou fortunée. La moralité est dans l’individu. Je connais et je flétris les
excès du pouvoir de l’argent; mais notre histoire parlementaire nous a montré les dangers,
les tentations qui assaillent, et les chutes qui attendent parfois ceux qui se trouvent dans
une condition précaire.
Candidat agricole? Je le suis pour le moins autant que M. Chambaud. Sur ce point aussi,
il en est aux vagues promesses, tandis que je puis rappeler mes actes. Les agriculteurs
m’ont nommé président d’honneur du Comice agricole le plus important de notre départe¬
ment. J’ai été des premiers à m’intéresser au développement de toutes les associations
agricoles et des syndicats sous la forme de la mutualité, des retraites, d achats en commun,
du crédit agricole, par la création d'une première petite banque à Bessenay. Sur ma propo¬
sition, la loi des Caisses d’épargne a accordé aux sociétés de secours mutuels, si nombreuses
dans nos campagnes, l’abandon de la majeure partie des fonds des comptes abandonnés
depuis plus de trente ans. C’est, pour l’avenir, un don de plusieurs millions par anuée qui a
été fait aux sociétés de secours mutuels. Je me suis intéressé à l’enseignement agricole. Je
veux que la représentation de l'agriculture soit aussi puissante et aussi efficace que celle des
Chambres de commerce, par la création des Chambres d’agriculture. Je prends rengagement
de hâter, par tous les moyens, le vote dé ces institutions. Je poursuivrai également la
réforme des droits qui dévorent les petites successions, la protection des campagnes contre
les vagabonds et chemineaux, la répression des fraudes sur les vins, le développement de
l’industrie, agricole.
J’ai défendu sans relâche les revendications agricoles, en matière de tarifs ; j’en ai pu
faire aboutir plusieurs.
Je me suis, notamment, et avec persévérance, occupé de la production des fruits, qui
pourrait être largement développée et devenir une source de richesse considérable pour
notre circonscription. Gomme ce développement est, avant tout, une question de transport
fai insisté avec for je auprès des Compagnies cle chemins de fer ; j’ai obtenu déjà des
réductions de tari! et des accords entre les Compagnies étrangères, anglaises, notamment,
et nos Compagnies françaises, pour un transit plus facile, permettant à nos fruits d’arriver?
n 1 1 Dii
SnSefVïï dU deh°rS- ,e COrltinue raes Stances auprès de la
5° JS J f , d b des wagons amûnagés spécialement pour le transport
deo fruits, fit des trains de vitesse à eux destinés. Par la Chambre de commerce i'ai 'fait
prier le Conseil général de s’associer à cette action, si profitable à votre richesse agricole
" «" “• ««« bricole, »'e» soit prùoC T cÏÏS
TS&T- T" déià *"** '« lroi» dcmiè'es a«c-
lions ressuscitent. Il y a contre moi nautique mensonge du traité franco-suisse au’on
exploite dans les cantons où se trouvent des tisseurs de soie. On fait croire à ces braves
gens que ]e serais ( auteur de cette convention qui leur arracherait leur travaiU Ceîa esî
absolument faux, les conséquences de cette convention ne sont pas telles, mais serait-ce
qziLm arrr * m° ^ ~ -«<-
et * 6tS d°m,ndê’ réda°"S '“PMeosement par les agriculteur*
proMto^ '"f C“imbre “'r 16 ‘'aPPOrt de ”• Incontesté dU fam
f fl a été voté par l’unanimité de la Chambre en 1892, moins quelques voix
La piotection agricole dispose et disposera à la Chambre des neuf dixièmes des voix
î^raU h "S,0r,lé P'- du traité tranennicee «^.él^i
On abuse tellement de là crédulité publique qu'on réédite également
trop niai, u, que JW* dit (où 7 « quand,, ,'»e ,'Lrier g^eSbTe» £ 7* Tirté
par jour, bien entendu, on n’a jamais osé avancer de pareilles choses encore dIms ridiew
qu odieuses, en tact: de moi, ni même les écrire; je sais qu’elles circulent Votre hnn
SÜrtiCe' A CC SUjet) jfi TS prie de V0US méfier des attaq«es qui se produiront àîa
dernièr e heuie, au moment ou je ne pourrai plus répondre. Ainsi on a répété partout mm
j avais vote pour l'amendement Le Moigne, modifiant ia réparation de la rnni i,1 r ^
zrm “ ir,°.bm6rc' *“dis **• n voté e»»
suppression de 1 octroi de Lyon, tandis que je m’étais abstenu dans la première discussion
fa ulT1 T °(lie>™6 lüêgaIe était mise sur les écoles libres. Le Sénat ayant rejeté
f,;. , |UI' es école,s et la Chambre aTant accepté ce rejet, selon la déclaration que j’avais
faite à la tribune, j’ai ensuite voté la loi. que 1 a'ais
La manière plus que fantaisiste avec laquelle mon concurrent et son comité rédken t
es comptes rendus de leur réunion, souvent faux et toujours d’une exagération manifeste
ne me laisse aucun doute sur la nature de leurs procédés dé la dernière heure.
électeurs, vous allez choisir: du côté de mon concurrent n,'omû6 >
de programme, l’équivoque et le masque. De mon côté, la franchise complété^ Ic/icr*’ u*
ongs services, l’expérience acquise. L’inquiétude est grande il v a beaucoim rfp CS’ 63
dans l’air. Vous verre, s’il n’est pas peut-ê!re sage, dan! les 51^^
traversons, de maintenir votre mandat à ceiui que vous connaisse? bien at • ** n0US
“ «* «• »» «rnnd rêpnbHcnin, le président Lincoln ^
«omnn, d» p„»er le gué qu'il leu. cbanger de chevat». . Médite* ces paroi® IpteS
Pour moi, je me trouverais heureux et honoré d’une nouvelle msrm,n
" ”• 'Permettait de consacrer le, dernier,,
L1 Paîs’ c est-s-dire à la réconciliation nationale, par la politique d’apaisemeni et°^ tk
ans la République. C’est dans cette politique seûLenS^m?^““ * ^
de la France, y verront son repos, sa grandeur et son aven"! * onta^œnr la passton
Ed. AYNARD,
Vice-rrêsident de la Chambre des Députés,
Député sortant.
- 692 —
9e circonscription de LYON
M. GENEÏ
Élu au 1er tour de scrutin. — 9 . 1:95 voix.
Comité de Concentration des Forces républicaines
Chers Concitoyens,
, , lac nartiR pt les hommes qui briguent l’honneur
Voici 1, lotte engagée ■ « „ do», la charge est lourde et la responsabilité
iToin?" c7t1o““p'res un examen atten.it et méremoo, réüéchi que votre
choix doit se faire. c01lfusi0n il faut que voire esprit soit parfaitement éclairé ;
„ raift'ou^en' accomplissant 8g 3 W-W - <• **« ™
et avec la certitude que votre bonne ^ vouTle fassiez #ce que vous
11 faut, en outte,qu ^affirmant wwnvo _ scjenü)lque et morai par
l’of d r ^ ef la' m ètli o d e 1 r ec t i 1 i g ne , méthode et action qui ne procèdent ni par à-coups m par
surprise. . , hommes conseillers généraux, conseillers d’arrondisse-
poôr’unè nouvelle 'S avec prodcnce
tenu le ministère a. U TOolaient emralner notre W dans des aventures qm
J3w"iA— ' '* Bo“““p S!lve“,• app ’
77, n 1,‘a su se — er = e « = ~ ~ » - <*-* •
« po,“* d° ~ rr
toutes les conquêtes de ^tre chère République^ ^ ^ ^ in(liffisren,. Il a, au Parlement
Rien de ce qui concerne no üe depuis nombre d’années, défendu et
aussi bien qu’au Cousm S®»®"- tds le chemlQ de fer de Par ay-1 enfoui al à Givors, en
soutenu quantité de piop.ts dont i'lna,gu ration a eu lieu le 31 mars dernier; le
voie d’execution; le ia < tramway de Lyon à Ouilïns, Pierre-Bénite, lrigny et Ver-
Cn“t7ie cÏemi» de 1er * Moreant a Bive-de-Gier et antres voies importantes de comme-
nication. *ffnrts la oluoart du temps couronnés de succès, pour faire
" ‘ “m mm, . dos S'ontas ponr ohomiL vicinaux, consiructio» écoles,
““.“U* ““ration des dommages causés par les calamités qui se sou, abattues su,
cm.ioMp.rflMdoM^iMdoa'P»™-^ ^ * d(![enare les intérêts d
rmnml™ et dei'industrie, dont le développement contribue si ut.lomont a la v.o nota
— 693 —
N° i 162
Partisan acharné de ta République, il continuera à la servir fidèlement en s'inspirant du
programme qu'il a accepté.
Vous savez. Citoyens, quelle a été l'activité du députe sortant pendant la durée du
mandat qu'il vient d'accomplir. Mieux renseigné encore sur la pratique des affaires! sur
les besoins et les intérêts à défendre, il fera encore plus si vous lui faites l’honneur de lui
renouveler le mandat qu'il a si bien rempli, Nous pouvons dire que, malgré les difficultés
dont notre circonscription donne l'exemple, quant aux diversités de vues et d'opinions, le
citoyen Genet a su conquérir les sympathies et l'estime du grand parti républicain de la
Teille*
Républicains, debout l Votre devoir, en affirmant voire foi, doit être tracé particulière¬
ment par les circonstances, qui vous commandent de voter pour un homme connu, dont le
passé répond de l'avenir.
Aux urnes! votons avec fermeté et conviction pour le citoyen Eugène Genet, maire de
Condrieu, vice^président du Conseil général, membre du Comice agricole de Givors, député
sortant.
Vive la République!
Pour le comité :
Suivent les signatures.)
10e circonscription de LYON
M, de PRESSENSÉ
Élu au 2° tour de scrutin. — 6.701 voix.
Concentration des Forces Républicaines Socialistes* — Fédération Socialiste Autonome
du Rhône
Électeurs,
La réaction cléricale tente, sous le masque nationaliste, un suprême assaut contre la
République. Jadis, au 16 Mai et contre le boulangisme, il a suffi, pour vaincre ce parti sans
nom, de Tunion de toutes les fractions de la démocratie républicaine. Aujourd'hui, ce qu'il
faut avant tout, c’est la réalisation du programme des réformes trop longtemps ajournées et
^inauguration de la législation sociale*
La France a soif de sécurité; elle sait qu'elle ne la trouvera que dans le progrès. Elle
ne veut ni de la troupe bariolée de la démagogie césarienne, des patriotes romains, des
soi-disant libéraux de sacristie* ni des faux républicains traîtres à la démocratie, dupes ou
complices de la contre-Révolution, ni du personnel usé des politiciens qui ont compromis
nos institu lions par leurs fautes et leurs erreurs. Ce qu elle vent, c'est la marche pacifique
et constante vers la justice par la liberté, c'est le gouvernement par le peuple, pour le
peuple? c'est d'abord l'adoption immédiate des réformes suivantes :
1° Séparation des Églises et de l'État, dénonciation du Concordat, suppression do
budget des Cultes et de l’ambassade au Vatican, et des subventions directes ou indirectes
m congrégations, séparation de l'Église et de l'école, abrogation de la loi Falloux, laïci¬
sation de l'assistance;
2° Réduction du temps de service à deux ans avec suppression des exemptions dites
- 694 -
intellectuelles, suppression des treize et vingt-huit jours, unité d'origine des officiers avee
passage dans le rang, réforme du Code de justice militaire avec suppression des Conseils
de guerre et des compagnies de discipline;
3° Réforme fiscale à l’aide d’un impôt sur le revenu, avec exemption au-dessous d’un
minimum de distinction entre les revenus du travail personnel et ceux du travail d’autrui
réforme des contributions indirectes, économies budgétaires, réduction des frais de pro¬
cédure, reprise des monopoles (chemins de fer);
4° Établissement de l’arbitrage obligatoire, création de la caisse des retraites ouvrières
avec répartition immédiate, assurance obligatoire contre la maladie, les accidents, le
chômage.
Électeurs,
Ce n’est là qu’une indication de la voie dans laquelle la République doit entrer pour
devenir invincible, non seulement comme la forme naturelle du gouvernement d’une démo¬
cratie libre, mais comme l’instrument nécessaire de progrès social.
Ne vous laissez pas effrayer par les mensonges de la réaction qui essaye de faire du
mot de socialiste un épouvantail, comme en 1848 de celui de républicain. Réfléchissez qne
le socialisme veut la substitution pacifique de l’ordre à l’anarchie, de l’harmonie à la guerre,
l’universalisation et non la suppression de la propriété, la liberté pour tous au lieu du pri¬
vilège pour quelques-uns. Regardez le grand courant économique qui emporte les sociétés
vers cet avenir de justice et de paix et songez que déjà de vieilles nations en Europe et de
jeunes communautés en Australie ont cherché et trouvé dans ces réformes sociales leur
sécurité et leur prospérité.
Électeurs,
Votre circonscription, à la fois industrielle et agricole, a des intérêts particuliers qui
occupent une place légitime dans vos préoccupations. L’agriculture doit être non seulement
soulagée d’impôts excessifs, mais encouragée par îe développement de Renseignement
agricole, des syndicats, par la protection contre la fraude, par ^imposition, aux Compagnies
de chemins de fer, de tarifs équitables et de moyens de transports suffisants. La multipli¬
cation des voies de communications rapides {tramways, etc.) est, tout ensemble, un avan¬
tage matériel et un des meilleurs palliatifs à l’encombrement des logements ouvriers et à
l’aieoolisme, qui en est l’une des suites. Pour toutes ces questions locales, vous devez pouvoir
compter sur un mandataire attentif et fidèle, 11 en est deux en particulier sur lesquelles
vous avez le droit d’exiger l’action énergique de votre représentant : l’absorption dans la
grande ville voisine, qui vous menace par T annexion et le déclassement des forts, inutiles
au point de vue militaire et nuisibles à toute la localité-
Citoyens,
La Révolution a fait la France actuelle. Elle a donné à la démocratie des villes et des
campagnes l’arme avec laquelle elle peut et doit conquérir ïa plénitude de ses droits. C’est
elle que menace la contre-Rèvolution hypocrite. Pour la défendre, il faut la continuer paci¬
fiquement et la mener à sou terme social. Au nom de la France républicaine et socialiste,
je m’offre à vos suffrages pour cette besogne de salut public. Puissions-nous faire triompher
contre Rome, et la réaction et les traîtres, la cause de la République sociale, de la démô"
cratie intégrale, de la justice et de la liberté.
Francis de PRESSENSE.
La Commission électorale :
(Suivent les signatures.)
— 693 —
N® H 62
1[0 circonscription de VÏLLEFRANCHE
M. Justin GtiABERT
lî!u au 1er tour de scrutin. — 12.887 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je viens pour la deuxième fois solliciter vos suffrages.
Quand vous m’avez envoyé, en mars 1900, vous représenter au Parlement, vous me
connaissiez déjà comme Pun des vôtres, comme un ferme républicain, attaché depuis
longtemps à notre beau pays, instruit de vos intérêts et décidé à les défendre énergique*
ment.
Je me représente aujourd'hui devant vous avec la conscience du devoir loyalement
accompli.
Chaque fois que les communes et les électeurs ont fait appel à mon concours, ils m’ont
trouvé tout prêt à leur rendre service, dans toute la mesure de mes forces.
Si je suis réélu, je ferai de même. Fort de votre confiance et aidé par P expérience que
fai pu acquérir, je m'efforcerai devons représenter à votre entière satisfaction, en m'ins¬
pirant des deux sentiments qui ni ont déjà guidé: l’indépendance du caractère dans l’exer¬
cice de mon mandat, et le désir de me rendre utile à mes compatriotes en leur consacrant
bute mon activité et tout mon dévouement.
Au point de vue politique, je serai toujours le républicain convaincu que vous connaissez,
résolu à défendre nos institutions contre la réaction, quelle que soit la forme où elle
apparaisse, le nom sous lequel elle se dissimule.
Je fais donc appel à tous les républicains, à tous ceux qui sont restés fidèles au vieux
programme qui fut celui de Gambetta.
Partisan de la laïcité de PÉtat et de son absolue neutralité en matière religieuse, je
veux qu'il soit affranchi de toute ingérence de ce côté, comme je veux aussi le respect des
opinions de chacun.
En matière d'enseignement, je veux la prédominance de l’esprit laïque et le contrôle
de l’État.
Je donnerai mon concours aux projets ayant pour but l'amélioration sociale du sort de
notre démocratie laborieuse, La cause des humbles, de ceux qui travaillent et de ceux qui
souffrent, doit être le premier objet des constantes préoccupations des législateurs. Les
réformes sociales que le pays attend doivent être envisagées sans crainte, avec méthode et
prudence. Il faudra notamment aborder le grand problème des retraites ouvrières pour les
travailleurs des villes et pour ceux des campagnes, auxquels on n’a pas suffisamment songé
jusqu’à ce jour.
Je voterai le service de deux ans, la suppression des treize jours et le remplacement
tes périodes de vingt-huit jours par des périodes do vingt et un jours.
Je suivrai avec attention les projets concernant l’amélioration des conditions de la vie
economique, industrielle et agricole de notre pays, sans perdre de vue que les contri-
hiables sont actuellement grevés d’impôts vraiment trop lourds et qu’il faut, à tout prix,
Par des réductions dans les dépenses les moins urgentes, arriver h alléger les charges
publiques qui vont toujours en grandissant.
J'apporterai particulièrement tous mes soins à défendre les in té rôts agricoles et viti-
cules^de notre région beaujolaise et je serai, comme par le passé, l’interprète fidèle de nos
Marieuses populations, avec lesquelles je continuerai à me tenir en constante commun i-
— 696 —
A vous, mes chers Concitoyens, de dire si mon programme est toujours le vôtre.
Je suis fier, quant à moi, d’avoir à tenir de nouveau au milieu de vous le drapeau
républicain, le drapeau de la démocratie et de la liberté contre la coalition des ennemis de
tous genres de nos institutions, et c’est avec une entière confiance que je demande à tous
les républicains de s’unir sur mon nom pour le triomphe de la République au scrutin du
27 avril.
Vive la République !
Vive la France !
Justin CHABERT, Député sortant.
2a circonscription de VI LLEFR. ANCHE
M. BONNEVAY
Élu au 1er tour de scrutin. — ll.OSii voix.
Électeurs,
Vous êtes appelés, le 27 avril, à élire votre représentant à la Chambre des Députés.
Cette consultation aura une importance considérable; vous aurez à choisir entre la
République de liberté et de progrès démocratique, qu’avaient voulu nos pères, el le socia¬
lisme collectiviste, qui s’est emparé de notre circonscription et dont vous avez vu al œuvre
la politique sectaire, t"acassière et haineuse.
Notre but est de faire l’union de tous les républicains sur le nom d’un candidat qui
saura défendre îa République, la liberté, le progrès, sans réaction ni révolution.
Le programme que nous vous proposons est celui de l'immense majorité des électeurs
de notre circonscription.
Maintenir et défendre la République et les institutions démocratiques;
Assurer à tous les citoyens le libre exercice de leurs droits et défendre toutes nos
libertés si péniblement conquises depuis 1789 ;
Pratiquer une politique d'économies rigoureuses qui permette de rétablir l'équilibre
compromis de nos finances, d’amortir la dette publique et d’elïectuer les reformes attenta
par le pays ;
Défendre les intérêts de l’agriculture, si complètement négligés par le députe sortant;
créer des débouchés nouveaux pour nos vins et nos produits agiicoit-s ;
Organiser, par ta mutualité, des retraites pour la vieillesse; pour tous les travailleurs
de la ville et de la campagne ;
Développer la mutualité sous toutes ses formes et accroître les subventions aux sociétés
de secours mutuels ; ,
Réduire la durée du service militaire à deux années et même à moins, si cela es
possible sans compromettre les nécessités de la défende nationale ;
Supprimer les vingt-huit et les treize jours ; organiser des champs de tir cantonal
pour exercer les hommes de la réserve et de la territoriale;
Pratiquer une politique d'apaisemen^ d’union, de concorde entre tous les Français
Électeurs,
Le candidat que nous présentons a vos saffrages, M, L. Bonnevay, avocat à la Cour
697 —
N° 1162
d’appel, propriétaire à Saînt-Nizier-d'Àzergues, a signé notre programme et s’est engagé à
le défendre.
Appartenant par ses origines et par sa famille à notre circonscription, resté en relations
constantes avec ses compatriotes, M. Bonnevay connaît nos besoins et nos aspirations ; il
saura les défendre !
Fils du premier conseiller général républicain qu’ait élu le canton de Lamure en 1871,
n’ayant jamais donné lui- même son adhésion qu’à des organisations nettement répu¬
blicaines, M. Bonnevay représentera dignement an Parlement notre circonscription si sincè¬
rement éprise de liberté et de progrès*
Profondément dévoué aux œuvres de mutualité, de solidarité et de prévoyance, connu
depuis plusieurs années par ses travaux sur les questions ouvrières et sociales,
M. Bonnevay soutiendra, mieux que tout autre, les intérêts des classes laborieuses et de la
démocratie.
Électeurs,
Si vous voulez une politique d’union, d’apaisement de nos discordes civiles et de paix
sociale ; ,
Si vous voulez une République éprise de liberté et de progrès, travaillant sans relâche
à Famélioration du sort des travailleurs et à la grandeur de la patrie,
Vous voterez pour :
L. BONNEVAY,
Avocat à la Cour d’Âppel,
Propriétaire à Saiût-Nizier-d’Azergues,
Candidat républicain.
SS
— 698 —
SAONE (HAUTE-)
Circonscription de GRAY
M. CGUYBA
Élu au 1er tour de scrutin* — 8.693 voix*
Mes chers Concitoyens ,
Sur les instances du parti républicain tout entier, fort des services rendus depuis cinq
ans à la ville de Gray et à la démocratie rurale, dédaignant les attaques injustifiées dont je
suis l’objet' de la part d’adversaires sans scrupules, et vous mettant d’avance eu garde contre
les manœuvres de la dernière heure, les mensonges et les falsifications de mes votes, je
viens de nouveau solliciter vos suffrages et vous piéseuter le programme de réformes poli¬
tiques, économiques et sociales que je vous soumettais en 1898 et auquel je suis resté
constamment fidèle et dévoué*
Ce programme, mon adversaire, jadis radical, aujourd'hui patronné par la coalition
nationaliste, a jugé à propos de se l'approprier dans ses parties essentielles* Vous ne serez
pas dupes de ce procédé et vous reudi ez à votre Député sortant .a part d’miüalîve et d’action
qui lui revient dans la proposition et la réalisation des réformes ci-dessons énoncées, con¬
formément à la Déclaration des Droits de l’homme et aux trois grands principes de 1789 :
liberté, égalité, fraternité.
1. — Réformes politiques : Liberté.
1° Liberté, souveraineté et probité du suffrage universel assurées par une révision stricte¬
ment limitée de la Constitution, en vue de préciser nette ment les pouvoirs politiques et
financiers du Sénat et de la Chambre pour obtenir le bon fonctionnement du travail parle¬
mentaire et la stabilité gouvernementale, base essentielle du progrès et des réformes
pratiques*
2° Liberté et souveraineté de la société civil1* — Liberté de Renseignement sous le
contrôle de PÉtat et avec légalité des grades pour tous les professeurs des écoles privées ou
publiques* Réforme libérale et démocratique de Renseignement secondaire, comme je Rai
proposée a la Chambre en qualité de rapporteur de la Commission, pour faciliter Raccèsde
Renseignement secondaire à tous les enfants du peuple qui en sont dignes*
3" Liberté inviolable de la conscience. - Protection de tous les cultes, sous la condi¬
tion que leurs ministres ne fassent pas d’incursion dans la politique et soient respectueux
des loi1' de 1 État, comme tout citoyen doit l'ètre* Cette liberté a été entièrement respectée
par la loi des associations*
k° Liberté et respect de la propriété individuelle et agricole, — Maintien du droit des
bouilleurs de cru, — Ce droit a été sanctionné en partie par la loi des boissons du 29 dé¬
cembre 19Q1, Ren demanderai Rextensioii, jusqu’à une certaine limite, non seulement aux
m
H° H 62
récoltants, mais aux acheteurs de vendanges et pour tous les fruits, y compris les prunelles,
dont j'ai voté la libre distillation comme vous pouvez le voir au Journal officiel du 7 décembre
1900, p. 2521.
2. — Réformes économises : Égalité *
1° Égalité devant la loi. — Diminution des frais de justice, de mutation et de licitation.
Celte œuvre a été en partie accomplie par la reforme hypothécaire et la réforme des succes¬
sions. Elle va être complétée par le projet actuellement soumis au Conseil d'État. — Exten¬
sion de \ i compétence d s juges de paix.
2° Égalité devant la loi, — Mise à l'étude dhiri impôt progressif sur le revenu, sans vexa¬
tions inutiles, ayant à sa base le dégrèvement du travail et le dégrèvement de la propriété
agricole et viticole, — Équilibre du budget. — Réforme des prestations. — Révision du
cadastre. Celte réforme entreprise par la loi du 17 mars 1898 doit aboutir à la réfection
totale du cadastre. — Unification des tarifs kilométriques des chemins de fer, — Réduction
de ces tarifs pour le transport des produits agricoles, comme je Pai déjà demandé à la
Chambre dans l'intérêt du commerce et de Pagrîcalture.
3° Égalité devant les fonctions publiques. — Suppression des fonctions inutiles. — -
Décentralisation administrative. Membre de la Commission des économies administratives,
j'ai demandé à ce point de vue, sous le Ministère Duptiy, la réduction des gros traite¬
ments.
Extension de l’autonomie communale et régionale.
k" Égalité devant les services publics, devant la loi scolaire et militaire. — Extension
des congés militaires pour les travaux des campagnes et des villes, en attendant l’établisse¬
ment du service militaire de deux ans, dont j’ai voté le principe et dont je voterai l’application
raisonnée, pour défendre les droits sacrés de la Patrie et assurer la puissance de notre
armée nationale,
3, — Réformes sociales : Fraternité et solidarité.
1° Fraternité et solidarité agricoles. — Lois sur les associations agricoles. — Lois de
garantie contre les spéculations régionales et internationales. J ai vote dans ce sens la loi
du 29 janvier 1902 qui modifie le régime des admissions temporaires des blés, en faisant
disparaître la spéculation et l’agio sur les acquits-à-caution. — Représentation agricole.
Chambres consultatives d’agriculture élues par les intéressés dans chaque arrondissement.
Crédit agricole. — J’ai voté la loi du 25 décembre 1900 sur les caisses régionales du
crédit agricole. Pavais voté auparavant l’exigibilité des 40 millions de la Banque de France,
comme rançon du renouvellement de son privilège, pour organiser le crédit agricole et pour
permettre au cultivateur de perfectionner son outillage et d’accroître sa production. —
Instruction agricole. — Développement de l’enseignement agricole dans les établissements
primaires et secondaires. — Lutte contre l’émigration et la dépopulation des cam¬
pagnes.
2° Fraternité et solidarité ouvrières. - Lois sur les associations ouvrières. — Caisses de
retraites pour les ouvriers de la ville et des campagnes. Développement de renseignement
technique et professionnel. — Organisation du travail après avis des Chambres de com¬
merce. — Réglementation pour les femmes et les enfants. — Amélioration du sort des tra¬
vailleurs, des employés et des ouvriers de chemins de fer.
;y> Fraternité et solidarité démocratiques. — Lois impartiales sur les rapports du capital
et du travail et développement des syndicats.
4° Fraternité, solidarité et justice sociales. — Lois d’humanité et d’assistance publique
envers les pauvres et les déshérités. — Diminution de la souffrance humaine.
— 700 —
Cultivateurs!
Sorti de vos rangs, je continuerai à proposer et à voler toutes les mesures ayant pour
but de combattre la crise agricole, la mévente de vos produits, l'inégalité des impôts qui
pèsent sur la propriété foncière*
Avec la réfaction du cadastre, je voterai rétablissement des livres fonciers, qui déter¬
mineront la condition juridique de vos immeubles; Pamélioration du régime douanier et des
droits protecteurs ; la réglementation des bourses de commerce et la répression tic la spécu¬
lation, Pour vous, j’ai demandé et je demanderai encore les subventions nécessaires à vos
sociétés mutuelles, à vos travaux collectifs, aux œuvres de salubrité et d’hygiène telles que
l'adduction des eaux dans les communes pauvres, en un mot l'organisation de la démocratie
rurale.
Industriels, commerçants, ouvriers!
Je suis, vous le sav^z, partisan de l'harmonie complète dans les rapports du capital et
du travail. Je prélère aux utopies dangereuses les réalités pratiques. Je voterai toutes les lois
qui tendront à concilier la liberté individuelle et la solidarité sociale,
La multiplicité et la facilité des moyens de transports étant la grande loi économique
du monde moderne, j’ai contribué pour ma part et je contribuerai encore à développer dans
notre pays toutes les voies de communications : routes, canaux, tramways, cûemins de fer,
grande ligne ferrée du Nord au Simplon par Gray, dont j’at proposé le principe à la Commis¬
sion des travaux publics, qui a émis un avis favorable.
Habitants de Gray !
Votre ville doit reprendre son ancienne prospérité intellectuelle, artistique, industrielle
et commerciale. Vous savez que mon concours est tout acquis à cette cause de fraternité et
de progrès, à l’établissement de votre école primaire supérieure de filles, à votre musée, à
vos projets d’avenir, à tous vos intérêts.
Chers Concitoyens,
Je suis candidat d’uaion et d’action républicaines. Fidèle à mon programme de réformes
et de liberté, je veux une République ordonnée et vraiment libérale, basée sur la justice
égale pour tous en même temps que seco arable aux faibles; respectueuse de tous les droits,
mais résolument réformatrice; économe de vos deniers, gardienne vigilante de l’honneur
de la Patrie, nettement hostile aux procédés violents introduits dans notre pays par ia coa¬
lition nationaliste.
En faisant appel à l’union de toutes les bonnes volontés républicaines, en vous priant
d’oublier les mesquines rivalités d’intérêts personnels pour ne considérer que l'intérêt
général de notre pays, en vous invitant à constituer sur mon nom, le 27 avril, une imposante
majorité qui donne à votre élu l’autorité indispensable pour faire triompher au Parlement la
politique des réformes nécessaires, je suis sûr, mes chers Compatriotes, d’être en commu¬
nion d’idées avec vous tous.
Aux urnes I En avant! Pas d’abstentions! Vive la France I Vive la République démocra¬
tique 1
Ch. COUYRÂ, Député sortant*
Secrétaire de la Commission du Budget,
Professeur agrégé de T Université,
Vice- Président de la Société d’en¬
couragement à l’Agriculture, Can¬
didat d’union et d’action républi¬
caines.
i
— 761
N° 1162
1" circonscription de LURE
M. René RENOULT
Élu au 1er tour de scrutin. — 9.491 voiy.
Mon cher Concitoyen,
Candidat de i’Dnion des républicains de l’arrondissement de Lure, je viens solliciter
wire confiance et vous demander votre suffrage.
j’ai été appelé dans la circonscription et j’y suis patronné par tout ce qu’elle compte
d’iiommes dévoués à la démocratie ; j’ai la satisfaction de pouvoir dire qu’il n’y a pas un
miliiaQt de mon parti, pas un conseiller général, pas un conseiller d’arrondissement, pas
un maire, pas un conseiller municipal, connus pour leur sincérité républicaine, qui n’aient
tenu à marcher à mes côtés dans la lutte de principe que j’ai accepté de soutenir ici.
Cette lutte est celle du grand parti républicain, sans distinction d’épithètes ni de
nuances, contre une entreprise politique qui réunit, comme au temps du boulangisme,
loute la réaction loyaliste, césarienne et plébiscitaire, sous un nom nouveau qui ne trompe
personne, le nationalisme. p
le suis républicain antinationaliste, et je combats le Député sortant qui, élu comme
progressiste en 1898, s’est jeté ensuite dans l’aventura nationaliste, d’abord par ses votes
lia Chambre, puis par l’investiture solennelle qu’il a sollicitée et obtenue le 9 février à
Yesoul, le 23 février à Belfort, des grands chefs du nationalisme, MM. Cavaignac, Mercier
et Lemaître.
Avec l’appui de tous ceux qui réprouvent les agitations violeutes, les coups d’État, les
tunes provocations à l’adresse de l’étranger, qui forment le fonds de la politique nationa¬
le, il c’est point permis de douter, surtout après les significatives élections du 21 juillet
trnier, que le nationalisme ne soit battu dans l’arrondissement de Lure, de même qu’il
sera écrasé dans la France emière par tes forces étroitement unies de la démocratie.
Le nationalisme vaincu, quel usage les républicains feront-ils de leur victoire?
C'est ici que je vous dois, mon cher Concitoyen, l’exposé clair et précis de ma pensée
tesi-a-dire ’
Mon Programme:
Maintenir et continuer la longue période de paix intérieure et extérieure que la Répu-
Wique nous a donnée depuis l’Empire; ^
Carder avec un soin jaloux les libertés si précieuses de parole, de presse, de réunion
11 association et de conscience, ainsi que les lois démocratiques déjà obtenues;
Introduire dans noire système fiscal la réforme de l’impôt progressif sur is revenu de
J^ière à supprimer les quatre contributions directes, impôt foncier, impôt des portes et
. ef, 1B1Pôt des patentes et contribution personnelle-mobilière, et à les remplacer par
,D impôt unique n’atteignant que les revenus supérieurs à 2.500 francs.
i *é?uire à 2 ans Ia durée du service militaire avec suppression des 13 jours et réduction
m jours ;
Établir une Caisse nationale des retraites pour la vieillesse et l’invalidité, au profit de
,0Ul les travailleurs des villes et des campagnes ; H
Eacourager les populations rurales par une sage protection - par l’organisation pra-
’ du tredu agricole — les subventions aux syndicats et mutualités — la réduction des
— im —
tarifs de transports — la révision du cadastre — la défense du droit du bouilleur de cru et
Tabolition de toutes les mesures vexât oir es de la régie — la réforme des prestations ^|a
réglementation du marché et la répression énergique de la spéculation;
Développer et démocratiser ^instruction publique, en ouvrant renseignement secon¬
daire et renseignement supérieur à tous les enfants méritants, sans distinction de
fortune ; ,
Exiger rigoureusement de tous les représentants de l’administra! ion un o vouement
absolu aux principes républicains; — Exiger non moins rigoureusement des représentants
de tous les cultes Fabsten&ion complète de toute ingérence politique ;
Enfin et surtout, réaliser de profondes économies budgétaires, notamment en ouvrant
une grande enquête nationale sur les réductions possibles de dépenses, la suppression des
sinécures et la diminution des gios traitements ;
Telles sont, à mon avis, les premières réformes qui feront pénétrer enfin dans les insti¬
tutions et dans les mœurs les vrais principes du régime démocratique; telles sont les lois
de justice et de solidarité sociale, qui rétabliront aussi complètement que possible, au profit
des moins fortunés et des plus faibles, l égalité idéale que tendent malheureusement à
détruire et les lois de la nature et les conditions trop rigoureuses de la concurrence
vitale.
La réalisation de ces réformes et l'élaboration de ces lois constitueront pour la pro¬
chaine législature une lâche honorable et féconde, a laquelle je m'efforcerai, si je suis
élu, de participer activement dans le travail des commis^ ns et à la tribune de h
Chambre.
Tenir à la Chambre les promesses faites au suffrage universel est un devoir élémen¬
taire; mais ne pas oublier pendant quatre ans ses électeurs est également nécessaire : je
m’engage, quant à moi, a rendre compte annuellement de mon mandat dans chacun des
cinq cantons de ^arrondissement. — Je m'engage aussi a recevoir, au moins une fois par
mois à Lure, tons les électeurs qui désireront me voir et me consulter. — Ceux qui, depuis
plusieurs mois, m’ont fait le plaisir de s’adresser à moi, pour la défense d'intérêts collectifs
et privés, diront, mieux que je ne pourrais le faire, si je sais me mettre à la portée et à ta
disposition de mes concitoyens.
J’espère que les explications qui précèdent vous permettront d'apprécier la sincérité de
mes convictions républicaines ot l'empressement que j'apporterai à la défense des intérêts
de la circonscription.
Je vous prie de recevoir, mon cher Concitoyen, l'assurance de mes sentiments les pins
dévoués.
René REMOULT,
Avocat à la Cour d'appel de Paris, ancien
chef du cabinet du Président de h
Chambre des Députés, candidat de
HJ n ion des républicains de la lr*circonfr
criptkm de Lure.
2* circonscription de LURE
M. PEUREUX
Élu au 1er tour de scrutin, — 7.960 voix.
Chers Concitoyens,
Le Congrès républicain du 2 mars dernier m’a désigné pour soutenir les revendications
k la démocratie, aux élections du 27 avril prochain, dans notre circonscription : je viens
Joie solliciter vos suffrages. J
Pour la plupart d’enlre vous, je ne suis pas un inconnu, car depuis 15 ans j’ai pris part
aux luttes politiques de notre département, et à chaque consultation les électeurs du canton
de Saint-Loup m'ont constamment honoré de leur confiance, attestant ainsi la sincérité de
mes convictions républicaines.
Maire de 1 importante commune de Fougerolles depuis plusieurs années, mes conci-
(ojens ne m ont jamais marchandé les témoignage de leur estime, en récompense du
dévouement que fai toujours apporté à la défense de leurs intérêts.
Comme maire et conseiller générai, je n’ai jamais cessé de soutenir une politique d'ac»
liera républicaine et démocratique. Toujours l’on m’a trouvé au premier rang pour combattre
les tentatives ouvertes ou déguisées de la réaction contre les lois, les institutions et l’esprit
mine de la République. Fidèle à mon parti et à mes idées, je suis aujourd’hui l’adversaire
irréconciliable de la coalition nationaliste où se coudoient conservateurs, ralliés, césariens
au eors e coups d’btat et républicains repentis, tous unis par leur commune aversion des
rcumes sociales.
Ce que j ai etê dans le passé, je le serai dans l’avenir et vous me trouverez toujours
pre ü poursuivre la réalisation des réformes que vous attendez impatiemment.
Parmi ces réformes, voici celles qui me paraissent devoir faire l’objet des préoccu-
pations de la nouvelle Chambre :
En première ligne, la modification de notre système d’impôts qui pèsent trop lourde-
eut sur les pauvres et sur la masse des cultivateurs, tout en restant légers aux riches,
e vaudrais donc, avant tout, l’établissement d’un impôt progressif n’nttetenant mu» leo
t 4 *•? ,r“'s- c5t ‘T* ** upniqL,v».«r»nrs,Sï
tact» : ,mpDl des portes ot fenêtres, impet foncier, impet des
Nen-es et contnbutioü personnello-mobilière. ^
le proposerai également :
U réduction à deux ans de la durée du service militaire;
k suppression des treize jours et la réduction des vingt-huit jours ;
U suppression des prestations ;
La réduction des frais de justice ;
L’établissement d’une retraite pour les travailleurs des villes et des campagnes •
j organisation pratique du crédit agricole ; B 7
L encouragement, par des subventions, aux syndicats et mutualités •
La révision du cadastre.
c~:rrrroîîMs!' ie ■* parti,an *
^|eÏÏM^C0ITrrieI,étabIiS^aent dU mon°P°,e ^ l’alcool, je l’ai toujours combattu
«a.-or le me en 'rg,qUümenl a tou‘es leS propositions qui pourraient être faites pour
°r le vote d une mesure que je considère comme une spoliation.
— 704 —
Comme par le passé, je maintiendrai intégralement le droit des bouilleurs de cru et je
combattrai de toutes mes forces l’établissement d’une réglementation quelconque.
La loi sur les boissons, contre l’application de laquelle j’ai déjà protesté au Conseil
municipal de Fougerolles et au Conseil général, a été mal étudiée et mal conçue. J’estime
qu’il y aurait lieu de la modifier profondément en diminuant le montant des droits de régie
et en réglemeutant, dans un sens plus démocratique, le taux des licences.
Électeurs,
Voilà en résumé l’œuvre que je poursuivrai au Parlement si vous me faites l’honneur
de me choisir comme votre représentant. „
Vous trouverez toujours en moi un défenseur vigilant des intérêts de la circons¬
cription .
J’attends avec confiance votre décision.
Vive la République démocratique !
Auguste PEUREUX,
Maire de Fougerolles,
Vice-Président du Conseil général.
Circonscription de VESOTJL
M. JEANNENEY
Élu au lor tour de scrutin. — 11,673 voix.
Mes chers Concitoyens,
Contre le député nationaliste (notoirement réactionnaire) que, dans une heure de dé¬
sarroi, l’arrondissement de Vesoul s’est donné en 1900, tes républicains m’ont assigne au
premier rang, pour l’élection du 27 avril, un poste de combat.
Je n’ai pas voulu décliner l’honneur qui m’était fait.
A tous les républicains, sans distinction d’épithètes et de nuances, a tous ceu 1
une même pensée de fidélité à notre longue tradition démocratique, j’apporte mon concou
Étranger aux questions de personnes, sans autre ambition que de servir P . ■
auquel je suis profondément attaché, je mets au service de mes Concitoyens mon act
mon dévouement,
Cette circonscription a, depuis trente ans, donné trop de gages de son attacliem
réfléchi à nos institutions, et elle a, depuis deux ans, trop souffert de Perreur connu ,
pour que l’équivoque d’un jour puisse la tromper une seconde fois. PranPP h
lié action , guerre civile, guerre avec l’étranger, voilà ce qu’eût donné a a
Nationalisme victorieux. .
Ce que le pays demande au contraire, c’est l’ordre, la paix, 1 économie et avec K
grès incessant, une société chaque jour plus pénétrée d’égalité et de justice, plus a
et plus secourable aux déshérités.
C’est de ces aspirations que procéderont tous mes actes.
Je veux donc :
— 70B — SPrilÜS
E.*
A l’extérieur : Défendre les droits et les intérêts de la France, et le faire avec méthode
ctpg-froid, sans défaillance, mais sans provocation ou forfanterie. Travailler ainsi à
maintenir la longue période de paix que la République nous a donnée.
A l’intérieur : Pratiquer Je respect de toutes les opinions philosophiques et religieuses,
assurer le libre exercice des cultes, mais en s’opposant énergiquement à l’ingérence du
t clergé dans les questions politiques.
Maintenir précieusement, avec la liberté de conscience, les libertés de parole, de
I presse,^ réunion et dissociation.
Exercer sur le budget le contrôle le plus sévère, en vue de réaliser les économies si
,j: profondément désirables par la suppression des sinécures et la diminution des gros traite¬
ments.
Introduire dans notre régime fiscal la réforme tant attendue de l’impôt progressif sur
I le revenu, dans le double but de remplacer quelques-uns des impôts les plus iniques et les
l plus lourds, et de réaliser pratiquement de larges œuvres de prévoyance et d'assistance
j i sociales.
Établir une caisse nationale de retraites pour la vieillesse et l’invalidité, au profit des
i travailleurs des villes et des eampagues.
Modifier la législation des patentes, qui pèsent si lourdement sur les petits commerçants,
l et garantir par toutes les mesures nécessaires la prospérité de Pinduslrie nationale.
Procéder à la révision des charges fiscales que supportent les cultivateurs. Corriger les
J inégalilés et les aggravations d’impôts qui pèsent sur la propriété foncière, soit à raison de
: m existence, soit à raison de sa transmission.
fléformer les prestations, en maintenant la faculté pour chacun de s’acquitter en nature,
[ mais en modifiant les bases de répartition.
Keviser le cadastre.
Encourager les populations rurales par une sage protection, l’organisation pratique du
f ^ révision et la réforme des tarifs de chemins de fer, les subventions aux œuvres de
f prévoyance et de mutualité et aux syndicats, la réglementation des marchés, la répression
1 de la spéculation.
Assurer énergiquement le maintien des droits des bouilleurs de cru et l’abolition des
| yexatoires de !a régie, de façon que le cultivateur ait tonte facilité pour distiller
r tement les produits de sa récolte.
Diminuer les frais de justice.
Veiller soigneusement à maintenir la puissance matérielle et morale de notre armée.
Réduire à deux ans la durée du service militaire*
Développer et démocratiser l'instruction publique en ouvrant renseignement secondaire
Renseignement supérieur aux enfants les plus méritants, sans distinction de fortune.
Tels sont les traits importants do programme que je vous demande d’approuver par
tos votes, et que je soutiendrai de toute mon énergie,
ji , ^a(ïue année, je vous ferai juge de ma fidélité à ces principes en venant, une fois au
ï pos, et dans chaque canton, vous rendre compte de mon mandat.
A tous ceux qui m’ont fait l'honneur de me demander un renseignement, un conseil,
aPPüh porte a toujours été ouverte. Il en sera ainsi toujours.
Enfant du pays, je vous offre mon dévouement, ma bonne volonté.
I Républicain, je vous apporte mon effort pour l’œuvre d’union d’oit sortiront les réformes
1 Socratiques depuis si longtemps attendues.
Avec vous je viens travailler, et de tout cœur.
Pour la France!
Pour la République !
L JEÀNNËNEŸ,
Maire de Rioz, Avocat à la Cour d’ Appel de Paris,
Ancien Chef du Cabinet au Ministère de l’Intérieur.
SAONE-ET-LOIRE
circonscription d’AUTUN
M* Germain PÉRÎEB
Élu au 2" tour de scrutin, — 7.843 voix,
Mes cli ers Concitoyens,
Je viens solliciter le renouvellement du mandat de député que vous m'avez fait Hioü-
neur de me confier il y a quatre ans.
Vous m'avez élu en 1898 sur un programme nettement républicain.
Tel j’ctais à cette époque, tel je suis encore, partisan d’un gouvernement républicain
ferme, qui nous assure la paix, la tranquillité, et réalise les réformes demandées par la
démocratie*
Pendant le cours de la dernière législature, fai gardé mon indépendance, ne voulant
faire partie d aucune coterie. G’est pourquoi j’ai voté pour ou contre les projets du Ministère)
sans recevoir de personne un mot d'ordre, m'inspirant uniquement des principes que vous
aviez approuvés*
Adversaire résolu de toute agitation stérile, je ne suis intervenu dans les débats parle¬
mentaires que quand les intérêts de ma circonscription ont été en jeu, et me suis efforcé
d'être utile dans les Commissions dont j’ai fait partie* #
Ma profession de foi sera courte ;
Mes sentiments républicains ne peuvent être mis en doute, maïs il est nécessaire qué
je fasse connaître mon opinion sur les questions qui voua intéressent à juste titre ;
Finances* — J’ai toujours lutté contre les augmentations de dépenses; j'ai voté contre
l’emprunt chinois de 200 millions, en faveur de la réduction des gros traitements et de h
suppression de fonctionnaires inutiles,
ïl me sembla prudent que le droit de proposer des dépenses nouvelles soit laissé à
1 initiative du Gouvernement, autrement on arrive à faire de la surenchère électorale et à
engager sans limites le budget de l’État,
Armée, J ai voté le service de deux ans ; cette réforme est urgente, mais pour ne pas
affaiblir notre armée, il faut assurer le recrutement des cadres et rendre le service oblige
toire pour tous.
Retraites ouvrières, — La loi de 1894, concernant les retraites des ouvriers mineurs,
est insuffisante, car elle ne produira ses effets complets qu’en 1925 ; fai déposé une propo¬
sition de loi tendant à la rendre applicable immédiatement*
À mon avis, les retraites devront être assurées à tous les ouvriers industriels et agrb
cotes.
Loi sur les associations* — line loi générale, à l’étude depuis vingt ans, sur les asso¬
ciations, était nécessaire; il fallait aboutir,
fai voté celte loi/témpêrée pardes amendements quilui enlèvent tout caractère sectaire-
N° H 62
707 ~
ta Chambre qui sera élue devra apporter à l’exaràen des demandes d’autorisation qui lui
seront soumises le môme esprit large.
Enseignement. — La liberté de l’enseignement a été proclamée par les républicains de
1818; les plus fermes et les plus clairvoyants d’aujourd’hui sont partisans de cette liberté;
je suis avec eux.
L’Université n’a aucune concurrence à craindre, et les établissements rivaux ne peuvent
qu’entretenir une émulation salutaire.
' Néanmoins, ces établissements ne doivent pas échapper au contrôle et à la surveillance
du Gouvernement.
Impôts. — Des charges de plus en plus lourdes pèsent sur les contribuables; il est
temps d’enrayer. . . . „ , . .
]| y aura lieu de rechercher, par des procédés qui n’aient rien d arbitraire et de vexa-
toiie, là moyen de réduire les impôts qui frappent les humbles, de façon qu’ils soient plus
en proportion avec la fortune.
Agriculture et viticulture. — Ces deux branches essentielles de notre prospérité sont
dignes de toute la sollicitude des pouvoirs publics. II faudra favoriser la création de banques
agricoles et viticoles destinées à leur fournir les capitaux indispensables.
J’ai obtenu une réduction sur les prix de transport des bois.
Des réductions plus grandes devront être accordées pour le transport des vins et des
engrais, afin de remédier à la crise que nous traversons.
Nos tarifs de douane devront tendre à favoriser les exportations, notamment en Russie.
Enfin, les agriculteurs et viticulteurs français ont droit au monopole des fournitures de
l’État.
Industrie. — Toutes nos industries locales peuvent compter sur mon concours. Eu ce
qui concerne les schistes, je m’engage à faire tous mes efforts pour obtenir le maintien des
primes.
Pour les différends entre ouvriers et patrons, il est à désirer que des juridictions spé
dates soient organisées, atin d’éviter les grèves désastreuses pour tous.
Ai-je besoin de dire que je réprouve les utopies collectivistes î
Administration communale. ■ — Les communes n’ont pas assez d’indépendance, H faut
b dégager le plus possible de la tutelle administrative qui les paralyse; on un mot, leur
donner plus d’autonomie.
Chemins de fer. — Comme membre de la Commission des chemins de fer, j’ai obtenu
une répartition nouvelle des subventions de l’État aux départements; celui de Saône-et-Loire
recevra 200.000 francs de plus par an.
Grâce à cette ressource, il sera possible de construire, à brève échéance, des chemins
de fer départementaux dans les cantons qui en sont privés.
Électeurs,
Si vous pensez que j’ai fidèlement rempli mon mandat pendant la dernière législature ;
si vous jugez que je n’ai pas démérité ;
Si vous croyez que vos intérêts doivent être confiés a un républicain ferme, indépendant
et connaissant les affaires publiques, ayant fait ses preuves ;
En un mot, si vous me nommez de nouveau député, je vous promets d'apporter tout
mon zèle et mon dévouement à la réalisation d’un plus grand bien-être social, à la prospé¬
rité de nos industries locales, de l'agriculture eide la viticulture.
Vingt années passées à la tête dé la mairie d’Àutun, les quatre ans de mon mandat
législatif, m’ont fait suffisamment connaître.
fine indisposition m’a arrêté au milieu de mes tournées électorales; mon activité n’en
sera aucunement diminuée, mais je regrette de ne pouvoir visiter, avant le 27 avril, tous
les électeurs de la circonscription.
JPattends avec confiance votre verdict.
Et quel que soit le résultat* je n’en resterai pas moins dévoué au pays et à |a
République,
Yive la République ï
Germain PÉRIER* Député sortant
Candidat républicain.
2e circonscription d’AUTUN
M. Eugène SCHNEIDER
Elu au 1** tour de scrutin, — 11.586 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
l'aurais voulu pouvoir me consacrer uniquement à la grande industrie dont j'ai la
charge.
Déjà, en 1900, malgré le nombre des voix réunies sur mon nom, j3ai décliné l'honneur
de continuer à diriger la municipalité du Creuset,
Mais Us circonstances imposent aux députés une tâche difficile, à laquelle je ne veux
pas me soustraire. En présence des menaces de l'avenir, malgré mes occupations, j’accep¬
terai la députation comme un devoir, si, par vos suffrages, vous affirmez votre conviction
que je puis vous être utile et servir les intérêts du pays.
Je n'ai rien à changer aux idées générales que je vous exposais en 1898 et qui ont
obtenu votre approbation*
Je veux la liberté loyalement et sincèrement assurée h tous.
Je veux que tous les Français, quelles que soient leur situation et leurs opinions, aient
mêmes droits, mêmes devoirs.
Je veux que la liberté du travail soit respectée par tous, ouvriers, patrons, pouvoirs
publics.
Je continuerai à rester en dehors de la politique de parti et des préoccupations élec¬
torales, pour donner mon concours à tout ministère, qui, en assurant la paix, l’union, la
confiance, permettra à l'agriculture, au commerce et à l’industrie de se développer en toute
sécurité.
Je veux que l’armée, soustraite à toute influence politique, soit toujours une école
d’énergie, de sacrifice et de respect, qu’elle soit, comme la République elle-même, la chose
de tous, la force puissamment organisée, mise au service de la patrie.
Si, comme je le crois, ces idées sont les vôtres, si vous voulez ce que je veux, je serai
fier de demeurer l’élu de vos libres suffrages.
Yotre dévoué.
Eugène SCHNEIDER.
— 709 —
1162
1” circonscription de CHALON-SUR-SAONE
M, BOUVERI
Élu au 1" tour de scrutin, — 13.904 voix.
Citoyens,
Mon programme d’aujourd’hui est mon programme d’août dernier, celui de la Fédéra¬
tion socialiste dont je suis le candidat. Il vous est connu. Cependant, ï la veille de la grande
consultation électorale de demain, il est de mon devoir d’attirer votre attention sur certains
faits qui demandent à n’être pas inaperçus.
\oilà cinquante années et plus que fonctionne le suffrage universel ! depuis trente-
deux ans nous sommes en République. Tour à tour les partis les plus divers ont été au
pouvoir, qu’y avez-vous gagné ?
Les impôts ont-ils diminué ? Non ; chaque jour ils augmentent. Le tribut de la Dette
publique devient de plus en plus lourd. Chaque Français, en naissant, trouve dans son
berceau sa part d’intérêts à payer de plus de trente milliards !
. ^tre rétluites, Jes charges militaires se sont aggravées, accentuant toujours les
in égalités entre les citoyens, La loi de deux ans a été repoussée, c’est encore un an pour
les fils privilégiés de la bourgeoisie, c’est toujours trois ans pour les fils du peuple.
Ouvriers des villes, dont le travail est l’unique moyen d’existence, ce travail vous est
de jour en jour plus enlevé par le chômage résultant de l’emploi des machines par
1 entrée à 1 usine et à l’atelier des femmes et des enfants, par l’afflux, dans les aggloméra¬
tions urbaines, d’une population qui a dû déserter les campagnes. Et dans votre misère la
chante chrétienne et la philanthropie gouvernementale ne peuvent vous offrir que la déri¬
sion d’une aumône aussi impuissante qu’humiliante.
Cultivateurs, vignerons, le produit de votre travail suffit de moins en moins à vous
nourrir J a concurrence intérieure et extérieure en avilit chaque année le prix ; mévente des
blés, meyente des vins, deviennent un mal permarient. Votre petite propriété est toujours
plus menacée par la formation des grandes exploitations agricoles et viticoles à outillage per¬
fectionné. Lorsqu’elle vous reste, l’impôt foncier et la dette hypothécaire l’écrasent. Dette
hypothécaire : en 1820, 8 milliards; en 1840, 12 milliards; en 1868, 10 milliards; en 1887
2 ) milliards; en 1900, plus de 25 milliards, soit une rente de plus de 1 milliard 550 mil-
lions payee chaque année à 3a haute finance par les petits cultivateurs.
Commerçants, petits patrons, classe moyenne, vous vivez dans l’angoisse et dans l’in-
s cunte. La faillite vous guette et, autour de vous, vous entendez ses sinistres craquements*
la grande industrie mécanique ruine vos petits ateliers, les grands magasins dévorent votre
petit commerce, la haute banque engloutit vos économies dans les escroqueries des Unions
Générales et des Panama. Un mouvement Irrésistible vous entraîne vers la ruine et vous
fera tomber demain parmi les salariés, les prolétaires. Ceci au profit de quelques-uns, au
^ riment de tous. Et il en sera ainsi tant que les moyens de production et d’échange reste¬
ront le monopole de quelques financiers, industriels et 'commerçants, au détriment du
patrimoine commun, de ia propriété collective de tous.
À vous de ne plus vouloir cela ; à vous de n'accorder vos voix qu’au parti du travail, au
def IrtUiîleurs aSS6‘ A ^ d>aSir ^ ^ Ia Répub,i^ue soit à vous, soit la République
Les lois seront faites pour vous si elles sont faites par vous.
Vive la République sociale ! Vive la République des travailleurs [
Le Candidat,
h BOUVERI, Député sortant.
2e circonscription de CHALON-SUR-SAONE
M, Jacques CHAUSSIEZ
Elu au 1er tour de scrutin, — 9,312 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le mandat que les électeurs de la 2° circonscription de l’arrondissement de Chalon-
sur-Saône m’ont fait l’honneur de me confier, lors de l'élection partielle de mars 1900, tou¬
chant à sa fin, je viens, avec confiance, vous en demander le renouvellement aux élections
prochaines du dimanche 27 avril.
Pai conscience d'avoir fait mon devoir en soutenant le Gouvernement de Défense répu-
blicaino, qui devait devenir bientôt le Gouvernement d’Action républicaine sous l’impulsion
énergique de l’éminent homme d’Etat qu’est M. Waldeck-Rousseau, Président du Conseil.
Et si nous nous reportons aux grandes lignes du programme de ma profession de loi
en 1900, j’ai conscience, aussi, d’y être resté fidèle, tout en évitant de tomber dans les
pièges que nous tendaient les adversaires irréductibles de la République pour renverser le
Gouvernement qui avait ma confiance.
Vous reconnaîtrez également que, tout en mettant au premier rang les intérêts géné¬
raux de la France, je n'ai pas perdu de vue les intérêts plus particuliers de la région que
j'ai r honneur de représenter et que j'ai fait de mon mieux pour les servir.
Aussi, après l'attitude que j'ai prise a la Chambre, en conformité des principes conte¬
nus dans ma profession de foi, principes que j'ai proclamés de nouveau devant le Congrès
du 2 mars, il ne me paraît pas nécessaire de vous en adresser une nouvelle.
Nous nous connaissons assez maintenant, entre républicains sincères, pour nous com¬
prendre et nous unir en un bloc compact contre toutes les forces coalisées des ennemis de
la République qui, obéissant à la direction des congrégations batailleuses, poursuivent à
tout prix la revanche de la loi sur les associai ions, qui a mis un frein à leurs conspirations.
Il s'agit, après la période de défense, de poursuivre T action démocratique si heureuse¬
ment commencée par de bonnes luis, dont la Hste est déjà longue, et qu ü est inutile de
rappeler, aujourd'hui que la presse est répandue partout.
Il faut arriver maintenant à la réalisation du service militaire de deux ans poui tous,
sans les dispenses antidémocratiques que vous counaissez. Nous y touchons grâce à l'action
incessante du parti républicain ; le projet de lui a été accepté par la Commission du Sénat,
et la Chambre prochaine sera appelée à l'examiner.
il faut poursuivre l'abrogation de la funeste lui Falloux qui divise la jeunesse française
en deux campi ennemis.
il faut établir l'impôt sur 'le revenu pour arriver à une réforme sérieuse du mode dé¬
position actuel par la disparition des lourdes contributions grevant les classes laborieuses,
telles que la personnelle mobilière, l'impôt sur les portes et fenêtres, et d'autres dont
souffrent les humbles dans toutes les branches du travail national : industrie, agricul¬
ture.
Il faut encore aborder la discussion de la réforme judiciaire, dont le prélude a été !a loi
sur les successions, qui est la meilleure réforme démocratique faite depuis longtemps -
Et enfin, c'est en comprenant bien qu'il se fait à chaque génération une évolution
naturelle, politique, économique et sociale que nous arriverons à examiner ces problèmes
nouveaux avec plus de clairvoyance, avec plus de sang-froid et que nous leur trouverons,
dans tous les ordres de travail , une solution se rapprochant de plus en plus de 1 idéal
— 711 — ,N° 1162
d'équité et de justice, qui doit animer tous ceux qui ont au cœur de§ sentiments d’huma-
nlté.
C’e?t ainsi que nous assurerons ie mieux possible la paix sociale, sous l’égide bienfai¬
sante de la République, pour la plus grande gloire de notre cher pays de France,
Mes chers Concitoyens,
J’ai confiance dans le verdict que yous rendrez le 27 avril, et je vous dis au revoir en
criant avec vous i
Vive la République démocratique!
Jacques CHAUSSIER,
Candidat républicain démocrate, Député sortant.
4™ circonscription de GHAHOLLES
M. Gabriel CHEVALIER
Élu au lor tour de scrutin. — 9.430 voix.
Je m’adresse ici aux .électeurs de toute la circonscription, que la maladie m’a empêché
de visiter. .
On m’a accusé de n’être pas républicain. Je vous donne ma parole que je l’ai toujours
été, que je le suis et que je le serai toujours. J’ai défendu la République de ipon mieux, au
16 mai et au 24 mai, je la défendrai encore au moment du danger;— quand elle était toute
puissante, je ne lui ai demandé ni faveurs, ni places.
Ceux qui me refusent le titre de républicain ne défendentpas la République, mais leur
république, qui leur permet de satisfaire leurs passions et leurs intérêts, ils la défendent
comme les rois et les empereurs défendent leur.-; .privilèges, par la proscription, l’injustice
et la corruption.
Les auteurs de la Déclaration des Droits de l’homme en 1789, qui garantissaient à tous
les Fiançais la liberté, l’égalité et la fraternité, ne seraient plus que des réactionnaires, car
pour être aujourd’hui un vrai, un pur républicain, il faut méconnaître l’égalité et toutes les
libertés.
La liberté d’association a été violée en n’accordant pas le droit commun aux associa¬
tions religieuses.
La liberté de conscience a été violée en touchant à la liberté d’enseignement.
Ceux qui nous gouvernent veulent établir le stage scolaire, ç’est-à-dire créer parmi les
Français une classe de parias. Tous les citoyens qui n’auront pas passé trois années dans
une école de l’État, ne pourront obtenir, même par leurs mérites.. P« fonction publique;
Polytechnique, Saint-Cyr, leur seront fermées; l’enfant payera toute sa vie le crime de son
père qui l’a fait élever dans une école libre. Si la loi avait un effet rétroactif, Waldeck-
Rousseau, Caiilaux et tant d’autres devraient rentrer dans la vie privée.
En attendant la promulgation de cette loi, M. André, Ministre de là Guerre, a fait illé¬
galement paraître un décret qui supprime toutes les bourses, à Saint-Cyr et à Polytechnique,
pour ceux qui n’ont pas ôté élevés par l’Université. C’est le cas de s’écrie^ ; malheuf aux
pauvres, car seuls les pauvres qui comptaient sur cette bourse verront leur carrière brisée,
— 712 -
La liberté du travail a été violée par la loi qui limite la journée de travail à dix heures
et demie, et qui soulève les protestations du monde ouvrier.
Pour moi, je suis pour toutes ces libertés, en respectant bien entendu, les justes droits
de l’État
Finances .
Je suis encore partisan des économies dans îa gestion de nos finances. — Depuis plu-
sieurs années notre budget est en déficit — sans vous citer des chiffres que ni vous ni moi
ne pouvons contrôler, que chaque parti, suivant son intérêt, enfle ou diminue — je m'en
tiendrai à celui donné par le rapporteur du budget au Sénat, M. Antonio Dubost, homme
dans lequel on peut avoir confiance, et de plus ministériel, qui estime à 300 millions le
déficit pour le budget de 1901.
Mais ce qui est le plus inquiétant, c'est la progression constante des dépenses, 76 mil¬
lions chaque année, depuis la dernière législature.
Déficit d'un côté, augmentation des dépenses d'autre part, où allons- nous? À des
impôts nouveaux, à la ruine, à la banqueroute si cela continue.
Nos députés, qui devraient être les défenseurs de notre bourse, mettent le budget au
pillage. Pourquoi? Hélas I nos députés sont notre image, c'est nous qui les nommons, et ils
représentent en grande partie nos défauts et nos qualités. Tant que les électeurs ne
sauront pas préférer l'intérêt général à l'intérêt particulier, tant qu'ils demanderont à leur
député des mètres de décorations, des places, des bureaux de tabac, des télégraphes, des
téléphones, des tramways, des chemins de fer, des bureaux de postes, des augmentations
de traitements, en récompense de leurs services électoraux, les finances seront malmenées,
Toutes ces faveurs, toutes ces places, bien souvent imméritées, tous ces travaux, souvent
inutiles, grèvent le budget de la France. Ils ne coûtent rien au député, ils sont payés par
tes contribuables, c'est pour cela qu'il en est si prodigue.
îl faut donc que les électeurs comprennent leurs devoirs, oublient leurs intérêts parti¬
culiers et ne pensent qu'à l'intérêt général ; le député fera comme eux.
En attendant cette réforme des mœurs électorales, qui peut se faire attendre, il faut
employer d'autres moyens.
Il faut supprimer l'initiative parlementaire en matière de finances.
Le député aujourd'hui a le droit de proposer des dépenses; il faut laisser ce droit au
Gouvernement seul. Gomme cela, vous mettrez fin aux gaspillages électoraux, qui ^ont sou¬
vent le seul titre d'un candidat à être réélu, et malheureusement pour la France, titre plus
sérieux que tous les autres.
Cette initiative est supprimée depuis le début du xvnf siècle, en Angleterre, et ce pays
s’en est très bien trouvé.
On a promis fimpôt progressif sur le revenu avec dégrèvement à la base, jusqu’à
1,500 francs. On a négligé toutes les réformes fiscales pratiques pour ne penser qu'à celle-
là- Beaucoup de ceux qui espèrent être dégrevés se trompent. Le fisc arrivera facilement
à établir un revenu de 1,500 francs, et il ne peut en être autrement. Gomment veut on
qu’un budget de près de à milliards soit payé par quelques-uns! De plus le projet confère
aux percepteurs, assistés des délégués des municipalités, le pouvoir de dresser la liste des
assujettis à l'impôt sur le revenu; on ouvrira ainsi la porte à des vexations sans nombre, à
un arbitrage sans limbes.
Ce serait jeter en pâture à la curiosité publique les secrets des fortunes privées. Ce
serait la taille de l'ancien régime, et une inquisition plus odieuse que celle des agents du
fisc chez les débitants.
Enfin, en ce qui concerne particulièrement la terre, qui elle, comme les valeurs mobi¬
lières, ne peut ni émigrer ni se dissimuler, le projet de taxation est complètement arbi¬
traire.
Elle sera taxée i
— 713 — No li62
r Suivant sa valeur locative, estimée d'après létaux du fermage; à défaut de fermage
par comparaison ; et a défaut de comparaison, par estimation;
2° Et pour le fermier, suivant les bénéfices agricoles, fixés d’une façon générale, à une
somme égale a la valeur locative (rapport à la Société des Agriculteurs de France).
La terre, déjà si dépréciée, perdrait encore de sa valeur.
Pour toutes ces raisons, je ne suis pas partisan de cet impôt; si cependant U devenait
nécessaire, comme tout le lait prévoir, d’élabür de nouvelles charges, je préférerais l’impôt
sur le revenu, basé sur les signes extérieurs de la richesse.
Il aurait bien mieux valu aborder la réforme de l’impôt sur la propriété foncière non
bâtie, si mal réparti, si écrasant dans certains pays, si léger dans d’autres — supprimer les
patentes; en effet, les petits commerçants n’ont pas de capital engagé dans leur commerce
ou il est très minime. Ils vivent plutôt de leur travail que de l’exploitation de leur capital!
Ils versent donc deux fois l’impôt, en payant une patente et une contribution mobilière.
Il faut remplacer l’impôt des patentes par l'impôt sur le capital engagé dans l’entre¬
prise commerciale ou industrielle.
fine bonne réforme serait la diminution des frais de justice, ta suppression de l’abus
te formalités judiciaires qui, sous couleur de protection, ruinent les mineurs et les inca*
Cela vaudrait mieux pour les petits patrimoines que la gradation des droits de suc¬
cession. On a diminué les droits de 1 0/0 pour les petites successions, mais elles sont
deyorées par J abus des formalités judiciaires. (Discours de M. Ribot*)
Mais toutes ces réformes ne peuvent s’accomplir que si les finances sont prospères.
Avec un budget en déficit, on ne peut rien entreprendre.
Réformes sociales.
Le sort des réformes sociales est aussi dû à la prospérité budgétaire et l’intérêt des
I ouvriers est de ne rien faire pour diminuer cette prospérité.
I Malheureusement, voici quelques années, lo collectivisme est arrivé, par des promesses
1 . ne pourra tenir, h tromper une grande partie des ouvriers. Cette théorie malfaisante,
p ramènerait l'humanité à l’état de barbarie, détruit l’initiative individuelle, la famille,’
I la liberté : ce serait le bagne, et dans quelques années la misère universelle.
I Mais déjà le remède est trouvé. De courageux ouvriers ont fondé la Bourse indépen-
dantedu travail de Paris, et en peu de temps ils sont parvenus à grouper autour d’eux
e .000 adhérents. Ils demandent l’entente cordiale et juste du capital et du travail, ils
r repoussent les grèves politiques et les politiciens, iis entendent discuter loyalement entre
1 patrons et ouvriers les questions qui peuvent les diviser.
C’est autour de la nouvelle Bourse indépendante, que doivent se grouper les ouvriers
Macieux de leur avenir et de celui de leur pays.
1 C’est quand cette entente entre le capital et le travail sera réalisée, quand l’industrie,
| ecommerce, seront devenus prospères, que le capital pourra appeler les ouvriers, ses
I associes, à la participation aux bénéfices.
b!est alors que la justice sociale sera réalisée.
Le travail, en effet, est un capital qui diminue par les années, et ,comme tout capital,
|§ ür()it « ^ intérêt convenable; cet intérêt est représenté par le salaire quotidien, et a
I- n amortissement, qui est représenté par la participation aux bénéfices. Mais toutes les
f WÎT "e donnent pas des bénéfices, et les ouvriers employés dans ces entreprises
f fa n frustres dR ce <lui îei,r est dû- Pour év‘ter cette injustice, il faut que les sommes
| J1"®? par Ia Participation des ouvriers aux bénéfices soient centralisées pour chaque
I sut ' rie,üu commeice similaire, servent à alimenter des caisses de retraite, qui donneront
^ouvriers sur leurs vieux jours, quand leur capital -travail sera épuisé, la sécurité du
| «demain et le repos.
K Ouvriers, vous avez deux routes à suivre, Uüô pins séduisante qui vous conduira à la
90
— T14 —
ruîne de vos libertés, et peut-être à celle de votre patrie; une autre plus rude, qui voue
semble à tort plus longue, mais qui vous mènera à l’amélioration de voire sort, et qui fera
de vous des hommes libres et digues d’adrairatioo.
Agriculture.
Il est aussi de l’intérêt des agriculteurs de voter pour les candidats qui veulent
s’occuper d’affaires et non de politique. . , .
Vous avez besoin de la sécurité du lendemain et de la bonne gestion des finances. Car
vous êtes les victimes désignées des nouveaux impôts.
Comme le dit le Président de la Société des Agriculteurs de France, âge héroïque de
l’agriculture est passé, il s’est terminé avec ie dix-neuvième siècle. C’était 1 âge des décou¬
vertes fréquentes dans toutes les branches de la science agricole, et de augmentation des
rendements de la terre. Mais aujourd’hui c’est l’ège économique qui commence : abondance
et souffrance, ces deux mots résument la situation agricole actuelle. Il ne s agit pas seule¬
ment de produire* il faut vendre ses produits un pi ix. rémunérateur,
il vous faut* pour marcher dans cette voie, toute la sollicitude du Gouvernement.
Mais si vous voulez obtenir son appui efficace, si vous ne consentez plus à être 1 éter¬
nelle victime, il faut vous grouper tous en associations puissantes, qui dicteront leurs lois
aux députéB. Alors on comptera avec vous, vous pourrez faire respecter vos droits et
exécuter le programme ogiicole des syndicats dont je suis un partisan convaincu.
Adopte par VAssemblêe
PROGMMKE AGHlCOtS DÉS SïHClCATS
générale de VUnion centrale des Syndicats des AgficidlMi
de France,
le 22 février 1902,
1° Protection de la famille et du foyer rüral : . ,
Autorisation du partage en valeurs. - Par une législation supprimant l’obligation du
partage en nature, établie par les articles 826 et 832 du Code civil, et permettant le partage
en valeurs dans les successions, .
Par l’application, aux petits domaines ruraux, des lois sur les habitations a bon marcne,
des 30 novembre 1894 et 31 mars 1896, qui, à la mort d’un cultivateur, permettent a sa
femme ou à ses enfants de conserver la maison paternelle, soit en restant dans l’indivbmn,
soit en faisant attribuer à l’un deux l’immeuble sur estimation amiable, en écartant ta
licitation aux enchères publiques.
2° Protection du travail agricole : . , .,
Droits de douane. — Par le maintien des tarifs douaniers et le respect intégral du
minimum. , .
Marchés fictifs. — Par la réglementation des marchés a terme sur les produits w
coles, de manière à empêcher les marchés fictifs qui faussent les cours par la spéculation
fît ) ? Q rrj O te! *
Fraudes sur les produits agricoles. — Par une répression efficace des fraudes sur es
produits agricoles. , ,
Fournitures à l’armée. — Par l’interdiclïon pour l’Etat d’acheter des objets da.iœ
talion à d’auires qu’à des producteurs fiançais, sauf les cas de guerre ou de disette.
Par la suppression progressive des fournitmes à l’entreprise pour les apPm'lsl, ,
nements de la Guerre et de la Marine et leur remplacement par l’adjudication ou
direct, par lots fractionnés, de manière à permettre aux petits cultivateurs de pat 11 "
aux fournitures de blè, de fourrage, de bétail, de vin, de cidre et de bière.
Alcools industriels et alcools de vin. — Par une distinction établie entre les alcoc
- .et^je fruits ot les alcools d'industrie, lorsqu'ils sont livrés h la consommation, ainsi qno
par toute mesure pouvant faciliter l'emploi industriel de Falcool*
3* Protection des ouvriers agricoles :
Retraites agricoles, — Par d© larges encouragements aux Caisses mutuelles de
retraites organisées par les syndicats agricoles, sur les bases de la loi du 1er avril 1898*
Par la faculté accordée aux déposants des Caisses de retraites d'em ployer en acqui¬
sition d'habitations ou d’immeubles ruraux inaliénables et insaisissables le capital corres^
pondant à la pension qui pourrait leur revenir*
fp Extension du rôle des organisations professionnelles :
Personnalité civile des Unions. — Par ^augmentation de la capacité de posséder des
LndicatJ agricoles et par rétribution de la personnalité civile aux Unions de syndicats*
Par la consultation des syndicats sur toutes les mesures législatives concernant l'agri¬
culture*
5* Diminution des charges s
Impôt foncier- — Par le dégrèvement du principal de l'impôt foncier des propriétés
rurales non bâties, en commençant par les petites cotes des propriétaires cultivant eux-
mêmes*
En repoussant le système de la progressivité de Hrapôt.
Droits de mutation- — - Par la réduction des droits de mutation sur les ventes de pro¬
priétés rurales au même taux que celui fixé pour les valeurs mobilières*
Par la fixation du taux de capitalisation des terres au même chiffre que celui des im¬
meubles bâtis, pour rétablissement des droits de mutation par décès.
Ventes judiciaires- — Par la diminution des frais de ventes judiciaires d’immeubles
ruraux.
65 Développement de l'instruction agricole :
Enseignement agricole. — * Par l'organisation effective de renseignement agricole dans
toutes les écoles rurales primaires ou secondaires, communales ou libres, en utilisant le
concours des associations agricoles*
A rmêe *
Ouvriers, agriculteurs, commerçants, si vous voulez travailler en paix, si vous voulez
que ^étranger respecte vos champs, vos usines, tout ce qui vous fait vivre, vos familles,
votre patrie, tout ce que vous aimez, ayez une armée solide*
Des Français, dont beaucoup sont de bonne foi, guidés par des pensées de haute humât
nitè, ne veulent pins d'armée.
Pour moi, ils sont dans l3 erreur, car nous sommes entourés, de peuples parfaitement
préparés à la guerre, et qui ne reconnaissent qu’une seule loi, îa force par les canons et les
fusils.
Conservons donc notre seule sauvegarde : Famée!
Je suis partisan du service de deux ans et de la suppression de tous les privilèges
existant encore dam la loi de recrutement; je n'en conserverai qu'un seul, le service d'un
an pour les soutiens des fa milles vraiment nécessiteuses*
Electeurs, pensez à la France, et respectez toujours Fidée de Patrie*
Doateur Gabriel CHEVALIER,
Agriculteur,
Candidat Républicain*
— 716 —
Électeurs,
Je me présente "comme républicain sans épithète* car je o’apparliens à aucune coterie
politique, et je ne suis ennemi d’aucune réforme, pourvu qu'elle s’inspire des idées de
justice, de liberté et d'égalité pour tous les citoyens.
Ou vous dira que je ne suis pas républicain, parce que je no comprends pas la Répu¬
blique comme les hommes qui nous gouvernent aujourd'hui. N’en croyez rien, jJai toujours
voté pour la République et je i'ai défendue quand elle était en péril, au 16 mai et au 24 mai.
À l'heure présente, s'il existait encore, Gambetta serait traité de réactionnaire.
Ce que je veux, c'est la liberté d'association, la liberté de conscience, et son corollaire,
îa liberté d’enseignement; toutes ces libertés dans la limité des droits légitimes de l’État.
Ce sont des économies dans nos finances qui, seules, nous permettront d'améliorer le
sort de la classe ouvrière, et d'asseoir sur des bases durables la prospérité de la France.
C'est une armée solide, fidèle à la République, étrangère à la politique, où se retrouve¬
ront sur un pied d'égalité parfaite, tous les Français unis par l'amour du drapeau; armée
nécessaire en face de l'Europe, formidablement organisée et ne respectant que la force.
Mais c’est une charge très lourde pour le pays; ce sont des bras enlevés à l'agriculture
et à l'industrie. Je n'hésiterai donc pas à voter le service de deux ans.
Je veux aussi une agriculture prospère, et tous mes efforts tendront vers ce but : l’amé¬
lioration du sort des habitants de nos campagnes. J'ai passé ma vie au milieu d'eux, j'ai
partagé leurs lutter, je connais leurs désirs, leurs besoins, je connais aussi leur courage,
mais qu'ils n'oublient jamais que l'agriculture et l'industrie sont solidaires, que leurs inté¬
rêts réciproques doivent être respectés, et que la ruine de l'une entraînerait fatalement la
ruine de l'autre. Toutes deux auront mon appui le plus dévoué et je contribuerai de tout
mon pouvoir à assurer en particulier la prospérité du tissage des soieries, l'exportation des
yins et le développement de toute production intéressant spécialement notre région.
Je veux encore l’amélioration du sort des déshérités de la société.
Je repousse le collectivisme, cette théorie décevante et trompeuse, destructive de l’in¬
dividualité, de l1 initiative, de la liberté, de la famille et de la rie liesse publique.
Je conseille aux travailleurs la mutualité, cette forme excellente de la fraternité, et
leur adhésion au programme de la nouvelle Bourse indépendante du travail de Paris, qui
compte déjà 200.0 00 ouvriers syndiqués, programme qui peut se résumer ainsi : entente
cordiale et juste du travail et du capital, discussion loyale entre intéressés des questions
qui peuvent les diviser, et à i' exclusion de la politique et des politiciens.
C’est là qu'est le salut de l’industrie française, c'est cette entente seule qui amènera
l’amélioration des salaires et la participation des ouvriers aux bénéfices.
Enfin je ne me prêterai jamais à aucune injustice, je ne solliciterai jamais pour per¬
sonne des places et des honneurs immérités, ils doivent être réservés à ceux qui en sont
devenus dignes par les services rendus à la collectivité, et non à des personnalités poli¬
tiques.
Vous connaissez maintenant les principes qui guideront toujours ma conduite, je
repousse avec horreur la guerre des classes, je veux tous les Français unis sous le drapeau
de la République qui, seule, peut les réconcilier ; jamais je ne sacrifierai l'intérêt général à
l’intérêt particulier.
Jamais je ne serai le courtisan du suffrage universel, et je rappellerai toujours aux
électeurs que s’ils out des droits, ils ont aussi des devoirs.
Électeurs, vous êtes les maîtres; si vous volez pour moi, je serai fier d’être votre repré¬
sentant et consacrerai à l'exécution de mou mandat toute ma bonne volonté et toute mon
énergie.
Vive la France I Vive la République I
Docteur Gabriel CHEVALIER,
Agriculteur, Candidat républicain.
— 717 —
N* 1162
2° circonscription de CHAROLLES
M. F, SAB BIEN
Élu au 1er tour de scrutin. — 11.873 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je me présente de nouveau à vos suffrages avec l'appui d’un grand nombre de Comités
et de tous les républicains autorisés de notre circonscription électorale.
Malgré les violentes attaques dirigées contre moi par les adversaires de nos institu¬
tions coalisés sous des masques divers, j’ai la conscience devoir rempli le mandat que vous
m’avez confie avec une complète indépendance, un parfait désintéressement et un dévoue”
ment absolu et inaltérable a la cause de la République et de la démocratie.
Depuis 1876 vous m’honorez de votre confiance ; mon passé répond de l’avenir.
J ai toujouis pensé, et je pense encore que la République ne saurait être une vaine
étiquette destinée à couvrir et à conserver les abus et les privilèges du passé, mai* qu’elle
doit être au contraire ouverte à tous les progrès, accessible à toutes les idées généreuses et
. qu'elle a pour mission, tout en rendant à chaque citoyen la justice qui lui est due, de pro¬
téger plus spécialement le faible, le malheureux, celui qui est incapable de se défendre
lui- même, et de donner à ces travailleurs, qui constituent la grafide majorité et la force ue
la nation, plus d instruction, plus d’assistance, plus de moralité et plus de bien-être.
C’est l’honneur des gouvernements démocratiques de s’inspirer sans cesse des besoins
et des volontés du pays, de ne ménager aucun effort pour développer son agriculture, son
commerce, son industrie, pour améliorer les conditions du travail, pour maintenir l’ordre,
non par la force, mais par Tunion des cœurs et des volontés et pour garder la paix qui est
la gloire des peuples libres. C’est le devoir des véritables républicains de poursuivre avec
fermeté la réalisation des réformes que réclame le suffrage universel, en écartant les
vaines illusions elles utopies dangereuses qui ne peuvent amener que le triomphe de la
réaction.
Pour moi, si vous m’envoyez encore à îa Chambre des Députés, je continuerai à marcher
dans la direction politique que j’ai toujours suivie, sans autre préoccupation que celle dé
défendre la République^ nos libres institutions et la cause du progrès démocratique et
social ,
Je veux la réforme de nos impôts par l’établissement de l’impôt sur le revenu, non pas
pour augmenter les charges qui pèsent déjà trop lourdement sur les contribuables, mais
uniquement pour eu assurer une plus équitable répartition en demandant moins au travail
et davantage à la richesse acquise.
Je veux la réduction du service militaire à deux ans avec la suppression des dispenses,
une organisation nouvelle et plus efficace de l’assistance publique en faveur des infirmes et
des vieillards indigents, et l’établissement de retraites pour tous les travailleurs de la terre
ou de l’industrie sans exception.
Je crois enfin, après les événements qui ont troublé ces dernières années et qui nous
eut amenés si prés de la guerre civile, que nous avons pour devoir de défendre avec
énergie les prérog itives et la suprématie de la société civile menacées par des attaques
toujours renaissantes ; de rendre l’Église libre dans l’État souverain, puisqu’elle ne veut
accepter du Concordat que les avantages et non les obligations qui en résultent pour elle, et
üe fortifier Renseignement public par 1 abrogation de la loi Falloux, qui accorde h Rensei¬
gnement congréganiste des privilèges injustifiés*
■
— 748 —
C’est par là seulement que nous arriverons à apaiser ces haines d’un autre âge,
soigneusement fomentées et entreteniies par ceux qui devraient être les premiers à prêcher
îa concorde; c’est par là seulement que nous arriverons à refaire l’unité morale de la
nation et à former des citoyens animés d’un môme sentiment d’amour pour la Patrie, de
dévouement à la République et à la Liberté.
Vous avez, mes chers Concitoyens, à choisir entre deux politiques : celle du passé et
celle qui, tournée vers l’avenir, s'inspire des nécessités présentes.
Quel que soit votre verdict, je m’inclinerai avec respect et je resterai le serviteur fidèle
de la République et de la Démocratie.
F. SARR1EN,
Candidat d’Union républicaine,
Député sortant,
Président du Conseil général, Président de la
Société d’agriculture de Charolles,
Circonscription de LOUHANS
M. PETITJEAN
Elu au lor tour de scrutin. - 9 , 96fi voix.
Mes chers Concitoyens, mes chers Amis,
J’ai l’honneur de solliciter vos suffrages pour les élections législatives prochaines.
Ce n’est pas grâce à ma fortune ou ’à ma position sociale que j’ai l’espoir d’obtenir
votre confiance ; je ne suis en effet qu’un modeste paysan, un travailleur de campagne,
mais je sais que la confiance populaire recherche maintenant, dans son robuste bon sens,
d’autres garanties que celles qu’on lui a offertes jusqu’à ce jour.
Jusqu’à. 22 ans j’ai travaillé la terre d’autrui, partageant tous les travaux et toutes les
peines du cultivateur et vivant de sa propre vie ; depuis, c’est encore avec les cultivateurs
et les ouvriers que s’écoule le reste de mon existence, tous les jours je suis le témoin de
leurs souffrances et de leurs besoins, de leur résignation peut-être, en tout cas de leur
ardent désir de yoir enfin la République s’efforcer de leur assurer et plus de bien-être et
plus de justice. _ ....
il y a li ans, ma candidature aurait été justifiée déjà ; en la reprenant aujourd hui, je
crois répondre à l’attente de toutes nos populations, au vif désir du plus grand nombre.
Je salue M. Mathey dans sa retraite volontaire et je remercie tous ceux de ses amis
encore disposés à le soutenir qui ont bien voulu m’écrire que ; « n’ayant rien oublié du
Congrès de 1898, ils se faisaient un devoir de se rallier maintenant très franchement à ma
candidature ». ,
Je suis, après M. Guillemaut, le plus ancien des Conseillers généraux républicains de
notre arrondissement, et M. Bourgeois lui-même, aujourd’hui mon concurrent, m’a dit a
diverses reprises : « M. Petitjean, à l’expiration de la législature ce sera votre tour ».
Ce tour, chers Concitoyens et chers Amis, si tour il peut y avoir, je vous demande do
me le reconnaître.
Je m’efforcerai d’être à la Chambre ce que je suis depuis près de seize ans au Conseil
général : un travailleur obstiné et consciencieux, vraiment ami des pauvres et des humbles,
serviteur ardent de la démocratie et de la liberté.
719 —
N° 1162
Rêfortncè agricoles ,
Je voudrais rechercher toutes les mesures propres à arrêter la dépopulation de nos
campagnes par le relèvement matériel et morai de la condition du cultivateur.
Il faudrait une organisation plus sérieuse du crédit agricole à taux très réduit, soit par
l’intermédiaire de banques spéciales, soit par celui des caisses d’épargne;
Des secours pius larges aux sinistrés de toute nature ;
Des encouragements plus efficaces à toutes les sociétés d’assurance mutuelles ;
La réforme absolue de J’impôt des prestations ;
La suppression des droits de douane sur les céréales indispensables à l’alimentation
du bétail j ' . . , , ,
Une réduction très sensible des droits de transmission de la petre propriété rurale;
La constitution de biens dits de famille, avec insaisissabilité pour une certaine partie ;
Une réduction considérable de l’impôt foncier par la suppression du principal ;
Enfin la création de Chambres élues de l’agTiculture,
Reformes commerciales .
Je voudrais que nos petits commerçants f issent prôlégês ^avantagé contio la concur¬
rence désastreuse des grands magasins, par une modification de la patente qui accorderait
une réduction sensible aux premiers pour demander davantage aux seconds.
Réformes ouvrières.
Je voudrais d’autre part, pour mettre un terme aux conflits industriels dont le pays
tout entier subit le contre-coup, qu’une association étroite et véritable fût recherchée entre
le capital et le travail et qu’une juste répartition des bénéfices fût toujours prévue.
Et je réclame pour l’ouvrier plus d’indépendance en ce qui concerne ses opinions poli¬
tiques ou religieuses i
Pour tous les travailleurs.
Je réclame de l'État, pour ceux de la ville comme pour ceux de la campagne, une
égale justice et une égale protection. , .
' Je désire pour tous le vote prochain de laloi sur les retraites ouvrières, dont le principe
ne rencontre plus l’objection de personne ,
Réformes financières.
Je veux un large dégrèvement des impôts indirects qui frappent des denrées de toute
nécessité, en particulier le sucre et le café.
Je demande, avec la suppression du principal foncier :
La suppression de l’impôt personne! ;
La. suppression de V impôt mobilier ,
La suppression de l’impôt des portes et fenêtres ;
et l’établissement de l’impôt progressif sur le revenu, avec exonération k U base de toute la
somme jugée nécessaire, 2.500 francs on 3.000 francs pour assurer l’existence même large
de la famille.
li faut d’autre part rechercher loules les économies possibles ;
Simplifier nos rouages administratifs i
Supprimer un grand nombre de fonctions mutiles ;
Réduire les traitements qui sont trop élevés;
Éviter absolument tout nouvel emprunt et rechercher un amortissement plus réguket
et plus sensible de notre dette nationale.
Les Églises et FËtat
II y a nécessité absolue de faire tout d'abord une application plus ferme du Concordat,
tous les jours déchiré par le clergé lui-même, et de préparer le seul régime qui doive
satisfaire tous les partis, la séparation qui, après une loi sur la police des cultes, main¬
tiendra la liberté des Églises dans la souveraineté absolue de l’État laïque.
Enseignement *
11 faut recevoir gratuitement, dans les collèges ou lycées de l’État, les enfants pauvres
qui se distinguent par leur intelligence et par leur amour de l’étude, par leurs progrès à
l’école communale;
il faut abroger la loi Falloux, ne plus permettre à qui que ce soit d’enseigner sans
offrir à F État aucune garantie de capacité, ni même aucune garantie de nationalité française.
Service militaire .
H faut absolument, et le plus vite possible, réduire à deux ans la durée du service mili¬
taire, et supprimrr les périodes de 28 et de 13 jours ; tous ceux qui viennent de subir ces
périodes disent qu’elles ne donnent pas de résultats appréciables pour les pertes de temps,
de travail et d’argent qu’allés causent aux familles.
Il faut supprimer les Conseils de guerre en temps de paix et rendre nos militaires
justiciables des tribunaux ordinaires, comme nous-mêmes*
Justice ,
Il faut étendre la compétence des juges de paix et obtenir une justice pins prompte et
moins ruineuse pour les justiciables, refaire nos codes, réformer en particulier notre code
de procédure civile, diminuer très considérablement les frais nécessaires pour arriver à la
vente par autorité de justice des immeubles de faible valeur ou à la licitation des biens de
mineurs*
Travail parlementaire ,
Je suis absolument hostile au vote par procuration usité dans les Chambres, L'électeur
malade le jour du scrutin rda pas le droit d’envoyer son bulletin de vote à la mairie; le
député ne doit voter que si lui-même est présent,
11 faut d'autre part que le vote du budget soit acquis eu temps normal*
Chers Concitoyens, chers Amis,
Je viens de vous faire connaître, avec la franchise la plus absolue, cc que je pense sur
toutes les questions qui peuvent trouver place dans on programme politique*
Si j’ai l’honneur d’être votre élu, je m'attacherai, croyez-le bien, avec toute l’énergie
dont je suis capable, à la réalisation de ce programme, non pas que je puisse m'engager à
le faire passer tout de suite et tout entier dans noire législation, mais tout entier il est
applicable et tout entier il faut le réaliser progressivement aussi vite que possible.
Et si la majorité de la Chambre se trouve, comme je l’espère bien, animée d’un
souffle républicain vraiment réformateur, la pro haine législature fera beaucoup pour
rendre votre situation moins difficile, par plus de justice sociale et plus de vraie solidarité.
Si je suis élu, j’ indiquerai aux électeurs le Heu où ils me trouveront à Louhans quand
les travaux de la Chambre me permettront d’y venir les jours de foires ou de marchés,
mais j'aurai le devoir de me transporter partout ailleurs lorsque des circonstances
quelconques rassembleront m certain nombre de citoyens.
— 721 ~
N° 1162
Et à ce devoir je ne faillirai pas.
Je m’efforcerai de bien servir tous les intérêts de la démocratie, d’être également
dévoué à toutes les parties de notre citer arrondissement.
Je m’efforcerai de faire disparaître, dans tome la mesure possible, cet antagonisme
dissolvant des classes, si préjudiciable au pays et à. la République.
Je suis très ardemment combattu par toute la réaction, tant mieux ; en me combattant
comme elle le fait, elle me désigne aux suffrages de tous les républicains.
Une demi-douzaine de républicains me combattent encore parce que je suis un prolé¬
taire, un homme condamné au travail pour assurer 1 existence de ma famille*
Mais c’est là précisément ce qui fait ma force. Les travailleurs sont le nombre et ils
comprendront tout l’intérêt qu’ils peuvent avoir à être enQn représentés par l’un des leurs,
par un homme qui restera pour eux tous un camarade, un ami, un frère.
Élu, je recommanderai l’union encore, l’union toujours, l’union féconde entre républi¬
cains, pour la marche en avant, pour le progrès, pour la solidarité, pour la justice et pour
la liberté.
Dois-je prendre une épithète pour vous caractériser ma politique, je ne le crois pas,
car les épithètes ne sont que des mots qui dissimulent la plupart du temps des opinions de
circonstance, et mon programme indique assez la politique que j’entends défendre.
J’aurai suffisamment précisé, du reste, lorsque je vous aurai dit que le ministère actuel,
qui a rendu les plus signalés services au pays et à la République, eBt pour moi un minimum,
et que c’est à c-Mê des Dubief, des Simyan, des Pelletan, que j’irais prendre place sur les
bancs de la Chambre.
Et maintenant, mes Amis travailleurs comme moi,
Aux urnes dimanche, pour plus d’indépendance et plus de liberté.
Aux urnes, pour la République véri ta blâment démocratique, vraiment républicaine.
Th* PETITJEAN,
Conseiller général de Beaurepaire.
lrt circonscription de MACON
M. DUBIEF
Élu au 1er tour de scrutin. — 9.h30 voix.
Mes chers Concitoyens,
Fort du sentiment du devoir accompli, sûr d’avoir fidèlement rempli le mandat que
vous m’aviez confié, je viens vous en demander le renouvellement.
Je n’ai rien à changer à mon programme, qui se résume ainsi :
Impôt progressif sur le revenu, substitué aux contributions directes, pour rétablir
l’équité dans la distribution des charges fiscales entre les citoyens;
Service militaire réduit à deux ans, égal pour tous et imposé à tous;
Séparation de l’Église avec l’État; suppression du monopole des inhumations, réservé
actuellement aux fabriques et aux consistoires;
Égalité des enfants devant l'instruction; abrogation de la loi Falloux; relèvement de la
situation des instituteurs;
Si
Institution des retraites pour fous les travailleurs, pour ceux de l'agriculture comme
pour ceux de l'industrie;
Développement de la mutualité sous toutes ses formes et de toutes les lois de pré¬
voyance et d'assurance sociales, capables d'améliorer les conditions matérielles et morales
des ouvriers des villes, des voies ferrées et des champs.
Comme par le passé, je resterai un gardien vigilant des intérêts de notre grande région
agricole et viticole, donnant tout mon dévouement, toutes mes forces et tout mon cœur
à la prospérité de notre Maçonnais, si éprouvé à l'heure actuelle, au progrès de nos insti¬
tutions républicaines, à la grandeur et à l'éclat dans le monde de notre France, foyer de
liberté et de justice.
Citoyens, -
La réaction cléricale a déserte la lutte dans la ir* circonscription de Mâcon, Peut-être
se propose-t-elle d1 escompter les abstentions à son profit. Vous déjouerez ce calcul, en
allant tous aux urnes, comme si l'adversaire était là, au cri do ;
Vive la République de réformes démocratiques et sociales!
Dr Fernand DljRÏKF, Député sortant*
Vice-Président du Conseil général,
Maire de Prissê,
Vice Président de la Société d'agriculture.
, 2e circonscription de MACON
M. SIMYAN
Elu au 1er tour de scrutin. — 7.979 voix.
Citoyens,
C'est avec ia conscience d’être resté invariablement fidèle à mon programme et au
mandat que j’ai reçu de vous, que je viens à nouveau solliciter vo^ suffrages.
Depuis bientôt 25 années que je suis mêlé à la politique active de notre département,
jJai la conviction d'avoir, dans la mesure de mes forces, servi avec passion et désintéresse¬
ment la cause de la République, et je n'en veux pour preuve que les incessantes attaques
dont je m’honore d’avoir été l'objet de la part de tous les ennemis de la démocratie et de la
liberté.
Aujourd’hui comme hier, je me présente devant vous sans rien abandonner de mes
idées, sans rien changer au pro gramme de réformes que j’ai défendu toute ma vie.
Si, pendant les trois dernières années de la législature qui vient de finir, do sérieuses
réformes ont pu être réalisées, si, grâce à la vigoureuse impulsion du ministère Waldeck-
Rousseau, le Parlementa pu voter des lois aussi importantes que les lois sur la réforme
hypothécaire, sur les droits de mutations, sur la ré \ orme des boissons, aussi importantes
surtout que ia loi sur les associations, il reste encore beaucoup à faire.
Parmi les lois les plus pressantes dont la Lhambre nouvelle devra aborder l’examen, jo
place en première ligne l'application énergique et vigoureuse de îa loi concernant les
congrégations, la séparatiou des Églises et de l’Etat et la suppression du budget des cultes.
l’abrogation de la loi Fâllom, la réduction du service militaire à deux ans, avec la suppres¬
sion de toutes les dispenses.
Mais ces réformes politiques ne sont pas 1rs seules qui doivent solliciter l'attention des
républicains de îa nouvelle Chambre, et elles ne doivent pas faire oublier les lois d’ordre
économique qui, elles aussi, intéressent au plus haut point les classes ouvrières et
agricoles.
Déjà nous avens pu, dans ces dernières années, voter d’importantes mesures destinées
à assurer le prompt développement des caisses d'assurances mutuelles et des caisses régio¬
nales de crédit agricole, déjà un vaste programme de grands travaux publics a été voté
par la Chambre pour permettre plus facilement, et de façon moins coûteuse, le libre écoule¬
ment des produits de noire agriculture et de notre industrie, mais l’œuvre économique de
la prochaine législature ne doit pas se borner là. Il faut donner pins de développement
encore au crédit agricole. — Il faut organiser sérieusement des chambres départementales
d’agriculture, où les petits cultivateurs et les ouvriers agricoles pourront, eux aussi, faire
entendre leurs légitimes revendications, — il faut, soit par la main-mise de l’État sur les
tarifs des chemina de fer, soit par Je rachat des grandes Compagnies, obtenir la réduction
des frais de transport pour nos vins et pour nos bestiaux, — II faut, par le vote si impa¬
tiemment attendu de la loi sur les retraites ouvrières, qui devra s’appliquer également aux
travailleurs des villes et aux travailleurs des campagnes, assurer, à ceux qui ont lutté toute
leur Yie, une vieillesse exempte tout au moins du pénible souci de l’existence, — il faut
enfin que, par le vote de l’impôt progressif sur le revenu, on puisse arriver à diminuer les
charges qui pèsent sur la petite propriété et sur le travail producteur, pour faire porter le
poids de l’impôt sur les riches propriétaires terriens, sur les puissants capitalistes, en un
mot sur la grande fortune immobilisée.
Citoyens, c’est, à cette œuvre d’émancipation politique et sociale que je vous convie.
Dans la crise que nous venons de traverser, dans Passant décisif que nous avons à soutenir
contre la coalition nationaliste, cléricale et césarieni e, c’est sur le peuple seul que nous
avons pu et que nous pouvons encore compter; c’est à ces travailleurs des villes et des
campagnes, républicains avant tout, que je m’adresse pour leur demander d’affirmer une
fois de plus, dans l’élection du 27 avril, leur haine de la réaction sotis toutes ses formes, et
leur invincible attachement h la République de réformes et de progrès, à la République
démocratique et sociale. — Vive îa France I Vive la République!
Julien SIMYÀN, Député sortant,
Candidat républicain radical.
Appel aux Électeurs républicains de la 2e circonscription de Mâcon.
Les soussignés, Conseillers généraux et d’arrondissement, membres de la Fédération
des Comités républicains radicaux et radicaux socialistes des quatre cantons de la 2e cir¬
conscription de l’arrondissement de Mâcon,
Approuvant l’altitude politique du Député Simyan et reconnaissant les grands services
qu’il a rendus à la cause républicaine et aux intérêts de la région, ont résolu de soutenir sa
candidature aux élections législatives du 27 avril et, en conséquence, ils invitent tons les
électeurs républicains à voter pour le citoyen
Julien SIMYAN*
(Suivent les signatures.)
— 724 —
SARTHE
Circonscription de LA FLÈCHE
M. D’ESTOURN ELLES
Élu au 1er tour de scrutin. — 12.141 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
La question qui se pose devant vous, et que l’on cherche à troubler par la calomnie et
par la violence, est très simple ; vous avez à juger entre mes actes et les critiques de mes
adversaires.
Vous m’avez vu à l’œuvre non pas à la veille des élections seulement, mais depuis
sept ans. Toute ma vie se résume en un seul mot : travailler, être utile. Chaque commune
me connaît personnellement par mes services ; c’est ce que les jaloux me reprochent.
J’ai toujours aidé, sans distinction, quiconque avait besoin de moi. Qu’il s’agisse des
écoles, du Prytanêe, dés églises, des communications postales, télégraphiques et autres, des
subventions aux Comices agricoles, aux sociétés de toutes sortes, ou simplement de l’ass;s-
tancé aux cultivateurs, ouvriers ou commerçants, aucune municipalité, personne n’a jamais
réclamé vainement mon appui. Êt quand M. le Président de la République m’a fait le grand
honneur d'accepter mon invitation.de venir dans l’arrondissement de La Flèche, l’affluence
de mes amis accourus pour le saluer a montré quels liens unissaient toutes vos communes
à leur Député.
Je me suis efforcé d’améliorer la situation de l’agriculture : études, enquêtes, voyages
en France et à l’étranger, discours, conférences, démarches... je n’ai rien épargné pour
diminuer l ’S charges qui écrasent nos cultivateurs, augmenter tout au moins leurs moyens
d’action, faciliter les transports dont, ils ont besoin, corriger- le monopole, des chemins de
fer réhabiliter nos voies navigables, créer un Comité de défense des intérêts nationaux...
Mais, sur tout cela,, les journaux réactionnaires, momentanément décorés de l’étiquette
nationaliste, font le silence; leurs polémiques ne s’appliquent qu'à dénigrer les républi¬
cains, du haut en bas deJ’échelle, depuis le Président de la République jusqu’au Député,
jusqu’au plus modeste des maires.
Demandez cependant A ces ennemis de la République ce qu’ils feraient de mieux que
moi, et comment ils réussiraient jamais, même à constituer un gouvernement ! ! !
Rivaux que la haine seule de la liberté réunit, ils se déchireraient entre eux : leur
succès serait la fin de la paix, le retour aux coups d’État trop connus, qui toujours commen¬
cent par leurs belles promesses et toujours finissent dans le sang, depuis Waterloo jusqu’à
Sedan.
Le dernier coup d’État nous a valu l’Empire, dix-huit années de guerres avec les
grandes puissances de l’Europe, même avec la Russie. La République nous a valu pendant
trente-deux ans la paix avec tous et l’alliance avec la Russie.
—
725 -
N» Hbz
r alliance, plus étroite que jamais, vient d’être affirmée encore par le récent
lu Tsar en France, par l’invitation de M. Loubet à Saint-Pétersbourg,
même en s’efforçant de nous brouiller avec toutes les nations étrangères, — sous
^ d0 patriotisme, - on n’a pu empêcher l’Exposition de 1900 d’être un beau succès
Si sommes enfin délivrés de cette lamentable affaire dont la réaction se servait, avec
Ljjde jl va trois ans, pour provoquer jusque dans la rue les désordres, précurseurs
tauerre civile. Faute de mieux, alors, on invoque les grèves. Je les ai depuis longtemps
ILL et annoncées; elles sévissent dans les pays monarchiques autant et plus que
■Innus- elles ont pour cause initiale la concurrence et la surproduction.
las moines deSolesmes, que l’on m’accuse d’avoir chassés, se sont expatries volonlai-
Ment pour ne pas obéir à la loi française. Des milliers d’autres moines se sont soumis
B£. Pourquoi prétendre que la République les persécute, alors quelle a été plus
1 Aireuso oour eux que l’Empire lui-même?,
Loin de persécuter la religion, la République ne cesse de subventionner 1 Eglise, ce
win'amDêche le Gouvernement d’être accusé de vider nos Caisses d’épargne, de gaspiller
dos contribuables, de ruiner le crédit de la France, alors qu’il n’a jamais été plus
^Le soi-disant déficit qu’on relève si complaisamment dans le dernier budget, est
compensé par les excédents antérieurs dont on a soin de ne rien dire; on ne dit rien non
J des sacrifices qui en sont la cause : rien des réformes démocratiques que la France
Liière réclamait et qui, ayant pour la première fois leur effet, débutent
ui des moics-values! la loi sur les successions, qui déduit le passif du total .ur leq _
iuient calculés les droits; la loi des boissons, c’est-à-dire la suppression des droits d octroi
ni empêchaient nos cultivateurs de vendre leur vin dans les villes et nos ouvriers de le
boire (loi qui maintient aux bouilleurs de cru leur privilège). On espere aussi x ou s cacaer
principale cause de toutes les difficultés ; moi je l’ai déclaré maintes fois a la tribune.
Toute l'Europe succombe sous le poids de ses armements croissants. Or, oin t e nous
arrêter dans cette voie, messieurs les Nationalistes nous y poussât. IUe leur suffit pas
d’assurer notre défense nationale ; ils veulent nous brouiller avec toutes les nations et ils
n’ont jamais assez de conquê Les 1 11 ,
La République supporte les frais de la guerre, ou plutôt de toutes les guerres que les
■' régimes monarchiques lui ont légués, avec leur cortège de rancunes et leurs menaces de
représailles. Mais ce n’est pas assez encore, et c’est ici que se traduit le jésuitisme nationa¬
liste : que sont ces expéditions lointaines en Afrique et en Chine, con re exets ( ‘ 8 ï
j'ai toujours protesté, sinon une mauvaise tradition du passé qu on veut aire revivre. rui
smpoisonné de la vieille propagande guerrière à laquelle tous les nunist res r pu icains
rnt eu la faiblesse de faire, à mon sens, trop de concessions? loute la droite a léc.am ,
malgré mes instances, ces conquêtes, et elle les reproche à la Répu ique. om ien
■ milliards nous coûtent-elles, de Fachoda jùsqu’à Pékin? ■*.
Nous avions Pan dernier non pas une armée» mais quatre armées, avec une population
quU’aïigmeute pas : armée de terre» armée de mer, armée coloniale, armée de Chine . Et
on vous dira que la République ne fait rien pour Patméel ! 1
Certes, il est nécessaire d’avoir une armée forte, mais il est necessaire aussi d orga¬
niser la Paix et c’est à quoi j’ai travaillé à la conférence de La Haye. J en suis fier. Et quan
• on ose vous dire que j’aurais mieux fait de ne pas m absenter dt taris, je répon ^ cIue
' *st un honneur, pour vous comme pour moi, d’avoir participé à cette oeuvre grandiose,
espoir de l’humaniié, qui commence à germer. Lés Nationalistes la ridicu isent, i s vou
: tiraient la faire avorter, comme ils sé moquent de mes efforts pour resserrer entre la France
st les États-Unis les liens d’autrefois. Laissez-les dire. Le progrès, l’union des peuples, et
[fit conséquent la paix, sont leurs ennemis naturels; car la paix, plus elle se prolonge, plus
elle consolide la République. La discorde à l’intérieur et à l’extérieur, voila leur secr e
ttpêrancej ils 3e trahissent à la veille des élections par leurs violences jusque ans vos
— 726 —
ôommunës ; la guerre est leur dernière cartouche. Allez au fond de leurs soi-diaa ^
grammes : ils n'ont jamais connu, pour calmer le peuple, d’autre remède que la Z T '
moi je veux l’instruire! Voilà toute la différence entre nous.
Choisissez entre leur agitation batailleuse et ma volonté pacifique. En vuus défend
c’est la Patrie que je défends, la Patrie qui nous a vu naître et que nous vouloir doii!ll
mais d a ua la paix. Soyons Français, vraiment Français, en faisant admirer et aimer P
France, Les autres peuples nous respecteront d’autant plus qu’ils verront notre force b' J
faisante assurer le maintien de l’ordre et la marche de la civilisation.
Vous me connaissez et vous me croyez. Électeur»! j’ai fait mon devoir; à votre ta,
faites le vôtre. Répondez à l’agitation et à la calomnie par votie inébranlable fermeté Ou'
pas un seul d'entre vous ne s'abstienne le 27 avril. Plus nombreux que jamais J
suffrages augmenteront les forces que je veux consacrer lout entières ù vous a la IiL
blique, au Pays, 1 1 p
Votre affectueusement dévoué*
D'LSïOURmLES,
Député sortant*
Ministre plénipotentiaire de lro classe,
Ofiicier de la Légion d’honneur,
Membre de la Cour d’arbitrage de La Haye,
Maire de Ciermont-Créans,
Candidat républicain.
Circonscription de MAMERS
M, Joseph CAILLAüX
Élu au 1er tour de scrutin. — - 13,573 voix»
Mes chers Concitoyens,
Pour la seconde fois* je viens solliciter vos libres suffrages en vous demandant d’approu*
vèr le même programme que celui que je vous ai soumis eu 1898.
Profondément républicain, je défendrai fa République* comme je l’ai fait durant ceê
dernières années* toutes les fois qu’elle sera menacée, soit par ceux qui l’attaquent ouver¬
tement. soit par ceux qui, monarchistes hier, prennent aujourd'hui une autre étiquette pour
égarer le suffrage universel.
J’ai à peine besoin de dire que je défendrai également l’ordre et la propriété indivi¬
duelle, qui est I expression de la liberté et la condition du progrès- Je ne souffrirai jatrais
que, en aucun cas* sous aucune forme, pour aucune raison, il y soit porté la moindre
atteinte.
A la Chambre* si vous m’y envoyez à nouveau* je continuerai a m’occuper plus spécia¬
lement des finances publiques, que je me suis constamment efforcé d’améliorer* Les trois
budgets que* Ministre des Finances* j’ai eu l’honneur d'exécuter* présentent, dans leur
ensemble* un excèdent considérable* quoi qu’eu puissent dire nies adversaires. Dans l’av-o-
flir, la situation sera meilleure encore, si la Chambre* par des modifications à son règle-
N° 1162
- 727 -
Il ment, que je m'efforcerai de provoquer, renonce à augmenter les dépenses publiques et
Ir s’applique uniquement à les réduire.
Très partisan, comme je l’ai prouvé, dos rérormes fiscales qui diminuent le poids de
' p0ur les pauvres, les petits, les humbles, je veillerai cependant à ce que les rema-
! I fliements à intervenir n’impliquent ni vexations, ni inquisitions d’aucune sorte dans les
I affaires privées. J’ai défendu, vous le savez, je défendrai encore les droits légitimes des
[ bouilleurs de cru.
Désireux d’alléger la chargeai lourdo pour le pays, du service militaire, je voterai toute
réduction dans la durée du service qui sera compatible avec les nécessités de la défense du
pays et qui laisse intacte cette armée qui nous est chère à tous et qui doit être maintenue
en dehors des luttes de parti.
Convaincu que chacun doit être libre de penser ou de croire à son gré, j’entends que le
I clergé soit tenu à l’écart de ia politique. J’entends encore que la nouvelle loi sur les asso¬
ciations soit appliquée aux congrégations religieuses avec la mesure, mais aussi avec la
[; fermeté et l’esprit de suite nécessaires.
Les mômes principes font de moi un partisan de la liberté d’enseignement, mais
[ j'estime que les privilèges conférés par la loi Falloux doivent disparaître et que l’État a le
devoir de s’ssurer, tant par les grades ou diplômes qu’il exigera, que par la surveillance
J qu’il exercera, que dans tous les collèges, sans distinction d’aucune sorte, l’on distribue
I aux enfants un enseignement en harmonie avec les idées de notre temps.
Mes chers Concitoyens,
C’est à vous que je dois de participer au Gouvernement de notre pays, c’est à vous que
je dois d’avoir réalisé des réformes que je crois utiles à la démocratie. L’œuvre que nous
avons commencée ensemble, nous la continuerons ensemble, si vous le voulez bien. En
voire nom, j’apporterai mon concours le plus dévoué au Gouvernement républicain. Je
m’efforcerai de défendre auprès de lui les intérêts locaux de notre arrondissement, avec lui
les Intérêts -généraux du pays.
Mon programme se résume en ces deux phrases :
Ordre et progrès dans la République!
Ni réaction, ni révolution!
J. CAILLAUX, Député sortant,
Ministre des Finances.
lr0 circonscription du MANS
M. FOUCHÉ
Élu au 1er tour de scrutin. — 12.000 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
I ^pondant aux instances des trois comités républicains de l’Alliance des républicains
IJ^ress'strs> de la Patrie française et de l’Action libérale, qui m’ont demandé d’être Je
i <- edraPeau de la République progressiste, patriote et libérale, dans la première circon-
— 728 —
scrîption du Mans, aux élections législatives du 27 avril prochain, j’ai l’honneur de me pré¬
senter à vos libres suffrages.
Lès événement qui ont marqué la dernière législature sont, vous le savez, d’une gra¬
vité exceptionnelle.
Avec le ministère Waldeck-Rousseau,une coalition jacobine et sectaire a réussi à s’em¬
parer du pouvoir.
Libertés individuelle, de conscience, d’enseignement, d’association et du travail, pro¬
priété, finances, armée, patrie, tout a été atteint ou menacé à tel point que le pays serait
fatalement voué à la déchéance prochaine, si le renouvellement de la Chambre des Députés
tournait au profit de cette néfaste politique.
Mon programme :
C’est de réparer tout le mal qui a été fait, — de relever dans le pays l'idée de justice,
— - de restaurer la liberté, — de mettre l’armée au-dessus de toutes les divisions, et de li
tenir avec soin éloignée de toutes les influences politiques.
Ce que je veux :
C’est la liberté de conscience, la liberté d’enseignement et la liberté d’association,
égales pour tous les citoyens, sans privilège ni faveur pour personne.
C’est la liberté du travail, dont la règlementation abusive cause le plus grave préjudice
à ceux-là mêmes qu’on prétend protéger. *
C’est la défense de la propriété individuelle, fruit du travail accumulé, contre toutes lei
entreprises socialistes-collectivistes. |
C’est le rapprochement du capital et du travail, le retour de la confiance détruite parla
politique révolutionnaire du ministère Waldeck-Rousseau et par la menace d expériences
fiscales injustes et dangereuses, que je réprouve formellement. . j
C’est le rétablissemen t de l’ordre dans les finances par une sage politique, attentive à
supprimer les dépenses inutiles, à lutter contre les abus du fonctionnarisme et à développer
l’activité individuelle et nationale. J
Ce que je veux enfin, c’est l’amélioration du sort de chacun, notamment par la ffi*
plication et l’encouragement des associations et des couvres de mutualité.
Industriel au Mans, où j’occupe un grand nombre d’ouvriers, et propriétaire agriculteur
à Saint-Saturnin, je crois être en situation de connaître les besoins des commerçants, des
industriels, des agriculteurs et de tous les travailleurs de notre circonscription.
Je défendrai leurs intérêts sans relâche, et soutiendrai leurs légitimes revendications
de toute mon énergie.
Mes chers Concitoyens,
Vous allez rendre, le 27 avril prochain, un arrêt duquel peut dépendre la vie ou la
mort de la France. .
Que tous ceux qui ont au cœur l’amour ardent de la patrie marchent étroitement un ,
pour l’arracher à la tyrannie qui l'opprime et au joug humiliant d’une coterie qui la ruine.
Vive la France!
Vive la République progressiste, patriote et libérale !
Ernest FOUCHÉ,
Ingénieur des arts et manufactures,
Constructeur de matériel de chemins de fer.
Maire de Saint-Saturnin.
— 729 —
N° 1162
26 circonscription du MANS
M. GALP1N
Élu au 1er tour de scrutin. — 11.146 voix.
Mes chers Concitoyens,
Mes chers Amis,
En 1893, je vous disais :
» Le suffrage universel, depuis quelques années, a manifesté, dans les élections, sa
vo’ontè d** ne pas modifier la forme du Gouvernement. Je suis toujours le respectueux ser¬
viteur de la volonté nationale; nul n’a le droit de s’insurger contre la volonté du peuple. J’ai
toujours été l’ennemi des coteries qui divisent notre pays. Je suis toujours le partisan con¬
vaincu de l’apaisement et de la conciliation, qui sont indispensables à la prospérité de la
** Cette déclaration, je vous l’ai rappelée en 1898, en tête de ma profession de foi. Je sois
fier de pouvoir, en vous la rappelant ■ ncore aujourd’hui, répéter que je suis resté fidèle à
ce programme que, par deux fois, vos suffrages ont approuvé. .... , . ,
Ne m’inspirant jamais que des intérêts supérieurs de la France, j avais, dans la précé¬
dente législature, soutenu de mes votes le ministère Méline, parce qu’il avait, ainsi que je
vous le disais tendu à l’agriculture d’importants services, et aussi parce qu il avait énergi¬
quement, durant deux aimées, combattu les tendances révolutionnaires des radicaux et des
Au nom des mêmes principes, j’ai combattu le ministère Waldeck-Rousseau-Millerand.
Élu par des patriotes sincères, par des cultivateurs attachés à la propriété que leur
labeur féconde par des travailleurs attachés à l’épargne qu’ils amassent si péniblement,
t’aurais cru trahir la confiance de mes électeurs et manquer à tous mes devoirs, si j’avais
donné mon concours k une politique qui, après avoir livré le pays aux plus tristes discordes
en rouvrant le procès Dreyfus, après avoir gracié le traître deux fois condamné, s’est mise à
la remorque de ses défenseurs, et s’est abaissée jusqu’à devenir l’instrument de leurs ran-
^^J’aurais manqué à mon devoir si j’avais soutenu ce ministère qui, en frappant avec
une brutalité inouïe les chefs les pins respectés, en livrant les officiers aux plus honteuses
délations a si profondément troublé notre armée; ce ministère, qui a couvert de sa coupable
complaisance les manœuvres de ceux qui cherçhent à détruire en nous le respect de la dis¬
cipline et le sentiment ou devoir envers la Patrie. . .
J'aurais manqué à mon devoir enfin, si j’avais approuvé par mes votes le ministère qui
a nactisé avec les socialistes, en élevam deux de ses représentants au pouvoir, et qui n’a
vécu qu’en s’appuyant sur ceux qui prêchent la révolution violente et la destruction de l’ordre
SOt 11 Je crois qu’on n’organise pas l’ordre avec le concours des hommes de désordre, et quelle
sJit d’ailleurs l’habileté et la prudence avec lesquelles les collectivistes présentent leurs
doctrines il n’en est pas une qui ne conduise pi s ou moins vite, plus ou moins directe¬
ment, à là destruction de la propriété individuelle, dont les principes de 1789 nous ont
assuré la liberté- , .
Cette politique néfaste, vous pouvez l’apprécier par ses résultats.
Les grèves se multiplient de la façon la plus inquiétante, et nous sommes sous le coup
03
— 730 —
de la grève générale. Les passions et les appétits révolutionnaires sont plus ardents que
jamais.
Nous avons vu apparaîtra la déficit de nos finances. Nous avons été acculés à la néces*
s i té de recourir à l'emprunt, par rémission de bon? à court terme, pour équilibrer le bud-
g t. Nous sommes menacés d'impôts nouveaux.
Voilà pourquoi j’ai combattu le ministère Waldeck-Millerand, et vous, qui êtes les par¬
tisans résolus d’une politique tic ljMral apaisement, vous m'approuvez, j'en suis sûr.
Mais je n'ai jamais perdu de vue vos Intérêts* dont vous m'aviez confié la garde, et je n’ai
jamais cessé de travailler à les défendre,
La Chambre m’a réélu membre de la grande Commission des douanes, au sein de
laquelle j'ai pu, comme je Lavais toujours fait, travailler à la protection de votre production
agricole et industrielle.
J’ai eu l’honneur d'être nommé vice-président de la grande Commission de l'agricul¬
ture, devant laquelle se discutent et se préparent toutes les lois qui vous intéressent.
C'est ainsi que, dans cette Commission, mes collègues et moi nous avons pu arrêter au
passage un projet de loi qui venait d’être voté par le Sénat, et d'après lequel étaient seuls
autorisés à exercer leur profession les hongreurs inscrits depuis trois ans à la patente; je
n'ai pas besoin d'insister pour vous démontrer combien eussent été fâcheux pour vous les
résultats de cette loi.
C'est sur une proposition faite par moi que la Chambre précédente a accordé, aux pro¬
ducteurs de chanvre, la prime qui leur est nécessaire pour soutenir la concurrence étran¬
gère. Cette prime leur a ôté maintenue dans les conditions de ma proposition*
Je m'étais déjà, il y a quatre ans, prononcé en faveur du principe de la réduction à
deux ans du service militaire. J'ai voté encore en faveur de l’accom plissement de cette
réforme, sous les garanties qui sont indispensables pour ne pas affaiblir notre armée. One
année puissante est encore ie meilleur, c’est encore le seul moyen de maintenir la paix,
J ai vote la réduction à 21 et à 8 jours des périodes d'exercices des réservistes et terri¬
toriaux.
Enfin, dans la discussion de la loi sur le régime des boissons, j'ai défendu les droits des
bouilleurs de cru, aussi bien que ceux des débitants, que cette loi vexatoirè lèse également,
11 y a vingt-cinq ans que je les défends.
Mes chers Concitoyens,
Je me suis tenu en rapport constant avec vous, allant aussi souvent qu’il m7a été pos¬
sible vous visiter dans vos communes, et jamais aucun de vous ne s’est vainement adressé
à moi.
Si vous me faites l'honneur de me réélire, je continuerai à remplir mon mandat avec le
même zèle, avec le même désintéressement, avec la même loyauté* J'ai toujours été, je serai
toujours indépendant ; j’ai toujours refusé, je refuserai toujours de me laisser dominer par
aucune coterie*
Et en sollicitant de nouveau F honneur de vous représenter à la Chambre, je croîs pou
voir compter sur les suffrages de tous ceux qui sont partisans d'une République sincèrement
libérale, respectueuse des droits de tous, m tète desquels je place la liberté d’enseignement
et la liberté de conscience*
Je crois pouvoir compter sur les suffrages de tous ceux qui veulent la grandeur de J a
France par l'ordre, la paix et la liberté*
Votre tout dévoué,
G* GALPIN, Député sortant.
— 731 —
N° 1162
Circonscription de SAINT-CALAIS
M. Godefroy CAVAIGNAC
Élu au loc tour de scrutin. — 10 .601 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
J’ai eu l’occasion de m’expliquer devant vous au cours des réunions publiques tenues
déjà dans la plupart des communes.
Je me bornerai à résumer ici les déclarations politiques, qu’un grand nombre d’éhtre
vous ont entendues.
Fidèle aux idées que je représente au Parlement) depuis vingt années, et que j ai,
durant celte longue période, soutenues en parfait accord avec vous. Je pense que les discus¬
sions de politique pure sont dominées en ce moment par un débat où les conditions fonda¬
mentales de l’existence nationale sont remises en question.
Les idées nationales sur lesquelles repose l’existence des insiitütiohs militaires, Subis¬
sent à l’heure actuelle un assaut des plus dangereux.
Si le 27 avril, le suffrage universel ne manifeste pas clairement ses volontés sur ce
point, ou aura bientôt sacrifié sans remède notre organisation militaire aux entreprises ou
aux visées secrétes de tous les internationalismes et des antimilitaristes.
11 sVit là d’une tentative plus funeste encore que tant d’autres actes par lesquels le
ministère' actuel a suscité partout les inquiétudes et les mécontentements, plus grave que
ks concessions faites au collectivisme, plus grave que l’imprévoyance et le désordre par
lesquels on a compromis la situation financière.
Quel que soit le résultat des élections, qu’elles aboutissent à la constitution d’un Gou¬
vernement modéré ou radical, la tâche de ceux qui vous représenteront, telle que Je la
conçois, sera demain comme elle était hier, de défendre les idées et la sécurité nationales,
d’on imposer le respecta ceux qui détiendront le pouvoir.
En opposant une résistance déterminée aux directeurs apparents ou occultes de la
politique de ces dernières années, sous quelque forme nouvelle qu’ils puissent se présenter,
je suis convaincu de défendre non seulement l’idée nationale, mais de défendre aussi le
fruit le plus précieux du régime républicain : l’indépendance de la démocratie.
11 n’en resterait plus rien le jour où la puissance de l’argent, l’influence de la finance
cosmopolite, imposeraient leur direction aux pouvoirs publics, à ceux auxquels la démocra¬
tie a confié le soin de la représenter ou de diriger ses destinées.
Et maintenant, s’il s’agit de l’œuvre du progrès politique, je suis ce que j’ai tou¬
jours été :
Fidèle à l’idée républicains ; convaincu que la meilleure justification du régime répu¬
blicain est dans un attachement invincible à la réalisation des idées démocratiques et des
améliorations sociales;
Fidèle à la politique qui a su défendre, il y a vingt ans, contre les entreprises qui la
menaçaient, la neutralité religieuse de 1 Éiat ;
Résolu à ne franchir jamais la limite où la défense de l’Etat laïque prendrait le carac¬
tère d’une entreprise contre l’inviolabilité de la conscience individuelle.
Tel vous m’avez connu depuis vingt ans, ici je suis toujours.
Sur un seul point, les événements qui se sont déroulés, dans ces dernières années,
m’ont amené à ajouter un article au programme politique que je viens de tracer devant
vuus:
La Constitution de 1875, léguée à ia République par une Assemblée qui n’était pas
républicaine, ne satisfait visiblement pas, malgré les efforts qu’ont fait les républicains
pour s’en accommoder, aux conditions essentielles que la Nation a le droit d'exiger de son
organisme constitutionnel.
La prépondérance abusive et l’action déréglée du pouvoir parlementaire ont compro¬
mis, à la fois, la bonne gestion des affaires publiques, et la marche assurée, régulière,
continue des progrès démocratiques.
Il faudrait être aveugle pour fermer les yeux à un péril que tous les hommes politiques
discernent, quoique beaucoup se refusent à l’avouer.
11 me paraît que la nécessité d’uue réforme constitutionnelle s’impose, et qu’il est
temps d’en demander la réalisation à un effort commun des hommes de bonne volonté, à
une claire manifestation du suffrage universel.
À ces déclarations, je n'ajouterai qu’un mot :
J’ai toujours su défendre, contre toutes les menaces et toutes les tentatives de l'esprit
de parti, l’indépendance de ma pensée.
Je n’ai jamais hésité non plus à l’exposer avec une entière sincérité devant les élec¬
teurs de ^arrondissement de Saint-Cal ais.
Et la meilleure réponse que j’aie à opposer aux critiques ou aux attaques que vous
entendez journellement diriger contre moi, n'est pas dans les lignes que j’écris ici :
Elle est dans votre esprit à tous, et dans la connaissance que vous avez u’une carrière
politique à laquelle vous êtes, depuis vingt ans, associés par la confiance que vous m’avez
prodiguée.
Godefroy CAVÀIGNÀC.
— 733
N° H62
SAVOIE
Circonscription
d’ALBERTVILLE
M. PROUST
Eiu au 2e tour de scrutin. — 4-129 voix.
Chers Concitoyens,
Vous m'avez fait le grand honneur de me désigner, le 19 mai dernier, par 3.960 voix,
pour vous représenter à la Chambre des Dépmés, et c’est avec la certitude de n’avoir démé¬
rité en rien de votre estime et de votre confiance que je viens de nouveau solliciter vos
suffrages.
Je sui3 resté fidèle au programme que je vous avais exposé et je n’ai rien à y changer.
Je demeure l’adversaire du collectivisme et le défenseur ardent et résolu de toutes les
institutions qui sont le patrimoine du régime républicain.
Je persiste à être convaincu qu’en dehors des partis extrêmes, il y a place, dans la
République, pour une politique de réformes, de prévoyance et d’économie, qui soit tolé¬
rante à l’égard de toutes les croyances et dont la préoccupation constante sera le respect de
la liberté et de la justice.
J’ai conformé mon attitude, à la Chambre, à cette politique, et mes votes vous sont une
preuve que je n’ai rien sacrifié de mon indépendance.
Partisau de la liberté de conscience, de la liberté d’enseignement, de la liberté du tra¬
vail, du développement de l’instruction populaire et agricole, de l’indépendance des fonc¬
tionnaires, je n’ai négligé aucune occasion de manifester mon sentiment sur les questions
relatives à cet ordre d’idées.
En ce qui concerne la défense nationale, j’ai voté le service de deux ans, la suppres¬
sion des treize jours et la réduction à vingt et un jours des périodes d'instruction des
réservistes.
Enfin, j'ai témoigné mon attachement aux réformes vraiment républicaines et démocra¬
tiques en votant la diminution des gros traitements, l’extension de la progression des droits
de mutation aux gros héritages, le principe des retraites ouvrières, toutes les propositions
tendant à réformer la loi sur les boissons, si inquisitoriale et si préjudiciable à nos petits
bouilleurs de cru, toutes les mesures destinées à apporter plus d’ordre et d’économie dans
nos finances, toutes les réformes économiques destinées à venir en aide à l’agriculture, a
favoriser nos industries mulassières, fromagères et autres, qui constituent la richesse de
notre arrondissement.
D’autre part, dans de nombreuses circonstances, vous avez pu reconnaître que mon
activité et mon dévouement vous étaient tout acquis, aussi bien lorsqu’il s’agissait d’un ser¬
vice à vous rendre que de la défense de vos intérêts généraux.
Electeurs j
Vous avez affirmé maintes fois votre fidélité aux principes qui sont la base de Dion
programme. J'ai plus que jamais confiance dans voire clairvoyance et dans votre jugement,
Vive là République 1
Vive l'arrondissement d'Albertville!
A. PROUST, Député sortant*
lr& circonscription de CHAMBÉRY
M. DÜSSDEL
Élu au 1er tour de scrutin, — 9.696 voix.
Mes chers Concitoyens,
Désigné à Funan imité par le congrès des comités républicains de la lre cirCùnscnptîoD
de Chambéry comme candidat aux élections législatives, je viens exposer mon pro¬
gramme.
Je suis partisan convaincu de l'instruction laïque et obligatoire, du frtage de scolarité et
de l'abrogation de la loiFalloux, dernièrement votée par la Chambre*
Je veux que tous les citoyens, égaux devant la loi, le soient aussi devant le service tai-
litaire, qui doit être aussi réduit que possible et égal pour tous, — Comme conséquence, je
soutiendrai toute motion tendant à réduire le service militaire à deux ans, à diminuer les
périodes de 28 jours, et à supprimer celles de 13 jours.
Dans l'ordre financier, je veux une réforme des chargea publiques et l'institution d'tm
impôt pratique sur le revenu; révision des traitements : diminution dés gros et augmenta-
lion des petits. — Amélioration du sort des instituteurs, comme il a été fait pour celui des
officiers, — Atténuation dé l'impôt suivant les charges de famille.
Partisan résolu de toutes les économies qui dégrèvent le budget, je ne voterai aucune
dépense dont la nécessité ne sera pas absolument justifiée.
Au point de vue agricole, je suis partisan, si possible, de la révision de la loi sur les
alcools et du maintien amélioré du privilège des bouilleurs de cru.
Je demanderai pour les planteurs de tabac ; 1. Prix plus rémunérateur. — IL Nomination
des experts en partie par L’Etat, en partie par le suffrage des planteurs du canton.
Extension des assurances mutuelles coutre Ja mortalité du bétail avec subventions de
V'État dans la plus large mesure.
Ennemi acharné de tous les privilèges qui facilitent et permettent l'accaparement, je
m'engage à étudier d'une façon toute particulière et à voter les lois afférentes à l'agri¬
culture i
Dégrèvement, diminution des droits de mutation et de toutes les charges qui pèsent si
inégalement sur les propriétaires ruraux et les ouvriers agricoles.
Dans Perdre politique et soda!, je veux la suprématie du pouvoir civil sur lé pouvoir
militaire et sur tous les autres pouvoirs, l'application de plus en plus large de la liberté de
conscience ; respectant les croyances sincères des uns et les idées phüosüpliiqués des autres,
anti-clérical, mais non anti-religieux; partisan convaincu de la loi Sur les associations et
des réformes nécessaires pour améliorer notre état social et donner plus de bien-être à ceux
qui en sont privés, je suis disposé à étudier et à voter toutes les améliorations qui, en sau-
— m —
N* ii 62
vegar dant toutefois la propriété individuelle, pourront atteindre ce but- De même que je
leux une République nettement, franchement républicaine, ne voulant s'appuyer que sur
les vrais républicains, et non sur les nationalistes représentant les opinions les plus variées,
la plupart hostiles à la République, — restitue, en outre, qm le développement des institu¬
tions do prévoyance et d’assistance des caisses de retraite, d’assurances mus le contrôle
& l’État et au besoin par lux-même, est un des premiers devoirs sociaux: je voterai
toutes les lois qui faciliteront la création de ces œuvres indispensables, et m’attacherai
à répandre, dans nos campagnes et dans les villes, les grandes idées de mutualité et de
solidarité-
Et je veux enfin que, l’esprit républicain pénétrant de plus en plus dans les masses, la
souveraineté du peuple s’affirme partout.
Enfant du pays, ayant vécu de votre vie, je suis h même, mieux qu'un étranger, de
connaître vos intérêts, vos aspirations, de faire aboutir les unes et de défendre les
autres.
Dévoué à la cause de îa démocratie, aimant avec passion notre chère et belle Savoie, je
lesterai en communication constante avec vous, et vous me trouverez en tout temps sur la
brèche, toujours prêt à lutter et à combattre pour l’amélioration du sort de l’ouvrier et du
paysan, et pour la défense des institutions républicaines menacées que la France s’est libre¬
ment données E
Vive îa République démocratique 1
Vive la France l Vive la Savoie î
Francisque DUSSUEL.
2" circonscription de CHAMBÉRY
M. CHARBON
Elu au 1er tour de scrutin. — 8*511 voix.
Citoyens,
H y a deux années, vous avez affirmé sur mou nom votre foi républicaine, votre atta¬
chement au seul régime compatible avec la marche normale du progrès, et aussi votre con~
liante en celui que vos représentants autorisés avaient choisi pour être le porte-drapeau de
la concentration républicaine.
Fort de l’appui moral que m’a donné, h Vunariimité, 1& Congrès des communes tenu le
8 mars dernier an' théâtre de Chambéry î fort aussi de la collaboration des vieux lutteurs
qui ont nom : Pâmer, sénateur, président du Conseil général; Dijoud, Guy, Mamy, Roché
et Tberme conseillers généraux; Revtliiod, président du Conseil d’arrondissement ; Armand,
Lonsard Pellin et Pépin, conseillers d’arrondissement; fort enfin de F adhésion à ma candi¬
dature de M. le maire, des deux adjoints et de la grande majorité du Conseil municipal de
Chambéry, je viens à nouveau solliciter vos suffrages^
Mon programme vous est connu. Tel je vous l’ai exposé, tel jo Pat suivi au cours de ces
deux années de législature,
Je m’honore d'avoir contribué, par mes votes politiques, à soutenir le ministère de dé¬
fense et d’action républicaines de M. Waïdeèk-Roussèuu contre les attaques passionnées de
la réaction cléricale, quelque drapeau qu’elle ait arboré et sous quelque masque qu’elle se
— 736 —
soit dissimulée. Je me flatte aussi, dans Tordre économique, d'avoir soutenu les intérêts des
petits, n'en déplaise à des adversaires qui se servent aujourd'hui, comme d'un tremplin
électoral, d'une législation nouvelle sur les boissons, mal connue des intéressés et suscep¬
tible de corrections que seule l'expérience peut nous dicter.
Au moment du renouvellement intégral de la Chambre, la question se pose devant le
pays de savoir si la République doit être gouvernée par des républicains sans arrière-pensée
ou par une concentration hybride des débris des anciens partis et des éternels blackboulés
du suffrage universel; si, en un mot, nous devons orienter nettement notre politique à
gauche, dans la voie du progrès et des réformes démocratiques, ou à droite dans la voie du
piétinement et du recul»
Citoyens,
Vous choisirez entre ces deux poétiques* Je suis, moî3 le candidat de la concentrations
gauche» Vous chercherez dans mon entourage: vous n'y trouverez, ni ouvertement, ni da:is
la coulisse, de patronage suspect; vous entendrez discuter des principes et non pas des
personnalités»
Je reste ce que j'étais hier : républicain sans compromissions, heureux de consacrer
tonte mon activité et tout mon dévouement à faire triompher la cause de mon parti et à faire
aboutir les revendications de mes électeurs.
Vive la République démocratique!
G. CHAMRON, Député sortant,
Membre du Conseil d'arrondissement de Chambéry»
Circonscription de MOUTIERS
M, EMPEREUR
Élu au 1er tour de scrutin» — b*b& 7 voix»
Mes chers Compatriotes,
Le 17 septembre 1899, vous m'avez élu votre député par suffrages sur 5.22Ü vo¬
tante et vous m'avez élu sur un programme nettement républicain où j 'affirmais m^n
adhésion au Gouvernement de défense et d'actinn républicaines.
Vous avez pensé que je pouvais soutenir vos droits politiques et défendre vos intérêts
matériels; je ne crains pas de dire que je me suis appliqué à tenir mes promesses ri à
remplir mon mandat en tonte fidélité et conscience pendant ces deux aus et demi de légis¬
lature» Vous jugerez vous-mêmes.
Voici mes actes :
Sur mon intervention réitérée, le Ministère de l'Intérieur, malgré Ravis contraire du
Conseil d'Êtat, autorise b s communes de Planay et de Noire-ï>*me-de-Briançon à contracter
un emprunt pour acheter chacune une montagne;
Il accorde des subsides extraordinaires aux communes d’HanteviUe-Gonilon, de Bel-
rentre et de Pussy pour la construction de ponts métalliques sur l'Isère, et aux communes
de Nàves, d'Aigueblanche et de Saint-Ûyen pour réparation à leur église et à leur pï*B'
bytère;
ND 1162
— 737 —
11 sst tout disposé à accorder aussi des subsides pour le même objet aux communes de
Montgirod et de Saint-Laurent-la-Côte.
C’est la meilleure réponse que je puisse faire à ceux qui, par ignorance ou par calcul,
m'accusent de vouloir faire fermer les églises et chasser les prêtres.
A ma demande, le Ministère de l’Intérieur et celui de [agriculture envoient des se¬
cours en argent aux incendiés de Peisey, de Granier, des Allues, d’Hauteville-Gondon.
Le Ministère ne l’Agriculture alloue un subside de 12. 000 francs et le département de
la Savoie un subside de 2.000 francs à la commune de Sainte-Foy pour travaux de drainages
utiles à la consolidation de son terrain, il donne 1-000 francs à la Société d assurances
mutuelles agricoles contre l’incendie, la Fraternelle de Moulvalezan, et il est en voie d'en
donner autant à ci-lle d’Haoieville-Gondon;
Le même Ministère, sur mes instances réitérées et celles de mes collègues, décide
l’exécution des grands travaux de correction du torrent Morel, soit une dépense d’environ
quatre cent mille Irancs, pour protéger les propriétés des communes d’Aigueblanche, de
de Bellecombe, de Saint-Oyen, de Doucy et des Avanchers.
Il étend à neuf mois la durée de l’enseignement à la fruitière-ecole de Bourg-Saint -
Maurice et prescrit que cet enseignement sera donné, pendant les trois mois de l’été, dans
uoe montagne de la commune des Avanchers;
J’interviens, et souvent avec succès, auprès de l’administration forestière en faveur des
communes de Fontaine-îe-Puits, Tessens, Granier, la Côie-d’Aime, Macôt, Bourg-Saint-
Maurice, soit pour le maintien de leurs droits d’affouage, soit pour l’extension de leurs
pâturages forestiers.
Le Ministère de la Guerre lève l’interdit du chemin d’intérêt commun de Montgirod et
autorise la construction de ce chemin ; vu les bonnes dispositions du nouvel État-Major
o-ènéral on peut espérer voir bientôt levé l’interdit militaire sur tous nos chemins. Nous
demandons, mes collègues et moi, le classement en route nationale du chemin de grande
communication de Bourg-Saint-Maurice à Lanslebourg, mais M. Zédé, alors gouverneur mili¬
taire de Lyon, s’y oppose tant que les travaux de défense ne seront pas achevés au Petit
Mont-Cenis. . . , ,
Le Ministère du Commerce et de l’Industrie, des Postes et Télégraphes, m accorde ■ un
service de facteur-auxiliaire pour la Gorraz, Nâves, Saint-Laurent- la-Cote, Val d Isère, deux
courriers en voiture pour béez et Sainte-Foy, un courrier en voiture pour Peisey, un bureau
de facteur-receveur pour Saint-Marcel et la mise à l’étude de celui de Nâves avec bureau
télégraphique ; et bientôt le service téléphonique avec le concours financier des communes
et du département sera établi en Tarentaise. _ , ,
Le Ministère des Finances installe un bureau de tabac à Petit-Cœur, à la 1 huile de
Sainte-Foy et à Montagny. .
Le Ministère de l’Instruction publique consent à des concessions de livres aux biblio¬
thèques scolaires de presque toutes les communes de l’arrondissement, et, entre autres, de
Notre - Dame-de-Briançon, Grand-Cœur, Celliers, Doucy, Aigueblanche, Moûtiers, Saint-J ean-
de-Bellevilie, Saint-Martin -de^elleville,Saint-LaurenHa-CÔte, les Allues, Pralognan, Cham-
paguy, Boztel, Feissons-sur-Salios, Montagny, Notre-Dame- du-Pré, VJlette, Granier, Aime,
Peisey, Bourg-Sain t-Mau ri ce , Versoie, Sèez, Moutvalezan, Sainte-Foy, lignes, etc., etc.
Avec mes collègues du Parlement nous pressons le Ministère des Travaux publics de
demander aux Chambres la ratification de la convention avec la Compagnie Paris-Lyon-
Méditerranée pour la construction de six lignes de chemins de fer et, entr’autres, celle de
Moûtiers a Aime et à Bourg-Saini-Maurïce; la convention adoptée par la Chambre des
Députés le 20 mars est en ce moment soumise aux délibérations du Sénat.
Le même Ministère consent à prendre à sa charge l’entretien de la vieille route na¬
tionale de Séez au Petit Saint-Bernard par Saint-Germain-
J'obtiens de la Compagnie Paria-Lyon- Méditerranée, divers avantages, d abord, pour le
mois d’août prochain, l’organisation d’un train de plaisir de Paris, à MoÛliers-Salins; en¬
suite, pour la durée de la belle saison en montagne, du lûr juillet au 1er octobre, le rétablis-
93
sement du service de correspondance et de voyageurs entre Moüders et le Pestit— Saint-
Bernard, et enfin l'amélioration du service des trains entre Chambéry et Moûtiorspaf For-
ganif-ation d'un quatrième train dit train de marchandises qui circule maintenant toute
Pannée.
Voilà, en résumé, pour mes démarches auprès des grandes AdministrationfL
A la tribune de la Chambre, j'obtiens que FÉtat prenne à -sa charge le traitement dfâ
maîtresses de couture, dans les communes pauvres, et quJun nouveau crédit soit inscrit au
budget pour commencer l'organisation financière de* cours d'adultes si miles à l’in^ruçtion
du peuple;
Je demande que tous les facteurs des télégraphes soient payés sur tes fonds de l'État,
comme les facteurs des postes, et non plus, comme cela existe encore pour un très grand
nombre d'entre eux, sur les fonds communaux;
Je demande aussi que la plupart des postes militaires d'hiver, si coûteux pour nos
finances et si dangereux pour la vie de nos soldats, sans être nécessaires à 4a défense du
territoire national, soient supprimés pour ce qui nous concerne, qu'ils soient ramené au
pied des montagnes, à Séez et Bourg-Saint-Ma uriee;
Je prends plusieurs fois la parole en faveur des sociétés d'assurances mutuelles agrp
cotes contre la mortalité du bétail ou contre l'incendie;
Je propose de subventionner, sur les millions versés aux champs de courses de chevaux,
les travaux d'adduction d'eau potable, si necessaire à la protection de la santé publique,
La Chambre adopte ma proposition à une très grande majorité, mais je $\m empêché
par le vote du budget et par la fin de la législature de lui faire donner une sanction légale,
ce sera l'œuvre de la nouvelle Chambre;
Je propose aussi la refonte delà législation vicinale, la suppression des prestations et
un nouveau classement des routes et des chemins, de façon à mettre les voies de qommu*
nîcation non pas comme aujourd'hui surtout à la charge des communes, mais principale¬
ment à la charge de FÉtat. J’ai provoqué de la part de M. le Ministre de Fintèrieur la décla¬
ration publique que l’État, désormais, donnerait des subsides plus élevés que jusqu’ici aux
départements, qui, comme la Savoie, ont encore beaucoup de chemins à construire ;
J’obtiens du Ministère de la Guerre que tous les vieux militaires, les vieux servi teq^s de
îa Patrie, qui ont fait quatorze ans de services, soient secourus mv les fonds du budget de
l'État ;
J’obtiens aussi du Ministère de l’Agriculture de hâter au Sénat le vote de loi exoné¬
rant de 1 -impôt foncier les vignes phyboxérèes et de se préoccuper dé la protection contre
les avalanches, à l’exemple de la Suisse, de ceux de nos villages qui en sont
Voilà pour mon intervention à la tribune.
D'autre part je me suis intéressé et j'ai répondu à toutes les demandes qqi m'ont é|é
adressées, aussi bien à celles de mes adversaires qu'à celles de mes amis politiques;, je me
suis appliqué à me rendre utile aux petits, aux nécessiteux qui ont demandé ippn jnt$j?-
veotton; en un mot je me suis applique de toutes mes farces k me rendre utile k mon pays
et à nos concitoyens.
En politique j je suis resté fidèle à mes principes républicains et toujours je me mk
conformé au programme que vous aviez adopté à une si grande majorité ep septembre
1899:
J'ai voté la loi sur les successions qui admet la déduction, du passif pour le payement
des droits — la loi sur les boissons qui amènera la suppression des octrois et enrayera les
désastres causés par l’abus de l'alcool; la loi sur les associations qui permet à tous les
citoyens de s’associer sans aucune limitation de nombre; la loi sur les congrégations qui fes
soumet toutes à la reconnaissance par FÉtat. Je veux, avec tous les hommes de Gouver¬
nement de tous les pays et de tous îea temps, avec la majorité de la Chambre des Députés
et avec la majorité du Sénat, non seulement la liberté pourtous, mais aussi la loi pour to>:s.
Je veux la loi qui limite la liberté individuelle suivant i'mtéret social, et qui constitue aiuai
un salutaire frein à la licence et à la convoitise des intérêts personnels comme aux intrb
N* H62
- 789 -
tmea CertaîrtûB congrégations sai-disatit relîgîèa^e^ qui S'occupent* en réalité, beaucoup
plus de gplitiqtfé que de religion et recherchent bien plus la prospérité de leurs biens lïiatê^
rielâ que le triomphe des intérêts moraux de la Société.,
Tous mes votes ont Été consciencieusement émis pbur le bien de la société comme
puur la défense de la République.
Les témoignages de sympathie qtiû fai recueillis dans tout l'arrondissement pendant
mes vacances, les nombreuses lettres de remerciements et de félicitetiditi que j ai reçues
dé tous les côtés, l'invitation si cordiale et si prêtante à demander lé renouvellement de
mon mandat, que m’ont adressée mès deux honorables Collègues dit Conseil général,
MM. Reyne et loriot et, avec eux, tous lés Conseillers d’ arrondissement et les trois quarts,
aü moins, dés màireâ et encore a ri nombre très grand d’électeurs dé toutes ftbâ communes,
les acclamations sincères que j’ai rencontrées Sur mon passage dhns les fêtes populaires,
toutes Ces preuves de véritable estime données par des milliers de citoyens au grand jour,
comme lé peuplé sait en donner dans notre Tafentaise, doué de sentiments si purs et si
généreux, de bon souvenir et de reconnaissance, me confirmé nt dans ma pénséé intime
que, malgré des attaques violentés et passionnées et des calomnies outrageante^ j'ai non
seulement conservé la confiance du parti républicain, maïs qu’il est lout disposé à me la
continuer encore plus entière, car il sait parfaitement que jé Servirai de toutes mes forces
les intérêts de mon pays et que je resterai toujours inébranlablement attaché à la Répu¬
blique-
Fort de tous ces précieux et solides appuis, ayant conscience d’avoir fait mon devoir, je
viens, en toute assurance, mes chers Compatriotes, vous demander le renouvellement de
mon mandat de Député. Les rensélgnéuiems qui me viennent de toute part lue permettent
de vous affirmer qu’en Tareütaise, comme dans toute la France, les élections du £7 avril
marqueront pour le grand parti républicain une nouvelle et éclatante victoire Sur toutes les
factions réactionnaires qui, sous tm masque i rom peur, marchent à Fassatit de la Répu¬
blique.
Vive la France I Vive la République !
Vive la Tare niaise!
Dr EMPEREUR,
Vice-président du ConseÜ général,
Officier de FIflstrucfiori publique,
Député sortant.
Circonscription de SÀINT-JËA’W-ÜE-MAU’RIEÏÏNE
M. ÜJÊLÉGLlSE
Élu au lw tour dé scrutin. — 5. BRI voix,
Chers Concitoyens,
Élu conseiller général ïe 2i juillet dernier, malgré une campagne acharnée faite en
faveur de mon concurrent par Mi iouart, député sortant; élu le 28 juillet conseiller muni¬
cipal de Sain t-Jean-de-Mau rie fine, b une écrasante majorité, contre M. Joùart lui-même, j’ai
reçu depuis lors, de divers points de l'arrondissement, de telles marques deconliaiïce et de
si nombreuses sollicitations que, dVcord avec les représentants républicains de nos can¬
tons, je considère comme un devoir de poser ma candidature aux élections législatives.
Les manifestations républicaines qui se sont succédé depuis quelque temps en Mau¬
rienne montrent que vous répudiez une politique rétrograde et changeante, en hostilité
ouverte avec les pouvoirs publics, politique qui, en isolant notre arrondissement, a nui à
ses intérêts*
Comme vous, je suis aussi éloigné des sectaires réactionnaires que des révolutionnaires
collectivistes; je désire une politique sage et ferme, d’ordre, de paix et de progrès républi¬
cain, repoussant comme dangereuse toute alliance avec les ennemis de nos institutions*
La liberté de conscience est un principe républicain; la liberté des cultes doit être
assurée ; la religion doit être respectée, mais elle doit rester en dehors de nos luttes
politiques. Le cléricalisme peut lui nuire en s?en servant dans un but de domination, en
l’abaissant au rang d’un moyen de propagande électorale*
La loi sur les associations n'est pas une loi de persécution religieuse : c’est une loi
nécessaire d’ordre public; elle est plus favorable aux congrégations que le Code civil sarde,
qui privait leurs membres des droits d’hèrédîté.
La République a reconstitué notre année et o’a reculé devant aucun sacrifice pour aug¬
menter sa puissance et assurer ainsi notre sécurité et notre indépendance* Mais on recon¬
naît aujourd’hui que, sauf à prendre certaines mesures pour maintenir nos effectifs, il est
possible de réduire h deux ans la durée du service actif et de réduire aussi le nombre 01 la
durée des périodes d’instruction. Ges réductions s’imposent dans la mesure compatible avec
l’intérêt de la défense nationale.
S’il est nécessaire de maintenir des postes militaires à la frontière, il importe de sup¬
primer certaines manœuvres d’hiver aussi inutiles que dangereuses.
La cause de renseignement doit être au premier rang des préoccupations d’un gouver¬
nement républicain, et en particulier celle de Renseignement agricole et professionnel, La
situation des instituteurs duit être améliorée et rendue plus stable, mieux en rapport avec
leur mission,
La liberté de renseignement doit être soumise à des garanties de moralité et de capa¬
cité, au contrôle de l’État, et à cette condition qu’on ne doit pas en abuser pour élever les
enfants dans la haine de la République.
Notre système d’impôts doit être réformé de façon à dégrever l’agriculture, à dégrever
le travail et à imposer la richesse.
Les mesures vexatoires imposées aux bouilleurs de cru doivent être abolies et les droits
de ces derniers maintenus.
Je voterai la suppression de l’exercice chez les débitants*
11 faut développer le crédit agricole, encourager les assurances mutuelles agricoles et
contre la mortalité du bétail; il appartient à un gouvernement républicain d’encourager la
mutualité, d’uméiiorer le son des tiavailleura, de ciéer des caisses de retraites pour la
vieillesse.
Né en Maurienne où j’ai toujours vécu, je connais vos intérêts et je saurai les défendre,
si vous m’honorez de votre confiance.
N’écoutez pas les calomnies que Von dirige contre moi; ne vous arrêtez pas aux ma¬
noeuvres odieuses de la réaction.
N’écoutez pas les réactionnaires coalisés sous le nom de nationalistes ; ce sont les
ennemis du peuple; ils renverseraient nos libertés s’ils venaient à conquérir le pouvoir.
Cette coalition disparate, composée de fractions ennemies entre elles, ne pourrait que nous
conduire au désordre, à la guerre civile.
Électeurs I
Allez aux urnes avec la conviction qu’en me donnant, vos suffrages vous mettrez fia à
l’isolement de notre arrondissement et que vous aurez en mot un représentant dévoué à ses
concitoyens, à son pa\ s, à la République.
A, DELÉGL1SE,
Avoué, Conseiller général.
Président du Comice agricole’.
SAVOIE (HAUTE-)
Circonscription d’ ANNECY
M. BERTHET
Élu au 2e tour de scrutin* — 10.703 voix.
Je viens vous demander le renouvellement du mandat que vous m’avez confié
ea 1898*
Comme à cette époque, je me présente seul, réprouvant toute candidature officielle,
qu’elle vienne de la préfecture ou d’ailleurs. Le peuple sait se conduire et rda pas besoin
qu'on lui impose un candidat.
le n’ai rien à changer à mon programme d’autrefois, dans lequel se trouvaient tontes
les réformes réalisées dans cette législature : réforme de l’impôt des successions, déduc¬
tion des dettes pour le calcul de cet impôt, diminution du tarif sur les petits héritages,
augmentation progressive de Uimpôi sur les grosses successions;
La réforme hypothécaire si profitable aux petits cultivateurs;
La suppression de l’exerctce chez les débitants, de la plupart des droits sur les bois¬
sons hygiéniques, le maintien du droit des cultivateurs de distiller librement leur récolte,
sont aujourd'hui un fait accompli, La loi sur les associations leur a donné toute la liberté
compatible avec l' intérêt supérieur de F État.
D’autres réformes importantes ont été abordées quî n’ont pu être achevées, en suite
de l'obstruction acharnée faite par les adversaires du gouvernement de défense républi¬
caine, que je m’honore d’ayoir soutenu sans défaillance, avec tous les vrais républicains.
le reste partisan de la politique extérieure qui nous a donné trente années de paix, a
rendu à la France son rang dans le monde, et que va consacrer dans quelques jours le
voyage en Russie du Président de la République.
À l'intérieur, sans rien abandonner de mon programme de 1893, j estime que la
Chambre prochaine devra chercher à réaliser les plus urgentes des réformes réclamées par
la démocratie :
\ü Réduction à deux ans delà durée du service militaire, avec suppression de toutes les
dispenses, sauf celles des soutiens de famille, ou suppression absolue des dispenses, avec
secours alloués par l’État aux familles nécessiteuses des jeunes soldats. Suppression des
treize jours, que j’ai déjà votée à la Chambre et que nous avons pu réaliser dès ceue
année pour les pères de quatre enfants et les sapeurs-pompiers volontaires;
2a Développement des sociétés de secours mutuels de prévoyance et d’épargne;
caisses de retraites pour les travailleurs; assistance obligatoire à tous les malheureux.
3° Protection énergique de notre agriculture, de notre industrie, de notre épargne et
4u travail national, contre la concurrence et la main-d’œuvre étrangères; développement
du crédit et des sociétés d’assurances mutuelles agricoles ;
k° Réforme de l'impôt. Suppression des contributions directes et leur remplacement
— 742 —
par l’impôt sur le revenu, qui seul permettra de décharger les cultivateurs et les petits
contribuables;
5« Réduction progressive des emplois publics. Suppression du cumul et amelioration- '
<ma&el!e du sort dés modestes employés, à l’aide de< économies réalisées sur les gros
traitements. J'ai 'du reste fait à la Chambre, b ce sujet, au nom de la Commission dos
économies administratives, des travaux complets qui ont été cités avec éloges par les
rapporteurs du budget;
6° Réforme de Renseignement, surtout dans le sens pratique et professionnel. Déve¬
loppement de toutes les œuvres post-scolaires.
Également éloigné de toutes les utopies, je reste ferme partisan de la propriété indi¬
viduelle et de toutes les libertés compatibles avec l’ordre public, comme de toutes Iss
mesures d’humanité et de justice sociale.
Je suis partisan du rachat, par l’État, des chemins de fer et des mines, clans l’intérêt
de la défense et de l’industrie nationales.
le n’ai jamais perdu de vue les intérêts spéciaux do notre arrondissement. Le Parle¬
ment nous a accordé le dégrèvement de l’augmentation dont l’amendement Le M oigne avait
Pan dernier augmenté notre contribution personnelle-œobilière.
J’ai pu faire établir huit nouveaux bureaux de posie ou de télégraphe; créer des cour¬
riers eu voiture dans les vallées dépourvues de tout moyeu de communication. Plusieurs
autres sont à l’étude. De nombreuses améliorations postales ont été apportées, sur ma
demande, à nos relations locales et avec le dehors. J’ai, à plusieurs reprises et tout récem¬
ment encore, soumis avec instance au Gouvernement les revendications légitimes de nos
planteurs de tabac, au sujet de l’augmentation des prix d’achat, de la nomination des
experts par les planteurs, de la caisse d’assurances contre la grêle.
J’ai poursuivi énergiquement la création, aujourd’hui si développée, des caisses
d’assurances mutuelles contre ta mortalité du bétail, en faveur desquelles le Gouvernement
nous a accordé de si larges subventions.
J’ai toujours été accessible à tous, sans distinction. Jamais une commune ou un parti¬
culier n’a fait en vain appel à mon concours.
Enfin, j’ai eu le courage de porter devant la Chambre cette question de la zone
franche, dans ses rapports économiques avec nous. N’ayant pu obtenir à l’amiable les
mesures que je jugeais indispensables à la défense de nos intérêts, je n’ai pas hésité à les
proposer à la Chambre, dussent-elles, comme cela est arrivé, m’attirer la violente hostilité
des représentants de la zone, députés et sénateurs.
Je ne regrette rieu et suis fermement résolu à continuer dans cette voie et à réclamer
énergiquement au Parlement la suppression de la zone, si l’on ne veut l’étendre à tout le
département.
Ma conduite, dictée par l’intérêt de ceux que j’ai l’honneur de représenter, rn’a attire
un redoublement des injures et des calomnies que colportent depuis quatre ans, dans les
journaux à leur solde, certains individus qui n’écoutent que leurs rancunes et leur esprit
de despotisme. Je suis resté, moi, sur le terrain des principes et je n’ai jamais injurié ni
calomnié personne. Je ne m’y abaisserai jamais.
|
Républicains,
Dans toute la France, la lutte est .engagée entre les principes immortels de la Révo¬
lution française, dont nous nous réclamons, et la réaction qui, sous le masque nationaliste,
réunit tous les débris des partisans du passé.
Deux politiques s’ouvrent à vous.
L’une, de concentration à gauche, dans le sens du progrès et des réformes démocra¬
tiques. L’autre, de concentration à droite, qui rêve de nous ramener vers un passé à jamais
aboli. Je suis l’Homme de là première; c’est celle que vous avez toujours suivie.
— 743 — N* H62
Hquï p’ûubUerez pas, à cette fie lire sqdénnçHe gù sç jouent les destinées du pays et de
la République, que vous avez toujours d'un feu! coup écrasé îa réaction.
Tous vous tiendrez à taire et dès le premier tour* P union de notre vieux parti répu¬
blicain tout entier.
Vive ^arrondissement d’Annecy!
Vive la République démocratique!
Léon BERTHET,
Avocat, Député sortant.
Membre du Conseil général.
Circonscription de BONNEVILLE
M. Émile GiiAUÏEMPS
Élu au ltit tour de scrutin. — 10 .44? vohç.
Électeurs,
La réaction tente aujourd’hui un suprême effort contre la République.
Pour arriver à ses fins, elle n’a pas craint do violer l’intioiitè de nos foyers en pous¬
sant dans la politique les femmes elle^mémes, qu’elle emploie à répandre clans nos cam^
pagnes les pires calomnies.
J’ai fait justice de ces mensonges dans quarante réunions publiques et devant plus de
10.000 électeurs.
L’on 05e accuser le Gouvernement de défense républicaine d’avoir ruiné le crédit de la
Franco, au moment même où, ce qui ne s’était vu encore dans aucun pays, l'emprunt de
Chine a pu être émn au pair et couvert cependant vingt-six fois*
Fai montré que Ton avait audacieusement dénaturé à vos yeux notre loi sur ies con-
égalions, qui est avant tout une loi fiscale.
Non, cette loi ne touche pas à la liberté de renseignement, puisque les congrégations
autorisées poun ont continuer k enseigner et que les autre* auront la faculté de se sou¬
mettre a 1 ri loi. Les ordres enseignants répandus dans nos campagnes : Sœurs de Saint-
toph, Filles de la Croix, Présentation de Marie, Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, Frères
des écoles chrétiennes, elc., sont depuis longtemps autorisés.
L’obiigaaun pour les congrégations do se soumettre à formalité de l'autorisation
ns est-elle pas de tous les temps et de tous les pays?
Deux points gênent certaines congrégations : nous les obligeons à reconnaître la
juridiction des évêques et nous les obligeons de tenir à la disposition des préfets le compte
de leurs recettes et de leurs dépenses.
Les biens immeubles des congrégations étaient de 500 millions à la fin de l'Empire.
Aujourd’hui, après trente ans de République, ils atteignent le milliard. Ajoutez-y plu¬
sieurs milliards de valeurs mobilières. Voila comment la République a persécuté les
congrégations.
Os milliards sont soustraits à ia vie économique du pays.
Pourquoi cette boule do neige grossit-elle avec cette rapidité inquiétante? Parce que
œs milliards ne payent pas la taxe de mainmorte, ni le droit d'accroissement, qui sont la
faible représentation des droits de succession dont vos patrimoiues sont frappés. Les
— 744 —
congrégations échappent, par la fraude, à l’impôt et c’est vous qui payez pour elles; je
vous l'ai suffisamment démontré*
Nous voulons les soumettre à la loi de l’égalité devant l’impôt. Voilà pourquoi elles se
révoltent.
Mes chers Concitoyens,
Je ne répondrai que par un haussement d’épaules aux calembredaines que mon con¬
current répand à profusion dans les campagnes sur mon caractère et sur raa carrière.
Que de brochures 1 Que de pamphlets! Ses concitoyens de Cluses ne le connaissaient
pas aussi prodigue de son argent. Est-ce bien le sien?
Quel singulier champion du parti qui s’arroge le monopole du patriotisme, que ce
médecin helvètico-américain, qui n’était pas Français il y a trois ans, et veut déjà être
député!...
Électeurs,
J’ai montré, dans mes réunions, que la législature qui finit n’avait pas été stérile;
la Chambre qui va êLre nommée devra réaliser la réduction du service militaire à deux
ans, réduction que j’ai longuement étudiée dans la Commission de l’aimée et que je
déclare possible. Je la voterai.
Elle devra poursuivre l’amélioration de notre système fiscal et introduire plus de
justice dans la répartition des charges publiques.
Elle devra surtout, dés sa formation, pr. ndre une bonne fois des mesures qui impo¬
sent définitivement silence aux ennemis de nos libres institutions.
Croyez, mes chers Concitoyens, que, si vous voulez bien me renouveler le mandat
que vous m’avez déjà confié dans deux élections, vous pourrez compter, comme par le
passé, sur mon absolu dévouement tant pour la défense de vos intérêts particuliers, de
ceux de la zone notamment, que des intérêts de la Patrie et de la République!
Vive la République!
Docteur Emile CHACTEMPS, Député sortant.
Circonscription de SAINT-JULIEN
M. Fernand DAVID
Elu au 1er tour de scrutin. — 8.933 voix.
Mes chers Concitoyens,
Vous m’avez confié, il y a quatre ans, le mandat de Député de l’arrondissement de
Saint-Julien. Je viens vous demandre de me renouveler votre confiance aux élections légis¬
latives du 27 avril. .
Je me suis efforcé, pendant la législature qui vient de s’écouler, de rester fidcle a mon
programme politique et de défendre en toute occasion les intérêts plus spéciaux de
notre région. ,
Comme je vous l’avais promis, je me suis appliqué à maintenir intacts droits ae
otre zone franche et j’ai cherché, en même temps, à lui assurer l’essor industriel et corn-
mercial dont elle a besoin. Vous savez que si, sur ce dernier point, le succès n’a pas encore
couronné complètement les étions de vos représentants, la réussite, néanmoins, paraît
proche et certaine.
j>ai travaillé aussi à concerver sur le sol français le tracé projeté des lignes d'accès au
Simpltm, lignes dont la construction ou la rectification peut devenir pour notre département
une source importante d'accroissement de richesse, tout en donnant complète satisfaction
aux intérêts généraux de la France,
Citoyens,
Ma conduite politique est connue de vous tous. Vous m'avez suivi pendant ces quatre
années, parfois violemment troublées, au cours desquelles le parti républicain a été soumis
à de redoutables épreuves, dont il est sorti victorieux, comme il sortira triomphant de la
bataille actuelle des partis.
Je n'ai jamais eu qu'une pensée : faire mon devoir pour mon pays et pour la Répu¬
blique. J'ai toujours revendiqué ma place au combat contre la réaction, autour du drapeau
républicain. J’ai soutenu tous ceux qui paraissaient pouvoir lui assurer la victoire.
C’est cette discipline qui a permis à la majorité des Chambres de vous conserver un
Gouvernement résolu et stable, qui, après avoir rétabli Pordre et châtié les factieux, a pu
accomplir la besogne laborieuse et longue que laisse derrière elle la législature vraiment
féconde qui vient de finir.
Nous avons pu voter la loi sur les boissons et dégrever ainsi les boissons hygiéniques.
Nous avons pu voter la réforme de l'impôt des successions par la déduction des dettes
dans la perception de cet impôt, et nous avons ainsi accompli nn acte de justice qui béné¬
ficiera surtout aux populations de nos campagnes.
Nous avons pu poser les principes essentiels des lois de solidarité sociale que l'avenir
élaborera de façon plus complète.
Nous avons pu consacrer nos soins à facilitnr la constitution des mutualités agricoles,
qui rendent de si grands services à la petite culture et auxquelles le Gouvernement de la
République accorde de si généreux encouragements.
Nous avons pu, enfin, voter la grande loi sur les associations, loi de liberté qui affran¬
chit de toute entrave les groupements d'idées et de personnes, et qui sauvegarde la société
civile contre les empiètements menaçants de certaines congrégations plus politiques que
religieuse*, tout en respectant de façon absolue la liberté de conscience et la liberté
des cultes.
Électeurs*
Si vous m'accordez à nouveau vos suffrages, je continuerai résolument l'œuvre entre¬
prise. Je m’efforcerai, notamment, d’obtenir :
L'établissement d'un impôt progressif sur le revenu;
La réduction à deux ans du service militaire avec suppression ’de toutes les dispenses;
La décentralisation administrative et la réduction des gros traitements;
La réduction des frais de justice et l'extension de la compétence des juges de paix ;
La réforme de loi Falloux dans un sens favorable à l'enseignement laïque, qui est
f : véritablement l'enseignement national de ce pays.
Mes chérs Coneitoyeûs3
À cette heure où, dans notre France, le parti nationaliste mène à l'assaut de la Répu¬
blique les débris ralliés de tous les régimes déchus, il n'a point encore osé faire à notre
arrondissement cette injure de lui présenter un de ces candidats pour lesquels l'influence
l'argent remplace toute conviction et tout idéal.
je suis donc seul, jusqu*^ présent, à poser* devant yous ma candidature* Je vm#
demande, néanmoins, d’éviter tes abstentions et de vous rendre en masse aux urnes.
Si vous estimez que j’ai bien rempli mon devoir, si vous approuvez mon programme,
si vous pensez que, tout en servant fidèlement mon parti, fai su défendre sans distinction
tous les intérêts qui m’étaient confiés, vous tiendrez à affirmer votre approbation par
vos votes.
Souvenez- vous, d’ailleurs, que votre représentant n'aura que l’autorité que vous lui
donnerez vous-mêmes et que^ plus il aura de suffrages, plus Usera fort pour parler en votre
nom.
Yiye la République !
Fernand DAVID,
Avocat*
Conseiller général de 3a Haut.ç-Savoiej
Çéptè sortant.
Circonscription de THONON
M. J. MERCIER
Élu au lar tour de scrutin. -- 8*390, voix*
Jj (es çbejs Concitoyens,
En présence de la campagne d'argent, d'injures et de calomnies que les ennemis dé (a
République, coalisés sous le nom de nationalistes, dirigent contre les bons serviteurs de la
démocratie, fai le devoir absolu de vous demander le renouvellement du mandat législatif
que deux fois vous m'avez confié, en 1 8§l\ et en 1898, et que j’ai la conscience d’avoir rempli
avec fidélité et dévouement.
Le 18 février 1894, je vous disais :
« Ma candidature, yous le savez, est exempte de tout calcul d'intérêt ou d’ambition
personnelle; elle n’est due qu’à vos encouragements et à mon désir d’être a mon pays.
« Ayant toujours vécu au milieu de vous, collaborateur assidu du Député que vous avez
honoré pendant 22 ans de votre confiance, vous me connaissez assez pour me dispenser
d’un long programme. Républicain sincère et cols vaincu, j’ai défendu la cause républicaine
dans les moments difficiles, et vaillamment combattu avec vous pour le triomphe définitif
de nos institutions. Fidèle à mou pa&sé, je continuerai à défendre la République et les
conquêtes républicaines* *
Aujourd’hui, j'ai le droit de vous dire : fidèle à mon p issê et aux engagements pris
envers vous, j’ai appuyé soit- par mon vote, soit à la tribune, les lois les plus démocratiques
et les mesures les plus justifiées de défense républicaine.
Aux agitateurs qui troublaient la paix publique, aux conspirateurs qui rêvaient le ren¬
versement de nos institutions, aux insulteurs qui outrageaient bassement le, premier
magistrat de la République, nous ayons, mes amis et moi, répondu par la concentration
nécessaire des républicains autour du Gouvernement de Défense républicaine.
Ce Gouvernement , que nos adverse ii\ s veulent *ea verser, a rétabli la plus parfaite
tranquillité à intérieur; et, tout en développant au dthora la grandeur morale de la France,
il a pu faire aboutir des lois utiles depuis longtemps réclamées la félonne du régime des
Sf';
« Ÿ47 - N* îm
boissons accomplie en faveur des boissons hygiéniques, loi que je m'efforcerai de faire
améliorer en faveur des bouilleurs de cru; la réforme des droits de succession* la réforme
du régime hypothécaire, la loi sur les sociétés de secours mutuels, etc,
le me suis associé par mon vote à tous les actes politiques exigés par le bien du pays et
de h République, tout en apportant Le plus entier dévouement à la défense des droits de la
zone, à la défense des intérêts de toutes les communes de notre arrondissement.
Fai voté la loi qui, pour la première fois, a donné à la France le droit dissociation, et
qui, loin d’être une persécution comme voudraient le faire croire des politiciens sans scru-
pilles, s’est bornée à prendre des précautions nécessaires au sujet des congrégations non
autorisées.
Je veux l’Eglise chez elle et L'État chez lui. Je veux Le maintien et la loyale exécution du
Concordat; je me suis opposé et je m’opposerai a La suppression du budget des cultes* sup¬
pression qui créerait Les plus graves difficultés dans nos communes.
L’expérience des défectuosités que présente notre système actuel d’impôts est, à mon
avis, décisive, et je considère que le seul impôt donnant pleinement satisfaction a la justice
sociale et à La véritable égalité est l’impôt sur ie revenu, qui permettra de dégrever l’agri¬
culture jusqu’ici trop lourdement imposée.
Je voterai :
Le service militaire de deux ans, qui, avec de bons cadres, peut donner toufé sêcüHté à
la déféhsô MH'ôhaîè èt maintenir iâ JKÉ® de nbtrë véilîante armée, objët dé l à constante
solJiciiudé dii parti républicain ;
Les retraites pôiir là vieillesse par les sociétés de sëcdUifs mütuéis pllife largemdnt
subventionnées ;
Là rêforrbë de l’impôt des prestations ,
Des subventions de plus eri plus larges à Pagficulidrë,
Jé secohdèfai de tôüs me^ efforts i’orgamsàtibii, dàhé ràrrOhdidSërtiënt, des édites
ïêgiunàlés de crédit agHcole qui p^rrftettënt d’emprunter à liii tàhx itiOdéfê?
Je contihiiëràl à rtChcciiper àvec là plu îs gfàhde activité de VÉtè chëftltbà Vicinaux; ddnt
la construction a transformé noire arrondissement, et dont le réseau doit êtëe Complété sur
tteltaihfi poitlts.
Les sociétés dé ëectiüts mutuels, qui rëridènt et sont appelées à rendre tant dfesefvlëes
én atganiëàht lés sècdbrs aux malades et les retraités aux vieux tt’âvailleufs, contint! ëfout
à êtte l’objet dé toüté ma sollicitude,
Ëîectëürs cfiablaisiériS,
En renouvelant le mandat que je tiens de vos libres suffrages, vous direz que votre
Député a consciencieuse-hent fait son devoir.
Vous repousserez les calomnies que les nationalistes dirigent contre les meilleurs
citoyens,
A ceux qui ont tant d’argent dont la source est inconnue, vous répondrez que vous
û’êtes pas à vendre.
Vous resterez fidèles, vous aussi, à votre passé républicain qui, depuis 32 ans, fait
l’honneur de notre pays.
Vive le Cha biais î Vive la République !
Jules MERCIER, Député sortant,
Avocat* Conseiller générai,
Chevalier de la Légion d’honneur f
Électeurs l
Le Chablais, qui s’honore de sa longue fidélité à la République et qui garde le sou¬
venir de ses ancêtres, glorieux soldats de la liberté, doit se décider aujourd'hui entre deux:
politiques et choisir entre deux hommes.
L’un de ces hommes est étranger au pays, inconnu de vous. De son passé, vous ne
savez rien sinon que, profitant de circonstances troublées et confuses, il a surpris, à la
naïveté des électeurs d'un Tau bourg de Paris, un mandat momentané sur un programme à
tendances socialistes, en faisant appel à des électeurs socialistes; qu’il a demandé la
révision de la Constitution républicaine, révision qui n’est demandée que par ceux qui
veulent détruire la République; qu’il a promis la séparation des Églises et de PÊtat pour
entrer dans une Assemblée qui ne pouvait être appelée à. en délibérer. Vous ne savez rien
de plus, sinon qu’il n’a tenu aucun de ses engagements.
Aujourd’hui, il est le porte parole d’un parti sans nom, syndicat de rancunes, do décep¬
tions et d’ambitious malsaines, dans lequel se coudoient royalistes, bonapartistes, nationa¬
listes et cléricaux.
Il entend s’opposer, dit-il, à la désorganisation de l’armée, et il demande le service
d’un an qui ferait de notre chère et loyale armée une faible milice impuissante contre
l’invasion.
Votre bon sens et votre patriotisme ont répondu. Vous savez ce que pourrait attendre la
patrie du règne, même éphémère, d’une coalition d’avides aventuriers, un instant unis pour
ruiner la République, mais que diviseraient au lendemain de la victoire les haines les plus
féroces.
Le seul candidat républicain est M. Jules Mercier, votre Député sortant. Vous le con¬
naissez et il vous connaît. Il a toujours vécu parmi vous. Il est votre conseil et votre ami.
Vous avez éprouvé de longue date toute Pardeur de son dévouement. Vous pouvez témoigner
de son zèle infatigable à défendre vos droits et vos franchises. Vous savez aussi que le plus
humble de ses concitoyens trouve auprès de lui, chaque fois qu’il en a besoin, la protection
la plus affectueuse et la plus active.
Quanta sa conduite politique, vous savez, électeurs du Chablais, que, lorsque la Répu¬
blique s’est trouvée menacée, M. Mercier a été de cette phalange de bons et loyaux républi¬
cains qui, groupés autour du Président Loubet et de ses Ministres, ont opposé une résistance
inébranlable à Passant des rebelles. Et vous l’avez approuvé, votre représentant, d’avoir
voté les lois de défense nécessaire dans l’intérêt supérieur de la liberté qui est l’essence
même de notre régime. De tous les reproches dont on a essayé de l'accabler, vos cordiales
et enthousiastes réceptions prouvent que vous lui faites un éloge.
Vous connaissez son respect de la liberté des consciences. Vous savez qu’il veut, comme
vous, l’égalité absolue eutre tous les citoyens, quelles que soient leurs convictions politiques
ou religieuses.
Dans l’accomplissement de son dernier mandat, il s’est acquis des titres nouveaux à
votre gratitude.
Et dans la bataille de demain, c’est son nom qui sortira victorieux des urnes.
Électeurs,
En acclamant le nom de M. Jules Mercier, c’est la République elle-même que vous ferez
triompher. Vous ferez reculer devant votre volonté ènérgique ei loyale les intrigues équi¬
voques, les combinaisons suspectes d’intérêt personnel. Vous direz votre volonté de marcher
à pas sûrs et constants dans la voie du progrès, par la pratique de la liberté, le respect de
nos institutions, Ja diffusion de l’enseignement, l’extension des œuvres de prévoyance
sociale.
N” 4162
— 749 —
Vous signifierez que le temps est irrévocablement passé des entreprises de réaction.
Le Chablai3 républicain restera digne de son glorieux passé et préparera l’avenir de
paix et de sagesse que nous rêvons pour la patrie I
Électeurs,
Vive Mercier 1 Vive la République T
(Suivent les signatures.)
SEIN E
VT arrondissement de Paris
M, ÀRCHDEACON
Elu au 2e tour de scrutin, — 7477 voix.
Fédération des Comités de la Ligue des Patriotes» Patrie Française et Républicain Nationaliste
DU PREMIER ARRONDISSEMENT.
Électeurs,
Je n’ai accepté d’être candidat au premier arrondissement que sur l’injonction du
Comité républicain nationaliste central composé de MM. Jules Lemaître, François Coppée,
Drumont, Rochefort, Dausset* Galji, Syveton, qui* à l’unanimitéy m’ont investi du mandat
de représenter seul dans cet arrondissement la Fédération des lignes patriotiques: Patrie
française, Ligue des patriotes, Groupements antisémites.
Je viens donc tout simplement vous exposer mon programme.
Au. point de vue politique.
Je suis républicain nationaliste antisémite et plébiscitaire.
Républicain, je veux une République large, ouverte, tolérante, basée sur toutes les
libertés nécessaires: liberté de conscience, liberté d’association, liberté d’enseignement,
liberté du travail.
Nationaliste, je veux le respect de nos traditions françaises et militaires. Je suis Fad-
versaire déclaré de l’Internationalisme,
Antisémite, je demande que les 150.000 juifs et leurs cmdataires les 25.000 francs-
maçons cessent d’opprimer et de ruiner 38,000,000 de Français,
Plébiscitaire, je veux la révision de la Constitution, le scrutin de liste et F élection du
Président delà République par le peuple, ainsi que la diminution du nombre des sénateurs
et des députés.
Enfin, je suis l’adversaire déclaré de la Haute-Cour et le partisan déterminé de
l’amnistie pour tous les délits politiques.
Je combats en un mot ce que représente M. Fernand Faure :
Le parlementarisme, avec ses conséquences logiques et néfastes: le déficit, le pana¬
mienne, le dreyfusisme, l’abaissement de la France devant l’étranger;
La franc-maçonnerie, société secrète et internationale.
Au point de vue économique ,
Je veux rétablir l’équilibre du budget, sans emprunts ni impôts nouveaux, par une sage
gestion financière et la diminution du fonctionnarisme qui nous écrase.
Au point de vue social
Adversaire du socialisme d’État, je suis partisan des pensions de retraites et d’acci¬
dents ou d’invalidité, soit par subvention des mutualités, soit parla création de caisses
régionales autonomes prévues par le projet Ricard,
— IM — N° U62
Je demande en principe la participation des ouvriers aux bénéfices et l'extension des
« luis de protection ouvrières » aux employés.
Je demande \§ réorganisa Mon do V ÀsmUnco publique.
Au point do vm militaire.
Je demande le service militaire de 15 mois égal pour tous (les privilèges étant abolis)
avec une armée professionnelle.
Au point de vue local .
Je désire l'application libérale de la loi des Halles avec la suppression des tracasseries
policières.
Je veux le même règlement qu'aux Halles centrales pour la vente de ia criée de la
Viilette et la construction du mur d'enceinte.
Et si je suis opposé au rachat des chemins de 1er par l'État, je désire l'amélioration
des transports (livraison, rapidité, wagons frigorifiques) et la modification des tarifs d'ex¬
portation dans un sens favorable aux intérêts parisiens-
Enfin, profondément et nettement antiministériel, j'ai pris volontairement rengage¬
ment d'honneur de me désister en faveur du candidat antiministérïeï qui aurait seulement
uoe voix de plus que moi au premier tour de scrutin, alors que M. Muzet, qui se dit antimfc
nistêriel, a refusé de prendre un engagement parallèle.
Électeurs,
N'oubliez pas que voire décision est grave.
En avant donc pour la France et pour la liberté contre l’înteFnationalisme et l’oppres¬
sion jacobine l
Vive la République du peuple ! Vive l'amnistie f
Vive la France !
Edmond ARCHQEACON*
2* arrondissement de Paris
M* SïVETON, dont l'élection a été annulée, a été réélu*
Yoy. Élections partielles*
3e arrondissement de PARIS*
ML PUECH
Elu au 2ü tQur de. scrutin, — 10,388 voix-
Aucun document concernant cette élection n'est encore parvenu à la Commission*
— 752 —
lre circonscription du 4e arrondissement
de PARIS
M. A. FAILL10T
Elu au i*r tour de scrutin. — 3.837 voix.
M. Failliot (Gabriel-Auguste), né le 26 octobre 1851, se préparait à l’Ecole polytechnique
lorsque la guerre franco-allemande vint interrompre ses études.
Bien que n’ayant pas Page, il n’hésita pas à s’engager sous les drapeaux. Volontaire au
53® bataillon de marche, puis sergent, il prit part aux batailles de Champîgny et du Plateau
d’Avrou, ainsi qu'à plusieurs des combats qui se livrèrent autour de Paris.
La guerre terminée, il rentra dans la maison de son père, et travailla côte à côte avec
les ouvriers* . t
Succédant à sou père en 1878, il mit au service de sa maison l’intelligence et I initiative
que tous ses confrères lui reconnaissent, De la petite maison de la rue de la Verrerie, doni
quelques-uns se souviennent encore, il sut faire la grande et forte maison qui, aujourd hui,
tient à juste titre une des premières places dans le commerce des papiers.
En 1885, il ajoutait à sa maison de Paris l'usine de Conty, dans la Somme*
Ses confrères restituaient et de longue date le chargèrent de défendre leurs intérêts
communs.
Après avoir été élu Secrétaire de la Chambre syndicale des papiers en gros, les membres
de cette assemblée le choisirent, en 1888, comme Président. Pendant neuf années, il con¬
serva cette délicate fonction. En 1897, ses collègues l'acclamèrent a Président d’honneur » et
ce à titre perpétuel.
En 1894, il est membre du Comité d’admission de l’Exposition universelle d’Anvers et
délégué de l’Union des fabricants de papier de France au Congrès international réuni à cette
occasion. En 1895, Président du jury de la classe 13 à l’Exposition de Bordeaux. A l’Exposi¬
tion du Livre, à Paris, il est Secrétaire du jury de la section et Rapporteur du jury supérieur.
A l’Exposition du Centenaire de la lithographie, Vice-Président du Comité de direction* En
1896, à Bruxelles* Président du groupe de sa corporation. A l’Exposition du Théâtre et de la
Musique (Paris), membre du groupe III (Industries graphiques). C’est à la suite de tous ces
services qu’en 1896, sur la demande de la Chambre du Commerce des papiers en gros, ü
était nommé chevalier de la Légion d’honneur à l’occasion des Expositions internationales
d’Amsterdam et de Bordeaux.
L’Exposition de 1900 le trouvait encore sur la brèche : il était rapporteur des Comités.
Quant à sa carrière administrative, elle a laissé d’aussi bons souvenirs parmi tous ceux
qui l’ont approché.
Il fut nommé, le 10 juin 1887, adjoint au maire du IVe arrondissement (sous le Minis¬
tère Gobi et). Cinq années après il était maire et le fut jusqu’en janvier 1901.
Tous les habitants du IVe arrondissement qui ont en affaire à lui pendant ses quatorze
années de fonctions municipales se souviennent encore de sa courtoisie et de sa bonne
grâce. Aimable, bienveillant pour tous, il avait le même accueil pour le pauvre comme pour
le riche.
Il sut tenir la mairie à Tabri de toute discussion politique. Les ministères les plus divers
qui se sont succédé depuis M, Bris?on jusqu’à M. Méline n’ont jamais rien trouvé à lui
reprocher et il fallait le Ministère de « Déchéance Républicaine » pour le révoquer.
Au point de vue social, M. Failliot a toujours été un des pionniers du progrès.
Tous ceux qui travaillent ou ont travaillé avec lui sont devenus peu à peu ses amis ou
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ses jjiboiégés suivant leur âgé, ét, ouvriers ifitéressês dans les bénéfices, ils së considèrent
comme les collaborateurs de la meme œuvre.
Quel plus bel exemple dé solidarité I
Non content dé donner l’exemple eh éi lui, St Faiiîiot, comme Président de la Société
de Secours mutuels de la Papeterie depuis 1891* continue à y développer Pallèction qu’il a
tûiijouïs montrée aux employés, aux ouvriers, et la connaissance qu’il a de leurs besoins.
Travailleur énergique et actif, M. Faillie*, commerçant lui-même, saurait a la Chambre
défendre éloquemment les intérêts des commerçants.
Son honnêteté, sa franchise, son impartialité sont au-dessus de toute épreuve.
N'est-il pas ITiommë thème que les inventeurs du Sultragé Universel avaient en vue
lorsqu’ils l’organisèrent?
Fih du 4° Arrondissement, y ayant passé toute son existence, en ayant appris les besoins
par sa carrière administrative et commerciale, il en est le représentant tout désigné : cet
arrondissement essentiellement commerçant et ouvrier serait enfin représenté par l'un des
siens.
Programme
Politique*
1. Révision de la Constitution, le régime républicain restant hors de cause,
2. Liberté de conscience. Liberté individuelle. Liberté de propriété {telles qu'elles
ressortent de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, Assemblée Nationale
Août 1789).
3. Liberté d'association. Liberté d'çnseignement.
4. Réduction du service militaire à 2 ans, égal pour tous. Développement des sociétés
de tir, de gymnastique, et autres Ecoles préparatoires au service militaire.
5. Réduction des frais de justice jusqu’à leur complète gratuité.
6. Réparation morale et pécuniaire des erreurs judiciaires.
7. Extension des Écoles professionnelles. Extension des bourses pour les familles nom¬
breuses des travailleurs.
3. Créa lion d’un Conseil général de la Seine indépendant du Conseil municipal.
9. Suppression des Sou s- Préfectures.
U). Révision de la loi et des règlements concernant l’inscription sur les listes élec¬
torales.
IL Amnistie générale de tous les délits politiques et faits de grèves.
Une nouvelle Législature doit s'ouvrir par l'apaisement sociaL
Économique . Commercial . Industriel.
1. Réforme de l'impôt par la transformation rationnelle des impôts indirects, qui ehar^
gent !a classe ouvrière, en impôts directs. Suppression de l’impôt des portes et fenêtres,
etour aux locataires de 1 intérêt dés lbyers d’avdncé et retour aux depositaires des intérêts
des déPùts de garantie ou de cautionnements. Amoindrissement des charges du petit com¬
merce. Application de la pâte fi te atix coopératives et aux êconoibàts patronaux*
2- Suppression des privilèges et des monopoles (Bouilleurs de cru, licences).
3. Suppression des octrois.
4. Le gaz à bon marché, sans délai.
5 Suppression des Conventions.
5. Plus d’emprunts. Amortissement de la Dette flottante.
h ^Suppression du cumul pour les fonctionnaires, et spiciâleriiënt pour 1rs Députés et
f? Séûateurs qui, dans aucun cas, ne pourront occuper lies situations bé tri buées dans une
flmm s*rat'on publique.
— 754 —
8, Réduction des gros traitements du personnel administratif au profit des subal¬
ternes. . .
9 Protection équitable du commerce et de l'industrie (obligations pour les pouvoirs
publics de consulter les Chambres de Commerce et les syndicats professionnels pour l’éla-
boration des lois économiques).
10. Défense des droits des employés de commerce. Révision de la loi sur les Conseils
de prud’hommes.
11. Suppression des bureaux de placement.
12. Régie me [nation du travail dans les prisons et dans les maisons de correction.
13. Révision de k loi sur les faillites et sur les liquidations judiciaires,
lft. Défense des droits du petit commerce de la rue. (Patente.)
15. Révision des tarifs de transport et accélération des services de la petite vitesse.
16. Organisation du crédit aux travailleurs industriels et agricoles.
17. Paris port de mer,
SociaL
1. Minimum de salaire. Participation du travail aux bénéfices du capital.
2. Établissement d'une Caisse nationale de Retraites.
3. Révision de la loi sur les Sociétés de secours mutuels et de prévoyance. Dévelop¬
pement de ces institutions. La liberté du citoyen doit présider à la constitution des lois
d'association , comme elle a été enfin reconnue pour la Société des Prévoyants de I Avenir.
A. Retraite proportionnelle pour les salariés ou pour les fonctionnaires de l’État ou dûs
adminisuations publiques.
5. Réorganisation des services d'hygîèue et d'assistance publique (développement des
crèches et des Caisses des Écoles).
6. Habitations et logements ouvriers.
7. Création d’internats gratuits pour les enfants des tra vail leurs .
2* circonscription du 4ft arrondissement de PARIS
M, Daniel GLOUTIER, décédé, a été remplacé par M. DEVILLE.
Voy. Élections partielles.
lrc circonscription du 5e arrondissement de PARIS
M. Jules AUFFRAY
Élu au 2e tour de scrutin. — 5.567 voix.
Mon cher Concitoyen,
Dans mon programme affiché, je vous disais : « Une circulaire* adressée a chacun i
vous, développera ce que les dimensions d’une affiche ne permettent que d'esquisser. »
J'exécute ma promesse : Vous lirez ci-dessous mon programme affiché et son com
taire.
755 —
n° um
Lais constitutionnelles,
La Constitution parlementaire de 1875 — par la faute des hommes, sans doute, mais
aussi par ses vices intrinsèques — a été impuissante à défendre, contre le collectivisme et
le cosmopolitisme, l’armée, la liberté, l’équilibre du budget, l’organisation sociale, les
travailleurs.
Les hommes — le scrutin du 27 avril les balaiera,
La Constitution, les législateurs que vous élirez auront à la reviser selon les indications
suivantes ;
Élection du Président de la République par un collège électoral comprenant, avec le
Parlement, au moins les Conseillers généraux ; — Ministres choisis en dehors des Chambres;
_ Sénat élu par le suffrage universel et renouvelé partiellement; — Chambré des Députés
moins nombreuse qu’aujourd’liui, renouvelable intégralement, élue de préférence au
scrutin de liste» avec représentation proportionnelle; — Obligation de signer, pour voter,
une feuille de présence, comme au Conseil municipal de Paris et au Conseil de la Seine; -
Obligation du vote; — Liberté de lf électeur assurée; Examen des lois non urgentes par
un Conseil compétent, avec faculté de renvoi, devant le Parlement, pour une seconde déli¬
bération.
Commentaire.
À tort ou à raison, des électeurs libéraux s'effraient de la force que donnerait au Prési¬
dent de la République, contre le Parlement, une élection plébiscitaire.
Il est, suivant moi, essentiel de fortifier le pouvoir exécutif, et de le soustraire aux
marchandages des Chambres, Élu par le Parlement et par les Conseillers généraux — même
(suivant ma conception) par un délégué de chaque commune — il puiserait, dans ce collège
de 50,000 électeurs environ, une indépendance réelle* mais qui n’irait pas jusqu’à lui
donner une force susceptible d’écraser la liberté de la discussion et de la tribune.
Le choix des Ministres en dehors des Chambres a pour but de réfréner les ambitions
de portefeuilles, qui sont souvent la seule cause des flux et reflux des majorités.
Supprimer le Sénat, n’avoir qu’une seule Chambre serait nous ramener au régime de
la Convention, destructif de la liberté. Élargir, au contraire, la base électorale du Sénat, le
faire sortir, à un ou deux degrés, du suffrage universel, c’est établir, dans Porgamsme légis¬
latif, l’équilibre entre les traditions, dans ce qu’elles ont de bon, et les besoins de réformes
et de progrès, dans ce qu’ils ont de légitime,
La suspension de la promulgation des lois, pour les faire examiner par des Conseils
compétents, est une idée qui m’est personnelle. J appelle Conseils compétents des membres
du Conseil d'État et de la Gourde Cassation, membres de droit, auxquels, suivant l’objet,
seraient adjoints des représentants autorisés des catégories sociales visées dans la loi, et
intéressées à sou exécution,
U amnistie.
Dès la rentrée du Parlement s’imposent deux mesures : l’une, de réparation, l'amnistie
pour toutes les victimes de la Haute Cour; l’autre, de protection publique, la suppression de
lu Haute Cour, qui, de la condamnation de Ney à celle de Déroulède et des autres proscrits
de 1900, n’a jamais fait, sous tous les régimes, qu’œuvre de basse vengeance politique.
Tout commentaire est inutile. Il faut être féroce, comme un Sénateur ou comme un
membre de la majorité ministérielle, pour refuser de réparer l’iniquité commise en 1900.
Lots militaires.
Les instruments des sans-patrie ont désorganisé l’armée. Il faut la soustraire à la poli¬
tique et, sans faiblesse; réparer le mal. Voilà pour le passé.
Réduction à deux ans du service militaire, avec le? garanties, suflisinfes mais néces¬
saires, déterminées par ta commission Krsntz, d’accord avec les chefs autorisés de l'armée,
(Loi sur les cadres et les rengagements des sons-officiers.)
Voilà pour l’avenir.
Pour me résumer, il faut, contre 1s drapeau rouge et la « Carmagnole », symboles des
cohortes indisciplinées et internationalistes, défendre le symbole de notre armée forte et
nationale, la « Marseillaise » et le Drapeau tricolore.
Commentaire.
Aujourd’hui, en temps de période électorale, tous les candidats proclament leur atta¬
chement à l’armée, au drapeau.
Vous démêlerez, à travers les hypocrisies intéressées, ceux qui, de tout temps, ont
défendu l’armée, tout en cherchant à la rendre toujours plus forte, toujours moins pesante
pour la démocratie, et ceux qui, pendant i’afïaire Dreyfus et depuis, n’ont pas négligé une
occasion de l’insulter, de l’affaiblir, de la désorganiser.
Vous vous rappellerez que, dans nos réunions publiques, tous ceux qui me combattent
ont ouvertement déployé le drapeau rouge et entonné la « Carmagnole ». Toute déclaration
en faveur de l’armée est à l’avance détruite par de tels actes.
On m’a traité de cabotin du patriotisme.
Vous estimerez, comme moi, que les cabotins sont ceux qui, à la veille des élections,
chantent un air différent de leurs airs habituels.
Lois (renseignement et d'association.
La République a pour base la liberté, — avant tout, la liberté de la conscience et de la
pensée. Ainsi s’expriment la Déclaration des Droits de l’homme et la Constitution rte 1848.
Donc, renseignement est libre, sous la surveillance effective de l’État., en ce qui con¬
cerne la moralité et la capacité des maîtres, et, en ce qui touche les locaux, pour Rhygièt»
et les mœurs publiques.
Donc, l’association est libre pour tous les citoyens, sans négliger les précautions légi¬
times contre le développement excessif d’une mainmorte immobilière, non appropriée à
l’objet rte l’association.
Ce n’est point par la force qu’on peut rétablir l’unité morale que la liberté a fatalement
détruite; le respect rte la liberté d’autrui dans l’unité nationale est la seule unité morale
que l’on puisse, que l’on doive poursuivre.
L’enseignement public souffre du manque de liberté; il faut lui rendre plus de- vie et
d’originalité par la décentralisation, par une indépendance plus réelle conférée aux Univer¬
sités dans leur budget, dans leurs programmes, dans leurs propositions pour le recrutement
de leur corps de professeurs; — par la liberté des programmes de Renseignement dit secon¬
daire; — par le choix de matières limitée^, mais approfondies, substitué, dans Renseigne¬
ment dit primaire, aux programmes superficiels, parce qu’ils sont trop étendus; — par le
développement des Écoles professionnelles*
Comiientciire,
Deux principes sont en présence : le principe libéral, défendu par les républicains les
plus éminents; le principe sectaire, soutenu par le plus jacobin des députés, M. Brisson, et
par le plus fidèle de ses disciples, M. Vivîani, que M. Sauton accepte de suivre, sur ce point
comme sur les autres*
La suppression du principe de la liberté d’enseignement se heurte à des difficultés de
toutes sortes. L’Université n’en veut pas plus que le pays, et vous savez, par les réunions
publiques, 1 étrange, l’absurde système que proposp jL yiviani : enlever aux parents tout
contrôle sur l’enseignement donné à leurs enfants, auxquels les maîtres devrpgt apprendre,
— w ~ N" H «2
dès leur plus jeun" $gf„ leg thëopies les. p|us} cqiUradictqjreç sqr le bien et sur le pial, sur
le vice et sur |a vertu. Ain^î le faampiq de huit ans fera jjjjrârpeqt son çjtqjx !
Nous savons à l’avance ce qu’il choisira! Cç serait risible à en mppri^, si ce n’^|a|t
efffayant à en fréipir !
Lq'tifeerlé. d’qçwçiityii Ras moins ntçessure à |’hanpqnie sociale, pçndapt un
.siècle, les r^pRbliçain^ — ç’estleur honneur! — ont lq^épqur la conquérir. C’çsf jus fenier,
c’est dôshqpQrçf la fïèpublique qqe de réirogr ider vers (es plus fauche?} çqnceptiqns d’un
jacobinisme haineux.
Les pr^çautipps çantre l’excès d’une (qainmorte iiqmçlnlièrç (la seule qui puisse exister
réellement) appt légitimes; le<j restrictions, apportées qq développement dé l’enseigncpient,
public qp libre, des œuvres hospitalières, publiques pu libres, sont antilibérales, arjtidémo,-
cratiques et nuisent surtout au peup’e.
Lois réglant les rapports de l’État et des Église
Le régime çpnpordatpè pxiste ; il fauf Appliquer loyalement-
La séparation f;p traînerait — sous peine dé cpnfiscatipn i nique, — des iq^POimtés tran¬
sitoires énormes; ^ saus peine de jacobinisme, — qa développement excessif et jncontrè-
lable d,e Ja mainmo.'(ê ; rr enf;n, pouy la pratique d’instituiions çés.pectables d’un qsage
général, l’inégalité ^ plus pniidémpçratiqup auprfjudiçe flÇS pflpulqtipoq ouvrières et des
pauvres.
Commentaire.
I) est bien entendu que l’État ne doit pas être dominé par un pouvoir religieux, pas plus
par la secte maçonnique que par un culte quelconque.
Mais l’existence du sentiment religieux est un fait, et les plus grands esprjts de l’hpma-
nité sont d’accorl pour dire que cç fait est un facteur nécessaire de la civilisation.'
Supprimer la liberté de la conscience serait aussi monstrueux qu’irréalisable, et c’est
précisément pour la maintenir qu’il ne faut, ni ouvertement, ni par voie détournée, y porter
atteinte.
Dans Vfl Étirt neuf, comme en Amérique, la séparation absolue de l’État et des Églises
existe, avec d’ailleurs un profond respect du Gouvernement poar les cultes.
^ansun État ancien, cqmme la France, qq Us boqleyersçtnents de tpptèj les tradi-
%*> toutes les ^abitud[es rte doivent êtye effectués que pour d;çs motifs d’impé fUu.se’
d’évidente nécessité, le régime de la séparation nuirait surtout qux pauvres, et çetfe seul©
çonsidèfatioP,. à défaqt d’autres, devrait arrêter de sincères démocrates.
M 9? doit çtre forcé de suivrç que. refeioh quelconque. L’oppression â% la coospienca
est |a plus crimiqel le tfe toutes.
Mais quand tout a été réglé par des Çftpcprdats pour que la masse puisse, si çl\ft la
yeat, pratiquer Lun des trois cultes entre lesquels se partage l’imnïense. waiorîté de la
«alion, il faut, être un sectaire pour renverser çcl état de, choses, au nom du principe delà
lificrté qui n’est pas en jeu.
Ce que je dis est tellement vrai que le plus farquche des sectaires, % Drîsson, vient
de faire machine en arriére et de déclarer, dans sa profession de foi, que la question de la
séparation devait être... ajournée !
Lois sociales.
Le collectivisme, à doses fortes ou diluées, ruine le pays sans profiter au prolétariat.
Il fqut le combattre sous toutes scs formes.
11 faut protéger la liberté du travail: ni grèves obligatoires ; ni limitation upfforme
oppressive des heures da travail; ni extension des services forcément mal gérés par les
collectivités (État, département, commune).
— 758 —
II faut protéger le travailleur (employés, ouvriers, salariés de toutes sortes).
BevisioTi des lois sur les retraites des fonctionnaires et tons antres employés, qui ne
doivent pas être perdues par un renvoi anticipé*
Loi sur les retraites, applicables, non seulement aux ouvriers, mais à tous les sala^
ries, combinant, s’il est possible, la liberté « subsidiée » comme en Belgique, avec le ver¬
sement obligatoire à des caisses contrôlées par l’Etat, mais échappant à sa main mise ; loi
étudiée at non bâclée, à cause notamment de sa répercussion sur les finances de l’État ei
des dangers formidables d’une erreur de calcul*
Protection des travailleurs nationaux contre les étrangers par l’égalité des charges.
Dans ces questions, qui touchent le fond de la vie sociale du pins grand nombre, la
participation des intéressés à la confection de lois sérieuses s’impose par voie de large
consultation, de referendum.
Commentaire,
On sait que le projet de loi sur les retraites ouvrières a mécontenté tous les intéressés,
c’est-à-dire tous ceux qu'elle visait et tous ceux qu’elle aurait dû viser pour être complète,
et auxquels elle n’était pas applicable. Jamais insuccès n’a été plus complet*
Le Gouvernement a eu le tort de croire que le problème était résoluble par l’État seu¬
lement, alors que des sociétés libres « les Prévoyants de l’avenir », qu’il a essayé de tuer
sans succès; les « Vétérans des Armées de terre et de mer », etc*, ont démontré que les
retraites pouvaient être assurées, à de moindres frais, et dans des conditions plus avanta¬
geuses pour les retraités, par le libre fonctionnement de caisses privées* Les subventionner
largement et développer le nombre de leurs adhérents paraît être la vraie solution d’un
problème qui, posé, doit aboutir et qui demande une étude fortement documentée et très
approfondie, à laquelle il est nécessaire d’admettre les intéressés, sans lesquels on ne peut
pas faire de bonnes lois*
Lois relatives au commerce et à l'industrie*
C’est folie collectiviste que de détruire l’intermédiaire commerçant; il profite au pro¬
ducteur en écoulant ses produits : au consommateur, en lui laissant la liberté du choix.
C’est antidémocratique de ne pas donner, dans sa lutte contre la concentration des
grands magasins et des grandes industries, l’égalité au petit commerçant et au petit indus¬
triel, qui confine] j t de si près au simple ouvrier, dont ia situation est le très légitime espoir
des ouvriers intelligents et probes.
Donc, suppression des privilèges des bouilleurs de cru, si favorables à la fraude; —
patentes sur les grands magasins, suivant le nombre de leurs employés et la nature de leurs
veines, et sur les coopératives ; — suppression des économats; — recherches des conditions
auxquelles le repos hebdomadaire pourra concilier la liberté du travail, les droits et les
intérêts mêmes des Employés ; — enfin, l’intérêt des employeurs dont celle question, mal
résolue, peut compromettre jusqu’à l’existence commerciale*
Dans ces lois comme dans les lois sociales, participation des intéressés à la décision,
par voie de consultation, de referendum.
Commentaire.
Ge qui me dispensera de tout autre commentaire, c’est que j’ai été désigné connue
candidat par le Comité de l'alimentation * parisienne, que j’ai paru, par conséquent, aux
quarante personnes qui m’ont fait l’honneur de m’écouter, satisfaire au programme minu¬
tieux, élaboré par ce Comité, et qui touche à toutes les questions intéressant le petit com¬
merce, plus complètement que les autres candidats.
J’adhère donc au programme que, tous [vous connaissez, et que vous recevrez d’ail¬
leurs.
— 759 —
N° 1162
J’ajoute que les vœux adoptés par le Congres des Jaunes doivent également [être la
base de toute législation sérieuse touchant le monde du travail. -
Ils comportent notamment ;
1r> ha condamnation de l’introduction de la politique dans l’examen des questions
sociales;
T La condamnation du collectivisme et de l’internationalisme ;
3Ü La condamnation d’une réglementation uniforme des heures de travail pour toute Sa
France et pour toutes les corporations ou métiers;
L’extension a tous travailleurs, ouvriers manuels et employés, des lois concernant
la prud'homie et les caisses do retraites ^
5r* La condamnation du projet de loi Millerand-Waldcck sur les retraites ouvrières;
6° La substitution des syndicats aux bureaux de placement;
7e La protection de la main-d’œuvre française, notamment par Légalité des charges à
imposer aux travailleurs étrangers ;
8° La condamnation du rachat des chemins de fer par l’État;
9° L’examen d’un projet de loi universelle sur le minimum nécessaire h l’existence de
chaque être humain.
Lois budgétaires .
Le déficit, avec un ministère et une majorité menés par le collectivisme, s’est installé
dans nos budgets; il faut Ven chasser. — La réduction des dépenses est possible; la ma¬
jorité nationaliste du Conseil municipal de Paris l’a prouvé.
La suppression dessous-préfectures est devenue possible; la coûteuse rentrée des
contributions directes par des agents de l’État peut être économiquement confiée à un
établissement de crédit, te! que la Banque de France.
Sans aller peut-être jusqu’à la suppression de l’initiative parlementaire, en matière
de dépenses, il faut tout au moins enlever au Parlement le droit d’introduire une dépense
par voie d’amendement à la loi de finances.
Si Ton n arrête pas le déficit, l’État fera banqueroute. C’est le rêve du cobectivisme
peut-être, mais ce doit être l’effroi de toute personne sensée.
Questions étrangères et coloniales.
Nos alliances doivent se régler d’après nos intérêts moraux et matériels : l’alliance
russe doit être maintenue, et nos nationaux doivent trouver en Russie un régime d’égalité,
sinon de privilège.
Aux vainqueurs de 1870, nous devons la courtoisie, mais non l’abdication et. Foubli.
A l’ennemi des Boers, nous ne devons livrer ni nos réseaux télégraphiques avec nos
colonies, ni le transport de uos troupes.
Nous devions diplomatiquement protéger les vaillants Boers et arrêter, dès la pre¬
mière heure (nous Je pouvions par la seule diplomatie), le massacre des Arméniens.
Nos colonies ont à se développer normalement; — peuvent, par une habile adminis¬
tration, se suffire à elles-mêmes — et doivent être un champ ouvert aux activités fran¬
çaises, un marché réservé aux produits de la métropole et des autres colonies françaises
Commentaire >
Les déclarations de M. Doomer, ex-gouverneur général de Plndo-Chine, candidat à la
députation, donnent une force singulière à n ure jugement sur la valeur et le rôle de nos
colonies.
Et quant à nos rapports avec l'étranger, l’attitude admirablement digne et impeccable
de Marchand, à Saint-Pétersbourg et à Berlin, montre la distinction qu’un Français peut et
doit faire entre Uï s ou tels gouvernements étrangers*
— 760 —
Les intérêts de la circonscription seront l’objet de ma constante vigilance.
Les électeurs de la Sorbonne savent ce que j’ai fait à l’Hôtel de Ville pour l'élargisse-
ment de la rue Saint-Jacques notamment.
L’agrandissement du Collège de France et la reconstruction de l’École polwtechnimie
seraient, il ya sans dire, poursuivis par moi. * 4
■Payais commencé, à l’Hôtel de Ville, par un vœu à présenter au Conseil général ie
reprendrais, à la Chambre, l’élude du projet Paris-Port de mer. ’ 1
Commentaire .
J’ose faire appel au quartier de la Sorbonne. Il répondrait, je le crois, à l’unanimité
que je ne marchande ni mon lemps ni ma peine, quand il s’agit de remplir les devoirs oui
découlent de mon mandat. ^
Tels sont les principe^ qui nie guideront. — Je ne puis me Üatièr de plaire sur tous les
points, à tous ceux qui voteront pour moi. A chacun de vous de juger si l’essentiel et l'en¬
semble de mon programme le satisfont. - Ma conviction, c’est qu’à ces conditions seule¬
ment, nous en finirons avec la cot. riè étroite, sectaire, franc-maçonnique, panamiste des
jacobins, des collectivistes, de la finance juive et cosmopolite, des sans-patrie, et nous
établirons la République ouverte, honrôte, libérale, nationale.
Commentaire .
Est-il nécessaire d’insister sur le loyalisme, sur la sincérité dé mon républicanisme?
Munie a l’heure où je n’étais pas rallié à cette formé de gouvernement, j’estimais
qu aucun gouvernement ne pëut se passer de la volonté nationale.
Dès 1888, dans un discours - imprimé cependant, mais que ies calomniateurs se sont
bien gardes de produire, — j’invitais les conservateurs à provoquer une consultation directe
du pays.
J étais parfaitement convaincu qu’à une écrasante majorité ii en sortirait la Rcpubliquè,
et que devant ce îésultat, les opposants de bonne foi, la conscience rassurée les
scrupules levés, se rallieraient à là République.
Voilà comment, pénétré de ces idées, j’ai pu moi-même, dès 1889* avec une bonne foi
absolue, sans a mére-pensées, sans équivoques, me placer sur le terrain républicain, que
je n ai pas déserté depuis. Je prétends, comme tout citoyen, avoir le droit d’être républi¬
cain et de planter ma tente sur le sol de la Patrie, qui appartient à tous:
Vive la France ! Vive la République !
iules ÀtlFÉlUY,
Conseiller municipal de ia Sorbonne, avocat à là Cour d’appel,
ancien auditeur au Conseil d’Etat, ancien président de la
conférence Mol é, licencié ès lettres, docteur en dioit,
lauréat de la Faculté de droit de Paris.
-
— 761 — N° 1162
Comité républicain des Nationalistes et des Socialistes anticollegtivistes
Citoyens,
Vous avez lu le programme du citoyen Jules Àuiïray.
Républicain, nationaliste, libéral, antidreyftfsard, anticol Icctiviste,
En un mot qui résume tout : antimini&térlel.
Ce programme est le nôtre; il est celui de la majorité d’entre vous.
Vous connaissez l'homme.
En mai 1900, au scrutin mémorable ou Paris a secoué le joug des sectaires, des sans-
patrie et des collectivistes, Jules Àuffray était élu Conseiller municipal de la Sorbonne, à
642 voix de majorité, sur le programme le plus net.
Au Conseil municipal, constamment, brillamment, il y est demeuré fidèle.
L'énergie dont iî avait fait preuve en 1900, pendant la campagne violente menée contre
lui, il la déploie aujourd’hui, plus inlassable encore, dans les luttes où ses adversaires,
jouant leur dernière partie, redoublent de violence.
L’homme répond du programme.
Tous, vous voterez pour Jules AUFFRAY,
contre les autres candidats, parce que, quels que soient leur passé, leurs nuances* ils
sont rivés Lun à l’autre par une étroite chaîne d'alliance qui fait d’eux, dès le premier on
au second tour, de bon gré ou de force,
Les apôtres ardents ou les victimes résignées :
De l'esprit dreyfusard qui détruit l'armée,
De l’esprit sectaire qui détruit la liberté,
De l’esprit collectiviste qui ruine, détruit la société,
De l’esprit internationaliste qui détruit la Patrie,
Du régime des turpitudes et des lâchetés qui détruit la République,
Enfin, du ministère Waldeck-Milleranrî,
Qui se survit dans son influence délétère, et leur imprime sa tare ineffaçable.
Vive la France 1
Vive la République Nationale 1
Pour les 1-600 membres du Comité, le Bureau :
(Suivent les signatures.)
m
2r circonscription du 5° arrondissement de PARIS
M. FLOURENS
Élu au 1CT tour de scrutin. — 5.719 voix.
Citoyens,
A la veille de l'ouverture du ôorutiu, je crois devoir préciser en quelques mots, pour
éviter tout malentendu, quel est le caractère de ma candidature et en quoi elle diffère de
celle du citoyen Charles Gras, député sortant.
Le citoyen Charles Gras a constamment voté avec la majorité qui a soutenu le Minis¬
tère Waldéck’Rousseau-Milleraiidï s'il s’en est détaché dans quelques circonstances notable*,
comme lors du vote sur la proposition Ghapuis, tendant à la clôture définitive de Taiïaire
Dreyfus, s'il a refusé son approbation au Ministère lors de Fa ft aire Hervé, il n'en a que
mieux affirmé par là sou attachement à la ligne de conduite politique et aux doctrines so¬
ciales du groupe collectiviste.
Ainsi, quoiqu'il essaye de faire naître la confusion par V emploi de l’expression de
concentration républicaine, dans la profession de foi affichée sur 110s murs, il est évident
qpe le citoyen Charles Gras n’admet cette concentration qiT autour du groupe collectiviste
qui se réclame du programme de Saint-Mandé-
Dés lors, nous sommes fixés, par ce qui vient de se passer dans les trois dernières
années, sur l'avenir que préparerait à notre pays la réélection du citoyen Gharies Qras,
Résumons :
Une première et grave atteinte à la liberté de panser et à la liberté d’écrire, par la sup¬
pression de la liberté d'enseigner, leur corollaire indispensable, bientôt suivie, d^pi^s le
programme du discours de Toulouse, de fa suppression do la liberté de la presse-
L’accessibilité aux fonctions publique -, devenue le privilège des élèves de certaines
écoles officielles estampillées par ïa franc-maçonnerie.
Les citoyens dénoncés à ïa défaycor du gouvernement et fie l'opinion publique quand
leur confession religieuse pourrait les faire soupçonner d’une affiliation plus ou moins ima¬
ginaire, à ce que dans un terme volontairement vague et indôtenqmié, on appelle la congré¬
gation.
Au point de vue économique, la grève obligatoire, le syndicat obligatoire, le concours
de l’État donné aq développement des coopératives et des économats et la suppression gra¬
duelle des commerçants, comme d’intermédiaires inutiles et coûteux entre les producteurs
et les consommateurs.
L’échec de toute convention abaissant le prix du gaz.
Au point de vue ouvrier, toute proiection refusée au travailleur français contre la con¬
currence de l'étranger, pour obéir aux préceptes de l’internationalisme, l’épargne obliga¬
toire, par un prélèvement exagéré sur le salaire quotidien, sous prétexte de constituer une
pension retardée à un âge où très peu atteignent, en réalité pour remplir les caisses vides
du Trésor public et rétribuer une nouvelle armée de budgétivores.
Au point de vue militaire, l’avancement des officiers abandonné à l’arbitraire ministé¬
riel et à la recommandation des politiciens, la désorganisation de nos forces militaires par
une campagne de démoralisation du soldat poursuivie par la presse et la brochure.
Au point de vue financier, l’augmentation des impôt*, dont je prie chaque contribuable
de se rendre compte par lui-môme, en comparant les feuilles d'avertissement pour les im¬
pôts directs et taxes assimilées qu’il reçoit actuel lemènr, avec celles qui lui ont été adres-
— 763 ~ N* i j 62
sées il y a trois ans, le déficit dans le budget, conduisant rapidement, par son importance
croissante, h la banqueroute.
Voilà, très incomplètement résumées, les conséquences de la politique que le citoyen
Gras a toujours suivie, à laquelle il reste, en termes mal déguisés, fidèle dans sa profession
de foi, et qui constitue une pente fatale, sur laquelle ceux qui se sont une fois engagés ne
peuvent plus s'arrêter.
À cette politique, j’oppose une politique contraire.
Suppression définitive de la question cléricale, comme aux États-Unis, par la séparation
graduelle -de l’Église et de FÉ tat, liberté d’enseignement avec les garanties d’inspection les
plus précises, liberté d’association avec toute sécurité contre l’accroissement excessif des
biens de main-morte. — Égalité de tous les citoyens au regard de la société civile, qu’ils
appartiennent ou qu’ils n’appartiennent pas à un culte quelconque, égale accessibilité de
tous aux emplois publics. — L’ouvrier français protégé contre U concurrence de L'étranger,
Faccompltssement des devoirs de la prévoyance sociale assuré par des prélèvements sur
les ressources générales du budget, les ['retraites avec l’aide de la mutualité soutenue par
Tétât; la liberté du travail, la liberté des syndicats.
La réforme de la législation des patentes, en conservant ie principe de la liberté com¬
merciale, mais en mettant un frein à Paccaparement, aussi bien d’une que de plusieurs
branches de commerce, par la progressivité de l’impôt,
La suppression absolue du privilège des bouilleurs de cru et des licences.
Le gaz à vingt centimes,
La révision de la législation sur les fraudes, condensée en une loi unique, donnant
toute sécurité au commerce honnête, en faisant remonter les responsabilités aux auteurs
memes de la fraude ; la restriction de l’initiative exagérée laissée aux parquets.
L’application du droit commun aux sociétés coopératives de consommation.
L’avancement des officiers absolument garanti contre l’arbitraire du ministre ou l’in¬
tervention des députés, Finterdictîon de toute propagande contre le service militaire.
La probité, l’ordre, l’économie dans les finances, l’amortissement de la dette publique,
la réduction des dépenses, la réduction de l’état-major de fonctionnaires dispendieux que
nous ont légué la monarchie et l’empire, la diminution des traitements disproportionnés, la
résistance aux efforts du collectivisme, dont tout le résultat aboutit, jusqu’ici, à augmenter
démesurément le nombre des btidgétivores.
Vous êtes à présent renseignés, Citoyens, d’une manière sommaire, il est vrai, mais
véridique, sur les tendances générales des deux politiques entre lesquelles vous allez avoir
à vous prononcer le Tl avril prochain. — A vous de choisir.
Émile FLOURENS,
ancien Député,
ancien Ministre des Affaires étrangères,
Candidat républicain indépendant.
- 764 —
circonscription du 6e arrondissement de PARIS
H. Charles BENOIST
Élu au 1er tour de scrutin. — . 316 voix.
Mes chers Concitoyens,
Unis, à cette heure décisive, en une même action dans un intérêt supérieur, — celui
de la défense nationale et sociale, — les Comités qui s’efforcent de maintenir et de propa¬
ger chez nous les idées essentielles de patrie, d’ordre et de progrès sont venus me proposer
et presque m'imposer la candidature, — Je ne 1 aurais pas recherchée comme un honneur;
Je T ai acceptée comme un devoir.
Vous me connaissez, et vous me reconnaîtrez. Tel fai toujours été, tel encore je suis
aujourd’hui ; sans affiliation à aucun parti; sans compromission avec aucune coterie; lié
uniquement, si vous la recevez, par la parole que je vous engagerai.
Fai toujours voulu une République large et sage, habitable et ouverte, réellement ré¬
publicaine, au sens plein du mot, et véritablement française. — Je la veux aujourd’hui
encore.
J’ai toujours voulu toutes les libertés, — Je les veux encore aujourd’hui ; et, entre elles,
je veux le plus résolument celles qui sont le plus atteintes ou le plus menacées.
Je veux la liberté de conscience, sans exception, ni restriction, ni distinction; je veux
la liberté dissociation et la liberté d’enseignement, sans exclusion ni privilège, sous la loi
égale, dans le droit commun. Elles sont, en effet, de droit commun, et je les revendique
en vertu de la Déclaration des Droits de l’homme, comme les premiers et les moins contes¬
tables des « droits naturels et imprescriptibles de Phomme », S’il est certain que F État, lui
aussi, a ses droits, il est inadmissible qu’il en abuse jusqu’à nous enlever les nôtres, et
que, pour n’avoir pas à réprimer des infractions possibles à îa loi, il nous opprime jusqu’à
supprimer le droit.
Puisqu’on semble ne plus savoir ce que c’est qu’une liberté, à nous de savoir ce que
c’est qu’un droit, ei de faire que quiconque l’a oublié le réapprenne. — Je demande que la
Déclaration des Droits soit enfin plus et mieux qu’une affiche; qu’elle soit constitutionalisée;
qu’elle soit partie intégrante, vivante et inviolable de ta Constitution,
Électeurs,
Changer de personnel ne suffirait point. 1! ne suffirait pas de remplacer par des poli¬
ticiens plus frais les politiciens usés. Il faut un changement profond dans les institutions
mêmes.
Ce programme est donc principalement un programme de réformes.
Je veux :
Le Président de la République élu par les Conseils généraux ; — les Ministres pris hors
des Chambres; — le parlementarisme limité dans son omnipotence par une Cour suprême,
dans son incompétence par le Conseil d’État.
je veux en outre :
La magistrature et l’administration affranchies delà servitude parlementaire; — les
finances et les travaux publics défendus des exigences parlementaires; _ la diplomatie
pacifique, mais fière, d’une France forte, consciente de sa force et pesant son poids dans le
monde; — f armée stable en sa hiérarchie, ferme en sa discipline, ni décapitée, ni décimée,
— 765 —
N° 1162
inaccessible à la faveur ou à l'intrigue, intangible à îa passion ou à la haine, inattaquée du
dedans et du dehors, intacte en haut et en bas; — l'expansion coloniale méthodiquement
réglée, les colonies maintenant acquises mises en valeur; — l'État et l’Église traitant loyale¬
ment sous le régime concordataire; — l'École libre dans l'État respecté; — les communes
et les unions professionnelles émancipées et développées.
le veux une politique nouvelle dans une République renouvelée.
Mes chers Concitoyens,
La politique nouvelle doit être par-dessus tout une politique sociale; et la politique
sociale doit être une politique de paix dans la justice entre les classes.
Cette politique nouvelle, cette politique sociale est la seule qui vaille désormais d'être
faite; c'est, en tout cas, la seule à qui je veuille me dévouer.
Si vous pensez que vingt ans d'étude, une longue expérience, une enquête incessante
sur la question capitale de l'organisation du travail dans l’État moderne, m'ont préparé plus
particulièrement à cette œuvre qui sera la grande œuvre de demain; si vous estimez que
je puisse utilement servir à la Chambre une cause si digne d'être servie de préférence à
toute autre, vous le direz par vos suffrages.
Quoi qu’il advienne d’ailleurs, je n’en continuerai pas moins de la servir de mon mieux,
partout où j'en trouverai le moyen, car elle est de celles auxquelles on ne se reprend pas,
quand on s'y est une fois donné.
Charles BENOIST,
Professeur de Droit constitutionnel à l'École des Sciences politiques,
Chevalier de la Légion d’honneur. *
2ü circonscription du 6fi arrondissement de PARIS
M. PRAGUE
Élu -au Ier tour de scrutin. — 7.268 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je viens solliciter de vous le renouvellement de mon mandat.
Quand yous m’avez élu, il y a quatre ans, je vous ai dit qui j’étais et ce que j’étais.
J’ai la conscience d'être demeuré fidèle à mon passé et à mes engagements.
Je vous disais alors que j'avais toujours été républicain*
Je le suis aujourd’hui comme je fêtais hier.
Aujourd'hui comme hier aussi, je reste un libéral, car je n'ai jamais compris ia Répu¬
blique sans la liberté,
A la Chambre, j'ai défendu :
La liberté de conscience sans réserve ;
La liberté de l'enseignement ;
La liberté d'association dans toutes ses manifestations ;
La liberté individuelle et politique;
La liberté du travail.
J’ai été l’adversaire irréductible de l'esprit de secte, de délation et d’ostracisme.
J’ai combattu toutes les entreprises et toutes les mesures qui pouvaient porter atteinte
à la défense du pays et désorganiser son armée, i'ai énergiquement protesté contre les
insultes prodiguées au drapeau national et contre la propagation des doctrines subversives
do l’idée de Patrie.
Au point de vue financier» je me suis opposé à l’augmentation inconsidérée üe nos
dépenses, qui s’accroissent avec une progression effrayante ç j’ai pris parti contre de soi-
disant réformes qui devaient fatalement conduire, comme elles ont conduit# à un déficit
budgétaire.
Au point de vue économique, j’aî voté toutes les dispositions législatives avant pour
but d’assurer la prospérité de notre commerce et de noire industrie nationale.
Si vous m’accordez à nouveau votre confiance, je défendrai les mêmes idées avec la
meme résolution.
Préoccupé du sort des travailleurs, je m’eiïoreerai de faire aboutir une loi sur les
retraites ouvrières qui, sans imposer h r État et aux particuliers des charges devant les¬
quelles le législateur a reculé jusqu’ici, trouverait dans le développement et le jeu normal
de la mutualité les éléments d’une solution pratique.
Ja demanderai aussi, dans l’intérêt du petit commerce et des ouvriers, l’extension des
droits des syndicats professionnels, la faculté pour eux d’acquérir des biens meubles et
immeubles, et, utilement, d’employer leurs ressources.
Quant a P étude des lois militaires, je l’aborderai avec le vif désir d’alléger les charges
que le service obligatoire impose, mais en m'inspirant de l’avis de ceux auxquels incombe
plus particulièrement la responsabilité de la défense nationale.
Convaincu que la centralisation à outrance de tous nos services publics permet trop
facilement a une oligarchie de confisquer le pouvoir et de l’exploiter à son profit personnel,
je pense qu’ü est nécessaire de procéder à une large décentralisation.
Enfin, j’admeis que, 'sans toucher au principe fondamental de notre Constitution, ou
peut la perfectionner en donnant une base électorale plus large à la Présidence de la
République, afin de soustraire les Présidents à la dépendance des Chambres, dont ils relèvent
trop exclusivement aujourd’hui.
Vive la France 1 vive la République 1
L. PRACÏÎE,
Docteur en droit, avocat à la Cour d’appel,
Député sortant.
circonscription du 7e arrondissement de PARIS
M. LEROLLE
Élu au lôr tour de scrutin, — 6.406 voix.
Messieurs et chers Concitoyens, :
Aux dernières élections, nous avons, pour servir la Patrie, fait P Union loyale et fièré
dans une politique de liberté, de progrès et de paix sociale.
J’ai conscience d’être resté fidèle à cette politique, et je vous demande le renouvelle¬
ment de mon mandat, bien résolu à tous les devoirs qu’il m’imposera.
Depuis trois ans, un ministère néfaste est maintenu au pouvoir par une coalition de
radicaux, do socialistes et de sectaires.
— 767 —
N* H 62
Sous Leur pression, nous avons vu la liberté individuelle violée, la guerre religieuse
déchaînée, Parmée livrée à la politique, le déficit croissant dans nos finances, le désordre
partout, notre industrie compromise. Tel est le bilan du ministère dit, on ne sait pourquoi,
de Défense républicaine.
En face de cette situation, il n'y a, pour les élections, que deux partis: ceux qui
approuvent la politique ministérielle, et ceux qui la condamnent; ceux qui acceptent la
tyrannie jacobine, et ceux qui veulent secouer le joug d'une minorité audacieuse, si funeste
aux intérêts vitaux du pays.
J 0 vous connais trop pour douter un instant de votre choix.
Faut-il rappeler longuement un programme que vous avez approuvé? Mes votes, mes
discours, tous tes actes de ma vie publique prouvent que je ne l'ai p'is oublié.
Aujourd’hui comme en 1898, nous voulons tous notre armée respectée, forte, hors
d'atteinte des intrigues politiciennes.
Aujourd'hui cçmme alors, nous voulons ensemble le respect pratique de la liberté de
conscience, les libertés d'association et d'enseignement, sans exclusions hypocrites.
Aujourd'hui encore, nous voulons ensemble l'économie dans nos finances, notamment
parla simplification de nos rouages administratifs, l'égale contribution aux charges en
proportion des moyens de chacun, repoussant es aventures financières, funestes à notre
commerce et à notre industrie, dangereuses pour la prospérité nationale.
Nous pensons toujours qu'il faut faire entrer plus de justice et de fraternité dans notre
société. Eu se tenant loin des utopies décevantes du socialisme, l'organisation profession¬
nelle, la mutualité, l'initiative privée aidée des pouvoirs publics, permettent de résoudre ces
questions qui, comme celle des retraites, par exemple, importent tant à la paix sociale.
-Vous savez bien que soucieux avant tout de la grandeur et de la prospérité de notre
Pays, je ne veux retourner à la Chambre que pour y aider, sans arrière-pensée, tons les
efforts qui seront faits pour réparer te mai dont nous avons souffert trop longtemps.
Électeurs,
On nous oppose une candidature fies Comités de péfgnsg et d'Unîon républicaines, en
réalité une candidature ministérielle, Sous des apparences à peipe differentes, vous rccon-
H^sez la vieille concentration dps pdvf rspirps que vous êtes habitués h vaincre.
A cette coalition ministérielle, opposons la ligue des intérêts lésés, droits violés,
des consciences outragées.
Paul LEROLLE, Député sortant,
2r circonscription du T arrondissement do PARIS
M. Maurice SPRO^CK
Élu au 1pr tour de scrutin. — 4.380 voix.
Mes chers Concitoyens,
Pour la spcgnde fois depuis deux ans, je me présente devant 1e suffrage universel.
Mon ambition personnelle avait été pourtant largement comblée par l'honneur que les
électeurs du Gros-Caillou m'avaient fait, le 13 mai 1900, en m'envoyant à EMôtel de Ville
— 768 —
Si je n’eusse écouté que mes sentiments, je ne leur aurais demandé que de me con¬
server le siège où m’avait placé leur confiance*
Mes amis pourtant m’ont montré comme un devoir la nécessité de reprendre, dans Sa
nouvelle circonscription du 7° arrondissement, la lutte contre l’odieuse oligarchie qui s'est
emparée de la France, qui l’exploite et qui la déshonore*
Il y a deux ans, nous menions ensemble le combat contre un ministère qui, sciemment
et volontairement, gouvernait contre le sentiment de la nation*
Ce ministère, produit hybride du conservatisme maçonnique et du collectivisme révo¬
lutionnaire, est toujours au pouvoir, et sa politique, néfaste pour la France, dangereuse pour
îa République, est restée la même*
C'est contre cette politique, mes chers Concitoyens, que je vous convie à protester sur
mon nom*
Comme moi, vous ne voulez certainement plus d’un gouvernement qui viole toutes les
libertés inscrites depuis un siècle dans la Déclaration des Droits de l’homme;
Détruit notre industrie et notre commerce en excitant les travailleurs à des grèves qu’il
réprime ensuite à coups de fusils ;
À installé le déficit permanent dans nos finances ;
Désorganise notre armée nationale;
Laisse outrager le drapeau tricolore ;
 fait de la justice la servante de sa politique;
Proscrit d’honnôtes gens et de bons Français pour mieux assurer le pouvoir des crimi¬
nels ou des fous installés dans les ministères*
Comme moi, vous voulez, non plus la parodie de République dont oo leurre notre démo¬
cratie française, mais une République véritable — - probe, libérale et patriote*
Avec la force irrésistible que donnera aux élus nationalistes la grande manifestation
populaire qui se prépare, d'un bout à l’autre du pays, le 27 avril prochain, nous exigerons
des Chambres :
La révision de la Constitution de 1875, à l’abri de laquelle s’est établie une désastreuse
confusion de pouvoirs, et qu’il est nécessaire de modifier, ne serait-ce que pour réserver au
Gouvernement seul, — selon la formule de M. Jules Roche — le droit de proposer, directe¬
ment ou indirectement, des dépenses ou des lois entraînant des dépenses;
Une politique de rigoureuses économies, de manière à rétablir l’équilibre de nos bud¬
gets et à éviter la banqueroute menaçante ;
Le respect intégral et absolu — dans les lois et dans les actes de l’autorité administra¬
tive — de la liberté de conscience, de îa liberté d’association, de la liberté de renseigne¬
ment, violées par le cléricalisme maçonnique*
La nécessaire réorganisation de l’armée et la cessation des abominables campagnes
menées contre le drapeau et contre l’idée de patrie.
L’amélioration économique et sociale du sort des travailleurs — non pas par de vaines
promesses ou par de dangereux et chimériques projets législatifs — mais, pratiquement,
par l’extension de la personnalité civile des syndicats professionnels, et le développement
des associations mutualistes.
C’est ce programme républicain, démocratique, libéral et nationaliste, que je vous
demande, mes chers Concitoyens, de m’aider à faire triompher le 27 avril.
C’est autour de ce programme que nous espérons grouper toutes les bonnes volontés,
qu’ont égarées momentanément les mensonges de sectaires hypocrites ou de politiciens
plus habiles à servir leurs intérêts personnels que les intérêts publics.
C’est par la réalisation de ce programme que nous ferons la République inébranlable,
et que nous rendrons à la France sa prospérité matérielle et sa splendeur morale*
Vive Paris! Vive la France! Vive la République!
Maurice SPRONCK
Conseil 1er municipal*
— 769 —
N* 1162
Fédération des Comités Mpubltcàins et nationalistes
La question du gaz.
Chers Concitoyens,
La campagne électorale est ouverte. Avant que ia mêlée s’engage, nous croyons
devoir appeler votre attention sur un fait qui, en dehors de toute préoccupation de parti est
de nature à dicter votre attitude au prochain scrutin.
La Chambre qui vient de finir n’a pas même été capable, avant de terminer son man-
rjat, de ratifier le traité passé par le Conseil municipal de Paris avec la Compagnie du gaz.
A tous ses méfaits, elle a ajouté celui de retarder pour nous le bénéfice d’un abaisse¬
ment de prix de 10 centimes par mètre cube, expressément stipulé dans le contrat dont
notre conseiller, le citoyen Maurice Spronck, a été le victorieux rapporteur.
Au lieu de s’en tenir à l’examen du projet, il s’est trouvé, sur les bancs de cette majo¬
rité que les souvenirs du Panama auraient dû rendre plus prudente — on ne parle pas de
corde dans la maison d’un pendu — il s’est trouvé des « révolutionnaires ministériels »
pour lancer contre nos amis du Conseil municipal, et sans les étayer de la moindre des
preuves, la plus odieuse des insinuations et la plus stupide des calomnies. Et comme cela
neût pas suffi, ils ont essayé de mettre en conflit Paris et la province et ont effrayé quelques
braves gens par la crainte de responsabilités imaginaires.
Le pi oj et est donc resté en suspens, et c’est nous tous, commerçants grands ou petits
Quvners ou patrons, qui sommes les victimes de cet avortement.
Nous nous souviendrons de cette nouvelle méconnaissance des droits de Paris, de ce
nouvel obstacle apporté à nos revendications les plus légitimes, de ce nouveau dommage
cause a nos intérêts. 8
Ceux qui ont su créer le déficit permanent dans les finances de l’État et alourdir encore
votie feuille de contributions — déjà si pesante — n’ont seulement pas su achever la
esogne qui leur avait été préparée à l’ÏIôtel de Ville; ils n’ont pas su ou ils n'ont pas voulu
voter le dégrèvement que le citoyen Maurice Spronck et ses collègues avaient obtenu.
Contre de tels actes, nous avons heureusement un moven de protestation irrésistible •
notrejbulletin de vote.
Nous voterons donc, et vous volerez avec nous, chers Concitoyens, pour l’honnête
Homme, pour le travailleur qu’est Maurice Spronck.
Nous l’enverrons porter au Palais-Bourbon nos revendications. Nous le déléguerons
pour reclamer à la Chambre le gaz à 20 centimes qu’il nous a déjà acquis à l’Hôtel de Ville
Nous protesterons sur son nom contre les politiciens sans honneur et sans scrupules
qui nous trompent, nous exploitent, nous ruinent.
Au nom de vos droits municipaux lésés, au nom de la sauvegarde de vos intérêts les
ps immédiats et les pins précieux, vous protesterez avec nous, chers Concitoyens, et vous
noterez pour Maurice Spronck.
Pour la Commission exécutive :
(Suivent les signatures.)
97
Ü V
_ 770 —
lrü circonscription du 8° arrondissement de PARIS
M. Denys COCHIN
Elu au 1er tour de scrutin. — 7.303 voix.
Messieurs les Électeurs,
Dans quatre réunions successives, auxquelles vous avez tous été convies, je vous ai
rendu compte de mon mandat. , ,
Fort de l’approbation que j’ai reçue, je viens pour la troisième fois solliciter vos suf-
D J’ai combattu sans relâche, par mes interpellations et par mes votes, un ministère de
coalition où, pour la première fois, le collectivisme était représenté. La défense républi-
caine, tout le monde Va compris, n’était pour cette coalition qu’un vain pretexte, cai 1 exis¬
tence de la République était moins que jamais en question. , .
Le véritable objet de cette coalition, c’était le retour à la politique sectaire et radicale,
dont les efforts des libéraux avaient depuis quelque temps entravé la marche.
Cette politique a aussitôt porté ses fruits : augmentation des charges fiscales, désordre
et déficit dans le budget.
Injures, attaques, mesures de suspicion contre l’armée.
Liberté d’association proclamée, mais exception faite contre les associations qui ont le
malheur de déplaire.
Menaces et commencement d'exécution contre Renseignement libre.
D’autres projets, particulièrement ruineux pour l’industrie parisienne, sont en réserve
et déjà déposés par le Gouvernement : Rimpôt sur le revenu avec déclaration, 1 arbitrage
obligatoire dans les grèves.
Messieurs les Electeurs,
Si vous renouvelez mon mandat, après douze ans passés au Conseil municipal et huit
ans à la Chambre, vous trouverez encore en moi un Parisien, de lait et de cœur, un J «a
de conviction et, j’ose le dire, un patriote ayant l’ardent désir de travailler dans la mes
de ses forces, à la grandeur de son pays au dedans et au dehors, en un mot, un advoisair
déclaré de la politique du ministère actuel.
Dcnys COCHIN , Député sortant.
% circonscription du S*1 arrondissement de PARIS
M. MAUR1CE-BINDER
Élu au 1er tour de scrutin. — 3,902 voix.
Mes chers Concitoyens,
Au moment où, pour la septième fois, je viens solliciter vos libres suffrages, vous
n’attendez de moi, je le sais, ni grands mots, ni longues phrases. .
Depuis 1834, les témoignages répétés de votre fidélité m’ont d’ailleurs prouve q
„ 7 71 — N° 4162
i'ftais resté digne de votre confiance, et vous avez compris que vingt années passées à
défendre vos droits et vos intérêts valaient mieux que les plus belles et les plus pompeuses
' r0 Au surplus Messieurs, ne serait-ce pas singulièrement rabaisser le caractère de la
Inlte prochaine que d’en faire une question de personnes, alors qu’il s’agit pour tous les
bons Français de se grouper dans une patriotique action et d’arracher notre cher pays aux
mains sacrilèges de ceux qui ont tenté de porter atteinte à ses traditions séculaires de patrie
0t ^Les élections prochaines n’ont à mettre en cause ni i’étiquelte ni la forme du gouverne¬
ment, et j’entends placer ma candidature sur le seul terrain où la gravité des événements
doit mettre face à face candidats et électeurs.
Êtes-vous les partisans du Ministère actuel?
Entendez-vous le laisser plus longtemps continuer son œuvre néfaste de désorgani¬
sation de l’armée, de scandaleux déficits et d’attentats à toutes nosdibertés, contre laquelle
nos adversaires n’ont pas seulement trouvé une parole de protestation ?
Si oui, votez contre moi. ,
Pensez-vous, au contraire, qu’il est temps de mettre un terme a 1 odœuse campagne
(Poutrages et de basses délations dirigée contre la drapeau et contre nos cliefs militaires les
plus respectés ? , . ,
Crovez-vous, contribuables molestes ou aisés, commerçants traques et ruines, que
l’heure est venue de secouer le joug dégradant de ceux qui vous écrasent chaque jour, sous
le poids de taxes et d’impôts iniques? _
Êtes-vous édifiés, ouvriers et travailleurs, sur le compte de ces sinistres politiciens
qui, après vous avoir si longtemps bernés, vous exposent sans pitié à d’incessants et dou¬
loureux chômages?
Vous enfin, serviteurs, qui savez, malgré les efforts tentes pour travestir mes votes,
que je veux avec vous une sévère réglementation des bureaux de placement, en attendant la
fonctionnement régulier des bureaux gratuits, est-ce donc sans angoisse, en voyant tant de
gens forcés de se réduire, que vous pouvez envisager voire sombre lendemain ?
Et si tous alors, pénétrés d’un même sentiment d’indignation, vous êtes résolus à vous
débarrasser coûte que coûte de l’oppression tyrannique d’un syndicat de sectaires, de francs-
maçons et de renégats,
Votez pour moi. + ,
Partisan de la souveraineté nationale, respectueux de toutes les convictions religieuses
quand elles sont loyalement pratiquées, m’adressant indistinctement aux honnêtes gens de
tous les partis, je u’ni pas à vous rappeler, mes chers Concitoyens, que c’est tout à la fois
votre propre délivrance et le salut de notre bien-aimé pays qui font l’enjeu des élections
prochaines. _ . .
Votre patriotisme est désormais fixé, et, le 27 avril, j’en ai la conviction, marquera, au
cri de : Vive la France! Vive l’année! une nouvelle et triomphale victoire de nos idées de
ustice, de progrès, de tolérance et de liberté religieuse.
Veuillez, en attendant, recevoir l’assurance des sentiments reconnaissanls et dévoués
De votre ami, de votre député.
MAURICE-BINÛER.
772 -
i
l1*’ circonscription du 9' arrondissement de PARIS
M. Georges BERRY
Élu au 1er tour de scrutin. — 5.704 voix.
Chers Concitoyens,
Depuis dix-huit ans, j’ai l’honneur d’être un dos élus du 9° arrondissement soit
comme Conseiller municipal du quartier de la Chaussée-d'Antin, soit comme Député’de la
T' circonscription.
Je n'ai donc pas à me présenter à vous, vous savez de quelle façon j'ai rempli les
mandats successifs que vous m'avez confiés.
Pendant cette dernière législature, ma préoccupation constante a été de combattre un
Ministère qui n’a jamais servi les intérêts de la France et qui a toujours été hostile
a Paris.
Je l’ai dénoncé à la Chambre et au pays, quand i! a tenté de réhabiliter le traître
Dreyfus.
, Je 1>ai déauncé de nouveau quand le Ministre de la Marine a facilité la fuite d’un autre
traître, Jude Philipp, qui avait offert à l’Angleterre de lui vendre des pièces secrètes
concernant la défense de cette vaillante petiie République du Transvaal.
Jed’ai dénoncé encore quand le Ministre du Commerce, au détriment des exposants
et de 1 Exposition elle-même, a ouvert les portes de cette exposition avant quelle fût
achevée, et quand il a nommé comme jurés français des étrangers et des condamnés de
droit commun.
, . J® J’at dènoncé> enfin> toutes les fois qu’il a porté atteinte à la liberté de conscience,
a la liberté d enseignement, à la liberté d’association, à ces libertés si chèrement acquises
par nos pères R y a cent ans.
Mes chers Concitoyens,
Je voudrais vous donner la liste de tous mes travaux, pendant cette législature, mais
cela m est impossible dans une seule affiche.
D'ailleurs, les commerçants savent ce que j’ai fait pour la réforme des patentes et
pour soumettre au droit commun les sociétés coopératives de consommation.
Les Prévoyants de l’avenir n’ignorent pas quelle part j'ai prise à la défense de leurs
libertés j
- 773 — N* 1162
Les employés, ouvriers et gens de maison se souviennent certainement de îa loi que
j’ai fait voter à la Chambre au sujet des bureaux de placement*
Les travailleurs se rappellent le vote que j'ai obtenu de mes collègues et qui a consacré
le principe du repos hebdomadaire*
Les contribuables, dont 1 impôt personnel et mobilier avait été augmenté par suite
de Famé n dement Le Moigue, n’ont-ils pas été dégrevés par Pamendement Berry, que le
Parlement a adopté ?
Enfin, les consommateurs du gaz, à Paris, ne peuvent encore avoir oublié mes
efforts réitérés pour faire abaisser avant la fin de la législature le prix du gaz à
20 centimes.
Mes chers Concitoyens,
Je ne veux pas insister.
Je m’efforcerai d'être dans Fa venir le mandataire que fai été dans le passé :
Un défenseur de toutes les libertés*
Un défenseur des droits et des intérêts de Paris.
Un adversaire résolu des cosmopolites et des a ntl-Français.
Vive la France !
Vive la République nationale 1
Georges BERRY.
2e circonscription du 9° arrondissement de PARIS
M. Georges BERGER
Élu au 1er tour de scrutin. — 6,437 voix*
Aucun document concernant cette élection n'est encore parvenu à la Commission*
— 774
1T* circonscription du 10e arrondissement de PARIS
■M. Gabriel 1QNVA10T
Élu au 1er tour de scrutin. — 7,928 vois.
.Comité républicain libéral antiministériel.
Déclaration,
Citoyens*
Un groupe d’êlecteurs de votre circonscription est venu m’offrir la candidature aux
élections législatives. Bien que m'étant toujours tenu à l’écart des luttes politiques, j’ai
accepté, voyant là une nouvelle occasion de me rendre utile à mon pays.
Nous avons tous obéi aux mômes sentiments : nous voulons retirer la direction des
affaires du pays aux politiciens et substituer une politique nationale à la politique do partis
et d’intérêts particuliers.
Mon programme sera celui d’un homme d’action et incapable de vous promettre
l’impossible.
U souffle, en ce moment, un vent d’intolérance qui nous ramène en arrière.
Dans leur aveuglement, momentané, je l'espère, certains républicains oublient leurs
programmes d’autrefois où étaient inscrites la liberté de conscience, la liberté d'enseigne¬
ment, la liberté d'association et l’égalité de tous devant la loi. Ils oublient que sans la
liberté aucune République ne peut vivre, car, faute des libertés nécessaires, les minorités
sont opprimées par les majorités, et les minorités dont on ne respecte pas les droits
cherchent un sauveur.
Nous n’avons pas besoin de sauveur. Il vaut mieux introduire définitivement dans nos
mœurs et dans la Constitution les libertés nécessaires.
Finances, — En môme temps nous assistons au gaspillage de nos finances. Tous les
jours les impôts augmentent, et cependant le déficit devient de plus en plus considérable,
G’est que vos députés ne défendent pas votre bourse et qu’ils prennent l'initiative des
dépenses, souvent inutiles, sans avoir assuré des recettes suffisantes.
11 faut enlever au Parlement le droit de proposer des dépenses, qui ne doit appartenir
qu’aux Ministres,
Il faut songer aux économies !
11 faut des fonctionnaires moins nombreux, simplifier le mode de perception des impôts
et diminuer aussi les frais de recouvre ment. 11 faut des colonies administrées par une
élite et non envahies par des fonctionnaires inutiles qui coûtent très cher à la métropole.
En un mot, il faut écheniller le budget.
Internationalisme. — Armée. — ïf faut lutter contre un humanitarisme vague et
louche qui me paraît être l’avant-garde de l’internationalisme, dont la France ferait
les frais.
Au nom de cet humanitarisme, on vous invite à armer des peuples étrangers comme
des frères ; on vous conseille de vous passer d’une armée solidement organisée pour la
défense de la frontière ; on vous insinue que fin ter nationalisme est l’extension de la Patrie
trop étroite et vous entendez déjà crier : A bas l’arm ée ! ù bas le drapeau 1
C’est comme si l’on criait: A bas la France ! Nous devons aimer notre pays d’abord et les
étrangers ensuite* Les guerres récentes et actuelles vous prouvent que ^internationalisme
- 775
IV no.!
, l’est cta’anërêve et une duperie. Soyons donc unis, ayons une armée que la politique ne
désunisse pas comme elle désunit les civils et soyons toujours prêts à défendre le pays de
nos nèros et nous pourrons continuer notre histoire.
La réduction du temps du service militaire est possible. Mais il faut un plus grand
nombre d’officiers, de sous-officiers et une forte proportion de rengagés. Si vous ne voulez
nas paver de votre personne, vous aurez b payer de nouveaux impôts très considérables,
ou à renoncer à conserver l’indépendance de la France. 11 faudra donc etudier avec soin
cette question et choisir. ,
Réformes sociales. - Un rêve hante la cervelle de certains hommes politiques; il
s’appelle collectivisme et implique la suppression de la propriété, de la famille, de toutes
les libertés et de la Patrie bien entendu. Il fait des travailleurs une classe a part qui doit
être l’ennemie du reste de la société. 11 veut « une entente et une action internationales des
travailleurs pour la conquête du pouvoir et la transformation de la société capualiste en
société collectiviste ou communiste ». Ce serait l’esclavage 1 . . , , ,
Le résultat le plus clair de cette propagande collectiviste est la ruine de îiotre industrie
et de notre commerce. ± . . ... .
A la place de ce rêve, je propose à votre bon sens l’entente entre ceux qui travai c
avec leur tête et ceux qui travaillent avec leurs bras. Je vous propose de tenter 1 améliora¬
tion de votre sort par l’application des principes de mutualité. Il faut étudier seneuseroent
le système des retraites et des assurances mutuelles contre les accidents, le chômage, a
vieillesse. Des syndicats agricoles sont entrés dans cette voie et de bons résultats sont
^Tfaut que les travailleurs arrivent à des solutions pratiques avec l'aide des gens
dévoués et honnêtes, en usant le moins possible de l’État I Que l’aventure des « Prévoyants
de l’avenir » serve de leçon ! . , , ,
Au lieu de créer des classes, il faut que tous, patrons et ouvriers, se considéren
comme des collaborateurs ;que les uns et les autres fassent des concevons : on ne peut
atténuer les difficultés de l’insoluble question sociale qu’avec de la honte, de la justice du
cœur. Ceux qui sèment la haine et la colère préparent des tempêtes stériles, ils ne
travaillent pas pour le bonheur du peuple, ils se trompent ou ils vous trompent.
Plus de politique de partis 1 Do la tolérance,
Vive la Liberté I
Vive la France !
Viva la République !
Gabriel BÜMVÀLÛT,
2fi circonscription du 10e arrondissement de PARIS
M. TOURNADE
Élu au 2e tour de scrutin*.— 7.0^0 voix»
Aucun document concernant cette élection n’est encore parvenu à la Commission.
lre circonscription du 11*> arrondissement de PARIS
M. CONGY
Élu au 2' tour de scrutin. — 5.200 voix.
Citoyens,
J’ai l’honneur de présenter à vos suffrages ma candidature républicaine, socialiste et
patriote.
Républicain, je veux que la République soit le gouvernement de tous par tous; que la
volonté de la Nation soit respectée et que notre pays ne soit pas la proie d’une minorité de
sectaires qui la ruinent et Rabaissent devant l’étranger.
Socialiste, je veux que, dans la liberté, le. prolétaire puisse travailler en paix à soa
émancipation sociale, par sa participation aux œuvres de mutualité et de prévoyance, et par
la création de syndicats corporatifs de production.
Je favoriserai de tous mes efforts toutes les institutions sociales qui auront pour effet
de mettre le monde du travail en possession du capital et d’apporter, à la classe la plus
nombreuse et la plus intéressante, une amélioration à sou sort, sans révolution ni violence.
Nationaliste et patriote, je veux que le travail national soit protégé contre l’envahisse¬
ment de la main-d’œuvre étrangère; je veux que l’armée, gardienne vigilante de nos fron¬
tières, mise à l’abn des tentatives de désagrégation de tous les politiciens cosmopolites,
soit la sauvegarde de la Nation.
Programme politique.
Amnistie pleine et entière pour faits politiques et connexes*
Révision de la Constitution par une Constituante élue par le Peuple. Élection du Prési¬
dent de la République par un collège spécial nommé par le Suffrage universel en dehors
des Chambres (système en vigueur depuis plus d’un siècle dans la République américaine).
Vote obligatoire* 7
Élection des députés au scrutin de liste avec représentation proportionnelle* Recon¬
naissance au suffrage universel du droit de prononcer îa déchéance de Péïu qui a trahi
son mandat*
Liberté entière dissociation et de presse.
Délits de presse et de réunion déférés au jury*
Liberté de conscience et d’enseignement*
Séparation des Églises et de PJÉtat.
Suppression du budget des cultes*
Referendum populaire obligatoire pour :
l” Les lois qui, engageant fortement les finances du Pays, peuvent atteindre gravement
sa vie économique ;
2 Les lois, qui, en modifiant profondément son organisation politique et sociale, peu-
\eüll eDtrete"ir une agitation susceptible de le diviser et d’affaiblir sa puissance en regard
de 1 etranger, (Comme cela se pratique en Suisse.)
Réduction, au minimum possible, du service militaire, égal pour tous, à charge par
1 Etat de subvenir a l’entretien des familles pauvres.
* ]d0 ,rife de Pa1rie’ du territoire national et de l’indépendance de l’État,
contre toutes les ingérences cosmopolites, maçonniques, cléricales ou autres.
— 777 —
N° 4162
Retour delà Ville de Paris au droit commun*
Application de la loi sur les accaparements*
Programme économique et social*
Impôt progressif sur le revenu avec dégrèvement à la base*
Impôt sur le capital ; révision de la loi sur les successions.
Réforme de la loi sur les patentes*
Établissement d'une patente sur les fonctionnaires*
Protection du commerce et du travail national,
Réforme du code cie procédure et du code de justice militaire*
Exécution des grands travaux par l'Industrie privée*
Réduction du nombre des fonctionnaires par la décentralisation administrative et par
voie d'extinction.
Interdiction à l’État d’aliéner toute propriété nationale.
Application, aux employés comme aux ouvriers, de la juridiction des prud’hommes*
Di ini nation des frais de justice*
Yole de la loi permettant de réaliser rabaissement immédiat du prix du gaz a £Q cen¬
times*
Réforme de la loi sur les accidents du travail*
Réforme de la loi sur les Sociétés de secours mutuels.
Loi assurant les travailleurs contre la maladie, la vieillesse et l'invalidité, avec le
concours des sociétés de secours mutuels ou de prévoyance, taxe sur les ouvriers étrangers*
Création de caisses régionales de retraites autonomes fonctionnant en dehors de PÉtat*
Droit de vote et d'éligibilité de tous les travailleurs aux Conseils du travail (sous toutes
réserves de l’utilité de ces Conseils)*
Participation des travailleurs aux bénéfices*
Création de syndicats corporatifs de production*
Électeurs!
C’est ce programme d'union et de solidarité sociale, de grandeur nationale, que je viens
défendre :
Contre les dreyfusards honteux, qui, n'osant plus afficher leur solidarité avec un traître
trois fois justement et légalement condamné, vont essayer de capter vos suffrages sous
prétexte de défense républicaine ;
Contre le pseudo-révolutionnaire qui, en leurrant les ouvriers par des théories vides et
décevantes, en semant la division dans leurs rangs par des manœuvres équivoques, n'a
réussi qu’a devenir patron, propriétaire foncier, et surtout à retarder, au profit du gros
capitalisme oppresseur, rémancipation sociale du prolétariat*
C?est à tous les bons Citoyens que je fais appel pour le faire triompher le 27 avril
prochain*
Vive la République II!
Albert CÛNGY,
Candidat de l’Ünion des Groupes Républicains
Socialistes Patriotes*
2° circonscription do 11e arrondissement de PARIS
M. LOCKROY
Élu au tour de scrutin. — 9.055 voix.
Union Républicaine Socialiste,
PROGRAMME.
Paj'tîe politique.
1* — Révision de la Constitution dans tm sons républicain socialiste.
2. — Suppression du Sénat.
3. — Assemblée unique et permanente, nommée pour six ans et renouvelable par tiers,
tous les deux ans, sur toute l'étendue du territoire français.
ft. — Suppression du septennat, le Président de la République élu pour quatre ans et
rêéligible qu'après un intervalle de quatre années,
5. — Augmentation de la force de l'armée par le service de deux ans, sans dispenses
d’aucune sorte. Organisation plus sérieuse de la défense nationale sur mer et sur terre,
6. — Interdiction du cumul des fonctions publiques et électives. Incompatibilité avec
tontes administrations de société financière.
7. — Rétribution de toutes fonctions électives, — Réduction du personnel adminis¬
tratif. — Augmentation du traitement du petit personnel,
8. — Dénonciation du Concordat. — Suppression du budget des Cultes, en affectant les
fonds en provenant à la création de maisons de retraites ou de pensions viagères pour les
vieillards et les citoyens incapables de travailler. Retour à la Nation des biens dits de
mainmorte.
9. — Révision égalitaire des codes. — Justice gratuite. — Réparation morale et pécu¬
niaire aux victimes des erreurs judiciaires et de police.
10. . — Reconnaissance des droits civils de la femme. — Suppression des monopoles
judiciaires (avoués, notaires, etc.). — Décentralisation financière et administrative. —
Autonomie communale.
Partie économique .
1. — Réforme des impôts, — Suppression des octrois et des taxes de consommation,
— Révision de la loi sur les boissons. — Suppression du privilège des bouilleurs de cru, —
Impôt progressif sur le revenu ou le capital.
2. — Suppression de l’héritage en ligne collatérale jusqu’au quatrième degré.
3. — Réduction graduelle de la Dette publique et interdiction de nouveaux emprunts.
k- — Organisation du crédit aux travailleurs. — Réorganisation de la Banque de
France.
5. — Résiliation de tous les contrats ayant aliéné la propriété publique, — Exploitation
directe par l’État des mines, canaux, chemins de fer, etc.
6. — Révision des tarifs douaniers.
— 77!) —
3Nn 11 62
lr0 circonscription du 12” arrondissement de PARIS
M. MILLER AND
*
Élu au 2e tour de scrutin. — 5,683 voix.
Aux Électeurs,
i
Citoyens,
Le vote que vous émettrez le 27 avril aura une double signification ; il sera une appré¬
ciation du passé et une indication pour l’avenir.
Certain de n’avoir jamais considéré que Tintérêt supérieur de la République et d’être
invariablement demeuré fidèle au contrat que nous avons passé en 1889, et deux fois déjà
renouvelé, j’attends, en toute sécurité, sur la conduite que j'ai tenue, le jugement d'élec¬
teurs que je connais et qui, depuis douze ans passés, ont appris à me connaître.
Ce sera l'honneur de ma vte d’avoir été appelé, aux côtés de Phomme d’État dont le
parti républicain est si justement fier, à servir à l'œuvre de défense et d’action républi¬
caines qui a rempli, depuis le 25 juin 1899, l’histoire de ce pays.
Une faiblesse prolongée avait encouragé les conspirations et ranimé des espérances
factieuses. Quelques mois ont suffi pour donner au pays la conscience qu'il avait à sa tête
nu Gouverne ment.
Des services rendus par ce Ministère, le moindre n’est pas sans doute d’avoir renoué
les traditions de notre parti. Si le Cabinet Waldeek>Rousseau a duré, s’il a su constituer et
maintenir une majorité, c’est qu’il a agi. Tous les grands intérêts nationaux ont trouvé en
lui un serviteur avisé et actif i ia loi sur la marine marchande, le projet de grands travaux
publics, au vote et à la préparation desquels j'ai eu une part, en sont deux preuves entre
tant d’autres.
]\je promettant que ce qu’il était en mesure de tenir, notre Ministère a dégagé la parole
des Cabinets précédents, en faisant aboutir des réformes inscrites depuis plusieurs législa¬
tures à Tordre du jour du Parlement. Il a prisTiniLiative de lois politiques et sociales, comme
la loi sur les associations, dont les événements avaient démontré 1 urgence.
Il a estimé que le plus sur moyeu de détourner le peuple des pièges qui lui étaient
tendus, c’était de lui prouver par des actes la sollicitude efficace du Gouvernement de la
République pour l’amélioration de son sort.
Ministre du Commerce, ayant dans mes attributions les organes administratifs du Tra¬
vail, de T Assurance et de la Prévoyance sociales, érigés par mes soins en deux directions,
l’honneur et la charge m’incombèrent particulièrement de toutes les mesures — lois, dé¬
crets; règlements, circulaires — destinées à améliorer la condition des travailleurs, à pré*
venir ou à atténuer les risques quotidiens dont ils sont menacés.
Pour accomplir cette tâche, je n’ai eu qu’à mettre en œuvre les idées que vous m’avez
si souvent entendu développer. Permis à des adversaires de reprocher à votre élu, à coup
d’injures grossières ou d’insinuations laborieusement limées, d’avoir modifié au pouvoir
son attitude et ses conceptions. Ce n’est pas à vous qu’il est nécessaire de démontrer la
fausseté et la niaiserie de ces accusations.
Républicain socialiste, je me présentais à cette circonscription en 1889, républicain
socialiste je me représente devant die en 1902.
Aujourd’hui comme alors, je suis l’adversaire résolu de tous les moyens violents, depuis
la propagande par le fait jusqu’à la grève générale, dont je dénonçais, dans nos réunions
— 780 —
électorales de 1889, les périlleuses illusions. Aujourd’hui comme alors, je suis le partisan
convaincu de la méthode réformiste appliquée à préparer et à rapprocher l’avènement de
de notre idéal de bonté, de justice et de liberté par l'abolition méthodique et suivie des ini¬
quités et des servitudes du présent.
Ce n’est pas hier, c’est en 1893, que j’indiquais au parti socialiste son devoir de
placer au premier rang de ses préoccupations le souci de notre politique extérieure et de
nos alliances. Ce n'est pas hier, c’est en 1896, que je lui montrais son arrivée au pouvoir
comme îa conclusion naturelle de ses efforts et de sa tactique. La participation du parti
socialiste au Gouvernement peut troubler certaines habitudes, contrarier certaines combi¬
naisons. Il serait plus sot encore qu’injuste de croire qu’on ressuscitera contre lui, pour le
plus grand dommage du parti républicain, une excommunication surannée,
La Démocratie française, unie pour Faction, doit, dans la législature prochaine, conso¬
lider les avantages déjà conquis et s’en assurer de nouveaux, suîfe et développement de
ses précédentes victoires.
Obtenir de la Chambre le vote définitif de la réforme des patentes, par laquelle nous
assurons au petit commerce un dégrèvement de plus de 25 0/0; — du Sénat, l’approbation,
déjà accordée par la Chambre, des projets de loi sur la juridiction prud’hommale, étendue
aux employés de commerce, sur les mesures d’hygiène et de salubrité introduites dans les
magasins comme dans les ateliers, sur les modifications à la loi sur les accidents du travail,
sur la limitation delà journée de travail dans les mines, sur l'amélioration des retraites et
des conditions de travail des ouvriers et employés de chemins de fer, — faire aboutir le
projet de retraites ouvrières dont le vote de l’article premier a consacré le principe; — en¬
courager par tous les moyens et sous toutes les formes l’organisation des travailleurs, no¬
tamment par le vote du projet portant modifications à la loi de 1884 sur les svn licats pro¬
fessionnels et du projet sur le règlement amiable des différends relatifs aux conditions du
travail; — améliorer sans relâche l’outillage économique de nos transports, soustrait pro¬
gressivement à Finfluenjeë prédominante des intérêts privés: — réduction à deux ans de la
durée du service militaire ; — impôt sur le revenu ; — abrogation de la loi Fa Houx ; — révi¬
sion du la loi électorale et du règlement de la Chambre; — organisation meilleure du suf¬
frage universel, dans le but de corriger ce qu’a de défectueux notre organisme parlemen¬
taire : tels sont les points essentiels où devraient s’appliquer le zèle et 1 activité de votre
représentant.
Si vous êtes, comme moi, demeurés fidèles à la politique à la fois réaliste et idéale
que nous avons jusqu’ici suivie ensemble, vous le direz, en me renouvelant le mandat
d’aller, en votre nom, continuer à la défendre.
A. MILLERATND.
— 781 —
1162
2" circonscription du 12° arrondissement de PARIS.
M. Pasclial GROÜSSET
Elu au 2" tour de scrutin. — 7.871 voix.
Proghammf,
Partie politique.
1. — Révision do la Constitution par une Assemblée constituante spécialement élue à
cet effet.
2. — Suppression du Sénat.
3. — Reconnaissance légale du mandat impératif.
if. — Les Ministres pris en dehors du Parlement et responsables devant lui.
5. — Séparation des Églises et de l’État. Laïcisation définitive de tous les services
publics. In ti rdiction de toute action politique des Églises contre les lois ciyiles et les
libertés républicaines, conformément au précepte des fondateurs do ces Églises, qui leur
fait un devoir étroit de la soumission sans réserve aux pouvoirs -établis.
Interdiction générale de tout régime communautaire, antifamilial et antisocial, basé sur
la séquestration individuelle, le célibat apparent et les vœux contre nature. Dissolution des
congrégations religieuses. Retour à la Nation des biens de mainmorte, meubles et immeu¬
bles; affectation de ces biens à des œuvres d’assistance et de solidarité sociales.
6. — Justice gratuite. Magistrature élective et temporaire. Réforme et extension du
jury, formé par voie de tirage au sort sur les listes électorales. Abolition de la peine de
mort.
7. — Suppression tiu privilège des ordres judiciaires (avoués et avocats). Abolition de
là vénalité des offices. Rémunération par l’État des défenseurs légaux et officiers ministé¬
riels.
8. — Révision delà loi du divorce. Abrogation de toute loi comportant infériorité civile,
toit pour les femmes, soit pour les enfants nés hors mariage.
0. — Publicité de l’instruction en toute matière pénale. Examen médical des prévenus
et accusés. Droit, pour tout justiciable, de récuser un expert du ministère public sur deux et
de désigner ceux qu’il désire faire entendre.
10. — Réduction immédiate du service militaire à deux ans. Égalilé du service pour
tous, indemnité aux familles nécessiteuses, en cas d’appel sous les drapeaux. Préparation
civique au service militaire dès l’âge de dix-huit ans, en vue de !a réduction ultérieure de
ce service. Développement cantonal des exercices de tir et de marche. Rajeunissement des
cadres. Unité d’origine des officiers.
Abolition des conseils de guerre. Substitution de la juridiction civile à la juridiction
miltai re. Révision du Gode militaire. Abolition des pénitenciers militaires et des compagnies
de discipline, interdiction de toute peine corporelle et de toute manifestation confession¬
nelle dans l’armée et dans la marine.
11. — Rétribution de toutes les fonctions électives, interdiction du cumul des emplois
publies et des fonctions électives. Inéligibilité de tout candidat convaincu de corruption
électorale.
12. — Révision et unification des soldes dans les services publics. Réduction du haut
personnel administratif. Minimum et maximum de traitement et de retraite. Les emplois
— 782 —
de l'État accessibles à tous par vole de concours, sans qu’il soit tenu compte des diplômes
universitaires ou du passage par les écoles spéciales,
13. — Autonomie communale. Réforme de la police.
lé- — Responsabilité effective des fonctionnaires de tout ordre.
15. — Loi spéciale pour garantir le secret du vote et limiter les frais électoraux.
Partie éeo n omîque .
1- — Réforme générale de l’impôt dans un esprit de solidarité sociale.
Principes: Simplification et clarté de l'impôt; dégrèvement du petit et moyeu contri¬
buable; réduction au minimum des frais de perception et du contact personnel des agents
du fisc avec le public; égalité de toutes les professions et de toutes iès industries devant
l'impôt; orientation des lois de finances vers le bon marché de la vie.
Moyens: a. Abolition des patentes et licences, des droits de circulation et deTexercice.
Suppression des octrois et des taxes dites de remplacement. Suppression delà taxe foncière,
de l'impôt sur la propriété bâtie et de la cote personnelle mobilière. Suppression de tous droits
spéciaux sur les denrées alimentaires et objets de consommation de première nécessité.
b. Impôt unique et automatique sur les ressources réelles du contribuable, sans ingé¬
rence du fisc, sauf en cas de fraude, par l’extension du timbre proportionnel à tout
payement supérieur à 10 francs.
c. Droit progressif sur Je bénéfice des compagnies d'assurances non formées en mutua¬
lité pure. Droit progressif sur le capital annoncé par les compagnies d'assurances étran¬
gères.
d. Réduction de la ligne d'hérédité en matière de succession. Droit progressif sur les
gros héritages.
2. — Aboli tien de tous privilèges et monopoles financiers ou industriels. Nationalisa¬
tion de la Banque de France, des mines, canaux, chemins de fer et autres grands services
publics.
d, — Limitation de la journée de travail à 8 heures. Repos hebdomadaire. Suppression
du marchandage. Salaire minimum fixé d'après les circonstances locales. Interdiction de la
saisie-arrêt sur les salaires. Organisation du crédit aux travailleurs. Admission des groupes
ouvriers aux adjudications do travaux publics.
h. — Organisation des retraites pour les travailleurs des deux sexes. Création dune
caisse de chômage et de maladie, administrée par les intéressés eux-mêmes.
5. - Liberté absolue des syndicats professionnels. Responsabilité pénale des patrons
et Compagnies. Extension et perfectionnement de la loi sur les accidents du travail. Les
contrats soumis à l'approbation des Conseils de prud'hommes.
fi. Extension de la loi sur lus délégués mineurs à tous les travaux publics, aux ou¬
vriers et employés (tes grandes administrations, chemins de fer, omnibus et tramways,
chantiers de la Ville et du l'État,
J. — Révision de la loi sur les conseillers prud'hommes; création de prud’hommes pour
les employés et ouvriers agricoles; extension des attributions de la prud’homie; électorat
et éligibilité des femmes aux conseils de prud'hommes.
8. — Le travail des prisons soumis à la tarification des conseillers prud'hommes d’a¬
près le tarif des chambres syndicales. Interdiction à toute corporation religieuse d'exploiter
une usine, un ouvroir ou un atelier*
9. — Suppression des bureaux de placement payants. ■
10. Abrogation de la loi Fallonx. Nécessité des garanties universitaires et de la délé¬
gation de 1 Etat pour I enseignement à tous les degrés. Stage scolaire imposé aux candidats
des écoles spéciales de l'État
Développement de 1 enseignement professionnel. Instruction laïque et gratuite à tous
les degrés.
— 78a —
N* U 62
Développement des bourses d’enseignement primaire, secondaire, supérieur et profes¬
sionnel. Développement de F éducation physique dans les écoles de tout ordre* Extension et
gratuité des cantines scolaires.
il, — Primes aux familles nombreuses, sous forme de bons d'habillement et de vivres;
asiles ouverts aux femmes enceintes. Secours réguliers aux mères qui nourrissent leur
enfant. Protection des enfants moralement abandonnés. Codification des mesures d’hygione
publique.
Je m’engage sur Phonneur à respecter et à défendre le présent programme, que j’ac¬
cepte de tout point.
Faschal GIIOUSSET.
lrc circonscription du 13e arrondissement de PÂKIS
M. CÂDDET
Elu au 2e tour de scrutin. — 3,74b voix.
Parti Socialiste Français
JjRDI&UTjON SOCIALISTE RÉVOLUTIONNAIRE DE LA SEIN'!?
Citoyens,
Les intérêts de la classe prolétarienne, des employés et de tous les salariés en général,
u peuvent être bien défendus que par les intéressés eux- mêmes.
C’est dans cette pensée que nous avons Phonneur de présenter à vos suffrages la can¬
didature du Citoyen
Alexandre CAIîDET,
Ouvrier mêgiffier.
Les propriétaires, les chefs d’industrie, les médecins, les avocats et les journalistes
sont si largement représentés dans toutes les Assemblées délibérantes que nous considé¬
rons que les travailleurs ont, non seulement le droit, mais le devoir, d’y Être également
représentés dans une proportion équivalente à l’importance de leurs intérêts.
Citoyens,
11 faut bien vous pénétrer de cette vérité que l’élaboration des lois se fait surtout au
sem des Commissions ; c’esttà que les travailleurs, armés de leurs connaissances profession-
Belles, peuvent utilement y discuter et y défendre leurs intérêts.
Du reste, vous en avez fait l’expérience en envoyant en 1894 le Citoyen Alfred Moreau,
ouvrier corroyeur, siéger a Filète! de Ville, qui s’est acquitté de la tâche que vous lui avez
confiée de telle façon qu'à chaque nouvelle élection vous lui avez renouvelé son mandat*
D'autre part, l’attitude des travailleurs élus dans Içs différentes assemblées a toujours
fait regretter qu'ils ne soient pas en plus grand nombre.
C’est pourquoi noua pensons que les groupements socialistes de la circonscription ne
pouvaient faire un meilleur choix.
— 784 —
En effets le Citoyen Cardet donne journeilemcnt les preuves d'un très grand dévoue¬
ment et d’une droiture de caractère rare.
Parlant peu et juste; il exclut avec soin tout ce qui peut prêter à la déclamation ; ta
sûreté de son jugement impose restitue et le respect de sa personne à qui l’approche elle
peut apprécier,
Eîifin, parmi les militants du prolétariat; il est un de ceux qui peuvent, à juste titre,
présenter les plus grands et les plus beaux états de services :
Élu Conseiller Prud’homme
en 1890
Réélu —
en 1893
Réélu —
en 1899
Élu Vice-Président
en 1900
Élu Président
en 1901
Élu, par les Chambres syndicales ouvrières des cuirs et peaux de France, Membre du
Conseil supérieur du travail^
Fondateur et Membre de la Chambre syndicale des ouvriers mégissiers du mouton,
Ex-Secrétaire de la Fédération nationale des cuirs et peaux.
Très souvent délégué dans les différents Congrès corporatifs et politiques, e nfin, tou¬
jours sur la brèche, payant de son temps et de sa personne avec un désintéressement
d’autani plus méritoire qu’il ne possède d’autres ressources que les maigres appointements
de conseiller prud’homme et le produit de son travail,
11 y a peu de Chambres syndicales qui n’aient eu recours à son intervention dans les
nombreux et fréquents conflits qui s’élèvent entre patrons et salariés ; presque toujours
l’heureuse solution du différend a été due à sa très grande expérience des affaires et à son
esprit supérieurement conciliateur.
Anticlérical; mettant ses actes d’accord avec ses convictions, il se mariait civilement
en 1881 ; cette date déj à lointaine prouve que cet acte n'a pas été fait pour les besoins de la
cause.
Aimant son pays comme tout Français, mais ennemi déclaré des charlatans du patrio¬
tisme, il combattra cette bande hétéroclite composée de cléricaux et de réactionnaires qui
ont réussi, à l’aide de leurs mensonges et de leur hypocrisie, à mettre la République en
péril en s’affublant du masque trompeur de Nationalistes,
Sans programme, sans organisation, ces coquins ne manqueraient pas de s’entre-dévorer
le lendemain de leur triomphe, si le corps électoral, abusé de nouveau, avait le malheur de
les prendre an sérieux et de leur confier la direction des affaires publiques.
Citoyens,
Le programme et la déclaration de principes du Parti; adoptés au Congrès de Tours,
affichés très prochainement sur les murs de notre circonscription, vous diront comment
notre candidat entend s’acquitter de sa lâche si vous lui faites l’honneur de l’envoyer sié¬
ger à la Chambre. De plus, c’est un homme qui tient toujours ce qu’il promet et sur lequel
on peut absolument compter. Nous sommes certains que les électeurs soucieux de leurs
intérêts de classe affirmeront leurs sentiments socialistes en élisant an 21 avril prochain le
Citoyen Alexandre Cardet, seul candidat du Parti Socialiste français organisé.
Vive l’émancipation des travailleurs !
Vive la République sociale 1
(Suivent les signatures,)
PROGRAMME DES RÉFORMES
Le Parti Socialiste français, repoussant la politique du tout ou rien, a un programme
de réformes dont il poursuit dès maintenant la réalisation :
— 783 —
1U>2
I
Démocratisation des Pouvoir s politiques*
1. Suffrage universel direct, sans distinction de sexe, et dans toutes les élections.
2. Réduction du temps de résidence*
3. Scrutin de liste avec représentation proportionnelle dans toutes les élections*
A* Mesures législatives pour assurer la liberté et le secret du vote.
5* Droit d'initiative populaire et référendum*
6, Suppression du Sénat et de la Présidence de la République, Les attributions actuelles
du Président de la République et du Conseil des ministres seront dévolues à un Conseil
exécutif, nommé par le Parlement.
7. Réglementation par la loi du mandat législatif, révocable par un vote de la moitié
plus un des électeurs inscrits.
8* Admission des femmes à toutes les fonctions publiques.
9. Liberté absolue de la presse et de réunion, sous la seule garantie du droit commun*
— Abrogation de toutes les lois d’exception sur la presse. — Liberté des associations civiles*
10* Pleine autonomie administrative des départements et des communes, sons la seule
réserve des lois garantissant le caractère républicain, démocratique et laïque de l’État.
lf
Laïcisation complète de l’État.
1, Séparation des Eglises et de PÉtat; suppression du budget des cultes ; liberté des
cultes; interdiction de faction politique et collective des Églises contre les lois civiles et les
libertés républicaines.
2. Suppression des congrégations ; nationalisation des biens de mainmorte de toute
nature leur appartenant, et affectation de ces biens à des œuvres d’assurance et de solida¬
rité sociales ; en attendant', interdiction aux congrégations de toute entreprise industrielle,
agricole et commerciale.
111
Organisation démocratique et humaine de la Justice .
1. Substitution à tous les tribunaux actuels, civils ou criminels, de tribunaux formés
par un jury pris sur la liste électorale et par des juges élus sous des garanties de compé¬
tence; ïe jury sera formé par voie de tirage au sort sur des listes dressées par le suffrage
universel,
2. Gratuité de la justice*
3* Transformation en fonctions publiques des office** ministériels. Suppression du prb
vilègc des avocats.
A* Instruction et expertise contradictoires à tous degrés et sur tous les points*
5* Substitution, au caractère de représailles et de vindicte des pénalités actuelles, d'un
système de préservation sociale et d’amendement du condamné.
6* Abolition de la peine de mort.
7* Suppression des tribunaux militaires et maritimes*
99
— 786 -
îlV
Constitution de la famille conformément aux droits individuels.
1, Abrogation dB toutes les lois qui établissent l'infériorité civile des femmes et des
enfants naturels ou adultérins.
2. Législation plus libérale du divorce,
3* Loi sur la recherche de la paternité.
V
Éducation humaine , civique et professionnelle*
1. Gratuité de renseignement à tous les degrés*
2* Entretien des enfants à la charge des collectivités, pour le premier degré de l’ensei*
gDement*
3# Pour renseignement secondaire et supérieur, mise à la charge de la collectivité de
ceux dés enfants qui, après examen, seront reconnus aptes à poursuivre utilement leurs
études*
é. Création d'un enseignement populaire supérieur*
5* Monopole de Renseignement aux trois degrés par l’État; subsidiairement, interdic¬
tion à tout membre du clergé régulier ou séculier d'ouvrir une école et dJy enseigner.
VI
Èe fonte générale du système d'impôts dans un sens de solidarité sociale *
1, Abolition de tous les impôts sur les objets de consommation de première nécessité
et des quatre contributions directes ; subsidiairement dégrèvement de toutes les petites
cotes foncières et des petites patentes.
2* Impôt global progressif et personnel sur les revenus supérieurs à 3,000 francs.
3. Impôt progressif sur les successions, la progression étant calculée à la fois sur le
chiffre de la succession et sur l'éloignement du degré de parenté*
h. Faculté pour l'État de demander à certains monopoles une part des ressources qui
lut sont nécessaires*
VU
m
1 Protection et réglementation légales du travail dans V Industrie, te Commercé
et lf Agriculture*
1. Repos d’un jour par semaine, ou interdiction pour les employeurs de faire travailler
plus de six jours sur sept*
2. Limitation de îa journée de travail à huit heures; subsidiairement, vote de toute
disposition diminuant la durée de la journée de travail.
3. Interdiction de faire travailler les enfants âgés de moins de quatorze ans ; système
de la demi-journée de travail pour les adolescents, et combinaison du travail productif avec
leur instruction et leur éducation.
ù. Interdiction du travail de nuit pour les femmes et les adolescents. Interdiction du
travail de nuit pour les ouvriers adultes de toutes les catégories et dans toutes les indus¬
tries où le travail de nuit n5est pas absolument nécessaire.
5. Législation prolectrice du travail â domicile.
6* Interdiction du marchandage et du payement en nature (économats).
7* Recon naissance légale de la mise à F index*
B* Fixation } par l'accord des municipalités et des corporations ouvrières de l'industrie,
du commerce eide l’agriculture, de séries de prix constituant le salaire minimum,
9, Interdiction aux patrons de toute réduction de salaire, sous forme d'amende ou
autrement. Intervention des ouvriers dans les réglements spéciaux d'ateliers,
l(h La surveillance des ateliers, fabriques, usines, mines, chantiers, services publics,
magasins, etc*, concernant les conditions du travail, d’hygiène et de sécurité, sera exercée,
concurremment avec les inspecteurs de PÉtat, par des inspecteurs élus par les syndicats
ouvriers,
il* Extension de la prud'homie à tous les salariés de l'industrie, du commerce et de
l'agriculture*
12, Mise en régis du travail des condamnés* Le prix de tout travail effectué sera le prix
normalement payé aux ouvriers syndiqués.
13. Repos légal des femmes, six semaines avant et six semaines après l'acccouchement,
VIII
Assurance sociale contre tous les risques naturels et économiques,
1. Organisation par la nation d’un système d'assurance sociale s'appliquant a la tota¬
lité des travailleurs de l'industrie, dn commerce, de F agriculture, contre les risques de
maladie, d'accident, d'invalidité, de vieillesse et de chômage.
2. Constitution du fonds d'assurance sans prélèvement sur les salaires ; subsidiaire¬
ment, limitation du prélèvement opéré sur les salariés au tiers delà contribution totale, les
deux auires tiers devant être fournis par l’État et les employeurs*
3* Amélioration de la loi sur les accidents du travail et son application sans distinction
de nationalité*
4* Participation des travailleurs au contrôle et au fonctionnement du service d'assu^
rance.
IX
Extension du domaine et des services publics industriels et agricoles de l'État,
des Départements et des Communes,
1. Nationalisation des chemins de fer, des mines, de la banque de France, des assu*
rances, des raffineries de sucre et des sucreries, de l'alcool, de la grande meunerie,
2. Organisation d’un service public ce placement pour les travailleurs, avec le concours
des Bourses du travail et des organisations ouvrières, et suppression des bureaux privés.
3. Service national et communal d'hygiène, et renforcement des lois qui protègent la
santé publique (logements insalubres, etc*)*
4. Organisation par l'État d’un crédit agricole*
5* Subvention aux communes rurales pour les aider à acheter l'outillage agricole col¬
lectif, à acquérir des domaines communaux, gérés sous le contrôle des communes par des
syndicats de travailleurs ruraux, et à créer des magasins de dépôt et des warrants,
6. Organisa lion de services communaux de l'éclairage, cle l'eau, des transports en
commun, de construction et de régie d'habitations à bon marché.
7. Administration démocratique des services publics nationaux et communaux avec
participation des organisations ouvrières à leur fonctionnement et è leur contrôle, avec
droit de se syndiquer à tous les salariés de tous les services publics.
— 788 —
Politique de paix internationale et adaptation de Vorganisme militaire à la
défense du pays .
j, Substitution des milices à l’armée, permanente et adoption de toutes les mesures,
comme les réductions de service militaire, qui y conduisent.
2. Refonte et adoucissement du Code pénal militaire; suppression des corps discipli¬
naires, et interdiction de prolonger le service militaire en guise de pénalité.
3 Renonciation à toute guerre offensive, sous quelque prétexte que ce soit.
4. Renonciation à toute alliance qui n’aurait pas pour objet exclusif le maintien
la paix.
5. Renonciation aux expéditions militaires coloniales; et, dans les colonies actuelles ou
pays de protectorat, soustraits à l’influence des missionnaires et au régime militaire,
développement d'institutions protectrices des indigènes.
2® circonscription du arrondissement de PARIS
M. Ferdinand BUISSON
Élu au 2e tour de scrutin. — 8.468 voix.
Uision des Groupes mtomucAiNS- radicaux -socialistes
Citoyens,
Nous vous avons présenté notre candidat, le citoyen F. Buisson; de nombreuses!
réunions publiques vous l'ont fait connaître.
Nous vous présentons aujourd’hui notre programme. C’est celui que vous avez fait
triompher aux dernières élections municipales. Relisez-le, vous y remarquerez deux choses.
A la politique d’insultes nous opposons la politique d’idées : nous n’injurions pas, nous
raisonnons. . ....
A l’équivoque habile qui permet à d’auires, tout en se disant républicains, de recueillir
les voix cléricales et réactionnaires, nous opposons nettement et dans toute son intégrité
la République démocratique et sociale sans alliances louches et sans nul accommodement
avec la Contre-Révolution.
Nous revenons ainsi à la vieille tradition de l’arrondissement qui a élu Louis Blanc et
Cantagrel. La journée du 27 avril montrera que notre circonscripiion a définitivement rompu
avec le Boulangisme, qui voudrait ressusciter sous le nom de Nationalisme.
Programme .
Ainsi que le dit notre titre, nous sommes tout ensemble : des républicains-radicauï
et des socialistes. ,
Nous voulons la réalisation intégrale de la République et de la démocratie * e a
République, parce que c’est la seule forme politique qui, par un ensemble d’institutions
issues du suffrage universel, garantisse pleinement la souveraineté nationale et la liberté
individuelle; de lu démocratie, parce que c’est le seul régime social qui, coupant court a
N° il 62
— 789 —
tous les privilèges, puisse établir effectivement, dans les relations économiques des hommes
entre eus, la liberté, l’égalité, la solidarité, c’cst-a -dire la justice sociale. _
Parmi les réformes qui sont la conséquence de ce double principe, voici celles que
nous inscrivons à notre Programme pour la Législature de 1902-1906.
Partie politique .
Réformes politiques : Révision de la Constitution dans le sens le plus démocratique, la
République étant mise au-dessus de touie discussion.
Séparation des Églises et de l’État, précédée de lois organiques garan lissant la supré¬
matie du pouvoir civil. — Suppression du budget des Cultes, de l’Ambassade française au
Vatican, etc. — Révision du règlement de la Chambre. — Maintien du statu quo pour la
durée du mandat législatif. . , . .
Réformes judiciaires : Extension de l'institution du jury. — Extension de la juridiction
des prud’hommes (appliquée aux employés) avec création d’un degré d’appel. — Révision
des Codes en particulier du Code de justice militaire ; suppression des Conseils de guerre
en temps de paix. - Constitution définitive de la justice en service national gratuit; trans¬
formation en fonctions publiques des offices ministériels. — Extension graduelle des roi s
civils et civiques de la femme. — Suppression de l’héritage en ligne collaterale a partir du
h* detrrê. — Révision de la loi de 1838 sur les aliénés.
Réformes militaires : Réduction du service militaire à deux ans; suppression des
dispenses. — Réduction des 38 jours ; suppression des 13 jours et leur remplacement par
des exercices de tir au canton. - Réformes dans le régime de la caserne, comportan pour
le soldat un complément d’instruction générale et professionnelle. - Reforme du régime
des compagnies de discipline. - Organisation de l’instruction militaire préparatoire prevue
pur la loi ds 1889. , . j i i ♦
Réformes scolaires : Abrogation de la loi Falloux. - Application rigoureuse de U loi
sur les congrégations. - Séparation définitive de l’Église et de l’école ; élaboration d une
lui reconnaissant l’incompatibilité des fonctions ecclésiastiques avec les fonctions ensei¬
gnantes. -Organisation d’un régime scolaire assurant réellement l'égalité pour tous devant
l’instruction ; gratuité de l’enseignement secondaire ; bourses de droit pour les «lèves
d’élite appartenant à la classe ouvrière.
Réformes budgétaires: Recherche de toutes les économies réalisables dans les dépenses
publiques (contrôle plus sévère ces deniers de RÉtaî, suppression de rouage* muti ns,
répression de la fraude, referme du mode d’attribution des bureaux de tabac etc. -
Suppression graduelle de toutes les taxes de consommation, qui pèsent sur le travailleur et
sur les familles nombreuses. - Suppression de deux au moins des quatre contrôlons
directes (impôt des portes et fenêtres, et contribution personnel le-mobilicre). — fixation
d’un cliilïre minimum représentant la partie du revenu ou du salaire reconnue nece^ane a
l’emretien de l’individu, insaisissable et exempte d'impôt; augmentation de ce ch 1 lire a
rai su n du nombre d'enfants. — Au-dessus de ce clulïre, établissement d’un impôt progressi
sur le revenu, jusqu’à concurrence du remplacement des deux contributions supprimées.
Remaniement de l’impôt des pâte tes ; répartition plus équitable des charges entre le petit
commerce, aujourd’hui surimposé, et les grands établissements commerciaux ou indus¬
triels. -Recherche des moyens les plus efficaces pour frapper de droits spéciaux les objets
de grand luxe. — Augmentation des droits de succession et prolongement de l échelle de
progressivité pour les fortunes dépassant un million. — Suppression du privilège des
bouilleurs de cru.
Partie sociale.
Réformes d’ordre général: Achèvement et perfectionnement d’un ensemble de lois
ouvrières (telles que celles sur l’emploi des femmes et des enfants dans l'industrie, sur le
contrat de travail et le contrat d’apprentissage, sur les accidents et risques professionnels,
— 790
sur la limitation des heures de travail, sur le repos hebdomadaire, sur la police et l'hygiène
des ateliers, sur la protection des invalides du travail, sur les assurances contre le chômage,
etc.) ; reprise de la législation de 18/;& contre le marchandage; inscription de mesures pro¬
tectrices de l’ouvrier dans les cahiers des charges de toute entreprise dépendant de l’État,
du Département ou de la Commune, notamment pour assurer un salaire minimum normal*
— Application des tarifs syndicaux au salaire de tous les travaux faits dans les prisons, cou¬
vents, ouvrotrs, colonies pénitentiaires, maisons d’assistance par le travail, etc, — Parti¬
cipation de TÉtat aux mesures h prendre dans l’intérêt de ia santé publique : suppression
des logements insalubres; développement des habitations à bon marché; lutte contre
TaicOolisme et la tuberculose.
Organisation d’un ministère du travail, pour la défense des intérêts de l’ouvrier, du
petit cultivateur, du petit commerçant et du petit patron. — Législation protectrice du tra¬
vail à domicile. — Organisation du crédit anx .travailleurs, — Organisation des conseils du
travail et des conseils d-arbitrage. — Mesures législatives pour faire respecter pratique¬
ment le droit des ouvriers à se syndiquer et le droit du syndicat à débattre leurs intérêts,
d’égal à égal, avec le patronat*
Vote définitif de la loi réglant les rapports des Compagnies de chemins de fer avec
leurs agents, en prenant pour base la « loi Ben eaux j* dans ses dispositions essentielles,
sans autre réserve que de ne créer nulle part, dans le monde des travailleurs, de nouvelles
catégories de privilégiés*
Élaboration d’une loi générale sur les retraites ouvrières, susceptible de fonctionner à
bref délai, faisant contribuer à la constitution de la retraite, dans une mesure équitable,
l’ouvrier* le patron et FÉtal ; affectation des biens h provenir des congrégations et des
successions, aux retraites ouvrières et antres œuvres de solidarité sociale.
Suppression des bureaux de placement. Extension des Bourses du travail — Égalisation
des salaires de l'homme et de la femme à travail égal. — Encouragements de l’État aux
Sociétés mutualistes et à toutes les initiatives propres à faire pisser le travailleur du rôle
de salarié â celui d’associé. — Préparation raisonnée des grandes réformes pacifiques ten¬
dant à la nationalisation des chemins de fer, des canaux, des mines, des raffineries, de la
rectification de l’alcool, des assurances, etc.
Réformes d’ordre municipal comportant la sanction législative; Réforme de la législa¬
tion qui restreint les droits rie Paris en matière municipale. — Refus de sanction a toute
création de nouveau monopole, et, en particulier, renvoi pour nouvelle étude, au Conseil
municipal, du projet relatif à la question du gaz, en vue de réaliser Rabaissement immédiat à
20 centimes sans dépouiller la Ville pour cinquante ans du droit de bénéficier des progrès
de la science et de l’industrie. — Révision de la loi de 1 Si|9 sur l’Assistance publique,
allégement des charges que la Ville supporte abusivement, augmentation de la part contri¬
butive de l’État, et notamment de la quote-part de Paris, dans le prélèvement sur le pari
mutuel. — Reprise de l’étude de Paris Port de Mer. — Étude des moyens d’utiliser pour
l’agriculture les ordures ménagères (transport en province à prix très réduits, traitement
chimique, etc.), tout en sauvegardant l’industrie du Chiffonnier* — Dans le cas de transfor*
mation ou dé suppression de services publics tels que les octrois, mesures à prendre pour
tenir compte de la situation du petit personnel ouvrier ou employé.
Âo nom de T Union des groupes républicains-radicaux-socialistes et pour la Commis¬
sion exécutive ;
(Suivent les signatures.)
Citoyens,
Le Programme ci-dessus est le mien. 11 répond à mes convictions profondes. Je m’en¬
gage à en poursuivre l’application avec toute Rénergie dont je suis capable, si vous me
faites P honneur de m’envoyer vous représenter a la Chambre.
F. BUISSON.
lre circonscription du 14" arrondissement de PARIS
M. MBSSIMY
Élu au 2e tour de scrutin. — 9.068 voix.
Comité d’Unjon RÉrijBLtcAïJXE-BADicAiÆ-SociALïSTK
Citoyens,
Dans quelques jours vont avoir lieu les élections légistatives.
La question est nettement posée.
Des démagogues sans convictions* unis à toutes les puissances oppressives du passé,
tentent d’arrêter notre pays dans sa marche déjà trop lente vers le progrès économique et
social. ; . _
Républicains et démocrates, nous voulons opposer une politique audacieuse et rêné-
chie4 scientifique et généreuse, aux passions brutales du césarisme renaissant, favoiisées
et stipendiées par les sectaires du cléricalisme.
Forts de l'appui des conseillers municipaux de Plaisance et de Montparnasse, les
Citoyens Panuelier et Ranson,dont voua connaissez le long passé de dévouement à la Répu¬
blique* tous les comités républicains radicaux et radicaux-socialistes de la circonscription
désignent à vos suffrages le citoyen Messimy.
Le citoyen Messimy, ancien capitaine de chasseurs à pied, breveté d’état-major, est un
homme jeune* actif, énergique. Il n'est l'esclave d’aucun dogme; il veut obtenir toutes les
réformes qui éviteront à la République de nouveaux assauts.
Sa loyauté politique, son patriotisme éclairé, son savoir, son attachement à la démo¬
cratie feront de lui le représentant qualifié de tous les citoyens qui ne veulent à aucun
prix, laisser compromettre les conquêtes de Pesprit moderne, les principes de la Révolution
Française.
Citoyens,
Si, comme nous en avons la ferme conviction, vous ratifiez notre choix, ie citoyen
Messimy saura défendre, avec autant d’èiiergie que de talent, ie programme que nous avons
Fhouneur de vous soumettre et qu’il a librement accepté :
Progràmmk
Réformes politiques et administratives.
1, Adoption des mesures législatives assurant la liberté et le secret du vole,— 2, Large
décentralisation administrative, laissant aux départements, aux communes, et en paiti-
culier à la Ville de Paris, leur pleine autonomie, — 3. Suppression des octrois avec le
concours de l'État, en tenant compte des droits acquis par les employés en fonction. —
i. Suppression des sinécures et des gros traitements inutiles. Relèvement des petits traite¬
ments, — 5. Dénonciation du Concordat, Suppression du budget des Cultes.
— 792 " —
R éfo rm es j ud ici a i res .
1. Simplification des codes; leur révision dans un sens plus large et plus humain. -
2. Réduction des fiais de procédure. — 3. Réforme de la loi du divorce dans un sens plus
libéral. — 4* Révision de la loi de 1838 sur les aliénés. — 5. Suppression de la peine ne
mort; subsidiairement, suppression de la publicité des exécutions capitales.
Reformes universitaires.
1. Abrogation de la loi Falloux, — 2. Enseignement unitaire, Renseignement primaire
laïque formant la hase commune de Révocation de tous les citoyens français. — 3. Liberté
(Renseignement sous la double garantie d'un contrôle effectif de RÉtat et de Réquivalenœ
des grades universitaires. — 4, Gratuité complète de tous les enseignements ; subsidiaire¬
ment, large concession de bourses aux enfants des écoles primaires hïques, — 5. Dévelop¬
pement des œuvres postsco) aires.
Réformes financières et économiques .
1. Révision du système d’impôts. Établissement de l'impôt personnel et progressif sur
le revenu, en distinguant nettement le revenu du capital et le revenu du travail. — 2, Dé¬
grèvement des petites cotes foncières et des petites patentes. — 3. Adoption de Pim pot
progressif sur toutes les successions, en tenant compte du chiffre de ia succession, de l’éloi¬
gnement du degré de parenté et du nombre des enfants. Liberté absolue de tester. — 4. Sup¬
pression de 3a zone militaire. — 5. Rachat des chemins de fer, à commencer par l'Ouest et
le Midi {proposition Bourrât). — 6. Exploitation par l’État, le département, la ville, ou à
leur profit, des grands services publics et de toutes les richesses nationales (mines, car¬
rières, etc.)* — 7. Participation aux bénéfices des employés dans ces diverses exploitations,
— 8. Réforme de la Banque de France pour la mettre à la disposition de la Nation. —
9. Révision de la loi concernant la réhabilitation des faillis. — ÎO. Révision de la loi des
patentes. Taxation des grands magasins d’après le nombre des spécialités exploitées, —
H. Suppression du privilège des bouilleurs de cru. — 12. Suppression des commerces
clandestins. — 13. Amortissement graduel de la Dette publique; sévère contrôle de toutes
les dépenses publiques, tant militaires que civiles.
R éfo r mes mi U taî res ,
1, Égalité complète du service militaire. — 2. Sa réduction immédiate k deux ans et
progressivement à dix-huit et quinze mois. — 3, Large diminution des dépens-s militaires
de tout ordre par ia suppression des emplois et grades dont le maintien n’a aucun rapport
avec la défense nationale, — 4, Rajeunissement des cadres, — 5. Refonte du Gode de justice
militaire. Suppression des Conseils de guerre en temps de paix.
Réformes sociales et ouvrières ,
1. Prompte réorganisation d’un système national d'assurances contre Rjnvaliditê et la
vieillesse. — 2* Assurances contre le chômage et la maladie. — 3. Vote de lois sévères pour
la protection de la santé publique. — 4- Interdiction des paiements en nature par le sys¬
tème des économats. — 5. Extension de la juridiction des prud’hommes à tous les salariés
do commerce, de l’industrie et de l'agriculture. — û. Repos légal de six semaines avant et
six semaines après I accouchement, pour toutes les femmes employées dans l'administration,
l'industrie, Je commerce et l’agricuiture, — 7. Réforme du régime pénitentiaire, le travail
dans les prisons tarifé et surveillé par les conseils de prud’hommes et les chambres syndi¬
cales. — 8. Encouragement aux sociétés de secours mutuels,
(Suivent les signatures de la Commission exécutive et des membres du Comité,)
— 793
1162
2e circonscription du 14r arrondissement de PARIS
M. Émile DUBOIS
Élu au 2* tour de scrutin. ~ 4,784 voix.
Coaïité de Gükgextmtiün Républicaine Socialiste
Citoyens j
Nous venons présenter de nouveau à vos libres suffrages la candidature du Citoyen
Émile Dubois, Député sortant,
il y a quatre ans, vous avez élu à une forte majorité le Citoyen Émilé Dubois* alors
Président du Conseil général de la Seine.
A la Chambre des Députés, le Citoyen Émile Dubois s’est montré aussi bon républicain
et aussi bon patriote qu'à l'Hôtel de Ville.
La manière dont il a rempli son mandat, son attitude au Parlement et les services qu'il
a rendus à la cause de la démocratie et de la République ont augmenté pour lui votre estime
et vos sympathies.
Il a pris, dans plusieurs circonstances et avec succès* la parole à la tribune, pour
défendre les intérêts des travailleurs et des petits commerçants, les intérêts généraux du
Pays et les intérêts particuliers de notre arrondissement..
Il a été membre de plusieurs Commissions, notamment de la Commission de l’ensei¬
gnement dont il fut nommé un des rapporteurs.
Le Citoyen Émile Dubois s'est .créé une place à part à la Chambre des Députés, par la
liante situation de Président d’une grande Commission, que lui ont conférée ses collègues.
Homme de travail, de progrès et de dévouement, il a montré à la tête de celte Com¬
mission une compétence et une activité remarquables, « s’attachant particulièrement à
créer des conditions meilleures d’hygiène et de bien-être dans les ateliers et manufactures,
dans les grandes agglomérations, dans les écoles et les lycées, dans les hôpitaux, dans les
casernes, dans tous les établissements de FËtat ».
L'hygiène, V alimentation, la santé "du soldat ont été pour lui l’objet d’une constante
préoccupation.
Aussi a-t-il été appelé à siéger dans toutes les Commissions extraparlementaires où
sont agitées les questions éminemment économiques et sociales qui intéressent la vitalité
môme de la Nation.
Républicain ardent, le citoyen Emile Dubois a fait partie de cette majorité républicaine
qui, en consolidant chaque jour davantage, contre les efforts de la réaction, un Ministère do
progrès et de paix, a rendu un si éclatant service au Pays.
Citoyens,
Voici le programme accepté par notre candidat ;
100
Programme du Comité
Protection de la petite propriété.
Protection du travail, du petit commerce et de la petite industrie, par la suppression-
de tous privilèges et monopoles constitués à leur détriment, notamment pai 1 amélio¬
ration de la loi sur les patentes. ,
Suppression de la concurrence faite au travail libre dans les ouvrons et dans les
prisons,
_ Réduction du nombre des fonctionnaires en respectant les situations acquises.
Amélioration du sort des petits employés, et suppression des sinécures et des gros
traitements.
— Décentralisation administrative.
Amélioration des retraites pour les petits employés des services publics.
Diminution du taux des pensions de retraite des fonctionnaires à gros traitement.
Impôt sur le capital fixe et sur le revenu, de façon que chaque citoyen concoure aux
charges de l’État suivant ses ressources et ses facultés.
Amortissement, dans une grande mesure, de la Dette, pour arriver à la diminution des
impôts.
Amélioration de la loi de 188£* sur les syndicats professionnels.
Révision et amélioration de la loi sur les accidents du travail.
Développement des Écoles d'enseignement technique et .des Écoles industrielles et
commerciales.
— Développement de ^instruction et de l'éducation populaires.
L’accès des grandes Écoles et l’accès des fonctions publiques largement ouverts aux
enfants du peuple.
Retraites ouvrières#
— Assistance efficace aux vieillards, aux femmes; aux familles nombreuses.
Protection morale et matérielle de P enfance.
Encouragement à la mutualité à la prévoyance, aux associations ouvrières.
— Protection de la liberté individuelle.
Réforme de la magistrature : élection des juges*
Extension de la juridiction des Prud'hommes à tous les travailleurs, ouvriers et em¬
ployés,
Réduction des frais de justice en les proportionnant à l'importance des procès.
Révision du Gode d'instruction criminelle pour la garantie et la défense des accusés.
— Liberté de conscience*
Lutte contre Fintolérance cléricale.
Application rigoureuse de la loi sur les associations.
Séparation des Églises et de FÉtat.
Service militaire de deux ans, au maximum* Suppression des treize et des vingt-huit
jours.
La France poursuivant la création efficace d'un Tribunal d arbitrage pour terminer es
différends entre les peuples.
La France faisant entendre hautement sa voix, lorsque se commettent des crimes inter¬
nationaux, comme pour la guerre du Transvaal, les massacres de P Arménie et de la Macé
doine.
Révision de la Constitution.
Tel est, Citoyens, le programme que nous remettons aux mains du citoyen Docteur
Dubois.
Telles sont, à notre sens, les solutions les plus urgentes, toutes de préservation
sociale, de justice et de solidarité,
— m —
N° 102
Citoyens,
Dans les circonstances graves que traverse la République, les électeurs de Montrougc-
Sanlô affirmeront leur volonté d’en finir avec la réaction, avouée ou masquée, dont les
menées paralysent les affaires, troublent les consciences, et ne sauraient aboutir, si elles
réussissaient, qu’à la ruine morale et matérielle du Pays,
Vous accorderez de nouveau votre confiance à l’homme sûr, au citoyen dont vous
appréciez tous la valeur, dont vous connaissez tous la loyauté et la droiture, et qui, pendant
ces quatre dernières années, vous a donné de nouvelles et éclatantes preuves de son atta¬
chement sincère et de son dévouement, au citoyen Émile Dubois.
Vive la France I Vive la République!
(Suivent les signatures.)
Aux ELECTEURS,
Citoyens,
Je m'engage à défendre, dans son intégralité, le programme que le Comité de Concen¬
tration républicaine socialiste m’a confié.
Il faut que la France poursuive sa marche en avant!
11 faut qu'elle continue son œuvre d’émancipation, de progrès et de fraternité!
Comme patriote et comme républicain, je m’engage a lutter de toutes mes forces
contre la coalition des anciens partis, pour le triomphe définitif de la République, pour la
prospérité et pour l’honneur de la France !
Docteur DUBOIS, Député sortant.
ltc circonscription du 15e arrondissement de PARIS
M. IÎAGHOL
Élu au 2e tour de scrutin. — 8*258 voix
Parti Socialiste
Comité électoral d’unité fédérative du 15e
Aux Républicains, aux Socialistes!
Citoyens,
En présentant à vos suffrages la candidature du citoyen Henri Ragnol, nous ne faisons
que nous incliner devant la volonté des électeurs qui, il y a quatre ans, au nombre de 6,00(1,
ont affirmé leur intention d’ètre représentés par un républicain que vous connaissez depuis
vingt ans et dont les convictions franchement socialistes n ont jamais changé.
— im
Retracer ia vie d’Henri Bagnol c’est faire le portrait do ccs travailleurs humbles et
modestes qui apportent à la défense des opprimés leurs convictions sincères et leur
dévouement sans bornes.
Ouvriers» employés, commerçants , vous connaissez tous l’œuvre d’Henri Bagnol,
Vous, ouvriers, vous n’avez pas oublié le créateur de ces Syndicats et de cos organi¬
sations ouvrières qui ont tant contribué au triomphe de vos revendications si légitimes et
pourtant si longtemps déçues !
Quant à vous, employés, il fut toujours et restera des vôtres. De bonne heure il prit,
vous ne l’ignorez pas, la défense de vos droits jusqu’ici méconnus.
Et vous, commerçants, pourriez-vous oublier celui qui, depuis vingt ans, met chaque
jour à votre disposition, avec le désintéressement que vous savez, toute son influence et
toute son expérience des affaires?
Non, ouvriers, employés, commerçants, vous n Oublierez pas qu’une vie aussi exem¬
plaire d’activité, que tant de sacrifices à la noble cause de la défense de tous ceux qui
produisent contre les vexations et l’arrogance des exploiteurs, sont les plus sûres garanties
de la sincérité avec laquelle Bagnol remplira le mandat que vous ne pouvez manquer de
lui confier.
Le passé répond de l’avenir.
En votant pour Bagnol, Citoyens, vous flétrirez en la personne de M. Humbert les doc¬
trines réactionnaires que cet esclave du sabre cache sous l’épithète de nationalisme I
Et vous ne voterez pas pour celui qui tenta d’ètouher, avec la République, ces chères
libertés que la Révolution arracha a l’ancien régime au prix du sang de ses plus nobles
enfants! Vous vous souviendrez qu’en ces temps derniers, alors que toutes les forces vives
de la réaction, alors que les généraux, comme ceux du Coup d’État de 1851, proclamaient
cette absurdité ; la suprématie du pouvoir militaire sur le pouvoir civil et le retour vers les
horreurs de la Monarchie et les « châtiments » de l'Empire, oui, vous vous souviendrez que
M. Alphonse Humbert, ancien révolutionnaire, ancien socialiste, ancien radical, ancien
républicain et aujourd'hui réactionnaire, s’unissait à eux pour étrangler la République!
Assez de sabres ! Les travailleurs ne veulent plus d’Enopire, et vos déguisements de
nationalistes ne les tromperont pas. Ils sont las de jeter leurs enfants à la guerre, au car¬
nage, pour défendre des richesses et des biens qu’ils ont produits et dont ils n 'entrevoient
que le mirage.
Paix et travail à tous \
Voilà un idéal autrement noble que celui du retour à la barbarie et de l’esclave domi¬
nation militaire dont M. Humbert rêve de doter la France!
Et maintenant, courage, Citoyens, unissons nos efforts et, le cœur rempli de cet idéal
de paix et de justice, votons tous pour le Citoyen
Henri BAGNOL.
La Commission :
(Suivent les signatures.)
N° H 62
2° circonscription du 15* arrondissement de PARIS
M. GHAUVIÈRË
Elu au 2e tour de scrutin, — 6,228 voix.
CoiUTi? d'Onjon Socialiste
(ÀpiIÉMNt1 au P. s, R*)
Citoyens,
Tout le monde a parlé do moi, ce peut bien être mon droit d’en parler à mon tour
Permeüez-moi, Citoyens, de vous rappeler ce que nous étions il y a plus de trois ans.
Vous savez tous dans quelle situation nous nous sommes trouvés à la mort du président
de la République Félix Faure. Pour ceux qui connaissent l’Histoire, la République était à
l’agonie.
Trahie par J es uns, menacée par les autres, elle ne trouva de véritables défenseurs
que dans la foule* dont nous sommes*
Le cri de % Vive l’Année 1 » était devenu le cri de ralliement des héritiers de ceux qui
trahirent la France en 1792, comme de ceux qui doutèrent d’elle en 1871* les Bazaine, les
Ducrot t les Vinoy, les Trochu et les Mac-Mahon,
A Autcuil, un attentat réactionnaire montra Fétendue du péril; et quoique absolus
partisans de la suppression de la présidence de la République, nous nous levâmes tous,
non pour défendre le Président, mais la République elle-même visée derrière M. Loubet»
Grâce à nous, la rue redevînt libre. Les tentatives de coup d’État furent remises à des
dates ultérieures; mais Pou ne se tint pas pour battus, et par l’argent, affluant de toutes
parts, des monopoleurs menacés, des privilégiés visés, des spéculateurs aux abois, sous
le masque républicain, la réaction a recommencé la lutte dont demain nous dira tous les
effets.
Durant ce temps, le candidat de notre circonscription, soi-disant radical-socialiste, se
dissimulait derrière les coalitions nationalistes et par elles se faisait élire président du
Conseil général de la Seine, contre le socialiste Thomas, maire du Kremlin,
Ni chair, ni poisson, il le déclare, il ne veut être ni le fils de îa Révolution, quia
transformé la France en un siècle, ni le disciple de ses anciens amis, dont l’alliance est par
trop compromettante aujourd’hui.
Il soutient pourtant à la fois dans son journal le candidat nationaliste de la iT0 circons¬
cription et sa candidature dans la nôtre.
Il appartient en fait à cette catégorie de radicaux qui, maîtres du pouvoir, ont, par
leurs tergiversations et leur atermoiement, mécontenté les républicains, encouragé nos
ennemis et préparé Père de trouble que nous traversons si péniblement.
Qaant à F autre adversaire, le fondateur du Boulangisme, T ami des Bonaparte, le
pourfendeur des juifs, des protestants, des francs-maçons, des socialistes, l’enfant chéri du
nationalisme, que soutiennent la Croix } le Gaulois, la Libre Parole^ etc»; que les Cercles
catholiques, que les Jeunesses royalistes accompagnent dans ses pérégrinations^ que Jules
Lemaître, Cavaignac, Mercier, Goppèe, acclament comme le plus vaillant d’entre tous, il
raie suffit de dire que c’est un Gésarien, partisan de l’extension du pouvoir du Président,
apôtre de la liberté des congrégations qui ruinent déjà le travail, déprécient le salaire et
poussent à la prostitution, par la concurrence impitoyable que font à nos ateliers et à nos
Magasins les couvents et les abbayes*
— 798 —
L’Espagne et l’Italie ont été tuées par les congrégations* alors que les pays qui s’en sont
préservés, tels que l’Angleterre et l'Allemagne, connaissent la prospérité sans cesse crois¬
sante et à nous de plus en plus inconnue.
H veut l’armée maîtresse du pays, tandis que nous voulons la nation maîtresse de
l'armée.
Notre cri de ralliement est :
Ni coups d’État> ni conquêtes 1
La nation ne doit, dans la paix, que viser à ce double but : se défendre et prospérer.
D’autre part, ai- je manqué personnellement a mon devoir?
Nul n'a osé invoquer un de mes votes qui ne soit pas conforme à mon programme ou &
mes principes.
Les discours que j’ai prononcés l’ont été en faveur des travailleurs ; caisses de retraites,
augmentation de pensions, suppression des bureaux de placement, contre le chômage, pour
les ouvriers des établissements militaires, employés des postes, etc,, etc.
Grâce à une persévérance qui ne s’est pas démentie un seul instant pendant sept
années, j’ai pu obtenir Ja reconstruction de l'Imprimerie nationale, et aussi l'engagement
formel du Gouvernement de l'installation du premier bureau de poste à Paris, dans notre
circonscription.
Parlerai-je de mon intervention sans tapage pour les amis malheureux frappés de
chômage?
Parce que je n’ai pas un journal qui fait tambouriner à tous les coins de rues mes hauts
faits, n’ai-je pas agi ?
En somme, pendant que les uns me reprochent mon ministérialisme, qui n’a consisté
qu’à voter contre les réactionnaires chaque fois que la République était en jeu et quun
ministère de réaction était dans la coulisse; les autres me reprochent mon aotiministéria-
lisme, parce que toujours j’ai voté contre les hommes pour les principes lorsqu’ils étaient
engagés, alors que les amis de nos adversaires votaient ensemble avec le ministère, notam¬
ment à propos de la suppression des congrégations, de la suppression du budget des
cultes, etc.
Je ne suis pas pour la politique de parti, je suis pour la politique des idées.
Ce que j’ai été hier, je le suis aujourd’hui et je le serai demain.
Tout ce que j’ai souffert pour la République, je suis prêt à le souffrir encore. Mais je ne
veux plus être dupe, et si je succombe, ce ne sera pas par ma faute. Je sais par expérience
ce que valent des adversaires triomphants.
Enfin tout le bien que j’ai pu faire, je Rai fait, sans distinguer entre mes amis ou mes
ennemis, et cela malgré l'hostilité, non pas toujours de ceux qui se disent adversaires de la
République — mais de ceux qui s’en disent parfois les plus chauds partisans.
il faut dire comment je suis socialiste ;
Le soi-disant collectiviste que je suis, vieux communiste impénitent, n’a jamais eu la
prétention d’imposer ses idées autrement que par la persuasion.
Je yeux l’égalité sociale, qui nous donnera la liberté vraie (la liberté n’existe pas dans
l'inégalité de situation) et la bonne fraternité sans laquelle une société se fonde peut-être,
mais ne se maintient pas.
Socialiste d’État, je veux frapper les puissants, qui sont un danger pour tous, dans leur
puissance même, et non dans leur personne.
Respectueux des philosophies et des races, je veux qu’à leur tour tous soient respec¬
tueux de la pensée libre.
Je veux des services publics qui garantissent les hommes de la misère et le pays de la
ruine.
Enfin, contrairement aux gens à sentiments chauvins qui SC sont traduits dans les faits
par un protectionnisme à outrance; qui, semant des ruines à l’intérieur, ont élevé entre
tous les peuples des barrières que le canon seul pourra abattre, je crois qu’il faut faire
appel à toutes les autres nations pour que, strictes observatrices du contrat du travail, °û
N° H 62
— 799 —
le minimum de salaire est assuré, ainsi que la limitation des heures de journées, toutes
arrivent sans se nuire à mieux vivre, à mieux s’estimer, à s’aimer et à préparer, dans la
paix, cette République fédérale de l’avenir entrevue par nos pères, contre-poids nécessaire
à cette autre République américaine devenant de plus en plus une menace pour la sécurité
européenne.
Je me résumerai en ces mots :
Pour le citoyen, l’égalité, pour la France, la liberté dans la République sociale.
Vive la République sociale !
Bien fraternellement à vous,
E. CHAUVIÈRE.
lTÙ circonscription du 16* arrondissement de PARIS
M. Paul BEAÜREGARD
Élu au 2e tour de scrutin. — 5.913- voix.
Mes chers Concitoyens,
Je me représente à vos suffrages.
(Test mon devoir.
Vous m’avez, il y a quatre ans, accordé votre confiance; j’ai le sentiment de l’avoir jus¬
tifie. Je vous dois, je me dois à moi-môme, de rester à votre disposition pour continuer la
tâche entreprise.
Tel je me suis présenté à vous en 1898, tel je suis aujourd’hui. — Mon programme est
resté le même.
Fermement Républicain
Je veux défendre la liberté égale pour tous;
Par-dessus tout je suis dû patriote;
C’est dire que je suis résolument antimimstéricî.
j’ai, de toutes mes forces, combattu ce Ministère qui, sous prétexte de « Défense Répu¬
blicaine » (belle ironie) a mutilé nos libertés les plus chères (et au premier rang la liberté
de nos consciences), détruit notre bureau de renseignements militaires, porté les plus dan¬
gereuses atteintes à l’autonomie de l’État-Major, ouvert la porte des casernes aux publications
les plus abjectes.
Je veux la République douce, accueillante à tous;
Je veux les Français libres de croire à leur gré, libres d’élever leurs enfants comme il
leur convient;
Je veux la France forte au dehors et s’imposant au respect de tous, l'armée encouragée
dans son œuvre de défense par l'affection des bons Citoyens et des pouvoirs publics.
Je veux la propriété respectée, la liberté des contrats assurée, la justice impartiale pour
tous les citoyens.
Je veux la classe ouvrière affranchie, mise en possession de^tous ses droits; encouragee
parles sacrifices de l’État à Peeuvre de prévoyance nécessaire Tson avenir; soutenue dans
— 800 —
la formation de ses associations ; devenant forte san s devenir tyrannique. Je veux tout pour
elle par les voies de la liberté*
Je n’admets aucun État dans FÉtat. — Résolu, en franc libéral, à ne persécuter personne,
je ne veux pas non plus que nous soyons persécutés. Les Francs- Maçon s et les Juifs doivent
être ramenés à n’occuper dans les fonctions publiques qu’une part proportionnelle à leur
nombre. 11 faut surtout reviser la loi sur la naturalisation pour arrêter Finvasion cosmopo¬
lite qui risque de nous êtro funeste,
La conscience publique exige impérieusement FelTacement des iniquités commises au
nom du dreyfusisme, dans ces dernières années. L’amnistie pour tous les condamnés de la
Haute Cour est une œuvre de réparation nécessaire et urgente.
Le service militaire peut être allégé, les études de la Commission de l’armée le démon¬
trent. — Mais c’est sous lu condition que l’on crée au préalable les cadres sérieux indispen¬
sables pour assurer la solidité d’une année moins exercée qu’aujour d’hui. Sur ce point, nous
devons être irréductibles.
Il n’est que temps de prendre des mesures énergiques pour arrêter le déficit, rétablir
l’équilibre de nos finances et faire des économies. Ces dernières sont indispensables pour
arriver à une meilleure répartition de l’impôt* — Secrétaire générai de la Ligue des contri¬
buables, je demande avec elle qu’il soit interdit aux Députés de prendre l’initia live de
dépenses nouvelles.
Je veux enfin que Paris, vengé de procédés mesquins et haineux, reprenne 3 a place qui
lui revient de droit en France : la première* — Ce Ministère, exécuteur de toutes les basses
rancunes politiques, nous a sacrifiés* La foi sur les buissons, les taxes de remplacement, le
retard apporté à la Loi des Patentes, le refus de ratifier le projet relatif au gaz,— sans parler
d’incidents blessants pour le Conseil Municipal, oi de la visite du Tsar — sont autant de
causes d'un ressentiment légitime contre lui-
Aux premiers rangs de l’opposition, depuis que le Ministère Waldeck-Miîlerand est an
pouvoir, fort de ma conscience, appuyé sur mes actes, je méprise les insinuations d’adver¬
saires qui, pour expliquer leurs candidatures, sont bien obligés de trouver quand même
quelque chose à dire.
Mes chers Concitoyens, vous me connaissez, Je compte sur vous.
Vive la France! Vive la Liberté! Vive Paris! Vive la République!
Paul BEAU REGARD, Député sortant.
CouiTé DE ï/ÜNION UÊÜRÂltë RÉPUBLICAINE DU 16e ARRONDISSEMENT
(fondé en 1885)
Chers Concitoyens,
Notre Comité n’a pas attendu l’ouverture de la période électorale pour vous présentera
nouveau la candidature de M* Paul Beauregard, député sortant,
La République traverse une des phases les plus critiques qu’elle ait encore connues. ïl
nous appartient d'envisager notre devoir civique d’une façon sérieuse et de n’envoyer au
Palais-Bourbon que des hommes qui, par leur probité politique, leur libéralisme sincère,
leur amour de la Patrie et de la République, soient susceptibles de rendre à notre pays la
prospérité qu’un ministère néfaste a compromise.
Ne nous laissons plus leurrer par des promesses fallacieuses, éloignons-nous de ceux
N° H 62
— 801 —
que leurs opinions ou leur passé rattachent à ces mauvais serviteurs du pays qui iront pas
craint de faire de noire République la servante de leurs appétits et de leurs intérêts
personnels. Gardons-nous à la lois des exagérés et des sectaires. Revenons résolument
au principe de liberté sous toutes ses formes, impudemment foulé aux pieds par une majo¬
rité servile.
Électeurs,
Lorsqu’en 1898 nous recommandions à vos suffrages M. Paul Beaurcgard, nous vous
[lisions • « Delà solution des questions économiques et sociales dépend la prospérité de
notre pays. On ne les résout pas avec des phrases et des appels aux passions. M. Bcauregard
leur a consacré des études approfondies; sa compétence, son intelligence, sont appréciées
de tous — nous connaissons son dévouement et son activité. »
Et vous nous avez suivis, comme vous l’aviez fait antérieurement lorsque nous vous
présentions notre vénéré Maire, M, le Dr Marmotta n.
Quatre années de législature nous ont suffisamment prouvé combien notre choix avait
été heureux. Nous avons rencontré, eu M. Beauregard, un représentant de grand talent. Par
son caractère élevé, pur ses opinions ardemment libérales et républicaines, par son activité
asridue et son patriotisme, il a su prendre à la Chambre une place prépondérante. Sachons-
lui gré du dévouement remarquable qu’il a apporté dans l’exercice du mandat que nous lui
avions confié. Fermons l’oreille aux basses calomnies qu’inventent, pour le supplanter, des
adversaires sans scrupules. 11 est digne de notre confiance et de notre affection, et nous
ferons acte de bons Français en votant tous le 27 avril pour M.
Paul BEAU REGARD,
Professeur d’économie politique à la Faculté de Droit de Paris,
Député sortant.
y
Vive la France! Vive la Liberté! Vive la République!
Pour le Comité :
(Suivent les signatures.)
2f circonscription du 16° arrondissement de PARIS
M. M1LLEVOYE
Élu au ltr tour de scrutin. — 5.633 voix.
Un Programme Politique
PATRIE ET LIBERTÉ
Le programme d’un député qui sollicite le renouvellement de son mandat doit être
l’expression très nette des nécessités de gouvernement que crée l’état social et économique
du pays, des progrès que commande le mouvement des idées, des garanties qu’exige l’ordre
public.
Le mien se résume en deux mots : Patrie et Liberté.
La patrie, telle que je la comprends, c’est L’ensemble des souvenirs, des traditions, des
191
gloires héréditaires qui, à travers les pins violentes secousses de son histoire, ont immor¬
talisé et sauvé la France,
Fai respecté dans mes votes, dans mes déclarations et dans mes actes, les sentiments
les convictions de tous les Français qui ont contribué à conserver ou à étendre le patrimoine
moral et matériel de notre pays,
La patrie, c'est l'armée gardienne des frontières, des foyers, des droits et de l’hon¬
neur, sauvegarde suprême de l'indépendance, grande école du devoir égal pour tous, image
yivante et puissante de la nation.
J'ai défendu cette armée, objet d'attaques abominables, directement inspirées par
l'étranger.
La patrie, c'est la solidarité des intérêts, Funîon des cœurs, la communauté du travail,
hors des agitations de la vie publique : c’est Pefïort quotidien de cette démocratie laborieuse
dont l’activité, dqnf la probité imposent encore à Funivers le respect du nom français.
Four que cette patrie soit placée au-dessus des contestatiops, elle doit offrir à tous ses
enfants quelque chose à aimer, à servir et à défendre.
J'ai protesté contre les doctrines néfastes qui, provoquant îa haine des classes, prépa¬
rent, sous prétexte d’émancipation^ un désordre et un péril.
Mais je me suis attaché avec sincérité à l’amélioration du sort des employés des
ouvriers, à la régularisation, à l'apaisement des relarions entre le capital et le travail.
.Fai appuyé, voté pu proposé la loi sur les bureaux de placement, les mesures destinées
à rétablir, par des taxes de compensation. l’équilibre entre le travail français et le travail
étranger, et toutes les lois ouvrières qui pe s’écartaient pas des règles fixées par la cons¬
cience et la raison.
La patrie est en péril quand les institutiQps militaires, administratives, financières,
destinées à l’envelopper de protection et de respect, sont livrées aux interprétations abu¬
sives des partis, aux passions aveugtes des sectes, aux destructions de pouvoirs éphémères
et mal établis,
La base de nos institutions doit être élargie.
Le Parlement a trop de puissance, tout en donnant la preuve manifeste de trop d’im¬
puissance. Ses séances sont tumultueuses et stériles.
Les meilleures volontés sont neutralisées par le choc des ambitions, par !e jeu des
intrigues.
Les réformes les plus indispensables restent en souffrance. Au contraire, de téméraires
innovations, dictées par des considérations exclusivement politiques, sont votées avec mie
coupable précipitation.
De nouvelles garanties de loyauté, de responsabilité doivent être inscrites dan* la
Constitution revisée et complétée.
Les grands intérêts du pays sont trop souvent sacrifiés.
L impôt cesse dêire légitime, lorsqu’il frappé les citoyens au delà de leurs ressources,
lorsqu il prélève, sur les patrimoines, sur F épargne et jusque sur le salaire, une part léonine,
lorsqu il écrase la production, îa consommation sous des répartitions arbitraires. C’est
cependant ce caractère menaçant qu’il commence à prendre aux yeux des contribuables.
Le petit commerce parisien proteste contre les taxes qui aggravent ses charges et le
livrent aux concurrences privilégiées des vastes entreprises anonymes ou étrangères.
La crise économique dont la gravité est presque officielïèjaaent reconnue, tient eu suspens
les échéances, alarme les transactions, ralentit les affaires, prépare la voie aux plus dange¬
reux expédients financiers.
J ai combattu par la parole et parla plume ces imprévoyances, ces gaspillages. Les
représentants autorisés du petit commerce m’ont fait parvenir, à plusieurs reprises, les
témoignages de leur satisfaction.
La politique électorale coûte trop cher à la France! Nous bit opposons résolument la
politique nationale et libérale.
— 803 — N° 1162
Partisan convaincu de la liberté, je Fai défendue énergiquement à ia tribun e, je suis
prêt à ia défendre encore.
Je la réclame pour le travail comme pour les croyances — ces droits imprescriptibles.
Eu osant restreindre la liberté du travail, en s’attaquant à la liberté de conscience, le
législateur porte atteinte à la liberté naturelle.
L’unité de ia France, sa sécurité et sa grandeur sont faites des garanties que l’État
assure à toute initiative vaillante, a toute conviction sincère.
Ûn ne gouverne pas un pays comme le notre par l’estracisme et par l’exil.
j'ai rempli mon devoir d'honnête homme, de citoyen, de patriote. Dédaigneux des
outrages, fier de votre confiance* j’offre à votre jugement et à vos suffrages ma conduite
politique.
Vive la République nationale et libérale ï Vive la France!
Lucien MILLEVOYE,
Député de Paris,
(Quartiers de Chaillot et de la Porfè-Dauphine )
lie circonscription du 17e arrondissement de PARIS
M. PU GLI ESI- COM TI
Élu au 2e tour de scrutin. — voix.
Comité de i’ Union des RÉruBLicALVâ-iNATioMLiSTis dus Teunes et de la Plaide- Monceau
Nies chers Concitoyens,
Il ne me, sera pas de meilleure référence auprès de vous que le souvenir de mes dix ans
de lutte pour la liberté et la conquête de l’idéal républicain.
Je n’ai pas attendu, à Texeniple de beaucoup d'autres, que d'exceptionnelles cir¬
constances vinssent m’assurer un succès électoral.
Et ce que j’ai pu donner, en cette lutte déjà longue, de persévérance et d'énergie, est
encore le meilleur garant de ce dont je serai capable de dévouement à notre cause, si vous
me faites Phonueur de me nommer votre Député.
Aussi bien Fœuvre que j’ai accomplie au Conseil Municipal, pendant ces deux ans, vous
assurera-t-elle que, si vous m'en donnez mandat, je saurai ne pas ménager mes interven-
tioüs à la tribune du Parlement et m’v trouver le champion, sans cesse en éveil, de nos
doctrines et de nos revendications.
Républicain sincère, je serai tout d'abord le défenseur de ce qui doit rester l’immuable
principe de la République : la liberté!
La liberté de conscience, si justement consacrée par la Déclaration même des Droits de
de l’Homme, restera pour nous la première et la plus précieuse de toutes.
La liberté d'enseignement ne saurait trop respecter, selon nous, le droit pour le père
de famille de donner k ses enfants tel genre d’éducation que lui fait préférer son sentiment
paternel,
La liberté d’association, récemment victime du plus odieux des attentats, devra être
jalousement étendue à tous, au lieu d'être uniquement réservée à quelques francs-maçons,
— soldats masqués d'une inquisition nouvelle contre nos croyances séculaires et nos tradi¬
tions patriotiques.
Seule la révision constitutionnelle pourra valoir à la République un régime assez stable
et fort pour défendre ces libertés* — la première des richesses d'une démocratie telle que
la nôtre.
Sous l'égide de ce même régime, devraient se trouver à jamais indiscutés les principes
d'ordre social et de respect de la propriété individuelle.
D'autres préoccupations, non moins graves, domineront toujours ma vie politique.
Je tenterai de diminuer, à tous prix, les charges qui, de plus en plus, accablent notre
budget et augmentent le poids déjà si lourd de nos impôts.
Le petit commerce, par trop durement éprouvé, trouvera toujours en moi l'avocat le plus
zélé de ses deux plus importantes revendications : la révision des patentes et l'application
du droit commun aux coopératives.
Je ne cesserai du vouloir sincèrement l'amélioration du sort des travailleurs, auxquels
l'État doit tout au moins protection contre la concurrence étrangère, aide contre la vieillesse
et encouragement pour les œuvres de mutualité.
Et personne n’étudiera, avec plus de conscience que moi, ces problèmes de sociologie
dont seule pourrait nous apporter une solution utile, l'entente sincère du capital et du
travail.
Personne enfin, sans recourir à des formules inutilement violentes, ne défendra avec
plus d’énergie nos principes de solidarité française, de respect de l'armée et de la
justice.
Qu'il me suffise pour en témoigner par avance, de rappeler ici que le premier, à Paris,
j’ai arboré cette noble étiquette nationaliste, devenue depuis lors celle de tous les bons
citoyens, et qui résume avec tant de force nos espérances françaises et républicaines.
Tel est mon programme. Je le défends depuis longtemps et il nTest pas fait pour les
besoins de la cause. S’il vous inspire la confiance que j’espère, je saurai, mes cbers Conci¬
toyens, mettre à le remplir tout ce dont je suis capable de cœur et de loyauté.
Vive la République nationale I
Vive la France 1
PÜGL1ESI-CQNTI,
Conseiller municipal de Paris,
avocat à la Cour d’appel.
2û circonscription du 17l arrondissement de PARIS
M, Edmond LEPELLET1ER
Élu au 2e tour de scrutin. — 5,997 voix.
Électeurs des Batignolles,
Vous me connaissez. Vous savez que je suis resté fidèle au programme nationaliste, sur
lequel vous m’avez élu en mai 1900, par 4.655 suffrages.
Sollicitant l’honneur de vous représenter â la Chambre des Députés, je dois compléter
les termes de mon programme politique, qui, pour moi et pour vous, malgré les restriction
constitutionnelles, établit un véritable mandat impératif.
— 805 —
N° 1162
Voici les clauses de ce contrat, qui lie l'élu, et assure à l’électeur la représentation de
ses opinions, la manifestation de ses volontés :
L — Amnistie.
IL — Mise en accusation des Ministres : Waldeck- Rousse au, général André, Del cassé,
Monis, Gaillaux, Millerand, coupables d’avoir :
1° Opprimé le pays;
2° Désorganisé l’armée, et provoqué ou autorisé les insultes au drapeau;
Humilié la France devant l’Angleterre, abandonné le commandant Marchand
à Fachoda, détourné l’Empereur de Russie de venir à Paris ;
îf Mis la justice au service des dreyfusards, violé la loi en arrêtant nuitamment Paul
Pérou lède, acquitté par le jury souverain ;
5!> Creusé un déficit de plus de 150 millions, et compromis le crédit et la bonne
renommée de la France;
6° Leurré les travailleurs, fomenté les grèves, excité les haines et les convoitises des
ouvriers, nui aux intérêts des petits commerçants, et préparé la route à Panarchie, en favo¬
risant les menées des agitateurs socialistes.
III. — Affirmation de la République. Révision de la Constitution dans un sens républi¬
cain. Élection du Président de la République par le peuple, à un ou deux degrés. Modification
du travail parlementaire. Referendum sur les grandes lois organiques.
IV. — Réduction du service militaire à deux ans, mais avec une forte année de pre¬
mière ligne, et des exercices préparatoires pour les jeunes gens, avant leur arrivée au corps.
Augmentation de la marine et des armées coloniales. Suppression totale des 15 jours, sauf
pour les cadres.
V. — Diminution des frais de justice. Révision du Code de procédure.
VI. — Protection de la marine marchande. Développement du commerce extérieur.
Création de grandes œuvres d’intérêt national, comme le canal des Deux- Mers, et le port de
Paris, dont notre quartier bénéficierait particulièrement.
VIL — - Protection du petit commerce. Dégrèvement complet des petits patentés, comme
cola existe pour la cote mobilière en faveur des petits locataires. Impôt proportionnel, avec
progression, sur les grands établissements, d’après le nombre du personnel, et d’après les
spécialités diverses. Protection du travail national. Taxe payée par les industries employant
des ouvriers étrangers. Extension de la juridiction des prud’hommes aux employés. Révision
des règlements, arbitraires ou injustes, remontant à l'ancien régime, et frappant les hôte¬
liers. Suppression du privilège des bouilleurs de cru, qui nuit au commerce, favorise la
fraudé et ruine le Trésor national. Diminution de la licence, si l'état des finances ne permet
pas la suppression totale. Répression des abus du Laboratoire municipal. Abrogation de la
loi de 17 fil sur les boulangeries. Extension aux employés de la loi sur les accidents du
travail.
VIII. — Réforme de l’Assistance publique. Encouragement aux œuvres de prévoyance
et de mutualité.
, \
IX. — Encouragements et subventions aux sociétés patriotiques, aux sociétés de tir et
de gymnastique, et à toutes les organisations ayant pour objet le développement physique
de la jeunesse et le culte de ia patrie.
X. — Liberté d’association.
XL — Liberté d’enseignement. Accès aux fonctions publiques de tous, sans distinction
d’origine.
— 806 —
Xll. — - Économie et réduction des gros traitements.
XU1. — Vote, dès la constitution de la Chambre, des nouvelles taxes de rempiâcérhèni,
décidées par le Conseil municipal, dégrevant les jardins, tes cours, et diminuant de Û fr. 5Û 0/0
les locaux commerciaux, de 0 fr. 50 tous les locaux ordinaires. Vote immédiat du traité,
ajourné par le Gouvernement, et qui donnera le gaz à vingt centimes, h partir du 1er jan¬
vier 1902.
Citoyens,
Ce programme est simple, ferme, réalisable. Ses deux grands points principaux sont:
le changement de ce qui est, par le renversement du Ministère, et le coup de balai donné à
ceux qui Font soutenu, avec îa liberté rendue a tous les citoyens, dans la République arra¬
chée aux sectaires, aux influences juives et cosmopolites et aux collectivistes, redevenue ce
qu’elle était dans la pensée des hommes de 1789 : le régime de la liberté et du patrio¬
tisme.
Vive la République!
Vive la Liberté!
Vive la Pairie!
Edmond LEPELLETÏER,
Conseiller municipal des Baiigriollés,
Vice-président de la cinquième
Commission du Conseil Municipal,
Membre du Conseil de surveillance
de P Assistance publique.
Électeurs,
Nous vous demandons de voter tous pour ce programme, qui est celui du parti nationa¬
liste, en envoyant vous représenter à la Chambre :
Edmond LEPELLETÏER,
Candidat républicain nationaliste, anliministèriel, anfficolfectiviste.
3e circonscription du 1 7e arrondissement de PÂRÏS
IUL Ernest ROCHE
Élu au lor tour de scrutin. — 5.790 voix.
— m —
N° fi «2
Joule puissance émane au peuple T toute initiative çjoit venir (Je lui, C’est lui qui crée
les législateurs et leur indique la conduite à suivre sous peine de forfaiture et de trahison.
Or, le peuple de France est, avant toute chose* intéressé à sa propre conservation, à sa
puissance, au respect et au prestige qui doivent rayonner au-dessus et au delà des fron¬
tières,
<i Qui a du fer a du pain! » disait Bianqui ■ i! avait raison.
C'est pour assurer tout cela que je suis d’abord patriote.
Mou programme comprend donc tout ce qui se rattache au patriotisme : force militaire*
respect de nos soldats, qui sont nos enfants ou nos frères; garantie de nos frontières; pro¬
tection de nos ouvriers et de notre travail national; prospérité de nos finances: justice
implacable contre le crime de trahison,
*
* *
Une nation dont la sécurité est garantie, qui ne craint rien du dehors, travaillera plus
efficacement à la solution des problèmes politiques dont le but immédiat on lointain doit
être la liberté, la dignité, le bonheur*
La liberté, cest la République. Mais non pas la République que les réacteurs do 1871
nous ont donnée; que les orléanistes de 1875 ont emprisonnée dans leur Constitution avec
le Sénat pour sentinelle, et que les dreyfusards veulent continuer.
Cette République-la est une monarchie déguisée, un mélange de lois impériales, cons¬
titution monarchique, Sénat dictatorial, Chamb'fp de laquais, et ploutocratie des juifs domi¬
nant la France et la République comme un pa\s conquis*
Je défends et j'ai toujours défendu : le suffrage universel souverain s’appuyant sur la
pratique du mandat impératif et du referendum, qui donneraient aux lois et aux institutions
de notre pays la consécration légitime du peuple.
La République s appuyant sur cette base serait inébranlable. Elle pourrait donner
1 essor a toutes les libertés qui, au lieu de la compromettre, ne feraient que consolider sa
puissance*
Liberté individuelle, liberté de réunion, d’association, d'écrire, de penser, de tra¬
vailler, d’enseigner sous les garanties d’honorabilité et d'examen égales pour tous.
Amnistie pour les condatnnés politiques et les victimes des grèves et de toutes les luttes
sociales, abolition de toute Haute Cour ou tribunal d’exception, juslice infâme qui frappe
les ennemis politiques par ordre du gouvernement et par passion de parti.
Pas d’illusion. La réalisation de ce programme républicain est expressément subor¬
donnée à cette condition essentielle :
La révision de la Constitution et la suppression du Sénat.
Il faut atteindre ce but, El le faut absolument. Hors de là, rien à faire, rien a tenter.
Peut- on l’atteindre? Oui, si les électeurs veulent courageusement s'en mêler en donnant
a leurs députés le mandat impératif et rigoureux de refuser toute confiance et tout budget à
un ministère qui ne consentirait pas à la déchéance du Sénat.
On ne peut gouverner sans la Chambre des Députés; on ne peut pas avoir les impôts
sans son consentement.
Peut-être aussi que le malaise et l’indignation hâteront la solution désirée et que le
peuple se chargera, en « une glorieuse », de balayer le Palais du Luxembourg.
Les réformes sociales sont à ce prix.
Qu’ii s’agisse de la suppression des sinécures, de décentralisation administrative; de
la reforme de la loi des finances, des patentes, de l'impôt, qu’il faudra bien se dérider à
asseoir sur le revenu de chacun - qu'il s’agisse de ïa suppression des monopoles; de la
réglementation des grands magasins spoliateurs d’ouvriers et étouffeurs du petit commerce:
e la réduction à deux ans du service militaire; de la protection des travailleurs français
contre la concurrence étrangère, de l’interdiction vdu marchandage; delà liberté d>s asso-
oiatïons de prévoyance, de la révision du Code de justice militaire, de l’insaisissabilité des
flaires des travailleurs ou de l’institution des retraites ouvrières
— 808 —
Nous n’obtiendrons cela, tout cela, et bien d'autres choses encore, que lorsque l’obs¬
tacle à l’affranchissement du peuple sera brisé, chaviré ou disparu, et que le su 11 rage uni¬
versel sera le souverain incontesté.
Les ministres au pouvoir vivent d’équivoques et veulent maintenir ce qui est. Esclaves
du capitalisme, ils obéissent à ses ordres. La République châtrée que nous avons leur suffit.
Ils puisent au budget, nous ruinent et nous acculent à la banqueroute.
Ils gardent, avec, un soin jaloux, toutes les institutions réactionnaires qui peuvent
arrêter l’élan et l’expression des volontés populaires.
Malheur à qui bouge! Les grévistes de Lhalon et de la Martinique en savent quelque
chose*
C’est contre cette horde malfaisante que nous devons diriger nos premiers efforts,
pour la République, pour le socialisme, pour la Patrie, nous devons aller aux urnes aux
cris de :
A bas !e ministère Waideck-Miilerand-Galliffet î
À bas les dreyfusards ! A bas les panamistes!
A bas les traîtres et les voleurs!
Ernest ROCHE,
circonscription du 1SV arrondissement de PARIS
M* Marcel SEVI BAT
lïlü au 1er tour de scrutin. — 5099 voix*
Programme
î
Citoyens électeurs,
Vous connaissez notre programme. C’est celui que vous avez approuvé en 1898, le pt^
gramme du parti socialiste. Mais tout le monde aujourd’hui se dit socialiste, .jutou’à Méltne,
jusqu’au pape! Aux Grandes-Carrières, la réaction même est contrainte de s afficher
socialiste1 C’est pour empêcher ces déguisements que les vrais socialistes, par toute
la France, ont jugé utile de spécifier les bases de leur doctrine en des déclarations
Entente et action internationale des travailleurs; organisation politique et économique
du prolétariat en parti déclassé pour la conquête du pouvoir et la socialisation des moyens
de production et d’échange, c’est-à-dire la transformation de la société capitaliste en uue
société collectiviste ou communiste. , M„
A l'encontre de ceux qui recèlent indéfiniment Pavènement de cette société in •»
nous affirmons que les éléments matériels ou économiques en existent dés à présente
qu’il ne manque à leur mise en train que les éléments humains, c est-a-dire aCt|P
prolétariat conscient et organisé- Le parti socialiste, parti de révolution et par conseq
d’opposition à l’État bourgeois, a pour devoir absolu d’arracher toutes les réformes sus¬
ceptibles d’améliorer la condition physique et mentale de la classe ouvrière; il ne sa
en aucune circonstance, par la participation au pouvoir central, par le vote du ’ P
des alliances avec les partis antisocialistes, fournir aucun des moyens pouvant ptoionge-
la domination de la classe ennemie du prolétariat.
Votre volonté, comme vous Faffirmiez en 1898, e^t d’ « engager la dêmoct aie *
voie véritable, celle de la solidarité, de l’émancipation prolétarienne, de la Répuhnq
Vous voulez remplacer, disiez-vous encore à ceLle époque, « la Féodalité plotuoerah<Iuû
et le régime du privilège et du désordre par un régime d’harmonie économique et cto „
n° \m
— m —
irisation du travail », de manière à abolir toute distinction tle classe et a substituer à une
société fondée sur la guerre et la concurrence un état social de justice et de paix écono¬
miques,
Pour cela, il faut, au point de vue politique, défendre énergiquement la République
contre les réactions coalisées sous ' l'étiquette nationaliste; réprimer avec vigueur tout
compl t factieux do coup d’État prétorien ; cesser de payer nos ennemis (suppression du
budget des cultes, séparation de FÉglise et de l’État ; suppression de l’ambassade dn
Vatican), # .
Rendre au peuple sa souveraineté intégrale, de sorte qu après avoir nomme son man¬
dataire il reste maître par ïe referendum municipal et national de ratifier ou de casser
l’œuvre législative, de décider par vote direct de ses intérêts (Gouvernement direct). Pas de
plébiscite césar ien. Suppression delà présidence de la République et du Sénat, Mandat
impératif.
Refonte du règlement de la Chambre : Commissions permanentes contrôlant chaque
'Ministère. Réforme des bureaux. Compte rendu trimestriel des travaux de chaque Commis¬
sion, Délai de trois mois pour ie dépôt des rapports sur les propositions de loi.
Organisation du contrôle central des finances, vérifiant les comptes de tous les mi¬
nistères. Surveillance du budget en ex rcîcc par la Commission du budget qui L’a préparé;
crédits budgétaires mis à la disposition des Ministres, non plus en bloc, maïs par trimestre
et contre justification de Rutile emploi des derniers crédits touchés.
Instruction intégrale gratuite pour tous. Défense du cerveau de l’enfant contre l’em¬
poisonnement clérical. Extension du corps enseignant,- à 1 encontre des partisans de la
suppression du budget de l’instruction publique.
Réduction du service militaire à un an. Instruction militaire des citoyens, pour cons¬
tituer la nation armée. Suppression des conseils de guerre en temps de paix.
Suppression des compagnies de discipline.
Autonomie communale. — Décentralisation politique et administrative*
Émancipation civile et politique de la femme.
Réformé judiciaire. Extension à toutes les juridictions du jury démocratisé par Fins-
eription des travailleurs sur la liste des jurés*
Réforme de l’état civil des enfants naturels*
Liberté individuelle garantie. Réforme de la loi sur les aliénés. Responsabilité civile
et pénale de tous les fonctionnaires, en cas d’abus de pouvoir eu de violation de la loi*
Jury national établissant la responsabilité des Ministres, sénateurs, députés, fonc¬
tionnaires et magistrats et faisant rendre gorge, par une enquête sur les grosses fortunes,
aux spéculateurs*
Partie economique .
Citoyens,
Votre élu a porté à la tribune ce fait capital des trusts et accaparements, que vous
allez voir se développer chaque jour davantage*
A mesure qu’une industrie est monopolisée par un capitaliste ou un groupe de pion-
tocrates, il faut restituer à la nation ce monopole capitaliste et le remplacer par une
industrie sociale.
Nationalisation des mines, des chemins de fer, de la Banque de France, des raffineries
de sucre et de tous les grands monopoles capitalistes constitués par la ploutocratie aux
mains d’une petite oligarchie d’accapareurs
Code du travail. — Organisation générale des syndicats et groupements corporatifs
fédérés entre eux, consultés obligatoirement sur toutes les questions ouvrières et surveillant
les conditions du travail par leurs délégués professionnels.
Législation internationale protectrice du travail.
interdiction légale d’employer des ouvriers étrangers à un salaire inférieur a celui des
102
ouvriers français et cela dans une proportion limitée à dix pour cent* Journée de huit heure!
avec fixation du salaire et tarifs syndicaux* Les syndicats décidant sans pression patronale
policière, ni politicienne toute question de grève paitielle ou générale.
Caisse de retraites ouvrières ; assurance sociale contre la maladie et ie chômage*
Extension et réforme de la juridiction des prud’hommes. Habitations ouvrières et loge¬
ments à bon marché.
Impôt progressif sur le revenu avec la déclaration sérielle (projet Charles-Gras) i
Le citoyen Marcel Se m bat a signé les revendications de la chambre syndicale des
chemins de fer; adhéré aux revendications des agents et sous-agents des postes et des
cochers de fiacre.
Nous soumettons avec confiance, cette fois comme à la précédente élection, ce pro¬
gramme à vos suffrages en vous engageant à voter pour Je député sortant que vous savez
fidèle à ses promesses, le citoyen Marcel SEMBÀT.
Député socialiste sortant,
Pour le comité socialiste indépendant des Grandes-Carrières : Les secrétaires:
(Suivent les signatures.)
2Ü circonscription du 18* arrondissement de PARIS
M* ROUANET
Élu au 2e tour de scrutin. — 10.248 voix.
Aux Électeurs de CHgnancourt,
Pour îa cinquième fois, en douze ans, je me présente à vos suffrages*
Les marques grandissantes d’estime et de sympathie dont vous m’avez honoré, de 1890
à ce jour, m’imposaient la candidature législative au scrutin du 27 avril 11)02. Je ne recule
pas devant le devoir.
En avril 1890, en effet, 3. 000 voix se groupaient sur mon nom au premier lourde
scrutin; en avril 1893, ce chiffre s’élevait à 3*700; à 6.500 eu août 1893 et en mai 1398,
c’ést par 9*800 bulletins que vous me renouveliez, pour la quatrième fois, votre confiance*
Je rappelle avec fierté le progrès constant des libres suffrages par lesquels vous
vous ôtes déclarés satisfaits de l’attitude de votre élu. 11 témoigne de la haute opinion que
vous avez de lui, en même temps que de sa fidélité inébranlable à un mandat toujours le
môme et sans cesse renouvelé.
Ce mandat est à expiration. A mes électeurs de juger, une fois de plus, si je suis resté
dans les termes du contrat qui nous Ho* Car les électeurs républicains et socialistes de Cîi-
gnancourt sont mes juges. Je n’en reconnais point d’autres, et c’est pour ce motif que, con¬
trairement à tout ce qui a été dit, fai décliné toutes les offres de candidatures qui ont pu
m’être faites par ailleurs*
Mes adversaires, qui sont les vôtres, les ennemis du peuple et de la liberté, avaient
répandu le bruit, en effet, que sans renoncer à ia vie politique, je ne solliciterais pas le
renouvellement de mon mandat dans cette rirconseiption.
Citoyens! un mandataire est un dépositaire* Le mandat politique est un dépôt dont le
mandataire doit compte au mandant, à l’échéance du contrat bilatéral qui les unit* Sous
peine de faire l’aveu de son infidélité, le mandataire ne saurait se soustraire au jugement
de scs mandants, solliciter ailleurs un mandat, avant d’avoir été libéré par une sentence
publique, prononcée eu bonne et due forme, au scrutin réguli< rdes comices populaires, du
dépôt qui lui fut confié.
En attendant que soit inscrit dans nos lois le mandat impératif que j’ai toujours défendu,
le mandataire qui fait défaut devaiUvses électeurs fuit devant les justes flétrissures encou¬
rues et proclame lui-même sa propre indignité, avec sa déchéance.
SM —
N° i 162
Serviteur fidèle et mandataire scrupuleux d’une fraction du peuple souverain qui m’a¬
vait choisi pour la représenter, je reviens devant elle, le front haut, Fesprit calme, parce
que ma conscience est en paix.
Vous m'aviez toujours donné mission de défendre la cause de 3a République et du socia¬
lisme. Je n*ai pas failli à c etle tâche.
Dans l’ordre politique, j ai combattu les assauts des réactions, coalisées dans l’entre¬
prise désespérée dirigée depuis quatre ans contre la République.
Dans l’ordre social, j’ai combattu Fin vaaiop capitaliste, la puissance des monopoles que
la réaction représente et la domination tlïéocra tique de l’Église, aujourd'hui commè hier,
comme toujours, l’ai liée des classes parasitaires et privilégiées,
Rat voté toutes les lois politiques ayant pour objet d'étendre et de développer la liberté;
j’ai voté également toutes les lois sociales ayant pour objet d’armer et de fortifier les faibles
et les humbles, pris dans le tourbillon de la concurrence économique aveugle, à la faveur
de laquelle les plus forts écrasent sans pitié les plus faibles.
C’est ainsi que j'ai voté toutes les lois relatives à F extension de îa prud’homie, de la
réglementation du travail, Pamêlioration des lois sur ie> accident^ Jes retraites et en général
les lois protectrices de la classe ouvrière ; que j’ai voté contre k s monopoles envahisseurs,
Banque de France, chemins de fer, etc., et dénoncé les spéculations c >mmerciales qui per¬
turbent la consommation et le petit commerce, rançonnés les uns et les autres par les acca¬
pareurs de tout ordre.
En attendant que se r alise la société de j ustice dont 1 parti socialiste sVfïorce de hâter
l’avènement, j’ai combattu pour la liberté et l’égalité, sans trêve ni merci, et j’ai conscience
d’avoir, ce faisant, bien servi la cause do progrès social et la grandeur de mon pays.
Aux 9.880 suffrages qui m’ont élu, de dire si cet e politique de progrès et d’ascension
ininterrompue est toujours la leur.
Aux ouvriers dont j’ai défendu la cause contre les tyranni s économiques qui les oppri¬
ment; anx commerçants dont j'ai défendu les intérêts contre les tyrannies financières qui
les exploitent; aux républicains qui ne veulent point voir diminuer entre leurs /nains le
patrimoine des libertés que nos pères nous ont léguées; à tous ceux enfin qui n'ont pas
perdu le souvenir des oppressions politiques, des abominations sociales et des hontes
nationales qui furent Fœuvre des régimes passés; à tous de dire quel est le choix qu'ils
font, entre la réaction qui les y ramènerait et la République sociale qui les en débarrassera
à tout jamais.
Candidat de la République sociale, j’attends que le peuple souverain fasse son choix,
Gustave RQÜANET,
Candidat Républicain Socialiste, Député de Cligmmcourt,
3e circonscription du 18e arrondissement de PARIS
M* IIOLTZ
Fl u au !flr tour de scrutin. — 8.051 voix.
pROGMMUr
Questions politiques .
Revis;on de la Constitution par une Constituante spécialement élue à cet effet, en vue
de la suppression du Sénah
Scrutin de liste. Vote obligatoire.
— 812 —
Réduction à deux ans du service militaire, accomplissement à Paris des périodes de
28 jours et de 13 jours*
Gratuité de la justice.
Séparation des Églises et de FÉtat; liberté absolue de conscience et (Renseignement*
Interdiction pour les Députés de faire partie de sociétés Financières*
Défense des droits des Alsaciens-Lorrains*
Questions financières.
Réforme de Fimpot.
Suppression des impôts indirects sur les objets de première nécessité.
Suppression des gros traitements, des trésoriers généraux, sous-préfets, etc*
Révision immédiate des patentes.
Suppression des quatre contributions directes*
Révision des tarifs douaniers.
Impôt progressif sur les revenus et les successions*
Questions sociales *
Institution des caisses de retraite comme service public.
Création de caisse de secours contre le chômage et la maladie*
Taxe sur les ouvriers et les employés étrangers*
Liberté complète d'association et révision de la loi sur les syndicats.
Participation aux bénéfices.
Création de comités de conciliation et d'arbitrage.
Commission après un an de service aux appointements, à Paris,
de 1 .800 francs*
Retraite proportionnelle applicable également aux employés
sédentaires*
En attendant, unification des salaires, des congés et des retraites
en prenant pour base la Compagnie qui traite le mieux ses agents.
Un jour de repos par semaine, et douze jours de congé payés
par an*
Abaissement immédiat du prix du gaz.
Commision pour les ouvriers du gaz* Retraite proportionnelle.
Prix de .éne pour les ouvriers de métier.
Fixation d'un minimum de salaire, d3un maximum d'heures de travail en tenant compte
du genre de travail, des corporations et des communes ou départements*
Droit commun accordé aux cochers de fiacre.
Législation du travail.
Institution de prud'hommes pour les employés de toutes catégories.
Autonomie communale de Paris.
La séparation du Conseil général de la Seine et du Conseil municipal de Paris*
Pour
les Employés
de
chemins de fer.
— 813 —
NB 1162
V0 circonscription du 19 arrondissement de PARIS
M. Clovis HUGUES
Elu ati 2D tour de scrutin. — 9 J.54 voix.
Comité républicain d'union socialiste indépendant
Aux Électeurs,
ï
Si je vous demande le renouvellement de mon mandat, c’est parce que je suis resté le
loyal défenseur de nos idées communes.
Ceux de mes adversaires qui se laissent aveugler par la passion ou conseiller par la
mauvaise foi me reprochent de m’être prononcé pour la révision d’un procès douloureuse¬
ment célèbre, La véhémence de mon indignation et de la vôtre contre un homme qu on
croyait avoir été condamné selon les règles ordinaires de la justice, prouvait la sincérité de
mon patriotisme républicain ; mais je n'aurais été ni un républicain ni un patriote, dans le
sens élevé de ce dernier mot, qui n’est l’apanage de personne et d’aucun parti, si j’avais
repoussé une révision qui s’imposait au nom même des principes de ia Révolution, sur le
terrain de la justice égale pour tous, en dehors de toute question de religion, de race et de
fortune, .... 11A
Quand nous avons tiré Benjamin Reynier du bagne où il expiait le crime d être innocent,
je ne lui ai pas demandé s’il était juif ou millionnaire. 3e ne l’ai pas demandé davantage à
Kirail et à Knnbloch avant de réclamer la liberté pour l’un, la réhabilitation pour l’autre.
Lorsque je me suis prononcé pour une révision reconnue ‘indispensable par M. Méline lui-
même, j’ai su et j’ai voulu savoir une seule chose : c’est que le sang du faussaire avait déjà
coulé au Mont-Valôrien et qu’il fallait empêcher celui du peuple de couler dans les rues de
Paris, sous l’effrayante mêlée des colères civiques.
Convaincu que Paris aurait remué les pavés, je me suis également opposé à l’effusion
du sang le jour on j’ai approuvé les actes du Gouvernement de défense républicaine contre
une poignée de factieux qui, venus de tous les partis, affichaient la prétention de disperser
la représentation nationale. Si j’avais couvert de mon indifférence ou aidé de ma complicité
ces fauteurs d’un coup de force qui n’avait pas l’excuse de la misère et de la faim, j’aurais
trahi le suffrage universel et déserté le poste d’honneur où vous m’aviez envoyé.
J’ajoute, pour ne me dérober à aucune responsabilité, que mon attitude à la tribune
n’avait pas peu contribué au renversement du ministère Dupuy, allié sournois de toutes les
réactions J'ajoute aussi, pour l’édification du prolétariat, que cette intervention et la for¬
mation du nouveau cabinet consacrèrent légalement et sans secousse la libre administration
delà Bourse du Travail par les Syndicats.
Dans cet ordre d’idées, j ’ai soutenu à la tribune de la Chambre les revendications de la
classe ouvrière contre le travail des prisons, qui dépouille les travailleurs et vole les
voleurs.
II
J?v ai soutenu avec no a moins cUônergie les revendications des jardiniers du Muséum,
des gardiens du Louvre, des sous-agents des postes et télégraphes et des instituteurs des
lycées. J’v ai demandé l’élargissement de la loi sur les accidents de travail en faveur de la
corporation des bouchers.
Dans un ordre d’idées plus générales, j’ai soutenu à la tribune de la Chambre la légi¬
time réclamation des groupements socialistes contre l’interdiction du Congrès international.
J’y ai protesté contre le favoritisme, dans la discussion du projet de loi sur les récompenstis
à accorder à l'occasion de l'Exposition universelle. J’y ai réclamé la lumière, toute la
lumière, à propos de certaines nominations faites dans l’ordre de la Légion d’honneur. J’y
ai tout récemment plaidé la cause de la civilisation en protestant contre les atrocités com¬
mises par les nationalistes anglais sur un peuple qui se défend, comme nous nous défen¬
drions nous-mêmes si des bandits assoiffés d’or menaçaient l’indépendance de notre
pays!
Tout récemment encore, j’y ai déposé une proposition de loi tendant à la fixation du
salaire des ouvriers du bâtiment, basé sur les prix de série, avec abolition de la signature
imposée par les employeurs.
Je n’insiste pas sur le concours que j’ai apporié à, la création de la crèche du Pont-de-
Flandre et de la Villette et du dispensaire de la rue David-d'Àngers; sur mon vote en
faveur de la ligne métropolitaine Place du Danube-Palais -Royal; sur ma part d’activité dans
la réalisation du projet d’élargissement, approfondissement et continuation du canal de
J’Ourcq et des nouveaux bassins de la Villette.
Je n’insiste sur ma collaboration incessante aux projets de réformes intéressant le
petit commerce que pour me déclarer encore une (ois, avec ie Congrès tenu à Reims Jcs
19 et 20 mars 1902, ie partisan vigilant et résolu de la suppression de la licence et de l’exer¬
cice sous toutes ses formes, de l’abolition de privilège des bouilleurs de cru, de celle des
économats, du rejet de tout projet de loi sur les fraudes, les lois existantes étant largement
suffisantes, etc.
Je n’insiste sur les parties essentielles du programme local que pour vous rappeler mon
ancien effort en faveur deParis-Port.de Mer, dans la Commission de la Marine à laquelle
j’ai appartenu pendant quatre années.
111
Je me résume :
il y a aujourù hui deux sortes de patriotisme. L’un prétend que nous désorganisons
1 armée, quand nous exigeons <1 s chefs l’obeissance aux lois du pays; l’autre affirme, d’ac¬
cord avec l’esprit de la Révolution, la juste suprématie de J’aqtorité civile sur l’autorité
militaire. JTun ne voit que des ennemis au delà des frontières; T mire y voit des hommes
comme nous, courbés sous des tnaîuvs qui les exploitent, les trompent et les avilissent.
L‘un s'appelle la guerre; l’autre s'appelle la paix.
Je suis pour le patriotisme de lu paix et de la liberté contre le patriotisme de César et
de la guerre.
Derrière ce drapeau qui ne couvrira de son ombre que le libre épanouissement du
travail et de l’idée, j’invite tous les républicains de la ir,i circonscription du 19" arrondisse¬
ment à se grouper sur mon nom, pour le maintien de fa République contre toute la réaction,
ét pour son développement intégra! dans Ja voie du progrès socialiste.
Ce nom est celui d’un homme qui vous a fidèlement représentés, accueillant à tous,
défendant de son mieux vos droits et vos intérêts, ne vous promettant jamais plus qu’il no
pouvait donner, n’abusant ni de son mandat ni de ses amitiés pour soulever des passions
ou des colères dans l’arrondissement, tout juste assez soucieux des injures pour hausser
légèrement les épaules quand il est traité de renégat par les alliés de ia monarchie et du
cléricalisme.
Gamhetta disait un jour dans les couloirs de la Chambre :
— 815 — N° 1462
<t Quand nous aurons tous trahi, nous ferons la grande réconciliation des traîtres, et la
République sera sauvée! »
C'est sur ce mot, d’une hautaine ironie, que nous irons au combat, c’est-à-dire à la
victoire.
Vive !a République démocratique et sociale!
Clovis HUGUES, Député sortant.
2e circonscription du 19^ arrondissement de PARIS
M. Charles DOS
Élu au 2Ü tour de scrutin. — à. 306 voix.
Comité républicain d’union socialiste indépendant
Aux Électeurs,
Citoyens,
Nous avons l’honneur de désigner à nouveau à vos suffrages, pour qu’il continue de
vous représenter au Parlement au cours de la prochaine législature, notre ami Charles Bos,
républicain socialiste, rédacteur en chef du Rappel, député sortant.
Nous vous le recommandons avec plus d'ardeur encore qu’en 4898.
C’est que nous Pavons vu à l’oeuvre pendant ces quatre dernières années.
Nous avons apprécié, comme yous tous, sa vaillance dans Ee journalisme, applaudi à ses
éloquentes interventions à la tribune, remarqué avec satisfaction qu’il a su se faire une
grande place dans le parti républicain et conquérir rapidement au Palais-Bourbon une
sérieuse et légitime autorité.
Nul plus que loi n’a défendu les institutions républicaines menacées.
Toujours, il a été sur la brèche, n’hésitant pas à assumer des responsabilités redou¬
tables, alors que taut d’autres s’abstenaient, luttant avec acharnement pour les faibles contre
les forts, attaquant le cléricalisme et le capitalisme plus que jamais coalisés, démasquant
les équivoques du nationalisme, travaillant à rendre la République plus forte, plus res*
pectée et plus juste pour tous, se préoccupant avec empressement aussi bien des intérêts de
la circonscription que des intérêts généraux du Pays, en un mot se montrant tel qu’il est, un
républicain socialiste convaincu.
Citoyens,
La bataille électorale revêt cet année un caractère particulier.
Toutes les réactions, liées par une haine commune, livrent un suprême assaut à la
République.
Cléricaux, royalistes, bonapartistes, nationalistes, antisémites, déroulédistes, socialistes
aigris et déçus, etc., sc donnent la main, se disent plus républicains que les meilleurs
Rentre nous et veulent renverser les institutions républicaines.
Unissonsmous tous, n’égarons pas nos voix sur des candidatures de division et
condamnées à un lamentable échec, faisons tous bloc contre Tadvcrsaire commun, votons
Ions pour le citoyen Charles Bos, Député républicain socialiste sortant.
— 816 —
Et comme, républicains, nous constituons l’immense majorité dans cette circonscription,
nous devons inlliger à la coalition réactionnaire, dès le 27 avril, une défaite éclatante,
d’ailleurs facile.
Vive la République démocratique et sociale!
PROGRAMME RÉPUBLICAIN SOCIALISTE DU COMIIÉ,
accepté cl toujours défendu par le citoyen Charles Bus.
Partie politique.
Article premier : — Révision intégrale de la Constitution dans le sens républicain socia¬
liste, par une assemblée spécialement élue à cet effet par le suffrage universel.
Art. 2. — Suppression du Sénat et de la Présidence de la République.
Art. 3. — Mandat impératif institué par la loi.
Art. !(. - Amnistie pleine et entière pour tous les citoyens condamnés pour faits de
grèves ou faits connexes.
Art. 5. — Autonomie communale. Paris affranchi de toutes les entraves administratives
et gouvernementales; maître de son budget, de ses services publics, et de sa police, placée
désormais sous la dépendance absolue de la municipalité. Referendum municipal.
Am-, 6. — Séparation des Églises et de l’État. Retour à la natidn des biens dits de
mainmorte. Suppression des congrégations.
Art. 7. — Liberté d'association complète pour les travailleurs et sans intervention pos¬
sible de la part du gouvernement.
Art. 8. — Réforme judiciaire ; justice gratuite et rapide; juges élus.
Art. 9. — Réforme de l’enseignement. Monopole de l’enseignement par l’État.
Art. HO.— Interdiction absolue pour le Parlement d’aliéner la plus petite parcelle delà
propriété nationale.
Art. 11. — Plus de guerres coloniales. Arbitrage international pour les différents entre
nations.
Art. 12. — instruction intégrale gratuite à tous les degrés par voie de concours, avec
les fonds nécessaires pour subvenir aux besoins de l’existence.
Art. 13.— Responsabilité effective et pécuniaire des agents du pouvoir et des fonc¬
tionnaires.
Partie économique.
Artïcle premier. — Caisses de retraites et asiles pour les vieillards et invalides du tra¬
vail. Réorganisation de l’assistance publique.
Art. 2. — Suppression des impôts actuels, notamment des impôts dits de consommation
qui pèsent surtout sur les travailleurs. Impôt progressif sur le revenu.
Art. 3. — Pas de monopoles ni de privilèges. Retour à l’État des concessions accor¬
dées aux grandes Compagnies, mines, chemins de fer, Banque de France, etc.
Art. h- — Lois ouvrières protégeant les travailleurs contre les patrons et leur assurant
les moyens de vivre.
ArX. 5. — institution de commissions, où les travailleurs seront réellement représentés,
pour veiller à la stricte application des lois sur le travail, et élues à cet effet par le collège
électoral professionnel.
Art. 6. — Suppression du travail dans les prisons, couvents et ouvroirs, abolition du
marchandage ; application du décret-loi de 18A8.
Art. 7. — Amélioration de la réglementation nouvelle du travail des femmes et des
enfants dans les usines, manufactures, ateliers de couture, etc. Augmentation des salaires,
— 817 — N° H 62
réduction des heures de travail ; interdiction des veillées; repos hebdomadaire pour tous
Ses ouvriers et employés.
Art, 8. — Amélioration de la loi sur les accidents du travail.
Art. 9. — Révision de la loi sur les patentes, dans le sens d'une juste proportion nalité,
c'est-à-dire par l'application d’un droit proportionnel suivant le nombre et l’importance des
genres de commerce agglomérés.
Art, 10. —.Réformes administratives. Diminution des gros traitements; suppression
des sinécures; augmentation des traitements des petits fonctionnaires ou employés des
ministères, facteurs des postes et télégraphes, etc.
Art, 11. — Réduction du service militaire à deux ans, d’abord, à on an ensuite. Unité
d’origine des officiers. Suppression des treize jours, réduction des vingt-huit jours, sup¬
pression des conseils de guerre en temps de paix.
Noos ne donnons que les principales lignes du parti républicain, radical et radical-
socialiste, déterminé en juin 1901 par le premier congrès du parti. Avec tousses amis, le
citoyen Charles Bos et nous-mêmes voulons empêcher, ainsi que le disait Camille Pelletai*
dans la déclaration faite au nom de ce congrès, « que la grande exploitation industrielle ne
prenne le caractère d’une féodalité nouvelle et hâter révolution pacifique par laquelle le
travailleur aura la propriété de son outil , la légitime rémunération de son travail ».
Ce qu’a fait à la Chambre le citoyen Charles Bos .
Vous connaissez tous l'activité et le talent de notre ami. Vous savez quel rôle prépon¬
dérant il a joué au Palais-Bourbon. En quelques lignes rapides, nous allons vous dernier un
résumé de ses travaux parlementaires :
Partie locale.
Ie La circonscription réclamait un bureau de poste depuis vingt ans. Notre ami Charles
Bos a fait créer et installer un bureau de plein exercice rue Benjamin-Constant, en face les
abattoirs, et un bureau auxiliaire place des Fêtes.
2° Grâce a son intervention, les trains de grande ligne s'arrêtent à Est-Ceinture.
3° 11 a fait donner par le Ministre de l'Agriculture 30,000 francs à la crèche du Pont-de-
Flandre et de la Villelte et 15.000 francs au dispensaire de la nie David-d’Angers, inauguré
le 26 janvier dernier avec Pèclat que vous savez.
Jl a fait voter par le Parlement la déclaration d’utilité publique de la ligne métropo¬
litaine Place du Danube-Palais-Royal, ligne qu'étant Conseiller municipal, il avait obtenue,
en 1897, pour ie 19* arrondissement.
5° Élargissement, approfondissement et continuation du canal de l'Ourcq. Vote de
36 millions grâce à Charles Bos,
G* 11 a demandé et obtenu que de nombreuses corporations ouvrières de la circonscrip¬
tion pussent bénéficier de la loi sur les accidents du travail.
7° Tout récemment, il faisait rapporter par ie Ministre de l’Agriculture les mesures
prises par ce dernier pour empêcher l'importation des montons algériens en France, ce qui
aurait porté un coup terrible au marché aux bestiaux, réduit le travail des abattoirs et pro¬
voqué une hausse considérable du prix de la viande de mouton.
8° Il s'est occupé constamment, avec la plus vive sollicitude, de procurer du travail aux
ouvriers victimes du chômage et d'améliorer le sort des petits fonctionnaires républicains
de la circonscription.
9° La plupart des lois intéressant Paris et la Seine, par conséquent notre circonscription,
ont été votées, à la suite de ses interventions à la tribune et, sous ce rapport, notre ami n'a
jamais pris la parole que pour défendre les contribuables parisiens contre les exigences de
l’État ou des Députés des départements.
10° 11 a été le Député de tous. Nul; parmi nos adversaires, n'oserait préte ndre que le
citoyen Charles Bos l'ait mal accueilli*
103
Partie générale •
Notre ami Charles Bos était inscrit à la Chambre au groupe radical-socialiste, II siégeait
aux côtés d’Henri Brisson et de Camille Peüetan, Tous ses votes ont été ceux d’un républi¬
cain socialiste convaincu.
1° Le 25 octobre 189$, jour de la chute du ministère ïïrisson, Charles Bos faisait ses
débuts à la tribune et était applaudi par le pars! républicain tout entier* Nul n'a perdu le
souvenir de sa vigoureuse apostrophe au général Chanoine, qui venait de trahir les républi¬
cains.
2° Le 28 novembre de la même année, il interpellait le ministère Charles Dupuy*
3° Nommé membre et rapporteur de la Commission chargée de vérifier des opérations
électorales, Charles Bos a passé un mois en Algérie avec ses collègues* Son rapport tendait
à la validation de M. Thomson, combattu par bru mont et les antijuifs algériens* Le 3 mars
suivant, M. Thomson était validé par 337 voix républicaines contre 50 réactionnaires* Notre
ami a évité ainsi une guerre civile à l’Algérie et porté un rude coup à l’antisémitisme* Le
nationalisme et le cléricalisme ne le lui ont jamais pardonné*
h° Le 20 février 1899 (mort de Félix Faure) Charles Bos a fait voter que le cortège par¬
tirait de FËIysée et non de Notre-Dame.
5* Le 12 juin 1899 (interpellation Vaillant) son intervention amenait la chute du minis¬
tère Charles Dupuy*
Nous voici au moment de la constitution du Ministère Waldeck-Rousseau* Sur la
proposition de Charles Bos, les groupes républicains décident de soutenir le Ministère de
défense républicaine*
7" Au cours de la discussion du budget de 1900, Charles Bos est intervenu plusieurs
fois et toujours au milieu des applaudissements des républicains*
8° Au cours d’une interpellation de M. Vaillant sur les droits de Paris, un ordre du
jour de Charles Bos est adopté à une grosse majorité. Les réactionnaires croyaient ce jour-là
avoir raison du Ministère Wàldeck et, constituer un cabinet Mélme*
9° Au cours de la discussion sur la bi dps boissons, notre ami a pris souvent la parole
et défendu énergiquement les intérêts des contribuables parisiens.
10° Nommé membre de la Commission des associations, il a contribué grandement à
P élaboration et au vote de cette loi anticléricale.
H* Comme membre de la Commission des grands travaux, il a été chargé d’une étude
sur la création dTun port de mer à Paris. Cette étude, des plus remarquables/ a valu à noire
ami de vifs éloges dans la presse et de la part des ingénieurs les plus éminents de ce
temps*
12° Pendant la discussion des grands travaux, il a obtenu la somme de 36 millions
pour Pôlargîsseniem, l'approfondissement et la -continuation du canal de FOurcq*
13" Avant la séparation du Parlement, il a obtenu de la Chambre le vote du projet de
loi sur les taxes de remplacement, portant approbation des délibérations du Conseil munici¬
pal de Paris*
14' On sait que notre ami fait partie du Comité exécutif du parti républicain, radical et
radical-socialiste, qu’en cette qualité, il a rendu les pins grands services à son parti et à îa
République*
Etc*, etc*, etc*
Nous n avons cité, en effet, que les principaux travaux de notre Député au Parlement.
Nous n’en finirions pas si nous voulions relever toutes ses interventions à la tribune contre
les réactionnaires et en faveur du parti républicain, des facteurs des postes, des ouvriers de
toutes corporations, contre le parti clérical, contre les plus puissants capitalistes de ce
temps.
Mais nous eo avons assez dit pour démontrer que le citoyen Charles Bos a bien jrempli
b mandat que nous lui avions confié*
Aussi nous vous disons :
— «19 — jN° 1162
Pas rl 'abstention s! Volez tous, républicains de toutes nuances, pour Charles Bos, Député
républicain socialiste sortant
Pour le Comité :
(Suivent les signatures*)
DÉCLARATION DU CITOYEN CHAULES BÛS
Député sortant*
Citoyens, *
Le Comité d’union socialiste indépendant de notre circonscription me fait T honneur de
me présenter encore à vos suffrages pour être votre délégué au parlement pendant la pro¬
chaine législature.
J’accepte.
Vous me connaissez tous. Vous savez tous qui je suis.
Ma vie politique est celle d’un républicain socialiste* J’aime ardemment la République.
Je la veux forte, respectée, juste peur tous. Avec vous, je demande impatiemment des
réformes qui feront d’elle autre chose que ce qu’elle est, qui la rendront républicaine et
forceront les esprits les plus prévenus à l’aimer à leur tour*
Comme mes amis Henri Brisson et Camille Pelletao, je suis dilïamé, insulté chaque
jour par nos adversaires* Je m’attends à l’être encore davantage au cours de cette période
électorale* Qu’importe, Je ne parle de ces injures que pour constater qu'elles constituent à
mes yeux une sorte de certificat de républicanisme. Ce sont, en effet, les meilleurs répu¬
blicains, les plus miliiants qui sont traînés dans la boue par les ennemis de la République*
Pour ma part je ne cesserai jamais d’ôire courtois et correct, C’est encore la meilleure
manière de répondre aux calomnies que de les dédaigner*
Citoyens,
En 1898, vous m’avez donné 3*335 voix.
Cette année, l’union de tous les républicains et socialistes vrais étant le plus impérieux
des devoirs en présence de la coalition de tontes les forces réactionnaires, je compte sui¬
vons tous pour combattre l’équivoque nationaliste et lui faire subir dans cette circonscrip¬
tion un désastre retentissant.
Vive la République démocratique et sociale !
Fraternellement vôtre,
Charles BOS,
Député républicain socialiste sortant,
Rédacteur en chef du Rappel,
— 820 —
îrc circonscription du 20" arrondissement de PARIS
M. DEJEAISTE
Élu au 1" tour de scrutin. — 8.621 voix
Parti Socialiste de France
(unité socialiste révolutionnaire.)
Citoyens,
Le Parti socialiste de France déclare qu’obligàtion est faite à tous les candidats de
classe présentés au nom de l’Unité socialiste révolutionnaire par les organisations et
groupes qui la composent de souscrire à la formule ci-dessous :
Le Parti socialiste de France (Unité socialiste révolutionnaire), fraction do prolétariat
international organisé, poursuit l’émancipation du travail et de la société sur les bases
suivantes :
Entente et action internationales des travailleurs ; organisation politique et économique
du prolétariat en parti de classe pour la conquête du pouvoir et la socialisation des moyens
de production et d’échange, c’est-à-dire la transformation de la société capitaliste en une
société collectiviste ou communiste.
A Pencqnlre de ceux qui reculent indéfiniment l’avènement de cette société -nouvelle,
il affirme que les éléments matériels ou économiques en existent dès à présent et qu’il ne
manque à leur mise en train que les éléments humains, e’est-à-dirc l’action d’un prolétariat
conscient et organisé, possible également dès aujourd’hui.
Parti de révolution, et par conséquent d’opposition à l’État bourgeois, s’il est de son
devoir d’arracher toutes les réformes susceptibles d’améliorer les conditions de lutte de la
classe ouvrière, il ne saurait en aucune circonstance, par la participation au pouvoir
central, par le vote du budget, par des alliances avec des partis bourgeois, fournir aucun
des moyens pouvant prolonger la domination de la classe ennemie.
Pour le Conseil central,
(Suivent les signatures).
Le candidat des groupes adhérents au Parti socialiste de France dans la circonscription
et qui a souscrit à la formule ci-dessus énoncée est le citoyen
V. DEJEANTE,
Député sortant.
— 821 —
N* 1162
2e circonscription du 20r arrondissement de PARIS
M. VAILLANT
Élu au 1er tour de scrutin. — 8.745 voix.
Citoyens,
Depuis dix-huit ans un lien électoral, un contrat réciproque me relie à vous et à notre
arrondissement, dont au Conseil municipal d’abord, puis à la Chambre, j’ai de mon mieux
r défendu les intérêts locaux et généraux.
j’iii toujours regardé comine mon premier et plus impérieux devoir de lutter contre
f tous les partis de stagnation et de réaction, et de remplir pour le salut et le progrès de îa
République, pour ['émancipation de la classe ouvrière, le mandat politique et social que
î vous m'aviez confié.
Ce mandat républicain, socialiste et révolutionnaire, le seul que je veuille et puisse
‘ accepter, ce mandat qui est le vôtre, je Tai rempli avec fidélité, de tous mes efforts et, je
l’espère, à votre satisfaction.
Votre vote le dira. II le dira, j'y ai foi, avec la netteté nécessaire en ce moment, où
pour conjurer les menaces du césarisme et de la réaction, où pour vaincre les résistances
gouvernementales, où pour déjouer les intrigues politiciennes, la classe ouvrière doit
organiser sa lutte émancipatrice, et la République doit devenir socialiste.
Vive la République socialiste î
Édouard VAILLANT,
Ancien membre de la Commune,
Député sortant.
Parti Socialiste de France
(unité socialiste révolutionnaire.)
Candidature du Citoyen VAILLANT,
Député sortant, ancien membre de la Commune.
Citoyens,
Le Comité électoral socialiste révolutionnaire delà 2e circonscription do 20e arrondisse¬
ment {C haron n e-Père- Laeh a i se ) a jugé utile de mettre ses adhérents et amis à même de
répandre aux attaques de l'ennemi par un résumé des principaux actes et votes de notre
éln, au cours de la dernière législature (mai 1898 — mai 1902).
Nous ne comprenons pas dans ce résumé les actes plus particulièrement collectifs du
groupe socialiste révolutionnaire de la Chambre , dont le citoyen Vaillant est membre
solidaire. Ils ont mené ensemble campagne contre le min istéri alisme soi-disant socialiste,
et affirmé l'impossibilité morale pour on socialiste dJ entrer au Ministère sans être exclu du
parti . Us ont protesté contre tout vote de dépenses cléricales, policières et militaristes, et
de l’ensemble du budget. Ils se sont opposés à la politique de réaction à l’intérieur, comme
à f extérieur de piraterie coloniale et de servilité tsarienne du Gouvernement,
— «22
Nous n’avons pas voulu rééditer encore une fois le programme de notre parti. Vous le
connaissez, c’est celui de l’Unité et du Parti socialiste révolutionnaire. C’est celui pour lequel
en accord avec vous, comme chaque année, à chaque compte rendu de mandat, vous I" toi
a\ez témoigné, le citoyen Vaillant n’a cessé de parier et d’agir.
Nous répugnons à entrer dans les querelles de personnes. La même coalition de forces
de comités et de candidats qui, du cléricalisme au soi-disant radicalisme, s’était formée
en 1808 contre nous peut se reformer aujourd’hui. Elle ralliera les partisans du piétinement
sur place ou du retour au passé odieux du césarisme et de la réaction ; elle ne pourra
entraîner les ouvriers, les militants, les citoyens d’un arrondissement qui depuis si
longtemps se fait honneur d’étre à l’avant-garde du socialisme.
Aussi, est-ce avec la certitude du devoir accompli, avec la conscience d’avoir fait, pour
l'unité et le développement du parti socialiste et pour l’émancipation de la classe ouvrière
tout notre devoir, qu’avec notre élu, avec le Citoyen Vaillant, nous nous présentons devant
vous et comptons sur vos suffrages républicains, socialistes et révolutionnaires.
La Commission exécutive ;
Parti socialiste révolutionnaire et alliance communiste.
(Suivent les signatures).
Parti ouvrier français.
(Suivent les signatures).
Votes et propositions.
1898
Juillet?. — Discours Cavaignac sur l’affaire Dreyfus. Vote de l’affichage à l’unanimité
moins nos élus, dont les faits devaient bientôt montrer la clairvoyance.
Juillet 10. — Réunion de la Commission d’organisation du Congrès international
d’hygiène en 1900. Vaillant nommé rapporteur des conditions d’hygiène du travail.
Les conclusions de son rapport acceptées à l'unanimité par la section du congrès réuni
en 1000. b
Octobre 28. — Rentrée de la Chambre. Chute du Ministère Brisson, trahi par le
général Chanoine. Manifeste des élus socialistes faisant appel à la vigilance du peuple
ouvrier et socialiste.
Novembre 13. - Vote d’uns loi d’amnistie. La Chambre refuse à nos élus l’abrogation
des lois scélérates de 1893 et 1894.
Novembre 22. — Sur proposition d’urgence d’abrogation de la loi cléricale Ealloux,
Millerand, alors dépulé socialiste, ayant fait des réserves, Vaillant proteste et déclare
qu axec ses amis il réclame la laïcisation immédiate de Renseignement, la séparation des
Eglises et de l'Etat, la suppression du budget des cultes et la reprise par la nation des
îens es glises. L’urgence repoussée alors sera, à ses derniers jours, votée parla
Chambre quand ce ne sera plus pour elle l’obligation d’en faire une loi.
Novembre 24. - Interpellation Dejeante sur la conférence de Rome contre les
anarchistes. Vaillant répond au Ministre Dupuy. il demande, par ordre du jour, le refus de
pan oipe. à toute mesure liberticide, l’affirmation d’une politique internationale de justice
sociale, et la convocation d’une conférence pour une législation internationale du travail.
Les socialistes votent contre l’ordre du jour de confiance voté par la Chambre.
Décembre 13, 23, 24. Malgré Vaillant, etc., ajournement à décembre 1899 de la
su pp 1 es si on pour Paris des droits sur les boissons hygiéniques et ajournement indéfini de
la suppression des autres droits d’octroi.
— 823 ~
N° 1462
1899
! Janvier 24. — Vaillant demande à la Chambre dUnviter le Gouvernement à donner
1 1 pour mandat à ses délégués a îa conférence de la Haye, pour la paix :
* 1° Constitution d’un tribunal d’arbitrage pour tous différends entre Gouvernements.
'I Bepoussé par 282 contre 216 voix ;
2° Transformation parallèle des forces militaires offensives de chaque pays en forces
I défensives, par la transformation progressive des armées permanentes en milices nationales
[ sédentaires. Pour : 7b voix ;
I 3e Et, cette transformation effectuée : réduction semblable et graduelle de l’armement
chies dépenses militaires ;
4° Périodicité de conférences internationales pour uqe législation du travail et le règîe-
| meut international des conditions de la production, du commerce et de l’échangé. Repoussé
\ \ par 323 contre 176 voix.
Janvier 30. — Suppression de la police secrète (budget). Tous les ans, un élu socialiste
| [révolutionnaire la réclamera.
Janvier 31. — Vaillant demande que le travail pénitentiaire soit en régie, ne puisse
l faire concurrence au Travail libre, et qu’on lui donne un caractère éducatif professionnel.
Février 9. — Vaillant demande l’augmentation et la répartition impartiale des subven-
E lions aux coopératives de production.
Mars lçr, — Vaillant demande l’organisation des patronages laïques et de l'inspection
médicale des écoles.
Mars 7. — 11 expose la nécessité et lés moyens de transformer la politique militariste
II et offensive en politique pacifique et défensive et de substituer a l'armée permanente la
! milice nationale Sédentaire,
Mars 25, — Il réclame une meilleure organisation du travail des ateliers militaires de
I pu.
Mars 30. — II déclare qu'avec ses amis il votera contre l’ensemble d’un budget milî-
, tariste, clérical et réactionnaire, qui n’est que le compte administratif er financier d’un
régime et d’un gouvernement capitaliste et de réaction. Cette déclaration est renouvelée
| chaque année par un élu socialiste révolutionnaire.
Avril et mai, — Discussion de la proposition de loi Vaillant et du rapport Baudin sur
I les conditions du travail dans les travaux publics. Vaillant expose la nécessité d'une limite
;!| fêgalebpaxima de la durée et rninima du salaire du travail. Des décrets ultérieurs, écartant
J conclusions, édictent celles de Baudin, d’un cours moyen de durée et de salaire dans les
-i l travaux publics.
Mai 12. — Prise en considération de la proposition de loi Vaillant d’assurer l'exercice
fie la liberté de réunion.
Mai 13, etc. — Meeting à la Bourse du travail de Lyon pour projet Vaillant relatif aux
conditions du travail, et contre tout ajournement de la loi sur les accidents du travail. La
Chambre revient sur sa décision d’ajournement.
Mai 14, — Grève des facteurs des postes défendus par notre élu et ses amis.
Juin 12. — Interpellation Vaillant sur les violences de la police à la journée de Long-
panJps. Chute du Ministère Dupuy,
Juin 20. — Constitution d'un Ministère Waldeck-Millerand-Galliffet. Des socialistes»
désormais mïnistérialistes, s’y prétendent représentés par un des leurs. Dès le matin mêVne,
Allant et scs amis protestent par déclaration et par séparation du groupe parlementaire
ministériel . Ils constituent le groupe socialiste révolutionnaire. ïh sont approuvés par le
cjui proteste avec eux, et par les électeurs du 20e arrondissement aux comptes rendus
w mandat.
Juin 26. — Entrée du Ministère à la Chambre. Vaillant décore au nom de ses amis
plis sont à la fois contre les nationalistes et le Ministère GallilTet, l’assassin de la Coin-
et des Parisiens. L’ordre du jour à cet effet est repoussé.
— 824 —
Décembre U. — Nécessité de travaux pour parer au chômage*
Décembre 20. — Discussion de trois jours contre le projet de loi du Gouvernement
révisant la loi de 1892 et augmentant d’une heure la durée du travail des enfants pendant
deux ans, sous prétexte d'unifier la durée du travail dans les ateliers mixtes ou elle serait
ensuite réduite pour tous à dix heures, dans le délai de quatre ans* Vaillant prouve que ce
résultat serait atteint par la stricte application de l'article 3 de la loi du 2 novembre 1&92
du travail de dix heures de l’enfant, qui eut entraîné à bref délai la réalisation, pour tous les
ouvriers, de la journée de dix heures.
1900
Janvier 16. — Vaillant demande que des mesures soient prises pour la sécurité des
voyageurs en chemin de fer.
Février 8. — Réclame un bureau central des postes au 2Ûa arrondissement. Promesse
de l’établir, Ii est eo effet bientôt établi.
Mars 16. — Vote et protestation contre Partiels de règlement Berthelot interdisant
^augmentation des salaires des ouvriers et employés de l’État par voie budgétaire.
Mars 3 et 19. — Amendement Vaillant pour sécurité dans les théâtres, de n'employer
que des matériaux incombustibles ou rendus incombustibles, est adopté et devient l'article 2
de la loi de reconstruction du Théâtre-Français, peu auparavant incendié.
Mars 21. — A la Commission, amendement Vaillant pour la propriété nationale
des sources d'énergie (Eau, etc/), opposé au rapport Quidam pour leur appropriation
privée.
Mars. — Massacre de grévistes à la Martinique. Interpellation Duquesnay, Vaillant et
ses amis déposent un ordre du jour de flétrissure qui est écarté. Ils ne peuvent voter l’ordre
du jour de recherche des responsabilités, parce qu'il implique la confiance.
Avril 10. — Défense de l’assainissement de Paris contre les attaques des députés de
Seine-et-Qise-
Mai 31. — Interpellation Vaillant sur le chômage qui va suivre l'Exposition. Nécessité
d'une préparation de travaux méthodiquement organisés et répartis par les Communes et
FÉtat. Promesses inexêcutées du Gouvernement.
Juin 15. Interpellation Simyan sur la tuerie ouvrière à Chalon-sur-Saône. La propo¬
sition d’enquête parlementaire des socialistes révolutionnaires est repoussée. Ils ne
peuvent voter une autre recherche de responsabilités, l’ordre du jour radical impliquant la
confiance*
Juillet 7* — Régime des blés. Demande de rapport du contre-projet Vaillant. Promesse
donnée et renouvelée le 11 mars 1901 d’un rapport, mais elle n’est pas tenue.
Novembre 6 et 8. — Interpellation sur la politique générale* Vaillant affirme notre
politique antiministéria liste. Nous ne sommes ni ministériels, ni anliministériels, niais
antigouvernementaux, jugeant chaque acte de tout ministère suivant sa valeur. Le seul
souci de l’intérêt delà classe ouvrière et du parti inspire le vote de nos élus.
Novembre 1S, 19 et 20. — Loi des boissons. La Chambre adopte, puis rejette le conire-
projet Vaillant, comportant : 1° Suppression de tout droit sur les buissons; 2IJ Suppression
du privilège des bouilleurs décru ; 3° Monopole d’État de L’alcool* Nas élus voient contiez
licences.
Décembre 12 et 21. — Interpellation Vaillant sur l’annulation arbitraire de délibéra*
tiens du Conseil municipal, mettant en danger les rares libertés municipales, et sur b
nécessité de régler par une loi les droits de Paris, méconnus par le Gouvernement. L ordre
du jour condamnant ces annulations repoussé après pointage par 263 contre 252 vois ^
Chambre reconnaît le ds oit de Paris à une loi de liberté municipale.
Interpellation Denis Guibert, réactionnaire, relative à l’enquête sur le massacra
grévistes de la Martinique, Les socialistes révolutionnaires demandent le châtiment i*
N° 1162
— 825 —
l’enquêteur Picanon. Ils votent contre l’ordre du jour pur et simple réclamé par le Gouver¬
nement et voté par la Chambre.
Décembre 13 et 18. — Amnistie pour alïaire Dreyfus, grévistes, délits politiques et
militaires. Refus à nos élus de l’amnisiie des condamnés des lois scélérates et des conseils
de guerre'. L'amendement Vaillant sur la date y fait comprendre les grévistes condamnés
de Saint-Étienne.
1901
janvier, février, mars. — Loi sur le contrat d’association, adoptée par la Chambre.
L’amendement Zévaès pour la suppression de toutes les congrégations autorisées ot non
autorisées n’est voté que par Vaillant et ses amis et quelques libres penseurs : par 3 h
contre 515 voix.
L’amendement pour que les biens des congrégations forment les premiers fonds des
caisses de retraites ouvrières est repoussé par 397 contre 126 voix dont celles de nos
ê] lis*
L’amendement Vaillant pour que le droit de dissolution par décret des associations
internationales soit limité aux associations religieuses, combattu par Waldeck, est repoussé
par 472 contre 90. .
Au retour de la loi du Sénat, son amendement pour l’abrogation de 1 article 12 du
même effet, est également repoussé.
Juin 3. — Proposition par Vaillant d’un article additionnel à la loi sur les accidents du
travail pour que les maladies professionnelles et la tuberculose ouvrière y soient comprises
pour indemnités et pensions comme accidents du travail. Cet article, à la demande du rap¬
porteur, est disjoint. Plus tard, une Commission administrative est nommée sur la proposi¬
tion de M. Mirman pour examiner cette question.
jUiri ig, _ Loi des retraites ouvrières. Discussion générale. Exposé par Vaillant de la
question et de sa solution exacte par l’assurance sociale.
Juin 20. — Contre-projet Vaillant à la loi des retraites ouvrières ; son exposé. Institu¬
tion d’une assu rance sociale garantissant l’ouvrier et le pauvre contre tons les risques indi¬
viduels et sociaux résultant de l’abandon, de la maladie, de l’infirmité, de l’invalidité, des
accidents, de la vieillesse, du chômage, etc. Ce contre-projet est repoussé par 362 contre
Uü YOix. , ,
Juillet 3* — Ajournement de L’examen de Fimpôt sur ïe revenu. Tous les socialistes
votent contre Fajournement.
Juillet 5. — Vote, malgré les députés de Paris, de 1 amendement Le Moigne, lépar-
tissant, au désavantage de Paris, lé principal de la contribution personnelle-mobiliôre entre,
les départements, proportionnellement à l'ensemble des valeurs locatives d habitation. Le
Parlement est obligé d'atténuer en 1902 cet amendement par un remboursement pailieL
Novembre S et 14. — Vote par nos élus de la loi Bèrteaux réglant la durée du travail
des mécaniciens et des ouvriers des trains, après avoir voté (interpellation Holtz) contre la
co a fiance en un Ministère qui, invité par la Chambre à défendie cette loi devant le Sénat,
F y a combattue.
Novembre. — Emprunt de Chine. Vaillant et ses amis protestent a nouveau contre 1 ex¬
pédition de Pémprunt de Chine qui ifest, suivant la déclaration d explication de leui vote,
qifun emprunt ruineux l’ait pour des missionnaires pillards et \ affirmation d une politique
cléricale ot coloniale de rapines.
Décembre 19. — Interpellation Vaillant sur la révocation do citoyen Vai Daudet, maire
socialiste de Bourges.
Décembre. — Vote motivé contre les primes de la marine marchande, après rejet de
F amendement Vaillant que ces primes ne soient attribuées qu'aux navires réalisant toutes
les conditions d’hygfetie et de sécurité pour les marins.
— fiât;
1902
Février 3. — Réclamation Vaillant contre Fin exécution des mesures et travaux promis
contre le chômage.
Février 4 ■ — Amendement Vaillant au nom des députés de la Seine pour 36 millions à
joindre aux autres crédits des travaux de canalisation, pour l’achèvement du canal de
l’Ourcq. Le crédit est inscrit par la Chambre,
Février U, — Réforme de l’enseignement secondaire. Propositions Vaillant repoussées :
1° Püur cIue les professeurs de chaque lycée forment un comité consultatif du pro¬
viseur ;
2° Pour la transformation progressive de l’internat en externat ;
3“ Pour donner à la classe ouvrière accès à l’enseignement secondaire en faisant des
bourses de cet enseignement un droit pour tous les bons élèves des écoles communales;
Ua En faisant de la science l’élément essentiel de l’instruction et de l’éducation.
Février 24- — Vote d’une motion pour la réduction à deux ans du service militaire. En
exposant qu il la votera à déiaut du service d’un an, sans rengagement, Vaillant montre que
la réduction progressive de durée du service militaire mène à la transformation de l’armée
permanente en milice nationale sédentaire.
l'évrier 25. Proposition Vaillant de supprimer le gouvernement militaire de Paris,
danger permanent de coup d'État militariste. Repoussée par 481 contre 63 voix.
Février 27.— Proposition Vaillant de supprimer les conseils de guerre et de discipline,
ainsi que le code militaire. Repoussée par 463 contre 56 voix.
Mars 7 et 8. Vaillant expose la nécessité de raccordement et de gares communes du
Métropolitain et du chemin de fer de Ceinture. Promesse parle Ministre des Travaux publics
de gares communes.
Mars. —, Proposition Coûtant, au nom du groupe socialiste révolutionnaire, d’inscrire
dans la loi le mandat impératif. Repoussée par la Chambre.
Mars 18. — Déclaration Vaillant contre la prolongation à six ans du mandat législatif
Mars 21. —Proposition du groupe socialiste révolutionnaire pour l’amnistie des -ré,
vistes et des condamnés des lois scélérates. Repoussée par la Chambre.
Mars 29. — Taxes de remplacement de Paris. La Commission propose le renvoi au
Conseil municipal. Pour l’éviter, Vaillant reprend comme contre-projet et la Chambre vote
le projet commun au Conseil municipal et au Gouvernement.
Mars. — Vote d’un jour de repos hebdomadaire, grâce à l’intervention des élus socia¬
listes révolutionnaires, qui fout comprendre en cette loi, avec les employés des postes tous
les ouvriers et employés de l’État.
Février 27 et mars 29. - Amendement Vaillant; Cinq millions pour amélioration de la
ration alimentaire du soldat, trois fois votée à 474, 370 et 378 voix, par la Chambre nuis
réduite par le Sénat à un million* ’
Prépositions de lois du citoyen Vaillant
déposées au cours de la précédente législature et ayant pour objet
ï. — Application à Paris et au département de la
communes et départements.
Seine du droit commun aux autres
II. — Résolution relative au prolongement do la ligne d’Orléans dans Paris.
III. — Suppression des droits d’entrée de l’État sur les boissons hygiéniques.
IV. — Suppression obligatoire de l’octroi.
V. — 1° Suppression des droits de douane sur les blés ;
2° ^fSs014,11116 laVe (C°mplémemaire (le c'elle du Pain) Pour limiter le prix
— 827 — N° 1162
3* institution d’un service national d'approvisionnement en blés et farines ;
Institution d’un service national et communal d’alimentation.
VL — La liberté de la chasse et de la pèche sans autres limites que celles de la pro¬
tection de l’agriculture.
VU. — L’exercice du droit de réunion, par acquisition, aménagement et construction de
salles.
VII I. — Modification du régime des aliénés, en leur assurant, avec [les soins médicaux,
la garantie de la liberté,
IX. — Résolution modificatrice du règlement de la Chambre.
X. — Résolution de révision de la Constitution et institution du droit d’initiative popu¬
laire et de referendum.
XL — Suppression des conseils de guerre et du code militaire,
XII. “ Suppression des gouvernements militaires de Paris et Lyon.
XIII. — Suppression de Farinée permanente par sa transformation progressive en
milice nationale sédentaire,
XIV. — Création d’un ministère du travail,
XV. — Institution d’un domaine agricole et industriel communal.
XVL — Institution de délégués agricoles et d’une protection du travail agricole,
XVII. — Institution de la journée de huit heures et du salaire minimum des employés
et des ouvriers de FÉlat.
XV1IL — Conditions du travail dans les travaux communaux.
XIX. — (Amendement de révision de la loi du 2 novembre 1892) Journée légale de huit
heures pour tous les ouvriers adultes ; inspection des ateliers par délégation ouvrière
sÿDdicale.
XX. — Contre-projet (modifiant la loi sur les syndicats) établissant le droit entier de
coalition ouvrière.
XXL — Institution d’une assurance complémentaire, transformant los services d’assis¬
tance publique en services d’assurance ouvrière, formant contre-projet au projet de loi sur
l’assistance des vieillards indigents.
XXII. — Institution dfune assurance sociale, formant contre-projet au projet de loi sur
les retraites ouvrières.
NOTA. — Nous avons cru devoir donner cette liste des propositions et dés principaux
amendements du citoyen Vaillant comme un exemple caractéristique de l’application, aux
questions actuelles, de la méthode socialiste.
— 828 —
1TC circonscription de SAINT-DENIS
M* Adrien TEBER
Élu au 2° tour de scrutin* — * 8,057 voix.
Comité Républicain Socialiste
Citoyens,
Les élections du 27 avril prochain auront, pour toute la France et pour r avenir de la
République, une importance décisive. Pour notre circonscription, elles prennent, en outre,
une signification particulière, à cause de l'indifférence paresseuse du député sortant*
La Chambre nouvelle aura pour mission d'arracher enfin la République aux dernières
convulsions nationalistes des coteries rétrogrades qui la déshonorent.
Tous les démocrates sincères voudront déblayer le terrain politique des barrières arti¬
ficielles et des obstacles dont l'encombrent périodiquement, et comme à plaisir, les coali¬
tions multicolores d’un nationalisme menteur, qui s’appuie sur un Méline rebelle à la
démocratie.
D’un côté, se groupent contre les idées émancipatrices de la Révolution française,
contre les traditions républicaines de la Nation, toutes les doctrines brumeuses du passé,
bizarrement amalgamées pour étourdir le peuple, afin de maintenir intacts les abus et les
iniquités*
De Pauire côté, contre les raonarchiens, les césarïens, la duperie plébiscitaire, et la
triste équivoque nationaliste, se dressent tous les gens de cœur, les vrais républicains, pro¬
gressistes, radicaux, socialistes, et tous les travailleurs conscients, réclamant des réformes
économiques et sociales*
11 faut que dans la Chambre une majorité réellement réformatrice et économe se
constitue, formée par le concours de toutes les volontés de progrès, laissant à chacun son
idéal et son programme, mais groupant les efforts de tous les démocrates, de tous les socia¬
listes, sur quelques points d’action immédiate.
Un élan commun doit jeter tous les républicains, tous les socialistes, à un assaut
suprême, capable de renverser les embûches du cléricalisme, de briser les résistances
conservatrices des plêtineurs du Sénat, et de venir à bout de la féodalité financière, mono-
poleuse et nationaliste*
Dans ce nouveau Parlement, nous estimons que le député des cantons de Pantin et de
Noisy-le-Sec doit prendre place au premier rang : c'est pourquoi nous présentons à vos
suffrages un des hommes qui ont travaillé le plus activement à préparer l'œuvre républi¬
caine socialiste, et dont la place se trouve ainsi marquée d’avance.
Notre ami, le citoyen Adrien Veber, président du Conseil général, est né le 8 mars 1861,
aux environs de Metz. Après la guerre de 1870-1871 et l’annexion de son pays à l'Allemagne,
Adrien Veber fit ses études au lycée de Gharleville* Destiné à la carrière de Renseignement,
il fut de 1879 à 1883 maître-répétiteur au lycée Saint-Louis, ou il fonda « l'Association
générale des maîtres- répétiteurs », et le journal la Réforme universitaire .
Il préparait sa licence ès lettres lorsque, pour avoir donné une allure pamphlétaire à
ce journal, il fut mis à la disposition du recteur, qui le fit nommer instituteur de la ville de
Paris.
Au prix d'un labeur supplémentaire, Adrien Veber conquit le titre d'avocat a la Cour
d'appel, que dans la suite il utilisa, non pour son profit, mais pour la défense des prolé¬
taires et des socialistes.
Adrien Veber fut aussi secrétaire dé Benoît Malon et collabore encore actuellement à la
Revue socialiste, dont il est le secrétaire de rédaction.
Élu conseiller municipal de Paris, eu 189G, par le quartier des Grandes-Carrières, le
citoyen Adrien Veber conquit rapidement, grâce à son travail persévérant, une influence
énorme, que ses collègues consacrèrent eux-mêmes en rappelant à la présidence de
diverses Commissions, en lui confiant les rapports les plus importants, en le nommant suc-
sessivement vice-président du Conseil municipal de Paris, président du Conseil général de
la Seine.
H prit une part active à toutes les discussions importantes du Conseil municipal et du
Conseil général, principalement à celles d’ordre budgétaire, économique et social, et à
toutes celles concernant les moyens de transport.
Sous rancien Conseil municipal, il était rapporteur général des moyens de transport.
C’est donc en partie à son infatigable collaboration que la banlieue doit le réseau actuel des
tramways de pénétration.
C’est à Adrien Veber que les employés du Métropolitain et des Tramways, que les
employés et ouvriers de toutes les concessions de services publies doivent l’insertion, dans
les cahiers des charges, de clauses en leur faveur; par exemple : le commissionnement, un
salaire quotidien minimum de 5 francs, la journée de dix heures, etc.,.
Adrien Veber s est constamment et efficacement attaché à la défense de la classe ouvrière
et des petits contribuables.
Des ordres du jour de félicitations lui furent envoyés, à différentes reprises, par divers
syndicats, notamment par le syndicat des chiffonniers, par le syndicat des employés et par
le syndicat des peintres, pour son énergique attitude en* faveur de l'observation des prix do
série et contre l’odieuse pratique du marchandage.
Dans le discours qu’il prononça au début de sa présidence, le citoyen Adrien Veber a
tenu à reporter l’honneur qui lui était fait sur le parti socialiste, auquel il a toujours et
uniquement appartenu. Et c’est pour cela que les membres des groupes d’études sociales
de Noisy-le-Sec, Bosny-sous-Bois, Le Pré- Sain t-Ger vais, Bondy, Villemonble ont pris l’ini¬
tiative de lui offrir la candidature législative.
Dans la galerie des « Hommes de la Cité », sous la signature de M. Pierre Froment,
nous lisons :
« M. Adrien Veber possède de grandes qualités de travail et, dans les discussions
publiques ou dans les commission s, il a toujours su défendre avec talent ses idées et ses
convictions. Les affaires qu’il a eu à examiner et les rapports qu’il a faits sont considérables
et se rapportent à des matières difficiles à traiter; la tâche a été souvent ardue; il a fallu
entamer des négociations délicates avec les pouvoirs publics, et M. Veber a toujours débattu
et soutenu avec énergie les intérêts delà ville de Paris et du département contre les préten¬
tions de l’État.
« Les plus importants de ses travaux ont été imprimés; ce sont des travaux sur l’appli¬
cation du système dit des 3/12 dans le service de l’octroi ; sur l’insertion, dans les cahiers
des charges des concessions départementales, de clauses assurant aux ouvriers, employés
par les" concessionnaires, les mêmes conditions de travail que celles votées par le Conseil
municipal de Paris en faveur des travailleurs communaux; sur des négociations engagées
avec la Compagnie des omnibus et tendant à des stipulations en faveur du personnel par
elle employé et sur l’insertion, dans Tes cahiers des charges des concessions, de clauses
assurant aux ouvriers employés par les concessionnaires au moins les mêmes conditions de
travail que celles votées par le Conseil municipal en faveur des travailleurs communaux;
sur l’application de la loi du 26 septembre 1807 dans le cas d’expropriation pour cause d’uti¬
lité publique ; sur les taxes de remplacement de l’octroi; sur l’incorporation, dans la régle¬
mentation des étalages, de conditions en faveur des employés; sur la suppression de
l'abonnement consenti aux brasseurs de Paris, et l’institution d’un nouveau régime des
bières comportant l’affranchisse ment de la petite bière; sur l'organisation d’une caisse
municipale d’assurances contre l’incendie ; sur rabaissement du prix du gaz à quinze cen-
— 830 —
tintes le métré cube et l’organisation dü service du gaz en régie directe à partir du lQr jan¬
vier 19ÛG, etc.
« M. Adrien Veber faitpartiedes Commissions suivantes : Commission des finances, Com¬
mission des taxes de remplacement de l’octroi, Commission du métropolitain, Commission
spéciale chargée de négocier avec l’État pour l'aliénation des terrains rendus libres par la sup¬
pression des fortifications, Commission des économies, Commission d’admissibilité aux adjudi¬
cations, Commissions de vérification des comptes des compagnies des omnibus, du métro¬
politain et du gaz; il est membre des Commissions de surveillance du collège Ghaptaî, du
collège Hollin, de l’école Ëdgar-Quinet, de l’école professionnelle de la rue Ganneron; il fait
aussi partie de la Commission de réorganisation de l’habillement de la Préfecture de la Seine,
de la Commission des prisons de la Seine, etc...; M. Adrien Veber est vice-président de
la Commission mixte des omnibus et tramways ; président de la Commission départe¬
mentale du travail et président du comité départemental de protection des enfants du
premier âge. »
Manifeste de la Fédération r épu bli gain ê-raui cale- sü ci Aliste
Électeurs,
Ne présentant aucun candidat dans la première circonscription de l’arrondissement de
Saint-Denis, la Fédération républicaine radicale-socialiste vous engage vivement à donner
vos suffrages au citoyen Adrien Veber, président do Conseil général de la Seine.
Le citoyen Veber est un travailleur infatigable, ses adversaires ne peuvent le nier.
C’est un ferme républicain, que nous trouverons toujours prêta lutter contre les entreprises
de la réaction.
L’idéal social du citoyen Veber n’est peut-être pas entièrement semblable au nôtre;
mais l’esprit positif de ce candidat nous est un gage suffisant qu’il s’inspirera avant tout
des nécessités de notre époque, des besoins de notre circonscription, de l’intérêt supérieur
de la France.
Les partis du passé prennent le masque du patriotisme pour vous tromper.
Vous saurez déjouer leurs intrigues et, derrière le déguisement nationaliste, recon¬
naître les cléricaux, les royalistes, les impérialistes, les arrivistes, qui veulent exploiter, au
profit de leur dêtesiable ambition, l’amour que tous nous avons pour la Patrie.
Avec nous, voua voterez pour le citoyen Veber, dont PélecÜon sera le triomphe de la
République dans la circonscription.
Vive la France 1
Vive la République!
(Suivent les signatures.)
Citoyens,
Par sa double vie d’action et d’études, Adrien Veber possède, en même temps qu’un
passé digne de tous éloges, une indiscutable compétence en matière administrative.
Ses études approfondies des questions politiques et sociales, son énergie démocratique,
ses convictions républicaines et socialistes assurent en sa personne, aux cantons de Pantin
et Noîsy-ie-Sec, un représentant digne d’eux, capable de défendre à la tribune vos volontés
d’ordre général et vos revendications particulières.
En donnant vos suffrages au citoyen Adrien Veber, vous déjouerez l’espoir de ceux qui
prétendent confisquer votre circonscription.
Lo 27 avril, vous arracherez les cantons de Pantin et de Noïsy-Ie-Sec â l’incurie et à
l’incapacité, vous proclamerez votre indépendance, vous affirmerez votre volonté de remettre
tes intérêts de votre circonscription et ia défense du programme républicain socialiste attf
mains d’un convaincu et d’un laborieux.
— 831 — N° 1162
Au nom de I union républicaine socialiste, vous voterez tous pour Adrien Veber, qui, au
Conseil général, a su grouper sur son nom tous ses collègues républicains, sans distinction
étiquettes, et sms aucune exception.
Le scrutin du 27 avril doit être une imposante manifestation de sympathie pour le
travailleur qui vous présente toutes garanties de vigilance républicaine, de sincérité socia¬
lisé et de capacité énergique et dévouée :
Adrien VE3ER, avocat à la Cour d’appel.
Président du Conseil général de la Seine,
Pour le Comité électoral républicain socialisée des cantons de Pantin et INoisy-le-Sec,
(Suivent les signatures.)
2* circonscription de SAINT-DENIS
M- WALTER
Éïu au T tour de scrutin, — 10.165 vois
Aucun document concernant cette élection n’est encore parvenu h la Commission,
3° circonscription de SAINT-DENIS
M. MESMER
Elu au 2e tour de scrutin* — 7,258 voix.
Parti Socialiste Français
fédération des groupes socialistes révolutionnaires
Citoyens,
% nécessité d alTirmei la vitalité du Paiti socia ist*c clans la nouvelle circonscription de
«il ut-Denis s’impose plus que jamais.
Les vieux partis monarchiques' que l’on croyait écrasés à jamais sous le poids de leurs
'nmes accumulés, se relèvent. Dans l’ombre des sacristies, Basiles royalistes et Racapoils
inapariisos conspirent et se groupe ni. /
L’Égljsu, directrice de ce mouvement, a mis dans son organisation la duplicité caute-
euse et jésuitique de sa méthode.
.jJ1 faut avant tout lrjmper les naïfs et les jeunes générations, en les grisant, de chauvi-
e; leur visage a arboré le musqué à étiquette démocratique, et si leurs bras criminels
'-ut embrasser [ \ République, c’eat pour la mieux étrangler.
L’or coule à pleins, bords. Les agioteurs, les fils d’émigrés, traîtres à la France de la
Révolution et enrichis par des mariages mercenaires avec les (ii les des gros banquiers juifs
ou des accapareurs américains, ont ouvert leurs coffres-forts; ils osent prétendre que leur
richesse, qu’ils ont volée au travail, est assez grande pour acheter le suffrage universel de
la nation; et le pape bénit leurs espérances, au service desquelles quelques généraux
factieux sont prêts à mettre leur sabre.
Dans cette latte, au nom du travail opprimé et de la science libératrice, nous procla¬
mons le droit nécessaire à l’existence pour la République, outil des réformes du présent et
des transformations de l’avenir.
Mais nous n’oublions pas que la forme gouvernementale bourgeoise et capitaliste qui,
depuis trente ans, représente politiquement la République, a été le triomphe de l’égoïsme
individuel; elle a favorisé les spéculations des hauts barons de la finance; elle a laissé
croître la misère par le chômage et l’avilissement des salaires, et n’a répondu aux mises en
demeure du droit ouvrier que par des déclarations platoniques et vagues, L,a féodalité du
capital grandit tous les jours, et sa monstrueuse vitalité est due a l’exploitation innom¬
mable des classes productrices, chaque jour plus épuisées et plus meurtries.
La République sociale, réglementant la production, fera disparaître l'anarchie écono¬
mique dont chacun souffre.
Dans la société nouvelle, libérée des entraves capitalistes, l’homme agrandi et meilleur
sera véritablement libre. C’est vers elle que nous entraînent nos aspirations généreuses,
les leçons de l’histoire et les indications de la science.
Pour la défendre dans la circonscription et la faire triompher, nous avons désigné
comme candidat le citoyen docteur A, Meslier,
Le passé de notre camarade, ses luttes pour U propagande et la diffusion des idées
socialistes, son dévouement infatigable à la cause des travailleurs, sa connaissance des
besoins de nos populations au milieu desquelles il vit depuis douze ans, sont les titres qui
ont guidé notre choix et nous ont déterminés à le présenter à vos suffrages.
Citoyens,
Nous avons confiance dans votre verdict, nous avons la conviction profonde que, le
27 avril 1902, cette belle circonscription qui, depuis de longues années, est à l’avant-garde
de la démocratie et du socialisme, fera triompher la République sociale sur le nom (lu
citoyen :
Docteur A. MESLIER.
DfiCLAIÏAflON DE PIÎIXC.IPES
Le socialisme procède tout ensemble du mouvement de a dem cru lie et des formes
nouvelles de la production. Historiquement et dés le lendemain de la Révolution française,
les prolétaires se sont aperçus que la Déclaration des Droits de l’homme resterait illusoire
sans une transformation sociale de la propriété. Comment, en effet, «la liberté, la pro¬
priété, la sûreté » pourraient-elles être garanties à tous dans une société où des million
de travailleurs ne possèdent que leurs bras et sont obligés pour vivre de vendre lt ur force
de travail à la minorité possédante? C’est donc pour étendre à tous les citoyens les garan¬
ties inscrites dans la Déclaration des Droits que notre grand Babeuf a deman 6 la propriété
commune, garantie du bonheur commun. Le communisme était, pour les prolétaires les
plus hardis, l’expression suprême de la Révolution.
Entre le régime politique issu du mouvement révolutionnaire et le régime ûcononnqu®
— 833 -
Nû 1162
de la société, il y a une contradiction intolérable. Dans l'ordre politique, la démocratie se
réalise : tous les citoyens participent également, an moins en droit, à la souveraineté; lu
suffrage universel est le communisme du pouvoir politique. Dans l'ordre économique, au
contraire, c’est une minorité qui est souveraine. C'est l'oligarchie du capital qui possède,
dirige, administre, exploite.
Les prolétaires sont reconnus aptes, comme citoyens, à gérer les milliards du budget
national et communal. Comme travailleurs, dans Fntelier, ils no sont qu'une multitude
passive qui n'a aucun droit à la direction des entreprises ; ils subissent la domination d'une
classe qui leur fait payer cher une tutelle désormais inutile et arbitrairement prolongée,
La tendance irrésistible des prolétaires est donc do faire passer dans l'ordre économique
la démocratie partiellement réalisée dans l'ordre politique. De même que tous les citoyens
posèdent et manient en commun, démocratiquement, le pouvoir politique, ils doivent pos¬
séder et manier en commun le pouvoir économique et les moyens de production.
Ils doivent nommer eux-mêmes les chefs du travail dans les ateliers, comme ils nom¬
ment les chefs du gouvernement dans la cité et réserver à ceux qui travaillent et à la com¬
munauté tout le produit du travail.
Cette tendance delà démocratie politique à s'élargir en démocratie sociale a été fortifiée
et précisée par toute révolution économique. A mesure que le régime capitaliste dévelop¬
pait ses effets, le prolétariat prenait conscience de l’opposition irréductible de ses intérêts
essentiels aux intérêts de ia classe socialement dominante et, à la forme bourgeoise de la
démocratie, il opposait de plus en plus l'entière et profonde démocratie communiste.
Tout espoir d'universaliser la propriété et Tin dépendance par la multiplication des
petits producteurs autonomes a disparu. La grande industrie est, de plus en plus, la loi de
la production moderne. Par l'élargissement du marché du monde, par la facilité croissante
des transports, par la division du travail, par l’application grandissante du machinisme,
par la concentration des capitaux, l 'immense production concentrée peu à peu subor¬
donne les petits et moyens producteurs. Là même où le nombre des petits industriels, des
petits commerçants, des petits propriétaires paysans ne diminue pas, leur importance rela¬
tive dans ['ensemble de la production décroît sans cesse, fis tombent sous la dépendance
du grand capital. Même les propriétaires paysans qui semblent avoir retenu un peu d’auto¬
nomie sont de plus en plus livrés aux forces écrasantes du marché universel que manie
sans eux et contre eux le capitalisme.
Pour la vente de leurs blés, de leurs vins, de leurs betteraves, de leur lait, ils sont de
plus en plus à la merci des grands intermédiaires ou des grandes industries de la meune¬
rie, du sucre, de l'alcool, qui dominent et rançonnent le travail paysan. Les prolétaires
industriels ayant perdu à peu près toute chance de s'élever individuellement au patronat, et
condamnés ainsi à une dépendance éternelle, sont, en outre, soumis aux crises incessantes
de chômage et de misère que déchaîne ïa concurrence déréglée des grandes forces capita¬
listes.
L’immense progrès de la production et de la richesse, largement usurpée par des
classes parasitaires, n'a pas abouti pour les travailleurs, pour les prolétaires* à un progrès
équivalent de bien-être et de sécurité. Des catégories entières de salariés sont brusque¬
ment jetées dans l'extrême misère par le renouvellement incessant de l'outillage et par les
déplacements et les transformations brusques de l'industrie.
Le capitalisme lui-même avoue le désordre du régime actuel de la production, puisqu'il
essaie de la régler à son profit par les syndicats capitalistes, par le trust. Même, s'il parve¬
nait à discipliner, en effet, toutes les forces de productions, ce ne serait qu’en portant au
plus haut degré la domination et le monopole du capital.
Il n’y a qu'un moyen d’assurer l’ordre et le progrès continu de la production, la liberté
de tous les individus et le bien-être croissant de lous les travailleurs, c'est de transférer à
la collectivité, à la communauté sociale, la propriété des moyens capitalistes de pro¬
duction.
Le prolétariat, tous les jours plus nombreux, toujours mieux préparé à une action d'en-
105
— su -
semble par la grande industrie elle-même, comprend que c’est dans le collectivisme ou le
communisme qu’est pour loi le moyen nécessaire de salut. 11 s’oppose comme classe
opprimée et exploitée à toutes les forces d’oppression et d’exploitation, à tout le système de
propriété qui le ravale à n’être qu’un instrument. Il n’attend pas sa libération de la bonne
volonté des dirigeants on de la générosité spontanée des classes possédantes, mais de la
oression continue, méthodique, qu’il exerce sur les privilégiés et sur les pouvoirs publics.
11 se propose comme but final non pas une amélioration partielle, mais la transformation
totale de la société. Et comme il ne reconnaît aucun droit à la propriété capitaliste, il ne sc
sent lié à elle par aucun contrat. Il est décidé à lutter contre elle à fond et jusqu’au bout,
et c’est en ce sens que, même quand il use des moyens légaux que la démocratie met en
ses mains, le prolétariat est et doit rester une classe révolutionnaire.
Déjà par la conquête du suffrage universel, par la conquête et l’exercice du droit de se
coaliser pour la grève et du droit de se syndiquer, par les premières lois de réglementa¬
tion du travail et d’assurance sociale,, le prolétariat a commencé à réagir contre les funestes
effets du régime capitaliste. 11 continuera ce grand et incessant effort, mais il ne cessera la
lutte que lorsque toute la propriété capitaliste aura été résorbée par la communauté, et
lorsque l’antagonisme des classes aura pris ün par la disparition des classes elles-mêmes,
réconciliées ou plutôt unifiées dans la production et la propriété commune.
Comment s’accomplira la suprême transformation du régime capitaliste en régime
collectiviste ou communiste? Il est impossible à l’esprit, humain de déterminer d'avance le
mode selon lequel s’accomplira l’ histoire. La Révolution démocratique et bourgeoise, qui a
eu son origine dans le grand mouvement de la France de 1789, a abouti, selon les pays,
par les voies les plus diverses. Le vieux système féodal a cédé, tantôt à l’évolution paci¬
fique et lente, tantôt à la force. La bourgeoisie révolutionnaire, selon les lieux et les temps,
a procédé tantôt à l’expropriation brutale et saas indemnité, tantôt au rachat des servi¬
tudes féodales. Nul ne peut savoir selon quel mode la servitude capitaliste sera abolie.
L’essentiel, c’est que le prolétariat soit toujours prêt à l’action la plus vigoureuse et la
plus efficace 11 serait dangereux d’écarter l’hypothèse d’évènements révolutionnaires qui
peuvent être suscités ou par la résistance ou même par l’agression criminelle des privilé¬
giés Il serait funeste, sur la foi du seul mot de Révolution, de négliger les grandes forces
d'action légale dont dispose dans la démocratie le prolétariat conscient et organise. Ces
moyens légaux, souvent conquis par la Révolution, représentent une accumulation de force
révolutionnaire, un capital de révolution qu’l! serait insensé de ne pas faire valoir. Trop
souvent les travailleurs négligent de tirer parti des moyens d’action que la démocratie et la
République mettent en leurs mains. Ils ne demandent pas à l’action syndicale, à faction
coopérative, au suffrage universel, tout ce que ces forces d’action peuvent donner. 11 n’y a
pas de formule, il n’y a pas de mécanisme qui puisse dispenser la classe ouvrière de
l’effort constant d’organisation et d’éducation.
L’idée de la grève générale, des grèves générales, est invinciblement suggérée aux
prolétaires par l’ampleur croissante de l’organisation ouvrière,
’ Ils ne désirent pas la violence, qui est bien souvent l’effet d’une organisation msuHi-
santc et d’une éducation rudimentaire du prolétariat. Mais iis commettraient une grande
faut-' en n’usant pas de ce puissant moyen d’action qui coordonne les forces ouvrières au
service de grands intérêts ouvriers ou sociaux. Ils doivent se grouper, s’organiser pour mm
en état de faire sentir toujours plus fortement à la classe privilégiée le vide que peut soudain
créer dans la vie économique des sociétés le brusque arrêt du travail fatigué d'une exploi-
talion sans fin, , _ p_
Ils peuvent par là arracher à i’égoistne des privilégiés de grandes reformes d un
intérêt ouvrier général et hâter la transformation complète d’une société injuste. Mais la
formule de la grève générale, comme la grève partielle, comme l’action politique, ne vaut
que par le progrès de l’éducation, do la pensée, de la volonté, dans la classe ouvrière.
Le Parti socialiste défend dans la République un moyen nécessaire de libération et
d’éducahon. Le socialisme est essentiellement républicain. On peut dire qu’il est la Repu-
blique elle-même, puisqu'il est l'extension de la République au régime de la propriété et du
travail.
Le parti socialiste a besoin, pour l’organisation du monde nouveau, d’esprits libres,
affranchis des superstitions et des préjugés. 11 demande pour tous les Êtres humains, pour
tous les individus, et il leur garantit, la liberlé absolue de penser et d’écrire, d’affirmer
leurs croyances ; il oppose à toutes les religions, à tous les dogmes, à toutes les Églises,
aussi bien qu’aux conceptions de classe de la bourgeoisie, le droit illimité de la pensée
libre, la conception scientifique de ['univers et un système d’éducation publique exclusive¬
ment fondé sur la science et sur la raison -
Ainsi habitués à la pensée libre et à la réflexion, les citoyens seront à l’abri des
sophismes de la réaction capitaliste et cléricale. Les petits industriels, les petits commer¬
çants, les petits propriétaires paysans cesseront de croire que c’est le socialisme qui veut
les exproprier. Le Parti socialiste hâtera l’heure où les petits propriétaires paysans, ruinés
par la mévente de leurs produits, criblés d’hypothèques et toujours sous le coup de l’expro¬
priation judiciaire, comprendront enfin les avantages de l’association généralisée et systé¬
matisée et réclameront eux-mêmes comme un bienfait la socialisation de leur lopin de
terre.
Mais il serait inutile de préparer à l’intérieur de chaque nation une organisation de
justice et de paix, si les rapports des nations entre elles restaient livrés à toutes les entre¬
prises de la force, à toutes les suggestions des convoitises capitalistes. Le l’arti socialiste
veut la paix entre les nations, il condamne toute politique d'agression et de guerre, qu il
s’agisse de guerre continentale ou de guerre coloniale. 11 maintient constamment à 1 ordre
du jour des pays civilisés le désarmement simultané. Et, en attendant le jour de la paix
définitive entre les nations, il combat l’esprit militariste en acheminant de tout son effort
!e système des armées permanentes au système des milices. Il veut protéger contre toute
surprise le territoire et l’indépendance de la nation. Mais toute politique offensive et tout
instrument offensif sont condamnés à fond par lui. L’entente étroite des travailleurs, des
prolétaires de tous les pays est nécessaire, aussi bien pour refouler les forces d’agression
et de guerre que pour préparer, par une action concertée, l’avènement général du socia¬
lisme. L’accord entre les prolétaires militants de tous les pays préparera l’avènement d’une
humanité libre ou la diversité des nations, au lieu d’être un principe de lutte et de haine,
sera un principe d’émulation fraternelle dans l’universel progrès humain.
C’est dans ce sens et pour ces raisons que le Parti socialiste a formulé clans ses Congrès
la règle et le but de son action : Entente et action internationales des travailleurs; organi¬
sation politique et économique du prolétariat en parti de classe pour la conquête du pou¬
voir et la socialisation des moyens de production et d’échange, c'est-à-dire transformation
de la société capitaliste en société communiste.
Programme des Réformes
Le Parti Socialiste français, repoussant la politique du tout ou rien, a un programme
de réformes dont il poursuit dès maintenant la réalisation :
1. Démocratisation des Pouvoirs politiques.
1. Suffrage universel direct, sans distinction de sexe, et dans toutes les élections.
2. Réduction du temps de résidence.
3. Scrutin de liste avec représentation proportionnelle dans toutes élections.
h. Mesures législatives pour assurer la liberté et le secret du vote.
5. Droit d’initiative populaire et referendum.
6. Suppression du Sénat et de la présidence de la République. Les attributions actuelles
du président de la République et du Conseil des ministres seront dévolues a un Conseil
exécutif, nommé par le Parlement*
7. Réglementation par la loi du mandat législatif, révocable par un vote de la moitié
plus un des électeurs inscrits,
8. Admission des femmes à toutes fonctions publiques.
9. Liberté absolue de la presse et de réunion, sous la seule garantie du droit commun.
— Abrogation de toutes les lois d’exception sur la presse* — Liberté des associations
civiles.
10. Pleine autonomie administrative des départements et des communes, sous la seule
réserve des lois garantissant le caractère républicain, démocratique et laïque de REtat.
IL Laïcisation complète de PÊtat.
Séparation des Églises et de RÉtat; — - suppression du budget des cultes et liberté des
cultes; interdiction de Faction politique et collective des Églises contre les lois civiles et les
libertés républicaines.
Suppression des congrégations; “ nationalisation des biens de mainmorte de toute
nature leur appartenant, et affectation de ces biens à des œuvres d'assurance et de solida¬
rité sociales ; en attendant, interdiction aux congrégations de toute entreprise industrielle
et commerciale.
III. Organisation démocratique et humaine de la Justice.
1. Substitution à tous les tribunaux actuels, civils ou criminels, de tribunaux formés
par un jury pris sur la liste électorale et par des juges élus sous des garanties de compé¬
tence ; le jury sera formé par voie de tirage au sort sur des listes dressées par le suffrage
universel.
2. Gratuité de la justice.
3. Transformations en fonctions publiques des offices ministériels; suppression du
privilège des avocats.
é- Instruction et expertise contradictoires à tous degrés et sut tous points.
5. Substitution au caractère de représailles et de vindicte des pénalités actuelles, d'un
système de préservation sociale et demanderaient du condamné.
6. Abolition de la peine de mort,
7. Suppression des tribunaux militaires et maritimes.
IV, Constitution de la famille conformément aux droits individuels.
Abrogation de toutes les lois qui établissent l’infériorité civile des femmes et des
enfants naturels ou adultérins*
Législation plus libérale du divorce.
Loi sur la recherche de la paternité.
V. Education humaine, civique et professionnelle.
1. Gratuité de renseignement à tous les degrés.
2. Entretien des enfants à la charge des collectivités pour le premier degré de Rensei¬
gnement.
3. Pour Renseignement secondaire et supérieur, mise à la charge des collectivités de
ceux des enfants qui, après examen, seront reconnus aptes a poursuivre utilement leurs
études.
4. Création d’un enseignement populaire supérieur,
5. Monopole de Renseignement aux trois degrés par RÉtat; subsidiairement, interdic¬
tion à tout membre do clergé régulier ou séculier d'ouvrir une école et d7y enseigner.
— 837 —
N° 1162
VL Bejonle générale du système dHvipâts dam un sens de solidarité sociale *
1. Abolition de tous les impôts sur les objets de consommation de première nécessité
et des quatre contributions directes; subsidiairement, dégrèvement de toutes les petites
eûtes foncières et des petites patentes*
2. Impôt global progressif et personnel sur les revenus supérieurs a 3*000 francs*
3. Impôt progressif sur les successions, la progressivité étant calculée h la fois sur le
chiffre de la succession et sur l’éloignement du degré de parenté*
4. Faculté pour l’Etat de demander à certains monopoles une part des ressources qui
lui août nécessaires'.
VIL Protection et réglementation légales du travail dans VindûstHe , le commerce
et Vagriculture .
L Repos d’un jour par semaine, ou interdiction pour les employeurs de faire travailler
plus de six jours sur sept.
2* Limitation de la journée de travail à huit heures ; subsidiairement, vote de tonte
disposition diminuant la durée de ia journée de travail.
3* Interdiction de faire travailler les enfants âgés de moins de quatorze ans; système
de la demi-journée de travail pour les adolescents, et combinaison du travail productif avec
leur instruction et leur éducation.
é. Interdiction du travail de nuit pour les femmes et les adolescents. Interdiction du
travail de nuit pour les ouvriers adultes de toutes les catégories et dans toutes les indus¬
tries où le travail de nuit n’est pas absolument nécessaire.
5. Législation protectrice du travail à domicile.
6. Interdiction du marchandage et du payement en nature (économats).
7. Reconnaissance légale de la mise à l’index.
8. Fixation, par l’accord des municipalités et des corporations ouvrières de ^industrie,
du commerce et de l’agriculture, de séries de prix constituant le salaire minimum.
9. Interdiction aux patrons de toute réduction de salaire, sous forme d’amende ou
autrement Intervention des ouvriers dans les règlements spéciaux d’ateliers.
10* La surveillance des ateliers, fabriques, usines, mines, chantiers, services publics,
magasins, etc., concernant les conditions de travail, d’hygiène et de sécurité, sera exercée,
concurremment avec les inspecteurs de l’Etat, par des inspecteurs élus par les syndicats
ouvriers,
IL Extension de la prud’homie à tous les salariés de l’industrie, du commerce ot de
^agriculture.
12, Mise en régie du travail des condamnés. Le prix de tout travail effectué sera le
pris normalement payé aux ouvriers syndiqués*
13. Repos légal des femmes, six semaines avant et six semaines après 1 accouche¬
ment.
VIII. Assurance sociale contre tous les risques naturels et économiques .
1* Organisation par la nation d’un système d’assurance sociale s’appliquant à la tota¬
lité des travailleurs de l’industrie, du commerce, de l’agriculture, contre les risques de
maladie, d’accident, d’invalidité, de vieillesse et de chômage,
2. Constitution du fonds d’assurance sans prélèvement sur les salaires; subsidiaire¬
ment, limitation du prélèvement opéré sur les salariés au tiers de ia contribution totale,
les deux autres tiers devant être fournis par l’Etat et les employeurs,
3. Amélioration de la loi sur les accidents du travail et son application sans distinction
I® nationalité.
ù* Participation des travailleurs au contrôle et au fonctionnement du service d’assu¬
rance*
— 838 —
IX. Extension du domaine et des services publics industriels et agricoles de l’Etat , des
Départements et des Communes.
1. Nationalisation des chemins de fer, des mines, de la Banque de France, dos assu¬
rances, des raffineries de sucre et des sucreries, de l’alcool, de la grande meunerie.
2. Organisation d’un service public de placement pour les travailleurs, avec lé concours
des Bourses du travail et des organisations ouvrières, et suppression des bureaux privés,
3. Service national et communal d’hygiène et renforcement des lois qui protègent la
santé publique (logements insalubres, etc ).
/j. Organisation par l’Etat d’un crédit agricole.
5. Subvention aux communes rurales pour les aider à acheter l’outillage agricole col¬
lectif, à acquérir des domaines communaux, gérés sous le contrôle des communes par des
syndicats de travailleurs ruraux, et h créer des magasins de dépôt et des warrants.
G. Organisation de services communaux de l’éclairage, de l’eau, des transports en
commun, de construction et de régie d’habitation à bon marché,
7. Administration démocratique des services publics nationaux et communaux avec
participation des organisations ouvrières à leur fonctionnement et à leur contrôle, avee droit
de se syndiquer à tous les salariés de tous les services publics.
X. Politique de paix internationale et adaptation de l'organisme militaire à la défense
du pays.
1. Substitution des milices à l’armée permanente et adoption de toutes les mesures
comme les réductions d& service militaire qui y conduisent.
2. Refonte et adoucissement du Code pénal militaire ; suppression des corps discipli¬
naires et interdiction de prolonger le service militaire en guise de pénalité.
3. Renonciation à toute guerre offensive, sous quelque prétexte que ce soit.
ii. Renonciation à toute alliance qui n’aurait pas pour objet exclusif le mainüeu de la
paix.
5. Renonciation aux expéditions militaires coloniales, et, dans les colonies actuelles ou
pays de protectorat, soustraits à l’influence des missionnaires et au régime militaire, déve¬
loppement d’institutions protecirices des indigènes.
4" circonscription de SAINT-DENIS
Mi Firmiu FAURE
Élu au 2° tour de scrutin. — 8.559 voix.
Citoyens !
Depuis trois ans, une infime minorité de Juifs et de Francs-Maçons a imposé à h 1
France, on sait trop par quel moyens, la dégradante dictature de M. Waldeck-Rousseau cl •;
de ses ministres. .
Uniquement institué pour arracher un traître à la légitime condamnation qui lw j
deux fois frappé, le Ministère Dreyfus a pu mener jusqu’au bout son œuvre infâme.
Mais l’heure décisive du règlement des comptes vient de sonner.
M. Renou, plus dreyfusard que Dreyfus, internationaliste avéré, collectiviste et antipi-
_ 839 — NM 192
litariste dont la place était naturellement indiquée au milieu des ennemis de la Patrie et de
la liberté, a été un des plus fidèles soutiens de ce Ministère de trahison.
Vous trouverez juste qu’il en partage les responsabilités.
Electeurs !
En face de la candidature internationaliste et ministérielle de M. Rcnou, je pose ma
candidature républicaine nationaliste et antiministêrielle.
Il est fier d’avoir toujours voté avec les Sans-Patrie.'
Je suis encore plus lier d’être un patriote.
11 affiche la prétention de défendre les Droits de l’Humanité.
Je prétends qu’il faut d’abord songer aux Droits de la France et des Français.
Il veut le collectivisme et la suppression de la propriété.
Je réprouve cette doctrine et je veux le maintien et la sauvegarde d-c la propriété indi¬
viduelle, fruit du travail et de l’épargne.
Nos opinions, vous le voyez, sont bien distinctes et bien tranchées.
Elles le seront bien plus quand j’aurai ajouté que tous mes efforts tendront, si je suis
votre élu, à faire aboutir un programme de réformes dont voici les grandes ligues :
La révision de la Constitution par une Constituante et le rétablissement du scrutin de
liste ; . . „ . .
La liberté de conscience, d’association et d’enseignement garantie à tous les ci-
tOYGilS î
L’abolition des tribunaux d’exception ; l’amnistie pour les victimes de la Haute Cour et
les faits de grève et faits connexes ;
La réduction du service militaire ;
La réduction des dépenses publiques et des impôts ;
L’amortissement de la dette ;
' La protection efficace du commerce et de f industrie ;
La recherche inlassable des économies budgétaires par la diminution des gros traite¬
ments et la suppression des emplois inutiles ;
La fin, en un mot, du régime d’emprunts confinuels et de déficit constant qui mène la
France à la banqueroute.
Travailleurs !
M. Renou désire que l«s lois ouvrières, même la loi sur la Caisse de retraites, Rap¬
pliquent à tous les étrangers, car il se dit citoyen du monde.
Plus modeste, je me contente d’être citoyen de mon pays et, avant de songer aux
étrangers, de penser à nos camarades de France.»
Par centaines dô mille, des ouvriers et des employés, venus de Belgique, d’Allemagne,
d’Angleterre ou dJ Italie, se sont- répandus sur le sot français. Ils encombrent nos chantiers
et prennent la place de nos compatriotes, souvent réduits à se croiser les bras et à souffrit
la faim par suite de cette concurrence injustifiée.
Je demanderai le vote d’une loi protégeant efficacement les ouvriers français contre la
main-d’œuvre étrangère ^amélioration des lois protectrices du travail, la création d une
Caisse de Retraites ouvrières et le développement des oeuvres de mutualité.
Français,
Vous iRôtes plus ks maîtres chez vous.
Les Juifs et les Cosmopolites sont devenus les rois de ce pays î
Rois irresponsables de la finance, et de Pag io, avec, à leur tête, un milîiurdaire tout-
puissant dans Les Conseils du Gouvernement.
— 840 -
Des mesures de préservation sociale s'imposent contre ce pouvoir occulte et enva¬
hissant.
Je saurai les réclamer.
Il ne peut plus y avoir en France, à l'heure présente que deux partis :
Les Nationalistes, c’est-à-dire ceux qui se glorifient de leur qualité de Français et
tiennent à la conserver.
Et les Internationalistes qui prennent leur mot d’ordre par delà les frontières.
Comme la majorité d’entre vous, je suis avec les premiers contre les autres.
Du scrutin du 27 avril sortira la chute ou b triomphe du Ministère de trahison ; le salut
ou la perte de la Patrie l
Comprenez votre devoir 1
Allez aux urnes avec la volonté de vaincre I
Et demain vous aurez remplacé cette République enjuîvée, devenue la propriété exclu¬
sive des sectaires et des francs-maçons, par une République libérale et tolérante, la Répu¬
blique vraiment française que nous avions tous rêvée.
Vive la République Française 1
Vive la France aux Français 1
Firmin FAURE,
5° circonscription de SAINT- DENIS
M, GUYOT DE VILLENEUVE
Élu au lor tour de scrutin, r— 7.487 voix
Mes chers Concitoyens,
Je me présente à vos suffrages avec la conviction d’accomplir le devoir qui incombe
aujourd’hui à tous les bons citoyens : celui de travailler à défendre les intérêts menacés et
la sécurité compromise du pays.
fai volontairement sacrifié, pour remplir ce devoir, une carrière déjà longue de vingt
ans, et j’ai renoncé, dans le seul désir de mieux servir mon pays, aux avantages que mon
avenir militaire me donnait le droit d’espérer.
Républicain et patriote, j’ai profondément ressenti les insultes faites au drapeau et les
atteintes portées à nos libertés, et j’ai quitté Tannée pour être libre de combattre, avec tous
les citoyens indépendants et désintéressés, contre les hommes pour qui l’affaire Dreyfus a
été le marchepied du pouvoir, et qui le détiennent aujourd’hui au nom des Francs-Maçons,
des Juifs et des Cosmopolites.
Sous prétexte de défendre la République, ils ont fait alliance avec ses pires ennemis,
les collectivisLes-révolutionnaîres et les internationalistes. Ils ont désorganisé notre armée,
diminué nos libertés, dilapidé nos finances, et par-dessus tout trompé le peuple auquel
ils ont tout promis, et auquel ils n’ont rien donné.
Mon programme sera l’opposé du leur.
Us sont les apôtres du collectivisme : de ce régime qui repose sur îa confiscation de la
propriété et la suppression de la liberté du travail. — Je suis pour le maintien du droit
qu’a tout citoyen d’acquérir, de posséder et de travailler librement.
Iis ont gaspillé nos finances et nous ont réduit à ia dure nécessité d’emprunter et de
— 841 —
N“ 1162
payer de nouveaux impôts. — Je veux que les dépenses diminuent, que les budgets soient
sincères, que Von lasse des économies qui permettront la réalisation des réformes
sociales. La première mesure à prendre dans ce sens doit être de supprimer aux Députés
toute initiative en matière de dépenses, et de réserver cette initiative aux seuls Ministres
responsables.
Ils ont, par leurs persécutions, porté atteinte à la liberté de conscience. J'estime que la
liberiè de croire ou de ne pas croire doit être légale pour tous les citoyens.
Ils ont supprimé en principe la liberté de l’enseignement. — Je veux que le père de
famille, responsable de ses enfants, soit laissé juge de la direction qu’il doit donner à leur
éducation .
Ils ont gravement compromis la liberté d’association. Elle devra être rétablie.
Ils ont promis les retraites ouvrières et n’ont abouti qu’à un projet de loi ridicule,
excluant les artisans, les petits patrons et les cultivateurs, rendant obligatoire le versement
d’une prime par les ouvriers, fixant à 65 ans la limite d’âge de la retraite et nécessitant
enfin la constitution — impossible aujourd’hui, vu l’état de nos finances, — d’une première
mise de fonds par l’État de 200 millions.
Je suis d’avis que la question des retraites ouvrières doit trouver sa solution dans
le développement des sociétés de mutualité et de prévoyance, et dans la création
par l’État d’une Caisse de fonds communs destinée à subventionner les sociétés néces¬
siteuses.
Ils ont entravé la liberté du travail par une réglementation mauvaise et par leurs en¬
couragements aux grèves. — J’estime qu’il y a lieu de reviser la réglementation du travail
dans uu sens plus large et de chercher à améliorer les rapports des ouvriers avec les
patrons, en donnant aux Syndicats ouvriers et aiix Conseils du travail une orientation pro¬
fessionnelle et non politique.
La loi sur les accidents du travail devra être révisée, car elle est très lourde pour les
petits patrons, favorise le travail étranger et ne réglemente pas le secours immédiat.
Le travail français devra être protégé par l’État, qui s’interdira d’une façon absolue
toute commande à l’étranger, et tout emploi d’ouvriers étrangers.
Une taxe proportionnelle à la différence des salaires français et étrangers devra
être prélevée sur les salaires étrangers et versée à la Caisse de fonds communs des retraites
ouvrières.
Ils n’ont rien fait pour obtenir une plus juste répartition de l’impôt; et le projet
d’impôt progressif sur le revenu, de M. Caitiaux, mal conçu et inquisitorial, a complè¬
tement échoué. — Je suis d’avis qu’une amélioration pourrait être apportée par une révi¬
sion de l’impôt des patentes, qui pèse trop lourdement sur les petits commerçants et les
petits industriels.
Cet impôt devrait se transformer en un impôt sur le capital industriel et commercial, de
façon à être de moins en moins un impôt sur le revenu du travail.
Ils ont proposé, pour combler le déficit du prochain budget, d’instituer les monopoles
«cuveaux du pétrole et du sucre. — Je suis l’adversaire de tous les monopoles qui ne
peuvent qu’écraser le petit commerce, déjà' si peu prospère, par suite de la concurrence
des grands magasins.
Ils ont introduit la politique dans l’armée, désorganisé le haut commandement et
compromis ainsi notre force militaire, — Je veux que l’armée reste étrangère ntix
lattes des partis politiques, et demeure uniquement consacrée à sa tâche, qui est la défense
du terri toit e.
Us avaient promis la réduction du service militaire, mais absorbés par leurs discussions
politiques, ils n’ont pu faire aboutir cette réforme. — Elle devra être réalisée, dès le
début de la prochaine législature, par le vote d’une loi établissant le principe du service de
deux ans, et assurant au moyeu de rengagements le recrutement des cadres nécessaires à
•'instruction.
lis ont semé la discorde dans le Pays et compromis la paix sociale. Je veux que l’union
106
renaisse entre les citoyens, et, comme première mesure d’apaisement, je demanderai l’am¬
nistie pour tous les condamnés politiques de la Haute-Cour.
Citoyens,
L’heure est grave ! la République est menacée, non par la réaction, mais par ceux-là
mêmes qui sont au pouvoir. — Serviteurs des loges alliés aux collectivistes, Us menacent
nos libertés, désorganisent notre armée, et ruinent nos finances, — Par ce qn’iïs ont déjà
fait, vous pouvez prévoir ce qu’ils feront demain, si vous ne vous affranchissez de leur
tyrannie.
De votre vote, va dépendre le salut de la République.
îl faut aujourd'hui que le pays remplace les indignes représentants qui Pont trompé,
par des hommes honnêtes et désintéressés.
Si vous me désignez, vous aurez en moi un homme qui prendra résolument la defense
de vos intérêts, et qui agira sans promettre, tin homme qui travaillera de toutes ses forces
au rétablissement de la paix sociale, au maintien de nos libertés, à Fatnêlio ration de nos
finances et à la grandeur de la Patrie.
Vive la France 1
Vivo la République I
GUYOT DE VILLENEUVE,
Candidat Républicain Nationaliste.
6P circonscription de SAINT -DENIS
M. FÉRON
Élu au 2e tour de scrutin . — 10.115 voix-
Citoyens,
Vous allez être appelés à élire votre dépuîéï
Le Congrès des groupes radicaux et radicaux-socialistes de vos communes m’a désigné
comme candidat unique.
J’ai accepté cet honneur avec le sincère désir et la ferme volonté, si je suis votre élu,
d’être votre dévoué représentant.
Je n’ai pour cela qu’à rester le fidèle serviteur de J a démocratie que j’ai été jusqu’ici
dans l’accomplissement des mandats que vous m’avez successivement confiés.
Nul ne doutera ni de ma bonne foi ni de mon dévouement.
Le Comité de Colombes, réuni spécialement à la salle Moissan pour examiner les candi¬
datures, m’a désigné par neuf voix contre sept au choix des électeurs. Ce qui n’autorise
aucune personnalité à se déclarer candidat du Comité de Colombes, pas plus que cette per¬
sonnalité n’a droit de se dire le candidat du Comité central de la rue Tiquetonne, qui a
déclaré fausse toute présentation faite en son nom.
Parmi les candidats qui briguent vos suffrages, il n’en est pas, et j’ose Faflinner sans
craindre d’être démenti, qui vous offrent plus de sécurité que moi,
Mon passé vous garantit ^avenir,
N° 1162
— «43 -
Je ne tromperai pas vos espérances et j’ai trop confiance en votre jugemeut éclaiié
pour admettre mi seul instant que les leçons du passé vous laissent indifférents.
Chers Concitoyens,
Vous vous souviendrez qu'on no saurait jamais être un représentant utile, si l’on n’a
pas cté préparé à cette tâche difficile par de nombreuses années de pratique administrative
et politique. , ,
Vous m’avez fourni également l’occasion de faire cotte prépara lion et d’acquenr cette
pratique. ,
Chargé par vous, à des titres multiples et depuis bien longtemps déjà, de représenter
notre circonscription, je puis vous affirmer que je connais vos aspirations, vos besoins, vos
intérêts matériels et moraux mieux que qui que ce soit. Je les ai toujours défendus et je le3
défendrai encore, sans distinction de commune ou de canton ,
Au Conseil général, je n’ai jamais séparé le canton de Courbevoie de celui de Puteaux.
L’un et l’autre continueront à trouver chez moi même ardeur, même soin jaloux à plaider
leur cause.
Le souci du bien publie a été jusqu’ici mon unique guide, il le restera toujours dans la
C’est d’ailleurs de ce seul souci de bien faire et de mon passé de travailleur modeste,
mais plein de bonne volonté, que je me recommande aujourd’hui auprès de vous.
Vous ferez votre choix en connaissance de cause et vous ne regretterez pas, comme
cela est malheureusement arrivé trop souvent, d’avoir été induits en erreur par des pro¬
messes fallacieuses.
N’étant pas absorbé par mes affaires personnelles au point de ne pas trouver un temps
suffisant pour les affaires publiques, n’étant, de plus, inféodé à aucune coterie susceptible
de paralyser mes efforts, je serai tout entier à l’accomplissement de mon mandat.
Le mandat que je sollicite de vous sera celui du républicain radical-socialiste qui
depuis longtemps a donné sa mesure et qui, en outre de ses convictions républicaines iné¬
branlables, vous apporte également les garanties de probité à toute épreuve de l’hoffnête
homme connu de tous.
Programme politique et social.
Fidèle à mes convictions, je serai toujours le partisan et le défenseur d une politique de
progrès et de solidarité.
Profondément amoureux de l’ordre et de la liberté, je suis et resterai partisan de tout
Ministère radical-socialiste qui aura l’énergie de mettre la main au collet de tout fauteur de
désordre, qu’il soit civil ou soldai révolté.
Je m’efforcerai de mettre radicalement nos lois en harmonie avec la République.
Je m’attaclierai plus esicoro que par le passé, si c’est possible, à la défense des petits,
des, humbles, des vieillards, de toutes les victimes de notre vie de lutte. Je voterai les lois
ayant pour but une organisation sociale meilleure, celtes destinées à amelioier le soit des
classes ouvrières et à garantir la vieillesse contre la misère, par la créa .ion de caisses de
retraite.
Je défendrai les multiples intérêts des petits commerçants.
Commerçant moi-même, je connais, pour les supporter, les maux qui accablent le bouti¬
quier, sur lequel pèse si lourdement l’impôt des patentes, impôt inique dans une Répu¬
blique, où les charges doivent être réparties proportionnellement et progressivement à la
fortune de chacun.
Rapports entre l’État et les Eglises.
Partisan de la liberté de conscience, je neveux cependant pas être la dupe do l’indiffé¬
rence. Je désapprouverai toujours l’ingérence du clergé dans les affaires pusliques.
La séparation des Églises et de l’État étant une question toujours à Tordre du jour, je
tiens à Tinscrire dans mon programme, en ajoutant toutefois, comme correctif indispen¬
sable, qu'avant de prononcer celte séparation^ PÉtat devra prendre les mesures de sauve¬
garde nécessaires à la défense républicaine et à la liberté de conscience.
Armée et marine .
Ma conviction, et je le disais à mes électeurs en 1900 et je le répété, est que, placés au
milieu de l'Europe en armes, jalouse de notre prospérité, il nous faut une armée républi¬
caine solidement organisée, ainsi qu'une marine non moins dévouée à la République que
Pannee de terre, la plus formidable possible, afin d'assurer la protection morale et au
besoin effective de nos frontières de terre et de mer, aussi bien que de nos colonies, débou¬
chés de la surproduction nationale.
j'accepte le service militaire réduit à deux années de présence effective sous les dra¬
peaux, pour tous les citoyens sans exception, en prenant cependant les garanties indispen¬
sables pour que la solidité de notre armée n'en soit pas atteinte*
Enfin, je fais des vœux pour le désarmement général, mais à la condition que cette
mesure soit prise par Tunanimitê des États intéressés et que la France ne soit pas la dupe
d'illusions généreuses 1
Citoyens,
Jrai beaucoup lutté. C'est une raison pour être beaucoup haï et calomnié.
Mais descendez au fond des injures et des haines, vous ne trouverez rien qui vaille la
peine d'être retenu contre moi.
Votre clairvoyance, votre amour du vrai feront d’ailleurs prompte justice des haines,
des diffamations, des calomnies*
Citoyens,
Si je suis votre élu, soyez assurés que je ne sortirai jamais du droit chemin et que je
travaillerai avec tout îe courage dont je suis capable:
A la prospérité de notre circonscription ;
Au développement de la solidarité ;
A la grandeur et à la considération dans le monde de la France républicaine et sociale.
A. FÈRON,
Chevalier de la Légion d'honneur.
Conseiller général du canton de Puteaux.
Manifeste m la Fédération des Comités radicaux et radicaux -socialiste s
de la
6e circonscription de Saint-Denis, Courbevoie, Puteaux.
Citoyens,
Le moment est décisif î
Tons les ennemis de nos institutions libres se coalisent pour livrer Passant définitif à la
République.
Ils croient les circonstances propices pour réussir.
Ils seront désabusés encore cette fois-ci.
— 845 —
N° 1162
A la coalition de toutes les réactions qui, sous le nom trompeur de nationalisme, com¬
prend les partisans du roi, les ralliés de droite, les Méïinistes mécontents, les Césarieus
plébiscitaires, nous opposerons Fanion de tous les républicains!
Nous avons toujours vaincu, nous vaincrons encore dans ces conditions !
Pour porter nos revendications et nous représenter à la Chambre, les comités républi¬
cains-radicaux et radicaux-socialistes des communes de la 6e circonscription de Saint-Denis
proposent à vos suffrages le ferme républicain, le travailleur acharné et compétent, Fhomme
de cœur loyal et intègre que vous connaissez tous,
Le citoyen Féron, conseiller général du canton de Puteaux,
Républicains de la 6e circonscription, vous ratifierez notre choix.
Dans toutes les assemblées publiques, communales ou départementales, où depuis
vingt-cinq ans Fa appelé la confiance de ses concitoyens, et plus spécialement dans les six
dernières années au Conseil général, il nous a donné la mesure de ce qu'il sait faire
comme intelligence d'élite, comme travailleur acharné et compétent, comme homme de
cœur compatissant à toutes les misères de la vie»
Le passé de Féron nous répond de l'avenir.
Notre drapeau sera en bonnes mains !
Électeurs républicains,
Vous voterez tous pour Féron !
Vive la 6e circonscription !
Vive la République démocratique et sociale î
Pour la fédération :
(Suivent les signatures*)
Programme de la Fédération ues Comités communaux
de la
6e circonscription de Saint-Denis
ACCEPTÉ ET SIGNÉ PAH LIE CITOYEN FÉRON
Partie politique.
Article premier, — Révision de la Constitution dans le sens le plus démocratique ,et pré¬
pondérance de la Chambre des Députés,
Responsabilité personnelle des Ministres*
Art. 2. — Séparation des Églises et de l’État* Suppression du budget des cultes* Assi¬
milation des établissements religieux aux exploitations industrielles et commerciales, au
point de vue de la patente.
Art* 3* — Abrogation de la loi Falîonx*
Art* h. — Développement de Renseignement professionnel. Création d'écoles d'arts et
métiers et d'enseignement industriel régional tel que le citoyen Féron Fa exposé et F expose
au cours de ses conférences*
Instruction gratuite à tous les degrés. Sélections par voie de concours pour l'instruction
supérieure.
Art. 5* — Service militaire réduit à 2 ans, sans exceptions ni privilèges*
Réforme du Code militaire et suppression des conseils de guerre eh temps de paîx.
Art. 6* — Loi de répression contre l'agiotage et l’accaparement.
Suppression des monopoles dans la mesure la plus large*
— *46
A kt. 7. — Application delà loi sur les accidents et sur les caisses de retraites ouvrières,
h tous les travailleurs sans distinction de sexe ni de profession.
Interdiction des amendés b quelque titre que ce soit. Étude des moyens pour la fixation
d'un minimum de salaire et la réduction de la journée de travail à huit heures dans Indus¬
trie, pour la répartition plus équitable du travail.
Art. 8, — Modification des articles 66 et 363 du Code pénal relatifs à la mendicité*
Révision de la lui de 1816 sur les mines. Droits inaliénables de propriété et d’exploita¬
tion du sous-sol au profil de la Nation.
Art. 9. — Réglementation de Paffichage électoral.
Art. 10. — Réforme judiciaire, simplification dé la procédure. Frais de justice plus
équitables. Extension de l'assistance judiciaire. Compétence et pouvoir des maires èn la
matière. Jury correction neh
Art. 11. — Secours nationaux, départementaux et communaux aux femmes enceintes
dans la misère et aux filles-mères pendant et après. Meilleure situation sociale des enfants
dits naturels.
Art. 12. — Droits d’hérédité en ligne collatérale ramenée du 12° au 4° degré. Àtlribu-
tion des fonds à provenir de ces ressources à PaUmentatioù de la caisse des retraites géné¬
rales pour la vieillesse et l'invalidité du travail.
Art. 13. — Suppression des quatre contribu lions remplacées par l'impôt progressif sur
ie revenu et la suppression des bouilleurs de cru. Suppression des octrois.
Art. 1/|. — Groupement syndical des commîmes pour poursuivre les réformes qui les
intéressent. Application plus large de la loi de 1889.
Art. 15. — Déclaration d-utilité publique du canal devant faire Paris port de mbt, sans
le concours de l’État
* Programme départemental*
Article premier, — Création du canton de Colombes, et en général augmentation du
nombre des conseiller# généraux de la banlieue au prorata de la population.
Art. 2, — Extension du chemin de fer Métropolitain dans tout le département
Art. 3. — Alimentation en eau potable. Obligation pour la Compagnie des Eaux de la
banlieue d’exccutcr la décision du Conseil général et* à défaut, retrait de l'autorisation pré¬
caire et révocable de puiser Peau en Seine au barrage de Suresnes*
Art. A- — Création de tramways de pénétration et extension de ceux existants.
Déchéance des concessionnaires qui ip exécutent pas les lignes concédées.
Art. 5. — Réduction des prix de transport pour les habitants de la banlieue.
Abonnements ouvriers et employés valables par tous les trains et de station à Btâïion.
Cartes d’abonnement à ia semaine pour tous les employés du 2.000 francs et au-dessous
sans aucune restriction ni condition*
Art. 6. — Création d’un hôpital intercommunal dans la 6° circonscription de Saint-
Denis,
Art. 7. — Obligation majeure, pour les communes, déposséder un bâtiment communal
convenable où seraient abritées les familles sans asile expulsées par autorité de justice —
et aussi les malheureux de passage sans abri.
Vu et approuvé,
Le Candidat : A FÉMPi
lte circonscription de SCEAUX
M, Pierre RICHARD
Élu au 1er tour de scrutin. — 9.397 voix.
Électeurs,
En 1893,7.390 d'entre vous m'ont renouvelé le mandat d'aller combattre à U Chambre
pour la Patrie et la République.
Certain d'avoir rempli tous mes engagements et soutenu par votre approbation cons¬
tante, je viens, pour ïa quatrième fois, solliciter vos suffrages.
Tel j'étais, tel je suis t
Dn Français plus convaincu que jamais de la nécessité de maintenir très haut le sen¬
timent patriotique ;
Un Français qui veut que l'armée, en demeurant soumise au pouvoir civil, soit puissante
et respectée ;
Un républicain qui réclame la révision de la Constitution par une Constituante, afin de
garanti^ par la suppression du Sénat, par la responsabilité effective du pouvoir exécutif et
l'institution du referendum, la souveraineté absolue du suffrage universel j
Un républicain qui entend que l'intérêt financier du pays cesse d être subordonné à
l'intérêt politique et qu’aux surenchères électorales soient opposées des résolutions fermes
de remédier au déficit ;
Un républicain passionnément épris de liberté, adversaire de toutes les réactions et de
toutes les oppressions ; qui veut soustraire l’État aussi bien à la domination de la haute
finance, des loges, de la synagogue ou du temple quui la domination de l’Église \
Un socialiste hostile aux doctrines collectivistes, défenseur des petits propriétaires, des
petits industriels, des petits commerçants, au même titre que des travailleurs, guidé par
un idéal de solidarité entre les hommes, en vue de la répartition équitable des avantages
sociaux et de la protection efficace des déshérités.
Électeurs,
Mûri et fortifié par l'expérience acquise, encouragé par les témoignages multipliés de
votre confiance, prolégé contre toutes les désillusions par votre fidélité, dont je suis aussi
fier que reconnaissant, je viens vers vous comme vers de vieux amis.
Merci h vous tous, qui pendant treize ans, m’avez apporté un concours si dévoué.
Cette année, plus de 3*000 électeurs nouvellement inscrits prendront part au vote dans
notre circonscription* que les anciens, qui me connaissent bien, disent à ces nouveaux
venus, qui je suis, et que tous mes actes, comme toutes mes paroles attestent mes senti*
ments patriotiques, républicains et socialistes.
Électeurs,
Je vous soumets ci-dessous les principaux articles de mon programme. Il correspond,
j'en suis sûr, aux idées de justice et d'humanité dont vous êtes imbus.
Je les défendrai de mon mieux, avec l'unique désir de travailler au bien public et la
seule ambition de continuer, en servant ma Patrie et la République, à mériter votre estime
et à pouvoir, sans distinction de parti, être utile à tous mes concitoyens.
Vive la France 1
Vive la République démocratique et sociale [
Pierre RICHARD,
Député sortant.
PROGRAMME*
Partie politique.
Révision de la Constitution monarchique de 1875 par une Constituante.
Ratification de la Constitution et des lois essentielles par le peuple.
Abolition des juridictions d’exception et des lois scélérates.
Amnistie pour les crimes et délits politiques, faits de grève et connexes.
Décentralisation politique et administrative.
Interdiction du cumul des fonctions rétribuées.
Incompatibilité des mandats électifs et des emplois dans les Conseils d’administration
des sociétés financières, industrielles ou autres.
Responsabilité effective des minisires et des fonctionnaires.
Assimilation du mandat politique au mandat civil.
Interdiction du vote par procuration dans les assemblées parlementaires.
Liberté d’enseignement avec la surveillance et sous le contrôle de l’Éiat.
Exigence des mêmes grades universitaires pour les maîtres de l’enseignement libre
que pour ceux de Renseignement de l’État.
Réparation des Églises et de l’État. — Suppression du budget des cultes.
Réduction du service militaire à deux ans. — Suppression des dispenses. - Indemnités
aux familles nécessiteuses.
Unité d’origine des officiers. — Stage obligatoire comme soldat dans un corps de troupe
de tous les candidats aux écoles militaires. — Gratuité de ces écoles.
Abaissement de la limite d'âge*
Révision du Code de justice militaire*
Partie économique .
Impôt sur les capitaux immobilisés et impôt progressif sur le revenu*
Suppression ; des impôts de consommation, de l’impôt des portes et fenêtres et de la
taxe mobilière.
Protection des petits commerçants et industriels contre les accapareurs, les soécu-
lateurs et les grandes exploitations*
Révision des patentes et des licences*
Suppression des trésoriers-généraux, des receveurs particuliers et des sous-préfets.
Diminution des tribunaux d’arrondissement.
Réduction des frais de justice*
Réforme et extension du jury*
Assistance aux malades, aux infirmes, aux femmes en couches et aux nouveaux nés
Caisse de retraites ouvrières établie conformément aux vœux principaux des associa-
lions professionnelles*
Conseils de prud’hommes pour les employés. - Protection de la main-d’œuvre natio-
nale.
— 849 —
N° 11G2
2° circonscription de SCEAUX
M. MAUJAN
Élu au 2e tour de scrutin, — 10,659 voix.
Comité centrai, d'union et d’action républicaines
Républicains,
Les réactionnaires du 16 Mai qui se vantaient d’étrangler .« la Gueuse », les césariens
de 1889, qui rêvaient de coups d’État et de dictature, tes ralliés qui firent mine d’embrasser
ta République pour mieux l’étouffer, groupés sous la main dominatrice de la congrégation,
osent tenter un suprême assaut contre nos institutions
C’est contre l’idée démocratique, c’est contre l'esprit même de la Révolution française,
c’est contre les réformes sociales, qui sont l’honneur et la raison d’être de la République,
que la bataille est menée hypocritement dans l’ombre par cette coalition de la peur, des
intérêts et de ia haine.
Et « l’éternel ennemi », le cléricalisme international, invoque sans vergogne l’image
sacrée de la patrie pour couvrir un complot qui remplace l’idée et la conviction par la basse
calomnie et par la plus éhontée des réclames.
Tous les républicains seront debout sur 1a brèche pour repousser l’adversaire qu’ils
ont déjà vaincu trois fois.
L’union nous donnera comme autrefois la victoire.
La réaction sera définitivement écrasée, et la République, triomphante et incontestée,
pourra reprendre sa marche en avant vers le progrès et la justice sociale.
Mais, pour nous, la Défense républicaine, c’est l’action, tfest la réalisation des
réformes depuis trop longtemps attendues.
Afin d’aboutir, nous nous bornerons à préciser, dans un programme de législature, les
questions essentielles qui pourront être résolues, pendant les quatre années du mandat
parlementaire, par l’accord certain du parti républicain.
Réforme constitutionnelle : le Sénat s’est montré le gardien vigilant de la République,
et a vu, à chaque renouvellement partiel, sa majorité démocratique augmenter. La
révision que nous demandons portera sur le mode d’élection de cette assemblée, et sur les
attributions plus précises des deux Chambres, notamment en matière budgétaire.
Réforme administrative ; La suppression des sinécures et la réduction du personnel
permettront de constituer une administration simplifiée et décentralisée, qui, dégagée de
toute routine, devienne une aide, au lieu d’être une entrave pour les citoyens.
Mous exigerons énergiquement des fonctionnaires de tous ordres le dévouement
absolu aux institutions, Qui aime la République la serve 1
Réforme judiciaire : l’extension de la compétence des juges de paix rapprochera le
citoyen de la justice, qui ne doit pas être faussée par les intermédiaires trop nombreux et
et si coûteux. La justice égale et commune pour tous.
Réforme religieuse : les rapports des Églises et de l’État doivent être définitivement
tranchés. Respect absolu de la liberté de conscience. Pas de persécution; mais, après la
107
— 850 —
suppression des privilèges qui ont constitué les congrégations, application du droit commun
à tous et du régime de la liberté. Les Églises libres dans l’État laïque souverain.
Réforme de l’instruction : nous proclamons le droit pour l’enfant à ^instruction gra¬
tuite à tous les degrés en raison d’aptitudes sérieusement constatées. Tous les établisse¬
ments d’instruction sous le contrôle actif, ferme et éclairé de l’État, qui exigera des maîtres
les capacités nécessaires et complètes*
L’éducation de l’enfant tient tout entière dans ces mots : amour de la Patrie et de la
République*
La réforme générale de l’impôt dégrèvera le travail sous toutes ses formes : celui du
commerçant, écrasé actuellement sous l’accaparement des trusts et des grands magasins,
par la suppression des patentes et des taxes de circulation, et celui de Tourner par la
suppression des quatre contributions directes et des impôts de consommation, lesquels, au
lieu de peser sur les ressources et sur la richesse acquise, pèsent sur les besoins et sur les
familles les plus nombreuses.
Il convient de frapper le luxe, le superflu, la spéculation, par un impôt gradué sur le
capital et sur le revenu, chaque citoyen devant contribuer aux charges publiques propor¬
tionnellement à ses facultés et à ses moyens.
C’est la Révolution française qui a créé la petite propriété, à laquelle nous demeurons
passionnément attachés, car la propriété individuelle est la garantie la plus certaine de
Ihiiîtialive, de la liberté et de la dignité humaine.
Mais, pour sauvegarder précisément cette petite propriété et pour en assurer la
diffusion, iî faut empêcher la reconstitution de la grande propriété par l’impôt sur les
süCce&sièns qui ne demandera rien aux petits héritages en ligne directe, et qui frappera
progressivement les collatéraux, les étrangers et les gros héritages*
Skias testament — car la liberté de tester demeure entière et imprescriptible —
l’héritage serait supprimé en ligne collatérale au-dessous du 4e degré, c’ést-à-dire à partir
des cousins issus de germains*
Nous ûe voulons pas que la France, comme l’Angleterre, appartienne à cent cinquante
familles, et que la Patrie, qui est à tous,i soit possédée par quelques privilégiés de la
fortuné*
Cet impôt sur les successions, qui est la garantie de la petite propriété, est par
suite ia pins légitime et la plus moralisatrice des contributions.
Réforme sociale* — Il n’y a pas une question sociale, mais des questions sociales qui
seront résolues successivement par dès méthodes différentes, les unes par l’intervention
de l’État, — lequël a des devoirs envers les èitoÿehs, Comme les citoyens en ont envers
lui — et les autres par la puissance de l’initiative' individu elle.
Retraites pour les travailleurs, — Les travailleurs fenrichisseril la société par leur
labmir éternel ; la société leur doit le pain de leur vieux jours. C’est l’application du droit à
l’existence proclamé par nos pères de la Révolution* Nous Ouvrirons un chapitre spécial
an budget pour fïafter annuellement cette dette sacrée.
La réforme générale de l’impôt, en nous fournissant les ressources nécessaires, 'per¬
mettra la solution pratique de cette question sociale, comme de beaucoup d’autres, qui
exigent, pour aboutir, de l’argent, notamment dès lois d'assistance et de protection pour la
femme et pour l’enfkttce*
Réforme militaire* — Le service militaire égal pour tous, sans aucune dispense, et
réduit h deux ans, RÉtat, le département, la commune venant en aide aux familles privées
de îè'ür Soutien.
Nous constituerons ainsi une armée nationale, fortement instruite et organisée en vue
de la défense de la frontière, une armée sortie des entrailles du pays et qui ne fera qu’une
avec la nation.
C’est notre façon à nous républicains de prouver notre patriotisme silencieux et
recueilli, et que nous oppbsons hautement aux démonstrations bruyantes et puériles d'un
certain iniïitàrisme*
— 8ol — N° H62
Citoyens, pour défendre ce programme de réformes, nous vous présentons un homme
de cœur, de caractère et de conscience, qui a fait ses preuves et dont le passé répond
de 1 avenir, le citoyen
Adolphe ;MAUJAN
Ancien secrétaire du Ministre de la Guerre, ancien Député de la Seine,
Délégué pour le département de la Seine au Comité exécutif du congrès républicain
démocratique,
Radical socialiste.
C'est à lui que nous confions le drapeau de la République.
C'est autour de lui que se grouperont tous les républicains, à quelque nuance qu’ils
appartiennent, qui placent l’intérêt supérieur de la démocratie au-dessus des petites
questions de personnes*
Républicains, c’est le dernier assaut, c’est la dernière bataille* Debout et sus à la
réaction 1
Nous voulons une politique de pacification par les réformes, en dehors des luttes de
classe et de la violence révolutionnaire*
C est de la libre discussion, c’est du bulletin de vote que nous attendons pacifique"
ment Favènement de la justice sociale* i
Nous nous adressons au loyalisme de tous les républicains. Personne ne manquera à
l’appel* Le devoir est là*
Vive la République des réformes!
Vive l’Union des républicains!
Vive la Patrie républicaine 1
De Président : Baulard, député. Docteur Pietthe, sénateur de la Seine.
Citoyens, j’accepte ce programme et je prends Rengagement d’honneur de le défendre.
Adolphe MAUJAN.
S" circonscription de SCEAUX
M. Iules COUTANT
Élu au lur tour de scrutin. — 12,210 voix.
Parti socialiste de frange,
(u. s. H.)
Citoyens,
Élevé au milieu de vous, mes sentiments démocratiques et socialistes vous sont assez
connus pour qu’il ne puisse exister à cet égard aucun doute dans vos esprits.
Port du devoir accompli, je viens, une fois de plus, solliciter de votre confiance le
renouvellement de mon mandat. C’est avec le même programme que vous m’avez confié
— 852 —
en 1893 et 1898, c’est avec les mômes idées que je n’ai cessé de défendre à la Chambre,
que je me représente à vos libres suffrages.
Au mépris des luttes stériles, de polémiques ardentes, suscitées par le nationalisme
et le capitalisme, je poursuivrai, comme par le passé, sans relâche et sans défaillance,
l’avènement de la République sociale, mais, en attendant le triomphe définitif de la
démocratie productrice, j’entends qu’immédiatement l’État intervienne pour changer les
conditions d’existence, le sort du prolétariat intellectuel et manuel, du petit commerce et
de la petite industrie.
Citoyens,
Ouvriers de l’usine, du chantier, de râtelier, de la plume ou des champs, petits
commerçants, petits propriétaires et petits industriels, la réaction coalisée prend à 1 heure
un nouveau masque pour mieux tromper le pays républicain.
Ses chefs, dépopularisés sous leurs véritables couleurs, cachent soigneusement leurs
drapeau; ils se déclarent les meilleurs amis du régime républicain, qu’ils injuriaient et
dénonçaient hier encore comme une calamité publique, et, sous les titres mensongeis do
ralliés, de libéraux, de nationalistes, ils voudraient vendre notre Marianne, la République,
aux puissances d’argent, au cléricalisme, livrer la démocratie à ses pires ennemis.
Ils ne trompent personnel I
Contre la campagne hypocrite de ceux qui voudraient s'emparer du pouvoir poui
faire reculer l’esprit démocratique et socialiste, il importe de lever hardiment le drapeau
de la démocratie sincère et loyale qui ne flotte pas au vent des influences du passé et des
régimes déchus, mais qui s’oriente fièrement vers l'avenir; et Inhumanité ua jour, avec les
progrès de la science, se réconciliera.
Électeurs,
n
Honnête et sincère je suis resté; sans ambition, je ne professe, en dépit de mes
adversaires, que l’amélioration du sort de mes semblables.
Mes actes, mes travaux, vous les connaissez; à vous déjuger cette presse locale à la
solde de la réaction qui, pour combattre les institutions républicaines, emploie le men¬
songe, l’ignominie, afin de dénaturer mes actes au Parlement.
Citoyens, ils ne vous tromperont pas; sous peu, vous leur répondrez, j’attends votre
verdict avec confiance.
Vive la République sociale I
J. COUTANT, Député sortant.
n° im
— 853 —
4° circonscription de SCEAUX
M. GERVAIS
Élu au 2° tour de scrutin, — 12,210 voix.
Citoyens,
Appelés à désigner, le 27 avril prochain, un député pour la 4* circonscription de Sceaux,
je viens de nouveau solliciter vos suffrages,
11 y a quatre ans, j'écrivais dans ma profession de foi :
K Entre les extrêmes, se place le grand parti républicain démocratique avec son pro¬
gramme et son principe d’action peur la solidarité et la justice sociale. Son principe est
, clair : pas de limite à l'action réformatrice, pas de terme au progrès républicain, réalisés
e parles moyens légaux et les voies pacifiques, A la lutte des classes, nous opposons I en-
, lente pour la vie; à la division, à la haine, au statu quoy la concorde et la fraternité pour
i le bien social, par le progrès et la marche en avant sans arrêt, »
J'ai été fidèle à ce programme qui, vrai pour hier, reste vrai pour demain.
Depuis vingt ans, la République est l'objet des attaques toujours renouvelées des réac¬
tions coalisées qui veulent, par ^organisation de scandales sans cesse renaissants, empê¬
cher la démocratie d'accomplir son œuvre, et substituer aux institutions républicaines un
régime de dictature.
Aujourd'hui, la coalition réactionnaire a pris le nom et le masque du nationalisme et
veut confisquer la noble idée de Patrie au profit de sa campagne anti-républicaine. Noos ne
tînmes pas de ceux qui faisons intervenir la Patrie dans la lutte des partis. Nous la
respectons trop, nous avons d'elle une idée trop élevée pour la meler à nos discordes.
Quant à l'armée, dont les réactionnaires et les nationalistes sc constituent les cham¬
pions et les défenseurs brevetés, nous demandons lesquels entendentle mieux ses intérêts,
d'eux ou de nous,
ftous voulons, nous, l'entente et Raccord de la République avec son armée; que celle-
ci ne forme qu'un avec la nation, confondant ses intérêts avec les intérêts de la démocratie,
servant le développement du progrès, aidant à la réalisation des réformes en prêtant, en
temps de paix, le concours de ses qualités particulières aux œuvres d amelioration et de
Iransformation sociales. Pour cela, nous voulons, par des améliorations dans loiganisrne
actuel, par des simplifications, par des économies bien entendues, par une mise an point
plus rationnelle, plus scientifique, faire disparaître toutes les vieill es distinctions, toutes les
anciennes oppositions, tout ce qui avait été conçu et imaginé pour séparer 1 armée du
peuple, afin de pouvoir, dans l 'intérêt d’un César, les opposer P un à l'autre.
On voit combien notre patriotisme diffère de celui des hommes qui s'en attribuent le
monopole et qui, en fait de revanche, ne songe qu'à la revanche de la réaction sur la démo¬
cratie, de la dictature sur les institutions libres. Qui, lorsqu'ils se mettent à la tète des
troupes, ce n'est pas pour faire face à R ennemi, mais pour conduire l'armée à l'assaut du
pouvoir civil, déchaîner la révolution militaire, ouvrir Père des prommeiamientos et
rabaisser les forces nationales au Tôle des gardes du bas Empire faisant et défaisant les
gouvernements,
Nous voulons aussi l'affirmation des pouvoirs laïques de l'Etat Ils ne sont pas, comme
bien on pense, pour supprimer la liberté de conscience ni la liberté des cultes, que per¬
sonne ne songe à entraver. Chacun doit être libre de faire, de penser, d'agir pour lutmême
Maine il le juge à propos. Mais il s'agit de savoir si on laissera se dresser en face de l'État,
— 854 —
un pouvoir clérical établissant dans le pays, sur les ruines des libertés politicrues sa ri™:
nation avec la dictature. ’ mi'
Le suffrage universel doit à la paix sociale, à la liberté, à l’honneur et aux intérêts rte
la France dans le monde, de faire tomber tous ces masques, de réduire toutes ces opuoii-
tions anti-républicaines. Pour cela, tout en se défendant énergiquement contre ses ennemis
la République doit agir.
Sur ce point, mon programme est celui d’il y a quatre ans.
Séparation absolue de la politique et de la religion pour réaliser la neutralité et la
laïcité complète de l’État; application de la loi sur les associations ; abrogation définitive de
la loi Falloux et unité de l’enseignement pour faire enfin une jeunesse française homogène-
mesures pour réaliser la gratuité de l’instruction à tous les degrés par la sélection.
Réduction du service militaire à deux ans, sans dispenses.
Unité et communauté d'origine pour les officiers.
Pour les réformes fiscales et budgétaires, nous demandons l'impôt sur le revenu, basé
sur les signes de l’état de fortune, pour réaliser la justice dans la perception de l’impôt.
Puis les allégements des charges par l’amortissement, les réductions des dépenses par la
décentralisation, et les économies par la réforme administrative.
Aux économies, il faut ajouter les ressources ; c’cst l’augmentation des recettes par te
développement de notre industrie, de notre commerce et de notre agriculture, pour que la
France occupe dans le monde la place économique qui lui appartient, et qu’elle manifeste
sa puissance d’expansion.
Pour le commerce, nous poursuivrons la réforme de la législation des patentes, la libre
circulation de toutes les marchandises soumises à des droits de régie, par la perception
des droits aux lieux de fabrication; la suppression des octrois - la révision de la loi sur les
fraudes.
Pour l’agriculture, toutes les mesures de juste protection.
Avec les ressources créées, il faut accomplir l’œuvre sociale. Elle comprend :
Le développement des lois protégeant l’enfance.
Puis les lois ouvrières réglant 1 organisation du travail, réduisant les rigueurs de la lutte
pour l’existence et proposant l’entente du capital et du travail (lois sur la mutualité, le chô¬
mage, les libertés syndicales et les conditions du travail).
Enfin, c’est l’œuvre de la vieillesse en assurant une retraite à tous les travailleurs.
Les réformes sociales s’imposent entre toutes aux préoccupations des sociétés modernes
pour réaliser la paix civile, et nous les voulons en affirmant le principe de la propriété indi¬
viduelle.
Mais pour que ce principe repose tout entier sur le droit inviolable de la personne
humaine au produit de son travail, nous n’entendons le céder à personne quand il s'agita
d'empêcher que la grande exploitation industrielle ne prenne le caractère d’une féodalité
nouvelle et de hâter la solution pacifique par laquelle le travailleur aura la propriété de son
outil, la légitime rémunération de son travail.
Appeler l’ouvrier, principal artisan de la richesse sociale, à collaborer, sous des formes
de plus en plus nombreuses et variées, à la gestion économique de la société, et d’abord à
1 organisation, à la îèglementatioo, à la direction du travail social-, le convaincre chaque
joui davantage, par des faits, que 1 association est l’instrument par excellence de son
émancipation, et l’encourager, par tous les moyens, à l'actien syndicale, voilà aussi un point
essentiel de mon programme.
A côté des intérêts généraux, je n’oublie pas les intérêts particuliers de notre région.
Pour les voies de communication, les transports et les chemins de fer; pour les services
publics, gaz et eaux, avec abaissement des tarifs-, pour les intérêts de l’agriculture; pour la
suppression des zones et servitudes militaires de l'enceinte et des forts, je ne négligerai
rien de ce qui pourra servir les intérêts de la circonscription.
- 855 -
N° 1162
Citoyens,
A chaque jour su (Fit sa peine. La prochaine législature aura bien rempli sa tâche si
elle réalise : la réduction du service militaire à deux ans ; les retraites h la vieillesse;
l’amélioration de nos finances; le développement désœuvrés laïques et sociales de la Répu¬
blique-
La meilleure manière de réaliser la paix sociale, c’est de faire en temps utile les
réformes nécessaires. Je veux donc, à l’écart des manifestations de discorde civile et
joriale, assurer la liberté des consciences et obtenir les progrès sociaux nécessaires. On
éloignera les violences en se rapprochant des réalités et on examinant, avec le sincère désir
d'aboutir, les problèmes sociaux dont la solution s’impose.
Ne voulant ni compromettre la République avec des promesses irréalisables, ni la
perdre avec la réaction nationaliste, je fais appel à tous les républicains dévoués à la démo¬
cratie, pour accomplir l’œuvre républicaine.
Délivrés de toute méfiance et de toute arrière-.p-nsée, nous pouvons sur ce terrain d’en¬
tente républicaine, par la marche énergique en avant, nous accorder pour réduire les tenta¬
tives réactionnaires, et travailler d’tm cœur ardent à la prospérité de la France, par le
triomphe de la République.
Vive la République !
A. SERVAIS,
Chevalier de la Légion d’honneur,
Ancien Président du Conseil général de la Seine, J
Député sortant.
Propositions et Rapports déposés par le Citoyen A. Gavais, au cours de la législature.
Armée :
— Proposition de loi relative à la réduction du service militaire à deux ans égal pour
te {En discussion).
— proposition de loi ayant pour objet d’exempter de six mois de service, les jeunes
gens pourvus du diplôme spécial d’éducation physique ou du brevet de gymnastique et
de tir.
— Proposition ayant pour objet de modifier la date d'appel et de renvoi des classes du
contingent (date d’appel mise en automne au lieu de l’hiver). (Adoptée par la Commission de
l’armée et du budget.)
— Proposition de loi ayant pour objet de créer la communauté et l’unité d’origine des
officiers des armes de l’infanterie, de la cavalerie, de l’artillerie et du génie.
— Proposition de loi relative à la suppression des zones et servitudes des fortifications
et des forts de l’enceinte de Paris.
Réformes sociales :
— Proposition de loi relative à la loi sur les accidents (annulation des contrats anciens
d'assurance). (Adoptée.)
— Proposition de loi relative à l’organisation des retraites à la vieillesse et à la créa¬
tion des services de la prévoyance sociale (En discussion).
Action de la France à l’extérieur :
— Proposition de loi relative à la création d’écoles françaises d’Occideflt (Adoptée).
— 856 —
— Proposition de subventions aux sociétés françaises de prévoyance à l’êtrane»
{Adoptée}. ||
Commerce :
— Proposition de loi ayant pour objet la réglementation de la liquidation amiable en
cas de cessation de payement.
— Proposition de loi relative aux ventes de fonds de commerce et à la mise en société
Administration :
— Proposition de loi ayant pour objet la création d’une commission de décentralisation
(Adoptée).
— Proposition de loi relative au commissionnement et à la retraite du personnel em¬
ployé des établissements universitaires.
— Proposition de loi relative au recrutement du personnel des administrations de
l’État (réduction du nombre des employés).
— Proposition de loi ayant pour objet d’améliorer la situation des serviteurs et em¬
ployés de mairies.
— Proposition de loi ayant pour objet de rendre autonome la Société des Prévoyantsde
l’Avenir (Adoptée).
Agriculture ;
Propositien relative aux caisses de crédit agricole et à l’extension des lois protec¬
trices du travail aux travailleurs de la terre.
Rapports ;
Au nom de la Commission de l’armée :
Rapport ayant pour objet de dispenser les sapeurs-pompiers de leur période de
13 jours (Adopté).
Rapport ayant pour objet d’exempter de leur période de 13 jours les pères de quaire
enfants (Adopté).
— Rapport sur les portiers-consigne.
— Rapport sur les gardes d’artillerie (Adopté).
" Rapport sur la réorganisation des interprètes militaires (Adopté).
— Rapport sur les retraites proportionnelles des officiers.
Au nom de la Commission de l’enseignement :
— Rapport sur la création des écoles françaises d’üccident (Adopté).
— Rapport sur l’organisation de l’éducation physique (Adopté).
Au nom de la Commission de décentralisation :
— Rapport sur l’organisation des Conseils cantonaux.
■ Union Républicaine et Gaucuf. Démocratique du Sénat
APPEL AUX ÉLECTEURS
Chers Concitoyens,
La République va subir un nouvel assaut de la part de ses adversaires coalisés. Bien
peu d'entre eux auront le courage d’arborer leur drapeau, la franchise de dévoiler leurs
idées, leur véritable programme ; ce ne sera qu’un parti sans nom retranché derrière les
obscurités et les perfidies de l’équivoque.
857 —
N* H 62
Pour troubler le pays, ils prodiguent .l'argent.
Vainqueurs, ils se déchireront entre eux, impuissants à rien fonder.
Il importe donc de signaler des manœuvres contre lesquelles tous les républicains sin¬
cères ont le devoir de s’unir dans un mouvement irrésistible de solidarité démocratique.
Agiter des fantômes; prévoir des catastrophes; dénaturer les faits; se servir des idées
les plus hauteset les plus chères à la nation, pour les réduire àleurpropre taille, les ravaler
jusqu’à en faire des instruments de discorde; mépriser le suffrage universel au point de
chercher à le corrompre; accumuler les mensonges de telle façon qu’il devienne difficile de
discerner la vérité ; représenter la France couverte de ruines, courant à la banqueroute et
en proie à la trahison, tels sont les principaux moyens employés couramment par les
eanemis de la République—
Il n’est pas vrai que Pamour de la Patrie soit le privilège de quelques-uns; il est cer¬
tain au contraire que Pin tolérable prétention de monopoliser !e patriotisme, de mettre des
Français hors du patrimoine commun, héritage des souffrances et des gloires de nos pères,
est une cause de désunion et de haine entre les citoyens, et, par suite, d’affaîMissement de
la Patrie...
Il n’est pas vrai que la France soit appauvrie et ruinée; il est certain, au contraire, que,
mutilée, rançonnée, ruinée à la suite de la guerre de 1870, elle a refait tout son outillage,
développé le réseau des voies ferrées, creusé des canaux, approfondi des ports, et dépensé
des sommes énormes pour renseignement public, Parmée, la marine, et pour constituer son
domaine colonial.
Les deux tiers de notre dette sont à la charge du régime du 1 Décembre : sous ce
régime elle s’est augmentée de 8 milliards; les conséquences directes de la guerre ont
coûté en outre à notre pays, d’après les calculs de l’honorable M. Léon Say, Il milliards
500 millions. C’est donc un total de près de 20 milliards qui constitue le passif du pouvoir
personnel. Ce sont encore les conséquences de la guerre de 1870 qui nous obligent à porter
chaque année à notre budget un milliard pour la défense nationale.
Il est certain cependant graduellement le crédit de notre pays inspire la plus grande
confiance, parce que, mieux que les autres, il a supporté les résultats d’une crise univer¬
selle qui, nous pouvons l’espérer, touche à sa fin.
Il est certain que la lutte actuelle est plus violente et plus âpre à raison des rancunes
et des ambitions du parti clérical, qui ne défend pas la liberté, mais poursuit la domination,
et pour qui la revanche des congrégations est l’enjeu même des élections législatives.
Les Électeurs républicains ne failliront pas à leur devoir, ils relèveront comme ils le
méritent les audacieux défis de la réaction cléricale et du nationalisme, et en feront défini¬
tivement justice.
Pour V Union Républicaine du Sénat:
Lourdes, Président;
Àntonin Dubost et Raynal, Vice-Présidents ;
Théodore Girard, Secrétaire;
Mir, Questeur;
Cazot, Demole, Dussolïer, Guyot, Poirrier, anciens Présidents;
Glamageran, Chaumiê, anciens Vice-Présidents ;
Magma* ancien Président de la Gauche Républicaine ;
Allemand, Crozet-Fourneyron, Deschanel, Antoine Perrier, Ratier, de Sal, Trarieux,
Vîs|ïir, membres du Comité de direction*
Pour la Gauche Démocratique du Sénat :
Combes, Président;
Bonnefoy-Sibour et Leydet, Vice- Présidents ; "
MH
Béraud et Milliès-Lacroîx, Secrétaires;
Bruel, Questeur;
Bernard, ancien Président;
Bizarelii, Bizot de Fonteny ;
Delpech ;
Desmons, ancien Président;
Alexandre Lefèvre, Savary* Léopold Thézard, membres du Comité de direction*
N° 1162
859 —
SEINE-INFÉRIEURE
Ve circonscriptioii de DIEPPE
H. BIGNON
Élu au 1er tour de scrutin. — 7.33B voix*
Entré dans la vie publique depuis bientôt quinze années, maire de la ville &Eu depuis
1892, Membre du Conseil général de la Seine-inférieure depuis 1S95 et Vice-Président de
cette assemblée depuis Farinée dernière, je viens solliciter vos suffrages pour le siège de
député de la première circonscription de rarrondissement de Dieppe,
Profondément attaché à cet arrondissement, dans lequel je suis né et dans lequel j'ai
toujours vécu, je me réclame des services que j’aî déjà rendus à mon paya, des traditions
républicaines de ma famille, traditions dont je suis fier, des souvenirs laissés par mon père
et par mon grand-père, dont l’existence commerciale, honnête et laborieuse, s’est déroulée
pendant près d'un siècle dans cette contrée, où leur mémoire est enpre vivante.
Absolument indépendant, libre de toute compromission et de toute attache, répudiant
toutes les coteries, je me présente à vous, en républicain de tradition et de raison. Je n'ai
en effet jamais connu d’autre opinion que l’opinion républicaine ? je n’en connaîtrai jamais
d’autre et Fon me rendra cette justice que je n’ai jamais rien demandé k la République, que
fai toujours, par contre, loyalement et fidèlement servie.
Si j3ai toujours voulu la République, c’est parce que cette forme de Gouvernement
répond à mon idéal de justice et que, seule à mes yeux, elle est capable d’assurer à notre
pays la paix, l’ordre et la liberté, sans lesquels il n’y a pas de prospérité durable.
Respectueux de toutes les croyances, j’ai horreur de tout ce qui, en matière de reli¬
gion, ressemble à une persécution.
Je suis absolument partisan de la liberté d’enseignement, et, en cela, j’ai la certitude
de rester fidèle à la constante tradition du parti républicain libéral. Le monopole de ren¬
seignement serait le don le plus funeste que Ton puisse faire à l’Université et jamais je ne
consentirai à traiter comme des parias les enfants qui ne seront pas sortis des écoles offi¬
cielles.
D’autre part, je voterai de tout cœur toutes les mesures qui amélioreront l'enseigne¬
ment primaire et l’enseignement secondaire.
Adversaire résolu du socialisme et du collectivisme, même soumis aux formes légales,
même le plus opportuniste et le plus édulcoré, je considère la présence d’un collectiviste
dans les conseils du gouvernement comme un grave danger pour la République et pour ta
société.
Fidèle aux traditions de la Révolution, je revendiqué ïa liberté individuelle, lé droit à
la propriété individuelle et la liberté pour le travail*
Soucieux du bien-être des ouvriers des villes et des campagnes, je m'associerai à toutes
tes propositions concernant Insistance, la prévoyance, la création de caisses de retraite et
l’organisation du travail*
— 860
Partisan de !a création de retraites ouvrières, je considéra, contrairement au projet du
gouvernement, que cette création ne sera possible que par le développement de la mutua¬
lité, si noble et si honorable pour tous, et, en môme temps, si simple et si économique
dans son administration.
Bon Français, ancien officier de réserve, jTai toujours entouré Tannée et ses chefs de
tout mon respect et de toute mon affection.
Je considère l'armée comme une école de dévouement, de discipline et d'égalité
comme la gardienne vigilante de notre honneur et de notre indépendance, et je saurai tou¬
jours la défendre contre ceux qui essayeraicût d'introduire la politique dans ses rangs.
Je crois qu'il est possible de voter le service de deux ans, sans loucher à la force de
nos régiments; mais, répudiant toute popularité malsaine, avant de voter la réduction du
service militaire, je demanderai le remaniement de la loi sur les cadres et le maintien des
elTectifs par des rengagements volontaires et avec primes.
Protectionniste par raison, connaissant par le commerce des grains, que j'exerce, les
souffrances des cultivateurs, je maintiendrai énergiquement les droits de douane actuelle¬
ment existants et je demanderai de plus que les droits protecteurs soient étendus aux
graines oléagineuses.
A côté des intérêts agricoles, je saurai soutenir également les intérêts commerciaux et
industriels de la région.
En toutes circonstances, je me ferai le défenseur du port de Dieppe, de cette vieille
cité maritime dont Je nom est intimement lié à notre histoire, dont la prospérité et la vita¬
lité intéressent la nation entière.
Comme par le passé, je défendrai également les intérêts du port du Tréport et du
canal d'Eu, dont le développement économique ne peut en rien gêner le grand port voisin
de Dieppe.
Si j'ai Thonneur d'être votre élu, je demanderai le remaniement de la loi des boissons,
loi qui a mécontenté tout le monde et sacrifié les intérêts du Trésor ; je demanderai la
réduction à l’ancien tarif de la licence pour les débitants.
Je demanderai également le remaniement de l'inscription maritime dans le sens d'une
amélioration du sort de nos marins.
Partisan d’une très large décentralisation, hostile à l'impôt sur le revenu, dont le carac¬
tère inquisitorial est incompatible avec les idées françaises, je suis également hostile à
l'élévation constante des dépenses budgétaires et je serai désireux de voir diminuer le droit
d'initiative parlementaire en matière financière.
H est temps, du reste, de mettre un frein à la fureur des surenchères électorales. Nous
sommes entrés dans l'ère des déficits et, si l'on ne se met résolument en travers, nous
connaîtrons bientôt, comme nos ancêtres de la Convention, la hideuse banqueroute.
Électeurs,
Partisan de la liberté pour tous, partisan de la plus large tolérance, mon programme
est le programme de ceux qui ont fondé la République et se résume par ces mots i « ni
réaction, ni révolution »,
Si le corps électoral a conscience de ses véritables intérêts, il confiera la garde du dra¬
peau aux républicains sages, sans reproche et sans compromission, dans les rangs desquels
j ai toujours servi ; il leur confiera la tâche d’apaisement, de concorde et de progrès, qui
s'impose après tant de secousses violentes et de luttes stériles.
Partisan absolu, je le répète, delà liberté de travail, de la liberté de conscience, de la
liberté d enseignement, de la 'liberté d'association, si vous me faites Thonneur de m'élire,
comptez sur mot pour défendre résolument toutes ces libertés, qui sont l'honneur et la
raison d'être de notre démocratie.
— 861 —
N* 1162
Compter sur moi pour défendre, en toutes circonstances, Tceuvre de Thiers et de Gam¬
betta, le patrimoine sacré que nous oui légué nos aînés : l a liberté pour tous par la Répu¬
blique- t
Vive îa République I
2e circonscription de DIEPPE
M. Julien ROULAND
Élu au 1er tour de scrutin* — 5.635 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
Je viens solliciter le renouvellement du mandat que vous m’avez confié, il y a
quatre ans*
Ce que fêtais en 1898, je le suis eucore.
Partisan résolu de la République, j’estime qu’elle doit rester le symbole de toutes les
libertés.
Indiscutée aujourd’hui, tous se réclament d’elle. Elle est si forte qu’elle peut sans
crainte se montrer généreuse, tolérante, ouverte à tous les dévouements*
Indifférent aux suspicions, dédaigneux des attaques des sectaires et des excommunica¬
tions des transfuges, je dénonce les périls auxquels de dangereuses expériences et de
coupables procédés politiques exposent notre pays.
Ennemi de tout impôt nouveau, plus que jamais partisan d’économies, je déplore l’état
inquiétant de nos finances, le déficit croissant de nos budgets. Ii est grand temps d’arrêter
cette surenchère électorale qui se traduit, pour les contribuables, par des impôts toujours
plus élevés.
Nos plus chères libertés sont menacées : je les ai défendues en votant contre la loi sur
les associations, cette loi d’exception et de combat* Tous les Français doivent avoir des
droits égaux, sous la réserve de la sauvegarde des intérêts et de la sécurité de l’État. Je ne
voterai donc ni le monopole de l’enseignement, ni l’obligation du stage scolaire, deux me¬
sures que je considère comme contraires à la liberté de conscience, à l’apaisement des
esprits, à la a Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen ».
Notre armée nationale, si admirablement disciplinée, se voit, elle aussi, en butte aux
soupçons et aux attaques les plus injustifiés.
Je veux qu’on lui rende le respect dont elle était, hier encore, entourée par tous les
partis, La durée du service militaire peut être réduite, à la condition qu’une loi, sérieuse¬
ment étudiée, sur les rengagements et la constitution des cadres, assure îe recrutement
d’uu corps solide de sous-officiers et garantisse, contre toute attaque, la sécurité de nos
frontières*
J’ai voté le service de deux ans et la diminution des périodes d’instruction des 28 et
des 13 jours.
Je poursuivrai l’organisation du crédit agricole ; je voterai toutes les mesures propres à
alléger les charges énormes qui pèsent sur l’agriculture et à favoriser cette branche essen¬
tielle de la prospérité du pays*
La loi sur les boissons est mauvaise ; aussi j’ai voté contre la surtaxe de l’alcool et
contre l’ensemble de la loi*
Je soutiendrai donc devant la Chambre le vœu que j’ai fait admettre par le Conseil
généra! : réglementation intégrale du privilège des bouilleurs de cru, et, à défaut de la
suppression des licences, le retour à Tmicicn tarif,
l'apporterai tous mes soins à faire adopter par cette assemblée la construction des
chemins do for départementaux, celui de RacquevÜle et Tôles par la vallée de la Saine et
celui de Sami-Saëns à Dieppe par la vallée de la Varerme,
Ouvriers,
Ni le socialisme, ni le collectivisme ne vous donneront les satisfactions que vous doit un
gouvernement républicain. C’est dans une réforme de la législation ouvrière qu’il faut
chercher, pour vous, plus de justice et plus d’humanité.
le veux la liberté du travail. — Sans contrainte, sans contrôle, vous devez rester les
maîtres de vos droits et de l’emploi de votre temps et de vos forces. Mais, en échange de
vos efforts, la société a l'obligation impérieuse de vous aider, de vous protéger et, sous
l'orme d’encouragement à F épargne, il faut que l’État contribue à la constitution de caisses
de retraites destinées à assurer la sécurité de vos vieux jours.
Mes chers Concitoyens,
Tels sootles principes que, fidèle à mes engagements, fai soutenus pendant les quatre
ans de cette législature.
Pal la ferme confiance que vous les approuverez encore aujourd’hui. Et, lier de vos
suffrages, lier de votre appui, je retournerai, si vous le voulez, défendre à la Uiarabre la
politique vraiment républicaine de tolérance, de progrès, de liberté qui est la mienne
comme elle est la vôtre.
Julien ROULAND,
Conseiller générai du canton
de Racqueville,
Secrétaire de la Chambre des Députés,
Député sortant.
î™ circonscription du HAVRE
M. Jules SIEGFRIED
Élu au 2° tour de scrutin. — 6*520 voix.
Comité Central Républicain
alliance républicaine DÉMOCRATIQUE
Mes chers Concitoyens,
Je n'ai pas besoin d’une longue déclaration pour me présenter avons.
Youû me connaissez ; vous m’avez vu à l’œuvre; à défaut de paroles, des actes peuvent
répondre de mes convictions.
Depuis mon entrée dans la vie publique, en 1S70, j’ai consacré mes efforts à établir, h
consolider, à défendre la République, régime de justice, de liberté et de progrès, qui seul
pouvait réparer nos désastres, et qui Fa fait.
— 863 — N* 1162
Conseiller municipal, adjoint* maire, conseiller général, membre de la Chambre de
Commerce, député, sénateur, ministre, dans tous les postis dont m’a investi la confiance de
mes concitoyens , je suis resté fidèle à mon programme, inspiré des grands principes de la
Révolution française.
C'est parce que j'y suis fidèle encore aujourd'hui que j*ai accepté la candidature qui m’a
été offerte par le Comité Central Républicain.
L'heure est grave. Tant de fois repoussées de la conquête du pouvoir, les réactions
tentent' un nouvel effort; grâce à l'équivoque du nationalisme, elles veulent s'introduire
dans cetie République qu’elles n’ont pu emporter d’assaut.
ftous ne nous laisserons pas abuser.
Ce n’est pas avec l’alliance de la droite que nous voulons faire de la politique démo¬
cratique.
A la coalition de tous les ennemis de la République, nous opposerons l’union de tous
les républicains.
Partisan convaincu de cette union, je défends un programme de liberté politique, de
progrès économique et social, qui résume les aspirations communes de la démocratie fran¬
çaise; je n’entends exclure du bloc républicain que les alliés de la réaction et les collecti¬
vistes, dont Les utopies mettent en péril le principe même de la société.
Je veux une République qui assure à ia France le libre essor de ses énergies, par la
paix a l’intérieur, la sécurité à l’extérieur.
Je veux une République résolument laïque, sachant imposer aux factieux le respect des
lois, ne permettant à aucun pouvoir de se dresser en face du Gouvernement régulier du
pays,
Je vous dois mon sentiment sur quelques questions essentielles, sur lesquelles la pro¬
chaine législature devra se prononcer, ou qui furent inscrites de tout temps à l’ordre du
jour des préoccupations publiques.
Pour Renseignement, je reste convaincu que la liberté, qui crée l'émulation, est la
meilleure des solutions. Mais la liberté n'est rien sans l’égalité. La loi Falloux, qui donne
un privilège aux congrégations, doit être abrogée et remplacée par une législation qui
imposera les mêmes obligations à renseignement libre qu’à renseignement universitaire,
c’est-à-dire T équivalence de grade des professeurs, et une inspection sérieuse.
Le service de deux ans, sans affaiblir notre belle année, allégera les charges du plus
grand nombre et réalisera, par la suppression des dispenses, Légalité do tous devant le
devoir militaire. Cette réforme démocratique est prête. Elle doit aboutir sans délai.
l'estime que l’institution des retraites ouvrières ne saurait être plus longtemps ajour¬
née. Si l’obligation est indispensable pour réaliser ce progrès, je voterai l’obligation. Mais
avant de recourir à cette mesure extrême, il serait sage d'expérimenter le système si heu¬
reusement appliqué en Belgique, qui utilise l’intermédiaire des sociétés de secours mutuels
largement subventionnées par l’État.
L’éventualité de la séparation des Eglises et de l’État peut être envisagée, maintenant
que la loi des associations, qui en était le prélude, a abouti.
fl y a intérêt à exclure de plus en plus des préoccupations politiques les questions
religieuses, qui ne relèvent que de la conscience. Les convictions sincères n’ont qu’à y
gagner. Je suis donc partisan de l'Église Libre dans l’État souverain. Maïs la suppression du
Mget des cultes doit être précédée de la dénonciation du Concordat. 11 appartient au Gou¬
vernement d’étudier cette mesure et d’en prendre l’initiative. Quand il croira pouvoir ia
la proposer en toute sécurité et sans créer d’agitation, je La voterai.
Je passe aux questions fiscales.
La révision de la loi sur les boissons, désastreuse pour le Trésor et pour notre com¬
merce local, s’impose. La réforme essentielle est la suppression du privilège des bouilleurs
de cru, suppression qui permettra des dégrèvements.
ParüsâA (p un impôt sur lus revenus, mesure d’égalité fiscale, je repousse comme in u-
— 864 —
tile, vexatoirc et dangereux l'impôt global et progressif, qui aurait pour conséquence de
chasser les capitaux* Par contre, j'accepte !a dégression pour les petits revenus*
La gestion de nos finances commande la plus grande sagesse; il faut enrayer îes
dépenses pour ne pas être obligés d’augmenter tes impôts.
Pour arriver à ce double résultat, une révision du réglement de 3a Chambre est néces¬
saire; il faut limiter le droit d’initiative des députés en matière de dépenses publiques,
afin d'assurer un parfait équilibre du budget, condition indispensable du , crédit de la
France*
Mais les questions politiques et fiscales ne sont pas tout. Les questions 'économiques,
qui intéressent la vie profonde et l’activité de la nation, sont peut-être plus essentielles
encore.
Dans la concurrence internationale, ne nous laissons pas distancer par nos rivaux*
Portons notre pavillon sur toutes les mers, jetons nos produits sur tous les marchés,
envoyons nos commerçants sur toutes les places*
Convaincu que la liberté^ créatrice d’énergie, est indispensable au commerce, je com¬
battrai toute législation restrictive de l’initiative individuelle*
Les mesures propres à stimuler le mouvement des affaires auront toujours toute ma
sollicitude : traités de commerce, abaissement des tarifs des chemins de fer, développe¬
ment des câbles sous-marins, amélioration de nos communications télégraphiques et télé¬
phoniques, perfectionnement de notre outillage, mise en valeur de nos colonies.
Je mettrai au service de vos intérêts les compétences d’une yie passée dans les affaires
et l’étude de ces questions spéciales,
À cette œuvre de grandeur nationale *est liée la prospérité de notre ville.
Vive le Havre î
Vive la République !
Jules SIEGFRIED,
Ancien Sénateur, ancien Ministre du Commerce
et de l’Industrie,
Candidat républicain démocrate*
2e circonscription du HAVRE
M. Louis BR1NDEAU
Élu au i*r tour de scrutin* — 9-6 â8 voix.
Chers Concitoyens,
Pour la troisième fois, depuis 1895, je me présente aujourd'hui à vos suffrages.
Mon programme est celui du parti républicain progressiste auquel je suis toujours resté
fidèle.
Ce parti combat, en ce moment, pour ramener la République à une politique large,
conforme aux intérêts supérieurs de la France* U va droit devant lui, sans sc laisser émou¬
voir par des critiques de parti-pris ou par des calomnies intéressées* 11 a conscience d'ac¬
complir un devoir patriotique et de s’inspirer de la haute pensée des fondateurs de la
République*
En posant ma candidature aux dernières élections législatives, je m'étais déclaré par~
— 865 —
N* 1162
tisan « d’une politique républicaine à la fois ferme, libérale et tolérante, éloignée des théo¬
ries du socialisme collectiviste dont les doctrines, habilement présentées, sont devenues
un véritable danger pour nos institutions républicaines ».
J’avais placé aussi, au premier rang, les préoccupations que faisaient naître les
outrages qu’on commençait à déverser sur l’armée. « 11 faut, vous disais-je, fortifier notre
armée nationale, si chère au cœur de la France, et dont les chefs ont droit au respect et à
la confiance de tous les patriotes. »
Je crois pouvoir dire hautement que j’ai tenu ma parole en dépit d’attaques violentes
et perfides dont je m’houore.
Jamais je n’ai oublié que le mot de liberté figure, en première ligne,' sur la devise de
notre pays ; jamais je n’ai perdu de vue que la tolérance esi une vertu essentiellement
républicaine.
l’ai voté contre la loi sur les associations, à cause des dispositions anti-libérales et sec¬
taires qu’elle renferme ; je me suis prononcé énergiquement contre toutes les propositions
pouvant, sous une forme qelconque, porter atteinte à la liberté de l'enseignement et à la
liberté du travail.
J’ai protesté de toutes mes forces contre les mesures désorganisatrices dont 1 armée
nationale a tant souffert et contre la campagne odieuse entreprise et continuée, ostensible¬
ment ou en sourdine, par les anti-militaristes.
Enfin, j’ai fait une opposition constante à un Ministère qui compte parmi ses membres
l’un des chefs les plus éminents du parti socialiste-collectiviste. Sa présence dans le Cabinet
actuel a été, à elle seule, un encouragement pour les révolutionnaires. Ses tendances et ses
projets ont jelè l’inquiétude et le trouble dans le monde du travail.
Je persisterai dans cette attitude si j’ai l’honneur d’être votre élu.
La législature qui finit n’a accompli aucune œuvre politique digne de ce nom, aucune
grande réforme sérieuse. La plupart des quesiions qui se posaient en 1898 sont restées en
suspens*
Les partis avancés n’ont fait aucun effort pour faire aboutir les deux questions qui leur
servaient, à cette époque, de plate-forme électorale: Fimpôt global et progressif sur le
revenu et la révision de la Constitution.
Je suis resté l’adversaire de la première de ces propositions. Une politique d’économie,
de décentralisation administrative doit être l’indispensable préface du remaniement de nos
impôts. La réfotme financière devra consister dans une meilleure répartition des charges,
basée sur des signes extérieurs, sans aucune mesure inquisitoriale ; elle devra respecter
le principe de la proportionnalité. En ce qui concerne spécialement l’impôt des patentes,
je suis partisan du projet qui vient d’être voté par le Sénat et qui contient d’équitables
modifications.
Au point de vue constitutionnel, je demande le respect des principes fondamentaux
de la Constitution de 1875, qui nous a assuré la stabilité depuis près de tiente années,
c’est-à-dire le maintien de l’élection du Président de la République par le Parlement, de
l’exercice du pouvoir législatif par deux Assemblées et de la îesponsabilité des Ministres
devant les Chambres.
Je suis opposé aux doctrines plébiscitaires qui préconisent l’élection du Président de la
République par le suffrage universel et la responsabilité des Ministres devant le Chef de
l’État seul. J’estime que dans notre pays ce ..système serait une source de conflits entre
deux pouvoirs issus de la même origine, et qu’il conduirait promptement à l’anarchie poli¬
tique. Je suis également hostile aux propositions de révision formulées, en 1868, par les
partis d’extrême gauche, dans le but d’affaiblir ou de supprimer le Sénat. La haute Assem¬
blée constitue, en principe, un contre-poids indispensable au bon fonctionnement du
régime parlementaire*
Sans doute, la Constitution de 1875 pourrait être améliorée sur certains points secon¬
daires. Mais la première révision à opérer serait celle du Règlement de la Chambre . je
vous l’avais déjà déclaré en 1898, et l’expérience que j ai pu acquérir depuis que j’ai l’hon-
109
- 866 —
ïieiir de faire partie du Bureau de la Chambre m’a fortifié dans cette conviction. On y trou¬
verait, avec une meilleure méthode de travail, le moyen de faire aboutir plus promptement
les lois urgentes, principalement les lois d'affaires et Ja possibilité de mettre un frein
aux dépenses excessives, fruits des surenchères parlementaires ou électorales. Cette
réforme était prête; mais jamais ta majorité n’a consenti à discuter le rapport de la Com¬
mission qui Pa élaboré.
Au point de vue social, la proposition sur les retraites ouvrières, discutée récemment
n’a pu aboutir* Insuffisamment étudiée, elle a été repoussée aussi bien par les ouvriers
que par les patrons. Les sociétés do secours mutuels, dont elle a menacé l’existêncé, devront
servir de base à un nouveau projet. Elles devront être, dam ce but, largement encouragées
pat 1 État ; elles devront également être incitées à porter tous leurs efforts vers les œuvres
d'asissîance.
Relativement aux lois d’affaires, je me suis conformé strictement à mes engagements.
En ce qui concerne la loi sur la marine marchande, je m'étais déclaré absolument
hostile à toute prime aux navires d’origine étrangère. En conséquence, j’ai combattu, à la
tribune de la Chambre, ia disposition du projet de loi attribuant, sous le nom de eûMpên-
sation d’armement, une prime aux navires construits à l'étranger et j’ai présenté ensuite
des amendements tendant à restreindre le plus possible les avantages proposes en leur
faveur; enfin, j’ai demandé et obtenu, au cours de ia discussion, une modification favorable
à l 'industrie française, au point de vue des réparations. .l’ai lutté aussi de toute mon éner¬
gie contre te Ministre des finances pour éviter qu’il fut porté atteinte, d’uue façon
rétroactive, au grand détriment de nos chantiers et de nos armateurs, aux engagements
pris par l’Etat au sujet des navires à voiles construits on à construire sous le régime de la loi
de 1393.
Des considérations financières, dont je laisse la responsabilité à qui de droit, ont
amené lu Parlement à restreindre, dans une mesure excessive, ia parlée de la loi nouvelle.
Lorsque la situation le permettra, il y aura lieu de demander, à cet égard, dans l’intérêt de
la construction française, la révision de quelques-unes de ses dispositions.
P ai voté contre la loi sur le régime des boissons, qui surchargé si lourdement notre
légion. Vos représentants auront pour devoir d’en poursuivre îa réforme devant la prochaine
Chambre.
Membre et plusieurs fois rapporteur de la Commission de la Marine, j’ai contribué à
l’étude et à la solution de nombreuses questions concernant soit notre marine nationale,
soit notre navigation commerciale*
Mon attention s'est portée d'une façon toute spéciale sur les questions concernant ks
ports de commerce.
En ce qui concerne les travaux actuellement en cours dans notre port, je suis intervenu
fréquemment pour en hâter l’exécution, notamment à la tribune de la Chambre en 1899 et
au commencement de cette année. Les lenteurs si regrettables dont on se plaint, sont dues
aujourd hui, non pas à lin suffisance des crédits, mais à une mauvaise organisation admi¬
nistrative ; elles doivent appeler 1 attention du Parlement sur la nécessité d’une réforme
tendant à augmenter les pouvoirs et les moyens d’action de nos Chambres de Commerce.
Ce serait ie meilleur moyen d'activer Pexécmion dn programme de grands travaux votés
récemment par la Chambre et ou le Havre se trouve compris pour une somme de 20 mil¬
lions.
La question du chemin de fcf du Sud- Ouest, capitale pour T avenir de la région
bavraise, a fait, depuis 1S98, un pas décisif. La mise à l’enquête d'utilité publique, atten¬
due avec impatience depuis de si longues années, a été ordonnée, principalement grâce aux
énergiques efforts de mon collègue M. fiispal, auxquels je me sais associé. Cette enquête a
eu lieu, et les formalités si compliquées auxquelles sont soumis les projets de cette nature
sont aujourd’hui terminées. Le projet de lot sera déposé aussitôt que les demandes de
concours adressées aux départements intéressés seront réglées.
An point de vue économique, nous trouvons des enseignements dans les faits qui se
N° 1162
- 867 -
sont accomplis dans d'autres pays. On peut constater que presque tous, môme l Angleterre,
cherchent a protéger contre la concurrence du dehors les principaux facteurs de leur acti¬
vité.
Nous devons donc continuer à défendre notre industrie et notre agriculture, sans
tomber toutefois dans des exagérations toujours dangereuses.
Eu ce qui concerne particulièrement l'agriculture, qui occupe dans la T circonscription
une place si considérable, je me suis associé, conformément a mes promesses, aux mesures
susceptibles de favoriser la culture du blé et du colza, qui sont, pour notre région nor¬
mande, d'une importance de premier ordre, Relativement an blé, j'ai voté les propositions
qui m’ont semblé de nature à donner aux tarifs de 1892 une entière efficacité ; relative¬
ment au colza, fai signé, avec un grand nombre de mes Collègues, une nouvelle proposi¬
tion de loi tendant à établir des droits sur les graines oléagineuses d'importation étrangère.
Cette proposition a été adoptée par la Commission des Douanes et il y a lieu d’esgérer
qu'un nouvel effort permettra enfin de faire aboutir cuite question au cours de la procb&iïw
législature.
Le développement des associations ou groupements agricoles, qui peuvent rendre aux
cultivateurs des services si considérables pour la défense de leurs intérêts et la vente de
leurs produits, doit appeler également la constante sollicitude des pouvoirs publics.
Une des questions qui préoccupent le plus vivement l’opinion est celle de la réduction
di la durée du service militaire. Cette réduction est possible, à condition d’être accompa¬
gnée de la suppression des dispenses injustifiées et de m sur. s permettant, au moyen de
rengagements, d'assurer le recruteme t des sous-'Ofïkiers, de combler les vides et de 1quf~
nir les effectifs nécessaires à la cavalerie et à l’artillerie. L'expérience que j'ai pu acquérir
comme Membre de la Commission de 1 Armée pourrait me permettre de contribuer utile-
raent à cette réforme si désirable.
Électeurs,
La situation actuelle est particulièrement grave et le verdict du suffrage universel aura,
sur les destinées du Pays, une influence exceptionnelle.
Deux politiques se trouvent en présence.
L’une étroite, tracassière et violente, tendant à transformer la République en un régime
d'oppression* et dominée par les influences socialistes-collectivistes.
L’autre, large, généreuse, cherchant à faire aimer la République, à amener a elle tou¬
tes les bonnes volontés, à donner a tous les citoyens plus de liberté, plus de sécurité, plus
de justice.
C’est pour cette dernière que je vous demande de vous prononcer.
Vivo la France! Vive la République!
Louis DRINDEAU,
Candidat républicain progressiste,
Député sortant,
Secrétaire de la Chambre des Députés,
Ancien Maire du Havre.
3Ü circonscription du HAVRE
M* SUGHETET
Élu au 1er tour de scrutin* — 9,583 voix*
Messieurs et chers Concitoyens,
11 y a quatre ans, vous ôtes venus, en masse et de tous les cantons, me demander de
vous représenter à l'Assemblée législative.
Votre demande était toute spontanée, car je n'avais point sollicité vos suffrages ; aussi
mVt-elle laissé un souvenir ineffaçable*
Pressé par vos instances, je n’avais pu me soustraire à l'honneur que vous veniez
m'offrir et j'avais accepté d’être votre candidat.
Quelques jours à peine nous séparaient du scrutin, et sans que j'aie pu faire campagne,
visiter la circonscription, prendre contact avec les électeurs et faire plus ample connais¬
sance avec vous tous, vous m'avez élu votre représentant à la Chambre des Députés, pour y
soutenir vos intérêts et y suivre une politique d'apaisement, de concorde et de progrès.
Vous me demandez aujourd'hui, Messieurs, de ne point déserter le poste d'honneur que
vous m'avez confié.
Si je n'écoutais que mes préférences et mon intérêt personnel, je n'hésiterais pas à me
dérober à la lutte. Mais l'heure n’est pas venue d'abandonner la cause de la liberté si gra¬
vement compromise* C'est le devoir des libéraux de combattre la politique jacobine et
sectaire que nous subissons depuis plus de deux ans et qui a été si préjudiciable à tous les
intérêts nationaux.
Je reste donc au poste et je me présente h vos suffrages pour défendre à la Chambre en
votre nom les principes d'une République libérale, ouverte à tous, et respectueuse de tous
les droits.
L'égalité devant la loi pour tous les Français : telle sera ma ligue de conduite.
Quant aux questions économiques, qui doivent préoccuper au plus haut point un député
soucieux des intérêts matériels de sa circonscription, vous pouvez être sûrs que je m'asso¬
cierai à tomes mesures capables de les résoudre.
Je travaillerai notamment à l'amélioration des classes laborieuses en développant
l'association chez les travailleurs, et en encourageant l’épargne et la mutualité, moyens les
plus puissants de conservation sociale.
Voulant la liberté absolue du travail, je répudie toute mesure attentatoire à cette
liberté, comme sont l'arbitrage et la grève obligatoires.
Je continuerai à prendre la défense des intérêts industriels et commerciaux en favori*
sant le travail de nos nationaux, les mettant à l'abri de la concurrence des autres nations,
des dangers du cosmopolitisme et de l'envahissement de l'élément étranger.
Les questions maritimes, auxquelles je me suis vivement intéressé pendant cette légis¬
lature, ne me laisseront pas davantage indifférent. J'espère pouvoir encore me rendre utile
à nos armateurs, dont j'ai servi la cause, comme à nos braves marins, pour lesquels j'ai
demandé et obtenu l'institution d'une médaille d'honneur.
Avant toutes choses, et nul n'y trouvera à redire, car au sort de l’agriculture est liée
notre prospérité nationale, — je soutiendrai les revendications agricoles, si légitimes et si
justifiées J'ai la ferme conviction que la loi de protection des graines oléagineuses, qui
semblait condamnée, mais qui, pendant cette législature, a fait un grand pas, aboutira
enfin. J'y consacrerai encore toute mon énergie et mon travail ie plus assidu.
n° im
— 869 —
Soucieux des intérêts des contribuables, que Ton charge de nouveaux impôts, je ne
cesserai de voter contre toute demande de crédit nouveau qui ne serait suffisamment jus¬
tifiée : le meilleur moyen de réaliser des économies serait de restreindre les rouages de
nos administrations. On y arriverait facilement par la décentralisation, en faveur de laquelle
j'ai signé une proposition de loi.
Si maintenant nous envisageons les questions sociales, républicain libéral, je voterai
contre toute mesure qui porterait atteinte à la liberté d’enseignement, comme la loi sur le
stage scolaire et le monopole de renseignement remis à l’Université.
Partisan dd droit d’association pour tous les citoyens, je combattrai la loi d'exception
votée contre les associations religieuses.
Partisan de la réduction du service militaire, que j’ai moi-même demandée et votée,
comme d’une égale répartition des charges militaires entre tous les citoyens, je ne m’asso¬
cierais cependant à aucune mesure qui pourrait affaiblir la force et le prestige de notre
armée.
Electeurs,
Depuis de longues années, je vis au milieu de vous; je suis, par conséquent, à même
de connaître vos besoins et ceux de la circonscription que je viens de représenter pendant
quatre années à la Chambre des Députés.
Si vous m’honorez de nouveau de vos suffrages, vous pouvez être assurés de nommer
on représentant soucieux de vos intérêts, qui sont les siens; un représentant dont le plus
grand désir est de rendre service à tous.
l’ai la conscience d’avoir prêté un égal concours à tous ceux qui me font demandé;
tous peuvent compter sur mon impartialité la plus absolue.
A. SUCTÏETET, Député sortant,
Membre du Conseil général.
Président de la Société d’Agriculture pratique
de l’arrondissement du Havre
et de la Société de Secours Mutuels du canton de Goder vil le,
Maire de Bréauté.
Circonscription de NEUFGHATEL
M. BOÜCTOT
Elu au 1er tour de scrutin. — 10.563 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
Au moment où vous êtes conviés a m’honorer, pour une nouvelle législature, de votre
sympathie et de votre confiance, je considère comme un impérieux devoir, envers vous tous
et vis-à-vis de ma conscience elle-même, de préciser, aussi clairement et aussi succincte¬
ment que possible, les grandes lignes de mon programme politique.
Attachement ferme et résolu à la République, conçue comme un régime d’ordre, de
progrès et de liberté, c’est-à-dire, en somme, tel qu’il est consenti par les esprits, appelé
par les mœurs et consommé dans l’opinion.
Adhésion formelle à un ministère d’union des centres et de défensejsoriale, le seul
— 870 —
capable de favoriser le développement des institutions démocratiques tout en fermant Sa
brèche imprudemment ouverte par le ministère Watdeek-Rmisseau aux infiltrations collec¬
tivistes.
Liberté de conscience pour tous les citoyens.
Liberté de Renseignement, telle qu’elle a été édictée par l'article 9 de la Constitution
républicaine du 12 mars 1848,
Transformation méthodique et graduelle de Pimpèt, proportionnellement aux facultés
des contribuables, avec dégrèvement à la base, atténuation au prorata des charges de
famille, mais en dehors do tonte mesure vexatoire et inquisitoriale.
Perfectionnement des lois de mutualité et d’assistance et constitution de caisses de
retraites destinées à prévenir la misère qui guette trop souvent, au déclin de la vie, les
travailleurs de l’industrie ei de la terre, mais sans détruire toutefois chez eux le ferment
bienfaisant de ^initiative individuelle et de j'épargne.
Réduction h deux ans du service militaire actif en temps de paix, subordonnée à une
solide organisation des cadres de sous-officiers et a Légalité de traitement pour tous les
Français,
Maintien des tarifs douaniers, notamment en ce qui concerne les chevaux, les bestiaux
et les céréales.
Mesures spéciales contre le vagabondage.
Réalisation de toutes les réformes économiques destinées à venir en aide à l'agricul¬
ture, chaque jour plus menacée par les empiètements socialistes et l’indifférence coupable
des pouvoirs publics.
Voilà, Messieurs et chers Concltoy ns, en quoi se résume rua profession de foi : comme
vous le voyez, ni mes sentiments ni mes convictions n’ont varié depuis que vous avez bien
voulu m’appeler à vous représenter à la Chambre,
D'autre part, vous avez été à mémo, les uns et les autres, et eu de multiples circons¬
tances, de reconnaître que mon activité et mon dévouement vous étaient tout acquis, aussi
bien lorsqu’il s’agissait d’un service a vous rendre que de la défense de vos intérêts géné¬
raux.
Aussi, je nJ hé si te pas à croire que vous demeurerez aussi fidèles à votre député que
votre député s'est lui-même montré respectueux de ses engagements et soucieux de vous
être utile.
J’espère donc que vous m’investirez à nouveau de votre confiance et que vous me per¬
mettrez ainsi de travailler, avec zèle et persévérance, à la consolidation de la République
progressiste, c'est-à-dire, — car c’est à mes yeux un double idéal que rien ne saurait dis-,
joindre, — à la grandeur et à la prospérité du Pays.
Vive la France! Vive la République!
Votre dévoué,
ROÜCTOT,
Maire de Saint-Martin-Osmonville,
Conseiller général de la Seine-Inférieure,
Député sortant.
Candidat républicain progressiste*
— 871 _
N° Ü62
circonscription de ROUEN
M. BORGNE!
Élu au 1er tour de scrutin. — 6.993 voix
Mes chers Concitoyens,
Ma candidature veut dire :
Liberté pour tous., — Égalité pour tous.
Je suis républicain, sincèrement et profondément dévoué à la République qui doit être
le Gouvernement de tous et non le Gouvernement d’une faction s'emparant du pouvoir pour
opprimer le reste des citoyens*
Libre envers les comités, libre envers les journaux, je leur exprime ma reconnaissance
de l’appui qtfils veulent bien me donner, tout en me laissant mon indépendance; c’est sur
vous tous que je compte pour soutenir et faire triompher ma candidature.
À l’heure présente, il faut être pour ou contre le Minislèie.
Je déclare hautement que je suis contre la politique du Ministère Waïdeck -Rousseau,
tthierand, Gaillaux*
Je suis contre ce Ministère, parce qu’il est le Ministère du collectivisme, — des grèves
politiques et de la grève obligatoire, — des monopoles, — du gaspillage et du déficit de
nos finances, — de la désorganisation de l’année, des lois d’exception, — du monopole de
renseignement, — en un mot, un Ministère -de misère et de ruine matérielle et morale
pour le pays*
Je suis, au contraire, partisan : de la propriété individuelle, — de la liberté du travail
la plus étendue, — de l’ordre et de ! économie dans nos finances, — du respect de Par niée
mise à l’abri des injures*
Je suis pour la liberté de conscience, pour la liberté de Renseignement et pour la
liberté d’association.
Je demande au Gouvernement qui, après les élections, prendra le pou voir ? de gouver¬
ner pour tous les Français et pour la France elle-même qui a tant besoin qu’enûn on s’oc¬
cupe d’elle.
Le pays se meurt de nos divisions et de nos guerres intestines ; qu’il retrouve la paix
intérieure qui lui rendra toute sa force et toute son énergie*
Si je suis élu, c’est à réaliser ce programme que j’emploierai mes efforts.
Je serai de ceux qui veulent rendre la prospérité au commerce et à l’industrie en dimi¬
nuant leurs charges écrasantes* Quand le commerce et l’industrie sont prospères, tout le
inonde est heureux*
C’est surtout par le travail et les sociétés libres de secours mutuels aidées par l’État
que les ouvriers verront s’améliorer leur sort et pourront assurer leur vieillesse*
suis pour le service de deux ans obligatoire pour tous, à la condition que ce chan¬
gement dans nos lois militaires û’afktWisse pas la force de notre armée, qui doit plus quo
jamais rester entière en face de l’étranger.
— 872 —
Mes chers Concitoyens,
J’ai l’habitude de tenir mes promesses, vous l’avez vu au Conseil municipal et au Con¬
seil général.
Si je suis votre Député, je m’engage à travailler de toutes mes forces pour le bien de
la France.
Vive la République! Vive la liberté!
BORGNET,
Conseiller municipal, conseiller général.
2° circonscription de ROUEN
M. le comte de PO MERCI!
Elu au lor tour de scrutin. — 10.637 voix.
Mes chers Concitoyens,
En me présentant de nouveau à vos suffrages, avec la conscience d’avoir loyalement
rempli mon maudat, je ne veux pas laisser ouvrir le scrutin sans adresser à chacun de
vous, en même temps que mes remerciements, l'expression de mon dévouement et de ma
sympathie.
Invinciblement attaché à la politique de conciliation, je me suis mis, pendant toute la
durée de la législature, à la disposition de tous, m’efforçant d’assurer mon concours à
chacun, sans distinction d’opinion.
C’est encore cette politique d’union que je pratiquerai demain. Si vous me renvoyez à
la Chambre, j’y rentrerai avec la même indépendance de tout esprit de parti, le même
souci de vos intérêts, la même volonté de défendre le commerce, l’industrie, l’agriculture
de notre grande région.
Comme par le passé, je m’opposerai à toute aggravation des charges des contribuables:
je voterai la diminution des frais de justice, la réduction du service militaire dans la mesure
compatible avec les intérêts de la défense nationale, le maintien des tarifs protecteurs, les
projets destinés à combattre le vagabondage dans nos campagnes.
Je réclamerai énergiquement ; pour toutes les associations, le droit commun ; — pour
les parents, la liberté absolue de choisir les maîtres de leurs enfants; — pour tous les
citoyens, le libre accès aux fonctions publiques.
Je m’efforcerai de venir en aide aux populations des villes et des campagnes eu votant
une loi qui, par de larges subventions à la mutualité, mettra les ouvriers atteints par l'àge
ou la maladie à l’abri du besoin.
Électeurs,
Fidèle à mon programme et à mes engagements, j’ai soutenu le Ministère modéré de
M. Méline, comme je défendrai à l’avenir tout Ministère républicain libérai décidé à lutter
sans merci contre les menées des cosmopolites, contre les collectivistes et les ennemis de
l’armée.
— 873
N* 1162
Vous me trouverez toujours au premier rang pour combattre les hommes qui portent
atteinte aux consciences, menacent la liberté du travail et la propriété, sèment la haine et
la division entre les citoyens et cherchent à diminuer l'idée de patrie*
Comte de ROMEREU, ,
Maire du Héron,
Conseiller général de la Seine-Inférieure.
Député sortant.
30 circonscription de ROUEN
M. Julien GOUJON
Élu au 1er tour de scrutin. — 7.506 voix.
Programme.
Application, dans un sens plus sincère et plus démocratique, de la Constitution.
Suprématie de la Chambre des Députés en matière financière.
Séduction du nombre des Députés.
Décentralisation administrative .
Extension des pouvoirs et des attributions des Conseils généraux et des Conseils muni-
dp aux.
Suppression des Conseils d’arrondissement et des sous-préfectures.
Suppression des emplois et fonctions inutiles. — Relèvement du traitement des petits
fonctionnaires.
Obligation pour VÉtat, les départements et les communes (comme pour les autres
patrons) de respecter les croyances et les opinions de tous les fonctionnaires, commis et
employés.
Protection du travail national.
Amélioration du tarif général des douanes.
Obligation pour l’État de ne faire ses commandes à l’étranger qu’en cas d’impossibilité
absolue de les faire exécuter en France.
Suppression des primes sur les navires construits à l’étranger.
Taxe sur les ouvriers étrangers, qui n’ont pas à supporter les charges des ouvriers
français.
Maintien de la propriété individuelle; liberté de Fepargne,
Répression énergique de l'agiotage et de l’accaparement, en ce qui concerne notamment
les blés et autres denrées nécessaires à l’alimentation.
Interdiction de tout nouveau monopole au profit de l'État, sauf en ce qui concerne les
objets relatifs à la défense nationale.
Organisation démocratique du travail.
Liberté absolue d'association pour les syndicats comme pour tous les autres citoyens.
Réduction du travail à dix heures dans les usines et ies manufactures, et à huit heures
dans les mines et les exploitations souterraines ou reconnues dangereuses pour la santé du
personnel employé, sans distinction dJàge ou de sexe. Exception, toutefois, pourra être laite
à cette règle suivam les saisons ou suivant les localités, par arrêté du maire, après avis des
Chambres syndicales et I® Conseil municipal entendu.
i%ù
— 874 -
Suppression de la concurrence faite au travail honnête et Jibre par la main-d'œuvre
pénale des prisons centrales et départementales.
Amélioration de la loi sur les accidents du travail, — Son extension à tous les salariés
commis et employés du commerce, de l'industrie et de l'agriculture.
Réparation plus équitable et surtout plus rapide du préjudice causé.
Création d'assurances mutuelles sur la mortalité des animaux.
Achèvement de la loi sur les conseils de prud'hommes. — Son extension aux employés
du commerce et de l'agriculture, ainsi qu'au personnel actif et sédentaire des chemins de
fer, des tramways et autres compagnies de transport.
Repos hebdomadaire pour tous les salariés de l'État comme pour les ouvriers, commis
et employés du commerce et de l'industrie. Réglementation du repos hebdomadaire paries
maires, après avis conforme des associations professionnelles ou des Conseils municipaux.
Amélioration des lois relatives à l'assistance judiciaire et aux saisies-arrêts sur les
salaires des ouvriers et des commis et employés de commerce.
Achèvement du Gode du travail.
Création d’une Caisse nationale de retraites pour la vieillesse et r assistance obligatoire
aux infirmes et aux incurables.
Caisse de retraites ouvrières sans qu'il soit touché aux salaires et gérée par les sociétés
de secours mutuels largement encouragées par les pouvoirs publics.
Accession des employés et des voyageurs à l'élection des tribunaux et des chambres de
commerce. — Même électorat pour lesdits tribunaux et chambres de commerce.
Répartition plus équitable et plus démocratique des impôts et des charges publiques, en
tenant compte d'une façon plus juste et plus humaine des revenus de chacun.
Allégement des patentes et de toute autre taxe qui n'en serait qu’une superfétation.
Allégement progressif de la patente en faveur des nombreuses farndles.
Révision radicale de la loi du 29 décembre 1900 sur le régime des boissons.
Dégrèvement des lois et licences qui frappent si lourdement le commerce des liquides.
Suppression du privilège des bouilleurs de cru, sans augmentation du nombre des
fonctionnaires et sans vexations chez les propriétaires récoltants.
Suppression effective de l’exercice chez les débitants.
Révision des lois qui régissent les taxes d'inspection et de vérification des poids et
mesures.
Assujettissement des coopératives et des économats, lorsqu'ils exercent véritablement
lo commerce, au régime fiscal applicable aux autres commerçants.
Répression de la concurrence faite au commerce sédentaire par déballeurs et
annonciers de liquidations fictives.
Liberté d’association pour tous les citoyens. — Liberté des consciences et liberté des
cultes.
Respect absolu du droit et de l'autorité du père de famille en matière d'enseignement
Accessibilité, par voie de concours, de tous les citoyens aux bourses, grades et fonctions,
s'ils justifient de leur honorabilité, sans distinction de croyances ou de religions.
Réduction du service militaire à deux ans avec suppression des dispenses ayant un
autre caractère que le besoin réel de la famille.
Révision du Gode de justice militaire. — Atténuation des peines.
Compétence des tribunaux de droit commun pour les infractions n'ayant pas un carac¬
tère purement disciplinaire.
Politique étrangère suivie avec plus de fermetêjet surtout d'une façon plus conforme à
nos traditions national es -
Vive la République !
Vive la liberté !
Julien GOUJON.
— 85 S
N° 1162
4e circonscription de ROUEN
M. QUILBEÜF
Elu au 1er tour de scrutin. — 7.912 voix.
Mes chers Concitoyens,
Dans quelques jours, vous allez être appelés à choisir de nouveau votre représentant à
la Chambre des Députés. Je viens solliciter de vous le renouvellement du mandat que vous
m’avez fait L’honneur de me confier en 189 S.
Fidèle aux déclarations que je vous avais faites alors, j’ai désapprouvé plusieurs des
lois qui ont été votées, parce qu’elles ne m’ont point paru inspirées par les sentiments de
justice et d’équité qui, seuls, doivent guider le législateur.
j'en citerai quelques-unes : la loi sur les boissons, qui a soulevé tant de protestations
et entraîné un gros déficit; la loi sur les successions qui, après avoir très justement admis
la déduction du passif, a réparti l’augmentation suivant une règle, non pas proportionnelle,
mais progressive à rebours, puisqu’elle porte sur ies plus petites parts successorales et
s’arrête aux grosses fortunes ; la loi sur les associations, qui enlève le droit d enseigner a
une catégorie de citoyens et la rejette hors du droit commun.
Par contre, j’ai donné mon approbation entière à la loi qui a supprimé l’admission tem¬
poraire des blés, la faculté d’entrepôt et le trafic des acquits-à-caution, si piéjudiciables aux
intérêts de l’agriculture.
J’ai été l’initiateur de la loi du 30 juin 1899, relatif aux accidents du travail agricole.
J’ai réussi, malgré l’opposition du rapporteur de la Commission du budget et du
Ministre des Finances, à faire attribuer aux communes, pour leurs sapeurs-pompiers, la
totalité de la taxe spéciale de 1.200.000 francs.
D’autres réformes, depuis longtemps étudiées et prêtes à venir en discussion, n’ont pu
être votées, notamment la loi sur les graines oléagineuses et les huiles ; la loi sur le vagabon¬
dage, dont j’ai vainement réclamé la mise à l’ordre du jour, sans pouvoir l’obtenir, malgré
l’urgence de son adoption. 11 en a été de même pour le projet de création des chambres
d’agriculture ; du projet des patentes, qui n’a pu être de nouveau discuté à la suite des
modifications apportées par le Sénat.
La question des retraites ouvrières a fait l’objet d’une étude approfondie ; cependant,
le projet devra être remanié, car la très grande majorité des sociétés consultées, et les
intéressés eux-mêmes, s’y sont montrés nettement défavorables.
Je suis de ceux qui estiment que, sans recourir à un organisme nouveau et très coû¬
teux, il y aurait grand avantage à utiliser l’admirable institution des sociétés de secours
mutuels et de prévoyance; en augmentant leurs subventions, on aurait en elles un puissant
auxiliaire pour résoudre ce grave problème-
Je me suis associé à la motion, votée par la Chambre, invitant le Gouvernement à étu¬
dier s’il serait possible d’abaisser à deux ans la durée du service militaire, qui pèse si
lourdement surtout sur les classes laborieuses. Je voterai cette modifr^tion, dès qu’il sera
établi qu’elle he causera aucun préjudice à la bonne organisation de notre armée et ne
portera pas atteinte à sa solidité. L’armée doit rester en dehors de nos discussions et de nos
luttes politiques, tout en demeurant l'objet de notre plus sérieuse attention, ainsi que de
notre constante sollicitude, afin qu’elle soit toujours forte et respectée.
— 876 —
Electeurs,
Républicain sincère et libéral, j’ai désapprouvé la politique du Ministère actuel, parce
qu’il a cru devoir s’allier aux socialistes collectivistes.
J’entends rester fidèle à mon programme de 1898, qui comprenait : le maintien de la
Constitution; le rejet de l’impôt global et progressif sur le revenu, qui ne peut qu’être inqui¬
sitorial et vexatoire; l’économie la plus rigoureuse, exigée par l’état actuel de nos finances'
le respect de la liberté individuelle, du travail et de la propriété ; la liberté de l’enseigne¬
ment, sous le contrôle et la surveillance de l’État ; le rejet du monopole universitaire et du
stage scolaire.
Comme l’agriculture, le commerce et l’industrie ont besoin d’être encouragés et pro¬
tégés. Je continuerai à m’associer à toutes les mesures susceptibles de donner nu nouvel et
plus grand essor au travail national, parce que tous, patrons et ouvriers, dont les intérêts
sont solidaires, seront appelés à en bénéficier.
Électeurs,
Je n’ai point hésité à prendre la parole au Parlement, lorsqu’il m’a paru utile de
défendre vos droits et yos intérêts. Vous avez pu juger, par mes votes, si je me suis fidè-
lement acquitté de mou mandat.
À vous de décider ! Quant à moi, convaincu d’avoir consciencieusement et loyalement
tenu les engagements que j’avais pris envers vous, j’attends avec confiance le verdict que
vous rendrez le 27 avril.
Vive la France! Vive la République!
QU1LBEUF.
Circonscription d’YVETOT
M. LECHEVALEIER
Élu au l“r tour de scrutin. — 12.995 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
En cédant aux affectueuses sollicitations qui me sont venues de tous les points de
l’arrondissement et en acceptant pour la sixième fois la candidature aux élections législa¬
tives prochaines, j’ai obéi à une seule considération ; mes amis m’ont affirmé qu’il me
restait encore un devoir à accomplir ; c’était de donner mon nom afin de leur permettre de
faire l’union des électeurs de nos deux anciennes circonscriptions sur un programme répu¬
blicain et d’afiirmer leurs sentiments dans une œuvre de paix et de concorde pour le bien
de notre pays.
Devant cette déclaration, ma réponse ne pouvait être douteuse : j’ai accepté.
Ai-je besoin d allirmer à nouveau ma politique? Depuis vingt ans que j’ai l’honneur de
représenter la première circonscription, je suis resté fidèle à notre' vieille devise: «Ni
réaction 1 ni révolution 1 ». Aujourd’hui comme hier, je demeure attaché à une politique
républicaine, largement réformatrice, respectueuse des droits de tous et comme je l’ai
toujours fait, je soutiendrai un ministère soucieux des deniers publics, tolérant, partisan
de la liberté de l’enseignement et de la liberté de conscience. Rappelant les paroles de
Gambetta, je répète avec lui que les plis du drapeau républicain sont assez larges pour
abriter tous les citoyens sincèrement attachés aux principes de la liberté de 1789.
n° im
— 877
Mais, demain comme hier, je combattrai résolument la politique radicale-collectiviste,
depuis près de trois ans implantée dans les conseils du gouvernement, et qui est la néga¬
tion des idées de liberté, de justice et de progrès. A celle chimère si peu séduisante et à
coup sûr rétrograde* qui prétend faire de l’Étal* devenu propriétaire unique* le répartiteur
du travail et des fruits du travail, j’oppose carrément la défense de la propriété indivi¬
duelle, parce qu’elle est le stimulant admirable et nécessaire de l’initiative* le but d’efforts
incessants, d’où naissent chaque jour une variété et une richesse de découvertes dont pro¬
fite l’humanlfê.
Je suis non moins décidé à laisser en dehors des discussions stériles de la politique,
au-dessus des passions au milieu desquelles se heurtent les partis, notre armée nationale,
composée de tous les enfants de la France, et je flétris avec indignation les inconscients ou
les misérables qui l’insultent, à la grande joie de l’étranger.
Je déclare, en outre, que je voterai le service militaire de deux ans pour tous, persuadé
que cet adoucissement à la loi ne peut compromettre la sécurité de la patrie* à laquelle
nous devons toujours penser. Je considère aussi qu’une atténuation des charges qui pèsent
sur nos braves marins doit être le corollaire d’une modification de la loi militaire.
N 'avons- nous pas, en dehors des questions irritantes pour le pays* ou derrière le
rideau s'agitent des ambitions personn elles, assez de raisons de nous unir sur un terrain
commun d'entente? Il suffit d’en rappeler quelques-unes.
La plus importante de toutes, c’est d’assurer l’équilibre du budget, sans emprunts et
sans impôts nouveaux ; à cet égard, j’affirme, comme membre de la Commission du budget,
que le corps électoral, en exigeant de ses candidats l’engagement formel de suivre une
politique d’économies, rendra un grand service au pays.
Nous avons aussi le devoir de penser aux vieux ouvriers, en leur constituant des
retraites* mais, en cette circonstance comme en beaucoup d’autres* le parti radical-collec¬
tiviste a montré son ignorance absolue des conditions du travail en proposant de prélever
obligatoirement sur les travailleurs une partie de leur salaire quotidien.
Nous avons beaucoup mieux à faire que de rogner le salaire des ouvriers, déjà insuffi¬
sant; c’est de laisser la liberté à tout le monde et de constituer des pensions de retraites
par l’intermédiaire des Caisses d'épargne et des Sociétés de secours mutuels* dont l’action
bienfaisante est si hautement appréciée de nos populations laborieuses.
ParleraLje de la loi sur le régime des boissons, qui a mécontenté tout le monde:
municipalités, débitants, consommateurs et producteurs ? En votant contre Vaugmentation
du droit sur Falcool* contre l’élévation des licences des débitants et contre l'ensemble de
cetielol dont tout le monde souffre aujourd’hui, je pensais bien défendre les intérêts de
notre région ; les faits m’ont cent fois donné raison. Je suis donc de ceux qui estiment
qu’une modification dans le sens de l’abaissement des taxes est indispensable.
D’autres questions importantes appelleront F attention du Parlement. Qu’il me suffise
de vous faire cette déclaration : je soutiendrai, comme par le passé, la sécurité du travail
national par la protection de l’agriculture, du commerce et de l’industrie.
Comptez toujours sur moi I Unissons-nous sur le terrain de la République modérée*
véritable régime de liberté pour tous et, débarrassés de ces discussions inutiles de la poli¬
tique, nous maintiendrons nos rapports cordiaux* afin de donner plus d’autorité et de force
à nos justes revendications.
Veuillez agréer, chers Concitoyens, mes respectueuses salutations.
F. LECHE VALU ER,
Maire d’Yvetot, Député sortant, élu en 188:1, 1885,
1889, 1893 et 1898. — Membre du Bureau de
la Chambre des députés.
~~ 818 —
SEINE-ET-MÀME
Circonscription de COULOMMlEHS
M. E. DËLBËT
Élu au i*r tour de scrutin. — 1 .1\Ï2 voix.
Mes chers Concitoyens,
il y a huit ans que j’ai Fhûftfteur de vous représenter à la Chambre comme député de
Coulommiers î je me présente de nouveau à vos suffrages, après avoir obtenu, cette lois
encore, l’appui unanime du Comité républicain de l’arrondissement
L “ Mon programme est toujours le même : c’est celui de la République démocratique
et progressive ; celui que j’ai proclamé et défendu sous l’Empire même, quand j’entrais
dans ia vie politique il y a quarante ans- Quelques mots suffiront pour en résumer les prin¬
cipes : liberté civile et polilique; respect à la religion ; neutralité religieuse ; prédominance
du pouvoir civil sur les éléments militaire et spirituel ; culte de la patrie, la plus grande et
la plus noble des institutions humaines ; honneur et respect à l’armée chargée de la
défendre à l'abri du glorieux drapeau de la France $ à l’armée qui doit rester, sans se mêler
de politique, la grande école de discipline et de devoir qu’elle a été aux plus beaux jours
de notre histoire ; ni militarisme, ni cléricalisme. Égalité, solidarité, prévoyance sociale.
Enfin, ce qui résume tout, ordre et progrès sous l'égide de la République, seule garantie
pour la prospérité générale.
Ce programme, je fai défendu par mes paroles et par mes actes avec une énergique
persévérance, en toute circonstance, au Parlement comme au Conseil général.
Je n’ai flatté personne, pas même les déshérités de la fortune, pas même ces humbles
et cee pauvres qu’il est si facile do séduire par des promesses et de belles paroles; mais j’ai
servi leur cause en toute occasion, sans bruit, sans réclame, dans les limites de la prudence
et de la justice,
À mes amis même, je sais dire la vérité, en refusant de les suivre, quand, voulant aller
trop vite ou trop loin, ils compromettent là cause du progrès. J’ai horreur de l'absolu, sous
toutes ses formes, et des vaines déclarations qui en sont la conséquence ; je vise le possible,
estimant qu’au delà il n’y a rien que surenchère électorale ou promesses intéressées, le
promets une seule chose : faire mon devoir, et c’est assez si j’ai voire confiance.
JL — Ces principes, qui m’ont guidé dans ma conduite politique, n’ont jamais été
mieux représentés au pouvoir que par le ministère de défense et d’action républicaine, dont
M- Waldock- Rousseau est le chef, sous la présidence de M, Émile Loubet, le vieux républi-
cain digne de tout respect : c’est pourquoi j’ai, dés la première heure, donné mon entier
concours à ce Gouvernement.
Je continuerai de le faire et, s’il quitte les affaires, je suivrai ceux qui marcheront dans
la même voie, la seule qui puisse assurer la paix sociale et le progrès sous toutes ses
formes.
H* 1162
-» m -
Après avoir calmé les c^prî^s par le seul recours à 1^ raison §t au bon seps ^ après avoir
rétabli l’ordre dans la rue et le respect de Fautorifé sans verser une goutte de sang français,
le ministère a assuré la stabilité gouvernementale par Faccord des républicains à la
Chambre et au Sénat et i! a pu enfin aborder les réformes, en proposant d’abord celles
pour lesquelles une majorité était possible,
III. — Énumérer toutes ces réformes serait trop long, car elles s'appliquent à tous les
domaines: législatif, économique, administratif; au militaire aussi bien qu’au civil; mais
toutes sont inspirées par le même esprit généreux et progressif ï suppression des privilèges;
lois sur les accidents? prQtçctyjce des intérêts des faibles; lois de protection et de prévoyance
sociales; développement des mutualités en attendant les grandes lois d’assistance sur la
vieillesse et la loi relative aux retraites ouvrières* Toutes deux ont été préparées par la
grande Commission de prévoyance sociale, à laquelle fai travaillé comme un des membres
les plus actifs pendant toute la durée de la précédente législature; loi sur les associations,
enfla votée, réglementant cette difficile matière, imposant à tons, et surtout aux congréga¬
tions religieuses, la Tègle commune; réforme de Ja Joi sur les boissons et lutte contre
Falcoolisme ; justice sociale à tous les degrés*
IV. — Les armées de terre et de mer ont été accrues et pourvues d’un matériel perfec¬
tionné ; la situation des officiels gt des soJdjUg a été améliorée ; une armée coloniale com¬
posée de volontaires a été créée; les grades ont été rendus plus accessibles à ceux qui
sortent du rang. C’est ainsi que les républicains répondent aux attaques de ces ligueurs
nationalistes qui prétendent exploiter à leur profit les sentiments patriotiques! Honneur
aux généraux qui, dédaigneux de ces stupides attaques, ont poursuivi cette nobïe tâche et
l’achèveront en établissant le service de deux ans!
V* — Que valent les attaques, contre nos Finances, de ceux qui crient partout que la
France marche à la faillite, parce que nous avons h faire face aux difficultés d’une année
mauvaise! Notre crédit qui nous a permis, chose inouïe jusqu’ici, de réaliser au pair un
grand emprunt ; létaux de notre rente, le plus élevé qu’il y ait en Europe, disent assez
quelles sont fausses, qu’plies spnt l’œuvre mauvais citoyen^,
Mais n’oublipns pas qqe F économie est le plus impétueux deg (ipvoir^ cqpime le répète
si souvent notre Ministre des Finances: rédqïppns les gros traifeqiepts et pméîiorops Ipp
pçtitS; Nqqs ayqps trQp dépensé et trqp d^jïçrsé nos ressources flans h ÇféâtioP notre
immense empire colonial: le moment est venu de limiter efforts et (Je !§§ copqentrer
pour l’exploit ati o a des parles les plu§ fécond^ dp pe| gpipjr&
VL — Sous l’habile, sage et fenne (Jireçtipq de i\L Jeaq Pupuy, l’agrïçulture a reçu
rpide et fappqi qui Itjj §ont indispensables : Fprppisajjon crédit agpgole pt des assu¬
rances mutuelles ; )e régime tjes adjugions tempqrriirçs ïnqdj#é !a ^pécql^tjqç sqr JeEj
acquits-à-cautïou arrêtée : l’encouragement à l’emploi industriel dé l^lcupt dénaturé; l’en-
^jgqerppnt agrjçoje développé; la qr^atjqp d’un office spécial de re|isçigqements pour
l’agriculture et tant d’aqtres réformes Ig proqveqt à féyidençp*
Vif* — Jamais la situation élqçtpj'gjq n’a $$ plus nçtte que dans cjjrçpn^ances
actuplles,
En face de nqps 3$ (Jfçsse la cohue dp$ partis arriérée pq rétrogrades qui, à des titres
divers et avec des vues opposées, sous fpqs Jgs masques^ ipèpeqt campagng cqntye Ip ^épUr
hjique, contre le progrès sqeiql, peur 1$$ restaurations cléricale^, pqQppfgjiiquef ou aristo¬
cratiques. Ces ligueurs, qui n’ont pu réussir ni par la violence ni par l’injure et la cqlpmpie,
opt organisé dqns iqptç [a fyance, aygp de l’argepf qui nq leur poûte gpèrp, un imrpense
efïprt m vuq d3S éleetpp^,
Juge^-en par ce qui se passe dans notre arrondissement: ils y sont représentés par qn
inconnu, venu parmi ppps sans qtiq peyspqqe Tajt appqlê? spqs autfe ration que ces çory-
pMes çftme presse qui fajt ïpétier d’ip^pl^er les honnête^ gens et surtopf les rpptiblicajqs*
Sa candidature est une sorte de défi injurieux à notre pays de Brie, qui n’q îpapqué
tljpmipes pour le représenter.
J'habite parmi vous depuis près de cinquante ans et la p|ug[granqg paftiç de njg vie a
— 880 —
été consacrée au service du pays. Je connais son esprit et ses besoins, et vous m'avez tou¬
jours vu au premier rang parmi les républicains, travaillant sans relâche à la réalisation du
progrès social*
Entre ces deux candidatures, vous n’hésiterez pas, j’en suis convaincu. J’attends sans
crainte le verdict que vous rendrez le 27 avril, en aïïirmant par vos votes que je n'ai perdu
ni votre sympathie, ni votre confiance.
Nous travaillerons encore ensemble au triomphe de la République ï
E. DELBET,
Conseiller général depuis vingt-deux ans, —
Maire de La Ferté-Gaucher depuis vingt-six
ans. — Fondateur et Président du Syndicat
agricole,
Circonscription de FONTAINEBLEAU
M, GIROD
Élu au 2e tour de scrutin. — 10,758 voix.
Citoyens,
Un congrès démocratique, réuni à Nemours le 2 février 1902, auquel assistaient
six cents délégués de toutes les communes de l’arrondissement, a décide déposer ma candi¬
dature à l'élection législative du 27 avril courant.
C’est au nom de ces six cents délégués que je viens solliciter vos suffrages, comme
candidat démocrate radical-socialiste.
J'ai poursuivi dans vos communes une série de réunions publiques dans lesquelles je
vous ai fait connaître mon passé et mon programme.
Je suis aujourd'hui l’objet des attaques les plus violentes, je sais d’où elles viennent;
la main des Jésuites, des congrégations et des cléricaux de tous genres se trouve dans ces
manœuvres de la dernière heure.
J’oppose les dénégations les plus nettes h toutes ces accusations et je vous donne comme
garantie de mon passé les fonctions que j'ai occupées jusqu’à ce jour.
En 1880, j'exécutais les décrets contre les congrégations;
En 1885, j'étais chargé par le ministère Goblet de la liquidation des biens de l’évêché
du Mans, et si j’avais été un mauvais serviteur de la République, après avoir été sous-préfet
de Bastia, je n’aurais pas été nommé successivement ;
Chef adjoint du cabinet du Ministre du Commerce et de l'Industrie, par M- Terrier, mi¬
nistre radical ;
Je n’aurais pas été nommé chevalier de la Légion d'honneur par son successeur,
M. Marty, et le décret qui me nomme n’aurait pas rappelé, comme il le fait, mes services à
Bastia.
Je n’aurais pas été nommé chef de service au Ministère des Colonies, puis directeur du
cabinet du personnel et du secrétariat dans le même ministère par un autre ministre ra¬
dical, M, Chau temps.
Je n’aurais pas été nommé gouverneur de classe des colonies, en 1896, par
M. Guieysse, également radical.
— 881
N° 1162
Enfin, je n'aufâis pas été nommé gouverneur de lre classe des colonies, le 17 janvier de
cette année, par le gouvernement de Défense républicaine.
Que celui de mes adversaires qui, clans les réunions publiques, déclare marcher avec
moi la main dans la main, alors qu'il me fait attaquer avec la dernière violence par las
membres de son comité, dans l'Informateur et Y Indépendance, répandus à profusion dans
toutes les communes, offre de pareilles références!
Je n'ai pas à insister sur les attaques du citoyen Dupuich : elles se produisent en
dehors des républicains ; elles viennent d’un adversaire déclaré de la première heure et qui
représente une doctrine politique absolument opposée à la nôtre ; les électeurs jugeront et
sauront faire justice.
Je suis, comme vous le savez, fixé à Nemours, j'y habite avec ma famille, c’est là oii
vous me trouverez en toutes circonstances.
Si vous me faites l'honneur de m'envoyer à la Chambre, je prends l'engagement de
venir rendre compte de mon mandat, tous les ans, dans tous les cantons.
Au congrès de Nemours, j’ai pris l'engagement de suivre fidèlement la discipline répu¬
blicaine. Je maintiens mon engagement; malgré les attaques que dirigent contre moi les
promoteurs de la candidature du citoyen Labori, je me désisterai en faveur de ce dernier
s’il a plus de voix que mot; l'intérêt de notre parti doit passer avant tout.
Vous connaissez mon programme politique : ü comprend toutes les revendications du
parti radical-socialiste ;
Élection do Sénat au suffrage universel. — Suprématie de la Chambre en matière
financière.
Séparation des Églises et de l'État. — Application de la loi sur les associations, — Vote
d’uiè loi sur les biens d'églises et sur les personnes ; dénonciation du Concordat, suppres¬
sion du budget des cultes et de l'ambassade du Vatican,
Abrogation de ia loi Falloux. — Laïcisation, dans le délai le plus court, de tout notre
enseignement.
Modification de notre système d'impôts, — Établissement de l’impôt progressif sur les
revenus. — Allégement des impôts indirects qui frappent lourdement les travailleurs. —
Révision du cadastre, modification de l’impôt foncier. — Suppression de l'impôt de
la persormeile-mobilière et des portes et fenêtres. — Suppression de la prestation. —-Révi¬
sion des patentes.
Économies dans les budgets de tous les ministères. — Réduction des gros traitements
et des grosses retraites. — Amélioration des traitements et des retraites des petits fonction¬
naires et des petits employés.
Réduction du service militaire à deux ans, avec suppression complète de toutes les dis¬
penses; réduction de la durée des périodes d'instruction pour la réserve et la territoriale,
Rachat des chemins de fer par l’État. — Réduction des tarifs. — Création de nouvelles
lignes à voie normale dans F arrondissement. — Amélioration des conditions du travail et de
la retraite pour tous les travailleurs des chemins de fer.
Réforme des frais de justice. — Extension de la compétence des juges de paix. — Di¬
minution des frais d'huissiers.
Organisation de la législation sociale. — Protection de l'enfance, — Protection de la
mère de famille. — Création des caisses de dotal ï té donnant à chaque enfant un certain
capital à 15 ou 18 ans, — Amélioration et extension de la loi sur les accidents du travail. —
Création de mutualités; de sociétés de secours mutuels; de syndicats de tous genres grou¬
pant les travailleurs et leur assurant les avantages et les bénéfices auxquels ils ont droit. ~
Organisation de l'assistance médicale sur les bases les plus larges. — Création d'une retraite
pour tous les vieillards à 60 ou 65 ans.
Telles sont. Citoyens, prises dans leur ensemble, les réformes que j'entends défendre
si je deviens votre représentant au Parlement, et, dans ces questions, comme dans toutes
autres, je n’aurai jamais d'autre but que Fintérôt de la démocratie.
Vive la République démocratique! L. GIROD.
I
111
circonscription de MEAUX
M. Gaston MENIER
Élu au 1er tour de scrutin. — 7.080 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je vieus, avec confiance, vous demander le renouvellement de mon mandat.
Vous me connaissez de longue date et vous savez avec quel dévouement j’ai toujours
défendu vos intérêts.
Par mes actes, mieux que par mes déclarations, vous pouvez juger mes opinions.
Mes adversaires ne reculent devant aucun moyen pour me combattre. La calomnie et
l’injure sont leurs armes favorites. Je me garde de les imiter.
.le viens sincèrement vous exposer l’œuvre accomplie par la majorité républicaine de la
Chambre, à laquelle je suis lier d’appartenir, et mon programme.
Cette œuvre est considérable et la mauvaise foi des adversaires de la République est
impuissante à la diminuer.
Et n’est-ce pas précisément parce que cette législature a été féconde en améliorations
de tout ordre que nous sommes l’objet des attaques de la réaction?
En m'accordant de nouveau vos suffrages, vous approuverez ces lois économiques et so¬
ciales, qui ont eu de si heureux effets pour les classes laborieuses ; ces lois de défense natio¬
nale et d’amélioration du sort de nos soldats, passées intentionnellement sous silence par
les nationalistes, craignant que voire bon sens ne leur objecte que la France et l’armée sont
mieux défendues par des mesures bienfaisantes que par des manifestations bruyantes; cette
loi sur les associations, réclamée depuis trente ans, qui a rnis un terme à l’abus fait par les
congrégations religieuses du principe de la liberté contre la société civile.
Quant à mon programme, mes chers Concitoyens, c’est celui du grand parti répu-
blicain.
Pour être élu, je ne vous ferai pas de promesses irréalisables. J’estime que la Repu-
blique doit poursuivre résolument Paccom plisse ment des réformes qui sont le développe¬
ment des principes de la Révolution française.
C est pour cela que je voterai la création d'une Caisse de retraites pour les ouvriers de
^industrie et de l'agriculture, et que je réclamerai le développement des institutions de
1 ré voyance , sociétés de secours mutuels et de retraites qui contribuent puissamment à
l’améliora tiou du sort des plus humbles.
Je veux la justice égale pour tous les Français et la diminution des frais de procédure.
Je veux la réforme fiscale, sans impôts nouveaux : j'ai proposé l’impôt sur le capital cl
je considère qu'en combinant ce système avec l’impôt sur le revenu, comme dans les Répu¬
bliques Suisse et des États-Unis, on parviendra, sans vexation d’aucune sorte, à dégrever
complètement ceux qui n'ont que le nécessaire, en prélevant peu sur ceux qui u'ont que
l'aisance et en frappant plus lourdement la richesse acquise.
Je veux la diminution graduelle des impôts de consommation.
Je veux également une protection efficace de l'agriculture, notamment par des subven¬
tions plus larges encore aux caisses de Crédit agricole, par la création de nouvelles écoles
professionnelles et de chambres consultatives.
J ai voté le service militaire de deux ans égal pour tous et j*en reste partisan, car il est
démontré qu il est parfaitement réalisable sans nuire à la défense nation alo.
j J ai toujours réclamé l'État laïque. C'est donc vous dire que, tout en garantissant la
— 883 — N° 1162
liberté de conscience* on doit poursuivre la séparation de l’État des choses des Églises, en
volant au préalable une loi sur la nolice des cultes, qui sera au clergé séculier ce qu’est la
joi des associations aux congrégations religieuses*
Si j’ajoute que toutes les réformes pratiques touchant à la prospérité du pays et au bien-
être des travailleurs — telle que celle qui étendrait aux ouvriers agricoles le bénéfice
de la loi sur les accidents — trouveront en moi un défenseur convaincu* je vous aurai
dit quelle voie j’entends suivre si vous me faites l’honneur de me continuer votre
confiance.
Mes chers Concitoyens,
Aucun pari! n’a le monopole du patriotisme. La Patrie et l’armée sont notre patrimoine
commun. Il est criminel de les mêler aux luttes des partis, comme le font les natio¬
nalistes.
Et de quoi donc se compose ce parti soi-disant nationaliste? De tous les débris de la
réaction* unis seulement par le désir de renverser la République.
Ses hauts faits sont encore présents à vos mémoires.
Vous n’avez pas oublié les troubles qui ont agité le pays, le coup de main de la caserne
de Reuilly, tenté par des factieux, les émeutes- qui Pont suivi, l’odieux attentat contre
le respecté Président de la République, qui a soulevé l’indignation de tous les vrais
patriotes.
La lutte n’est pas terminée. Comme au 16 Mai, les adversaires de nos institutions
leur livrent un furieux assaut
Ils furent vaincus alors par les 363; ils le seront demain par le bloc des ré¬
publicains.
Candidat de ce bloc au mois de juillet dernier, les électeurs du canton de Lagny m’ont
donné un témoignage éclatant de leur confiance en me renouvelant mon mandat de conseiller
général par 3 . 533 voix contre 546.
C3est au nom de FUnion des républicains que je sollicite de nouveau vos suffrages.
Le 27 avril, vous direz que j’ai l'ait mon devoir de bon Français et de républicain
en votant les lois de défense républicaine et les lois sociales réclamées par le pays,
et vous ferez triompher la politique de liberté, de travail et de progrès démocratique.
Vive la France !
Vive la République!
Gaston MENIER,
Conseiller général de Lagny,
Député sortant.
Candidat de FUnion des républicains.
— 884 —
2e circonscription de MEAUX
M. Émile CHAUVIN
Élu au lar tour de scrutin. — 5*514 voix*
Mes chers Concitoyens,
\ous m ayez envoyé à la Chambre en 1898 pour y soutenir le programme radical-
socialiste.
Vous demandiez à votre mandataire :
De défendre les institutions républicaines contre tonies les tentatives de la réaction
cléricale ;
De voler les réformes sociales destinées à diminuer et à supprimer les inégalités
sociales.
Je me présente aujourd'hui de nouveau a vos libres suffrages. J’ai conscience d’avoir
accompli ma tâche avec fidélité,
JJai voté pour la République démocratique, contre les entreprises nationalistes, cléri¬
cales et césariennes ;
fai voté la loi sur les associations, qui donne enfin à l’Etat laïque le moyen de se dé¬
fendre contre les envahissements de la puissance cléricale ;
J’ai voté Ja séparation de l’Église et de l’Etat et la suppression du budget des cultes;
J’ai voté pour les réformes de justice sociale, contre l’impôt progressif sur les succes¬
sions, la réforme hypothécaire, etc. j’ai proposé et fait voter le dégrèvement des petites
cotes mobilières.
Si vous me confiez à nouveau le mandat de vous représenter, mon programme sera
celui-ci :
L — Révision de la Constitution dans un sens démocratique.
Election du Sénat par le suffrage universel au scrutin de liste.
H. — Lutte contre le cléricalisme spus toutes ses formes.
Séparation de I Église et. de l’État. Suppression immédiate du budget des cultes. Abro¬
gation de la loi Falloux* Protection de l’Etat laïque contre l’envahissement des fonctions
publiques par les élèves des écoles congréganistes.
HL — Protection de Pagriculture contre les spéculateurs.
Sliictc application de la loi du 5 février 1902 sur les admissions temporaires, et son
extension dans le sens dhine défense plus énergique du producteur agricole, contre la spé¬
culation.
Application de la loi du 25 novembre 1900 sur le Crédit agricole, et son extension dans
le sens d un crédit à plus long terme offert aux cultivateurs.
Extension du système des achats directs par l’administration de la guerre avec payement
comptant des denrées livrées.
Suppression des tarifs de pénétration qui favorisent la concurrence étrangère et para-
lysent l’effet des droits protecteurs.
Lois piotégeant la propriété individuelle; refonte de la législation de la chasse.
— 885 —
N° 1162
IV. — Service militaire.
Application du principe voté par la Chambre le 24 février 1902. Réduction du service
militaire à deux ans.
Suppression de la taxe militaire qui n'est qu'un impôt injuste sur l’infirmité*
V. — Réformes fiscales.
Extension du principe de l'impôt progressif, déjà réalisé dans les lois sur les successions.
La progressivité appliquée à un impôt de remplacement, sur le revenu, avec exemption
totale des revenus inférieurs a 2.500 francs. Évaluation du revenu par voie de déclaration,
sans taxation ni inquisition»
Diminution des patentes des petits commerçants et augmentation de celles des grands
magasins.
VL — Organisation des retraites ouvrières.
pour tous les travailleurs malades ou âgés, par le système de la répartition.
Extension de la loi sur les accidents du travail à tous les travailleurs, notamment aux
ouvriers agricoles.
VIL — Révision des Codes dans un esprit de justice et d’humanité»
Vote de la foi de pardon.
Réduction des frais de justice ; suppression du monopole des avoués et des avocats.
Loi consacrant le principe de la réparation des erreurs judiciaires.
Réforme du cadastre dans le sens d’une diminution des frais et dfune pl us grande sé¬
curité assurée à la transmission de la propriété.
VII I. — Réformes administratives.
Suppression des fonctions inutiles en France et aux colonies.
Décentralisation des services publics; extension des pouvoirs des assemblées départe-
nmn taies et communales.
Mise en valeur des colonies actuelles.
Mes chers Concitoyens,
La situation politique actuelle est plus nette encore que celle de 1S98.
Le parti de la contre-RêvoIution et son vieil allié, le parti clérical, ont compris, depuis
la loi sur les associations qui frappe les congrégations, que l’heure de la lutte suprême est
venue. Ils font aujourd'hui contre la République démocratique un elïort décisif.
La République vaincra ou périra.
Aussi deux partis seulement sont en présence ;
Le parti de la contrc-Révolution forme un bloc.
Il réunit dans son sein tous les adversaires irréconciliables de la démocratie ; les natio¬
nalistes, qui essaient de dissimuler sous le masque d’un patriotisme bruyant leurs entre¬
prises Koulanglstes et césariennes? les faux républicains, qui se disaient autrefois progres¬
sistes avec M. Môline, qui se disent aujourd'hui défenseurs des libertés menacées et qui
sont en réalité républicains comme le Pape.
Le parti républicain forme lui aussi un bloc.
Il réunit dans son sein tous ceux, républicains, radicaux-socialistes et socialistes, qui
fuient la suprématie de l’État laïque sur l’Église, celle du pouvoir civil sur les oligarchies
factieuses.
Ceux qui ne sont pas avec ïe bloc républicain sont contre lui.
Ceux-là sont, qu’ils le veuillent ou non, les alliés de la contre-Rêvolution.
Mes chers Concitoyens,
Songeons à ce qui nous unît et non à ce qui nous divise :
Nous sommes unis pour la République contre le cléricalisme; pour l’École contre la
sacristie ;
Pour la République démocratique contre la Réaction,
Vive la République démocratique!
Émîlc CHAUVIN,
Conseiller général de Seine-et-Marne,
Professeur agrégé des Facultés de droit,
Député sortant,
Candidat radical-socialiste.
Circonscription de MELUN
M. BÀLANDREÀU
Élu au ior tour de scrutin, — S, 4M voix.
Chers Concitoyens,
À deux reprises différentes, en 1893 et en 1898* vos libres suffrages m’ont envoyé à la
Chambre des Députés pour défendre les institutions républicaines auxquelles vous êtes
profondément attachés.
J’ai conscience d’avoir rempli mon mandat avec la plus scrupuleuse fidélité*
Je n’ai d’ailleurs eu aucun mérite à cela, car j’ai toujours été républicain.
Aussi, en soutenant le ministère Waldeck-Rousseau, n’ai-je fait que remplir nos
communes intentions.
J’ai soutenu le cabinet Waldeck-Rousseau parce qu’il a rétabli la tranquillité dans le
pays, donné de plus solides assises aux institutions républicaines, abordé les réformes
d’ordre économique et social désirées par la démocratie, et opposé une digue aux empiéte¬
ments de plus en plus menaçants des congrégations religieuses.
Si vous me faisiez Thonneur de me donner un nouveau mandat, je suivrais la même
voie et j’appuierais de mes votes tout ministère disposé à réaliser les réformes depuis si
longtemps réclamées par les populations et notamment ;
La réforme de l’impôt dans un esprit vraiment démocratique;
La création de retraites ouvrières s’appliquant non t seulement aux travailleurs de la
ville et des champs, mais aussi aux petits cultivateurs et aux petits patrons;
L’abrogation de la loi Fa Houx, Je stage scolaire;
La réduction à deux ans de la durée du service militaire, sans dispense d'aucune sorte;
Et Inapplication rigoureuse de la loi récemment votée aux congrégations religieuses.
Depuis que j’ai 1 lamineur de faire partie de la Chambre des Députés, >e n’ai jamais
laissé échapper une occasion de témoigner de ma sollicitude pour les intérêts agricoles qui
se confondent avec ceux de notre région.
~ 887 — N° ldG2
Je . continwr&te, dans les circonstances difficiles que traverse Pagrieulture, à donner
mon vote a toutes les propositions de nature à améliorer sa situation.
y armée j notre belle et vaillante armée, que des intrigants cherchent à accaparer, doit
rester en dehors et au-dessus des luttes de la politique.
L’armée n’est la propriété d’aucun parti.
C’est l’armée de la France. Elle est sa sauvegarde et son honneur.
J ajouterai» en terminant, ce que vous savez déjà, que je suis partisan de l'émancipa-
üm progressive et raisonnée des classes laborieuses et que je désire vivement l’extension
toujours grandissante de la mutualité et de l’assistance, et que, comme par le passé, lorsque
vous me ferez l’honneur de venir me consulter, je vous recevrai toujours simplement, mais
en ami, trop heureux si ma bonne volonté et mon expérience peuvent vous être de quelque
utilité.
Tels sont, mes chers Concitoyens, les sentiments qui animent le vieux républicain que
je suis, le vieux républicain qui a lutté toute sa vie contre la réaction.
Vous direz le 27 avril s’ils sont conformes aux vôtres et si je suis toujours digne de
vous représenter.
Vive la République I
BALANDREAU
Membre de la Commission supérieure des Caisses d’épargne.
Député sortant,
Candidat Républicain.
Circonscription de PROVINS
Mi DERVELOY
Élu au 1er tour de scrutin. — 7. 611 voix.
Mes chers Concitoyens,
En sollicitant, il y a trois ans, vos libres suffrages à la succession de M. Montant, je
n’avais, ainsi que je vous l’ai déclaré, d’autre ambition que de marcher sur ses traces et de
continuer son œuvre républicaine.
Sur îa foi de mon passé politique» vous m'avez choisi h une imposante majorité. Votre
verdict avait cette double signification qu'il m’investissait de votre confiance et qu’il attestait
une fois de plus votre inébranlable attachement à une politique de progrès et de réformes
démocratiques.
Fort du devoir accompli, je ü -hésite pas à venir solliciter aujourd’hui le renouvellement
de mon mandat.
Vous connaissez mes votes, mes actes, que je vous ai exposés dans de nombreuses
réunions publiques où votre accueil sympathique m’a montré que nous étions toujours
d’accord. Vous avez pu constater qu'ils n’ont ôté inspirés que par le souci constant de vos
intérêts, et par un profond dévouement à la République.
Je m’honore d’avoir soutenu de toutes mes forces, pendant les trois années qui viennent
de s’écouler, le cabinet présidé par M. Waldeck-Rousseau et d’avoir participé avec lui à la
défense de nos institutions. Je me réjouis d'avoir pu ainsi contribuer à cette stabilité gou¬
vernementale si profitable aux affaires, qui, si elle n’a pas donné satisfaction aux amateurs
de désordre et aux fauteurs de coups d’État, a eu l’avantage de consolider la République,
d'augmenter sa force et son prestige à F extérieur.
— 888 —
Mon concours a été acquis à toutes les réformes d’ordre économique et social qui ont
marqué U législature, telles que la loi de la réforme Hypothécaire, ia loi des successions,
celle des boissons, et la réglementation de l’admission temporaire des blés, réclamée
instamment par nos agriculteurs,
JTai enfin voté, dans l'ordre politique, la loi des associations, qui, s'inspirant des doc¬
trines préc misées autrefois par Gambetta et Jules Ferrv, soumet toutes les congrégations au
régime bien anodin de l’autorisation législative.
C'est le vote d’une telle mesure, prise jadis par les monarchies elles-mêmes qui ^hési¬
taient pas, nu besoin, à supprimer les congrégations religieuses pour défendra la société
civile contre l'envahissement de la mainmorte et la domination des moines de toutes
couleurs; c’est ce vote qui soulève aujourd'hui les colères du monde clérical et réac¬
tionnaire.
J’estime que cette loi devra être rigoureusement appliquée et complétée par des dispo¬
sitions plus énergiques encore.
Je n’accorderai ma confiance, si vous me faites l’honneur de m'élire à nouveau, qu’à un
gouvernement animé de cet esprit, disposé à continuer l'accomplissement des réformes du
vieux programme républicain, et décidé notamment :
1° A poursuivre la transformation de noire système d’impôts par la suppression des
contributions actuelles et leur remplacement par un impôt général et progressif sur h
revenu, respectant le minimum nécessaire à l’existence et frappant le superflu, c’est-à-dire
la richesse acquise. — Cette réforme devra être la préface de la loi des caisses de retraite
au profit des invalides du travail,
2° À reviser la loi militaire de 1889 par la suppression des dispenses et par une égalité
plus complète dans la durée du service ramenée à deux années pour tous indistinctement.
Cette réforme rendra plus étroite l’uûion intime de l’armée et de la nation, appelées à se
confondre, au jour du danger, dans un effort commun pour la défense et l’honneur de la
Patrie.
Je m’engage en outre :
A voter, ainsi que j’en ai fait adopter le vœu par le Conseil général, lors de sa dernière
session, ta modification de notre régime sucrier qui aurait pour résultat de favoriser ta
production betteravière par une notable diminution de l’impôt do consommation ;
Et à proposer la révision de la loi relative à fa durée du iravail, dans le sens qui sera
réclamé par tes syndicats ouvriers locaux régulièrement organisés.
La lutte électorale qui se poursuit avec acharnement dans presque toutes les circon¬
scriptions rappelle celle des plus mauvais Jours. Aujourd’hui comme au Seize Mai, sous
l’Ordre Moral, comme en 1889. contre le boulangisme, c’est toujours ie même combat contre
les mêmes adversaires que soutient le parti républicain tout entier.
Sous des noms divers et des étiquettes trompeuses, c'est la coalition des anciens partis
qui s’agite et marche au combat, dirigée par la puissance invisible qui ne désarme jamais,
la puissance cléricale. C’est elle, c’est la Congrégation, qui, avec les millions arrachés à fa
crédulité publique, livre un suprême et dernier assaut.
Je connais assez le bon sens de nos populations briard es et leur républicanisme éclairé,
pour pouvoir affirmer qu’elles ne se laisseront pas duper par des formules et de vaines
apparences.
En face de la coalition, elles opposeront, comme autrefois, le bloc intangible des
sincères républicains, de tous ceux qui se recommandent de !a Révolution Française, de
tous les véritables amis delà justice et de la paix sociale.
Vive la République! Vive la Démocratie!
DERVELQY,
Conseiller général,
Député sortant,
Candidat radical-socialiste.
— 880 —
N° H 62
SEINE-ET-OISE
lre circonscription de GORHEIL
M* Georges BERTHOOUT
Élu au T tour de scrutin. — 5.592 voix.
PROGRAMME APPROUVÉ PAR LES COMITÉS RÉPUBLICAINS DÉMOCRATIQUES DE CORMILj
ESSONKES ET ÀRPAJON.
Citoyens,
Bien que domiçilliê à Gorbeü, je reconnais, étant nêdans le Gher,n'être pas plus origi¬
naire de Seine-et-Gise que M. Périllier de Nîmes, ou que M, Jean Bertrand qui est des Pyré¬
nées* Mais je déclare bien haut que si une personnalité autorisée de la politique républi¬
caine locale avait cru devoir accepter îa lutte, je ne me serais pas mis sur les rangs.
C’est donc pour ne pas laisser cette vaillante circonscription aux mains du radicalisme
dreyfusard ou du collectivisme internationaliste que les comités républicains démocratiques
de Corbeil, d'Essonnes et d’Arpajon et les grands Comités de l'opposition républicaine,
m'ont demandé de porter parmi vous, le 27 avril, le drapeau de la République démocra¬
tique et patriote. Dans la crise si grave que traversent présentement la République, la
France et la liberté, je n'ai pas cru pouvoir décliner cet honneur et ce devoir.
Mon programme est celui que j'ai défendu toute ma vie, par la plume et par la parole,
et qui a déjà reçu, en de nombreuses conférences et réunions publiques, votre chaleureuse
consécration. Je le résume ainsi :
Je voudrais que ïa République, aujourd'hui incontestée, cessât d'être le monopole des
politiciens sectaires, intolérants, incapables de toute œuvre féconde, 11 faut qu elle soit
enfin le gouvernement de tous pour tous, attaché à la suprématie de la société civile et au
maintien de ses conquêtes, mais respectueux de toutes les libertés et de toutes les convic¬
tions, ne séparant jamais non plus la cause du progrès de celle de l’ordre et se consacrant
avec 3 une persévérante énergie à l’amélioration du sort des travailleurs*
Pour atteindre ce but je demande ;
Tout d'abord des économies, pour parer au déficit avant-coureur de la ruine publique,
pour soulager le contribuable qui succombe sous le poids d une écrasante fiscalité ; et pour
permettre, grâce à des finances prospères, de réaliser les réformes sociales depuis trop long¬
temps attendues par la classe ouvrière;
La réduction des gros traitements et du nombre grandissant des sinécures, Rétablisse¬
ment d'un tableau d'avancement pour les fonctionnaires de tous ordres, qui seront ainsi
soustraits aux abus scandaleux du favoritisme actuel; la décentralisation adminisliative
qui restituera aux communes et aux départements le droit de decision dans les aflaiies
locales, tout en diminuant les frais d'administration*
Le redressement de notre système d'impôts, de telle façon que celui qui a peu paye
m
— 890 —
peu, que celui qui a beaucoup paye beaucoup , et que toutes les richesses, mobilières et
immobilières, soient également imposées avec des tarifs dégressifs pour les petits capitaux,
la péréquation et l’allégement des charges qui surimposent l’agriculture,
La défense des intérêts du commerce local, contre P accaparement et la vente à crédit
des grands bazars parisiens ;
La refonte des lois militaires, de manière à obtenir Ja réduction progressive du service
militaire jusqu’à un an, et ia réduction correspondante des périodes d’exercice, au moyen
de réengagements annuels de cinq ans, convenablement rétribués, qui assureront le recru¬
tement complet des armes spéciales et des cadres de l’infanterie, celte dernière arme seule
recevant des soldats d’un an. Ainsi Légalité devant l’impôt du sang sera rétablie par la
suppression absolue des dispenses, et la défense nationale sera plus solide que jamais,
Le développement de l’enseignement public à tous les degrés et pour tous ■ des asso¬
ciations professionnelles et agricoles, en les laissant strictement en dehors de la politique ?
du crédit agricole et du crédit populaire à bon marché; de l’hygiène appliquée aux ateliers
et à la durée du travail, mais sans réglementation arbitraire nuisible aux ouvriers eux-
mêmes ; de la mutualité sous toutes ses formes; de l’assïstaoce rendue obligatoire et suffi¬
sante pour tous les cas d’iuvalidïté ; et enfin de la prévoyance, par la participation libre à
une caisse de retraites largement subventionnée*
La révision de la constitution dans un sens exclusivement républicain, pour que la
nation soit désormais préservée des excès du parlementarisme devenu une oligarchie omni¬
potente et funeste; îe référendum, c’est-à-dire 3a consultation directe du pays sur le prin¬
cipe de chaque grande question d’intérêt supérieur à soumettre au Parlement; la réforme
du règlement de la Chambre, qui favorise l’obstruction, la stérilité et le gaspillage électoral:
Linterdiction de voter par procuration.
L’amnistie pour les condamnés politiques victimes de ia Haute Cour,
Enfin, Citoyens, j’estime avant tout que ridée de patrie, l'année et le drapeau doivent
être mis au-dessus de toute atteinte. C’est un crime, en ce pays encore mutilé, d’en dimi¬
nuer le prestige et la force, comme le font depuis trois ans les dreyfusards, maîtres du
pouvoir et leurs alliés, les internationalistes* C’est un crime aussi de livrer les eommande-
mcnis ot l’avancement aux caprices et aux délations des politiciens, au lieu de maintenir
l’armée intangible et respectée, comme le voulait Gambetta, au-dessus de nos querelles
intérieures, et ne regardant que les frontières...
Et je termine en répétant comme à la grande conférence d’Essonnes : A vous, Citoyens
de collaborer par vos suffrages à faire de la France la Patrie puissante et fraternelle que
nous rêvons capable d’ajouter jour à jour au patrimoine des ancêtres, restitué dans son
intégrité, les conquêtes incessantes du mieux social et républicain.
Vive la France ! vive la République!
Georges BERTHOULAT,
Directeur de la Liberté] Chevalier de la Légion d’honueur,
Licencié en droit,
ancien Secrétaire général de Préfecture,
Candidat républicain démocratique.
— 891 —
N° 1162
2" circonscription de CORBEIL
M. ARGELIKS
Élu au 1er tour de scrutin. — 7.747 voix.
Mi’ s chers Concitoyens,
Depuis troi3 législ atures, j’ai l’honneur d’fttre votre représentant ü la Chambre des
Députés,
J’ai cherché à reconnaître l’honneur que vous m’avez fait, par ma fidélité à mes enga¬
gements électoraux et par mon dévouement k vos intérêts généraux et régionaux.
Si vous me faites l'honneur de renouveler mon mandat, je mettrai à votre service plus
de force et d’autorité, en raison de Inexpérience et de la pratique des affaires publiques que
votre confiance m’a permis d’acquérir. Je fie saurais y apporter plus de dévouement et de
droiture.
Je n’ai rien à changer à mes déclarations précédentes, auxquelles je suis resté fidèle.
Vous savez quels sont mes principes ;
Je suis républicain, démocrate, patriote, partisan des réformes économiques et sociales
nécessitées par les besoins présents.
Républicain et démocrate : je veux un gouvernement stable, dégagé de toutes les com¬
pétitions de partis et de groupes, un gouvernement qui réponde à l’esprit démocratique de
la nation; des pouvoirs publics ne considérant que L’intérêt supérieur du pays et ne s’ar¬
rêtant pas à de mesquines querelles de mots ou de personnes.
Je veux la prépondérance du suffrage universel dans la direction des affaires publiques.
Je veux que la liberté soit la règle sous la République.
Je veux le respect vrai, sincère, de la liberté de conscience ; le respect vrai, sincère de
toutes les convictions philosophiques ou religieuses.
Je m’oppose aussi sincèrement à toute ingérence religieuse ou autre, dans les affaires
de la Nation, à toute immixtion dans le gouvernement de l’État,
Patriote : je veux la France grande, forte, respectée à l’extérieur, conservant intact son
patrimoine de traditions, de droits et de territoires. Mon vote sera toujours acquis aux
mesures qui nous permettront de maintenir cette situation. Je combattrai, sans hésitation,
tous ceux qui voudraient porter atteinte au sentiment patriotique.
Je poursuivrai, d’autre part, l’allégement des charges militaires compatible avec ïa
situation actuelle. Dans cet esprit, je voterai la réduction, aujourd’hui possible avec l’aug¬
mentation des rengagements, du service militaire a deux années, ainsi que la suppression
des treize jours.
Partisan des réformes économiques et sociales, nécessitées par les besoins présents,
je continuerai à protéger la production nationale, l'agriculture, l’industrie, le commerce et
le travail contre la concurrence de l’étranger.
Tous ces intérêts sont solidaires. Si le cultivateur, par exemple, si le paysan ne pou¬
vait plus se suffire sur sa terre, il viendrait offrir ses bras h l’industrie ou au commerce des
villes ; et, devant cette concurrence, le salaire de l’ouvrier et de l’employé des villes subi¬
rait la plus dure dépréciation.
Je défendrai à nouveau l’ouvrier français contre la concurrence de l’ouvrier étranger,
qui, lui, me supporte pas les lourdes charges financières ou militaires qui incombent a nos
nationaux.
La Chambre aura le devoir de rechercher et de faire aboutir un projet réfléchi consti-
— 892 —
tuant les « retraites ouvrières », donnant la sécurité du lendemain à celui qui n’a que ses
bras pour gagner sa vie et celle de sa famille, garantissant îa vieillesse de tous ceux qui,
par leur travail, contribuent à la prospérité de la nation. »
La première œuvre, îa plus importante de la prochaine législature, doit être îa réforme
financière. Il n'est pas possible, sans compromettre la prospérité du pays, de demander de
nouveaux sacrifices aux contribuables. Pour éloigner le déficit, il faut arrêter l’accroisse¬
ment continu des dépenses. Il faut que le budget de l’État soit voté dans les délais régle¬
mentaires, que son équilibre soit assuré par des recettes normales, qu’il ne comporte pas
déchargés nouvelles.
Je ne me perdrai pas dans le vain exposé d’un long programme.
Mes actes, mes votes — dont vous avez reçu le relevé - — témoignent, mieux que toutes
les paroles, de nues convictions et vous répondent de ma conduite dans l'avenir,
je veux en un mot, une politique d’entente et d’action républicaine, une politique de
paix et de liberté, de progrès démocratique, s'inspirant des seuls intérêts de la République
et de la Patrie, recherchant tout ce qui peut unir les citoyens et non les diviser, poursui¬
vant sans défaillance les réformes pratiques ; réalisant les améliorations économiques et
sociales qui peuvent servir la démocratie et contribuer à la prospérité de la nation.
Vous direz, le 27 avril, que cette politique est la vôtre, comme elle est celle de Sa
Nation,
Vive la France! Vive la République!
Jean ARGELIÈS, Député sortant.
Circonscription d’ETAMPES
M* AMD DRU
Elu au 1er tour de scrutin, — 7.7/|5 voix.
Mes chers Concitoyens,
La législature qui a pris fin eo 1898 avait accompli un effort très méritoire. Elle était
parvenue à réduire les dépenses publiques et à équilibrer le budget. Et vous vous souvenez
peut-être qu'au cours de la dernière période électorale, le 28 avril 1898, je vous disais
par voie d'affiches:
« Un budget (celui de 1898), établi dans ces conditions est en parfait équilibre et fait
grand honneur a notre pays. »
Vous saurez combien était juste cette appréciation lorsque je vous aurai fait connaître
que le budget de 1898 s’est liquidé eu fin d’ exercice par un boni de 92 millions.
La législature de 1893-1898 avait donc réussi à diminuer les dépenses et à éviter le
déficit, 3e me fais gloire de lui avoir appartenu et d’avoir défendu constamment une poli¬
tique qui, eu ménageant les ressources de chacun, consolidait ainsi les finances françaises,
fondement indispensable de la grandeur et de la puissance nationales.
Aujourd’hui la situation n’est plus la même.
La législature de 1898-1902 a abouti au déficit et quel déficit !
Il est de 175 millions, si on s’en rapporte au chiffre donné par le Ministre des Finances
dans sa demande de crédits supplémentaires du 27 février 1902.
II est de 337 millions, si on s’en tient au rapport annexé au procès-verbal' de la séance
N° H62
— 893 —
Ju Sénat do 20 février 1902, rapport dans lequel M. Antonin Dubost, rapporteur de la Com¬
mission des finances de la Haute Assemblée, a pris soin de faire état de toutes les recettes
normales et de toutes les dépenses réelles. .
En ce qui concerne l’exercico encours, les dépenses normales, qui s’élevaient a 5 rail-
[jarJs 1(33 millions en 1898, atteignent aujourd’hui 3 milliards 602 millions. D’une législa¬
ture à l’autre, elles ont été augmentées d’une façon définitive de 169 millions.
Quant aux dépenses réelles, qui comprennent, en plus des précédentes, ;ti. millions de
dépenses extra-budgétaires autorisées par la loi de finances, et 60 à 65 millions de crédits
supplémentaires déjà prévus, elles atteindront en 1902 le chiffre énorme de 3 milliards
ni fl millions (Sénat, Discours Ant. Dubost, du 19 mars 1902, Journal officiel, page 4SI.)
Ce n’est pas tout. Pour donner au budget de 1902 une apparence d’équilibre, on a usé
d’expédients. On a, d’une part, majoré les recettes, et on a d’autre part inscrit comme
recettes un nouvel emprunt de 6Et millions à réaliser prochainement. C’est la première fois,
je crois que le Parlement aura ainsi voté un budget ostensiblement en déficit. Ce ne sont
plus comme autrefois les lois de règlement qui révèlent le déficit. C’est ie budget lui-mème
qui le contient. Innovation dangereuse qu’on ne tolérerait pas pour le budget d’un départe¬
ment ou d’une commune.
En présence de pareils faits, vous reconnaîtrez combien on a eu raison de dire qu une
mauvaise politique aboutit fatalement à de mauvaises finances, et vous m’approuverez, j’en
suis sûr, de u’avoir pas voulu m’associer à celle qui devait donner de tels résultats. Le
pays ne veut certainement pas qu’on accroisse indéfiniment les lourdes charges qu il sup¬
porte. On en arriverait là cependant, si on ne devait pas renoncer à la politique pratiquée
depuis un certain temps, poursuivre une politique plus modérée et plus prudente.
Il y a autre chose. Le Ministre des Finances, ainsi que vous avez pu vous en rendre
compte en lisant son discours du 9 décembre 1901, affiché dans toutes les communes, a
menacé le régime protectionniste, qui a été le salut de notre industrie et de notre agricul¬
ture, - ,
Or, il ne faut pas perdre de vue que le régime protectionniste, tel que le législateur la
établi, nous est indispensable pour nous permettre de lutter contre la concurrence étran¬
gère. La ruine de l’agriculture n’atteindrait pas seulement des intérêts particuliers, elle
amoindrirait la richesse du pays et elle enlèverait à de nombreux ouvriers agricoles ou in¬
dustriels les moyens de vivre.
Les cultivateurs, les producteurs de céréales, de sucre et autres^ substances agricoles
remplissent une fonction importante; leur collaboration à la vie et à la prospérité de la
Patrie les place au premier rang des citoyens utiles.
Mes chers Concitoyens,
Il ne suffit pas de récriminer sur le passe. Aujourd’hui ii faut penser à 1 avenir.
Un pays comme la France ne doit jamais désespérer. 11 a trop de ressort et trop de
vitalité pour ne pas venir à bout des situations les plus difficiles. Mais il est temps d’aviser.
De nouveaux impôts seraient nécessaires si on ne parvenait pas à enrayer les dé¬
penses. C’est donc à une politique d’économies qu’il faudra désormais s’appliquer, et si
j’entre de nouveau au Parlement, c’est à cette politique que je veux avant tout apporter
mes soins.
Notre régime protectionniste peut se trouver en péril d’un jour à l’autre* Il faut que
votre représentant soit à cet égard d’une vigilance extrême. Ai-je besoin de dire que la
mienne sera toujours en éveil?
Le pays désire manifestement un allégement de ses charges militaires. Cette question
est uüe des plus importantes de celles qui seront discutées au cours de la prochaine légis¬
lature. Je n’hésite pas à déclarer que je suis, en principe, très favorable a la réduction du
service militaire, mais à condition qu’on assure d'abord le maintien des effectifs en favori¬
sant les engagements et les rengagements des sous-officiers et des soldats, et qu'on prenne
— 894 -
toutes les mesures nécessaires pour ne pas affaiblir notre armée, pour ne pas compromettre
les grands Intérêts de la défense nationale.
A ces déclarations j’ai le devoir d’ajouter celle qui suit:
La République a maintenant dans le pays des attaches si profondes que personne ne
cherche à la renverser. Quant à moi, je lui ai voué dés ma jeunesse un attachement sin¬
cère.
Fidèle à mon passé et aux engagements que j'ai déjà pris avec vous en 1893 et en
1898, ferme dans mes principes, allant toujours droit mon chemin, je suis aujourd'hui ce
que j’étais hier, c’est-à-dire sincèrement et loyalement républicain. Si je suis de nouveau
votre élu, je continuerai à soutenir au Parlement la politique modérée mais nettement ré¬
publicaine que j’y ai toujours pratiquée, et qui seule peut donner à la France le calme et la
prospérité dont elle a un si grand besoin. Dans les circonstances présentes, il est nécessaire
que sur un point capital comme celui-ci, nous soyons bien d'accord.
Mes chers Concitoyens,
Nous nous connaissons depuis trop longtemps, je suis deveuu l’ami d’un trop grand
nombre d’entre vous, pour qu'il soit nécessaire de vous faire d’autres déclarations.
Vous savez tout l’intérêt que je porte aux travailleurs. Vous savez combien je suis
désireux de voir améliorer le sort de ceux qui peinent ou qui souffrent. C’est une tâche qui
m’est chère et à laquelle je me suis particulièrement appliqué, notamment en prenant
l’initiative de la création des services d’hospitalisation, de mutualité, de maternité, qui
fonctionnent aujourd’hui dans notre département à la satisfaction de tous; ellle continuera
à être l’objet de mes constantes préoccupations.
Un devoir particulier s’impose. Des circonstances que je n’ai pas besoin de rappeler ont
jelé, durant ces dernières années, un très grand trouble dans le pays. Au cours des événe¬
ments auxquels je fais allusion, mon attitude n’a pas varié. L’armée est la garantie de
1 ordre, en même temps que la gardienne vigilante de nos frontières, et qui dit l’année,
dit la France. En refusant de m’associer à la campagne qui a été entreprise contre elle, en
lui conservant toute ma confiance, je suis certain d’avoir été l’interprète fidèle des habi¬
tants de l’arrondissement d’Êtampes, peuplé de braves gens qui,- comme moi, portent au
cœur l’amour ardent de la Patrie.
Mais après les secousses que nous avons ressenties, il serait temps de mettre un terme
à nos discordes et de chercher à refaire l’union dans le pays.
La France peut avoir un jour besoin de tousses enfants. Sans attendre l’heure des
épreuves, ils doivent s’habituer à ne pas se déchirer entre eux.
Lest difficile, direz-vous î Qu’importe! Tous les bons citoyens ont le devoir de s’y
employer. Pour ma part, j’y contribuerai dans la mesure de mes forces. Et j’ai la conviction
qu’en agissant ainsi, je servirai utilement vos intérêts, ceux de la Patrie et de la Répu¬
blique,
Docteur AMODRU
Maire de Chamarande,
Vice -Président du Conseil général de Seine-et-Oîse,
Député sortant,
Candidat Républicain.
m ~
« im
Circonscription de MANTES
M. Paul LEiAUDY
Élu au 1er tour de scrutin. — 9.336 voix.
Mes chers Concitoyens,
Depuis douze ans j'ai l'honneur de représenter notre arrondissement à la Chambre des
Députés: ai-je encore besoin de vous exposer un long programme ?
Vous m'avez élu en 1890, en 1893, en 1898, avec des majorités toujours plus grandes.
Cette année encore j'ai le ferme espoir que vous me renouvellerez le mandat que vous
m'avez confié, parce que j'ai la conviction d'avoir tenu fidèlement les engagements que
[avais pris.
J’ai soutenu la politique modérée, celle qui, s'inspirant de la Déclaration des Droits de
l'homme et du citoyen, a fondé la République, a fait sa grandeur, a assuré sa prospérité.
J'ai combattu la politique d'un ministère allié au parti collectiviste, politique qui a
amené la division dans le pays, apporté le déficit dans nos budgets, jeté le trouble dans
l'armée.
Le budget de 1901 s'est soldé en déficit, celui de 1902 n'a été voté par le Parlement
qu'au moyen de majorations de recettes et un emprunt de ôê millions : Rétablir l'ordre
dans nos finances par un contrôle sévère de nos dépenses et par de sages économies, sera
!e premier devoir des nouveaux élus.
D'autres réformes devront encore attirer l'attention des législateurs.
Répartir les Impôts d'une façon plus équitable et mieux prppor donnée aux ressources
de chacun ;
Faire aboutir le projet des relraites en faveur des vieux travailleurs, au moyen des
institutions de mutualité et de prévoyance;
Deviser les lois ouvrières qui, sous prétexte d'améliorer le sort de l'ouvrier, rendent
au contraire son travail pins difficile et moins profitable ;
Étendre le Crédit agricole, en favorisant la création de Caisses régionales ;
Combattre la dépopulation des eampagens par des lois qui assurent aux cultivateurs la
juste rémunération de leurs travaux- et diminuent les trop lourdes charges qui pèsent sur
eux;
Réprimer le vagabondage, qui constitue une véritable calamité pour les populations
rurales:
Diminuer les frais de justice si préjudiciables aux petits plaideurs.
Enfin la nouvelle Chambre aura à s'occuper de la loi militaire. J'ai voté le principe du
service de deux ans; je suis nu partisan convaincu d'une diminution des charges militaires,
compatible avec la nécessité de conserver à notre armée la solidité et la force qui sont in¬
dispensables à l'existence d'une grande nation comme la nôtre.
Électeurs 1
Vous assurerez une fois déplus, le 27 avril, votre fidélité au programme qui, depuis un
quart de siècle triomphe à chaque élection dans notre arrondissement.
Vous direz que, comme moi, vous êtes partisans d'une politique résolument répubü-
caine, sagement progressiste, cône raie des violences et des bouleversements dont toujours
travailleurs ont à soulïrir.
— m —
Vous affirmerez enfin ; j’en ai la conviction, sur mon nom, votre amour pour la
France, votre confiance dans Tannée nationale et votre attachement à la République!
Paul LEBAUDY,
Conseiller général.
Député sortant*
lre circonscription de PONTOISE
M* le vicomte J. CORNUDET
Élu au 1er tour de scrutin, — 9*369 voix*
Mes chers Concitoyens,
Arrivé au terme de mon mandat que vos libres suffrages m’ont conféré en 1898, j'ai terni
à vous en rendre compte.
Vous avez pu constater par vous-mêmes — ayant eu sous les yeux le texte de la confé¬
rence publique que j’ai prononcée à Pontoise le 5 avril dernier et que j’ai envoyée à chacun
d’entre vous, — que je suis demeuré invariablement fidèle au programme que j’ai développé
devant vous il y a quatre ans et qui avait eu alors votre haute approbation.
Cédant à de nombreuses sollicitations, je me présente à nouveau à vos suffrages*
Mon programme n’a pas varié.
De longues explications sont donc superflues : je ne suis pas pour vous un inconnu, veau
du dehors dans un but électoral*
Ayant passé ma vie au milieu de vous, siégeant au Conseil général de Seine-et-Oise
depuis près de treize ans, je suis depuis quatre ans votre Député, et je puis d’autant mieux
défendre vos intérêts que je les connais et que je les sers depuis plus longtemps*
Républicain convaincu et partisan résolu des progrès démocratiques et des réformes
sociales, je ne saurais, pas plus que vous, confondre la République avec des coteries qui —
sous couleur de défendre les institutions républicaines, auxquelles l’immense majorité des
Français est, comme moi, sincèrement attachée — satisfont des intérêts ou des rancunes
de parti*
Je ne saurais pas davantage confondre la République avec un Ministère qui, après avoir
gouverné pendant trois ans contre l'opinion publique, a préparé Favènement du collecti¬
visme, jeté le trouble dans Farinée nationale, et laissé le budget en déficit et les finances
du pays singulièrement compromises*
Assez de discordes civiles qui détournent notre attention des intérêts nationaux!
A la politique irritante qui, depuis trop longtemps, sème la division parmi les citoyens
et affaiblit la France en attendant qu’elle la ruine, je préfère de beaucoup la défense des
intérêts économiques, agricoles, industriels et commerciaux qui, plus que jamais, sollicitent
l’attention des pouvoirs publics.
ïî nous faut, au dedans, une politique de solidarité sociale sur laquelle peut et doit se
faire l’union de tous les bons citoyens, et, au dehors, une politique véritablement nationale
qui, sans faiblesse et sans provocation, assure d’une manière effective le respect de notre
drapeau et la défense des intérêts français dans le monde*
Sans de bonnes finances, point de réformes possibles*
Le premier soin de la nouvelle Chambre devra donc être de rétablir Tordre dans nos
— 897 —
N* 11G2
finances, d’assurer, par des économies bien entendues, l'équilibre du; budget qui doitîôtre
voté en temps normal, sans douzièmes provisoires, et de se préoccuper de la grosse ques¬
tion de l’amortissement de notre Dette publique. Pour meure un frein aux dépenses sans
cesse croissantes de l’État, il convient de restreindre l’initiative parlementaire en matière
de crédits nouveaux.
Vous savez ce que valent ces projets irréalisables qu’on fait miroiter aux yeux des élec¬
teurs à chaque période électorale et qu’on n’essaie du reste même pas de mettre à exécu¬
tion, lorsqu’on détient le pouvoir; je demeure opposé à l’impèt global et personnel sur le
revenu, d’importation allemande, qui est contraire à nos habitudes nationales et dont l’ap¬
plication ne peut se concevoir sans arbitraire et sans vexation. Je demande des réformes
fiscales pratiques qui soulagent les petits contribuables en réclamant, ce qui est juste, un
plus gros sacrifice aux grandes fortunes. C’est ainsi que j’ai voté dans la dernière législature
la réforme des successions et la réforme hypothécaire, et c’est ainsi que je réclamerai, si je
suis élu, la diminution des droits de mutation pour la vente des petites propriétés.
Nous devons encore tendre à rendre la magistrature plus indépendante vis-à-vis des
pouvoirs publics, et à obtenir une justice moins coûteuse, moins lente, plus rapprochée du
justiciable. Il conviendrait de rechercher une protection moins onéreuse des mineurs, dont
trop souvent les biens sont presque totalement dissipés en frais de justice*
Avec vous, je veux que notre armée, à qui incombe le soin de protéger, à l’heure du
danger, le territoire de la République contre l’invasion, reste en dehors de la politique et
soit mise à l’abri des inqualifiables attaques dont elle est l’objet.
La nouvelle Chambre aura aussi à se préoccuper de la loi sur le recrutement.
fai voté le principe du service de deux ans dont je reste partisan.
Je veux une diminution des charges militaires compatible avec la nécessité de ne pas
compromettre la défense nationale.
Les dispenses, beaucoup trop nombreuses à l’heure actuelle, doivent faire place mainte¬
nant à un service militaire égal pour tous.
Profondément dévoué à la démocratie laborieuse au service de laquelle j'ai consacré
toutes mes forces, je veux tout ce qui peut contribuer à augmenter le bien-être des travail¬
leurs de la terre ou de l’usine. C’est dans cet esprit que je favoriserai le développement des
institutions de mutualité, de prévoyance et de solidarité, grâce auxquelles on peut arriver,
par le triple effort des intéressés, des patrons et de l’État, à constituer les retraites ouvrières
dont l’organisation m’apparaît comme indispensable.
Je suis l’adversaire des utopies du collectivisme qui aboutiront forcément à de cruelles
déceptions, et je suis opposé à ces réglementations abusives que le socialisme veut substi¬
tuer à la liberté du travail.
C’est ainsi que la loi Colliard devra être remaniée de façon à tenir compte des intérêts
bien entendus des ouvriers et des apprentis.
Insensible à des injures et à des calomnies intéressées auxquelles je dédaigne de
répondre, je compte sur vous pour en faire justice.
J’en ai assez dit.
L’heure est assez grave pour n’être pas gaspillée en vains discours.
Le radicalisme, depuis trop longtemps allié complaisant du collectivisme, est dès
maintenant débordé, ainsi que vous pouvez le constater par vous-mêmes.
Rarement élections ont eu plus d’importance.
Vous voudrez sans doute affirmer, avec moi, que la République^ à laquelle nous sommes
sincèrement attachés, doit demeurer fidèle à sa mission, en garantissant la liberté de tous
les citoyens, quelles que soient leurs opinions philosophiques ou religieuses, la propriété
individuelle et l’intégrité de la patrie menacées par le flot montant du collectivisme!
Vive la France I Vive la République!
J. GORNUDET, Député sortant,
Conseiller général de Seine-et-Oise, Candidat républicain^
113
— 898
2B circonscription de PONTOISE
M. RGGER-BALLlj, dont Sélection a été annulée, a été réélu.
Voy, Élections partielles.
Circonscription de RAMBOUILLET
M. le comte de CARÀMAN
Élu an 1er tour de scrutin, — 7,973 voix.
Mes chers Concitoyens,
Fier de la confiance que vous m’avez témoignée, le îh avril 1901, en m’accordant
8.095 voix, je viens de nouveau solliciter vos suffrages.
Adversaire de la politique suivie par le Ministère actuel, je soutiendrai la République
tolérante, progressiste et ouverte à tous.
Je continuerai à détendre, comme par le passé :
La liberté de con science, la liberté d’enseignement, la liberté du travail.
Le relèvement de notre agriculture, l' économie dans nos linances, une plus juste réparti¬
tion des impôts, l’extension de nos voies ferrées, l’amélioration du sort des travailleurs
restent les bases de mon programme.
J’ai voté toutes les mesures qui peuvent affermir, dans notre législation, les principes
de justice et de solidarité.
Je veux que notre armée soit forte, respectée, à F abri des délations et des outrages.
Favorable à une réduction du service militaire, j’estime que cette forme est réalisable
sans compromettre les intérêts de la défense nationale.
Mes actes ont toujours été d’accord avec la loyauté que vous attendiez de moi.
Si vous faites appel à mon concours, je resterai à votre disposition, aujourd’hui comme
jadis, avec le même dévouement, la même affection, la meme indépendance.
Partisan de toutes les libertés, dévoué à tous les progrès,
Je m’associerai à vous pour défendre la République libérale contre la tyrannie des sec¬
taires, et donner à 3a France l’apaisement, la confiance et la prospérité.
Comte de CA RAM AN,
Conseiller général du canton de Limours,
Maire de Saint-JeaiMie-Beauregard,
Député sortant.
899 —
N° 1162
lri! circonscription de VERSAILLES
M. BERTEAUX
Élu au lür tour de scrutin. — 15.050 voix.
Mes chers Concitoyens et Amis,
Depuis neuf ans bientôt que j’ai l’honneur de vous représenter à la Chambre, les liens
d’estime, d’affection et de confiance réciproques qui nous unissent n’ont fait que se fortifier
et s’affermir chaque jour*
Et j'ai pu, d’autant mieux, pendant ces neuf ans, me consacrer sans relâche a I accom¬
plissement de mon mandat, que, sans cesse, je me suis senti soutenu par votre fidèle sym¬
pathie, par votre constante amitié*
Aussi, est-ce mû, avant tout, par un sentiment de profonde reconnaissance, que je
viens, à nouveau, solliciter vos suffrages et mettre, comme par le passé, mon dévouement
tout entier au service de mes concitoyens, de mon pays et de la République.
Vous m'avez vu à l’œuvre*
Vous savez comment jfai pris à cœur la défense de vos intérêts généraux et particuliers.
Vous savez comment je me suis attaché, de toutes mes forces, à la réalisation des me-
sures propres à favoriser le développement et la prospérité de nos communes et à amé¬
liorer de plus en phis le sort de nos concitoyens.
Vous m’avez fait la joie de m’associer d’une façon si intime à votre vie locale, que rien,
je puis le dire, de ce qui vous touche ne ni est étianger.
Vous savez aussi comment, au point de vue politique, j’ai rempli le mandat que vous
m'avez confié*
Considérant qu’un député doit à ses électeurs d’exercer personnellement son mandat,
par sa présence, aux séances, par la discussion à la tribune, par les travaux dans les com¬
missions, par la pratique rigoureuse du vote personnel, c’est à cette règle que je me suis
invariablement conformé.
Appelé par la confiance de mes collègues à faire partie des plus importantes Commis¬
sions de la Chambre, membre de la Commission permanente de la marine, quatre fois
membre de la Commission du budget, deux fois rapporteur du budget des postes, rapporteur,
cette année, du budget de la guerre, je suis heureux de reporter sur les républicains de la
première circonscription de Versailles l’honneur qui a été fait à leur représentant.
Comme rapporteur du budget des postes, des télégraphes et des téléphones, j’ai fait,
pendant deux années, l’étude la plus complète des améliorations et des réformes qu’il im¬
porte de réaliser pour mettre cette grande administration à la hauteur des progrès de là
science moderne et des nécessités de la vie économique et sociale.
Des progrès importants, dont j’ai pris l’initiative, sont aujourd’hui réalisés : des siné¬
cures inutiles sont supprimées, comportant de notables économies ; le sort des modestes
agents et sous-agents des Postes a été amélioré sur certains points ; d’autres réformes s’im¬
posent en leur faveur que j’ai proposées et que la législature prochaine aura le devoir d’ac¬
complir.
Notre réseau télégraphique et téléphonique s’étend de jour en jour ; des bureaux de
poste nouveaux ont été créés ; certain^ tarifs ont été abaissés ; des améliorations nombreuses
ont été apportées dans le service des ambulants et des distributions postales et télégra¬
phiques : j’ai démontré qu'il faut poursuivre dans cette voie, car toutes ces lé formes, non
seulement ne coûtent rien au Trésor, mais donnent d’importants bénéfices et contribuent
puissamment à la richesse et à ïa prospérité nationales.
Comme rapporteur du budget de la guerre , fai montré, par des actes qui valent mieux
que dos paroles, mon attachement a l’armée à laquelle j’appartiens depuis bientôt trente
ans et que je veux forte, respectée, placée en dehors des divisions politiques où les factieux
auraient voulu la jeter, so consacrant tout entière, et sans arrière-pensée, à la grande œuvre
de défense nationale que la République lui a confiée.
Mon rapport sur le budget de la guerre, conçu dans cet esprit, a reçu non seulement
l'approbation et les éloges de mes amis politiques, mais aussi l'approbation et les éloges de
mes adversaires politiques eux-mêmes.
Dans les deux volumes que j'ai consacrés au rapport sur le budget de la guerre, j’ai
fait une étude des plus approfondies de toutes les plus importantes questions militaires et
les solutions que j'ai proposées sont établies sur les documents les plus exacts et sur l’opi¬
nion des hommes les plus compétents.
J’ai voulu donner à notre armée le maximum d’effectifs et à notre défense nationale le
maximum de forces en imposant au pays le minimum de sacrifices; j’ai voulu assurer le
bien-être de nos soldats, tout en réalisant les économies compatibles avec les nécessités
militaires. C'est à la suite de mes propositions et de mes calculs que le principe de la
réduction à deux ans du service militaire, rendu égal pour tous, a été voté à une immense
majorité par la Chambre.
En même temps que j’étais chargé du rapport sur le budget delà guerre, j’ai eu Hion-
neur d’être le premier rapporteur du budget de l’armée coloniale, dont la création, inscrite
dans mon programme de 1898, est aujourd’hui réalisée.
Comme Membre de la Commission de la marine, j’ai apporté ma collaboration aux pro¬
positions et aux projets tendant à l’accroissement de nos forces maritimes, notamment par
la création des sous-marins.
Comme Député, comme Membre de la Commission du budget et de la Sous-Commission
des réformes fiscales, je n’ai pas manqué une occasion de réclamer plus d'équité et de jus¬
tice dans la répartition des charges de l’impôt.
\ous connaissez l'amendement Le Moigne ; je vous ai dit avec quelle énergie je l’avais
combattu, quels résultats néfastes il aurait produits si nous n’avions obtenu du Parlement
la réparation de cette injustice et le remboursement aux contribuables des augmentations
d impôts qu il avait entraînées, À cette occasion, j’ai opposé à l’amendement Le Moigne et
j ai défendu, à la tribune de la Chambre, une proposition de loi supprimant radicalement la
cote personnelle mobilière et l’impôt des portes et fenêtres et les remplaçant par Pimpôt
sur le revenu net que Gambetta appelait « le plus juste, le plus équitable et 3e plus moral
de tous. »
Ma proposition ne demandait rien à celui qui nJa que le nécessaire, elle demandait peu
a celui qui n a rien que 1 aisance et réclamait seulement le plein du tarif à ceux qui sont
favorisés d’un large superflu.
En attendant le vote de cette réforme, qui sera l'œuvre de la prochaine législature, nous
avons eu le bonheur de réaliser dans la dernière Chambre :
P La réforme des successions, qui dégrève de 75 millions par an les petits et moyens
contribuables ;
La reforme, hypothécaire et la Réforme des petites ventes qui dégrèvent de 25 millions
par an la petite et la moyenne propriété ;
3» La réformé des boissons, qui ouvre aux vignerons de notre région un marché de
3 millions d’habitants, jusqu’ici fermé à leurs vins, et qui supprime pour les consomma¬
teurs, et notamment pour les plus nombreux et les plus intéressants d’entre eux, les impôts
Ses plus écrasants, les plus vexatoires et les plus injustement progressifs à rebours.
L agnculture sera la première à bènôücier de ces importantes réformes fiscales, en
attendant que les dégrèvements agricoles que, pour ma part, j’ai toujours votés, soient
definitivement réalisés.
— 901 ~
N® 1102
Les cultivateurs* savent, (Tailleurs, avec quelle énergie j’ai pris en mains, à la Chambre
et au dehors, la défense de leurs intérêts : encouragements aux Syndicats agricoles; orga-
nisalion meilleure du crédit et des assurances agricoles ; réforme de la loi sur la chasse et
de la loi relative aux dommages causés ptr le gibier; protection de l’agriculture contre
l’agiotage ; atténuation des rigueurs actuellement excessives de la police du roulage ; réfec¬
tion de nos routes de Seine-et-Qise ; amélioration des emplacements aux Halles ; interdiction
à la Ville de Paris de la culture officielle maraîchère sur les terrains qui lui appartiennent
ou qui lui ont été concédés ; protection de nos vignobles contre le phylloxéra, de nos cul¬
tures contre le fléau des invasions d’insectes; subventions en faveur des cultivateurs vic¬
times de la grôle et des orages ; protection efficace de nos produits agricoles contre la con¬
currence étrangère ; abaissement des tarifs de transports par chemins de fer, etc.
Dans l’intérêt des cultivateurs, en même temps que des finances publiques, j’ai
demandé, comme rapporteur du budget de la guerre, et j’ai fait expérimenter le système
des adjudications fractionnées et des achats directs aux cultivateurs, qui constitueront, à la
fois, une source de profits pour l’agriculture et une source d’économies pour l’État.
Pour le commerce et l’industrie, la réforme des patentes s’impose ; j’ai soutenu, dans
ce sens, de tous mes votes, les propositions de nature à encourager le commerce et l’indus¬
trie et à permettre aux commerçants et aux industriels de nos villes et de nos campagnes
de lutter efficacement contre la concurrence désastreuse des grands magasins. J’ai, notam¬
ment, comme Membre de la commission du budget, rapporteur du budget des postes,
recherché toutes les améliorations de nature à favoriser notre essor industriel et com¬
mercial.
J’ai demandé la création d’un réseau français de câbles sous-marins, si nécessaire
pour nous affranchir de la surveillance de l’étranger dans nos correspondances télégraphi¬
ques avec nos colonies, et qui donnerait aux usines de notre région, et par suite à nos
ouvriers, du travail pour longtemps ; je me suis employé, de toutes mes forces, à doter
noire circonscription d’un réseau de tramways, et je ne discontinuerai mes efforts que
lorsque l’œuvre sera complétée.
Les réformes ouvrières et sociales ont fait l'objet de toute ma sollicitude. Après avoir
fondé la liberté et l’égalité politiques, la République se doit à elle-même de faire pénétrer
de plus en plus dans nos lois les principes de la solidarité et de la justice sociales.
La loi sur les retraites générales des travailleurs, dont la discussion est commencée,
doit aboutir sans retard, car c’est le premier des devoirs sociaux que d’assurer la dignité et
h sécurité de leurs vieux jours à ceux qui, de leur labeur, ont fait la richesse générale de
la France. Tous les citoyens doivent y contribuer, le riche d’aujourd’hui pouvant être le
pauvre de demain.
La loi sur les accidents du travail contenait de nombreuses lacunes : elle a été amé¬
liorée par ht loi du 1er Juillet 1899 et par la loi du 21 Mars 1902. Des améliorations nou¬
velles ont déjà été votées par la Chambre ; d'autres devront l’être encore, notamment afin
de rendre, comme je l’ai toujours réclamé, par l’assurance obligatoire et par l’intervention
del’Ltat, les primes moins lourdes et le règlement des indemnités immédiat, en suppri¬
mant les procès et les chicanes dont l’ouvrier blessé est encore trop souvent la victime.
La loi du 30 Mars 1900, qui n’est qu’une modification à la loi de 1892 sur le travail des
femmes, des jeunes filles et des enfants dans les manufactures, a été votée, à l’unanimité,
Psr les Chambres elle avait surtout en vue les grands établissements industriels, comme
ceux du Nord, où il était indispensable de sauvegarder la santé et la vie même des femmes,
des jeunes filles et des enfants, exposés, pendant toute Tannée, à des atmosphères sur¬
chauffées et respirant des poussières qui portent dans les poumons la tuberculose et la
toorl : cette loi devra être remaniée, — et j’y veillerai, — de façon à maintenir les amélio¬
rations qu’elle a consacrées, tout en évitant les interprétations extensives, de manière à
laisser aux ouvriers adultes la liberté qu’ils réclament et que nécessite la nature de leurs
havaux, dans les professions soumises à des périodes de court travail ou môme de chômage
Par suite des saisons et du temps, comme dans les corps de métier du bâtiment.
— 902 —
En thèse générale, toute réduction de ia durée du travail motivée par des raisons d’hy¬
giène, de santé, de bien-être moral, intellectuel et social, doit être réalisée sans entraîner
de réduction de salaire.
Parmi les lois du travail, il en est une, à laquelle, depuis six ans, comme Président
* du Groupe parlementaire de défense des ouvriers et employés des chemins de fer, j’ai
attaché mes plus persévérants et dévoués efforts, c’est la loi que, dans un sentiment d’af¬
fection qui m'a profondément touché, l’universalité des travailleurs des chemins de fera
appelée ; la loi Berteaux,
Cette loi, j’en ai obtenu le vote répété par la Chambre, et j’ai le ferme espoir que les
volontés, plusieurs fois affirmées, des élus du suffrage universel, finiront par entraîner l’ad¬
hésion des élus du suffrage restreint.
Le maintien de leurs emplois aux réservistes et aux territoriaux est aujourd’hui assuré
par la loi du 13 juin 1901*
La réforme des Conseils de prud’hommes est votée par la Chambre ; elle est en
instance devant le Sénat.
Pour empêcher rabaissement des salaires par la concurrence des ouvriers étrangers, il
est indispensable de voir enfin aboutir une loi protectrice du travail national et de la main
d’œuvre française.
En ce qui concerne nos Sociétés de secours mutuels, j’ai déposé une proposition de loi,
dont la Chambre a voté l’urgence et qui tend à doubler le maximum de la prime ou de la
rente servies aux membres de ces Sociétés,
Enfin la loi sur l’assistance judiciaire a été améliorée par la loi du 1er juillet 1901*
Dans l’intérêt des travailleurs et employés de notre région, j’ai été heureux d’obtenir
de notables améliorations dans le service des trains ouvriers et des cartes d’abonnement et
je poursuivrai, sans relâche, la réalisation des réformes de nature à assurer, de plus en
plus, la justice sociale et le bien-être moral et matériel des travailleurs*
Dans P intérêt de tous, j'ai poursuivi le rachat des ponts à péage, qui constituent une
servitude si tracassière et si onéreuse*
En matière politique, je reste le partisan résolu de la suprématie des élus du suffrage
universel et de la révision républicaine de la Constitution*
J’ai voté la loi sur les associations qui consacre enfin, d’une façon absolue, le droit de
réunion et d'association, tout en réglementant l’action illicite des congrégations qui reçoi¬
vent, dans un but politique, leur mot d’ordre de l'étranger.
Partisan résolu de ia liberté de conscience, à l’encontre de nos adversaires qui n’ont
que des cris de haine pour ceux qui ne pensent pas ou ne croient pas comme eux, je conti¬
nuerai à voter toutes les mesures qui auront pour but de l'assurer en supprimant les liens
qui amènent journellement des conflits entre les Églises et l’État. Je suis certain, ainsi, de
travailler à la pacification des esprits et des consciences et à la réconciliation do tous les
Français*
Au point de vue patriotique et national, la France a vu grandir encore, pendant ces
quatre armées, sa puissance et son prestige extérieurs. Son crédit est le premier du
monde ; sa situation Financière se chiffre, pour la dernière législature, par un excédent de
recettes de 277 millions ; l’Exposition de 1900 a affirmé, aux yeux de PUnivers entier, sa
richesse économique, industrielle, commerciale, agricole; non seulement nos alliances soin
consolidées, mais la Triplice elle-même se trouve affaiblie depuis que l’Italie s’est rappro¬
chée de nous. La visite que les Souverains alliés ont faite à la France, l’an dernier, et le
prochain voyage du Président de la République en Russie sont la démonstration éclatante
de ia solidité de nos alliances, de notre puissance et de notre grandeur nationales.
Mes chers Concitoyens, mes chers amis,
Après vous avoir ainsi exposé Pceuvre accomplie et celle qui reste à réaliser, conforme-
ment au programme sur lequel vous m’avez élu en 1893 et en 1898, programme qui n’a pas
varié et dont je poursuivrai la réalisation jusqu’au bout*
— 003 —
N° 1162
Après vous avoir faits vous-mêmes les témoins journaliers de mon labeur acharné, de
mon ardente fidélité républicaine, de mon dévouement absolu à la France, à la République,
à la démocratie sociale, à notre chère et vaillante circonscription, je ne m’attarderai pas à
relever de basses attaques qu’il suffit de repousser avec le mépris qu’elles méritent, et dont
vous, qui me connaissez, ferez hautement justice le 27 avril prochain.
Comme en 1893, comme en 1898, vous aurez à vous prononcer entre la République et
la réaction.
Sous des masques nouveaux, se cachent les rqôjnes adversaires.
Autrefois, c'était le Seize-Mai, puis le Boulangisme, puis les Ralliés; aujourd’hui, c’est
un parti sans nom, parti de coup d’État et de réaction, où se coudqjent dans un assemblage
informe les derniers débris de tous les régimes déchus.
Comme en 1893, comme en 1898, vous ferez contre la coalition des ennemis de la
République, le Bloc de toutes les forces républicaines, démocratiques et sociales.
Avec tous les représentants élus de nos cantons et do nos communes, vous n’avez
cessé, pendant les quatre années de la législature de me témoigner votre affection et votre
sympathie. Vous venez de m’en renouveler l’expression cordiale, en des ordres du jour cha¬
leureux, dans toutes les réunions que je viens de faire, et le scrutin du 27 avril prochain
eu sera la victorieuse et souveraine manifestation.
Comme en 1893, comme en 1898, vous assurerez sur mon nom le triomphe éclatant de
la République !
Vive la France ! Vivent les réformes ! Vive la République !
Maurice BERTEAUX,
Chevalier de la Légion d’honneur,
Député sortant,
Candidat de l’Union des Comités républicains,
républicains radicaux,
radicaux-socialistes et républicains socialistes
de la lre circonscription de Versailles.
2e circonscription de VERSAILLES
M. GAUTHIER (de Clagny)
Élu au 1er tour de scrutin. — 9.050 voix.
Comité de l’Alliance Républicaine Démocratique .
FÉDÉRATION REVISIONNISTE
Mes Chers Concitoyens,
Depuis seize ans, soit au Conseil général, soit à la Chambre, j’ai 1 honneur de vous
présenter.
A chaque élection nouvelle, vous m’avez donné les gages les plus précieux de votie
nüance et de votre sympathie.
J’ai conscience d’avoir consacré tout mon zèle, toute mon activité, toute mon intelli-
nce à défendre vos intérêts, à bien servir la France et la République. 11 s’est créé enire
nous des liens que ne parviendront pas à] briser les efforts impuissants d’une poignée de
sectaires et de politiciens aigris par leurs déboires électoraux*
Je n’ai pas à vous faire un programme chargé de promesses. Vous savez combien les
parlementaires sont impuissants à réaliser aucune réforme sérieuse*
le tiens à vous renouveler Passurance que je reste fidèle au programme de réformes
démocratiques et de pacification sociale, que vous avez tant de fois fait triompher sur mon
nom.
Les travailleurs, dont la vie n’est trop souvent qu'une longue série d’épreuves, savect
que je connais leurs besoins et que je compatis à leurs souifrances ; comme par le passé
ils me trouveront toujours disposé à les traiter en amis, prêt à m’associer aux mesures qui
peuvent améliorer les conditions de leur existence, assurer la liberté de leur travail et ]a
retraite de leurs vieux jours.
Les industriels et les commerçants, si rudement atteints par Inapplication de lois votées
h la légère, auront toujours en moi un défenseur résolu de leurs intérêts compromis*
Les contribuables, écrasés d’impôts, menacés de charges nouvelles pour faire face au
déficit creusé dans nos budgets par une politique de gaspillage sans précédent, savent
qu’ils peuvent compter sur mon énergie pour les défendre*
La première préoccupation de vos élus, après avoir ouvert aux exilés les portes de leur
Patrie, sera de porter un prompt et radical remède à l’accroissement effrayant de nos
dépenses publiques et à l’anarchie de nos finances*
Électeurs,
Depuis trois années, l’étrange coalition de politiciens sans scrupules qui s’est emparé
du pouvoir, a gouverné par l’arbitraire et régné par la corruption.
Désorganisant notre armée nationale, nos finances, notre industrie, notre commerce,
semant partout les divisions et la haine, ils semblent avoir pris à tâche d’affoler notre
démocratie laborieuse, pour la livrer sans défense à la réaction toute puissante, à la haute
Finance cosmopolite*
Le suffrage universel, dans la plénitude de sa souveraineté, va bientôt juger ces cou¬
pables et arracher de leurs mains le Gouvernement de la République, Vous tiendrez à hon¬
neur de prendre une large part à cette œuvre féconde de saîut national*
Chers Concitoyens,
Jamais la situation n’a été plus grave, jamais votre vote rf aura eu plus de poids dans
les destinées de la Patrie*
C’est à vous tous, qui voulez une France puissante et respectée, une démocratie libre,
une République nationale, tolérante et généreuse, accueillant tous les concours, ouverte à
toutes les bonnes volontés, un Gouvernement respectueux dos droits sacrés de la cou-
science humaine, poursuivant une politique d’union, de concorde et de réconciliation
sociale ;
C’est a vous tous, qui conservez intact le culte du drapeau, de la patrie et de la liberté,
que je fais appel ;
J’attends, avec une entière confiance, votre verdict souverain.
Vive la France! Vive la République 1
Votre dévoué,
Albert GAUTHIER.
— 905 —
N* 4162
3° circonscription de VERSAILLES*
M. RUDELLE
Elu au 1er tour de scrutin. — 7.712 voix.
Mes chers Concitoyens*
Je viens solliciter vos suffrages pour remplacer à ia Chambre mon regretté confrère et
ami Georges Haussmann. Comme lui, je suis l'adversaire résolu de la politique anti-libérale
et anti-nationale du ministère actuel.
Je suis républicain* démocrate* iibéral et patriote.
Républicain, cette épithète devrait suffire; je la revendique hautement avec ma qualité
de Français et d’Enfant de Seine-et-Oise;
Républicain démocrate* je veux plus de justice et plus de solidarité entre les fils de la
même Patrie ;
Républicain patriote, j’entends m’opposer aux menées sourdes de l’étranger et de tous
ses complices conscients ou inconscients qui nous ruinent et qui désorganisent la défense
nationale au profit de politiciens ambitieux et de financiers cosmopolites;
Républicain libéral, je veux le respect de toutes les opinions, la liberté de conscience,
la liberté d* enseignement, la liberté d’association, la liberté du travail, en un mot toutes
les libertés compatibles avec Pintcrêt général du Pays.
Electeurs,
Décidé à donner le pas aux réformes économiques et sociales sur la politique, j’en¬
tends :
Améliorer le sort des travailleurs par une plus juste répartition des impôts et des
charges publiques.
Protéger notre agriculture, notre commerce et notre industrie en leur donnant plus de
sécurité.
Protéger les ouvriers français contre la concurrence de la main-d’œuvre étrangère.
Résoudre le grave problème des retraites ouvrières.
Développer la mutualité et les sociétés de prévoyance.
Remédier aux abus de la loi Millerand-Colliard qui impose à l’ouvrier un chômage arbi¬
traire.
Prendre d’énergiques mesures pour combler le dôGcit apporté dans nos budgets par
une politique de gaspillage sans précédents ; en assurer F équilibre en opérant les plus
sévères économies et en réduisant le nombre toujours croissant des fonctionnaires.
Régler par des lois nouvelles mieux étudiées, pins rapidement votées* les rouages
administratifs, judiciaires et parlementaires, dont le fonctionnement laisse depuis longtemps
à désirer.
Telles sont les lignes principales du programme auquel je veux me consacrer.
Vous savez qui je suis ; mon passé et mon dévouement vous sont connus * ancien sub¬
stitut du Procureur de la République, puis avocat à Versailles, conseiller général depuis
dix ans; conseil ou membre de la plupart des sociétés de l’arrondissement, ancien Prési¬
dent de la Société d’agriculture du département, dont je suis toujours membre actif* vous
m
avez pu méjuger suivant mes actes et vous savez si je me conforme en toute ma conduite
aux déclarations et aux promesses que je fais.
Mon indépendance ést absolue, fila vie toilte de travail, étrangère à toute spéculation
financière, appartient à votre jugement.
Également ennemi de toute réaction et dé toute révolution, j’entends rester ce que j'ai
toujours été : le représentant dévoué de tous les Républicains libéraux, démocrates et
patriotes et non le sectaire asservi à certaines coteries.
Je veux une République nationale, libérale, tolérante, véritablement fraternelle, réso¬
lument orientée vers ïe progrès social.
Je veux la France grande et respectée en dedans comme au dehors.
Mon seul drapeau est le drapeau tricolore, le drapeau dé la République française,
J'attends avec confiance le verdict que vous allez rendre dans la plénitude de votre
souveraineté.
Vive la France 1 Vive la République î
RUDELLE,
Conseiller général de Seme-et-Oise,
Candidat républicain* antiministèriel.
— 007 —
N" 1162
DEUX-SÈVRES
Circonscription de BRESSUIRE
M. SAVARY DE BEAUREGARD
Elu au 1er tour de scrutin. — lh.985 yoix.
Messieurs et Chers Concitoyens,
La législature qui s'achève est de çeljes qui auront à encourir devant l’Histoire le?
plus lourdes responsabilités.
Élus pour travailler au bien du pays, de nombreux mandataires du peuple ont oublié
leurs promesses et semblent avoir pris à tâcbe de semer sur leur passage la discorde et la
ruine. Une majorité servile, telle qu’on n’en avait jamais vue dans une Chambre française,
s’est faite la complice d’un gouvernement, docile instrument entre les mains des Juif? et
des Francs-Maçons. A voir la rage avec laquelle cette majorité sectaire a sapé une à une
toutes les bases de l’édifice national, on dirait que, dans les secrets desseins de ceux qui
l’ont dirigée, la porte définitive de la France était irrévocablement décidée.
Les révolutionnaires encouragés et protégés ; la justice avilie et asservie ; la liberté dç
conscience foulée aux pieds s l’armée et lu marine désorganisées, livrées à l’arbitraire et à
la haine des politiciens ; les finances de l’État gravement compromises, tels sont les résul¬
tat? de l’mpvre néfaste à laquelle ont collaboré ceux qui soutiennent depuis trois ans le
ministère YValdeçb-Millerand,
Effrayés par les conséquences certaines de cette politique, les hommes éclairés et sages
d? tous les partis ont compris que, pour défendre la Patrie, l’union des braves gens était
désormais nécessaire. Aujourd'hui ce n’est pas la Constitution républicaine qui se trouve ep
jeu, c’est l’avenir piûme de la Nation. Aussi voyons-nous marcher sous le même drapeau
des fondateurs de la République, comme Iss Ri bot et les Méline, et d’anciens chefs de l’op¬
position conservatrice, comme les Pion et le? de Mun- C’est qti’eq effet, quand l’incendie
êfepcl ses ravages, on chercha à réunir pour le combattre tous les hommes de bonne volonté.
Levez-vous donc, hommes de bonne volonté, qui qiie vous soyez, monarchistes pu républi¬
cain? ! C’est Rappel qui retentit partout ou ce moment, car il s’agit de rendre à ce paya la
liberté, la sécurité et la paix,
La liberté! M’est-eile pas actuellement le privilège exclusif des anarchistes et des sec¬
taires? Répondez, fonctionnaires dé tous ordres, jouissez-vous de la liberté, vous qui trem¬
blez sous |a perpétuelle menace des plus odieuses délation?? Et vous, pères de famille,
éies-mns libre?, vous qu’on oblige à faire éleypr vos enfants en dehors de tout enseigne-
religieux ? Vous qu’on prétend priver du droit essentiel de confier ce que vous avez de
plus cher an mande, l’âme de vos fils, aux maîtres qui vous inspirent confiance! Non,
vpus (Pûtes plus libres et c’est parce que vous vous youle? le redevenir que vous arracherez
le pouvoir à vos oppresseurs.
Elt la sécurité? Pouyops-nous dire qu’efie existe encore dans ce pays, oq le Gouverne-
~ 908 -
ment s'associe aux pires ennemis de la société? Non, elle n’y existe plus, ni pour les capi¬
taux ni pour les personnes, et nos regards anxieux interrogent Fa venir, comme ceux des
naufragés percent l’horizon, pour voir d’où viendra le secours.
La paix! Où la trouvons-nous par le temps qui court? Ce n’est nas dans les assemblées
parlementaires, où l’injure et la calomnie sont devenues les arguments à la mode. Ce n’est
pas dans nos campagnes, ni à l'atelier, où la confiance mutuelle entre patrons et ouvriers a
trop souvent fait place à la méfiance réciproque et à Humilité déclarée. Hélas! ce n’est pas
davantage an foyer familial, où l'autorité paternelle est battue en brèche par l’esprit de
révolte et d’insubordination. Certes! les désastres accumulés depuis vingt années seront
difficiles à réparer; la tâche, pour être dure, n’en est pas moins possible et cela suffit pour
que tous les bons citoyens aient le devoir de se mettre activement à l’œuvre. Nous ne récla¬
mons en somme que ce que l’Etat doit nous assurer, c’est-à-dire : « La liberté pourvus,
liberté d’enseignement, liberté d’association ; l’égalité devant la loi, ni privilège ni exclu¬
sion par suite de convictions religieuses on philosophiques; le droit commun pour tous,
pour les congréganistes comme pour les autres, »
En politique, nous devons être les adversaires de tous les perturbateurs et je suis pour
ma part résolu à soutenir tout gouvernement honnête. Ayant pu pendant près de cinq
années constater par moi-même les abus du Parlementarisme, je demande un pouvoir exé¬
cutif plus fort, capable de résister à la dictature anonyme des grandes assemblées, rem¬
plissant en un mot son rôle nécessaire. Je partage sur ce point l’opinion naguère exprimée
par M. Aynard, à Lyon, et par M. Deschanel, en Eure-et-Loir.
Je veux donc, comme je vous le disais en 1898, la limitation des pouvoirs des Chambres.
Je veux aussi la réduction du nombre des Sénateurs et des Députés, la représentation pro¬
portionnelle des minorités et, pour atteindre ce but, le retour au scrutin de liste, que j’ai
d’ailleurs voté. Justement effrayé par Paccroissement constant des charges qui pèsent sur le
contribuable, j'estime qu’il faut entrer franchement dans la voie des économies. Si, par la
force même des choses, bien des dépenses nouvelles deviennent obligatoires, combien sont
nombreux les rouages vieillis, inutiles et coûteux qu’on pourrait supprimer sans inconvé¬
nient. C’est pour cela que je demeure partisan de la décentralisation administrative, dont
les conséquences seraient l’indépendance plus grande des départements et des communes
et la possibilité de diminuer progressivement, par voie d’extinction, le nombre des fonction¬
naires.
En principe, dans l'avenir comme dans le passé, je serai toujours hostile auX impôts
nouveaux*, qui sont trop souvent des impôts de superposition et non de remplacement.
Quant à Fimpôt progressif sur ie revenu, je le repousse absolument. Vexatoire et arbitraire,
aboutissant à la confiscation de la fortune privée, provoquant par là Fexode des capitaux,
d’un rendement sans cesse variable et impossible à évaluer, Fimpôt progressif sur le
revenu, vieille plate-forme électorale du parti radical, aurait bientôt fait de tarir la source de
la richesse publique, si jamais il était établi. La législature prochaine aura sans doute à sta¬
tuer sur deux questions d’une importance capitale ; je veux parler des retraites ouvrières etde
la réduction du service militaire. En ce qui concerne les retraites, je suis de ceux qui sont
décidés à aller très loin pour ce qui est de la participation de l’État dans la constitution de
ces retraites, puisque j’ai voté 1e projet Mirman. Mais je suis opposé à L’obligation des ver¬
sements imposée aux travailleurs et aux patrons et je reste persuadé qu’on trouverait la
meilleure solution de ce captivant problème dans la diffusion de la mutualité, large¬
ment encouragée et subventionnée. La réduction de la durée du service militaire soulève
également les plus graves difficultés. Sans doute cette réforme est urgente, depuis trop
longtemps, les peuples succombent sous le fardeau de ce qu'on est convenu d’appeler : la
paix armée. Aussi voyons-nous revenir en faveur le vieux système tant décrié des armées
de métier. Partout on comprend qu’ii devient impossible de continuera priver pendant trois
années l’agriculture et l’industrie des bras qui leur sont nécessaires. Mais on se heurte à
de gros inconvénients, dès qu’on veut toucher aux rouages de la défense nationale.
Si nous devons, en effet, chercher le moyen de réduire la durée du service, nous avons
— 90S —
N® 1162
aussi le devoir d’écarler tout ce qui pourrait affaiblir nos forces militaires. Les regards tour¬
nés vers la frontière, rappelons-nous qu’un ennemi vigilant est toujours tenté de profiter
des fautes commises par son adversaire. Or, deux systèmes sont en présence, le système
comportant deux années de service pour tout le monde, sans dispenses et sans autres modi¬
fications profondes j puis le système, beaucoup plus rationnel à mon sens, qui imposerait à
tous une seule année de service en maintenant solidement les jeunes soldais dans des
cadres puissants de vieux snus-offiriers, de vieux troupiers rengagés, auxquels on réserverait,
avec des primes suffisantes, tous les petits emplois civils, après un certain nombre d’années
passées sous les drapeaux. Ce dernier projet a toutes mes préférences, je l’abandonnerais
néanmoins si la discussion démontrait qu’il n’assure pas complètement la sécurité nationale.
Tout Français digne de ce nom m’approuvera de ne vouloir obéir sur ce point qu’au senti¬
ment de ma responsabilité et aux préoccupations patriotiques les plus légitimes.
Au point de vue industriel et agricole, je suis, aujourd’hui comme hier, partisan d’une
sage protection en faveur de nos produits, En présence de la concurrence de plus en plus
inquiétante que nous font les mondes nouveaux, nous serions vraiment d’une naïveté cou¬
pable si nous laissions nos portes ouvertes à la production étrangère, alors que, presque
partout, la nôtre est et resterait frappée de droits élevés.
Messieurs et chers Concitoyens, ayant fait de la droiture la règle de ma vie, je crois
vous avoir exprimé clairement ma pensée sur les questions importantes qui passionnent
aujourd’hui l’opinion publique. A la Chambre, j’ai voté tout ce qui me paraissait conforme
à vos intérêts, à vos convictions, au bien du pays; j’ai repoussé sans hésitation tout ce qui
me semblait mauvais ou dangereux et je puis affirmer, la tète haute, que sur les bancs du
Parlement comme au milieu de vous, je me suis toujours montré sincèrement libétal et par¬
faitement indépendant. Sans aucune ambition personnelle, je préfère la vie calme du foyer
et des champs aux luttes pénibles et décevantes de la politique. Le jour où j’entrerai
dans la retraite et dans l’oubli, je n’éprouverai ni amertume ni regrets, si j’ai pour moi le
témoignage d’une conscience sans reproche. Ce n’est donc pas par un vain sentiment
d’amour propre que, pour la troisième fois, je sollicite vos suffrages. Dans les circonstances
actuelles, je crois remplir un devoir en cherchant à grouper, parmi vous, ceux qui veulent,
dans la France pacifiée et prospère, plus de justice et plus de concorde.
Patriotes ardents, citoyens indépendants et éclairés, vous prouverez le 27 avril que
vous êtes les partisans convaincus de cette politique, large et tolérante, à laquelle, pour ma
part, j’ai toujours été fidèle.
En avant, et courageusement! C’est pour la France et pour la liberté.
Henry SAVARY de BEÀUREGARD,
Député sortant, Candidat libéral, ,
Conseiller d’arrondissement de Bressuire,
Maire de Chàtillon-sur-Sèvre,
Membre du Comité Directeur de l'Action libérale.
Circonscription de MELLE
M. ROUCIER
Élu au 1er totjr de scrutin. — 11 . 386 voix.
Mes chers Concitoyens,
En me présentant à vos suffrages, pour l'élection du 27 avril, je réponds à l’appel gt)i
m’a été fait, il y a quelques jours, par le Congrès républicain.
Si, sur les instances de mes amis politique?, j’ai consenti à aborder la lutte électorale,
c’est avec le seul souci d’unir toutes Ips bonnes volontés et de grouper, clans l’intérêt
supérieur de la démocratie, tous ceux qui servent ]a même cause et défendent le même
drapeau.
Vous me connaisse?; ; je suis né et j’ai vécu au milieu de vous. Attaché à notre arron¬
dissement par me? iiens de f&tpiîlp, mes affections, tqns me? intérêts, j’ai les mêmes senti¬
ments et les mêmes aspirations que vous. Je représente, depuis bientôt dix ans, le canton
dp la Motlm-Saint-fléray au Cppseil d’arrondissement ; aussi, n’ai-je nul besoin de vous
faire dé séduisantes et trop faciles promesses,
Promettre, pst bien ; tenir est mieux.
On a dit que ma candidature était équiyoque, Elle a, au contraire, une signification très
claire et très précise ; plie consacre l’union de tous les républicain? contre la coalition de
fous les réactionnaires.
Mon programme n’est ni vaste, pi ambitieux. C’est celui des démocrates sincères qui,
profondément épris des principes dp la Révolution française, entendent y demeurer fidèles.
Je vpux une République forte, respectée dq tous, assurent à l’intérieur le maintien de
l’ordre avpç la liberté, conservant à l'extérieur le prestige du nom et dp génie de la France,
de plus en plus ouverte aux idées de progrès, de justice, de pacification sopiale.
Mes chers Concitoyens,
Des problèmes délicats, complexes, sollicitant toute l’attention de vos mandataires, sont
déjà posés pour la prochaine législature.
Si vous me faites l’honneur de m’envoyer siéger au Parlement, je me livrerai à l’étude
et à l’examen de ces questions, en toute conscience, avec la volonté nettement arrêtée
d'accepter les solutions que me paraîtra comporter l’intérêt du pays, l’intérêt de la Répu¬
blique.
Je consacrerai spécialement tous mes efforts à la protection de l’agriculture, de l’indus¬
trie et du commerce, qui forment la base fondamentale de la prospérité publique et qui
exigent, à chaque instant, la vigilance, la sollicitude et les encouragements du législateur.
En matière fiscale, il est temps d’entrer dans la voie des économies et de poursuivre la
suppression des emplois inutiles et des gros traitements. Je réclame le vote du budget en
temps normal pour éviter cette funeste méthode des douzièmes provisoires. Je veux qu’on
se préoccupe plus sérieusement des intérêts des contribuables, de plus en plus méconnus.
J’estime que l’impôt doit être plus équitablement réparti entre Jes citoyens ; qu’il faut
corriger des inégalités choquantes, épargner le travail, atteindre sans mesures vexatoires
la fortune acquise, frapper surtout le superflu pour opérer à la base des dégrèvements dont
bénéficieront les petits contribuables et les familles nombreuses.
— 914 — N° 4462
Au point de Vue national, jd veux ({lie Farinée reste eü dehors dè nos qüërëileS poli¬
tiques et qu'elle se renferme exclusivement dans l’accomplissëiftent dé Sës devoirs,
le suis partisan de fa réduction dü service militaire à deux âiiS ët de fâ ëiippfeâsion
immédiate des périodes d'appel de vingt-huit et trêi^ê jours, dont Eiitllilè ne me parait pas
compenser les charges qu’elles imposent.
Ami de l'enseignement laïque, je considère que FÊtat û le dréit de demander k cetbt
qui aspirent à le servir d’être pénétrés de son esprit et dévoués à ses institutions. Jë veux,
en matière confessionnelle, le rë&pèct de toutes les cdlivictionê, la fibëfté âfesolhë de
conscience ; je veux la paix religieuse, qui ne sera jamais troublée si le clergé, comprëMnt
ses véritables intérêts, ne sort paà dë son domalrië fet se cüfrSâcréëhtièremëht à sa Mîësion.
lssü du peuple, jè ne peux pas oublier ce qtïë je lui dois; Je coftliais la rade existence
des travailleurs agricoles, îë labeur courageux deâ ouvriers de Ftisirtë, aVëc fësqüëls,
jusqu’ici, j’ai passé ma vie,
La société doit à tous aide et protection, ët l'État doit cdnCdUrir, aièC lès institutions
de prévoyance et de mutualité, â la création dé caissëë de retraités qui mettront à Vàbti dü
besoin les vieillards et les victimes du travail.
Electeurs,
11 est inutile de vous tracer votre déVoit.
LWrôndlssement dë Meîlë a depuis longtemps donné des preuves de son attachement
k ndtrë régime dêmoeratiqüé.
11 ne Se iaisâëru plus surprendre pat les insinuations perfides on les calomnies de nos
adversaires.
Les événements dë cès derniers temps ont déchiré totië les Vflîlès et dissipé toutes les
illusions.
Vous ne voulez plus ni équivoque, ni obscurités,
Votis dëiïiatidèz aujcrard’hoî ët vous Voüïëz dë lat ùèttëtê, de Id franchise, de la
Sincérité !
Or, c'est lâ, réptibHciîïîÈ, tjüë je trotiVë la garantie ët la certitude de notre succès I
Vive la République I
Ferdinand KOÙGIEB,
Industriel, Maire dé àallës,
Vice-frésident du Conseil d'arroridissetnent
de Melle.
lre circonscriptitra dë NIORT
M. DISLEAC
Élu au S* toUf de idfuüd: -- 10.294 voix.
Mes chers Concitoyens,
Pour la troisième fois, j’ai l'honneur de solliciter vos libres suffrages.
Au cours d’un mandat déjà long, j’ai noué avec beaucoup d’entre vous des relations
que le temps n’a fait que resserrer et dont je pourrais peut-être tirer vanité. Qu il £he
912 ~
suffise de dire que, pour aujourd'hui, elles justifieront simplement la brièveté des déclara¬
tions nécessaires que vous attendez de moi.
J’ai, du reste, l'intention formelle de me restreindre à cette profession de foi, estimant
qu'entre gens qui se connaissent, c'est assez de s’expliquer une bonne fois, et que des élec¬
teurs avisés, prudents et libres comme vous l'êtes, ne peuvent plus, leur choix fait, se
laisser détourner par les clameurs qui troublent souvent les derniers jours de la période
électorale,
La situation est nette et vous la trancherez facilement par une réponse claire et
précise.
On offre d'abord à vos suffrages la pure doctrine social iste-coîlectivîste, Vous la répu¬
dierez, comme vous l'avez toujours fait ; car vous ne concevez pas le progrès social, auquel
nous sommes tous attachés, en dehors du respect absolu de toutes les propriétés, Vous savez
qu'on ne fonde rien en dehors du libre jeu de l'initiative individuelle.
Ou vous présente ensuite un programme et des doctrines qu'il serait sans doute
assez difficile de cataloguer, si, comme toujours, la congrégation n'en avait pas fait sa
chose.
Le parti clérical enrôle sous sa bannière les débris de toutes les réactions pour m
retour offensif, dans une circonscription qui l’a condamné il y a déjà vingt-cinq ans I
C'est une belle audace I On y ajoutera sans doute celle de parler d’intolérance reli¬
gieuse, dont la loi des associations serait la marque et le signal.
Je revendique ici ma part de responsabilité. Pas un républicain n’entend contrarier
l'expression de la pensée religieuse, ni porter atteinte à l'exercice du culte. Mais nous ne
pouvons vraiment reconnaître au clergé aucun droit supérieur de s'ingérer en des domaines
qui ne sont pas de sa mission ; il y trouble tout chaque fois qu'il s'en mêle.
Toutes les protestations de la coalition cléricale n'expriment que son opposition irré¬
ductible à la République I
En présence de ce retour offensif, le devoir des républicains est impérieux.
Nos adversaires veulent une suprême leçon ; ils l'auront, à la condition que conformé¬
ment à notre tradition de stricte discipline se feront T union et la concentration de toutes
nos forces contre la coalition des réactionnaires déguisés sous le nom de nationalistes.
Il y va de l'honneur de la lr" circonscription I
La politique que vous aurez ainsi affirmée sur mon nom sera, du reste, une politique
aussi prudente que fière à l'extérieur et de progrès constant à l'intérieur.
Elle est soucieuse de la grandeur traditionnelle du pays, consciente du rôle de la
France dans le monde, bien décidée à maintenir et à développer de plus en plus ses forces
défensives.
Le service de deux ans égal pour tous consacrera pour la nation une répartition plus
équitable des charges militaires et donnera à l'armée, moyennant quelques précautions
pour les cadres, une puissance qu'elle n'a pas connue jusqu'ici.
La lutte économique mondiale est de plus en plus âpre; il appartient à la République
d'en surveiller les conditions et de prendre toutes les initiatives capables de défendre notre
a gricul t u r e , n otre com m er ce et no tr e i n du str i e .
La prochaine législature aura à reprendre et à faire aboutir un certain nombre de
réformes urgentes dès à présent préparées et étudiées :
L'assistance des vieillards et infirmes ;
Les retraites ouvrières, dont le bénéfice devra être étendu aux travailleurs des champs.
Le plus large concours en ces matières devra être demandé aux sociétés de secours mutuels,
afin d'alléger d'autant la besogne de l'État;
La simplification d'une foule de services administratifs ;
L'organisation des chambres d'agriculture ;
Elle poursuivra l’étude des réformes fiscales.
Enfin, l'action politique des Chambres et de chaque député dans son milieu doit tendre
à solliciter les initiatives rurales et ouvrières en vue de toutes les institutions mutuelles
913 —
V* 1162
que ta loi permet, notamment de crédit, afin de montrer ainsi que l’initia live personnelle
et rassocïatiûû peuvent réaliser et réalisent en fait les plus heureuses améliorations
sociales.
Pour mon compte, fondateur de îa société de crédit agricole mutuel de Champdeniers,
je ne serai satisfait qu’après avoir vu naître la caisse régionale de crédit des Deux-Sèvres.
Je n’ai pas besoin de dire que la plus stricte économie doit présider à la confection de
nos budgets. C’est la condition essentielle et indispensable d’une politique de réforme.
Je pense qu’avec une révision du règlement et d'autres méthodes de travail, le régime
parlementaire ne tarderait pas à donner d’autres fruits et de meilleurs.
Ce régime reste en tout cas la garantie de nos libertés politiques. Il se confond avec la
République, à laquelle je vous convie encore une fois d'apporter vos suffrages.
Vive la République !
G. DISLEÂU,
Avocat, docteur en droit,
Député sortant.
2° circonscription de NIORT
M. GENTfL
Élu au 2e tour de scrutin. — 7.096 voix.
Mes chers Concitoyens,
Il y a deux ans, lorsque vous m’avez fait l'honneur de me choisir pour vous représenter
au Parlement, vous m’avez demandé de continuer la politique suivie par mon regretté pré¬
décesseur.
Le parti républicain tout entier, fatigué de la stérilité des gouvernements trimestriels
et justement effrayé de la politique dangereuse des ralliés, désirait voir soutenir un minis¬
tère résolu à fixer à gauche son centre d’action et à prendre ainsi une orientation nouvelle
vers le progrès et les réformes.
Je crois avoir tenu les promesses que je vous avais faites et vous trouverez tous mes
votes avec ceux des hommes qui, depuis trente années, ont défendu la République.
Si vous voulez me continuer votre confiance, je m’efforcerai de faire consacrer par la
loi les réformes suivantes :
i° Remaniement de l’impôt dans le sens d’une plus juste répartition avec dégrèvement
à la base dans la plus large mesure;
2° Laïcisation de l’enseignement;
3° Réduction à deux ans du service militaire avec suppression des dispenses;
k° Application de la loi des associations;
5S Organisation économique de nos colonies et surtout plus de guerres de conquête;
6° Amélioration du sort des travailleurs agricoles et industriels, en recherchant les
moyens pratiques de la constitution des retraites;
7° Remaniement de la loi sur les boissons.
Telles sont les questions principales qui doivent faire l’objet de la préoccupation du
législateur.
115
m ~
Je ne suis pas l'homme des vaincs promesses; je veux surtout m’attacher à des rù*
fermes pouvant Être obtenues pendant Je cours de la législature.
Je suis l’adversaire résolu de la doctrine du tout ou rien, qui nous mène à la révolution
violente ou àïa réaction. L’évolution pratique est forcément lente, parce que chaque réforme
doit être sou liait ce et comprise par la majorité des citoyens.
Je ne veux pas m’enfermer dans ces formules alléchantes qui font miroiter et entre¬
tiennent aux yeux des simplistes désespérances décevantes parce qu’elles ne se réalisent
jamais, En revanche, elles permettent aux habiles qui les propagent de rester toujours dans
le rôle facile de la critique et de ^opposition.
Dans notre pays et a cette époque, l’état des esprits est assez singulier pour que
chacun de vous en recherche l’analyse.
Nous voyons en effet des millionnaires collectivistes demander la nationalisation des
fortunes; des partisans aaharnés des régimes déchus s’affubler de répithéte de républicain
tt crier : Vive Ja République ; des oisifs se déclarer les seuls défenseurs des travailleurs; et
tous s’entendre pour combattre comme des pires ennemis tous ceux qui, depuis plus de
trente ans, ont lutté à des époques difficiles pour la conservation même de nos institutions
journellement menacées.
C'est là un symptôme grave que je livre à vos méditations. /
Quant à moi, je pense que ce n’est pas en violant la loi, ni en voulant imposer par la
force 1 absolutisme de quelques-uns, que nous ferons croire à la liberté.
Ce n'est pas en abaissant ceux qui cherchent h s’élever par le travail et l’intelligence
que nous ferons croire à Légalité,
Ce n’est pas en poussant à la guerre criminelle des classes que nous ferons croire à la
fraternité.
Nous ne serons vraiment puissants et forts que lorsque nous serons unis.
Vive la République!
A. GENTIL, Député sortant.
Circonscription de PARTHE3SÂY
M. la marquis de MAUSSÀBRÉ
Élu au l*r tour de scrutin. — 11.830 voix.
Mes chers Électeurs,
Vous m’avez confié, il y a quatre ans, le mandat de Député.
J’ai conscience d’avoir rempli ce mandat en honnête homme, en bon Français. Je viens
vous en demander le renouvellement.
Louerai de toute opposition systématique, fai donné mon concours aux réformes utiles,
aux lois inspirées par un sentiment de justice, de solidarité, de liberté ; mais le radicalisme
sectaire et le collectivisme aux décevantes promesses ont trouvé en moi un adversaire
résolu.
Agriculteurs,
Depuis quatre ans fai passé au milieu de vous les loisirs que m’ont hissés le? travaux
parlementaires, j’ai parcouru vos campagnes en tous sens, je me suis rendu compte de vos
légitimes aspirations, j'ai cherché à leur donner satisfaction :
Au Parlement, en votant les lois justement protectrices de l’agriculture ;
Parmi vous, en créant et développant des entreprises agricoles grâce auxquelles beau¬
coup ont pu supporter ia crise qui vous étreint depuis deux ans*
Commerçants et Industriels,
Des grèves répétées, r accaparement juif, la menace de l’impôt sur le revenu arrêtent
notre essor commercial et industriel*
Votre expérience et celle que j’ai acquise depuis quatre ans dans les questions indus¬
trielles ne nous permettent pas d’en douter*
Le ministère, complice et prisonnier des partis avancés, est responsable de ce mal. Je
m'adresse, pour le faire cesser, à tous les hommes de bonne volonté, d’ordre, de travail,
à tous ceux que n’aveugle pas l’esprit de parti. Ils peuvent compter sur moi pour essayer
de ramener dans les affaires la sécurité indispensable à la prospérité du pays*
Ouvriers,
Souvent avec vous, j’ai appris à connaître vos besoins. Tandis que d’autres vous prê¬
chaient la lutte des classes, vous avez vu comment, par des entreprises diverses, fai cherché
à réaliser Puniôn du capital et du travail.
Aussi ai-je donné mon appui aux projets de loi conçus dans un esprit de sagesse et de
vraie fraternité, ayant pour but d’assurer contre la misère le travailleur fatigué, la famille
privée de son chef.
Et, sans attendre les secours de l’État, je me suis attaché à développer, dans chaque
canton, des œuvres de prévoyance et de solidarité dues à l'initiative privée*
A vous tous j’ai montré que vos intérêts, même les plus modestes, me tenaient à
cœur*
Le déficit s’accroît tous les jours*
Nos gouvernants n’y voient d’autre remède que des impôts nouveaux, plus lourds
encore pour le pauvre que pour le riche*
Je veux des économies, seul moyen de diminuer les charges écrasantes du contri¬
buable .
L'obligation du service militaire enlève des bras nombreux à l'agriculture et â l’indus¬
trie* Je me suis associé à toutes les mesures destinées à la rendre moins onéreuse, tout mi
conservant intacte la puissance de notre armée, à laquelle je suis fier ^appartenir et que
tous nous aimons et respectons.
Catholiques, vous êtes attachés à votre religion.
En me donnant vos voix, vous revendiquerez la liberté religieuse, ia liberté d’ensei¬
gnement, la liberté d’association, les droits du père de famille.
Vous protesterez contre les francs-maçons athées, ces politiciens haineux qui ferment
nos écoles, arrachent les sœurs du chevet des malades et en arriveront bientôt, si vous n’y
mettez bon ordre, à abolir notre culte et à chasser nos prêtres comme ils ont déjà
chassé nos religieux.
Citoyens libres, vous protesterez contre le système de dénonciation et de basse tyrannie
auquel sont soumis les fonctionnaires grands ou petits*
Nos intérêts matériels et moraux sont menacés, aussi voyons-nous à l’heure actuelle
tous les honnêtes gens s’unir; oublieux des nuances qui les séparent, ils voient seulement
les principes qui les rapprochent pour former le bloc contre lequel viendra se briser la
vague révolutionnaire.
L’union aujourd’hui, c’est pour nous la vie dire demain*
— 916 -
Électeurs*
Depuis quatre ans, mon programme n*a pas changé; montrez que nous sommes tou¬
jours d'accord pour la défense de Tordre* de Farinée* de la propriété* de la famille, de la
religion.
Je ne demande que Fhonneur de servir encore une politique patriote, la vôtre, celle qui
triomphera dans toute la France.
Je n'ai pas combattu la République, mais la politique d'un ministère qui a commencé
par protéger les traîtres, proscrire les patriotes et les antisémites, et qui finit dans l'em¬
prunt et le déficit.
Si vous m'accordez encore votre confiance, Remploierai mon mandat à introduire dans
les affaires publiques la liberté, la tolérance, l'économie, la paix, à la place de l'oppression
des consciences, du gaspillage des finances, de la division excitée entre les citoyens d'un
même pays.
Je veux un gouvernement national, digne de la Patrie, par F union des vrais Français*
En avant pour la France,
Vers le Progrès par la Liberté,
Vers la Justice par l'Égalité,
Vers la Concorde par la Fraternité.
Marquis de MÀUSSÀBRË-
SOMME
lfe circonscription d* ABBEVILLE
M* COACHE
Élu au 1er tour de scrutin. — 12.885 voix.
Mes chers Concitoyens,
En vous remerciant, à la suite de l'élection législative de 1898, des très nombreux
suffrages dont vous m'aviez honoré, je vous disais :
« Soyez assurés que je ns faillirai ni à mes convictions, ni à mes engagements, ni à
mes devoirs. »
Cette promesse, j?ai conscience de T avoir loyalement tenue. Le canton qui m’a récem-
metit renouvelé, à la presque unanimité des voix, le mandat de Conseiller général, ne
l’a-Hi pas déjà reconnu et affirmé?
Aussi, est-ce avec une entière confiance que j'adresse un nouvel appel à vos
sympathies.
Vous savez combien je méprise îa réclame bruyante et la surenchère stérile. Je limi¬
terai donc mes déclarations à un programme succinct, honnête et sincère, que je présente à
votre approbation :
Suprématie du pouvoir civil ;
Liberté de renseignement; rejet du monopole universitaire et du stage scolaire4
Service militaire de deux ans égal pour tous ;
Proportionnalité et plus juste répartition de Limpot, suivant les facultés de chacun;
Économies dans les services de FÉtat et équilibre réel du budget;
Protection du travail national et maintien des tarifs douaniers ;
Révision de la loi sur le régime des boissons; abolition du privilège des bouilleurs de
cru; suppression de la licence des débitants;
Défense de la culture betteravière, si gravement compromise par l’attitude des délégués
iu Gouvernement à U Conférence de Bruxelles;
Organisation légale des retraites ouvrières, pour les travailleurs des villes et des cam-
Jtàgnes, avec le concours de la mutualité et de la prévoyance ;
Améliorations sociales par l'union des classes.
Tels sont les principes que je défendrai avec énergie, telles sont les questions essen¬
tielles dont je poursuivrai avec persévérance la solution.
Mes chers Concitoyens,
LWnir de la France moderne, issue de la dévolution de 1789, — la sauvegarde de
m libertés républicaines, — révolution pacifique du progrès social vers la justice et la
solidarité, — la prospérité agricole, commerciale et industrielle du Pays sont en vos
! mains.
— 918 —
Que vos décisions s’inspirent de la gravité de l’heure présente et des devoirs qu^
impose.
Vive la République î
Émile CQÀCHE,
Conseiller général,
Député sortant,
Candidat républicain.
2° circonscription d’ABBEVILLE
M. GELLÈ
Elu au 1er tour de scrutin. — 10.776 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je viens vous demander de me renouveler le mandat que, deux fois déjà, voua m’avesï
confié.
11 y a sept ans, je me suis présenté h vos suffrages comme républicain progressiste.
Je suis resté et jaresterai républicain progressiste, adversaire résolu aussi bien delà
réaction que de la révolution.
Je veux la République large, ouverte, tolérante, respectueuse de la liberté de t-cma,
poursuivant résolument les sages réformes, écartant les utopies.
Je suis fermement résolu à maintenir eu toutes choses la suprématie du pouvait dtfil.
Électeurs,
Lorsque, pour la première fois, eu 1895, je me suis présenté à vos suffrages, je vous
ai exposé mon programme.
Ce programme, si vous voulez bien me renouveler mon mandat, je continuerai à le
défendre.
Je me borne à vous en rappeler les points principaux. le veux notamment :
Réaliser dans tous les services les plus strictes économies ;
Réduire le nombre des employés des administrations centrales;
Répartir plus équitablement les charges des impôts ;
Supprimer le privilège des bouilleurs de cru.
Poursuivre sans relâche la modification de la nouvelle loi sur les boissons qüi, en
déchargeant complètement le Midi, a mis toute la charge eur le Nord ;
Favoriser l'agriculture, le commerce, l'industrie, par le maintien de droits protecteurs
équitables;
Obtenir pour la culture betteravière des conditions meilleures que celles qui vont
résulter de la convention de Bruxelles;
Réduire la durée du service militaire, en assurant au préalable la constitution de cadres
solides ;
Améliorer la situation des ouvriers, plus malheureux de jour en jour, par suite den
crise industrielle que nous traversons;
^ 919 —
IV0 1162
poursuivre la réalisation des réformes sociales et, en particulier, établir une caisse des
traites pour les travailleurs;
Développer les sociétés de secours mutuels, l’assistance à domicile, et en général
K* les organisations dans lesquelles s'affirment de plus en plus les idées do ftago soli¬
cité issues de la Révolution,
Électeurs,
Vous allez avoir à vous prononcer entre deux politique» :
L'une, qui est la mienne, conforme aux idées de la Révolution, entend donner à tous la
liberté politique, la liberté du travail, la liberté de conscience, la liberté d'association, ]a
^rité dûs personnes et des propriétés, légalité devant lg loi,
L'autre, qui eat celle des collectivistes, a pour objectif la socialisation de la fortune
publique, la suppression de la propriété Individuelle, fait de tout le monde sans exception
îles salariés, excite les convoitises, paralyse le travail, arrête les affaires et nuit ainsi aux
classes ouvrières, que bruyamment elle prétend servir.
Ne craignez vous pas que les collectivistes, qui préconisent cette politique, n’entraînent
]& paye à des aventures fatales à sa fortune, fatales h la liberté,
gqtre ces deux politiques, vous n’biMtar&g pas dans votre choix,
Mes chers Concitoyens,
Si vous me faites l'honneur de me renouveler mon mandat, vous pouvez être assurés
que je le remplirai dans l’avenir comme je Pai rempli dans le passé, m'efforçant de rendre
service à tous sans distinction d'opinions.
Vive la République î
La République progressiste dans laquelle régnent s
La liberté, l’égalité, la fraternité, et aussi la solidarité.
Recevez, je vous prie, mes chers Concitoyens, Fassuranee de mes sentiments dévoués.
g, GEUbi, Député portant,
Républicain progressiste ,
l ‘? circoogcription cl* AMIENS
M. FIQUET
Élu au 1er tour de scrutin, — 12.259 voix.
Mes chers Concitoyens,
C’est avec la plus entière sécurité que, fort de la conscience d’avoir fidèlement rempli
Mandats que vous m'avez confiés en 1893 et en 1898, je viens solliciter de nouveau
1 tonneur de vous représenter à la Chambre des Députés. L’unanimité avec laquelle a été
«cueillie ma candidature dans les réunions des divers groupes républicains me fait cFail-
un devoir de poser celle-ci devant vous pour la troisième fois.
due nouvelle ligue réunit une fois de plus tous les adversaires de la République sous
— 920 —
la direction du parti clérical; des moyens inconnus jusqu’à ce jour ont été mis en
pour capter vos suffrages. L’union de tous les républicains saura facilement triompher de ce
dernier assaut livré à nos institutions.
Le programme que je vous ai déjà présenté deux fois est resté le mien ; il est celui du
vieux parti républicain qui attend, avec la plus yive impatience, la réalisation des réformes
politiques et sociales promises depuis si longtemps à ta démocratie. La publication jour¬
nalière qui a été faite de mes votes vous a prouvé que je lui suis demeuré fidèle*
Comme par le passé, je demande :
La suprématie du pouvoir civil;
La neutralité absolue de l'État au point de vue religieux ;
L’application rigoureuse des lois qui ont établi la gratuité, la laïcité et l'obligation de
renseignement primaire, l’abrogation de la loi Falloux, l'égalité de l'enfant devant \'m
truction ;
La réduction des frais de justice ;
Une plus équitable répartition de l'impôt et l'établissement de l'impôt global et pro¬
gressif sur le revenu ;
L'égalité des charges militaires qui pèsent sur tous les citoyens, avec la réduction de
la durée du service à deux ans, la suppression de toutes les dispenses et l'assistance m
familles nécessiteuses.
Je demande le vote de lois protectrices du travail, de lois de prévoyance et de solidarité
sociales, la création des retraites ouvrières qui assureront aux travailleurs le pain de leurs
vieux jours.
La loi, votée le 29 décembre 1900, sur le régime des boissons, a sacrifié au Midi les
intérêts de notre région. Partisan résolu de la suppression du privilège des bouilleurs de
cru, je poursuivrai l'abolition de cette loi néfaste et m'opposerai à toute proposition ten¬
dant à établir sur nos alcools du Nord un droit différentiel. Adversaire des impôts de con¬
sommation, mon vote sera acquis à la suppression des licences*
Ennemi de la fraude, je pense que celle-ci doit être réprimée, chaque fois qu'on la
rencontre, mais les auteurs seuls des falsifications et des fraudes doivent être atteints et la
sécurité du commerce honnête doit être assurée. Je ne voterai qu'une loi qui donnera à cet
égard toutes les garanties désirables.
La loi sur les patentes, si impatiemment attendue par le commerce et qui mettra plus
de justice dans les charges qui lui sont imposées, devra faire l'objet des premières délibé¬
rations de la nouvelle Chambre.
Mon vote restera acquis aux propositions qui tendront à établir le repos hebdomadaire
dans une mesure aussi large que possible, à étendre à tous les travailleurs la juridiction
des prud’hommes et à limiter les heures de travail pour les employés.
Mes chers Concitoyens,
Les témoignages de votre sympathie ne m'ont jamais fait défaut lorsque j’ai fait appel
à vos suffrages*
La loi du 30 mars 1902 réunit aux électeurs de notre ville les électeurs des communes
rurales des quatre cantons d’Amiens, que j’ai eu l'honneur de représenter de 1893 à 1»
Aux uus comme aux autres, je ne ferai qu’une seule promesse, celle de consacrer à la
défense de leurs intérêts tout mon dévouement et toute mou énergie, en agissant toujours
en ferme et loyal républicain.
Vive la République 1
Alphonse FïQUET,
Ancien Maire d’Amiens,
Membre du Conseil général de la SoOT&
et du Conseil municipal d’Aiflîoûfy
Député sortant*
2ù circonscription d1 AMIENS
M. GAU VIN
Élu au t*r tour de scrutin. — 15.550 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
En présence de la coalition réactionnaire qui se reforme pour une nouvelle luue, de
nombreux amis appartenant à toutes les nuances du parti républicain ont bien voulu me
confier l’honneur de tenir le drapeau de la République dans la 2e circonscription d’Amiens,
et M. Olive, mon collègue et ami, a facilité par son désistement l’union républicaine. Je les
remercie de m'avoir placé à ce poste d’honneur et de combat où je saurai faire mon devoir,
sout-nu par leur confiance et par la vôtro. Mes actes politiques n’auront qu’un but: répondre
a tant de sympathies par une marche résolue dans la voie des réformes attendues.
J’avais espéré que tous les Français avaient enfin compris que la meilleure forme de
gouvernement est celle qui permet aux citoyens d'exercer librement leur part de souve¬
raineté soûs un gouvernement démocratique et impersonnel. Mais il en est toujours qui
rêvent de rétablir le pouvoir autoritaire d’un homme contre le pouvoir démocratique de la
nation ; il nous faut, à la fois, les protéger contre leurs tendances et nous défendre contre
le danger qu’elles révèlent et qui nous a déjà conduits à Sedan !
Industriel et agriculteur, je connais les besoins des travailleurs. Défenseur de tomes
les libertés, sous la pré lominance de l’État laïque, je suis partisan résolu de l’amélioration
progressive du sort des humbles, des œuvres de solidarité humaine et de prévoyance ; et
je réclame l’organisation de retraites ouvrières, attendant de la mutualité, qui a déjà donné
tant de féconds résultats, la solution de plus d’une question sociale.
Le péril grandissant delà concurrence étrangère, la difficulté de trouver de nouveaux
débouchés, rendent l’étroite union des classes de plus en plus nécessaire. Les intérêts des
patrons et des ouvriers doivent, rester solidaires, et la lutte entre eux ne pourrait que créer
un péril mortel pour la prospérité du travail national.
Les inégalités de notre régime fiscal appellent, e’ks aussi, des réformes d’autant plus
nécessaires que la solution des grands problèmes sociaux exige des finances prospères et
une rigoureuse économie des deniers publics.
Défenseur des travailleurs de l’atelier, de l’usine et des champs, sachant par expérience
que l’agriculture et l’industrie sont intimement liées pour une prospérité commune, je
regrette que les départements du Nord soient trop souvent sacrifiés à ceux du Midi. îous
mes efforts tendront non seulement à maintenir le régime de douanes établi en 1892, mais
encore à faciliter, alors que les sucres viennent d’ôtre si profondément atteints, toutes les
mesures propres à vulgariser l’emploi de l1 alcool de betteraves.
Je suis acquis à la réduction du service militaire à deux an s, sans vouloir rien retrancher
de ce qu'exige la défense du sol national. Je suis persuadé que le développement des
sociétés de gymnastique et de tir peut, en une très large mesure, coopérer à cette réduc¬
tion des charges militaires, des périodes de réserve et de territoriale.
Vous dirai— je que je suis le partisan de plus en plus résolu du développement de l’ins¬
truction publique et de l’accession, avec l’aide de l’État, à renseignement secondaire des
enfants des travailleurs dont les qualités intellectuelles se manifestent à l’école primaire.
le place ma candidature sur un large terrain de concorde, mais je ne suis pas, mes
chers Concitoyens, de ceux qui répètent que la République ne court plus aucun danger.
116
J’ai toujours fidèlement servi la République depuis trente-deux ans, je la réclamais avant
sa proclamation, je la servirai jusqu’à mon dernier souffle, comme je servirai la liberté
toutes les libertés qui sont la raison d’ètre du régime républicain.
Veuillez croire, mes chers Concitoyens, à mes sentiments dévoués*
Ernest C AU VIN, Député sortant.
Conseiller général du canton de Bovcs*
Circonscription de DOULLENS
M; ROUSÊ
Élu au 2e tour de scrutin. ~ 7.001 voix.
Messieurs les Électeurs et chers Concitoyens,
La ligue républicaine de Daullens, qui comprend tous vos élus républieaias, m'a fait le
grand honneur de me désigner comme candidat d union démocratique*
SI je me prévaux de ce choix, ce n’est pas, croyez- le bien, dans le but de peser sur
votre liberté et votre indépendance.
Mais j’estime qu'une candidature doit trouver sa justification ailleurs que dans une
initiative personnelle. t
Co que je suis, vingt années de vie publique passées dans cet arrondissement vous
l’ont appris*
Je suis aujourd'hui, comme j'étais hier et comme je serai demain, le fervent républicain
que vous^ connaissez, respectueux des croyances et dés libertés, mais bien décidé à ne
jamais transiger avec les réactionnaires, de quelque masque qu’ils s'affublent, et à ne sou¬
tenir qu’un ministère s'appuyant sur une majorité exclusivement républicaine*
De la dernière législature une double impression m’est demeurée celle d'abord que
tu u n est plus désirable que la stabilité gouvernementale et l'esprit de continuité pour la
réalisation des progrès et des réformes* La nécessité s’impose d'affermir le pouvoir exécutif,
et je ne serais pas éloigné d'en demander les moyens à une sage révision de la constitution
qui n eut pas jwir but d'amoindrir ou de supprimer le Sénat, ni de préparer les voles au
plébiscite.
Puis, celle que le pays eu est arrivé à ce point critique où les dépenses ne sauraient
être accrues sans péril* Plus de justice fiscale, sans douto, mais, avant tout, des économies.
Si j'étais élu, je ne croirais pas renoncer à une prérogative essentielle de ma dignité de
législateur en abdiquant l’initiative des dépenses nouvelles et je voudrais qu’on mit un
terme à la folie -et ruineuse expansion coloniale et maritime*
Plu sieurs questions dont la précédente législature a commencé l’étude s’imposent à
P activité immédiate de la prochaine Chambre.
Je vous dois l'expression de mon sentiment tout net et tout franc sur ces questions.
Je voterais 1 abolition des privilèges exorbitants que la partie non abrogée de ïa loi
Falloux conserve à l’enseignement libre, mais — et je tiens à ce qu'il n'y ait pas d'équivoque
à cet égard — je reste partisan de la liberté d'enseignement.
\ous voulez, et je veux avec vous, fa réduction du service militaire à deux ans, avec
suppression des dispenses, h mise en concordance de la justice militaire avec nos principes
modernes d’humanité, l'institution de l'assurance miffiaire piur indemniser les familles,
privées de leur soutien et les victimes de maladies ou d?inünînf^ contractées au service.
Vous voulez* et je veux avec vo s, la diminution des impôts directs et indirects, qui
pèsent si lourd; ment sur les cultivateurs et les travailleurs, au moyen d'un impôt sur le
revenu* sans vexation ru inquisition.
Travailleurs des champs et de Pusine,
J adhère de tout mon cœur au principe de solidarité sociale, dont la première applica¬
tion doit être rétablissement d'une caisse nationale d’assurances obligatoires contre Hnva-
lidîté, le chômage et la vieillesse des ouvriers.
Personne plus que moi no désire la prompte cessation de Finjustlce sociale qui aban¬
donne le travailleur, vieilli et fatigué, à toutes les bu filiations et à toutes les incertitudes
de la charité.
Cultivateurs et négociants.
Je ma considérerais comme Le. représentant de vos intérêts économiques.
Aucun motif d’ordre politique, je le dis très haut, ne m’empêcherait de remplir mon
devoir, tout mon devoir, dans cei ordre d’idées.
A cette heure où l’évolution économique rend le lendemain si précaire et 1 avenir si
sombre, il convient de détourner de plus en plus son attention des question s de politique
pure pour la concentrer sur les questions d’affaires. . .
il y a des lois iniques qui croient remédier à la crise en la compliquant par l’injustice.
De ce nombre est la loi des boissons. Il faut qu’on la revise et j’y tâcherai. Ces projets de
droits différentiels sur les alcools, dont on nous menace, n’auront pas d’adversaires plus
déterminés que moi. . .
Notre belle région du Nord est atteinte dans les sources vives de sa richesse. J irai, si
vous voulez bien m’accorder votre confiance, grossir les rangs deü défenseurs de l'agricul¬
ture, de ceux qui se font, contre les préjugés des représentants des grandes villes et les
résistances des agioteurs, les fidèles exécuteurs de vos intentions.
Nos textiles nos betteraves de sucrerie et de distillerie, nos oléagineux nos houblons
et nos tabacs attendent uns protection efficace, le ferai en sorte qu’ils l’obtiennent . Je veut
la suppression de l’impôt s tu- les sucres et, par voie de compensation, 1 abolition du privilège
des bouilleurs de cru.
Mes chers Concitoyens,
Je mets à voire service tout ce que j’ai de bonne volonlé et de dévouement, tout ce que
je porte d’affection sincère et solide au coin de terre où je suis ne et ou] ai toujours? vécu.
Conscient de mon devoir et soucieux de le bien remplir, je prends 1 engagemen , si je
deviens votre député, de vous rendre compte régulièrement de mon mandat.
Vive F arrondissement de 1) juliens !
Vive la République!
Albert RO USÉ.
— 92i —
J
Circonscription de MO NTDIDIEH
M. KLOTZ
Elu au 1er tour de scrutin. — 9,053 voix.
Cher Concitoyen,
Depuis plus de six années, vous me connaissez ; depuis quatre années, vous m’avez vu
a J œuvre. J vu
Déjà, en 1393, vous avez flétri et condamné la campagnes d'injures, de mensonges et
de calomnies, dirigée contre moi. Je ne m’abaisserai pas à relever ces éternels outrages
d adversaires aux abois. b
Mon passé, mes actes, mes discours, mes propositions de loi vous permettent de juger
1 oeuvre de bonne foi et de dévouement que j’ai entreprise; cette oeuvre, je vous demande
aujourd hui de pouvoir la poursuivre avec l’expérience de la vie parlementaire et la
approfondie de vos intérêts économiques, de vos as/ imions politiques et
d’h, ,T0Il|leS ennemïsde Ia République, coalisés dans un audacieux effort, tentent aujour-
d hui un dernier assaut, livrent un suprême combat dans la France entière
Egalement unis pour la défense de vos libertés, pour la conquête de progrès nouveaux
e incessants, tous les républicains de gauche, sans distinction de nuances, se groupent
le lriompbe 15
Au bloc de tous les anciens partis, nous opposons avec calme noire indissoluble
union.
Cher Concitoyen ,
►
c’est^nWn?^62^' d? ?0Î UI]eprofeSSion de foL De™iu maintenant l’un des vôtres,
' ] P e‘.ne Ium,cre> c'est sans équivoque que j’ai toujours agi. Mon mandat? J’en ai
faire et !I !’ Chaqueinn^’ comine Je vous Savais promis, comme je continuerai de le
■ ’ J™8 aVPZ’ chacIue année> Publiquement approuvé mon attitude. Mon programme?
l’y a" eztccTamT" ™8' ‘ ^ a“ C0Urs de nos Unions électorales ; et vous
. i&, (îemande ?ue la Chambre fmure vote les 500 francs de retraits ouvrières et
aueSii “J— T 3trfUeS P" ’eS traV3iIleUrS et’ pour en “«««T réalisation,
dont re / r er’a fn 6 ine de tous’ Certains monopoles de droit et de fait,
accapareurs ^ ’ 3 votre d6trimeilt’ «F» la féodalité des spéculateurs et des
l’éJ?Æ«, ,H>- ‘'rt6 de ,a RépubHque soit mise atl deIjors de nos querelles et que
i egaluc devant 1 impôt du sang soit consacrée par le service de deux ans, la suppression
u es treize jouis et la réduction des vingt-huit jours.
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— 925 — Nû 1162
Pour sauver la culture de la betterave, je m’engage formellement à proposer et à
défendre :
lrj La suppression complète de l’impôt sur le sucre ;
2° L’abolition du privilège des bouilleurs de cru ;
|° Le dégrèvement de l’alcool dénaturé.
Au cours de la dernière législature, en maintes occasions, je vous ai donné la preuve
de mon ardeur à servir les grands intérêts de la Picardie,
Demain, notre tâche sera plus lourde, notre labeur plus difficile encore ; et mes gages
du passé restent les gages de Ta venir*
Fermement attaché à la liberté de conscience, répudiant le fanatisme qui cherche à
réveiller la haine religieuse, je demande à tous Je respect de la loi, l'obéissance à PÊtat
laïque, au pouvoir civil.
Cher Concitoyen,
Si vous m’honorez une fois encore de votre confiance, je mettrai à l’accomplissement
de mes devoirs tout ce que j’ai de dévouement et d’énergie.
Je suis convaincu que, de !a grande consultation du suffrage universel, sortira une
majorité capable de faire une France plus grande, une République plus démocratique, une
société plus juste et plus humaine*
A vous de cœur.
Vive la République démocratique l
L.- L* KLOT A
Député sortant,
Conseiller général de Rosières,
Maire d’Ayencoutt-le-Mdncheî .
Circonscription de PÉRONNE
H. TR AN NO Y
Élu au Ier tour de scrutin. — U, 172 voix.
Mes chers Concitoyens,
À deux reprises déjà, en 1893 et en 1898, les électeurs de la iro circonscription m’ont
fait ITropneur de me nommer leur représentant. A ces deux époques, je me suis présenté à
leurs suffrage?, au point de vue politique, comme républicain, et au point de vue économi¬
que, comme protectionniste. Je crois pouvoir affirmer que pendant les huit années et demie
qu’ont dure a s deux législatures, j’ai ôté au Parlement ce que j’avais promis d’être lorsque
j’avais posé ma candidature.
Fr, comme les intérêts des électeurs de la 2e circonscription sont les mêmes, en
général, que les intérêts des électeurs de la lre circonscription, il est vrai aussi de dir e
que j’ai aussi bien combattu pour les électeurs des cantons d’Albert, de R ray, de Combles
et de Roïsel, que pour ceux de Chaulnes, Ham, Nesle et Péronne. Aujourd’hui, et par
suite du résultat du recensement de 1900, les deux anciennes circonscriptions de
l’arrondissement de Péronne se -trouvent réunies, et vous n’êtes appelés, à Pheure
actuelle, à nommer qu’un député au lieu de deux que vous envoyiez autrefois au
Parlement.
Dans l’intérêt du parti politique que nous représentons tous les deux, et avec une
abnégation et un dévouement qu’on ne saurait trop louer, mon collègue et ami M. François
se retire de la lutte» Si vous voulez me faire Phonoeur de me nommer voire représentant,
je continuerai à défendre, dans la nouvelle Chambre, le Gouvernement de îa République
avec la meme fermeté que par le passé.
Au point de vue social, aucune des réformas qui pourraient intéresser les classes
laborieuses ne saurait me trouver indifférent et j’aiderai de toutes mes forces le
Gouvernement dans ta voie de l’organisation des retraites ‘ouvrières et des mutualités*
Depuis longtemps déjà, signataire d’une proposition de loi ayant pour objet de ramener
le service militaire à deux ans, j’ai montré que j’étais partisan de la réduction de
nos charges militaires, en tant qu’elles seront compatibles avec la sécurité et la démise
du pays.
Au point de vue économique* ja n’ai pas besoin de vous dire que je reste Le défenseur
résolu du système douanier de 1392, qui a assuré jusqu’ici la prospérité des industries et
de l’agriculture françaises.
C'est daus ces conditions que, présenté par nombre de vos élus, je viens de nouveau
solliciter vos suffrages .
Beaucoup d’entre vous peuvent savoir que, pendant ces huit dernières années, j’ai
rempli, du mieux qne je Fat pu, les engagements que j’avais pris envers mes anciens
électeurs. Je n’ai pas changé, et, si vous voulez m’accorder votre confiance, je serai dans
la nouvelle Chambre ce que j'ai été dans les deux anciennes. J’ai acquis pendant ces
huit années une expérience que je n’avais pas au début, et j’ai été appelé, par la confiance
de mes collègues au Parlement, à des postes qui témoignent du travail auquel j’ai dü me
livrer et de la compétence que j’ai acquise.
Je viens aujourd’hui vous demander à tous, électeurs de l’ancienne première comme
de l’ancienne deuxième circonscription, de me renouveler mon mandat, et si vous me
renommez, je vous promets, pour l’avenir, de vous représenter avec le même zè’e que
celui dont j’ai fait preuve dans le passé.
Veuillez croire, mes chers Concitoyens, à tout mon dévouement.
G. TRANNOY,
Député sortant.
027 —
N# 1162
TARN
circonscription d'ALBX
Il AN DRT EU
Élu bu 1er tour de scrutin, — ^ . 39Zi voix,
Mes chets Gonriloyens,
Choisi a P unanimité par le Congrès démocratique d3ÀIbï3 je viens solliciter de nouveau
vos libres suffrages.
Lhinion de tous les républicains sincères, de tous les démocrates convaincus est
aujourd'hui faite.
La lutte est engagée entre la République, qui a donné à la France plus de trente années
de liberté et de tranquillité à l'intérieur, de paix à rextérieur, et les réactions coalisées.
L’issue de la consultation populaire ne saurait être douteuse.
Quelle que soit la campagne de mensonges et de calomnies, renouvelée de la période
boulangiste, quels que soient les efforts de nos adversaires pour essayer criminellement de
ressusciter les passions et les guerres religieuses, vous ne tomberez dans aucun des pièges
qui vous sont tendus et vois saurez reconnaître vos vrais amis, vos vrais défenseurs,
; les hommes qui sont dévoués à la cause des travailleurs, à la démocraUe et à la
liberté.
La dernière législature a fait œuvre de défense républicaine et élaboré un certain
nombre de lois utiles et fécondes.
U reste encore beaucoup à faire. Gomme en 1898, je veux, tout en respectant la liberté
absolue de conscience, assurer la prééminence de Pesprit laïque et du pouvoir civil ;
[je veux, par l'abrogation de la loi Falloux et par une loi générale sur renseignement
secondaire, supprimer des privilèges injustifiés et établir Légalité dans cet ordre
d’enseignement.
le veux inorganisation de Caisses de retraites pour la vieillesse, de l'assistance aux
vieillards et aux enfants des families indigentes.
le veux la refonte générale de notre système d’impôts et la répartition plus équitable
des charges publiques par Rétablissement de l’impôt progressif sur le revenu*
Je veux la réduction du service militaire à deux ans et la suppression de la période
des treize jours.
Je veux la diminution de nos charges publiques par rétablissement tVrme large
décentralisation administrative, le meilleur emploi de nos recettes, la surveillance
plus étroite de nos dépenses, la suppression des emplois in utiles et la diminution des gros
traitements.
Je veux la défense de notre épargna nationale, de notre commerce et de notre industrie
contre la spéculation financière et cosmopolite.
L^agriculture doit surtout dans la prochaine législature, retenir l'attention de
tos élus.
928 —
Diminuer 1 s charges qui pèsent sur elle, améliorer le crédit régional agricole, orga¬
niser les Chambres consultatives d’agriculture, édicter des pénalités sévères contre les
fraudeurs et les spéculateurs, diminuer les tarifs de transport, instituer des sociétés
coopératives de vente, faciliter aux producteurs l'admission directe aux adjudications pour
le compte de UÉtat, etc., sont des mesures de nature à améliorer les crises ou les méventes
dont se plaignent les agriculteurs et dont les causes sont si complexes,
11 faut enfin améliorer et multiplier les voies de communication, surtout dans ies
cantons ruraux, hâter Inachèvement de la ligne d'Albi à Samt-ÀfTrique et le rétablissement
déjà commencé de la navigabilité du Tarn.
Ami de tous les travailleurs, de tous les ouvriers, je saurai m’inspirer de leurs désirs et
défendre avec énergie et dévouement leurs intérêts et leurs droits.
Pendant ces quatre années, je n3aî cessé de rester fidèle à ce programme et k mes
convictions. J’ai donné à la chose publique, aux intérêts généraux ou régionaux qui
m'étaient confiés, tout mon temps, tout mon dévouement. Souvent le succès a couronné
mes efforts. Nul n’a fait, en vain, appel à moi.
Mes chers Concitoyens,
L’heure est décisive* Tous les vieux partis, utiis dans un suprême effort, livrent le
dernier combat.
Ils veulent à tout prix arrêter l'œuvre commencée par notre grande et immortelle
Révolution et empêcher l’organisation définitive du régime démocratique.
Au bloc de tous les ennemis de la République, opposons une indissoluble union. La
victoire est certaine.
Et une fois de plus votre volonté souveraine nous permettra d'envisager avec une
entière confiance Ta venir d'une république de progrès, de réformes et de paix sociale.
Vive la République des républicains l
Ed. AN DRIEU,
Avocat,
Maire d’Albi, Député sortant.
2e circonscription d'ALBI
M, Jean JAURÈS
Élu au 1er tour de scrutin, — 6.5üâ voix.
Citoyens,
Républicain et socialiste, je demande à tous les républicains, à tous les travailleurs, le
mandat de défendre la République 3 de fortifier la démocratie, d'organiser et d’émanciper
les prolétaires.
Vaincue au 2h mai, au 15 mai et sous le boulangisme, la réaction monarchique, cléri¬
cale et césarienne a tenté, il y a quatre ans, un nouvel assaut contre la République; et,
cette fois encore, l’expérience a démontré que pour refouler la contre-révolution, T union de
tous les républicains était nécessaire.
Cette union s’est affirmée depuis trois ans dans le Parlement et dans le pays. Elle
929 —
N° H62
s'affirmera encore décisive et victorieuse, aux élections générales. Elle se continuera, sans
abdication et sans confusion d’aucune sorte, dans la législature prochaine, pour achever la
déroute de l’ennemi et pour réaliser les réformes urgentes sur lesquelles Raccord immédiat
de tous les démocrates est possible dès maintenant.
Ces réformes de premier plan, c’est la démocratie elle-même qui en a dressé la liste,
par ses programmes, par ses manifestations, parles travaux préparatoires des commissions
du Parlement et du Parlement lui-même : Révision des lois sur l’enseignement ; réforme
démocratique du système d’impôts ; vigoureuse réduction de la durée du service militaire ;
suppression des Conseils de guerre ; rachat des chemins de fer ; extension à toutes les
catégories de travailleurs industriels des lois limitant, dans les ateliers mixtes, la durée de
la journée de travail ; création de pensions de retraite pour tous les vieux travailleurs de
l'industrie, du commerce et de r agriculture, petits propriétaires et artisans aussi bien que
salariés ; amélioration de la loi sur les accidents ; organisation de l’inspection ouvrière pour
l’application des lois sur le travail.
Le concours désintéressé du Parti socialiste est assuré, dès la constitution de la Chambre
prochaine, à tout gouvernement qui entreprendra la réalisation vigoureuse, méthodique et
rapide de ce programme.
Il faut que .l’Etat laïque et républicain reprenne sur tout l’enseignement le droit de
contrôle et de direction dont il a été dépouillé. Il n’y a là aucune atteinte à la liberté reli¬
gieuse. La liberté des consciences et des cultes est un article essentiel du programme répu¬
blicain et socialiste, et la laïcité de l’État, commencée par l’ancienne monarchie, continuée
et accélérée par la Révolution française, s’achèvera sans que la croyance d’un seul individu
ait été brutalisée, sans que le droit d’une seule conscience ait été violé. Mais la nation
républicaine, qui ne vit et ne peut vivre que par la liberté, a le droit et le devoir d’assurer à
tous les enfants, dans toutes les écoles, un enseignement conforme aux principes de la
liberté.
C’est un scandale que dans une cérémonie scolaire un moine ait pu faire appel au
glaive de l’Inquisition pour abattre les têtes pensantes. Csest un scandale que dans une
cérémonie scalaire un général ait pu glorifier la trahison des émigrés combattant contre la
France à Quiberon sous le drapeau anglais. C’est un scandale que les éducateurs des futurs
citoyens aient pu exalter les haines de race, glorifier les faux, et que les éducateurs des
futurs officiers aient pu faire l’apologie du coup d’Etat. Ces attentats permanents contre la
République ne cesseront que lorsque l’État républicain aura repris, selon ia liberté et pour
la liberté, la direction effective et le contrôle souverain de tout l’enseignement. Ce qu’on
appelle la liberté de renseignement ne peut pas prévaloir contre l’enseignement de la
liberté.
Mais l’État devra faire un grand effort dans le sens de la gratuité. Il ne suffit pas que
les écoles primaires soient gratuites. II faut encore, en attendant la gratuité absolue de
Renseignement à tous les degrés, que les enfants du peuple qui sortent de l’école primaire
avec le certificat d’études soient admis de droit, gratuitement et à la seule demande des
familles, dans les collèges et lycées. Il importe aussi que, dans les chefs-lieux de canton ,des
cours primaires supérieurs et professionnels soient ajoutés aux écoles primaires pour qu'un
degré plus élevé d’instruction soit facilement accessible et à très bon marché aux popula¬
tions des campagnes.
11 faut que les quatre contributions, etnotammept l’impôt foncier si lourd aux petits pro¬
priétaires paysans, soient supprimés, 11 faut aussi que les impôts de consommation les plus
lourds comme celui qui renchérit le sucre soient abolis ou réduits. Et cela ne sera possible
que par l’impôt général et progressif sur le revenu, La réaction ment quand elle dit que
cet impôt s’ajoutera aux autres. 11 remplacera au contraire les impôts les plus lourds aux
pauvres, les plus injustes; et, combiné avec l’impôt progressif sur les successions, il donnera
en outre à l’État le moyen de doter pour sa part les caisses de retraite-
Lu plupart des républicains sont d’accord pour réduire au moins à deux ans la durée
du service militaire égal pour tous. La réaction essaie d’écarter cette réforme en proposant
117
— 930 —
Fexpédierit misérable et funeste d’une armée de mercenaires, de rengagés, qui serait rui¬
neuse pour les finances, dangereuse pour la liberté, mortelle à l'esprit civique et impuis¬
sante contre Fêtranger, Les socialistes s’associeront à tous les républicains pour déjouer la
manœuvre de la réaction. Mais la réduction du service à deux ans ou même à un au n’est à
nos youx qu’une étape. Ces réductions successives combinées avec un ensemble de mesures
démocratisant Farmôô doivent nous conduire au système des milices où tous ïes soldats
sont eu même temps citoyens et où l’apprentissage de la guerre défensive se confond avec
la vie civile. Là est îa vraie force des peuples libres,
H faut que la pension de retraite pour tous les vieux travailleurs ouvriers et paysans
soit considérée non comme une faveur et une aumône, mais comme une dette sacrée de la
nation* Et il faut que Fassurance sociale contre l’invalidité soit étendue au chômage.
Oui, le Parti socialiste est prêt à seconder et à stimuler en ce sens les efforts de la
majorité républicaine. 11 pèsera sur elle de toute la puissance du prolétariat organisé pour
en obtenir ou pour lui arracher les réformes urgentes* Mais il n’oublie pas, en travaillant à
cette œuvre immédiate, qu’il doit hâter la formation d’une société nouvelle consiatuée sur
des principes nouveaux*
On dit aux paysans que nous voulons leur prendre leurs terres et procéder au partage.
C’est une sottise ou une calomnie* Mous voulons au contraire débarrasser les petits proprié¬
taires paysans de l’impôt qui les accable, de l’hypothèque qui les ronge, de Fesprit d’isole¬
ment, de défiance et de routine qui les paralyse* Le socialisme collectiviste, par îa transfor¬
mation de la propriété capitaliste en propriété sociale, affranchira les paysans comme les
ouvriers. 11 servira les intérêts de la nation comme les intérêts essentiels de Ja classe pro¬
ductrice, Il n’y a là ni spoliation, ni utopie. Et l’expérience de tous les jours démontre
qu’il n’est que temps pour notre pays d’entrer dans les voies que le socialisme a marquées,
Dès aujourd’hui, il est de l’intérêt de ïa nation et du prolétariat que les chemins de fer,
les mines, la banque, les raffineries, cessant d’être la propriété de sociétés capitalistes,
deviennent la propriété de la nation.
Dès aujourd’hui, il est de l’intérêt des paysans comme de la nation, que les grandes
meuneries, qui faussent à leur gré le cour des blés, deviennent propriété nationale et
soient gérées par des conseils où seraient représentés les paysans.
Dès aujourd’hui, il est de l’intérêt de la nation comme des cultivateurs, que les assu¬
rances contre l'incendie, contre la grêle, contre ia mortalité du bétail, au lieu d’être une
entreprise capitaliste, dont les dividendes sont gonflés par les taux exagérés des primes,
soient un service national mesurant les primes au risque réel.
Dès aujourd’hui, il est de l’intérêt des paysans de s’associer, de se grouper, soit pour
leurs achats, soit pour leurs ventes, soit pour l'exécution en commun de travaux d'utilité
commune.
Dès aujourd’hui, il est de Fmtérêt des paysans, des cultivateurs, que l’État intervienne
par tm crédit national pour subventionner ces associations et que la commune intervienne
pour mettre à leur disposition les machines agricoles coûteuses* les magasins de dépôt et
de warrant.
Toutes ces mesures, qui sont d’inspiration socialiste et collectiviste, bien loin d’expro¬
prier et de dépouiller les paysans, Je3 sauveront, les fortifieront, les enrichiront, éveilleront
en eux de grandes pensées.
C’est donc à tous les travailleurs, travailleurs des champs, travailleurs de la mine, tra¬
vailleurs de la verrerie, que je fais appel. Selon la loi d’évolution, une société nouvelle,
meilleure et plus juste se prépare. Elle no s’accomplira que par le puissant effort delà
classe ouvrière et paysanne prenant conscience de son intérêt propre et s’organisant en
parti politique distinct*
De plus en plus, les questions qui intéressent les peuples prennent une forme interna¬
tionale. El y a des conventions postales, des conventions monétaires internationales, fit
récemment encore, c’est par une conférence internationale, à Bruxelles, que le régime
ruineux des primes sur les sucres était aboli. De même, l’action du prolétariat devient tous
N° 1162
— 9.11 —
I jours plus largement internationale. tes travailleurs de tous les pays s’entendent pour
obtenir une législation qui les protège; ils s'entendent aussi pour faire prévaloir dans le
)de !cs idées do paix. C’est appuyés sur le prolétariat international que les amis de la
nais obtiendront peu à peu que des institutions d’arbitrage entre nations préviennent et
empêchent les guerres. Guerre ù la guerre, qui ruine les nations, ensanglante l’humanité
et détourne tous les ans vers des œuvres de destruction et de mort des milliards qui
devraient être consacrés au développement des œuvres de vie, de l’instruction publique,
des travaux publics, des œuvres d’assurance et de solidarité sociale! Je travaillerai, d un
effort passionné, à abolir le vieux régime de barbarie et de meurtre, à organiser un régime
de pfix durable, h préparer le désarmement simultané qui ne livrera notre Patrie à aucun
hasard et qui soulagera le monde d’un fardeau accablant.
Voilà les nobles idées que je défendrai à la Chambre et dans le pays. I, union néces¬
saire entre républicains n’implique pour aucun d’eux aucune abdication. Quand les républi¬
cains modérés, radicaux, socialistes, votent tous ensemble contre la réaction, les modères
et les radicaux n’adhèrent point pour cela au socialisme ; et les socialistes ^abandonnent
Fs la moindre parcelle de leurs idées et de leurs revendications, mais ils affirment tous
ensemble que la liberté républicaine est le patrimoine commun, et qu’elle est la condition
absolue de l’évolution régulière de la démocratie.
C’est donc pour ht République et en son nom que vous irez au scrutin le 27 avril pro¬
chain. J’ai été odieusement calomnié il y a quatre ans, mais maintenant la lumière est faite
sur l’affaire Dreyfus. J’y ai joué le rôle d’un honnête homme et d’un bon citoyen. J’ai con¬
tribué à sauver l’innocent et à démasquer les traîtres, et ce que des aveugles ou des infâmes
m’ont reproché comme un crime, je le revendique comme l’impérissable honneur de
ma vie.
Ce n’est pas moi qui suis on agitateur et on fomenieur de grèves* Ce sont ceux qui ont,
depuis 1885, introduit la politique à la mine, et divisé les ouvriers* Tous les travailleurs de
3a mine et de la verrerie se réconcilieront. Tous ils assureront la victoire de la République
e£ du prolétariat.
Vive la République sociale î
Jean JAURÈS.
l1*1 circonscription de CASTRES
M* le baron Xavier REÏLLE
Élu au 1er tour de scrutin. — 9.60$ voix.
Mes chers Concitoyens,
]’ai l'honneur depuis quatre ans de vous représenter h la Chambre.
Les principes qui m’ont guidé pendant cette législature sont ceux qui vous sont chers
a tous :
Progrès social ; économie financière ; liberté religieuse*
J’ai conscience d’avoir rempli fidèlement le mandat que vous m’aviez confié,
iesuis fier d’avoir appartenu aux rangs de l’opposition dans ce Parlement, dont la
majorité a négligé les réformes légitimes pour seconder la fortune de quelques ambitieux*
- ■
932 —
Avec tous les hommes (Tordre, fai lutté énergiquement contre la tyrannie de l'oligarchie
maçonnique.
Sous prétexte de défense républicaine, on a entravé le progrès démocratique ; dilapidé
les finances ; étouffé la liberté.
La République des francs- maçon s est un despotisme masqué*
C'est a la République du peuple, nettement libérale et généreusement progressiste
consciente de sa responsabilité devant la nation, que j'entends donner mon appui, pour
mériter la confiance que le peuple me témoigne.
Je me présente de nouveau à vos suffrages, décidé à continuer une oeuvre qui n’est pas
seulement pour moi un précieux devoir personnel, mais aussi une glorieuse tradition de
famille.
Vos intérêts généraux et particuliers trouveront toujours en moi un ardent défenseur.
Dans la prochaine Chambre, qui aura à réparer les fautes de sa devancière, je resterai
le partisan résolu :
Des économies budgétaires et de la décentralisation ;
De la réduction à un an du service militaire ;
Des retraites ouvrières fondées sur la mutualité légalement développée;
De ia liberté de Renseignement sauvegardée par la loi Falloux.
Je demeurerai l'adversaire non moins résolu ;
Du fonctionnarisme scandaleux qui dévore nos ressources ;
De l'extension des monopoles, ruineux pour les entreprises particulières.
le ne reconnais à l’État aucun droit contraire aux droits des citoyens.
Je ne veux ni persécution ni favoritisme.
Ma devise est celle à laquelle la République a le devoir d’être fidèle :
Liberté. — Égalité. — Fraternité.
Et je n'ai pas enfin d’autre ambition, mes chers Concitoyens, que de vous prodiguer
toujours mon entier dévouement.
Baron Xavier REILLE,
Député sortant.
2° circonscription de CASTRES
M. le baron Amédée REILLE
Élu au 1er tour de scrutin. — 9.566 voix.
Mes chers Concitoyens,
Depuis trois ans que j’ai Thonneur de vous représenter, vous savez avec quel dévoue¬
ment je me suis consacré a la défense de vos droits et de vos libertés*
Aujourd’hui, l'heure est grave, décisive peut-être*
La prépondérance des francs-maçons dans la politique ministérielle sape les ba*es
même de la société.
Nous voyous, au point de vue moral et religieux :
La persécution déchaînée par la loi sur les associations ;
La suppression du budget des cultes, proposée par la Commission du budget ;
— 933 —
M& 1162
L'abrogation de la loi Falloux votée en principe.
Tandis qu’au point de vue financier, ce môme ministère nous a conduits à 1’ emprunt, au
déficit et par conséquent à P augmentation des impôts.
Tous ceux qui ont accordé au ministère un « vote de confiance absolue n se sont donc
rendus solidaires de sa politique néfaste d'intolérance religieuse et de gaspillage financier*
Quant à moi, par mes votes et par mes discours, j’ai toujours défendu les principes de
liberté qui sont et resteront la règle de ma carrière*
Je suis plus résolu que jamais à combattre une République sectaire et jacobine, à sou¬
tenir, au contraire, une République libérale et progressiste.
J'attends d'elle :
La garantie de la liberté de travail,
Le respect de la liberté religieuse et de ïa liberté d'enseignement, la plus sacrée de
toutes, pour les pères de famille.
Je réclamerai, en outre, la réduction à un an du service militaire obligatoire, avec la
constitution d’une armée de métier au moyen d'engagements volontaires*
La suppression des vingt-huit et treize jours, par la voie d’une réduction progressive
dont j'ai déjà voté le principe.
La création, pour les ouvriers industriels et agricoles, décaissés de retraites fondées sur
la mutualité légalement développée.
L'allégement des charges qui pèsent si lourdement sur les contribuables et particuliè¬
rement sur les agriculteurs*
Pour que ces réformes soient réalisables, il faut que le Gouvernement et le Parlement
entrent résolument dans la voie des économies budgétaires et de la décentralisation.
11 faut que la République, répudiant les doctrines socialistes, accepte le concours loyal
de tous les hommes d'ordre, qui veulent pratiquer une politique d’apaisement et de conci¬
liation, et non une politique de haine et de discorde*
J’attends votre verdict avec la plus absolue confiance ; pendant plus de trente années,
vous avez témoigné à mon père une fidélité à toute épreuve ; tout jeune j’ai hérité de votre
dévouement pour lui et aujourd’hui j’espère que, m’ayant vu a l’oeuvre, vous me jugerez
digne de faire triompher une fois de plus notre belle devise :
Dieu. — Patrie, — Liberté !
Baron Amédée REILLE,
Député sortant
Circonscription de GAÏLLAC
M* Paul GOUZY
Elu an 2e tour de scrutin. — 8.581 voix.
Mes chers Concitoyens,
La vraie profession de foi d?un Député sortant, c'est l’exposé de ses votes, car ses Elec¬
teurs peuvent induire sa conduite future de sa conduite passée.
La mienne, je suis fier de l’afiinner, se résume en deux mots :
JTai tenu tout ce que j’avais promis.
J’avais promis de voler des économies dans les services publics.
Fai proposé ou voté :
La suppression des sous-préfets, — des tribunaux jugeant moins de 200 affaires par
a n j — des commissaires spéciaux, etc*; — la diminution des revenus des trésoriers-
payeurs généraux, — des indemnités de voyage ou de service, etc*
En revanche, fai proposé ou voté toutes les mesures favorisant équitablement les
petits*
Pour les facteurs, un congé annuel, — pour les cantonniers et les éclusrers, une aug¬
mentation de salaire, — pour les instituteurs, la suppression du pourcentage, — pour les
eiifants des écoles primaires, l’accès aux bourses de renseignement secondaire, — pour les
soldats, des rations de vin, — pour les territoriaux, la suppression des 13 jours.
J’avais promis de voter l’impôt progressif sur le revenu.
J’en ai voté la raiee à Tordre du jour, proposée par nos amis, — repoussée par les
soi-disant républicains qui, avec la droite, marchent derrière MM. Méline et Ribot.
J’avais promis pour l’agriculture une protection qui protège réellement l’agriculture et
non les spéculateurs.
J'ai voté :
Pour le blé, la suppression de Fagiotage, par la suppression de l'admission temporaire,
— pour la vigne, le dégrèvement des contributions afférentes aux terrains replantés, — la
poursuite des fraudeurs, — la loi des boissons, qiji a dégrevé de 12& millions les boissons
hygiéniques, et augmenté, pour Paris seul, de 1,200*000 hectolitres, m profit des produc¬
teurs, îa consommation du vin nature).
J’avais promis de voter la loi des retraites pour la vieillesse.
Fai voté toute la partie de la loi qui est venue en discussion jusqu’au moment où des
circonstances, auxquelles je suie étranger, Font fait retirer de l’ordre du jour*
J’avais promis des élections honnêtes.
J’ai voté :
L’enveloppe pour les bulletins, — la cabine d'isolement pour les électeurs, des
peines sévères contre les corrupteurs* — le scrutin de liste pour les élections législatives.
Enfin, j’avais promis le service militaire réduit à deux ans et égal pour tous.
Je n’ai pas besoin de rappeler qu’auteur d’une proposition sur le service de deux ans,
comportant la suppression des dispenses, je l’ai défendue : à la commission de l’armée, — à
la tribune de la Chambre, — dans des conférences faites aux quatre coins de la France, —
et que j’en ai fait voter le principe à une forte majorité.
J’ai en outre voté ;
La loi des successions, — la loi des associations, — la suppression des bureaux de
placement payants, — le rachat des chemins de fer du Midi et de l’Est, acheminoment
au rachat total .
J’ai voté contre l’élévation à 15 . 000 francs de l’indemnité des Députés et contre la pro¬
longation à six ans de la durée de leur mandat.
Voilà le résumé de ce que j'ai fait, au cours de cette législature, pendant laquelle mes
collègues m’ont témoigné leur confiance :
En me nommant membre de trois grandes Commissions : armée, — économies admi¬
nistratives, — grands travaux.
Et en me déléguant fréquemment pour apporter : — soit au Gouvernement, les vœux
de notre groupe, — soit à la tribune, ses déclarations ou ses ordres du jour, — soit aux
bureaux des autres groupes, ses opinions en vue d’une délibération commune*
Des services rendus à F arrondissement, je ne veux citer que le rétablissement de la
navigabilité du Tarn, si nécessaire à l’agriculture et au commerce, pt dont les travaux sont
en cours d’exécution.
— 035 -
N° 1162
Mes chers Concitoyens,
Si ce passé vous parait un gage pour Ta venir, vous me ie prouverez en me donnant de
nouveau vos suffrages*
A Rheure où, comme au Seize-Mai, comme au temps du Boulangisme, monarchistes,
nationalistes, ralliés, bonapartistes, prétendus progressistes, soi-disant libéraux, se coa¬
lisent pour donner l’assaut à la République, tous les vrais républicains, tous ceux qui
veulent les réformes démocratiques et sociales, et notamment :
L’impôt progressif sur ie revenu, — le service de deux ans égal pour tous, — rensei¬
gnement laïque, doivent faire bloc contre l’éternel ennemi.
Je fais appel à tous* Je ïes adjure d’oublier haines, rivalités, rancunes personnelles,
pour se grouper autour du drapeau*
La République est menacée* Tous les républicains doivent marcher u son secours.
Mes chers Concitoyens, je compte sur vous pour y marcher avec moL
, Vive la République !!î
Paul GOUZYj Député sortant.
Circonscription de LAVATJR
M. COMPAYHE
Élu au 2e tour de scrutin, — 0*91)8 voix
Mes ehcra Concitoyens,
Appelé en 1898, pour la deuxième fois, au grand honneur de vous représenter, j"aî
fidèlement servi la cause delà République et de la démocratie; j'ai lutté pour l'amélioration
du sort des petits, des humbles, de tous ceux qui travaillent; j’ai consacré tout mon dé¬
vouement, toute mon activité, à la défense de vos intérêts.
N’ayant d'autre intérêt que le vôtre, je me suis efforcé de faire triompher vos justes
revendications.
Vous me connaissez, ce n’est donc pas auprès de vous que j’ai besoin de me défendre
contre ceux qui affectent hypocritement de dire que je suis encore à la période des pro¬
messes* Mes votes parlent pourtant assez haut*
Sans m’attarder à les rappeler, je crois pouvoir sans crainte les soumettre à votre
souverain et impartial jugement.
Aujourd’hui, il ne suffit plus de s'opposer aux retours que de faux républicains, reve¬
nants du drapeau blanc, essayent défaire en arrière. Il faut aller de Rayant et prouver que
la République n’est ni un Gouvernement de recul ni un Gouvernement de piétinement
sur place.
li faut que les lois soient en accord avec les principes républicains, et pour cela, la
révision de la Constitution dans un sens démocratique s’impose, afin que le suffrage uni¬
versel ne soit pas tenu en échec par nue égale volonté du suffrage restreint.
Au suffrage universel doit appartenir le dernier mot* C’est dans cet esprit que je vous
présente le programme suivant, que je m’engage à défendre :
1. Défense de la République dans ses lois contre les réactions coalisées.
— 936 —
2, Révision de la Constitution qui assure la prépondérance du suffrage universel et la
réalisation des réformes démocratiques et sociales,
3, Réforme de Rimpôt établissant la justice fiscale, nota minent par l’impôt progressif
sur le revenu.
4- Vin aux soldats,
5. Loi de prévoyance et de solidarité sociale; retraite pour les travailleurs des villes
et des campagnes.
6. Le service militaire obligatoire pour tous (sauf pour les soutiens de famille), réduit
à deux ans.
7. Diminution des gros traitements et suppression de toutes les sinécures.
8. Reconnaissance légale de tous les syndicats ouvriers approuvés.
9. Ni emprunts, ni impôts nouveaux.
10. Suppression de la taxe militaire.
Il- Suppression des vingt-huit et des treize jours,
12. Économie et équilibre du budget,
13. Protection du petit commerce contre les grands magasins.
14. Protection de P agriculture contre la concurrence étrangère,
15. Réduction des frais de justice ou leur gratuité,
16. Application de la loi sur les associations telle qu’elle a ôté votée par la Chambre
actuelle,
17* Amélioration de la loi sur les boissons,
18. Chaque commune libre de son budget des cultes,
19. Abolition du vote par procuration dans toutes les assemblées électives,
20. Amélioration des lois sur la chasse et la pêche; permis de chasse à 25 centimes,
valables pour une journée, délivrés aux paysans et aux ouvriers.
21. Insaisissabilité du domicile familial.
22. Révision du cadastre,
23. Abaissement des tarifs de transport, parchemin de fer, des produits agricoles et
des matières servant à l'agriculture,
24* Répression du vagabondage et de la mendicité dans les campagnes.
25. Répression rigoureuse des accaparements et des coalitions qui faussent les cours
des produits agricoles.
Enfin toutes les lois qui pourront améliorer la situation materielle et morale du
prolétariat.
le resterai partisan de Renseignement libre jusqu’au jour où le Gouvernement aura fait
voter une loi établissant la gratuité absolue pour les enfants du peuple.
Je resterai Radversaïre de toute guerre, de toute expédition lointaine et de toutes les
dépenses inutiles.
Je resterai le partisan convaincu de la marche en avant, incessante, paisible mais
résolue, d une République administrée par des républicains repoussant toutes les
réactions.
La coalition réactionnaire est menaçante : en se masquant, elle se dit libérale ou ralliée,
pour essayer de rentrer dans la République pour mieux l'étrangler.
On s’émeut à la pensée du mal, guerre ou révolution, que ferait la réaction si elle
s’emparait du pouvoir.
Mais le peuple qui veille saura démasquer tous ces faux républicains et reconnaître
les siens.
Vive la France et la République du peuple!
E. COMPÀÏRÉ,
Député sortant, Secrétaire de la Chambre,
Conseiller général de Saint-Pauf.
TARN-ET-GAR ÜNNE
Circonscription de CASTELSARRASIN
M. SÉNAC
Élu au 1er tôur de scrutin, — 8 - 779 voix.
Mes chers Concitoyens,
Un grand congrès* composé de i|00 délégués environ, s’est réuni à Castelsarrasin, le
16 mars dernier.
Comme en 1898, c'est à Punanimité de ses membres qu'il m’a confié l’honneur d'être,
aux élections prochaines, le porte-drapeau de nos revendications sociales et économiques.
J’accepte avec fierté cette haute mission.
Le programme que je soumets à votre approbation est surtout un appel à T union, à
la concentration de notre démocratie laborieuse.
Ce que je veux! mon devoir est de le dire nettement ;
C'est l'indépendance complète de l’électeur devant le bulletin de vote;
Le service militaire réduit à deux ans, égal pour tous, sans rengagements de simples
soldats; l’organisation de cadres spéciaux et complets pour chacune des trois formations :
armée active, armée de réserve, armée territoriale;
Le respect absolu de la propriété individuelle; l’impôt général et progressif sur le
revenu;
L'organisation des retraites ouvrières; des assurances agricoles; de caisses de crédit
agricole; de syndicats agricoles; de sociétés coopératives subventionnées;
La diminution de l'impôt foncier et des patentes ;
La réduction du nombre des fonctionnaires; des gros traitements; des frais de justice;
des droits de mutation;
L’extension de la compétence des juges de paix;
Des lois d'entente entre le capital et le travail; entre patrons et ouvriers; la partici¬
pation équitable de ces derniers aux bénéfices ;
La surveillance des droits de douane sur les produits agricoles et les bestiaux;
La libre circulation des vins; la suppression commerciale des vins artificiels; la dis¬
tribution de vin aux soldats;
La délivrance de permis de pêche; le repeuplement annuel de nos fleuves et rivières
par des alevins de choix;
L'abrogation de la loi Falioux; le maintien énergique des lois sur les associations
confessionnelles; le prêtre, respecté, ne s'occupant que de questions religieuses;
La révision des lois constitutionnelles ; la prépondérance de la Chambre des Députés en
matière financière;
Le concours de l'État, pour trois cinquièmes et plus, dans les frais de premier établis¬
sement des réseaux ferrés départementaux;
118
- 938 —
La suppression des garanties d’intérêts à nos grandes Compagnies et, en cas de diffb
cultes sur ce point, le rachat;
La ci cation du Canal des Deux-Mers.
Citoyens,
Tels sont mes désirs, tel est le but que je chercherai à atteindre,
Sî vous me donnez votre confiance et vos suffrages, je consacrerai toute mon énergie
à la réalisation de ce programme.
Urbain SÉNÀG,
Avocat, ancien notaire,
Conseiller général du Gers,
Candidat de la République.
Circonscription de MOIS BAC
M. CHARRIÉ, élu sénateur, a été remplacé par M. ÀRNAL.
Voy* Élections partielles.
Circonscription de MONTAUBAN
M. CAPÉRAN
Élu au 2e tour de scrutin. — 12.99ft voix.
Mes chers Concitoyens,
Le congrès m’ayant désigné comme le candidat du parti républicain aux prochaines
élections législatives, j’ai le devoir de vous dire ce que je pense des questions politiques,
économiques et sociales qui sont posées devant l'opinion et qui seront examinées dans la
prochaine législature.
Mes déclarations à ce sujet seront aussi nettes qu’on peu! Le souhaiter.
restitue que le temps est pa=sé des atermoiements et des hésitations, et qu'il faut
résolument orienter la République dans la voie du progrès, et si l’on ne veut pas que se déta¬
chent d’elle ceux qui, jusqu’ici, ont été, aux heures difficiles, ses plus énergiques défenseurs.
Il faut renoncer à considérer comme une politique prudente et sage une politique égoïste
et défiante, opposant une résistance folle aux réformes, au risque d’irriter cette vaillante
et généreuse démocratie française et de déchaîner sur ce pays les pires catastrophes.
J’approuve la loi sur les associations, parce que je crois, avec l’éminent homme d’État
qui en a assuré le vote, que cette loi marque une étape décisive au point de vue de révo¬
lution sociale pacifique et des garanties nécessaires à la société civile.
Je voterai le projet de loi sur Les retraites ouvrières, en tenant compte des vœux for¬
mulés par les associations professionnelles, patronales et ouvrières auxquelles il avait été
renvoyé, et j’admettrai au bénéfice des retraites les travailleurs des champs, non moins
dignes d’intérêt que les travailleurs des villes.
— 939 — H 62
La réduction du service militaire à deux ans, par l'adoption du projet de loi de
M. le sénateur Rolland,
La suppression d'une période de vingt-huit jours et des treize jours.
Le rétablissement du scrutin de liste avec mandat limité à quatre ans.
L'abrogation de la loi Falloux.
Le rachat des chemins de fer du Midi,
L'extension de la compétence des juges de paix et la diminution des frais de justice,
La suppression des emplois inutiles.
L'interdiction aux parlementaires d'administrer des sociétés financières.
le demanderai que les sociétés de prévoyance et de mutualité soient sérieusement
encouragées et que l'on donne à Renseignement professionnel un développement tel qu’il
puisse répondre aux besoins de notre industrie et de notre commerce.
Une crise grave sévit sur l'agriculture.
Il importe que, pour la conjurer, la Chambre nouvelle examine, avant toutes autres,
les propositions susceptibles de diminuer les charges de nos agriculteurs et de leur faciliter
l'écoulement rémunérateur des produits du sol.
Dans ce but, je voterai :
La suppression de l'impôt foncier.
La réduction des droits de mutation.
L'extension du crédit agricole,
La créa lion de chambres consultatives d'agriculture.
La répression des accaparements qui faussent les cours pour le seul profit des spé¬
culateurs.
Je demanderai que la culture du tabac soit étendue à notre arrondissement et que
LLiat réserve à la production française la plus grosse part de ses achats.
Tout ce qui peut être fait pour l'agriculture doit trouver les républicains unanimes,
car c’est d'elle que la nation tire la plus grande partie de ses ressources.
Les dégrèvements que je préconise seront rendus possibles par l'impôt progressif sur
le revenu, établi Sur des bases sérieuses et avec le seul souci de répartir équitablement les
charges publiques.
Cet impôt a fait l'objet de nombreuses controverses.
Si l'on prend soin d'écarter tout ce qui pourrait lui donner le caractère d'un impôt
vexatoîre et inquisitorial, il sera accepté par tous ceux que n'aveugle pas l'esprit de routine
et qui comprennent que l'heure est venue de travailler a !a pacification sociale, en appor
tant tomes les améliorations possibles au sort des classes laborieuses.
Si vous me faites l'honneur de m'envoyer au Parlement, j'y soutiendrai de toutes mes
forces les revendications si légitimes de notre Sud-Ouest, depuis tiop longtemps
déshérité*
Dos millions sont mis à la disposition d'autres régions de la France pour encourager
leurs industries et perfectionner leur outillage de transport et, lorsqu une erbe teirîble
pèse sur notre Midi et le Sud-Ouest : crise viticole, crise du chasselas, nous ne pouvons même
pas obtenir, des Compagnies de chemin de fer, des améliorations dans les conditions de
transport.
Pour faire cesser ce régime d’exception, il est indispensable que le Sud-Ouest soit
représenté par des hommes profondément dévoués à ses véritables intérêts, soucieux de
les défendre et prêts à travailler, avec toute l'intelligence et l'énergie dont ils sont
capables, à son relèvement économique.
Mes chers Concitoyens,
Avant de déposer votre bulletin dans l'urne, dites-vous bien que, des élections pro¬
chaines, dépend l'avenir de la France et de la République.
— 940 -
On vous dira que ce gouvernement veut la désorganisation de Farinée, ia suppression
de nos libertés, la persécution religieuse et prépare la ruine de la Patrie.
Ai-je besoin de protester contre de pareilles calomnies, dont yous ferez justice ?
Je veux une armée nationale forte et respectée, sur laquelle la République puisse
compter pour la défense du territoire et des libres institutions du pays.
Je veux la liberté de la croyance consacrée par immortelle Déclaration des Droits de
l'homme et du citoyen, ou il est dit. que nul ne doit être inquiété pour ses opinions reli¬
gieuses, et j'aime trop mon pays pour ne pas le placer au-dessus de tout et ne pas m’oppo¬
ser à tout ce qui pourrait être tenté pour diminuer son prestige et sa force devant le
monde.
Électeurs,
Fai confiance en votre verdict.
Vous aurez à cœur de libérer le 27 avril l'arrondissement de Montauban et de
donner aux républicains de Tarn-et-Garonne ïa joie de voir leur drapeau flotter, pour la
première fois, sur le chef-lieu du département, définitivement conquis à la République!
Charles CAPÉRAN,
Ancien juge au Tribunal de commerce,
Membre de la Chambre de commerce de Tara-et-Garonne,
Maire de Montauban.
X
- _ - . . . - . - . ■
- 1141 —
Nu 1162
VAR
Circonscription de BRIGNOLKS
M* Octave VIGNE
Élu an 2e tour de scrutin* — 6*588 vois*
Citoyens, l'accueil bienveillant que vous avez fait à ma candidature, il y a quatre ans,
tes sollicitations pressantes émanant d’un grand nombre de personnalités politiques de
Irroadissementj me font un devoir d'affronter de nouveau la lutte et de revendiquer vos
mlrageis pour l'élection législative du 27 avril prochain*
L'heure n'est pas aux longs discours, mais aux déclarations brèves*
Vous savez qui je suis, d’où je viens et ce que j’ai fait jusqu'à ce jour*
Depuis que j'ai acquis l’âge de citoyen, je me suis consacré tout entier au service de la
démocratie varoise !
Mon attitude et mes votes au sein du Conseil général dont mes honorables collègues
m’ont fait deux fois le vice-président, Tètude approfondie à laquelle je me suis livré des
diverses questions intéressant le département, et plus spécialement l'arrondissement de
fignoles, vous ont démontré, mieux que par des phrases creuses et sonores, que je n'ai
jamais failli à mon devoir de républicain et de socialiste et que j'ai acquis une juste com¬
préhension de vos intérêts économiques et agricoles.
Vous connaissez mon programme ; il n'a jamais varié et je puis dire qu il est la syn-
de nos identiques aspirations et de nos communes espérances î
Ce que nous voulons, c'est la marche sans reculs, constante et continue du Progrès
iû&Di vers la liberté des peuples, l'égalité sociale et l1 émancipation de la pensée
humaine.
Sur le terrain politique, le développement de la République dans le sens toujours plus
accentué de la souveraineté du suffrage universel.
Sur le terrain économique, l’avènement d'une société fondée sur les bases d'une large
solidarité et dans laquelle, loin de tous préjugés et de tout égoïsme, chacun de nous puisse
jouir de sa part de bien-être et de justice distributive !
Citoyens, initié depuis longtemps à toutes les questions intéressant les populations
rurales de notre arrondissement et la classe des travailleurs, je ferai tous mes efforts pour
fleurer la crise intense qui sévit sur les diverses branches de l’agriculture et je saurai, en
Bffs circonstances, faire prévaloir les droits du prolétariat.
Profondément attaché par ma naissance et mes liens de famille à votre arrondissement,
je serai le plus souvent possible au milieu de vous, prêt à écouter et à faire triompher vos
justes revendications et vos légitimes doléances*
— 942 —
Citoyens, si vous me faites l’honneur de m’élire pour votre représentant, vous pouycz
être convaincus que vous aurez en moi, à foute heure, un défenseur éprouvé de l’idée socia¬
liste et un protecteur inlassable des intérêts jusqu’ici sacrifiés de notre cher arrondisse¬
ment.
Vive la République démocratique et sociale!
Vive l’arrondissement de Brignoles!
Octave VIGNE,
Agriculteur à Montfort-sur-Argens,
Vice-président du Conseil général du Var.
Circonscription de DRAGUIGNAN
M. ALLARD
Éiu au 1er tour de scrutin. — 8.51S voix.
Comité de concentration socialiste
Citoyens, cjest avec confiance que, à nouveau, nous présentons à vos libres suffrages la
candidature socialiste du citoyen Maurice Allard, Député sortant- Le 27 avril 1902, vous
aurez à cœur de renouveler la belle victoire du 22 mai 1898. Vous connaissez le citoyen
Maurice Allard, et nous n’avous point à faire ici son éloge ; sans compromissions ni fai¬
blesses, il est resté fidèle à son mandat. Nul vote contraire aux principes républicains et
socialistes et aux intérêts économiques de la région ne saurait lui être reproché. Par la rec¬
titude de sa ligne de conduite politique, par la droiture de son caractère, il a conquis l'es¬
time même de ses adversaires qui, tout eu combattant ses opinions et ses principes, se
plaisent à rendre hommage à sa probité politique et à la sincérité de ses convictions.
Comment n’aurions-nous pas foi en lui? Depuis vingt ans, soit par la plume, soit par la
parole, il lutte avec désintéressement, et l’énergie que vous lui connaissez, pour les idées
qui nous sont chères et que nous avons affirmées sur son nom en 1898, pour l'affranchisse¬
ment intellectuel et économique de la masse populaire, toujours asservie sons le double
joug clérical et capitaliste, pour la République sociale!
Est-il besoin, Citoyens, de vous rappeler notre programme qui est le même qu’en
1898? Le programme reste entier, car, malgré les efforts de nos amis au Parlement, la caste
ploutocratique, toujours maîtresse dans les sphères gouvernementales, a pu encore pendant
ces dernières années paralyser les initiatives populaires et arrêter la marche ascendante
du progrès.
Ce programme comporte :
La révision de la Constitution dans le sens le plus républicain et le plus démocra¬
tique; la séparation des Églises et de l’État; la suppression des congrégations et le retour
de leurs biens à la nation ; la lutte incessante contre les empiétements religieux; la réforme
de la magistrature, qui doit émaner directement du peuple; la suppression des conseils de
guerre et du code militaire; les retraites pour la vieillesse, afin d’alléger en partie les
misères sociales; l’instruction intégrale gratuitement donnée à tous, afin de développer les
cerveaux jusqu’à leur summum de puissance; l’impôt progressif sur le revenu, qui permettra
- -
seul de faire disparaître totalement les charges qui pèsent si lourdement sur l’ouvrier des
villes et surtout sur l'ouvrier des champs; la reprise des mines, chemins de fer et canaux
par la nation; la socialisation des monopoles concédés actuellement aux privilégiés de la
haute banque et de la haute industrie; la libération complète des boissons hygiéniques cir¬
culant en toute franchise sur le territoire; la répression sévère des fraudes en matière de
produits naturels et de denrées alimentaires; ïa création de magasins généraux pour amener
la disparition des parasites sociaux qui prennent la plus grande part du produit du travail
des prolétaires ruraux; le service militaire de deux ans et égal pour tous afin d’arriver à
restitution des milices nationales sédentaires ; toutes les mesures qui peuvent diminuer
ipmédiatement des iniquités sociales dont souffre si cruellement l’immense majorité de la
nation, celle qui travaille et qui produit*
Tel est notre programme minimum, celui dont le citoyen Maurice Allard, au cours de la
dernière législature, ne s’est jamais départi. C’est en appliquant ce programme que nous
détendrons le plus efficacement la République contre les menées césariennes monarchiques
et nationalistes. Le jour où la République entrera dans la voie de ces réformes primordiales
et argentes, elle deviendra invincible*
Les bras de milliers de prolétaires se lèveraient pour la défendre, si des aventuriers en
quête de dictature se dressaient pour l’attaquer*
Mais nous voyons plus loin que ce programme minimum constatant l'expropriation
Incessante de l’ouvrier, du petit propriétaire, du salarié de toute catégorie par la rapacité de
plus en plus agissante de la féodalité financière et industrielle qui a remplacé la féodalité
nobiliaire, constatant la misère croissante en face de richesses de plus en plus concentrées
en quelques mains privilégiées : nous nous convions à l’étude, auprès du citoyen Maurice
Allard, des voies et des moyens qui nous permettront un jour de substituer la justice à l’ini¬
quité dans les rapports sociaux, d’assurer à chacun le produit intégral de son travail, de
libérer le travailleur rural et urbain du servage capitaliste, de donner à tous le bien-être,
auquel chaque être humain a droit sur la terre, de remplacer l’anarchie économique actuelle
par Pharmonie, la paix, la sécurité et la justice*
Que les hommes timorés, aux opinions chancelantes, aux pensées peu assises, se ral¬
lient à la candidature équivoque, sans programme déterminé, dont la seule raison d’être
réside dans le caractère officiel dont elle se pare avec une inconscience vraiment trop
enfantine I
fin hommes conscients de leurs droits et aussi de leurs devoirs, épris de justice sociale
et de progrès incessants, guidés par un haut idéal, nous faisons appel a tous ceux qui, dans
l’arrondissement de Draguignan, n’ont jamais craint de marcher en avant, à tous ceux qui
savent que c'est par une action énergique et continue que l’on modifie les rouages sociaux,
à tous les citoyens indépendants et fiers, a tous les républicains et socialistes sincères et
coavaincus, à tous ceux, eii un mot, qui veulent que la République, cessant d’être un vain
nom, devienne enfin réalité*
Citoyens, dans cet esprit et avec confiance, nous vous présentons la candidature du
citoyen Maurice Allard, dont le passé, tout de dévouement à ia cause républicaine et socia¬
liste, nous est un sûr garant de l’avenir*
11 faut, en votant en masse le 27 avril prochain pour le citoyen Maurice Allard, faire
triompher au premier lourde scrutin le principe de la République sociale*
À ce devoir aucun citoyen convaincu ne faillira.
Vive la République sociale!
Le Comité *
Suivent les signatures.
1™ circonscription de TOULON
M. FERRERO
Élu au tour de scrutin, — 7,976 voix.
Union de tous les groupes républicains socialistes
Citoyens, il y a quatre ans vous m’avez fait le grand honneur de m'envoyer siéger au
Parlement et je crois vous avoir prouvé, avec plus de force encore, la sincérité et la gran¬
deur de mon dévouement aux intérêts généraux de la Ve circonscription de Toulon. Mêlé à
la politique loulonnaise depuis longtemps déjà, vous me connaissez et vous savez que ma
convictions socialistes n'oni pas changé. J’ai travaillé au Parlement comme je Pavais fait à
la Mairie, dans la mesure de mes forces, à l'amélioration du sort de tous; nos adversaires,
eux-mêmes, viennent de me rendre un suprême hommage ainsi qu’à notre parti, en adop¬
tant le projet d'assainissement que nous avons élaboré et suivant ainsi, à contre-cœur, la
voie que nous avons tracée.
Citoyens, acceptant tous les articles du programme socialiste (socialisation d^ tous les
moyens de production et d’échange, entente internationale des travailleurs, conquête des
pouvoirs publics par les travailleurs organisés en parti de classe), ainsi que toutes lee con¬
séquences qu’ils comportent (transformation, aussi rapide que possible, de la société capi¬
taliste en une société collectiviste ou communiste), je m'engage, en outre :
1° A ne jamais utiliser l’influence que je pourrai acquérir en faveur d’adversaires de
l’idée républicaine.
2° A ne jamais négliger d’utiliser toutes les occasions qui pourront se présenter pour
faire de la propagande socialiste.
3° À travailler, sans relâche, à F émancipation des travailleurs et à me dépenser autan!
que je le pourrai lorsque les intérêts de la classe prolétarienne seront en jeu.
km Ane jamais oublier que mes intérêts personnels doivent toujours s'effacer devant
les intérêts du parti que je représente et dont je serai toujours un serviteur consciencieux ei
dévoué.
5° Enfr.:, à consacrer tous mes efforts à la réalisation du programme générai ci-des¬
sous :
Programme politique.
I . — 1° Suffrage universel direct, sans distinction de sexe. Réduction du temps de rési¬
dence, Scrutin de liste avec représentation proportionnelle dans tontes les élections et
adjonction de toutes les lois électorales législatives aux lois constitutionnelles,
2° Mesures législatives pour assurer la liberté et 3e secret du vote. Réglementation pat
la loi du mandat législatif, révocable par un vote de la moitié plus un des électeurs inscrits-
Droit de referendum.
3q Suppression du Sénat et de la Présidence de la République* Les attributions actuelle*
du Président de îa République et du Conseil des ministres seront dévolues à un conseï
exécutif nommé par le Parlement.
If Admission des femmes à toutes les fonctions publiques,
5" Liberté absolue de la presse et de réunion, sous la seule garantie du droit commun»
Âbrogalion des lois dites scélérates et de toutes les lois d'exception.
— 945
1162
6° Pleine autonomie administrative des départements et des communes, sous la seule
réserve des lois garantissant le caractère républicain, démocratique et laïque de l’État, et
faculté de prélever sur les budgets départementaux et communaux les sommes nécessaires
pour la rétribution des fonctions électives.
lh — 1" Séparation des Églises et de l’État; suppression du budget des cultes ; liberté
absolue de consciences laïcisation de tous les services publics; suppression du monopole
des pompes funèbres.
2" Suppression des congrégations; nationalisation des biens de mainmorte de toute
nature leur appartenant, en affectant ces biens à des œuvres d’assurance et de solidarité
sociales; en attendant, interdiction aux congrégations de toute entreprise industrielle,
agricole et commerciale.
III. — i° Substitution, à tous les tribunaux actuels civils ou criminels, de tribunaux
composés de magistrats élus pris sur la liste électorale avec garanties de compétence; le
jury sera formé par voie de tirage au sort sur des listes dressées parle suffrage universel.
2° Gratuité de la justice, transformation en fonctions publiques des offices ministériels.
Suppression du privilège des avocats.
3° Abolition de la peine de mort.
k° Suppression des tribunaux militaires et maritimes.
IV. — 1° Abrogation de toutes les lois qui établissent l’infériorité civile des femmes et
des enfants naturels et adultérins.
2° Législation plus libérale du divorce. Loi autorisant la recherche de la paternité.
Programme économique,
I. _ Gratuité de l’enseignement à tous les degrés et entretien des enfants à la
charge des collectivités pour le premier degré de l’enseignement.
2° Pour l’enseignement secondaire et supérieur : mise à la charge de la collectivité de
ceux des enfants qui, après examen, seront reconnus aptes à poursuive utilement leurs
études. Abrogation de la loi Failoux.
3f) Monopole de l’enseignement aux trois degrés par l’État.
lt° Suppression du pourcentage et amélioration de la situation matérielle des institu¬
teurs.
II _ Abolition de tous les impôts sur les objets de consommation de première
nécessité et des quatre contributions directes, en conservant légalement les dioits acquis au
personnel.
2° Impôt global progressif et personnel sur les revenus, avec dégrèvement des petits
en tenant compte des charges de famille, dégrèvement des petites patentes.
3" Impôt progressif sur les successions en ligne directe et suppression complète en
ligne collatérale.
U! _ jo nQp0S d’un jour par semaine, avec salaire, et interdiction de faire travailler
les enfants âgés de moins de quatorze ans. Interdiction du travail de nuit pour les femmes,
les adolescents et les adultes, sauf le cas de nécessite absolue pour ces derniers.
2° Limitation de la journée de travail à huit heures, sans diminution de salaire.
3° Système de la demi-journée de travail pour les adolescents et combinaison du tra¬
vail productif avec l’instruction et l’éducation des adolescents. Interdiction du marchan¬
dage et du payement en nature (économat). Reconnaissance légale de la mise â 1 index.
l(a Fixation, par l'accord des municipalités et des corporations ouvrières de l’industrie,
du commerce et de l’agriculture, de séries de prix constituant le salaire minimum.
5° Interdiction aux patrons de toute réduction de salaire, sous forme d’amende ou
autrement. Intervention des ouvriers dans les règlements spéciaux d ateliers.
6" La surveillance des ateliers, fabriques, usines, mines, chantiers, services publics,
magasins, etc., concernant les conditions du travail, d. hygiène et de sécurité, sera exercée,
110
concurremment avec les inspecteurs de l’Etat, par des inspecteurs élus par les Syndicats
ouvriers.
7° Extension de la prud’homie à tous les salariés de l'industrie, du commerce et de
Puériculture; admission des syndicats professionnels ouvriers à tous les travaux de
l’État.
S" Mise en régie du travail des condamnés. Le prix de tout travail effectué sera le prix
normalement payé aux ouvriers syndiqués,
9rj Repos légal des femmes, six semaines avant et six semaines après ^accouchement,
avec rétribution servie par la caisse d’assurance sociale.
IV. — 1° Organisation d’uno caisse de retraites ouvrières, basée sur le système de la
répartition.
2° Organisation par la cation d’un système d’assurances sociales s’appliquant à la
totalité des travailleurs de l’industrie, du commerce, de Pagriculture, contre les risques de
maladie, d’accident, d’invalidité, de vieillesse et de chômage.
Amelioration de la loi sur les accidents du travail- et son application sans distinction
de nationalité. Extension de ladite loi aux salariés de toutes catégories.
h° Participation des travailleurs au contrôle et fonctionnement du service d’assu¬
rances.
V. — 1Q Nationalisation des chemins de fer, des mines, des banques, des assurances,
dés raffineries de sucre- et des sucreries, de l’alcool, de la grande meunerie'; transitoire¬
ment, représentation, dans les conseils d’administration des sociétés anonymes, des tra¬
vailleurs.
2° Organisation d’un service public de placement pour les travailleurs, avec le concours
des Bourses du travail et des organisations ouvrières, et suppression des bureaux privés,
3° Administration démocratique des services publics nationaux et communaux avec
participation des organisations ouvrières à leur fouciionnemeut et à leur contrôle, avec droit
de se syndiquer à tous les salariés de tous les services publics,
4? Service national et communal d’hygiène et renforcement des lois, qui protègent la
sauté publique ] logements insalubres, etc, . .
VI. — 1° Substitution dés ‘milices a Parmée permanente et adoption de toutes les
mesures, comme les réductions de service militaire, qui y conduisent,
.2- Suppression du code pénal militaire, de tous, les corps disciplinaires, et interdiction
de prolonger le service militaire guise en de pénalité.
Renonciation à toute guerre offensive, A toute alliance qui n’aurait, pas pour objet
exclusif le maintien de la paix; aux, expéditions militaires coloniales.
ïn Suppression des périodes de 28 et 13 jours. /
Programme agricole .
1° Organisation par T État d’un, crédit agricole.
T Subventions aux communes rurales pour les aider à acheter routillàge agricole col¬
lectif, à acquérir des domaines communaux; gérés, sous le contrôle des communes, par des
syndicats de travailleurs ruraux, et à créer des magasins de dépôts et des warrants.
3* Interdiction aux communes. d’aliéner leur terrain communaux; concession par l’État
aux communes des terrains domaniaux, maritime^ e,t autres actuellement incultes; emploi
dès excédents des, budgets Communaux à l’agrandissement de la propriété communale.
4° Achat par îa commune, avec, le concours de l’État, de machines agricoles, mises
gçatuitcnieiit à ta disposition des petits cultivateurs.
5° Suppression des droits de mutation pour lès propriétés d’un petit rapport.
&f‘ Abaissement des tarifs de transport pour les engrais, les machines agricoles, les
fleurs et les primeurs.
— m —
7° Suppréssion de Partide 2012 du code civil, donnant aux propriétaires un privilège
sur la récolte et suppression de la saisie-brandon.
Révision générale du cadastre, et, en attendant, révision parcellaire par les com¬
munes.
Programme local .
1° Augmentation des salaires des ouvriers des arsenaux. Relèvement des retraites;
retraites proportionnelles pour les veuves et les orphelins. Suppression du périmètre medi¬
cal Organisation des écrivains techniques en corps entretenu. Création tf unè 6e clause des
dessinateurs pour permettre l'incorporation de ceux qui n’ont pu être organisés à la pre¬
mière formation du corps.
2° Modification dos usages locaux en matière de location.
3° Rétablissement des transports de Chine, confiés actuellement à deux grandes Com¬
pagnies au préjudice de FÉtat, qui possède d’admirables transports. Armement de ces trans¬
ports par des officiers de réserve et des marins du commerce, au compté des colonies, ayant
Toulon pour port d'attache.
k° Grands travaux; suppression des remparts et des zones militaires. Part contributive
de PÉtat dans les travaux d'assainissement de la ville. Ouverture de voies nouvelles.
Citoyens, certain de n’avoir point démérité, persuadé que vous aurez à cœur de me
donner une nouvelle preuve de îa confiance que vous m’avez déjà témoignée en maintes
circonstances, j’attends sans appréhension votre verdict.
4ux Urnes î Pas d’abstentions!
Évitez, en allant tous voter, le seul péril vraiment redoutable : l'abstention.
Vive la République sociale î
Vivent les quatre cantons de Toulon!
FERRERO.
2e circonscription de TOULON
M.. Louis MARTIN
Elu au 1er tour de scrutin. — 8.9ÛQ voix.
Citoyens,
Fort du devoir accompli, conscient de rf avoir point démérité de vos suffrages, je viens,
sous les auspices du Comité d’unioii républicaine socialiste, vous rendre compte de mon
mandat et vous en demander le renouvellement.
Pendant les seize mois qui se sont écoulés depuis le 2 décembre 1000, je me suis efforcé
de maintenir intacte Punion qui s’était créée parmi nous; fai soutenu à Sa Chambre toutes
les lois de défense républicaine et d’amélioration sociale qui nous ont été présentées.
Député d’un département d’avant-garde, fai cru qu’à cô titite j’avais le devoir, non seule¬
ment de voter les réformes présentées par d’autres, mais encore de faire, à mon tour, on
votre nom, œuvre personnelle. Notre circonscription est agricole et maritime, je me .-uis
attaché h sauvegarder efficacement tous ses intérêts.
J’ai déposé des propositions de loi sur les circonstances atténuantes, sur la ccmpodtidn
des Conseils généraux, sur la représentation proportionnelle, sur la diminudon du nombre
des Députés, sur le vote des électeurs absents, sur la diminution des droits perçus sur Paf-
_ _
fermage de Técorqage des chênes-liège, sur la diminution du prix des engrais chimiques,
sur les effets de commerce, sur les élections aux tribunaux de commerce, sur le prélimi¬
naire de conciliation, sur la décentralisation, sur le monopole de la rectification de l'alcool
(proposition Âlglave, dont l'adoption permettrait la suppression de l'impôt fonder et l'éta¬
blissement des caisses de retraites au profit des paysans et des ouvriers), secours aux
victimes des orages du mois d'octobre I9(H, rapports sur les musées de Gap, Valen¬
ciennes, etc.
rai pris notamment la parole :
Les 28 mars et U mai 1900 en faveur de la Déclaration des Droits de l'homme; la
Chambre a adopté ma proposition a l'unanimité.
Le 23 mai, pour défendre mon rapport en faveur du musée de Gap.
Le 6 décembre 1901, dans la discussion de l'interpellation sur la crise viticole, pour
revendiquer les droits du Var.
Le 27 janvier 1902, sur le budget des Travaux publics, pour que le Var bénéficiât des
travaux que le Ministre avait promis aux ouvriers agricoles sans emploi.
Même jour. Observations sur les commissaires de surveillance administrative.
30 janvier. — Discours sur le budget de l'Agriculture, demandant notamment l’organi¬
sation du crédit agricole et d'un meilleur régime hypothécaire; le vote de la loi contre les
falsifications et de celle en faveur des huiles (proposition Suchetet), et de profondes modifi¬
cations au régime forestier,
/[ février. — Budget du Commerce, — Intervention pour obtenir un traité de commerce
avec la Russie en faveur de nos vins. Demande au Ministre de bien vouloir intervenir contre
l'application a nos fleurs des tarifs douaniers prohibitifs allemands.
10 février. — Budget de la Justice. — Observations en faveur de Benjamin Reynier.
18 février. — Budget de F Instruction publique. — Écoles de droit.
20 février. — Sur les transports maritimes et les communications avec la Corse.
%i février. — Budget de la Marine. — Je demande le relèvement des salaires ouvriers,
la suppression du travail à la tâche, l'amélioration du sort des inscrits maritimes et la modi¬
fication radicale des caisses de prévoyance. le signale également la situation digne d'intérêt
des ouvriers de l'École de pyrotechnie.
28 février. — Budget de la Guerre. — Militaires de sept ans. Gardiens de batteries
auxiliaires.
3 mars. — Budget des invalides de la marine. — Nouvelle intervention en faveur des
inscrits maritimes.
h mars. — lre séance. — Budget des Postes et Télégraphes. — Recettes des postes,
employés de l'usine des câbles,
% mars. — 2e séance. — Même budget. — Colis postaux, création de colis postaux de 10
à 20 kilos, accélération de la distribution des colis postaux, juridiction du juge de paix substi¬
tuée en cette matière h la juridiction administrative.
17 mars. — Loi électorale. — Proposition sur ïa représentation proportionnelle.
18 mars. — Loi électorale. — Amendement contre les fraudes,
28 mars, — Observations en faveur du vin aux soldats, etc.
Enfin, je me suis dépensé sans compter, vous le savez, en nombreuses démarches ^in¬
térêt générai pour obtenir le retour à l'ancien tarif du transport des bouchons qui avait été
un instant considérablement élevé, le retour gratuit des futailles vides, de profondes modi¬
fications a J horaire des trains de primeurs, trains des fraises et trains des cerises, l'extension
du périmètre médical aux localités de la 2e circonscription, la suppression des 28 jours des
inscrits maritimes, etc., etc. De ces démarches, quelques-unes ont abouti, les autres seront,
si vous me continuez vos suffrages, reprises en temps et lieu, avec la même énergie et une
autorité plus grande, fortifiée par la réitération de vntre confiance.
Ainsi que vous pouvez vous en rendre compte par cette longue énumération, je me suis
attaché avec ardeur et assiduité à défendre vos intérêts en toutes rencontres. Tel j'ai été
N° il 62
— 949 —
dans le passé, tel je serai dans l’avenir. Vous êtes mes compatriotes, nos intérêts sont
Nous voulons, d’une même volonté, la France forte, la République puissante et résolue
aux réformes sociales, et le Var prospère. Unis dans un commun effort, nous viendrons à bout
de toutes les injustes résistances.
Vive le Var !
Vive la République démocratique et sociale 1
Louis MARTIN.
— 030
VAUCLUSE
Circonscription d’APT
M. Abel BERNARD
Élu au 2e tour de scrutin. — 6.017 voix.
Comité républicain radical et radical socialiste,
M s chers Concitoyens,
Vous m’avez fait 1 honneur de me choisir en 1898 pour vous représenter au Parlement.
J ai le droit de dire que j’ai loyalement rempli le mandat que vous m’aviez confié.
Mes adversaires les pins passionnés sont contraints eux-mêmes à reconnaître que ma
conduite et mes votes ont été, d’un bout à l’autre de la législature, franchement répu¬
blicains.
Voilà pourquoi, fort du témoignage de ma conscience et certain d’avoir, accompli rigou¬
reusement mon devoir, je me présente de nouveau à vos suffrages avec la plus entière
confiance.
Au cours de mes dernières visites, vous m’avez loué partout d’avoir, pendant trois ans,
sans jamais abdiquer la moindre parcelle de mon indépendance, collaboré résolument à
l’ceuvre à la fois si urgente et si féconde du Ministère actuel.
Certes, j ai du en bien des circonstances nie séparer de lui. Mais dans les passages dif¬
ficiles, aux lie mes douteuses et troubles, chaque fois qu’il a fallu empêcher le retour d’n ne
pâli tique cle recul, fai toujours été au premier rang a coté des Brisson, des Bourgeois, des
Pelletan. °
^ est a^nsb ^u resteï j’ai pu mériter de la part de ces chefs illustres un éloge et un
patronage qui m’honorent infiniment,
O es, pour cela aussi que le Comité executif de la rue Tîquetonne m’a désigné comme la
seul candidat du Congrès radical et radical socialiste pour l’arrondissement d’Apt.
Il est facile à des esprits chagrins ou sectaires de dénigrer la politique d’on Cabinet qui
no craint pourtant aucune comparaison.
In homme, dont les idées sont loin d’être les nôtres, no ancien lieutenant de M. Mélina,
(.lès lors peu suspect de tendresse pour le Gouvernement, M. Barthou, disait P autre jour
à Oloron : « Ceux qui dirigent contre la politique générale du cabinet des attaques sans
mesure oublient vraiment trop les circonstances dans lesquelles M* Waldeck-Rot^seau se
décida à prendre le pouvoir. Ce qui, de la part des nationalistes, peut passer pour une tac¬
tique habile affecte, du côté des républicains, le caractère d’ane injustice. »
N est-ce donc rien, en effet, d’avoir rendu au pays la paix intérieure, opposé aux entre-
pii.v_-s violentes la force supérieure des lois, réalisé enfin quelques-unes des réformes atten¬
dues depuis plus de vingt ans par la démocratie,
.
_ _ _ _ £
• -•* v.;
— 953 —
N° 1162
La loi de 1901 sur les associations, si violemment attaquée, était essentielle à la paix
morale de ce pays : elle exclut l’intrigue, elle n'exclut pas la charité.
Ditns Fordre fiscal , les réformes accomplies depuis quatre ans ont eu une im portance
exception nelle. Après avoir modifié la législation des bières , le Parlement a réalisé, à ia fia
de l'année 1900, le dégrèvement depuis si longtemps attendu des boissons hygiéniques.
L’exercice, le droit de détail, le droit d'entrée ont été supprimés, tandis que dans un grand
nombre de communes se poursuivait lo remplacement des taxes d'octroi. La réforme hypo¬
thécaire, la réforme successorale, précieuses u l'ensemble des petits patrimoines, ont enfin
été votées. La loi des successions a réalisé cette oeuvre d'équité qui consiste à déduire, pour
le calcul des droits de succession, le montant du passif civil ou commercial. Une révision des
tarifs de procédure, la proportionnalité en matière do frais judiciaires permettra désormais
aux moins favorisés de la fortune de défendre leurs droits sans être assurés de s’ap¬
pauvrir.
Les considérations hygiéniques ne sont pas toujours en harmonie avec les nécessités
budgétaires: le régime des boissons n’a besoin que d’être complété pour devenir excellent :
déjà il arrête le développement d’un mal qui menaçait l'existence même de la race i Pal-
coolîsme.
La loi sur la durée du travail dans les ateliers et manufactures, la loi sur la santé
publique, les décrets sur les conditions du travail à introduire dans les marchés publies,
l'organisation de l'enseignement technique professionnel, ['amélioration dit sort des petits
fonctionnaires, agents et ouvriers de l’État, des ouvriers des chemins de fer, la réduction de
| la journée de travail dans les mines, marquent autant de progrès pacifiques,, de mesures
tutélaires prises par la République à l'égard des faibles. Et si la loi sur les retraites ouvrières
| n'a pas encore abouti, grâce aux oppositions détournées ou violentes qui se sont élevées
| contre elle, la prochaine Chambre, plus républicaine que celle-ci, espérons-le, lui donnera
f une solution définitive.
Au point de vue agricole, plusieurs fois d’un intérêt capital pour notre production rurale
t sont sorties des délibérations du Parlement. Le crédit agricole a été organisé, développé,
l'assurance mutuelle affranchie, le régime des admissions temporaires modifié dans le but
1 de faire disparaître la spéculation sur les acquits-à-caution. Une importante création a été
[ celle de V Office des renseignements agricoles. Il -faut peut-être attendre beaucoup aussi, en
! ce qui concerne la crise viticole, de l'usage de l'alcool industriel, spécialement pour le chaufo
; £ fage et l'éclairage.
Je me permettrai d’ailleurs de vous rappeler, mes chers Concitoyens, que j’ai été, dès
le mois de novembre 1898, fondateur; avec quatre de mes collègues à H Chambre, d’un
| « groupe parlementaire de défense des intérêts de la petite et moyenne culture », et que ce
! groupe devenu très important a dressé un programme extrêmement étudié'des revendica-
l tious légitimes et essentielles de la démocratie rurale. Les sociétés et syndicats agricoles du
département de Vaucluse ont eux-mêmes arrêté un « programme électoral » qui est excellent
et qu’il faudra s’efforcer de réaliser.
La situation de notre industrie et de notre commerce n’a fait que s'améliorer sous la
i direction active et habite de M, Millerand: Alors quç sous le Ministère Méline notre commerce
extérieur se chiffrait en 1897 par 7.553.919.000 francs, il se chiffre aujourd'hui par
| 8.880.713.000 francs.
Et quant à nos finances, à, propos desquelles on parle, avec tant d’ignorance ou de maù-
' vaïse foi, de « gaspillage » , il me suffira de citer la parole et les chiffres irréfutables du Ministre,
* M. Caülaux : « 6'est la première fois depuis de longues années qu’une législature aboutit à
f un excédent incontestable: 86.684,577 francs. »
Enfin, si nous ne faisons pas du patriotisme une industrie politique, une surenchère
électorale, nous aimons d'un amour trop passionné la patrie pour l'oublier jamais dans nos
! préoccupations, pour elle, d'agrandissement ou de défense. La majorité républicaine a voté
la création de l'armée coloniale, le, programme, déjà en partie exécuté, pour la défense de
— 952 —
nos côtes, de nos colonies et la transformation de notre armée navale. Notre empire algérien
s’est développé. Le voyage du Tsar en France, la visite que va lui rendre dans quelques
jours le Président de la République en Russie, confirment aux yeux de tous la solidité de notre
alliance. Et tout cela atteste que ce n’est pas par une politique de carrefour ou de fanfaronnades
vaines que l’on sert, le mieux les intérêts de la France.
Voilà une partie des travaux de cette Chambre qui n’a rieu fait, dit-on, travaux auxquels
j’ai pris ma bonne part, n’en déplaise à mes adversaires, avec une activité incessante, une
assiduité que la calomnie seule pourrait contester.
Votre représentant a eu l’honneur de faire partie de quelques-unes des Commissions
les plus importantes, notamment celle de la loi sur les associations, d’être rapporteur égale¬
ment de la Commission des octrois. Lors donc que l’on s’amuse à parler du vote par procu¬
ration, j’imagine que c’est un mort que l’on veut simplement tuer une seconde fois, ce n’est
pas moi, en tout cas, à qui le reproche puisse convenir.
Et quant aux intérêts de l’arrondissement, il faudrait plus que de l’audace pour essayer
de faire croire que j’en aie négligé aucun. Les actes sont là, plus éloquents que toutes les
négations ou les mensonges, pour témoigner de mon labeur et de mon dévouement.
J’ajoute que, pour ce qui regarde les services de toutes sortes rendus, personne ne sau¬
rait m’incriminer de parti pris ou de rancune : sur ce terrain-là, on sait bien que, toujours
accessible à tous, j’ai fait preuve de l’esprit le plus libéral, le plus tolérant.
Électeurs,
Vous jugerez si j’ai mérité votre confiance, si j’ai tenu d’une main ferme et loyale le
drapeau de la République d’avant-garde.
Vous direz si vous voulez faire machine arrière, aller à reculons, si vous préférez l’équi¬
voque à la clarté, l’habileté des réticences et le jésuitisme des expédients à la franchise des
attitudes, à la sincérité des convictions.
Mais je ne doute pas un seul instant du triomphe de la République avancée sur le natio¬
nalisme et la réaction. On n’égare point aisément le bon sens public, si invraisemblable que
soit le masque que l’on prend pour le duper.
Mes chers Concitoyens,
Vous aimez une politique claire, suivie, sérieuse, de marche rapide et non une politique
de casse-cou ou d’opposition tapageuse et stérile. Vous voulez des réformes sociales, fiscales,
économiques, administratives hardies, profondes, obtenues vite à la suite les une des autres
et non des promesses irréalisables. Pour ne citer qu’on exemple, je ne disputerai pas à
d’autres l’avantage de vous promettre une seule année de service militaire, parce qu’ils ont
besoin de tout exagérer, de mut surenchérir au détriment de la vérité.
A une coalition informe de déceptions et de rancunes, vous opposerez le bloc inébran¬
lable des forces républicaines radicales socialistes. Et en avant, pour la victoire de la Répu¬
blique démocratique et sociale.
Vive la France ! Vive la République démocratique et sociale ! Vive l’arrondissement d’Apt!
ABEL-BERNARD,
Avocat, maire de Cadenét, conseiller général,
Député sortant.
— -953 —
N* H 6 2
Circonscription d’ AVIGNON
M. COULONDRE
Elu au 2° tour de scrutin. — 9.361 vo ix.
Citoyens,
Le Comité républicain radical-socialiste qui soutient ma candidature vous disait, il y a
peu de jours ;
Dans la campagne électorale qui s’ouvre, il faut, il est indispensable que chacun recon¬
naisse les siens. 11 ne faut pas d’équivoque, il ne faut pas de programme à double entente :
il faut que le passé républicain du candidat nous garantisse de toute défaillance pour
l’avenir.
Je suis entièrement de cet avis. Je pense que celui qui aspire à l’honneur d’être repré¬
sentant du peuple, doit exposer au grand jour de la discussion, non seulement ses idées
sur la politique, mais ses origines et ses actes passés.
G’est le seul moyen, je crois, pour éviter toute équivoque et établir, sur des bases
solides, la confiance qui doit exister entre les électeurs et leur élu.
Qu’importent les grandes phrases, qu’importent les beaux programmes, si le passé et
les actes de celui qui en est Fauteur protestent contre les idées qui y sont émises.
Élevé par un père républicain, dans les principes républicains, je ne fais que suivre les
traditions de ma famille, en affirmant par mes actes ma foi républicaine. Je n’ai donc pas
eu à violenter ma conscience, ni à renier mon origine, pour me présenter devant le corps
électoral sous l’étiquette de républicain radical-socialiste.
C’est dire que j’approuve entièrement la déclaration de principes lue par Camille Pelle-
tan, au Congrès de Paris du mois de juin dernier.
Ainsi que je l’ai dit aux nombreux citoyens qui sont venus m’offrir la candidature :
Je pense qu’une politique sincèrement républicaine et résolument réformatrice doit et
peut seule être appliquée ; je crois que dans une démocratie soucieuse de ses devoirs de
fraternité et de solidarité sociale, le progrès est indéfini et que toutes les réformes, quelles
qu’elles soient, doivent être examinées sans parti pris, l’utopie d’aujourd’hui pouvant devenir
la vérité de demain.
Mon programme se trouve résumé dans ces quelques lignes, mais je dois le préciser
pour éviter tout malentendu*
MON PROGMMMÜ
Je suis un partisan convaincu de la liberté de conscience ; mais, comme corollaire de
cette liberté, je réclame la séparation des Églises et de l’État.
J’approuve la loi sur les associations qui fait rentrer tous les citoyens français dans le
droit commun.
Je suis pour l’abrogation de la loi Falloux qui n’est du reste que lettre morte, mais
qu’il faut faire disparaître de nos lois républicaines.
En matière d’enseignement, mon désir serait de voir, dans la France républicaine,
l'instruction unique, intégrale et gratuite à tous les degrés.
Notre système financier, d’origine monarchique, a besoin d’être remanié. Les impôts
. . . „ *130
- 954 —
restent légers aux riches, lourds aux pauvres. C’est pourquoi je suis partisan de l’impôt
progressif sur le revenu, qui me paraît le mieux de nature à proportionner les charges
fiscales aux facultés des contribuables.
La réalisation de cette réforme aurait un autre avantage, elle permettrait de faire
aboutir l’humanitaire question des retraites pour les travailleurs, les vieillards et les inva¬
lides du travail, sans bourse délier pour les intéressés.
Je suis un partisan énergique de la mutualité, ies sociétés de secours mutuels étant à
l’heure actuelle la véritable source du soulagement des misères humaines.
Pour compléter les 'bienfaits apportés à la classe ouvrière par les lois nouvelles sur le
travail et sur les syndicats, je demanderai, pour ces derniers, la personnalité civile qui leur
permettra de gérer des entreprises, d’exploiter des industries, de posséder des immeubles,
etc., etc. : i! faut que le capital travaille et que le travail possède.
Dans le même but, je demanderai la création de bourses du travail.
Je suis contre le vote par procuration des députés ; contre toute prolongation de durée
du mandat législatif; contre le cumul des fonctions électives, et, si je suis élu, je prends
l’engagement de donner ma démission de maire.
Je suis partisan de la réduction des frais de justice et de l’extension de !a compétence
des juges de paix.
Je voudrais la réduction des gros traitements et l’augmentation des petits, pour amé¬
liorer le sort des modestes fonctionnaires : facteurs, cantonniers, employés de chemin de
fer dont la rétribution est si peu en harmonie avec leur responsabilité, et insiituteurs
pour lesquels il est juste d’abolir le pourcentage et d’augmenter le traitement de début.
Les questions militaires qui tiennent aujourd’hui une si grande place dans nos préoc¬
cupations, seront l’objet de toute ma sollicitude. Le service de trois ans est désormais
condamné et celui de deux ans s’impose. C’est le service obligatoire pour tous, sans aucune
dispense, sauf pour les soutiens de famille. C’est le système d’égalité conforme aux véri¬
tables institutions républicaines. Les périodes de treize et vingt-huit jours étant une charge
et une gêne pour nos populations, je pense qu’on doit les supprimer ot cela sans porter
atteinte à notre organisation militaire.
Pour donner satisfaction aux légitimes revendications des agriculteurs, je voudrais;
La création de chambres d’agriculture pour arriver à la représentation légale des syn¬
dicats agricoles et des sociétés d’agriculture ;
L’irréductibilité du tarif minimum douanier. — L’augmentation du tarif maximum, seul
moyen pour protéger la production nationale contre la concurrence étrangère ;
La suppression du principal de l'impôt foncier-,
La réforme des tarifs des chemins de fer, leur unification et leur simplification, qui est
aujourd’hui d’une importance capitale. — L’abaissement des tarifs de transport en grande
vitesse pour les fruits et primeurs ; création de trains rapides avec wagon frigorifique, ayant
correspondance avec les lignes étrangères. - La réduction des délais pour ta livraison des
fruits et primeurs en gare d’arrivée dans les grands centres et obligation pour les Compa¬
gnies d’avoir un personnel suffisant pour faire lace à tous les besoins. — Faciliter le déve¬
loppement des marchés des primeurs et fruits dans les grandes villes de France.
La réglementation des eaux de la Durance et des canaux d’irrigation, qui seule peut
assurer la prospérité dans nos campagnes.
Compléter ta réforme du régime actuel des boissons par la suppression de tous les
droits de circulation et d’octroi qui grèvent actuellement le vin et toutes les boissons hygié¬
niques. Cette réforme aurait pour effet d’atténuer en partie la crise vmicole. Dans ce même
but, on pourrait ouvrir un débouché à la vente en donnant un litre de vin par jour aux
soldats.
Aucun produit du sol non manufacturé n’ayant jamais payé aucune taxe, je m’élève
avec énergie contre le droit de 1 franc qui frappe les raisins frais de vendanges, et, contrai¬
rement p bruit répandu par des calomniateurs, je prends rengagement formel et sur
— stës — n° i m
Fhonneur , do déposer sur le bureau de la Chambre un projet de loi tendant à la suppression
immédiate de ce droit souverainement injuste.
Citoyens,
Si je suis votre élu, je mettrai tout ce que j’ai de force et de dévouement à la réalisa¬
tion du programme que vous venez de lire.
Vous me connaissez tous et vous savez que je n'ai jamais failli à un devoir, jamais
manqué à la parole donnée. Vous pouvez donc être certains que je tiendrai loyalement les
engagements que je prends pour la défense de vos intérêts, de la démocratie et de la Répu¬
blique.
Vive la République démocratique et sociale 1 Vive l’arrondissement d’Avignon !
Gaston COULQNDRE:,
Docteur en droit. Président du tribunal civil d’Apt,
Candidat républicain radical-socialiste.
Circonscription de CAKFENTRAS
Mi VIALIS
Élu au 2e tour de scrutin, — 7.2d6 voix.
Appel du Congrès de Défense républicaine
Citoyens,
Le 17 janvier dernier, les Délégués de toutes les communes de Larron dissem en! se
sont réunis en Congrès, a Carpe ntras.
Appartenant à toutes les fractions du grand Parti républicain, ils ont obéi au même
devoir : celui de défendre la République; — au même désir : celui d’assurer Punion de la
Démocratie, pour faire face a l’ennemi, c’est-à-dire à la coalition royaliste.
Ce Congrès a désigné, comme candidat, le citoyen Paul Vialis, Maire de Mormotron
depuis plus de vingt ans, et doyen des Conseillers généraux républicains de Vaucluse.
Paul Vialis a toujours, en combattant ouvertement la réaction, lutté pour la conquête et
pour l’avenir de la République.
En le présentant à vos libres suffrages, nous avons la conviction que son passé démo¬
cratique, pur de tonte compromission, vous sera un sur garant de son dévouement à la cause
du peuple et de la liberté.
Vous le connaissez ; c’est un des vôtres, un républicain éclairé, un cultivateur, un
enfant du pays. Les intérêts politiques et agricoles de l’arrondissement seront donc, vous le
voyez, entre bonnes mains.
11 s’est toujours montré à la hauteur du devoir républicain : sa yie est tout un pro¬
gramme.
Citoyens,
Eu votant pour Vialîs, vous voterez pour la République î
Vive la République !
Le Bureau du Congrès de Défense républicaine r
(Suivent les signatures.)
— 95« -
Profession de Foi
Mas chers Concitoyens,
Après avoir lutté pendant trente ans pour la République, je croyais le moment venu de
me consacrer davantage à ma famille et de céder à de plus jeunes le poste du combat. —
Le Congrès de Défense républicaine m’a fait l’honneur de me confier le drapeau du peuple,
pour Relever contre les coalitions réactionnaires, de nouveau renaissantes. — Renonçant h
tout souci personnel, obéissant au devoir, me voici sur le front de bataille ! Vieux soldat de
la liberté, je dois Être debout, quand la royauté et le cléricalisme relèvent la tète.
Républicain d’avant-garde, sans compromission, comme sans faiblesse; — connaissant
les besoins de mon pays et profondément dévoué à ses intérêts ; tel j’ai toujours été, tel je
me présente à vous, tel je resterai.
Citoyens, mon programme est tout entier dans mon passé.
Enfant du peuple, fils de la glèbe, il n'est pas de réforme politique ou sociale qui m’ef¬
fraie. — Ce que je veux, c’est la République du peuple; c’est tout ce qui intéresse l’ouvrier
et le paysan ; c’est, pour le prolétariat des villes et pour la démocratie agricole, plusde bien-
être et plus de justice.
A l’beure présente, quand la réaction se redresse et, usant de masques et de mots
trompeurs, lente de détruire l’oeuvre de la troisième République, — je suis fier de n’ètre
pas de ceux qui reculent, pas même de ceux qui transigent! Les lois contre lesquelles le
nationalisme s’insurge, sont notre gloire et notre patrimoine intangible! Les réformes pro¬
chaines, que le cléricalisme essaie d’arrêter, doivent aboutir sans retard!
Ces déclarations me dispensent, vous le reconnaîtrez, de vous exposer plus en détail un
programme politique.
En matière économique, Citoyens, je you s promets de m’attacher spécialement à la
réalisation des réformes suivantes ;
Suppression des tarifs de pénétration. — Réduction des tarifs de transport pour les
produits agricoles.
Révision de la loi sur les boissons. — Suppression de l’impôt sur les vendanges
fraîches.
Création de Chambres d’agriculture, — Établissement du Crédit agricole par la création
de Sociétés régionales.
Création de Caisses de retraites pour les ouvriers des villes et des campagnes.
Réduction du service militaire à deux ans et suppression des périodes d’appel.
Réglementation des prises en Durance, consacrant les droits acquis du Canal de Car-
pentras. — Révision, dans un sens libéral, des lois et règlements sur la chasse.
Citoyens,
Telles sont mes déclarations et mes promesses formelles.
Sl vous me faites l’honneur de m’accorder vos suffrages, c’est à l’extrême gauche que
j’irai siéger.
Vive la République radicale socialiste !
Paul VIÀLISj
Maire de Mormoiron, Conseiller général.
— 9S7 —
N* 1162
Circonscription cT ORANGE
M. LOQUE
Élu au 2° tour de scrutin. — 8.903 voix.
Citoyens,
le n’ai rien à retrancher à mon programme de 1898, d’autant plus que certain candidat,
agent du Ministère, s’est empressé de s’approprier mes idées pour les incorporer dans ce
qu’il yous présente.
Comme par le passé, je réclame la fin du gaspillage éhonté de nos finances;
La diminution des impôts, par des économies budgétaires et la suppression des siné¬
cures et des gros traitements ;
Une plus juste répartition des charges en faveur des petits cultivateurs, des petits
industriels, des petits commerçants, des petits propriétaires;
Une plus grande préoccupation des questions agricoles, afin d’aider pins effectivement
le cultivateur, ce travailleur indépendant qui est le véritable nourricier de notre belle patrie;
Que tous les produits du sol français puissent circuler en franchise sur le territoire de
la République;
Qu’on revise les tarifs de chemins de fer dans un sens plus démocratique en faveur de
nos industries locales et régionales, qui sont corollaires de l’agriculture ;
L'exécution des canaux à dériver du Rhône, qui donneront une nouvelle prospérité à
notre belle région ;
La construction immédiate des routes et divers réseaux de chemins de fer depuis si
longtemps réclamés et depuis si longtemps promis à notre arrondissement;
Sans m’attarder à énumérer mon programme de 1898, je tiens à déclarer encore que
j’y reste fidèle en tous ses détails.
Je réclame la réduction du service militaire au minimum et je le veux égal pour tous;
ceux qui ont fait 7 ans ont droit à une juste indemnité;
La retraite pour les travailleurs est depuis trop longtemps différée; elle peut être
réalisée;
Je veux quJon allège les charges de famille; au-dessus du nombre de cinq, les enfants
sernot élevés et instruits par les soins des parents aux frais de l’État;
11 faut voir cesser la guerre des partis;
Il faut qu'on revienne à l’application plus réelle des principes fondamentaux de la
République;
Adversaire résolu de tous les monopoles qui ne seraient pas nécessaires à la défense
nationale, je demande la suppression de tous les privilèges, y compris ceux contenus dans
la loi Falioux, qui doit être partiellement abrogée;
Il faut que la loi reconnaisse la liberté d’enseignement comme une des immortelles
conquêtes de la grande Révolution ;
Comme tous les vieux républicains, nous rêvons de voir se constituer enfin le grand
parti démocratique, ce parti de principes et de réformes, qui donnera un peu plus de bien-
être au peuple, qui rendra la patrie plus aimée, la République plus belle, plus prospère,
parce qu’il assurera pour tous la liberté, pour tous l’égalité et couronnera enfin le Grand-
Œuvre en inspirant à tous la fraternité* sans laquelle serait incomplète la devise répu¬
blicaine.
Vive la République démocratique I
Docteur M, LOQUE,
Conseiller général,
Candidat républicain radical-socialiste-démocrate.
— 958 —
VENDÉE
I e circonscription de FONTENAY-LE-COMTE
H. de FONTAINES
Élu au l°r tour de scrutin. — 10.213 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
Choisi à T unanimité comme candidat libéral aux prochaines élections législatives par
les délégués des diverses communes de la icirconscription, et encouragé par les 9.318 voix
que vous avez bien voulu m’accorder il y a quatre ans, j’ai l’honneur de solliciter de nou¬
veau vos suffrages.
La lutte passionnante qui va remuer la France entière n’a point pour but de changer U
forme du Gouvernement.
L’heure et grave et solennelle. Partout dans le pays on s’apprête à lutter coude à coude,
unis sans distinction d'opinion, afin de renverser le néfaste Ministère créé et mis au monde
uniquement pour sauver un traître, et que l'on a si justement baptisé le Ministère de trahison.
Ce que nous voulons, c’est que l’on respecte notre armée et ses chefs, vilipendés chaque
jour et si mal protégés par ceux-là mêmes qui ont la charge de les défendre. Respectueux
des droits de»chacun, nous voulons que l’on respecte les nôtres.
Ce que nous voulons, c’est reconquérir le droit complet d'association et conserver la
liberté d’enseignement, ce corollaire indispensable de la liberté religieuse ;
Ce que nous voulons, c’est le respect de toutes les croyances; en un mot, c’est, comme
l’a si bien dit Jules Lemaître, obtenir l’égalité dam la liberté.
Ce que nous ne voulons pas, c’est que l’on chasse nos religieuses si bonnes et si
dévouées partout où elles passent soit comme gardes-malades, soit comme éducatrices de
nos enfants. J’en appelle à toutes les mères de famille!
Le déplorable état de nos finances, les déficits croissants, officiellement constatés par
le rapport de M. Antonin Dubost, le Sénateur républicain bien connu, nous font un devoir
impérieux d’arrêter à tout prix les folles dépenses qui nous conduisent à de nouveaux
imDÔts, puis finalement à la ruine.
J a suis partisan de toutes les réductions du service militaire compatibles avec les
exigences de la défense nationale, soit que l’on propose le service de deux ans absolument
obligatoire pour tous, sans aucune dispense, soit même que l’on réduise le service mili¬
taire à une seule année; mais, dans ce cas, il faudrait préalablement constituer, au moyen
de primes et d’avantages suffisamment rémunérateurs, une solide armée de métier compo¬
sée de vieux soldats et de sous-officiers rengagés.
Agriculteurs, vous pouvez compter sur ma sollicitude : vos intérêts sont leB miens. —
Ouvriers, je suis prêt à voter toutes les lois qui auraient pour but de vous venir en aide et
d’assurer le pain de vos vieux jours.
Une secte odieuse depuis trop longtemps nous fait porter le poids de sa domination
~ 959
M" 1162
tyrannique, et maintenant se flatte de nous voir bientôt nous courber, tous résignés, sous
son despotisme avilissant. Opposons-lui l’union de tous les hommes d’ordre, de tous les vrais
Français, pour la défense de nos intérêts les plus sacrés, pour la sauvegarde de l’honneur
et de la sécurité de la patrie si gravement mis en péril.
Messieurs et chers Concitoyens,
J’attends votre verdict avec confiance et je termine en vous disant que, si vous me faites
l'honneur de m’élire, je m’occuperai de vos intérêts et non des miens, et que je consacrerai
mon intelligence et mon entier dévouement à tout ce qui vous intéresse, à tout ce qui vous
est cher.
Raymond de FONTAINES,
Candidat libéral antiministériel.
2° circonscription de FONTENAY-LE COMTE
M. DESHAYES
Élu au 1er tour de scrutin. — 10.788 voix.
Mes chers amis,
Je voulais, cette année, profiter de la période électorale pour vous voir tous chez vous.
J’ai commencé, mais, dès le 15 avril, une atteinte d’influenza a bouleversé tous mes
pians et j’ai dû m’arrêter.
J’avais pensé que mes adversaires seraient assez courtois pour me témoigner un peu
de sympathie. Vous avez pu lire un numéro entier de leur feuille où tout est mis en œuvre
pour me faire peur. Mais j’ai un bon docteur, j’ai le cœur solide et je ne m’effraye guère.
Et, si la haine féroce des ennemis débordait dans la feuille macabre et cléricale, j’avais
plus près de moi, près de mon cœur, les échos de toutes ces voix amies qui me criaient :
« Ne craignez rien ! nous sommes là I reposez-vous; nous ferons toute la besogne ; les
réunions seront tenues, les visites seront faites. j>
Et oui, tout s’est fait, grâce à ces dévoués amis, aupfès des électeurs surpris, émerveil¬
las de tant d’entrain, de tant de dévouement, sans à-eoup, sans lacune.
Admirable unité de vue! Chacun agisssant eu son nom s'est trouvé agir pour tous,
naturellement, tant nous étions sous la même pensée, et cette solidarité s’esi trouvée si
âlroite que nous n’avons jamais eu seulement à nous consulter pour nous communiquer une
impulsion commune.
C'est que notre but est bien simple et nos moyens â la portée des plus humbles.
Nous voulons conserver la République au peuple de France, car c’est pour lui le plus
Précieux des biens. Nous voulons la défendre contre les royalistes, impérialistes, césariens,
wntre tous les cléricaux qui se font bons apôtres et qui sont pêcheurs en eau trouble.
Nous voulons la victoire de l’esprit de progrès sur la réaction du passé, et nous l’aurons
rotle fois encore, car nous ne sommes pas mort, et le 27 nous crierons de nouveau avec
Wbs mes amis ; Vive la République !
DESHAYES, Député.
- 960 —
lr® circonscription de LA ROCHE-SUR-YON
M. le marquis de LESPINAY
Élu au 1" tour de scrutin. — 10.896 voix.
Mes chers Concitoyens,
Lorsqu’il y a quatre ans, cédant aux instances d’un grand nombre d’électeurs de tous
les partis, j’ai sollicité vos suffrages, je vous disais :
Soit au Conseil général, soit à la mairie de Chantonnay, j’ai fait mon possible pour
éviter tout ce qui divise.
Et plus loin : On ne me trouvera jamais dans les rangs de ceux qui chercheraient a
faire opposition, de parti pris, au Gouvernement de la République, dès lorsqu’il s’inspirera
des vrais intérêts de la nation.
C’est la tête haute et avec une confiance absolue que je vous livre mes votes.
U moment est venu pour vous de déclarer si je suis demeuré fidèle à mes engage¬
ments, si je suis resté un ami loyal de la liberté, un scrupuleux observateur de la foi juree.
Vous répondrez en refusant votre confiance aux tenants d’une politique antinationale
et en l’accordant à celui qui veut la République ouverte à tous et non pas livrée a une
poignée de sectaires et d’ambitieux. . . , .
Libéral, je n'ai cessé de l’être. Aussi, fidèle aux convictions de toute ma vie, je réclame
avec énergie ;
La liberté de conscience pour tous les citoyens, à quelque opinion qu’ils appartiennent.
La liberté d’enseignement à tous les degres. .
La liberté d’association n’admettant qu’un principe, celui de la loi égalé pour tous, du
droit commun applicable à tous.
Si vous me renouvelez le mandat que je dois à vos libres suffrages, je continuerai a
réclamer des lois qui assureront à notre agriculture une protection plus efficace, qui per¬
mettront à notre industrie de lutter, avec succès, contre la concurrence étrangère ; a notre
commerce de voir diminuer les charges qui le ruinent. , t
Gomme par le passé, je serai ardemment dévoué aux œuvres de prévoyance de muta
lité et d’assistance, et m’associerai à toutes les mesures sages qui auront pour but daoiS'
liorer le sort des travailleurs. i , , , . . ,a lt ie!
Je n’oublierai point quel intérêt Imèritent les employés des chemins de fer et
employés des haras, dont j’ai pris la défense en toute occasion. ..... mtfA m,)oa
Je vous parlais, en 1898, de la diminution des charges militaires ; j ai vote, quoi quoa
ait osé dire, la suppression des 13 jours et la diminution des 28 jours; je sms, avec
Commission de l’armée, un partisan résolu de la réduction du service a un an, rôd œUM
facilement réalisable au moyen de primes attribuées à des rengagés volontaires, que ret en¬
dra sous les drapeaux l’assurance d’obtenir, à leur sortie du régiment, certains e p
salaries par l’État, les départements, les communes et les chemins de fer.
Ainsi seraient rendus à l’atelier et à nos campagnes les bras qui leur manquent.
Voilà pour les questions d’ordre général. .
Quant à celles de notre région, vous savez combien elles me tiennent a cœur. Parmi
— 961 —
N° 1162
dernières, je place an premier rang le prompt achèvement de la ligne de Fontenay-le-
Comte à Cholet et du tramway reliant les Quatre-Chemins à Chantonnay.
Tels sont, mes chers Concitoyens, les points essentiels de mon programme. Ils peuvent
se résumer dans ces deux mots : Paix et liberté!
La France, inquiète du lendemain, tourne avec angoisse ses regards vers Favemr.
Elle a déjà trop souffert de l’oppression des consciences et des agitations stériles.
Il est temps de P affranchir, en inaugurant une politique de liberté, cVa flaires, de sages
réformes, de vrais progrès*
Vous voterez donc pour Penfant du pays, que vous connaissez de longue date; pour
celui qui a rendu service à tous, adversaires ou amis, et dont la seule ambition est de con-
sacrer à notre chère Vendée tout ce qu’il a de forces, de patriotisme et de dévouement*
Marquis de LESPINAY,
Maire de Chantonnay, Conseiller général,
Député sortant.
2e circonscription d.e la ROCHE-SUR-YON
M. Paul BOURGEOIS
Élu au 1er tour de scrutin. — 17.110 voix.
Mes chers Électeurs,
Ma profession de foi sera courte :
iSe sommes-nous pas de vieilles connaissance ?
N’fetes-vons pas toujours les hommes fiers et honnêtes que j*ai connus?**.
Mon programme est toujours le même : Dieu et patrie*
Je fais appel à tous les hommes de bonne volonté; à tous ceux qui, au-dessus de tout,
mettent Dieu et la France.
Jamais nous n’avons eu si grand besoin d’union et de concorde*
Catholique, je veux le respect de nos croyances religieuses et la liberté de conscience
pour tous.
Bon Français, citoyen français, je réclame mes droits de citoyen : la liberté d'instruc¬
tion; la liberté d’association; Pordre dans nos finances; le respect de Parmée et du drapeau
de mon pays.
Avec vous, je proteste contre F oppression des minorités, et travailleur, comme vous,
je travaillerai/ sans bouleverser la société, à Pàmélioration de* classes laborieuses, à l'en¬
tente sociale entre patrons et ouvriers.
Je consacrerai ce dernier mandat à favoriser, a réaliser, sur ce terrain catholique et
français, le rapprochement, Funion de tous ceux qui aiment sincèrement leur pays*
Et maintenant, mes amis, que Dieu et le bon sens public protègent la France!
Dl Paul BOURGEOIS
Conseiller générai,
Député sortant*
m
062 -
1** circonscription des SABLES-D OLONNE
M. le comte de LA ROCUETHULON
Élu au lor tour de scrutin, — 8,200 voix.
Mes chers Concitoyens,
Malgré trois mois (Tune campagne acharnée, nos adversaires n'ont pu parvenir à vous
persuader que je combattais la forme du Gouvernement,
La République est ici hors de cause, je l'affirme, et ma parole d'ancien officier vaut
bien celle de mon concurrent.
Mais ce que j 'entends combattre, c'est la meute des budgéti votes* des spéculateurs,
des politiciens plus ou moins tarés qui, apres tous les Panamas et toutes les hontes parle¬
mentaires, osent sc proclamer les chevaliers de la défense républicaine, alors qu'sis ne
sont, en réalité, que les « chevaliers de P assiette au beurre ».
Haut les cœurs, nies amis, rallions-nous amour du drapeau de l’honneur et du
patriotisme î Ne nous laissons pas égarer encore par des paroles menteuses, et qu'à l'instar
de Paris, notre loyale et courageuse Vendée rejette de son sein les amis exotiques d'un
Gouvernement moribond. Leurs mains suintent la boue.
Ancien élève de l'école spéciale militaire de Saint-Cyr, ancien officier, d’une activité
dont j'ai donné des preuves depuis deux mois à la circonscription, je maintiendrai avec
énergie tous vos droits et ferai valoir toutes vos revendications.
Absolument indépendant, sans attaches d'aucune sorte, sans compromissions avec
personne, je déclare en toute loyauté que je voterai :
1° La suppression de la loi sur les associations ;
T La suppression de la loi sur l'enseignement congréganiste ;
3° Le blâme sévère des agissements du général André contre P État-Major de
P armée ;
4° La réforme de l'impôt et le dégrèvement des alcools ;
5° L'amortissement de la dette au moyen de sages économies ; et je me montrerai
l'adversaire irréductible de tout impôt nouveau.
Parfaitement convaincu que la loi qui réduit le service militaire à deux ans est
détestable, — car de l'avis des gens les plus compétents, il est impossible de créer en
deux ans des troupes solides — je voterai le service militaire d'un an, mais avec cette
différence capitale, que, par suite de l'économie réalisée, on pourra établir des primes de
rengagement suffisantes pour avoir des vieux soldats et des sous-officiers de carrière.
Avec des cadres semblables, les conscrits de Napoléon, à Ghampaubett et à Montmirail,
enfoncèrent toutes les vieilles troupes de l'Europe,
C'est la plus éclatante des démonstrations.
Pour les marins, il est temps d'obtenir que leur retraite soit fixée à 45 ans. Après
tant d'années d'un si dur labeur, ce n'est que justice de leur procurer un repos si bien
gagné.
Poursuivant Ptdée du député sortant, M, Gautret, je préconiserai énergiquement la
réduction à trois ans de la durée du service imposée à nos inscrits maritimes, et la
suppression totale de leurs 28 jours. Également, je donnerai, tons mes soins à l'améliora¬
tion de la loi du 28 avril 1898 sur la Caisse de prévoyance contre les accidents de mer.
Mes chers amis, de l'aveu meme de mon concurrent, le Ministère qui l'a envoyé parmi
— 963 —
N° 1162
nous est moribond. Vous ne devez donc attacher aucune importance aux promesses qu'il
vous fait à profusion, et qu’il fora encore, quoique le Ministère prochain, Ministère
d’épuration et d’assainissement général, ne puisse être de ses amis-
Au contraire, nous, les jeunes, les hommes nouveaux, nous qui, par notre situation
même, donnons des garanties absolues de désintéressement, nous combattrons pour vous,
certains de faire écouter vos justes revendications.
Pour les agriculteurs, si peu favorisés, je veux le maintien des droits protecteurs,
l'établissement et l’encouragement des syndicats et des mutualités, la création de
Caisses de retraites, la répression des accaparements de toutes les matières premières.
Sans cesse ni trêve, je demanderai que l’on veuille bien enlin s occuper de cette
question si importante du dévasement du Lay et de la création d’un tramway si indispen¬
sable à la Plaine. Et en passant, j’espère qu’il sera apporlè dans la construction de cette
ligne un peu plus de soin qu’on n’en a apporté à la construction de la ligne du tramway des
Sables aux Ch amp- Saint-Père.
Quant à ce qui est d’obtenir des dispenses, des permissions et des mutations, tous
ceux qui se sont adressés à moi savent qu’ils n’ont pas eu à s’eu repentir, et à cela tien
d’étonnant, car je ne compte que des amis dans l’armée, sans parler de mon père
le général de La Rochethulon qui n’y a laissé que de très vifs regrets et de non moms vives
^ Pour la ville des Sables, je m’occuperai avant toute autre chose de la question du port,
sur laquelle je puis me dire très documenté, puisque ce sont les collaborateurs mêmes de
M, Gautret qui seront mes soutiens et conseillers.
Quant à la ville elle-même, n’est-il pas de la dernière évidence que sa fortune dépend
de votre volonté ? N’eet-i! pas certain que, si les favorisés de la fortune, ceux qui autrefois
venaient passer l’été aux Gables, revenaient visiter notre plage, le commerce local n’en
irait que mieux? , ,
A des promesses vagues et aléatoires, j’oppose ceci : par mon activité, par mes rela¬
tions, par ma fortune, par mes goûts même, j’essayerai de rendre aux Subies sou cachet de
ville luxueuse et coquette. Les commerçants, les patrons, les ouvriers seront naturellement
les premiers à en profiter.
Mais abondonnonsces questions d’intérêt général pour finir par un cri patriotique.
Électeurs de la Vendée,
L’heure est grave ! La liberté a été violée; les finances dilapidées ; 1 armée insultée ,
les francs-maçons et les juifs régnent ouvertement, déchaînant les haines de classes pour
assouvir plus facilement leurs appétits !
Dites si vous voulez que cela coutume.
Vous avez une arme toute puissante : c’est votre bulletin de vote !
Oubliez ma personnalité. Ne voyez eu moi qu’un bon Français qui vous crie :
« Malgré la pression, malgré les promesses et malgré les menaces, faites votre devoir :
Sauvez la société, la liberté et la patrie !» ,
Je compte donc sur vous pour remporter, le 27 avril, une belle victoire, qui prouvera
à nos éternels adversaires que vous Êtes de ceux qui ne changent pas et que rien
n’ébranle-
La Vendée aux Vendéens 1
Vive la France !
Vive la République !
G. de LA ROCHETHULON,
Ancien officier, Maire de Saint-Hilairc-de-Talmont,
Secrétaire adjoint des « Agriculteurs de France »,
CandidaL républicain libéral progressiste.
— 964 —
2° circonscription des SABLES-d OLONNE
M. de BAUDRY d’ASSGN
Elu au 1er tour de scrutin. — 10.353 voix.
H y a huit jours, nous rappelions la belle carrière politique de M. de Baudry
d'Aseon; nous rappelions ses luttes pour la liberté, la justice, la religion, pour la sécurité,
Phonneur de la France, et nous ajoutions que les électeurs sont d'autant plus entraînés à
lui continuer leur confiance que cette liberté, cette justice, cette religion, cette sécurité de
la France sont aujourd’hui plus attaquées que jamais par la triple alliance des juifs, des
francs-maçons et des révolutionnaires*
La patriotique lettre que M. de Baudry d’Asson adresse à ses électeurs, atteste que,
toujours fidèle aux grandes causes auxquelles il a voué sa vie, il est prêt, toujours plein
d'énergie, de dévouement et d’entrain, à continuer la lutte.
Aux Électeurs de la 2e circonscription des Saeleb-d’Glonne
Messieurs et cheTS Électeurs,
Me voilà encore devant vous, et, pour la septième fois, je vous demande vos suffrages.
Vous ne renierez pas le Député qui a consacré sa vie, sa forLune et ses forces à la défense
de vos intérêts les plus chers et qui est toujours capable de rendre à son pays les services
que vous êtes en droit d'attendre de votre mandataire.
Messieurs, la Chambre qui vient, le jour même de Pâques, de terminer sa législature,
après avoir voté des lois infernales, est morte dans l’incohérence, la confusion des pouvoirs,
P impuissance et le despotisme le plus éhonté.
Électeurs,
A tous ceux qui ne croient pas aux belles, mais fausses promesses de ces hommes
néiastes qui prétendent audacieusement, avant les élections, réaliser toutes les aspirations
du corps électoral ;
A tous ceux qui tremblent, avec raison, devoir bientôt le billet de banque tourner en
assignat;
A tous ceux qui revendiquent le respect de la foi, Pin dépendance du culte, Piuviolabi-
litë du foyer, la sécurité dans Bordre social et la paix civile;
A tous ceux qui n’admeücnt pas que les pouvoirs publics fassent la courte échelle aux
socialistes révolutionnaires, aux collectivistes et aux sans-patrie;
À tous ceux qui veulent affranchir la France du joug odieux des juifs qui la ruinent et
des francs-maçons qui la dénationalisent, en attendant qu'ils la livrent aux pires catas¬
trophes ;
A tous ceux qui ne veulent plus supporter que les sans-Dieu jettent la croix à la voirie
et le drapeau dans la fange ;
A tous ceux qui redoutent de voir, bientôt, les Frères et les Sœurs, qui donnent l’ins¬
truction à nos enfants, chassés avec les curés et les vicaires, après les élections, comme
Pont été, avant, les congrégations religieuses;
A tous ceux qui appréhendent, trop justement hélas! l’étranglement de nos dernières
libertés religieuses et civiles, je crie, bien haut :
— 965 —
N* 1162
Unissez-vous aux sincères libéraux, aux vrais chrétiens, qui ne demandent absolument
qu’une chose dans ces élections : expulser, sans plus tarder, le ministère W a 1 d eck- R ou sse au
et toute sa bande, pour les remplacer par un ministère et une majorité d’ordre, de justice
et de liberté î
Messieurs, je vous ai loyalement et nettement signalé la triste situation du pays et la
gravité de l’heure présente.
Vous me connaissez — depuis 26 ans que je suis à votre service — comme Député,
comme ami, et, cela, à quelque parti que vous puissiez appartenir : vous savez que, tous,
vous pouvez compter sur moi*
Agriculteurs,
Pour soulager vos intérêts en péril, il est absolument nécessaire de diminuer les impôts
et les charges de toute nature — au lieu de les augmenter chaque jour — et d’assurer aux
foyers le maintien des soutiens de famille*
Notre élevage, nos concours, nos courses de chevaux, qui m’ont toujours tenu tant a
cœur — vous ne pouvez l’avoir oublié — nos foires, nos marchés, nos routes, nos chemins
et nos écoles feront l’objet de mes constantes préoccupations*
le m’appliquerai, de toutes mes forces aussi, à la solution des questions qui concernent,
notamment, le chemin de fer des Sables à Saint-Gilles, Saint-Jean-de-Monts, Beauvoir, Boum
et Bourgneuf, si justement réclamé depuis longtemps,
Ouvriers,
Il vous faut du travail aujourd’hui, et des garanties de sécurité pour vos vieux jours*
Ce n’est point par les grèves, qui finissent toujours par des coups de fusil et d’incal¬
culables misères, que vous obtiendrez ces bienfaits, mais par des lois équitables d’assis¬
tance mutuelle et par une entente amiable entre l’État, les patrons et vos syndicats.
Marins,
Des primes importantes a la construction et à l’armement ont ôté votées au profit des
navires à voile et à vapeur; il est juste que des primes à la construction et à l’armement
des barques de pêche soient également votées* Je m’efforcerai de les obtenir, ainsi que tout
ce qui peut être utile à la marine.
Enfin, et c’est par là, Messieurs, que je finis :
Jamais je n’agirai comme ceux qui, après avoir capté la confiance des électeurs, par
l’ostentation d’un faux libéralisme, ont, pour leur début dans la carrière politique, refusé
de s’associer à un vote de justice en faveur des congrégations religieuses, qu’une loi d’ini¬
quité et d'oppression chassait de leurs couvents et de leur patrie I
Toujours, au contraire, je soutiendrai par ma parole et par mon vote, comme je l’ai fait
jusqu’ici, la cause de Dieu, de la famille et de la patrie!
Vive la religion catholique 1
Vive la liberté pour tous!
Vive l’armée outragée!
Vive la France aux Français l
Armand de BÀUDRY d’ASSON
Député sortant*
VIENNE
Circonscription de CHATELLERAULT
M. GODET
Élu au 2° tour de scrutin. — 9.949 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le comité républicain radical de l’arrondissement de Châtellerault, qui compte de très
nombreux adhérents dans toutes les communes, m’ayant désigné comme candidat aux élec¬
tions législatives, je viens solliciter vos suffrages.
Vous me connaissez tous. Né dans l’arrondissement, y ayant tous intérêts, agriculteur
comme la plupart d’entre vous, maire d’une commune rurale, conseiller d’arrondissement
du canton de Lencloître, ma candidature est celle d’un enfant du pays.
Elle est également celle d’un républicain radical convaincu et d’un ami sincère des
réformes.
Partisan résolu de la politique d’union, d’action et de défense républicaines, mon pro¬
gramme est conforme au manifeste rédigé l’année dernière à Paris par le congrès radical
auquel j’assistais à titre de délégué. En voici les points essentiels :
Partie politique.
Révision limitée de la Constitution portant sur trois points principaux : 1“ prédomi¬
nance de ia Chambre en matière financière; 2° extension de la base électorale du Sénat et
réduction à six ans de la durée du mandat sénatorial; 3° décentralisation des pouvoirs poli-
tiques et administratifs.
Dénonciation du Concordat. Application rigoureuse de la loi sur les congrégations.
Réduction du service militaire à deux ans. Suppression d’une des périodes de vingt-
huit jours et réduction de l’unique période à accomplir. Suppression des treize jours.
Monopole de l’enseignement donné à l’État. Suppression de la loi Falloux. Extensiou
des lois scolaires, augmentation des écoles professionnelles et des écoles d’agriculture.
Diminution considérable des frais de justice.
Partie économique*
Impôt personnel, progressif et global sur le revenu dépassant 3.000 francs, et suppres¬
sion de tous les autres impôts directs : cote personnelle et mobilière, contribution des portes
et fenêtres, patentes, prestations, etc. ,
Loi d’assurance et de prévoyance destinée à prévenir les risques sociaux et a aider tes
travailleurs à conquérir la propriété individuelle.
— . 9 67 —
n° im
Législation sévère ayant pour but de préserver tes intérêts généraux du pays et la for¬
tune de tous contre l'agiotage et la haute spéculation.
Diminution des gros traitements et augmentation des petits.
Abaissement des tarifs de transport.
Mesures législatives faisant rentrer dans le domaine de PÉtat certains monopoles, e
notamment les chemins de fer, au fur et à mesure que l'exigeront les intérêts de la défense
nationale et de la production agricole et industrielle.
Création de banques agricoles et populaires ouvrant un crédit aux cultivateurs, aux
petits commerçants et industriels, ainsi qu'aux ouvriers.
Organisation d'un service national d'assurance des récoltes et des animaux en cas de
grêle, d'inondation, de sécheresse, d'épizootie, etc.
Législation sur la protection du travail.
Établissement d'une caisse nationale de retraite pour les vieillards et les invalides du
travail. — - Protection et défense des sociétés de secours mutuels.
Extension du réseau des voies ferrées dans l'arrondissement de Châîeïlerault.
Électeurs,
En présence de la coalition formée de réactionnaires avérés et de républicains défail¬
lants, en face du cléricalisme menaçant, vous affirmerez votre inébranlable attachement à
la République, en même temps que vous indiquerez nettement votre volonté de voir enfin
s’accomplir les réformes politiques et sociales depuis si longtemps promises.
le me réclame auprès do vous, non seulement de mon titre de républicain radical, mais
aussi de ma qualité d'agriculteur*
Si vous estimez qu'il y a au Parlement assez de hanquiprs, de médecins, d'avocats et
de journalistes, vous y enverrez un représentant de cette agriculture, trop souvent sacrifiée,
parce qu'elle ne possède pas de représentants pour élever îa voix en sa faveur et défendre
ses intérêts méconnus.
Travailleurs de la ville et des champs, employés, commerçants, nous avons tous les
mêmes besoins et les mêmes aspirations. Groupons-nous, unissons-nous contre la réaction
et allons tous au scrutin aux cris de :
Vive la République radicale et réformiste î
Vive l'arrondissement de Ghàtellerault !
Frédéric GODET
Maire d'O relies,
Conseiller d'arrondissement du canton de Lcncloître.
Circonscription de GIVRA Y
M* PAIN
Elu au 1er tour de scrutin. — 7.G35 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le mandat que vous m'aviez confié arrive à son terme et je viens vous en demander le
renouvellement, fort de l'éclatant témoignage de sympathie que vous m'avez donné il y a
quatre ans.
— 068 —
C’est sous la protection des 7.036 électeurs qui, en 1898, m’accordèrent leurs suf¬
frages, que je place aujourd’hui ma candidature absolument indépendante et franchement
libérale.
Ma profession de foi sera courte, car je n’ai rien à ajouter au programme sur lequel
vous m’avez élu. Mes sentiments n’ont point varié et personne ne peut me reprocher
d’avoir oublié une seule de mes promesses, d’avoir manqué à l’un quelconque de mes
engagements.
La situation politique est très nette; elle ne laisse place à aucune équivoque.
Vous aurez à choisir le 27 avril entre M. Salmon, porte-drapeau de la coterie qui
est an pouvoir, et votre député sortant qui, à la Chambre, fut toujours l’interprète de vos
idées, en réprouvant, par ses votes, les tendances dangereuses du ministère Waldeck-Mil-
lerand.
Plus que jamais, je suis l’adversaire d’un gouvernement qui se joue de nos plus pré¬
cieuses libertés, encourage les doctrines collectivistes et a compromis la fortune nationale
par des prodigalités dont le, résultat a été de nous acculer au déficit.
Plus que jamais aussi, je reste convaincu qu’une politique de tolérance, de modé¬
ration et d’apaisement est indispensable à la prospérité, à la grandeur de notre chère
Patrie,
Comme vous, j’aime la liberté ; mais je la veux égale pour tous et je revendique pour
chacun le droit de penser, d’agir selon sa conscience d’honnète homme.
Sincèrement libéral, dans la grande et loyale acception de ce titre, je soutiendrai les
principes sans lesquels la société est impossible : la religion, l’armée, la famille, la pro¬
priété.
Au point de vue de la durée du service militaire, je persiste à penser, avec les membres
autorisés de la Commission de l’armée, que la réduction à un an est possible sans compro¬
mettre en rien la sécurité de nos frontières. Mais si la mise en pratique de cette mesure
entraînait des retards pour son application, je n’hésiterais pas à voter le service de deux
ans, afin d’alléger, aussitôt que possible, l’impôt du sang qui pèse plus spécialement sur les
agriculteurs,
Déjà j’ai voté, et je voterai encore, la suppression des périodes des vingt-huit et treize
jours.
Mes chers Concitoyens,
Saturés de politique, je crois que vous êtes unanimes à réclamer de la République
qu’elle s’occupe enfin sérieusement de vos affaires et quelle contribue à les rendre plus
prospères.
C’est à ce but que tendront tous mes efforts si, comme j’en ai le ferme espoir, vous me
continuez votre confiance.
Vous pouvez compter sur mon dévouement le plus absolu,
Maurice PAIN,
Conseiller général,
Député sortant.
/
— 069 —
N° 1162
Circonscription de LOUDUN
M. RÏDGUÀRD
Élu au 1er tour de scrutin. — 6.353 voix.
Mes chers Compatriotes,
En me présentant de nouveau à vos suffrages, je tiens à vous dire combien je suis
pénétré d’une profonde gratitude pour toutes les preuves de dévouement et d’affection que
vous m'avez données*
Je vous en remercie de tout cœur*
Ce que je puis, vous le savez. ■ — Ce que j7ai fait, vous le connaissez.
Je n’ai ni changé, ni renié mes précédentes déclarations. Tous ceux qui ont encore mes
professions de foi peuvent y voir exprimé, en langage franc et loyal, ce que je pense, ce que
je veux, ce que j'ai demand é et voté.
Né au milieu de vous, ma vie au grand jour est le sûr garant de mes actes, fous ont été
inspirés par mon profond dévouement à la République et par le constant souci de vos légi¬
times intérêts.
Fidèle à mes engagements, j'ai consacré tous mes efforts à la défense de 1 agriculture,
de l’industrie et du commerce, qui constituent ta vie et la fortune d'une grande nation
comme la nôtre.
Comme par le passé, je resterai attaché à une politique résolument républicaine, pour¬
suivant sa marche continue vers les réformes pratiques, les progrès réfléchis et 1 ameliora¬
tion du sort des travailleurs, des faibles et des déshérités
La République a tracé dans ce pays un sillon qui doit être prolongé par l'action inces¬
sante de tous les bons citoyens marchant avec union vers un idéal de progrès, de charité et
de justice sociale.
La République, en effet, n'est pour nous ni une vaine formule, ni une simple étiquette*
Elle vaut par les principes dont elle s'inspire et par les lois qui mettent en oeuvre ces prin¬
cipes*
L’heure est enûn venue de réaliser dans la paix sociale les réformes promises à la démo¬
cratie et de pratiquer une politique nettement réformatrice.
Jamais champ plus vaste et plus fécond ne s'est ouvert à l’activité du législateur peut
perfectionner et remettre au point de la science les organismes vieillis :
En matière fiscale et administrative :
Réforme générale des impôts actuels par une répartition pins équitable des charges
fiscales, sans inquisition ni moyen vexatoire.
Dégrèvement de la propriété immobilière et suppression de la contribution person-
aelle-mobilière et de l’impôt des portes et fenêtres.
Pas d’impôts nouveaux. — Pas tf emprunts. J ai prouvé, par mes votes au Parlement,
q u e j ’ e n suis l’a d ver s a i r e résol u .
Réformes des octrois. — Suppression des prestations. — Vote du budget à la date nor¬
male. — Économies par la suppression des dépenses inutiles. — Réduction des gros traite¬
ments. _ Suppression des emplois inutiles,, — Réduction des irais de justice. Extension
de la compétence des juges de paix.
122
En matière agricole, industrielle et commerciale :
Défense, protection et développement de la propriété individuelle rendu plus accessible
h tous par la diminution des charges qui pèsent sur les travailleurs des villes et des cam¬
pagnes*
Lois protégeant Pagrîeulture contre l’agiotage* — Suppression du marché à terme sur
ies blés* — Maintien du nouveau régime de l’admission temporaire*
Encouragement au commerce et à l’industrie.
Réforme des patentes ; diminution des taxes permettant aux commerçants et aux indus¬
triels de nos villes et de nos campagnes de lutter contre la concurrence désastreuse des
grands magasins*
En matière ouvrière et sociale :
Protection des travailleurs français contre îa main-d’œuvre étrangère.
Réalisation des lois d’assurance, de prévoyance et de solidarité sociales, garan lassant
les travailleurs contre le chômage, la vieillesse et la maladie*
Refonte et amélioration de la loi sur les accidents du travail, sans que la loi puisse être
étendue aux risques du travail agricole. Je n’ai cessé par mes votes de démontrer que fêtais
opposé à l’assurance agricole obligatoire, qui frapperait dJun nouvel impôt la propriété
foncière et causerait encore de nouvelles déceptions*
Développement des sociétés de secours mutuels* — Création d’une caisse générale de
retraite pour les travailleurs*
En matière politique et parlementaire :
Stabilité dans le pouvoir, — Liberté absolue de conscience.
Révision de la Constitution pour permettre la réalisation des réformes et assurer la
suprématie du suffrage universel.
Maintien au Parlement de son droit de contrôle et d’initiative, qui est la garant^ du
régime républicain*
Vote personnel des députés.
Au point de vue patriotique et national :
Politique extérieure conforme aux intérêts nationaux, à la dignité, à la grandeur de la
France et à ses traditions. — Augmentation de nos forces défensives par le service de deux
ans égal popr tous, avec primes de rengagements volontaires de quatre ans daps l’ artillerie
et (a cuvale^e. — Abrogation de? compenses, sauf celles à litre dç soutiens de famille*
Respect de l’armée nationale, à laquelle nous avons donné tout notre cœur et que nous
voulons placer en dehors de nos divisions politiques, afin qu’elle puisse se consacrer avec
une entière confiance à la grande oeuvre de défense nationale.
Accroissement de nos forces maritimes. — Développement de l’armée coloniale.
Enfin vous me trouverez en tout temps, vivant au milieu de vous, prêt a vous rendre
service, comme je J’ai toujours fait ; prêj à donner tous mes soins à toutes les questions qui
peuvent vous intéresser et prêt à observer, avec une attention cwfttftpft et ^ne sympathie
fraternelle, ces grands courants populaires où Ü entre tant d’aspirations légitimes et d’ins¬
tincts généreux.
Vous me trouverez aussi ce que j’ai toujours été, patriote sincère, démocrate convaincu,
défenseur inébranlable de la France et de la République!
RIDOUÂRD,
Maire de Monconfpqr,
Présidé^ de 4 Société des çautonniçrs de 4 Vienne,
Conseiller généra! de la Vienne,
Membre dés Coimnissipo» dù Travail et dé Logis,' talion fiscale*
Membre du Comité d’honneur de i’JUlunçe rgpqbjiquip?
présidée par M* A. Carnot, Député sortant.
— 974 —
N* 1162
Circonscription de MONTMORILLON
M. CORDEROY
Élu au T tour de scrutin, — 9,180 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le mandat que vous m'avez confié est expiré. Je crois t'avoir fidèlement rempli et je
viens avec confiance solliciter de nouveau vos suffrages.
Républicain convaincu, je veux avant tout le triomphe de !a République avec un Gou¬
vernement nettement républicain, décidé à marcher résolument en avant et à nous donner
enfin les réformes démocratiques que le Pays attend depuis si longtemps.
Si vous me faites T honneur de me choisir à nouveau pour vous représenter, je m'effor¬
cerai d'obtenir ïa ré Confie de l'impôt dans un sens franchement démocratique , avec un
large dégrèvement à la base, de façon à supprimer l'impôt chez le petit contribuable* Je
m'efforcerai aus: i de faire supporter à l'argent et à la fortune mobilière une partie des
charges qui pèsent trop lourdement sur la terre.
Je demanderai la modifjcat'on des prestations qui frappent surtout l'agriculture; la di¬
minution des patentes trop onéreuses pour le petit conmi rce; la suppression des gros traite¬
ments et je tâcherai d'obi enir des économies sérieuses dans tous les services.
Je veux la création de retraites pour les vieux travailleurs des villes et des campagnes,
et le développement de la mutualité, appelée à rendre les plus grands services a la classe
ouvrière.
Agriculteur, je défendrai tout particulièrement les intérêts de nos populations rurales
que je connais bien, puisque j'ai toujours vécu au milieu d'elles. Je demanderai notamment
la création de Chambres d'agriculture, de Caisses d'assurances contre la grêle et la morta¬
lité du bétail, et le développement du crédit agricole qui, mieux organisé, pourrait rendre
les plus grands services aux petits agriculteurs.
Partisan convaincu de la suprématie du Pouvoir civil, je veux la liberté de conscience,
mais sans privilèges pour le clergé, et la liberté d'enseignement sous la surveillance
attentive de l'État* qui devra exiger de tous les maîtres, les mêmes titres et les mêmes ca¬
pacités. j'appuierai la suppression du pourcentage, qui arrête l'avancement de nos excellents
instituteurs, tous si dévoués et si dignes d'intérêt.
J'ai déjà voté la réduction du service militaire à deux aus, la diminution des 28 jours
et la suppression des 13 jours. G^st vous dire que je ferai tous mes efforts pour doter le
Pays ifune bonne loi militaire qui, sans diminuer les forces de notre armée, donne enfin
à la Nation la satisfaction qu'elle réclame et diminue les charges si lourdes qui pèsent sui
nos populations.
J'ai déjà fait adopter par le Conseil général la création d un troisième réseau de tram¬
ways, clans lequel seraient comprises la plupart des lignes qui intéressent notre arrondis¬
sement. Je n'ai donc pas besoin d’ajouter que je ferai tout ce qu il me sera possible pour
doter notre arrondi sement des nouvelles lignes qu'il attend.
Désireux avant tout d’assurer le triomphe de la République, je prends rengagement de
me désister en faveur de mon concurrent républicain, M. Tranchant, s'il obtient, au
premier tour de scrutin, plus de voix que moi,
Électeurs î
Nous avons en face de nous tous les ennemis confises de la République j réactionnaires
— 972 —
de tout ordre : bonapartistes, légitimistes, cléricaux de toute sorte, qui se disent libéraux
pour mieux vous tromper. Vous ne vous laisserez pas prendre a leurs déclarations men¬
songères*
Républicains !
C’est la dernière bataille. Debout et sus à la réaction! Groupez-vous autour de, moi, que
vous connaissez, que vous avez vu à Pœuvre et, le 27 prochain, nous remporterons
ensemble une nouvelle victoire, et la République, débarrassée de ses éternels adversaires,
pourra se mettre résolument à l’œuvre et vous donner enfin les réformes que vous
réclamez*
En avant donc et Vive la République I
J* CORDERQY,
Agriculteur,
Conseiller général, Maire de Millac,
Député sortant*
irc circonscription de POITIERS
M. de MOMTIOU
Élu au 1er tour de scrutin* — 8.177 voix.
Mes chers Concitoyens,
Tout entier à mes devoirs de Conseiller général, je h’aspirais pas à la candidature
législative.
J’ai cédé aux instances d’un grand nombre d’entre vous, animés des mêmes sentiments
libéraux, et tous également préoccupés de l’avenir du Pays.
Je me présente à vos suffrages, soutenu de leurs sympathies, mais libre de tout
esprit de groupe, et je vous soumets, en toute indépendance, le programme qui est l’ex¬
pression sincère de ma pensée.
C’est un programme loyalement républicain*
Je suis convaincu que, dans l’état de nos mœurs et de nos idées démocratiques, la Ré¬
publique est le seul gouvernement qui puisse subsister* Je crois que, par leur entente, les
bons citoyens doivent la préserver de la politique jacobine comme des théories décevantes
et des dangers du socialisme*
Le Ministère actuel a lait une œuvre détestable et néfaste,
ü a violé toutes les libertés, ne respectant pas plus l’inviolabilité de la conscience que
celle du domicile, surveillant les fonctionnaires jusque dans l’intimité de la famille, pour¬
suivant de son intolérahcê la misère elle-même.
il n’a point épargné l’armée : ü a soumis les chefs au régime de la délation et du bon
plaisir, tandis que ses partisans les plus déclarés excitaient le soldat à la haine des insti¬
tutions militaires et au mépris du drapeau*
En introduisant les collectivistes au pouvoir, il leur a livré la liberté du travail et le
principe même de la propriété individuelle* Il a donné le spectacle nouveau d’un ministre
se flattant de travailler avec métbodcjau renversement dejl’ordre social.
fl* 4162
— 973 —
Les intérêts du commerce, de Findustrie, de l'agriculture se trouvent gravement com¬
promis.
Le déficit s'élève, pour 1904, a Bhh millions.
De cette politique et de toute autre qui lui ressemblerait, je suis Fadversaire déter¬
miné.
Électeurs,
Je ne vous ferai pas de vaines promesses. Voici, très simplement, les principes dont
je m'inspirerai, si vous me faites F honneur de m'élire :
La liberté pour tous les citoyens, quelles que soient leurs croyances ou leurs doctrines
philosophiques. La liberté sous toutes ses formes : liberté politique, liberté religieuse,
liberté d’association, liberté d'enseignement, liberté du travail.
En matière fiscale, égalité réelle devant l’impôt, chacun supportant, dans les dépenses
publiques, une part proportionnée à sa situation et à ses ressources.
Progrès social, par l'entente raisonnée du capital et dn travail, par la création de
grandes mutualités, indépendantes de FÉtat, mais contrôlées et subventionnées par lui.
Au point de vue financier, équilibre rigoureux du budget, profondes économies
par une sage décentralisation tendant au développement de la vie communale et dépar¬
tementale.
Sans de bonnes linances, pas de réformes possibles.
Moins de lois politiques, beaucoup plus de séances consacrées aux questions agricoles,
industrielles, commerciales, ouvrières.
Réduire progressivement la durée du service militaire, en le rendant égal pour tous et
eu assurant, par des engagements et rengagements, le maintien indispensable des effectifs
et le recrutement des cadres.
Ancien officier, j'aime l'armée. Je m'opposerai à tout ce qui pourrait l'affaiblir ou la di¬
viser; je combattrai tous ceux, quels qu'ils soient, qui voudraient introduire la politique
dans ses rangs ou la laisseraient sans défense contre les entreprises des égarés. Repré¬
sentant la Patrie, elle doit être respectée de tous. La maintenir forte, c'est garantir F ordre
à Tintérieur et au dehors, la paix.
Mes chers Concitoyens,
La France demande que la prochaine Chambre lui rende la confiance, le calme, l'union
dans la liberté ; qu'elle fasse, suivant l’expression du chef des progressistes, œuvre de con¬
ciliation et d'apaisement.
Investi de votre mandat, je collaborerais à cette œuvre avec tout mon dévouement et
l’unique ambition de servir de mon mieux vos intérêts et le Pays.
Vive la France l
Vive la République 1
Vive la Liberté I
Edgard de MOINTJOU,
Maire de Marçay,
Conseiller général de la Vienne.
2e circonscription de POITIERS
M. PÉRET
Élu au T tour de scrutin, — 9.772 voix.
Mes chers Concitoyens,
Vous êtes appelés, Je 27 avril prochain, à ch iislf votre représentant à la Chambre des
Députés, et votre vote aura une influence décisive sur iés destinées de la République,
Il s’agît de savoir, en effet, si nous allons arriver à constituer un grand parti homo¬
gène, composé de démocrates sincères, débarrassé des parasites qui se sont trop longtemps
servis de la République au lieu de la Servir, assez fort pour résister aux adversaires de
toutes nuances et pour travailler à faire aboutir les réfor mes utiles et pratiques dont la réa¬
lisation complète ne peut s'achever que dans le calme et la paix* Ce résultat sera atteint le
jour où les vrais républicains sauront s’unir contre leurs ennemis, et, si cette union se pro¬
duit loyale et désintéressée, j’ai la conviction profonde quhls remporteront, dans la France
entière, une éclatante "victoire*
Ma candidature d’action et de défense républicaines est celle d’un enfant du pays, issu
d’une J’a mil ie connue pour son attachement à là République \ mon programme, celui d’un ardent
républicain décidé à chercher la solution des problèmes sociaux danis une marche constante
vers cet idéal de justice et d’égalité qui est le but de notre démocratie, mats opposé à toutes
les expériences stériles et aux utopies qui, malgré leur aspect parfois séduisant, sont la
négation même du progrès.
J’estime que nous ne saurions trop nous mettre en garde contre les réactionnaires dé¬
guisés sous le masque nationaliste, dont les agissements ont pour unique résultat d’entretenir
dans la nation une agitation dangereuse et des divisions qui se font sentir jusque dans les
rangs de notre armée, qu’on cherche à détourner de ses devoirs envers le gouvernement
légal du pays.
Le cléricalisme m’apparaît comme un péril sans cesse renaissant, que les républicains
devront conjurer e i réclamant l’application rigoureuse de la loi sur Ses associations, volée
Pan dernier grâce aux efforts courageux et persévérants de Pémineot Président du Conseil
des ministres, M. vfaldeck- Rousseau*
Je considère que la liberté de conscience ne peut être complète sans la séparation des
Églises et de l’État, et je regarde le Concordat comme uo régime suranné qui, eût plaçant le
clergé sous la dépendance de deux pouvoirs rivaux peu faits pour tfeû tendre, lui permet de
se dire opprimé* alors qu’il ne renferme cependant aucune garantie Sérieuse vis-à-vis du
fonctionnaire religieux, quand celui -se mêle aux luttes des partis et se livre à des ataques
contre le gouvernement.
Le droit d’enseignement ne doit appartenir qu’à PÉtat, la plupart de ceux auxquels un
législateur imprévoyant Pavait accordé s’ea étant fait une arme pour combattre nos institu¬
tions, prêcher la haine de la société républicaine et étouffer, chez les jeunes gens qu’on
leur confie, toutes les idées de liberté et d’égalité.
Il est nécessaire de transformer notre système d’impôis et, pour faire cesser les inéga¬
lités des charges fiscales, de remplacer la cote personneUe-mobiîière et la contribution des
pertes et fenêtres par un impôt sur le revenu* Mais je ne crois pas réalisable le principe
d’un impôt personnel, global et progressif, dont ou a montré les dangers et les difficultés
d’application \ l’impôt sur ie revenu, tel que je le conçois, serait établi d'après les signes
N° 1162
- m -
extérieure! de la richesse et épargnerait les revenus du travail, pour frapper le capital acquis,
avec un dégrèvement complet pour les revenus inférieurs à deux mille francs et un dégrè¬
vement partiel en faveur des contribuables chargés de famille.
le suis également partisan de la réduction à deux années du service militaire, égal
pour tous, en maintenant seulement les dispenses pour les soutiens de famille, de la sup¬
pression des treize jours, de la diminution des frais de justice, de la réduction des tarifs de
transport, de l’organisation de caisses de retraites pour les travailleurs des villes et des
campagnes, de la suppression des prestations, et de toutes les mesures qui auront pour
effet de protéger et de développer la petite propriété rurale, Jo réclamerai surtout des éco¬
nomies budgétaires, qui sont encore le moyen le plus sur d’alléger les charges pesant sur
les contribuables.
Mes chers Concitoyens,
Je ne veux pas faire briller à y os yeux de fallacieuses promesses. Si vous m’accordez
vos suffrages, je m’efforcerai de mériter votre confiance ; mes convictions politiques sont
inébranlables et vous pouvez être assurés que3 dans tous mes actes, je m'inspirerai de Tin-
térôt supérieur de la République.
|j
— 976 —
VIENNE (HAUTE-)
Circonscription de BELL AG
M. VACHERIE
Elu au l6r tour de scrutin. — 11.131 voix.
Mes chers Concitoyens,
Il y a quatre ans, vous m’avez témoigné, en m’accordant 8. !|Û0 suffrages, une confiance
dont j’espère être resté toujours digne. Si le résultat de l’élection, faite an milieu des pas¬
sions déchaînées contre la République n’a pas assuré le triomphe de la démocratie, il n’en
a pas moins créé entre nous des liens durables d’estime et de sympathie.
Aujourd’hui, désigné comme candidat à l’élection législative du 27 avril par le comité
républicain de l’arrondissement, composé de tous les Maires, Conseillers généraux et Con¬
seillers d’arrondissement républicains, je viens solliciter vos suffrages.
La consultation du 27 avril est grave, elle décidera des destinées du pays qui n’hésitera
pas à mettre un terme aux entreprises et aux agissements factieux de cette nouvelle coali¬
tion de tous les ennemis de la République et h rejeter les intrigues audacieuses des natio¬
nalistes, royalistes, cléricaux ou césarîens, pour marcher résolument dans une voie de
progrès et de réformes.
Vous aurez à vous prononcer pour la République, la liberté et la démocratie contre le
cléricalisme et la réaction. Ne vous laissez pas séduire par ceux qui, jusque-là, n’ont eu
pour guide que leur haine perfide et déguisée de nos institutions démocratiques.
Aujourd’hui, plus que jamais, il faut de la franchise et de la sincérité.
Vous savez qui je suis; vous me connaissez assez pour savoir que je n’ai jamais failli à
mon passé politique, et que je ne vous ferai jamais de promesses que je ne puisse tenir. Je
ne suis pas de ceux qui changent et qui tournent.
Nous devons opposer à la politique de résistance et de recul, une politique loyale qui
sache résoudre, sans violence comme sans faiblesse, les réformes sociales que nous de¬
mandent la justice et le devoir de solidarité.
Nous voulons un gouvernement clairvoyant et résolu qui, s’appuyant sur une majorité
essentiellement réformatrice, fasse respecter le principe et les lois fondamentales de la
République et fasse aboutir les grandes réformes qui s’imposent :
Remanier notre système fiscal ; organiser l’impôt général sur le revenu, pour remplacer
des contributions injustes et mal établies, appelant chaque citoyen à contribuer aux charges
publiques suivant ses facultés.
Assurer aux vieillards et aux invalides du travail, par la création décaissés de retraites,
les ressources indispensables à leur existence.
Réduire à deux ans le temps de service dans l’armée active, avec la plus stricte égalité,
afin de constituer une armée solide pour la défense nationale, en allégeant les charges des
familles.
N° H'i>2
— 977 —
Créer ou développer les institutions de mutualité, de prévoyance ou d’assistance, en
(«misant le groupement des forces et des volontés, ou en stimulant des initiatives mdm-
diielles, toutes mesures qui ont pour aboutissant ultime de garantir à chacun t existence
libre et honorée par le travail. , ,, , ,
\vec le respect absolu dés droits de la conscience, l’Etat n’a pas qualité pour s'occupe
d’affaires religieuses. Sa neutralité est la condition de la liberté de tous. La séparation des
Églises et de l’État, l’abrogation de la loi d’enseignement de 1850, due loi Failoux, sont des
masures qui s’imposent* „ . T *
La réforme de notre système d’impôts, le dégrèvement de l'impôt foncier, la diffusion
de l’enseignement agricole, le crédit agricole véritablement constitué, la diminution des
L de transport pour les produits agricoles et les engrais, constituent une protection
dlficace pour notre agriculture, qui est la principale source de notre richesse et qui lut e
Démêlement dans les dures conditions économiques qui lui sont faites.
J’apporterai au Parlement la sollicitude active dont j’ai toujours fait preuve au Conseil
Générai pour les intérêts de notre arrondissement, au premier rang desquels je mets la
construction des chemins de fer du Dorât à Magnac-Laval, et de Confolens a Bellac.
Mes chers Concitoyens,
La République a entrepris une noble tâche, c’est l’émancipation légale, pacifique et
cûiüpiètG de la démocratie. „ * t
Pour la réaliser, nous faisons appel à l’ union de tous les démocrates smceres, de tous
les hommes qui veulent des réformes et des solutions pratiques, qui veulent assurer 1 eta¬
blissement définitif de la justice et de la liberté. ,
J’ai pleine confiance dans le triomphe définitif de notre cause et je compte sur le boi
sens populaire, qui saura écarter des hommes qui se disent républicains en s’entourant de
tous les ennemis de la démocratie et de la République !
Vive la République 1
Dr Henri VACHERIE,
Candidat républicain radical,
Maire de Rançon,
Président du Conseil . général.
1™ circonscription de LIMOGES
M. LARUSSIÈRE
Élu au lec tour de scrutin. — 12.958 voix.
Citoyens,
Je viens encore une fois solliciter vos suffrages. , . ,
Il me suffirait de me recommander de mon dévouement absolu a la démocratie, de
mou inaltérable attachement à la République pour être assôre que votre confiance ne me
fera MaL^cesTitres ne sauraient suffire aujourd’hui à ceux qui aspirent à l’honneur de
représenter le peuple, dont les libertés sont de plus en plus menacées.
123
— 978 —
Les vieux partis n'ont pas encore désarmé ; ils s’apprêtent, sous le couvert d’un patrio¬
tisme de tréteaux, à livrer une furieuse bataille aux amis du progrès eL de la liberté.
Il faut, une fois pour loutes^baltre et disperser, sinon écraser, ces irréductibles ennemis
du progrès social et de T es prit humain.
Il faut des hommes résolus à défendre envers et contre tous les principes républicains
les lois laïques, les réformes si péniblement arrachées aux dirigeants.
Citoyens,
Depuis bientôt oeuf années que J’ai Phonfteur de vous représenter à la Chambre, vous
avez pu apprécier mon attitude, juger mes actes.
Comme par le passé, je me dévouerai à la chose publique, je défendrai vos intérêts et
tous nies ellorts tendront à faire aboutir les reformes inscrites dans le programme socia¬
liste.
Citoyens,
L’heure est grave. Le scrutin du 27 avril marquera dans notre histoire la date d'un des
plus rudes combats livrés par les réactions coalisées au grand parti républicain.
Il faut vaincre et en finir avec ceux qui arrêtent tout progrès.
Pas de défaillances] Pas d’abstentions!
La force de vos mandataires sera d’autant plus grande que le nombre de ceux au nom
desquels ils parleront sera plus imposant.
Vive la République démocratique et sociale I
Emile LÀBUSSIÈRE,
Député sortant. Conseiller général,
Maire de Limoges.
24î circonscription de LIMOGES
M. TOÜRGNOL
Elu au lor tour de scrutin. — 12.016 voix.
Électeurs,
La République est en danger ; les épaves de tons les régimes déchus, les monarchistes,
les bonapartistes, les méimistes, les nationalistes, les congréganistes et les cléricaux ne
forment qu’un bloc pour donner un dernier assaut à la République.
La Ligue des Patriotes et Jes cinq autres ligues réactionnaires, les Jésuites et les
Assomption ms tes, les grandes dames de Paris et de la province ont ouvert tout ^rands
leurs colïres-forts pour en faire sortir le nerf de la guerre; etec sont des centaines de mille
franco qu iis distribuent à chacun de leurs candidats, pour essayer d’acheter les électeur
peur payer la presse, afin de bien lui faire traîner dans la boue les candidats républicains
et de soudoyer le plus de sous-candidats possible.
Suis réussissaient dans leur néfaste entreprise, c’en serait fait de nos libertés si chè¬
rement acquises, c’en serait fait de nos admirables lois scolaires et militaires, ç’eu serait
— 979 — N* H 62
I fait de la Caisse de retraites des vieillards et des invalides du travail, dont le principe vient
' d'être voté.
Vous n’auriez pas l’impôt global et progressif sur le revenu, destiné à dégrever la pro-
l|riétéj le petit commerce et le travailleur, si lourdement grevés ; vous n'auriez pas les
[ réformes judiciaires ; vous ne verriez pas la suppression des congrégations d’hommes et de
f femmes, si prés pourtant d’être réalisée.
Vous ne verriez pas la séparation de l’Eglise et de l’État,
C’en serait fait de la réduction du service militaire à 2 ans, ainsi que de la suppres¬
sion des 28 jo»r s et des 13 jours.
Électeurs,
Si vous votez pour 3e candidat de la réaction et des curés, pour M* Demartial, vous prô-
S parerez la marche en arrière. Si vous votez pour moi, vous voterez pour la marche en
[ avant, pour la réalisation du programme humanitaire basé sur le sentiment de la justice,
| respectueux de la propriété d’autrui, mais exigeant que le riche paye un impôt proportion¬
nel à sa fortune, et que le petit paye point ou peu.
Électeurs,
Vous méconnaissez, vous savez ce que j’ai fait pour la démocratie, pour le départe-
| ment, pour les communes de ma circonscription et pour vos intérêts personnels.
Mon passé vous répond de l’avenir*
Si vous rae conservez votre confiance, si je suis encore votre député, je vous donne
I l’assurance que je défendrai vos intérêts avec toute l’énergie que vous me connaissez, que
je lutterai avec courage contre les empiètements du cléricalisme, du capitalisme et de la
S ploutocratie; qu’en un mot, je défendrai le programme démocratique que vous avez
[ acclamé dans mes diverses réunions*
A sa réalisation, je consacrerai, dans la plénitude de mon indépendance, toute ma vi-
? ^ueur, toute mon intelligence, tonte mon opiniâtre ténacité*
Vous me trouverez ardent à la lutte, toujours sur la brèche, comme au 16 Mai, comme
à l’époque du boulangisme, ne craignant ni les coups, ni la venimeuse morsure de la
!.' calomnie.
Citoyens, aux urnes, pour conserver les conquêtes de la République et faire triompher
le droit, la justice et le progrès social.
Vive la République démocratique î
I. TOÜRGNOL,
Député Radical socialiste.
Conseiller général. Maire de Saint-Léonard,
Officier de l’Instruction publique,
Principal honoraire*
N. B. — Je préviens mes amis que les manœuvres de mes adversaires ne sauraient
m'émouvoir* Elles ne me feront pas déroger aux règles de la courtoisie, auxquelles je me
j suis toujours loyalement conformé* Qu’ils n’attendent pas de moi des placards ou des para-
i filets de la dernière heure* Je repousse ces procédés commeétant indignes d’un républicain
et d'an honnête homme.
Quant à ce que mes adversaires peuvent faire ou dire à mon encontre* je n'ai pas à y
prendre garde. Ma vie et celle des miens sont a l'abri de tonte snspïsckm, dans le passé
comme dans îe présent. Mes opinions politiques n'ont jamais varié et mes convictions sont
inébranlables*
Que les vipères essaient de mordre maintenant. Je laisse au bon sens et à la loyauté
J du suffrage universel le soin de leur briser les dents*
Circonscription de ROCHE G HOU ART
M. GODET
Elu au lor tour de scrutin. — 8 . 073 voix.
Mes cli ers Concitoyens,
En 1898, vous m'avez fait l’honneur ne m’envoyer siéger à la Chambre, en m’accordant
8.3£i7 suffrages et 4.30 ù voix de majorité.
Je me suis efforcé de rester digne de votre confiance, et je viens vous demander le
renouvellement de mon mandat avec le même programme.
La majorité que les électeurs de France ont envoyée siéger à la Chambre ne nous a pas
permis de réaliser ce programme dans ses points essentiels, et nous avons dû nous occuper
surtout de défendre la République, instrument nécessaire de tout progrès social, contre les
attaques des restes coalisés du cléricalisme et de la réaction.
Nous avons trouvé, pour cette œuvre, un auxiliaire puissant dans le ministère Waldeck-
Roussçau. Je Fai soutenu avec Fénergie que j’aurais mise à combattre tout cabinet s’ap¬
puyant à droite.
La loi sur les associations a marqué le principal effort de notre œuvre de défense répu¬
blicaine. En la votant, nous avons consacré le principe de la faculté, pour tous les citoyens,
de s’associer librement, et nous nous sommes réservé des armes contre les congrégations
qui, trop habiles à exploiter la religion, devenaient de redoutables puissances financières
et politiques, et nous préparaient dans l’ombre, par ^instruction donnée aux enfants, deux
F rances ennemies.
Partisans de la liberté de penser, nous respectons la liberté de croire, et nous voulons
assurer à chacun la libre pratique de sa religion; mais nous ne voulons qu’en aucun cas la
religion puisse être, pour un parti politique, une arme de combat.
Louvre de défense n'a pas absorbé tous nos soins, et nous avons voté quelques lois
utiles : la loi sur les successions dont le tarif s’accroît en raison de l'éloignement de la
parenté et do chiffre de la fortune, sans que ces droits puissent désormais frapper les
dettes; une reforme du régime hypothécaire, une révision des tarifs de procédure qui per¬
mettra aux moins favorisés de la fortune de défendre leurs droits sans continuer de s'appau¬
vrir. Nous avons supprimé presque totalement les droits sur le vin et la bière, ainsi que la
taxe militaire, et pris des mesures contre l'alcoolisme qui menace la raison et la santé
humaines. Enfin nous avons créé Tannée coloniale, afin que vos fils ne soient plus arrachés
au sol de la France pour être envoyés aux colonies.
La réduction du service militaire à deux ans, dont j’aî été Tuo des promoteurs, votée
en principe par la Chambre, sera certainement votée par le Sénat et bientôt appliquée, ca
attendant l'époque, qu’il faut souhaiter rapprochée, où une nouvelle réduction du sàrvice
militaire pourra être faite sans danger pour la sécurité de la Patrie.,
Je n'avais pas promis, en 1898, la suppression des vingt-huit jours et des treize jours.
Je ne Tai pas votée pour deux raisons. Il importait d’abord de ne pas affaiblir l'alliance
franco-russe; ensuite, c’est au moment où sera refaite la lot militaire qu’il convient d'édicter
des mesures nouvelle*. Porter atteinte ù la puissance de notre armée ce serait nous exposer
ii subir le joug de l'Allemagne, qui nous imposerait un service militaire bien plus dur que
notre chère et belle France.
Aujourd’hui l'alliance franco-russe est plus solide que jamais, et nos relations avec
_ 981 — N° 1162
l’italie sont devenues meilleures. Je voterai la suppression des vingt-huit jours et des treize
jours en môme temps que la loi nouvelle.
Notre œuvre ne doit pas être seulement politique, elle doit être sociale .
Dans cet ordre d'idées, nous avons voté la loi sur les conditions du travail dans les
ateliers et manufactures, celles sur la santé publique, sur la réduction progressive à huit
heures de la journée de travail dans les mines, et sur le repos hebdomadaire, marquant
ainsi notre volonté de préparer, par des progrès pacifiques, un nouvel avenir.
Le principe des retraites ouvrières est adopté. La loi mise en discussion ne comprenait
pas les colons et métayers, mais j'avais demandé, par un amendement, qu’elle s’appliquât
â tous les travailleurs, aussi bien delà terre que de l’usine et de l’atelier. Cette loi serait
déjà votée sans les réclamations auxquelles elle a donné lieu concernant les retenues sur les
salaires. Soumise à une nouvelle étude, elle aboutira dans la législature qui va s’ouvrir, et
bientôt tout travailleur aura la certitude de ne pas mourir de faim sur ses vieux jours, car
il recevra une pension de l’État.
U fa ut y ajouter : 1° l’organisation d’un fonds de secours contre la maladie, les accidents,
l’invalidité et le chômage, pour les travailleurs de tout ordre ; 2° l’organisation d’un fonds
d'assurances contre la destruction des récoltes et la perte des animaux soit par accidente,
soit par maladies.
Ces créations exigeront des sommes considérables, qu’on ne peut demander à l’impôt.
L’État se les procurera en exploitant lui-même certaines industries telles que les chemins
de fer, la raffinerie des sucres, des pétroles et de l’alcool.
L’insuffisance des lois sur le crédit agricole laisse l’agriculieur désarmé vis-à-vis des
spéculateurs et le place dans la nécessité de contribuer lui-même à rabaissement des cours,
en offrant sa marchandise, lorsqu’il a besoin d’argent, alors qu’à l’aide du crédit il pourrait
attendre le moment propice à la vente. N’ayant pu faire adopter par le Parlement les me¬
sures propres à modifier celte situation, j’ai tenté, avec le concours de M.Teisserenc deBort
et d’au ires hommes compétents, de créer, par l’initiative privée, la Banque centrale agricole
qui devait jouer, dans le crédit agricole, le même rôle que la Banque de France dans le
crédit industriel et commercial. Mes fonctions y étaient graduites. Nous nous sommes
heurtés au mauvais vouloir des puissances financières qui, non contentes de faire
échouer notre œuvre, nous ont attaqués dans la presse. Fai méprisé ces attaques calom¬
nieuses, comme vous les méprisez vous-mêmes. Elles ne me rebutent pas. Je proposerai à la
prochaine Chambre la création d’une Banque centrale agricole, sans laquelle le crédit n’a ni
unité ni puissance.
Mes chers Concitoyens,
Je me résume, et voici le programme que je soumets à votre appréciation. Je n’ai, pas
la prétention d’énumérer toutes les réformés. Je cite celles qui peuvent être accomplies
dans la prochaine législature.
Impôt progressif sur le revenu, avec larges dégrèvements à la base, destiné à remplacer
peu à peu les quatre contributions directes (impôt personnel-mobilier, des portes et
fenêtres, de la propriété bâtie et non bâtie), les patentes et les prestations.
Faculté pour l’État de se procurer, parla création de certains monopoles, tels que ceux
des chemins de fer, de la raffinerie des sucres, des péiroles et de l’alcool, les ressources
qui lui sont nécessaires, au lieu de les demander à l’impôt.
Réduction du service militaire à deux ans par la suppression des dispenses. Suppression
des vingt-huit jours et des treize jours.
Constitution par l’État d’un fonds de secours pour tous les travailleurs de l’agriculture,
du commerce et de Fmdu&trie, contre les risques de maladie, d’invalidité, d’accidents, de
vieillesse et de chômage.
Organisation de ce fonds de secours sans prélèvement sur les salaires, et subsidiaire¬
ment limitation du prélèvement opéré sur les salaires au tiers de la contribution totale, les
deux autres tiers devant être fournis par l'État et les employeur
Organisation par l'État d'un fonds d’assurances contre 3a destruction des récoltes et la
perte des animaux, soit par accidents, soit par maladies*
Création de Syndicats agricoles. (La loi de 18 84 donne aux ouvriers de la terre,
colons et métayers, îe droit de s'associer pour défendre leurs intérêts, comme tes ouvriers
des villes.)
Création par l'État d’une Banque eentrale'agricole devant consentir aux petits cultiva¬
teurs des prêts à long terme et à taux réduit.
Gratuité de V enseignement professionnel, secondaire et supérieur par l'augmentation
des bourses, dès que l'État se sera procuré les ressources nécessaires.
Émancipation des consciences par l'éducation et la morale, de manière à préparer, en
créant des hommes libres, la véritable séparation des Églises et de l’État.
Maintien des tarifs de douane qui protègent l'agriculture contre l'envahissement des
animaux étrangers, donnent la stabilité aux cours de nos foires limousines et permettent au
travail national de lutter contre la concurrence des pays rivaux.
Diminution des gros traitements. Emploi des économies, ainsi réalisées, h l’augmen¬
tation des traitements des petits employés de l’État.
adjudication des bureaux de tabac.
Secret du vote assuré par le vote sous envelope, toutes les enveloppes étant pareilles
et fournies par l’État.
Suppression du permis de cbasse et subsidiairement création du permis temporaire à
0,25 ou 0,50 centimes.
Augmentation de la compétence des juges de paix, de manière à placer la justice mieux
à portée du contribuable et à diminuer léserais.
Électeurs,
Les anciens partis, malgré leurs défaites, se ruent à l'assaut de notre République. Ne
pouvant plus vaincre en montrant leurs drapaux, ils les cachent sous le masque nationaliste
ou républicain*
Vous ne vous laisserez pas tromper par cette ruse* Vous arracherez le masque derrière
lequel s'abrite la réaction.
Ils poussent plus loin l'audace et veulent vous acheter.
Vous repousserez cette suprême injure.
Le Peuple ne se vend pas.
Je me présente à vous, fier de porter toujours le même drapeau, non pas les poches
pleines d’or, mais fort de mon passé, pour défendre et faire triompher vos droits. Vingt et
un ans de luttes m'ont appauvri, mais n'ont point abattu mon courage.
Sans doute, je n'ai pu contenter tout le monde. Ceux-là seuls qui n’ont rien fait sont
exempts de critique. Mais j'ai mis au service de la République ma fortune et mon travail
avec toute l'ardeur d’une foi qui reste inaltérable, pour préparer à ceux qui travaillent et
qui souffrent un avenir meilleur,
A vous, mes amis, de seconder mes efforts. Entrez hardiment dans la lutte.
En avant!
Sus à la réaction !
En avant!
Pour le Peuple et pour la Justice î
Jean GODET,
Député sortant.
Membre des Commissions du Travail et des Réformes fiscales*
Membre du Conseil supérieur de l'agriculture.
— 983 —
N“ H62
Circonscription de SAINT-YRIEIX
M. ROUTARD
Élu au 1er tour de scrutin. — 9.065 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le 27 avril prochain, vous êtes appelés à élire votre Représentant à la Chambre des
Députés*
le viens de nouveau solliciter vos suffrages.
Qui je suis, ce que je veux, vous Je savez. J’ai déjà dit, lorsque au mois de mai 1898,
nous avons ensemble làis en déroute ies ennemis d’une vraie République.
Dès le lendemain de la lutte, il m’a paru que, pour éviter de tomber dans les excès de
mes adversaires, je devais renoncer aux haines et aux représailles dont ils étaient coutu¬
miers; aussi sans m attarder à faire de la politique locale qui n’aurait pu qu’accentuer des
querelles encore mal éteintes, je me suis attaché à voter les réformes démocratiques.
Convaincu que le Député doit être en relation constante avec ses électeurs, j’ai volé
contre le mandat de six ans.
Fidèle à mes promesses, j’ai voté toutes les lois dont le but êtaitt d’alléger les charges
des moins fortunés, d’assurer des secours aux ouvriers victimes d’accidents survenus pen¬
dant leur travail, de protéger les intérêts agricoles, sans porter atteinte à une libre et utile
concurrence.
Et quand, au cours de cette législature, une coalition de tous les ennemis de nos insti¬
tutions démocratiques a tenté de les renverser, j’ai résolument soutenu le Ministère de
défense républicaine et, grâce a 1 énergie dont il a fait preuve, tout danger est aujourd’hui
CMijuré.
Sans doute toutes les réformes désirables ne sont pas encore réalisées, mais on ne
saurait sans danger aborder et résoudre en même temps tous les problèmes sociaux. Il
serait téméraire de modifier tout d’un coup et de fond en comble la vie économique d’une
nation.
Les impatients qui réclament à la fois toutes les réformes et vous les promettent à
brève échéance seraient impuissants à faire honneur à leur parole si, demain, ils déte¬
naient le pouvoir. Mettre à l’ordre du jour toutes les lois qui, à leur avis, sont nécessaires,
aurait pour résultat de n'en faire aboutir aucune.
J’estime cependant que la prochaine législature devra créer une Caisse de retraite pour
la vieillesse sans porter atteinte au salaire des travailleurs.
U suflira, pour se procurer les ressources nécessaires, de voter un projet de loi sur le
revenu, retardé jusqu’à ce jour par d’autres préoccupations ; non pour rechercher par des
lois inquisitoriales la fortune de chaque citoyen, mais pour obliger tous (es contribuables à
soumettre à l’impôt tous leurs capitaux. N’est-il pas, en effet, inique de voir les petits pro¬
priétaires seuls assujettis à une lourde taxe, alors que les capitalistes ne payent rien, ou
presque rien, au Trésor ?
Par voie de conséquence, il sera facile de dégrever la propriété foncière et de créer des
Banques agricoles qui, prêtant sans frais et à un taux modique aux cultivateurs, leur per¬
mettront tl’améliorer leurs héritages et d’en augmenter le rendement.
Dans le même oïdie d idées, je soutiendrai de tout mon pouvoir toute mesure avant
pour but de favoriser la création de syndicats et de comices agricoles et d’en assurer la
prospérité.
— m —
Le service de deux ans, égal pour tous, et dont je suis le partisan déterminé, en assu¬
rant aux fils des habitants des campagnes et des ouvriers un prompt retour dans leurs
foyers, aussi bien que la suppression complète des 28 et des 13 jours, faciliteront dans une
large mesure le travail rural et industriel.
Et notre armée ne verra diminuer ni sa force ni sa valeur, si, comme j’en suis sûr, tous
nos jeunes gens, dès leur présence au corps, tiennent à honneur d’apprendre rapidement
leur service sous la direction de chefs qui savent aujourd’hui qu’ils doivent commander à
tous avec une égale bienveillance.
La taxe militaire devra être supprimée.
Je m’associerai également à toute mesure qui aura pour but de diminuer les frais de
justice, surtout dans les petits procès, où souvent les dépenses sont de beaucoup supérieures
à Fintêrêt du litige.
Respectueux de la liberté de conscience, je pense quril y aura lieu de rechercher les
moyens de sauvegarder les croyances des uns et l’indépendance des autres.
Est-il besoin de vous dire que je serai personnellement à votre disposition chaque fois
que yous aurez besoin de mon concours pour faire accueillir une équitable réclamation,
que, né à Saînt-Yrieix, y revenant souvent, je serai, comme par le passé, tout heureux de
soutenir partout et toujours les intérêts de mon arrondissement?
Citoyens,
Vous m’avez une première fois donné une trop haute marque de confiance poui que je
puisse l’oublier jamais. Vous me la continuerez en m’élisant le 27 avril, si, comme je 1 espère,
vous m’en jugez toujours digne.
Vive la République 1
Docteur J. BOUTARD,
Député sortant.
f-
985 —
N° H 62
VOSGES
lre circonscription d’ËPINAL
M. Camille KRÀMTZ
Élu au 1er tour de scrutin. — 8.728 voix.
Mes chers Concitoyens,
Après trois élections successives et onze années de vie publique, si je me présente une
fois de plus à vos suffrages, c’est que l’heure est grave pour la République, pour la patrie et
pour la liberté.
La République, personne, pour ainsi dire, n’en conteste plus ouvertement le principe ;
mais deux périls la menacent : la Révolution sociale et la dictature.
La patrie : sa puissance financière ne peut résister longtemps à l’exagération des dé¬
penses publiques et aux diminutions de recettes, résultant de réformes fiscales mal
étudiées; sa puissance défensive est ébranlée par les multiples et perfides attaques
dont l’armée nationale et notre organisation militaire ont pu être impunément l’objet.
La liberté enfin : contre elle se dressent tout à la fois l’esprit rétrograde des jacobins
modernes et l’esprit révolutionnaire des apôtres de la tyrannie collectiviste.
Mes chers Concitoyens,
Fidèle aux idées d'ordre républicain et de progrès démocratique que j’ai, à maintes
reprises, développées devant vous, je crois avoir loyalement tenu tous mes engagements.
Au pouvoir pendant quelques mois, dans l’opposition ensuite, au cours de trois années
de lutte sans trêve contre le cabinet Waldeck-Rousseau-Millerand.par ma parole et par mes
votes, j’ai constamment défendu la même politique. Je n’en soutiendrai pas une autre à
l’avenir.
Eu me donnant encore une fois la majorité, vous direz que vous voulez avec moi :
Le respect absolu de toutes nos libertés, de nos libertés politiques comme de la liberté
de conscience, de la liberté d’enseignement et de la liberté du travail, sans oublier la
libellé, pour le cultivateur, de transformer a son gré le pioduit de sa récolt1.
L’alliance de plus en plus féconde du capital et du travail, le développement, par la mu¬
tualité, des œuvres de solidarité sociale et, parmi elles, avant tout, la réalisation trop
longtemps ajournée des retraites promises aux travailleurs.
Vous direz que vous voulez i plus de justice fiscale et une meilleure répartition des
impôts: que, dans nos budgets, les dépenses, réduites au strict nécessaire, n’excèdent plus
les recettes prévues, et, pour atteindre ce but, vous exigerez de vos élus le sacrifice de leur
droit d’initiative en matière de crédits, pour qu ils cessent enfin de prodiguei, en de va, mes
générosités électorales, une part toujours trop large du produit de l’impôt.
Vous direz enfin que, soucieux avant tout de la sécurité et de la dignité de la patrie,
vous voulez une armée nationale forte et disciplinée, dont la puissance ne soit pas compio-
m
/\
mise par une réduction de la durée du service, consentie sans qu’au préalable des
mesures efficaces aient été prises pour assurer le maintien des effectifs et le recrutement
des cadres*
Mes chers Concitoyens,
Je suis aujourd’hui ce que j’étais il y a onze ans : républicain de cœur et de raison, je
persiste à penser que l’union de tous les bons citoyens est plus que jamais nécessaire,
et je reste convaincu que, pour défendre sûrement la République, la vraie méthode c'est,
non pas de la vouloir exclusive et sectaire, mais de la faire aimer, en ne la séparant jamais
de la patrie et de la liberté 1
Vive la République 1
Camille KRÀNTZ, Député sortant,
Candidat républicain.
2Û circonscription d’ÉFJNAL
M, ifenry BOUCHER
Élu au £?r tour de acrutia. B - 291 voix.
Messieurs les Édeclgqrs,
Le troisième mandat législatif que je tiens de vos votes presque unanimes va expirer,
et je viens, sur l'invitation de quatre-vingts maires on représentants des communes de la
2e circonscription d’Epinal, vous en demander le renouvellement*
Parmi les signataires des adresses qui m’ont été remises, je retrouve tous mes anciens
compagnons des luttes républicaines, auxquels les suffrages de leurs concitoyens ont con¬
servé leurs fonctions; je retrouve, toujours prêts à servir ay.eç moi la République patriote,
libérale et progressiste, rnes^ncieps correspondants des comité anttiplébiscitaires de L86Q,
les délégués républicains de 1876, tous qeqx finün dont le vo,te et la confiance m’ont le plus
honoré depuis 28 ans.
Je les remercie de ce témoignage de ma fidélité aux principes qui* en dépit des clameurs
d’une minorité aveugle ou abusée, restent, j'en suis sur, ceux de la grande masse des élec¬
teurs vosgiens.
À côté de ces noms qui me restent particulier ejmçnt chers, je lis avec une égale recon¬
naissance ceux d'hommes honorables qUG leurs doctrines e£ leurs souvenirs éloignent encore
trop, à mon gré, de la cause que je sers.
Dans leurs sympathies, respectueuses de iRon ïadépç&dance politique, je veux voir un
gage des progrès nouveaux que doit faire dans notre pays Ridée républicaine ; je les inter¬
prète comme une attestation précieuse de la façon dont j’ai compris le mandat de concilia¬
tion, de tolérance, d’égaf respect des droits de tous^ que vous m’avez confié, et dont j’ai
te, u jours inscrit le principe en tête de mes programma -
Messieurs les Électeurs, c’est encore et toujours un mandat de pacification, sous le dra-
pecu de la République, que je sollicite de vous.
Un gouvernement que je m’honore d’avoir combattu a cherché dans la division des,
citoyens, dans la confusion des partis et dans la guerre de clauses, tour à tour un dérivatif
et un soutien pour ses néfastes entreprises.
C’est, au contraire, grâce à une trêve patriotique et par Fanion datons ceux qui con¬
fondent dans un même euhe loyal la patrie, la République et la liberté, que nous voulons
marcher vers le progrès social.
Si vous m’en confiez le mandat, je ne donnerai ma confiance qu’à un gouvernement
nettement hostile aux idées collectivistes comme aux tentatives de restauration monar¬
chique.
Fidèle aux idées fondamentales de la République, sanctionnées par ta Déclaration des
Droits de l'homme, je défendrai, contre foute atteinte, directe ou indirecte, la liberté absolue
de penser, qui comprend la liberté de croire, et, sous la garantie de là surveillance
légitime de l’État, la liberté d’enseigner à tous les degrés, et celle de s’associer sous toutes
les formes.
Je défendrai nos finances, comme notre armée, contre ■ Vintnision de la politique et t a-
Taillerai au rétablissement de l’équilibre- -budgéta îre compromis par ces enchères électorales
qui ont été la honte de la dernière législature.
Hostile à tout impôt vexatoire et inquisitorial, je m’efforcerai de répartir .également les
charges fiscales sur tous les revenus, et d’alléger celles qui pèsent sur les familles les pm£
nombreuses.
Estimant que les lois sociales doivent être des instruments de pacification et mu des
armes de combat, je préconiserai, pour leur élaboration, la méthode qui m’a permis de faire
aboutir la plus importante réforme sociale du dernier quart de siècle, .sanctionnée paria
loi sur les accidents du travail.
Dans la préparation nécessaire des institutions de .retraites’, je ni efforcerai de. les
rendre accessibles indistinctement anx travailleurs agricoles et industriels*:!^ voulant pag
que notre population soit divisée^ comme par la loi Milîerand, en* deux danses, dent Fune
resterait éternellement déshéritée.
Je chercherai à les établir sur la triple hase de la mutualité,1 du concours de 1 ^tât et de
la participation' des patrons, mais en repoussant le principe de FobligaëoD, destructii des
Libres initiatives en matière d’épargne, et de la capitalisation* qui; serait ruineuse pour m
crédit de fa France.
Garder intact le crédit national, défendre le régime économique de 48§2 contré des
attaques déjà menaçantes ; maintenir dans notre année cet esprit d’union et de dévouement,
cette forte organisation qui n’est pas incompatible' avec la réduction prudente de la durue
du service; garantir la paix, à Finicrieur, par la tolérancej J’esprit de justicô et oetîè soli^
daritê sociale ennoblie par l'esprit national, à Fevtérieur, par la prudence et la fermote ; .et
sera, je veux l'espérer, le programme de la majorité des élus du 2^ avril, sév ci émeut pré¬
venu s contré des divisions nouvelles par F état de l’opinion.
Mais fa bonne volonté des élus serait vaine, si Les méthodes du travail pariem entame.
n’étaient pas modifiées.
Je me déclare ifettement partisan de la réduction du nombre des députés, alors même
qu’elle rendrait nécessaire le rétablissement du scrutin de liste# du renouvellement y>artiel
des Chambres avec mandat de six ans, de Finterdictîon aux députés de prendre F initiative
des dépenses, leur devoir étant au contraire de les limiter.
Je désire le renforcement du pouvoir exécutif dans les limites de la ijonstitutioïi.
Messieurs les Électeurs, j’ai toujours ôté sobre de promesses; mais dans les circon¬
stances graves que traverse là France, j’ai voulu préciser le mandat que je ^oiïiejfe
de vous.
H est d* accord avec les idées que j’ai servies pendant toute ma vie ; j’y resterai fidèle
dans le calme d’une inaltérable conviction, dédaigneux dos outrages et des caiotanies dont
votre sympathie m’a déjà vengé.
Vive ia patrie 1
Vive la République!
Vive la liber#!
Henry BOUCHER, Député sortant.
Candidat républicain.
ï
\
— 988 —
Circonscription de MIRECOURT
M. Léon GAUTIER
Elu au 1er tour de scrutin. — 9.407 voix.
Mes chers Concitoyens,
Les élections prochaines empruntent à la période troublée que nous traversons une
importance exceptionnelle.
Ce n’est pas la forme du gouvernement qui est en jeu. Le débat est clos depuis long¬
temps entre la monarchie et la République, et le principe du gouvernement républicain est
hors de toute discussion.
Mais une autre question se pose devant vous, aiguë et pressante, depuis trois ans.
Quelle République voulez-vous? La République libre ou la République asservie à une
secte?
Êtes-vous avec les libéraux qui veulent l’application intégrale des principes de 89, ou
avec les jacobins modernes qui nous ramènent au césarisme?
Êtes-vous pour ou contre la liberté de conscience, pour ou contre la liberté d’associa¬
tion, la liberté de l’enseignement, la liberté du travail? Croyez-vous qu’il soit juste, quand
on accorde au peuple quelques lambeaux de ces libertés, d’y mettre aussitôt des restrictions
et des distinctions ?
Êtes-vous pour une République dépensière, pour le déficit du budget, pour les impôts
mal réparlis?
Approuvez-vous l’ingérence tyrannique de l’État dans les multiples questions concernant
l'assistance, la réglementation du travail, les mutualités, les retraites ouvrières, les syn¬
dicats professionnels, les assurances agricoles, — questions vitales dans notre démocratie,
mais où l’État ne devrait intervenir que pour seconder l’initiative des individus et stimuler
l’esprit de solidarité ?
Croyez-vous que, pour combattre les injustices et les misères sociales, il puisse exister
une arme meilleure que la liberté, mère des bonnes volontés? Ou préférez- vous qu’on sup¬
prime la propriété individuelle, les droits du citoyen, et qu’on vous pousse tous, paysans,
ouvriers, patrons, dans le bagne collectiviste?
Êtes- vous enfin pour ou contre le ministère actuel, qui a gouverné avec ses ran¬
cunes, livré l’armée aux politiciens et rapetissé la République en la limitant à une
coterie ?
A ces questions, qui n’en sont qu’une au fond, vous répondrez par votre vote du
27 avril.
En me donnant vos suffrages, vous les donnerez à la République libérale.
Mes chers Concitoyens,
Ma candidature est une candidature de bonne foi. Je l’ai posée non par ambition, mais
par devoir, pour permettre à tous les républicains libéraux d’affirmer leurs convictions par
un vote courageux.
J’ignorerai les polémiques, je dédaignerai les attaques personnelles. Les principes seuls
sont en jeu.
Je ne vous fais qu’une promesse. Si je deviens votre député, je me rendrai tous les ans
dans nos cantons pour m’entretenir avec yous des intérêts de l’arrondissement, de ceux de
la France et de la République,
Léon GAUTIER,
Conseiller générai des Vosges.
Circonscription de NEUFCHATEAU
M. le comte d’ALSÀCE, prince d’HÉNIN
Élu au 1er tour de scrutin. — 10.091 voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
Par plus de 10,300 suffrages vous m avez nommé, pour la seconde fois, il y a quatre ans
votre représentant à ïa Chambre des Députés,
Je vous avais tracé alors, à grands traits, ce qui devait être selon moi, la pensée domi¬
nante de ceux qui aspirent à être vos mandataires :
« Faire fapaisement parmi tous les citoyens en résistant aux éléments de révolution
et de désorganisation ;
w Défendre les grands principes de la démocratie moderne en assurant l’harmonie des
pouvoirs;
« Garantir toutes les libertés essentielles en réalisant, sans arrière-pensée, toutes les
réformes pratiques de nature à améliorer, autrement que par des mots sonores ou par de
vaines théories, le sort du plus grand nombre, »
Restant fidèle à mes promesses et considérant uniquement les intérêts de la patrie, je
crois avoir accompli mon devoir*
Ce que je vous disais à cette époque est encore plus exact au moment actuel.
Je veux la liberté pour tous et le respect de toutes les croyances*
Je veux la politique des économies, la décentralisation, une révision de notre système
fiscal*
Je demandé l’examen désintéressé des questions sociales dont la solution préoccupe, à
si juste titre, les esprits éclairés du monde civilisé*
Je suis de ceux qui, convaincus de la nécessité de faire aboutir les réformes, veulen t
l'application sincère et raisonnable de projets relatifs au développement de l’assistance, de
h mutualité et de la prévoyance*
La solidarité humaine le commande et la justice l’exige, aussi bien pour les travailleurs
des champs que pour les ouvriers de l’usine*
Représentant de nos sociétés agricoles, je sais combien l’agriculture souffre et combien
devra être la préoccupation primordiale des pouvoirs publics ;
C’est à son relèvement que devront tendre nos constants efforts.
Je n’ai pas à vous exposer d’autre programme ni à vous soumettre d’autre profession
de foi*
Mes idées, ma politique, ma vie, sont connues de tous; je les livre avec confiance â
ceux au milieu desquels je Yis depuis trente ans*
Vive la France 1
Vive la République l
Comte d' ALS ACE, Député sortant,
* Ancien officier.
990
C ir ô enscripticsi BîEIVlIiftB&iODî ±
M, iïÉLINÉ
Élu au î* tour de scrutin. — 9.197 voix.
' „
Mes chers Compatriotes,
Il V aura bientôt trente et un ans. j’ai essayé de vons rallier tous autour du drapeau <jff
la République que je considérais comme le seul gouvernement possible pour notre pay. le
seul capable de le relever de ses ruines, d’améliorer le sort des travailleurs et de fondre
tous les partis en lutte dims lte ghtfd parti de la France républicaine.
Cette œuvre d’union patriotique, de paix et de travail fécond, je 1 ai poursuivie sans
relâche dans le Parlement, depuis que j’ai l’honneur de vous représenter; et je l a. debii-
due quand fai été au gouvernement sans me laisser intimider par aucune violence, décou¬
rager par aucune injustice.
Je n’ai pas changé de programme et je viens voutf demander aujoulrd hui, si vous me
croyez encore digne de votre confiance, d’achever Ce que nous aVtinS commence ensemble,
de consolider et d’améliorer, au lieu delebranlér, Pédifi c que' nous avons éléVèau prix de
tânt d’efforts.
lia pour assise prmcfpdle la liberté, sMs laquelle il s'écroulerait îéfitillililemenl, la
liberté sous toutes ses formes, llr liberté- politique; la liberté religieuse, la liberté densei-
gnement, la liberté du travail. ■
O grand principe, que j’ai toujours soutenu, que j’ai défendu depuis deux ans contre e
ministère actuel, constitue le fond de là politique’ traditionnelle du parti républicain; la
prochaine Chambre n’aura qu’à le reprendre pdür rétab'ir là paix dans le pays et mettre un
terme aux lamentables dissensions qui le déchirent et l’affaiblissent.
La tâche de la législature qui va s’ouvrir sera immense; si éllé Vêtit résoudre les imioinr
b râbles problèmes qui se poseront devant elle au point, de vue intérieur et extérieur:
questions financières et économiques, agricoles ét sociales; milïfàifës et coloniales. Je
vous en ai entretenus si souvent et vous connaisse Stbïeh «loii programmer què jé np
reviens pas. _ , , . . * ^
Elle devra surtout, à mon avis', s'attacher à la question1 financière et budgetaire, qui est
la clef de toutes les réformes. „
Il n’y a que la politique d’économie qui puisse nous permettre dte faire du bien a nas
agriculteurs et à nos ouvriers. Elle est indispensable pour diminuer le poids écrasant des
impôts qui pèsent sur la tètre et rentré dans la im deS dégrèvements, fille «“est pas
moins nécessaire aux travailleurs, qui ont besoin dû1 etfncoiirs' Ananclb^de Ï^Etatponr la so
lotion des deux problèmes qui leur tiennent le plus au cœur et qui sont les plus pressants
de l’heure actuelle : l’organisation de l’assistance pour les vieillards et les invalides du tra¬
vail et la constitution des caisses de retraites ouvrières.
La prochaine' Gh ambre ne pcmrira réaliser ce programme de travail et accomplir les
réformes que le pays attend d’elie qu’à une condition: c’est que la République puisse
continuer sans obstacle sa marche régulière en avant et qu’elle ne se sente menacée m s
gauche ni à droite. , .
Elle se trouve aujourd’hui, dans r élection de Remiremont, en face de ses deux éternels
ennemis ; la révolution et la réaction coalisées contre elle.
Électeurs,
Il Votre clairvoyance seule peut déjouer leurs calculs. Vous reconnaîtrez aisément, sous
km masques d'emprunt, la Révolution sotdale qui repose sur la suppression du droit de
I propriété,"’ la destruction de l'armée et la ruine de la Patrie, et le bonapartisme renaissant
1 qui essaie de se dissimuler derrière la formule captieuse de la République aruiparlétoen-
fcaire et plébiscitaire. J
I Ùeux fois en moins d'un siècle, ta politique bonapartiste a fait son apparition dans
I notre pays et deux fois elle a conduit la France aux abîmes.
File a toujours débuté par le coup d’État et elle a toujours fini par la guerre et le dè-
\ membrement. du territoire.
Croyez-moi, ne recommencez pas une troisième expérience: c'est te dernier conseil
f d'un ami sincère qui ne vous a jamais trompés.
Mes chers Compatriotes,
Je ne vous dirai pas un mot de moït de P œuvre q m j’ai accomplie depuis que je suis
|; dans la vie publique, des services que j'ai pu rendre au pays et #. notre arrondissement.
Ce n’est pas à moi à me souvenir.
Four me récompenser de tout ce que j’ai fait, tues adversaires coalisés vous demandent
I arjourd’hüi ..de me chasser du Parlement.
Vous déciderez dans votre justice.
J'altends -votre. verdict avec confiance et avec uneparfaite sérénité^ comme un homme
| qui a la conscience tranquille, parce qu’il a fait son devoir, topt spn fipvoiiu
Jules MELIiSE,
Député sortant,
Ancien Ministre de lTagriculture?
Ancien Président du Conseil,
lro circonscription de SAINT-DIE
M. GÉRARD
Élu au lor tour de scrutin. — 7.785 voix.
-
s Aux Electeurs,
Cédant aux sollicitations de nombreux électeurs des cantons de Snint-Dié, Raoû,- Se-
nones et Provonchères, j’ai Fhonneur de poser ma candidature au siège de député de la
I PL' circonscription.
N'ayant jamais pensé, parlé et agi qu’en ferme -républicain, c’est comme républicain et
I parce que je suis républicain, que j’engage la lutte contre la coterie oppressive et tyran-
[b nique trop longtemps toute puissante dans notre arrondissement.
C’est aux cris de Liberté, Egalité, que je me présente à vos suffrages.
Vive la France î
Vive la République !
— 992
Fils reconnaissant delà Révolution de 89, je suis partisan de la liberté sous toutes
ses formes : liberté de conscience, liberté de travail, liberté d'association, liberté d'ensei¬
gnement.
Je ne veux pas seulement l'affichage de l'immortelle Déclaration des Droits de l'Homme,
j'en veux aussi l'application.
J'estime, en effet, que la République, à moins de faillir à ses origines, doit être la li¬
berté et non l'asservissement, l'égalité et non le favoritisme, l'honnêteté et non l'exploitation
scandaleuse du citoyen ; fidèle aux doctrines généreuses de Gambetta, je prétends que la
République doit être réellement démocratique : je veux dire chose de tous et non la proie
de quelques-uns.
Je veux que Farinée de la France soit efficacement protégée contre les attaques crimi¬
nelles dont elle n'a cessé d'être l'objet de la part des partisans d'un traître justement
condamné ; je la veux solide et forte pour la défense de nos frontières et la sauvegarde de
nos traditions historiques,
Partisan delà suprématie du pouvoir civil, j'estime qu'il doit être défendu contre les
empiétements de tous les cléricalismes, dont le plus dangereux, le cléricalisme maçon¬
nique.
Depuis 1898, le déficit, masqué par des artifices budgétaires, s'élève à 950 millions; il
est donc d’une extrême urgence de mettre un termeà ce gaspillage et de pratiquer une poli¬
tique résolument économe des deniers publics.
Né et. élevé à la campagne, je connaisses besoins et les maux dont elle souffre; d'autre
part, une longue pratique judiciaire m'ayant mis à même de reconnaître les modificatioüg
qu'il est indispensable d'apporter à notre législation pour la mettre en harmonie avec l'état
social actuel, je crois être k même de rendre à mes concitoyens, s'ils me nomment, les ser¬
vie es qu'ils sont en droit d'attendre d'un député soucieux de leurs intérêts.
Je ne veux pas faire aux travailleurs de ces faciles promesses dont on les a constam¬
ment bernés, et je préfère laisser à ceux d'entre eux qui me connaissent, le soin de dire à
leurs camarades qui je suis et ce quMls peuvent attendre de moi,
J'ajoute enfin que, conservant à Saint-Dié mon principal établissement, je resterais
toujours en contact avec mes électeurs et que, chaque année, j'en prends rengagement
formel, je leur rendrais compte de mon mandat, dans des réunions cantonales.
Tel est, chers Concitoyens, le programme que je soumets à vos suffrages.
Vive la République !
Vive la Liberté!
Vive la France 1
Edmond GERARD,
Ancien Avoué,
Conseiller municipal de Saint-Dié,
Conseiller d'arrondissement.
2* circonscription de SAINT-DIÉ
M. ANCEL-SÊ1TZ
Elu au 39r tour de scrutin. — 6,725 voix.
Mes chers Concitoyens,
j'ai l'honneur de poser ma candidature au siège de député pour notre circonscription.
M'étant tenu jusqu'aujourd’hui à l'écart de la politique, n'étant inféodé à auoucune per-
_ 993 _ N° 1162
sonnalité, à aucune coterie, à aucune loge maçonnique, je me présente à vos suffrages sans
être lié par d'autres engagements que ceux que je prendrai librement vis-h-vis de vous et
que je saurai réaliser.
Si ma candidature, se produisant ainsi, peut sembler téméraire à certains, elle a du
moins l'avantage d'être franchement indépendante, et de ne faire de moi par avance, sous
préteste de reconnaissance électorale, le prisonnier de personne.
]e ne suis pas un politicien et la politique signifie pour moi quelque chose de plus haut
que le petit jeu de combinaisons parlementaires dont je m'affranchirai toujours, pour me
cotisa crer plus entièrement aux intérêts de mon pays.
Si je suis sorti de la réserve que j'avais toujours gardée, c'est que, ainsi que beaucoup
d'autres, j'estime que le moment est exceptionnellement grave et que toutes les bonnes
volontés doivent s’unir pour rompre avec cette politique de défiance, de compromissions et
de persécutions que nous subissons depuis cette malheureuse affaire Dreyfus qui a causé
tant de mal à la France et à la République, et qui peut encore leur être si nuisible dans
l'avenir.
Indépendant par ma situation, je crois que je pourrai m'occuper avec quelque compé¬
tence, dans le sein du Parlement, des intérêts de l'agriculture et de l’industrie yosgiennes,
soit qu'il s'agisse de leur développement ou de leur expansion au dehors, soit encore quil
s'agisse de Pamôlioration pacifique et raisonnée du sort des travailleurs,
1/ expérience que m'a donnée une carrière industrielle et agricole déjà longue, Fétude
que j’ai faite des questions coloniales quand, le premier, j'ai indiqué à notre commerce na¬
tional la route du Congo français ; les observations que j ai recueillies, au cours de mes
lointains et fréquents voyages, sur les vices de notre organisation économique, tout cela
constitue pour moi une préparation que vous jugerez peut-être suivante.
Toutefois, la préférence que je ressens pour les questions agricoles, économiques et,
coloniales ne me dispense pas de m'expliquer sur mes opinions ; je veux le faite brièvement
et sans équivoque.
Je suis républicain, nettement républicain, et j'estime que la France, sans rien renier
de ses gloires historiques, ne peut plus se passer du gouvernement du pays par lui-même,
mais je veux une République honnête, tolérante, ouverte à toutes les bonnes volontés, à
tous les braves gens.
Partisan résolu de la liberté de conscience, je la veux absolue pour tous et je lufterai
toujours contre toutes les persécutions, quelles qu'elles soient.
Né en Alsace, soldat de la guerre de 1870, je garde fidèlement le souvenir des pro¬
vinces perdues, et je professe un culte profond pour notre armée, cette école du devoir,
cette gardienne fidèle de notre sécurité et dé nos immuables espérances.
Laissez-moi ajouter que n'ayant rien à attendre du mandat qui ine serait confié, ni
pour moi ni pour les miens, je me consacrerais avec un absolu désintéressement et un
exclusif dévouement au service de la France et de la République.
P. ANCEL-SFdTZ,
Chevalier de la Légion d'Honneur.
125
YONNE
1T0 circonscription d’ AUXERRE
M. Bienvenu MARTIN
Élu au 2° tour de scrutin — 6,728 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le 8 mai 1898, vous m’avez élu député pour la seconde fois, par plus de 9.000 suf¬
frages.
Si je me représente aujourd’hui, c’est que j’ai la conscience d'avoir rempli fidèlement
mon mandat. J’ai tenu toutes mes promesses, n’en ayant fait aucune que je ne fusse assuré
de pouvoir tenir. Examinez tons mes votes : vous n’en trouverez aucun qui ne soit conforme
aux engagements que j’avais pris devant vous.
J ai toujours avec énergie défendu îa République, lutté contre le cléricalisme, soutenu
la cause des réformes démocratiques et sociales.
Membre à deux reprises et rapporteur de la Commission du Budget, j’ai collaboré à
l’établissement de l’impôt progressif sur les successions, fait réduire dans de notables pro¬
portions nos dépenses coloniales, voté avec persévérance en faveur de l’impôt progressif sur
le revenu.
Membre et rapporteur de la Commission de décentralisation, j’ai fait adopter des pro¬
positions élargissant les pouvoirs des Conseils municipaux.
Membre et rapporteur de la Commission d’assurance et de prévoyance sociales, j’ai
pris une part active à l’élaboration des projets sur les retraites ouvrières, sur l'assistance
aux vieillards et aux infirmes, sur la mutualité.
Membre et rapporteur de la Commission du suffrage universel, j’ai contribué au vote
des lois ayant pour objet d’assurer la sincérité du vote par la répression de la fraude et de
la corruption électorales.
l ai considéré comme un devoir impérieux de voterla loi des boissons, qui dégrevait les
vins de 125 millions tout en maintenant intactes les franchises des bouilleurs de cru. Si la
Régie, par une interprétation abusive de la loi, n’a pas respecté les droits des bouilleurs
quand ils faisaient usage des appareils à vapeur, j’ai toujours protesté contré cette inter¬
prétation, qu il faut faire cesser en donnant une liberté égale à tous les bouilleurs de cru,
quels que soient les appareils qu'ils emploient.
J ai accepté sans réserve le programme du Comité radical-socialiste de l’arrondisse¬
ment d’Âuxerre qui a acclamé ma candidature. Je travaillerai de toutes mes forces à sa
réalisation.
Mes chers Concitoyens,
Une campagne violente de calomnies et d’accusations mensongères a été menée contre
995 —
N° H 62
moi. On a travesti mes votes pour tromper î’opinion publique. A ces manœuvres odieuses,
j’oppose ma vie faite de travail, de dévouement à mes concitoyens, de fidélité inébranlable
à la démocratie et à la République!
Et c3est avec la plus entière confiance que je soumets ma conduite à votre jugement.
Vive la République !
Votre ami dévoué.
Bienvenu MARTIN,
Vice-président du Conseil général,
Président de la Société Vigneronne de l’Yonne,
Député sortant.
Le Comité radical-socialiste de l'arrondissement d’Auxerre, dans sa séance du 9 mars
1902, a adopté ie programme minimum suivant, en vue des élections législatives du
37 avril 1902 ;
programme
i° Révision périodique des lois constitutionnelles.
Souveraineté absolue du suffrage universel.
2° Scrutin de liste. Permanence de la Chambre des Députés par un renouvellement
parlieL
3S Séparation des Églises et de P État.
Suppression du budget des cultes*
Dissol u lion de tou les les congrégations d’hommes et de femmes.
Retour à l’État des biens de mainmorte.
Suppression du monopole des fabriques.
4° Impôt progressif et global sur le revenu avec dégrèvement h la base.
Suppression progressive de tous les impôts directs ou indirects.
Abolition immédiate des taxes frappant les objets de première nécessité.
Réduction des patentes des petits commerçants,
5° Abrogation complète de la loi Failoux.
Monopole de l’enseignement réservé à l’État.
Gratuité de Renseignement a tous les degrés.
Développement de renseignement professionnel.
Attribution de bourses par concours aux seuls élèves des établissements de l’État.
Ne seront admis aux fonctions publiques que Les candidats ayant fait leurs études daus
ces établissements.
6rj Service de deux ans, obligatoire et égal pour tous, sans aucune dispense autre que
l’incapacité physique.
Allocation de secours, s’il y a lieu, aux parents des jeunes gens appelés sous les
drapeaux.
Réduction clés périodes de 28 jours et suppression des périodes de 13 jours, x
Tirs cantonaux périodiques obligatoires.
Suppression des conseils de guerre en temps de paix,
7° Nationalisation des voies do communication, des mines et de tous les monopoles
concédés par l’État.
8° Lois ouvrières. Laisse des retraites pour les travailleurs.
Assistance aux vieillards, aux infirmes, aux incurables et aux orphelins.
9“ Lois de protection pour l’agriculture et la viticulture.
Révision du cadastre et, périodiquement, des évaluations qui servent de base a l’impôt
foncier,
i II?
906 —
Mesures préventives contre Pagioîage et l'accaparement.
Organisation démocratique du crédit agricole.
Assurances agricoles par l'État.
Subventions aux sociétés mutuelles agricoles.
Maintien absolu du droit des bouilleurs de cru.
Suppression des prestations,
10û Décentralisation administrative.
Remplacement des Conseils d3 arrondissement par des Conseils cantonaux disposant d'un
budget spécial.
Diminution du nombre des fonctionnaires, en commençant par les Sous-Préfets.
Réduction des gros traitements au chiffre de l'indemnité parlementaire.
Amélioration des petits traitements,
il" Réduction des frais de justice.
Extension do la compétence des juges de paix.
Î2rj Organisation du domaine colonial sans aucune nouvelle conquête,
Contrôle sévère des agissements des congrégations dans nos colonies et dans nos pro¬
tectorats.
13° Obligation pour le Député de venir tous les ans dans chaque chef-lieu de canton,
rendre compte de son mandat.
En outre rassemblée :
Considérant que les citoyens Mêrlou et Bienvenu Martin, députés de l'arrondissement
d'Auxerre, par leur attitude, leur dévouement à la cause démocratique et la grande part
qu'ils ont prise aux travaux parlementaires, ont bien mérité, des électeurs de l'arrondis*
sement;
Que leurs votes ont été toujours conformes an programme ci-dessus;
Décide, à Pun an imité, de leur continuer sa confiance.
Acclame Je citoyen Bienvenu Martin comme candidat de la première circonscription et
le citoyen Merlou comme candidat de la deuxième circoÉscription ;
Et s’engage à soutenir énergiquement leur candidature,
(Suivent les signatures,)
2e circonscription d AUXERRE
M, MERLOU
Elu au T tour de scrutin. — 6.383 voix.
Mes chers Concitoyens,
Dans sa réunion du 9 mars 1902, le Congrès radical-socialiste de l 'arrondissement,
d'Auxerre a élaboré le programme suivant pour l'élection législative du 27 avril :
1° Révision périodique des lois constitutionnel les.
Souveraineté absolue du suffrage universel.
2° Scrutin de liste, Permanence de la Chambre des Députés par un renouvellement
partiel.
3° Séparation des Églises et de l'État,
Suppression du budget des cultes*
çiîffifci '
Dissolution do tontes les congrégations d’hommes et de femmes.
Retour à l’État des biens de mainmorte.
Suppression du monopole des fabriques,
ifJ Impôt progressif et global sur le revenu avec dégrèvement à la base.
Suppression progressive de tous les impôts directs ou indirects.
Abolition immédiate des taies frappant les objets de première nécessité*
Réduction dea patentes des petits commerçants*
5° Abrogation complète de la loi FaDoux,
Monopole de renseignement réservé à l’État.
Gratuité de renseignement à tous les degrés.
Développement de renseignement professionnel.
Attribution de bourses par concours aux seuls élèves des établissements de l’État.
Ne seront admis aux fonctions publiques que les candidats ayant fait leurs études dans
ces établissements.
6r> Service de deux ans, obligatoire et égal pour tous, sans aucune dispense autre que
Fincapacitë physique.
Allocation de secours, s’il y a Heu, aux parents des jeunes gens appelés sous les
drapeaux.
Réduction des périodes de 28 jours et suppression des périodes de 13 jours.
Tirs cantonaux périodiques obligatoires.
Suppression des conseils de guerre en temps de paix.
T Nationalisation des voies de communication, des mines et de tous des monopoles
concédés par FÉtat.
8° Lois ouvrières. Caisse des retraites pour les travailleurs.
Assistance aux vieillards, aux infirmes, aux incurables et aux orphelins.
9° Lois de protection pour Fagriculture et la viticulture.
Révision du cadastre et, périodiquement, des évaluations qui servent de base à Fimpôt
foncier.
Mesures préventives contre Fagiotage et Faccapareme ni.
Organisation démocratique du crédit agricole,
Assurancés agricoles par FEtat.
Subventions aux sociétés mutuelles agricoles.
Maintien absolu du droit des bouilleurs de cru.
Suppression des prestations.
10" Décentralisation administrative.
Remplacement des Conseils d’arrondissement par des Conseils cantonaux disposant
d’un budget spécial.
Diminution du nombre des fonctionnaires, en commençant par les Sous-Préfets.
Réduction dos gros traitements au chiffre de Findemnité parlementaire.
Amélioration des petits traitements*
11° Réduction des frais de justice.
Extension de la compétence des juges de paix.
12e Organisation du domaine colonial sans acune nouvelle conquête*
Contrôle sévère des agissements des congrégations dans nos colonies et dans nos pro¬
tectorats.
13" Obligation pour îe Député de venir tous les ans dans chaque chef-lieu de canton,
rendre compte de son mandat.
F accepte cc programme ot je consacrerai mes efforts à sa réalisation.
Depuis vingt-cinq ans, je suis fixé parmi vous; vous connaissez ma vie faite de travail,
d’intégrité, d’honneur,
Jo nJai jamais fait de mal à personne ; j’ai cherché à faire du bien à tout le monde.
Respectueux de ia propriété individuelle, je suis l'adversaire résolu des théories collec¬
tivistes, qui la suppriment et qui annihilent Fin dépendance du citoyen.
— 998
Une étrange coalition menace les institutions que le peuple s’est librement données.
Républicains, debout! Vous ferez justice des calomnies dirigées contre moi et vous
affirmerez sur mon nom votre foi inébranlable dans l’avenir de la démocratie.
Vive la République !
Pierre MERLGU.
Circonscription cl A V ALLON
M. Étienne FLANDIN
Élu au 1er tour de scrutin. — 5.768 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le vote unanime des Comités républicains réunis à A vallon le 1er mars, sur l’initiative
de vos Conseillers généraux et de vos Conseillers d’arrondissement, a décidé què la candi¬
dature de votre ancien député devait être opposée à celle du député sortant.
Mes principes politiques vous sont connus. J’ai servi la République dès ma première
jeunesse; je lui serai fidèle toute ma vie. Ce n’est pas seulement la République que j’entends
défendre, c’est P esprit démocratique et républicain.
Plus est profond mon attachement à la République, plus ^entends la placer au-dessus
des intérêts de parti. La politique vraiment républicaine est celle qui tend à solidariser
dans un généreux élan de fraternité toutes les forces de la Patrie. Elle doit avoir pour base
la probité, pour but le progrès sous toutes ses formes, pour moyen d'action la liberté.
Au premier rang des questions qui s'imposent à l’attention de vos représentants, la
démocratie place avec raison la répartition plus équitable des charges publiques, toujours
promise et toujours ajournée.
J’ai été assez heureux pour faire voter par la précédente législature la seule loi de
dégrèvement qui ait encore profité aux contribuables, la loi sur le dégrèvement de la petite
propriété rurale. Ma pensée serait d'appliquer successivement les mêmes principes aux
autres impôts directs, de dégrever les contribuables les moins fortunés, de tenir compte
des charges de famille, de faire de l'impôt des prestations un impôt de répartition propor¬
tionnel aux facultés du contribuable, au lieu d’un impôt de quotité pesant indistinctement
du même poids sur le pauvre et sur le riche.
Il va sans dire qu’en présence d’une situation budgétaire dont' on ne saurait mécon¬
naître l’inquiétante gravité, la réforme de notre système d'impôts doit être accomplie avec
prudence et avec méthode, sous peine d’aboutir à de dangereuses aventures et de tarir la
source à laquelle on entend puiser.
La démocratie n’aura pas rempli sa mission tant qu’à raison de la vieillesse, de l’inva¬
lidité, du chômage indépendant de sa volonté, un être humain, travailleur des champs ou
des villes, restera sans secours contre ia misère et contre la maladie. 11 est des devoirs
sacrés de solidarité et de fraternité sociales auxquels la République ne saurait se dérober,
mais le socialisme, dans la généreuse acception du mot, devrait être une formule d'espé¬
rance, non une formule d'envie et de haine. Ce n'est pas en prêchant la guerre des classes,
en fomentant les grèves, en menaçant de supprimer la liberté du travail pour placer fin-
dustrie sous la mainmise collectiviste, que l'on améliorera des souffrances trop réelles et que
#•08 fcb
— 999 —
JNe 1162
Ton affermira nos institutions démocratiques, doublions pas que les excès révolutionnaires
ont toujours servi de préface à la dictature.
Au triple point de vue social* politique et militaire, la France doit rester une nation
agricole. Je réclamerai de toute mon énergie des mesures pratiques et efficaces pour pro¬
téger notre agriculture et notre viticulture, sauvegarder le droit trop facilement sacrifié des
bouilleurs de cru? favoriser le développement des richesses forestières qui assurent à nos
bûcherons le travail de Phïver, et défendre dos Cultivateurs contre les abus scandaleux de
la spéculation et de i’agiotage.
L3une des mesures les plus utiles pour enrayer le funeste mouvement d’émigration de
la jeunesse de nos campagnes vers les grandes villes sera d’abréger la durée du séjour a la
caserne. Mon vote est acquis à la loi sagement conçue qui* avec les cadres solidement
constitués, sans diminuer nos effectifs au cas de guerre et sans affaiblir notre armée, per¬
mettra de réduire le service à deux ans.
Ài-je à ajouter que si j’appelle de tous mes vœux la réduction du service, c’est à la con¬
dition de maintenir énergiquement le sentiment de la discipline et de l’honneur militaire
et de ne point laisser porter la plus légère atteinte à Fanion indissoluble de F armée avec
la République?
Votre vote do 27 avril aura, j’en suis certain, le caractère d’une protestation indignée
contre ceux qui, éditeurs et panégyristes du Pioupiou de l'Yonne, ont eu le triste courage
de se faire, dans notre patriotique département, les iusulteurs professionnels de l’armée et
du drapeau tricolore.
Vive la République I
Etienne FLANDIN,
Ancien Député,
Membre du Conseil général de FYonne.
Circonscription de JOIGNY
M. LOUP
Elu au 1er tour de scrutin, — 12.142 voix.
Citoyens,
En ce moment, vous avez la parole, li vous appartient de prononcer souverainement
sur vos intérêts et sur la République elle-même.
Sur toute l'étendue du territoire, la cohue bigarrée de la réaction attaque visiblement,
passionnément, l'esprit même de la Révolution qui vous a faits libres.
Pour l’emporter, elle compte sur la discorde des véritables républicains entre eux;
elle s’efforce d’en provoquer la division par tous les moyens possibles, pour en tirer, contre
la République, des avantages inattendus ; selon son habitude, elle fait appel à ia ruse.
Vous saurez déjouer ces manœuvres grossières, aujourd’hui partout démasquées et à
l’avance condamnées.
Ensemble, dans quelques jours, de nouveau nous irons au combat, avec ces mêmes
principes maintes fois successivement et publiquement par vous acclamés, sanctionnés et
adoptés :
Révision périodique des lois constitutionnelles.
Souveraineté absolue du suffrage universel.
— 1000 —
T Scrutin de liste. Permanence de la Chambre des Députés par un renouvellement
partiel.
3° Séparation des Églises et de l’État .
Suppression du budget des cultes.
Dissolution de toutes les congrégations d'hommes et de femmes.
Retour à PÉtat des biens de mainmorte.
Suppression du monopole des fabriques.
[f Impôt progressif et global sur le revenu avec dégrèvement à la base.
Suppression progressive de tous les impôts directs ou indirects.
Abolition immédiate des taxes frappant les objets de première nécessité.
Réduction des patentes des petits commerçants,
5° Abrogation complète de la loi Falloux.
Monopole de Renseignement réservé à PÉtat.
Gratuité de renseignement à tous les degrés.
Développement de renseignement professionnel.
Attribution de bourses par concours aux seuls élèves des établissements de 1 Etat*
Ne seront admis aux fonctions publiques que les candidats ayant fait leurs études dans
ces établissements.
6* Service de deux ans,, obligatoire et égal pour tous, sans aucune dispense autre que
l’incapacité physique.
Allocation de secours, s’il y a lieu, aux parents des jeunes gens appelés sous les dra¬
peaux.
Réduction des périodes de 28 jours et suppression des périodes de i3 jours.
Tirs cantonaux périodiques obligatoires.
Suppression des conseils de guerre en temps de paix,
7° Nationalisation des voies de communication, des mines et de tous les monopoles concé¬
dés par l’État.
8° Lois ouvrières. Caisse des retraites pour les travailleurs.
Assistance aux vieillards, aux infirmes, aux incurables et aux orphelins.
9° Lois de protection pour T agriculture et la viticulture.
Révision du cadastre et, périodiquement, des évaluations qui servent de base a l’impôt
foncier.
Mesures préventives contre Ragiotage et ['accaparement.
Organisation démocratique du crédit agricole.
Assurances agricoles par RÉtat,
Subventions aux sociétés mutuelles agricoles.
Maintien absolu du droit des bouilleurs de cru.
Suppression des prestations.
10° Décentralisation administrative.
Remplacement des Conseils d'arrondissement par des Conseils cantonaux disposant
d’un budget spécial.
Diminution du nombre des fonctionnaires, en commençant par les Sous- Préfets,
Réduction des gros traitements an chiffre do l’indemnité parlementaire.
Amélioration des petits traitements.
11° Réduction des frais de justice.
Extension de la compétence des juges de paix.
12° Organisation du domaine colonial sans aucune nouvelle conquête.
Contrôle sévère des agissements des congrégations dans nos colonies et dans nos
protectorats.
13û Obligation pour le Député de venir tous les ans, dans chaque cheWieu de canton, rendre
compte de son mandat.
Quelques-unes de ces réformes, en trop petit nombre, deux ou trois tout au moins,
sont en cours de réalisation ou en partie assurées.
_ non! — N° 1162
Un dernier effort, une discipline sévère entre tous les membres de la grande famille
comprenant tons les républicains sincères, nettement résolus, et les réformes entreprises
seront enfin acquises ; à celles-là, d’autres succéderont méthodiquement,
par la lai — bien qu'insuffisante — sur les associations, la réaction se sent blessée;
par cette loi encore, renseignement clérical peut déjà être enrayé.
Le service militaire de deux ans réellement, cette fois, égal pour tous, est désormais
acquis, en principe, à l'heure présente.
Électeurs,
La situation est claire, elle est précise.
Impossible de se tromper à moins de le vouloir.
D’un côté, tout le bloc des vrais républicains; de l'autre, tout le bloc de la réaction
portant le masque, dès longtemps déchiré, de républicains indépendants, républicains libé¬
raux, républicains plébiscitaires, républicains... nationalistes, y compris aussi les répu¬
blicains,.. monarchistes — il doit y en avoir, sans quoi la série ne se serait pas complète !
Pas de division, pas d’abstentions ; Fabstentionniste? c'est un soldat qui laisse tomber
son armel
Républicains! aux urnes pour la République!
Henri LOUP,
Député sortant.
Circonscription de SENS
M. Lucien CORNET
Elu au 1er tour de scrutin, — 9/581 voix.
Citoyens,
J'ai l’honneur de solliciter le renouvellement du mandat de représentant du peuple
que je tiens de votre confiance depuis cinq ans et demi.
Vous m'accordiez, le 8 mai 1898, près de 8.000 suffrages et assuriez ma réélection au
premier tour de scrutin.
J'avais contracté vis-à-vis de vous des engagements ; je les ai tenus. Je vous avais pro¬
mis de me mettre, aussi fréquemment que possible, en contact avec vous : j'ai, durant les
quatre années qui viennent de s'écouler, parcouru toutes les communes et un grand nombre
de hameaux de l'arrondissement, et, dans chaque localité où je suis passé, ] ai tendu
compte de ma conduite au Parlement; j'ai accepté toutes les questions, toutes les contra¬
dictions, et j'ai eu la bonne fortune de constater que, de toutes parts, je n'at cessé de
demeurer en pleine communauté d’idées avec mes concitoyens.
C'est ce parfait accord qui, plus que toute autre cause, me détermine à briguer, une
troisième fois, vos suffrages.
Citoyens,
Depuis quatre années, de graves événements se sont accomplis. 11 s’en est iallu de peu
que l’Histoire n'eût à enregistrer un nouveau coup de force contre la liberté.
m
— 1002 —
Pendant de longs mois, îa République fut sérieusement nîênaeée, et si le danger put
être conjuré, ce n’est que grâce à l’énergie qui fut déployée pour déjouer et anéantir tous
les complots.
Mais nos adversaires n’oht point capitulé : la violence lie leur a^ ant pas réussi, ils en
sont revenus à leur éternelle tactique* qui consiste à surprendre l'ennemi par la ruse et h
s'introduire dans 3a place sous le couvert d’un masque,
11 en est ainsi d’un bout à l’autre de la France : d’argent se dépense à profusion; c’esp
de tous côtés, la lutte des congrégations contre la société civile, et l’arrondissement de
Sens n’échappe point à cet essai de mainmise du cléricalisme sur les insii tu lieds démo¬
cratiques,
La situation est très nette. Deux partis sont en présence : d'uïi côté, le vrai parti répu¬
blicain, c’est-à-dire Je parti delà liberté réelle, le parti des grandes réformes politiques
sans lesquelles la République ne sera jamais qu'un vain mot, le parti des transformations
économiques et sociales sans lesquelles II ne peut y avoir de justice humaine; de l’autre
côté, un parti qui se dit républicain, mais qui n’est que le tributaire de lfKglise et l'obligé
des anciens partis monarchistes, dont il est réduit â quémander les voix.
Lntre les deux partis vous n'hésiterez pas; vos bulletins de vote Seront pour celui qui
veut la République avec toutes ses conséquences, vous serez pour le parti du progrès
indéfini, auquel j’ai toujours appartenu et dont j’ai conscience de n’avoïr point démérité.
Citoyens,
Vous me connaissez.
Je n’ai jamais eu, dans la vie, d’autre but que le travail, et depuis que je suis investi
de fonctions électives, je n’ai ménagé ni mon temps ni ma peine.
A la Chambre, tant à la tribune qu’au sein des nombreuses Commissions dont j’ai été
appelé à faire partie, j’ai toujours défendu les intérêts généraux du pays.
Membre de la Commission de la chasse, j’ai eu la satisfaction de faire aboutir la loi
relative à la réparation des dommages causés aux récoltes par le gibier, loi qui supprime
les lenteurs de la procédure et donne aux juges de paix le droit de connaître en dernier
ressort jusqu’à une certaine somme.
Conformément à mon programme, j’ai pris l’initiative de la formation, à la Chambre,
d’un groupe agricole, auquel se firent inscrire plus de cent vingt députés et qui se donna
pour tâche de rechercher les moyens les plus efficaces de protéger les cultivateurs. Ce
groupe étudia toutes les questions qui intéressent les populations rurales, et son action fui
des plus fécondes : c’est ainsi, notamment, que j’ai pu obtenir le vote de la loi réglemen¬
tant l’admission temporaire des blés étrangers et supprimant le trafic des acquits-à-cautioü,
réforme qui peut être considérée comme l’une des plus importantes réalisées depuis fort
longtemps en faveur de l’agriculture et qui a porté le coup le plus rude aux spéculateurs
sur les blés et sur les farines.
J’ai, en outre, déposé, soit seul, soit avec plusieurs de mes collègues, quarante propo¬
sitions de lois et amendements, et chacune de ces propositions, chacun de ces amende¬
ments s’inspire des besoins populaires.
Quant à mes votes, ils vous sont connus; ils sont tous conformes aux intérêts de la
démocratie.
Partisan déterminé des économies, j’ai toujours voté contre toute dépense inutile et
toute augmentation d’impôts.
Am point de vue purement politique, je me suis rallié, à l’heure du péril, avec touslsB
démocrates sincères, au ministère de Défense républicaine, parce que c’étaiî lui qui nous
menait à l’assaut contre l’ennemi et qu’il a courageusement répudié les hommes qui, sous
les apparences d un faux libéralisme, dissimulent le plus funeste esprit rétrograde.
— 4003 —
N° 1162
Citoyens,
Mes sentiments n’ont pas varié.
Je suis plus que jamais l’ennemi des privilèges; je demeure l’adversaire des puissances
d'argent, dont l’action démoralisatrice fait tant de mal à notre pays,
Vous savez quels ont été mes efforts pour apporter toutes les atténuations désirables à
la crise qui sévit si durement sur l’agriculture? les cultivateurs, les vignerons, tous les tra¬
vailleurs peuvent compter sur moi, comme par le passé.
Une des réformes capitales à accomplir dans la prochaine législature est la réforme de
l'impôt, dont la formule la plus juste est l’impôt progressif sur le revenu, qui, frappant
équitablement la richesse et dégrevant ceux qui vivent de leur labeur, est en même temps
le plus favorable à l’agriculture et au commerce.
Respectueux de toutes les croyances, mais résolu à n@ laisser aucun clergé empiéter
sur les droits de l’État, je demande la dénonciation du Concordat et la séparation immédiate
des Églises et de l’État.
Ainsi que je vous le disais en 1896, je ne suis pas ce que mes adversaires essaient de
faire croire : je suis un homme d’ordre, de liberté et de progrès, qui ne veut les réformes
que par le bulletin de vote.
Estimant que la République ne peut être fondée que sur la bonté, ma sympathie la
plus vive est acquise à tous ceux — trop nombreux, hélas ! — qu’etreignent la souffrance
et la miscre, et je serai toujours prêt à rendre service aux petits, aux humbles, aux déshé-
lités de la fortune.
Toutes les revendication légitimes du travail trouveront en moi un défenseur sincère.
Je n’ai jamais attaqué l’armée, nécessaire — dans l’état actuel des peuples — à la
défense du territoire, mais je la veux républicaine et organisée sur des bases démocra¬
tiques,
Citoyens,
Je livre avec confiance à votre jugement la conduite que j’ai suivie depuis quatre ans.
Je compte sur votre clairvoyance. Dans les circonstances présentes, l’union est un
devoir : il faut que !b bloc de tous les républicains fasse balle contre le nationalisme, qui
n'est que la coalition des ennemis de la République enrôlés sons la bannière cléricale.
Vous ne vous laisserez point égarer par des étiquettes trompeuses-
La démocratie de l’arrondissement de Sens ne désertera pas son poste d’avant-garde, et
contre la République du Pape elle fera triompher le drapeau de la République française.
Quant à moi, je lutterai jusqu’au bout sans défaillance. Je marche avec mes propres
forces, avec mes seules ressources, avec l’appui moral de mes amis, que je remercie de
leur dévouement, avec la grande masse des citoyens qui, dans les batailles passées, ont
déjà donné tant de gages de leur inébranlable attachement a la démocratie.
Aux urnes donc! Que pas un républicain ne manque à l’appel! Le succès n’est pas
douteux, mais il faut que la victoire soit écrasante,
Vive la République !
Lucien CORNET,
Député sortant, Maire de Sens.
programme
Questions politiques.
. Révision de la Constitution dans le sens le plus largement démocratique. Le suf¬
frage universel souverain dans la République. — Suppression du Sénat. — Subordination
— 1004 —
do pouvoir exécutif au pouvoir législatif. — Élection des ministres par la Chambre des
députés, — Pénalités contre les représentants du peuple ayant sciemment trahi leur «man¬
dat. —Assimilation du mandat politique au contrat civil — Pointage de la présence des
députés aux séances de ia Chambre et interdiction de voter les uns pour les autres.
Garantie de toutes les libertés publiques : d'association, de réunion, de parole, de
presse.
Dénonciation du Concordat. — Suppression du budget des cultes. — Séparation des
Églises et de FÉtat.— Suppression des congrégations; retour à la Nation des biens de main*
morte, — Liberté absolue des doctrines.— Liberté de conscience. — Abrogation de la loi du
15 mars 1850, dite loi Falloux.
Émancipation complète de tous les êtres humains, sans distinction de sexe, de race ni
de nationalité.
Suppression des fonds secrets.
Abolition de toutes les lois restrictives de la liberté de penser ou décrire.
Rétribution des fonctions électives afin de les rendre accessibles à tous.
Décentralisation administrative. — La commune, le département, l'État, maîtres cha¬
cun de leur budget et de leurs services, dans les limites compatibles avec l'unité nationale.
— Épuration du perionnel des administrations publiques dans le sens républicain.
Réforme de la magistrature. — Révision des Codes. — Justice gratuite.
Instruction laïque obligatoire et intégrale aux frais de l'État par voie de concours.
Politique de paix. — Arbitrage entre nations. — Plus d’aventures coloniales.
Questions agricoles .
Protection de l'agriculture, car c'est d’elle seule que découle la richesse industrielle et
commerciale et, par suite, le travail de l'ouvrier.
Suppression des marchés à terme fictifs sur les denrées de consommation. — Défense
de la culture nationale par l'application raisonnée de taxes de douane sur les produits agri¬
coles étrangers.
Venir immédiatement en aide à l'agriculture par la suppression de Pimpôt foncier, la
terre, simple instrument de travail, ne devant pas supporter de contribution spéciale.
Lois contre les spéculateurs et les accapareurs, qui causent un préjudice considérable
à nôtre agriculture.
Réforme de la loi sur la chasse, qui devrait protéger l'agriculture.
Révision du cadastre.
Formation, dans la nouvelle Chambre, d’un groupe spécial de défense des intérêts deB
cultivateurs.
Organisation d'une caisse pour parer aux sinistres occasionnés par la grêle, la morta¬
lité du bétail et autres fléaux.
Création de Conseils de prud’hommes.agricoles.
Répression énergique des fraudes sur les produits agricoles et viticoles.
Maintien du droit des bouilleurs de cru ; suppression de tout exercice.
Abaissement des tarifs de transport par chemins de fer des produits agricoles et viti¬
coles et des matières servant à l'agriculture.
Questions ouvrières .
Création d'un ministère du Travail.
Protection des enfants et des femmes employés dans l'industrie. — Fixation des heures
de travail dans l'industrie et d'un tarif minimum des salaires. — Suppression du marchan¬
dage. — Institution de caisses ouvrières de prévoyance. — Personnalité civile aux Fédéra¬
tions syndicales ou corporatives.
Création d’asiles de retraite pour les invalides du travail* — Organisation des retraites
agricoles et ouvrières.
— 1005
Participation des associations agricoles et ouvrières dans les travaux de l'État et aussi
dan» l’élaboration des traités de commerce avec l’étranger.
Réalisation immédiate de la îoi Berteaux en faveur du personnel des chemins de fer.
Questions militaires.
Service militaire obligatoire pour tous sans privilège. — Réduction du service à deux
ans. — Réduction de l’effectif des armées permanentes, en attendant leur suppression, qui
devra résulter d’une entente entre les puissances. — Suppression des périodes d’instruc¬
tion militaire de 28 et 13 jours. — Suppression de la taxe militaire. — Amélioration du sort
du soldat au régiment. — Franchise postale permanent© entre les militaires et leurs
familles. — Révision du Code de justice militaire : suppression des Conseils de guerre en
temps de paix*
Questions écoïiomiques .
Simplification des rouages administratifs. — Réduction des gros traitements. — Limita¬
tion du nombre des fonctionnaires; suppression des sinécures. — Rémunération plus équi¬
table des petits employés.
Suppression des monopoles. — Rachat des chemins de fer, canaux, mines, établisse¬
ments de crédit, d’assurances, pour être transformés eu services publics au profit de la
Nation.
Suppression des octrois et des taxes de consommation. — Suppression des prestations.
— Suppression des patentes.
Remplacement de tous les impôts actuels par un impôt fortement progressif sur le
revenu*
Plus d’emprunts, plus d’impôts nouveaux. — Réduction des dépenses. — Politique
d’économies.
Questions locales.
Élargissement immédiat du faubourg d’Yonne et abaissement des ponts à Sens.
Étude de la création d’une ligne de chemin de fer de Sens à Nogent-sur-Seine.
Extension du réseau téléphonique à toutes les communes.
Révision des tarifs de chemins de fer relatifs au transport des vins, actuellement établis
au détriment des vignerons de notre région qui sont sacrifiés aux Méridionaux.
Obligation pour l’élu de rendre compte de son mandat en réunion publique et contra¬
dictoire.
Gir conscription de TONNERRE
M. VILLEJLÀN
Elu au 2a tour de scrutin. — 5*654 voix.
m
Mes chers Compatriotes,
Les délégués républicains de toutes les communes de notre arrondissement, réunis en
Congrès à l’Hôtel de Ville de Tonnerre, ont approuvé mon attitude politique et mont offert,
pour la troisième fois, la candidature aux élections législatives de 1902*
— 1006 —
J’accepte F honneur qu’ils ont hier* voulu me faire et jg viens encore solliciter vos
suffrages.
Je crois avoir rempli fidèlement le mandat que vous m’avez confié eo 1898 ; j’ai soutenu
tons les ministères républicains et combattu ceux qui se sont appuyés sur la réaction ; j'ai
donné mon appui à toutes les réformes politiques et économiques qui ont pu être discutées
pendant ces quatre dernières années. Si elles ne sont pas assez nombreuses, n?en rendez
pas responsables les démocrates, qui ont dû se grouper derrière le ministère actuel et lutter
Huis les jours afin de défendre l’existence môme de la République menacée par les factions
que nous retrouvons aujourd'hui étroitement unies dans notre arrondissement sous une
étiquette républicaine.
On a perdu l’espoir de changer la forme du Gouvernement, mais on essaie de s’em¬
parer sournoisement do la République pour effacer d’un seul coup toutes les conquêtes
qu’elle nous a déjà données.
Voici les principales réformes que nous avons pu faire aboutir dans la dernière légis¬
lature :
Organisation du Crédit agricole. — Modification du régime de l’admission temporaire
des blés étrangers, pour supprimer l’agîo et rendre effectifs les droits d’entrée sur ces
matières. — Dégrèvement des boissons hygiéniques et suppression des droits d’octroi pour
faciliter la consommation et la vente de nos vins. — Réforme hypothécaire. — Réforme
démocratique des droits de succession. — Amélioration à la loi sur les accidents du travail;
application de cette même loi à certains travailleurs agricoles. — Réduction des droits sur
les alcools dénaturés. — Loi de protection pour la marine marchande. — Réorganisation
profonde de l’armée et de la marine, dont les dépenses seront sévèrement contrôlées. —
Création de l’armée coloniale. — Extension du service des postes, télégraphes et téléphones.
— Réorganisation du ministère du commerce et de ‘l'industrie, comportant la création d’une
direction du travail et de chambres consultatives. — Loi sur la liberté d’association. —
Réforme de Renseignement secondaire, etc., etc.
Certes, il nous reste encore beaucoup à faire et, pour achever le programme du vieux
parti républicain, nous devons continuer à demander énergiquement l’application des
mesures qui nous paraissent le plus propres à améliorer le sort des humbles fout en favo¬
risant le libre développement de ^activité nationale qt en garantissant la paix sociale.
C’est dans cpt esprit qqe je maintiens tous |gg articles du programme que je vous ai
soumis en 1895 et en 1898 :
L Protectigp de la production nationale, tant contre la concurrence étrangère que
contre les entreprises dr$ aqçapareprs et dq j& féodalité financière. ^ Réglementation des
marchés à terme sur les denrées de consommation,
IL — Réforme successive de notre système d’impôts qui, de toute évidence, pèsept
trop lourdement sur la classe laborieuse. — Impôt de statistique sur le revenu, remplaçant
la cote mobilière ou la contribution de ; portes et fenêtres, de façon a établir sur des bases
certaines Tirapôt progressif sur le revenu, avec dégrèvement à la base, — Suppression des
prestations. — Déclassement des terres, afin (Rassurer une meilleure répartition de l’impôt
foncier. — Révision de la législation des patentes, — Abaissement progressif des droits de
consommation sur les matières alimentaires, notamment sur le sucre et le café.
III. — Révision partielle de la Constitution. — Limitation des attributions du Sénat
en matière politique et financière. — Abaissement à six ans de la durée du mandat séna¬
torial.
IV. — Réduction de la durée du service militaire à deux années dans l’armée
active. — Suppression complète des dispenses ; secours en argent aux familles nécessi¬
teuses dont les fils sont appelés sous les drapeaux. — Réduction immédiate des appels de
la réserve à vingt jours et suppression des treize jours de l’arrqée fuïritorialfi.
Mesures législatives mettant en harmonie f organisation des cadres inférieurs avec les
nécessités nouvelles créées par le service de deux ans, de façon à ne pas compromettre la
sécurité nationale.
— Mi — * N° H 62
V. — Abrogation de ïa loi Falloux, — Monopole de renseignement par FÉlat à tous les
degrés. — Application intégrale de la loi sur les associations. — Loi sur la police des cultes
assurant à tous la liberté de conscience. — Séparation des Églises et de 1/Etat.
VI. — Organisation de l’assistance duc aux travailleurs nécessiteux atteints par la
vieillesse et les infirmités, — Reprise immédiate de ia discussion de la loi sur les retraites
des travailleurs industriels et agricoles.— Modification immédiate de la loi du 3ü mars 1900
sur la durée du travail dans les chantiers et les usines qui emploient des femmes et des
enfants; cette modification doit être faite en faveur de la liberté du travailleur, toutes tes
fois que sa santé ou celle des apprentis ne peut être compromise.
Vil. — Réformes administratives dans le sens de la décentralisation, — Économies
dans le haut personnel des ministères et des grandes administrations publiques, par le
contrôle incessant du Parlement. — Amélioration des traitements des petits employés de
l’État, dont les services augmentent avec îé développement de la production et de Factivité
des services nationaux,
VIII- — Maintien tle l’alliance Fusse en vue d’assurer la paix européenne et la défense
de nos intérêts dans toutes les parties du monde. — Pas de nouvelles conquêtes, mais
défense énergique de nos nationaux et du nos colonies, dont nous devons poursuivre la mise
en valeur au graud profit du notre commerce et de notre industrie.
Politique extérieure digne et ferme, conforme à notre puissance militaire réorga¬
nisée et aux traditions de Justice et d’humanité qui ont mis la France à la tête des nations
civilisées.
Mes chers Compatriotes,
Nous avons combattu ensemble et nous avons vaincu les adversaires du progrès en nous
appuyant sur le programme précédent; il vous appartient de le faire triompher encore; je
compte sur votre bon sens et vos convictions républicaines* vous irez au Scrutin pleins de
confiance dans Favenir du la démocratie, qui marché sûrerhent vers un but bien défini d’amé-
liera t-i on sociale.
Nous n’avo nÉ désorganisé^ comtne le parti réactiontiairè sepléit à ie dire, aucun des
grands services public^; la législature se solde par uix excédent de 275 millions; la France
est, à Phèdre actuelle, plus riche et plus forte qu’elle ne Fa jamais été; son armée est
admirable; la puissance de sa marine augmente graduellement et Sera dt/ublée en 1906 ; sa
puissance d’épargne et son activité commerciale et industrielle sont telles qu’ellé possède
uu trésor monétaire incomparable et que sba crédit a doublé depuis vingt-cinq a fis.
Du reste, la situation de la France est si bien établie à l'étranger qu’efie lui a valu
l'alliance de la Russie et un rapprochement très significatif avec FItàlie.
Ayons donc confiance dans l’avenir, dédaignons les attaques injustifiées dirigées contre
le régime républicain, contre le ministère actuel et les députés qui Font soutenu depuis
trois ans. Ces attaques masquent le but véritable, qui est de revèêir en arrière et de faire
échec aux lois républicaines et véritablement démocratiques que nous avons votées au cours
de la dernière législature.
Nous continuerons notre marche en avant avec la devise : Pas de réaction !
Vive la République démocratique!
Docteur Eugène VILLEJFtôN,
Professeur agrégé de ïa Facilité de médecine de Pàïis,
Pharmâciéfi en chef dé PHotebD'iéb,
Conseiller général de F Yonne,
Député sortant.
— 1008 —
ALGÉRIE
lre circonscription d* ALGER
M, COLIN
Elu au 1er tour de scrutin, — 9,604 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le Congrès républicain, qui s’est réuni, à Alger, le 9 mars dernier, m’a désigné, à
l 'unanimité, pour être le porte-drapeau du Parti républicain tout entier, en face du député
réactionnaire sortant: M. Ed. Drumont.
Cette désignation unanime me dispenserait de tout programme, car, à elle seule, elle
est tout un programme* Je vous dois, cependant, les déclarations suivantes :
Républicain, je le suis profondément, car j’estime que la République est le seul régime
qui puisse répondre aux aspirations et aux vœux d’une grande démocratie.
Comme moi, il est vrai, mon adversaire se dit républicain. Mais la République dont je
me réclame n’est pas une République qui, comme celle de M. Drumont, est faite du regret
de toutes les servitudes du passé ; c’est une République s’inspirant de tous les principes de
tolérance, d’égalité, de solidarité et de liberté, posés par nos pères de 1789, et de cette
République, M. Drumont ne fera jamais partie.
Mon adversaire me désigne comme l’homme des juifs, parce que je ne vis pas de
1* antisémitisme, comme lui.
Àntijuïf, je pourrais me dire tel, si cela consistait, comme il y a quatre ans encore, à
se proclamer ennemi des privilèges réservés aux adeptes d’une certaine croyance. Mais
je ne puis l’être avec M* Drumont, car ce serait admettre qu’à raison de sa race ou de sa
religion, un homme puisse être frappé de déchéance.
Or, cela, un républicain ne pourrait l’admettre, puisqu’il lui faudrait oublier et
méconnaître notre admirable Déclaration de Droits de l’homme et du citoyen ; « Tons les
hommes naissent libres et égaux en droits, sans autres causes de distinction que leurs
vertus et leurs talents. »
Ayant horreur des guerres de races et des troubles qu’elles engendrent, j’ai toujours été
et je reste partisan convaincu des solutions de la loi du 26 juin 1889 sur la naturalisation.
J’ai toujours considéré et considère encore que l’application de cette loi est réclamée par
les intérêts permanents de ce pays.
Aussi hostile aux luttes religieuses qu'aux guerres de races, je me proclame résolument
l’adversaire de tonte mesure légale ou administrative susceptible de porter atteinte à la
liberté de conscience et au libre exercice d’un culte, quel qu’il soit. Mais, d'autre part, il
importe que les ministres de tous les cultes sachent se maintenir dans le domaine qui leur
est propre ; et j’estime que le pouvoir civil ne saurait être trop énergiquement armé pour
les y maintenir, ou les y ramener s’ils tentaient d’en sortir pour intervenir dans les luttes
de la politique.
— 1009 —
n° H62
Bien que nos adversaires prétendent monopoliser te patriotisme, je suis partisan d’une
armée grande et forte, puisqu'une armée telle paraît, aujourd’hui encore, la condition de
notre existence nationale.
Mais, tandis qu’ils révem d’une armée intervenant, à leur profit, dans les luttes de la
politique, je veux, au contraire, une armée se cantonnant dans sa tâche patriotique, et se
gardant de discuter dans une mesure quelconque les actes du pouvoir civil.
Au point de vue social, j’estime que toutes les questions qui concernent l'amélioration
du sort des travailleurs doivent nécessairement, à l’heure actuelle, primer toutes les autres,
aux yeux de ceux qu’éclaire et guide un idéal républicain, c’est-à-dire un idéal de fraternité
et de solidarité sociales.
Enfin, au point de vue algérien,, je ne crains pas de déclarer que je croirais manquer à
ma mission si, à l’exemple du député sortant, je me cantonnais dans ce rôle stérile qui
consiste à faire au Gouvernement une opposition systématique.
J’estime, en effet, que ce rôle ne saurait convenir à un député de l’Algérie,
Avant tout et surtout, un député algérien doit se consacrer à la défense des intérêts
économiques de la Colonie, bien plutôt qu’il ne doit intervenir dans les luttes ardentes de
la politique métropolitaine. Et ce n’est pas à l’heure actuelle, alors que ce pays traverse
une crise agricole et commerciale d’une exceptionnelle gravité, qu’il peut être question,
pour un député algérien, d’oublier et de méconnaître cet impérieux devoir.
Aussi, pour que le Gouvernement puisse me rencontrer parmi ses adversaires résolus
et irréductibles, il faudrait qu’il ne s’agisse de rien moins que de défendre contre lui la
République elle-même. Voilà les décïaratioûs essentielles que je crois devoir aux électeurs.
Je ne doute pas qu’elles soient de nature à suffire à tous ceux que hante le rêve d’uue
Algérie désormais honorée et prospère, et qui estiment que cTest non par des cris de haine,
non par des agitations stériles, mais par la concorde, le travail et l’union de tous, que ce
pays peut atteindre aux destinées qui lui paraissent promises*
Vive la France î
Vive FAlgérie !
Vive la République 1
Maurice COLIN,
Candidat do Congrès républicain.
■i •
2° circonscription d’ ALGER
M. BEGEY
Elu au 26 tour de scrutin. — 7,561 voix.
Mes cher Concitoyens,
Je ne suis pas un nouveau venu dans la politique, dans les affaires publiques, et cela
même me dispense d’entrer dans de longs développements en ayant l’honneur de solliciter
vos suffrages pour vous représenter à la Chambre des Députés.
H me suffira de vous rappeler, mes chers Concitoyens, que depuis plus de vingt ans
je lutte avec ardeur pour les idées de liberté, de fraternité et de justice, qui sont la raison
d’être de notre régime républicain.
De vous rappeler aussi que, pendant ces dernières années, alors qu’il y avait danger
127
r
i
— 1110 —
à le faire et que tant d’autres conservaient un silence prudent, j’étais de ceux qui protes¬
taient, au Conseil général et ali leurs, contti cette politique de haine et de désordre qui
a tant fait de mal à l’Algérie en nous déconsidérant aux jeux de nos compatriotes de la
Métropole,
j'étais enfin, dans ces épreuves difficiles, de ceux qui ont encouragé le Gouvernement
de Défense républicaine, à la tête duquel se trouve placé l’éminent homme d’État Vvakleek-
Rousseau, lorsqu’il avait à supporter l’assaut, des réactionnaires qui, sous le nom de
nationalistes — alors qu’ils faisaient tant de mal au pays — ne cherchaient qu’à revenir
aux anciens régimes.
Si j’ai l’honneur d’être votre représentant à la Chambre des Députés, c’est cette politique
que je continuerai à suivre, m’inspirant en cela des idées saines de la grande majorité des
électeurs de la2û circonscription, en lesquels le Gouvernement de la République a trouvé
un si préemux appui, lorsqu’il luttait en Algérie contre ceux qui ont inauguré à Alger cette
détestable politique qui va cesser te 27 avril prochain par l’échec de DrumonL
Je m’empresse d’ajouter, mes chers Concitoyens, que la politique ne sera pas ma seule
préoccupation, car un député algérien, et plus particulièrement celui de la 2e circonscription,
doit surtout s’occuper des questions économiques, des intérêts des agriculteurs, aujourd’hui
tant éprouvés par l'avilissement dos prix de leurs produits.
Je m’inspirerai, pour défendre ces intérêts, des discussions qui ont lieu dans les
diverses sociétés d’agriculture, des décision prises par les intéressés, et j’ai l’espoir ainsi
de contribuer à l’amélioration de la situation actuelle.
J’ai la conviction, tout se rapportant en Algérie à l’agriculture, qu’en m’occupant des
intérêts des agriculteurs, je m’occuperai des intérêts de tous.
M’inspiraut aussi des délibérations des Délégations financières, qui recherchent en ce
moment le moyen pratique de racheter les lignes ferrées algériennes avec le concouis de
la Métropole, je ferai tous mes efforts pour que cette question aboutisse ; car la possession
de nos lignes ferrées nous permettra de faire ou de faire faire, aux compagnies fermières,
de notables améliorations dans l’exploitation, ['unification des tarifs et leur raisonnable
réduction réclamée depuis si longtemps.
Je m’empresse d’ajouter qu’il ne faudra pas que les agents des compagnies actuelles
redoutent cette éventualité, les Délégations financières ayant décidé que les droits acquis
par cette catégorie m intéressante de travailleurs seront non seulement respectés, mais que
Ton améliorera la situation pour la plupart d’entre eux. Je dois rappeler, à cette occasion,
que c’est sur ma proposition que îa Délégation des colons prenait cette décision, qui a été
egalement prise par la Délégation des non-colons, sur L’initiative de mon collègue et ami
Bérard,
Pour cette intéressante catégorie de travailleurs, le vote de la Loi Btrteaux s impose.
Tout en m’occupant des intérêts des agriculteurs, des propriétaires, je n entends pas
me désintéresser de ceux de la classé ouvrières, des petits employés.
Je rechercherai donc, avec les membres du Gouvernement actuel qui s’en sont déjà
occupés, Les moyens pratiques d’assurer l’existeuce aux travailleurs sur leurs vieux jours,
F amélioration enfin de leur situation actuelle.
La création des tribunaux répressifs des indigènes, qui vient d’être faite par un décret
dff à l’intelligente et active intervention de M. Bevoil, noire si dévoué et si distingué
Gouverneur général, ayant fait faire un grand pas vers la sécurité réclamée pat les colons,
je ne dirai qu’un mot sur ce point, c'est que je m’efforcerai d’obtenir l’application aux indi¬
gènes des campagnes de là responsabilité collective, dernière mesure à prendre poui
assurer complètement la sécurité.
Eu terminant, je ferai remarquer que ces questions, et beaucoup d’autres qui ne
peuvent être énumérées et développées dans une profession de foi, me sont familières,
et que mieux que bien d’autres, moi h s expérimentés, je suis par conséquent à même de
les faire aboutir.
Propriétaire rural aussi bien que propriétaire urbain, j’ullre encore ceue garantie aux
— im —
N° 1162
colons, c’est que mes intérêts sont \m leurs, et que depuis la création des Délégations
financières, je les représente comme délégué colon.
pouvant enfin consacrer tout mon temps à la défense de vos intérêts, n'ayant à Paris
rien autre chose à y faire, vous aurez ïa certitude, mes chers Concitoyens, devoir en
moi un représentant dévoué, rompu aux affaires publiques et dont le passé répond do
l'avenir-
Vive ia France I
Vive FAlgêrie !
Vive la République !
Emile BEGEY,
Propriétaire, Conseiller général f
Délégué financier des colons*
lre circonscription de GONSTANTINE
M. AUBRY
Élu au 1er tour de scrutin — ô,Û5é voix.
Mes chers Concitoyens, ,
Si je n’avais écouté que mes gôfits, mes intérêts et les objurgations des miens, je ne
briguerais pas aujourd'hui l’hoaneur dé vous représenter au Parlement.
Mais ayant été toujours Un homme de devoir, je ne pouvais hésiter entre des consi¬
dérations’ personnelles et l’intérêt général. Je ne pouvais refuser le poste d’honneur et de
combat qui m’était offert, sans rehier moü passé, sans renier mes principes et ma foi poli¬
tique C’eût été de ma part line abdication, une faillite morale.
Comme c’est pour mes idées et mes convictions politiques que je lutte, et non pour moi-
mûme, je vais à la bataille sans fiel et sans haine, avec ia sérénité confiante et la géné¬
reuse ardeur qu’inspire une noble causé.
Vingt-cinq années passées dans cette Algérie que j’a.me tant et ou j’ai tous mes inté¬
rêts crédits et futurs, dix années dé gestion municipale et sept années consacrées aux
affaires départementales, dont deux au fauteuil de la Présidence, seront, j’ose l’espérer, des
titres suffisants à VOS yeux pour l’exercice du mandat que je sollicite. _
Républicain de principe et de doctrine, je suis toujours resté, sans une minute de
défaillance fidèle à mes convictions et à mes amitiés politiques; et aux heures les plus
critiques, mes amis savaient à l’avance que je ne faillirais jamais à mon devoir et qu’ils
pouvaient compter sur moi. ,, . x „
Quelque ardeur que j'ai apportée dans les luttes politiques, j’ai toujours respecté mes
adversaires et n’ai jamais abusé de la victoire. Ceux d’entre eux que j’ai obligés sont légion.
Quant à mes prétendues victimes, je demande qu’on cite leurs noms!
De mon programme, jô ne donnerai ici que les grandes lignes,
tifesafit à d’a-î très les étiquettes sonores et tapageuses qui ne sont, trop souvent,
hélas1 qu’une surenchère électorale, je m’intitule républicaiu tout simplement. Mais
j’alfirme qu’aucune réforme politique ou sociale ne m’épouvante, à la condition toutefois
qu'elle respecte la liberté individuelle et la propriété, fondements essentiels de toute
société régulière.
Par mon origine, je suis du peuple, et par ma profession, fai appris à l'aimer. Aussi
tous mes efforts tendront-ils a améliorer le sort du prolétaire et à faire régner dans la
société un peu plus de justice distributive.
Mais pour atteindre ce but, je compte beaucoup plus sur la liberté et sur îe jeu naturel
de l’association sous tous les formes que sur l’intervention de l’État,
L’État providence* l’État entrepreneur de félicité publique, ne m’inspire que craintes et
appréhensions. Le moindre danger de ce système est une centralisation excessive qui
opprime le citoyen et l'annihile en lui enlevant toute responsabilité et toute initiative.
L’aboutissant naturel du système* c’est le césarisme et le collectivisme. L'avertir politique
et économique de notre pays me semble donc être subordonné à la réalisation d’une décen¬
tralisation progressive et rationnelle.
Dans les conflits entre le patronat et le salariat* le droit à la grève m’apparaît comme
sacré* mais ce droit a un corollaire nécessaire : la liberté du travail, L'État doit faire res¬
pecter Fun et l’autre.
Les charges fiscales, autrement dit les impôts, me paraissent devoir* en toute justice,
peser surtout sur celui qui possède. le voterai donc l’impôt sur le revenu, mais à la condi¬
tion que la taxation ne soit ni vexatoire, ni inquisitoriale. Je repousserai l’impôt progressif
sur le revenu, que je considère comme un instrument de spoliation et de nivellement
social.
Un bon régime douanier doit tenir le milieu entre la protection et le libre échange.
Car ï’un ou Fautre système, appliqué d’une manière absolue et permanente peut entraîner,
pour la production nationale, des ruines irréparables.
L'enseignement national est, à mon sens, trop exclusivement orienté vers les fonctions
et les emplois de l'État. Il est urgent de le réformer et de l'adapter aux besoins du com¬
merce, de l’industrie et de l’agriculture. Malheur au peuple qui ne se prépare pas aux
luttes économiques de demain et se laisse distancer par les peuples rivaux î
Je m’opposerai à toute extension de notre domaine colonial, La France ne doit pas
compromettre son honneur et sa sécurité dans de nouvelles entreprises. Ses immenses pos¬
sessions créent des débouchés suffisants à son commerce et à son industrie. C’est vers leur
mise en valeur et leur exploitation rationnelle que doivent tendre tous ses efforts.
Enfin je prends rengagement de défendre avec un soin jaloux les droits et les préro¬
gatives de l’État contre tout empiétement du clergé (à quelque culte d’ailleurs qu’il appar¬
tienne) ; et pour sauvegarder les droits de l’État laïque, j'irai s’il le faut, jusqu’à la sépara¬
tion des Églises et de l’État.
Au point de vue algérien : je crois indispensable d’appliquer aux crimes et délits
indigènes une juridiction d’exception, moins compliquée et plus expéditive. Le décret sur
l'organisation des tribunaux répressifs est un premier pas dans cette voie. L'expérience
seule montrera ce qu’il vaut dans l’application. Je voterai d’ailleurs le maintien aux admi¬
nistrateurs de leurs pouvoirs disciplinaires et de plus la réforme du régime pénitentiaire
appliqué aux condamnés indigènes. Quant à la responsabilité collective, elle me paraît
irréalisable.
Je demanderai ou voterai en outre :
La révision du décret de 1878 en ce qui concerne la répartition des concessions dans
les nouveaux centres de colonisation; révision comportant l’admission des Algériens et
fils de colons pour la moitié au moins des lots, et l'attribution aux Algériens des lots refusés
ou laissés disponibles par les émigrants.
L’application liberale et large de la loi de 1897 sur la propriété indigène, c’est-à-dire
la liberté absolue des transactions entre indigènes et Européens,
Le rachat des chemins de fer algériens en vue de Lanification des tarifs et leur remise
à la colonie à des conditions compatibles avec ses forces budgétaires.
— 1013
N* 1162
L'introduction de l'Act-Torrens eu Algérie* réforme dont le moindre avantage sera de
faciliter le crédit aux colons.
Le maintien de la loi de 1889 sur la naturalisation, mais sous réserve expresse que
renseignement de la langue française soit effectivement obligatoire pour les enfants
d'étrangers.
L'abrogation du décret Crémieux, mais seulement pour l'avenir, les droits légalement
acquis restant intangibles. Les Israélites non encore naturalisés ne pourraient devenir citoyens
français qu’en se conformant à la procédure ordinaire relative à la naturalisation indivi¬
duelle.
Le maintien du service militaire d’un an pour les jeunes Algériens.
Enfin je défendrai énergiquement le maintien, pour les Algériens, des droits et préro¬
gatives attachés à la qualité de citoyen français, et de la charte politique dont ils jouissent
depuis plus de trente ans et qui est la plus précieuse garantie; et je m'opposerai d'une
façon absolue à toute extension des pouvoirs du Gouvernement général.
Cet exposé bien incomplet n'est qu'un pâle refiet de cet idéal de justice, de liberté et
de progrès vers lequel s'acheminent lentement la France et l'Algérie démocratiques. Mais à
chaque époque suffit sa peine. Le reste sera l'œuvre des générations futures.
L'Algérie est à une heure grave de son histoire.
Depuis cinq ans, les moeurs politiques de ce pays se sont notablement abaissées. Dans
le conflit violent des intérêts et des compétitions personnelles, la raison, ie bon sens, les
principes et les traditions républicaines ont sombré. Le vrai et le faux, le juste et
l'injuste se sont confondus; nous sommes tombés en pleine anarchie morale- Des
hommes qui se proclament républicains ont fait appel aux plus basses passions de la nature
humaine et réveillé des mœurs d'un autre âge. Ils ont déversé l'outrage et la diffamation
sur les meilleurs citoyens elles plus fidèles serviteurs de la démocratie, sans autre mobile
que le plus misérable intérêt électoral. Ils ont pactisé avec les pires ennemis de la Répu¬
blique et ont pris part à tous leurs complots.
Sont-ils donc des républicains, sont-ils des disciples de la Révolution! ces politiciens
qui ont déshonoré l'Algérie par leur antisémitisme grossier et sauvage, et ont fait à Dru-
mont un triomphe qui touche à l'apothéose î
L'antisémitisme est passé sur l'Algérie comme un souffle délétère; il a détraqué les
intelligences et desséché les cœurs.
A cette politique de duplicité, de mensonge, de violences et de trahison, j'oppose une
politique de franchise, de paix, de travail et de loyalisme républicain.
A la loque hideuse de l'antisémitisme souillé par des alliances honteuses et emblème
d’un passé barbare, j'oppose l'étendard républicain avec sa flamboyante devise : Liberté,
Égalité, Fraternité.!
J'ai le ferme espoir que c'est autour de lui que viendront se grouper tous les vrais amis
de l'Algérie, tous ceux qui ont encore au cœur le culte de la vérité et de la justice!
Vive la France ! Vive la République! Vive l'Algérie 1
Dr A. AUBRY,
Chevalier de la Légion d’Honneur,
Président du Conseil Général*
Vice-Président du Conseil supérieur de l'Algérie.
2n circonscription de CONSTANTIN!!
M. THOMSON
Élu au 1er tour de scrutin, — 7,179 voix.
Cher Concitoyen,
La lutte s'engage* cette année* flans des conditions par lieu Itères.
Pour vuus, il ne s'agit pas* comme il y a quatre ans, de prononcer entre des républi¬
cains de nuances diverses* qu'une question de circonstance pouvait diviser, mais dont la foi
démocratique était également sincère et qui étaient d'accord sur les articles essentiels du
programme progressiste.
Aujourd'hui* c'est la République elle-même* c'est son principe* ses lois, l'avenir de ses
institution^* qu'il faut défendre contre des attaques sournoises et perfides, derrière lesquelles
se dissimulent mal des tendances césariennes!
Nous avons, au cours de la dernière législature, assisté à un retour offensif de l'esprit
de réaction contre l'œuvre si péniblement édifiée depuis 1870,
Contre le régime républicain* une agitation factieuse s'est produite, nouveau Seize-Maî
plus dangereux peut-être que le premier parce qu'il était plus hypocrite.
La claire vision des périls d'une situation qui semblait inextricable, îa froide résolution
d'un homme d'État qui a compris que, pour défendre le patrimoine commun de la démo¬
cratie, il fallait s’adresser à toutes les fractions du parti républicain, ont suffi pour rétablir
l'ordre, pacifier le pays et briser les efforts de la coalition réactionnaire.
C'est ce que cette coalition n’a pas encore pardonné à M: Waldeck-Boussean,
Mais il ne suffisait pas de sauvegarder les position s depuis longtemps acquises, 11 fallait
poursuivre la tache démocratique, utiliser fanion des républicains pour la marche en avant.
11 fallait, avec la majorité que Ton avait su grouper autour d’un programme réformateur,
s'appliquer à tenir les promisses du passé,
Cette seconde œuvre ministérielle* non plus de défense, mais d'action* n'a été ni moine
laborieuse, ni moins utile.
Dans l'ordre politique, une loi* depuis vingt-cinq ans promise au pays et toujours ajour¬
née, a consacré îa liberté des associations licites et les a affranchies des obligations draco¬
niennes que leur imposait îa législation antérieure,
La loi sur les successions a mis fin à .une criante injustice en empêchant que l'impôt, à
l’avenir, pesât sur l'intégralité des biens transmis, sans déduction des dettes de l'actif de
la succession.
Le Gouvernement sTest particulièrement préoccupé des réformes d’assurance et de pré¬
voyance sociale.
Il s'est attaché au développement de la mutualité.
La réforme concernant les accidents du travail a été complétée.
Comprenant que la démocratie ne pouvait laisser plus longtemps sans solution, la
grave question de la vieillesse souffrante, malheureuse, dénuée de toutes ressources, h
Ministère a eu le grand honneur, en proposant l'organisation des caisses de retraites pour
les travailleurs, d'aborder une réforme dont la réalisation à bref délai s'impose. Il y a %
en effet* un grand devoir de justice et de solidarité sociale à accomplir.
Au point de vue de la défense nationale* et parmi toute une série ds mesures prisas
pour fortifier notre organisation militaire, la création d'une armée spéciale pour nos pos-
— i04Ü — NM 162
sessions lointaines a enfin donné satisfaction à l'opinion qui, depuis longtemps, réclamait
celte garantie indispensable à notre empire colonial.
Dans rofdre économique, par la réforma des octrois, par celledes boissons hygiéniques,
on a poursuivi le dégrèvement des objets de première nécessité.
Pour notre Algérie, une grande réforme budgétaire a été la création de ce budget spé¬
cial, si attendu, si demandé, et qui va vous permettre de vous procurer les ressources
nécessaires pour compléter votre outillage économique.
Ce régime nouveau, accordé à l’Algérie, doit à mon sens, donner deux grands
résultats :
Notre autonomie financière va nous permettre d* exécuter rapidement des travaux de
parachèvement dont le peu d’élasüriié de l’ancien budget prolongeait démesurément la
période d’exéeutioa.
J’ai, à ce propos, appelé Inattention de notre Gouverneur général, M. Revoil, dont les
dispositions favorables et la féconde initiative doivent nous inspirer toute confiance, sur la
situation intéressante de nos anciens centres et sur leurs pressants besoins. Nous espérons
q|une part importante des fonds d’emprunt sera affectée à leur amélioration.
Comme seconde conséquence, la mesure prise par ie Parlement à r égard de l’Algérie
doit largement favoriser la décentra fixation dans nos trois départements. Il importe d'élar¬
gir l’action de nos assemblées locales, communales et départementales, et de leur per¬
mettre de régler, sur place, des questions qui risqueraient de languir et de s’égarer dans
les bureaux d’une administration trop centralisée.
La situation des chemins de fur, en Algérie, e.^t devenue intolérable depuis que des
projets dus à l’initiative du Gouvernement ont donné aux Compagnies des raisons de croire
que ie rachat était proche.
Les installations complémentaires, les commandes de matériel, Tonification des tarifs,
IM resté en souffrance.
Voilà près de dix ans qu’on propose la révision des conventions algériennes et le
remaniement des réseaux; et depuis dix ans aucune modification importante aux tarifs
existants, aucune installation nouvelle, aucune augmenta lion sérieuse du matériel ne se
dérident, sous prétexte qu’on va incessamment procéder à la réforme générale qui, plus
que jamais, s’impose,
Tai fait et je continuerai à faire des efforts auprès de M. le Ministre des Travaux publics
et auprès de M. le Gouverneur général pour obtenir que nos réseaux et nos tarifs soient
piip, tout en assurant au personnel si intéressant et si méritant de nos compagnies la
consolidation des droits acquis et Taméîioratiou de situation a laquelle il peut justement
prétendre.
Meus avons énerniquement agi pour assurer aux producteurs algériens un plus facile
écoulement de leurs produits récoltés. Nous avons notamment défendu leurs intérêts au
srin du Go mité consultatif des chemins de fer et obtenu, après do longs débats, l’aduptiûü
des tarifs spèciaux communs 206 et 225 pour le transport sur Paris des vins algériens.
Nous avons été assez heureux, mon ami Etienne et moi, pour faire voter par Je Parle¬
ment notre projet contre les mistelies étrangères qui, nous en avons le ferme espoir, atté¬
nuera dans une certaine mesure, pour 1 Algérie, les fâcheux efftts de la mévente des vins.
Reste la question de sécurité qui, malheureusement, conserve encore son caractère de
gravité! Ntous avons demandé et nous persistons à demander une répression énergique et
surtout rapide pour tous les méfaits du banditisme indigène.
Désintérêt particuliers de notre circonscription et de nos colons, il est superflu, je
crois, de vous parler? Nos adversaires eux-mêmts veulent bien reconnaître Tardeur avec
«quelle je les ai défendus.
Chers Concitoyens,
Voilà vingt-cinq ans que j'ai Tiionuebr de représenter le départ arntiiii de Gonstanrinc.
:
1016 —
En 1877, Gambetta qui me désignait à vos suffrages, vous disait ;
a \h Gaston Thomson est le candidat de TEJnioû des républicains, 11 marchera en avant
du parti, mais pas en dehors de l'ensemble du parti, et c’est ce qu'il faut demander avant
tout. Je continue à faire des vœux pour son succès qui est entre les mains des patriotes
algériens, J'aî reçu deux fois, après la guerre, des témoignages de confiance de la part des
citoyens d’Algérie, par deux élections que je n'ai pas oubliées. À mon tour, je rend^ ma
confiance aux électeurs. Ils doivent un succès de plus à la République, Ils le lui donneront.»
Je crois avoir rempli avec conscience tous les devoirs que m’imposait le patronage de
ce grand républicain.
Je suis demeuré fidèle à mes souvenirs, à mes amis politiques, à mes engagements
aux principes de la République progressiste et démocratique.
Mou programme républicain et algérien de 1877 est mon programme d’aujourd'hui.
Je vous demande de me donner, par vos suffrages, la force de continuer à soutenir,
devant la Chambre, vos légitimes revendications.
Vive TÀlgêrie !
Vive la France î
Vive la République!
Gaston THOMSON, Député sortant.
lri circonscription cTGRAN
M* TROUIN
Élu au 2e tour de scrutin, — 5.790 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le congrès républicain, tenu à Cran ie 19 mars dernier et auquel ont pris part la
presque unanimité des Maires de votre circonscription et les membres du Comité de
Défense républicaine, a bien voulu me désigner comme premier candidat à la députation
dans cette circonscription au scrutin du 2? avril prochain. Fort de cette manifestation
essentiellement républicaine, je n’ai pas hésité à accepter Thonneur qui m’était ainsi fait.
J’ai considéré qu’il était de mon devoir de mettre mon activité et mon dévouement m
service d’une cause qui doit être chère à tous ceux qui ont vraiment au cœur l’amour de la
République et de l’Algérie.
J’ai pensé que, né dans ce beau département, dans cette ville d’Oran où j’ai passé toute
mon existence , où j'ai débuté comme instituteur, où j’ai grandi au milieu de vous, où j'ai
toutes mes affections et mes intérêts, je pouvais — - si yous m* accordiez votre confiants ■ —
rendre les services que vous êtes en droits d’exiger de ceux qui ne briguent pas vos suf¬
frages par ambition ou pour le seul plaisir de manifestations bruyantes, toujours préjtrii"
ciables à l’intérêt général.
Candidat indépendant, j’apparlïens au parti républicain, au parti de l’ordre et du pro¬
grès. Mes opinions n’ont jamais varié, et ce n’est pas — tous ceux qui me connaissent le
savent — pour les besoins de ma candidature que je me déclare ici franchement et résolu¬
ment républicain radical.
Je suis de ceux qui pensent qu’à l’heure où le parti clérical et réactionnaire, qui n’a
— 1017 — N* 1162
jamais désarmé, relève la tète et se reconstitue pour créer ie désordre, il ne faut pas dÉèqui-
Yoques.
il faut que les candidats disent sans ambages et ouvertement avec qui ils ont toujours
été, avec qui ils sont encore aujourd'hui, avec qui ils seront demain après leur élection,
quel asi le but qifiïs pour suivent, quelles sont leurs aspirations .
L’étiquette républicaine est en ee moment prise par tous les candidats à la députation
en Algérie. Il vous appartient de bien vérifier, en cherchant dans le passé de ceux qui se
présentent à vos suffrages, dans leurs alliances, dans leur patronage, si ces candidats ne
vous trompent pas.
. Ma vie tout entière s’étant écoulée au milieu de vous, il vous est facile de procéder à
cette vérification en ce qui me concerne. Vous ne trouverez pas un seul acte de mon exis¬
tence qui n’ait été celui d’un bon et fidèle républicain, d’un adversaire résolu de ïa
réaction.
Partisan absolu de la liberté de conscience, je me suis toujours tenu éloigné de toutes
les chapelles, de toutes les églises, de quelque culte qu’elles fussent. J’estîme que le pou¬
voir civil ne doit souffrir aucun empiétement de la part du pouvoir ecclésiastique, que tous
les citoyens, de quelque confession, de quelque religion qu’ils soient, doivent obéissance à
la loi. Je ne veux de privilèges pour aucun d’eux, et tous doivent un égal respect à la Consti¬
tution et aux lois du pays.
Élu, je serai toujours contre ceux qui voudront porter atteinte à la liberté des cultes
reconnus, mais toujours aussi avec ceux qui s’opposeront à l’usurpation de Pautorité par les
organismes que sont les congrégations religieuses et qui, avant le vote de la dernière loi
surins associations, ne tendaient à rien moins qu’a créer un État réactionnaire dans l’État
républicain.
C’est vous dire que j’approuve absolument le Ministère actuel d’avoir fait voter par le
Parlement cette loi sur les associations, qui n’est pas une loi de persécution, comme les
adversaires de la République le disent, mais bien une loi d’égalité, qui sera appliquée, j’en
suis certain, sans parti pris et conformément aux désirs librement exprimés des popu¬
lations.
Ja donne aussi mon entière approbation aux réformes sociales, si longtemps réclamées
par la démocratie, et que le Parlement a pu, sous la vigoureuse impulsion du Président du
Conseil des Ministres, M. Waldeck-Rousseau, voter au cours de la dernière législature:
réforme des successions et du régime hypothécaire; réforme des boissons; loi sur la durée
du travail dans les ateliers et manufactures; loi sur la sauté publique; lot sur le travail dans
les mines; organisation de renseignement technique professionnel, etc., etc.
Je voterai toutes les mesures de finances susceptibles d’assurer l’application intégrale
de la loi du 28 mars 1882, sur l’organisation de l’instruction primaire obligatoire, aussi bien
pour la France que pour l’Algérie.
Je me ferai le soutien, pour l’application à l’Algérie, de la loi Berteaux, toute en faveur
des employés de chemins de fer.
Toutes ces lois sont d’une portée sociale indiscutable.
11 en reste assurément d’autres à voter pour apporter dans les institutions du pays un
peu plus de justice et d’égalûé. Si je suis votre élu, je donnerai mon concours le plus
dévoué à l’élaboration et au vote de ces lois d’humanité qui, comme le projet sur les retraites
ouvrières, doivent préparer paur les humbles, pour tout ce monde si intéressant du travail,
lui avenir moins dur.
Dans ce même ordre d’idées, je ferai tout mon possible pour que l’union du capital et
du travail, si nécessaire pour éviter le choc violent et les luttes inutiles entre ces deux
facteurs si puissants de la prospérité nationale, entre davantage dans les mœurs de l’indus¬
trie et da c uomerce.
Au point de vue algérien, je demanderai, me conformant aux désirs qui seront exprimés
par vos assemblées élues, Conseils municipaux et généraux, Délégations financières et Con¬
seil supérieur, la réalisation de toutes les mesures propres à assurer le développement, le
progrès incessant de la colonisation et de Tou tillage économique de l’Algérie,
128
- im —
Ayant, comme commerçant et propriétaire, pratiqué personnellement l^iude deg
questions commerciales et foncières, si complexes et si diverses en Algérie, je pourrai, je
crois, rendre quelques services dans la discussion de ces questions.
Le problème si compliqué de la sécurité et dont le récent décret sur la répression des
délits indigènes vous a apporté une partie de la solution* sera Fobjet de mes plus vives
préoccupations* Il faut à tout prix que le colon soit protégé dons scs biens et dans ea per¬
sonne.
Il faut aussi que le colon soit aidé et que le crédit ne lui soit pas mesuré avec la parti*
monte dont il se plaint parfois, lies Caisses régionales crédit agricole mutuel devront
être créées partout on elles pourront apporter un utile concours à la colonisation. La sub¬
vention d'un million qui a été mise à la disposition de celle du département d'Gran, pourra
être un levier important dans l'avenir.
L'emprunt de 50 millions voté tout récemment par le Parlement* grâce à l'autonomie
financière dont f Algérie a été dotée, va permettre à notre Colonie de prendre Fesser qu’elle
attendait depuis longtemps. Des travaux importants vont être entrepris : barrages, ports,
canaux, création de centres, amélioration des anciens villages* etcM etc* Notre département
aura sa part dans cette distribution. De nouveaux centres y seront établis.
11 est de toute nécessité que tous nos chemins de 1er reviennent à la masse* le suis
donc partisan résolu de leur rachat immédiat et, de laur exploitation directe par 1 Mat*
Je demanderai que la plus grande partie des concessions qui seront alors distribuées le
soient aux fl Es de nos colons et qu'avant la remise de ces terres h la colonisation française,
on emploie à les défricher la main-d'œuvre pénitentiaire* qu’il faut faire sortir de nos pri¬
sons, où elle reste inactive, pour îa rendre utile à la colonie.
îe croîs avoir passé en revue, mes che"s Concitoyens, la plupart des questions suscep¬
tibles d'attirer plus particulièrement l'attention de ceux qui s'intéressent aux progrès de la
démocratie et à la prospérité do notre chère Algérie* S'il en est que, dans cet examen rapide,
j'aie oubliées, vous rrdexcu serez de l'avoir fait, mais soyez bien persuadés que* devenu votre
élu, je m'intéresserai à celles-ci comme aux autres, avec le vif désir de les faire aboutir
toutes à une solution heureuse pour la République et pour l'Algérie.
Pour éviter dans l'avenir toutes discussions nuisibles aux intérêts de P Algérie, et pour
ne pas continuer à creuser le fossé qui existe* je suis pour le maintien des lois existantes*
Fermement républicain, homme aux idées de justice ot de large tolérance, hostile aux
persécutions, d'où qu'elles viennent, Français ayant servi mon pays et le servant encore au
sein de Par iée nationale comme officiers de réserve, partisan delà prépondérance fran¬
çaise dans la Mère-Patrie et ses Colonies, je viens à vous librement* sans attaches d’aucune
sorte, si ce n'est celles qui me lient depuis longtemps, affectueuses et désintéressées, à nos
représentants républicains au Parlement, MM. Étienne et Saint-Germain*
J'ajouterai que je suis partisan, peur solutionner la crise et la mévente des vins, du
projet Augé, modifié dans un sens libéral*
En attendant le monopole des alcools* long à organiser* je demanderai la proclamation
immédiate d'un décret-loi, décidant que seul pourra être employé dans la consommation
et la fabrication des liqueurs, Faleool provenant du raisin.
Et, pour remédier aux préjudices causés aux industriels du Nord, que cet alcool sera
frappé des droits nécessaires pour donner une prime à Falco®! d'industrie et lui permettre
ainsi de concurrencer les pétroles d’Amérique, Palcool industriel devant être employé comine
moyen de chauffage* de locomotion et d'éclairage, remplaçant, en un mot* le pétrole dans
toutes ses applications.
Si j'obtiens îa majorité de vos suffrages, on me verra toujours à la Chambre des Députés
aux côtés et fidèle collaborateur de M. Étienne, dont l'autorité et l'expérience sont connues
de vous tous et s'imposent même à nos adversaires politiques.
Vive îa République! Vive la France I Vive FAlgèrie!
1 César TROUIN,
Conseiller général, Candidat républicain indépendant*
\m —
N- U6â
2” circonscription d’ORAN
M. ÉTIENNE
Élu au 1er tour de scrutin. — 0.978 voix.
Mes chers Concitoyens,
Au cours de ma carrière politique déjà longue, je me suis efforcé de vous tracer, bien
moins un vaste programme de réformes, toujours facile à élaborer, mais souvent difficile
à réaliser, qu’un court exposé des questions qu’il me paraissait facile de résoudre.
le ne saurais me départiT de cette sage méthode que vos suffrages ont sanctionnée
avec une constance et une fidélité qui ont fait tout à la fois raa force et ma fierté.
Je vous avais promis de défendre la République contre les menées factieuses des
oppositions coalisées et je n’ai cessé — a» cours de cette législature que l’histoire saloera,
malgré les agitations du début, comme une des plus laborieuses et des plus fécondes —
de prendre place au premier rang des défenseur» dû Ministère Waldeek-Rousseau dont le
elief éminent a .eu, par son incomparable éloquence, sa tranquille fermeté, ses vues
d’homme d’État, si nettes et si précises, ses- humaines aspirations pour I- amélioration du
sort de ceux qui, ayant fondé la République,, peinent et souffrent, gagner la confiance de
la nation et l’estimé du monde. .
Je ne vous redirai pas les grandes lois préparées et votées en dépit des assauts 1 un eux
d’une opoositioii qui, sous l’œil vigilant et implacable de l’éternel adversaire de la rtémo-
eratift. espérait une fois encore renverser la République et asservir sous sa brutale domina¬
tion le pouvoir civil à la faction cléricale. ...
Vous n’avez pas certes oublié la loi sur les associations ev le* Congrégations, qui libère
le temtoire de ces milliers de forteresses où s’organisaient, au grand dommage du clergé
séculier, la résistance et l’attaque à la souveraineté nationale i les lois successives- qui ont
amélioré la loi organique sur les accidents du travail — lois bienfaisantes et tutelai-res ;
la loi dus successions, qui dégage le passif de l’actif et équitablement applique 1 impôt
progressif aux biens dont surtout les collatéraux bénéficient ; la loi sur l’arraee coloniale,
qui désormais laisse intacte l’armée mériopolitaure pour les grands devoirs qui lut
incombent et qui assure à- la France l’instrument nécessaire à la sécurité de F intense
empire colonial, sue Gambetta, Jules Ferry et leur» fidèles disciples ont constitué ; et enfin
la loi sur les retraites ouvrières, qui a été ébauchée et qu’il faut à tout prix faire aboutir par
telle formule qui Süîa la plu» aLCUptab.e et U- niyi..s onéreuse. .
Et alors qu’il semblait- que la crise intérieure qui agitait le pays sollicitait toute
l’énergie, tous le» elïoits des pouvoirs publics, nous avons enfin obtenu, nous français
d’Algérie, l’émancipation, la libération de notre grande colonie. . '
A la tutelle administrative et finanmè- e de la- métropole, qui paralysait 1 essor de notre
Algérie a fait place un régime do décentralisation et de liberté qui, su) nous impose de
lourdes responsabilités, nous- assure le brillant avenir que Prévnsi-Paradol assignait a nos
^^Tk demande dès représentants républicains de l’Algérie au Parlement, le budget
spécial est constitué. (Désormais l’Algérie disposera de- tontes ses ressources sous le contrôle
li ^ aiTmemorable, le plus important de tous ceux qu’a enregistrés l’histoire de notre
colonie, est le point de départ d’une ère nouvelle. ïl est k base* le londetoent de la charte
— 1020 —
algérienne. De lui découlent toutes 1rs conséquences décisives dont nous ressentons les
premiers effets.
Avec nos éminents Gouverneurs généraux, le regretté M. Lafeirière, M. Jonnart dont
nous n’oublierons jamais la fidèle et constante affection, M. Revoil dont la judicieuse et
infatigable activité a déjà assuré les résultats les plus efficaces, les liens financiers qui
enchaînaient l’Algérie à la Métropole sont brisés. Encoie quelques efforts, et le vaisseau
qui porte la fortune de noire colonie pourra naviguer en pleine liberté et à l’allure qui lui
conviendra.
Dès aujourd'hui l’emprunt de 50 millions va nous permettre d’agrandir les anciens
centres, d’en créer de nouveaux, de construire nos routes, d’améliorer nos forts, canaux
et barrages, d’aménager nos forêts.
Sans répit nous devons troir- er la lolutîon la plus avantageuse pour unifier nos
résaux et nos tarifs de chemins de fer en accordant à tout le personnel si dévoué et si
patriote de chacune des Compagnies la consolidation des droits acquis, avec la constitution
d’une caisse de prévoyance pour le personnel qui n’en bénéficie pas.
La sécurité ne saurait être toujours promise et jamais assurée.
La procédure criminelle doit être réformée en ce qui concerne 1rs indigènes. Les
crimes et les délits doivent être recherchés par des moyens de police plus mobiles et
mieux appropriés à nos régions. Us doivent être instruits et châtiés avec promptitude. Le
châtiment ne doit pas être l’isolement et le repos, mais te travail obligatoire au profit de
l’État, des départements et des communes.
La loi sur les forêts votée par la Chambre, votée par le Sénat avec quelques modifica¬
tions, sera définitivement acquise dans quelques mois et fera un juste départ entre les
nécessités de la vie pastorale des indigènes, les besoins de la colonisation et le développe¬
ment de notre domaine forestier d’où dépendent l’existence et l’avenir de notre colonie.
Le Sénat vient de sanctionner la loi sur les misteiles votée par la Chambre desDéputès.
J’ai l’espoir que les effets de cette loi atténueront les conséquences si graves delà mévente
de nos vins.
Les pouvoirs publics s’ingénient pour irouver un soulagement à la crise qui, chaque
jour, s’aggrave. J’ai voté et je voterai toutes les mesures qui auront pour effet de provoquer
l’écoulement ou la transformation de notre surproduction.
Mais ce que nous devons développer sans retard, ce sont les caisses régionales
agricoles de crédit mutuel qui nous permettront de traverser les épreuves de l’avenir avec
moins d’angoissantes appréhensions. Je suis d’avis que les 3 millions attribués aux caisses
régionales de crédit mutuel, doivent être répartis à raison d’un million par département et
que le montant des avances de l’État, qui, actuellement, ne peut être supérieur au
quadruple du capital versé des caisses régionales, soit élevé au décuple de ce capital.
Ce que nous devons obtenir, c’est que le crédit des banques, au lieu de se resserrer
alors que la crise est intense, soit plus large, plus conciliant et plus patient.
L Algérie je l’ai dit et proclamé bien souvent — est appelée à jouer un rôle
prépondérant dans la politique française, aussi bien en Afrique que dans le monde. Déjà
dans notre Sud, grâce à sa belle et vaillante armée, elle a occupé les oasis sahariennes
et à son heure elle saura se relier au Soudan, cet immense réservoir d’hommes et de
soldats.
Notre chemin de fer de pénétration qui va atteindre Beni-Hounif, au seuil de Figuig,
sera tout d’abord prolongé jusqu’à Igli. Au nord-ouest, notre devoir le plus impérieux nous
commande de construire le chemin de fer de Tlemcen à la frontière marocaine.
Le vaste empire chérifien ne saurait trouver ailleurs quecheznous l’appui économique,
militaire et financier pour échapper aux convoitises dont il est l'objet, et dont nous ne
saurions tolérer la persistante audace.
Mais pour que rien ne puisse entraver notre action, il faut que sur cttte terre d’Algérie,
où sont tombés dans les combats cent mille des nôtres, la domination française ne puisse
être ni compromise, ni même altérée.
— 1021 —
N° H62
Après soixante-dix années d’exîstence, dont près de trente ont été consacrées à la
guerre et à la pacification, l’Algérie a donné des preuves irrécusables de sa vitalité*
Devant l’indomptable courage de nos colons* qui ont fait de l’Algérie le joyau de
notre empire colonial, les détracteurs, les envieux n’osent plus élever la voix*
Aujourd’hui l’horizon s’est éclairci ; la France républicaine a donné à l’Algérie la
liberté qu’elle revendiquait. Nos devoirs ont grandi avec nos droits.
En dépit des tristesses de l’heure présente, en dépit de toutes les entraves, nous ferons
mieux encore que par le passé.
Si vous pensez qu'aîors que courbés sur vos charrues pour travailler et produire, je
serai là-bas assez actif, assez courageux, assez puis ant pour vous protéger et vous
défendre, vous le direz dans un immense mouvement d’affectueuse confiance* Ma candi¬
dature, comme au premier jour, il y a vingt et un ans, ne saurait avoir pour devise que
ces mots :
Tout pour la France.
Tout pour l’Algérie française.
Tout pour la République,
Votre fidèle et dévoué,
Eugène ÉTIENNE,
Député sortant.
COLONIES
lre circonscription de la MARTINIQUE
M. CLÉMENT
Élu au 2e tour de scrutin. — 5.775 voix.
Chers Concitoyens,
La sympathie des comités radicaux de l'arrondissement du Sud, m’a valu l'honneur,
qde j’étais loin de solliciter, de porter le drapeau du parti républicain aux élections législa¬
tives du 27 avril, le viens vous exposer quelles sont les idées que je défendrai, si vous me
confiez le grand honneur de vous représenter au Parlement.
Laissez-moi vous dire que je m’attacherai tout d’abord, si je suis élu, à effacer la triste
impression qu’a donnée de nous M. Duquesnay, qui a négligé d’ane madère absolue, les
intérêts généraux de notre pays, pour s’acharner à la poursuite des executions et des ven¬
geances de parti. Je m’efforcerai au contraire d’être avant tout le député de mon pays tout
eulier, d’oublier tout ce qui, dans notre petite patrie bien-aimée, nous divise et nous affai¬
blit, pour ne me rappeler que ce qui nous fortifie en nous unissant.
Mon programme, je l’ai déjà dit, est d’abord un programme de défense économique.
J’emploierai toutes mes forces et tuu.e l’expérience qu’a pu me donner une longue pratique
agricole, à obtenir pour la production coloniale des améliorations capables de sauver notre
agriculture et notre industrie sucrières si fortement menacées. Nos alcools méritent égale¬
ment une sollicitude particulière : je m’appliquerai activement à faire aboutir les mesures
de protection déjà réclamées en leur faveur.
Nos denrées secondaires, café, cacao, vanille, etc., sont d’utiles auxiliaires de notre
production. Je joindrai mon action à celle des représentants coloniaux, qui poursuivent leur
dégrèvement intégral à l’entrée de la Métropole.
Une plus équitable répartition du crédit est la condition nécessaire de notre relèvement;
H convient, dans cet ordre u’idèes, d’élever par rapport à la valeur du gage le montant des
prêts sur récoltes. Je favoriserai une autre modification des statuts de la Banque, qui per¬
mettrait de consacrer, sous des garanties sérieuses, un tiers des réserves à des prêts à longs
termes, destinés uniquement aux petits propriétaires sc livrant aux cultures secondaires.
Enfin, je poursuivrai le dégrèvement des taxes hypothécaires et des droits de muta¬
tion, de manière à faciliter la mobilisation des parcelles.
Je suis acquis, depuis longtemps, à la cause du morcellement des terres domaniales, et
je suis partisan de toute combinaison accordant de plus grandes facilités de payement et de
mise en valeur, ou organisant, pour les acheteurs, le crédit agricole sous la garantie de la
colonie.
Cet ensemble de mesures assurerait la prospérité de la Martinique et consacrerait la
solidarité qui lie entre eux tous scs enfants. Je serais heureux si, m’attelant à cette seule
tâche, j’arrivais au terme d’une législature après l’avoir accomplie.
Na H 62
« 1023 —
1/ évolution historique de notre prolétariat, si longtemps attaché à un sol dont la pos¬
session lui était interdite, le pousse invinciblement à poursuivre son accession à la propriété
individuelle- Mais il désire ardemment, sons cette réserve, conforme à celle du congrès ra¬
dical de Lyon, bénéficier de toutes les lois sociales de la Métropole. Partisan de 1 interven¬
tion de l’État pour protéger les travailleurs contre les abus de notre système industrialiste,
je voterai toutes les mesures d’assurance sociale contre la maladie, le chômage et la vieil¬
lesse. Je m’attacherai plus particulièrement à faire aboutir et étendre à notre démocratie
la loi sur les retraites ouvrières et une législation plus équitable encore des accidents du
travail.
Quelque défiance qu’inspire le système des monopoles, je reste partisan des mono¬
poles d’Êfat substitués aux monopoles de fait qui, pour le sucre par exemple, livrent pro¬
ducteurs et consommateurs à l’arbitraire de quelques exploiteurs.
Je terminerai cet exposé de la partie économique de mon programme en vous disant
que je réserverai toute ma sollicitude à notre grand port de guerre de Fort-de-France. U
création d’un vaste dépôt de charbon, d’une aiguade abondante et saine, d un bassin de
radoub agrandi et bien outillé, entraînera de grands travaux ou tous les bras trouveront à
s’employer. . , , . ,
De nos bourgs, ceux du François et tie la Rivière -Pilote méritent la création de voie,
d’accès plus commodes et plus sûres que les canaux actuels. Je tâcherai de déterminer les
pouvoirs publics à s’y intéresser en approuvant, pour l’exécution de ces travaux, 1 appui
financier de la colonie- , . , ki;
La diffusion de l’instruction à tous ses degrés reste L’idéal intangible du parti républi¬
cain. Je veillerai au maintien des conquêtes du passé et à leur extension dans toutes les
branches de Inactivité intellectuelle et professionnelle.
Notre régime colonial a subi de fâcheuses modifications; la colonie succombe sous ses
charges nouvelles. Je m’appliquerai à poursuivre son allègement, et l’abrogation de la loi
qui met noire Conseil général sous la tutelle du Conseil d FLat.
La magistrature, PadministraLiun, l’armée, sont, pour les fils de notre pays, c es te
bouchés honorables Je ne travaillerai point h les en exclure, comme l’a fait M. Duquesnay.
Je faciliterai, au contraire, le recrutement, dans notre vieille île française, des fonction¬
naires déjà acclimatés, nécesssaires à ngs grandes coionies u’Asie et d’Afrique,
Au point de vue politique, je m’associe entièrement au programme du cabinet Waldcck-
Rousseau, qui a consolidé la République, agrandi le prestige extérieur de la
ment orienté le pouvoir dans la voie des améliorations promises par la République au pro-
1 iP f îl ï1 1 S-i if
Partisan d'une révision partielle de la Constitution de 1875, du mandat imp^atif, du
jury en matière correctionnelle, de l’extension de la liberté de la presse et ue la liber é de
réunion, de la réduction des frais de procédure, de l’impôt sur le revenu des creances hypo¬
thécaires, de la progressivité des droits de succession, de la suprématie du pouvoir ^ de
la neutralité religieuse de l'Etat, je voterai, en un mot, toutes les mesures de Pro^s
d’action républicaine proposées par le groupe radical et radie avaliste, e me : ferai en¬
fin UQ honneur de siéger aux côtés des Brissoh-, des Bourgeois et des Camille elletan, qu
demeurent, au Parlement, les continuateurs du bienfaiteur illustre de notre pays, le vénéré
Schœlcher.
Vive la République !
Vive la Martinique!
D' H. CLÉMENT*
— 4024 —
2° circonscription de la MARTINIQUE.
Sélection n'a pas eu lieu.
lr* circonscription de la GUADELOUPE
M* GERVILLE-RÉAGHE
Élu au 1er tour de scrutin, — 5.955 voix.
Mes chers Concitoyens,
Depuis si longtemps que vous me voyez à l'œuvre, je n’ai pas besoiu de vous faire de
profession de foi, mats au moment où la secte collectiviste internationaliste inaugure la
guerre contre le parti dont j’ai le grand honneur d’êLre le chef à îa Guadeloupe, j’ai besoin,
tant pour la colonie et pour les colonies-sœurs que pour la France, de dire très nettement
la position que j'entende prendre dans ce combit*
J’aurais voulu pouvoir livrer à mes adversaires une lutte d’idées et de programmes,
mais ils ont tout de suite placé la bataille sur le terrain des pires injures, des plus odieuses
calomnies. J'estime donc que je n’ai pas affaire à des hommes politiques, et ce n’est pas
pour eux que je détermine mon programme d'action et d’avenir.
Je veux le progrès social par l'amélioration du sort des faibles, des malheureux, des
travailleurs. Je veux une société qui protège les enfants, les infirmes, les vieillards. Je veux
une société qui assure le travail à qui veut travailler, et qui prend sous sa protection les
sans-travail qui veulent travailler*
* Je veux une société qui assure la justice dans l’impôt,
L’ économie dans les finances,
L'ordre dans la rue,
La liberté pour tous ceux qui s’organisent en vue de tirer un meilleur parti de leurs
forces individuelles, physiques ou morales,
La pensée et la conscience libres.
Sortant des formules générales, je voterai pour :
La caisse des retraites contre 1a vieillesse, contre la maladie, contre le chômage;
L’impôt progressif sur le revenu ;
La séparation des Églises et de FÉtat;
Une large déruralisation des pouvoirs administratifs ;
La révision des loii constitutionnelles en vue de fortifier la République et de rendre
plus efficace son organisation parlementaire*
Je continue à vouloir l’assimilation de plus en plus grande de la Colonie à la France, et
je demande la franchise des droits de douane sur tous les produits des colonies françaises,
placées sous le régime douanier français.
N° H 62
— 1025 —
Je suis l’adversaire résolu de toute réaction politique ou cléricale, mais je sois aussi
non moins l’adversaire résolu du collectivisme et des partis révolutionnaires.
Le collectivisme s’affuble, à tort, du nom de socialisme ; ce nom ne lui appartient pas
en propre ; il appartient à tous ceux qui veulent l’amélioration du sort des malheureux ; à
ce titre il m’appartient comme à tous les cœurs généreux et bons.
Le collectivisme que je combats est celui qu’a défini l’article premier du congrès de
Lyon du 26 mai 1901 et qui recherche : « Entente et action internationales des travailleurs,
organisation politique et économique du prolétariat en parti de classe pour la conquête du
pouvoir et la socialisation des moyens de production et d’échange, c’est-à-dire la transfor¬
mation de la société capitaliste en une société collectiviste ou communiste. »
Je le combats, parce qu’il est la négation du progrès et de la liberté humaine.
Je suis également l’adversaire des révolutionnaires, parce que je hais le recours à la
force, là où on a la parole, la pensée libre et le bulletin de vote pour iormuler ses aspira-
tions et ses volontés.
Vive la République !
G. GE RVi LLE-RÉACHE,
Avocat à la Cour (l’Appel de Paris,
Candidat radical.
2B circonscription de la GUADELOUPE
M. GÉRAULT-R1CHARD
Élu au 1er tour de scrutin. — 6.472 voix.
Aucun document concernant cette élection n’est encore parvenu à la Commission.
1” circonscription de LA RÉUNION
M. Louîb BRUNET
Élu au 1er tour de scrutin. — 5.838 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je me suis eïïorcé de bien remplir le mandat que vous m'avez confié
AL-je réussi? Vous le direz.
Dans les circonstances actuelles, après l’assaut livré a la
l’effort énergique et constant lait par vos représentants pour
députation des Colonies, après
la défense de vos intérêts ei
129
- 1036 -
de vos droits — de tous vos intérêts et de tous yos droits — F abstention d’une partie du
corps électoral serait regrettable.
Ma co u science m’a jugé. Elle est tranquille.
Mais les élus du Peuple aspirent h être jugés par le Peuple* Cette satisfaction leur est
due,
* *
A lire notre correspondance bimensuelle, vous avez pu vous rendre compte du travail
accompli jour par jour, heure par heure.
Est-il besoin d’énumérer ?
Auprès des ministres, dans la presse, dans les conférences* h la tribune, partout je me
suis prodigué, partout fai livré bataille — je dois dire nous avons livré bataille — pour
arracher quelques lambeaux de nos vieilles libertés aux appétits qui les assaillent.
Ce hi’est pas, à vrai dire, dans Je monde politique, si je prends ce mot dans sa haute
acception, ni dans les cercles ministériels, que l’on rencontre les adversaires des Colonies:
ils sont ailleurs, ils sont dans la ligue de> aspirations et des compétitions.
Ils sont dans ces redoutables coalitions qui, si on ne leur barre pas la route, sou¬
mettront quelque jour la France et le monde à la pire des monarchies, à la royauté de For,
à ces trusts qui menacent déjà d’étouffer le pays appelé jadis la libre Amérique,
*
* *
Votre représentation a défendu et sauvé la Banque locale, objet de tant de convoitises.
Elle a affirmé et revendiqué, après le vote du Conseil général, les droits de ïa colonie
et de PÉtnt à exiger la revente des biens détenus par le Crédit foncier colonial.
Et ces revendications, elle les a fait triompher enfin devant la Commission extra-parle¬
mentaire, qui a décidé que « le Gouvernement a le droit et 3e devoir d’inviter le Crédit
foncier à se préoccuper d’une prompte revente, sauf à d isctrer avec lui, et dnns Fintérêt de
tous, les conditions dans lesquelles doit avoir lieu cette opération ».
L’exposé des phases par lesquelles ont passé ces deux questions de la Banque et du
Crédit foncier est encore dans la mémoire de tous ceux qui ont lu la correspondance des
représentants. Quand tout semblait perdu, on luttait encore... jusqu’au jour ou intervinrent
les solutions définitives.
Et il en fut de même pour la défense des citoyens et des fonctionnaires, pour le main¬
tien des prérogatives des assemblées élues, pour l’existence menacée de l’enseignement
primaire et de notre Lycée.
Enfin je iPai jamais cessé de proclamer que la raison même, la base et la garantie de
notre statut colonial c’est: <c Le droit commun pour tous », et, comme corollaire, la sup¬
pression du régime des décrets. La Commission des colonies et la Chambre ont, récemment
encore, applaudi à ces déclarations,
*
* #
Le personnel de renseignement, celui du chemin de fer et du port, les fonctionnaires
des autres services ont, quand leurs réclamations étaient justifiées, trouvé en moi un
défenseur, A toutes les bonnes causes je me suis dévoué. Justice obtenue, j’ai oublié les
noms.
ut
* *
Je ne pouvais me désintéresser des problèmes sociaux, qui agitent le monde entier et
lu bouleverseront peut-être demain.
En fils dévoué de fa Révolution, j’ai repoussé les dangereuses doctrines du collectif
— 1027 — N° H 62
visme, qui veut TÉtat patron. Moi, je veux le respect de la propriété individuelle, des ini¬
tiatives et de toutes les libertés chèrement conquises.
Je suis, suivant les heureuses formulas d’un illustre homme cTÉtat: pour le droit invio¬
lable delà personne humaine et du produit de son travail.
Je suis pour révolution pacifique, par laquelle le travailleur aura la légitime rému¬
nération de son travail.
Je suis pour l’examen méthodique des réformes sociales et fiscales qui s’imposent aux
préoccupations des sociétés modernes, dans l'intérêt de l’individu et de tous, dans F'imérêt
de la défense nationale, qui ne saurait être livrée aux spéculations des grands capitaux et
aux manœuvres de l’agiotage.
Nous sommes aujourd’hui les vrais conservateurs.
* *
Dans les réunions publiques, je dirai, mes chers Concitoyens, mon action dans les Com¬
missions et à la Chambre ; je montrerai, s'il y a lieu, mon nom au bas de vingt proposi¬
tions ou rapports sur les questions qui nous intéressent :
Assimilation des magistrats coloniaux à ceux de la métropole, réforme de la magistra¬
ture, recrutement des magistrats, modification des lois, transformation de k Haute Cour,
extension de la compétence des juges de paix.
Assistance à l’agriculture,' dégrèvement de nos denrées, soumises, en France, à des
taxes uniquement fiscales et non justifiées.
Création de ports francs en France et dams les colonies, pour rendre au commerce et à
rin dus trie la prospériié, compromise par Y excès du protectionnisme.
J Indiquerai enfin mon rôle dans les questions intérieures et extérieures coloniales.
Ce rôle a été modeste, li fut peut-être utile quelquefois.
Et je me rends du moins ce témoignage que partout où Fmtérét de mon pays et celui
de la République ont été on jeu, que partout aussi où il y a eu une cause juste a défendre,
partout et toujours, j'ai dit: Présent I
■ Louis BRUNET.
2fl Gîjroûnscription de la REUNION
M. DE MAHY
Elu au 1er tour de scrutin. — 7.121 voix.
Aucun document concernant cette élection n’est encore parvenu à la Commission.
— 1028 —
Circonscription de 11NDE FRANÇAISE
M. HENR1QUE-DULUC
Élu au 1er tour de scrutin* — 30*541 voix*
Mes cher s Concitoyen s j
Vous m'avez donné, en mai 1898, un précieux témoignage d’estime et de sympathie* Je
me suis efforcé, au cours de la législature qui finit, de justifier votre confiance*
Je viens vous demander de me la conserver, en renouvelant le mandat de vous repré¬
senter à la Chambre des Députés*
J’ai conscience d'avoir exécuté fidèlement le programme que vous m'aviez fixé en 1898*
Vous m’aviez invité à faire accepter par le Gouvernement métropolitain la réforme
électorale que vous poursuiviez inutilement depuis quinze ans. Vous avez obtenu satisfac¬
tion : le décret du 26 février 1884 a été abrogé ; les conseils électifs de la colonie ont été
réorganisés par le décret du 19 septembre 1899*
Vous m’aviez demandé de faire résoudre au profit du budget local la question, presque
séculaire, de la Rente de l’Inde.
Vous n'ignorez pas quelle résistance ont toujours rencontrée vos légitimes revendica¬
tions.
Dès 1899, j’ai revendiqué pour la colonie, à la tribune, lors de la discussion du budget
de 1900, le produit de la rente payée par le Gouvernement anglo-indien au Gouver¬
nement français. Le Ministre des Finances, bien qu’il ait maintenu la doctrine con¬
stante de son Département sur ce point de droit, a pris cependant l'engagement d’inscrire
au budget de 1901 une subvention extraordinaire, qui représente l’équivalent d'une partie
de la rente du sel.
Cet engagement, qui a été confirmé par une déclaration formelle du Ministre des Colo¬
nies, a été tenu ponctuellement. Le Conseil général a délibéré, le 21 janvier 1902, sur les
conditions d’un emprunt qui sera gagé par la subvention ci-dessus mentionnée, c'est-à-dire
garanti par le Trésor français.
Ce il' est pas assurément tout ce que vous auriez désiré; c’est beaucoup plus que vous
n'aviez obtenu depuis 1815* Mais ce n’est qu'une première satisfaction. Je ne puis, quant à
moi, considérer comme tranché définitivement le différend qui divise la métropole et la
colonie. Vos droits restent entiers et vos revendications n’auront rien perdu de leur légiti¬
mité, quand la question de la rente sera posée de nouveau.
Au cours de la législature, le principe de la représentation coloniale, de celle de l'Inde
en particulier, a été attaqué avec une ardeur insolite et d’autant plus remarquée: discours
à la tribune de la Chambre, pamphlets contre les électeurs de notre colonie, articles de
journaux, proposition de loi, tous les moyens ont paru bons pour porter atteinte au droit
reconnu depuis 1789, confirmé en 1848 et en 1871, à nos populations, d’envoyer député et
sénateur au Parlement français.
N° 1162
— 1029 —
Vous savez que j’ai relevé le défi à la Chambre et hors de la Chambre. J’ai la satisfac¬
tion de constater que cette campagne n’a pas abouti.
Le bon sens du Parlement et du Gouvernement a fait justice de ces coupables ma¬
noeuvres. J’ose dire que l’attitude personnelle de vos deux mandataires à la Chambre et au
gênât, leur union parfaite, ont déjoué les calculs des détracteurs de l'Inde.
Dans l’ordre économique, la colonie a couru un réel danger; une proposition de loi
déposée par M. Méline et quelques autres ardents protectionnistes, menaçait votre unique
industrie locale, la filature et le tissage du coton.
]’ai pu empêcher la mise à l’ordre du jour des séances de la Chambre de la discussion
du rapport présenté par M. Boucher, au nom de la Commission des douanes, et concluant à
la suppression de la franchise dont jouit l’exportation des guinées à leur entrée dans les
autres colonies. Les représentants de votre industrie textile à Pondichéry et à Bordeaux
comme à Paris, savent quels efforts a dû faire votre député, pour éviter le désastre qui a
failli s’abattre sur la colonie et ruiner, à la fois, les industriels de Pondichéry et la popu¬
lation laborieuse de notre établissement principal.
Que serait-il advenu si la colonie n’avait eu hier— et n’avait demain, à la Chambre, —
uu mandataire chargé de signaler les dangers de ces modifications subites au régime éco¬
nomique de l’Inde? Cela se devine aisément; notre industrie textile, celle dont vit le pays
presque exclusivement, eût été frappée de mort.
J’ai défendu ces intérêts en péril, comme je le devais et aussi énergiquement que je
l’ai pu.
La question qui nous occupe sera posée de nouveau, sans doute, dans la prochaine
législature. Peut-être se présentera-t-elle sous la forme de l’abrogation pure et simple du
régime d’exception sous lequel est placée notre coiotiie, ce qui serait le retour au droit
commun. La Commission des douanes m’a invité officieusement à saisir la Chambre de
commerce de Pondichéry d’une motion de principe sur ce point. Il appartient à tous ceux
que cette modification importante à notre statut économique intéresse, directement ou in¬
directement, d’indiquer à votre député quelle réponse il devra faire, le cas échéant, à la
future Commission des douanes.
Des incidents d’une extrême gravité ont troublé, dans ces derniers mois, l’harmonie
quin’avait cessé de régner, pendant trois ans, entre les assemblées locales et le repré¬
sentant du pouvoir central. Dans ces conjonctures difficiles, douloureuses même, votre
député n’a rien négligé pour mettre au plus vite un terme au régime tyrannique qui pesait
sur la masse de la population et ses représentants les mieux qualifiés. La vérité a vaincu
l’imposture, la justice, trop longtemps obscurcie, a fini par apparaître en pleine lumière.
L’innocence a eu raison de la calomnie et de l’intrigue. Les auteurs de tant de méfaits ont
été désavoués par le pouvoir central. Ils ont reçu i ordre de quitter 1 Inde , ils n y revien¬
dront pas.
Après ces épreuves imméritées, notre colonie a besoin de retrouver le calme et le
repos que des manœuvres inqualifiables lui ont fait perdre.
Les finances locales ont été gaspillées sans frein ni mesure; les décisions du Conseil
général n’ont pas été mieux respectées que les règles de la procédure criminelle. Il est
urgent de revenir à la saine observation des décrets qui sont la charte de oos libertés
locales. 1
Des abus de pouvoir ont été commis avec une inconcevable inconscience; il est néces¬
saire d’en empêcher le retour, en confiant l’administration et les services de la colonie à
des fonctionnaires prudents, pondérés, de sang-froid, bienveillants, qui auront mission de
redresser les erreurs et de réparer les fautes du passé.
Je mettrai tous mes soins à éclairer de mes avis le choix du pouvoir central, à guider
de mes conseils les décisions de nos administrateurs, à rétablir, eu un mot, entre gouver¬
nants et gouvernés l’harmonie qui est indispensable à la bonne marche de l’administration
et à la prospérité de la colonie.
Dois-je ajouter qu’au Parlement je continuerai à veiller à ce qu’il ne soit porté aucune
%
atteinte à vos droits politiques et à vos intérêts économiques. Je m’y suis appliqué avec
quelque utilité, je le crois, pendant ia dernière législature. Je persévérerai dans cette voie
mes chers Concitoyens* si vous me faites l'honneur de me continuer votre confiance ans
élections prochaines* .
Vive la République I
Louis HENEIQUE'DULUG,
Député sortant,
Officier de la Légion d'honneur.
Président d'honneur du Syndicat de la presse coloniale.
Président du Groupe colonial des Conseillers du Commerce extérieur de
la France*
Directeur politique du Voltaire et de la Politique coloniale.
Circonscription de LA GUYANE,
M, URSLÈUR
Élu au lor lour de scrutin. — 161 i voix*
Aucun document concernant cette élection mest encore parvenu à la Commission,
Circonscription du SÉNÉGAL*
M * CARPOT
Élu au 1er tour de scrutin. — 3,292 voix*
Chers Concitoyens,
Candidat aux élections législatives, je n'ai pas, je crois, besoin de vous exposer loii-
gtiement ma profession de foi*
Tous vous me connaissez.
Par mes votes au Conseil général, par mes propositions au sein de celte assemblée,
vous savez que, si vous me faites l’honneur de m’élire à 3a Chambre des Députés, je . ne
serai l’homme ni d’un parti, ni d'une coterie, mais le représentant de la population entière
sans distinction d’origine, de races, de situations sociales*
De moi, vous n’attendez évidemment aucune de .ces promesses plus ou moins irréali¬
sables, qui coûtent si peu pendant la période électorale, et qu'on oublie d'ailleurs aussitôt
après.
Rappelez-vous que le passé d’un candidat est encore, plus que son nom ou sa fortune,
la meilleure garantie d’avenir.
N° 1162
— 1031 —
Réservez vos suffrages h ceux dont vous avez pu apprécier les services et dont les opi¬
nions et les Intérêts sont en parfaite concordance avec les vôtres*
Républicain libéral, aus^i éloigné de la réaction que de la révolution, je ne m'associerai
pasà ceux qui réclament à tout propos l'intervention de l’Etat,
l'estime, en effet:, que cette intervention, quand elle est intempestive, a pour consé¬
quence de paralyser l’effort personnel et d'arrêter l'esprit de prévoyance. Or, c’est dans les
Colonies surtout que toute latitude doit être laissée au libre développement de l'initiative
; individuelle.
Défenseur convaincu des principes proclamés par la Déclaration des Droits de 1 homme,
je m'élèverai avec énergie contre toute atteinte portée à la liberté individu elle ou â la
liberté de conscience.
Persuadé qn'un député colonial doit, avan't tout, s’occuper des intérêts de sa Colonie, Je
poursuivrai sans relâche, auprès du Département* Pexêcution des votes des différentes
assemblées de la Colonie*
Ma tâche sera ^'ailleurs facilitée par T Administration locale avec laquelle j ai 1 espoir
è conserver toujours les rapports les plus cordiaux*
il est un point sur lequel l'accord ne peut qu'être unanime. Je veux parler de la néces¬
sité d’exécuter las grande ^ qu'exige la situation économique et sanitaire du pays.
Mais quelle que soit l'urgence de ces travaux, dont certains ont pour but d'empêcher le re¬
tour des fléaux que nous avons eu à déplorer, il ciment, afiu d’éviter les graves mécomptes
qui se sont révélés à l'occasion des travaux du port de Dakar, de les faire précéder de pro¬
jets et plans mure meut étudiés et établis par des hommes d’une compétence indiscutable.
L'organisation actuelle do la justice au Sénégal, aussi bien dans les territoires d admi¬
nistration directe que dans les pays dits de protectorat, a été l'objet, ces temps derniers,
de nombreuses critiques.
Des réformes s'imposent*
Pour les mener à bonus fin, le Département et l'Administration locale peuvent compter
sur mon concours le plus dévoué et sur l'expérience qu'une longue pratique a pu me
donner* ■ , ,
Une autre question soulevée au sein de l'Assemblée locale est celle de la création de
communes de plein exercice dans les centres importants du fleuve et de ïa voie ferrée*
Elle sera l'objet de toute ma sollicitude.
Pen dirai autant des questions d'enseignement, qui ont une importance si grande sous
un gouvernement démocratique*
Il rentre dans le rôle du député d'appuyer toutes les revendications légitimes. Aussi
reprend rai- je le3 propositions faites par moi au Conseil général en faveur des fonction¬
naires coloniaux, notamment eu ce qui concerne les congés administratifs, et rêclamerai-je
pour les employés de la Compagnie du chemin de fer de Dakar-Saînt-Louis un traitement
tout au moins équivalent à celui de leurs collègues de la Monopole*
Le commerce local est écrasé par des droits exagérés.
Continuant la campagne de dégrèvement que j'ai commencée au Conseil général, cam¬
pagne dont les premiers résultats ont été la suppression de l impôt personnel, des droits
de greffe, de tonnage, la réduction des droits d'enregistrement, des taxes postales et télé¬
graphiques, de l'impôt foncier, le dégrèvement des boissons hygiéniques, je m emploierai
à faire aboutir les autres réformes impatiemment attendues, notamment celles relatives aux
patentes et aux droits de douane.
Les théoriëà protectionnistes qu'on vous recommandait il y a quatre ans trouveront en
moi un adversaire résolu. C'est vous dire que je voterai contre la proposition de loi Méline
sur le régime douanier des Colonies. t
Désireux de voir fonctionner au Sénégal les institutions d’assistance, de prévoyance et
de mutualité qui sont en honneur dans nos sociétés modernes, je reprendrai, en les déve¬
loppant, les propositions que j’ai déjà faites en ce sens au Conseil général.
La politique coloniale ne doit pas être une politique d’oppression et d’exploitation.
— 4032 —
C’est parce que la France toujours généreuse et numaîne Fa ainsi compris que son œuvre
d'expansion a été si grande.
Loin d’être en opposition, les intérêts des populations indigènes et ceux: du commerce
eurupéen sont étroitement liés. Il est de toute évidence qu’assurer au producteur son bien-
être par une administration sage et bienveillante, par le développement de l’agriculture et
de l'industrie avec organisation du crédit foncier populaire, c’est contribuer dans une lar^e
mesure à La prospérité de la Colonie.
Je travaillerai avec ardeur à obtenir ce résultat.
On Ta répété maintes fois au Parlement : 1ère des conquêtes militaires est définitive¬
ment close, et, en ce qui concerne tout au moins le Sénégal proprement dit, ce serait
risquer de compromettre ses intérêts les plus sacrés que d’adopter une politique autre que
celle d’une évolution pacifique.
Voilà quelle est dans ses parties essentielles la ligne de conduite que je me propose de
suivre.
Vous le voyez, elle ne diffère en rien du programme que je vous avais exposé en 1898,
et que je confirme sur tous ses points.
Aujourd’hui comme alors, je suis partisan de ^exécution des travaux par voie d’adjudi¬
cation, de l’abolition du régime des décrets, du respect de la propriété indigène, de l’orga¬
nisation d’un service agricole, de rabaissement des tarifs de transport, de la construction
du warf de Goet-N’Dar, de l’amélioration du régime dü fleuve ainsi que de la barre, de IV
ménagemeut des ports de Dakar et de Rufisque, de la création de nouvelles lignes de che¬
mins de fer. O va sans dire qu’il faut que ces dernières répondent à de réels besoins com¬
merciaux; elles ne s’expliqueraient pas si elles devaient avoir pour seuls résultats de dé¬
placer lei centres de traite en portant préjudice aux escales actuelles,
Ai-je besoin d’ajouter que j’encouragerai tous les efforts faits en vue du relèvement de
Fîie de Corée ?
Mais j’en ai assez dit.
Mon dévouement vous est connu. Nul ne suspecte ma bonne foi.
A vous de déclarer, si, dans ces conditions, vous me jugez digne du mandat que je
sollicite.
Vive la France ! Vive la République I Vive le Sénégal !
François CÀRPÛT.
Circonscription de la COCHINGHINE FRANÇAISE
M. DELONGLE
Élu au 2* tour de scrutin. — 836 voix.
Aucun document concernant cette élection n’est encore parvenu à la Commission.
ÉLECTIONS PARTIELLES
- mf; —
N° 1162
ALLIER
Circonscription de LA PALISSE
RL Marcel RÉGNIER
Élu an Vr tour de scrutin, — 11.175 vok.
Citoyens,
Désigné par Le Congres de La Palisse, du 8 Février dernier, comme candidat aux élec¬
tions législatives du 1CT mars, je me présente à vos suffrages.
Profondément touché et justement fier d'être aujourd'hui, de ce fait, Je porte-drapeau
de la République dans notre bel arrondissement, je viens, sans fausse modestie, vous dire ;
vous pouvez compter sur moi.
Enfant du peuple, petit-fils de cultivateurs, ûls de petits commerçants, je suis des
vôtres; je connais vos besoins, vos désirs, vos aspirations. De toutes mes forces, je les
défendrai.
Contre tontes les réactions, contre tous les adversaires de la démocratie, vous me
verrez toujours dressé, prêt à tout pour défendre notre cause ; et s'il faut encore, pour
démasquer un ennemi, retourner aux Assises, j'y retournerai !
Mon passé vous répond de P avenir.
Sans hésiter jamais, j'ai combattu les privilèges, les abus; avec mie force nouvelle, je
mènerai le môme combat.
De toute mon âme, de toutes mes forces, dans le journal, dans le pays, à la Chambre*
je travaillerai sans cesse à la marche du progrès.
Accessible à tous, fixé au milieu de vous, je serai le défenseur des intérêts de l'arron¬
dissement tout entier.
Mon programme, c’est le grand programme démocratique que vous acclamez depuis de
longues années. C'est celui qui fera de la République une réalité qui donnera, à tous, tous
les droits de l'Homme et du Citoyen.
Je réclame :
L'épuration des fonctionnaires;
La suppression des gros traitements et des emplois inutiles;
La suppression des Conseils de guerre;
La suppression de l’inamovibilité de la magistrature et l'élection des juges ;
L'impôt progressif et global destiné à remplacer les impôts de consommation et les
quatre contributions ;
Une patente, tant que les patentes existeront, sur les fermiers ne Cultivant pas eux-
mêmes;
Lois contre la spéculation et t1 accaparement;
Rachat des Chemins de fer et monopole des mines par l’État;
L'assurance obligatoire par PÉtat de tous [es risques;
L'extension des libertés syndicales;
Les retraites ouvrières pour les travailleurs des villes et des campagnes;
La suppression des congrégations et le retour des biens de main-mone à PÉtat; leur
emploi à fonder des retraites ouvrières;
La séparation de P Église et de PÉtat ;
La révision de la Constitution ; la souveraineté absolue du suffrage universel;
La loi militaire de deux ans, donnant une indemnité aux familles nécessiteuses, et sans
création d’armée de métier;
La suppression dos 28 et 15 jours;
Le monopole de l'enseignement par PÉtat;
Le secret du vote.
Citoyens,
L'heure de désarmer n'a pas encore sonné.
L'ennemi puissant et riche est toujours là.
C’est toujours la lutte, la lutte ardente où la moindre défaillance serait exploitée contre
la démocratie.
La lutte où, pour défendre leurs privilèges, nationalistes et cléricaux sont toujours
prêts h dépenser sans compter de nombreux millions, à jeter à pleines mains les plus atroces
calomnies pour semer la haine et la division.
Opposons-leur le bloc républicain, le bloc invincible de toutes les forces vives de la
démocratie, le bloc de tous ceux qui veulent, dans notre société mauvaise, un peu plus de
justice, un peu plus d'égalité, un peu plus de fraternité.
Vive la République laïque, démocratique et sociale !
Marcel RÉGNIER,
Conseiller général,
Candidat du Congrès radical-socialiste.
2e circonscription de MOULINS
M, MINIER
Élu au 1er tour de scrutin. — 6.731 voix.
Electeurs,
Le Congrès des Délégués républicains de la Circonscription Ouest de Moulins m'a désigné
comme candidat au siège législatif devenu vacant par suite de la récente élection de notre
ami Ville au Sénat.
Fort de cet appui, dont je suis profondément touché, je viens solliciter vos suffrages.
Maire de Souvigny depuis dix ans. Conseiller général de R Allier, intimement mêlé à la
vie politique depuis que j'ai pu faire acte de Citoyen, je n'ai jamais eu qu'un but : contri¬
buer à ia marche du progrès en poursuivant la libre évolution de nos institutions dans le
sens démocratique, tout en restant l'auxiliaire fidèle et dévoué de celui que j'aspire à rem¬
placer.
— 1037
N° 1162
Vivant au milieu d’ouvriers dont je suis l’ami, dont je connais les besoins et les aspi¬
rations, vous pouvez être certains qu’en toutes circonstances j’apporterai mon concours le
plus absolu à la réalisation des réformes économiques et sociales si impatiemment attendues
par le monde des travailleurs.
Mon passé est donc pour vous la garantie de ma conduite future; et vous savez que
vous ponvez compter sur mon entier dévouement.
Mon programme comporte, au surplus, toutes les réformes qui sont la base des reven-
■ 4 ica tion s du parti radical-socialiste, avec la lutte contre le cléricalisme, cet éternel ennemi
de la société moderne et de la République.
Je poursuivrai donc sans défaillance et je volerai :
La suppression des congrégations et le rejet en bloc de toutes les demandes d’autorisa-
lion, — La simplification de la procédure relative à la liquidation de leurs biens;
La dénonciation du Concordat, et, comme suite, la suppression du budget des cultes et
la séparation des Églises et de l’État.
Je veux :
L’enseignement exclusivement laïque et monopolisé à tous les degrés au profit de
P État 1
L’établissement du seul impôt logique : je veux parler de r impôt sur le revenu ? impôt
unique, global et progressif;
La création de la caisse des retraites ouvrières, et l'extension du bénéfice de la loi de
1808 j sur les accidents, aux ouvriers agricoles;
Le service militaire de deux ans, avec suppression de toutes les dispenses et avec
indemnités aux familles nécessiteuses. — La suppression des 28 et des 13 jours. — La sup^
pression des Conseils de guerre en temps de paix. — La diminution enfin de toutes nos
charges militaires ;
La révision de la Constitution dans un sens plus démocratique;
L'épuration du personnel et la suppression de l’inamovibilité de la magistrature;
La réduction des frais de justice et l’extension de la compétence des juges de paix;
La diminution des gros traitements-
L’organisation du Crédit agricole et l'assurance contre les risques de 1 agriculture et la
mortalité du bétail ;
Le secret du vote et la souveraineté du suffrage universel.
Citoyens,
La question est nettement posée. Commuons a opposer a la réaction sous toutes ses
formes, le bloc uni de tous les serviteurs de la démocratie.
Soyez certains qu’en ce qui me concerne, si vous me faites l’honneur de m’élire, je
tiendrai haut et ferme le drapeau que vous aurez bien voulu me confie! .
Vive la République démocratique et sociale!
Albert MINIER,
Conseiller général de FAl.ier,
Maire de Souviguy,
Candidat du Congrès républicain.
1
1
ALPES (BASSES-)
Circonscription de CASTELLANE
M. le comte Boni de CASTELLANE
Élu nu 10T tour de scrutin* — 2*348 voix.
Chers Concitoyens,
Ma profession de foi sera brève.
Vous avez, d’ailleurs, encore présentes à la mémoire mes déclarations du 27 avril der¬
nier, que vous avez sanctionnées a une énorme majorité !
Par suite des événements, ma candidature a, aujourd’hui, une autre portée. Ge n’est
pas sur des opinions désormais connues et affirmées, ce n’est pas sur des principes indis¬
cutables qu’il s’agtt de se battre, — Non !
Électeurs,
II s’agit de savoir si oui ou non vous êtes les maîtres I
U s’agit de savoir si comme tous les Français, si comme fous les citoyens qui payent
Pimpôt et acquittent leurs obligations envers le pays, vous avez le droit d’élire un députe de
votre choix!
Il s’agit de savoir si, ici, les meneurs perfides et hypocrites de la minorité doivent
commander et faire la loi aux braves gens de îa majorité !
Il s’agît de savoir si c’est à coup d’outrages lancés k votre face, qu’on vous mènera —
absolument comme on mène à coups de fouet ces « bestiaux » auxquels on a eu l’insolente
audace de vous comparer.
Citoyens !
Je ne permets pas à mes adversaires, battus et rebattus dans l’ensemble du départe¬
ment aussi bien que dans l’arrondissement de Castelîane, sur un programme de persécu¬
tion sectaire et sur leurs opinions antipatriotiques, antireligieuses, je ne leur permets pas
d’ergoter plus longtemps.
Je leur demande compte de leurs agissements I
le les somme d’avouer leur mauvaise foi et leur peu de probité politique!
Je vous demande, Citoyens, qui entre eux et moi êtes les seuls juges, de les condamner
sans pitié pour l'honneur du pays, pour l’honneur des Basses-Alpes, que mon concurrent
n’aurait jamais laissé outrager comme il l’a fait, s’il était capable de les aimer autrement
que par ambition personnelle, s'il était venu a elles comme je l’ai fait moi-même, enfant de
la race du pays, dans un élan d’alïeclion sincère et désintéressé !
— 1039
N° 1162
Mes chers Compatriotes,
Je vous devais devenir a votre tète. — 11c voici.
pas une minute je n’ai hésité!
Séparé, par l’Océan, des êtres les plus chers, je m’impose le sacrifice de rester ici! —
Hais que dis-je? 11 n'y a pas de sacrifice, puisque je suis encore au milieu d’une famille, la
grande famille provençale, fière de ses traditions, fière de ses fils! Ah I cette famille-là, j'en
K 5Uis bien convaincu, saura me conserver la place que guette un étranger à notre ciel dieu,
un étranger dont le sort est lié à celui de ces autres étrangers qui s’appellent les Reinach,
les Hubbard, les Tirribillot!
Citoyens je fais mon devoir ! Vous ferez le vôtre.!
Et nous ajouterons une victoire de plus à toutes les autres I Nous vaincrons encore!
i Nous terrasserons les imposteurs aux cris répétés de :
Vive la France et les bons Français ! Vive la liberté! Vive la République!
Comte de GASTELLANE,
Conseiller général deSenez,
Candidat républicain.
Le programme suivant avait été publié par M. de Castellane, lors des élections
générales :
Chers Concitoyens,
La législature qui vient de finir, aux travaux de laquelle j’ai participé, débutait, il y a
quatre ans, au milieu d’une crise dans laquelle l’honneur de la France était menacé de
sombrer. L’angoisse était grande. Les bons citoyens se demandaient s ils resteraient les
maîtres chez eux et s’ils triompheraient des efforts de l’étranger acharné à désorganiser
les forces vives de la nation.
Ces heures critiques, qui ont eu leur répercussion funeste sur la marche généra. e des
I affaires, ont pris fin. Le calme va revenir. Les sombres horizons de 1898 sont remplacés,
en 1902, paT une œuvre pleine de lumière*
Le Président dé la République française, sur le point de partir en Russie, va accomplir,
devant l’univers attentif, un acte dont bénéficiera le prestige du nom français.
Cet événement historique, que la clairvoyance du chef de l'État a su placer au lende¬
main du renouvellement de la Chambre des Députés, est un gage de relèvement.
Une législature débutant sous de tels auspices ne peut être que féconde. Vous me
verrez soutenir les ministères qui travailleront k maintenir la France grande, forte, respectée,
et au triomphe de lu Républixpic en face de 1 étranger.
Patriotes Bas-Alpins, Républicains inébranlables, unissons-nous dans un commun élan
d’amour envers la France!
Saluons les trois couleurs à l’abri desquelles le chef de l’État va rendre visite aux sou¬
verains de la puissance « amie et alliée I » Souhaitons qne le voyage de M. Louoet porte
tousses fruits, qu’il ouvre de nouveau la série des grandes pages de notre histoire et qu’il
soit le terme définitif des dissensions de ces dernières années.
Électeurs,
Si vous me faites l’honneur de renouveler mon mandat de député, je continuerai à
siéger au milieu des républicains partisans de l’ordre. Je me joindrai encore à eux pour
faire aboutir les réformes que réclame la démocratie.
— 1040 —
Je joindrai mes efforts aux: leurs pour la défense de nos libertés. La liberté du citoyen,
la liberté du père de famille, la liberté de renseignement ne doivent pas être plus long¬
temps méconnues* Ces libertés sont la condition indispensable du progrès démocratique.
La société moderne, en dépit de tontes les améliorations réalisées, réserve encore
parfois de cruelles souffrances aux travailleurs modestes dont le courage et la probité font
la fortune du pays. Je ne redoute, pour ma part, l'examen d'aucun problème social, et
j'aurai toujours la volonté loyale de faire aboutir les solutions que commandent les principes
de justice et de solidarité*
C'est dans cet esprit que j'aborderai la discussion des projets de retraites ouvrières
que la nouvelle législature devra faire aboutir* C'est dans cct esprit aussi que je réclamerai
la réorganisation immédiate de T assistance des malades et des infirmes. N'est-ce pas un
scandale intolérable de voir, dans nos villes et plus encore dans nos villages, des hommes
et des femmes qui apparaissent comme des témoins lamentables de l'impuissance sociale.
Vous savez que je ne suis pas opposé à la réduction du service militaire, mais à la
condition de ne pas perdre de vue que l'armée est une école d'énergie, de sacrifices et
d'abnégation* Étrangère à nos querelles, elle se doit tout entière à la préparation des grands
devoirs que peut lui réserver l'avenir*
Protectionniste convaincu, je n’ai jamais varié dans la défense de vos intérêts agricoles.
Je persévérerai dans cei ordre d'idées*
En matière de finances, le rétablissement de l'équilibre budgétaire est à mes yeux la
réforme qui prime toutes les autres et qui commande toutes les améliorations fiscales.
Pas d'impôts nouveaux I
Pas d'emprunts nouveaux !
Des économies!
Telle est la politique financière qui doit nous permettre d'atteindre les moyens pratiques
d'accomplir une réforme à longue portée* Cette réforme établira, sur des bases absolument
nouvelles et plus équitables, l'assiette de l'impôt direct*
Mes amis,
Pendant les quatre années de la législature, vous avez vu de quelle façon j'ai servi vos
intérêts particuliers. Tous vous m'avez dit votre satisfaction à ce point de vue. Tous vous
m'avez remercié.
Je continuerai à faire comme par le passé.
Je continuerai à me consacrer à l'achèvement du programme d'améliorations que nous
avons élaboré ensemble et dont les résultats se dessinent si heureusement*
Républicains de l'arrondissement de Crstellane, comptez -vous sur mon nom*
Pour l'ordre !
Pour la liberté !
Pour le progrès 1
Vive la France I Vive la République !
Comte de CASTELLANE, Député sortant,
Candidat républicain*
Circonscription de FORCALQUIER
M. I S GARD
Élu au 2* tour de scrutin. — 4*082 voix*
Comité de l’ Union B i public aine Socialiste*
Mes chers Compatriotes,
Du jour où le Parti Républicain Socialiste de l'arrondissement de Forcalquier m'a fait
l’honneur de me confier la défense de son drapeau dans la bataille qui se livre, je me suis
fait un devoir de visiter toutes les communes de la circonscription électorale où ma candi¬
dature était présentée*
Dans les assemblées que j'ai réunies, et devant toutes nos populations, fai partout
tenu le même langage, développé le même programme et fait les mêmes déclarations. Et
pfccueil chaleureux, enthousiaste même que fai reçu de tous côtés, m'est non seulement
la preuve que j'ai conservé dans ce pays, où sont nés tous les miens et qui garde mes plus
chers souvenirs, les sympathies profondes et les solides amitiés dont mes compatriotes
n'ont cessé d'honorer le nom que je porte ; il m'est aussi la certitude que nos populations
honnêtes, lasses de déceptions, savent écouter les paroles sincères de ceux qui ne leur
promettent que leur bonne volonté et dont le passé familial contient le gage de ae qü'on
peut attendre de leur conduite*
* Vous connaissez tous le programme républicain-socialiste : il n’est autre que celui-là
même que les républicains et les travailleurs ont tracé*
Avec les républicains nous pensons que le principe de la souveraineté du Peuple,
scientifiquement appliqué, peut achever l'œuvre de la Révolution française et fonder pour
toujours, avec l'ordre réel, la justice absolue, la liberté entière et l'égalité véritable. Le suf¬
frage universel seul devrait donc suffire à opérer toutes les suppressions que réclame notre
programme et à établir les institutions dont nous poursuivons l'avènement et la réalisation.
Avec eux encore nous pensons que le premier de nos devoirs doit être de défendre le
patrimoine à nous légué par nos pères de 1789, 1848 et 1871 et de le sauvegarder des ma¬
nœuvres et des atteintes de la réaction avérée ou déguisée.
Comme eux, enfin, nous voulons une République tolérante, mais vigilante et ferme
contre ceux qui ne viennent à elle que pour la trahiî ; une République assurant la paix
extérieure, une République ayant le respect de la liberté de conscience, cette glorieuse
conquête de la Grande Révolution.
Mais en même temps nous voulons, avec les travailleurs, quecette République devienne
enfin le bien de tous au lieu d'être le privilège et la chose de quelques-uns. Nous voulons
qu’elle soit et demeure démocratique et sociale. Et de là tout un ensemble de réformes po¬
litiques et économiques ; — réformes politiques devant réaliser l'émancipation morale et
matérielle du plus grand nombre, et assurer Légalité dans les mœurs comme dans les lois ;
réformes économiques devant, en ce qui concerne les intérêts de ce pays, enrayer les
terribles effets de la crise agricole et améliorer le sort miséreux de nos populations des
champs.
Étranger aux coteries, uniquement désireux de soulager les misères et de calmer les
souffrances, en introduisant peu à peu, dans une société en proie à l'anarchie économique,
— 1042 —
la paix et l’ordre d'une organisation harmonique, adversaire de la violence, défenseur ré¬
solu de la petite propriété individuelle et de toutes les libertés, dévoué avec passion aux
généreux principes de l'immortelle Déclaration des Droits de l'Homme, je viens, eu sollici¬
tant vos suffrages, briguer l’insigne honneur de faire aboutir vos légitimes revendi¬
cations.
Et fidèle a renseignement reçu de celui dont je porte le nom et qui demeurera toujours
et mon guide et mon maître, en témoignage de respect et d'araour pour sa mémoire vénérée,
je vous dirai ce qu’il voua dit en 1889, en terminant sa profession de foi à la fois si belle et
si franche :
« Si vous me confiez le devoir de faire triompher votre cause, je vous déclare que :
Républicain convaincu, je soutiendrai avec intrépidité les institutions qui sont et seront le
culte de ma vie; Ras-Alpin de cœur, j’appliquerai tous mes efforts à défendre les intérêts
de mes compatriotes et a mériter leur confiance. »
Vive la République démocratique et sociale!
Docteur ISOARD,
Candidat de Défense républicaine
et d' Action socialiste.
Appel aux Électeurs.
Citoyen^
Pour la seconde fois nous présentons à vos libres suffrages comme candidat de l'Uunm
républicaine socialiste, à l'élection législative de notre arrondissement, le citoyen docteur
Isoard, qui, en 1898, déjà eut l'honneur d’être, dans la circonscription de Forcalquier, le
défenseur et le porte-drapeau de la République sociale*
Nous avons la conviction, Citoyens, que pour être bien représentés au Parlement, il
nous faut choisir Pun des nôtres, un militant, que nous avons vu constamment à l'œuvre et
qui n'a jamais hésité à sacrifier et son ternes et ses intérêts pour la défense de nos reven¬
dications*
Enfant du pays, ef porteur d’on nom qui inspire à tous, chez nous, le respect et la
confiance, il est le fils d’nn homme qui consacra sa vie à la défense de la République et
qui, député de notre arrondissement de 1889 à 1893, sut mettre au service de nos popula¬
tions rurales, l’ênergîe, le dévouement et les qualités d'esprit et de coeur dont il fut tou¬
jours animé.
Élevé lui-même dès le berceau, dans l’amour du Peuple et du régime républicain, le
citoyen Isoard fils prit de bonne heure part aux luttes politiques, aux cotés même des tra¬
vailleurs dont il fut et dont ü est resté l'énergique défenseur* — Il y a six ans, la démo¬
cratie républicaine socialiste de Marseille lui confiait l'honneur de présider le Comité
de l'Union socialiste de la 2e circonscription, groupement déplus de dix-huit cents membres,
et qui devait, dans la suite, organiser de toutes pièces, la belle victoire que la République
sociale, en 1898, remporta avec Cadenat contre la réaction* — En même temps, Il menait,
dans notre région, la magnifique campagne législative que Ton sait, et qui devait faire
pénétrer, jusque dans le moindre de nos hameaux, la belle pensée socialiste*
En 1900, par 32*000 suffrages, les électeurs républicains de Marseille, Renvoyaient
siéger à l'Hôtel de Ville t et la, la confiance de ses collègues finvestissait des fonctions
d'administrateur des hôpitaux, tandis que le citoyen docteur Flaissières, qui présidait
l'Assemblée communale, se l'attachait en qualité d'adjoint au Maire et lui donnait comme
attributions la délégation de fhygiêne et de l’assistance publique dont il eut désormais la
direction.
N° Ü62
— 1R43 —
On sait avec quelle compétence, et aussi avec quelle énergie, le citoyen docteur Isoard,
a rempli ces divers mandats. — Les témoignages écrits qu’en ont donné dans la Presse de
notre contrée, le Maire de Marseille et le Président de la Commission des hospices nous
dispensent et au delà do toutes explications à ce sujet. — D’ailleurs le gouvernement lui-
même et la ville de Marseille, ont su reconnaître de tels services en accordant au citoyen
docteur Isoard des distinctions honorifiques (Médaille des hôpitaux, Médaille du Ministère
de l’Intérieur) que, par modestie, le citoyen Isoard n’a jamais portées, mais qui sont la
légitime récompense du labeur ininterrompu et des efforts constants dépensés sans compter
dans l’exercice de ces délicates fonctions publiques. — C’est là, pour les électeurs, le plus
sûr garant de la compétence et de l’ardeur que mettra le citoyen docteur Isoard, dans la
défense des intérêts de l’arrondissement de Forcalquier.
De même les petits, les humbles, les déshérités, tous les travailleurs en un mot, ceux
de l’atelier comme ceux de la campagne, sont certains de trouver en lui un représentant
plein de dévouement et de fermeté. Au Conseil municipal de Marseille, n’a-t-il pas donné la
preuve de sa sollicitude à l’égard de la grande classe populaire? Nos petits fonctionnaires,
nos instituteurs, nos facteurs et nos cantonniers aussi bien que les petits commerçants, les
industriels et magasiniers, peuvent être assurés d’avoir, par lui, leurs intérêts sauvegardés,
comme d’ailleurs les nombreux cultivateurs de notre contrée, à quelque degré de l’échelle
sociale qu’ils appartiennent, depuis le petit propriétaire jusqu’au journalier agricole en
passant par le métayer et par le fermier.
Citoyens,
Voilà l’homme. — Quant au programme avec lequel il se présente, vous le connaisse*.
— Ce programme n’est autre que le grand programme républicain socialiste.
Écartez toute crainte I N’ayez point peur des mots. _
Les hommes de toutes les réactions faisaient peur à vos pères par le seul moi Répu¬
blique - Les réacteurs d’aujourd’hui espèrent conserver leurs privilèges en usant des
mêmes moyens. , ,, .
Ils agitent devant vous le spectre rouge du socialisme, s’imaginant que vous ôtes inca¬
pables d’analyser ce motet le comprendre.
Vous savez aujourd’hui ce que représente le socialisme.— Vous savez aussi ce que vaut
et ce que veut le docteur Isoard. — Vous avez apprécié le programme et vous connaissez
celui qui le défend avec cette sincérité et cette ardeur de convictions auxquelles tous nos
compatriotes se plaisent à rendre hommage.
Nous avons confiance dans votre verdict. .
Le 24 mai vous voterez tous pour le Docteur Isoard au cri mille fois répété de : Vive la
République socialel , „ , . „ , „
' Pas d’abstentions! Aux urnes! Pour l’arrondissement de Forcalquier et pour la Repu-
blique des Travailleurs J
Le Comité *
Programmé Républicain Socialiste.
Le parti républicain socialiste, repoussant la politique du toutou rien, a un programme
de réformes dont il poursuit la réalisation.
Démocratisation des Pouvoirs Politiques.
1 Suffrage universel direct dans toutes les élections.
2. Scrutin de liste avec représentation proportionnelle dans toutes les élections.
3 . Mesures législativos pour assurer la liberté et le secret du vo o.
— 1044 —
h. Droit d’initiative populaire et referendum.
5. Liberté absolue de la presse et de réunion. — Abrogation de toutes les lois d’excen.
tion sur la presse. — Liberté des associations civiles. **
6 . Autonomie administrative des départements et des communes, sous la seule réserve
des lois garantissant le caractère républicain, démocratique et laïque de l’État.
II
Laïcisation complète de VÊtat.
î. Séparation des Églises et de l'État. - Interdiction de l’action politique et collective
des Eglises contre les lois civiles et les libertés républicaines.
2. Suppression du budget des cultes et son affectation à des œuvres d'assurance et de
solidarité sociales.
III
Organisation démocratique de la Justice,
i . Substitution à tous les tribunaux actuels, civils ou criminels, de tribunaux formés
par un jury pris sur la liste électorale et par des juges élus sous des garanties de compé¬
tence; le jury sera formé par voie de tirage au sort sur des listes dressées par le suffrage
universel. r 5
Snnn2 ■ Gratuité de la justice. Transformation en fonctions publiques des offices ministériels.
Suppression du privilège des avocats.
3. Extension de la compétence des justices de paix.
4- Révision égalitaire des Codes dans un esprit d’humanité et de justice.
5. Abolition de la peine de mort.
6. Suppression des tribunaux militaires et maritimes.
rv
Education humaine , civique et professionnelle.
!• 2r!tUî-é d! ,,ensf°nement à t0 « les degrés {primaire, secondaire, supérieur),
gnement d“ *“ à la °harSe de PÉtat’ Pour le Premier degré de lensei-
3. Pour l’enseignement secondaire et supérieur, mise à la charge de la société de
étudeÏ8 amS qU1’ eXamen' Ser°nt reC°nnUS apt6S à P°ursuivre utilement leurs
h* Création d?un enseignement populaire supérieur.
tionà5mu?X1Lde,!,eiSeiBüeme?taUX UQi£ degrés par subsidiairement, interdic-
tion a tout membre du cierge régulier et séculier d’ouvrir une école et d’y enseigner
(Abrogation de la loi Falloux.) * enscisner-
Réforme générale de l’Impôt.
des de! C0ntributi0lls dictes et indirectes ; suppression de la contribution
d Portes et fenêtres et de la cote mobilière; suppression de ia journée de prestation en
nature qm nest qu’un reste de la féodalité ; révision de la législation des patentes par la
magasins*1 patenteS deS petlts commerçants et l’augmentation de cefles des grands
2. impôt global progressif et personnel sur les revenus supérieurs à 3.000 francs.
— 1045— N" 1162
3. impôt progressif sur les successions, la progressivité étant calculée à la fois sur le
chiffre de la succession et sur l’éloignement du degré de parenté.
h. Dégrèvement des petites cotes foncières et des petites patentes.
VI
Adaptation de l’organisme militaire à la défense du pays.
1 . Réduction progressive à deux ans puis à un an du service militaire.
2. Suppression des périodes d’instruction, dites des 28 et des 13 jours.
3. Suppression de la taxe militaire.
4. Refonte et adoucissement du code pénal militaire; suppression des corps discipli¬
naires, et interdiction de prolonger le service militaire en guise de pénalité.
5* Renonciation à tonte guerre offensive sous quelque prétexte que ce soit.
6. Renonciation à toute alliance qui n’aurait pas pour objet exclusif le maintien de la
paix.
7 . Renonciation aux expéditions militaires coloniales.
VII
Solidarité et assurance sociales .
1. Organisation par la nation d’une Caisse de retraites pour la vieillesse et les inva¬
lides du travail, assurant à tout être humain le droit à l'existence.
2. Organisation d’un système d’assurance sociale s’appliquant à la totalité des travail¬
leurs de l’industrie, du commerce, de Tagriculture, contre les risques de la maladie,
d'accident et de chômage.
VIII
Extension du domaine de l’État.
1. Nationalisation des chemins de fer, des mines, de la Banque de France, des assu¬
rances, des raffineries de sucre et des sucreries, de l’alcool, de la grande meunerie.
2. Administration démocratique des services publics, nationaux et communaux avec
participation des organisations ouvrières à leur fonctionnement et à leur contrôle.
3. Économies budgétaires par la suppression des fonctionnaires inutiles et la réduc¬
tion des fonctionnaires coûteux.
IX
Protection et règlementation du travail dans l'industrie et le commerce .
1. Adoption d’un ensemble de réformes limitant les heures de travail, réglementant
les Maires et établissant la surveillance des ateliers, fabriques, usines, mines et chantiers
en conformité des intérêts matériels et moraux de la classe ouvrière.
2. Extension de la prud’homie à tous les salariés de l’industrie et du commerce.
X
Amélioration de l'agriculture.
1. Organisation par l’État d’une Banque nationale de Crédit agricole.
2. Institution d’une Caisse populaire d?assurance3 sur les risques accidentels des
récoltes et sur la mortalité du bétail*
— 104G —
3, Subventions aux communes rurales pour les aider à acheter des machines agricoles
mises ensuite gratuitement à la disposition des petits cultivateurs, fermiers ou proprié¬
taires.
k* Abaissement des tarifs de transports pour les engrais, machines et produits
agricoles.
5. Création d'associations de cultivateurs pour l'achat de semences, de plants et
d’engrais; et organisation do syndicats agricoles de vente s'abouchant directement avec les
syndicats d'achat des villes, supprimant ainsi l’ in tenu êdl aire et les spéculateurs*
G. Révision du cadastre. Dégrèvement de toutes les petites cotes foncières*
7. Réforme de la loi sur les successions et le régime hypothécaire.
8. Création de prud'homies agricoles, réglant sans frais les différends pouvant
s’élever entre cultivateurs, fermiers et petits propriétaires,
9. Réforme de Renseignement agricole, organisation d'un enseignement agricole pra¬
tique, et création dans chaque commune de champs d'expériences agricoles.
10* Représentation légale de l'agriculture par les Chambres d'agriculture.
11. Organisation d’un service médical et pharmaceutique gratuit dans les campagnes.
Le Comité :
(Suivent les signatures.)
PROGRAMME UES R EYENDI G ATIOH S LOCALES.
Le Comité indique aussi qu'en outre de ces réformes d'ordre politique, économique et
agricole, le citoyen docteur Isoard est résolu de faire aboutir l’ensemble des revendications
locales formulées en particulier par chacune des communes de l'arrondissement de For-
calquier. — Au cours de sa tournée dans les différentes localités de îa circonscription, le
citoyen docteur Isoarrï a pris connaissance de tous les besoins des populations des com¬
munes — et ses efforts tendront à faire aboutir, dans le plus bref délai possible, auprès
des pouvoirs compétents, les diverses améliorations ou créations locales qui s’imposent dans
l'intérêt de nos populations jusqu'à ce jour si délaissées, si oubliées.
Sans énumérer toutes les revendications qu'il y a lieu d'appuyer, citons-en quelques-
unes, prises au hasard, et dont la réalisation est devenue une nécessité :
La modification de tarifs d’abonnement du canal de Manosque; — l'endlguement de ïa
Durance; — l'amélioration et la rectification des routes existantes; — la création de nou¬
velles voies d’accès entre les communes; — l'installation du télégraphe ou du téléphone
dans toutes les communes qui en sont actuellement dépourvues; — la création de nouveaux
bureaux de poste; — l'augmentation du nombre des facteurs et des cantonniers; — la mise
en adjudication d'un courrier reliant Banon à Saint-Étienne par les communes de La Roche-
giron, de Saumane, FHospitalet, Lardiers et Ongles; — la construction d'une ligne de
chemin de fer reliant Garpentras à Saint-Auban et desservant les communes du Revest, du
Rion, Banon, Ongles, Saint-Étienne, Crois; — le prolongement de la ligne ferrée de For-
calquier vers Saint-Auban et pouvant desservir les communes de Pierrerue et de Sigonce
et aussi son prolongement vers Banon et desservant Saint-Michel et le Revert de Brousses’;
reprise du projet relatif à l'exécution du canal de Yentavon; etc., etc... toutes réformes
de nature à arrêter le mouvement de dépopulation qui en ce moment même ruine nos
malheureux petits villages et pouvant augmenter considérablement la prospérité de nos
populations des champs.
Le Comité .
— 1047 -T-
N® 1102
ALPES-MARITIMES
26 circonscription de GRASSE
M* François ÂRAGO
Élu an ior tour de scrutin. — ^,657 voix*
Electeurs,
Vous êtes appelés à élire, le 1er mars, votre représentant à la Chambre des Députés : je
me présente à vos libres suffrages* . ,
Il n’a pas fallu moins que l'insistance d’un grand nombre de vos concitoyens, parmi les
républicains les plus autorisés de la circonscription Cannes-Antibes, pour que je brigue la
lourde succession qui vient de s’ouvrir; il a fallu surtout que ceux-là mêmes que la con¬
fiance du suffrage universel avait désignés à l’avance au choix des électeurs aient estime,
d’un commun accord, que les circonstances exigeaient la candidature d’un homme nouveau.
Placé en dehors des rivalités, des querelles locales, libre de toutes préventions person-
pelles ie veux et f entends être le Député de tous. .T ,
C'est une candidature de paix, de concorde, qui m’a été offerte et que j ai accep e.
Je m’honore de porter un nom inscrit dans l’histoire des luttes pour la conquête et la
fondation de la République, un nom qui pourrait me dispenser de programme, si je n avais
à cœur de préciser devant vous mes vues politique^ et soeia es *
Maintenir d’une part, dans toute sa force, la suprématie du pouvoir civil idée
maîtresse de la Révolution française; de l’autre, la neutralité reelle de l’État, en mati îe e
CF0Ï Exigea de tous le respect des lois, en alliant à la fermeté inébranlable des. principes, la
PrUdAssurer la Hberté de l’enseignement privé sous le contrôle de l’Etat, dont les droits
iiïSSf du service militaire à deux ans, reconnue désormais possible, faire
t0US S^opposer^avant^oute^réforme6 fiscale, à Faussement des dépenses, notamment par
la limitation de l’initiative des Députés eu matière budgétaire; . ,
Par l’impôt sur le revenu, établi sans vexation m inquisition, introduire plus d cquite
dans la répartition des charges publiques trop lourdes ou trop inégalés ;
En ce qui concerne les réformes sociales, chercher a corriger les injustices du i_MT en
solidarisant l’action du capital et celle du travail, en reprenant 1 examen des projets relatifs
à la création de caisses do retraites pour les travailleurs des champs et des villes, en encom
raeeant enfin l'effort individuel de l’assistance et de la prévoyance.
Ms ,0». Iss principas don. j. m-in.pirsrsi, telles son. Iss rotorns. don. ,s pou™,™
la réalisation*
— 1048 —
Électeurs,
actes, et j’ajoute :
servir les intérêts
Vive la République !
François ARAGO
Ministre plénipotentiaire.
Officier de la Légion d'honneur,
Je fais appel à votre confiance,
Mon ambition est d’être jugé non sur des promesses, mais sur des
si vous me choisissez pour votre représentant, comptez que je mettrai à
de ce beau pays tout ce que j'ai d’activité et de dévouement.
CANTAL
Circonscription d’AURILLAC
M. RIGAL
Élu au lor tour de scrutin. — 9.624 voix.
Aijx Électeurs de l’arrondissement b’Aurillac.
Mes chers Concitoyens,
r-Sff i,h0nne”r de T°“s !• P» » un sentiment d'ambition
in'IS"“s des rePféseutanls autorisés do parti républicain qui m’ont oITort
, T .T' ’ C,e"-d "ensé 1"». dans ««Te arrondissement, comme dansT.
■arque
lwSnûen «.K. h ' stuporteur de ia société, à laquelle il importe absolument que
,ui ,re8’ ei 18 » »
mil) —
N° H 62
La religion est chose privée qui ne relève et ne doit relever que de la conscience de
chacun Dégagé de tout esprit de secte, respectueux des croyances religieuses et de leur
libre pratique, je suis l’adversaire du cléricalisme qui, sous le couvert de la religion, tou¬
jours en rébellion coudre nos lois et nos institutions, poursuit un but de suprématie poli-
Je suis de ceux qui veulent la réalisation progressive, mais sans défaillance, du vieux
programme républicain. _
Au point de vue financier, un contrôle rigoureux des deniers publics s’impose ; n laut
réaliser routes les économies possibles par la suppression des emplois inutiles et de toutes
les dépenses ne répondant pas à un besoin rcel.
Notre système fiscal doit être l’objet d‘un profond remaniement dans le sens de la jus¬
tice et de l’égalité. Par suite de l’augmentation des capitaux mobiliers, il n’est en rapport
Di avec l’état actuel de la richesse publique, ni avec les facultés et les ressources des contri¬
buables. N’est-il pas équitable que les dépenses publiques soient supportées par chacun
suivant le profit qu’it retire des améliorations sociales î
Seul, l’impôt progressif sur le revenu peut redresser les iniquités de la répartition des
charges üscales. En frappant les revenus du capital plus que les revenus du travail, en
demandant plus au superflu, moins au nécessaire, il permettra de dégrever les petits con¬
tribuables et les petits propriétaires.
Parmi les principales réformes et créations qui seront soumises à la législature en
cours, f indiquerai les suivantes ;
Rétablissement du scrutin de liste, élargissement de la base électorale du Sénat, — n
est anti-démocratique, par exemple, que 288 délégués puissent conférer un mandat d’une
durée de neuf ans.
Réduction du service militaire à deux ans-
Révision du Code de justice militaire, dont certaines pénalités sont trop rigoureuses en
temps de paix.
Diminution des frais de justice — qui absorbent souvent au delà de la valeur du litige
— par l’extension de la compétence des juges de paix et la révision du Code de procédure-
Décentralisation, par la réduction des cadres et la simplification des rouages adminis¬
tratifs, d’où il résultera pour tous une économie d’argent et de temps avec suppression des
formalités inutiles.
Lois de mutualité* de prévoyance et d’assistance, pour assurer des retraites aux ouvriers
agricoles et industriels que l’âge, la maladie ou les infirmités rendent incapables de subve-
iiir à leur existence. „ , _
Fils d’un pays essentiellement agricole, j’estime qu’il faut réduire les charges qui pèsent
trop lourdement sur la propriété rurale, favoriser l’agriculture parle développement des
syndicats, la création de fermes-écoles, l’organisation du crédit et des assurances agricoles,
l’allocation de primes, par toutes les mesures de nature à encourager les cultivateurs et a
faciliter l’écoulement et la vente de leurs produits.
Parmi les nouvelles voies de communication, je mets au premier rang I établissement
d’une voie ferrée d’Aurillac à Espalion qui, en desservant toute une région complètement
déshéritée, constituerait, pour notre trafic commercial, un débouché important et direct sur
le Midi,
Mes chers Concitoyens,
Les événements politiques de ces dernières années ont établi un nouveau classement
des partis. . , f
D’un côté, tous ceux qui, dans la République, n’acceptent guère que le nom et la forme,
voulant lui conserver les institutions, le caractère et l’esprit des monarchies passées ; cest
le parti de La résistance au progrès social.
De l’autre côté, tous ceux qui veulent, par la réalisation des espérances que la Repu-
132.
- 1050 -
blique a fait naître, poursuivre l’amélioration de la condition matérielle et morale de |a
classe la plus nombreuse, de celle qui travaille, produit et contribue le plus à la grandeur
et à la prospérité de la France : c’est le paru dont je me réclame, celui des revendications
de la démocratie et de la tradition républicaine.
Ma candidature ne veut s’abriter derrière aucune équivoque. Elle signifie approbation
des actes et des votes de ia majorité exclusivement républicaine du Parlement, que |es
manœuvres réactionnaires, au lieu de désunir, n’ont fait que consolider, et qui est ferme¬
ment résolue à assurer le respect des lois, la suprématie du pouvoir civil, et à poursuivre
la réalisation des réformes démocratiques.
Celte attitude, vous le savez, est celle qu’avait prise très nettement le regretté
M. Adrien Bastid aux dernières élections législatives, et qui fut la cause déterminante de
son succès.
Le meilleur moyen d’honorer sa mémoire ne serait-il pas d'assurer la continuité de sa
politique, en lui donnant pour successeur au Parlement un homme qui, suivant une expres¬
sion détachée de sa profession de foi en 1902, pense que :
« Le devoir des républicains est tout tracé. A la coalition des réactionnaires, il faut
opposer le bloc des forces républicaines. »
Je vous ai exposé franchement mes idées. Sur ces doctrines de justice et de fraternité,
je fais appel avec confiance à tous les électeurs sincèrement attachés à la République à ses
lois et à ses principes*
Si je suis votre élu, vous pouvez compter sur mon absolu dévouement à la défense de
tous vos intérêts, comme au développement des institutions républicaines vers un idéal
toujours plus élevé, toujours plus elïicace de solidarité humaine.
Vive la République !
Justin KIGAL
Avocat,
Candidat républicain radical.
Circonscription de SAINT-FLOUR
M. HUGON
Élu au ier tour de scrutin. — 6,124 voix.
Mes chers Compatriotes,
La majorité républicaine de la Chambre a annulé l’élection du 27 avril et vous a conviés
à élire de nouveau votre Député.
On vous dit que cette décision est un attentat contre la souveraineté populaire; vous ne
serez pas dupes de ce nouveau mensonge.
^ La souveraineté populaire a droit au respect de tous; et ceux-là seuls l’insultent qui
essaient de ia fausser par des promesses mensongères, par des manœuvres déloyales, qui
sont autant d atteintes à la liberté de l’électeur et aux droits du suffrage universel.*
G e^t, au contraire, pour assurer le respect dû au suffrage universel, qu’on vous demande
de vous recueillir pour prononcer votre arrêt souverain en plus parfaite connaissance de
cau?e.
Je suis un des vôtres, né parmi vous, enfant du pays, ami de l’ouvrier et du paysan.
—
N° 1162
— 1051 —
Je n'at Rappui d'aucun de vos ennemis : ni de ces nobles, qui rêvent le retour aux abus
du passé, ni de ces bourgeois gentilshommes, qui, par plat orgueil et soîte vanité, se jettent
à la remorque d’un candidat à particule.
Que pouvez- vous attendre de leur étroite collaboration ? Qu’ils essaient de vous tromper
une Fois de plus!
Déjà iis vous disent cjue l'impôt sur le revenu et les réformes fiscales attendues avec
impatience par la démocratie ne peuvent être confiés entre de meilleures mains que les
leurs! Autant confier aux loups la garde du troupeau.
Ns affirment que je veux faire fermer les églises, les couvents, chasser les prêtres, que
sais-je encore? ils oublient que M. de Castellane, lors de la discussion de son élection, me
représentait, à la tribune de la Chambre, comme l'élu et Ta mi du clergé !
Je yous ferais injure si j'insistais.
Vous me connaissez, mon programme rfa pas varié.
Si vous m'envoyez à la Chambre, j'y reprendrai ma place au milieu de la majorité répu¬
blicaine soucieuse d'assurer enfin les réformes démocratiques si longtemps attendues par
le peuple, et qui n1 ont échoué jusqu'à présent que par l'obstruction systématique des réac¬
tionnaires.
Vous choisirez pour vous représenter, non un des partisans de l'ancien régime, déguisé,
pour les besoins de sa cause et de ses intérêts, en républicain, mais un des vôtres, qui
combat pour vous à visage découvert, sans faiblesse, sans compromission, sans autre souci
euaes autre ambition que de servir la démocratie et la République.
Vive la République! Vive l'arrondissement de Saint-Fïourl
Docteur HUGÜN,
Ancien Député,
Officier d' Académie, Conseiller général.
La profession de foi suivante avait été publiée par M. Hugon lors des élections
générales :
Mes chers Compatriotes,
En 1898 je vous disais : « La République est en danger. Si vous n y mettez bon ordre,
elle deviendra la proie de certains de ses pires ennemis, des réactionnaires et des ralliés
hypocrites, qui sont venus à elle pour mieux l’étouffer. »
Vous m'avez élu par 1.409 voix de majorité.
Aujourd'hui, h situation est plus grave encore.
Nous sommes 6û présence d'une coalition monstrueuse de la noblesse et de tous
ceux qui pleurent sur les privilèges disparus ou qui disparaissent;
De tous les jaloux, de tous les mécontents, qui, après avoir fondé la République, vou~
(aient en faire leur domaine exclusif.
Tous sont épouvantés à la vue du peuple qui s'avance, grandi et éclairé par 1 instruction,
arnaé du bulletin de vote, dont il a appris à se servir, et marchant pacifiquement, mais avec
résolution, à la conquête des réformes démocratiques et fiscales toujours promises et trop
vainement attendues.
Ce peuple de travailleurs, que la République a rendu maître de ses destinées, on tente
de l'aveugler et de T effrayer pour pouvoir l’assorvir de nouveau.
On veut l'aveugler en faisant miroiter à ses yeux le veau d'or, en semant la corruption,
comme si les électeurs de cet arrondissement étaient tous à vendre, et au prix de quel
argent!
On veut l'effrayer, en cherchant à lui persuader que les libertés de conscience et d en¬
seignement sont menacées.
— 1052 —
Mais n’avons-nous pas refusé de "voter l'interdiction du droit d'enseigne^ aux congrès
galions autorisées? (proposition Babier). Nous voulons îa concurrence dans renseigne¬
ment,
N’avqtts-nous pas refusé de votre la scolarité obligatoire?
Respectueux de toutes les libertés, nous voulons que chacun reste à sa place: le prfitie
à réglise, le maire à la mairie, l'instituteur à l’école et les électeurs libres.
Nous avons voté l’abrogation de la loi Falloux, non pour fermer les établissements
secondaires libres, mais afin que les professeurs de ces établissements possèdent les mêmes
grades universitaires et donnent aux parents les mêmes garanties de capacités que les
maîtres qui enseignent dans les collèges et lycées de l’État.
Nous voudrions la gratuité de l’enseignement secondaire, afin que les fils du peuple,
qui sont intelligents mais sans fortune, puissent s’instruire comme les enfants des
riches.
Nous voulons la loi relative à la création de caisses de retraite pour la vieillesse et pour
les invalides du travail, loi qui a déjà donné lieu à une remarquable discussion.
Nous voulons la réduction des frais de justice et des gros traitements, que nous avons
réduits deux fois en ce qui concerne les trésoriers généraux.
Nous voulons toujours la réforme de Fimpôt sur le revenu, que les millionnaires delà
Chambre n’ont pas laissé voter, et qui, seule, peut dégrever les petits, en ménageant les
moyens et en surchargeant progressivement les gros contribuables*
Nous sommes l’adversaire irréductible du coUecLivisme, et nous défendrons toujours la
propriété privée.
Électeurs,
Vous vous souviendrez que nous avons voté :
1° La loi sur les successions, avec déduction des dettes et suppression des centimes
additionnels, en appliquant pour la première fols la progression!
2° La réforme des droits hypothécaires, qui dégrève les petites ventes et charge les
grosses transactions;
3° Une meilleure répartition des cotes personnelle et mobilière, alin de diminuer les
Charges des paysans et des ouvriers et de demander beaucoup plus aux millionnaires;
4° La réforme de Fimpôt sur les boissons, qui supprime les taxes vexatolres, les drôles
d’octroi sur les boissons hygiéniques et l’exercice chez les débitants;
5° La loi relative aux assurances mutuelles agricoles et au crédit agricole;
6° La loi qui supprime les acquïts-à-caution et l’agiotage entre les importateurs de blés
étrangers et les exportateurs de farines, et qui fait disparaître la principale cause de la
mévente des blés, si préjudiciable aux agriculteurs;
T La réduction du service militaire à deux ans, avec égalité pour tous, riches ou
pauvres;
8° La réduction à 20 jours de la période de 28 jours, et la suppression des 13 jours.
9* La création d’une armée coloniale, pour épargner aux enfants de la Métropole les
souffrances physiques, les douleurs morales, les maladies endémiques des climats souvent
trop meurtriers de nos riches colonies;
IIP La franchise postale pour permettre aux soldais d’écrire à leurs parents deux fois
par mois gratuitement, etc., etc.
Vive la République!
Vivent les réformes démocratiques!
Docteur lïUGON,
O [licier d’ Académie, conseiller général,
Député sortant*
— 1053
N° 1162
CHARENTE-ÏNFEÉEURE
Circonscription de JONZAC
M. LARQUIER
ÉIo au 1er tour de scrutin. — 10 4*17 voix.
Mes chers Concitoyens,
Les délégués républicains de l’arrondissement, réunis en Congrès ^ à Jonzac, le
3 août 1902, après avoir entendu mes déclarations, ont adopté, à l’unanimité, ma candida¬
ture. Elle est née de l’union et de l’apaisement. Elle est conforme aux vœux du parti tout
entier.
Saintongeais, par ma famille, par mes attaches, par mes intérêts, je suis des vôtres;
nul ne peut vous être plus étroitement lié.
Mon programme tient en quelques mots précis :
J’entends défendre une République de progrès démocratique.
J’entends assurer à notre pays la part qui lui revient dans les bienfaits de l’Etat.
J’entends travailler à consolider notre prospérité mise en péril par la loi néfaste des
boissons.
Électeurs,
Je m’expliquerai sans détours sur les questions qui passionnent actuellement le pays.
Défenseur énergique de la liberté de l’enseignement, j’estime qu’elle n’est pas atteinte
par l’exécution nécessaire de la loi sur les associations. Ennemi de toute mesure d excep¬
tion, je demanderai, pour les maîtres de l’enseignement public ou libre, les mêmes gatau-
ties de savoir sous le même contrôle de l'État,
Je me déclare le partisan du scrutin de liste, qui seul rendrait possibles certaines
réformes d’intérêt général. Selon le vœu du pays, il permettrait de diminuer le nom lire des
députés et serait peut-être le moyen le plus favorable pour assurer des séances de labeur
calme et fructueux. . . .
Avec des hommes dont le patriotisme ne saurait être contesté, j’accepte le projet de tu
sur le service de deux ans, en réservant la question de la dispense des soutiens de iami e,
dont l'abrogation léserait péniblement les petits cultivateurs.
J’approuverai volontiers la suppression d’une période de vingt-huit jours sur deux, s il
m’est démontré, par les chefs de l’armée, qu’une telle réforme ne peut compromettre la
défense nationale* ,
le demanderai ‘au Parlement la création de chambres d’agriculture, établies sur le
modèle des chambres de commerce, ei chargées d'éclairer les pouvoirs publics sur Jes besoins
des cultivateurs ; de solliciter certaines lois nouvelles; de combattre les lois nelasies et
d’en réclamer instamment la révision, si l’application en est impraticable ou ruineuse.
Toujours dévoué aux intérêts de la démocratie laborieuse de nos campagnes, je m efior-
— 1054 —
cerai de favoriser le développement des institutions de mutualité et de prévoyance, qui sont
la sauvegarde de l’avenir.
Le principe de l’impôt sur le revenu étant conforme à l’équité, je l’accepte; mais je ne
voterai qu’un projet qui ne soit ni inquisitorial, ni aventureux pour notre crédit, ni trop
onéreux pour les petits propriétaires fonciers, qui sont en droit d’attendre des pouvoirs
publics un dégrèvement revenu nécessaire. Je m’associerai à la demande, déjà faite an
Parlement, de supprimer l’initiative des députés en matière d’augmentation de dépenses.
La situation de nos finances exige d’ailleurs la prudence dans les réformes et l’économie
dans les budgets.
Contre la loi des boissons :
En sollicitant vos suffrages et votre confiance, je me déclare l’adversaire résolu, l’en¬
nemi acharné et infatigable de la loi de ruine faite contre nos eaux-de-vie.
Comme remède, je demanderai au Gouvernement la surtaxe des alcools industriels et
la détaxe des eaux-de-vie de vin, afin de rétablir les conditions normales de la lutte com¬
merciale.
C’est aussi le devoir de votre représentant de s’élever contre toute atteinte aux droits
des bouilleurs de cru. 11 devra rester intransigeant sur des questions d’une importance
aussi capitale et mettre le Gouvernement en devoir de choisir ; la taxe différentielle ou la
ruine totale d’rme des plus riches régions de noire France.
Chers Concitoyens et Amis,
Depuis plus d’un demi-siècle, mes parents se sont consacrés dans la mesure de leurs
forces au service des intérêts de noire région. Les électeurs de la circonscription de fonzac
ont maintes fois scellé entre nous des liens d’amitié et de dévouement réciproques. Après
mon grand-père et mon père, je sollicite vos suffrages avec confiance.
Vous savez qui je suis, ce que je veux. Vous vous souviendrez en me donnant vos voix
bbc ins 1 & ^ Daan<iataire réPub!icain pour demander justice aux pouvoirs répu-
_ Candidat d’union républicaine et de défense saintongeaise, je me présente au libre
choix des électeurs de 1 arrondissement de Jonzac. Qu’ils sachent tous qu’ils trouveront en
moi un ami toujours dévoué, un défenseur toujours énergique et fidèle.
Vive la République ! Vive la Sainlonge !
Fernand LARQUIER,
Docteur en droit,
Maire de Saint-Simon-de-Bordes,
Candidat du Congrès républicain.
Circonscription de MARENNES
M. TORCHUT
Elu au 1er tour de scrutin. — 6,296 voix,
Mes chers Concitoyens,
J’ai l’honneur de solliciter vos libres suffrages, avec la volonté bien arrêtée de défendre
énergie les intérêts dominants de l’arrondissement de Marennes, c’est-à-dire les inté-
rêts agricoles, maritimes et GorümeFCïaux:.
— 10:>5 —
Nû 1162
Nédanscet arrondissement, vivant au milieu de vous, conseiller municipal de Marëmies
depuis quinze an:s? conseiller général de la Charente-Inférieure depuis dix ans, an courant
de vos besoins, instruit de vos désirs et de vos légitimes revendications, je vous offre le
modeste tribut de mon dévouement, de ma connaissance des lois et de mon expérience des
affaires publiques.
Nous aurions, mé semble-t-il, grandement raison de consacrer k P examen des affaires
du pays, à l'étude et à la solution des problèmes financiers, économiques et sociaux qui
nous pressent, une activité et une ardeur que nous ne savons pas toujours utilement
dépenser. Nous avons le devoir étroit de nous appliquer à c tte éludé, car si la France Vit
non pas de disputes personnelle-, mais surtout d'industrie, d'agriculture et de commerce,
nous avons le devoir impérieux de nous rappeler que nous devons d'abord assurer sa pros¬
périté matériel le, condition essentielle de son essor intellectuel et de sa moralité. Plus que
jamais il faut y sacrifier nos sentiments particuliers et travailler d'un même cœur à faire
passer dans nos institutions les idées généreuses dont la France a été le porte-drapeau.
H n’est pus une seule question économique à laquelle l'arrondissement de Marenncs
puisse rester indifférent, tant son activité est grande et sa production variée ; le blé, le vin,
l'élevage, les huîtres, le sel, la pêche, etc., donnent naissance chaque jour à des questions
nouvelles qui sollicitent notre concours et appellent des solutions.
Parmi les moyens propres à secourir notre agriculture, il faut placer en première ligne
Ja réforme des lois de finances qui règlent chaque année l'impôt foncier. Cet impôt pèse
lourdement sur nos cultures, tant en principal qu’en centimes additionnels. J'en voudrais la
suppression comme impôt de r État et sa remise aux communes. Dans le cas contraire, je
réclamerai l'exécution de la loi du 2i juillet 1894 qui prescrit dé procéder aux évaluations
nécessaires pour transformer la contribution foncière des propriétés non bâties en un impôt
sur le revenu net de cos propriétés ; c'est le meilleur moyen de le rendre égal pour tous,
le demanderai aussi la réfection des cadastres communaux en ce qui concerne le classement
et le rendement des terres. Je demanderai également îa diminution des centimes addition¬
nels départementaux et communaux portant uniquement sur les contributions foncière et
mobilière.
Je m'efforcerai de démontrer tout ce qu'il y a d'injuste et d'arbitraire dans ia façon dont
sont établies les patentes des ostréiculteurs.
Notre viticulture, si fortement éprouvée jadis par le phylloxéra, l'a été récemment
encore par une loi qu'on peut qualifier de funeste, parce qu'elle n'a tenu aucun compte des
conditions inhérentes à ia production du vin et à la vente des eaux-de-vie. Comme les
autres représentants de ce département au Parlement, tous mes efforts tendront à en corri¬
ger les effets désastreux.
Par le service militaire réduit à deux ans, sans compromettre la solidité de notre année
française, je m'efforcerai de rendre des bras jeunes et vigoureux à l'agriculture si malheu¬
reuse. D'excellents esprits et des hommes d'expérience éprouvés estiment même qu'on peut
sans inconvénient supprimer les 13 jours et réduire la durée des vingt-huit jours; je me
joindrai à eux.
Je crois que noire démocratie a besoin, plus qu'aucun autrerégime, de bonnes finances.
L'œuvre de progrès matériel qu’elle doit poursuivre par la réalisation persévérante de sort
idéal de justice, de liberté et de solidarité, est une œuvre coûteuse qui exige un budget
solidement équilibré. Et comme elle ne saurait oublier ni sacrifier, dans les conditions
présentes du monde, les nécessités impérieuses de la défense nationale, par quels pro¬
cédés doit-elle équilibrer mn budget?
Par l'emprunt? Ce serait le plus détestable des moyens ; il faut au contraire amortir îa
dette publique.
Par des impôts nouveaux? Pas davantage, Les charges qui pèsent sur le contribuable
sont déjà trop lourdes.
On ne petit et on ne doit toucher aux impôts existants que pour en améliorer la répar¬
tition et pour la rendre toujours plus juste, en demandant à chacun une participation aux
— 1056 —
charges communes exactement proportionnelle à ses revenus. Et comme il faut se garder
d’en augmenter le chiffre, il faudrait se garder de leur donner à un degré quelconque, un
caractère inquisitorial et vexatoire, dont ie moindre défaut serait de faire disparaître la
matière imposable.
Pour arriver, autrement que par des expédients et des artifices, à Pèquîlibre de notre
budget, il faut d’abord savoir se résigner à ralentir l'accroissement des dépenses
publiques.
Il faut en outre pratiquer résolument, poserai dire avec acharnement, la politique des
économies. C’est ainsi qu’on en peut réaliser par une décentralisation rationnelle qui ferait
passer aux départements et aux communes un certain nombre des attributions de l'État;
par un contrôle plus vigilant des dépenses de matériel, par la simplification de notre
mécanisme administratif, vieux de plus d’un siècle, par la diminution des gros traitements
et la suppression des sinécures et des fonctions inutiles.
Je reste le défenseur convaincu de la propriété individuelle, que je considère comme la
garantie nécessaire de la liberté, de la dignité, de l’activité humaine et dont je n’entends ni
commencer ni même préparer la suppression. 3e réclame également le respect absolu de la
liberté du travail.
La libre initiative des individus, fortifiée par la pratique de plus en plus large de PassoH
ciation sous toutes ses formes, me paraît être la source la plus féconde du progrès social.
Non que TÉtat puisse se désintéresser de ce progrès. Mais il doit autant que possible y
concourir en aidant, en soutenant l'initiative individuelle au lieu de la restreindre et de
F étouffer. C'est ainsi que l’État me semble devoir aujourd’hui se borner à participer, avec
les intéressés d'une part et d’autre part avec les associations libres d’assistance et de pré¬
voyance, à l’organisation d’un système de retraite permettant d'assurer aux ouvriers de la
ville et des champs, quand le grand âge et les infirmités ont fait tomber l’outil de leurs
mains, une vieillesse digne et respectée.
C'est ainsi encore qu’en matière commerciale l’État doit s’attacher à faciliter la circu¬
lation des richesses par le perfectionnement économique des moyens de communication
et de transport et à fournir à notre industrie et à notre commerce les débouchés dont ils
ont besoin, par une législation douanière assurant à tous les intérêts, les garanties et la
sécurité indispensables.
Electeurs,
Mon programme politique n’est autre que le vieux programme du parti républicain.
La Bèpublique doit être démocratique et résolument réformatrice.
Comme le parti auquel j’ai l'honneur d'appartenir, et qui a dotéla France de la liberté
de la presse, de la liberté de réunion, de la liberté syndicale, de la liberté d'association et
de la liberté de penser en donnant aux lois scolaires toute leur force, je suis respectueux
de toutes les libertés et de toutes les croyances et par conséquent partisan de la liberté de
l’enseignement. Maïs j’estime qu’il est non seulement du droit mais du devoir de l’Etat de
prendre des précautions rigoureuses touchant l'exercice de cette liberté.
Au lendemain d'une consultation nationale qui a confirmé d'une manière éclatante les
décisions récentes du suffrage universel, le devoir s'impose de se conformer aux volontés
exprimées avec tant de force par le pays tout entier et de collaborer en toute bonne foi à
l'œuvre qu’il entend poursuivre, d’assurer enfin complètement, dans l'indépendance souve¬
raine de l’Etat laïque, la liberté de la personne humaine, la justice véritable dans la répar¬
tition des charges, la mutuelle et solidaire association des forts et des faibles et de fonder
ainsi cette paix matérielle et morale des esprits et des consciences que nous apercevons
comme le terme des lois, des doctrines et des espérances républicaines.
— *057 —
Nû 4102
Mes chers Concitoyens,
Telles sont, rapidement esquissées, [les idées que je me propose de défendre si j'ai
l’honneur d’être votre élu.
Chaque année je rendrai compte de mon mandat: il vous appartiendra de dire si j’ai
su mériter votre confiance.
Vive la République !
Veuillez agréer, mes chers Concitoyens, P assurance de mes sentiments très dévoués.
Charles TORCHUT,
Avocat, Conseiller général.
■
CORSE
Circonscription de GORTE
4L Antoine GAVIINI
Élu au 1er tour de scrutin. — 9,103 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je ne suis pas un nouveau venu parmi vous. Les marques de sympathie si souvent
renouvelées — que ma famille a reçues dans votre arrondissement, les amitiés nombreuses
que j’y compte, sont, autant de Hens que le scrutin du 19 avril viendra consolider.
D’accord avec toute la représentation insulaire, sur le terrain d’une politique nettement
républicaine, je viens solliciter vos suffrages et je m’efforcerai, si je suis votre élu, d cire
non pas l’homme d’un parti, mais le Député de tous.
L’expérience du passé a montré combien étaient funestes pour notre département les
luttes intestines; vouloir les perpétuer serait faire acte de mauvais citoyen. Je m’applique¬
rai a amener dans vos cantons, dans vos communes, un apaisement nécessaire.
Je serai aidé dans cette tâche, j’en ai l’assurance, par mes collègues et par tous ceux
qui, dans l’ordre administratif et dans l’ordre judiciaire, sont les représentants du Gouver¬
nement de la République.
Nous pourrons alors travailler utilement au relèvement de notie chère Coisc et piovo-
quur la solution des questions qui intéressent son aveuir.
Croyez, chers Concitoyens, à mes sentiments sincèrement dévoués,
Antoine GÀVIN1, ancien Député,
Conseiller général.
Candidat républicain.
433
COTES-DU-NÜRD
lr0 circonscription de DINAN
M* BAUDET
Élu au 2a tour de scrutin. — G.508 voix.
Electeurs et chers Concitoyens,
Au 27 avril dernier, vous m’avez trouvé seul pour défendre — non pas la forme même,
ce qui est peu, — mais Ridée républicaine, sérieusement menacée par la réaction coalisée'
Vous avez groupé sur mon nom la majorité des voix de ce parti républicain qui assura
la victoire en 1889, dans cette dernière bataille ou les forces en présence se comptèrent
dans la lrc circonscription de Dinan.
La discipline et Funion font un devoir à tous les vrais républicains d'accepter cette
décision du suffrage universel et de venir se joindre au noyau compact de la première
heure*
Et si une violente campagne de presse a pu contribuer à en détourner quelques-uns de
moi, les arrêts du tribunal de Oman et de la Cour de Rennes ont dû les convaincre que
c'était à défaut d’autres arguments que des adversaires sans scrupule avaient eu recours à
la diffamation.
Moins souple que d’autres, je défends un programme politique qui réemprunte rien
aux besoins de la circonstance ; il est celui que j'ai défendu depuis 25 ans, — -au temps des
Eveil et des Deroyer, — il est Celui d'un républicain sincèrement démocrate et libéral.
Partisan delà suprématie du pouvoir civil et de l'indépendance de la société laïque, je
suis le défenseur de ia liberté de Conscience dont la liberté religieuse est une des formes
les plus respectables, et que la République, du reste, ne songe nullement à menacer.
Ceux-là seuls font courir à la religion les plus grands périls, qui s’ep servent tantôt
comme d un manteau pour couvrir leur faiblesse, et tanlût comme d’un tremplin pour
arriver à leurs dos politiques.
Pour moi la vieille devise tient toujours ;
Le maire à la mairie ;
Le prêtre à Péglise ;
L’instituteur à T école;
À condition toutefois que chacun s’y renferme dans les limites de ses attributions.
Je mets au défi de prouver que, comme maire, l'application de cette maxime m’ait
jamais trouvé en défaut.
Partisan de l'application du Concordat, je voterai le maintien du budget des cultes*
Respectueux de la liberté d’enseignement, je suis d’avis qu'elle s’exerce sous la sauve¬
garde des lois et sous la garantie des droits imprescriptibles de PÉtat*
Libéral, je considère comme le premier des devoirs d’un Gouvernement républicain ;
de veiller avec un soin jaloux à ce que l'esprit de liberté ne soit pas tari dans ses sources
vives ; et de barrer la route à ceux qui ne l'embrassent si fort, en ce moment, que pour
mieux Y étouffer.
Libéral, je m’appliquerai avec zèle à protéger dans toute Détendue de la République
française la libre indépendance de la personne humaine contre les atteintes des véritables
sectaires, — si sectaire est synonyme d’intolérant.
Et si, dans ce pays, l'influence de la Révolution française semble avoir épuisé son
action à tel point que l’on voit le grand propriétaire terrien opprimer la liberté politique de
son fermier, le patron, coîle de l’ouvrier, et si Pou aperçoit presque partout le commerçant
qui ose se montrer républicain, boycotté par un parti aussi hypocrite que féroce, je m’asso¬
cierai à toutes les mesures nécessaires pour libérer les esprits et assurer la complète indé¬
pendance politique de tous les citoyens-
Démocrate, je voterai toutes ies lois de progrès social mûrement étudiées, de mutua¬
lité, d’assurances, de prévoyance, de retraites et d'assistance qui garantiront le travailleur,
ouvrier, cultivateur, marin, contre les pertes, les accidents, la maladie, l'invalidité et la
vieillesse.
Président du Comice agricole du canton de Canines, depuis de nombreuses années, et
ayant moi-même pratiqué la culture assez pour avoir au besoin mis la main à la charrue,
aucun des intérêts du cultivateur ne me laissera étranger, et en toute occasion j’aurai ie
plus grand souci d’améliorer le sort du petit propriétaire et du fermier qui vivent de leur
profession aussi noble que pénible et peu rétribuée.
Je voterai toute réforme de l'impôt qui aura pour but de demander de moins en moins
au nécessaire et de plus en plus au superflu.
Je voterai la suppression des prestations, vestige de la corvée qui grève lourdement le
fermier et épargne le grand propriétaire.
Depuis longtemps, je demande qu’on enlève à la loi sur la chasse ce qu'elle conserve
du souvenir des droits seigneuriaux, et qu’on délivre des permis journaliers.
Depuis longtemps, je demande ïa réduction du service militaire à 2 ans, — l’égalité
réelle de tous les Français devant l’impôt du sang, — des secours en argent aux familles
nécessiteuses qui ont perdu leur soutien.
Je m’occuperai avec une sollicitude toute particulière de tout ce qu'il est possible de
faire pour assurer la santé du soldat.
Ainsi que je Fai déjà fait an 27 avril, je réclamerai que, selon toute justice, les marins
du commerce, dont l'existence est plus pénible et plus exposée que celle des marins de
l'État, touchent comme ceux-ci leur retraite après 25 ans de navigation.
A cause du travail si dur qu’elle nécessite et du péril de tout instant auquel expose la
grande pêche, je demanderai qu’une campagne révolue compte pour une année de navi¬
gation .
Je soutiendrai le maintien intégral de tous les droits de la France à Terre-Neuve.
Je voterai toutes les mesures nécessaires pour défendre le petit commerce contre la
concurrence écrasante des grandes magasins de la capitale.
Au Conseil général, je ne me suis jamais désintéressé d’aucune des affaires concernant
l'arrondissement de Oman.
Dans la séance dit 9 avril 1902, j'ai déposé ce vœu :
« Que soient étudiées, pour être jointes au second réseau, les autres lignes demandées
pour relier les chefs-lieux de canton à leur chef-lieu d'arrondissement et pour mettre en
communication le département des Côtes-du-Nord avec les réseaux des départements
voisins. »>
J'ai vu ma proposition adoptée comme base de conduite par Déminent ingénieur en
chef M. Harel de la Noe, auquel seul le département est redevable de l'économie réalisée
sur les deux premiers réseaux en vue de la construction du troisième.
Et de ce vœu est résulté comme projet compris an plan d’ensemble départemental, les
lignes de Ploubalay, de Canines, d’Evran à Dinati.
Et les lignes de Ploubalay à binard par Lancietix et de Récberel b Evran.
— 1060 —
J'ai toujours soutenu de mes votes le projet de construction du pont Saint-Jean-Samt-
Hubert, et je compte encore le défendre contre les prétentions extraordinaires d’un Séna¬
teur appartenant en même temps à la haute Marine et à la haute réaction.
Mes chers Concitoyens,
Je n’appartiens ni à l’aristocratie de naissance ni à Faristocratie de fortune.
Fils comme vous de la démocratie, j'en suis depuis 25 ans le fidèle et dévoué serviteur*
Travailleurs, îe drapeau que je porte est le vôtre. Défeudez-le!
Vive la République !
Docteur R4UDET.
CREUSE
Circonscription cFAUBUSSQN
M, SIMONE!
l5lu au lpr tour de scrutin* — 14,052 voix.
Mes chers Concitoyens,
Je me présente k vos libres suffrages.
Je dois vous dire qui je suis, ce que je pense et ce que je ferais, si j’avais Fhonneur
d’ètre votre élu. <
Je suis un enfant du pays et un enfant du peuple.
Ma famille est originaire du canton de Bellegarde ; j’ai dans Parrondissement tous mes
parents, tous mes intérêts, presque tous mes amis.
Mon grand-père paternel était plâtrier ; mon grand-père maternel, laboureur. Mon père
a été longtemps instituteur*
Je me suis marié, dans le canton de Chénerailles, avec la fille d’un maçon creusois.
Je suis do peuple, je connais le peuple et je l’aime. Je suis fier de mon origine et ne
l’oublierai jamais.
Elle m’unit a l’arrondissement d’Aubusson, et à vous de façon indissoluble.
j’ai une position honorable, que je me suis faite par mon travail ; ce n’est donc pas
pour me créer une carrière que je sollicite vos suffrages.
C’est pour mettre à votre service et au service de la République tout ce que je puis
avoir d’activité, de dévouement et d’énergie.
Mon programme est celui du grand parti radical -socialiste, celui des Léon Bourgeois,
des Brisson, des Gobi et, des Waldeck- Rousseau, des Pelletan et des Cornudet, c’est aussi
celui des trois Députés actuels de la Creuse, et c’est celui des meilleurs parmi les bons ser¬
viteurs de la démocratie.
Les réformes sociales, l’amélioration du sort des travailleurs des champs et des villes
/
N° 11P2
— 1061 —
la réalisation de plus de bien-être, de plus de justice dans la société, sont des questions qui
me passionnent, comme elles doivent passionner tous les vrais amis du peuple,
je les mets au premier rang des préoccupations de l’heure présente.
Pénétré du vieil esprit républicain et laïque, je vous soumets donc mon programme ;
Dans l’ordre des réformes sociales :
Organisation d’une Caisse nationale de retraites pour les ouvriers invalides ou âgés,
des champs et dos villes; développement de l’assistance publique; extension des libertés
syndicales ; développement et amélioration de toutes les lois de prévoyance et de solidarité,
ainsi que de celles pouvant aider à l’union féconde du capital et du travail.
Dans l’ordre financier et administratif :
Économies profondes dans la budget de la France; suppression d’un grand nombre de
fonctionnaires inutiles; réduction des gros traitements; contrôle sévère de toutes les
dépenses publiques ; vote du budget en temps normal ; abandon du déplorable système des
douzièmes provisoires.
Réforme radicale de l’impôt, par l’établissement de la justice fiscale, au moyen de
l’impôt unique, global et progressif sur le revenu, avec dégrèvement pour les petites cotes.
Dans l’ordre politique :
Rétablissement du scrutin de liste; diminution du nombre des Députés et des Séna-
leurs; suprématie absolue du pouvoir civil ; séparation des Églises et de TÉtat et suppres¬
sion du budget des cuites; abrogation de la loi Falloux; application ferme de la loi sur les
associations; lutte vigoureuse contre le cléricalisme; suppression des 13 et 2b jours.
Organisation d’un enseignement national laïque et gratuit à tous les degrés*
Parmi les autres réformes dont je suis îe partisan convaincu, je citerai :
Extension de la compétence des juges de paix; justice plus expéditive et moins cou-
teuse ; suppression des petits tribunaux ; vote des émigrants par correspondance ; interdic¬
tion aux députés de voter les uns pour les autres; abaissement et unification des tarifs de
chemin de fer, et, si les Compagnies résistent, leur rachat par l’État; service de deux ans,
strictement égal pour tous; secours immédiats aux ramilles nécessiteuses dont les fils sont
sous les drapeaux ; banques de crédit agricole, consentant des prêts à taux réduits aux petits
cultivateurs ; assurances contre le chômage et la maladie ; assurances contre la mortalité du
bétail, etc*
Telles sont les réformes les plus urgentes, dont je voudrais, avec vous, voir hâter ia
réalisation.
Mes chers Concitoyens,
La réaction me combat, c’est mon honneur, mais elle n’ose point affronter elle-même
la lutte à visage découvert. Elle est habile à prendre tous les masques. Votre clairvoyance
dissipera toutes les équivoques, déjouera tontes les manoeuvres.
Vous ne permettrez pas que notre vaillant arrondissement fasse, le 22 février prochain,
un pas en arrière, quand le reste de la Creuse va résolument de l’avant. Vous avez déjà, en
de retentissants scrutins, signifié aux rétrogrades, aux timides, aux éternels hésitants,
qu’une politique hardiment et énergiqu ornent réformatrice, libre de toute faiblesse et de
tous engagements avec la réaction pouvait seule mériter votre confiance. Vous le répéterez
nettement encore à ceux qui feignent de n’avoir point compris votre volonté.
Je suis sans fortune, j’ai une famille dont je suis le soutien; je ne suis riche que
d’énergie et de bonne volonté ; je ne pourrai point visiter toutes nos communes et m’en
— 1062 —
excuse. Mais ayez confiance en moi, je ne vous trahirai point, et je remets ma cause, qui .est
la vôtre, entre vos mains souveraines.
Si vous m'élisez, je prends rengagement de défendre toujours, avec toute Pépergie
dont je suis capable, et à la tribune morne, vos intérêts et notre programme; je passerai
toutes mes vacances parlementaires au milieu de vous; je vous rendrai, chaque année,
compte de mon mandat; je ne quitterai le poste d'honneur que vous m'aurez assigné, que
Je jour où vous me retirerez votre confiance.
Préoccupé, comme il convient à un représentant du peuple, des intérêts généraux et
permanents du pays, je donnerai également tous mes soins à ceux de notre cher arrondis¬
sement; je réclamerai avec énergie et persévérance, auprès des pouvoirs publics, l'exten-
sioo des voies ferrées dont trop de nos cantons sont encore privés; je demanderai l’achève-
ment rapide et le développement du camp de la Courtine; je soutiendrai les intérêts trop
méconnus de notre vieille industrie artistique de la tapisserie.
Enfin, vous me trouverez toujours le défenseur actif et zélé des intérêts de tous et de
chacun.
Vive la République démocratique et sociale!
Adolphe SIMONE!,
ancien avocat, procureur de h République,
propriétaire et conseiller municipal de Saint-Sylvam-Bellegartle,
candidat républicain radical-socialiste.
DOUBS
Circonscription de MONTBÉLIARD
M. Marc RÉVILLE
Élu au l0r tour do scrutin, — H , 179 voix.
Mes chers Concitoyens,
Appelé par une imposante délégation des comités républicains de l'arrondissement à
l'honneur d'être le porte-drapeau de notre grand parti dans la circonscription de Montbé¬
liard, je considérerais cette désignation, quelque flatteuse qu'elle soit, comme insuffisante
et inefficace, si elle n était ratifiée par le suffrage universel, seul juge souverain en matière
électorale.
Je viens donc vous soumettre le programme à la réalisation duquel je m'attacherai si vous
me faites l'honneur de m'envoyer siéger à la Chambre. Ce programme est la continuation
et le développement, conformément à révolution normale de la société, de celui qu'illustra
Viette, dont ni la mort ni les années d ont effacé le souvenir parmi nous, et de celui que
soutinrent avec autant de loyauté que de persévérance et mon ami M. Henri Iiuguet et
M* le docteur Borne, aujourd'hui sénateur du Doubs.
Âti point de vue social : politique de defense et surtout d'action républicaine, gouver¬
nant avec tous les vrais républicains, nous donnant les réformes que la démocratie attend
avec une légitime impatience : lois de prévoyance; — facilités pour l'assurance populaire;
— développement et améliorations pratiques des lois de mutualité et d'assistance ; — orgâ-
im —
N* H 62
irisation d’une caisse de retraites pour la vieillesse; — mais sms atteinte à la propriété
individuelle consacrée par la Révolution de 1789.
Respect absolu de la liberté de conscience, de toutes les confessions cl de toutes les
convictions, mais répression énergique de tous les empiétements et attaques des adver¬
saires de îa République, coalisés pour amoindrir et anéantir ensuite les droits intangibles
de la société laïque et civile.
Au point de yug fiscal : répartition plus équitable des charges sociales; impôt global
sur le revenu de chacun avec un minimum très réduit et une progression limitée, ménageant
la fortune en formation et atteignant surfont la richesse acquise; le tout sans vexations
et sans arbitraire. C’est un impôt de remplacement, non de superposition.
Pas d’impôts nouveaux; pour y arriver : recherche consciencieuse des économies; sup¬
pression de toutes les dépenses non rigoureusement justifiées.
Au point de vue constitutionnel : révision partielle de la Constitution pour assurer
l'harmonie des pouvoirs; maintien du Sénat, tout en conservant à la Chambre ses préroga¬
tives en matière financière.
Au point de vue agricole : développement des assurances et caisses de crédit locales ;
— révision du cadastre ; — application la plus libérale possible du régime des comptes
courants de la frontière pour le bétail; — défense des droits des bouilleurs de cru et des
fumeurs de tabac de zone.
Au point de vue militaire ; réduction a deux ans du service, pour tous; ici, ainsi que
pour la marine, la révision et le contrôle des dépenses s'imposent spécialement.
A l’intérieur r suppression du personnel inutile; “décentralisation des services, sans
atteindre l’unité nationale; — affranchissement des initiatives privées ; — refonte de nos
codes, en particulier révision du code de procédure et des tarifs de justice.
À l’extérieur : continuation d'une politique h la fois digne et conciliante, sans faiblesse
mais sans provocation ; — encouragement de tome tentative d’arbitrage international.
Pour nos colonies : mise en valeur de notre admirable domaine colonial, sans conquêtes
nouvelles.
Au point de vue économique : libre-échange en principe, mais en certains cas, et sur¬
tout à l’heure actuelle, nécessité d’une protection limitée et intelligente.
Eu un mot, au vieux principe de la lutte à outrance pour la vie, je crois que dévolution
nous amène à préférer aujourd’hui le principe de l'union pour la vie, c'est-à-dire de ïa soli¬
darité puli tique, économique et sociale.
Telles sont, mes chers Concitoyens, les idées auxquelles je m’a Hacherai si vous me
faites ITionneur de me choisir comme votre élu, rapporterai à leur réalisation tonte l'expé¬
rience de vingt armées passées dans la pratique des affaires judiciaires, dans Pétude des
luis et dans la constatation, trop fréquente, hélas! de leur insuffisance. J’y mettrai toute
l'énergio d’un républicain ardemment épris des institutions démocratiques et de leur déve¬
loppement, et voulant une République résolument ouverte au progrès et à toutes les amé¬
liorations sociales.
le m’inspirerai toujours des principes qui ont animé vos représentants et qui ont été
les vôtres jusqu’ici. Ces principes n’ont pas changé et j’aime à espérer que vous les affir¬
merez une fois de plus sur mou nom au scrutin du 34 mai 190.3.
L’arrondissement de Montbéliard restera ainsi, comme il n'a jamais cessé de l’être, à
Fa va ni~garde du grand parti démocratique et républicain.
Vive l'arrondissement de Montbéliard! Vive la République!
Marc RÉVILLE,
Avocat à la Cour d’appel,
Maire de Montécheroux,
Candidat de l’Alliance républicaine,
radical s et démocratique.
- 1064 —
DROME
lr0 circonscription de VALENCE
M* MAL1ZARD
Élu au 2U tour de scrutin, — 9*678 voix.
COMITÉ CENTRAL d’AQTIQN RÉPUBLICAINE DÉMOCRATIQUE ET SOCIALE
Mes chers Concitoyens,
Les candidats parmi lesquels vous choisirez celui qui doit succéder au citoyen Maurice
Faure doivent offrir à vos yeux deux sortes de garanties : un passé politique sans tache et
tout inspiré de l’amour et de la défense des institutions républicaines; une compétence
éclairée, une expérience profonde des intérêts locaux qu'ils devront défendre devant le
Parlement*
Choisir un des- amis de Maurice Faure, c’était vous présenter un candidat d'un répu-
blicanisme incontestable; désigner à vos suffrages un ancien Maire de Valence, dont l’ex-
pêrience municipale a laissé, non seulement dans Valence, mais dans toute la circonscription,
d’inaltérables sympathies, c’était vous désigner le plus sûr, le plus éclairé, la plus dévoué
de vos représentants*
Cet homme, c'est le citoyen Malizard.
Le nommer, c est évoquer toute nue vie de labeur, d’honnêteté, de dévouement* Vous
le connaissez, vous l'avez jugé tel qu'il mérite de l’être, dans sa carrière politique comme
dans sa vie de chaque jour, et il n'est aucun d’entre vous qui, pensant à ce que cette vie
rappelle de désintéressement, n’éprouve vis-à-vis de lui la sympathie instinctive qui va à
ceux qui luttent pour le triomphe d’une cause juste*
Au k septembre 1S70, à la chute de l’Empire, le citoyen Malizard est au milieu de cette
foule républicaine qui proclame à la Préfecture de la Drôme la victoire de la République*
Membre du Comité qui patronna la candidature deMadier-dc-Moiitjau, il collabore aussi
à la fondation du Sou des Écoles et se fait le défenseur, le propagateur le plus ardent de
cette grande œuvre démocratique*
Ami des travailleurs, travailleur lui-même, il prend part à la fondation, en 1879, de la
Chambre syndicale des travailleurs réunis de Valence et de Bourg-lès-Valence, et dès lors
ne cesse de lutter pour réaliser, parmi les humbles, un peu plus de justice sociale*
Adjoint, puis Maire de Valence, c’est lui qui encore veilla à l’administration municipale
de la première ville du département, et vous savez tous que ses adversaires eux- mêmes
furent contraints alors de rendre hommage à sa probité et à son dévouement*
Ce passé répond de l’avenir* C’est un des vôtres que nous vous présentons; il n’a point
recherché au dehors de notre ville de mandat politique; fidèle à sa ville, à sa circonscrip¬
tion, il reste aujourd’hui encore fidèle à sa vie passée, en acceptant de représenter à vos
— 1065 —
1162
veux le programma politique qui fut toujours le sien? et qui n'est autre que celui du citoyen
Maurice Faure, et la défense des intérêts de la circonscription tout entière.
Vive la première circonscription de Valence !
Vive la République démocratique et sociale!
Pour le Comité :
(Suivent les signatures.)
Mes chers Concitoyens,
Pour succéder au citoyen Maurice Faure, qui fut votre représentant éloquent et dévoué,
H semblait que la lr£> circonscription de Valence était assez riche en républicains sincères
pour qu'il ne fût pas nécessaire de faire appel à des candidatures étrangères.
Il n’en a pas été ainsi.
On a fait à cette noble terre républicaine des Ranceî, des Madier-de-Montjau, l'affront
de l’oublier elle-même dans le choix de celui qui doit la représenter au Parlement,
C'est à cet étrange oubli qu'est due ma candidature. Le suffrage universel est seul
souverain. À lui seul nous reconnaissons le droit de choisir ses candidats, et nous refusons
à quiconque Le droit de lui imposer ses élus. Ce qui lui convient, c'est une liberté de plein
air, qui ne soit asservie et confisquée par personne, la seule liberté digne d'une démocratie
vigoureuse, affranchie de toute tutelle.
Mon programme est celui que le citoyen Maurice Faure a représenté et défendu. Une
sollicitude permanente envers les humbles; une économie sévère dans l'administration de
l'État; l'institution de retraites pour les travailleurs industriels et agricoles; l'extension aux
employés de commerce de toutes les lois votées ou proposées pour F amélioration du sort
des ouvriers; la création de Chambres d'agriculture; le vote de la loi Rerteaux en faveur des
agents des chemins de fer, et pour laquelle j'ai déjà eu l'honneur de déposer un vœu au
Conseil municipal de Valence; la réduction du service militaire à deux années; la suppres¬
sion des 28 et 13 jours; rétablissement de l'impôt progressif sur le revenu; la protection
sérieuse et constante du petit commerce; la diminution des gros traitements ; l'application
intégrale de la loi sur les associations ; tels sont, vous le savez, les points principaux de ce
programme.
Quant aux intérêts locaux de la circonscription tout entière, une vie consacrée à les
défendre vous est un gage de la sollicitude que j'apporterai à veiller sur eux.
Nos chères traditions de la Drôme, faites d une longue bataille pour la liberté répu¬
blicaine, ces traditions cte justice et de solidarité humaine, dont le citoyen Maurice Faure
s'étaît fait le champion, vous pouvez être assurés que je les continuerai.
Vous ramènerez vos voix sur un ffls de la démocratie drômoise, parce que seul un des
vôtres peut avec raison vous représenter.
C'est un enfant du peuple que vous avez devant vous; et, s'il vous demande de lui
confier un mandat, c'est qu’il est résolu à le remplir avec la plus grande loyauté, avec la
plus sincère conviction.
Vive la première circonscription de Valence î
Vive La République démocratique et sociale!
J. MMJZARD,
Conseiller municipal,
Ancien Maire de Valence.
13û
GARONNE (HAUTE-)
2e circonscription de TOULOUSE
M. SERRES
Elu au lw tour de scrutin. - 8.382 voix.
Citoyens,
La mort prématurée du regretté Calvinhac enlève à Toulouse an de ses enfants les
plus aimés et les plus dévoués ; à la démocratie, à la cause prolétarienne et sociale, un de
ses serviteurs les plus ardents et les plus sincères.
La Fédération des comités radicaux socialistes et des groupes socialistes constitués en
Congrès in’a fait l’honneur de me désigner à vos suffrages et vous invite à affirmei, di¬
manche 17 août, sur mon nom, votre foi inébranlable dans la République, à foimuler éner¬
giquement vos espérances dans la réalisation des réformes politiques et sociales, si impa¬
tiemment attendues et constamment ajournées par l’effort combiné de toutes les réactions,
Depuis plus de trente ans, j’ai consacré toute mon activité, toute mon intelligence à la
chose publique. Par cette longue carrière, écoulée au milieu de vous, vous connaissez mes
idées et mon programme.
J’en retracerai néanmoins les grandes lignes :
Réduction du service militaire à deux ans. — Cette réforme, considérée par nos adver¬
saires comme irréalisable, vient d’être discutée au Sénat dans un sens favorable. Depuis
longtemps inscrite au plan des réformes préconisées par le parti radical socialiste, elle re¬
çoit aujourd’hui l’approbation des techniciens les plus réputés. Le commandant du 16" corps
ne déclarait-il pas naguère que cette loi, plus égalitaire et plus démocratique, donnerait a
la France une armée plus homogène et plus solide?
Impôt progressif et global sur le revenu. — Dans sa formé actuelle, i’impôt pèse loui-
dement sur les travailteurs.il convient de le remplacer par un impôt plus équitable. Ce
sera l'honneur de la République; après avoir rétabli l’équilibre financier, d’exonérer detout
impôt tout citoyen ayant un revenu inférieur à 2.000 francs.
Abrogation de la loi Falloux.
Application intégrale de la loi sur les associations.
Extension des lois du travail, pour protéger plus efficacement l’ouvrier industriel et
agricole, ainsi que les petits commerçants victimes de l’accaparement capitaliste.
Monopole des assurances au profit de l’État. — La société devrait être son propre
«assureur » contre les risques d’incendie, la grêle, les accidents, etc.; elle remplacerait
avantageusement ces puissantes compagnies dont les actionnaires se partagent de gros di¬
videndes au détriment de malheureux qui, trop souvent, voient, dans une heure, dispa¬
raître le bénéfice de longues années de travail.
Caisse de retraite pour la vieillesse. — La République n’aurait pas sa raison d’être si,
après lui avoir donné la liberté politique, elle n’assurait sa vieillesse à chaque citoyen. H
— IQfiT — a
est préférable de voter des lois de prévoyance sociale que d’augmenter constamment les
budgets de P Assistance publique. f
Voilà , Citoyens, les grandes lignes de mon programme. Ce n’est évidemment qu un
programme minimum* Pourtant, si la législature actuelle parvenait à le convenir en lois,
elle ferait œuvre essentiellement utile et donnerait à la République sa véritable sigrulica-
tion d'acheminement constant vers plus d’égalité, plus de liberté, plus de justice
sociale.
Mes chers Concitoyens,
Toulousain, profondément attaché à ma ville natale, je continuerai, comme par le
passé, à consacrer tous mes efforts, toute mon activité à l’embellissement de ma chère cité.
Elle exerce sur la région du Sud-Ouest une suprématie incontestée, et nous devons, jaloux
au même titre de son glorieux renom, travailler tous ensemble à la rendre toujours plus
grande, toujours plus prospère.
Républicain de la veille, je luttai sous l’Empire pour reconquérir nos libertés quel acte
criminel du 2 Décembre avait arrachées brutalement à la France. Et ce n’est pas sans une
profonde surprise mêlée d’écœurement, que je vois ces mêmes hommes, ceux du 16 et au
2i Mai, ces mêmes hommes qui voulaient plier la France sous l’oppression et la tyrannie,
affirmer aujourd’hui que le Gouvernement actuel n’est pas un gouvernement de liberté,
Contre toutes les réactions, nous défendrons énergiquement la République, la Répu¬
blique de la paix, de la liberté, de la justice.
Vive Toulouse!
Vive la République démocratique et sociale I
SERRES,
Maire de Toulouse, Conseiller général.
GIRONDE
lre circonscription de LIBOURNE
M. Joseph BRISSON
Élu au 1er tour de scrutin. — 6.31(0 voix.
Mes chers Concitoyens,
Le 11 mai 1902, par plus de 8400 suffrages, vous
nommer votre représentant.
Le 3 juillet, le verdict du Suffrage universel était
méconnue, la souveraineté nationale violée.
m’avez fait le grand honneur de me
brisé, la volonté du corps électoral
— 1068 —
Enfant de Libourne, j'ai protesté avec indignation contre les accusations qui atten¬
taient à l'indépendance et à l'honneur môme de mes concitoyens.
Représentant du peuple, j'ai défendu à la tribune vos droits imprescriptibles.
Député républicain, fai proclamé bien haut l’union intime, indissoluble, de la Répu¬
blique et du Suffrage universel.
j'étais votre député hier; le corps électoral montrera demain que le Suffrage universel
est le maître souverain, en me maintenant le mandat qu'il m'avait déjà — quoi qu'en
puissent dire des adversaires de mauvaise foi, — si spontanément et si librement conféré!
Car je suis aujourd'hui ce que j’étais hier : républicain convaincu, adversaire déclaré
des persécutions sous quelque forme qu'elles se produisent, partisan irréductible de toutes
les libertés.
Mon programme, vous 3e connaissez.
Je l’ai déjà développé devant vous: Vous l’avez sanctionné de vos votes approbatifs.
Permettez -moi de vous le rappeler en quelques mots:
Je suis pour le service militaire d'un an, pour l’égalité de tous — riches ou pauvres —
devant Fimpôt du sang, pour îa liberté de l'enseignement, pour l’égalité absolue des
charges publiques*
Ce sont les droits des prolétaires que je m'attacherai surtout à faire respecter. Je vo¬
terai en leur faveur toutes les lois — retraites ouvrières, notamment — s'inspirant d'un
sentiment d’humanité, de solidarité et de justice.
Je prendrai en toutes circonstances l’intérêt du petit commerçant contre les gros maga¬
sins. Je serai l'adversaire résolu de ces syndicats d’accaparement qui font payer si cher
les sulfates de cuivre, les soufres, tous les articles si nécessaires à nos viticulteurs!
La protection de la petite agriculture sera mon plus constant souci.
Je m'associerai à toutes les mesures de nature à améliorer le sort du petit propriétaire:
diminution des impôts, libre circulation des vins, achat du vin pour le soldat, création de
caisses de crédit agricole, ouverture de débouchés nouveaux pour l’écoulement de nos pro¬
duits.
Electeurs 1
Avec nos finances aux abois, avec les grands principes des Droits de l'homme et du
citoyen brutalement fouies aux pieds chaque jour, avec les dissensions continuelles qui dé¬
solent notre chère France, nous glissons sur une pente dangereuse.
Il faut que la nation se resaississe : et puisque la faction au pouvoir a donné à îa pre¬
mière circonscription l’occasion de manifester à nouveau et solennellement ses volontés,
j'ai la ferme confiance que vous ne vous déjugerez pas et que, fidèles à votre passé, vous
animerez sur mon nom, le 21 septembre, votre foi démocratique et votre vif désir de faire
de la République, non le Gouvernement de quelques-uns, turbulent, tracassior et sectaire,
maïs le Gouvernement de tous, libéral, égalitaire et fraternel.
Vive la France! Vive la République!
Joseph BRISSÛN*
— 1069
N° 1162
LOIRE
2"; circonscription de MONTBRISON
M. OR Y
Elu au 2e tour de scrutin. — 9.720 voix.
Cédant aux nombreuses sol licitations de la population des cantons de Boën , Feufsj
Noïrétable et Samt-Gaïmier, et notamment aux démarches des maires du canton de Feurs,
je viens briguer l’honneur de vous représenter à l’Assemblée législative.
J’ai eu la pénible mission d’adresser à nos regrettés députés (Charles Dorian, à Paris,
Daniel Doriand, à Montrond), le suprême adieu au nom de cette population forézienne qui
les avait élus.
Premier adjoint de Charles Ïïoriao, son successeur h la mairie, fai pu apprécier ses
qualités de cœur, de franchise et de patriotisme, et je saurai m’en inspirer.
Si je suis votre représentant, j’affirmerai mes convictions démocratiques en défendant
et votan t ;
1° La liberté de conscience absolue pour tous les citoyens ;
2° La liberté d’enseignement sous le contrôle de l’État, avec obligation pour chaque
commune d’avoir une école laïque;
3° Le service militaire de deux ans, sans exemptions;
H n La suppression des 13 jours ;
5" La diminution des frais de justice par l'extension de la compétence des juges de
paix;
6* La création de chambres d’agriculture, au suffrage professionnel ;
1° L’indemnisation aux propriétaires pour animaux qui, atteints de maladies conta¬
gieuses, auront été abattus par ordre administratif ;
8° L’amélioration du sort des ouvriers agricoles et industriels, par la création de retraites
ouvrières au moyen d’associations professionnelles de prévoyance, puissamment dotées par
l’État ; assistance des vieillards et des invalides du travail ;
9° Pas d’impôts nouveaux.
Si, par suite de la crise commerciale qui peut atteindre les industries locales (notam¬
ment celle de la chapellerie à Chazelles-sur-Lyon et de la soierie h Panissières et autres
communes), le travail était suspendu ou diminué, je m’engage à provoquer un congrès
ouvrier et patronal pour rechercher les moyens d’aiténuer la gêne des travailleurs et pren¬
drai, au besoin, l’initiative de transporter leurs doléances aux pouvoirs publics.
Électeurs,
Enfant du pays, j’ai vécu au milieu de vous; vous me connaissez tous, vous m’avez
rencontré, par tous les temps et en toutes saisons, sur les champs de foire, dans vos com¬
munes, sur tous les chemins.
Je livre donc à votre appréciation nia vie privée, professionnelle et politique, fotiil-
lez-la i SI vous ave? confiance en moi, ne vous laissez influencer par aucune calomnie! et
soyez persil ailés que, si je suis votre élu, je soutiendrai énergiquement les intérêts de notre
cher Forez, et contribuerai à raffermissement d'une République franchement démocratique.
J. OR Y,
Maire de Feurs, médecin-vétéri¬
naire, agriculteur, officier du
Mérite agricole.
4e circonscription de SAINT-ETIENNE
M, CLÀUD1NON
Élu au 1er tour de scrutin. — 10,248 voix.
Mes chers Concitoyens,
Mon intention formelle était de ne pas me présenter a vos suffrages pour l'élection du
7 juin.
Mais, en présence de l'insistance de vos délégués, je fais abstraction de mes préfé¬
rences personnelles, je relève le drapeau des républicains progressistes, et, certain que rap¬
pel de votre Comité sera entendu, je me présente à yous pour que, sur mon nom* vous
vengiez le suffrage universel de l'affront qu’une majorité sectaire lui a infligé en annulant
votre verdict du 27 avril 1902.
Mon programme, vous le connaissez ; je n'v faillirai pas ; mes votes à la Chambre des
Députés répondent de ce que je ferai à l'avenir.
Partisan de toutes les libertés, je voterai toutes les lois qui tendront vers Tidéal répu¬
blicain, tel que Pool révélé et défini les fondateurs eux-mêmes de la République,
Je voterai toutes ïes lois d'assistance et de prévoyance qui pourront assurer l'avenir et
la sécurité des travailleurs des villes et des campagnes.
Je voterai toutes les lois qui diminueront les charges militaires, notamment la loi
réduisant les service militaire à deux ans, mais à la condition formelle que ces lois seront
étudiées sérieusement et qu'elles ue seront pas une cause d'affaiblissement pour notre belle
armée, sauvegarde de nos frontières et gardienne du drapeau de la France.
Dans les questions financières, j’estime qu’une grande économie est nécessaire! qu'il
faut ramener au crédit national k confiance qui lui manque en ce moment; pour cela il
faut qu'un contrôle rigoureux soit exercé sur tous les projets qui souvent ont pour seul but
des intérêts électoraux et pour seul résultat l'augmentation du déficit dans nos budgets
annuels.
Maire de la ville du Çhambon-Feugerolles, j'ai constaté bien souvent que les meilleur^
volontés sont annulées et découragées par l'ingérence préfectorale dans Içs affaires com^
munales. Je demanderai une plus grande décentralisation du pouvoir administratif, laissant
aux conseillers municipaux, mandataires directs de leurs concitoyens, le soin de décider
les questions intéressant directement Remploi des ressources de la commune.
Telles sont dans leurs grandes lignes les questions que j’aurai à cœur de défendre au
Parlement.
Profondément attaché aux institutions républicaines, mais adversaire résolu dus procé-
- 1071 —
N° 1162
dés de gouvernement de la majorité actuelle, comme par le passé, je voterai avec les Ribot,
Audiffred, Reaault-Morlière, etc., etc., avec les fondateurs de notre grande République, qui
aurait dû être large, tolérante, ouverte à tous et qui par le fait de quelques-uns pourrait
devenir le régime de la tyrannie et de la proscription,
Electeurs, vous avez compté sur moi, à mon tour je compte sur vous, En avant et com¬
battons tous pour la République et pour la liberté!
Vive la République I
G. CLÀÜDINON.
MEUSE
Circonscription de GOMMERCY
M, GROS DIDIER
Élu au 1er tour de scrutin, — 1240S voix.
Messieurs et chers Concitoyens,
Je viens solliciter rboniiéur de représenter noire arrondissement h la Chambre des
Députés, en remplacement de M. Poincaré, élu sénateur le 22 féviier dernier.
* le suis Sfeusien et je n’ai cessé d’habiter Commercy depuis bientôt 40 ans.
j’aurais désiré visiter les 176 communes de l'arrondissement, mais la date si rappro¬
chée du scrutin ne mu le permet pas.
je me ferai un plaisir d’aller le plus souvent possible conférer avec vous après
l’élecüpn.
Mon programme est court et simple :
Je suis républicain et opposé à toutes tentatives de réaction.
Je veux la liberté pour tous, même pour ceux qui ne pensent pas comme moi : liberté
de conscience sans restriction aucune ;
Liberté de l’enseignement sous la réserve du contrôle de F État et de U égalité des
grades ; \ , . .
Équilibre du budget, non par des impôts nouveaux, mais par des économies ngnu-
Teuses *
Réformes financières dans l’intérêt des petits contribuables et des cultivateurs;
Assiette plus équitable de l’impôt foncier au moyen d’uns évaluation nouvelle des
parcelles ;
Création de Chambres d’agriculture analogues aux Chambres de commerce;
Nouvelles démarches pour obtenir ia main-levée de l’interdit militaire qui empêche la
construction et l’entretien des chemins et le développement du réseau départemental de
Chemins do fer dans noire arrondisse me ni *
— 1072 —
Protection et défense du travail national par une modification aux traités internationaux,
lorsqu’ils arriveront à expiration ;
Service militaire de deux ans, sous ïa réserve expresse d’assurer la solidité de notre
armée par une bonne constitution des cadres et des facilités de rengagement;
Développement des sociétés de secours mutuels, de manière à constituer des retraites
aux ouvriers agricoles aussi bien qifà ceux des mines et de l’industrie.
Tel est, mes chers Concitoyens, le programme à la réalisation duquel je consacrerai
tous mes efforts, si vous me faites l’honneur de me choisir pour vous représenter à la
Chambre des Députés.
je m’associerai à toutes les mesures qui auront pour hui d’améliorer le sort des humbles
et des travailleurs, en un mot à toutes les réformes nettement démocratiques*
Vive la République!
René CROSDIDIER,
Membre du Conseil général,
Maire de Coimnercy.
NORD
2fl circonscription de LILLE
M. À. BONTE
Élu au 2e tour de scrutin. — h. 417 vnix.
Électeurs,
Vos comités républicains font appel à mon dévouement. Ils me confient le drapeau que
portait si vaillamment dans la deuxième circonscription de Lille le regretté Pierre Lorthiois,
et je cède à leurs pressantes sollicitations !
' Républicain de la veille, je n’ai pas à protester de la sincérité de mes convictions. Beau¬
coup d’entre vous me connaissent. Ils savent que j’ai toujours défendu les idées démocra¬
tiques et libérales qui sont l’essence même de la République.
Mais je veux une République large, accueillante aux bonnes volontés et aux concours
loyaux, telle que la comprend le parti progressiste auquel je m'honore d’appartenir.
Je suis pour une politique d’apaisement, de tolérance et d’union entre tous les
citoyens.
Enfin, je suis partisan de la liberté pour tous, aussi bien dans le domaine de Renseigne¬
ment que dans le domaine du travail.
Les réformes qui ont pour but l’amélioration du sort des ouvriers, qu'il s’agisse des
— 1073 —
N° 1162
caisses de retraites, de la diminution des impôts ou de la réduction des charges militaires,
trouveront en moi un ardent défenseur.
Mais de toutes mes forces, je repousse les utopies dangereuses et la violence du
collectivisme, qui représente la lutte des classes, la haine entre les citoyens, la guerre
sociale! _
Or, c’est par l’entente du capital et du travail que la richesse publique peut s accroître,
elles conditions matérielles et morales des travailleurs s’améliorer.
Contre le collectivisme, contre Ve parti révolutionnaire, je fais appel à tous tes répu¬
blicains! , , ..
Toutes les nuances s’effaoeut, toutes préférences personnelles s’oublient devant le péril
commun.
Les collectivistes se sont unis contre nous.
Unissons-nous contre eux!
Ouvriers, qui demandez avant tout de bons salaires etque ruinerait la désorganisation
des usines, poursuivie par le parti révolutionnaire;
petits commerçants, que les collectivistes traitent de parasites ;
Instituteurs et fonctionnaires, qu’ils voudraient domestiquer, et dont les justes reven¬
dications n’auront pas de défenseur plus résolu que moi;
Vous tous, citoyens conscients et libres, qui condamnez la tyrannie anonyme dont le
collectivisme nous menace, groupez-vous autour du drapeau qu’on m’a fait l’honneur de
remettre entre mes mains.
C’est îe drapeau de la République, de la France, et je l’oppose au drapeau rouge qui
n’est que le drapeau de La guerre civile.
En votant pour moi3 vous voterez pour la République des réformes sérieuses et sages,
qui, au Heu de ne laisser au coeur des citoyens que déceptions et amertumes, entretiendra
entre tous Famitié et la concorde.
Vive la France 1
Vive b République!
Auguste BONTE,
Maire de Lambersart,
Président du Conseil d’arrondissement*
OISE
Circonscription de COMPÏÈGNE
■ M. NOËL
Élu au 1er tour de scrutin, — 11.682 voix.
Mes chers Concitoyens,
diffamé, injurié, et les rues de notre chef-lieu ont été le théâtre de violences dirigées i
contre moi.
Ce sont ces agissements, joints à la propagande incorrecte de mes adversaires et ays
irrégularités constatées-., dans les émargements des listes électorales, qui ont fait annuler i
l’élection de cette circonscription.
J’ai donc laissé, au mois de mai dernier, le parti républicain non vaincu, mais seule- 1
ment en minorité apparente de huit voix, puisque j ai obtenu 11,662 suffrages.
Par P union, par la concorde, par la vision réelle des choses et par l'empressement que 1
vous mettrez à remplir votre devoir de citoyen, le 28 septembre prochain, vous pou m !
assurer la victoire de la République contra la réaction*
Cédant aux sollicitations de très nombreux amis, avec la conscience de remplir mon î
devoir de républicain, je me présente à vos suffrages dans mon entière indépendance fier
de porter une nouvelle fois le drapeau de l’union républicaine*
Sans ambition personnelle, je n’ai au cœur qu’un seul désir, servir mon pays, être 1
utile aux populations laborieuses qui font la force, la richesse et la gloire de notre chère
Patrie.
Mon programme, je Fai développé dans toutes les communes de cct arrondissement au j
mois d'avril dernier :
La réforme judiciaire, la répartition plus équitable de l’impôt;
La diminution des contributions indirectes ;
Le service militaire de deux aus;
La liberté de conscience, d’enseigne ment et de travail ;
La protection des ouvriers français, rétablissement de Caisses de retraites et d’in va- j
lides du travail, etc., etc..*
La modification de la loi dite des dix heures et demie.
Je n’ai rien à y changer.
Homme d’étude avant tout, je. vous promets dans l'avenir, comme je l’ai fait daos le I
passé, de consacrer toute mon intelligence, toutes mes forces, à résoudre les problèmes \
sociaux et économiques que soulève la production intensive des nations.
Huit années d’expérience laborieusement acquise me rendent apte à rechercher les 1
solutions propres à assurer la prospérité de notre commerce, de notre industrie et de notre
agriculture.
Pour vous spécialement, mes chers Concitoyens, grâce à la situation que mon travail ]
m’avait obtenue à la Chambre, je chercherai à atténuer les appréhensions que vous fait j
concevoir la conférence sucrière de Bruxelles, contre laquelle j’ai toujours protesté en |
m’efforçant de faire ramener l’impôt du sucre à 20 francs, et moins si possible, tout ea j
conservant un avantage fiscal aux petites fabriques.
Je chercherai à faire modifier la loi des boissons, contre laquelle j’ai toujours volé, de J
manière à la rendre plus juste, moins lourde, moins inquisitoriale.
Je continuerai mes études sur l’alcool dénaturé et sur les moyens de rendre sa circu- |
lation plus facile, de manière à faire pénétrer son emploi dans les moindres villages et ,
offrir ainsi un énorme débouché à notre agriculture.
Je crois également qu’une protection plus efficace doit être accordée aux plantes oléagF 1
neuses, aux plantes textiles que la France fait venir en grande partie de l’étranger; mais j
pour mieux se défendre, la culture doit se grouper en ces syndicats dont j’ai voté les lois
constitutives et auxquels je n’ai jamais ménagé et ne ménagerai jamais mon concours.
Enfin, je réclamerai énergiquement, comme je Fai déjà dit, les modifications de la loi
des dix heures et demie que je n’ai pas votée.
Démocrate sincère, mes idées n’ont jamais varié. Dans des moments difficiles, j’ai su j
faire, sans faiblesse, mon devoir de républicain.
Tel j’ai été, tel je resterai.
Le 28 septembre 1902, vous direz si vous vouiez la République gouvernée par des .
107?) —
Y 1162
républicains, comme viennent de l'affirmer la majorité des électeurs français, ou si, au
contraire, vous voulez la livrer aux mains de ceux qui l’ont toujours combattue.
Vive la République !
Votre tout dévoué Concitoyen,
E. NOËL.
La profession de foi suivante avait été publiée par M. Noël lors des élections
générales.
Mes cli ers Concitoyens,
Une fois de plus, les délégués des comités républicains m’ont désigné pour défendre
le drapeau de la République,
J’ai accepté.
j’ai accepté avec d’autant plus d’énergie que ce drapeau est plus gravement
menacé.
Toutes les forces de réaction* coalisées sous de trompeuses bannières, s apprêtent a
[livrer Passau t suprême, l’assaut désespéré contre la République,
C’est pourquoi toutes les forces de la démocratie doivent faire bloc contre 1 ennemi
commun.
Nos adversaires se disent républicains: C’est faux!
Ils se déclarent libéraux : C’est faux!
Il se proclament seuls patriotes : C’est faux!
Nous avons le droit, nous aussi, de nous recommander de notre amour pour Farinée et
jkfiir ta Patrie, t f
C’est donc comme porte-drapeau de tous les républicains sincères que je me pivseme
devant vous.
Ce que j’ai été depuis huit ans, vous le savez.
Fidèle à mes engagements, à ce que je savais être votre volonté, f ai soutenu de
mes votes et de mon action tout Gouvernement s’appuyant sur 1 ensemble des rêpu
feins. 4
Dans une crise récente, j’ai cherché la pacification des esprits et te maintien de 1 arrnee
hors la lutte des partis. ,
Cette armée, je la veux nationale, forte, puissante pour le maintien de la paix et la
défense du territoire; mais je la veux honorée et soumise aux lois du pays.
le veux aussi que ses charges pèsent moins lourdement sur la population, surtout
moins lourdement sur les lils de paysans, d'ouvriers, de petits commerçants ou de peiiis
industriels.
C’est pourquoi j’ai voté le principe du service de deux ans, égal pour tous.
J’ai voulu et je veux encore mie justice moins écrasante, plus prompte, moins ruineuse
pour tous.
J’ai voulu et je veux encore une plus équitable répartition de l’impôt; la réduction,
jusqu’aux limites extrêmes, des charges indirectes qui pèsent sur le peiit, sur le faible* en
u» mot le dégrèvement par la base.
J’ai voulu et je veux encore une meilleure méthode de travail parlementaire, et je me
suis associé à toutes les mesures tendant à réduire la fréquence des interpellations et les
amendements budgétaires, si préjudiciables à nos finances publiques.
Partisan de toutes les libertés, je les veux pour mon voisin comme pom moi-
mèuie,
de veux la liberté de conscience, le droit pour chacun de prier selon son cube et
d’élever ses enfants selon ses convictions.
— 107fi —
Mais je veux le Gouvernement armé contre les entreprises de l’esprit de secte,
qu’il vienne, et contre l’immixtion de cet esprit dans les affaires publiques.
Au point de vue économique, nous me connaissez aussi.
Vous savez que tontes mes études, toutes mes veillles ont été et seront toujours
consacrées aux questions vitales de notre société moderne.
Membre de la Commission des douanes depuis sept ans, son vice-président depuis
deux ans, j’ai voulu développer notre commerce, notre industrie et garantir notre agriculture
par des barrières douanières.
Toutes mes forces, toute mon action seront dirigées vers ces graves problèmes, car il
est urgent de protéger notre commerce local, notre moyenne industrie contre cet 'accapa¬
rement des affaires qui mine l’initiative individuelle et augmente, chaque jour, le nombre
des salariés.
En ce qui concerne notre culture belteravière, je réclamerai énergiquement :
Un avantage fiscal qui maintienne notre exportation sucrière;
La réduction de l’impôt du sucre à 20 francs d’abord, puis, si cela devient possible, sa
suppression complète, seul moyen de sécurité pour l’avenir, puisqu’il augmentera consi¬
dérablement la consommation intérieure.
Je vous rappelle, à ce propos, mes énergiques protestations, de concert avec M. Ribot,
contre les décisions, alors prévues, de la Conférence de Druxelles,
Pour les travailleurs, je demanderai :
La protection de l’ouvrier frtmçais contre la main-d’œuvre étrangère ;
La constitution d’une Caisse de retraites;
L’organisation des invalides du travail;
Le développement des Sociétés coopératives de production et des Sociétés de maisons
ouvrières.
Je veux aussi la suppression de la loi de dix heures et demie, loi contre laquelle
fai voté.
Démocrate résolu > j irai a ceux qui peinent et qui soulïrent, qui produisent et se
privent, et qui voudraient plus de solidarité entre le travail et le capital ; mais je répudie
énergiquement toute les chimères, toutes les doctrines collectivistes qui, si elles étaient
réalisées, constitueraient la pire des tyrannies.
Electeurs,
Je no vous ai jamais ni flattés ni trompés.
Si vous voulez la marche en avant vers le progrès, par l’ordre et par la liberté, dans la
République, vous voterez pour celui que vous ont désigné les délégués de la démocratie.
Si, au contraire, vous voulez l’êquivo'que et, avec elle, le recul vers le passé, les domi¬
nations que vous avez déjà cent fois rejetées, vous voterez pour mes adversaires, car c’est
tout cela qu’ils vous réservent sons l’apparence d’un faux libéralisme.
Vive la France!
Vive l'Armée!
Vive la République des Républicains!
E. NOIX-
Î077 -
M" H 62
PAS-DE-CALAIS
lro circonscription de BÉTHUNE
M. DELELIS
Elu au 10T tour de scrutin, — 7.86ü voix,
Mes chers Concitoyens,
Malgré toutes les raisons que je pouvais avoir de décliner ta candidature, j'ai cédé aux
instances des Comités républicains de nos trois cantons, me faisant un devoir de chercher
à rétablir le calme et Rumen dans notre pays, troublé par des mœurs électorales inconnues
jusqu’ici. En me présentant aux suffrages des électeurs de la lrc circonscription de Bétlmne,
je fais donc tout d’abord appel à votre esprit de conciliation et à votre désir d’apaisement.
Beaucoup d’entre vous me connaissent déjà pour m’avoir vu vivre au milieu d'eux, dans
ce pays qui est et qui restera toujours le mien, ils savent que je suis libre de toute alliance,
plus soucieux de défendre des idées et des intérêts que de me lier à un homme et de m’in¬
féoder à un parti.
Républicain de la première heure, je suis dévoué au régime que s’est librement donné
le pays et à l’œuvre qui en est T honneur, je veux dire aux bis d’instruction, de mutualité,
d’association syndicale, d'assistance et do prévoyance, dont la République a pris l’initiative.
Respectueux de toutes les libertés, je voudrais que la liberté d’enseignement et la
liberté de conscience soient égales pour tous, mais je proclame en même temps la supré¬
matie absolue du pouvoir civil et 1e droit pour l’Etat d*3 surveiller le3 établissements d’en¬
seignement libre. Ma sympathie et ma reconnaissance sont depuis longtemps acquises à
l’Université et particulièrement aux plus modestes de ses serviteurs.
Je compte sur l’accord du capital et du travail pour faciliter le développement de -l'in¬
dustrie et assurer du même coup la prospérité de tous les travailleurs in distinctement, de la
mine, de l’atelier et des champs. Je 11e manquerai pas de voter la loi sur les retraites
ouvrières, mais je voudrais que le bénéfice en soit étendu aux ouvriers de l’agriculture
comme à ceux de l’industrie.
De lourdes charges pèsent sur le pays tout entier : mon vote est acquis d’avance aux
lois qui les allégeront. Je suis partisan de la réduction à deux ans du service militaire et
du renforcement des cadres, mais nettement opposé à toute mesure qui affaiblirait notre
armée et compromettrait l’œuvre de la défense nationale.
Dans nos finances, je réclamerai plus d'ordre et plus d’économie, une plus juste répar¬
tition des impôts, et la réduction de l’impôt foncier.
Dans l’administration de la justice, je réclamerai Ja diminution des frais judiciaires.
Enfin je joindrai mes efforts à ceux des représentants du Pas-de-Calais pour défendre
utilement les intérêts agricoles. Je ne manquerai pas notamment de voter la réglementa¬
tion du privilège des bouilleurs de cru et de m’associer à la vigoureuse campagne menée
par M, Jonnart, mon collègue au Conseil général, centre la suppression des zones de tabac.
_ 1078 —
Mes chers Concitoyens, c’est pour ni- avoir vu pendant de longues années à 1 œuvre, au
Conseil municipal de Lillcrs et au Conseil général, que les Comités républicains de nos
trois cantons m’ont désigné a Punanimité : Si ] ai P honneur de vous représenter dans une
autre assemblée, vous pouvez compter sur mon égal dévouement à la circonscription tout
entière. Votre député gardera sa résidence au milieu de vous autant que les travaux parle¬
mentaires le permettront et s’efforcera de toujours bien connaître vos vœux et vos revendi¬
cations pour les bien servir.
Vive la République I
Dr F. D ELEL1S.
Circonscription de MONTREUIL-SUR-MER
M. MOREL
Élu au 1er tour de scrutin. — 9.426 voix.
Mes chers Concitoyens,
Enfant du pays, je viens faire appel a vos libres suffrages.
Beaucoup d’entre vous me connaissent pour m’avoir vu vivre au milieu d’eux.
Conseiller d’arrondissement et Maire de Cainpagne-lès-Hesdîn, ils savent que je suis
libre de toute alliance, indépendant de toute coterie, soucieux avant tout de défenurc des
idées et des intérêts.
Républicain par éducation, par tempérament, j’estime qu’on peut être républicain
modéré tout en étant un républicain très ferme et très convaincu.
le suis et j’entends rester profondément dévoué à la République et à l’œuvre qui en est
l’honneur, je veux dire aux lois d’instruction, d’assLtance et de prévoyance.
Respectueux de toutes les libertés, je veux que la liberté de conscience et la liberté
d’enseignement soient égaies pour tous.
Si vous me faîtes l’honneur de m’élire, vous pouvez être assuré que je no serai inféodé
à aucun ministère, que je garderai envers tous les ministères ma complète indépendance,
de façon à combattre ou appuyer les mesures qu’ils proposent, suivant qu’elles sont
contraires ou conformes aux intérêts agricoles, commerciaux, maritimes ot industriels de
notre arrondissement.
En un mot, je ne soutiendrai que les ministères qui serviront bien vos intérêts.
J’estime, en effet, qu’on ne vit pas de politique et qu’il est temps de subordonner
celle-ci aux affaires du pays.
Je veux surtout faire prévaloir les mesures qui sont de nature à améliorer notre agricul¬
ture, source de notre richesse nationale, à favoriser notre commerce, notre marine et notre
industrie, qui ont grand besoin qu’on s’oceup ; d’eux.
Élevé au milieu de vous, y ayant toujours vécu, je connais vos besoins, vos intérêts et
vos légitimes aspirations.
Je voterai toutes les reformes qui peuvent alléger les charges qui pèsent sur vous.
Fervent démocrate, Rayant prouvé encore plus en actes qu’en paroles, je veux
1 amélioration du s>rt dos travailleurs, des ouvriers agricoles et de nos braves et dévoués
marins.
J'apporterai tous mes efforts a réparer le préjudice qui nous a été causé par les lois
-1070 — NM 162
que vous connaissez. Je ferai tout mon possible pour obtenir rabaissement des droits sur
Falcool et du prix du tabac.
Je suis partisan de la réduction du service militaire à deux ans. Je recta mer ai les
économies compatibles avec la marche régulière des affaires publiques.
Tel est mon programme,
11 est simple, net et loyal.
Je ne veux pas vous faire de promesses irréalisables.
Ce programme, il vous appartient de le juger.
Électeurs,
Si j’ai V honneur de vous représenter, vous pourrez compter sur mon égal dévouement
à la circonscription tout entière. Je garderai ma résidence au milieu de vous autant que les
travaux parlementaires me le permettront. Je me tiendrai à votre disposition, prêt à
accueillir vos vœux et vos justes revendications.
Vive la République !
Docteur MOREL.
PYRÉNÉES (HAUTES-)
Circonscription d’AHGELÈS
M. Achille FÜULD
Élu- au 1er tour de scrutin. — voix.
Mes chers Concitoyens,
Lorsqu’en sa séance du 24 janvier 1903,1a Chambre a annulé le mandat que vous
m’aviez librement et loyalement confié, lorsque surtout, sur îa foi de rapports dont vous
connaissez tous la mensongère inexactitude, elle a porté contre vous la plus imméritée des
accusations, elle n’a fait que resserrer plus étroitement le lien de solidarité qui, depuis le
11 mai dernier, nous unissait déjà.
Ce jour-là, j’ai compris que je vous appartenais désormais et que je n’avais plus le
droit de me soustraire à l'obligation de laver l’injure infligée à votre honneur et au mien.
C’est pour ce motif, c’est parce que je me considère toujours comme votre mandataire,
comme votre élu, que je viens à nouveau solliciter vos suffrages.
Mes chers Concitoyens,
Tou té déclaration politique serait aujourd'hui superflue.
Vous connaissez mes sentiments ; vous savez quelles sont mes aspirations et vous me
— 1080 —
rendrez cette justice que, jamais, durant mon séjour u ia Chambre, mes actes et mes votes
n'ont trahi la confiance dont vous m'avez honoré le II mai dernier.
Profondément dévoué aux intérêts de la démocratie, je m'associerai, ainsi que je vous
Pai promis, à toutes les réformes susceptibles d'augmenter le bien-être matériel et moral
des travailleurs, comme aussi je consacrerai tous mes efforts au développement écono¬
mique de noire arrondissement et de nos belles stations thermales.
J'étais, et, plus que jamais, je reste le « Candidat dos Bérets n.
Vive la République ï
Achille FOULD.
SEINE
2f- arrondissement de PARïS
M. SV VETO N
Élu au 1er tour de scrutin. — 6,501 voix.
Électeurs,
Je me présente à vos suffrages sur le même programme républicain nationaliste que
vous avez approuvé l'an passé.
Je suis un ennemi aussi résolu du Ministère actuel que du ministère précédent.
M. Combes comme M. Waldeek’Uousseati ne vous offrent que la tyrannie, l'abaissement et
la1 ruine.
Je vous convie à briser la puissance de la secte judéo-maçonnique et à rendre à la
démocratie française la conduite de ses destinées,
La Défense nationale ,
Le premier article de mon programme est l'amour de la Patrie et le respect de l'at niée,
ce qui signifie dans la pratique ; meilleure direction de l'enseignement public tombé aux
mains des internationalistes, défense de l'institution militaire désorganisée par un Ministre
indigne.
C'est vous dire que, dans l'élaboration d'une nouvelle loi militaire, je no sacrifierai
jamais à des préoccupations électorales l'intérêt supérieur de la défense nationale.
Je demande le service de deux ans, établi progressivement et au fur et à mesure des
rengagements des sous-officiers et des soldats.
Je demande la réforme de la loi de 1889 sur ia naturalisation, comme une mesure de
protection nécessaire contre les juifs de sang étranger, imprudemment incorporés à la
nationalité française.
— 1081 —
N° M62
Les Libertés.
En second lieu, je demande la liberté de conscience, la liberté d’association et la
liberLé d’enseignement, également violées par des lois et des décrets ‘“JO"03-
En application de ces principes, et comme conséquence de la liberté totale d assoe
tion, je voterai la séparation des Églises et de l’État. ,
Il ne s’agit pas de combattre tel ou tel culte, mais de garantir la liberté de cha
contre les entreprises cléricales, dont les plus dangereuses sont celles de la juiverie et a
Enfin je servirai encore la cause de la liberté en votant la loi d amnistie en faveur de
tous les proscrits de la Haute-Cour.
Réformes financières et commerciales.
Il est temps de clore Père des emprunts avoués ou déguisés, des impôts nouveaux et
d" ^Je demande que l'équilibre budgélaire soit rélabli par une révision sévère, des dépenses
publiques, par l’introduction de l’ordre et de la probité d.us l’admm, stratum des dén.ers
^ 'sHa politique d’économie est insuffisante, il faudra recourir à la refonte compte
de noire système fiscal et Je ne m'effraierai point d’envisager, en dehors de tonte eonsidtra-
tion d'intérêts de classe, la réforme démocratique de 1 impôt,
La Question sociale.
La ques titm sociale Sfï «ne question nationale et c’est en ajourner défi-
- ^ a i intirm mi p la subordonner à un accord préalable avec 1 etranger,
“‘“tae^û’d ï a lie» d'instituer dans la présente législature la Caisse nationale des
'etttnm“mf.emps, les mutualités émancipées et subventionnées par l’État assureront
''°UVL^but dunationalisme est d'.Lttre la forcent la grandeur de 1. Franee en dévehqn
p, nl, pipé ““dê la classe, a plus nombreuse et la plus pauvre, ,m cous., tue le corps
même de la Nation,
lîeuisioîi constitutionnelle*
Le nationalisme veut aussi rendre la Nation à elle-même, émanciper ,e Suüragc 1-
fait »»• dépendre desniigarchies
*-» *» — •
eu supprimant te -irai, ei en changeant ,e mode d’éiection du
Président de la . cboisi par un corps électoral spécial, nommé
rct'- selon le syslème en usase’ depilis
plus d’on siècle, dans la grande démocratie améiicainc.
Électeurs,
Vous vous êtes déjà prononcés sur ce programme. Ni vous ni moi ne l’avons remé
m
— 1082 —
Nous n’avons à y ajouter qu’un article, qui est la défense du suffrage universel, base de nos
institutions républicaines.
Par une élection nouvelle, vengeons l'injure faite par îe « Bloc » au corps électoral du
T arrondissement.
Vive la République!
Gabriel SYVETON,
2Û Circonscription du 4e arrondissement de PARIS
M. Gabriel DEVILLE
Élu au 2e tour de scrutin, — 5,062 voix.
ri Union des Comités
UNION RÉPUBLICAINE SOCIALISTE, RADICAL SOCIALISTE, DE DÉFENSE RÉPUBLICAINE
Citoyens !
La situation est nette* D’un coté, vous avez des candidats qui se disent antî ministériels;
de Fautre, un seul candidat qui ferait partie de la majorité républicaine, le citoyen Gabriel
Deville; son programme est le meme qu’en 1902.
Ancien député de la circonscription, nous Pavons vu à l’œuvre, nous savons que pas un
reproche ne lui a été adressé sur la façon dont il a rempli son mandat* Député pendant deux
ans, il est monté onze fois à la tribune : deux fois pour les ouvriers, une fois pour les
employés, trois fois pour les petits commerçants, une fois pour les industriels, une fois
pour les petits propriétaires paysans, une fois pour l'affaire de Panama, une fois pour la
législation électorale et une fois dans l’intérêt de la science française* En 1898, il nT échoua
que parce que notre circonscription se trouvait supprimée et, en 1902, il obtenait, au
second tour de scrutin, 5. Ml suffrages.
En quatre ans, Panittininistériel M. Barrés est monté cinq fois à îa tribune : trois fois
pour des questions littéraires, une fois pour le Panama et une fois pour protester contre
l'expulsion d’un homme profitant, a-t-il dit Jurimême, « d'une pension qui lui est servie
par le gouvernement allemand ». Ceux de son parti et de son pays qui Pavaient vu a l'oeuvre,
lui préférèrent un autre nationaliste, le député actuel de Nancy, M* Gervaize. Par deux
fois, les électeurs de la circonscription de Neuüly-Boulûgne, qu’il habite, n’om pas voulu
de lui.
Ceux qui ont connu M* Poubelle, préfet de la Seine, les électeurs sénatoriaux de ia
Seine, n’ont pas voulu de lui, en 1900, comme sénateur* Ceux qui Font connu grand pro¬
priétaire de vignobles dans l’Aude et candidat an ï [ministériel, n’ont pas voulu de lui,
en 1902, comme député. Les électeurs du quatrième arrondissement ne voudront pas
repêcher ce décoré du pape, qui ne ferait rien pour eux et ne souffle pas mot de son attitude
à l’égard des congrégations*
Quant à M* Soûlés, qui se dit candidat antiministériel et local, contrairement à ses
affirmations intéressées, il n’habite pas l’arrondissement, îl n’a jamais rien fait pour l’arron¬
dissement, jusqu’ici il n’avait même pas souscrit à la Caisse des écoles, il n’est inscrit que
sur les listes électorales de cette année, depuis qu’il est candidat, et rf aura même pas la
ressource de voter pour lui. Par son dévoiement d’affiches et par son « affichage réservé »,
vous voyez comment ce soi-disant libéral comprend la liberté : tout pour lui et rien pour
les autres. Toute sa tactique consiste a reprocher au citoyen Gabriel Deville d’être ce que le
— 1083 — N° H 62
candidat révolutionnaire Martin lui reproche précisément de n’ôlre pas, et ces contradictions
les jugent tous les deux.
Nous ne ferons pas d’affichc de dernière heure; mais nous vous mettons en garde
contre ce triste procédé électoral. De quelque part qu’il en vienne, méfiez-vous. Pas d’abs¬
tention, pas de division, Citoyens, que tous les républicains fassent bloc dès le premier tour
sur le nom du Citoyen Gabriel Deville.
D'ailleurs, s’il en était besoin, les citations suivantes sont de nature, quelle que soit la
nuance républicaine des électeurs, à dissiper toutes les hésitations, toutes les préventions,
toutes les allégations.
Vive la République!
Pour le citoyen Gabriel Deville :
« Mous avons mis notre main dans la main des socialistes, nous ne la retirerons pas et
nous continuerons de défendre la République ensemble. J’ai pris l’engagement d’aller sur
la brèche au moment voulu et d'engager tous nos amis radicaux à voter pour le socialiste
Deville. »
A. Maujan, Député de la Seine, président de la Commission exécutive du parti radical
et radical-socialiste.
« Je fais des vœux bien sincères pour la victoire des idées républicaines et sociales que
vous représentez et que nous défendons. »
F. Dubief, Député de Saône-et-Loire, président do groupe radical-socialiste de la
Chambre.
« Je suis avec vous contre le césarisme nationaliste, et le devoir des républicains de
la circonscription est de se grouper à vos côtés pour lutter contre le retour offensif de la
réaction. »
Ruau, Député de la Haute-Garonne, vice- président du groupe de la gauche radicale de
la Chambre.
On trouvera plus loin la signature de Jean Code!, vice-président du groupe de l’union
démocratique delà Chambre, et les membres du groupe socialiste parlementaire de la
Chambre, auquel a déjà appartenu le citoyen Deville, lui ont prêté tout leur concours. Les
quatre groupes de !a majorité républicaine, sc trouvent ainsi représentés dans une pensée
commune d’union républicaine, de bloc contre le nationalisme.
Enfin, voici un extrait d’une dernière lettre au citoyen Gabriel Deville.
« Vous êtes dans le à0 à l’heure actuelle le porte-drapeau de la République. Tous les
républicains doivent se rallier autour de vous sans hésitation et sans faiblesse. »
L. Puech, député du 3° arrondissement de Paris.
M. Gabriel Deville avait publié le programme suivant lors des élections générales :
Lo parti socialiste repoussant la politique du toutou rien, a un programme de réformes
dont il poursuit dès maintenant la réalisation.
I
Démocratisation dos pouvoirs politiques,
1. Suffrage universel direct, sans distinction de sexe, et dans toutes les élections.
2. Réduction du temps de résidence.
3. Scrutin do liste avec représentation proportionnelle dans toutes les élections,
à. Mesures législatives pour assurer la liberté et le secret du vote,
5. Droit d’initiative populaire et referendum.
ti. Suppression du Sénat et de la présidcucede la République, Les attributions actuelles
du Président de la République et du Conseil des Ministres seront dévolues à un conseil
exécutif, nommé par le Parlement.
7. Réglementation par la loi du mandat législatif, révocable par un vote de la moitié
plus un des électeurs inscrits.
8. Admission des femmes à toutes les fonctions publiques.
9. Liberté absolue de la presse et de réunion, sous la seule garantie du droit commun.
— Abrogation de toutes les lois d’exception sur la presse. — Liberté des associations
civiles.
10. Pleine autonomie administrative des départements et des communes, sous la seule
céserve des lois garantissant le caractère républicain, démocratique et laïque de l’État.
11
Laïcisation complète de l’Etal-
1. Séparation des Églises et de l’État; suppression du budget des cultes; liberté des
cultes; interdiction de l’action politique et collective des Églises contre les lois civiles et les
libertés républicaines.
2. Suppression des congrégations; nationalisation des biens de mainmorte de toute
nature leur appartenant et affectation de ces biens à des œuvres d’assurance et de solidarité
sociales ; en attendant, interdiction aux congrégations de toute entreprise industrielle,
agricole et commerciale.
III
Organisation démocratique et humaine de la justice.
1. Substitution à tous les tribunaux actuels, civils ou criminels, de tribunaux formés
par un jury pris sur la liste électorale et par des juges élus sous des garanties de compé¬
tence ; le jury sera formé par voie du tirage au sort sur des listes dressées par le suffrage
universel.
2. Gratuité de la justice.
3. Transformation en fonctions publiques des offices ministériels. Suppression du pri¬
vilège des avocats.
ii. Instruction et expertise contradictoires à tous les degrés et sur tous les points.
5. Substitution au caractère de représailles et de vindicte des pénalités actuelles, d’un
système de préservation sociale et d’amendement du condamné.
6. Abolition de la peine de mort.
7. Suppression des tribunaux militaires et maritimes.
IV
Constitution de la famille conformément aux droits individuels.
1. Abrogation de toums les lois qui établissent l’infériorité civile des femmes et des
enfants naturels ou adultérins.
2. Législation plus libérale du divorce.
3. Loi sur la rechercha de la paternité.
— 1085
1162
V
Ed/ncation humaine , civique et professionnelle*
L Gratuité de l'enseignement à tous les degrés.
2. Entretien des enfants à la charge de la collectivité pour le premier degré de rentfei-
fgnâment
3. Pour renseignement secondaire et supérieur, mise à la charge de la collectivité
de ceux des enfants qui, après examen, seront reconnus aptes à poursuivre utilement leurs
études.
4. Création d’un enseignement populaire supérieur.
5. Monopole de l'enseignement aux trois degrés par l'État; subsidiairement, interdic¬
tion à tout membre du clergé régulier ou séculier d’ouvrir une école et dTy enseigner.
VI
Refonte générale du système d'impôt* dans un sens de solidarité sociale ,
i. Abolition de tous les impôts sur les objets de consommation de première nécessité
i et (les quatre contributions directes; subsidiairement, dégrèvement de toutes les petites
| n cotes foncières et des petites patentes.
%. Impôt global progressif et personnel sur les revenus supérieurs a 3.GÜ0 francs.
3. Impôt progressif sur les successions, la progressivité étant calculée à la fois sur le
chilïre de la succession et sur l'éloignement du degré de parenté.
4. Faculté pour l’Etat de demander à certains monopoles une part des ressources qui
I bi sont nécessaires.
Vil
Protection et Réglementation légale du travail dans Vindustrie,
le commerce et V agriculture.
1. Repos d’un jour par semaine, ou interdiction pour les employeurs de faire travailler
1 plus de six jours sur sept.
2. Limitation de la journée de travail à huit heures; subsidiairement, vote do toute
I disposition diminuant la durée de la journée de travail.
3. Interdiction de faire travailler les enfants âgés de moins de quatorze ans; système
I delà demi journée de travail pour les adolescents* et combinaison du travail productif avec
I leur instruction et leur éducation.
4. Interdiction du travail de nuit pour les femmes et les adolescents. Interdiction du
! É travail de nuit pour les ouvriers adultes de toutes les catégories et dans toutes les industries
I où le travail de nuit n'est pas absolument nécessaire.
5. Repos légal des femmes, si semaines avant et six semaines après l'accouchement.
6. Législation protectrice du travail à domicile.
7. Interdiction du marchandage et du payement en nature (économat).
S. Reconnaissance légale de la mise à l'index.
9. Fixation, par l'accord des municipalités et des corporations ouvrières de l’industrie,
[ du commerce et de l'agriculture, de séries de prix constituant le salaire minimum.
10. Interdiction aux patrons de toute réduction de salaire, sous forme d’amende ou
• autrement. Intervention des ouvriers dans les règlements spéciaux d'ateliers.
IL La surveillance des ateliers, fabriques, usines, mines, chantiers, services publics,
; magasins, etc., concernant les conditions de travail, d'hygiène et de sécurité, sera exercée,
— 1086 —
concurremment avec les inspecteurs de BÈtat* par des inspecteurs élus par les syndicats
ouvriers*
12* Extension de la prud’homie à tous les salariés de l’industrie, du commerce et de
l'agriculture*
13* Mise en régie du travail des condamnés* Le prix de tout travail effectué sera le
prix normalement payé aux ouvriers syndiqués*
VIII
Assurance sociale contre tous les risques naturels et économiques *
1* Organisation ,par la nation, d’un système d'assurance sociale s'appliquant à la totalité
des travailleurs de l’industrie, du commerce, de l'agriculture, contre les risques de maladie
d'accident, d’invalidité, de vieillesse et de chômage*
2* Constitution du fonds d'assurance sans prélèvement sur les salaires; subsidiaire¬
ment, limitation du prélèvement opéré sur les salariés au tiers de la contribution totale, les
deux autres tiers devant être fournis par l’État et les employeurs*
3. Participation des travailleurs an contrôle et au fonctionnement du service d’assu¬
rance.
A* Amélioration de la loi sur les accidents du travail et son application sans distinction
de nationalité.
IX
Extension du domaine et des services publics industriels et agricoles de l’Etat}
des départements et des communes *
1* Nationalisation des chemins de fer, des mines, de la Banque de France, des assu¬
rances, des raffineries de sucre et des sucreries, de l’alcool, de la grande meunerie,
2* Organisation d’un service public de placement pour les travailleurs, avec le
concours des bourses du travail et des organisations ouvrières, et suppression des bureaux
prives,
3, Organisation par l’État d’un crédit agricole,
h. Subventions aux communes rurales pour les aider à acheter l’outillage agricole
collectif, h acquérir des domaines communaux, gérés sous le contrôle des* communes par
des syndicats de travailleurs ruraux, et à créer des magasins de dépôts et des warrants,
5, Organisation des services communaux de l’éclairage, de l’eau, des transports en
commun, de construction et de régie d’habitations à bon marché*
ô. Administration démocratique des service! publics nationaux et communaux avec par¬
ticipation des organisations ouvrières à leur fonctionnement et à leur contrôle, avec droit
de se syndiquer à tous les salariés de tous les services publics,
7. Service national et communal d’hygiène, et renforcement des lois qui protègent la
sauté publique (logements insalubres, etc*)*
X
Politique de paix internationale et adaptation de l’organisme
militaire à la défense du pays *
1, Substitution des milices à l'armée permanente, et adoption de toutes les mesures,
comme les réductions de service militaire, qui y conduisent.
2. KefoiUe et adoucissement du code pénal militaire; suppression des corps discipli¬
naires, et interdiction de prolonger le service militaire en guise de pénalité.
PS,
— 1087 —
N° 1102
3. Renonciation à toute guerre offensive sous quelque prétexte que ce soit,
é. Renonciation à toute alliance qui n’aurait pas pour objet exclusif le maintien de la
paix.
5. Renonciation aux expéditions militaires coloniales ; et, dans les colonies actuelles ou
pays de protectorat, soustraits à l’in fluence des missionnaires et au régime militaire,
développement d’institutions protectrices des indigènes.
Gabriel DEVILLE.
Ancien député de la circonscription.
SEINE-ET-OISE
2e circonscription de PONTOISE
M. ROGER-BALLU
Élu au 1er tour de scrutin. — 9.760 voix.
Électeurs,
Candidat républicain, Député invalidé par une majorité dont la bonne foi a été sur¬
prise, je représente les droits du suffrage universel que j’ai le devoir de dérendre.
Ma candidature signifie plus que jamais : respect dû à votre volonté de citoyen libre¬
ment exprimée.
Que de chemin parcouru en trois mois!
Avais-je raison de vous dire que la liberté était menacée par les sectaires, alors que
nous voyons l’arbitraire ministériel se substituer à la loi. et l’indépendance du père de
famille odieusement violée?
Devant les colères des populations, nos adversaires ont fait surseoir à de nouvelles fer¬
metures d’écoles dans nos communes, mais après les élections, la persécution recommen¬
cera plus ardente que jamais.
Avais-je raison de dénoncer le déficit, qui atteint 680 millions? A l’heure actuelle, en
face d’une situation budgétaire les plus graves, nous voyons M. le Ministre des Finances
obligé de recourir à un expédient financier pour combler le vide creusé dans la fortune de
la France 1
Avais-je raison de combattre l’impôt global et progressif sur le revenu comme impos¬
sible en raison de ses dangers même, alors que la majorité de la nouvelle Chambre, mise en
présence d’une décision à prendre, — - maîtresse de ses votes, — n’a pu aboutir qu’à une
proposition qui n’est qu’une formule vague destinée à égarer l’électeur ?
On vous a promis la loi de deux ans. Le principe en a été voté; je suis prêt à m’y rallier
— je l’ai dit, et je le répète — quand il sera prouvé que son application ne compromettrait
pas les droits sacrés de la défense nationale,. . Or, îe Ministre de la Guerre lui-même hésite
— 1088 —
à assumer une responsabilité si grave; et il fait prévoir des atermoiements, car il faudrait
50 millions, au moins, par an, pour créer des cadres de sous-officiers, En outre, les ouvriers
des arsenaux militaires et maritimes ne sont-ils pas en partie licenciés ou menacés de
l’ëtre, faute d’argent pour les payer î
Je ne me suis pas trompé hélas! et je ne vous ai pas trompés.
Républicains de bonne foi, vous qui aimez nos constitutions, veillez, L heure est grave!
Sans bonnes finances, il ne peut y avoir de bonne politique.
Quand, dans une République, on porte atteinte à la majesté du suffrage universel, quand
on viole la liberté, tout s’écroule!
Et nous voulons, nous, la République! une République prospère, grande et fraternelle
Je reste sur la brèche, attendant la decision du 10 août.
Vous ne vous déjugerez pas 1
Vive la République !
ROGER-BALLL,
Conseiller général de Seiue-et-Oise
TARN-ET-GARONNE
Circonscription de MOISSAC
M. ARNAL
Élu au 2e tour de scrutin. — 5.i|üié voix.
Électeurs,
Vous ne permettrez pas qu’on vous enlève, après toutes les autres, la première à
toutes les libertés : la liberté du vote.
On veut vous imposer un candidat que, certainement, vous repousserez tous, car nos;
seulement il n’habite pas le pays, mais aucun intérêt ne l’y rattache.
Il vous est présenté par un groupe de politiciens qui n’ont aucune idée de voire indé¬
pendance et de votre dignité.
Je félicite, sans m’occuper de leurs opinions, tbus les indépendants qui veulent secoua
une pression administrative éhontée.
Ei je m’adresse aux vrais républicains, à tous ceux qui ont la passion de la liberté etji
réclame avec eux :
La liberté du suffrage universel, fortement menacée dans notre arrondissement;
La liberté d’association qui n’existe plus;
La liberté d’enseignement qu’on veut supprimer aussi.
La loi liberticide sur le contrat d’association est impossible à appliquer; le Couveras
— 1089 —
N3 1162
ment, les commissions, le Conseil d’État ne savent comment s’y prendre pour sortir de ce
labyrinthe. , \
La loi est à refaire sur des principes juridiques et libéraux.
La politique envahit l’armée: il n’est pas de jour où quelque chef ne soit déplacé sur
de simples dénonciations, mensongères pour la plupart.
Si on veut maintenir la discipline militaire, notre seule sauvegarde contre l’étranger, il
faut laisser la grande muette à son travail silencieux.
3e suis partisan de la loi de deux ans, mais à la condition qu’elle n’amoindrisse pas la
force de résistance de l’armée, grâce à une suppression judicieuse des dispenses et h une
augmentation des rengagements.
Électeurs,
Je suis du pays, propriétaire comme vous, subissant comme vous la crise agiicole,
dont se désintéressent complètement nos gouvernants.
Je n’ai aucune attache dynastique ; ce que je veux seulement, c’est une République
honnête, juste, équitable pour tous, économe des deniers publics, respectueuse de toutes
les libertés, et non pas un gouvernement de sectaires qui ne tiennent le pouvoir quo pour
exercer des vengeances et tenir sous sa coupe une nuée de clients qui nous coûtent cher,
En votant pour moi, je vous affirme que vous votes pour un vrai républicain libéral qui
saura faire son devoir.
P. ARNÀL,
Propriétaire à Montesquieu.
Psrij-"" UOTTüRQZ, inspriasBBr da la Chambra ils* Déjwtéa, J, na SalaUlSMai.
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PROGRAMMES
PROFESSIONS
ENGAGEMENTS
ÉLECTORAUX